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Filière : Sciences de la Terre et de l’Univers (STU)

Projet Tutoré
Semestre S6

Mémoire
Intitulé : ETUDE DE QUELQUES MORPHOSTRUCTURES VOLCANIQUES

Présenté par : SIAMAN sidiki

Encadrant : Pr SMAILI Hachem

Soutenu le 24/05/2022

Jury : Examinateur 1 : Pr : Ahmed NTARMOUCHANT

Examinateur 2 : Pr : Anasse BEN SLIMANE

Encadrant : Pr : Hachem SMAILI

Année Universitaire : 2021/2022


Remerciement
Pour son amour et sa protection, pour la chance du bonheur
qu’il nous souhaite, pour le bien vers le quel ils nous guides pour sa
présence lorsque tout le monde est absent, pour le courage, la
patience et la foi qu’il nous donne pour mener à bien ce modeste
projet malgré les obstacles, merci au plus puissant Allah.
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude et nos sincères
remerciements à :
Nos chers parents ainsi qu’à ma grande sœur pour leurs soutiens au
long de nos études.
Monsieur HACHEM Smaili notre encadrant qui nous a accordé son
soutien, son aide indéfectible et surtout sa patience.
Madame SAMIRA Adil notre maman qui a été toujours là pour nous
pendant les moments difficiles.
Au président et aux membres du jury pour pouvoir accepter de juger
ce modeste travail.
Je remercie également ma nièce KOUYATE bandjo pour tout ce
qu’elle a fait pour moi durant ce cycle universitaire.

1
Dédicace…

A mon père

Ma mère

Mes frères

Toute ma famille et à tout mes amis, Et ceux qui m’ont aidé et

soutenu.

2
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE I : INTRODUCTION .............................................

CHAPITRE II : ETUDE DES PILLOW-LAVAS .....................


I- DEFINITION ......................................................................................

II- MODE DE FORMATION DES PILLOW-LAVAS

III-QUELQUES TYPES DE PILLOW-LAVAS

A- LES PILLOWS BULBEUX


B- LES PILLOWS APLATIS
C- LES PILLOWS ALLONGES D- LES PILLOW CREUX

CHAPITRE III : PRISMATION DES COULEES


VOLCANIQUES
I- DEFINITION DES MORPHOSTRUCTURES EN ORGUE

II- MODE DE FORMATION DES PRISMATIONS VOLCANIQUES

III-EXEMPLE D’ORGUE AU MAROC

CHAPITRE IV : MORPHOSTRUCTURES DES FACIES


COHERENT ET EN PUZZLE
I- DEFINITION

II- IMPORTANCE DES MORPHOSTRUCTURES COHERENTES ET


EN PUZZLE

III- CONCLUSION

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LISTE DES FIGURES

Fig.1 : Photo de pillow-lavas au fond d’un océan (https://fr.m.wikipédia.org)


Fig.2 : Structure d’un pillow-lava des coulées basaltiques au SE du Massif Hercynien
Central marocain (in Smaili, 2017)
Fig.3 : Photo montrant la structure radiaire des pillow-lavas
(https://www.sciencephoto.com/media/1079898/view/pillow-lava-near-
laugarvatniceland)
Fig.4. : Aspect de pillows bulbeux (Kunz, 2013)
Fig.5 : Aspect de pillows allongés (Kunz, 2013)
Fig.6 : Aspect de pillows creux lités avec plusieurs anciens niveaux interne de lave
(Kunz, 2013)
Fig.7 : Schéma montrant la position des pillow-lavas dans une série volcanique.
Fig. 8 : Structure des coussins d’une coulée basaltique carbonifère du bassin de Sidi
Lamine au SE du MHCM (Smaili, 2017)
Fig. 9 : Photo montrant des bulles de gaz au niveau d’un pillow-lavas basaltique (in
Smaili, 2017)
Fig.10: Relation entre la taille des bulles gazeuses et la pression et la profondeur de mise
en place des pillow-lavas (in Smaili, 2017)
Fig.11 : Aspect des formations volcaniques en orgue
Fig.12 : Photo d’une coulée prismatique et son schéma interprétatif montrant les parties
de cette structure en orgue
Fig.13 : Photo montrant une coulée volcanique dans la région d’Oulmès au MHCM

Fig.14 : Photo montrant la structure en puzzle d’une coulée pyroclastique à l’Est du


massif Hercynien Central marocain (Smaili, 2017)

Fig.15 : Photo montrant la position sommitale du faciès en puzzle et celle basale du


faciès cohérent dans une coulée basaltique carbonifère au SE du Massif Hercynien
Central marocain (Smaili, 2017))
Fig.16: Photo montrant l’aspect d’une coulée pyroclastique où le faciès cohérent est
coiffé par celui en puzzle Les fragments laviques du faciès bréchique sont orientés dans
le sens de l’écoulement de la lave. (Smaili, 2017))

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Fig.17: Photo montrant, vers l’amont, l’aspect des fragments basaltiques anguleux au
sein d’une matrice lavique maigre (SE du MHCM ; in Smaili, 2017)
Fig.18: Photo montrant, vers l’aval, l’aspect des fragments basaltiques arrondis et
émoussés au sein d’une matrice lavique abondante (SE du MHCM ; in Smaili, 2017)

Résumé

A l’instar des roches exogènes qui présentent des figures sédimentaires permettant de
déterminer leur nature, identifier leurs caractéristiques et celles du milieu de leur dépôt, les
roches volcaniques présentent également ce qu’on qualifie de morphostructures. Ces
dernières sous forme de structures et de morphologies sont acquises au cours de la mise en
place des paléo-volcanites ou au cours de certains processus post-volcaniques. Ces
morphostructures facilitent la détermination de la dynamique volcanique (effusive ou
explosive), la polarité des coulées, leur sens de déplacement et même le nombre de venues
volcaniques et leur chronologie. Des informations concernant le milieu de mise en place
des formations volcaniques peuvent également être dévoilées par le biais des
morphostructures enregistrées par les palé-volcanites.

Le présent travail vise à déterminer la nature de ces morphostructures volcaniques, et


à éclairer le mode de leur exploitation pour l’identification des caractéristiques aussi bien
des formations volcaniques que du milieu de leur dépôt. Dans cette optique, les
morphostructures traitées sont les suivantes :

 Les pillow-lavas

 Les prismations volcaniques

 Les faciès cohérents et en puzzles des coulées volcaniques.

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CHAPITRE I : INTRODUCTION
Le volcanisme représente probablement un des domaines les plus fascinants de la
géologie. La majeure partie du volcanisme se déroule en milieu sous-marin et on estime
que le volcanisme océanique est environ 15 fois plus important que celui subaérien-
continental (Kunz.P (2013).

Le volcanisme effusif et celui explosif sont deux formes de volcanisme éruptif.


L'effusif est caractérisé par l'émission de lave fluide rejetée lors de projections peu
violentes et formant des coulées peu épaisses. En revanche, l'explosif est marqué par
l'émission de lave plus pâteuse au cours d'explosions plus puissantes qui fragmentent
beaucoup plus la lave au point que celle-ci ne parvient parfois pas à former de coulées mais
prend la forme d'importants panaches volcaniques et des nuées ardentes.
La vitesse d'écoulement de la lave dépend de sa viscosité, de la pente topographique
et de l'épaisseur de la croûte lavique s'il s'en est formé une. La viscosité de la lave dépend
de sa composition chimique et de sa température. La température de la lave et l'épaisseur de
la croûte dépendent de la température initiale (au point d'émission) et du temps écoulé
depuis le point d'émission. En fonction de la topographie qu'elles rencontrent, les coulées
de lave peuvent avoir différents aspects. Si elles s'écoulent sur une pente peu marquée, elles
peuvent se scinder en plusieurs bras qui peuvent se rejoindre ou non, formant alors des îlots
épargnés par la lave. À l'inverse, si elles empruntent une vallée, elles formeront une seule
coulée. Dans le cas où la pente est quasi nulle, la lave va divaguer sans direction précise en
remplissant les topographies basses rencontrées.

Les laves peuvent acquérir des architectures spécifiques qualifiées de


morphostructures. Ces dernières se trouvent représentées par des structures et des
morphologies observées dans les faciès de roches volcaniques. L'évolution de ces textures
dans les dépôts volcaniques peut être considérée en trois grandes étapes (McPhie et al.,
1993):

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 Création des morphostructures originales par des processus d'éruption et de
mise en place ;
 Modification des morphostructures originelles par des processus syn-
volcaniques (Transport, oxydation, dégazage, hydratation, altération en phase
vapeur, dévitrification à haute température, altération hydrothermale) ;
 Modification par des processus post-volcaniques (hydratation, dévitrification,
diagenèse, métamorphisme, déformation, altération).
L’interprétation génétique des morphostructures dans les dépôts volcaniques, leur
identification et leur exploitation, impliquent un mélange de volcanologie et de
sédimentologie axé principalement sur des observations minutieuses effectuées à
différentes échelles (affleurement, échantillons, observations microscopiques…)
L’étude de ces morphostructures permet d’apporter des renseignements d’intérêt
capital sur :
1- La nature des faciès des paléo-volcanites.
2- L’identification et la classification des coulées volcaniques.
3- La polarité des coulées volcaniques.
4- La nature du milieu de leur mise en place, sa profondeur, sa
température, sa pression...etc.
5- La nature de la paléo-pente topographique empruntée par les coulées
volcaniques.
Le présent travail vise à discuter l’importance de certaines de ces morphostructures et de
montrer comment leur exploitation permet de déchiffrer les caractéristiques relatives aux
paléo-volcanites, et à leur milieu de mise en place.
Les morphostructures traitées dans cette optique sont les suivantes :
 Les pillow-lavas ou laves en coussins
 La prismation des coulées volcaniques
 Les faciès cohérents et les faciès bréchiques ou en puzzle.
CHAPITRE II : ETUDE DES PILLOW- LAVAS

I. DEFINITION :

Depuis une trentaine d’années seulement, avec l’avènement des observations


sousmarines "in situ" : dragages, photographies, plongées avec des submersibles,
l’abondance des pillows sur ces fonds océaniques est pleinement reconnue. Ces

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observations ont montré la masse prépondérante des coulées de pillows sur les fonds
marins : zones d’accrétion, rides océaniques, volcans sous-marins intraplaques, bassins
océaniques, zones de fractures… (Moore et fiske, 1969 ; Bellaiche et al., 1974).

Les pillow-lavas ou lave en coussin représentent une lave émise par un volcan sous-
aquatique (notamment au voisinage des dorsales océaniques) ; dans ce cas ces pillow-lavas
sont qualifiés de type I. En revanche, si les coulées à l’origine des coussins sont émises par un
volcan émergé, puis empruntent leur chemin jusqu’en mer ou dans un lac, dans ce cas les
pillows sont qualifiés de type II.

Sortant à une température de 1000 à 1200°C, la lave se couvre d’une pellicule de


verre qui n’étant pas complètement refroidie, forme une sorte de baudruche souple,
progressivement gonflée par la lave qui continue d’être émise. Les laves forment ainsi des
boules visqueuses plus ou moins allongées. Les tubes qui s’empilent et se moulent les uns
sur les autres, aboutissent à des empilements de boules en forme de coussins (Fig.1) ou de
polochons d’une taille de plusieurs mètres sur de grandes épaisseurs.

Fig.1 : Photo de pillow-lavas au fond d’un océan (https://fr.m.wikipédia.org)

Les laves en coussins sont généralement de composition basaltique , bien que des
oreillers formés de komatiite, d’andésite basaltique , d’andésite , de dacite ou même de
rhyolite soient connus (Fang et al., 2003).

Les pillows sont souvent revêtus d’un film vitreux de 2 à 25 mm d’épaisseur,


passant graduellement vers le centre à une lave plus cristalline. Juste sous la croute

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vitreuse, apparait une zone variolique ou vésiculaire montrant parfois une structure de flux
parallèle à la surface extérieure des pillows. Des couches concentriques présentant une
alternance de laves massives et vésiculaires, ont parfois été trouvées, alors que le centre des
pillows peut être creux, caverneux, voire spongieux.

II. MODE DE FORMATION DES PILLOW- LAVAS

La formation des laves en coussins est conditionnée par la nature aquatique du


milieu. Le contraste entre la température de la lave (1200°C environ) et celle de l’eau où
elle se met en place (quelques degrés), provoque un phénomène de trempe. Ainsi, la
lave sur une faible épaisseur, se fige avec une texture vitreuse, isolante, qui la protège et
lui permet de continuer à progresser à l'intérieur avec une déperdition de chaleur
modérée. Les chocs thermiques provoquent l'écaillage de la gaine vitreuse en donnant
des fentes de retrait bien visibles sur la bordure de la structure en coussin (Fig.2).

Fig.2 : Structure d’un pillow-lava des coulées basaltiques au SE du Massif


Hercynien Central marocain (in Smaili, 2017)
Au cours de leur solidification, et en raison de leur forme globalement cylindrique,
les pillow-lavas laissent apparaitre une structure radiaire très caractéristique comme
l’illustre la Fig.3

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Fig.3 : Photo montrant la structure radiaire des pillow -lavas
(https://www.sciencephoto.com/media/1079898/view/pillow-lava-near-laugarvatn-iceland)

La lave doit conserver une suffisante fluidité, pendant un temps assez long, pour
pouvoir s’écouler et former des pillows, avant le début de sa consolidation. La viscosité est
fonction de la composition de la lave, sa température d’émission, sa teneur en éléments
volatils ainsi que sa cristallinité. En se mettant en place, les pillows en tant que tubes de
lave distincte, s’épanchent selon la ligne de plus grande pente, avec une vitesse dépendant
de la topographie, mais aussi de la pression interne de la lave et de sa fluidité.
Juste sur les bordures vitreuses trempées, apparait une zone où se forment de fins
cristaux sub-microscopiques qualifiés de cristallites. Ces dernières sont tout d’abord
éparpillées dans le verre, puis le remplacent complétement en direction du centre des
pillows (Kawachi et Pringle, 1988). Ces cristallites se développeraient en relation avec
la vitesse de refroidissement légèrement plus lente sur les bordures vitreuses qu’à la
surface des laves (Moore, 1975).
Plus vers l’intérieur des pillows, ce mélange verre et cristallites passe à une zone
composée uniquement de cristallites (scott et Hajash, 1975). Celles-ci peuvent
s’organiser en masses sphérolitiques de quelques mm de diamètre appelées varioles.
Encore plus à l’intérieur des pillows, la cristallinité de la lave augmente. Le cœur
des pillows est ainsi caractérisé par des vitesses de refroidissement de plus en plus lentes

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permettant la cristallisation des microlites, d’abord très fins, puis de plus en plus
grossiers.

III. QUELQUES TYPES DE PILLOW- LAVAS

Il existe différents types de pillow-lavas et qui peuvent généralement être combinés


au niveau de la même coulée:

A- LES PILLOWS BULBEUX


Ce sont des formes sub-sphériques, qui se trouvent pratiquement au sommet des
édifices de pillows, sur des surfaces peu inclinées. Elles présentent les formes de pillows
les plus larges avec un diamètre compris entre 0.5m et 3-4 m au maximum (en particulier
au niveau des dorsales atlantiques (Kunz, 2013). Ces types de pillows bulbeux ne
représentent pas des boules isolées, mais sont reliées par un col de lave à d’autres tubes
(Fig.4). Ils évoluent généralement vers le haut et penchent latéralement selon la pente la
plus forte.

Fig.4 . : Aspect de pillows bulbeux (Kunz, 2013)

B- PILLOWS APLATIS

Ce type de pillows provient probablement d’une croissance rapide et du drainage des


pillows de type bulbeux encore plastiques. A cause de leur croissance rapide, ces pillows
sont entourés d’une croute vitreuse fine mal solidifiée et tendent à s’aplatir et s’étendre
sous l’influence de la gravité. Ils montrent également des figures en creux lorsque la croute
solidifiée s’est affaissée au cours du drainage de la lave.

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Les pillow-lavas aplatis ont l’intérêt de marquer la position du centre volcanique. En
effet ils se trouvent au sommet de ces centres éruptifs où les taux d’effusion sont élevés.
C- PILLOWS ALLONGES

Ce sont des pillows cylindriques (Fig.5) caractéristiques d’écoulement


essentiellement laminaire de la lave, avec une grande vitesse au centre des tubes. Ils ont
une section subcirculaire et montrent généralement un allongement 10 à 20 fois supérieur à
leur diamètre
(Kunz, 2013). L’axe d’allongement de ces pillows plonge en direction de la plus grande
pente.

Fig .5 : Aspect de pillows allongés (Kunz, 2013)

D- PILLOWS CREUX

Ces pillows présentent une bordure extérieure de 1 à 15 cm d’épaisseur, mais souvent


la croute des pillows creux est elle-même fissurée et effondrée suivant les joints radiaux de
refroidissement. Cet effondrement peut avoir lieu lors du refroidissement ou même
beaucoup plus tard par surcharge.
Quelques pillows creux appelés « pillows creux lités », montrent plusieurs niveaux
horizontaux de lave marquant la position temporaire du magma à l’intérieur des tubes
partiellement remplis (cavités internes multiples de Moore et Charlton, 1984). Une
répétition de l’apport de magma, peut produire jusqu’à 6 à 8 surfaces parallèles
subhorizontales séparées par des cavités planes (Fig.6).

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Fig.6 : Aspect de pillows creux lités avec plusieurs anciens niveaux
interne de lave (Kunz, 2013)

IV. INTERET MORPHOSTRUCTURAL DES PILLOW-LAVAS


Dans les anciennes séries volcaniques, les pillow-lavas représentent des
morphostructures pouvant servir d’indicateurs précieux pour la détermination de certaines
caractéristiques de la série litho-stratigraphique, ainsi que celles du milieu de leur mise en
place. Dans cette optique, ces formations volcaniques en coussins permettent de fournir les
informations suivantes :

A- DETERMINATION DE LA POLARITE DE LA SERIE

En se mettant en place dans un milieu aquatique, les pillow-lavas s'imbriquent les uns
sur les autres en prenant une forme caractéristique. En effet, chaque pillow présente une
partie bombée et un pédoncule produit par la déformation plastique de celui-ci lors de sa
mise en place au-dessus de deux pillow-lavas (Fig.7). Cette forme acquise par les coussins,
permet de déterminer rapidement si la série paléo-volcanique est normale ou inverse suite à
des mouvements tectoniques. Ainsi, dans une série normale, les pédoncules des coussins
sont à la base et la partie bombée s’oriente vers le sommet de la série. Cependant, si la série
est inversée, les pédoncules sont orientés vers le haut et les parties bombées vers le bas.

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Fig.7 : Schéma montrant la position des pillow-lavas dans une série volcanique.

Cette caractéristique structurale des pillow-lavas, a été exploitée lors de l’étude des
coulées basaltiques en coussins d’âge carbonifère du bassin de Sidi lamine au SE du
MHCM (Smaili, 2017), pour déterminer la polarité normale de la série (Fig.8). Ces
informations ont d’ailleurs été confirmées par l’exploitation d’autres morphostructures
(faciès cohérent et en puzzle : voir chap.IV).

Fig. 8 : Structure des coussins d’une coulée basaltique carbonifère du bassin


de Sidi Lamine au SE du MHCM (Smaili, 2017)

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B- DETERMINATION DE CERTAINES CARACTERISTIQUES RELATIVES AU
MILIEU DE MISE EN PLACE

Les vésicules de gaz apparaissant au niveau des bordures figées des formations en
coussin (Fig.9), peuvent être exploitées pour approcher certaines caractéristiques du milieu
aquatique où les coulées paléo-volcaniques se sont mises en place. En effet, les gaz, étant
très "incompatibles", sont expulsés du magma en train de se solidifier et forment des bulles.

Fig. 9 : Photo montrant des bulles de gaz au niveau d’un pillow-lavas


basaltique (in Smaili, 2017)

Ainsi, des vésicules laissées par le dégazage se trouvent vers la partie sommitale des
pillows, ce qui permet encore une fois de déterminer la polarité de la série (Fang et Niu,
2003). Par ailleurs, la taille de ces vésicules renseigne également sur la profondeur du
milieu aquatique ainsi que sur la pression qui y règne comme le présente le tableau de la
Fig.10.

Fig.10 : Relation entre la taille des bulles gazeuses et la pression ainsi


que la profondeur de mise en place des pillow-lavas (in Smaili, 2017)

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CHAPITRE III- PRISMATION DES COULEES VOLCANIQUES
I- DEFINITION DES MORPHOSTRUCTURES EN ORGUE
Les orgues volcaniques , sont des formations composées de prismes plus ou moins
réguliers, souvent divisés en articles par des cassures transversales, et développés dans des
coulées de laves homogènes. Les orgues, constituant une autre forme de morphostructures
volcaniques, apparaissent donc sous forme de groupements de colonnes prismatiques
parallèles entre elles (Fig.11).

Fig.11 : Aspect des formations volcaniques en orgue

Par extension, on qualifie souvent d'orgues basaltiques des formations volcaniques


dont la composition n'est forcément pas basaltique. En effet ce phénomène de prismation
peut se développer dans des coulées basaltiques mais peut également intéresser des
formations phonolitiques, trachytiques, andésitiques et même rhyolitiques.
Par ailleurs, les structures en prisme peuvent également se développer au niveau des
filons sous forme de dykes ou de sills où la prismation se fait à leur bords générant des
prismes horizontaux. D’une façon générale, le développement de ces structures s’opère
perpendiculairement à la surface de la coulée ou aux épontes des filons.
II. MODE DE FORMATION DES PRISMATIONS VOLCANIQUES

Les orges volcaniques résultent d’une contraction thermique par refroidissement.

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En effet, on considère qu’une multitude de facteurs intervient dans la formation de
ces structures en orgues : i) des facteurs intrinsèques (épaisseur de la lave, sa température et
sa composition chimique), ii) facteurs extrinsèques (contrastes thermiques sol-coulée et
aircoulée, topographie, climat). Ces différents facteurs interagissent pour donner des
figures de contraction thermique variées, différentes de la base au sommet.
Les orgues volcaniques résultent d’une contraction thermique par refroidissement de
la lave. Lorsque la lave atteint la surface de la terre, elle refroidit et se rétracte. Le volume
de la coulée va alors diminuer durant la solidification et des fissures peuvent apparaitre et
donner naissance à des structures prismatiques en forme d’hexagones (Guy et al., 1990)
Généralement, la partie inférieure des coulées, qui se refroidit ou s'assèche plus
lentement, se fracture de la surface vers la profondeur sous formes de colonnades ou
prismes sub-verticaux, le plus souvent à section hexagonale d'ordre décimétrique. Ces
orgues volcaniques sont surmontées d'une zone de petits prismes moins réguliers (« faux
prismes » de l'entablement) pouvant s'associer vers le haut à une zone de fausse colonnade
et d'une surface scoriacée. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Orgues_volcaniques).
L'hexagone est la forme géométrique la plus stable qui permet de répartir au mieux
les déformations et le relâchement des contraintes de retrait. La lave est un milieu
homogène qui va subir un refroidissement hétérogène, c'est à dire un refroidissement
variable sur toute la coulée (depuis les bords jusqu'au centre). Cette hétérogénéité va
provoquer la fissuration de la coulée, mais l'homogénéité du milieu va faire que les
contraintes vont se répartir de manière homogène dans l'épaisseur de la coulée.
Par ailleurs, la formation des prismes ne s'opère que dans des coulées relativement
épaisses. Elle s'effectue perpendiculairement aux surfaces de refroidissement. Plus le
refroidissement est lent, plus les hexagones seront réguliers.
Après refroidissement, la coulée peut, dans le cas le plus parfait, s’individualiser en
3 domaines; De bas haut on distingue (Fig.12): i) Les colonnades (orgues) ; ii)
L’entablement de faux prismes ; iii) les fausses colonnades.

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Fig.12 : Photo d’une coulée prismatique et son schéma interprétatif montrant les parties de cette
structure en orgue.

La photo et le schéma interprétatif de la Fig.12, ne concernent qu'une seule coulée de


lave et non trois. Une telle coulée une fois solidifiée, subit un refroidissement (et donc une
contraction) rapide par le haut, et un refroidissement plus lent par sa base. Ces deux
refroidissements engendrent deux prismations différentes : La prismation inférieure étant
en générale plus régulière et engendre ce qu'on appelle la vraie colonnade, alors que celle
supérieure donne vers le sommet, des prismes grossiers perpendiculaires à la surface de la
coulée formant la fausse colonnade. Juste au-dessous de cette dernière, le refroidissement
est plus irrégulier, et donne des prismes de directions très variables : on parle alors
d’entablement. Les tailles relatives de ces trois parties sont très variables d'une coulée à
l'autre ; l'entablement en particulier peut être très réduit ou inexistant.

III- EXEMPLE D’ORGUE AU MAROC


Au Massif Hercynien Central marocain, entre Oulmès et Khénifra dans la vallée de
l’oued « Boulahmayal », une falaise laisse apparaitre une formation volcanique en orgues,
de couleur gris très sombre (Fig.13). Chaque colonne a un diamètre de quelques dizaines
de centimètres, et les colonnes sont toutes jointives et forment ainsi une couche continue.
Cette structure correspond à une coulée volcanique prismatique dont la base est constituée

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de prisme réguliers correspondant aux colonnades. Au-dessus de ce niveau s’installe une
couche correspondant aux fosses colonnades complétant ainsi la coulée mise en place.

Fig.13 : Photo montrant une coulée volcanique dans la région d’Oulmès au MHCM

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CHAPITRE IV- MORPHOSTRUCTURES DES FACIES COHERENTS
ET EN PUZZLE
I- DEFINITION
Les coulées volcaniques effusives et pyroclastiques peuvent acquérir des structures
au cours de leur mise en place, de leur déplacement et au cours de leur refroidissement. Ces
Structures peuvent parfois se présenter sous forme d’une morphologie différenciée en
aspect « cohérent » ou en « puzzle ».
 Les morphologies cohérentes sont caractérisées par des structures massives et
homogènes. Elles reflètent un refroidissement régulier et caractérisent essentiellement le
cœur des coulées.
 Les structures volcaniques dites en « puzzle » se présentent sous un aspect
bréchique et se développent essentiellement au sommet des coulées volcaniques. Ces
morphologies en puzzle sont le résultat de la fragmentation de la partie sommitale de la
lave durcie par refroidissement au cours de son écoulement. Ce niveau bréchique constitue
un critère de distinction entre les différentes venues volcaniques et facilite leur
identification. L’aspect de ce faciès rappelle celui des formations conglomératiques
(Fig.14), alors que son étude pétrographique montre qu’il est de nature volcanique similaire
au contenu pétrographique des faciès cohérents.

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Fig.14 : Photo montrant la structure en puzzle d’une coulée pyroclastique à l’Est du
massif
Hercynien Central marocain (Smaili, 2017)

II- IMPORTANCE DES MORPHOSTRUCTURES COHERENTES ET EN


PUZZLE.
A- DETERMINATION DE LA POLARITE DES COULEES
VOLCANIQUES ET LEUR DENOMBREMENT:
Dans les coulées volcaniques effusives et explosives, la mise en place du faciès
bréchique au sommet de chaque coulée et le faciès cohérent massif à sa base, permet à
l’échelle du terrain de déterminer la polarité de la série volcanique (Fig.15) Cette position
toujours sommitale du faciès en puzzle par rapport à celle basale du faciès cohérent permet
également de déterminer le nombre de coulées lorsque plusieurs se sont mises en place au
cours des activités successives.

21
Fig. 15 : Photo montrant la position sommitale du faciès en puzzle et celle basale du faciès cohérent
dans une coulée basaltique carbonifère au SE du Massif Hercynien Central marocain (Smaili,
2017))

B- DETERMINATION DU SENS DE DEPLACEMENT DES


LAVES VOLCANIQUES

 A l’échelle de l’affleurement, l’observation d’une coulée volcanique, montre à


la base un faciès cohérent ou massif et un faciès sommital bréchique. L’étude d’une coulée
pyroclastique carbonifère dans le bassin de Sidi Lamine, à l’Est du massif Hercynien
marocain (Smaili, 2017), montre un faciès cohérent surmonté par un niveau bréchique
(Fig.16).

22
Fig.16: Photo montrant l’aspect d’une coulée pyroclastique où le faciès cohérent est coiffé
par celui en puzzle. Les fragments laviques du faciès bréchique sont orientés dans le sens de
l’écoulement de la lave. (Smaili, 2017))
 L’étude des roches issues de ces deux niveaux superposés, montre qu’elles
présentent le même contenu pétrographique ignimbritique, témoignant de leur appartenance
à la même venue volcanique. Etant donné le mode de formation du faciès volcanique en
puzzle, en relation avec la fragmentation de la lave lors de son refroidissement
contemporain de son écoulement, ce faciès présente des fragments laviques épousant la
même orientation de l’écoulement de la lave, ce qui permet donc de déterminer le sens ce
déplacement sur les palé-pentes empreintées par la venue volcanique au moment de sa mise
en place. Des morphostructures similaires indiquant le sens de la pente et d’écoulement de
la lave ont été décrites par McPhie et al., (1993) dans les coulées de Tasmanie.
 Les coulés volcaniques basaltiques carbonifères émises lors d’une activité à
caractère effusif dans le bassin de Sidi lamine à l’Est du Massif Hercynien Central
marocain (Smaili, 2017), ont livré d’autres morphostructures permettant de déterminer le
sens de déplacement de ces coulées. En effet, vers l’amont, le niveau bréchique de cette
coulée est matérialisée par l’abondance des fragments anguleux colmatés par une maigre
matrice basaltique lavique finement microlitique (Fig.17).

23
Fig .17: Photo montrant, vers l’amont, l’aspect des fragments basaltiques anguleux au
sein d’une matrice lavique maigre ( SE du MHCM ; in Smaili, 2017)

Vers l’aval, ce niveau bréchique montre une structure caractérisée par l’abondance de la
matrice basaltique lavique dans laquelle sont noyés des fragments de basalte arrondis et
émoussés. Cette structure serait en relation avec la résorption des fragments basaltiques au
contact de la lave encore chaude au cours de son écoulement (Fig.18).

Fig .18: Photo montrant, vers l’aval, l’aspect des fragments basaltiques arrondis et
émoussés au sein d’une matrice lavique abondante (SE du MHCM ; in Smaili,
2017)

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CHAPITRE V : CONCLUSION

L’étude des formations volcaniques, en particulier les plus anciennes, est confrontée
le plus souvent à certains problèmes relatifs à leur reconnaissance, leur classement et
l’identification de leurs différents faciès. Ces problèmes peuvent prendre d’ampleur si ces
paléo-volcanites ont subi des transformations de type métamorphique ou des déformations
tectoniques qui pourraient modifier certaines de leurs caractéristiques telle que leur
polarité. A l’instar de l’étude des roches sédimentaires où certaines figures permettent de
remédier à certains de ces problèmes de terrains, les volcanites présentent également des
structures et des morphologies que l’on qualifie de morphostructures volcaniques.
L’examen de ces dernières et leur étude minutieuse permet, dans la même optique,
d’identifier les formations volcaniques, leur polarité, le nombre de coulées émises, ainsi
que les caractéristiques de leur milieu de dépôt. En effet, l’étude des aspects des pillow-
lavas, des coulées en prisme et celle des faciès cohérents et en puzzle, permet de surmonter
certains de ces problèmes rencontrés à l’échelle des affleurements. Des examens plus
approfondis des faciès volcaniques par microscopie peuvent confirmer les caractéristiques
relevées par le biais de ces morphostructures. Ainsi, et pour ne citer qu’un exemple
pertinent, les faciès en puzzle ont parfois été considérés par erreur, comme étant des
conglomérats, ce qui affecte profondément la crédibilité des études menées sur certaines
paléo-volcanites. Cependant, l’examen microscopique des échantillons de ces faciès et de
ceux des faciès cohérents sousjacents, montre qu’ils présentent le même contenu
pétrographique et appartiennent, par conséquent à la même coulée volcanique.

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WEBOGRAPHIE
https://fr.wikipedia.org/wiki/Orgues_volcaniques.
https://fr.m.wikipédia.org
(https://www.sciencephoto.com/media/1079898/view/pillow-lava-near-laugarvatn-iceland)

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