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1 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

, ;:Objectifs du cours

Ce cours vise à donner aux étudiants les informations nécessaires sur les différentes familles
de roches. Il s’agit de faire acquérir aux étudiants des compétences utiles pour la
caractérisation minéralogique des roches. Ce cours permettra aux étudiants :

- d’identifier les principaux minéraux constitutifs des roches

- de reconnaître les différentes paragenèses minérales permettant la catégorisation des


roches

- de définir les principales textures des roches

- de caractériser les roches plutoniques et volcaniques

- de décrire les principales formations sédimentaires

- de déterminer les roches métamorphiques à partir de leur contenu minéralogique

Il s’agit de définir :

- les roches magmatiques acides

- les roches intermédiaires

- les roches basiques et ultrabasiques

- les roches sédimentaires détritiques

- les roches organogènes et hydro-chimiques

- les roches de métamorphisme régional et de contact

Les applications sont basées sur la reconnaissance macroscopique et microscopique des


differents types de roches. Les dessins des roches à l’échelle macroscopique et en lames
minces sont exigés.

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I. GÉNÉRALITÉS

I.1. INTRODUCTION

La pétrographie est la science des roches, elle s’attache à la description, classification et à la


nomenclature des roches. Elle s’appuie sur des sciences telles que la minéralogie, la lithologie, la
stratigraphie, la paléontologie. Corrélativement à la « pétrographie », on a aussi la« pétrologie »
qui elle s’occupe des aspects génétiques des roches.

La roche peut être définie comme tout matériau constitutif de l’écorce terrestre, formé en général
d’un assemblage de minéraux et présentant une certaine homogénéité statistique ; le plus souvent
dur et cohérent (pierre, caillou), parfois plastique (argiles), ou meuble (sable), à la limite liquide
(pétrole) ou même gazeux.

En géologie, la notion de roche comprend donc tous les types de matériaux constituant l’écorce
terrestre, y compris les sols meubles. La nomenclature des roches est plus complexe que celle des
minéraux, aucun système de classification ne fait l’unanimité chez les Géologues. Les noms
donnés aux roches, au cours des développements de la pétrographie, sont relatifs soit à leur
composition minéralogique, soit à leur morphologie extérieure, soit à la région ou à la localité où
elles ont été découvertes, soit encore à leur évolution.

A la différence des minéraux, les roches ne se développent pas les unes à côté des autres
indépendamment, toutes les transitions peuvent exister entre les roches génétiquement voisines.

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I.2. LES TROIS GRANDS GROUPES DE ROCHES ET LEUR CYCLE ÉVOLUTIF

En pétrographie, la classification fondamentale se base sur l’origine des roches et leur processus
de formation (appelé genèse). On peut ainsi classer les roches en trois grands groupes :

• les roches magmatiques (encore appelées roches ignées) : qui sont le produit du
refroidissement et de la consolidation de bains silicatés en fusion, appelés magmas. Ce
refroidissement pouvant se faire soit à la surface de la terre (donnant les roches volcaniques),
soit au sein de l’écorce terrestre (donnant les roches plutoniques),
• les roches métamorphiques : qui sont formées à partir de roches préexistantes essentiellement
par des recristallisations dues à des élévations de température et de pression,
• les roches sédimentaires : qui se forment à partir de la désintégration d’autres roches à la
surface de la terre, ou à partir de la précipitation chimique ou biochimique de solutions.

Les roches proviennent donc toutes à l’origine du magma en fusion et subissent une évolution ou
un cycle dans le temps. Ainsi, par exemple, une roche sédimentaire peut être le produit de
l’altération de roches métamorphiques, elles-mêmes étant le produit du métamorphisme de
roches, soit magmatiques, soit sédimentaires, soit métamorphiques. On voit donc que le magma
constitue la source primitive de la formation de toutes les roches. Si la composition initiale du
magma est importante, les conditions de température et de pression sont fondamentales lors de la
cristallisation des minéraux.

Cycle évolutif des roches (Schumann, 1989)

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Les proportions respectives des trois groupes de roches au sein de la croûte terrestre sont reprises
dans le tableau ci-après. Comme une roche est généralement le produit de l’assemblage de
différents minéraux, on a donc également mentionné les proportions des principaux minéraux au
sein de la croûte terrestre.
Si les roches magmatiques sont de loin les plus nombreuses, elles sont généralement recouvertes
par des roches sédimentaires, que ce soit sur les fonds océaniques ou sur les continents. Mis à
part les reliefs, les roches sédimentaires forment donc la « pellicule » de surface de la croûte
terrestre, principale partie de la terre concernée par les travaux de l’ingénieur.

Ce tableau permet également de se rendre compte de l’importance des feldspaths, du


quartz et, dans une moindre mesure, des pyroxènes par rapport aux autres minéraux.
Par exemple, on verra que la classification des roches magmatiques est principalement
basée sur l’importance respective de ces minéraux qu’on appelle « minéraux
cardinaux » ou essentiels.

Proportions volumiques au sein de la croûte terrestre

Roches Minéraux

Type % Minéral % volumique


volumique

Magmatiques 65 Feldspaths 39
Plagioclases

avec en particulier : Feldspaths Alcalins 12

granites 10 Quartz 12

granodiorites, 11 Pyroxènes 11
diorites

basaltes 43 Amphiboles 5

Sédimentaires 8 Micas 5

Métamorphiques 27 Minéraux 5
argileux

Olivines 3

Calcite 1

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autres 7

I.3 Rappel sur les silicates


C’est une classe qui comprend un grand nombre d’espèces minérales (près de 600 espèces
minérales dont la structure est basée sur des agencements du tétraèdre (SiO4)4– .

1 — Silicates à tétraèdres isolés ou nésosilicates.


Ces silicates se caractérisent par des îlots de tétraèdres [SiO4]4– indépendants et isolés les uns
des autres par des cations exemples :

. forstérite Mg2SiO4 ; Fayalite Fe2SiO4

. Grenats :

- Grenats pyralspites (alumineux) :

a) Almandin (Fe3Al2Si3O12)

b) Pyrope (Mg3Al2Si3O12)

c) Spessartine (Mn3Al2Si3O12)

- Grenats Urgandites (calciques) :

a) Grossulairte (Ca3Al2Si3O12)

b) Andradite (Ca3Fe2Si3O12)

c) Ouvarovite (Ca3Cr2Si3O12)

2 — Silicates à 2 tétraèdres liés entre eux ou sorosilicates.


Ces silicates possèdent des groupes-unités faits de deux tétraèdres liés l'un à l'autre, groupes dont
la formule est [Si2O7]6-. Plusieurs sorosilicates contiennent à la fois des îlots [SiO4] et des
groupes [Si2O7] : épidote Ca2(Fe2 3+,Al)Al2O(SiO4)(Si2O7)(OH).
3 — Silicates à tétraèdres en anneaux ou cyclosilicate
Six tétraèdres [Si6O18]12- ,
Exemple : Béryl Be3Al2Si6O18, Tourmaline…
4 — Silicates à tétraèdres en chaînes simples ou inosilicates.

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À priori, on peut imaginer plusieurs manières possibles pour constituer des chaînes de tétraèdres
qui soient droites et d'une longueur théoriquement infinie. Dans ces files, deux tétraèdres voisins
ont toujours un oxygène en commun et la composition stoechiométrique reste toujours de SiO3,
exemple : les pyroxènes.

5 — Silicates à tétraèdres en rubans ou inosilicates.


Il s'agit de silicates qui sont faits de chaînes semblables à celles du type précédent mais celles-ci
sont ici jumelées de façon à constituer un ruban. Le jumelage de deux chaînes-pyroxène permet
de constituer le ruban de composition structurale [Si4O11]6– qu'on trouve dans les amphiboles. Il
faut toutefois ajouter que ce ruban contient toujours, en outre, des groupements (OH)– qui sont
situés au centre des mailles hexagonales. Sa formule structurale est donc [Si4O11(OH)]7–.
6 —Silicates à tétraèdres en feuillets ou phyllosilicates.
Dans ce type de structure, les tétraèdres sont soudés les uns aux autres par trois de leurs sommets
de façon à constituer un réseau-plan à maille hexagonale d'où émerge le sommet libre de chaque
tétraèdre constitutif.
L’assemblage-plan d'une infinité de chaînes-pyroxène ou de rubans-amphibole donne un feuillet
structural de formule [Si4O10]4–. Ce feuillet, caractéristique des phyllites comme les micas
(monocliniques), les chlorites (monocliniques ou tricliniques) et les argiles (
7 — Silicates à tétraèdres en édifice à trois dimensions ou tectosilicates.
Dans les tectosilicates, les tétraèdres SiO4 sont soudés les uns aux autres par leurs quatre
sommets. De ce fait, chaque atome d'oxygène appartient à deux tétraèdres voisins et par suite la
formule structurale de l'édifice est SiO2.

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I.4. NOTIONS DE CRISTALLISATION ET DE MAGMA

La cristallisation en minéraux spécifiques dépend de la composition chimique du liquide en


fusion mais également de la faculté qu’ont les différents composants chimiques de se substituer
d’un minéral à l’autre sans en modifier la structure cristalline.

I.4.1. Notions de magma

Un magma est un bain naturel de silicates en fusion, pouvant contenir des cristaux ou des
fragments de roches en suspension. Sa cristallisation conduit aux roches magmatiques. Un
magma se caractérise par : sa composition essentiellement silicatée, sa température élevée
(1200°C à 1500°C pour le magma basique) et par sa viscosité qui lui confère une plus ou moins
grande aptitude à couler.

La viscosité des magmas

La viscosité d’un magma dépend principalement, de la température et de la pression, de sa teneur


en silice, de la présence de gaz et de sa teneur en eau. Les magmas ne possèdent pas tous la même
viscosité. La nature des roches magmatiques dépend évidemment de la nature du magma qui leur
a donné naissance. Comprendre les facteurs qui ont une influence sur la viscosité est important
puisque celle-ci conditionne l’aptitude à couler du magma et lui est inversement proportionnelle.

• La teneur en silice SiO2 a une influence très importante, plus elle est élevée, plus la viscosité
l’est également. En effet, le liquide silicaté possède une charpente faite de tétraèdres SiO 4
polymérisés en ordre périodique. Les liaisons Si-O-Si sont des liaisons fortes car covalentes
qui s’opposent, par frottement interne, à l’écoulement.

• La teneur en gaz (H2O, CO2, H2S,...) : la perte de gaz provoque une augmentation de la
viscosité,

• La teneur en eau a une influence très importante sur la viscosité. En effet, à haute température
l’eau est dissociée en H+ et OH- qui rompent ensuite les liaisons Si-O-Si et les hydrolyse en Si-
OH HO-Si. Au fur et à mesure que les liaisons s’hydrolysent, il y a rupture de la charpente
silicatée et, par conséquent, diminution de la viscosité. De plus, la teneur en eau a une grande
influence sur la température de cristallisation d’un magma.

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Les différents types de magmas

De manière générale et fortement simplifiée, on distingue principalement deux types de magmas


suivant leur teneur en silice.

• magma hypersiliceux : lorsque la teneur en silice est élevée (75%), le magma en fusion est très
visqueux et s’écoule donc lentement à travers l’écorce terrestre. Il cristallise alors quasi
entièrement lors de son ascension vers la surface et seuls subsistent les minéraux stables en
présence d’un excès de SiO 2. Ce type de magma engendre les roches granitiques qui
représentent près de 95 % des roches d’intrusion au sein des roches préexistantes.

• magma hyposiliceux : lorsque la teneur en silice est faible (50%), le magma en fusion est
fluide et traverse rapidement l’écorce terrestre pour couler en surface. En raison de la rapidité
de l’ascension, seuls quelques minéraux cristallisent et ceux qui sont formés à haute
température restent stables compte tenu de la faible teneur en SiO 2. Ce type de magma
engendre les roches basaltiques qui représentent près de 95 % des roches effusives à la
surface de l’écorce terrestre.

Il existe également des magmas intermédiaires à ceux décrits ci-dessus.

I.4.2. SUITES RÉACTIONNELLES DE BOWEN - CRISTALLISATION D’UN MAGMA

Les travaux de Bowen et son équipe sur la cristallisation d’un liquide en fusion ont permis
d’observer l’ordre d’apparition des minéraux, les domaines de coexistence stable de certains
minéraux, les transformations de minéraux en d’autres, en fonction de la température et de la
composition initiale du magma lors de son refroidissement. Bowen et son équipe ont synthétisé
l’ensemble de leurs observations sous forme de deux séries de minéraux associés par plusieurs
réactions, appelées suites réactionnelles de Bowen.

• La série des ferromagnésiens : cette série est discontinue, les structures cristallines des
minéraux successifs sont différentes et il n’existe pas d’héritage structural.

􀂾 Lorsque la température décroît, on a les réactions suivantes :


Liquide ───► olivine + liquide
Olivine + liquide ───► olivine + pyroxènes

􀂾 Lorsque la teneur en SiO2, Na, Ca et K est suffisante, on peut avoir les réactions
suivantes :
Pyroxènes + liquide ───► amphibole
Amphibole + liquide ───► mica noir

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• La série des plagioclases : cette série est continue car les différents plagioclases ont une
structure cristalline commune. On passe progressivement de l’anorthite (riche en Ca) à
l’albite (riche en Na).

Les deux séries réactionnelles sont concomitantes. Par exemple, si l’évolution des plagioclases
libère des ions Ca et Al dans le liquide, ceux-ci sont intégrés dans les amphiboles qui
apparaissent à des températures similaires.

Suites réactionnelles de Bowen (Pomerol & Renard, 1997)

I.4.3. L’évolution des magmas ou Différenciation magmatique

Les processus de cristallisation illustrés par les suites réactionnelles de Bowen associés aux
phénomènes de cristallisation fractionnée peuvent expliquer l’évolution des magmas. Lors de leur
ascension ils peuvent, par exemple, s’enrichir considérablement en silice en raison du processus
de sédimentation des minéraux précédemment formés. On obtient alors des liquides successifs
qui, d’hyposiliceux, deviennent progressivement hypersiliceux (exemple des rhyolites). Ce
mécanisme est appelé différenciation magmatique.

I.5. Les propriétés descriptives des roches

a) La composition minéralogique

La composition minéralogique est le caractère le plus important à examiner pour l’identification


des roches. Quel que soit le groupe d’appartenance des roches, elles sont généralement

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composées de quelques minéraux fondamentaux appartenant à des « familles » peu nombreuses


telles que feldspaths, quartz et, dans une moindre mesure, pyroxènes.

La détermination précise de la composition minéralogique nécessite généralement une étude en


lame mince, voire une détermination chimique. Cependant, quand les minéraux sont discernables
à l’œil nu, leurs propriétés permettent une première détermination qualitative.

b) La grosseur du grain

La grosseur du grain est le diamètre moyen des grains constituant la roche. Quelle que soit le
groupe d’appartenance d’une roche, la grosseur du grain prend une part importante dans sa
classification au sein de ce groupe.

c) La couleur

La couleur des minéraux, et à plus forte raison des roches, dépend fortement de la présence de
certains éléments chimiques, même en faible proportion. Les feldspaths et le quartz sont de teinte
claire tandis que les pyroxènes ou ferromagnésiens ou encore, la plupart des minéraux argileux,
sont de couleur sombre en raison de la présence de magnésium et/ou de fer.

d) l’indice de coloration

On définit l’indice de coloration d’une roche comme étant le pourcentage de minéraux sombres
qu’une roche contient. Pour rappel, le quartz et les feldspaths sont des minéraux clairs tandis que
les ferromagnésiens sont foncés.

e) La texture

La texture est fonction de la forme, de la disposition et de la répartition des minéraux dans la


roche. La notion de texture recouvre les caractères microscopiques.

f) La structure

La structure est l’ensemble des caractères extérieurs des roches en masse tels que la stratification,
la structure en couches ou en bandes. Il s’agit d’une propriété importante permettant de
commencer par rattacher une roche à l’un des trois groupes principaux. La notion de structure
recouvre généralement les caractères macroscopiques.

g) Le gisement

Le caractère du gisement est définit par la nature de la formation géologique d’où est issue la
roche à décrire. Cette notion est vaste et comprend également implicitement l’explication
succincte de la genèse de la formation géologique encaissante.

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Généralement par souci de simplification, dans les descriptions des différentes roches, on
regroupe les caractéristiques « indice de coloration » et « couleur » sous le terme général de
« couleur ». De même, les caractéristiques « texture » et « structure » seront regroupées sous le
terme général de « structure ».

I.5. Classification des roches en fonction de leur structure (s.l)

Pour beaucoup d’auteurs, les notions de texture et de structure sont confondues. Ils parlent
alors, dans un souci de simplification, de « structure » au sens large. Les quatre types de
structures des roches sont: structure non orientée, à stratification, fluidale (ou foliacée) et à
schistosité. Parmi les roches à structure non orientée, on peut également distinguer plusieurs
sous-groupes: les structures à débris de roches, à grains grossiers, à grains fins et structure
vitreuse.

II. DIFFERENTS TYPES DES ROCHES MAGMATIQUES

La croûte terrestre mesure en moyenne 30 à 40 km d’épaisseur sous les continents mais


seulement 7 à 15 km sous les océans, elle est formée de roches de densité relativement basse.
Sous cette croûte, on trouve une couche de roches plus denses, appelée manteau qui s’étend
jusqu’à environs 2900 km de profondeur. Une grande partie des roches composant la croûte
terrestre sont des roches magmatiques.

C’est dans la partie supérieure du manteau que prend naissance une grande partie de la matière
fondue appelé magma qui mène à la formation des roches magmatiques. Le magma visqueux est
un mélange en proportions variables, suivant les conditions de température et de pression, de
cristaux et d’une phase en fusion.

A partir d’un foyer magmatique, le magma en fusion migre alors vers le haut, à travers la croûte
terrestre, et selon la rapidité de cette migration et du refroidissement, deux types principaux de
roches magmatiques se forment: les roches plutoniques qui se forment en profondeur et les
roches volcaniques (ou effusives) qui se forment à la surface.

Entre ces deux groupes principaux, existent des roches intermédiaires appelées roches
filoniennes ou hypabbyssales ou de semi-profondeur.

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Genèse des roches magmatiques (Schumann, 1989

Différentes formes d’intrusions

Lorsque la migration est plus lente, le magma cristallise en profondeur (souvent dans la partie
inférieure de la croûte) pour former des masses rocheuses appelées roches intrusives ou
plutoniques. La grande majorité des roches intrusives est constituée de granites, roches claires,
relativement légères.

Les intrusions au travers de roches soit sédimentaires, soit métamorphiques, soit encore
magmatiques, peuvent être de grande taille comme les batholites (de quelques km à plus de 100
km de diamètre dont le constituant principal est le granite) ou de plus petite taille. Dans ce dernier
cas, on distingue les intrusions suivantes :

• les dykes, ayant l’aspect d’une plaque, qui tranchent nettement dans les couches sédimentaires
ou métamorphiques, de largeur de quelques centimètres à des centaines de mètres. Un dyke
constitue le remplissage intrusif d’une fissure verticale ou oblique ;

• les sills, ayant également l’aspect d’une plaque, mais qui s’insèrent horizontalement entre les
couches sédimentaires, parallèlement à leur stratification, dont l’épaisseur varie de quelques
centimètres à plusieurs centaines de mètres ;

• les laccolites et les lopolites, qui se forment lorsqu’une masse magmatique plus ou moins
visqueuse, soit soulève les couches surincombantes, soit remplit les sommets altérés des
formations sédimentaires, en formant une coupole ou une lentille, alors que l’autre face reste
en concordance avec la stratification.

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• Les pipes qui sont des remplissages de cheminées volcaniques, soit de laves solidifiées, soit de
fragments de roches anguleux arrachés aux parois, soit de manière générale, un mélange où
les laves cimentent les fragments de roches.

Différentes formes d’intrusions

III. CLASSIFICATION DES ROCHES MAGMATIQUES

Il existe plusieurs classification basées : soit sur la teneur en silice, soit sur la composition
minéralogique, soit sur la structure cristalline, soit encore sur l’indice de coloration,…. Ce n’est
que depuis 1974 qu’il existe une classification internationale unifiée due aux travaux de
Streckeisen, basée sur les proportions relatives des principaux minéraux constitutifs.

Après la présentation des principaux minéraux constitutifs des roches magmatiques, on trouvera
la classification de Streckeisen.

III.1 Principaux minéraux constitutifs des roches magmatiques

Les minéraux essentiels des roches magmatiques, dont les associations suffisent à définir une
roche magmatique, sont peu nombreux:

• les minéraux blancs : quartz et autres formes de la silice (calcédoine), feldspaths (orthose,
microcline et plagioclases), feldspathoïdes (leucite et néphéline), muscovite (mica blanc).

• les minéraux colorés (en général foncés) : pyroxènes (augite, hypersthène), amphiboles
(hornblende), biotite (mica noir), péridots (olivine).

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III.2 Structures des roches magmatiques

Cette classification est basée sur l’aspect rendu par l’organisation et la taille des différents
minéraux constitutifs d’une roche magmatique quand on observe un échantillon tant à l’œil nu
qu’au moyen d’une loupe ou encore au microscope.

a) Structure grenue

La roche est complètement cristallisée. Elle est donc le produit d’un refroidissement lent à très
lent qui se produit dans la croûte terrestre. En conséquence, seules les roches plutoniques et
certaines roches filoniennes présentent cette structure.

Si la roche est cristalline, ce n’est pas pour autant que la structure des différents minéraux est
apparente. En effet, le développement d’un minéral est entravé par celui de ses voisins. Seules
certaines roches présentent des cristaux bien développés dans leur système cristallin (minéraux
automorphes) (exemple des roches porphyriques). D’autre part, la taille des différents minéraux
peut considérablement varier, principalement en fonction de la vitesse de refroidissement.

On distingue alors plusieurs variétés de roches grenues :

• roches à structure grenue normale: pour lesquelles les grains ont approximativement la même
taille, semblable à celle d’un grain de blé. C’est le cas de la majorité des granites et des
granodiorites.

• roches à structure aplitique : pour lesquelles les grains ont également la même taille mais sont
plus petits, à peine visibles à l’œil nu (inframillimétriques mais différentiables à la loupe).
C’est le cas de la plupart des diorites et gabbros.

• roches à structure pegmatitique : à l’inverse de la structure précédente, les minéraux


présentent une taille semblable mais importante (parfois décimétrique). Ces roches sont le
produit d’un refroidissement très lent en présence des gaz. Leur composition
minéralogique est semblable à celle des roches grenues (granites principalement) alors qu’il
s’agit des roches filoniennes, on parle en général de pegmatites.

• roches à structure porphyrique : pour lesquelles les minéraux ont des tailles fort différentes.
Certains minéraux sont centimétriques dans une masse cristalline formée de minéraux
millimétriques ou inframillimétriques. C’est le cas de certaines roches filoniennes.

b) Structure microgrenue

La roche est entièrement cristallisée mais les différents minéraux sont indifférentiables à l’œil nu
et très difficilement au moyen d’une loupe. C’est le cas des roches filoniennes et de la périphérie

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des massifs plutoniques (le magma qui entre en contact avec la roche encaissante se refroidit plus
rapidement qu’au cœur de la chambre magmatique). Ici aussi certaines roches peuvent présenter
des cristaux de grande taille dans une masse cristalline microgrenue (roches porphyriques).

c) Structure microlitique

Dans ce cas, la roche n’est plus entièrement cristallisée. De très petits cristaux, le plus souvent
allongés et observables uniquement au microscope, sont présents et « nagent » dans une masse
vitreuse amorphe. Parfois des cristaux inframillimétriques sont présents (le plus souvent de
l’olivine). Cette structure est caractéristique d’un refroidissement rapide, ce qui est le cas de la
majorité des roches volcaniques ou extrusives.

d) Structure vitreuse

Cette structure est proportionnellement assez rare. Le refroidissement est extrêmement rapide, ce
qui ne laisse pas le temps au magma de cristalliser. C’est le cas de la plupart des roches formées à
la suite d’une éruption volcanique violente (obsidiennes, bombes, ponces, ...). Il est à préciser ici
que le qualificatif de « vitreuse » n’est pas exclusif à l’apparence d’un verre (cas des obsidiennes)
mais plutôt à l’absence de cristallisation (exemple des pierres).

III.3. Classification basée sur la composition minéralogique

a) Classification de Streckeisen

Cette classification, fruit des travaux de Streckeisen, a été adoptée en 1974 par l’U.I.S.G. (Union
Internationale des Sciences Géologiques). Elle est basée sur le fait que la présence simultanée de
quartz et de feldspathoïdes est incompatible.

Elle est constituée de deux triangles placés tête-bêche avec les minéraux principaux, et concerne
les roches magmatiques pour lesquelles les ferromagnésiens (pyroxènes et olivine) représentent
de 0 à 90 % de leur volume :

􀂾 le triangle du haut possède les trois pôles suivants : quartz – feldspaths alcalins (microcline,
orthose et albite) – feldspaths plagioclases (pour rappel, mélange d’albite et d’ anorthite
avec un minimum de 5 % de ce dernier),

􀂾 le triangle du bas possède les trois pôles suivants : feldspathoïdes (leucite et néphéline) –
feldspaths alcalins – feldspaths plagioclases.

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Les roches plutoniques sont indiquées en majuscules tandis que leurs correspondants volcaniques
sont indiqués en minuscules. Le principe de détermination d’une roche magmatique est le
suivant. Prenons par exemple le cas d’une roche se situant dans le triangle supérieur :

• sur un échantillon en lame mince observé au microscope, on compte le nombre de minéraux de


quartz (Q) ou de feldspathoïdes (F), de feldspaths alcalins (A), de feldspaths plagioclases (P) et
autres minéraux (dits « accessoires »),

• en éliminant les minéraux accessoires, on ramène le pourcentage de (A+P+Q) à 100, on


détermine alors les nouveaux pourcentages respectifs de A, P et Q,

• on trace une droite parallèle à l’axe A-P correspondant au pourcentage de Q (l’axe A-P
correspond à 0% de Q),

• on ramène ensuite le pourcentage de (A+P) à 100 et on détermine alors les nouveaux


pourcentages respectifs de A et P,

• on introduit le point correspondant sur l’axe A-P,

• on trace la droite reliant ce point au pôle Q, son point d’intersection avec la droite
précédemment tracée détermine la position de la roche dans le diagramme de Streckeisen et
donc son nom.

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Classification des roches magmatiques de Streckeisen – roches plutoniques en majuscules, les


roches volcaniques en minuscules

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Pour les roches qui possèdent plus de 90 % de ferromagnésiens, appelées mafites, un diagramme
leur est spécifique. Il est composé des trois pôles suivants : orthopyroxène (noté Opx),
clinopyroxène (noté Cpx) et olivine (noté Ol). Le principe de détermination est semblable au
précédent. Il faut préciser qu’il s’agit de roches peu courantes dans la croûte terrestre.

b) Classification basée sur les indices

Les indices sont des pourcentages de la forme (A/A+B)x100.

A et B sont des compositions des minéraux, et puisque les indices représentent le pourcentage,
leurs valeurs varient de 0 à 100.

- Indice de saturation

On parle des indices de saturation quand il y a des éléments saturables dans les minéraux.
L’indice de saturation permet de reconnaître si une roche acide, basique ou ultrabasique. Pour des
roches quartziques l’indice de saturation est (Quartz/Quartz+Feldspaths)x100. Pour les roches
feldspathoïdiques l’indice de saturation est (feldspathoïdes/feldspathoïdes+Feldspaths)x100.

Gradation de l’indice de saturation pour les roches quartziques :

0 à 5% : Roche holofeldspathique

5 à 10% : Roche quartzifère

10 à 20% : Roche peu quartzique

20 0 30% : Roche moyennement quartzique

30 à 40% : Roche fortement quartzique

40 à 90% : Roche très fortement quartzique

90 à 100% : Roche holoquartzique

- Indice de coloration

Les minéraux sont des corps formés par une accumulation des éléments chimiques possédant une
coloration. L’indice de coloration = 100 - somme de minéraux leucocrates. Exemple : si une
roche contient des feldspaths et des feldspathoïdes, l’indice de coloration est de 100 –
(Feldspaths+feldspathoïdes).

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21 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Gradation de l’indice de coloration :

0 à 5% : Roche hololeucorate

5 à 35% : Roche leucocrate

35 à 65% : Roche mesocrate

65 à 95% : Roche melanocrate

95 à 100% : Roche holomelanocrate

NB : Certains minéraux essentiels sont incompatibles et ne peuvent pas coexister dans une
même roche. Ex : Quartz et feldspathoïde, Quartz et Olivine.

- Indice feldspathique

Indice feldspathique = (Feldspath alcalin/Feldspath alcalin+Plagioclase)x100

Gradation de l’indice feldspathique:

0 à 10%: Roche holoplagioclasique

10à40% : Roche subplagioclasique

40 à 60% : Roche monzonitique

60 à 90% : Roche subalcaline

90 à 100% : Roche alcaline

- Indice sodi-potassique

Indice sodi-potassique = (Feldspath potassique/Feldspath alcalin)x100

Gradation :

0 à 40% : Roche sodique

40 à 60% : Roche sodi-potassique

60 à 100% : Roche potassique

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22 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

- Indice Leucito-néphélinique

Indice Leucito-néphélinique = (Leucite/Leucite+Néphéline)x100

Gradation :

0 à 40% : Roche Néphélinique

40 à 60% : Roche Leucito-néphélinique

60 à 100% : Roche Leucitique

- Indice Péridotique

Indice Péridotique = (Péridot/Péridot+Pyroxène+Amphibole)x100

Gradation :

0 à 10% : Roche holopyribolique

10 à 90% : Roche mésopéridotique

90 à 100% : Roche holopéridotique

c) Classification basée sur la composition chimique des roches

Les analyses chimiques des roches permettent d’avoir les teneurs en pourcentages d’oxydes. Les
éléments majeurs analysés sont : SiO2, TiO2, Al2O3, FeO, Fe2O3, MgO, MnO, Na2O, K2O,
CaO, P2O5, H2O.

1) Classification basée sur la teneur en SiO2 :

SiO2˂ 45% : Roche ultrabasique

45˂ SiO2˂ 52% : Roches basiques

52˂ SiO2˂ 66% : Roches intermédiaires

SiO2˃ 66% : Roches acides

Toujours en fonction de la teneur en silice, on distingue

- Les roches sursaturées en silice, exemple : Roche à quartz.

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23 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

- Les roches saturées en silice, exemple : Roche à Feldspaths, pyroxènes, amphibole,


micas…

- Les roches sous-saturées en silice, exemple : Roche à feldspathoïdes, péridots…

2) Classification basée sur la teneur en alumine (Al2O3)

L’alumine est le plus important après la silice. Le rapport entre Al2O3, Na2O, K2O et CaO
offre une base très importante pour la classification. On aura ainsi :

- Roches peralumineuses : Al˃AlK+C ou Al2O3˃K2O+Na2O+CaO (la roche est riche en


topaze, tourmaline, grenat, corindon ).

- Roches métalumineuses : AlK˂Al˂AlK+C ou Na2O+K2O˂Al2O3˂Na2O+K2O+CaO (la


roche contient l’olivine, la biotite..).

- Roches subalumineuses : Al=AlK+C ou Al2O3=Na2O+K2O+CaO (la roche est riche en


Feldspaths, feldspathoïdes, pyroxènes…).

- Roches peralcalines : Al˂AlK+C ou Al2O3˂Na2O+K2O+CaO (la roche contient


l’aegyrine (pyroxène sodique), riebeckite, hornblende (amphibole)).

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24 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

d) Classification basée sur les minéraux blancs (minéraux cardinaux)

e) Classification basée sur les minéraux blancs et les minéraux colorés (voir tableau hors
texte).

f) Classification des roches basiques et ultrabasiques (voir diagrammes triangulaires hors


texte).

III.4. DESCRIPTION DES PRINCIPALES ROCHES MAGMATIQUES.

En guise d’introduction, il faut insister sur les proportions suivantes (volumiques ou pondérales,
les chiffres étant quasiment identiques) :

􀂾 la famille réunissant les granites constitue près de 95 % des roches plutoniques. Ces roches
forment la majorité de la croûte continentale même si elles sont le plus souvent recouvertes de
roches sédimentaires,

􀂾 la famille des basaltes constitue près de 95 % des roches volcaniques continentales et


océaniques. Ces roches forment la majorité de la croûte océanique.

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25 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

I II.4.1. Roches plutoniques

a) Famille de la quartzolite

Les quartzolites sont plutôt rares et ont comme caractéristique principale de contenir plus de
60 % de quartz (on parle de roches hypersiliceuses ou acides). Elles n’ont pas d’équivalent
extrusif car leur magma originel très visqueux ne peut atteindre la surface de la croûte.

• composition minéralogique : 60 à 100 % de quartz et micas, feldspaths comme minéraux


accessoires ;
• grain : relativement grossier mais la teinte uniforme et le fait que les grains soient « moulés »
les uns sur les autres ne permet pas de les distinguer ;
• couleur : de teinte claire, en majorité blanche, gris-blanc ou laiteuse ;
• structure : non orientée, grenue ;
• gisement : roches généralement de remplissage filonien.

b) Famille des granites

Cette famille comprend les granites (au sens propre) et les granodiorites. Le nom granite provient
du latin granum (grain). Son équivalent extrusif est la rhyolite. Les caractéristiques générales des
granites sont les suivantes :

• composition minéralogique : 80 à 100 % de minéraux clairs (dont 20 à 60 % de quartz et 40 à


80 % de feldspaths), 0 à 20 % de minéraux colorés et les minéraux accessoires (biotite,
augite, amphibole, apatite, muscovite, magnétite, zircon)
• grain : roche généralement grenue (taille courante des grains, de 1 à 5 mm), parfois aplitique
(taille des grains de 0,5 mm) ou pegmatitique (taille des grains supérieure à 1 cm)
• couleur : généralement de teinte claire, blanche, grise, rose et rouge, habituellement tachetée
(« mouchetée ») par combinaison quelconque des couleurs
• structure : généralement non orientée, grenue, souvent porphyrique, parfois pegmatitique.
Certains granites montrent une structure fluidale en raison de leurs minéraux (comme le mica
et la hornblende) qui s’orientent lors du mouvement du magma combiné à son
refroidissement progressif
• gisement : roches qui se présentent en amas, batholites, cheminées, sills et dykes. Ces formes
sont intrusives et coupent transversalement les roches encaissantes qu’ils métamorphisent
(métamorphisme de contact). Elles n’apparaissent à la surface de la terre qu’à la faveur de
l’érosion

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26 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

NB : Un leucogranite est une variété de granite très acide (70% SiO2), clair (ferro-
magnésiens˂10%), à muscovite et quartz abondant accompagnés parfois des minéraux fluorés ou
borés. Au point de vue géodynamique, ce granite se met en place dans un contexte de collision.

c) Famille des syénites

Cette famille comprend principalement la syénite (au sens propre) et la monzonite. Elles sont
beaucoup moins répandues que les granites et s’en différencient par le fait qu’elles ne contiennent
que très peu ou pas de quartz.

􀂾 Les syénites

• composition minéralogique : 60 à 80 % de minéraux clairs (dont 0 à 5 % de quartz). Les


syénites néphéliniques contiennent en plus de Feldspaths, des feldspathoïdes, 0 à 40 % de
minéraux colorés et les minéraux accessoires (biotite, pyroxènes, apatite, magnétite, zircon)
• grain : roche généralement grenue (grains moyens à grossiers)
• couleur : généralement gris clair à gris sombre, également rougeâtre ou bleuâtre
• structure : généralement non orientée, grenue, rarement porphyrique
• gisement : roches rares qui se présentent en petits massifs (lopolites ou laccolites) associées au
granite ou à la diorite. Une Laurvikite est une syénite contenant l’augite titanifère et un
minéral bleuté au reflet chatoyant, pris autrefois pour anorthose (Or 40-Ab60), et qui est en
réalité une anti-perthite de microcline sodique dans l’oligoclase ferrifère (faciès
malgachitique).

􀂾 Les monzonites :

Ce sont des syénites calco-alcalines de composition intermédiaire entre les syénites types et les
diorites. Elles contiennent de l’orthose et de l’andésine en égale quantité, un peu de quartz et
d’augite. De grands cristaux d’orthose moulent les plagioclases (texture monzonitique). Son
équivalent lamprophyrique est la kersantite, riche en biotite.

• grain : roche généralement grenue (grains moyens)


• couleur : généralement gris clair à gris sombre, également verdâtre, brunâtre ou rougeâtre
• structure : généralement non orientée, grenue. La plupart des monzonites montrent une structure
fluidale due aux feldspaths alcalins (microcline) allongés
• gisement : roches rares qui sont en relation étroite avec des formations granitiques ou
granodioritiques

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27 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

d) Famille de la diorite et du gabbro

La diorite et le gabbro présentent peu de différences d’où leur regroupement au sein d’une même
famille. Après les granites, ce sont les roches plutoniques les plus courantes. Leur caractéristique
commune est l’absence ou la faible proportion de feldspaths alcalins. Leur différence essentielle
consiste en la présence de plagioclases clairs pour la diorite (An‹ 50%) et de plagioclases foncés
pour le gabbro (An › 50%). Ce dernier est donc plus foncé que la diorite.

􀂾 Les diorites

• composition minéralogique : 65 à 100 % de plagioclases, 15 à 50 % de minéraux colorés, et les


minéraux accessoires (grenat, sphène, apatite, zircon, pyroxènes, hornblende)
• grain : roche finement à moyennement grenue, parfois porphyroïde, rarement pegmatitique.
Parfois microgrenue (on parle alors de microdiorite)
• couleur : généralement gris clair à gris sombre, gris verdâtre
• structure : généralement non orientée, se présentant souvent en lits ou elles alternent avec les
gabbros ou avec certains granites
• gisement : roches en amas indépendants de petite taille, ou sous forme de cheminées et dykes.

Une diorite orbiculaire présente des zones concentriques et radiées d’oligoclase avec une
amphibole provenant de l’altération des pyroxènes, l’ouralite fibreuse.

Remarque : Les granitoïdes constituent un ensemble de roches associées aux granites. Il s’agit
des roches acides et intermédiaires : granites, diorites quartzifères, granodiorites, syénites,
monzonites, syénodiorites. Un diagramme ternaire permet de discriminer ces roches
(diagramme hors texte).

􀂾 Famille des gabbros

Roches grenues

• composition minéralogique : 65 à 100 % de plagioclases), 20 à 65 % de minéraux colorés


( olivine, pyroxène) et les minéraux accessoires (sphène, magnétite)
• grain : roche finement à grossièrement grenue (le plus souvent finement), rarement porphyroïde,
très rarement pegmatitique
• couleur : généralement gris moyen à gris sombre, bleuâtre et parfois presque noire
• structure : souvent en couches ou en bandes définies par une alternance de minéraux clairs et
foncés (couches de 1 à 2 cm)
• gisement : roches en amas indépendants de petite taille, ou sous forme de cheminées et dykes.

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28 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Parmi les gabbros on peut citer quelques variétés :

- Troctolite : gabbro à nombreux cristaux d’olivine et à plagioclase calcique.

- Norite : gabbro à hypersthène (orthopyroxène) et à labrador.

Roches ophitiques (semi-profondeur)


La plupart des roches ayant la texture ophitique appartiennent à la famille du gabbro. Ce sont :
- Les dolérites formées de latte de plagioclase intriquées dans les cristaux de pyroxène
(structure ophitique). On y trouve aussi parfois un peu d’amphibole, d’olivine et d’oxyde
de fer. Ce sont des roches pauvres en silice (50%)
- Les ophites sont des roches voisines, auxquelles les pyroxènes, fréquemment altérés,
confèrent à la roche l’aspect d’une peau de serpent.
- Les diabases sont des dolérites dans lesquelles les pyroxènes ont été ouralitisés.

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29 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

e) Famille de péridotites

Roches grenues

Les roches de cette famille ne contiennent plus d’éléments blancs. Ce sont les roches éruptives les
plus noires, les plus basiques (leur teneur en silice est d’environ 40%) et les plus
denses (3 à3.5). On cite notamment :

- Les péridotites proprement dites, constituées par de l’olivine associée à un pyroxène.


L’une d’elle, la lherzolite est particulièrement riche en olivine.

- Les pyroxénites : l’olivine disparaît presque complètement, seuls les pyroxènes subsistent.

- Les hornblendites caractérisées par la prédominance d’amphibole.

- Les dunites, roches ultrabasiques formées presque uniquement d’un péridot riche en fer
(43% de SiO2, 48% de MgO, 9% de FeO).

Ces roches basiques et ultrabasiques sont souvent associées. Avec les roches microlitiques qui
leur correspondent, elles sont groupées sous le nom d’ophiolites. Ces roches contiennent
souvent de précieuses minéralisations : chrome, nickel, cobalt, platine natif.

Roches microlitiques

Les limburgites possèdent des phénocristaux d’augite et d’olivine riche en fer qui leur donnent
une coloration brun rouge. La kimberlite qui contient en particulier des phénocristaux d’olivine
est la roche qui forme des célèbres cheminées diamantifères en Afrique du sud. Les kimberlites
sont formées sous très forte pression. Olivine et grenat (pyrope) sont les minéraux
caractéristiques, et le diamant est exceptionnel.

III.5.2. Roches volcaniques

Il n’existe pas de classification qui fasse l’unanimité auprès des géologues. On retrouvera ci-
dessous des regroupements en différentes « familles », étant entendu que certaines roches
volcaniques peuvent être reprises dans l’une ou l’autre des familles. La difficulté de réaliser une
classification provient du fait que le refroidissement souvent très rapide produit des roches peu ou
pas cristallisées. Hormis l’analyse chimique, il n’y a donc généralement pas moyen de connaître
la nature chimique des roches. De plus, comme on le verra, des débris de roches de nature
différente (sédimentaire, métamorphique) peuvent se mêler aux roches volcaniques expulsées lors
d’éruption.

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30 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

D’une manière générale, on classe les roches sous deux grandes familles : les «
pyroclastites » et les « laves ». Les pyroclastites désignent toutes les roches volcaniques
qui ont été éjectées dans l’air. Par opposition aux pyroclastites, on regroupe toutes les autres
roches volcaniques sous le terme générique de laves. Ce sont donc des roches qui ne sont pas
éjectées dans l’air mais qui s’écoulent des bords des cratères ou des fissures volcaniques.
Cependant, le qualificatif de lave étant trop général, on préfère distinguer plusieurs familles.

a) Famille des pyroclastites (projections volcaniques)

Les pyroclastites sont des roches magmatiques volcaniques provenant du matériel éjecté dans les
airs lors des éruptions (laves, débris de roche encaissante, restes de remplissage des cheminées)
qui, en s’accumulant, peuvent former des bancs rocheux. Ce sont des roches qui se forment à la
surface de la croûte continentale. La subdivision des pyroclastites se base sur leur mode de
formation, sur leur aspect et sur leur taille. On les appelle également les « projections » ou
« téphras ». Quand les projections s’accumulent et se consolident, pour former des bancs
rocheux, on les appelle « tufs volcaniques ».

L’hydratation du magma abaisse sa température de solidification et diminue sa viscosité, ce qui


permet à des magmas acides (riches en silice donc à l’origine visqueux) de parvenir à la surface
de la croûte terrestre. C’est la détente des gaz qui provoque l’expulsion du magma, ce qui peut
être redoutable pour l’homme. L’évacuation des gaz dans l’atmosphère provoque la solidification
rapide des magmas.

Les projections ont une structure très finement cristalline, amorphe, exceptionnellement
porphyrique et le plus souvent très poreuse. La structure poreuse est due aux gaz accumulés juste
avant l’expulsion qui, lors de leur détente violente, se mélange au magma expulsé. Les noms
attribués aux projections le sont principalement sur base de leur taille.

􀂾 Les poussières et cendres

Particules de diamètre inférieur à 2 mm (ou 4 mm selon la classification retenue). Elles peuvent


être entraînées sur des centaines, voire des milliers de km (exemple de l’éruption du Tambora en
Indonésie qui provoqua une « année sans été » dans l’hémisphère nord en 1815). Les cendres
volcaniques durcies postérieurement à leur dépôt forment des argilolites, roches rougeâtres et
barriolées.

􀂾 Les lapillis

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31 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Granules de diamètre moyen allant de 2 (ou 4 mm) à 30 mm (ou 64 mm selon la classification


retenue). Les pierres ponces sont une variété très poreuse de lapillis due à la grande quantité de
gaz présente dans le matériel projeté,

􀂾 Les blocs ou les bombes

Projections de diamètre supérieur à 30 ou 64 mm, généralement de la dimension d’un poing à


celle d’une tête. On parle de bloc lorsque l’échantillon observé est anguleux, car projeté à l’état
solide (débris de roche encaissante de toute nature ou du bouchon d’une cheminée volcanique).
On parle de bombe lorsque l’échantillon est de forme oblongue, torsadée ou en fuseau (ces
dernières sont dues au refroidissement lors de leur course dans l’air, les bombes arrivant au sol
figées.

􀂾 Les ignimbrites, nuées ardentes, surges ou déferlantes

Ecoulements pyroclastiques hétérogènes dus à un magma très riche en gaz qui sont chargés en
fragments liquides et solides, s’écoulent à grande vitesse (100 à 600 km/h).

􀂾 Les tufs volcaniques

Ce sont des de téphras (projections) consolidés. Cette induration du matériau primitivement


meuble se fait par compaction et par cimentation. Le ciment, généralement calcaire ou siliceux,
est apporté par les eaux souterraines. Les tufs peuvent être stratifiés, soit en raison de la
succession de plusieurs éruptions, soit par un triage des éléments lors de la sédimentation. Ils
s’apparentent en cela aux roches sédimentaires. Les tufs sont souvent riches en cavités.

b) Famille des roches volcaniques vitreuses

On regroupe sous cette famille toutes les roches volcaniques qui présentent une structure
pétrographique quasi amorphe, seuls quelques petits cristaux microscopiques y sont inclus.
Suivant cette définition, les pyroclastites présentées ci-dessus en font alors partie. Mais on trouve
également dans cette famille certaines laves qui se sont figées sans (ou presque pas) cristalliser.

Outre les pyroclastites, les roches volcaniques vitreuses les plus couramment présentées sont la
pierre ponce et l’obsidienne.

􀂾 Pierre ponce

La pierre ponce est un verre très poreux (sa porosité peut représenter 85 % du volume total d’un
échantillon), donc très peu compacte. Cette caractéristique résulte du refroidissement très rapide
d’un magma acide très riche en gaz. Comme le magma est acide et donc visqueux, en

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32 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

refroidissant, des nombreuses bulles de gaz sont piégées dans la masse (structure amygdalaire)
pendant te refroidissement, ce qui confère à la pierre ponce une densité inférieure à celle de l’eau.

La plupart des pierres ponces ont une teneur en silice très élevée et, en conséquence, sont des
roches claires, voire en majorité blanches. Cette caractéristique permet également de considérer
les pierres ponces comme étant une variété de la rhyolite.

􀂾 Obsidienne

A l’inverse de la pierre ponce, l’obsidienne est une roche vitreuse très compacte. Elles résultent
du refroidissement rapide d’un magma visqueux, riche en gaz (mais nettement moins que celui
donnant naissance aux pierres poreuses). Les obsidiennes se rencontrent le plus souvent à la
surface des laves (sous forme de croûte de surface) ; elles sont généralement associées aux
coulées de rhyolite. Une faible proportion d’obsidiennes est des lapillis, donc des projections.

Ce sont des roches qui ont également (mais moins que les pierres ponces) une forte teneur en
silice. Malgré cela, elles sont de teinte sombre, de vert foncé au noir profond. De minuscules
pores sont parfois présents, donnant à l’échantillon des reflets dorés. L’éclat vitreux ainsi que la
cassure conchoïdale et acérée sont caractéristiques des obsidiennes. Notons toutefois que les
correspondants vitreux des basaltes sont appelés Tachylites. D’après leur aspect on distingue :
les rétinites ou pechstein, roches de couleur sombre, brune ou verte, riches en eau (5 à 10%), à
éclat résineux. Ce sont des verres incomplets où apparaissent quelques microlites appelés
cristallites ; les perlites qui contiennent des globules écailleux disséminés dans le verre ; les
obsidiennes presque anhydres. Ce sont des verres parfaits de couleur noire à cassure
conchoïdale.

c) Famille des basaltes

Cette famille est de loin la plus répandue des roches volcaniques, et en particulier des laves. Cette
famille comprend également l’andésite et la téphrite. Il est cependant souvent difficile de
distinguer ces deux dernières des basaltes.

• composition minéralogique : 65 à 100 % de plagioclases, 15 à 40 % de minéraux colorés et les


minéraux accessoires (olivine, Pyroxène, magnétite, apatite, zircon)
• grain : roche généralement à grains fins microscopiques, microlitique, parfois vitreuse
• couleur : le plus souvent de teinte sombre, grise à noire, également brunâtre.
• structure : généralement non orientée, microlitique à compacte, souvent porphyrique en
présentant des phénocristaux de pyroxène, olivine ou hornblende (ces phénocristaux sont
souvent orientés). La structure est également fréquemment vacuolaire. Sur le fond des océans

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33 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

la structure est le plus souvent en nappes de « coussins ». Sur les continents, les basaltes se
disposent couramment en prismes ou orgues basaltiques (50 cm en diagonale). Roche très
compacte
• gisement : la plus grande proportion des basaltes forme la croûte océanique où, compte tenu de
leur faible viscosité (faible teneur en silice), ils s’étendent en nappes très étendues de part et
d’autre des dorsales océaniques. Beaucoup plus rares sur la croûte continentale, ils se
présentent généralement en dykes d’intrusion au sein des roches préexistantes ou en sills
étroits

Les variétés courantes des basaltes :

􀂾 Les « tholéiites » : ce sont des basaltes contenant le plus de silice (on dit qu’ils sont « saturés
») et sont dépourvus d’olivine. Les tholéiites se rencontrent principalement au niveau des
dorsales océaniques et représentent près de 75 % de la production totale des roches
magmatiques, ils forment donc le fond des océans. Ils peuvent également constituer de vastes
épanchements continentaux et être occasionnellement sur les arcs insulaires.

􀂾 Les basaltes « alcalins » : ils sont caractérisés par un fort rapport minéraux alcalins/silice et
contiennent le moins de silice (on dit qu’ils sont « sous-saturés »). Les minéraux
caractéristiques sont l’olivine (« basalte à olivine ») et les feldspathoïdes. Par différenciation
lors de la remontée du magma, il peut s’enrichir progressivement en silice et se « sursaturer »
pour donner des trachytes. Les basaltes alcalins sont caractéristiques du volcanisme
continental et le long des arcs insulaires. (matière à approfondir en pétrologie
magmatique, L1)

Les correspondants microlitiques des gabbros sans olivine sont appelés des Labradorites.
Certains peuvent être quartziques, ce sont des sakalavites. Par contre les basaltes qui
correspondent aux gabbros à olivine sont des roches très répandues. Les basaltes sont des roches
noires et denses (3 environ). Si les phénocristaux de plagioclases basiques sont rares, on y
rencontre assez fréquemment ceux d’augite et d’olivine qui donnent à certains basaltes un aspect
porphyrique : ce sont les ankaramites lorsque l’augite domine, et les océanites si c’est l’olivine.
La magnétite est abondante 10 à 25 %, (55% dans le gisement de North Park, Colorado), ce qui
rend la roche magnétique et lui confère sa coloration.

d) Famille des rhyolites

Cette famille comprend principalement la rhyolite (au sens propre) et la dacite. Elles sont
beaucoup moins répandues que les basaltes et s’en différencient par le fait qu’elles contiennent

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34 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

beaucoup de quartz. La rhyolite est analogue au granite mais le refroidissement rapide engendre
de cristaux minuscules.

􀂾 Les rhyolites

• composition minéralogique : 80 à 100 % de minéraux clairs (dont 20 à 60 % de quartz, et 40 à


80 % de feldspaths – 35 à 100 % de feldspaths alcalins, 0 à 65 % de plagioclases), 0 à 20 %
de minéraux colorés et les minéraux accessoires (biotite, apatite, magnétite, zircon)
• grain : fin à très fin, microgrenue à microlitique, des phénocristaux de quartz ou de plagioclases
peuvent être présents.
• couleur : généralement claire, grise, verdâtre, rougeâtre (le plus souvent) ou brunâtre
• structure : microgrenue à microlitique. La structure est fréquemment porphyrique (rhyolites
filoniennes) en raison de la viscosité élevée du magma qui peut alors être bloqué lors de sa
remontée dans les cheminées, fissures, ...
• gisement : on trouve les rhyolites sous forme de coulées de laves et de dykes. Ils peuvent
également former le bouchon d’une cheminée volcanique.

􀂾 Les dacites

La dacite se différencie de la rhyolite par le fait que les feldspaths sont en majorité des
plagioclases, ce qui lui confère une couleur plus gris-sombre. C’est l’équivalent volcanique des
diorites quartziques.

e) Famille de trachytes

Cette famille comprend le trachyte au sens propre, la latite ou la trachyandésite. Ce sont des
roches riches en feldspaths. Elles constituent le pendant volcanique respectivement des syénites,
monzonites et syenogabbros. Les trachytes sont les roches les plus répandues de cette famille.

􀂾 Les trachytes

• composition minéralogique : 0 à 5 % de quartz et 80 à 100 % de feldspaths – 65 à 100 % de


feldspaths alcalins, 0 à 35 % de plagioclases), 0 à 40 % de minéraux colorés et les minéraux
accessoires (biotite, apatite, amphibole, pyroxène)
• grain : très fin, microlitique, toujours porphyrique.
• couleur : généralement claire, gris clair à gris moyen, jaunâtre, rougeâtre ou brunâtre
• structure : microlitique et toujours porphyrique, parfois poreuse. La structure est souvent
fluidale.

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35 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

• gisement : identique à celui des rhyolites, on trouve les trachytes sous forme de coulées de
laves, de dykes et noyaux. Ils peuvent également former le bouchon d’une cheminée
volcanique.

Quelques roches magmatiques particulières :


- Lamprophyre : Roche magmatique filonienne, micro-grenue, caractérisée par l'abondance de
mica noir et/ou d'amphibole brune (jusqu'à 25% du volume) en grands et petits cristaux,
accompagnés selon les cas d'olivine (presque toujours altérée en talc, chlorite, minéraux
argileux), de feldspath, de clinopyroxène, par fois d'analcime. Ce sont des roches issues de
magmas riche en H2O, ayant rapidement cristallisé si bien que les équilibres chimiques sont
souvent incomplètes, d'où coexistence possible d'olivine et quartz. Les compositions
chimiques sont variées, allant de celles de granites à celles de basaltes, parfois à celles de
roches ultrabasiques. Parmi les nombreuses variétés on peut citer:
-1. La minette : (le type des lamprophyres) noire et brillante quand elle est fraîche, facilement
altérée et devenant brune et pulvérulente (utilisée autrefois pour bourrer les trous de mines, d'où
son nom), avec phénocristaux d'olivine altérée, de mica noir (phlogopite), et parfois de diopside
dans une pâte à orthose, biotite, et quartz ;
-2. La vogésite : de même type, mais à mica noir remplacé par une amphibole brune ;
-3. La kersantite : à phénocristaux de biotite et d'olivine altérée, dans une pâte à plagioclase
(andésine, labrador) et biotite ;
-4. La spessartite : voisine mais à amphibole brune ;
-5. La camptonite : à grands cristaux de hornblende brune titanifère, dans une pâte à plagioclase
basique, olivine altérée, clinopyroxène et parfois analcime ;
-6. La monchiquite : avec un peu de biotite et les mêmes minéraux à l'exclusion du feldspath.
Ces roches n'existent qu'en filons allongés, épais de quelques centimètres à quelques mètres, à
bordures figées, à coeur porphyrique contenant assez souvent des enclaves (fragments de
l'encaissant, nodules péridotitiques). Ces filons sont associés à des granitoïdes (cas des minettes),
ou, pour les lamprophyres à déficit de SiO2, à des syénites à des syénites néphéliniques, ou encore
à des complexes basaltiques.
- Lamproïte : Roche magmatique effusive alcaline, particulièrement riche en K, avec sanidine
et/ou leucite, et mica noir de type phlogopite. Le plus souvent, ces roches sont à rapporter dans la
classification à des trachytes ou à des phonolites, dits alors lamproïtiques.

IV. ROCHES SÉDIMENTAIRES

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36 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Si la croûte terrestre est en majorité constituée de roches magmatiques, sa surface est recouverte à
75 % (le fond des océans y compris) de roches sédimentaires.

IV.1 GENÈSE DES ROCHES SÉDIMENTAIRES

Les roches sédimentaires sont des roches qui se forment à la surface de la croûte terrestre, à partir
de roches préexistantes. Ces dernières peuvent être des roches magmatiques, métamorphiques, ou
même sédimentaires précédemment formées. Sont également regroupées parmi les roches
sédimentaires les roches d’origine chimique (les sels précipités de sodium ou de potassium) et
celles d’origine biochimique (calcaires).

Les minéraux constitutifs des roches qui se sont formés au sein de la croûte terrestre sont stables
à des conditions de température et de pression données. Remontées à la surface de la terre grâce
aux processus tectoniques, les roches subissent des conditions de température et de pression
différentes et leurs minéraux deviennent instables.

D’autre part, les roches sont soumises aux agents d’altération que constituent l’atmosphère, le
vent, les eaux (des océans, des précipitations, les eaux souterraines), les glaces, mais également le
biotope vivant à la surface de la terre (flore, faune, en particulier les micro-organismes). A ces
processus naturels il faut ajouter l’action de l’homme qui peut modifier rapidement les conditions
de surface (déboisement, imperméabilisation des sols, excavations, pompage des nappes
phréatiques, ...). Les agents et processus d’altération sont nombreux.

IV.1.1. Les deux grandes classes de roches sédimentaires

On distingue généralement deux classes principales de roches sédimentaires, suivant leur genèse :
les roches terrigènes et les roches biochimiques. Il existe évidemment des roches intermédiaires
qui sont un mélange des deux processus de formation.

a) les roches terrigènes

Elles sont constituées pour 50 % au moins de débris de roches précédemment formées. Lorsque
celles-ci sont mises en contact avec les agents d’altération (air, eau, vent, ...), elles sont
désagrégées ou sont progressivement érodées. Les débris ou particules qui en résultent sont
ensuite transportés (par l’action de la gravité, de l’eau ou du vent) sur des distances plus ou moins
longues pour finalement sédimenter et former un dépôt. La sédimentation a lieu la plupart du
temps en milieu aqueux.

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37 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

b) les roches biochimiques

Ce sont des roches qui sont formées par des processus chimiques (précipitation pour la plupart)
ou sous l’influence d’organismes vivants. La toute grande majorité de ces roches se forment en
milieu marin.

L’eau de mer est une solution ionique comportant, principalement et en ordre décroissant, les
cations Na+, Mg2+, Ca2+, K+ et les anions Cl-, (SO4)2-, (HCO3)-. Ceux-ci proviennent d’une part, de
l’altération des continents, via les eaux de ruissellement et les fleuves, et d’autre part, des sources
hydrothermales présentes le long des rides océaniques. La sédimentation se produit à la suite
d’une concentration provoquée, soit par l’activité métabolique des animaux marins qui fixent le
CaCO3 dans leur squelette et qui s’accumulent à leur mort (cas des calcaires), soit par une
sursaturation en ions obtenue par évaporation (cas des sels gemmes, du gypse, ...).

De la même manière que pour les roches terrigènes, ces sédiments au départ meubles peuvent être
transformés en roche compacte par le processus de diagenèse.

IV.1.2. La formation et le cycle des roches sédimentaires

Il est à noter que la majorité des roches sédimentaires sont formées en milieu marin souvent à la
faveur des cycles de « transgressions - régressions » marines (les transgressions sont des
avancées de la mer sur le continent dues, soit à la montée du niveau de la mer, soit à
l’enfoncement de la croûte continentale).

Facteurs du processus sédimentaire

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Les différentes époques géologiques (changement de climat, succession des transgressions


marines,...) mais également le triage lors de la sédimentation mènent à la formation de dépôts
différents, séparés par des surfaces dites de « stratification ». Cette stratification est donc
caractéristique des roches sédimentaires.

Suite à la dynamique du globe terrestre, les roches sédimentaires peuvent ensuite être remontées à
la surface de la croûte continentale et être altérées. Cela constitue un cycle qui est lui-même
inscrit ou imbriqué dans le cycle évolutif des roches plus général.

La plupart des roches sédimentaires se forment selon ces processus. Cependant, il y a lieu de
noter que certaines roches sédimentaires sont formées selon d’autres processus : les évaporites,
par évaporation de l’eau d’une solution saline (halite, gypse,…) ; les calcaires construits par
processus purement biochimique (barrière de corail) ; les « roches » carbonées (charbon, pétrole)
par enfouissement de végétaux et leur dégradation par des bactéries anaérobies.

IV.1.3. L’altération des roches

Les facteurs d’altération à la surface de la croûte terrestre sont nombreux et peuvent être classés
en deux catégories : l’altération mécanique et l’altération chimique et biochimique. La plupart du
temps, ces facteurs d’altération agissent de manière concomitante. Il est à noter que, compte tenu
de son abondance à la surface de la croûte terrestre, l’eau joue un grand rôle dans les processus
d’altération, à la fois mécanique (gel, érosion) et chimique (hydrolyse).

a) L’altération mécanique

Un massif rocheux qui affleure à la surface de la croûte terrestre n’est jamais absolument
compact et homogène. Il présente des surfaces de discontinuité dues, soit aux stratifications pour
les roches sédimentaires, soit aux plans de cassures (fissures, diaclases, failles, ...) provoqués par
les mouvements tectoniques. Ces plans de discontinuité constituent alors des plans de faiblesse
mécanique (provoquant les glissements rocheux, les éboulements,...) et des plans d’infiltration
des agents d’altération (principalement l’eau). L’altération mécanique provoque une
désagrégation du massif sans modification minéralogique.

􀂾 Les variations de température et le gel

Les variations quotidiennes de température (pouvant atteindre 50°C dans les régions désertiques)
collaborent à la découpe du massif en différents blocs. D’une part, la roche est un mauvais
conducteur thermique, sa surface se contracte ou se dilate alors beaucoup plus qu’en profondeur.
D’autre part, les fissures préexistantes permettent le passage de l’eau, qui en gelant écarte
progressivement les fissures ou diaclases.

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39 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

􀂾 La gravité - éboulements, glissements de terrain, écroulements

Les surfaces de discontinuités sont des plans de fragilité qui, sous l’action combinée de l’eau et
de la gravité, permettent la mise en mouvement de masses instables. En effet, l’eau diminue les
caractéristiques de résistance mécanique des sols ou des matériaux de remplissage des joints de
fracture. Les masses éboulées, écroulées ou qui ont glissé, offrent alors une surface de contact
avec l’atmosphère beaucoup plus importante qu’à l’origine, ce qui favorise l’altération chimique
ou biochimique.

􀂾 Les phénomènes d’érosion (fluviatile, éolienne et glaciaire) des continents

Les eaux de ruissellement constituent l’agent le plus actif dans l’érosion des continents (érosion
fluviatile). Déjà avant tout ruissellement, l’impact répété des gouttes de pluie provoque un
arrachement de particules aux massifs rocheux (d’autant plus important que ce phénomène est
combiné à l’altération chimique). Ensuite la vitesse acquise par l’eau lors du ruissellement
représente une énergie non négligeable (e = ½ . m . v²) qui altère mécaniquement les roches en
place. De plus, les débris ou particules mélangés aux eaux de ruissellement leur confère un
pouvoir abrasif important. Il est à noter que l’érosion est généralement très importante sur les
terrains nus ou déboisés.

Sur les continents, au phénomène d’érosion fluviatile s’ajoute l’érosion éolienne qui peut être très
importante dans les régions sèches (autrefois négligée, on se rend compte actuellement que
l’érosion éolienne provoque la mise en mouvement de centaines de millions de tonnes de
particules par an). De la même manière que pour l’érosion fluviatile, les particules entraînées par
le vent abrasent également les roches en place.

Enfin, il faut ajouter l’érosion provoquée par les glaciers. Elle fut très importante lors des
périodes glaciaires du Quaternaire et est responsable du modelé du paysage des pays tempérés.
L’accumulation de la neige sur le sommet du glacier provoque la transformation en glace des
couches inférieures. L’épaisseur de glace peut alors atteindre des dizaines, voire quelques
centaines de mètres. Par l’action de la gravité, le glacier se meut sur le socle rocheux, lui
arrachant des blocs rocheux et produisant une « farine » de roche. Il a été démontré que certains
blocs rocheux ont été déplacés sur plus de 1000 km.

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40 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

b) L’altération chimique et biochimique

Les agents d’altération chimique sont : l’eau, l’oxygène, le gaz carbonique, les acides produits
par les bactéries et les racines mais également par l’activité humaine, le facteur thermique, les
conditions de drainage et de circulation des eaux. A ceux-ci, il faut ajouter les agents d’altération
biochimique que constituent les plantes ou les microorganismes.

• l’action de l’eau est de loin la plus importante. Outre son action mécanique exposée ci-dessus
(érosion et gel), l’eau altère par hydrolyse les minéraux constitutifs des roches magmatiques
et métamorphiques. D’autre part, elle altère également les roches sédimentaires
précédemment formées principalement par hydratation et par dissolution (cas particulier de
l’hydrolyse).

• l’oxygène qui provient soit de l’air, soit de la réduction d’oxydes, provoque des oxydations (en
particulier du fer et du manganèse) et transforme les sulfures en sulfates,

• le gaz carbonique agit principalement comme renfort de l’action d’altération de l’eau et permet
également le départ facile des bases sous forme de carbonates ou de bicarbonates solubles. Il
est à noter que, contrairement à une idée reçue, la couverture végétale produit 3 à 5 fois plus
de CO2 dans le sol que n’en contient l’atmosphère,

• les acides sont secrétés par les racines et les bactéries. Ils sont également présents dans les
pluies d’orage (riches acides nitriques) ou produits par l’activité industrielle (pluies acides).

• les plantes supérieures ont une action destructrice par l’expansion de leurs racines qui peuvent
écarter les fissures de la même manière que le gel.

• le facteur thermique lié aux climats est essentiel car la vitesse des réactions double chaque fois
que la température croît de 10°C (loi de Van t’Hoff). En conséquence, les climats tropicaux
humides sont largement plus agressifs que les climats froids,

• les conditions de drainage et de circulation des eaux jouent également un rôle prépondérant.
Plus la circulation des eaux est importante, plus vite s’altèrent les roches en raison du
lessivage continuel des produits de l’altération.

c) Le rôle important de l’eau dans l’altération chimique

L’eau se trouve à la base de toutes les altérations des roches. Sa molécule se comporte comme un
dipôle car la répartition des charges n’est pas uniforme et, en conséquence, sa forme est
dissymétrique.

􀂾 Le phénomène d’hydrolyse

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41 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

L’eau hydrolyse les cations constitutifs des minéraux. Cette faculté varie fortement en fonction
du pH et de la température de l’eau. D’une manière générale, on devrait obtenir un équilibre au
bout d’un certain temps par suite de l’augmentation des cations en solution. Cependant, le
lessivage des produits de l’hydrolyse (bases, silice, alumine,...) permet la poursuite de l’altération
de la roche.

La molécule d’eau est un dipôle électrique. Sa force d’attraction vis-à-vis d’un cation dépend de
son potentiel ionique définit par le rapport entre la charge e et le rayon ionique r, soit e/r.
Lorsqu’un minéral est brisé, les cations associés aux tétraèdres de Silicium et/ou d’Aluminium
deviennent des accepteurs d’électrons. Le dipôle s’oriente alors vers les cations qui, en fonction
de leur potentiel ionique, entrent en solution ou précipitent sous une autre forme minérale.

Goldschmidt distingue trois domaines pour les cations les plus communs dans la nature.

• si le potentiel ionique e/r est inférieur à 3, c’est le domaine des cations solubles pour lesquels
leur faible charge attire les molécules d’eau mais ne les brise pas. Les cations sont entraînés
avec le dipôle d’eau et entrent en solution (c’est le cas du Na, du Ca et du Mg). Toutefois, si
la charge est trop faible par rapport à la taille (e/r inférieur à 1 – cations dits « anti-Stokes »,
c’est le cas du K), les cations ne s’hydratent plus et leur entrée en solution est due
principalement à leur effet de taille (ion plus petit en solution qu’au sein du minéral),

• si le potentiel ionique e/r est compris entre 3 et 10, c’est le domaine des cations solubles pour
lesquels leur plus forte charge rompt le dipôle pour former des hydroxydes insolubles qui
précipitent (c’est le cas de l’Al et du Fe),

• si le potentiel ionique e/r est supérieur à 10, c’est le domaine des cations qui exerce une forte
attraction sur O2-, provoquant la rupture du dipôle et la libération d’H+ (c’est le cas de CO3-).

􀂾 La dégradation chimique des minéraux des roches magmatiques et métamorphiques

Les minéraux constitutifs des roches magmatiques et des roches métamorphiques se sont formés
dans des conditions de température et de pression qu’ils ne retrouvent plus à la surface de la
croûte terrestre, il y a déséquilibre thermodynamique. De plus, en raison des mouvements
tectoniques qui l’ont fait remonter à la surface, la roche est fissurée, fracturée, offrant ainsi de
multiples facettes à l’altération due à l’eau combinée au CO2 et aux acides.

La vulnérabilité à l’altération des minéraux essentiels (quartz, muscovite, feldspaths, biotite,


amphiboles, pyroxènes, olivines) est croissante du quartz à l’olivine. Elle est donc fonction de la
position du minéral dans la suite réactionnelle de Bowen; plus un minéral cristallise dans les
hautes températures, plus il est vulnérable à l’altération.

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42 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Pour expliquer le phénomène d’altération, prenons l’exemple de l’orthose (KAlSi3O8) qui


présente des facettes de rupture. La surface des celles-ci est chargée négativement (présence d’O -
à valence non satisfaite) et attire le pôle positif (cations H +) des molécules d’eau qui s’orientent.
Comme le minéral est riche en cation K + et l’eau en H+, des substitutions ont lieu, les H + prennent
la place des K+ qui entrent en solution (principalement par effet de taille, voir ci-dessus). Il y a
alors un déchaussement des cations dans le minéral qui entraîne une rupture de la charpente
silicatée. En conséquence, il y a précipitation d’hydrolysats comme Al(OH) 3 et perte en SiO2. Le
lessivage de ceux-ci permet la poursuite du processus.

Il est à noter que comme le rayon ionique en solution du K est élevé par rapport à sa charge, sa
mobilité est relativement réduite en solution. En comparaison, les cations Na + et Ca2+ ont un rayon
ionique plus petit et sont donc plus mobiles dans l’eau. C’est ce qui explique que les plagioclases
(Ca,Na)(AlSi3O8) sont plus sensibles à l’altération que l’orthose.

Ce processus d’altération entraîne une décohésion intime de la roche qui pert ainsi ses qualités
mécaniques. Sauf à un stade avancé, il n’est pas visible à l’oeil nu mais peut être mis en évidence
en lame mince. Il faut encore noter que la sensibilité à l’altération d’un minéral dépend fortement
de sa taille ; plus un minéral est grand, plus il est sensible.

􀂾 L’hydratation et la dissolution des roches sédimentaires

L’eau et l’oxygène sont les facteurs déterminants de l’altération des roches sédimentaires, elles-
mêmes formés de particules (sables, limons, argiles) résultant d’un processus antérieur
d’altération. L’oxygène transforme les sulfures en sulfates, les sels de fer et de manganèse en
oxydes. L’oxyde de fer donne une teinte rouille caractéristique à la roche.

L’eau agit principalement par dissolution, mais également par hydratation pour certains
minéraux. L’hydratation de l’anhydrite (CaSO 4) en gypse (CaSO4.2H2O) provoque le gonflement
du massif sédimentaire, ce qui est bien entendu préjudiciable pour les constructions. Le même
processus d’hydratation des particules argileuses (en particulier les montmorillonites) est à la
base du problème posé par les argiles gonflantes.

IV.1.4. Le transport et le dépôt des sédiments

Le transport et le dépôt des sédiments sont principalement dus à l’action de l’eau et dans l’eau,
même si le vent et le mouvement des glaciers participent également à la formation de roches
sédimentaires.

La partie des eaux météoriques qui ruisselle sur les continents est le vecteur principal de transport
des produits de l’altération du continent. Les particules sont entraînées des points hauts (reliefs

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43 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

montagneux), où la vitesse de l’eau est maximale, aux points bas (plaines) où elles se déposent
progressivement suite à la diminution de la vitesse de l’eau. Les particules les plus grossières se
déposent en premier, près du lieu d’altération. Néanmoins, toutes les particules finissent par
aboutir dans les océans, au bout d’un temps qui peut être considérable. De la même manière que
sur les continents, les courants marins constituent également un vecteur de transport d’un endroit
à l’autre de l’océan.

Tout le matériel transporté s’accumule dans les bassins de sédimentation pour former un dépôt
gorgé d’eau. Les sédiments se déposent en couches successives dont la composition
minéralogique, la taille des particules, la couleur peuvent varier en fonction des époques
géologiques. Les différentes couches sont séparées par des surfaces de stratification.

VI.1.5. Transformation du sédiment en roche compacte – la Diagenèse

Après dépôt dans les bassins océaniques, les sédiments terrigènes forment des couches meubles
« gorgées d’eau » dont la porosité peut aller jusqu’à 90%. La transformation en roche
sédimentaires compactes se fait par un ensemble de processus mécaniques et chimiques
regroupés sous le terme de diagenèse. Il est à noter que la frontière avec le métamorphisme est
floue. La définition de la diagenèse est la suivante :

La diagenèse est l’ensemble des processus qui affectent un dépôt sédimentaire et le transforment
progressivement en roche solide. Les processus de diagenèse sont complexes et variés, ils vont de
la compaction à la cimentation en passant par des phases de dissolution, de recristallisation ou de
remplacement des minéraux. D’une manière générale, on dit que les boues argileuses se
compactent alors que les sables se cimentent et les boues calcaires cristallisent.

a) La compaction

La compaction (ou « consolidation ») est due au fait que les sédiments meubles sont
progressivement enfouis sous d’autres apports. Il en résulte alors une augmentation de la
contrainte moyenne qui provoque une expulsion progressive de l’eau et une diminution de la
porosité du sédiment. Les boues argileuses sont les sédiments le plus sujet au phénomène de
compaction, même sous faible charge. Après dépôt, les particules argileuses sont lâchement
enchevêtrées. L’augmentation progressive de la contrainte amène les paillettes à s’orienter
parallèlement les unes aux autres. La diminution de porosité qui résulte de la compaction des
argiles peut être considérable. L’orientation des paillettes argileuses confère à la roche la faculté
de se débiter en feuillets plus ou moins réguliers; c’est la « schistosité ».

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44 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Les boues calcaires et les sables peuvent également être compactés mais la diminution de leur
porosité est beaucoup moins importante que celle des boues argileuses.

Compaction des argiles (Dercourt & Paquet, 1995)

Il est à noter que ces constatations peuvent être transposées au génie civil, les constructions
fondées sur des sables sont généralement beaucoup moins sujettes aux tassements que celles
fondées sur des massifs argileux.

b) La cimentation

Le processus de cimentation est le principal responsable du passage d’un sol meuble à une roche
et varie en fonction de la nature du sédiment. De façon générale, l’eau qui circule dans le
sédiment peut être sursaturée par rapport à certains minéraux, qui précipite alors dans les pores du
sédiment et soudent les particules les unes aux autres.

Dans le cas des sables, les grains de nature variée, souvent quartzeux, sont le plus souvent
cimentés par de la calcite, de la silice ou des minéraux argileux. L’induration (cimentation) peut
se faire très tôt, avant l’empilement de plusieurs mètres de sédiments (cimentation pré-
compaction), ou plus tardivement, lorsque la pression sur les particules est grande (compaction et
cimentation). Pour ce dernier cas, la pression aux points de contact entre les particules peut être
suffisamment élevée pour qu’il y ait une dissolution locale du quartz, entraînant une sursaturation
du fluide par rapport à la silice, suivie d’une précipitation de celle-ci sur les parois des particules.

Les boues calcaires qui se déposent sont composées d’aragonite et de calcite fortement
magnésienne (activité des animaux marins). L’aragonite, instable, et la calcite magnésienne des
particules sont progressivement transformées en calcite. Dans le cas des boues calcaires, l’apport
de ciment provient de la dissolution d’une partie de la boue elle-même. Le fluide se sursature en
calcite qui précipite en un ciment calcitique, qui « soudent » les autres particules. Compte tenu de
ce processus de formation, certains auteurs préfèrent parler de « cristallisation» quand il s’agit du
calcaire.

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45 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Compaction et cimentation des sables (Bourque, 2000)

IV.2. Classification des roches sédimentaires

En général, on commence par classer les roches sédimentaires par groupe dépendant de leur
genèse. Dans un deuxième temps, chaque groupe possède sa classification propre. De plus,
pendant le transport, des particules appartenant à différents groupes sont fréquemment mélangées
pour aboutir à la formation de roches intermédiaires. On donne ici la classification des roches
terrigènes (shale, grès) et celle des roches calcaires ainsi que les notions permettant de désigner
les roches constituées d’un mélange de particules d’origine terrigènes et de particules calcareuses.

IV.2.1 Principaux minéraux constitutifs des roches sédimentaires

Les minéraux essentiels des roches sédimentaires sont: quartz, feldspaths, minéraux argileux,
micas, calcite, dolomite et accessoirement les minéraux des évaporites (gypse, halite), la pyrite,
les oxydes de fer (hématite, magnétite), d’aluminium (la gibbsite), et les « roches » carbonées
(gaz, charbon et pétrole).

IV.2.2. Structure des roches sédimentaires

Les différentes époques géologiques et conditions de transport ou de dépôt donnent lieu à la


formation de couches sédimentaires distinctes, d’épaisseur qui peut être très inégale (du mm à la
dizaine de m). Les différentes couches possèdent des caractères généraux (à l’échelle de

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46 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

l’affleurement et de l’échantillon) et se distinguent donc par leur « structure ». Les structures


reprises ci-dessous ne concernent pas celles mises en place par les mouvements tectoniques.

La notion de structure englobe implicitement des caractéristiques propres à la genèse du dépôt


(strates, présence de fossiles, aspect massif…), d’autres propres à leur forme (couches, lentilles),
des caractéristiques internes (schistosité, concrétions, …), etc. Certains auteurs parlent plutôt de
« faciès ». Celui-ci étant donc l’ensemble des caractéristiques lithologiques et paléontologiques
qui définissent un dépôt.

a) Structure stratifiée

La stratification est une caractéristique importante des roches sédimentaires et concerne leur
grande majorité. C’est une caractéristique généralement macroscopique (à l’échelle de
l’affleurement) mais peut parfois également être mise en évidence à l’échelle de l’échantillon.
Les strates sont souvent séparées par une très mince couche de moindre cohésion, appelée
« interlit », qui constitue alors une surface de glissement ou de rupture privilégiée.

b) Structure massive

Au contraire de la structure précédente, la roche ne montre aucun joint discernable, elle est
homogène. Cette structure est beaucoup plus rare et se rencontre principalement dans les roches
d’origine biochimique.

c) Structure lenticulaire

La roche a la forme d’une lentille, limitée dans le plan horizontal et généralement de faible
épaisseur par rapport à ses dimensions horizontales. C’est une structure qui se rencontre
fréquemment dans les roches meubles. Par exemple, on trouve fréquemment des lentilles de
sables dans les sols limoneux ou argileux qui peuvent, par leur modification du régime
d’écoulement des eaux souterraines, constituer des surfaces de glissement préférentielles.

d) Structure concrétionnée

On observe des concrétions au sein de la roche qui sont des épaississements par accumulation de
matière autour d’un noyau et sont principalement dues au chimisme des eaux ou à l’activité des
organismes. Les concrétions peuvent être siliceuses (silex au sein des formations calcaires),
calcareuses ou ferrugineuses. Les concrétions sont fréquentes au sein des calcaires, parmi celles-
ci les « oolithes » sont les plus courantes. Il s’agit d’enveloppe de calcite formée autour d’un
noyau qui peut être un fragment minéral ou organique.

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47 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

e) Structure à schistosité

Cette structure concerne les roches sédimentaires formées à partir du dépôt de fines particules qui
s’orientent lors de sa compaction.

f) Structure fossilifère

La présence de fossiles est une caractéristique importante des roches sédimentaires, car ils ne
peuvent évidemment être présents dans les roches magmatiques ou métamorphiques. Les fossiles
se rencontrent très souvent dans les roches calcaires mais également dans les roches carbonées
(charbon) et plus rarement dans les grès ou shales.

IV.2.3 Classification des roches sédimentaires

a) Classification des roches terrigènes meubles et consolidées

Les roches terrigènes sont formées par accumulation de débris de différentes tailles arrachés par
l’érosion, ce qui permet leur classification par leur granulométrie. Cette classification se
rapproche de celle utilisée par les géotechniciens. La classification qui est reprise ici est celle de
Wenthworth, la plus communément admise. Elle est basée principalement sur la subdivision en
trois classes granulométriques :

• rudites : particules en majorité de taille supérieure à 2 mm ;

• arénites : particules en majorité de taille comprise entre 2 mm et 62 μm ;

• lutites : particules en majorité de taille inférieure à 62 μm.

b) Classification des roches carbonatées

Les roches carbonatées sont en général constituées de calcaire (carbonate de calcium), et de


dolomie (la dolomite est un carbonate mixte de calcium et de magnésium), par exemple dans le
Groupe de Roan au Katanga et en Zambie.

Les calcaires sont également constitués de corpuscules de taille diversifiée, certains géologues
adoptent la même subdivision granulométrique que pour les roches terrigènes, on parle alors de
calcirudites, calcarénites et calcilutites.

L’importance des éléments figurés (fossiles, oolithes) dans les calcaires nécessite que l’on
reprenne également ci-dessous la classification de Folk qui associe la nature du ciment à celle des
éléments figurés. Cette classification retient deux critères distinctifs :

• le ciment est soit « micritique » (à grains inférieurs à 4 μm) ou sparitique (à grains supérieurs à
4 μm),

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48 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

• les éléments figurés sont soit des débris (ou « clastes »), de sphérules (« ooïdes » si massifs ou «
oolithes » si en couches concentriques, de pelotes fécales d’animaux (ou « pellets »). On
précise ensuite la nature des débris ou clastes : « bioclastes » s’ils proviennent de fossiles ou
« intraclastes » s’il s’agit de débris variés.

IV.2.4.Description des roches sédimentaires les plus courantes

IV.2.4.1 Roches terrigènes

a) Famille des rudites non consolidés

Pour rappel, les rudites sont des éléments grossiers, indurés ou non, pour lesquels le diamètre
moyen dépasse 2 mm.

􀂾 Blocs

Débris dus à la fragmentation des roches, de forme anguleuse qui s’accumule à proximité de la
roche mère. Ce sont des débris de pente, d’éboulements.

􀂾 Galet roulé

Débris transportés en milieu fluviatile (torrents, rivières) ou sur le littoral (va et vient des
marées), ce qui a érodé le bloc originel et donne l’aspect roulé.

􀂾 Eléments de moraine

Débris transportés par des glaciers qui acquièrent une forme plate et présentent des surfaces
striées par les autres débris.

􀂾 Galet éolien

De manière semblable aux galets de rivières, certains galets ont plutôt été érodés par le vent
chargé de sable.

b) Famille des rudites consolidés ou « conglomérats »

Les conglomérats (brèches et poudingues) sont des roches constituées de débris semblables à
ceux décrits ci-dessus (diamètre moyen supérieur à 2 mm) liés par un ciment ou une matrice. Le
ciment peut être calcareux, siliceux ou argileux ; bref, dû à la précipitation chimique de matériau.

Brèche

Une brèche est une roche composée de blocs, éléments anguleux, cimentés. Les brèches peuvent
être de toutes les couleurs et les blocs qui les composent peuvent provenir de la même roche mère

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49 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

puisqu’il n’y a pas (ou peu) eu de transport. En général, il n’y a pas de granoclassement, ni
d’orientation des blocs dans le ciment.

Poudingue

C’est le pendant de la brèche avec des débris roulés. Au sein d’un échantillon, les galets peuvent
être de nature très diverse, car au cours du transport, des matériaux d’origine diverse sont
« brassés ». Les éléments sont généralement mal triés, mais peuvent avoir une certaine orientation
dans le ciment.

Entre les francs poudingues et les franches brèches, il existe une suite continue de termes
intermédiaires que l’on peut appeler des conglomérats à cailloux émoussés. Lorsque les éléments
des conglomérats ont un diamètre qui ne dépasse pas quelques mm, on dit qu’on a affaire à un
micropoudingue ou à une microbrèche, ou d’une façon générale à un microconglomérat.

Du point de vue géologique on peut distinguer les types de poudingues suivants :


- Les poudingues torrentiels ou fluvio-lacustres renfermant des galets de toute taille et de
toutes compositions pétrographiques. Les galets de roches dures et de roches tendres, et
même les galets mous y sont associés en désordre. Le transport a été dans ce cas trop bref
pour permettre que s’accomplisse une sélection et un classement.
- Les poudingues de piedmont forment de vastes cônes de déjection au pieds de chaînes de
montagnes, ex ; les Alpes.
- Les poudingues de base sont localisés dans les assises inférieures des séries marines
transgressives. Ils représentent un ancien cordon littoral qui s’est déplacé vers la terre
ferme au fur et à mesure de l’avancée de la transgression. Les poudingues de base se
rencontrent surtout dans les régions aplanies relativement stables, seulement affectées par
de lents mouvements épirogéniques. Leurs galets longuement affectés par des vagues du
littoral sont sévèrement sélectionnés, fait uniquement des roches dures.
- Les poudingues intraformationnels s’intercalent par contre à n’importe quelle hauteur
dans les séries sédimentaires. Leurs galets sont tendres (schistes, calcaires) et mal
équilibrés. Souvent ils sont faits d’une roche arrachée aux strates immédiatement sous-
jacentes. Il s’agit de matériaux détachés du fond de la mer par des courants, et dont
l’usure s’est faite presque sur place. Les conglomérats intraformationnels sont surtout
fréquents au sein des séries sédimentaires des régions orogéniques instables. Ils abondent
dans les grès du Flysch et dans les séries de grauwackes.
C’est à la rigueur, parmi les poudingues que l’on peut classer les tillites. Ces roches sont
d’anciennes formations glaciaires à blocaux, à ciment gréso-argileux. Les tillites

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50 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

renferment des éléments non calibrés, dont les dimensions sont comprises entre celles
d’énormes blocs et celles de très petits grains. Les blocs sont simplement émoussés et non
roulés et leurs faces sont striées. Ils sont dispersés au sein d’une gangue pélitique
prédominante. Les tillites sont surtout abondantes dans le Précambrien et le Paléozoïque
de l’hémisphère austral (Afrique du sud, Congo, Australie,…)

c) Famille des arénites non consolidés (sables)

On appelle « sable » les formations meubles constituées de minimum 50 % d’éléments de


diamètre moyen compris entre 60 μm et 2 mm. Les minéraux sont le plus souvent du quartz, des
feldspaths, des micas et, parfois et en faible proportion, des minéraux lourds. En conséquence, les
sables sont souvent de teinte claire, ocres à brun clair, rougeâtres. Certains sables peuvent être
complètement dépourvus de quartz comme par exemples : les « White Sands » aux Etats-Unis qui
contiennent principalement des particules de gypse, ou les sables blancs des plages des tropiques
qui contiennent principalement des particules de calcite et débris de coquillages. Les sables dits
« quartzeux » doivent comprendre au minimum 85 % de quartz.

d) Famille des arénites consolidés ou Grès

Les grès sont des roches détritiques formés par des grains de sable enrobés dans un ciment. Les
grains peuvent être soit uniquement quartzeux, soit en partie quartzeux, et en partie
feldspathiques, soit encore, plus rarement faits de minéraux fragiles : hornblende, pyroxène,
olivine. Mais la diversité des grès est beaucoup plus fonction de la nature de leur ciment. On
distingue parmi eux : Les grès à ciment siliceux, les grès à ciment pélitique, les grès à ciment
calcaire, les grès à ciment ferrugineux. Il existe aussi des grès à ciment dolomitique, phosphaté…
mais ces derniers sont beaucoup plus rares.

 Grès à ciment siliceux

Les grès siliceux sont d’anciens sables fluviatiles ou marins qui ont été cimentés par de la silice
secondaire. Ils peuvent être quartzeux ou quartzo-feldspathiques. Certains parmi ces derniers
peuvent renfermer des proportions notables de micas blancs.

1° Grès à ciment siliceux et à grains quartzeux : Ces grès sont aussi appelés grès siliceux, bien
qu’ils ne soient jamais dépourvus de grains de feldspaths. Souvent ces grès contiennent 99% de
SiO2 et quelques grains de feldspaths. On classe ces grès d’après leur structure de la manière
suivante :

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51 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

a) Les grès quartzeux

b) Les grès quartzites

c) Les quartzites proprement dits

Dans les grès quartzeux, les espaces intergranulaires sont remplis par un tissu lacuneux de
petites éponges de quartz de néoformation. Ce sont ces éponges qui, engrenés les unes dans
les autres, assurent la cohésion entre les grains détritiques. Plus ce ciment est abondant et
compact, plus le grès est tenace et imperméable. Au microscope, le grès quartzeux montre les
grains de quartz détritiques les plus gros qui sont unis par un ciment fait de grains de quartz
plus petits, les uns détritiques et les autres de néo-formation.

Dans les grès quartzites, la silice secondaire a « nourri » par contre les grains détritiques en
s’orientant sur leur réseau. Chaque grain de quartz tend ainsi à être limité par des faces
cristallographiques planes et brillantes. La roche devient cohérente lorsque les cristaux de
quartz, en grossissant se collent les uns contre les autres. Au microscope on peut voir à
l’intérieur de chaque grain de quartz, un noyau entouré de petites impuretés. Ce noyau est un
ancien grain détritique. La frange extérieure correspond au quartz de néoformation ayant
ultérieurement accru le volume du grain. Le quartz de néoformation est généralement plus
limpide que celui qui constitue le grain primitif.

Les grès quartzeux et les grès quartzites sont des roches à cassure rugueuse, restant toujours
quelque peu poreuses et friables, dans lesquelles les anciens grains de sable peuvent être
toujours distingués à l’œil nu ou à la loupe.

Par contre les quartzites sont des roches à cassure conchoïdale, à éclat gras, extrêmement
tenaces, d’une porosité pratiquement nulle. Au microscope, on voit que les grains de quartz
sont alors si fortement engrenés les uns dans les autres qu’il ne subsiste plus d’espace vide.
Dans la plupart des cas, la roche a subi en outre une forte recristallisation. Aucune distinction
ne peut être faite, en ce cas, entre le quartz détritique et le quartz de néo-formation.

2° Grès à ciment siliceux et à grains de quartz et de feldspath

Ces grès sont analogues aux précédents mais ils contiennent par définition plus de 20% de
feldspath. L’usure de leurs grains est moindre et leur calibrage est plus grossier. La
cimentation est la même que dans les grès quartzites. Un peu de matière pélitique interstielle

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52 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

durcie par la silice, renforce la cohésion. Les grès feldspathiques sont souvent colorés en
rouge, par une pigmentation d’oligiste, ou en noir par la matière organique

L’arkose est une variété remarquable de grès feldspathique qui renferme jusqu’à 50% de
feldspath. Il est parfois difficile de distinguer l’arkose du granite lorsqu’il s’agit de roches
anciennes plus ou moins écrasées.

3° Grès quartzo-feldspathiques micacés

Certains grès feldspathiques contiennent de nombreuses paillettes de mica blanc bien visible
à l’œil nu. Dans les grès micacés communs, ces lamelles de muscovite sont disposées d’une
manière quelconque par rapport au litage. Elles sont tordues par compression entre les grains
détritiques de quartz et de feldspaths. Dans le psammite par contre, de grandes lamelles de
mica blanc, à reflets argentés, sont couchées dans certains lits, régulièrement espacés de la
stratification. La roche se débite pour cette raison, en plaquettes ou en dalles.

L’itacolumite est un grès micacé qui a la propriété de se débiter en grandes plaques flexibles.
Au microscope cette roche a la structure de quartzite. Toutefois, contrairement aux vrais
quartzites, les grains dentelés ne sont pas soudés entre eux, ce qui assure une certaine
indépendance à leurs mouvements relatifs. Cette roche est une curiosité pétrographique et sa
présence a été signalée au Brésil et en Inde.

 Grès à ciment pélitique

Dans ces roches les grains et les constituants du ciment se sont déposés en même temps. Les
uns et les autres sont des matériaux détritiques qui étaient respectivement sableux et
pulvérulents. Parmi les grès pélitiques marins on peut citer d’abord le flysch des alpes qui
entre dans la catégorie des turbidites. Les grauwackes représentent l’équivalent du flysch de
la chaîne Hercynienne. Ce sont des grès quartzo-feldspathiques grossiers d’un vert sombre
formant de gros bancs massifs alternant avec des lits à grains plus fins. Leur composition
minéralogique est très variable. Au microscope ces roches contiennent non seulement les
éléments habituels des grès feldspathiques, mais aussi des débris de roches volcaniques. Le
pyroxène, la hornblende, les phénocristaux de plagioclase basique et d’albite sont fréquents.
Comme ces minéraux sont anguleux et d’une grande fraicheur, on peut penser qu’ils ont été
projetés directement par des volcans dans les fosses marines avoisinantes. Le ciment des
grauwackes est souvent chloriteux. C’est ce minéral qui, avec le pyroxène et l’amphibole,
colore la roche en vert sombre.

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53 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

 Grès à ciment calcaire

Dans ces roches, le dépôt des grains de sable a été contemporain de la précipitation de
carbonates de chaux par voie chimique. Les grès calcaires peuvent avoir une structure à
grains jointifs ou à grains dispersés. Lorsque la teneur de la roche en calcite dépasse 50%
on a un calcaire gréseux. La structure du ciment calcaire peut être granulaire,
microgranulaire, macrogranulaire, suivant l’état d’avancement de la recristallisation. Dans les
grès à structure poecilitique, les cristaux de calcite sont assez grands pour que chacun d’entre
eux englobe plusieurs grains de sable à la fois.

1° Grès calcaires proprement dits

Ces grès se rencontrent dans les formations lacustres ou marines des régions stables, à relief
aplani. Dans ces roches les grains de sable sont noyés dans une matrice calcaire. On y trouve
des grains de glauconie, des débris de coquille, des coprolites, des traces d’algues et des
pistes de vers. Ce sont d’anciennes vases littorales riches en organismes.

2° Grès à ciment calcaro-pélitique

Il s’agit ici des grès microconglomératiques, riches en grains de feldspath et en matières


pélitiques

 Grès à ciment ferrugineux

Ces grès ne doivent leur existence qu’à des concentrations accidentelles de fer. Certains grès
ferrugineux sont de simples variétés des cuirasses latéritiques des régions tropicales. Dans ce
cas des solutions riches en sels ferreux sont montées par capillarité jusqu’au voisinage de la
surface à travers un sol sableux, et elles y on laissé déposer des concrétions de limonite.

L’alios (ou ortstein) est un grès continental ferrugineux qui se forme également à faible
profondeur dans les sables aquifères des régions à climat pluvieux et tempéré. La limonite
précipite au sommet de la nappe phréatique au contact des eaux oxydantes infiltrées depuis la
surface. L’alios est une roche imperméable, de couleur noire, riche non seulement en
limonite, mais aussi en matières humiques.

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54 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

e) Famille des lutites non consolidées ou « pélites »

Les lutites meubles sont des sols dont minimum 50 % des particules ont un diamètre moyen
inférieur à 60 μm. Les argiles, les lœss, les marnes argileuses en font partie.

Lœss

Les lœss sont des sols fins d’origine éolienne se rencontrant sur tous les continents mais surtout
en bordure des zones de glaciation.

Marne argileuse

Les marnes argileuses sont des argiles comportant une forte proportion de calcaire. Les marnes
sont de teinte plus claire que les argiles.

Argile

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55 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

La poudre de roche est transportée en suspension (ce sont les « troubles » ou les « fines ») et se
dépose en eaux calmes. Lorsque cette poudre est encore gorgée d’eau, on l’appelle vase.
Lorsqu’elle est légèrement déshydratée et plastique on l’appelle argile, enfin lorsqu’elle est plus
desséchée et indurée, on l’appelle argilite. A une étape ultérieure de la diagenèse, elle est
transformée en shale. Les composants principaux des argiles sont le quartz, les feldspaths
(relativement en faible proportion) et les minéraux argileux (en plus forte proportion). Les argiles
sont les roches sédimentaires les plus répandues et se trouvent dans les plaines d’épandages, les
anciens bassins lacustres et les vallées fluviatiles. Les minéraux ne sont pas visibles à l’œil nu.
Les argiles sont fréquemment de teinte foncée (brun foncé à gris-noir), sauf le kaolin, de teinte
blanche. Les argiles sont toujours « litées ».

f) Famille des lutites consolidées ou Shales

Ce sont des argiles indurées et consolidées par la diagenèse. Lors de la consolidation, les
minéraux argileux (paillettes) s’orientent perpendiculairement à la contrainte principale
(verticale), ce qui confère aux shales la propriété particulière de se débiter en feuillets parallèles
(schistosité). Les shales sont « onctueux » au toucher. Ils ont également la propriété importante de
« happer » à la langue, due aux forces électrostatiques que développent les minéraux argileux.

• composition minéralogique : mélange de minéraux argileux, de quartz, feldspaths et micas


détritiques. Les oxydes et hydroxydes de fer y abondent.
• grain : particules de diamètre moyen inférieur à 60 μm, invisibles à l’œil nu. Les fossiles et
concrétions sont fréquents.
• couleur : teinte relativement foncée (parfois blanche), couleur rouge (présence d’oxydes de fer),
verte foncée, bleue, grise à noire.
• structure : les shales sont toujours stratifiés et présentent une schistosité d’autant plus marquée
que la diagenèse a été importante.
• gisement : Les shales sont associés en banc aux autres roches sédimentaires.

Les variétés des shales sont les suivantes :

Argilites (ou pélites) : Shales très faiblement indurés témoignant d’une faible diagenèse.On
distingue des pélites gréseuses, des pélites micacés et argileuses et des pélites calcaires.

 Shales marneux : Argiles marneuses consolidées.

 Shales bitumeux : Terme désignant l’ensemble des schistes sombres contenant du bitume
(provenant de la décomposition des matières organiques par des bactéries anaérobies).

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56 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

 Shales ampélitiques : Terme désignant l’ensemble des schistes argileux noirs, tachant les
doigts, contenant des petits cubes de pyrite. Ce sont des dépôts de fonds marins peu aérés
dans lesquels la matière organique n’a pu être détruite par oxydation. Les ampélites sont en
principe kaoliniques.

IV.2.4.2. Roches d’origine chimique et d’origine organique

Sont considérées comme biochimiques les roches contenant plus de 50 % de minéraux autres que
terrigènes (carbonates, évaporites, « pétroles »).

a) ARGILES RESIDUELLE ET LATERITES

Nous allons nous intéresser aux produits libérés par l’altération chimique des roches. Les résidus
solides de cette altération sont restés sur place et constituent des roches résiduelles. Compte tenu
de la composition minéralogique, les roches résiduelles peuvent être réparties en deux grands
groupes : les argiles résiduelles et les latérites.

1° Argiles résiduelles : Dans ces formations, les feldspaths des roches éruptives et
métamorphiques tendent à se transformer d’une manière plus ou moins complète en silicates
hydroxylés d’aluminium, autrement dit en argiles. Suivant les cas, ces argiles résiduelles peuvent
être principalement, de la kaolinite, de l’illite ou de la montmorillonite. L’altération des roches
feldspathiques se traduit par un appauvrissement en silice et par un enrichissement en aluminium.
La kaolinite représente le terme ultime de la dégradation argileuse.

2° Latérites : Le caractère distinctif des latérites est que l’altération des silicates y a été poussée
plus loin , jusqu’à la formation d’hydrates d’aluminium et d’hydrates de fer. Les minéraux qui
sont susceptibles de s’individualiser à la suite de cette dégradation sont les suivants :

Minéraux essentiels des latérites :

Minéraux alumineux…Gibbsite (Al2O3.3H2O), Boehmite (Al2O3.H2O), Diaspore


( Al2O3.H2O).

Minéraux ferriques…Goethite (Fe2O3.H2O), Limonite (Fe2O3.H2O).


Suivant la nature du minéral qui prédomine, on pourra avoir affaire soit à des latérites
alumineuses, soit à des latérites ferriques. Les latérites essentiellement alumineuses sont aussi
appelés des bauxites. Les bauxites sont exploitées en tant que minérai d’aluminium.
b) LES CALCAIRES

Les calcaires se forment uniquement en milieu marin et sont le produit : soit d’une accumulation
de débris d’animaux, de leurs sécrétions (« pellets ») et de calcite précipitée, soit d’une

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57 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

édification d’organismes marins (récifs de coraux). La faible dureté des roches calcaires (dureté
de 3 sur l’échelle de Mohs – rayable au canif), et la réaction avec l’acide chlorhydrique à froid
constituent des critères de reconnaissance essentiels.

• composition minéralogique : calcite finement minéralisée (les « cristaux » plus grands


proviennent de squelettes et de coquilles d’animaux marins ou, plus rarement, de calcite
recristallisée), quartz détritique, minéraux argileux, parfois de la silice finement cristallisée.
• grain : variable (fin à l’aspect de morceau de sucre) mais de manière générale, le grain est fin.
Cependant, les débris de squelettes ou de coquillages sont souvent conservés au sein d’une
matrice plus fine.
• couleur : la calcite pure est blanche mais elle est colorée par les oxydes de fer (hématite) ou,
plus généralement, par les minéraux argileux. La couleur est donc blanche, gris-clair, crème
ou jaune quand le calcaire est relativement pur et rouge, brune ou noir quand il est impur.
• structure : les calcaires sont toujours lités, excepté les calcaires récifaux.
• gisement : Les calcaires sont associés en banc aux autres roches sédimentaires.

La classification des calcaires permet de distinguer :

1° Les calcaires caractérisés par leur structure

2° Les calcaires à organismes

3° Les calcaires impurs

 Calcaires caractérisés par leur structure

- Calcaires microgranulaires : Ce sont des calcaires formés de granules qui sont si menus
qu’ils peuvent constituer plusieurs couches superposées dans l’épaisseur d’une plaque
mince. Les calcaires lithographiques sont des calcaires microgranulaires argileux, se
débitant en dalles. Ceux de Solnhofen, près d’Eichstätt, ont une célébrité mondiale.
- Calcaires noduleux : Ces calcaires ont à première vue l’aspect d’un conglomérat à galets
de la dimension d’une noix. Les calcaires noduleux sont des calcaires argileux dans
lesquels la calcite s’est concrétionné autour de certains points d’attraction pendant la
période de la diagenèse
- Calcaires oolithiques : Ce sont des calcaires formés de petites sphères de concrétion
(oolithes ou ovulites) qui sont juxtaposées, de dimension d’une tête d’épingle. Ces petites
balles sont noyées dans un ciment également calcaire, à structure granulaire.
- Calcaires graveleux : A première vue sur le terrain, on pourrait confondre les calcaires
graveleux aux calcaires oolithiques. Mais on constate facilement au microscope, que la

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roche est faite de simples débris d’organismes arrondis par usure et noyés dans une pâte
de débris plus fins. Lorsque les gravillons calcaires sont bien ronds et bien calibrés, on dit
qu’on a affaire à un calcaire pseudo-oolithique.

- Calcaires bréchiques (cfr conglomérats)

- Travertins : Les travertins ou tufs sont des dépôts qui se forment aux émergences des
sources calcaires. Les travertins sont des roches grossièrement litées, vacuolaires, de
couleur jaunâtre, renfermant souvent des débris végétaux parfaitement conservés. Les
travertins modernes sont faits d’aragonite. Mais cette forme de carbonate de calcium étant
instable, tous les travertins ont recristallisé en calcite. Les stalactites et les stalagmites qui
se concrétionnent lentement et à basse température dans les grottes, sont faites d’une
calcite très largement cristallisé.

 Calcaires à organismes : Ces calcaires sont extrêmement variés et l’on peut distinguer

- La craie : Ce sont des calcaires très clairs, généralement blancs, et souvent peu consolidés,
poreux. Ils sont constitués d’éléments squelettiques de microorganismes, principalement
d’algues et de foraminifères planctoniques (protozoaires marins), en eaux peu profondes.

- Calcaires fossilifères : Ce sont calcaires constitués d’au moins 50 % de débris fossilifères


reconnaissables. Les calcaires à crinoïdes sont relativement répandus (les crinoïdes sont
des échinodermes composés d’un calice et étaient très nombreux dans le Cambrien).

- Calcaires construits (« récifaux ») : Calcaires formés par le dépôt continuel de calcite


produit par des organismes vivants tels que les polypiers, algues, bryozoaires, etc.
Lorsque ces calcaires forment des amas nettement localisés, on dit qu’il s’agit de récifs,
(exemple : les barrières de coraux). Tandis que lorsqu’ils forment des couches continues
on a affaire à des bancs récifaux.

 Les calcaires impurs

- Calcaires gréseux : Toute séparation nette entre les calcaires gréseux et les grés calcaires
serait artificielle. Au microscope on voit dans les calcaires gréseux, outre des grains de
quartz usés et calibrés, des fragments de coquilles, de foraminifères lourds, des débris
d’ossements, des grains de glauconie. Les calcaires gréseux impurs, feldspathiques et
pélitiques, sont le plus souvent des variétés de molasse ou de macigno.
- Calcaires argileux : En fonction de la teneur en argile on distingue :

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1. Calcaire (argile de 0 à 5%)


2. Calcaire argileux (argile de 5 à 35%)
3. Marnes (argile de 35 à 65%)
4. Argiles calcaires (argile de 65 à 95%)
5. Argiles (argile de 95 à 100%)
- Calcaires siliceux, calcaires ferrugineux : Les calcaires microgranulaires marins sont
souvent imprégnés par de l’opale ou de la calcédoine. Leur teneur en silice peut atteindre
20 à 30%. Lorsque la précipitation de la calcite est contemporaine de la formation d’un
gel d’hydrate ferrique, il se forme des calcaires imprégnés de goethite.

c) LES DOLOMIES

Les dolomies sont des roches dont le constituant essentiel est le carbonate double de magnésium
et de calcium appelé dolomite (CaMg(CO3)2). Il y a un passage continu des dolomies aux
calcaires, par mélange, et en toutes proportions, de la dolomite et de la calcite :

- Calcaires (0 à 5% de dolomite)
- Calcaires magnésiens (5 à 10% de dolomite)
- Calcaires dolomitiques (10 à 50% de dolomite)
- Dolomies calcarifères (50 à 90% de dolomite)
- Dolomies (90 à 100%) de dolomite)
Il faut souligner que la dolomite n’est pas identifiable au microscope dans les calcaires
magnésiens. Les atomes de magnésium sont probablement camouflés dans les cristaux de calcite.
Dans les roches qualifiées de dolomitiques, le minéral dolomite est au contraire visible. Les
roches appelées communément dolomies sont le plus souvent des dolomies calcarifères. Les
dolomies pures ne contenant pas de traces de carbonate de calcium sont très rares.
Il apparaît que les dolomies sont moins abondantes que les calcaires dans la nature, alors que
l’eau de mer contient plus de sels de magnésium en solution que de sels de calcium. Cette
anomalie n’est qu’apparente. En effet, les sels de magnésium étant beaucoup plus solubles que les
sels de calcium, sont aussi beaucoup plus éloignés de leur point de saturation dans l’eau de mer
normale. Pour qu’ils précipitent, il faut que la concentration de l’eau de mer soit beaucoup plus
forte, ce qui est rarement réalisé. La dolomie de précipitation ne se rencontre
qu’accidentellement, dans les dépôts lagunaires, en association avec le gypse, l’anhydrite et le sel
gemme. La plupart des dolomies sont d’anciens calcaires qui, au contact de solutions
magnésiennes, se sont transformés, par voie métasomatique, en dolomies. Le remplacement de

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60 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Ca par Mg, dans la calcite s’opère déjà dans l’eau de mer modérément concentrée, bien avant la
concentration critique correspondant à la précipitation. A cet important phénomène on donne le
nom de « dolomitisation ».
Les cargneules sont des brèches à éléments calcaires et à ciment dolomitique. Certaines
cargneules contiennent de l’anhydrite ou du gypse englobés par la dolomie.
d) LES ROCHES PHOSPHATEES : Appelées aussi phosphates, ce sont des roches
formées essentiellement par du collophane, variété d’apatite à structure crypto-cristalline.

e) LES ROCHES SILICEUSES NON DETRITIQUES


- Généralités
Minéraux et organismes siliceux : Ces roches représentent le produit de la sédimentation sur le
fond de la mer ou des lacs, soit de flocons de silice colloïdale, soit de tests de microorganismes
siliceux. L’opale joue dans ces roches un rôle de tout premier plan. C’est d’opale que sont faits
les squelettes des organismes siliceux (frustules de diatomées, tests de radiolaires et spicules
d’éponges ; et c’est également d’opale que se transforment d’abord les gels colloïdaux. Mais
l’opale est une matière instable et elle peut être remplacée au cours de la diagénèse par des fibres
de calcédoine, ou des agglomérats crypto-cristallins de grains de quartz. L’opale peut aussi être
épigénisée par de la calcite ou de la glauconie.
Mécanisme physico-chimique de la floculation de la silice : La silice occupe le second rang
après les carbonates, parmi les matières transportées par les eaux de rivières ; mais la stabilité des
solutions colloïdales de silice est détruite par les ions alcalino-terreux, ce qui explique leur rapide
floculation dans l’eau de mer et par suite le dépôt des gels siliceux.
Fixation de la silice par les organismes : La fixation de la silice est aussi l’œuvre des
organismes. Les diatomées, les radiolaires et les éponges sont en effet capables d’extraire la silice
de ses suspensions colloïdales et de s’en servir pour édifier leur squelette. On sait que plus l’eau
de mer ou des lacs est riche en silice, plus ces organismes pillulent. C’est la raison pour laquelle
les radiolaires sont souvent enrobés dans une gangue siliceuse représentant un ancien gel.
- Roches siliceuses stratifiées
Les schistes siliceux : Ce sont des schistes pélitiques imprégnés d’opale, de calcédoine ou du
quartz cryptocristallin. Le faciès est celui des silexoïdes. La roche ne renferme ni radiolaires, ni
spicules ; mais les débris végétaux y sont parfois abondants.
Les diatomites sont des roches formées par l’accumulation de frustules de diatomées. Les
frustules de diatomées sont rapidement dissoutes au cours de la diagénèse. C’est ainsi qu’on ne
connaît pas de diatomées dans les formations anciennes.

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61 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Les radiolarites : On distingue parmi les radiolarites, des jaspes, des lydiennes et des phtanites.
Les jaspes sont les roches d’un rouge, à éclat cireux, à radiolaires bien conservés. La
pigmentation rouge indique que la diagénèse s’est opérée en milieu oxydant. Les lydiennes se
distinguent des jaspes par leur couleur noire. Les radiolaires n’y sont plus représentés que par des
amas calcédonieux, et leur matrice microcristalline est obscurcie par une pigmentation de matière
organique et de pyrite. Ce sont des roches qui ont évolué dans un milieu réducteur. Les phtanites
sont des radiolarites de couleur vert pâle. La roche a subi une forte recristallisation en quartz. Les
radiolarites sont souvent épigénisés par de la chlorite ou de l’oxyde de fer.
Les spongolites : Il s’agit des roches qui contiennent de nombreux spicules d’éponges. Les
spicules apparaissent au microscope sous forme de baguettes cylindriques. Ils sont faits d’opale
sauf épigénie par de la calcédoine.
Les gaizes sont des grès glauconieux à spicules d’éponges et à ciment d’opale. Ce sont des roches
poreuses et légères. Le terme Chert est utilisé pour désigner les spongolites à faciès de silexoïde.
Ce sont comme tous les silexoïdes, des roches dures, à cassure esquilleuse. En lame mince on
distingue d’innombrables spicules, unis par un ciment de calcédoine microcristalline.
- Les accidents siliceux des calcaires
La silice floculée peut rester dispersée dans la boue calcaire pendant la période de la diagénèse.
On aboutit donc aux calcaires siliceux homogènes. En d’autres circonstances elle se rassemble au
contraire en certains points dispersés dans la roche en donnant naissance à des concrétions. Les
variétés de concrétions siliceuses des calcaires sont innombrables, les principales sont : les silex,
les chailles et les meulières.
Les silex : Les silex de la craie sont des rognons irréguliers ayant quelques cm à quelques dm de
longueur. Ils sont disposés en lits interstratifiés dans la craie. Au microscope on voit que le silex
est constitué essentiellement par de la calcédoine, englobant un peu de calcite et d’argile. Cette
concentration de silice s’est opérée pendant la période de la diagénèse lorsque la craie était
encore à l’état de boue calcaro-siliceuse.
Les chailles : Ce sont des sortes de silex montrant au microscope que ce sont des calcaires très
imparfaitement silicifiés
Les meulières : Il s’agit des accidents siliceux des calcaires lacustres.

f) LES ROCHES RÉSIDUELLES

Cette famille est reprise parmi les roches sédimentaires bien que leur formation n’ait pas
nécéssité de transport de matières. Elles se forment à partir d’éléments résiduels produits par

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62 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

l’altération chimique des roches préexistantes. Font partie de cette famille la laterite
(Fe(OH)3, la bauxite (Al(OH)3 .

g) LES ROCHES SALINES


Les évaporites sont des roches salines formées par précipitation à partir de l’eau de mer lorsque
l’apport en eau est inférieur à la quantité évaporée (sous climat chaud et aride – exemple du
Proche-Orient). Font partie de cette famille le sel gemme (halite), le gypse et l’anhydrite, et enfin,
les sels de potassium et de magnésium

h) LES ROCHES CARBONEES

Les roches carbonées proviennent de la décomposition des végétaux par des bactéries anaérobies.
Font partie de cette famille le charbon et le pétrole.

Charbon : Terme général désignant, au sens large, une roche sédimentaire stratifiée, servant de
combustible, noire le plus souvent, organogène et essentiellement formée de débris végétaux.
Ceux-ci ont subi une évolution complexe (la carbonification, ou carbonisation) avec
enrichissement en carbone, déshydratation et appauvrissement en matières volatiles (avec pertes
en H et O), en fonction de l’augmentation de T et P, par enfouissement sous d’autres roches
sédimentaires, ou par métamorphisme. Les classifications variées des charbons sont basées sur la
composition chimique, sur l’aspect et la nature des débris végétaux, sur leurs utilisations
pratiques. Les principales catégories rangées dans l’ordre d’une évolution croissante, sont les
suivantes :
-1. La tourbe (55% de C), légère et brune, surtout formée de mousses, connue uniquement dans
des dépôts actuels. C’est un combustible médiocre.
-2. La lignite (70-75 % de C), brun noir et terne, à débris ligneux bien reconnaissables, en
gisements d’âge secondaire ou tertiaire.
-3. Le charbon, proprement dit, ou houille s.l. (85 % de C), noir, mat ou brillant, tachant les
doigts, avec selon les proportions de matières volatiles (distillant à partir de 960°C) :
-charbon flambant gras : plus de 33 % de matières volatiles ;
-charbon gras : 20 à 33 % ;
-charbon demi-gras : 12 à 20 % ;
-charbon maigre : 8 à 12 %.
La houille en contient 5 % et on la nomme aussi, à tort, charbon bitumineux pour sa richesse en
goudrons (qui ne sont pas des bitumes).

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63 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

-4. L’anthracite avec 92-95 % de C et 0 % à 8 % de matières volatiles, noir et brillant, ne tachant


pas les doigts.
-5. Le graphite, formé de carbone pur, est le terme ultime de l’évolution.

pétrole ( huile naturelle) : Ensemble d’hydrocarbures comportant ; -1. des hydrocarbures saturés,
dits paraffiniques, de formule C nH2n+2, avec n variant de 5 à 15 (pour n <5 : gaz, et pour n> 15 :
bitumes péteux), liquides à 20°C, et d’autant plus sombres de teinte qu’ils sont plus lourds
(densité = 0,83 à 0,96) ; -2. des hydrocarbures cycliques, dits naphténiques de formule CnH2n-3.
La genèse de ces corps nécessite une accumulation de matière organique, planctonique pour
l’essentiel, et des conditions réductrices en empêchant la destruction par oxydation. Cela se
produit dans des milieux euxiniques, dans des bassins où pourront ensuite se former des
évaporites, mais aussi en mer ouverte si la sédimentation est argileuse.
La transformation de cette matière organique, qui donne tout d’abord des boues sapropéliques, se
fait dès le début de la diagenèse sous l’influence des bactéries, et elle se poursuit par de
complexes réactions physico-chimiques lorsque T et P augmentent du fait de l’enfouissement.
Les huiles formées peuvent rester dans la roche mère, ou la quitter et migrer du fait de leur faible
densité. Elles ne seront conservées que si elles sont piégées dans une roche réservoir (ou roche
magasin) suffisamment poreuse (sable, calcaire et dolomie) et surmontée par un toit imperméable
(argile, série évaporitique, p.ex.) dans des structures variées (pièges) grande voûte anticlinale,
biseau sous une discordance, certaines structures faillées ou diapiriques, dispositifs lenticulaires,
…).

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64 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

IV. ROCHES MÉTAMORPHIQUES

Les roches métamorphiques constituent un peu plus d’un quart de la croûte terrestre. Elles
constituent pour la plupart le produit du mouvement des plaques, responsable de la création de
chaînes de montagne. A la surface de la croûte terrestre, elles affleurent principalement sur les
reliefs.

IV.1. Genèse des roches métamorphiques

Le « métamorphisme » est « l’ensemble des transformations et des réactions que subit une roche
initialement solide, lorsqu’elle est portée dans des conditions de pression et de température
différentes de celles ayant présidé à sa genèse ». En ce sens, les processus d’altération et de
diagenèse menant à la formation des roches sédimentaires font partie du métamorphisme.
Toutefois, le sens le plus communément admis par les géologues est donnée par la définition
suivante : Le métamorphisme est la transformation d’une roche à l’état solide du fait d’une
élévation de température et/ou de pression, avec cristallisation de nouveaux minéraux, dits
néoformés, et acquisition de textures et structures particulières, sous l’influence de conditions
physiques et/ou chimiques différentes de celles ayant présidé à la formation de la roche
originelle.

D’autre part, il est également admis que le métamorphisme est limité aux conditions qui
provoquent la fusion totale de la roche originelle, processus qui conduit à la formation de roches
considérées comme magmatiques même si elles ne proviennent pas strictement du magma du
manteau supérieur. Dans ces conditions, le domaine du métamorphisme peut être illustré par la
figure suivante où figurent également les domaines de l’altération et de la diagenèse des roches
sédimentaires.

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Domaine du métamorphisme (Dercourt & Paquet, 1995)

Les facteurs principaux du métamorphisme sont donc la température (en particulier le gradient
géothermique) et la contrainte, sans oublier le facteur temps.

On distingue principalement deux types de métamorphisme : le métamorphisme régional (dû au


mouvement des plaques) et le métamorphisme de contact (dû à l’intrusion du magma au sein des
roches préexistantes). Pour mémoire, on a également défini un métamorphisme d’impact (chute
de météorites).

IV.1.1. Les facteurs du métamorphisme

Les facteurs principaux du métamorphisme sont la température, la pression et le facteur temps,


les deux premiers étant souvent concomitants.

a) Le facteur temps

Dans le métamorphisme, le facteur temps est très important. On a vu précédemment que les
minéraux sont stables dans les conditions de température et de pression qui ont présidé à leur
formation. Lorsque ces conditions changent, ils deviennent instables et des transformations
minéralogiques se produisent. Cependant, la plupart des minéraux restent stables lorsque la durée
du changement est faible, on dit qu’ils sont « métastables ». Ce n’est que lorsque les conditions
changent durablement que les transformations physiques et chimiques ont le temps de se
produire. Cet aspect est important car il explique par exemple pourquoi une partie des roches du
métamorphisme de contact gardent leur structure originelle.

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66 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

b) La température

L’énergie thermique est le facteur principal du métamorphisme. Elle émane, d’une part du flux de
chaleur du globe, produit par les réactions de désintégration en son centre, et d’autre part, par les
frictions entre plaques. Il en résulte donc à partir de la surface de la terre ce qu’on appelle un
« gradient géothermique », bien connu des mineurs. Il est variable selon les régions du globe :
les régions les plus actives tectoniquement montrent un gradient qui peut atteindre 50°C/km
(voire 100°C/km), tandis qu’au droit des anciens boucliers, on a seulement 6°C/km. Il vaut en
moyenne 30°C/km.

Un flux géothermique élevé et régional est à l’origine d’un métamorphisme régional, tandis qu’un
flux local dû par exemple à une intrusion magmatique est à l’origine du métamorphisme de
contact.

c) La pression et les contraintes

L’enfouissement de masses rocheuses sous d’autres (tectonique ou dépôts successifs de


sédiments) provoque une élévation de la pression verticale, liée à la gravité. Si près de la surface
de la croûte terrestre il en résulte des contraintes verticales et horizontales différentes, elles
s’égalisent rapidement quand la profondeur augmente pour donner une pression homogène dans
toutes les directions de l’espace, pression dite « isotrope ». C’est la « pression lithostatique », de
type hydrostatique régnant à l’intérieur des plaques. Par exemple, si on prend pour les roches une
densité de 2,5 on a alors une pression de 1000 atmosphères à 4 km de profondeur.

IV. 1.2 Métamorphisme régional et métamorphisme de contact

Le gros des roches métamorphiques provient du métamorphisme régional.

a) Métamorphisme régional

Ce métamorphisme est principalement lié aux mouvements tectoniques qui créent des contraintes
anisotropes et, par les frictions entre plaques, un accroissement important de la température. Ces
mouvements se produisent pendant une durée suffisamment importante pour que toutes les
transformations puissent se produire.

En particulier, l’anisotropie des contraintes provoque une déformation de la roche originelle, telle
qu’illustrée par la figure suivante et l’augmentation de la pression moyenne combinée à celle de
la température mènent à la formation de nouveaux minéraux (grenats, serpentine, staurodite, ...).

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67 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Métamorphisme régional, déformation de la roche (Bourque, 2000)

Les déformations de la roche préexistante lui confèrent un nouveau type de structure. A l’échelle
de l’échantillon, on peut souvent percevoir une structure appelée « foliation » qui caractérise le
fait que les minéraux sont aplatis et s’orientent suivant une direction préférentielle. C’est par
exemple le cas des roches de la famille des granites qui sont transformées en roches de la famille
des gneiss.

A l’échelle macroscopique, les structures « héritées » du métamorphisme régional sont les plis
(synclinaux, anticlinaux...), les failles, les diaclases, ...

Il faut noter également que les roches à grain fins métamorphisées présentent une schistosité qui
est semblable à celle créée par la diagenèse. Il s’agit d’un phénomène apparenté sauf que les
contraintes sont évidemment plus élevées dans le cas du métamorphisme. Ce qui explique que
certaines roches à grains fins (sans être à l’origine des argilites ou des shales) présentent des plans
de schistosité très nets dus au métamorphisme (exemple des phyllades).

b) Métamorphisme de contact

Le métamorphisme de contact caractérise la transformation des roches préexistantes par les


intrusions de magma (batholites, pipes, ...). Il affecte des masses beaucoup plus petites que le
métamorphisme régional (de la dizaine de m² au km²) pour lesquelles il y a eu transfert de chaleur
du magma chaud vers les roches froides encaissantes.

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68 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Métamorphisme de contact (Bourque, 2000)

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69 Notes de cours de Pétrographie /G2 Géologie /2018-2019/Prof Kapajika Badibanga

Les premières roches au contact du magma sont cuites (zone des cornéennes), de nombreux
cristaux néoformés et inframillimétriques apparaissent. Pour les roches suivantes (zone des
schistes tachetés), quelques cristaux néoformés (exemple typique de l’andalousite) témoignent du
métamorphisme de contact ainsi qu’une structure finement plissée. La zone comprenant ces
roches affectées par l’intrusion de magma est appelée « auréole métamorphique ».

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IV.1.3. Intensité du métamorphisme – Anatexie

Lorsqu’on se déplace dans une formation rocheuse ayant subit un métamorphisme, l’intensité
(ou le degré) du métamorphisme varie d’un endroit à l’autre. C’est particulièrement le cas du
métamorphisme de contact, mais le même constat peut être fait pour le métamorphisme
régional. La simple dénomination des roches est insuffisante pour estimer l’intensité du
métamorphisme subi.

On peut ainsi passer d’un très faible métamorphisme, semblable à une diagenèse fortement
prononcée, à des conditions de pression et de température qui peuvent mener à la fusion quasi
totale de la roche préexistante, surtout si le milieu contient de l’eau. Les domaines de la fusion
partielle des roches et du métamorphisme se chevauchent. Ce phénomène de fusion partielle,
menant à la création de roches dites « migmatiques », est appelé « anatexie ». C’est le stade
ultime du métamorphisme.

Si la pression et la température sont suffisamment élevées, conditions qui sont réunies lorsque
les mouvements tectoniques provoquent l’enfoncement d’une plaque dans une zone de
subduction, on passe par une phase entièrement liquide, le magma. Celui-ci en refroidissant
peut donner une roche de type granitique, appelée « granite orogénique ».

La classification des roches métamorphiques doit alors faire état de cette évolution
progressive qui se constate également sur le terrain quand on va du bord de la zone rocheuse
métamorphisée vers le centre ayant subit les plus fortes températures et pression. On franchit
alors des surfaces successives d’égale intensité de métamorphisme, appelées « isogrades »
caractérisées par l’apparition de minéraux typiques dont l’association témoigne des conditions
de température et de pression qui ont mené à leur formation. On désigne une association
déterminée de ces minéraux métamorphiques par la notion de « faciès métamorphique ».

IV.2. Classification des roches métamorphiques

C’est surtout la présence de minéraux caractéristiques du métamorphisme qui permettent de


classifier les roches métamorphiques. Une association déterminée de minéraux est désignée
par le terme « paragenèse ».

IV.2.1. Principaux minéraux des roches métamorphiques

Les minéraux principaux sont généralement les minéraux des roches originelles, soit le quartz,
les feldspaths, les micas et les minéraux argileux. Les principaux minéraux néoformés du
métamorphisme sont des silicates : andalousite, grenats, épidotes, staurodite, amphiboles,
serpentine, sillimanite (de même formule chimique que l’andalousite mais de système
cristallin différent), biotite, chlorite, disthène (Al2SiO5).

IV.2.2. Structure des roches métamorphiques

La plupart des roches métamorphiques se retrouvent dans des massifs issus des processus
orogéniques, elles se présentent en séries plus ou moins plissées et fracturées selon l’intensité
du métamorphisme. A l ‘échelle de l’échantillon, les roches peuvent également montrer une
structure finement plissée.

Cependant, le caractère le plus commun des roches métamorphiques (de contact ou


régionales) est la schistosité métamorphique, même si à l’origine la roche mère n’est pas
nécessairement de nature argileuse. Cette schistosité est due à l’orientation des minéraux du
métamorphisme et ne doit donc pas être confondue avec la schistosité des roches
sédimentaires, même si le terme est ambigu. C’est la raison pour laquelle on parle, de manière
générale, de « faciès des schistes verts » par exemple.

Une des particularités du métamorphisme et de mener à la création de nouveaux minéraux


relativement rares dans les deux autres grands groupes de roches. Lorsque la roche est à gros
grains de taille semblable, on constate souvent un allongement des grains dans un sens
privilégié, désigné par le terme de foliation. C’est en particulier le cas des gneiss, on parle
aussi de structure gneissique. Lorsque l’intensité du métamorphisme est forte, les structures
préexistantes sont « effacées ».

Les roches faisant partie de la famille des cornéennes (les roches transformées par le contact
direct avec les intrusions magmatiques) représentent un cas un peu à part dans la mesure où
elles sont cuites. Les éventuelles structures préexistantes au contact disparaissent
complètement pour donner une roche à l’aspect souvent très compact et relativement
homogène, sans que l’on puisse discerner les minéraux néoformés, car la recristallisation est
généralement relativement rapide. On trouve parfois des phénocristaux dans des cavités au
sein d’une matrice compacte et homogène.

IV.2.3. Classification des roches métamorphiques

En raison de la complexité du métamorphisme et des origines très diverses des roches


métamorphiques (à l’origine soit sédimentaires, soit magmatiques ou elles-mêmes issues d’un
métamorphisme antérieur), il n’existe pas de classification qui fasse l’unanimité. Les
géologues tentent généralement de construire des classifications qui soient basées sur la
nature de la roche originelle et sur les conditions de pression et de température du
métamorphisme.

D’une manière générale, lorsque le métamorphisme a affecté des roches sédimentaires dont
on reconnaît encore de structures primaires, on parle de roches paramétamorphiques ; de
même, on parle de roches orthométamorphiques pour des roches magmatiques et de roches
polymétamorphiques pour les anciennes des roches métamorphiques.
La figure ci-après illustre sommairement l’évolution des principales roches de la croûte
terrestre.

Métamorphisme, évolution des principales roches (Bourque, 2000)

Cette figure permet notamment de mettre en évidence qu’un métamorphisme intense d’un
schiste peut donner un gneiss, de composition minéralogique semblable à celle d’un granite.

On a choisit ici deux types de classification. La première, simplifiée et due à Schumann


(1989), est basée sur des caractéristiques extérieures générales. La seconde est la plus
couramment reprise par les géologues et est basée sur la notion de faciès métamorphique.
a) Classification simplifiée de Schumann

Cette classification est utile pour une reconnaissance rapide des roches métamorphiques,
basée principalement sur leurs caractéristiques extérieures, observables à l’échelle de
l’échantillon et ne nécessitant pas d’observation en lame mince. Ces caractéristiques sont
principalement : la forme des minéraux, la schistosité, la faculté de se débiter en plaquettes et
la présence de minéraux typiques.
Roches de la famille du Roches de la famille des Roches non schisteuses
gneiss schistes

Forme des minéraux grains moyens à minces et allongés grains fins à


grossiers grossiers

Schistosité peu prononcée à très nettement aucune


bien marquée marquée

Plaques de délitement moyennes à minces aucune


épaisses

Minéraux typiques feldspaths, quartz micas, minéraux en grand nombre


argileux

b) Classification suivant les différents faciès et climats métamorphiques

La notion de « faciès métamorphique » désigne un assemblage défini de minéraux du


métamorphisme. De manière à pouvoir comparer l’évolution des faciès en fonction de la
température ou de la profondeur d’enfouissement, Miyashiro a proposé que les faciès qui se
succèdent logiquement (avec un accroissement défini de la pression P et la température T)
reçoivent le nom d’un type ou d’un « climat » donné de métamorphisme.

IV.3. Description des principales roches métamorphiques

IV.3.1. Famille du gneiss

Les gneiss sont issues du métamorphisme régional et ont en commun une structure
grossièrement grenue, une foliation généralement marquée, une schistosité peu marquée à
nette, et une proportion de feldspaths supérieure à 20 %. La schistosité est ici due aux cristaux
de biotite.

• composition minéralogique : minéraux très variés mais les composants essentiels sont les
feldspaths et le quartz, les premiers étant nettement dominants. Les minéraux accessoires
sont la biotite, la muscovite, l’amphibole (hornblende), le grenat, la sillimanite.
• grain : moyen à grossier.
• couleur : généralement de couleur claire, souvent gris ou rose, mais aussi verdâtre, brunâtre,
montrant des rayures. Les couches claires sont dues à la présence de feldspaths et de
quartz, et les couches sombres sont micacées.
• structure : structure en bande colorées alternées de bandes claires, les gneiss montrent une
foliation typique (pour rappel, due à l’orientation des grains dans une direction
privilégiée). Ils montrent également parfois une schistosité quand la proportion de micas
est importante.
• gisement : se rencontrent dans les massifs ayant subi un métamorphisme régional. Les
roches originelles peuvent être des granites, des grauwackes, des grès, des arkoses, des
argiles. Les gneiss se forment à haute température, près de la température de fusion, ils
témoignent donc d’un métamorphisme intense.

Les variétés de gneiss les plus courantes sont les suivantes :

􀂙 Gneiss granitiques : Gneiss issus de la déformation de roches originelles granitiques.

􀂙 Gneiss oeillés : Variété à structure lenticulaire due au développement de feldspaths en


forme d’yeux.

􀂙 Gneiss migmatiques, dénommés « migmatiques » : les migmatiques sont constituées de


deux roches différentes nettement reconnaissables : les gneiss comme hôtes et les granites
comme intrusions, s’interpénétrant en conservant les limites franches.

􀂙 Granulites : Variété de gneiss, plus rare, dépourvu de micas.

IV.3.2. Famille des schistes

Les schistes ont en commun une schistosité relativement bien marquée, une structure à grain
fins à moyen et une proportion de feldspaths inférieure à 20 %. Font partie de cette famille
des schistes du métamorphisme de contact (schistes tachetés) ou du métamorphisme régional
(micaschistes, phyllades, …). Le nombre de variétés est très important et la dénomination des
schistes se base sur des caractéristiques extérieures ou des minéraux leur donnant une teinte
particulière (schistes verts, bleus, micaschistes, séricitoschistes,…).

Les schistes sont généralement de teinte sombre (de gris foncé à noir), même si l’apparition
de cristaux néoformés peuvent donner une coloration différente. Plus le métamorphisme est
important, plus les schistes ont la faculté de se débiter en plaquettes, à surfaces presque
planes.
a) Schiste ardoisiers

Roches de métamorphisme régional faible. A la limite du domaine du métamorphisme, ils


sont parfois difficilement différentiables des shales. Cependant, la schistosité est évidemment
plus marquée et le critère de distinction principal est que les phyllades ne gonflent pas au
contact de l’eau, contrairement aux argiles schisteuses sédimentaires n’ayant pas subi de
métamorphisme.

Les composants essentiels sont le quartz et les micas (principalement la muscovite), formés à
partir des minéraux argileux.

b) Schistes phylliteux ou « phyllades »

Roches de métamorphisme régional très finement écailleuses, de métamorphisme plus


intense que les schistes ardoisiers. Les minéraux principaux sont la muscovite (de très petites
dimensions) et le quartz. Les minéraux accessoires sont la biotite, les feldspaths, la chlorite, le
graphite, les grenats. La matrice est donc fine mais peut parfois contenir des minéraux de
grande taille. La couleur est généralement gris argenté et/ou verdâtre.

c) Micaschistes

Les micaschistes représentent le type même de la roche schisteuse issue du métamorphisme


régional intense. Les minéraux essentiels sont la muscovite et le quartz. Les minéraux de
muscovite sont de plus grande taille que ceux des phyllades, ce qui permet de les reconnaître à
l’œil nu. De nombreuses variétés correspondent à l’apparition de minéraux accessoires
typiques : grenats, staurodite, sillimanite. La couleur est généralement claire

d) Schistes tachetés

Ce sont des anciennes argiles transformées. Les composants essentiels sont le quartz, les
micas, l’andalousite et (plus rarement) la cordiérite. Les taches sont des concentrations des
deux derniers minéraux. Ils sont issus du métamorphisme de contact, dans la « deuxième
auréole », après les cornéennes.

IV.3.3. Famille des roches massives non schisteuses

a) Quartzites

Les quartzites sont des grès très quartzeux métamorphisés. Le métamorphisme, s’il est
suffisamment intense provoque une recristallisation du ciment quartzeux originel, ce qui a
comme conséquence que les grains sont intimement engrenés.
• composition minéralogique : principalement du quartz, au minimum à 80 % avec comme
minéraux accessoires des feldspaths, de la muscovite, la chlorite, la magnétite, l’hématite.
• grain : moyen à grossier, grains intimement engrenés (dits « granoblastique »), difficile de
discerner à l’œil nu les différents grains.
• couleur : généralement de couleur blanche, les minéraux accessoires pouvant leur donner
une teinte grisâtre ou rougeâtre.
• structure : massive, mais lorsque le métamorphisme est faible, les quartzites peuvent garder
la structure des grès sédimentaires originels (granoclassement, stratification).
• gisement : se rencontrent aussi bien dans les massifs ayant subi un métamorphisme
régional, que dans les auréoles du métamorphisme de contact.

b) Marbres

Les marbres sont des calcaires métamorphisés.

• composition minéralogique : principalement de la calcite et, en moindre proportion, de la


dolomite. Ce sont les minéraux accessoires, très variés, qui donnent une teinte.
• grain : moyen à grossier, grains bien engrenés par la recristallisation mais il est possible de
discerner à l’œil nu les différents grains.
• couleur : très variée, blanc (rarement), rouge, jaune, noir ou vert, tous les tons sont possibles.
Les marbres sont soit uniformes, soit tachetés et souvent avec des veines blanches de
calcite pure.
• structure : très souvent massive, mais lorsque le métamorphisme est faible, les marbres
peuvent présenter des bandes ou couches qui constituent une stratification primaire.
• gisement : se rencontrent aussi bien dans les massifs ayant subi un métamorphisme
régional, en association avec les autres roches métamorphisées (schistes, quartzites), que
dans les auréoles du métamorphisme de contact. Il est difficile, voire impossible, à la
seule observation à l’œil nu de l’échantillon de connaître le type de métamorphisme.

c) Cornéennes

C’est un terme général désignant les roches massives, très compactes, dures issues des roches
de toute nature en contact avec les magmas intrusifs, lors du métamorphisme de contact.

• composition minéralogique : très variée. Les minéraux qui apparaissent lors du


métamorphisme sont principalement : la cordiérite, l’andalousite et les pyroxènes.
• grain : matrice d’apparence homogène à grains fins, contenant parfois quelques cristaux de
grande taille (phénocristaux).
• couleur : généralement de teinte foncée, noire, bleuâtre, grisâtre, verdâtre.
• structure : massive, mais parfois porphyrique (quelques cristaux de grande taille dans une
matrice fine).
• gisement : se rencontrent dans la première auréole du métamorphisme de contact.

ROCHES METAMORPHIQUES PARTICULIERES

A) CORNEENNES

- ADINOLE : roche qui se forme dans l’auréole des dolérites. Il s’agit d’une
cornéenne à grains si fins qu’elles ont l’aspect du silex.
- Tactite : Roche de la séquence calcaro-pélitique (roche initiale : Marne). Il s’agit
d’une cornéenne de teinte claire, à grains fins.
- Skarn : Variété de tactite dont la recristallisation a été influencée par la
pneumatolyse. Les minéraux de métamorphisme y sont de grande taille et parfois
gigantesques.

B) ROCHES CRISTALLOPHYLLIENNES

- Leptynite : Roche faite de quartz et de Feldspath alcalin. Elle est pauvre en micas ou
en amphibole mais le grenat y est fréquent.
- Granulite : Roche grise ou blanche, massive, à grains microscopiques, dans laquelle
le quartz forme de petites lentilles aplaties dans les plans de foliation. Ces roches
contiennent du grenat, de la cordiérite ou du pyroxène, parfois du disthène. Il s’agit
d’une variété de leptynite très particulière.
- Grenatite : Roche faite essentiellement de grenat almandin.
- Gondite : Quartzite à grenat manganésifère. Par altération superficielle, elle donne
naissance à des gites de manganèse parfois économiquement exploitables.
- Cipolin : Calcaire cristallin à grains très fins, à veines serpentiniseuses.
MIGMATITES OU GNEISS GRANITOIDES
Il s’agit des gneiss à grains grossiers, à foliation frustre ou confuse, de couleur claire,
dont l’aspect rappelle à première vue, à la fois celui des roches cristallophylliennes et
celui des granites. C’est pour cela qu’on les appelle aussi, gneiss granitoïdes ou gneiss
granitisés.

Classification des migmatites :


a) Migmatites hétérogènes : Dans ces migmatites on peut facilement distinguer sur le
terrain la roche métamorphique fondamentale (gneiss ou micaschiste) et la roche
granitique ou aplitique qui l’imprègne et qui est le produit de sa fusion. Cette
association gneiss-granite peut se faire de différentes façons.
- Agmatites : La roche granitique dominante renferme de nombreuses enclaves de
gneiss.
- Diadysites : Un chevelu aplitique recoupe en tous sens une roche cristallophyllienne
démeurant la formation essentielle.
- Epibolites : Les filonnets aplitiques sont interstratifiés lit par lit.
b) Migmatites homogènes : Ce sont les gneiss granitoïdes typiques. L’ancienne
matière fixe et l’ancienne matière mobile ne peuvent plus être distinguées.
- Les embrechites sont caractérisées par le fait que l’ancienne foliation plane des
ectinites a été conservée d’une manière frustre. Il s’agit d’un terme de transition entre
ectinites et migmatites et ces roches sont nettement oeillées.
- Les anatexites : La foliation a une allure irrégulièrement contournée et plus ou moins
estompée. Dans la variété Nébulite, les lamelles de mica sont groupées en traînées
nuageuses.
- Les granites d’anatexie : L’homogénéisation du milieu est telle qu’elle se rapproche de
celle qui caractérise les véritables granites plutoniques. Cependant la présence de
reliques de faciès orientés font que les granites d’anatexie peuvent être facilement
identifiés.
ROCHES DE TYPE EXCEPTIONNEL
- Kinzigite : C’est un gneiss de teinte sombre, à structure granoblastique, à litage
frustre, très riche en biotite, en grenat et parfois en cordiérite. Elle est associée au
complexe de gneiss et des migmatites à métamorphisme du degré « Cata ».
- Charnockites : Roches très voisines des granulites au point de vue minéralogique,
mais qui ont un faciès de gneiss granitoïdes.
Ce qui distingue les charnockites des gneiss granitoïdes ordinaires, ce que la biotite y
est remplacée, dans les variétés les plus typiques, par de l’hypersthène, du diopside et
parfois un peu de grenat. On retrouve ici une expression du degré de métamorphisme
« ultra » défini dans les granulites. Une autre caractéristique de ces roches est que l’on
y trouve une variété de microperthite qui a reçu le nom de mésoperthite. Dans ce
complexe d’exsolution des feldspaths alcalins, l’albite et le feldspath potassique sont
présents en quantités à peu près égales. On ne saurait dire s’il s’agit d’une perthite ou
d’une antiperthite. Il faut noter que les feldspaths des charnockites ont souvent une
teinte sombre anormale due à la présence d’une poussière d’hydrate ferreux,
disséminée dans les fissures microscopiques.

Par altération superficielle, cet hydrate ferreux se transforme en hydrate ferrique et la


roche prend une teinte rousse. La charnockite proprement dite a la composition d’un
granite à hypersthène. Le problème de la génèse des charnockites fait encore l’objet de
discussions.
- Eclogites : Ce sont des roches curieuses mais très exceptionnelles. Ce sont des
espèces massives, très tenaces dans lesquelles des grenats roses bien visibles à l’œil
nu, sont enrobés dans une matrice granoblastique de pyroxène vert. Le plus souvent le
grenat est kelyphitisé, c’est-à-dire qu’il est pseudomorphosé par un mélange
d’amphibole incolore et de plagioclase, tandisque le pyroxène est transformé en
hornblende ou en glaucophane. En même temps, le disthène apparait. Les eclogites
forment des bancs plus ou moins épais, interstratifiés dans les schistes cristallins ou
des gneiss granitoïdes de n’importe quel niveau. On en connaît dans des séries de
micaschistes.

Les éclogites proviendraient d’un échauffement et d’une augmentation locale de la


pression. Ils représenteraient d’anciennes coulées de basaltes affectées au cours du
métamorphisme, par des phénomènes dynamiques exceptionnellement importants. La
transformation du grenat en kelyphite et du pyroxène en amphibole serait la
conséquence d’un lent retour aux conditions de température et de pression propres au
métamorphisme normal.
-BIBLIOGRAPHIE
[1] « Eléments de géologie » (11 e édition) - Charles Pomerol & Maurice Renard - Coll.
Enseignement des Sciences de la Terre - éd : Masson, 1997.

[2] « Géologie : objets et méthodes » (9e édition) - Jean Dercourt & Jacques Paquet - éd :
Dunod, 1995.

[3] « Géologie Appliquée au Génie Civil » - Notes du cours de Jean-Pierre Michel prises par
Olivier Germain au courant de l’année académique 1996-1997.

[4] « Dictionnaire de Géologie » (4 e édition) - Alain Foucault & Jean-François Raoult - éd :


Masson, 1995.

[5] « Guide des Pierres et Minéraux » (1 e édition) - Walter Schumann - éd : Delachaux et


Niestlé, 1989.

[6] « Chimie » (2e édition) - Bruce H. Mahan – éd : InterEditions, 1977.

[7] « Introduction à la Géologie de l’Ingénieur » (2 e édition) – L. Calembert & J. Pel – Cours


de la Faculté des Sciences Appliquées de l’Université de Liège, 1972.

[8] « Guide de lecture des cartes géologiques de Wallonie » - L. Dejonghe – éd : Direction


Générale des Ressources Naturelles et de l’Environnement, 1998.

[9] « Planète Terre » - Pierre-André Bourque – Université Laval (Québec) – cours de géologie
générale disponible sur la toile, 2000
[10] Précis de Pétrographie :Roches sédimentaires, métamorphiques et éruptives. J.Jung.
Masson et Cies, Editeurs, 2ème édition, Paris, 1963, 320p.
http://www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/intro.pt/science.terre.html

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