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MÉTAMORPHISME
ET GÉODYNAMIQUE
Cours et exercices corrigés
Christian Nicollet
Professeur à l’université Blaise-Pascal
de Clermont-Ferrand
PRÉFACE
Pour qui a le goût de la pétrographie, toutes les roches sont intéressantes. Mais les
roches métamorphiques et les processus qui sont à leur origine – le métamorphisme –
présentent des attraits tout particuliers.
Les séries sédimentaires offrent incontestablement de grandes joies aux géologues :
leurs structures stratifiées, tabulaires, fracturées ou plissées, sont souvent impres-
sionnantes ; les fins détails des microfaciès et des laminites, agréables à l’œil, sont
révélateurs des milieux de sédimentation ; les figures sédimentaires, spécialement
développées dans les turbidites, sont des éléments de premier choix pour définir des
critères de polarité tandis que la découverte de fossiles conduit généralement à une
excitation proche de la jubilation. Toutefois, sauf cas particuliers (des cristaux de
gypses par exemple, vus au microscope polarisant dans des dolomites évaporitiques !),
la composition minéralogique des roches sédimentaires, généralement pauvre et
monotone, peut être à l’origine de graves frustrations.
De ce point de vue, les roches ignées apportent en revanche beaucoup de satisfac-
tion ! Les très gros grains des roches plutoniques, en particulier dans les pegmatites,
et la diversité des espèces minérales, comblent les aspirations des amateurs de miné-
ralogie. Les textures graphiques, le moirage des perthites et des antiperthites, les
phénocristaux zonés et maclés tout comme les mésostases finement enchevêtrées
des roches volcaniques sont autant d’éléments qui enchantent l’œil et dont l’étude
détaillée aux différentes échelles d’observation conduit à une foule d’informations
utiles à la compréhension des mécanismes éruptifs. Toutefois, sur le terrain, faute de
lignes directrices sur lesquelles l’observateur puisse s’appuyer avec confiance, la
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
V
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Préface
Jacques KORNPROBST
Ancien président de la Société géologique de France
Ancien président de la Société française
de minéralogie et cristallographie
Directeur honoraire de l’observatoire
de physique du globe de Clermont-Ferrand
VI
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Préface V
Avant-propos XIII
PARTIE I
MÉTAMORPHISME ET PROCESSUS MÉTAMORPHIQUES
VII
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VIII
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IX
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9.2 Quels sont les facteurs qui contrôlent une réaction ? 125
9.2.1 La vitesse de diffusion 125
9.2.2 L’influence de la phase vapeur 125
9.2.3 L’influence de la déformation 126
9.3 Métastabilité des paragenèses : l’exemple des silicates d’alumine 127
9.4 Cinétique de réaction et préservation des roches métamorphiques 130
PARTIE II
MÉTAMORPHISME ET GÉODYNAMIQUE
X
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XI
9782100522682-Nicollet.fm Page XII Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Annexe 265
1. Diagrammes ACF-A’KF 265
2. Abréviations des minéraux d’après Kretz (1983) et Fettes et Desmons (2007) 268
3. Formules structurales des principaux minéraux 269
4. Quelques assemblages minéralogiques caractéristiques
des principaux faciès métamorphiques 271
Index 285
XII
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AVANT-PROPOS
La dynamique de la Terre est conditionnée, depuis sa genèse, par son évolution
thermique. C’est la dissipation de l’énergie thermique qui fait fonctionner la machine
Terre. Volcanisme et flux de chaleur sont des exemples manifestes de l’énergie ther-
mique interne du globe : ils résultent des transferts de la chaleur, des profondeurs du
globe vers la surface, associés au lent refroidissement de notre planète. De même, la
tectonique des plaques est liée à de vastes mouvements de convection dans le
manteau dont le moteur est l’énergie thermique.
Pour nous renseigner sur la situation thermique à l’intérieur de la lithosphère, à
différents moments de son histoire, il nous faut trouver des « fossiles », des traceurs
qui ont enregistré cette situation thermique et les perturbations éventuelles. Les
roches métamorphiques représentent de tels témoins. Elles ont subi des transforma-
tions minéralogiques, à l’état solide, lorsque la température et la pression, c’est-à-dire
la profondeur changeaient. Ainsi, les roches métamorphiques nous informent sur les
variations de la T en fonction de la profondeur.
L’objectif de cet ouvrage est de faire le lien entre les processus métamorphiques
et l’évolution géodynamique de la Terre. Dans ce but, ce précis est divisé en deux
parties. La première concerne la définition du métamorphisme, les causes qui en
sont responsables et les processus pétrogénétiques qui en permettent la réalisation.
Nous tenterons de répondre à des questions telles que : Quelles variables interviennent,
en dehors des seules P et T ? Pourquoi et comment les roches recristallisent-elles ?
Comment interpréter un assemblage de minéraux en fonction de ces variables ? En
terme de trajet P-T-temps ? Quelles relations existent entre ce trajet P-T-temps et le
contexte géodynamique ? Comment fabrique-t-on les outils de mesure des roches méta-
morphiques : diagrammes de phases, grilles pétrogénétiques, géothermobaromètres ?
Cette première partie comprend dix chapitres de difficultés variables. Certains
chapitres sont incontournables. Les chapitres 1 à 4 introduisent les définitions et
nomenclatures des roches métamorphiques ; ils mettent en place le vocabulaire du
pétrologue du métamorphisme. Le chapitre 2 est important, car il présente, avant de
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
les détailler dans les chapitres suivants, les processus métamorphiques et la métho-
dologie qui nous permet de faire le lien entre métamorphisme et géodynamique
interne. Le chapitre 9 donne une approche qualitative de la cinétique des processus
métamorphiques : celle-ci permet de comprendre dans quelles mesures une roche
qui est portée dans de nouvelles conditions P et T enregistre minéralogiquement ou
non (ou partiellement) ces nouvelles conditions. Selon le niveau d’approfondissement
souhaité, le lecteur peut reporter à plus tard la lecture de certains chapitres. Il en est
ainsi pour le chapitre 7 traitant de l’élaboration des grilles pétrogénétiques ou bien
du chapitre 8 présentant la thermobarométrie. Dans la deuxième partie, en appliquant
les outils présentés dans la première partie, nous discutons, à l’aide d’exemples
régionaux, principalement français, des interprétations géodynamiques – c’est-à-
XIII
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Avant-propos
dire les processus évolutifs à l’intérieur de la Terre et l’analyse des forces dont ils
résultent – qui peuvent être faites à partir de l’étude des roches métamorphiques. Le
plan de cette deuxième partie s’organise autour des trois gradients métamorphiques
principaux : HP-BT, MP-HT et BP-HT. La majorité des formations métamorphiques
a évolué selon ces trois gradients métamorphiques dont aucun ne coïncide avec le
géotherme d’une lithosphère stable. Ainsi, les roches métamorphiques enregistrent
les perturbations qu’a subies la lithosphère dans différents contextes géodynamiques.
Pour conclure, nous présentons un modèle simplifié de l’évolution du métamor-
phisme au cours d’un cycle orogénique et discutons de l’évolution du métamorphisme
au cours du temps, depuis le début de l’histoire de notre globe.
Le lecteur aura tout intérêt à compléter la lecture de cet ouvrage en visitant le site :
http://christian.nicollet.free.fr/ dédié à la pétrologie. Les deux sont complémentaires :
le livre privilégie le discours ; le site web privilégie l’image. La page http://christian
.nicollet.free.fr/page/LivreMetam/MetamGeodyn.html fait le lien entre cet ouvrage
et ce site. Elle a pour but de diriger le lecteur vers les photos nombreuses sur ce site
susceptibles d’illustrer le texte du livre. Des animations et illustrations en 3D sont
également disponibles. Certains processus non métamorphiques ne sont pas toujours
développés dans l’ouvrage, mais nécessitent parfois des explications qui peuvent être
disponibles sur le site.
Dans le texte qui suit, les nombreux minéraux sont souvent cités par leurs abrévia-
tions. Ces abréviations, proposées par Kretz (1983), sont listées dans l’annexe à la fin
de cet ouvrage.
REMERCIEMENTS
Il y a dix ans, je commençais un site Web dédié au métamorphisme. Il s’agissait
alors de rendre accessibles à mes étudiants les illustrations de mon cours. L’idée de
doubler ce travail d’un manuel sur le métamorphisme était assez logique. Jacques
Kornprobst m’en a donné l’opportunité en me proposant aimablement de prendre le
relais de son ouvrage classique Métamorphisme et roches métamorphiques. Jacques
m’a donné carte blanche pour utiliser son texte et ses figures. Au fil des pages, on
retrouvera une vingtaine de figures et quelques pages que je lui ai empruntées.
Jacques est indéniablement l’instigateur de ce manuel et je l’en remercie !
Mes remerciements iront également à tous ceux avec qui j’ai eu l’occasion d’étudier
le métamorphisme, à tous ceux qui ont bien voulu lire complètement ou en partie cet
ouvrage : R.-P. Ménot, F. Cariou, L. France, S. Guillot, S. Schwartz, M. Fagot-Barraly,
P. Goncalves, C. Laverne, V. Bosse, S. Duchêne, J.-M. Lardeaux, J.-E. Martelat,
F. Faure, A. Leyreloup, D. Vielzeuf, J. Bouloton, T. Hammouda, Y. Rolland,
J.-M. Montel, J.-C. Gehan, J. Barbosa, G. Gosso, I. Spalla, S. Harley, E. Grew,
R. Rakotondrazafy, R. Rambeloson, les étudiants de Toliary, d’Antanarivo, de
Clermont-Ferrand, de Lyon et tous les autres…
La Société suisse de minéralogie et pétrographie, les revues Géologie de la
France, Journal of metamorphic geology et Tectonophysics, la CCGM et S. Schwartz
sont remerciés pour avoir permis l’utilisation de quelques figures et des portions des
cartes des Alpes (planches 4 et 5).
XIV
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Partie I
Métamorphisme
et processus
métamorphiques
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LE MÉTAMORPHISME :
DÉFINITION, LIMITES
1
ET VARIABLES
Une autre définition du métamorphisme met l’accent sur le rôle important des
fluides : le métamorphisme est un processus de dévolatilisation ou volatilisation,
c’est-à-dire un processus qui entraîne la perte ou le gain des éléments volatils par
libération ou mobilisation d’une phase vapeur. Lorsque l’étude se limite à la croûte
dans laquelle la phase vapeur est principalement la vapeur d’eau, on parle de processus
de déshydratation/hydratation.
3
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A
B C
. T
C
A+
A+B
B
A+C
P0T0 P1T1
A C B
c1 c2
R1 R2
P
4
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des minéraux A et B aux conditions de P0-T0 en une roche constituée des minéraux
A et C lorsqu’elle est portée dans de nouvelles conditions P1-T1. Le diagramme
pression-température matérialise le « déplacement » de la roche dans l’espace pression-
température. À P0-T0, les minéraux A + B sont à l’équilibre chimique et minéralogique.
Dans les nouvelles conditions P1-T1, A et B ne sont plus stables ensemble et ne
peuvent plus coexister. Il en résulte une réaction interminérale (et chimique) entre A
et B pour donner une nouvelle phase C :
A+B=C
Dans un stade transitoire, il existe un assemblage temporaire dans lequel les trois
minéraux ne sont pas à l’équilibre entre eux. Le nouvel état d’équilibre est atteint
lorsqu’un minéral réactant a disparu.
On appelle paragenèse, l’assemblage de minéraux à l’équilibre thermodynamique
dans la roche. À l’observation pétrographique (macroscopique ou microscopique),
cet état d’équilibre est démontré lorsque toutes les espèces minérales présentes dans
une roche sont en contact entre elles, sans réaction. C’est le cas des deux assemblages
A + B et A + C de la figure 1.1 (figure 2, planche I). Au contraire, l’assemblage minéra-
logique A + B + C sur cette même figure n’est pas une paragenèse : les deux minéraux
A et B sont séparés systématiquement pas le minéral C et ne sont plus stables
ensemble. Le minéral C en couronne autour du minéral B permet de définir ce que
l’on appelle une texture coronitique (dessin du milieu sur la figure 1.1, figures 3 et 4,
planche 1). Dans le diagramme PT, le champ (ou domaine) de stabilité d’un minéral
ou d’un assemblage minéralogique (paragenèse) est l’intervalle DP – DT dans lequel
ce minéral ou cette paragenèse est stable, c’est-à-dire peut exister (champs gris sur
la figure 1.1).
tions de minéraux, ces phases (minéraux) qui sont hors de leur domaine de stabilité,
sont métastables.
Cette métastabilité n’est pas une situation exceptionnelle dans la nature, bien au
contraire ; il s’agit de la situation la plus commune. Pour l’illustrer, on peut choisir
un exemple spectaculaire comme celui du diamant dont la présence à la surface du
globe est « anormale » d’un point de vue thermodynamique. En effet, cette forme
minérale du carbone cristallise et est stable à haute pression (P > 3GPa), c’est-à-dire
à grandes profondeurs (> 90 km), tandis que la forme stable en surface est le
graphite. Pourtant, ces deux minéraux coexistent à la surface pour la plus grande joie
des bijoutiers et des dessinateurs. Le diamant est métastable.
5
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Points clefs
6
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géotherme stable d’un bassin sédimentaire : les conditions PT sont toujours faibles. Ce
métamorphisme est à distinguer du métamorphisme régional associé à des perturbations
thermiques et tectoniques.
Un critère de distinction basé sur la cristallinité de l’illite a été souvent utilisé
pour délimiter les champs respectifs du métamorphisme et de la diagenèse. Ce critère
mesure l’évolution cristallographique progressive des phyllites, depuis les phases
argileuses (typiques du domaine de la diagenèse) jusqu’aux phases micacées (typiques
du métamorphisme).
7
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flux de chaleur est le HFU (Heat Flow Unit), avec 1 HFU = 42 mW/m2. La figure 1.2a
montre que ce flux n’est pas réparti équitablement sur le globe.
Dans la croûte océanique, le flux de chaleur est élevé à la ride, avec des valeurs
atteignant plus de 150 mW/m2. Cette valeur diminue et se stabilise à 60 mW/m2 à
l’intérieur de la plaque océanique stable. Elle est de 40 W/m2 dans les zones de
subduction. Cette diminution progressive entre les limites des plaques océaniques,
témoigne de la convection rapide du manteau sous-océanique, mécanisme efficace
d’évacuation de la chaleur, c’est-à-dire de refroidissement du globe. Ainsi, 70 à 80 %
de la perte de chaleur du globe se fait par la lithosphère océanique.
Dans la croûte continentale, le flux de chaleur est élevé, car les roches qui la consti-
tuent sont riches en éléments radioactifs, qui, par leur désintégration, produisent une
quantité de chaleur considérable. Le flux de chaleur dans la croûte continentale est
variable en fonction de la nature et de l’âge des roches, qui sont plus ou moins riches
en éléments radioactifs. Les cratons précambriens, appauvris en éléments radioactifs
qui se sont désintégrés au cours du temps, ont les plus faibles valeurs dans la croûte
(jusqu’à 40 mW/m2). Dans ces croûtes continentales stables, le transfert de la chaleur
se fait essentiellement par conduction.
Ainsi, la variabilité du flux de chaleur résulte de la diversité des sources de chaleur
d’une part et des deux modes de transferts de la chaleur, convection et conduction,
d’autre part.
F
Flux de chaleur à la surface Fv
40 du globe (mW/m2)
Fh surface du globe
50-70 ; 40
e
isotherm
60
-1 T4
lig
50
ne
de
M
an
flu
T3
te
x
au
N
T2
oy
au
a
b T1
8
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b) Isothermes et géothermes
Si le flux de chaleur est inégalement réparti sur le globe, celui-ci ne peut être stricte-
ment perpendiculaire à la surface : une composante horizontale du flux de chaleur
(Fh) va des points chauds vers les points froids (figure 1.2 b). Les lignes de flux, le
long desquelles la température augmente vers le bas, s’incurvent. Perpendiculaires à
ces lignes, on peut tracer des lignes d’égales températures, les isothermes. Les courbes
isothermes sont resserrées dans les régions de flux élevé telle que la dorsale océanique
où l’asthénosphère chaude monte. À l’intérieur de la plaque océanique, la lithosphère
se refroidit et les isothermes s’espacent. Dans la zone de subduction où s’enfoncent
des roches froides, les isothermes s’étirent dans le manteau (figure 1.3).
9
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vertical des roches : le transfert vertical de chaleur se fait par conduction. Au niveau
de la zone de subduction, la lithosphère océanique froide s’enfonce dans le manteau
chaud. Cependant, elle ne se réchauffe que lentement, car les roches ont une mauvaise
conductivité thermique. La majorité des roches ont des conductivités thermiques
inférieures à 5 W.m–1.K–1. À titre de comparaison, notons que les valeurs sont nettement
plus élevées pour les métaux les plus mauvais conducteurs (entre 20 et 40 pour Ti et
Pb) et atteignent plusieurs milliers de W.m–1.K–1 pour les métaux les plus conducteurs
(390 pour le Cu ; 4 000 pour Ag). En conséquence, les isothermes s’enfoncent dans
le manteau et le géotherme se rapproche de l’axe des pressions.
c) Équation du géotherme
La loi de Fourier permet décrire l’équation de la chaleur dans la lithosphère en fonction
de la profondeur. Elle indique les variations de la température en un point, en fonction
du temps :
∂T / ∂t = A / r . Cp + k —2T – u —T (1)
k est la diffusivité thermique, A la production de chaleur et u la vitesse de déplace-
ment. —2 est l’opérateur Laplacien : il indique la dérivée seconde de T dans l’espace
à trois dimensions. — est le gradient (de T). r est la masse volumique, Cp la capacité
thermique qui mesure la chaleur nécessaire pour faire augmenter d’un degré la
température d’un volume unitaire de roche. Dans le globe, les transferts de chaleur
se font dans les trois dimensions.
10
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radioactifs, la production de chaleur A est bien plus faible que dans la lithosphère
continentale. Ainsi, le géotherme varie d’une région à l’autre et peut s’écarter signi-
ficative d’une courbe que l’on appelle le géotherme moyen ou géotherme dans la
lithosphère stable (GO et GC de la figure 1.4 et GLs, figures 2.1, 2.4, etc.). Dans cet
ouvrage, nous nous référons souvent à ce GLs, mais il ne faudra pas oublier les
écarts possibles par rapport à ce géotherme moyen !
En dessous de la lithosphère, où les transferts de chaleur sont convectifs, la
température augmente peu avec la profondeur. L’augmentation de température n’est
plus que 0,3 °C/km (valeur qui contraste avec la valeur de 30 °C/km observée à la
surface de la croûte continentale). Le géotherme est qualifié d’adiabatique parce que
les roches qui se déplacent n’échangent pas de chaleur avec leur environnement.
11
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a) La pression lithostatique
La pression lithostatique (PL) ou contrainte lithostatique est la force exercée, sur une
unité de surface, par la masse des roches (poids des roches) qui se trouvent au-
dessus du point considéré. Elle est fonction de la profondeur, de la masse volumique
(ou densité) et de g, l’accélération de la pesanteur. L’unité officielle, le Pascal, est
bien petite pour la géologie. En effet, le bar vaut 105 pascals. On utilise souvent le
kilobar (kb) ou le mégapascal (1 MPa = 10 bars) ou encore le Gigapascal (1 GPa
= 10 kb). La valeur de la masse volumique r dépend de la nature des matériaux.
Dans la croûte continentale, r est proche de 2 600 kg.m– 3 et PL = 260 MPa vers
10 km de profondeur. La pression est de l’ordre de 1 GPa (10 kbar) au niveau du
Moho. Dans le manteau supérieur ultrabasique, r est de l’ordre de 3 300 kg.m–3 ;
des pressions de l’ordre de 3 GPa sont atteintes vers 100 km de profondeur, à la base
de la lithosphère, au voisinage de la zone à moindre vitesse (ZMV). Une estimation
grossière de la pression lithostatique (en kb) est obtenue en multipliant la profondeur
en kilomètres par 0,27-0,3.
12
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• Fluides libres
La phase fluide est dite « libre », ou « mobile », lorsqu’elle est identifiée en tant que
telle, à l’état de vapeur supercritique dans les conditions du métamorphisme, dans les
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• « Fluides liés »
Les molécules de H2O et CO2 font partie de la structure cristalline des minéraux
hydroxylés ou carbonatés, sous forme de groupements (OH)– ou (CO3)2–. Il est donc
impropre de les appeler « fluides » dans ce cas. Ces molécules sont libérées sous la
forme d’une phase fluide par des réactions de déshydratation ou de décarbonatation
ou, plus généralement, de dévolatilisation, de la forme :
H (ou C) = A + V
où H est un minéral (ou un ensemble de minéraux) hydraté(s), C, un carbonate (ou
un ensemble de carbonates), A est un minéral (ou un ensemble de minéraux) anhydre(s)
et V, la phase vapeur d’eau ou de dioxyde de carbone. En voici deux exemples :
CaCO3 + SiO2 = CaSiO3 + CO2
14
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15
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espèce déterminée, ou pression partielle de fluide (Ppf), peut être exprimée approxi-
mativement en fonction de la pression totale Ps et de la fraction molaire de l’espèce
considérée dans la phase fluide. Par exemple :
H2 O
P H2 O = P S ⎛ ---------------------------------------------------------⎞ = P ⋅X
⎝ H 2 O + CO 2 + CH 4 + …⎠ S H2 O
La pression des fluides est égale à la somme des pressions partielles des différentes
espèces de fluides présents dans la roche ; elle est égale à la pression solide ou litho-
logique :
PS = Ptotale = ∑ Ppf = P H2 O + P CO2 + P CH4 …
Points clefs
16
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ROCHES
MÉTAMORPHIQUES :
LES 2
DES MARQUEURS
DES PERTURBATIONS
THERMIQUES ET
MÉCANIQUES DANS
LA LITHOSPHÈRE
affectées par le métamorphisme. Lorsque cette situation stable est modifiée dans une
zone d’instabilité tectonique, la P et/ou la T exercées sur des roches changent en
fonction de l’enfoncement ou de l’exhumation de la roche et de la perturbation du
géotherme. La roche « suit », au cours du temps (t) une évolution en P et T que l’on
appelle le chemin ou le trajet ou encore la trajectoire P-T-t (figure 2.1 b).
Nous devons comprendre quelle est la relation entre ce trajet PTt et l’évolution du
géotherme au cours du temps. Au cours de ce trajet PTt, les roches sont susceptibles
de recristalliser et d’enregistrer ainsi des portions de ce trajet. Mais qu’est ce qui va
être effectivement enregistré de cette évolution thermique et comment ? Pour répondre
à cette question, il nous faut comprendre pourquoi les roches recristallisent lorsque
P et T changent.
17
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...
R3 R2 R1 T
.. . .
Tr.
rétro
gra b
d e
.
Tra
TM1 TM2
jet
.. .
TM3
A+V
pro
H
gra
e
d
R1
PM R3
R2
a t1
...
GLs t2 t3
t0
P
18
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19
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Lorsque P varie
Pour comprendre pourquoi les roches recristallisent lorsque la pression varie, nous
allons nous intéresser à une quartzite de Dora Maira (Alpes Italiennes) dans laquelle
C. Chopin a découvert, en 1984, un minéral exceptionnel : la coésite (figure 2.2).
L’association minéralogique de cette roche est : quartz en abondance, disthène,
phengite (un mica blanc), talc et grenat très magnésien ; la coésite est présente sous
forme de minuscules inclusions dans le grenat ou le disthène. La présence dans cette
roche de petits cristaux de coésite, forme cristalline de très hautes pressions de la
silice, prouve que cette roche sédimentaire (donc formée en surface) a été enfouie
jusqu’à, au moins, 90 km de profondeur avant d’être exhumée.
Quartz et coésite sont deux minéraux qui ont la même composition chimique,
SiO2, mais qui cristallisent dans des systèmes cristallographiques différents, ce qui
leur confére des propriétés physiques différentes, tel que le volume molaire. De tels
minéraux sont appelés des polymorphes (voir paragraphe 6.2.1). Le quartz a un
volume molaire de 2,27 cm3 et est stable à la surface du globe jusqu’à environ 90 km.
La coésite, avec un volume molaire de seulement 2,06 cm3, est stable à des profon-
deurs supérieures à 90 km. Au-delà de cette profondeur, le quartz se transforme en
coésite, par le biais de la réaction quartz Æ coésite. La transformation est réversible
et peut se réaliser dans l’autre sens au cours de la remontée. C’est précisément ce
que l’on observe sur la figure 2.2. En remontant des grandes profondeurs, la coésite,
20
9782100522682-Nicollet.fm Page 21 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Lorsque T varie
Le même raisonnement que précédemment peut être tenu pour comprendre le rôle
de la température sur la recristallisation métamorphique. Lorsqu’une roche de
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
21
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de combinaisons possibles dans un minéral n’est pas infini. En fait, l’entropie des
minéraux varie peu. Ainsi, lorsqu’une roche équilibrée à basse température est portée
à haute température, son entropie augmente. Puisque l’entropie des minéraux qui la
constituent varie peu, les minéraux de basses températures sont remplacés par des
minéraux de hautes températures à l’entropie plus élevée.
Ces transformations se font au cours de réactions interminérales telles que : A + B
= C + D avec SC + SD > SA + SB. La variation d’entropie de la réaction est positive
lorsque l’assemblage de minéraux C-D remplace l’assemblage A-B et s’accompagne
d’une augmentation de la T (diagramme du milieu sur la figure 2.3).
T
A C
B
A+B
+
D
+ +
A
C+D
+
B D
C
P
22
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23
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desquelles circulent les fluides. Or, les nouveaux minéraux hydratés ont des volumes
plus importants que les minéraux précédents et les fissures sont rapidement colmatées,
ce qui limite la circulation des fluides. De ce fait, la rétromorphose reste localisée.
En conséquence, sauf cas exceptionnel, c’est la paragenèse acquise au pic en T qui
est généralement préservée lorsque les roches métamorphiques atteignent la surface.
C’est ce que le géologue observe principalement sur le terrain : à l’aide d’une simple
loupe, il identifie des minéraux index. Ceux-ci, lorsqu’ils apparaissent dans une
roche, indiquent une augmentation du degré du métamorphisme : ils servent à carto-
graphier des surfaces d’égale intensité métamorphique appelées isogrades (voir chapitre
suivant). Depuis la roche R1 jusqu’à la roche R3, les minéraux index observés
témoignent d’un accroissement de l’intensité du métamorphisme qui caractérise le
gradient métamorphique. Les Anglo-Saxons parlent plus précisément de gradient
métamorphique de terrain (metamorphic field gradient) pour insister sur le fait qu’il
s’agit d’observations faites à l’échelle du terrain, cartographique, à l’inverse du
trajet PTt qui peut être obtenu à partir d’un seul échantillon ou bien de quelques
échantillons d’un même affleurement.
Sur la figure 2.1, ce gradient métamorphique est indiqué par la courbe en tirets
qui relient les pics thermiques atteints par les roches. Ce pic est à l’intersection du
trajet de la roche et du géotherme à tn. De ce fait, on note que les pics en T des diffé-
rentes roches n’ont pas été atteints au même moment. Lorsque R2 atteint son pic en
température à t2 (point noir TM2), la roche R1 a déjà dépassé le sien et suit une
évolution rétrograde en T et P, tandis que R3 n’a pas encore atteint le sien. Ceci est
indiqué sur la figure 2.1b par les 2 points gris à l’intersection du géotherme t2 et les
2 trajets des roches R1 et R3. Ainsi le gradient métamorphique (défini à partir de ces
pics en T), n’a pas une existence à un temps donné. En conséquence, le gradient
métamorphique ne peut, en aucun cas, être assimilé à un paléo-géotherme, même
anormal !
24
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T
5
1 2
6
Solidus
Gabbro
3
P
GLs
5
4 1
2 6 4
en T (portion en trait plein sur la figure) est le plus susceptible d’être préservé. Les
roches 1 et 2 sont dans une situation similaire à celle des roches de la figure 2.1. Il
s’agit de roches de la partie superficielle de la croûte chevauchée dans une conver-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
gence continent-continent. Leur trajet dessine une boucle. Mais après un trajet
prograde en P identique, les deux roches atteignent des températures maximales
différentes durant l’exhumation. Plusieurs solutions permettent d’expliquer ces trajets
rétrogrades différents. Une vitesse d’exhumation variable est une des solutions
possibles. La roche 1 remonte rapidement et a peu de temps pour s’équilibrer
thermiquement avec son environnement : son trajet rétrograde se fait sans variation
significative de la température. La roche 2 remonte lentement et, comme sur la
figure 2.1, elle se réchauffe au début de son exhumation. La roche 3 se situe à la base
de la même croûte chevauchée que les échantillons 1 et 2. Son trajet PTt est à peu
près semblable aux deux précédents avec la différence qu’il débute en profondeur et
25
9782100522682-Nicollet.fm Page 26 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
qu’il atteint des conditions de ultra haute température (chapitre 14.4). Le trajet 4 est
celui d’une roche magmatique mise en place à la base de la croûte continentale par
sous placage magmatique ou dans la partie inférieure d’un plateau océanique ou
encore dans le manteau supérieur (paragraphes 14.3 et 16.2). En refroidissant à une
profondeur fixée, la roche magmatique recristallise et peut acquérir une paragenèse
métamorphique. Un gabbro de la croûte océanique mis en place au niveau d’une ride
océanique suit un trajet isobare parallèle à celui de la roche 4, à basses pressions
(trajet 5 ; paragraphe 15.2). En effet, dans une croûte océanique de moins de huit
kilomètres d’épaisseur, la pression ne dépasse pas deux kilobars. Dans une zone de
convergence océan-continent, la croûte continentale s’épaissit tectoniquement et par
sous placage magmatique. Le sous-placage magmatique fournit un apport thermique
conséquent. La roche 6 est réchauffée par cet apport magmatique qui est associé à
un épaississement responsable d’une augmentation de la pression. Cet exemple, un
peu théorique, montre un cas particulier ou le sens de la boucle du trajet PTt est
l’inverse de la boucle classique des roches 1, 2 et 3.
On note qu’à la fin du trajet, certaines roches (3, 4 et 6) sont inaccessibles à
l’observation : un nouvel événement orogénique (et métamorphique) est nécessaire pour
ramener ces roches à la surface ; plus rarement, ces roches peuvent être ramenées à
la surface en enclaves dans les volcans.
26
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ROCHES
MÉTAMORPHIQUES :
LES 3
LOCALISATION,
TEXTURES, STRUCTURES
ET CLASSIFICATION
27
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La cause des variations des paramètres P et/ou T est explicite dans le cas des
métamorphismes locaux. Le métamorphisme de contact se développe à proximité
immédiate d’une intrusion magmatique : la cause majeure de la recristallisation
métamorphique est la chaleur fournie par l’intrusion qui diffuse dans les roches
encaissantes. Ce métamorphisme est aussi qualifié de métamorphisme thermique.
Nous l’étudierons au chapitre 11. Le métamorphisme dynamique se localise dans
des zones étroites de failles et de base de nappes de charriages où la déformation est
très intense ainsi que les sites d’impact de météorites. On parle, dans ce dernier cas,
de métamorphisme de choc ou d’impact. L’impact de grosses météorites à la surface
du globe provoque une augmentation considérable de P et T pendant un temps très
bref. S’il est, fort heureusement, rare à l’heure actuelle, le métamorphisme de choc a
joué un rôle important sur l’origine de la croûte terrestre primitive à l’Hadéen,
pendant la période de l’intense bombardement météorique qui a conclu l’accrétion
du système solaire (3,9 milliards d’années). Nous n’étudierons pas le métamorphisme
dynamique dans le cadre de cet ouvrage. Signalons toutefois, en France, le site
d’impact de Rochechouart, en Haute-Vienne : la chute d’une météorite de 2 km de
diamètre, il y a 200 Ma, est responsable d’un cratère d’environ 20 km de diamètre.
Dans le cas du métamorphisme régional, les variations de la T et P sont dues aux
sources de chaleur interne du globe. Toutes les régions du globe montrant des
perturbations du géotherme sont favorables à la recristallisation métamorphique : les
zones orogéniques, la lithosphère océanique, mais aussi le manteau convectif. L’étude
du métamorphisme régional permet de déchiffrer ces perturbations thermiques dans
le globe, ce qui constitue un préalable indispensable pour faire l’interprétation
géodynamique d’une région. Comme l’indique le titre de cet ouvrage, nous nous
intéressons à la signification géodynamique du métamorphisme : c’est pourquoi nous
traiterons principalement des métamorphismes régionaux affectant la lithosphère.
Toutefois, le métamorphisme d’enfouissement, qui est également un métamorphisme
d’extension régionale, n’est pas traité dans cet ouvrage.
28
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que sont les chaînes de montagnes. Une répartition équivalente peut être observée,
sur une surface variable et des âges différents, ailleurs à la surface du globe.
Il n’empêche que le métamorphisme se réalise également dans de nombreux autres
contextes géodynamiques comme nous l’avons vu sur la figure 2.4.
29
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Croûte superficielle
Croûte supérieure
(R. métamorphiques et
granitoïdes)
z = 16 km Discon. de Conrad
Croûte inférieure
(R. ultra métamorphiques
et magmatiques)
z = 30 km Discon. de Moho
Manteau supérieur
(R. ultrabasiques)
30
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31
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utilisées dans la cartographie des isogrades) dans l’espace P-T est très dépendante de
la pression partielle des fluides (voir 6.7). Enfin, la position des courbes de réaction
est également fonction de la composition des roches.
La cartographie précise des isogrades (et, a fortiori, celle des limites d’apparition
de minéraux) est une évaluation qualitative, imprécise des conditions de P et T, mais
cependant bien utile. Facile à mettre en œuvre sur le terrain, elle nécessite l’étude
pétrographique d’un très grand nombre d’échantillons.
32
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e
n. A née rn. sanidinite
ès
b-E nne Pr
en
xs
prehnite
0,2 p .H
ag
bl
di zéolite
-pumpe
0,4
sch
A
20
amphibolit
K S HT - B
is te
0,6 P
lleyite
sv
dom
er t
0,8 MP
aine
s
HT
e
non
1,0 40 granulite
réal
1,4
r Te
HP
GL
rre
1,6 60
s
-
éclogite
P(GPa) Z(Km)
BT
Les noms des faciès proviennent des noms des roches de composition basique
(basaltiques et gabbroïques), métamorphisées dans les intervalles PT définis pour
ces faciès. Cette nomenclature peut prêter à confusion si l’on n’a pas une utilisation
rigoureuse du vocabulaire : le terme Schiste bleu ne doit pas être utilisé comme une
abréviation pour « une roche du faciès Schistes bleus » ou « une roche dans les
conditions du faciès Schistes bleus », mais seulement pour le cas bien spécifique d’une
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33
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dans le faciès Amphibolite, ces mêmes roches sont à hornblende + plagioclase + grenat
+ quartz. L’isograde d’apparition du grenat, dans les métabasites, marque la limite
des faciès Schistes verts et Amphibolite ; cette limite coïncide également avec un
changement relativement rapide de composition de l’amphibole (actinote – hornblende)
et de celle du plagioclase. Dans ces mêmes intervalles P-T, des métasédiments
présentent d’importantes modifications minéralogiques.
La figure 3.4 montre un choix de réactions isogrades délimitant les différents faciès
métamorphiques. Notons que les limites des faciès sont approximatives, car la posi-
tion des réactions dépend de la composition des roches et de celle de la phase fluide,
comme nous le verrons dans les chapitres suivants. Ce diagramme est établi avec
PH2O = PL (pression lithostatique) jusqu’aux conditions de la courbe d’anatexie ;
au-delà de l’anatexie, la condition PH2O < PL est nécessaire pour que les roches ne
fondent pas, mais soient métamorphisées dans le faciès Granulite.
n. A n. P sanidinite
ès
p .H
V
0,2 bl
ag
t+q+
pum + chl
pum + chl + q
di
zéolite
+ac
act + ep + V
schistes
prh
prh-pum
20 m
opx + cpx + pl + V
0,6 lau tz
+ q lw
lws
hbl
s
dom
(+ ol +
hbl + an + V
) ac opx pl
+c
aine
0,8 t+ px
ch + spl
gl
l+
n+
non
ab
1,0
ep
ep (+
schistes bleus
40 granulite
réal
+
qt
z
)
isé
hbl
+
lws
1,2 + pl
V
sur
cpx
(+)
+gr
t+q+
+V
Terr
V
1,4 p tz
+e g +q op
x+
gln
e
p
r t+ cpx pl
+g
gln (+)
p +g
1,6 60 om rt +
éclogite qtz
P(GPa) Z(Km)
34
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35
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Notons que la succession musc (–)-anatexie est inversée pour les gradients MP-HT
et HT-BP. Enfin, l’orthopyroxène se forme à des températures supérieures à celles
du début de l’anatexie.
a) Le gradient de HP-BT
Il est aussi appelé gradient franciscain, défini dans la région de San Francisco en
Californie, dans les séries métamorphiques cénozoïques. Dans le diagramme P-T, il
traverse les faciès Schistes bleus et Éclogites (figure 3.3). Il est typique des chaînes
récentes et des convergences océan – continent actuelles ; rare avant 1 Ga, il est vrai-
semblablement absent à l’Archéen. Les formations métamorphiques correspondantes
sont largement présentes sur tout le rivage de l’océan Pacifique, ainsi que dans les
zones internes de la chaîne alpine. C’est le cas, en particulier, dans les zones liguro-
piémontaises des Alpes occidentales (chapitre 12 et planche 4). Les métabasites
(schistes à glaucophane et lawsonite et éclogites), serpentinites et péridotites sont
abondantes dans les séries affectées par le gradient de HP et représentent des
portions de la lithosphère océanique. Ce gradient est caractéristique du contexte
géodynamique de subduction et du début de la collision.
b) Le gradient de MP-HT
Il a été décrit, par Barrow, dans les séries éo-calédoniennes d’Écosse : il est également
appelé gradient dalradien ou barrovien. Dans l’espace P-T, il traverse les faciès
Schistes verts et Amphibolite et atteint le domaine de l’anatexie (figure 3.3). Il est
relativement rare dans les chaînes récentes cénozoïques, mais constitue de vastes
domaines dans les chaînes paléozoïques, (par exemple, la chaîne hercynienne :
figure 3.1) et plus anciennes. Il affecte des séries essentiellement continentales, mais
contient parfois des éclogites de hautes températures. Il est caractéristique de la
collision dans les chaînes de montagnes (chapitre 13).
c) Le gradient de BP-HT
Il est proche des gradients thermiques du métamorphisme de contact. Défini au Japon,
dans les chaînes d’Abukuma et de Ryocke, il porte le nom de gradient Abukuma. Il
est caractérisé par les conditions des faciès Schistes verts et Amphibolite, l’anatexie
généralisée et souvent le faciès Granulite. Ces localités types correspondent à des
chaînes récentes (Crétacé supérieur) ; mais les gradients de basse pression sont
également bien représentés dans la chaîne hercynienne, spécialement au cours des
derniers stades de cette orogenèse (vers 300 Ma) : en France, le massif du Pilat, la
Montagne Noire dans le Massif central, les massifs nord-pyrénéens (dont celui de
l’Agly) et la zone axiale des Pyrénées sont caractérisés par ce type de gradient
(figure 3.1 et chapitre 14). Le métamorphisme de la zone nord-pyrénéenne, d’âge
Crétacé supérieur (98-81 Ma) correspond également à ces conditions de basse pression
(paragraphe 15.1). Ce gradient est généralisé à l’Archéen.
Le gradient BP-HT est associé à différents contextes géodynamiques : il est associé au
début de la convergence, dans les ceintures doubles métamorphiques (paragraphe 14.1),
36
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d’une diminution de la taille moyenne des cristaux (figure 3.5a). La déformation affecte,
en effet, les réseaux cristallographiques des grains (cristaux) qui accumulent ainsi
une énergie de déformation élastique par la multiplication de défauts (dislocations)
au sein des cristaux. La minimisation de cette énergie de déformation passe par
l’élimination des dislocations, qui se fait par migration et regroupement de celles-ci
le long de plans pour former des sous-grains, puis de néoblastes (nouveaux cristaux
à faible énergie élastique), aux dépens des cristaux déformés. Néanmoins, ces derniers
subsistent souvent partiellement ; ils constituent des clastes, ou porphyroclastes
lorsqu’ils conservent des dimensions importantes par rapport à celles des néoblastes
(figure 3.5a).
37
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38
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observées : anciens filons ou anciennes enclaves, ancien litage magmatique dans les
gabbros. Mais les structures les plus fréquentes et les plus caractéristiques sont les
structures planaires et linéaires, schistosité, foliation et linéations, acquises au cours
des déformations et des recristallisations qui accompagnent le métamorphisme
régional.
a) La linéation d’intersection
La linéation d’intersection (Li sur la figure 3.6) correspond à la trace de l’intersection
du plan de schistosité avec une surface antérieure à ce plan qui peut être une stratifi-
cation ou une schistosité plus ancienne. Elle est visible indifféremment sur l’un ou
l’autre plan.
39
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cristaux ou des éléments de la roche (galets dans un conglomérat par exemple). Elle
permet d’identifier la direction d’allongement X (ou l1) de l’ellipsoïde de la défor-
mation finie.
c) La linéation minérale
La linéation minérale (Lm sur la figure 3.6) correspond à la croissance orientée des
cristaux dans la direction d’allongement, sur le plan de schistosité/foliation, au
cours du développement de cette surface (figure 5, planche 3). Comme la linéation
d’allongement, elle permet de matérialiser la direction d’allongement X (ou l1) de
l’ellipsoïde de la déformation finie. Mais elle apporte une information supplémentaire
qui est la contemporanéité de la cristallisation du ou des minéraux métamorphiques
et de la déformation : si la paragenèse de la roche est un bon indicateur de la pression
et de la température, il est ainsi possible de quantifier les conditions de la déformation,
comme nous l’avons noté pour la foliation.
La cartographie combinée de la schistosité/foliation et de la linéation minérale ou
d’étirement (comme la figure 4.3a) permet d’établir une carte régionale de la défor-
mation sur laquelle sont caractérisées les directions des axes de l’ellipsoïde de la
Lm
Le S0
S1 Li S1
S0 L i xe
a
plan
Li
S0
Lb
40
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déformation finie. Notons qu’il n’y a généralement pas de liaison spatiale simple
entre ellipsoïde des contraintes et ellipsoïde de la déformation finie dans le cas de la
déformation ductile.
41
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Qtz
Ol
Opx+Pl
Grt
Hbl
Grt 7 8
42
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néoformés et des minéraux réactifs, elles permettent de reconnaître sans mal les
réactions impliquées.
a) Nature du protolithe
Si la roche initiale (protolithe) est encore clairement reconnaissable, il est commode
de lui associer le préfixe méta. Métabasalte, métabasite, métagranite, métapélite ou
métachert sont quelques exemples d’appellations largement employées. Dans le cas
où le protolithe n’est pas très bien identifié, mais, par contre, si son origine – ignée
ou sédimentaire – est bien reconnue, les préfixes ortho- ou para- sont alors utilisés.
Ainsi un orthogneiss est un granitoïde déformé et métamorphisé tandis qu’un para-
gneiss est une métapélite ou une métagrauwacke. D’autre part, on regroupe les
protolithes en fonction de leurs compositions chimiques en quatre séquences méta-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
43
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44
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CHRONOLOGIQUES
RELATIONS 4
ENTRE DÉFORMATION
ET RECRISTALLISATION
MÉTAMORPHIQUE
45
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P3
P2
P1
Grt+Bt+V
Chl+Ms+Qtz
P
qui s’accompagnent de surfaces S2, S3, Sn (figure 4.1 ; figure 1, planche 2). Les
dernières structures, comme celles liées à la phase tectonique P3 de la figure 4.1 sont
généralement localisées et caractérisées par un microplissement appelé crénulation,
accompagnées ou non d’une schistosité frustre et localisée.
La figure 4.1 représente une lame mince d’une micaschiste dont la paragenèse est
à trois micas, grenat et quartz comme on en trouve couramment dans la chaîne
hercynienne ; cette roche s’est formée dans les conditions faiblement métamorphiques
du faciès Schistes verts. L’échantillon montre la succession de trois épisodes de
déformation ductile (P) matérialisés par deux plans de schistosités S1 et S2 et un
46
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47
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48
9782100522682-Nicollet.fm Page 49 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
quartz) qui dessinent des structures hélicitiques (figure 4.2b) qui résultent, en général,
d’une rotation des cristaux au cours de leur développement.
49
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1
2
3
1 cm b
a
Figure 4.3 – Deux échelles d’observation : carte de la trace de la foliation
autour du massif d’anorthosite de Saririaky (Sud de Madagascar)
et porphyroclaste de feldspath.
a) La foliation entoure le massif et montre que la mise en place de celui-ci est anté-
cinématique. Comparer avec les figures 4.2a et 2, planche 2. 1 : massif d’anorthosite :
la trace de la schistosité (segment blanc) montre que celui-ci est localement déformé ;
2 : direction et pendage de la foliation ; 3 : direction de la linéation minérale sub-
horizontale. Carte réalisée à partir d’une image SPOT (Martelat et al., 1997).
b) La photo de cet affleurement est prise sur la bordure NO déformée du massif.
Autour du cristal rond centimétrique de feldspath, la schistosité montre la même
disposition que sur la carte a.
50
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ces bordures NO et SE. La photo 4.3b est prise dans la partie NO : la géométrie de la
schistosité autour d’un cristal rond de feldspath est très similaire à celle observée sur
la carte a, en particulier au sud du massif.
51
9782100522682-Nicollet.fm Page 52 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
3m
3
S2
1
4
S1
And et Crd
C
Ms
Sil
C
and
S1 S2 C sil
t 2
crd bt
chl m
s
V
P (kbar)
1 S1
S2
2
and
3
crd and
ky
chl ms
4
sial qtz
bt V
4
ms
Kfs
V
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ces cisaillements dextres. Cet isograde, indiquant les conditions optimales du méta-
morphisme, est antérieur aux cisaillements.
Le métamorphisme est prograde au cours des deux premières phases de déformation,
tandis que les cisaillements accompagnent la rétromorphose. À l’échelle de l’affleu-
rement (figure 4.5), des tâches de cordiérite et andalousite (figure 2, planche 3)
contiennent une schistosité interne parallèle à la S1. Ceci suggère que ces minéraux
sont contemporains de cette schistosité. Par contre, ces minéraux sont enveloppés par
la surface S2 qui porte de la fibrolite, sillimanite fibreuse. On observe la transition poly-
morphique andalousite-sillimanite dans le plan de schistosité S2 (figure 3, planche 3),
témoignant ainsi de l’influence de la déformation sur la recristallisation métamorphique.
Le pic du métamorphisme coïncide avec la deuxième phase de déformation (diagramme
PT de la figure 4.5).
Durant l’épisode rétrograde, la cordiérite est partiellement transformée en fins
agrégats de chlorite et muscovite au cours de la réaction Crd + Bt + V = Chl + Ms.
La muscovite se développe de manière statique sur la schistosité S2 au détriment de la
fibrolite. Ceci est bien démontré par la taille de ces nouveaux cristaux (plus gros que
ceux développés au cours de la déformation et contenus dans les plans de schistosité
S1 et S2) et l’orientation quelconque des plans de clivages qui sont parfois perpendicu-
laires à la schistosité. Cependant, cette muscovite est déformée dans les cisaillements ;
elle est post-cinématique de S1-2, mais anté-cinématique de la déformation qui a
produit les cisaillements C.
La figure 4.5 résume les relations entre la cristallisation des différents minéraux et
les différentes phases de déformation. Ces relations chronologiques sont exprimées
schématiquement sur le diagramme température-temps (T-t). Le schéma de l’affleu-
rement montre la relation entre les sites de la déformation (qui est hétérogène) et les
minéraux des roches.
Ainsi, la déformation favorise la recristallisation de nouvelles phases et la dispa-
rition de phases précoces. Ce sont dans les zones les moins déformées (1 et 2) tardi-
vement que la paragenèse la plus précoce est la mieux préservée : la transformation
polymorphique And = Sill se réalise dans le plan de schistosité ; dans les cisaillements
tardifs (3 et 4), les minéraux plus ou moins précoces (andalousite, sillimanite et
muscovite) disparaissent. C’est en observant les paragenèses dans les différents sites
de la déformation hétérogène que l’on peut tracer le trajet PTt.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
➤ sur le diagramme P-T. Une deuxième portion de trajet à plus hautes températures
est amorcée ; celui-ci correspond aux conditions d’un secteur du Cap Creus où la