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Fascicule de théorie
2ème édi on
“Nothing in biology makes sense except in the light of evolution”
Theodosius Dobzhansky
La majorité des illustrations de cet ouvrage a été réalisée sur la plateforme biorender.com et est soumise au
droit d’auteur.
TABLE DES MATIERES
Chapitre 1 La biologie ou la convergence des sciences naturelles .................. 1
A la recherche d’une définition de la vie ............................................................................... 1
L’organisation hiérarchique de la vie..................................................................................... 2
La nature de la biologie ......................................................................................................... 3
La nature de la matière ......................................................................................................... 3
Aspect biomédical concernant les isotopes .......................................................................... 5
Le comportement chimique .................................................................................................. 5
Les liaisons faibles ................................................................................................................. 7
Le comportement acide-base ................................................................................................ 8
La nature chimique du vivant ................................................................................................ 8
Les isomères .......................................................................................................................... 9
Aspect biomédical concernant l’isomérie ........................................................................... 10
L’exemple du thalidomide (Softénon) ............................................................................. 10
Les réactions chimiques....................................................................................................... 11
Les lois de la thermodynamique .......................................................................................... 12
Le premier principe ......................................................................................................... 12
Le second principe ........................................................................................................... 12
Le corollaire au second principe ...................................................................................... 12
Questions............................................................................................................................. 12
Chapitre 2 Les théories de l’évolution ........................................................... 14
Les marques de l’évolution biologique ................................................................................ 14
Les preuves moléculaires................................................................................................. 14
Les preuves anatomiques ................................................................................................ 14
Les preuves paléontologiques ......................................................................................... 15
Les preuves embryologiques ........................................................................................... 17
Le Lamarckisme ................................................................................................................... 18
Le Darwinisme ..................................................................................................................... 19
La sélection naturelle .......................................................................................................... 20
La théorie synthétique de l’évolution.................................................................................. 20
Mise en évidence expérimentale de la sélection naturelle ................................................. 21
Questions............................................................................................................................. 22
Chapitre 3 L’ère abiotique à l’origine des biomonomères............................. 23
L’eau .................................................................................................................................... 23
L’eau est un solvant « universel ».................................................................................... 24
Figure 1 : Organisation hiérarchique du vivant de l’atome jusqu’à la biosphère. Adapté de MacMillan Higher Education.
La nature de la biologie
Les sciences tendent à améliorer nos connaissances ou notre savoir-faire par le raisonnement,
l’expérimentation et l’observation dont la succession constitue la démarche scientifique. La
démarche scientifique repose sur le postulat que la nature fondamentale de l’univers ne
change pas avec le temps, qu’elle est actuellement identique à celle qui a concourut à sa
naissance et qu’elle restera inchangée dans le futur. En d’autres termes, cela revient à dire
que les lois qui gouvernent l’univers sont immuables.
La démarche scientifique repose sur une observation initiale qui mène à émettre une
hypothèse. Celle-ci permet d’établir des prédictions pouvant être testées expérimentalement.
L’observation attentive et impartiale des résultats expérimentaux permet de valider ou
invalider l’hypothèse posée et d’éventuellement la modifier. L’itération de ces étapes permet
d’acquérir une vision de plus en plus exacte de la nature. On le voit clairement, l’observation,
et donc la description, sont au centre de la démarche scientifique et sont rencontrées dès les
balbutiements de la biologie lorsque les naturalistes de l’époque tentaient de classer le vivant.
La nature de la matière
« Poussières d’étoiles », c’est le titre d’un ouvrage écrit par Hubert Reeves en 1984. Ce titre,
à lui seul résume que notre composition chimique trouve son origine dans la gigantesque
explosion qui a marqué la naissance de l’univers il y a 13 milliards d’années, le big bang. La
matière élémentaire est composée de structures appelées atomes qui représente la limite
inférieure de la divisibilité de la matière. Le premier modèle proposé pour décrire l’atome
Figure 2 : Représentation schématique du modèle atomique de Bohr. L’élément est identifié par le nombre de protons présent
dans le noyau (numéro atomique).
Précisons – Le nombre de protons d’un atome (Z) définit l’élément auquel il appartient.
Le nombre de masse (A) représente le nombre de nucléons (protons et neutrons). Une
relation unit donc Z, A et N.
A=Z+N
Dans un atome, les charges positives du noyau sont contrebalancées par les charges négatives
des électrons qui gravitent autour du noyau dans des régions appelées orbitales. Les électrons
sont maintenus dans ces orbitales grâce à des forces d’attractions exercées par les protons.
Des forces extérieures peuvent supplanter les forces d’attraction ce qui entraîne la perte d’un
ou de plusieurs électrons. Dans d’autres circonstances, un atome peut également gagner un
ou plusieurs électrons (Figure 3). Cette modification du nombre des électrons entraîne un
déséquilibre du nombre des charges entre le noyau et les orbitales, et l’apparition d’une
charge électrique nette. L’atome devient alors un ion négatif (anion) ou positif (cation).
Un élément est constitué de plusieurs espèces atomiques partageant le même nombre de
protons mais pouvant varier par le nombre de leurs neutrons (Figure 3). On parle alors
d’isotopes de cet élément. Dans la nature, la majorité des éléments existe sous la forme d’un
mélange d’isotopes. Prenons l’exemple du carbone (C) dont tous les atomes contiennent 6
protons, et dont la majorité contient 6 neutrons, il s’agit du carbone-12 noté 12C en raison de
la présence de 6 protons et de 6 neutrons. A côté de cet isotope très abondant, existe
naturellement du carbone-13 (13C) et du carbone-14 (14C) contenant respectivement 7 et 8
Figure 3 : Modification du nombre de protons ou d’électrons de l’atome de sodium (Na) pour former respectivement un isotope
(24Na) et un ion (Na+).
Figure 4 : Exemples d’images du système nerveux. (A) 18F-FDG PET. Les régions les plus claires représentent les zones
hypermétaboliques. (B) Image différentielle avec un individu contrôle du même âge. Images issues de
https://doi.org/10.1016/S1474-4422(16)30140-5
Le comportement chimique
Si la nature de la matière est dictée par la composition du noyau atomique, son comportement
chimique est la conséquence de ses électrons. Ce sont leur nombre et leur disposition sur leurs
orbitales qui déterminent la réactivité de l’atome. Si on ramène la taille du noyau atomique à
celle d’une balle de golf, l’électron le plus proche du noyau serait situé à plus de 1 km. On
comprend donc que la majorité du volume atomique est occupée par du vide et que dans une
liaison chimique, les noyaux ne sont jamais assez proches pour interagir. Ce sont donc les
Le comportement acide-base
L’eau est formée par la liaison covalente d’atomes d’hydrogène à un atome d’oxygène.
Certaines de ces liaisons peuvent se rompre spontanément. Dans ce cas, un noyau
d’hydrogène (un proton, H+) quitte la molécule sans être accompagné par l’électron qui était
partagé avec l’oxygène. Habituellement, l’ion H+ s’associe à une autre molécule d’eau et forme
l’ion hydronium H3O+. Le reste de la molécule d’eau a conservé l’électron partagé et est donc
chargé négativement ; il constitue un ion hydroxyde OH-. Ce processus porte le nom
d’ionisation. A 298 K la concentration molaire de l’eau pure en H+ est égale à 10-7 M. L’échelle
des pH exprime cette concentration en H+ en solution sous la forme d’un logarithme négatif :
pH = -log[H+]
Le pH de l’eau pure est donc égale à – log (10-7), soit 7.0. Ce pH est conventionnellement le
signe d’un pH neutre. Un soluté qui augmente la concentration en H+ parce qu’il en libère est
un acide. A l’inverse, un soluté qui réduit la concentration en H+ parce qu’il se combine à ceux-
ci est une base.
Les isomères
Plusieurs molécules peuvent partager la même formule moléculaire sans pour autant avoir les
mêmes propriétés biologiques en raison de leur configuration. De telles molécules de
composition identique mais de configurations différentes sont des isomères l’une de l’autre
Figure 7 : Catégorisation des différentes formes d’isomérie. Adapté de wikipedia.fr, image de TouzaxA, licence Creative
Commons.
Figure 8 : Structure chimique des énantiomère S et R du thalidomide. Les structures des énantiomères du thalidomide sont
issues du site de la société chimique de France (https://www.societechimiquedefrance.fr).
La molécule est donc dite chirale car elle existe sous la forme de deux énantiomères R et S.
Comme les deux formes sont interconvertibles in vivo, l’effet tératogène n’aurait pas été évité
en n’administrant qu’une seule des deux formes.
Questions
1. Donnez un exemple concret d’émergence en biologie.
2. D’après les connaissances acquises dans ce chapitre, un globule rouge et un
spermatozoïde peuvent-ils être considérés comme des organismes vivants ?
Figure 9 : Alignement multiple d’un segment des séquences primaires des histones H1 humaine (Homo sapiens), du chimpanzé
(Pan troglodyte), de la souris (Mus musculus), du rat (Rattus norvegicus) et de la vache (Bos taurus).
Figure 10 : Illustration des métacarpes de plusieurs tétrapodes (de gauche à droite : orang-outan, chien, chèvre, porc, tapir,
cheval). Adapté de wikipedia.fr, image de Toony, licence Creative Commons.
Figure 11 : Cladogramme montrant les liens évolutifs entre les différents groupes des reptiles.
Figure 12 : Arguments paléontologiques supportant l’évolution du cheval. Image adaptée de Encyclopédie Britanica.
Le genre Merychippus, resté sur le continent américain, possède des dents modifiées, à la
surface plate et couverte de crêtes émaillées (Figure 12). Cette modification suggère un
Figure 13 : Copie des dessins originaux de Ernst Haeckel. Image issue de Romanes, G. J. (1892). Darwin and After Darwin. Open
Court, Chicago.
En 1997, une étude a prouvé que Haeckel aurait exagéré des similarités entre les embryons et
qu’il aurait exclu des embryons différents. Cependant, certains caractères disparus des
Figure 14 : Structure d’une section d’un arc branchial de poisson portant les lames branchiales. Profil et coupe d’un embryon
de mammifère âgé de 32 jours. Quatre arcs branchiaux sont visibles : (1) 1er arc pharyngien ou arc mandibulaire, (2) 2ème arc
pharyngien ou arc hyoïdien, (3) 3ème arc pharyngien, (4) 4ème arc pharyngien. (5) et (6) représentent respectivement les poches
et sillons pharyngiens.
Chez l’Humain, les arcs branchiaux forment les os de l’oreille interne (marteau, enclume,
étrier) et diverses pièces pharyngiennes.
Le Lamarckisme
Le Chevalier Jean-Baptiste de Lamarck fut le premier à proposer, en 1809, une théorie
cohérente de l’évolution. Il s’est attaché à étudier le mécanisme de l’évolution qui lui est
apparu comme une progression des plus petits organismes jusqu’aux animaux et végétaux les
plus grands et les plus complexes, presque parfaits, pour aboutir à l’Humain. Lamarck
expliquait ce déroulement en s’appuyant sur 4 principes :
1. L’existence chez les êtres vivants d’une tendance intrinsèque au perfectionnement et
à l’accroissement du volume des corps.
2. Une fréquence élevée de générations spontanées.
3. L’aptitude des organismes à s’adapter aux circonstances rencontrées, à
l’environnement. Ainsi, la production d'un nouvel organe résulte d'un nouveau besoin.
4. L’hérédité des caractères acquis.
L’invention de la théorie de l’hérédité des caractères acquis n’est pas l’œuvre de Lamarck.
Cette théorie lui est bien antérieure et était universellement répandue à son époque. Il faudra
attendre le biologiste August Weismann pour démontrer l’inexactitude de l’hérédité des
caractères acquis (Figure 15).
Deux autres principes de Lamarck ont été démontrés comme inexacts : la tendance au
perfectionnement et la génération spontanée. Lamarck ne s’était cependant pas trompé au
sujet du caractère adaptatif de l’évolution. Lamarck avait également compris qu’on ne pouvait
expliquer la diversité biologique du monde actuel qu’en admettant l’ancienneté de la Terre et
l’aspect graduel de l’évolution. Lamarck a focalisé son attention sur le déroulement temporel
de l’évolution, sur l’évolution verticale.
De nos jours, la théorie de Lamarck ou Lamarckisme est réduite à la théorie transformiste de
l’hérédité des caractères acquis.
Le Darwinisme
Charles Darwin a construit sa théorie de la sélection naturelle sur ses observations effectuées
lors d’un tour du monde à bord de l’HMS Beagle en tant que naturaliste de bord. Durant son
voyage de 1831 à 1836, Darwin fait un grand nombre d'observations géologiques, récolte des
organismes vivants ou fossiles, et conserve avec méthode une riche collection de spécimens,
dont bon nombre étaient inconnus à l’époque. Darwin a pu observer, par exemple, que
chaque île des Galapagos abritait une forme particulière de tortue, de pinson et de merle
moqueur. Il interpréta ses observations en considérant chaque population comme une espèce
naissante. Il se forge une opinion, non pas sur l’existence ou non de l’évolution, ni même sur
son déroulement chronologique, mais sur son origine. Plus précisément, il a cherché à
comprendre comment les espèces différentes prennent naissance sur des territoires
différents. On peut parler d’évolution horizontale. En 1838, il conclut que c’est la sélection
naturelle qui est le mécanisme responsable de l’évolution, mais il ne communique
officiellement sa théorie à la communauté scientifique que 20 ans plus tard, en 1858. Au
même moment, Alfred Russel Wallace arrive indépendamment aux mêmes conclusions que
Darwin.
L’eau
Notre connaissance actuelle indique que le volume d’eau sur terre représente environ
1 350 millions de km3. Cette eau, qui a donné le nom de planète bleue à notre Terre,
représente environ 60% de notre masse corporelle, et tous les scientifiques s’accordent sur
son rôle essentiel dans l’apparition de la vie telle que nous la connaissons. Outre ce rôle dans
l’apparition de la vie, l’eau a également été, et est toujours, un facteur essentiel dans la
persistance de la vie sur Terre.
La structure de la molécule d’eau est simple et connue de tous. Elle est formée par l’union
d’un atome d’oxygène à deux atomes d’hydrogène et est représentée par sa formule H2O.
Cependant, malgré son apparente simplicité, la molécule d’eau possède des propriétés
singulières indispensables à l’apparition et au maintien des formes de vie que nous
connaissons. Ces propriétés trouvent leur origine dans la différence d’électronégativité qui
existe entre l’atome d’oxygène et celui d’hydrogène. En effet, cette différence
d’électronégativité est égale à 1.4, ce qui implique que les liaisons qui unissent les atomes
d’hydrogène à l’oxygène sont des liaisons covalentes polarisées. Les atomes d’hydrogène
portent chacun une charge partielle positive et l’atome d’oxygène porte une double charge
partielle négative. La disposition spatiale la plus stable de la molécule d’eau est sous la forme
d’une pyramide à base triangulaire dans laquelle deux sommets sont occupés par les atomes
d’hydrogène et leur charge partielle positive, et les deux autres sommets sont occupés par les
charges partielles négatives de l’atome d’oxygène (Figure 16). Dans cette configuration les
charges sont approximativement à équidistance l’une de l’autre et l’oxygène occupe le centre
du tétraèdre.
1
Les formules chimiques représentées dans les pages qui suivent ne doivent pas être mémorisées. Votre
attention doit être portée sur la compréhension et la réflexion, éventuellement basées sur une représentation
moléculaire. Des exemples seront donnés à l’occasion du cours.
La molécule d’eau, en raison de sa forme, possède un moment dipolaire non nul (voir page 6)
qui en fait une molécule polaire. Cette molécule possède toutes les caractéristiques lui
permettant de donner et de recevoir des liaisons hydrogènes.
L’eau est un solvant « universel »
La nature polaire de la molécule d’eau lui permet d’interagir étroitement avec d’autres
molécules porteuses de charges électriques partielles ou complètes. Cette capacité à établir
des interactions explique le comportement de l’eau vis-à-vis des molécules chargées ou
polaires et sa capacité à en être un bon solvant. Ces molécules sont dites hydrophiles. Ainsi
l’eau est une excellent solvant des alcools et des sucres, en raison de la présence d’un
groupement hydroxyle permettant d’établir des liaisons hydrogène avec l’eau. En ce qui
concerne les ions, l’eau est capable de les solvater en créant une cage d’eau autour de ceux-
ci. Cette cage est organisée de façon à présenter face à l’ion la charge partielle opposée de la
molécule d’eau (Figure 17).
Figure 17 : L’universalité relative de l’eau comme solvant relève de sa capacité à interagir avec les molécules polaires ou
chargées. Image de Raven Biology.
En raison de cette particularité, l’eau chauffe moins vite que la plupart des composés et garde
plus longtemps la chaleur emmagasinée. Cette propriété contribue d’une part au maintien de
la température corporelle chez les êtres vivants, principalement constitués d’eau, et d’autre
part, grâce aux océans, au maintien de la température terrestre dans des limites acceptables
pour la vie.
L’eau a une enthalpie de vaporisation élevée
L’enthalpie de vaporisation massique (ou chaleur de vaporisation – J.Kg-1) d’un composé
correspond à la quantité d’énergie qu’il faut apporter à un kilogramme de ce composé liquide
pour le convertir en gaz. Dans le cas de l’eau, cette énergie est égale à environ 2400 KJoules
Figure 18 : Évolution de la température d’ébullition (°C) de composés binaires de l’hydrogène en fonction de la période de
l’élément qui y est lié.
Figure 20 : Projection de Fisher (a) d’un sucre à 3 carbones (triose) portant un groupement aldéhyde (aldose) sur le carbone
n°1, (b) d’un sucre à 6 carbones (hexose) portant un groupement aldéhyde (aldose) sur le carbone n°1, (c) d’un sucre à 6
carbones (hexose) portant un groupement cétone (cétose) sur le carbone n°2.
Figure 22 : Cyclisation du glucose par la réaction du groupement aldéhyde (porté par le carbone 1) et du groupement hydroxyl
porté par le carbone 5. La cyclisation produit les anomères a ou b. Image issue de « Principles of Biochemistry » de Pearson.
Figure 23 : Représentation de la projection de Fisher du fructose et de ses 4 formes cycliques suivant la projection de Haworth.
Image issue de https://www.w-hoelzel.de.
Figure 24 : Structure générale d’un acide aminé. Le substituant R est la chaîne latérale qui donne son identité à l’acide aminé.
Précisons – Deux acides aminés sont parfois ajoutés aux 20 acides aminés protéinogènes,
ce qui porte alors leur nombre à 22. Ces acides aminés sont la sélénocystéine et la
pyrrolysine. Ces acides aminés sont rares et ne seront donc pas considérés dans ce cours.
Figure 25 : Classification des acides aminés protéinogènes en fonction de la nature chimique de leur chaîne latérale. Ala =
alanine, Arg = arginine, Asp = acide aspartique, Asn = asparagine, Cys = cystéine, Gln = glutamine, Glu = acide glutamique, Gly
= glycine, His = histidine, Iso = isoleucine, Leu = leucine, Lys = lysine, Met = méthionine, Phe = phénylalanine, Pro = proline, Ser
= sérine, Thr = thréonine, Trp = tryptophane, Tyr = tyrosine, Val = valine.
Chaque acide aminé arbore donc au moins une fonction basique (-NH2) et une fonction acide
(-COOH) ionisables (-NH3+ ou -COO-). Il en résulte, qu’en fonction du pH auquel se trouve
l’acide aminé, celui-ci peut être chargé positivement, être globalement neutre ou être chargé
négativement (Figure 26). Ainsi, lorsque le pH de la solution sera inférieur au pKa (voir cours
de chimie) de la fonction ionisable, celle-ci captera les protons donnés par la solution et sera
dite protonée (-NH3+ ou -COOH). A l’inverse, lorsque le pH de la solution sera supérieur au pKa
de la fonction ionisable, celle-ci donnera un proton à la solution et sera dite déprotonée (-NH2
ou -COO-). Lorsque la molécule portera simultanément les 2 charges opposées, on parlera de
forme zwitterionique.
Bien entendu, si la chaîne latérale de l’acide aminé est elle aussi ionisable, celle-ci entre
également en ligne de compte pour déterminer la charge globale de l’acide aminé en fonction
du pH.
Figure 27 : Structure des bases azotées pyrimidiques (cytosine, uracile, thymine) et puriques (guanine et adénine).
Les principales bases azotées qui constituent le vivant sont les pyrimidines : cytosine, uracile,
thymine, et les purines : adénine, guanine. Ces molécules sont, entre autres, des constituants
des acides nucléiques (ADN et ARN) lorsqu’elles forment des nucléotides.
Les nucléotides sont des nucléosides unis à des groupements phosphates par un lien
phosphoester (Figure 28). Jusqu’à 3 phosphates peuvent être unis en série à un nucléoside au
niveau du carbone 5 (C5’) du pentose. Les nucléotides sont nommés par le nom du nucléoside
correspondant suivi par une indication du nombre de phosphates portés (p.ex. cytidine
monophosphate ou adénosine triphosphate). Les nucléotides sont aussi identifiés par
l’abréviation de leur nom tel que CMP ou ATP.
La présence des doubles liaisons permet d’envisager pour ces molécules, une isomérie de type
cis-trans (voir page 9 & Figure 30). En effet, chaque carbone impliqué dans la double liaison
porte un substituant constitué d’un atome d’hydrogène et un autre composé d’une chaîne
aliphatique. Si les substituants les plus encombrants se situent de part et d’autre de l’axe de
la double liaison, celle-ci est dite « trans ». A l’inverse, si les substituants les plus encombrants
se situent du même côté de l’axe de la double liaison, celle-ci est dite « cis ».
Questions
1. Expliquez pourquoi la molécule de formule C6H12O6 n’est peut-être pas du glucose.
2. Expliquez pourquoi les acides aminés existent sous deux formes énantiomériques. Y a-
t-il des exceptions ?
3. Prédisez le pouvoir de solubilité dans l’eau de chaque acide aminé protéinogène.
4. Réalisez un schéma similaire à la Figure 26 dans le cas d’un acide aminé dont la chaîne
latérale porte un groupement acide.
5. Réalisez un schéma similaire à la Figure 26 dans le cas d’un acide aminé dont la chaîne
latérale porte un groupement basique.
6. Les bases azotées sont-elles capables de former des liaisons H ?
7. Pourquoi dit-on que la liaison glycosidique qui unit le pentose et la base azotée dans
les nucléosides est de type b ?
8. Les acides gras sont-ils ionisables ?
9. Parmi les biomonomères que vous connaissez, lesquels sont solubles dans l’eau ?
Le « RNA world »
Le monde ARN (ou « RNA world ») est une hypothèse qui propose que les premiers
oligomères organiques apparus sur terre soient des molécules d’ARN formées par
l’assemblage de nucléotides. Plusieurs expériences démontrent que des systèmes utilisant la
montmorillonite (une argile issue de cendres volcaniques) comme interface permettent de
synthétiser des oligoribonucléotides longs de 30 à 50 résidus. Certes la synthèse de polymères
de nucléotides ne leur confère pas obligatoirement une activité catalytique. Cependant, des
observations permettent de penser que la synthèse prébiotique de l’ARN est bien à l’origine
d’une activité catalytique. En effet, il a été expérimentalement démontré, d’une part, que des
synthèses aléatoires engendraient des ARN pourvus d’une activité catalytique, et d’autre part,
que de courtes molécules d’ARN pouvaient spontanément se lier l’une à l’autre tout en
conservant leur activité catalytique éventuelle.
Précisons - Des découvertes similaires ont été faites au sujet de la synthèse de peptides.
Cependant, les peptides formés à la surface des argiles n’ont démontré aucune activité
catalytique.
L’hypothèse du monde ARN est également soutenue par notre connaissance actuelle de la
fonction de l’ARN comme support de l’information génétique (virus à ARN) et par la
découverte d’ARN catalytiques modernes. Bien entendu, toutes les hypothèses ont des limites.
La limite majeure de l’hypothèse du monde ARN est l’instabilité de la molécule d’ARN. Cette
limite a amené certains à proposer que les premières molécules « d’ARN » possédaient un
squelette moléculaire plus stable que celui de l’ARN moderne. Quoiqu’il en soit, ces polymères
existent bien et sont essentiels à la vie.
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Les formules chimiques représentées dans les pages qui suivent ne doivent pas être mémorisées. Votre
attention doit être portée sur la compréhension et la réflexion, éventuellement basées sur une représentation
moléculaire. Des exemples seront donnés à l’occasion du cours.
Figure 31 : Réaction de condensation de deux nucléotides de l’ARN. Les carbones des extrémités 5’ et 3’ sont représentés en
vert.
Les nucléotides qui forment l’ARN sont des ribonucléotides puisque le pentose qui les
constitue est le ribose. Il donne aussi son nom à l’acide ribonucléique. Les ribonucléotides
peuvent porter 4 bases azotées différentes : la guanine, l’adénine, la cytosine et l’uracile. Il
s’agit donc de guanosine, d’adénosine, la cytidine et l’uridine.
Les molécules d’ARN sont relativement souples, ce qui permet leur repliement local en
structures parfois très complexes qui vont assurer leurs fonctions biologiques. Ces fonctions
sont nombreuses et incluent le support de l’information génétique dans certains virus, la
transmission de l’information génétique vers les ribosomes (ARN messagers), la régulation de
l’expression de gènes (petits ARN régulateurs), le transport d’acides aminés (ARN de transfert),
la structure d’entités supramoléculaires (ARN ribosomique) ou encore une activité catalytique
(ribozymes).
Le « RNP world »
Dans les années 1990 des avancées considérables ont été réalisées dans l’étude de l’ARN. Il a
par exemple été démontré que les ribozymes étaient capables de s’auto-répliquer, de lier des
nucléotides à des acides aminés, ou des acides aminés entre eux. Gardons à l’esprit qu’un
ribosome est avant tout un ribozyme puisque l’élément qui y est responsable de l’union des
acides aminés est l’ARN ribosomique. De nombreux scientifiques émettent donc l’hypothèse
que le monde ARN ait été suivi par le monde RNP (ou « RNP world »). Une RNP, pour
ribonucléoprotéine, est un complexe fait d’ARN et de protéines. Ces complexes existent
encore de nos jours, il s’agit par exemple des télomérases, de composants du spliceosome et
des ribosomes. L’émergence de cette activité catalytique a permis la diversification des
molécules biologiques et la transition progressive du monde ARN vers le monde ADN que nous
connaissons aujourd’hui.
Les protéines
Les protéines qui participent à ce monde RNP constituent le groupe de macromolécules
biologiques le plus diversifié tant du point de vue structurel que fonctionnel. Elles constituent
un groupe de molécules organiques formées principalement de carbone, d’oxygène, d’azote
et d’hydrogène. Elles sont formées par l’assemblage linéaire d’acides aminés grâce à un lien
Figure 32 : Réaction de condensation entre deux acides aminés. Les extrémités amino- et carboxy-terminales sont encadrées
par les pointillés verts.
L’acide désoxyribonucléique
En 1962, deux scientifiques découvrent une enzyme qui va révolutionner la biologie : la
transcriptase inverse. Il s’agira d’une révolution conceptuelle. En effet, cette enzyme,
essentiellement virale, possède la capacité de copier une molécule d’ARN en une molécule
d’acide désoxyribonucléique, l’ADN. Comme nous le découvrirons plus tard, cette découverte
allait à l’encontre de tout ce qui était connu à l’époque et mettait à mal la théorie d’un flux
unidirectionnel de l’information génétique de l’ADN vers l’ARN basée sur les résultats de
Watson et Crick. La découverte de cette enzyme permet d’envisager l’apparition des
molécules d’ADN à partir du monde ARN.
Tout comme l’ARN, les molécules d’ADN, sont des polymères de nucléotides liés par une
réaction de condensation. La nature des nucléotides qui composent l’ADN est cependant
légèrement différente puisqu’il s’agit de désoxyribonucléotides qui tirent leur nom de la
nature du pentose qui les composent. Il ne s’agit pas de ribose comme dans l’ARN mais de 2-
désoxyribose, c’est-à-dire un ribose ayant perdu le groupement alcool du carbone 2. La perte
de ce groupement chimique accroît la stabilité chimique de la molécule, ce qui peut expliquer
la sélection progressive de l’ADN comme support de l’information génétique. Une autre
différence entre ADN et ARN se situe dans la nature des bases azotées qui peuvent être unies
au pentose. Trois d’entre elles sont communes entre l’ADN et l’ARN, il s’agit de la guanine,
l’adénine et la cytosine. L’uracile par contre est spécifique de l’ARN, alors que la thymine est
spécifique de l’ADN.
Précisons – La croyance populaire veut que l’ADN soit toujours représenté sous la forme
d’une double hélice. Cette forme d’ADN est bien entendu majoritaire en biologie.
Cependant, certains agents biologiques, certains virus, possèdent un génome constitué
de molécules d’ADN monocaténaires.
Les deux molécules d’ADN qui forment l’ADN bicaténaire sont complémentaires l’une de
l’autre et sont orientées de façon antiparallèle. Cette complémentarité résulte d’un
appariement spécifique des bases azotées. En effet, la succession pentose-phosphate de
chaque molécule d’ADN constitue le squelette de la molécule à la manière des montants d’une
échelle. De ce squelette, les bases azotées pointent vers le centre de l’échelle et sont unies
deux-à-deux par des liaisons hydrogènes. De cette façon, les adénines d’un brin d’ADN
s’unissent par deux liaisons hydrogènes aux thymines de l’autre brin, et les guanines d’un brin
s’unissent par trois liaisons hydrogènes aux cytosines de l’autre brin (Figure 34). Dans cette
organisation l’orientation des deux brins est inversée, et sont dits antiparallèles, puisque
l’extrémité 5’ d’un brin correspond à l’extrémité 3’ de l’autre brin.
Figure 34 : Structure d’une double hélice d’ADN. Le squelette de la molécule constituée de la succession pentose-phosphate
forme les deux montants de l’hélice entre lesquels se placent les bases azotées unies par paires spécifiques grâce à des liaisons
hydrogènes.
Figure 35 : Réaction de condensation du a-glucose et du b-fructose pour créer la liaison a(1à2)b du saccharose. Image issue
de http://www.scientecal.com
Figure 36 : Structure des principaux disaccharides rencontrés en nutrition humaine. La forme de la liaison osidique est indiquée
à l’aide des numéros des carbones impliqués dans la liaison et par l’anomère du monosaccharide dont le carbone anomérique
est engagé dans la liaison.
Figure 37 : Structure des principaux polysaccharides de réserve. Dans le cas du glycogène n est compris entre 8 et 12, dans le
cas de l’amylopectine n est compris entre 24 et 30. Le dextrane illustré ici contient une ramification de type a(1à2).
Les polysaccharides de structure (Figure 38) existent tant dans le monde animal que végétal.
Chez les plantes, la cellulose est un constituant de la paroi cellulaire. Elle participe tant à la
Les lipides
Les lipides constituent une classe hétérogène de molécules hydrophobes en raison d’une
proportion élevée en liaisons apolaires « C-H ». Les lipides incluent bien entendu les acides
gras (voir page 34) qui sont à l’origine des triglycérides et des phospholipides.
Précisons - La classification des lipides est un sujet complexe qui se heurte à la difficulté
de définir des critères objectifs permettant de distinguer les lipides des autres classes de
molécules organiques. L'organisme de standardisation de la nomenclature chimique
(IUPAC) propose une classification des lipides excluant les stérols, bien que ces derniers
soient indiscutablement de nature lipidique. Par souci de simplification, nous les
classerons dans les lipides.
Les acylglycérols
Les acylglycérols sont formés par la condensation d’une molécule de glycérol avec une à trois
molécules d’acides gras (identiques ou non) pour former respectivement les
monoacylglycérols, les diacylglycérols et les triacylglycérols (Figure 39). Les graisses animales
ou végétales sont généralement des triacylglycérols ou triglycérides.
Les triglycérides représentent une forme de stockage d’énergie pour les cellules. En effet, les
liaisons « C-H », très abondantes dans ces molécules, possèdent une enthalpie de dissociation
élevée par rapport à celle des liaisons « C-OH » rencontrées dans les glucides. La
consommation d’un gramme de lipides fournit environ 37 kJ alors que la consommation de la
même masse de glucides ne fournit que 17 kJ.
Placés dans une solution aqueuse, les triglycérides s’associent spontanément et forment des
globules permettant d’exclure l’eau de leur régions apolaires.
Les phosphoacylglycérols
Les phosphoacylglycérols ou phospholipides sont formés sur la base d’un diacylglycérol sur
lequel un groupement phosphate vient se lier par un lien phosphoester au niveau du
groupement alcool libre du glycérol. En outre, le groupement phosphate est généralement
unit à une molécule chargée ou polaire par un second lien phosphoester. Les molécules les
plus communément impliquées sont la choline, la sérine, l’éthanolamine et l’inositol (Figure
40).
Les phospholipides sont des molécules amphiphiles, c’est-à-dire qu’elles sont constituées
d’une partie polaire hydrophile et d’une partie apolaire hydrophobe. La fraction polaire
correspond à l’extrémité constituée du glycérol, du phosphate et de la molécule chargée ou
polaire variable. Cette extrémité permet, grâce à l’existence de charges totales ou partielles,
Figure 41 : Structure schématique d’un phospholipide et son mode d’organisation en micelle, liposome ou bicouche.
Les stérols
D’après l’IUPAC, les stéroïdes sont des molécules constituées d’un noyau stérane parmi
lesquels se trouvent les stérols (Figure 42). Ces derniers sont définis comme des stéroïdes
portant une fonction alcool et assurent des rôles très variés dans la cellule et sur lesquels nous
auront l’occasion de revenir. Parmi les stérols, nous pointerons les rôles particuliers du
cholestérol.
Questions
1. Quelles sont les différences chimiques qui existent entre l’ARN et l’ADN ?
2. Schématisez la réaction de condensation qui unit des désoxyribonucléotides.
3. Représentez schématiquement la hiérarchie des sucres.
4. Représenter sur un schéma de polysaccharide l’origine du maltose et de l’isomaltose.
5. Repérez le groupement acétyle sur la formule de la chitine.
Figure 43 : Expérience d’Oparin sur la formation des coacervats et leur acquisition d’un métabolisme artificiel. A – Observation
microscopique de coacervats de gomme arabique et de protéines. B – Schématisation du métabolisme artificiel mis en place
dans des coacervats.
Oparin a poussé ses expériences sur les coacervats jusqu’à y simuler des systèmes de
transferts d’électrons et la photosynthèse, démontrant ainsi la possibilité d’engendrer
spontanément des systèmes complexes imitant la structure de ce que nous imaginons être les
protocellules. Les coacervats ne doivent cependant pas être considérés comme les ancêtres
des cellules puisque les matériaux sélectionnés par Oparin dans ses expériences ne sont pas
des matériaux primitifs. Il s’agit d’un modèle expérimental. L’observation d’Oparin est
cependant à la base de la théorie du monde lipidique (ou « lipid world ») proposée par les
généticiens Doron Lancet et Daniel Segré en 2001. Cette hypothèse suggère que des
Un modèle de protocellule
C’est un peu le Saint Graal des scientifiques, créer en laboratoire une structure vivante
minimale, une protocellule (ou protobionte). Bien entendu, emballer une information
génétique avec des lipides n’est pas suffisant pour créer une cellule. Il est nécessaire que des
relations mutuellement bénéfiques se mettent en place entre ces constituants. Ces relations
peuvent, par exemple, être l’évolution de l’information génétique qui mène à des enzymes de
plus en plus efficaces dans la synthèse de lipides qui protège à leur tour cette même
information génétique. Était-ce un heureux hasard que les bicouches lipidiques et les génomes
se mettent à « collaborer » ou des mécanismes physico-chimiques simples, et donc universels,
promeuvent-ils cette relation ? Pour répondre à cette question, l’équipe du Prof. Szostak
(lauréat du prix Nobel de physiologie en 2009) a élaboré un modèle de protocellules en
sélectionnant de l’ARN catalytique comme support de l’information génétique. Le choix de
cette molécule se base sur la théorie du monde ARN (voir page 36) et sur des résultats
expérimentaux démontrant la capacité de l’ARN à catalyser sa propre réplication. Quant à elle,
la bicouche lipidique a été modélisée à partir d’acides gras pouvant avoir été synthétisés dans
des conditions abiotiques ou qui ont été mis en évidence sur des météorites. Ce modèle a
permis de démontrer que des vésicules auto-assemblées et constituées de matériaux
biologiques pouvaient donner naissance à des comportements de type biologique incluant
des formes primitives d’évolution Darwinienne et le stockage d’énergie.
Figure 44 : Compétition Darwinienne entre des protocellules (grises) contenant de l’ARN catalytiquement actif et des
protocellules (oranges) contenant de l’ARN catalytiquement inactif.
La membrane plasmique
La structure qui sépare les cellules du milieu extérieur est appelée membrane plasmique. A
l’origine, cette structure existait probablement sous la forme d’une monocouche d’acides gras.
Cependant, dans l’immense majorité des cellules modernes, la membrane plasmique est
constituée d’une bicouche de phospholipides (voir page 45) épaisse de 5 à 10 nm et dans
laquelle sont intégrées des protéines et d’autres lipides tels que le cholestérol dans les cellules
animales.
Figure 45 : Modèle de la mosaïque fluide. Les phospholipides forment une matrice lipidique organisée en une bicouche
hétérogène de lipides (SM = sphingomyéline, PC = phosphatidylcholine, PS = phosphatidylsérine, PE =
phosphatidyléthanolamine, PI = phosphatidylinositol, Ch = cholestérol) dans laquelle se répartissent les protéines
membranaires polytopiques ou monotopiques. Parmi ces dernières, l’interaction avec la membrane se fait soit grâce à un ou
des segments hydrophobes (A, B), soit à une liaison covalente avec un lipide (C), soit par des interactions électrostatiques avec
des lipides (D).
La perméabilité membranaire
Pour assurer correctement son rôle de frontière extérieure, et différencier le contenu
cellulaire du milieu environnant ou exoplasme, la membrane doit être caractérisée par une
perméabilité sélective, c’est-à-dire qu’elle sera perméable à certaines molécules et pas à
d’autres. Cette propriété explique d’ailleurs l’importance de la membrane dans l’évolution
Darwinienne et dans le stockage d’énergie des protocellules que nous avons mentionnés plus
haut.
Précisons - Les propriétés de perméabilité des membranes sont définies par ses 2
constituants : la bicouche de phospholipides et les protéines qui y sont associées. En
conséquence, nous emploierons le terme « bicouche » lorsque nous nous intéresserons
aux phospholipides seuls, et le terme « membrane » lorsque nous considérerons la
combinaison de la bicouche et des protéines qui y sont associées.
De par sa nature lipidique, il est aisé de comprendre que les molécules polaires franchissent
moins aisément la bicouche de phospholipides que les molécules apolaires (Figure 46). La
raison de cette différence est la capacité qu’ont les molécules apolaires de se solubiliser dans
la phase lipidique de la bicouche. La capacité des molécules à franchir la bicouche de
phospholipides est reflétée par leur constante de perméabilité kp (voir cours de physique).
Figure 46: Perméabilité relative d’une bicouche de phospholipides à différentes molécules biologiques. Image adaptée de
www.biology-forums.com.
La diffusion
Le flux des molécules au travers de la bicouche lipidique obéit au deuxième principe de la
thermodynamique (voir page 12) qui établit que toute transformation d’un système
thermodynamique s’effectue avec une augmentation de l’entropie. En clair, un système
évolue spontanément vers le désordre. Pour comprendre comment ce désordre va influencer
le flux des molécules au travers d’une bicouche, imaginons d’abord un récipient contenant de
l’eau. L’agitation thermique ou mouvement Brownien fait que les molécules d’eau du
récipient ne cessent de se déplacer les unes par rapport aux autres, de s’entrechoquer et de
changer de direction. Leurs mouvements sont donc aléatoires. Si on introduit dans ce récipient
une goutte d’un colorant, au moment précis où la goutte rencontre l’eau, le système est dans
un état ordonné puisque toutes les molécules de colorant forment un ensemble bien séparé
des molécules d’eau qui forment un autre ensemble. Au cours du temps, le mouvement
aléatoire des différentes molécules va provoquer la diffusion progressive du colorant au sein
des molécules d’eau, jusqu’à atteindre une homogénéité complète. A ce moment, le système
sera désordonné puisqu’il ne sera plus possible de distinguer les molécules de colorant des
molécules d’eau. La diffusion des molécules de colorant est donc le résultat de leur
propension à occuper tout l’espace disponible pour répondre à la seconde loi de la
Figure 47 : Explication des flux d’eau engendrés par les pressions osmotiques (P). R est la constante universelle des gaz parfaits,
T est la température en Kelvin et les c représentent les concentrations en solutés non perméants.
En conséquence, une cellule placée dans une solution de solutés non-perméants dont la
concentration est égale à 0.310 osM ne subira pas de flux net de liquide. On dira que le fluide
intracellulaire et cette solution sont isotoniques, c’est-à-dire que leurs concentrations en
solutés non-perméants sont les mêmes, indépendamment de la nature de ces solutés. Par
contre, les solutions contenant moins de 0.310 osM de solutés non-perméants seront dites
hypotoniques par rapport au fluide intracellulaire. Ces solutions provoqueront alors un flux
d’eau entrant dans la cellule. A l’inverse, les solutions contenant plus de 0.310 osM de solutés
non-perméants seront dites hypertoniques par rapport au fluide intracellulaire et
provoqueront un flux d’eau sortant de la cellule.
Les flux d’eau osmotique que nous venons de décrire vont participer aux modifications du
volume cellulaire. Les flux osmotiques sortant vont réduire le volume de la cellule, on parlera
de plasmolyse, alors que les flux entrant vont accroître le volume de la cellule, jusqu’à parfois
provoquer la rupture de sa membrane, ce sera dans ce cas la lyse osmotique.
Les termes iso-, hyper- ou hypo-osmotique sont parfois rencontrés. Ils comparent simplement
les concentrations osmolaires de deux compartiments sans attribuer d’importance au
caractère perméant des solutés.
Précisons – Le terme diffusion facilitée est mal adapté puisqu’il décrit des processus qui
ne sont pas de la diffusion. Le choix de ce terme a été fait pour souligner que le processus
s’effectuait en suivant le gradient de concentration des solutés tout comme dans la
diffusion.
Les canaux sont des protéines qui par leur structure tertiaire ou souvent quaternaire
organisent un pore dont la surface interne est constituée d’acides aminés hydrophiles. Cette
structure autorise le passage de l’eau et des ions. Ces canaux ont une spécificité relativement
faible, se limitant généralement à la charge ou à la taille pour différencier les solutés
De l’ARN à l’ADN
La transition d’un monde ARN vers un monde ADN a été très brièvement évoquée
précédemment dans ce cours (voir page 39). Compte tenu du rôle prépondérant de l’ADN en
biologie, cette étape dans l’apparition de la vie va être développée ici.
L'ADN peut être considéré comme une forme modifiée de l'ARN. Plusieurs arguments
permettent de faire cette proposition. D’une part, le désoxyribose dans l'ADN est une forme
réduite du ribose rencontré dans l'ARN. D’autre part, la thymine de l’ADN est une forme
méthylée de l'uracile de l’ARN (voir page 33 - Figure 27). En outre, la biochimie des cellules
modernes semble garder une trace de cette évolution puisque trois désoxyribonucléotides
(dGDP, dCDP, dADP) y sont produits par réduction à partir des ribonucléotides correspondant.
La synthèse des monomères de l'ADN à partir des monomères de l'ARN est un argument
majeur en faveur de l'ARN précédant l'ADN dans l’apparition de la vie. L'origine abiotique
directe de l’ADN, par des voies chimiques simples et compatibles avec les conditions
environnementales de la Terre primitive, a été suggérée en 2019.
La première étape de l’émergence de l’ADN est probablement passée par la formation d’un
ADN primitif, possédant encore certaines des caractéristiques de l’ARN. Plusieurs raisons
indiquent que l’U-ADN, pour ADN contenant de l’uracile, pourrait être cet ADN primitif. Tout
d’abord, la biosynthèse moderne des désoxyribonucléotides de la thymine (dTMP, dTDP et
dTTP) est réalisée à partir de ribonucléotides de l’uracile (UDP) en passant par une synthèse
intermédiaire de désoxyribonucléotides de l’uracile (dUDP, dUMP) et non par un
ribonucléotide de la thymine (TTP) qui n’existe pas dans la cellule (Figure 50). La seconde
raison est l’existence actuelle de virus dont le génome est constitué d’U-ADN, démontrant la
faisabilité de ce concept.
Figure 50 : Voie de biosynthèse des désoxyribonucléotides de la thymine à partir d’un ribonucléotide de l’uracile.
La première cellule
Nous avons maintenant tous les éléments pour assembler une cellule : une membrane, un
support génétique stable, des catalyseurs biologiques, une source d’énergie primitive et un
comportement évolutif influencé par la compétition pour une ressource. Les premières
véritables cellules à apparaître sur Terre étaient plus que vraisemblablement très simples mais
néanmoins plus complexes que les protocellules décrites plus tôt.
La théorie largement admise aujourd'hui pour expliquer l’apparition des formes vivantes
actuelles remonte à la fin des années 1970. Il y aurait 3,8 à 3,5 milliards d'années, plusieurs
entités cellulaires vivantes se disputaient les ressources de la "soupe primordiale" contenant
des molécules en perpétuelle interaction. La lignée qui s'est le plus multipliée a fini par
monopoliser les ressources de cette soupe, engendrant par la suite tout le vivant. Ce gagnant
se nomme « LUCA » (pour "Last Universal Common Ancestor" ou "Dernier Ancêtre Commun
Universel") (Figure 51A), et sa descendance couvre, à travers un gigantesque arbre évolutif ou
phylogénique, les trois royaumes du vivant : les archées, les eubactéries, et les eucaryotes.
Face à sa force multiplicatrice, toutes les autres lignées de protocellules auraient disparus (voir
Chapitre 7 page 65).
Les registres fossiles les plus anciens montrent les traces laissées par des organismes marins
de type eubactérien. Il s’agit de stromatolithes constitués de cyanobactéries qui vivaient il y a
3,5 milliards d’années dans l’Ouest de l’Australie. Les stromatolithes sont des structures
formées par l’accumulation de milliers de couches de carbonate de calcium précipité par la
photosynthèse effectuée par un film de cyanobactéries. Des fossiles de ces structures, mais
plus récentes (335 millions d’années), peuvent être observés dans les murs de la Halle aux
Viandes, quai de la Goffe à Liège. La formation de stromatolithes a encore lieu à notre époque
(Figure 51B-C) par exemple dans la « Shark bay » en Australie ou dans le lac solaire en Egypte.
Cependant, les cyanobactéries photosynthétiques à l’origine des fossiles retrouvés en
Australie ne sont probablement pas les premières cellules apparues sur Terre. En effet, 11
espèces y ont été découvertes ce qui indique que la vie était probablement déjà diversifiée à
cette époque. D’autres structures plus anciennes (3,8 milliards d’années) et découvertes au
Canada suggèrent l’existence d’une vie eubactérienne au sein de sources hydrothermales
sous-marines.
Les eubactéries
Les premiers êtres vivants étaient donc vraisemblablement des eubactéries, des cellules
généralement petites (0,5 à 5 µm) constituées d’un cytoplasme entouré d’une membrane
plasmique. Ce sont des êtres vivants unicellulaires pouvant adhérer les uns aux autres pour
former des colonies, des filaments ou des biofilms.
L’organisation de la paroi permet de distinguer 2 types d’eubactéries. D’une part, celles dont
la paroi est uniquement composée d’une couche épaisse (15 à 80 nm) de peptidoglycane. Il
s’agit des eubactéries dites Gram positif. D’autre part, celles dont la paroi est constituée d’une
fine couche de peptidoglycane (6 à 15 nm) surmontée par une membrane externe qui contient
des molécules de lipopolysaccharides (LPS). Il s’agit des eubactéries dites Gram négatif (figure
3).
Précisons – La classification des eubactéries en Gram positif et Gram négatif repose sur
une coloration mise au point par un microbiologiste Danois au 19ème siècle, Hans
Christian Gram. L’intérêt et le principe de cette coloration seront décrits en détails dans
le cours de microbiologie.
Au-delà de la paroi, une couche externe de protéines peut exister. Il s’agit de la couche S qui
intervient souvent dans l’adhésion aux surfaces. Dans certaines eubactéries, une couche
gélatineuse supplémentaire, la capsule, entoure la paroi. La capsule permet à la cellule
d’adhérer à des surfaces ou à d’autres cellules, mais aussi d’échapper au système immunitaire.
Certaines espèces eubactériennes possèdent un appendice moteur appelé flagelle (Figure 53).
Celui-ci est ancré à la fois dans la paroi et dans la membrane sans être recouvert par ces
dernières. Le flagelle est une structure exclusivement protéique, dont le filament est constitué
de flagelline. Le filament du flagelle est attaché sur un axe qui traverse la paroi jusqu’à des
anneaux protéiques ancrés dans la membrane plasmique. Un de ces anneaux est un canal
ionique aux H+. C’est donc le mouvement entrant des H+, en suivant leur gradient de
concentration, qui provoque la rotation des anneaux et le mouvement du filament de
flagelline. Nous découvrirons plus tard que les cellules eucaryotes utilisent un système
comparable pour générer une forme chimique d’énergie (voir page 93).
Le cytoplasme
Les eubactéries ne possèdent pas de sous-compartiments internes. En conséquence, tous les
constituants de la cellule et toutes les réactions se situent ou se déroulent dans un seul
compartiment : le cytoplasme. Celui-ci contient des ribosomes responsables de la synthèse
des protéines codées par un génome fait d’une molécule, généralement unique, d’ADN
bicaténaire de forme circulaire et appelé génophore. Ce matériel génétique est condensé dans
une région du cytoplasme appelée nucléoïde.
Précisons – Le terme chromosome ne devrait pas être utilisé en dehors des eucaryotes.
En effet, un chromosome est une forme particulière de chromatine, un assemblage
d’ADN et de protéines spécifiques, les histones. Or, cet assemblage n’est jamais
rencontré chez les eubactéries. Le terme « chromosome bactérien » est cependant
souvent rencontré dans les ouvrages de biologie. Nous essaierons de l’éviter mais le
tolèrerons.
En dehors de ce matériel génétique obligatoire, beaucoup d’eubactéries hébergent du
matériel génétique facultatif sous la forme de petites molécules circulaires d’ADN bicaténaire,
les plasmides. Ces molécules portent quelques gènes dont l’expression peut conférer un
avantage sélectif comme par exemple la résistance à des antibiotiques. Des plasmides sont
intensivement utilisés en génie génétique afin d’apporter de nouveaux gènes à des cellules
eucaryotes ou forcer des eubactéries à produire des protéines étrangères.
Naturellement, certains plasmides peuvent être transférés d’une eubactérie à l’autre. On
parle de transfert horizontal et le mode de transfert repose sur un processus appelé
conjugaison (Figure 54). Le plasmide F (pour fertilité) de l’eubactérie Escherichia coli (E. coli)
est un des plasmides transmissibles les mieux connus. Les cellules qui possèdent ce plasmide
sont désignées comme cellules F+. Celles qui ne disposent pas du plasmide sont appelées F-.
Le plasmide contient les gènes nécessaires à la mise en place d’un pilus creux à la surface de
la cellule F+ et qui constituera un pont de conjugaison en unissant la cellule donneuse F+ à la
La division cellulaire
Les eubactéries ne se reproduisent pas mais se divisent par un processus nommé scissiparité
ou division binaire. Le temps de doublement moyen d’E. coli est d’environ 20 minutes, ce qui
signifie que toutes les 20 minutes, une population bactérienne pourrait doubler. Chaque
cellule provenant de la division, les cellules filles, est une copie identique de la cellule d’origine,
la cellule mère.
Malgré sa simplicité relative, le génome des eubactéries est extrêmement long (4300 gènes
et 4,6 millions de paires de bases pour E. coli) et doit être compacté pour être stocké dans le
nucléoïde. Cette compaction est rendue possible grâce à des protéines de structure. Pendant
la scissiparité, le génophore se réplique et les produits de cette réplication sont répartis aux
extrémités de la cellule avant sa division. Dans ce cas, la réplication et la division sont
coordonnées.
Leurs interactions avec l’Humain
Beaucoup d’eubactéries vivent en complète indépendance des Humains, d’autres vivent en
symbiose avec eux. Cette symbiose peut être bénéfique pour les deux espèces, on parle alors
de mutualisme. C’est notamment le cas de bactéries qui peuplent notre système digestif ou
nos muqueuses. Dans certains cas, certaines bactéries utilisent l’Humain comme simple
support de croissance, sans lui nuire et sans lui apporter de bénéfice, il s’agit alors de
commensalisme. Dans d’autres cas, des eubactéries nuisent à leur hôte Humain, il s’agit de
parasitisme. Le nombre de pathologies humaines provoquées par des eubactéries est très
grand. On peut citer la tuberculose, le tétanos, le botulisme, les caries dentaires, le choléra, …
Précisons – Dans les notes qui suivent, le terme « bactérie » sera utilisé comme synonyme
de procaryote, c’est-à-dire l’ensemble des eubactéries et des archées.
Les traces fossiles des archées sont indiscernables de celles des eubactéries. Il est donc
impossible de se baser sur ces derniers pour tenter de dater l’apparition des archées sur Terre.
Par contre, des traces chimiques typiques des archées ont été retrouvées dans des schistes
vieux de 2,7 milliards d’années.
Les archées et les eubactéries partagent de nombreux points communs : absence de noyau,
ADN bicaténaire et circulaire, division binaire, transfert génétique horizontal. Les principales
différences entre ces 2 domaines résident dans la structure de leur membrane, la composition
de leur paroi et la diversité de leur métabolisme. Alors que la membrane plasmique des
eubactéries est constituée de phospholipides où les acides gras sont unis au glycérol par une
liaison ester, les lipides de la membrane des archées est le résultat de l’union d’hydrocarbures
à du glycérol par une liaison éther. La paroi des archées n’est pas composée de peptidoglycane
mais de pseudopeptidoglycane dépourvu d’acides aminés de la série énantiomérique D et
dans lequel un des sucres (l’acide N-acétylmuramique) est remplacé par une version basée sur
un acide différent. En terme de métabolisme, celui des archées est très varié, mais seul ce
domaine a développé une voie métabolique capable de produire du méthane.
Les archées ont longtemps été considérées comme des organismes essentiellement
extrêmophiles présents notamment dans les sources hydrothermales océaniques, les sources
chaudes volcaniques ou encore les lacs salés, mais on en a découvert depuis dans toute une
variété de biotopes qui ne sont pas nécessairement extrêmes, tels que le sol, l'eau de mer,
des marécages, la peau humaine, la flore intestinale et orale. Les archées interviennent de
façon non négligeable dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote.
On ne connaît pas vraiment d'exemple d'archées pathogènes, elles sont le plus souvent
mutualistes ou commensales. Les archées méthanogènes de l'intestin humain et des
ruminants participent ainsi favorablement à la digestion.
A priori, toutes les organismes peuvent être l’hôte de virus. Il existe en effet, des virus
infectant des animaux, des végétaux, des champignons, des protistes et même des
procaryotes. Dans ce dernier cas, on parle de bactériophages. Il faut noter que chaque espèce
de virus possède une gamme plus ou moins étroite d’hôtes potentiels, généralement proches.
En outre, lorsque le virus est au sein de l’hôte infecté, il se caractérise par un tropisme
particulier puisqu’il ne vise qu’un ou quelques types cellulaires.
Les virus sont des agents biologiques non-vivants obligés de parasiter une cellule pour assurer
leur multiplication. Lorsque les cellules cibles sont infectées, celles-ci peuvent subir des
dommages importants pouvant même aboutir à leur destruction. Cependant, certains virus
peuvent ne pas être pathogènes immédiatement et rester dormant durant plusieurs années
à l’intérieur des cellules. On parle dans ce cas de latence. De nombreux virus, tels que les
adénovirus, sont même non pathogènes.
De façon surprenante, l’analyse de la séquence du génome humain révèle qu’environ 10 % de
sa longueur est d’origine virale. Ces séquences virales sont des vestiges d’infections, datant
de plusieurs millions d'années, des cellules germinales de nos ancêtres primates. La plupart
de ces séquences sont inactives: elles ont subi des modifications les rendant incapables de
coder pour la moindre protéine. Par contre, d’autres restent actives et peuvent même
participer au fonctionnement normal de la cellule. Cette inclusion de segments de génome de
virus dans le patrimoine génétique de l’hôte est le résultat du mode particulier de réplication
des rétrovirus.
Le cycle viral
Le cycle viral est le terme donné à l’ensemble des processus qui se déroulent dans une cellule
infectée par un virus et qui visent à produire de nouveaux virions. Il s’agit d’un mode de
multiplication exclusivement parasitaire puisqu’il exploite la machinerie moléculaire de la
cellule hôte, ainsi que l’énergie et les biomonomères qui y sont disponibles. Plusieurs types
de cycle viral existent selon qu’il s’agit de virus à ADN ou à ARN, de virus nu ou enveloppé. Le
cycle viral comprend généralement 7 étapes principales : l’adsorption (ou attachement), la
pénétration, la décapsidation, la réplication du génome viral, la synthèse des composants
viraux, l’assemblage, et la libération.
Figure 56 : Mode de pénétration et de décapsidation par (A) fusion membranaire d’un virus enveloppé et (B) endocytose d’un
virus enveloppé. Image adaptée de slideplayer - https://slideplayer.com/slide/4652613/.
Lors de la décapsidation, la capside du virus est démantelée par des enzymes le plus souvent
cellulaires et éventuellement le pH acide des vésicules d’endocytose.
La réplication du génome viral
La réplication du génome viral consiste en la multiplication du génome d’un virus dans le but
de générer de nouveaux virions. Selon le type de virus et plus exactement selon la nature
chimique de son patrimoine génétique, la réplication peut prendre des formes très différentes.
Trois exemples particuliers seront décrits dans la suite de ce chapitre dans le but d’illustrer le
mode réplicatif d’un virus à ADN (virus de la varicelle et du zona), d’un virus à ARN de type
Figure 57 : Schéma des deux principales hypothèses émises pour expliquer l’origine du noyau. (A) Hypothèse de l’invagination
de la membrane plasmique. (B) Hypothèse endocaryotique de l’internalisation d’une archée.
Figure 58 : Union des deux domaines procaryotiques au travers d’endosymbioses à l’origine de l’apparition des eucaryotes.
Le cytosquelette d’actine
Les cellules eucaryotes présentent une immense variété de forme et leur observation
microscopique révèle souvent des structures tridimensionnelles comme des plis, des
évaginations ou des invaginations. En outre, ces structures sont dynamiques, elles peuvent
apparaître, disparaître ou encore changer de forme. Une grande partie de ces structures et de
leur mouvements est le résultat d’un réseau dynamique de filaments de protéines, l’actine,
constituant les microfilaments du cytosquelette.
Les filaments d’actine, ou actine F, sont des polymères hélicoïdaux constitués de deux brins.
Ce sont des structures flexibles avec un diamètre de 5 à 9 nm. Les monomères de ces
microfilaments sont l’actine G. Les filaments d’actine sont des structures polarisées avec une
extrémité dites « moins » relativement inerte et à croissance lente et une extrémité dite
« plus » à croissance rapide, principal site de sa polymérisation. La polymérisation de l’actine
requiert de l’ATP du K+ et du Mg2+. C’est un processus dynamique qui est contrôlé par
l’hydrolyse de l’ATP.
Les filaments d’actine sont rarement isolés dans la cellule, mais sont plutôt sous la forme
d’agrégats pontés et de faisceaux. C’est le cas des filaments d’actine qui se situent juste sous
la membrane plasmique et qui forment un vaste réseau appelé le cortex cellulaire. Le cortex
cellulaire contrôle la forme et les mouvements de la plupart des cellules animales. Toutes les
cellules eucaryotes contiennent de l’actine et les microfilaments peuvent y former des
structures stables ou des structures labiles. Les microfilaments stables renforcent les
microvillosités et sont les composants fondamentaux de l’appareil contractile des cellules
musculaires. Les microfilaments labiles sont responsables d’un grand nombre de mouvements
cellulaires.
Fibrilles
Panier
La région du réticulum incapable de se lier à des ribosomes et constituée d’un réseau tubulaire
porte le nom de réticulum endoplasmique lisse (Figure 60 & Figure 61).
Figure 62 : Schéma du réticulum endoplasmique et d’un appareil de Golgi constitué d’un seul dictyosome et
microphotographie de deux dictyosomes.
La structure de la mitochondrie
La mitochondrie est traditionnellement décrite comme un organite en forme de haricot. Cet
aspect est le résultat de l’observation à l’aide d’un microscope électronique qui ne laisse
observer qu’un fragment infime de l’organite. En effet, la morphologie des mitochondries
oscille d’une structure individuelle et arrondie à un réseau complexe et étendu.
La mitochondrie est délimitée par deux membranes décrites comme étant le résultat d’une
endocytose préalable à l’endosymbiose dont nous avons parlé ci-dessus. Ces deux membranes,
qualifiées d’interne et d’externe, délimitent deux compartiments différents : la matrice
mitochondriale, qui est le compartiment le plus central, et l’espace inter-membranaire
localisé entre les deux membranes (Figure 64). La matrice est le siège de nombreuses
réactions enzymatiques et contient des molécules circulaires d’ADN bicaténaire non associé à
des histones. Cet ADN est fonctionnellement indépendant de l’ADN nucléaire et encode chez
l’Humain 13 protéines, des ARN de transfert et des ARN ribosomiaux. Ces derniers participent
à la constitution des ribosomes mitochondriaux.
La structure du chloroplaste
Les cellules eucaryotes capables d’effectuer la photosynthèse contiennent des chloroplastes.
Tout comme les mitochondries, les chloroplastes sont délimités par au moins deux
membranes probablement issues d’endosymbioses successives.
Le stroma contient, tout comme la mitochondrie, des molécules circulaires d’ADN bicaténaire
non associé à des histones. Cet ADN est, lui aussi, fonctionnellement indépendant de l’ADN
nucléaire, et porte des gènes codant pour des protéines, des ARN de transfert et des ARN
ribosomiaux. Le stroma contient également des ribosomes fonctionnels.
Questions
1) A votre avis, pourquoi la théorie endosymbiotique suppose-t-elle que la cellule hôte
ait été dépourvue d’une paroi ?
2) Enoncez clairement quelle est la différence entre l’appareil de Golgi et un dictyosome.
3) Que signifient les termes anaérobie et aérobie ?
L’appareil de Golgi
L’appareil de Golgi est l’organite où s’effectue la maturation, le tri et la livraison de protéines
exportées vers le réticulum endoplasmique. Il régule le transport vésiculaire vers la membrane
plasmique et se charge de modifier les protéines qui empruntent le chemin de l’exportation
cotraductionnelle. Ces modifications regroupent, entre autres, des glycosylations, des
sulfatations, des phosphorylations et des lipidations. Collectivement, ces modifications sont
regroupées sous le vocable de modifications post-traductionnelles.
A la face cis de l’appareil de Golgi, les protéines qui ont transité par le réticulum
endoplasmique rugueux sont apportées par des vésicules de transport. Ces vésicules
fusionnent ensemble du côté cis de l’appareil de Golgi pour y former les citernes. C’est à cet
endroit que les protéines en transit sont modifiées par glycosylation. A cette étape, les
protéines reçoivent des chaînes de glucides sur des résidus sérine et thréonine. Ce processus
porte le nom de O-glycosylation.
Certaines vésicules produites à la face trans de l’appareil de Golgi sont à l’origine des
lysosomes et d’autres contiennent les protéines destinées à la membrane plasmique ou au
milieu extracellulaire grâce à une exocytose.
Les lysosomes
Les lysosomes sont de petits organites découverts par le chercheur Belge Christian de Duve
(1917-2013). En 1974, il a reçu le prix Nobel de physiologie pour sa découverte.
Ces structures sont des vésicules digestives limitées par une membrane et proviennent de
l’appareil de Golgi. Elles contiennent de nombreuses enzymes de dégradation, des hydrolases,
actives à pH acide. Ces enzymes participent à la dégradation de protéines (protéases), d’acides
nucléiques (nucléases), de lipides (lipases) ou de glucides (osidases). Ces enzymes
fonctionnent de façon optimale à un pH acide correspondant à celui de la lumière de cet
organite. En effet, la membrane des lysosomes porte des pompes à protons (Figure 66). La
pompe à protons lysosomiale appartient à la famille des ATPases vésiculaires ou V-ATPases.
Les lysosomes jouent un rôle majeur dans le recyclage de structures cellulaires devenues
obsolètes ou altérées. Ce processus de recyclage porte le nom d’autophagie (Figure 67). La
découverte des voies de contrôle de l’autophagie ont permis au Professeur Yoshinori Ohsumi
d’être lauréat du prix Nobel de Médecine en 2016. Les organites destinés à être recyclés sont
tout d’abord entourés de membranes grâce à un phagophore pour former un autophagosome.
L’origine du phagophore est encore inconnue mais le réticulum est suspecté.
L’autophagosome fusionne ensuite avec un lysosome primaire pour former un autolysosome.
Les polymères de l’organite obsolète ou altéré sont alors hydrolysés en leurs monomères
constitutifs qui sont réutilisés par la cellule.
L’endocytose
L’endocytose est une entrée « en vrac » de matériel provenant de l’extérieur de la cellule
(Figure 68). Dans ce processus, la membrane plasmique enveloppe le matériel à importer
selon trois modes différents : la pinocytose, la phagocytose et l’endocytose médiée par
récepteur.
La pinocytose
La pinocytose signifie littéralement « boisson cellulaire ». Il s’agit pour la cellule eucaryote de
prélever dans le milieu extracellulaire du liquide et les molécules qui y sont dissoutes, les
solutés. Pour y parvenir, la cellule provoque de petites invaginations de sa membrane
plasmique, qui se remplissent aspécifiquement du liquide qui baigne la cellule. L’origine de
ces invaginations est une mobilisation de filaments du cytosquelette d’actine. Le plis
membranaire créé s’individualise ensuite de la membrane plasmique pour former une
vésicule. Cette dernière sera dirigée vers un endosome pour fusionner avec lui, puis
subséquemment avec un lysosome.
La phagocytose
La phagocytose est le processus par lequel une cellule importe aspécifiquement ou
spécifiquement une structure particulaire d’une taille de l’ordre du micromètre. La
phagocytose est réalisée après un contact physique entre la cellule et la particule. La cellule
projette, grâce à un remaniement du cytosquelette d’actine, des prolongements cellulaires,
des pseudopodes, vers la particule. Par la fusion de la membrane des pseudopodes, une
vacuole intracellulaire contenant la particule est formée. Il s’agit du phagosome. Le plus
souvent, celui-ci fusionne avec un lysosome pour former un phagolysosome.
L’exocytose
Le processus d’exocytose représente l’inverse de l’endocytose. Il s’agit d’une exportation « en
vrac » de matériel, vers l’extérieur de la cellule, grâce à des vésicules qui fusionnent avec la
membrane plasmique. L’exocytose participe à l’élimination de déchets cellulaires, à l’émission
de molécules de communication intercellulaire, ou à la sécrétion de molécules qui auront un
rôle à l’extérieur de la cellule, par exemple des enzymes. C’est également par cette voie que
la cellule renouvelle sa membrane plasmique ou y apporte des protéines transmembranaires.
L’exocytose peut être constitutive, c’est-à-dire qu’elle se déroule sans réel contrôle. A
l’inverse, il existe une exocytose régulée qui nécessite des variations de la concentration
cytosolique en calcium pour être déclenchée.
Précisons – Récemment une exocytose a été mise en évidence dans des cellules
procaryotes à Gram négatif. Nous n’en tiendrons pas compte dans ce cours.
Les vésicules de sécrétion destinées à fusionner avec la membrane plasmique proviennent de
l’appareil de Golgi (Figure 69).
Figure 70 : Structure de l’adénosine triphosphate ou ATP et mise en évidence des liaisons phosphoanhydres.
La respiration cellulaire
La respiration cellulaire est une réaction chimique d’oxydo-réduction nécessaire à la majorité
des cellules pour assurer une synthèse d’ATP utile à leur métabolisme, à leurs mouvements et
à la majorité des activités cellulaires. La respiration cellulaire est l’oxydation complète du
glucose. Elle débute au niveau du cytoplasme et se termine au sein des mitochondries chez
les eucaryotes (animaux ou végétaux), mais se déroule uniquement dans le cytoplasme chez
les procaryotes. La respiration cellulaire implique un approvisionnement en O2 et un rejet de
CO2 et d’H2O. La réaction globale de la respiration cellulaire est :
Figure 71 : Résumé de la glycolyse mettant en évidence les 3 phases qui la constituent ainsi que les étapes d’oxydo-réduction
et celles faisant intervenir l’ATP.
La première phase est essentielle dans le processus, elle représente une sorte
d’investissement pour la cellule. Cette dernière sacrifie une partie de son ATP, 2 môles d’ATP
pour chaque môle de glucose entrant, pour maintenir le glucose dans la cellule et le rendre
plus « réactionnel ». Le transfert d’un phosphate (phosphorylation) de l’ATP vers le glucose
correspond à la formation d’un lien phosphoester. Cette formation est
thermodynamiquement défavorable et utilise donc l’énergie de l’ATP pour avoir lieu.
L’addition de phosphates sur le glucose est importante pour plusieurs raisons :
1. La phosphorylation maintient le glucose dans la cellule. Le glucose est une molécule
neutre qui diffuse plus aisément hors de la cellule que le glucose-phosphate chargé
négativement.
et simplifié en :
Glucose + 2 NAD+ + 2 Pi + 2 ADP à 2 pyruvate + 2 NADH,H+ + 2 ATP + 2 H2O
La décarboxylation oxydative
Le pyruvate, produit dans le cytoplasme par la glycolyse, est une molécule chargée qui ne peut
donc diffuser librement au travers de la membrane interne dans la mitochondrie pour
atteindre la matrice où se poursuit sa destinée. Son passage à travers la membrane interne
est assuré par un symport (voir page 54) avec un proton (Figure 73). Les molécules de
NADH,H+ générées par la glycolyse doivent également pénétrer dans la mitochondrie pour
assurer une production subséquente d’ATP. Or la membrane interne de la mitochondrie est
imperméable à cette molécule. Ce passage du NADH,H+ du cytosol vers la mitochondrie est
donc réalisé par des systèmes de navettes. Le premier système transporte les électrons du
NADH,H+ cytoplasmique vers du FAD de la matrice mitochondriale. Le second système, plus
complexe, transporte les électrons du NADH,H+ cytoplasmique vers du NAD+ de la matrice
mitochondriale.
Le cycle de Krebs fournit, pour chaque groupement acétyl y entrant, 3 molécules de NADH,H+
et 1 molécule de FADH2. Le bilan simplifié du cycle de Krebs est donc assez simple à
déterminer :
La chaîne respiratoire
Les équivalents de réduction (NADH,H+ et FADH2) produits par la glycolyse, la décarboxylation
oxydative, le cycle de Krebs et amenés jusqu’à la matrice mitochondriale transfèrent leurs
électrons aux complexes de la chaîne respiratoire située dans la membrane interne de la
mitochondrie (Figure 75). Les électrons transportés, par le NADH,H+ et par le FADH2, sont
transférés à la chaîne respiratoire, respectivement au niveau du complexe I et du complexe II.
Les électrons transitent successivement du complexe I au complexe III ou du complexe II au
complexe III, puis du complexe III au complexe IV. Ces complexes présentant un potentiel
rédox de plus en plus élevé (Figure 76).
Figure 75 : Schéma de la chaîne de transport des électrons dans la membrane interne de la mitochondrie.
Le complexe I est une déshydrogénase du NADH. Elle transfert les 2 électrons du NADH,H+
vers une série de protéines à groupes Fe-S. L’étape finale de la réaction implique le transfert
de 2 électrons vers l’ubiquinone (coenzyme Q10) qui est un transporteur mobile d’électrons.
Il véhicule les électrons vers le complexe III. Une partie de l’énergie des électrons permet au
complexe I de pomper, vers l’espace intermembranaire de la mitochondrie, 4 H+ par 2
électrons transportés.
La phosphorylation oxydative
Le transport actif des H+ vers l’espace intermembranaire génère une énergie potentielle sous
la forme d’un gradient de protons. L’énergie de ce gradient est utilisée par un complexe
Figure 77 : Schéma de la F1Fo-ATP synthase mitochondriale convertissant le gradient de concentration de protons en énergie
chimique sous la forme d’ATP.
La fermentation lactique
Lorsque l’environnement cellulaire ne contient pas suffisamment d’O2, le flux électronique de
la chaîne respiratoire ne peut se dérouler complètement et l’ensemble des molécules
impliquées dans ce flux se retrouve rapidement sous une forme réduite. Le résultat immédiat
est l’arrêt progressif de la synthèse d’ATP par la chimiosmose mitochondriale. De proche en
proche, l’arrêt de la chaîne respiratoire provoque l’accumulation des équivalents de réduction
(NADH,H+ et FADH2) produits par la glycolyse, la décarboxylation oxydative ou le cycle de Krebs
puisqu’ils ne peuvent plus transférer leurs électrons aux complexes mitochondriaux déjà sous
leur forme réduite. Outre l’arrêt de la synthèse d’ATP par la chimiosmose, la conséquence
directe de cette accumulation de NADH,H+ et FADH2 est une carence en leur forme oxydée
Précisons – Un radical est une espèce chimique possédant un ou plusieurs électrons non
appariés sur sa couche externe. Cet électron se note généralement par un « • ». Puisque
ces molécules ne respectent pas la règle de l’octet, elles sont dotées d’une très grande
réactivité.
Parmi ces espèces, on rencontre l’anion superoxyde (O2•-), l’oxygène singulet (O2•), le
peroxyde d’hydrogène (H2O2) ou encore le radical hydroxyle (HO•).
La formation des radicaux libres dans la mitochondrie est constante et indissociable d’un
métabolisme aérobie. Lors du fonctionnement normal de la mitochondrie, des électrons
transitant par ses complexes respiratoires, peuvent s’échapper prématurément de la chaîne
de transport des électrons au niveau des complexes I ou III (Figure 79). Ces électrons
caractérisés par une énergie libre élevée sont captés par l’O2 en raison de son potentiel rédox
élevé. La réduction monoélectronique de l’O2 donne naissance à l’anion superoxyde O2•-. Très
instable, celui-ci subit une dismutation en présence d’H+.
2 O2•- + 2 H+ à H2O2 + O2
Cependant, en conditions cellulaires, la vitesse de cette réaction n’est pas suffisante pour
empêcher les effets nocifs de ce radical. En effet, l’anion superoxyde peut également réduire
De par leur nature instable et très oxydante, les espèces réactives de l’oxygène peuvent
oxyder des constituants cellulaires comme les lipides, les protéines ou même les acides
nucléiques, aboutissant éventuellement à des mutations délétères, voire à la mort de la cellule.
Heureusement, des systèmes de détoxification des radicaux libres existent dans la cellule. Les
superoxydes dismutases sont des enzymes qui catalysent la dismutation de l’anion
superoxyde en H2O2 et O2. A son tour, le peroxyde d’hydrogène est détoxifié par la glutathion
peroxydase qui utilise le glutathion réduit comme accepteur d’électrons grâce à son
groupement sulfhydryle (voir page 8). La catalase participe également à la neutralisation de
l’H2O2 en O2 et H2O.
Questions
1) A votre avis, quel nucléoside triphosphate de l’ARN porte le plus haut potentiel de
transfert dans ses liaisons phosphoanhydres ?
2) Pour quelle raison le symport pyruvate-H+ de la membrane interne de la mitochondrie
réduit-il le rendement énergétique de la respiration cellulaire ?
Ce processus se déroule dans les membranes de certains procaryotes et dans les membranes
des thylakoïdes dans les chloroplastes. La photosynthèse est artificiellement divisée en 2
étapes. Une étape dépendant de la lumière : la phase claire ; et une étape indépendante de
la lumière : la phase sombre ou cycle de Calvin.
Figure 80 : Schéma d’un photosystème des cellules photosynthétiques eucaryotes. Les flèches jaunes représentent les
transferts d’énergie. La flèche rouge représente le transfert d’un électron.
Figure 81 : Transfert des électrons issus du photosystème II lors de son illumination. Les molécules représentées en jaune sont
dans leur état oxydé alors que celles en rouge sont dans l’état réduit. Ce schéma ne représente pas les localisations relatives
des molécules mais leur potentiel oxydoréducteur.
A l’instar de ce qui se passe dans la membrane interne de la mitochondrie par le complexe III,
cette réaction implique également le transport de protons vers la lumière du thylakoïde. La
plastocyanine réduite est mobile dans la membrane et conduit les électrons vers le
photosystème I.
Le photosystème I
Lors de l’illumination, par un mécanisme identique à celui qui a été rapporté dans le
photosystème II, le centre réactionnel (P700) du photosystème I transfert deux électrons à
l’accepteur primaire qui dans le cas du photosystème I est la chlorophylle a0 (Figure 82). Elle
transfert les électrons vers la phylloquinone qui, à son tour, donne les électrons à une série
de ferrédoxines liées à la membrane jusqu’à une ferrédoxine libre qui sert de donneur à la
Figure 82 : Transfert des électrons issus du photosystème I lors de son illumination. Les molécules représentées en jaune sont
dans leur état oxydé alors que celles en rouge sont dans l’état réduit. Ce schéma ne représente pas les localisations relatives
des molécules mais leur potentiel oxydoréducteur.
H2O à 2H+ + ½ O2 + 2 é
La photophosphorylation cyclique
Dans certains cas, lorsque le NADP+ est en concentration limitante, la cellule peut procéder à
une photophosphorylation cyclique. Dans ce cas, un gradient de protons est également mis
en place mais le NADP+ n’est plus réduit en NADPH,H+. Les électrons portés par une
ferrédoxine du photosystème I sont transférés à la plastoquinone qui est alors réduite en
plastoquinol. A partir de ce point, les électrons suivent le trajet décrit pour le photosystème
II.
La chimiosmose chloroplastique
Le gradient de protons établi lors de la photophosphorylation cyclique ou non-cyclique permet,
par un mécanisme identique à celui décrit pour la mitochondrie, de synthétiser de l’ATP à
partir d’ADP et de Pi. Cette synthèse est catalysée par une CF1CF0-ATP synthase localisée dans
la membrane du thylakoïde.
Tous les 3 tours de cycle, une des molécules de glycéraldéhyde phosphate échappe à la fin du
processus et entre dans la synthèse de sucres en C6. Il faut donc 6 tours de cycle pour que 2
molécules de glycéraldéhyde phosphate puissent générer de novo une molécule de glucose.
Questions
1) Peut-on dire que la respiration cellulaire et la photosynthèse sont l’inverse l’une de
l’autre ?
2) Quels sont les points communs entre respiration cellulaire et photosynthèse ?
3) Articulez schématiquement respiration cellulaire et photosynthèse.
Figure 85 : Illustration de deux théories de l’ordre d’apparition des voies bioénergétiques principales : glycolyse, cycle de Krebs,
photosynthèse et phosphorylation oxydative (OXPHOS). La première théorie suggère une apparition tardive de la
phosphorylation oxydative, après l’apparition de la photosynthèse oxygénique, lorsque la concentration atmosphérique en O2
devient suffisante (5%). La seconde théorie suggère une apparition précoce de la phosphorylation oxydative, avant l’apparition
de la photosynthèse. C’est l’accroissement lent de la concentration en O2 qui aurait sélectionné le métabolisme aérobie.
L’apparition de la glycolyse
Le fait que la glycolyse existe, quasi à l’identique, chez la majorité des êtres vivants suggère
une apparition précoce de cette voie métabolique au cours de l’histoire de la vie. La
comparaison des séquences primaires des enzymes de la glycolyse suggère que les dernières
enzymes de cette voie sont plus conservées que les premières, et sont donc apparues plus tôt.
Il a donc été suggéré une évolution « bottom-up » de cette voie métabolique. Supporté par
cette idée, il a été proposé que les premières cellules produisaient leur ATP grâce à la
fermentation de molécules organiques disponibles dans l’environnement, principalement des
glucides, mais aussi des acides aminés.
Figure 86 : Transport de protons couplé à un flux d’électrons chez des bactéries anaérobies.
Le gradient de protons généré de cette façon est une forme d’énergie potentielle, puisqu’il
permet le retour des protons dans la cellule au travers des pompes à protons dépendantes de
l’ATP. Ce passage des protons à contre-sens entraîne le fonctionnement de l’enzyme en sens
inverse c’est-à-dire dans le sens d’une ATP synthase. Expérimentalement, cette réversion de
l’activité d’une pompe à protons, en ATP synthase, lorsque le sens du flux de protons est
modifié, a été vérifié.
Questions
1) A votre avis, qui est le meilleur donneur d’électrons H2O ou H2S ?
Il faudra attendre 1944 pour identifier l’agent transformant impliqué dans l’expérience de
Griffith. Cette identification a été possible grâce aux expériences de Avery, MacLeod et
McCarty. Ces scientifiques isolèrent une fraction hydrosoluble de S. pneumoniae pathogènes
S préalablement tuées par chauffage et démontrèrent que cette fraction seule était capable
de transformer des souches R en souches S. Pour identifier l’agent actif de la fraction
hydrosoluble, ils incubèrent cette fraction avec des enzymes capables de détruire les
protéines (protéases), l’ARN (ribonucléases – RNase) ou l’ADN (désoxyribonucléases – DNase).
Seule la fraction incubée avec la DNase perdait sa capacité de transformation, démontrant
ainsi la nature chimique de l’agent actif (Figure 89).
Malgré cette démonstration du rôle de l’ADN dans la transformation des souches de S.
pneumoniae, il y avait une considérable réticence à accepter la conclusion selon laquelle l'ADN
était le matériel génétique de la cellule. En effet, selon l’hypothèse tétranucléotidique de
Phoebus Levene, le découvreur de la composition chimique de l’ADN, cette molécule n’était
qu’une succession d’unités répétées de tétranucléotides dès lors incapable de porter une
quelconque information génétique. L’ADN était considéré comme l’élément structurel des
chromosomes alors que l’information génétique était portée par les protéines composant les
chromosomes.
En 1952, une preuve supplémentaire a été apportée par Alfred Hershey et Martha Chase en
faveur du rôle génétique de l’ADN grâce à l’usage de bactériophages. Ces virus ne sont
constitués que d’ADN et de protéines et sont donc le système le plus simple pour distinguer
les rôles respectifs des protéines et de l’ADN. Le but des expériences de Hershey et Chase était
d’identifier la nature chimique du matériel viral injecté dans les cellules par les bactériophages.
A cette fin, ils ont tiré parti des compositions élémentaires très différentes de l’ADN et des
protéines. L’ADN contient du phosphore, ce qui n’est pas le cas des protéines, alors que ces
dernières contiennent du soufre à l’inverse de l’ADN.
Les scientifiques sont parvenus à produire des bactériophages dans lesquels, soit l’ADN
contenait des nucléotides constitués d’un isotope radioactif du phosphore (32P), soit les
protéines étaient formées à partir de certains acides aminés portant un isotope radioactif du
soufre (35S) (voir page 3).
Figure 90 : Expérience de Hershey et Chase démontrant le rôle génétique de l’ADN dans la biologie du bactériophage.
Tableau 4 : Tableau de la publication originale d’Edwin Chargaff (J. Biol. Chem. 1952, 195 :155-160).
Lors d’une visite du laboratoire de Maurice Wilkins au King’s College de Londres, James
Watson et Francis Crick ont eu l’opportunité de voir, sans l’autorisation de son auteure, un
résultat obtenu par Rosalind Franklin. Ce résultat, connu sous le nom « cliché 51 », avait été
obtenu par une expérience de diffraction de rayons X sur un échantillon d’ADN (Figure 91AB).
Sur la base de cette image et des résultats d’Edwin Chargaff, James Watson et Francis Crick
établissent leur célèbre modèle bi-hélicoïdale de l’ADN qui leur vaudra, ainsi qu’à Maurice
Wilkins, un prix Nobel en 1961.
Dans ce modèle, deux molécules d’ADN monocaténaire s’enroulent antiparallèlement l’une
autour de l’autre de façon asymétrique. La stabilité de la structure repose sur la proportion
de G-C dans la séquence puisque ces bases sont unies par 3 liaisons hydrogènes et non pas
par 2 liaisons hydrogènes comme dans le cas de la complémentarité entre A et T. Cette
Précisons – Le modèle que nous venons de décrire est celui de l’ADN B, la forme la plus
courante de cette molécule. Les formes A et Z diffèrent de ce qui est décrit ici.
Figure 91 : Découverte de la structure en double hélice de l’ADN. (A) Méthode de la diffraction des rayons X. (B) Cliché 51
obtenu par Rosalind Franklin suite à une expérience de diffraction des rayons X sur un cristal d’ADN. (C) Modèle établi par
Watson et Crick.
Dans ce modèle, le squelette de la double hélice est formé par la succession des liens
phosphodiesters unissant les nucléosides de chaque brin d’ADN. Le centre de l’hélice est
occupé par les plans des bases azotées unies par les liaisons hydrogènes.
Précisons – Dans le cadre de ce cours, la règle de l’ADN circulaire pour les procaryotes
reste d’application.
Les facteurs qui ont mené à l’évolution vers les molécules linéaires d’ADN ne sont pas
totalement compris, mais gardons à l’esprit la sélection naturelle. Dans la théorie que nous
avons présentée précédemment et qui propose la symbiose d’une eubactérie et d’une archée
pour donner naissance aux eucaryotes primitifs, un transfert horizontal de gènes aurait pris
place vers le futur génome eucaryote. Récemment, une analyse d’un grand nombre de
génomes a confirmé cette hypothèse. Pendant la transition du génophore ancestral vers le(s)
molécule(s) d’ADN eucaryote(s), la structure du génome protoeucaryote a subi des
L’organisation du génome
L’ADN bicaténaire est le support génétique informatif de toutes les cellules. Cependant, sa
structure diffère d’un royaume phylogénique à l’autre. Nous avons déjà décrit qu’il existait
sous la forme d’une molécule circulaire dans les procaryotes, que ce soit dans la cadre du
génophore ou des plasmides. Dans les cellules eucaryotes, l’ADN existe également sous la
forme d’une structure bicaténaire mais linéaire et fragmentée. Outre ces différences
fondamentales, d’autres différences impactant profondément le mode de fonctionnement de
la cellule existent.
La chromatine
Dans les cellules procaryotes, l’ADN est associé à des protéines de structure permettant la
compaction de la molécule dans le nucléoïde. La rapport ADN:protéine dans ces cellules est
de l’ordre de 4:1. Dans les cellules eucaryotes, ce rapport est de l’ordre de 1:1. Il y a donc une
proportion plus grande de protéines chez les eucaryotes.
Dans l’eubactérie E. coli, largement utilisée comme modèle de procaryote, le génophore est
largement plus grand que la cellule elle-même. Pour stocker leur patrimoine génétique, ces
cellules font appel à de l’ADN super-enroulé, à l’image d’un élastique qu’on enroule sur lui-
même jusqu’à ce qu’il se replie en un amas condensé. De multiples protéines agissent de
concert pour obtenir et stabiliser cette structure (Figure 92). Il est intéressant de constater
que chez les archées, les protéines qui participent à la structure du génome sont similaires
aux histones retrouvées chez les eucaryotes.
Figure 93 : Observation de la chromatine. L’euchromatine (zone bleue) est sous la forme d’une fibre nucléosomique de 10 nm
de diamètre. L’hétérochromatine (zone verte) est sous la forme d’une fibre chromatinienne de 30 nm de diamètre. Celle-ci est
ancrée à la lame nucléaire (zone rouge).
Chez les procaryotes, les gènes sont continus et souvent contigus. En effet, chaque gène est
fait d’un seul segment d’ADN codant et plusieurs gènes peuvent être localisés directement à
la suite l’un de l’autre sous le contrôle de mêmes éléments régulateurs. On parle dans ce cas
d’opéron polycistronique. Un opéron est un gène qui code donc plusieurs protéines qui sont
souvent impliquées dans un même processus biologique. Un seul ARN est produit et servira
de matrice à la production des différentes protéines. La transcription d’un opéron est sous le
contrôle du produit d’un gène régulateur. Ce produit se lie à l’opérateur pour permettre ou
inhiber la transcription de l’opéron.
Chez les eucaryotes, les gènes sont contrôlés par de nombreux éléments régulateurs dont les
enhancers et les silencers parfois situés à de très grandes distances du gène, en amont ou en
aval de ce dernier. Généralement les gènes eucaryotes ne sont pas continus, ce qui implique
que les transcrits sont subdivisés en exons et introns. Les exons sont les segments portant
l’information génétique, alors que les introns sont des segments non informatifs. En outre, les
gènes ne sont pas contigus mais séparés par de longues régions intergéniques parfois
Questions
1) Quels sont les points communs et les différences entre les gènes procaryotes et
eucaryotes ?
2) Quel est l’intérêt évolutif apporté par un génome discontinu ?
3) Est-il possible de déterminer la proportion de chaque nucléotide dans l’ADN
eucaryotes par la seule connaissance de la proportion de nucléotides de l’adénine ?
L’expérience démontre que l’idée initiale de cette théorie est fausse. En effet, la découverte
de la transcriptase inverse d’origine viral en 1962 a invalidé la première partie de celle-ci
puisque cette enzyme catalyse la synthèse d’ADN sur la base d’une matrice d’ARN dans une
réaction appelée transcription inverse ou rétro-transcription (Figure 95). Cette découverte ne
se limite pas à certains virus puisque certaines bactéries disposent d’une transcriptase inverse,
tout comme nos cellules si l’on considère la télomérase. En outre, les virus à ARN
monocaténaire à polarité négative, comme le virus de la grippe (voir page 68), sont capables
de répliquer, d’une part, leur ARN génomique en ARN à polarité positive (ARNm), et d’autre
part, l’ARN à polarité positive sert de matrice à la synthèse de nouveaux ARN génomiques. Il
s’agit donc bien de phénomènes de réplication de l’ARN, ce qui invalide également le dogme.
En ce qui concerne la dernière partie de ce dernier, il est fort probable, pour des raisons que
nous découvrirons lors du Chapitre 15, qu’il ne soit jamais invalidé.
La transcription est donc l’étape du flux de l’information génétique durant laquelle l’ADN est
utilisé comme matrice pour synthétiser une molécule d’ARN. Dans une cellule, cette étape
peut se dérouler dans différents compartiments. Il peut s’agir du cytoplasme dans les cas des
Le nucléole
Le noyau des cellules eucaryotes contient généralement une ou deux régions nommées
nucléoles. Le nucléole se forme autour de régions particulières de la chromatine. C’est en
particulier dans ces régions que se déroule la transcription de la majorité des ARN
ribosomiques (ARNr). L’isolement expérimental du nucléole et sa décompaction ont permis à
Oscar Lee Miller d’observer à l’aide d’un microscope électronique les éléments fibrillaires qui
y étaient contenus. En raison de leur structure, Miller a baptisé ces éléments fibrillaires
« christmas tree ». Le tronc de ces arbres de Noël est constitué d’une molécule d’ADN et ses
branches sont des molécules d’ARNr à différents niveaux de synthèse. L’observation
minutieuse permet également de localiser des ARN polymérases aux jonctions entre les
branches et le tronc. Cette observation a été publiée en couverture de la revue Science en mai
1969 (Figure 96).
Figure 96 : Couverture de Science en mai 1969. Elle illustre les « arbres de Noël » mis en évidence par Miller.
Figure 97 : Structure de l’ARN polymérase eubactérienne, de l’ARN polymérase des archées et de l’ARN polymérase II des
eucaryotes. Les régions colorées représentent les sous-unités qui constituent le complexe de l’ARN polymérase.
En effet, les eucaryotes disposent d’au moins 3 ARN polymérases différentes : les ARN
polymérases I, II et III. Chacun de ces 3 complexes conserve le cœur fonctionnel de l’ARN
polymérase eubactérienne.
Précisons – Dans les cellules végétales, une ARN polymérase IV existe, spécialisée dans
la synthèse d’ARN régulateurs. En outre, les cellules eucaryotes possèdent également
une ARN polymérase spécifique des mitochondries (mtRNAP) et évolutivement liée à une
RNA polymérase virale (bactériophage T7). Dans les cellules photosynthétiques, des ARN
polymérases spécifiques existent également. Certaines sont codées par le génome
nucléaire (RPOTp, et RPOTmp) et d’autres par le génome plastidique (PEP).
Le complexe de l’ARN polymérase I, constitué de 14 sous-unités, est responsable de la
synthèse de tous les ARNr à l’exception de l’ARNr 5S. C’est la transcription catalysée par l’ARN
polymérase I qui forme les « christmas trees » mentionnés plus haut. L’ARN polymérase II,
formée de 12 sous-unités, est impliquée dans la synthèse du transcrit primaire de l’ARNm ou
ARN pré-messager, mais aussi de nombreux petits ARN comme les microARN (miARN). L’ARN
polymérase III est un complexe d’au moins 14 sous-unités qui synthétise les ARNt et l’ARNr 5S.
Le promoteur
L’initiation de la transcription nécessite la reconnaissance par les ARN polymérases de régions
régulatrices situées au début des gènes, en amont du site de démarrage de la transcription.
Ces régions portent le nom de promoteur. Puisqu’il s’agit d’un élément de contrôle de la
Figure 98 : Structure schématisée de la région promotrice d’un gène procaryote. Les boîtes -35 et -10 sont respectivement
éloignées d’environ 35 et 10 nucléotides du site d’initiation de la transcription noté +1.
Chez les eucaryotes, et dans une moindre mesure chez les archées, la région promotrice est
plus complexe que chez les eubactéries. On y distingue le promoteur basal contenant le site
d’initiation de la transcription (inr, +1), une boîte TATA (5’-TATAAA-3’) équivalente à la boîte
Pribnow, et deux régions de contrôle disposées respectivement en amont (TFIIB recognition
element - BRE) et en aval (downstream promoter element - DPE) du site d’initiation (Figure 99).
Figure 100 : Modes de terminaison chez les eubactéries, la terminaison intrinsèque ou indépendante de rho et la terminaison
dépendante de rho.
La sous-unité TBP de TFIID recrute alors les facteurs de transcription généraux TFIIB et TFIIA
au niveau du promoteur. La liaison de TFIIB s’effectue au niveau de l’élément BRE du
promoteur basal, tandis que TFIID reconnaît l’élément DPE. C’est seulement à ce moment que
l’ARN polymérase II rejoint les facteurs de transcription au niveau du promoteur.
L’assemblage du complexe d’initiation de la transcription est complété par la recrutement
des facteurs de transcription TFIIF, TFIIE puis TFIIH (Figure 101). Ce dernier possède une
activité protéine kinase qui lui permet de phosphoryler le domaine carboxy-terminale de la
plus grosse sous-unité de l’ARN polymérase. En outre, TFIIH possède également une activité
hélicase qui déroule localement la molécule bicaténaire d’ADN pour créer la bulle de
transcription.
En amont du promoteur basal se situe les éléments proximaux de contrôle. Il s’agit de
séquences d’ADN appelées « éléments de réponse » et capables de se lier à des facteurs de
transcription spécifiques. Ces facteurs peuvent être spécifiques d’un type cellulaire, d’une
situation particulière ou de la présence d’une molécule spécifique. La liaison de ces facteurs à
l’élément de réponse correspondant module le niveau de la transcription commandé par le
promoteur basal. Ces facteurs de transcription possèdent généralement deux domaines
Figure 102 : Schéma d’une expérience utilisant des facteurs de transcription chimériques pour démontrer le rôle de chaque
domaine protéique.
Figure 103 : Schéma du repliement d’une molécule d’ADN permettant l’interaction des facteurs de transcription distaux et
proximaux avec le complexe d’initiation.
Figure 104: Structure chimique de la coiffe 7-meG d’un transcrit de l’ARN polymérase II.
La terminaison chez les eucaryotes est moins bien comprise que chez les eubactéries. Dans le
cas de la terminaison de la transcription catalysée par l’ARN polymérase II, 2 complexes de
protéines reconnaissent un signal de poly-adénylation sur l’ARN en synthèse et s’y attachent.
Après avoir recruté d’autres protéines, ces complexes clivent l’ARN en aval du site de poly-
adénylation et ajoutent successivement jusqu’à 200 adénines à l’extrémité 3’ du transcrit clivé.
Cet ajout de la queue poly-A, réalisé sans matrice grâce à une poly-A polymérase, influence
positivement la stabilité de la molécule d’ARN et sa résistance vis-à-vis de la dégradation.
La maturation de l’ARN
La transcription est donc une synthèse d’ARN, un transcrit, sur la base d’une molécule d’ADN.
Cependant, le transcrit peut ne pas être actif dans sa forme primaire, il nécessite alors une
maturation post-transcriptionnelle. C’est la cas des ARNr, des ARNt et des ARNm.
La maturation des ARN ribosomiques
L’ADN ribosomique (ADNr) correspond à l’ensemble des séquences dont la transcription
donne naissance aux ARNr. Chez les eucaryotes, l’ADNr est un opéron (voir page 112)
constitué des gènes qui codent pour les ARNr 18S, 5,8S et 28S mais est transcrit sous la forme
d’un unique pré-ARNr 45S. L’ADNr comporte également le gène codant l’ARNr 5S, mais situé
en-dehors de l’opéron. Dans le noyau, l’ADNr apparaît sous la forme du nucléole où se déroule
sa transcription. Chez l’Humain, l’ADNr existe en de multiples copies réparties sur 5 paires de
chromosomes.
L’épissage alternatif
Chez les eucaryotes, l’épissage d’un pré-ARNm donné peut produire plusieurs ARNm matures
différents et donc aboutir à des protéines différentes. On parle dans ce cas d’épissage
alternatif. Il s’agit en fait d’un processus normal et omniprésent puisque on évalue que 95%
des pré-ARNm peuvent faire l’objet d’un épissage alternatif. En moyenne, 4 ARNm différents
peuvent être produits à partir d’un même pré-ARN, mais ce nombre peut atteindre 25 ARNm
dans le cas de certains gènes. L’épissage alternatif explique pourquoi le nombre de gènes
codant des protéines dans notre génome est 4 à 5 fois inférieur au nombre de protéines
différentes identifiées dans notre organisme. Durant ce phénomène, les lassos d’ARN produits
par le spliceosome peuvent emporter un ou des exons. Il ne s’agit donc pas de permuter les
exons mais d’éliminer certains exons de la séquence de l’ARNm.
L’épissage alternatif est un système d’économie d’échelle. Il permet d’accroître le nombre de
protéines codées par le génome sans augmenter la taille de ce dernier. Certaines publications
indiquent que 50% des maladies génétiques humaines seraient le résultat d’un défaut
d’épissage.
Questions
1) Quelle est la différence entre « CG » et « CpG » ?
2) Les HAT modifient-elles le point isoélectrique des histones ?
3) Les HDAC existent-elles chez les procaryotes ?
1 insertion ABC XAB CAB CAB CAB CAB CAB CAB CAB CAB CAB CAB CAB C + Non
1 insertion ABC XAB ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC +- Oui
1 délétion ÄC
2 insertions ABC XAB CXA BCA BCA BCA BCA BCA BCA BCA BCA BCA BCA BC ++ Non
3 insertions ABC XAB CXA BCA XBC ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC ABC +++ Oui
Figure 107 : Résultats d’insertion (+) et de délétion (-) sur la fonctionnalité du gène RIIb du bactériophage.
Le code génétique
Le déchiffrement du code génétique, c’est-à-dire l’attribution des 64 codons aux acides
aminés, a nécessité l’utilisation d’un système non cellulaire de traduction et la disponibilité de
technologies de synthèse d’ARN. Les premiers codons qui ont été déchiffrés étaient des
codons constitués de 3 ribonucléotides identiques. Ainsi, un ARN poly-U donnait naissance à
un polypeptide constitué uniquement de phénylalanine, ce qui signifiait que le codon UUU
codait pour l’acide aminé phénylalanine (Phe - F). L’évolution des techniques de synthèse
d’ARN permet progressivement de déchiffrer l’ensemble du code génétique (Figure 108).
Figure 108 : Code génétique sous la forme d’une roue. Le ribonucléotide central représente le nucléotide 5’ du codon. Chaque
acide aminé est indiqué selon son code à 3 lettres et son code à 1 lettre.
Figure 109 : Exemple illustrant l’universalité du code génétique. Les gènes codant l’enzyme luciférase de la luciole Photinus
pyralis et la protéine fluorescente verte (GFP) de la méduse Aequorea victoria ont respectivement été insérés dans le génome
des cellules du tabac Nicotiana tabacum et du cochon Sus scrofa.
Précisons – Dans les années 1980, des chercheurs ont révélé que le code génétique
mitochondrial ne correspondait pas exactement au code génétique « universel ». Dans
le génome mitochondrial, le codon UAG, supposé être un codon « stop », code pour
l’acide aminé tryptophane et le codon AUA code pour une méthionine au lieu d’une
isoleucine. Les codons AGA et AGG universellement reconnus comme des codons de
l’arginine y sont des codons « stop ». Depuis, d’autres différences ont été trouvées dans
le génome des chloroplastes et de quelques ciliés. Malgré ces différences, le code
génétique est encore considéré comme universel.
Dans le complexe d’initiation, l'ARNt initiateur est situé au site « P » du ribosome. Son
anticodon est lié de façon antiparallèle et complémentaire par des liaisons hydrogènes au
codon 5’-AUG-3’ de l'ARNm (Figure 112). L'apparente simplicité de l'initiation est trompeuse.
Elle requiert de nombreux facteurs accessoires, les facteurs d'initiation notés par eIF pour
La translocation du ribosome est son déplacement par rapport à l’ARNm et aux ARNt. Cette
translocation se fait dans le sens 5’à3’ de l’ARNm. L’ARNt déchargé glisse vers le site « E »
alors que l’ARNt portant le peptide glisse vers le site « P » destiné à porter le peptide en
Si les polysomes procaryotes sont linéaires, ce n’est pas le cas de ceux observés chez les
eucaryotes qui s’enroulent en forme de spirales en raison de contraintes imposées par le
cytosquelette (Figure 114B).
Le repliement des protéines
Une protéine linéaire n’a généralement pas de fonction, elle doit adopter des structures
secondaires puis une structure tertiaire pour voir apparaître des domaines fonctionnels qui
vont lui donner sa fonction dans la cellule. On parle du repliement de la protéine. Le
mécanisme inverse, la perte du repliement de la protéine qui lui donne sa fonction, est appelé
dénaturation.
Mais comment une protéine peut-elle adopter la bonne configuration ? Qui lui dicte cette
configuration ? L’information de sa conformation fonctionnelle est cachée dans la nature
chimique des acides aminés eux-mêmes et donc dans la séquence primaire de la protéine. De
sorte que la protéine va se replier de façon à occuper le moins d’espace et à minimiser son
énergie libre, elle va adopter la forme la plus stable par exemple en excluant les molécules
d’eau de la proximité des acides aminés hydrophobes et en maximisant le nombre de liaisons
intramoléculaires. Ce repliement spontané est possible pour les petites protéines mais est
quasi impossible pour les plus grosses structures, d’autant que celles-ci adoptent souvent des
repliements très complexes.
L’adressage à la mitochondrie
L’exportation vers la mitochondrie est plus complexe car plusieurs compartiments peuvent
être visés. La protéine destinée à la mitochondrie est reconnue, grâce à sa séquence
d’adressage. Elle est emmenée, contre l’hydrolyse d’ATP, au travers d’une protéine spécialisée
et localisée dans la membrane externe de la mitochondrie. Cette protéine se nomme TOM
pour transporter outer membrane (Figure 116).
Figure 118 : Mécanisme probable de l’effet tératogène du thalidomide S. La représentation moléculaire de l’interaction du
thalidomide provient de https://doi.org/10.1038/s41598-018-19202-7
Cette activé identifie certaines protéines destinées à la dégradation par le protéasome par
l’ajout d’ubiquitine. Dans le cas particulier présenté ici, la protéine visée par cette
identification est un facteur de transcription intervenant dans le contrôle de l’expression de
gènes spécifiques du développement dont le contrôle de la croissance des membres. La liaison
Questions
1) Quel est l’avantage évolutif de la dégénérescence du code génétique ?
2) Pourquoi l’insuline recombinante doit-elle être assemblée en conditions oxydantes ?
Généralement, une cellule se divise pour donner naissance à deux cellules filles. Cette étape
porte le nom de division cellulaire, ou mitose chez les eucaryotes, et sera envisagée dans le
chapitre suivant. En termes de patrimoine génétique, les cellules filles sont parfaitement
identiques l’une à l’autre et identiques à la cellule d’origine, la cellule mère. C’est pour cette
raison que toutes les cellules nucléées d’un individu, à l’exception des gamètes, possèdent
exactement le même patrimoine génétique. Cela est possible car toutes vos cellules
proviennent de divisions successives d’une seule cellule de départ, le zygote, mais aussi des
divisions des cellules filles résultantes.
En tant que mammifère, nos cellules sont diploïdes. Ce n’est pas vrai pour tous les êtres
vivants, nous le découvrirons rapidement, mais pour nous mammifères, c’est bien le cas. Cela
signifie que chacune de nos cellules, à l’exception des gamètes encore une fois, porte deux
copies complètes de l’information génétique qui nous constitue. Une copie nous a été donnée
par notre père et la seconde par notre mère. Or ces deux copies, présentes dans la cellule
mère, doivent subsister dans les cellules filles issues de la division. Cela est possible à la
condition que chaque molécule d’ADN qui nous a été donnée par nos parents soit copiée à
l’identique préalablement à la division. Cette dernière rétablira la quantité originelle d’ADN
en la divisant par 2. Cette étape où l’ADN est copié à l’identique est justement la réplication
de l’ADN et le sujet de ce chapitre.
Figure 120 : Schéma représentant les 3 modèles de la réplication de l’ADN. Illustration issue de Campbell Biology.
C’est l’expérience de Matthew Meselson et Franklin Stahl réalisée en 1958 qui a permis
d’élucider le mécanisme de la réplication. Dans cette expérience, ils ont cultivé des bactéries
E. coli dans un milieu nutritif contenant une source d’azote sous la forme isotopique 15N,
appelé aussi azote lourd puisqu’il contient 1 neutron de plus que la forme majoritaire de
l’azote, l’azote 14N, dit léger. En conséquence, chaque molécule contenant de l’azote et
synthétisée par la bactérie contenait de l’azote 15N. C’est le cas de l’ADN qui contient des bases
azotées. La densité de la molécule d’ADN de ces bactéries peut être estimée par une technique
de centrifugation. Cette technique montre que toutes les molécules d’ADN de ces bactéries
ont une densité identique et élevée. Les scientifiques ont ensuite transféré les bactéries de la
génération 0, contenant de l’ADN dense, dans un milieu nutritif dépourvu d’azote lourd mais
contenant uniquement l’isotope 14N. Ils prélevèrent à chaque cycle de division un échantillon
des bactéries et analysèrent la densité de leur ADN (Figure 121).
Figure 121 : Schéma de l’expérience de Meselson et Stahl et représentation de leurs résultats. Illustration adaptée de Campbell
Biology.
La machinerie de la réplication
La réplication de l’ADN est réalisée par une machinerie enzymatique complexe dont le cœur
est l’ADN polymérase. Cette enzyme synthétise une molécule d’ADN mais nécessite pour y
parvenir un modèle, une matrice. On sait maintenant que cette matrice est un des brins de
l’ADN parental. L’ADN polymérase nécessite également des désoxyribonucléotides qui lui sont
fournis sous la forme de nucléotides triphosphates.
Une particularité de l’ADN polymérase est qu’elle est incapable de synthétiser de l’ADN ab
initio, c’est-à-dire dès le début. Elle a besoin d’une amorce qu’elle va allonger. Elle va allonger
cette amorce dans un sens unique, de 5’ vers 3’, à une vitesse faramineuse puisque que cette
vitesse est de l’ordre de 1000 nucléotides par seconde.
Figure 122 : Les nucléotides triphosphates sont les éléments structurels, informatifs et énergétiques de la synthèse d’ADN.
Illustration issue de Campbell Biology.
Les cellules possèdent plusieurs ADN polymérases. Les eubactéries en contiennent au moins
3, chacune avec une fonction très spécifique. Les 3 enzymes sont identifiées par un numéro
en chiffres Romains. L’ADN polymérase I est celle qui catalyse une étape particulière de la
réplication, le remplacement de l’amorce. L’ADN polymérase II est impliquée dans la
réparation de l’ADN endommagé. L’ADN polymérase III est celle qui catalyse l’allongement de
l’ADN dans la réplication. Chez les eucaryotes et les archées, le paysage enzymatique est plus
complexe. Il existe de nombreuses ADN polymérases. Elles sont identifiées par des lettres
grecques minuscules. L’ADN polymérase a est celle qui effectue le remplacement de l’amorce.
L’ADN polymérase b est impliquée dans la réparation de l’ADN. Les ADN polymérase g et d
sont celles qui allongent l’ADN, l’ADN polymérase g dans la réplication de l’ADN mitochondrial
et l’ADN polymérase d dans la réplication de l’ADN nucléaire.
L’amorçage
Cependant, comme nous l’avons vu plus haut, l’ADN polymérase est incapable de réaliser une
synthèse d’ADN dès son début. Elle nécessite une amorce (Figure 124), un court fragment
d’acide nucléique, qu’elle pourra allonger. Cette amorce est synthétisée par une ARN
polymérase ADN dépendante, c’est-à-dire une enzyme qui synthétise un fragment d’ARN sur
la base d’une matrice d’ADN. L’enzyme porte le nom d’ADN primase, « to prime » en anglais
signifie amorcer. Elle amorce l’ADN. Cette enzyme utilise des ribonucléotides triphosphates
d’une part comme matière première de la synthèse de l’amorce mais aussi, à l’instar de l’ADN
polymérase, comme source d’énergie pour la synthèse. Vous l’aurez compris, cette amorce
n’est pas de l’ADN mais de l’ARN. Cette amorce d’ARN d’environ 10 nucléotides de long est
synthétisée sur chacun des brins d’ADN séparés, comme toutes les synthèses d’acides
nucléiques, dans le sens 5’à3’ et est complémentaire et antiparallèle des brins d’ADN
amorcés.
Le brin continu
C’est sur la base de ces amorces que des ADN polymérase III vont synthétiser les nouveaux
brins d’ADN. Ces enzymes vont allonger les amorces d’ARN grâce à des désoxyribonucléotides
(Figure 125). Cet allongement va se dérouler par complémentarité dans le sens 5’à 3’.
Pendant ce temps, les hélicases poursuivent leur chemin et continuent à séparer les brins
d’ADN. De ce fait, les hélicases ouvrent le chemin aux ADN polymérases III qui suivent les
hélicases. Ce processus se déroule simultanément dans les deux fourches de réplication mais
sur les brins opposés. Puisque sur ces brins d’ADN, les ADN polymérase III suivent les hélicases
et peuvent donc synthétiser continuellement le nouveau brin d’ADN, ces brins portent le nom
de brin continu. On rencontre parfois d’autres termes comme brin direct, brin directeur ou
brin précoce. Il existe donc un brin continu dans chaque fourche et 2 brins continus dans l’œil
de réplication.
Ce procédé engendre un problème puisqu’au fur et à mesure de la progression des hélicases,
des étendues d’ADN situées en amont de l’amorce ne sont pas répliquées.
Figure 125 : Schéma de l’étape d’élongation des brins continus lors de la réplication de l’ADN.
Le brin discontinu
L’accroissement de l’étendue de l’œil de réplication, par la progression des hélicases, fait
apparaître des régions d’ADN monocaténaire en amont des amorces. Ces régions, lorsqu’elles
Figure 126 : Schéma de l’élongation des brins discontinus lors de la réplication de l’ADN.
Figure 128 : Description succinctes des évènements se déroulant lors des 3 étapes d’une PCR.
!" = 2 × (' + !) + 4 × (+ + ,)
La troisième étape de la PCR est l’élongation des amorces, soit la réaction de polymérisation
a proprement parlé. La température à laquelle la polymérisation se déroule est égale à 72°C
et cette étape dure généralement 30 à 60 secondes.
Un cycle, constitué de ces 3 étapes, est répété de 30 à 40 fois au cours d’une PCR.
Le choix de l’ADN polymérase
Le choix de l’enzyme qui procèdera à la synthèse de l’ADN n’est pas anodin. Puisque la
réaction de polymérisation en chaîne est constituée d’une répétition de cycles de variation de
la température et que ces températures sont supérieures à 50°C, avec un maximum de l’ordre
de 95°C, l’enzyme choisie doit résister à ces températures extrêmes. En effet, les
températures élevées perturbent les liaisons faibles qui stabilisent la structure tertiaire des
protéines et conduisent à leur dénaturation. Pour cette raison, l’enzyme utilisée provient d’un
organisme vivant naturellement dans un environnement chaud. Il s’agit d’eubactéries
thermophiles telles que Thermus aquaticus ou d’archées comme Pyrococcus furiosus.
Applications de la PCR
La PCR est utilisée à des fins de recherche, pour amplifier des séquences rares d’ADN, pour
produire des fragments d’ADN destinés à être insérés dans des plasmides, ou encore pour
déterminer si un gène est transcrit. La PCR est également utilisée dans des buts de diagnostic.
Nous l’avons vu ces dernières années, c’est une PCR qui permet de détecter la présence d’un
virus chez un patient. C’est aussi la PCR qui permet de déterminer si des organismes
génétiquement modifiés (OGM) sont présents dans un échantillon.
Questions
1) Quelles sont les différentes raisons qui expliquent pourquoi une mutation du
patrimoine génétique peut ne pas avoir d’incidences sur la physiologie d’une cellule ?
2) Expliquez pourquoi, lors d’une PCR, la température de fusion peut être plus élevée
lorsque la proportion de G/C est plus élevée.
3) Dans une cellule eucaryote, dans quels compartiments peut-on détecter des
fragments d’Okazaki ?
Les microtubules
Nous savons qu’il existe 3 formes du cytosquelette, classées en fonction du diamètre des
fibres qui les composent : les filaments fins d’actine (voir page 71), les filaments intermédiaires
comme la lamine nucléaire (voir page 72), les cytokératines ou la vimentine, et enfin les
filaments épais constitués des microtubules qui ont un diamètre de 25 nm.
Chaque microtubule est un tube creux formé de 13 protofilaments organisés en anneau. Un
protofilament est constitué par la polymérisation de dimères de deux protéines globulaires,
les tubulines a et b. Cet assemblage leur donne une polarité, l’extrémité où les tubulines a
sont apparentes est appelée « - », et l’extrémité où les tubulines b sont apparentes est
appelée « + ».
Les microtubules sont moins flexibles que les microfilaments d’actine mais sont, eux aussi,
très dynamiques. Chaque extrémité peut s’allonger, se polymériser sous la dépendance du
GTP, et se dépolymériser. Cependant, l’extrémité + s’allonge plus rapidement que l’extrémité
- et l’extrémité - se raccourcit plus rapidement que l’extrémité +.
Il apparaît dans la cellule que l’extrémité - des microtubules est stabilisée par leur ancrage au
site de leur initiation. Les microtubules prennent naissance au niveau d’une région particulière
de la cellule, le centre de nucléation ou centrosome situé à proximité du noyau de la cellule.
Chez les animaux, le centrosome se compose d’une paire de centrioles entourée par un nuage
protéique appelé matériel péricentriolaire (Figure 129). Les centrioles sont chacun constitués
de neuf triplets de courts microtubules et sont orientés perpendiculairement l’un à l’autre. Le
matériel péricentriolaire comporte des anneaux d’une tubuline particulière, la tubuline g, à
Dans les cellules végétales, le système est différent. Il n’y a pas de paires de centrioles, ni de
centrosomes à proprement parlé, mais la présence d’anneaux de tubuline g qui jouent un rôle
identique de centre de nucléation.
Figure 130 : Schéma de la structure quaternaire de protéines motrices et de leur sens de déplacement sur un microtubule.
Figure 131 : Les différentes phases de la mitose (prophase à télophase), suivies par la cytodiérèse et l’interphase.
Ainsi un chromosome dont le centromère est situé à équidistance des télomères est dit
métacentrique. Plus le centromère est proche d’un télomère, plus le chromosome s’écarte
d’une conformation métacentrique pour devenir submétacentrique, acrocentrique ou
télocentrique.
La prophase voit aussi la mise en place du fuseau mitotique. Le fuseau est l’appareil qui
séparera, au moment venu, les chromatides sœurs du chromosome. Le fuseau mitotique est
un assemblage de microtubules qui remplace l’assemblage normal de la cellule en dehors de
la mitose. Les deux paires de centrioles se déplacent dans la cellule et commencent à
s’éloigner l’une de l’autre, formant entre elles un faisceau de microtubules. Lorsque les paires
de centrioles atteignent les pôles opposés de la cellule, un faisceau de microtubule est orienté
vers le centre la cellule et un second est orienté vers la membrane plasmique, il s’agit du
faisceau radial.
Au moment de la formation du fuseau mitotique, l’enveloppe nucléaire est progressivement
démantelée. Les composants de l’enveloppe nucléaire ne disparaissent pas mais sont
incorporés au réticulum endoplasmique. Cette incorporation n’est pas surprenante lorsqu’on
connait l’origine évolutive de l’enveloppe nucléaire. Le démantèlement de l’enveloppe
nucléaire est le résultat d’un désassemblage du cytosquelette qui supporte les membranes de
l’enveloppe. En effet, lors de la prophase, les protéines de la lame nucléaire, les lamines
nucléaires organisées en tétramères, sont phosphorylées par une enzyme que nous nous
contenterons d’appeler MPF pour le moment. Il s’agit bien entendu d’une kinase. Une fois
phosphorylés, les tétramères de lamines nucléaires se séparent et l’enveloppe nucléaire perd
son support. Cette perte entraîne la désorganisation de l’enveloppe.
La plaque externe porte une structure encore mal identifiée et appelée couronne fibreuse. Il
s’agit vraisemblablement du support de protéines motrices, dans ce cas des dynéines, qui vont
constituer le pont entre ces structures et le microtubule. L’extrémité + des microtubules est
ancrée à la plaque externe du kinétochore par l’intermédiaire de protéines d’arrimage. Les
microtubules unis aux kinétochores sont appelés microtubules kinétochoriens.
Normalement, chaque chromosome voit une de ses chromatides s’unir à des microtubules
kinétochoriens provenant spécifiquement d’un seul et unique centrosome, c’est un
attachement amphitélique. Des défauts d’attachement peuvent apparaître et mener à des
divisions anormales ou inefficaces.
La métaphase
Grâce au bon arrimage des chromosomes aux microtubules, ceux-ci subissent des forces de
traction identiques vers chaque pôle des cellules, ce qui les conduit inexorablement vers
l’équateur de la cellule. Le moment précis où les chromosomes sont alignés sur l’équateur de
la cellule est la métaphase, l’aboutissement de la prométaphase. Cette zone, où les
chromosomes sont situés, est nommée la plaque équatoriale. Elle ne représente aucune
structure particulière mais sera l’axe de la future division cellulaire. Dans ce plan, les
chromosomes sont placés à peu près en cercle. Ce cercle peut être observé lors d’une vue
polaire de la cellule (Figure 134).
L’anaphase
L’anaphase est la phase la plus courte de la mitose et consiste en la séparation des
chromatides sœurs de chaque chromosome. Cette phase débute par la dégradation des
protéines qui maintiennent ensemble les chromatides sœurs. Cette protéine est la cohésine,
concentrée au niveau des centromères et elle est dégradée simultanément dans tous les
chromosomes par une protéase spécialisée nommée séparase. Une fois qu’elles sont libérées
l’une de l’autre, les chromatides sœurs sont entraînées vers les pôles cellulaires grâce, entre
autres, au raccourcissement des microtubules kinétochoriens.
Parallèlement à la séparation des chromatides sœurs, les pôles cellulaires, les centrosomes,
s’écartent l’un de l’autre. Ces mouvements, ceux des chromatides et des centrosomes, sont
le résultat de deux types d’évènements : la modification de la longueur des microtubules et
l’action de protéines motrices. Ces évènements concourent aux mêmes évènements. En ce
qui concerne les microtubules, ils sont répartis en 3 catégories. Les microtubules
kinétochoriens, les microtubules polaires et les microtubules astraux (Figure 135).
Les premiers, les microtubules kinétochoriens unissent les kinétochores aux centrosomes.
Durant la prométaphase et l’anaphase, ces microtubules se raccourcissent par
dépolymérisation de leurs deux extrémités, entrainant les chromatides sœurs vers les pôles
cellulaires opposés. Les seconds sont les microtubules polaires ou chevauchant. Ils sont émis
par chaque centrosome et se chevauchent au niveau de leur extrémité + à l’équateur de la
cellule. Ces microtubules s’allongent lors de l’anaphase. Les derniers sont les microtubules
astraux. Ils unissent les centrosomes à la membrane plasmique des pôles cellulaires. Ces
microtubules se raccourcissent durant l’anaphase.
Pour accomplir l’anaphase, la modification de la longueur des microtubules est secondée par
l’action de protéines motrices. Tout d’abord au niveau des microtubules kinétochoriens, le
point d’attache de ces derniers au kinétochore fait intervenir la dynéine. Cette protéine
motrice remorque donc une chromatide le long du microtubule vers son extrémité -, c’est-à-
dire vers le centrosome. La conjonction du raccourcissement du microtubule et du
déplacement de la protéine motrice et de son cargo entraîne donc la séparation des
chromatides et leur rapprochement des centrosomes. Ensuite, les microtubules polaires
provenant des centrosomes opposés, sont unis les uns aux autres au niveau de leur région de
chevauchement. Cette union est assurée par des protéines motrices qui font glisser les
microtubules l’un sur l’autre pendant leur allongement. Chaque microtubule polaire est donc
poussé vers son centrosome respectif grâce à l’action de ces protéines motrices. Cette
poussée a pour effet l’écartement des pôles cellulaires. Enfin, les microtubules astraux sont
unis à la membrane plasmique au niveau des pôles par des protéines motrices. Ces dernières
tirent sur les microtubules pendant leur dépolymérisation. Cette traction tire le centrosome
vers la membrane plasmique du pôle cellulaire. La conjonction des effets de la modification
de la longueur des microtubules et de l’action des protéines motrices a pour résultat
l’allongement de la cellule, l’écartement des centrosomes et la séparation des chromatides
sœurs.
La télophase
L’anaphase se poursuit par la dernière phase de la mitose, la télophase. Durant celle-ci, le
fuseau mitotique se désorganise par dépolymérisation et, au même moment, l’enveloppe
nucléaire se reforme. La reformation du noyau repose sur la déphosphorylation des lamines
qui avait été l’élément déclencheur de son démantèlement. Cette déphosphorylation
provoque la formation, à partir d’éléments du réticulum endoplasmique, d’une l’enveloppe
nucléaire autour de chaque chromatide qui commence immédiatement à se décondenser. Ces
fragments de chromatines, entourés par un fragment d’enveloppe nucléaire, fusionnent les
uns avec les autres jusqu’à reproduire un noyau contenant toutes les molécules de
chromatines localisées dans la future cellule fille.
Questions
1) Associez la fonction de protéines motrices à des processus cellulaires différents de la
mitose.
2) La vincristine inhibe la polymérisation des microtubules. Peut-elle avoir une fonction
anti-mitotique ?
Le cycle cellulaire
La cellule reçoit quasi en permanence des stimulus de son environnement, de ses voisines.
Ces stimulus influencent profondément la vie de la cellule. Ainsi, on peut percevoir des
stimulus de survie qui indiquent à la cellule qu’elle doit maintenir une activité de base
compatible avec sa survie. Ces stimulus de survie peuvent être combinés à d’autres signaux,
dont un signal de division, qui prend le plus souvent la forme d’une protéine, un facteur de
croissance.
Le cycle cellulaire comme nous l’envisageons n’existe que chez les eucaryotes. Il est constitué
par la succession de 4 phases appelée G1, S, G2 et M. L’ensemble des phases G1, S et G2 porte
le nom d’interphase. La phase M, en dehors de cette interphase, contient deux évènements,
la mitose elle-même et la cytodiérèse. La succession des étapes s’effectue toujours dans le
même ordre, G1, S, G2 et M, puis le cycle recommence (Figure 136).
Figure 136 : Représentation schématique du cycle cellulaire et des phases qui le constituent.
La durée d’un cycle cellulaire varie très fortement en fonction du type de cellule considéré. Il
est généralement plus court dans des cellules embryonnaires. Par exemple, la durée du cycle
cellulaire d’une cellule embryonnaire de Drosophile est de l’ordre de 10 minutes, alors que la
durée de celui d’une cellule différenciée adulte est de l’ordre de 24h. Des extrêmes existent,
c’est le cas des hépatocytes, dont la durée du cycle dépasse les 8700 heures … soit un an.
D’autres cellules quittent ce cycle en G1 pour entrer dans une phase de quiescence appelée
G0. Elles peuvent y rester, des jours, des semaines, des mois, des années, voire ne jamais en
sortir. C’est le cas des neurones et des cellules musculaires. L’étape G1 est la principale phase
de croissance des cellules. La phase S est l’étape durant laquelle s’effectue la réplication de
l’ADN.
Figure 137 : Représentation des résultats obtenus par Masui, Markert & Smith, Ecker.
La découverte d’un régulateur positif de la phase M confirmait également ce qui avait été
suggéré par l’expérience de Rusch sur le blob – Physarum polycephalum. Le blob est une
espèce de protozoaire monocellulaire géant contenant des milliers de répliques de son noyau,
complètement synchronisés au niveau de leur mitose. Bien entendu, dans ce cas, il n’y a pas
de cytodiérèse. L’idée originelle qui expliquait cette synchronisation des mitoses était
l’existence d’une horloge biologique interne aux noyaux. Pour tester cette hypothèse, Rusch
et ses collaborateurs ont pratiqué des fusions entre deux blobs à des moments différents de
leur cycle cellulaire. Les deux blobs sont décalés de 2 heures dans le déclenchement de leur
mitose et ce décalage se maintient au fur et à mesure des cycles cellulaires. Les chercheurs
ont fusionné des proportions variables de ces blobs, puis ils ont observé le décalage qu’il y
avait entre les déclenchements de la mitose dans ces blobs fusionnés et dans les blobs
d’origine. L’importance dans le décalage dépend de la proportion des blobs fusionnés,
suggérant un effet de dilution. Les scientifiques ont émis l’hypothèse que l’horloge biologique
imaginée au départ était dans le cytosol et non dans le noyau, et qu’il s’agissait
vraisemblablement d’une substance dont la concentration augmentait progressivement
Figure 138 : Evolution au cours du cycle cellulaire de l’activité du MPF et de l’abondance relative de la cycline B.
Que savons-nous déjà ? Nous savons que l’abondance de la cycline fluctue et que celle de cdk1
est constante. Nous savons également que c’est le complexe cycline B-cdk1 qui pousse la
cellule vers la phase M. Voyons maintenant comment est régulée la fluctuation de
l’abondance de la cycline. L’apparition de la cycline B dans la cellule est le résultat de
Figure 140 : Résultats obtenus par Rao et Johnson dans leurs expériences de fusion cellulaire.
Dans la première expérience, ils ont effectué une fusion entre une cellule en phase S et une
cellule en G1. Le résultat de l’expérience faisait apparaître que dès la fusion, le noyau
initialement en phase G1 entreprenait une phase S. Ce résultat rappel bien entendu ceux
obtenus lors des expériences de micro-injection de cytoplasme et suggère qu’il existe dans la
cellule en phase S un élément régulateur positif de l’entrée dans cette phase et que celui-ci
pousse la cellule en G1 dans la phase S. Dans la seconde expérience, la fusion entre une cellule
en phase S et une cellule en phase G2 a été réalisée. Dans ce cas, l’élément régulateur se
montre incapable de pousser le noyau en G2 vers la phase S. Ce qui semble indiquer que le
Figure 141: Évolution au cours du cycle cellulaire de l’activité du complexe cycline E-cdk2 et de l’abondance relative de la
cycline et de la cdk correspondantes.
Mais pourquoi arrêter le cycle dans ce cas ? Le cycle est arrêté pour permettre à la cellule de
mettre en œuvre des mécanismes de réparation. Ces mécanismes, quoique très intéressants,
ne seront pas abordés dans ce cours. Si la cellule parvient à réparer son ADN, il n’y a plus
d’activation de la protéine p53, la transcription de p21 s’arrête et le cycle peut redémarrer.
Par contre, si la réparation de l’ADN n’est possible, l’abondance de p21 s’accroît d’avantage
ce qui envoie la cellule vers un programme de mort programmée appelé apoptose.
Le point de contrôle en G2
Le point de contrôle en G2 vise également à vérifier l’intégrité du génome. Le mécanisme est
cependant plus simple, au moins en apparence, que lors du point de contrôle en G1. Tout
comme dans ce dernier, les dommages à l’ADN sont évalués par la cellule et mène à
l’activation d’une cascade de kinases. La kinase terminale phosphoryle une protéine nommée
cdc25 pour « cell division cycle ». Il s’agit d’une phosphatase, soit une enzyme qui catalyse
l’enlèvement de groupement phosphates. Celle-ci est destinée à éliminer les phosphates
inhibiteurs qui avaient été ajoutés au complexe MPF en préambule de son activation (figure
4). La phosphorylation de cdc25 entraîne sa translocation du noyau vers le cytoplasme, c’est-
à-dire à distance de sa cible moléculaire le MPF, où elle ne peut plus l’activer. Il en résulte,
une fois encore un blocage du cycle, mais ici en phase G2. Le but de cet arrêt est identique à
celui de l’arrêt en G1, permettre à la cellule de réparer son ADN ou à défaut l’envoyer vers la
mort.
Le point de contrôle en M
Le dernier point de contrôle se trouve en métaphase de la mitose. Ce point de contrôle vérifie
l’attachement correct des kinétochores aux microtubules. Nous avons vu lors du chapitre
précédent que l’attachement devait être amphitélique pour assurer une séparation correcte
des chromatides sœurs et ainsi éviter des anomalies chromosomiques.
Prenons l’exemple d’une configuration monotélique de l’attachement d’un chromosome. Cet
attachement laisse un kinétochore libre, non occupé par les microtubules. Le kinétochore libre
Le complexe APC activé est une ubiquitine ligase, c’est-à-dire une enzyme qui lie des
ubiquitines à son substrat. Le complexe APC fonctionne à deux niveaux pour avancer dans la
mitose (Figure 144).
Lors de l’oscillation de l’activité du complexe cycline B-cdk1, le MPF, c’est le complexe APC qui
marque la cycline B pour la dégradation en lui transférant des molécules d’ubiquitine. De cette
manière, APC éteint le signal d’entrée en mitose.
Nous avons découvert dans le chapitre précédent, que l’anaphase nécessitait la dégradation
d’une protéine d’union des chromatides sœurs, la cohésine. C’est une enzyme qui catalyse
cette dégradation, elle porte le nom de séparase. Pour éviter que la cohésine ne soit dégradée
au mauvais moment, c’est-à-dire entre la phase S et l’anaphase, la séparase est inhibée par
une protéine qui interagit avec elle, la sécurine. Pour promouvoir l’anaphase, l’APC transfert
de l’ubiquitine sur la sécurine qui est alors détruite par le protéasome. La séparase est alors
libérée et active pour séparer les chromatides sœurs, l’anaphase peut avoir lieu.
La mort de la cellule
Plutôt dans ce chapitre, nous avons évoqué le blocage du cycle cellulaire qui pouvait amener
la cellule à déclencher un programme de mort cellulaire si l’ADN ne pouvait être réparé.
Bien entendu, il n’existe pas qu’une seule forme de mort cellulaire. Les chercheurs en
décrivent jusqu’à une dizaine, avec des différences parfois très subtiles. Les plus évidentes
sont la mort purement accidentelles, la nécrose, et une mort pleinement organisée,
l’apoptose (Figure 145).
Figure 145: Images obtenues par microscopie électronique d’une cellule normale (A), d’une cellule en apoptose (B) et d’une
cellule en nécrose (C). Image issue de https://doi.org/10.1007/s10495-008-0187-8
La nécrose
La nécrose résulte d’une altération de la cellule. La cellule subit une étape de gonflement
réversible jusqu’à un certain point. Lorsque ce point est franchi, la membrane plasmique se
rompt. C’est la lyse de la cellule, et les composants intracellulaires sont déversés dans l’espace
intercellulaire. Cette apparition de matériel normalement restreint à l’intérieur de la cellule,
provoque une activation du système immunitaire et une inflammation.
L’apoptose
A l’inverse de ce qui se déroule dans la nécrose, la cellule en apoptose ne subit pas de
gonflement, mais plutôt une condensation de tous les compartiments, et une vacuolisation
subséquente. En outre, la cellule maintient l’intégrité de sa membrane plasmique, empêchant
ainsi l’activation du système immunitaire. C’est cette forme de mort qui est induite lorsque le
cycle cellulaire ne peut être redémarré.
Nous l’avons vu la cellule reçoit quasi en permanence des stimulus de son environnement et
de ses voisines. Certains de ceux-ci sont des signaux de survie qui peuvent être combinés à
d’autres signaux modifiant le devenir de la cellule, comme induire sa division ou sa
différenciation. Mais il existe aussi des signaux de morts qui peuvent se substituer au signal
de survie. Ces signaux peuvent être exogènes ou endogènes. L’absence de stimulus de survie
est aussi un élément qui conduit la cellule vers la mort.
La seconde voie passe par un signal moléculaire extérieur, un ligand qui se lie à un récepteur
membranaire. Cette liaison provoque, elle aussi, l’activation d’une caspase initiatrice, la
procaspase 8 qui entame une cascade culminant à l’activation de la caspase effectrice, la
caspase 3.
Ces caspases effectrices, sont les tueurs à gage de la cellule. Par leur activité protéolytique,
elles vont dégrader des protéines importantes de la cellule ce qui va aboutir à la mort de celle-
ci.
Questions
1) Citez quelques protéines, vues dans d’autres chapitres, dont l’activité est modifiée par
une (dé)phosphorylation.
2) Expliquez la différence entre une kinase et une ATPase.
3) La protéine pRb est-elle le produit d’un proto-oncogène ou d’un gène suppresseur de
tumeurs ?
La méiose
La méiose a été décrite pour la première fois en 1883 par un scientifique Liégeois, Edouard
Van Beneden. De nos jours, le processus de la fécondation est très bien établi. A la fin du 19ème
siècle ce n’était pas le cas même s’il était clair que la formation des gamètes nécessitait la
réduction de moitié du nombre de chromosomes, sans cette réduction chaque fécondation
verrait une multiplication par deux du nombre de chromosomes et en 10 générations, le
nombre de chromosomes des cellules humaines serait passé de 46 à 46 x 210, soit plus de
47.000 chromosomes. Cette explosion du nombre de chromosomes ne s’observe pas car la
méiose réduit le nombre de chromosomes lors du passage de la cellule mère vers les cellules
fille.
La ploïdie
Pour bien comprendre l’intérêt de la méiose, il est important d’avoir une vue très claire de ce
qu’est la ploïdie d’une cellule et de comment varie la quantité d’ADN des cellules au cours des
cycles cellulaires. La ploïdie est le nombre de jeux complets de chromosomes, un jeu complet
est désigné par un « n ». Dans le cas de l’humain, notre « n » est égal à 23. Notre espère est
caractérisée par 23 chromosomes différents, 23 chromosomes qui portent les gènes qui font
de nous des êtres humains. Cependant, nous sommes tous nés d’une fécondation. La
rencontre d’un spermatozoïde émis par notre père et d’un ovule émis par notre mère. Ces
deux cellules humaines contenaient chacune 23 chromosomes. La fusion des deux cellules a
produit notre première cellule, le zygote. Le zygote, résultat de cette fusion, porte donc 46
chromosomes. Chacun des 23 chromosomes qui font de nous des humains est présent en
double dans cette première cellule qui va se diviser jusqu’à former un être vivant complet.
Chacune de nos cellules portera ces 46 chromosomes, ces 23 paires de chromosomes, puisque
chacune de nos cellules sera issue de mitoses successives dont le but est de produire des
cellules filles génétiquement identiques entre elles et identiques à la cellule mère. A l’âge
adulte, chacun de nous produira des gamètes capables de perpétuer notre espèce et donc son
patrimoine génétique.
Dans le cycle des générations, on perçoit clairement que le nombre de chromosomes est
maintenu constant sous la forme de paires de chromosomes grâce à la réduction de ce
nombre dans des cellules spécialisées, les gamètes. Nos cellules disposent donc toutes de ces
deux jeux de chromosomes. Elles sont diploïdes, on dit qu’elles sont « 2n ». Bien entendu nos
gamètes ne possèdent qu’un seul jeu complet de chromosomes. Elles sont donc « n » ou
haploïdes. C’est la méiose qui permet cette réduction de diploïde vers haploïde. La
Figure 147 : Evolution de la quantité d’ADN dans une cellule au cours des phases du cycle cellulaire.
Un complément d’ADN représente une molécule d’ADN. Donc, en G1 dans les cellules
diploïdes, puisque les chromosomes existent sous la forme de paires et que chaque
chromosome est une molécule d’ADN, le nombre de complément est égal à 2. On dit que la
cellule est 2C. Alors qu’en G2, puisque la réplication de l’ADN a eu lieu, le nombre de
complément est égal à 4. La cellule est dite 4C. Dans le cycle cellulaire, les cellules humaines
restent diploïdes mais leur quantité d’ADN évolue de 2C à 4C.
La méiose est donc constituée de deux divisions. La première division de la méiose, aussi
appelée méiose I ou division réductionnelle, est tout comme la mitose divisée en phases qui
portent d’ailleurs les mêmes noms que les phases de la mitose. On leur additionne simplement
le chiffre I pour mentionner qu’il s’agit de phases méiotiques liées à la méiose réductionnelle.
Il s’agira donc de la prophase I, de la prométaphase I, de la métaphase I, de l’anaphase I et la
télophase I. Comme dans la mitose, la télophase I sera suivie par une cytodiérèse. Si les noms
des phases sont identiques à ceux rencontrés dans la mitose, les évènements qui s’y déroulent
sont parfois très différents.
La division réductionnelle
La prophase I est le siège de la condensation progressive de la chromatine. Cette condensation
progressive de la chromatine se fait autour d’une structure protéique. Cette condensation va
faire apparaître de longs filaments dans le nucléoplasme. Ces filaments s’attachent à la face
interne de l’enveloppe nucléaire grâce à des plaques d’attachement. Ce moment de la
prophase I s’appelle la phase leptotène, ce qui signifie littéralement la phase des filaments
fins.
Les filaments fins du leptotène, s’associent par paires. Les filaments qui appartiennent à la
même paire et donc, qui portent les mêmes gènes, sont dit homologues. Durant la prophase
I, ces filaments homologues vont s’associer l’un à l’autre de façon extrêmement précise dans
un processus qui porte le nom de synapsis. Ce processus aboutit à la formation d’un complexe
qui unit les filaments et qui porte le nom de complexe synaptonémique. Ce complexe permet
d’aligner avec exactitude les gènes homologues portés par chaque filament homologue.
Le complexe synaptonémique qui réunit les filaments homologues est constitué de protéines
qui forment un élément central. Cet élément central est relié à deux éléments latéraux.
Chacun d’entre eux interagit avec la chromatine des chromatides homologues. Le complexe
synaptonémique comprend de la cohésine, une protéine qui unit, d’une part, les chromatides
sœurs entre elles et, d’autre part, les filaments homologues entre eux. Cette association des
filaments homologues et donc de 4 chromatides, portent le nom de tétrade ou encore de
bivalent. Tétrade puisqu’il y a quatre chromatides sœurs et bivalent puisqu’il y a deux
filaments homologues. Le complexe synaptonémique est complètement mis en place à la fin
Figure 149 :Représentation d’une recombinaison intrachromosomique entre les allèles « libre » et « collé » portés par les
chromatides homologues non-sœurs.
La recombinaison intrachromosomique
La recombinaison intrachromosomique, souvent rencontrée sous le terme « crossing-over »
est un échange de portions de chromosome entre les chromatides non sœurs des
chromosomes homologues (Figure 149). Quel est l’intérêt d’un tel échange puisque les
chromosomes homologues portent les mêmes gènes ? Et en effet, ils portent les mêmes gènes
mais pas forcément les mêmes allèles. Un gène est un élément informatif du patrimoine
génétique. Il va définir un trait génétique. Par exemple, le gène qui caractérise la forme du
lobe de l’oreille. Ce qui va déterminer que le lobe soit libre ou collé, c’est la forme particulière
que prend ce gène. Il s’agit de l’allèle. L’allèle « libre », l’allèle « collé ». Avant la
recombinaison, chaque chromosome porte le même allèle sur les deux chromatides sœurs,
puisque ces chromatides sœurs sont des copies identiques l’une de l’autre aux erreurs de
réplication près. Après la recombinaison intrachromosomique, un fragment de chromosome
a été échangé entre les deux chromatides non sœurs des chromosomes homologues. Il en
résulte que si sur la région échangée, les allèles n’étaient pas identiques, les deux chromatides
sœurs portent maintenant des allèles différents. Statistiquement, chaque méiose entraine
une recombinaison intrachromosomique par paire de chromosomes.
L’étape pachytène est suivie par la désintégration du complexe synaptonémique et donc une
séparation des chromosomes homologues qui restent cependant unis par les régions où ont
eu lieu les recombinaisons intrachromosomiques. C’est ce qu’on appelle les chiasmas. Cette
étape porte le nom de diplotène, c’est-à-dire deux filaments. Elle voit également une
décondensation des chromosomes pour permettre une transcription très active.
La diacinèse clôture la prophase I. Les chromosomes se condensent à nouveau et se détachent
de l’enveloppe nucléaire. Tout comme dans la mitose, l’enveloppe nucléaire est démantelée
La première division méiotique réduit donc la quantité d’ADN dans les cellules filles par
rapport à ce qui est observé dans la cellule mère. Cette réduction est le résultat de la
séparation des tétrades. Pour cette raison, on parle de division réductionnelle. Puisque le
nombre de chromosomes est réduit de moitié pendant cette division, les cellules filles sont
haploïdes (1n) avec 2C d’ADN. Cette première division méiotique est suivie par une période
La dynamique des microtubules combinée encore une fois à l’action des protéines motrices
va provoquer la séparation des chromatides sœurs vers les pôles cellulaires. La télophase II et
une cytodiérèse vont clôturer la méiose.
La méiose II réduit donc encore une fois la quantité d’ADN dans les cellules filles par rapport
à ce qui était observé dans la cellule mère. Cependant cette fois, il ne s’agit pas de la réduction
de la ploïdie puisque la cellule mère était déjà haploïde. Il s’agit d’une réduction du nombre
Questions
1) Comment expliquez-vous que la seconde recombinaison interchromosomique
dépende de la recombinaison intrachromosomique ?
2) Dans une cellule diploïde d’une espèce où n=1, peut-il y avoir des recombinaisons ?
3) A l’aide d’un tableau, comparez la mitose et la méiose.
Toutes les cellules souches n’ont pas le même potentiel. Les cellules issues des premières
divisions du zygote sont des cellules souches. Elles ont la capacité de donner naissance à des
progéniteurs capables de se différencier en toutes les cellules de l’organisme, y compris les
annexes embryonnaires lorsque l’espèce en dispose. En outre, elles ont également la capacité
de réorganiser un être vivant complet et viable. De cette manière, si une telle cellule souche
La différenciation et la détermination
La différenciation d’une cellule est sa spécialisation. C’est l’acquisition d’une fonction
spécifique, comme le transport d’O2 pour le globule rouge, ou la contraction pour la cellule
musculaire, grâce à l’apparition de caractéristiques cellulaires qui peuvent être sa forme, la
synthèse de certaines protéines ou encore l’utilisation de certaines voies métaboliques. Cette
différenciation prend place dans une cellule en raison de l’expression d’un nombre limité de
gènes spécifiques de la fonction à accomplir par la cellule. Reprenons l’exemple du globule
rouge. Sa cellule progénitrice se différencie et le gène codant l’hémoglobine y est transcrit. La
cellule progénitrice de la cellule musculaire se différencie et les gènes codants les protéines
contractiles y sont transcrits. A l’inverse, une cellule de l’œil ne produit pas d’hémoglobine ou
de protéines contractiles. On comprend donc que la différenciation est une modulation de
l’expression des différents gènes de notre patrimoine génétique. Cette modulation est
typique de chaque type cellulaire, et entraîne l’expression de certains gènes et l’arrêt de
l’expression d’autres.
La modulation typique de l’expression est contrôlée au moins par deux éléments que nous
connaissons déjà : l’épigénétique et les facteurs de transcription spécifiques (voir page 119).
En effet, il existe les facteurs de transcription qui sont spécifiques à un type cellulaire donné.
La détermination d’une cellule souche est la perte de ses capacités de différenciation. Ainsi,
une cellule souche totipotente pourra donner naissance à toutes les cellules de l’organisme.
L’embryologie descriptive
Le développement des multicellulaires repose sur un programme de modifications
systématiques, dirigé par des gènes particuliers, et au cours duquel un organisme passe par
des stades successifs. Le développement est décrit comme une succession d’étapes bien
définie et délimitée, mais il s’agit simplement d’un subterfuge pédagogique. Le
développement est un continuum. L’ensemble du processus fait intervenir des divisions
cellulaires, la différenciation, la détermination, la formation de plans et la morphogenèse,
mais tout commence avec une formation de gamètes et une fécondation.
La spermatogenèse
Chez les mammifères, les gamètes mâles et femelles se forment par des processus
comparables basés sur la méiose et qui porte le nom de gamétogenèse. La spermatogenèse,
qui est la gamétogenèse chez le mâle, débute à la puberté et se déroule dans les testicules au
niveau de tubes appelés tubules séminifères (Figure 154). Dans la paroi du tube, du côté
périphérique, le plus éloigné de la lumière, se trouve les cellules germinales appelées
spermatogonies. Il s’agit, comme toutes nos cellules, de cellules diploïdes. Les
spermatogonies sont des cellules souches unipotentes. Elles se divisent par mitose, de façon
à entretenir le pool de cellules souches. Lors de mitoses asymétriques, elles donnent
naissance à une cellule progénitrice, le spermatocyte I. Tout en se rapprochant de la lumière
du tubule, ce dernier va entamer une méiose. A l’issue de la division réductionnelle, le
spermatocyte devenu haploïde s’appellera spermatocyte II. A l’issue de la division
équationnelle, il deviendra le spermatide.
Un spermatocyte I donne donc naissance à 4 spermatides. Il ne s’agit pas encore d’un gamète.
Le spermatide doit encore subir une étape de maturation, lui permettant d’acquérir le flagelle
La fécondation
La première étape dans le développement est l’union des gamètes mâles et femelles, la
fécondation. Chez les animaux terrestres, comme les Humains, la fécondation est interne afin
de protéger l’embryon de la dessiccation.
Cette fécondation est initiée par la fusion de la membrane plasmique du spermatozoïde avec
celle de l’ovule, c’est-à-dire un ovocyte II. Cette étape n’est pas simple car l’ovule est entouré
Dans le but d’empêcher la fécondation multiple qui aboutirait à un zygote avec plus de deux
assortiments chromosomiques et donc polyploïde, une réaction rapide se met en place lors
de la fusion des membranes. A cette fin, l’onde de dépolarisation, que nous venons de décrire,
entraîne la libération dans l’espace périvitellin du contenu de petites vésicules cytosoliques et
localisées à proximité de la membrane plasmique. Les enzymes libérées éliminent les
récepteurs membranaires d’arrimage et durcissent la zone pellucide la rendant ainsi
imperméable aux spermatozoïdes et augmentant la protection du futur embryon.
Le noyau spermatique se décondense et devient le pronucléus mâle, c’est-à-dire un noyau
gamétique, ne contenant qu’un génome haploïde.
L’ovocyte II et le premier globule polaire immobilisés en métaphase II reprennent le cours de
leur méiose et les seconds globules polaires sont formés. A ce stade, trois globules polaires
ont été générés et une ovocyte mature haploïde et 1C. Par la suite, les structures de l’appareil
microtubulaire de division sont détruites. Le futur appareil microtubulaire se formera à partir
des centrioles paternels. Le patrimoine génétique femelle s’enferme dans un pronucléus. Les
deux pronuclei subissent séparément une phase S.
Grâce à l’action du centrosome paternel et des microtubules qu’il génère, les pronuclei se
rapprochent. Il n’y a pas de réelle fusion des pronuclei mais les enveloppes de chaque
pronuclei se démantèlent pendant que la chromatine se condense en chromosomes. Les
chromosomes s’arrangent sur la plaque équatoriale par l’action des microtubules et de
protéines motrices. Cette mise en commun des chromosomes sur l’appareil microtubulaire
signe l’apparition du zygote, la première cellule diploïde d’un nouvel organisme.
La segmentation
Très rapidement, les microtubules répartissent les chromosomes dans les deux premières
cellules de l’embryon. C’est le stade bicellulaire.
De mitose en mitose, le nombre de cellules dans l’embryon va s’accroître. Ces cellules qui
constituent l’embryon sont appelées des blastomères. Au bout de 96 heures, une trentaine
de cellules forment l’embryon qui est alors au stade morula. Chacun de ces blastomères est
une cellule souche totipotente. Durant ces divisions, la taille de l’embryon n’augmente pas,
chaque cellule fille sera donc deux fois plus petite que la cellule dont elle est issue.
On peut bien entendu se poser la question suivante : comment une cellule différenciée, le
gamète, et a priori déterminée puisqu’elle provient d’une cellule souche unipotente, peut-elle
devenir après fécondation une cellule souche totipotente et donc non déterminée ? La
réponse à cette question se cache dans la faculté du zygote à subir une déméthylation
La blastulation
Tout en étant toujours incluse dans la zone pellucide, la morula subit la blastulation. Les
cellules les plus internes de la morula se resserrent les unes contre les autres, c’est l’étape de
compaction. Le nouvel organisme se développera uniquement à partir de ces cellules qui
constituent l’embryoblaste ou bouton embryonnaire. Pendant ce temps les cellules
extérieures s’aplatissent et se lient les unes aux autres par des jonctions cellulaires. Ces
cellules forment une paroi cellulaire épithéliale appelée trophoblaste et qui donnera
naissance aux annexes embryonnaires. Par ce procédé, une cavité se forme à l’intérieur de
l’embryon qui devient le blastocyste (Figure 159). Cette cavité, appelée blastocœle, se remplit
de liquide. Les cellules du bouton embryonnaire s’accumulent à un pôle du blastocyste, il s’agit
du pôle embryonnaire. Les cellules du pôle embryonnaire sont des cellules souches
embryonnaires pluripotentes.
Figure 159 : Image d’un blastocyste obtenue par microscopie par contraste de phase de Nomarski. Image adaptée de
http://www.embryology.ch
Figure 160 : Implantation de l’embryon dans la paroi utérine. Image adaptée de https://quizlet.com
Le cytotrophoblaste est une couche interne de cellules avec une activité mitotique intense. Ce
sont les cellules précurseurs du syncytiotrophoblaste. Le syncytiotrophoblaste est une couche
de cellules multi-nucléées obtenues par fusion de cellules du cytotrophoblaste. Le résultat
multi-nucléé d’une fusion de cellules est un syncytium.
Le syncytiotrophoblaste sécrète des enzymes et des substances provoquant l’apoptose des
cellules de la muqueuse utérine. Il peut ainsi envahir la muqueuse en direction des vaisseaux
sanguins qui s’y trouvent. Au paroxysme de son développement, le syncytiotrophoblaste
entoure complètement le blastocyste qui est maintenant complètement enfoui dans l’utérus.
Figure 161 : Schéma du processus de gastrulation et du mouvement cellulaire qui y est associé. Image adaptée de
http://www.embryology.ch
Figure 162 : Migration des cellules épiblastiques vers l’hypoblaste et entre les feuillets originaux. Image adaptée de
http://www.embryology.ch
Le clonage
Il est difficile d’aborder un chapitre consacré aux cellules souches et au développement sans
mentionner le clonage. Il faut toutefois discerner le clonage reproductif, destiné à former un
être vivant entier et viable, du clonage thérapeutique qui vise à former des tissus ou des
cellules d’un individu dans l’optique d’une thérapie.
Un clonage reproductif peut être obtenu de différentes façons. La première est d’ailleurs très
naturelle puisqu’il s’agit de la scission d’un embryon à un stade précoce. Cette scission peut
apparaître très tôt, au stade morula. Dans ce cas, chaque cellule de la morula étant une cellule
souche totipotente, il y a formation subséquente de deux individus génétiquement identiques
et possédant chacun ses propres annexes embryonnaires. On parle de jumeaux homozygotes
diplacentaires et diamniotiques. Si la séparation se fait plus tard, au stade d’un blastocyste
non implanté, les jumeaux formés sont homozygotes monoplacentaires mais diamniotiques.
C’est-à-dire, qu’ils disposent chacun de leur propre cavité amniotique. Lorsque la scission
s’opère au stade blastocyste mais après l’implantation, les jumeaux produits seront
homozygotes mais avec un placenta et une cavité amniotique communs. Toutes les scissions
ultérieures, dès la formation du disque embryonnaire, seront soit non viables, soit produiront
des jumeaux conjoints c’est-à-dire partageant certaines parties de leur anatomie.
Bien entendu, lorsqu’on parle de clonage reproductif, ce n’est pas de cela dont on parle. On
pense à Dolly ! On l’ignore très souvent mais le clonage reproductif n’est pas une chose neuve.
La première trace d’un clonage animale vertébré remonte à 1952 avec le clonage d’une
grenouille. La dernière tentative couronnée de succès remonte à 2010. Un bovin a été cloné
après sa mort à partir d’une cellule unique et conservée congelée.
Revenons à la célèbre Dolly pour expliquer la procédure d’un clonage reproductif. Le but est
donc de produire un animal vivant qui est une copie exacte d’un animal déjà existant. Pour y
parvenir, trois choses sont nécessaires. Un œuf, un patrimoine génétique et une mère
porteuse. Dans l’expérience de Dolly, trois variétés de moutons ont été utilisées pour bien
démontrer qu’il s’agissait du clonage d’un individu particulier (Figure 164).
Le premier mouton a donné un œuf, un ovocyte II. Le patrimoine génétique de cette cellule a
été prélevé et éliminé. Il s’agit d’un œuf énucléé. Le second mouton, celui qui doit être cloné,
a donné des cellules somatiques diploïdes, c’est-à-dire non germinales. Dans le cas du clonage
de Dolly, il s’agissait de cellules de la glande mammaire. Mais d’autres cellules auraient tout
aussi bien convenu. Ce mouton donneur était une femelle, mais il aurait très bien pu s’agir
d’un mâle. Les cellules prélevées sont les cellules donneuses du noyau et donc du patrimoine
génétique. Une de ces cellules a été fusionnée avec l’œuf énucléé. Cette fusion produit donc
Cette cellule s’est divisée à quelques reprises in vitro avant d’être implantée dans l’utérus d’un
troisième mouton, la mère porteuse, qui a donné naissance à un agneau, Dolly, le clone du
mouton donneur nucléaire.
Malheureusement, Dolly est morte après 7 ans en raison d’un vieillissement prématuré qui a
été expliqué par des télomères arrivés précocement à la limite minimale de leur taille (voir
page 148).
Mais un clone est-il vraiment une copie parfaite de l’individu donneur du noyau ? Une
première réponse simple peut-être donnée en pensant au génome mitochondrial qui est issu
de l’œuf énucléé et non de la cellule donneuse de noyau. En cela, on peut répondre que les
deux individus ne sont pas des copies parfaites. Mais les différences s’arrêtent elles là ? Pour
le savoir, intéressons-nous de plus près à Copy-cat, un chat cloné en 2001. Copy-cat est le
clone de Rainbow, une femelle écaille de tortue (Figure 165). L’image parle d’elle-même,
Copy-cat ne ressemble pas à Rainbow et pourtant ils portent le même patrimoine génétique
nucléaire. La différence entre eux réside dans le corpuscule de Barr (voir page 237). De façon
inattendue, le processus de clonage a maintenu le chromosome X condensé en corpuscule de
Barr de la cellule somatique prélevée à Rainbow.
Figure 168 : Cycle de vie (A) schématique et (B) observé en microscopie électronique de Dictyostellum discoideum. CC Creative
Commons Attribution - Share Alike 3.0, David Brown & Joan E. Strassmann. SEM courtesy of MJ Grimson & RL Blanton,
Biological Sciences Electron Microscopy, Texas Tech University.
Figure 169 : Arbre phylogénique (A) et biodiversité relative (B) de 1397 clades de multicellulaires eucaryotes. Image issue de
https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1001381.
Cette foison d’êtres vivants est organisée par une discipline de la biologie, la taxonomie. Une
des méthodes de classification repose sur la relation de parenté entre les taxons. Il s’agit de
la phylogénie ou encore cladistique. Ce dernier nom provient du fait que cette classification
ne reconnaît que les groupes monophylétiques ou clades, c’est-à-dire à des groupes de taxons
qui contiennent tous les descendants de leur dernier ancêtre commun. La cladistique organise
le vivant en considérant toutes ses caractéristiques comme ayant des valeurs égales, que ce
soit des caractéristiques macroscopiques, microscopiques, moléculaires,…
La biodiversité du vivant
Il est entendu que nous ne pouvons, ni voulons décrire dans ces pages toute la biodiversité
même réduite à celle des eucaryotes (Figure 171).
Figure 171 : Cladogramme simplifié du vivant. Le terme procaryotes est représenté en italique car il ne correspond pas à un
clade. Basé sur les informations de https://doi.org/10.1016/j.tree.2019.08.008
Figure 172 : Microphotographies électroniques de trophozoïtes de Giardia (a) fixés à la muqueuse intestinale de l’hôte ou (b)
libre. Images provenant du Centre de Prévention et Contrôle des Maladies (CDC - Center for Disease Control and Prevention).
Tous les 6 à 12 jours, le trophozoïte s’immobilise dans le système digestif de son hôte et se
fixe aux microvillosités des entérocytes où ils prennent une forme kystique avant d’être
rejetés avec les selles. Ce rejet contamine éventuellement les eaux. L’ingestion d’eau
contaminée entraîne la libération de 2 trophozoïtes dans le système digestif du nouvel hôte.
Leur multiplication se fait par fission binaire.
Le Trichomonas est un membre des parabasalia. Ce sont des unicellulaires anaérobies pouvant
parasiter la cavité orale, le côlon ou le vagin des Humains où ils engendrent ou participent à
des gingivites et à des trichomonoses intestinales ou urogénitales. Il n’existe que sous une
forme végétative équipée de 4 flagelles (Figure 173).
L’agent responsable de la « maladie du sommeil » (la trypanosomiase Africaine) est un
euglenozoa, le Trypanosome. Il s’agit encore d’un unicellulaire uniflagellé transmis par la
morsure de la mouche tsé-tsé (plusieurs espèces de Glossines). La mouche est donc le vecteur
de la maladie. Lorsque la mouche hématophage pique un Humain infecté, la parasite passe
dans le système digestif de l’insecte et s’y multiplie par fission binaire. Le parasite migre vers
les glandes salivaires de la mouche et continue à s’y multiplier de façon asexuée. Ce sont ces
parasites qui seront transmis à l’homme lors d’une piqure par la mouche. Après quelques jours
dans le sang (Figure 173) et la lymphe de l’hôte, le Trypanosome atteint les méninges et le
3
La nomenclature reprise dans ces pages est partielle et ne doit pas être connue. Sa seule valeur est l’exemple
et l’intérêt biologique que ces derniers peuvent susciter.
Figure 173 : Microphotographie d’un Trichomonas vaginalis et de Trypanosomes dans le sang d’un Humain infecté.
Les euglenozoa ne sont pas tous des parasites, ils englobent également des algues
unicellulaires flagellées comme les euglènes que vous avez peut-être eu la chance d’observer
lors du TP de biologie consacré à l’utilisation du microscope.
Le groupe des Alveolata
Les Alveolata représentent un groupe d’unicellulaires assez divers contenant entre autres les
ciliés, les dinoflagellés, et les apicomplexés.
Les ciliés sont des protozoaires, comme la paramécie ou le stentor, dont la surface est
recouverte de cils vibratiles responsables de leur locomotion. Chaque cil possède une
mitochondrie qui lui est dédiée. Les ciliés possèdent deux noyaux, le micronoyau diploïde
reproducteur et le macronoyau polyploïde végétatif. Le macronoyau contrôle les fonctions
trophiques de la cellule, exprimant les gènes nécessaires à la vie courante. Par contre, le
micronoyau est utilisé lors de la reproduction sexuée par conjugaison. La nutrition des ciliés
est assurée par le battement des cils qui créent un mouvement d’eau drainant les proies
bactériennes vers un cône, le péristome, où elles sont phagocytées, puis digérées par des
lysosomes. Certains ciliés sont pathogènes mais rarement pour l’homme.
Les dinoflagellés constituent un groupe d’unicellulaires biflagellés dont certains sont
hétérotrophes et d’autres autotrophes. Ils font partie du plancton des eaux douces et marines.
Ils sont responsables des efflorescences algales et des marées rouges. C’est un dinoflagellé,
Alexandrium catenella, qui est responsable de certains empoisonnements d’humains par le
biais de la consommation de coquillages. Cet organisme produit une neurotoxine, la saxitoxine,
pouvant causer des paralysies respiratoires entrainant la mort.
Les apicomplexés sont des unicellulaires parasites d’animaux, dont l’homme. Leur cycle de vie
est constitué par une alternance entre une génération haploïde et une génération diploïde
(Figure 174). Nous avons déjà rencontré un apicomplexé lorsque nous avons décrit l’usage de
la méiose chez l’agent du paludisme, Plasmodium falciparum. Cet agent vit au détriment de
deux hôtes : le moustique et l’humain. Le moustique est le vecteur de la maladie et non sa
cause. La salive du moustique contient des cellules haploïdes du parasite. Ces cellules
haploïdes sont appelées des sporozoïtes. 30 minutes après la piqure, ces sporozoïtes arrivent
au foie de l’humain et pénètrent dans les hépatocytes. Pendant 10 jours, les sporozoïtes se
Les bryophytes
Les bryophytes rassemblent les mousses que nous avons tous vues au pied des arbres, sur le
sol ou sur les toits des maisons. La caractéristique principale des bryophytes est l’absence de
racines et d’un système conducteur. Pour cette raison, elles sont dites avasculaires. L’absence
d’un tissu vasculaire limite la taille de ces organismes à quelques centimètres. Elles possèdent
Figure 176 : Schéma des trachéides et des éléments de vaisseaux du xylème et microphotographies de sections longitudinales
dans du xylème.
Le phloème transporte la sève élaborée, c’est-à-dire une solution de sucres formés par la
photosynthèse. Chez les angiospermes, le phloème est composé d’éléments criblés. Il s’agit
de cellules dont les parois transversales sont percées de pores. Contrairement aux éléments
de vaisseaux et aux trachéides, ces cellules sont vivantes et empilées les unes sur les autres
pour former les tubes criblés. La sève élaborée passe donc de cellule en cellule, mais sans
franchir la membrane plasmique. Ces cellules vivantes sont anucléées et la quasi-totalité de
leurs organites ont disparus. Pour survivre dans ces conditions, les éléments criblés sont
associés à des cellules compagnes, nucléées et contenant d’abondants ribosomes. Ces deux
cellules proviennent de la même cellule méristématique mère et communiquent par de
nombreux plasmodesmes (Figure 177).
Les plasmodesmes sont des jonctions communicantes entre cellules végétales voisines. Il
s’agit de ponts cytoplasmiques franchissant des interruptions des parois adjacentes. Ces
jonctions représentent des voies de passage pour l’eau, les solutés, les hormones et même les
virus.
Les carpelles, qu’ils soient soudés ou non, peuvent être anatomiquement divisés en 3 régions :
une extrémité aplatie et collante destinée à recevoir le pollen et appelée stigmate, une région
plus ou moins allongée qui supporte le stigmate et dénommée style, et la région inférieure
qui contient les mégasporanges et appelée ovaire. Les mégasporanges sont anatomiquement
appelés ovules.
Les anthères sont la partie supérieure des étamines. Tout comme le carpelle, il s’agit d’une
feuille spécialisée qui s’est enroulée pour protéger les microsporanges aussi appelés sacs
polliniques.
Précisons – Le texte ci-dessus décrit le système floral des angiospermes en utilisant des
termes anatomiques (carpelle, ovule – anthère, sac pollinique) et des termes fonctionnels
Au sein des sacs polliniques, les cellules mères (microsprocytes) vont également subir la
méiose pour former chacune 4 cellules filles, les microspores haploïdes. Chaque microspore
se divise par mitose pour former un grain de pollen, le microgamétophyte, constitué de 2
cellules : une cellule végétative et une cellule générative. Lorsque le grain de pollen se
déposera sur le stigmate d’un carpelle, la cellule végétative formera par mitose un tube
pollinique qui s’insinuera au sein du carpelle jusqu’à atteindre la mégagamétophyte. La cellule
L’adhésion
L’adhésion des cellules entre elles ou des cellules à la matrice se fait par l’intermédiaire de
protéines spécialisées appelées « CAM » pour « cell adhesion molecules ». Ces CAM
appartiennent à 4 grandes familles : les intégrines que nous avons mentionnées plus haut, la
superfamilles des immunoglobulines, les cadhérines et les sélectines. Chacune d’entre elles a
une fonctions spécifique et s’unit à un ligand tout aussi spécifique. Ainsi, les cadhérines et les
immunoglobulines établissent des liaisons homotypiques, c’est-à-dire qu’elles s’unissent à des
CAM de la même famille. Par contre, les intégrines et les sélectines créent des liaisons
hétérotypiques, avec des CAM d’un type différent.
Figure 183 : Les différents types d’adhésion cellulaire dans un épithlium. Les jonctions d’ancrage sont représentées en bleu.
Les jonctions étanches sont indiquées en vert et les jonctions communicantes en orange. Image adaptée de
https://www.open.edu
Dans le cas du système digestif, les jonctions serrées jouent un rôle capital comme nous le
décrirons plus tard. Ce type de jonction est normalement présent dans les épithélia, un des 4
tissus fondamentaux. Ces jonctions assurent l’étanchéité des épithélia, les tissus de
recouvrement qui recouvrent la surface du corps ou tapissent les organes creux. Ces jonctions
forment une ceinture qui entoure la cellule et l’unisse à ses voisines. Cette spécificité leur
permet de réguler les passages paracellulaires de solutés, c’est-à-dire le passage entre les
cellules. Outre ce rôle de régulation de la perméabilité paracellulaire, les jonctions serrées
ségrégent également les constituants membranaires dans deux régions distinctes, le pôle
apical et le pôle basolatéral. Ces cellules sont dites polarisées.
Le tube digestif
Chez la majorité des animaux, le système digestif prend la forme d’un tube constitué de
plusieurs couches appelées tuniques. La tunique la plus interne du tube est la muqueuse. Elle
est suivie par la sous-muqueuse adossée à la musculeuse (Figure 184). La couche la plus
externe du tube digestif se nomme séreuse. La muqueuse est elle-même constituée de 3
couches, l’épithélium, c’est-à-dire la couche de cellules qui borde la lumière du tube digestif.
Elle repose sur la lame basale. Sous cette dernière se situe la lamina propria qui est un tissu
conjonctif. Enfin, une couche de cellules musculaires termine cette muqueuse. Cet aspect est
conservé tout au long du tube digestif, de l’œsophage jusqu’à l’anus. Seule la proportion de
chaque couche et la forme de l’épithélium changent au long du tube.
La cavité buccale
La cavité buccale est le premier compartiment du système digestif. C’est dans ce dernier que
se déroule aussi la première étape de la digestion. Il s’agit d’une digestion mécanique grâce à
la mastication et une digestion chimique grâce aux constituants émis dans la salive produite
par 3 paires de glandes salivaires : les glandes parotides localisées sous et en avant des oreilles,
les glandes sous-mandibulaires situées sous la mâchoire et les glandes sublinguales situées
sous la langue.
Figure 185 : Mécanisme simplifié de la sécrétion de salive par les cellules exocrines des glandes salivaires.
Ces glandes sont dites exocrine puisqu’elles libèrent une substance à l’extérieur de
l’organisme, dans la cavité buccale. La composition de la salive est complexe, elle contient
entre autres des ions et des enzymes (Figure 185). Parmi les ions, l’HCO3- y joue un rôle
tampon important. Du côté apical des cellules exocrines, la sécrétion de l’ion HCO3- vers la
salive repose sur un transport actif secondaire couplé à une pompe de l’ion Cl-. Du côté basal,
l’entrée du HCO3- repose également sur un transport actif secondaire dépendant du sodium
grâce à l’action de la Na+, K+-ATPase.
Toujours du côté basal, un récepteur à l’acétylcholine provoque la sortie du calcium du
réticulum endoplasmique lisse. L’augmentation de la concentration cytosolique en calcium
entraîne l’exocytose contrôlée des granules de sécrétion contenant différentes protéines dont
Figure 186 : Schéma de la structure et de l’organisation de la paroi de l’estomac. Image issue de https://quizlet.com
La paroi de l’estomac (Figure 186) répond à la description générale que nous avons faites du
tube digestif. Elle est constituée d’une muqueuse, d’une sous-muqueuse, d’une musculeuse
et d’une séreuse. La muqueuse est elle-même divisée en un épithélium, une lamina propria,
et une couche musculaire. Une caractéristique de la muqueuse gastrique est l’existence de
structures arrondies appelées glandes gastriques. Il s’agit du prolongement des cryptes
gastriques et coupées en biais. L’épithélium gastrique contient plusieurs types cellulaires dont
les cellules pariétales responsables de la sécrétion de l’acide, de l’HCl, et des cellules
principales ou « chief cells » et responsables de la sécrétion d’enzymes.
Le pancréas est également une glande mixte puisque 5% de sa masse participent à sa fonction
endocrine par l’intermédiaire des ilots de Langerhans qui produisent deux hormones
extrêmement importantes, l’insuline et le glucagon. Elles contrôlent toutes deux la glycémie,
c'est-à-dire la concentration de glucose dans le sang qui doit être maintenue dans des limites
étroites. La fraction exocrine est donc majoritaire. Il s’agit de cellules acinaires, qui forment
des acini, de petites structures organisées en sacs autour de petits canaux qui se rejoignent
en canaux de plus en plus larges. Les cellules acinaires sont aisément reconnaissables par
l’accumulation de granules de sécrétion à proximité de leur pôle apicale. Ces granules
contiennent les enzymes qui constituent le suc pancréatique.
Le suc gastrique est un fluide riche en HCO3- et en enzymes sécrétées par exocytose par les
cellules acinaires. Ces enzymes protéolytiques peuvent hydrolyser des peptides, des
polysaccharides, des lipides ou des acides nucléiques, soit toutes les classes de molécules
biologiques.
L’amylase pancréatique, quoique différente de l’amylase salivaire au niveau de sa structure
primaire, catalyse une réaction identique. Les nucléases catalysent l’hydrolyse des acides
nucléiques. La lipase pancréatique humaine clive les triglycérides en monoacylglycérol et en
acides gras. Pour fonctionner de façon optimale, elle requiert la présence d’une protéine co-
enzyme, la colipase, qui est sécrétée sous la forme d’un zymogène inactif. Les protéases du
suc pancréatique sont, elles aussi, sécrétées sous la forme d’un zymogène comme nous
l’avons vu dans le cas du pepsinogène. Il s’agit principalement du trypsinogène, du
chymotrypsinogène, de la procarboxypeptidase et de la proélastase.
L’intestin grêle
Le duodénum reçoit donc le chyme acide de l’estomac, la bile du foie par l’intermédiaire de la
vésicule biliaire où elle a été stockée et concentrée, et le suc pancréatique. Ces deux liquides
Figure 188 : Schéma illustrant l’action de la lipase pancréatique et de la colipase sur des gouttelettes lipidiques. Image issue
de Pearson Education.
Tout au long de la lumière de l’intestin grêle, les protéines qui s’y trouvent vont poursuivre
leur hydrolyse initiée par la pepsine dans l’estomac. L’action progressive des endopeptidases,
comme la trypsine, la chymotrypsine ou l’élastase, qui clivent la chaîne peptidique par son
milieu, et celle des exopeptidases qui hydrolysent progressivement les peptides par leurs
extrémités, vont produire des acides aminés libres et de courts peptides qui vont être
Figure 189 : Schéma de la digestion du maltose et de l’absorption subséquente du glucose. Image issue de Pearson Education.
La structure microscopique de l’intestin grêle est clairement en lien avec sa fonction principale
qui est l’absorption des nutriments. A cette fin, la surface d’absorption est maximisée par
l’accumulation de plis microscopiques, appelés villosités, recouverts par les cellules
absorbantes, les entérocytes. A cela s’ajoute un niveau complémentaire de microplis, les
microvillosités, qui sont observables au sommet apical de chaque entérocyte pour constituer
L’hérédité
La ressemblance entre les membres d’une famille est le résultat de l’hérédité, c’est-à-dire la
transmission de traits contrôlés par des facteurs génétiques. Depuis très longtemps on sait
que chacun d’entre nous ressemble un peu à son père, un peu à sa mère, sans pour autant
être une copie identique de l’un d’eux. Bien entendu, certains traits ne sont pas génétiques et
sont acquis, c’est par exemple votre capacité à lire ou de vous coiffer d’une certaine façon.
Ces traits acquis ne sont pas transmis à la descendance.
Les premières expériences sur l’hybridation datent du 18ème siècle et concernent des
croisements réalisés sur des plans de tabac par le botaniste allemand Josef Koelreuter. Il a
ainsi ouvert la voie à la génétique moderne. Koelreuter et d’autres ont observé que des traits
se transmettaient de génération en génération et que d’autres disparaissaient pour
réapparaître dans des générations ultérieures. Il faudra cependant attendre Gregor Mendel
pour que ces observations soient quantifiées.
Gregor Mendel était un moine Autrichien qui a fait des études scientifiques à l’Université de
Vienne. De retour dans son monastère, après ses études, il se consacre à la vie monastique et
à l’étude de l’hybridation de la plante de pois, Pisum sativum. En terme de génétique, ce choix
était opportun, puisqu’il existe de nombreuses variétés de pois, Mendel en a d’ailleurs étudié
34 dont il en a sélectionné 7 différentes par des caractères simples à observer : la forme de la
graine, la couleur de la graine, la couleur de la fleur, la couleur de la gousse, la forme de la
gousse, la position des fleurs sur la tige et la taille de la plante. En outre, le cycle de vie de
cette plante est court, ce qui permet d’observer plusieurs générations sur une année. Le
dernier avantage de la plante de pois est que chaque fleur y est hermaphrodite. Elles
possèdent donc les organes mâles et femelles, et l’autofécondation y est possible.
Pour réaliser ses études, Mendel laissait d’abord les plants de pois, d’une variété donnée,
s’autoféconder pendant de nombreuses générations pour s’assurer que le trait étudié était
transmis sans modification de génération en génération. On dit aujourd’hui qu’il s’agit d’une
lignée pure.
Mendel croisait ensuite les plants qui avaient des formes alternatives pour les caractères
étudiés. Pour y parvenir, et éviter l’autofécondation, il éliminait les étamines, les organes
mâles, de certaines fleurs et prélevait le pollen d’une autre fleur qu’il utilisait pour faire son
hybride. Nous avons vu dans un chapitre précédent que le grain de pollen n’était pas un
gamète. Cependant, c’est lui qui produit le gamète mâle par mitose. La procédure de Mendel
correspond donc bien à un croisement par fusion de gamètes.
Le monohybridisme
Mendel a d’abord suivi la transmission d’un seul caractère à la fois. On parle dans ce cas de
monohybridisme. Nous allons analyser les résultats de Mendel en nous concentrant sur un
Figure 190 : Représentation d’une expérience de monohybridisme. Le couleur rose est dominante, la couleur blanche est
récessive.
Mendel a ensuite permis aux fleurs des plantes de génération F1 de s’autoféconder et les
graines issues de cette autofécondation ont été plantées pour donner naissance à la seconde
génération fille notée F2. Dans cette génération, la majorité des plants portait des fleurs
pourpres, mais certains portaient des fleurs blanches, la forme récessive du caractère.
Mendel a précisément noté les proportions de chaque forme dans ses croisements. Il obtint
929 individus en F2 dont 705 portaient des fleurs pourpres et 224 des fleurs blanches. Soit
une proportion de ¾ avec la forme dominante et ¼ avec la forme récessive. Cette proportion
restait constante quel que soit le caractère étudié. Autrement dit, le rapport entre dominants
et récessifs parmi les plantes de génération F2 était toujours de 3 pour 1 (Figure 190).
Mendel étudia ensuite comment les plantes de génération F2 transmettaient le caractère aux
générations suivantes par autofécondation. Toutes les plantes dont le caractère était de forme
récessive ne généraient que des graines germant en plantes à fleurs blanches. Il s’agissait donc
d’une lignée pure. Par contre seul 1/3 des plantes dont le caractère était dominant se
comportait de la même façon en ne produisant que des plantes avec la forme dominante. Il
s’agissait donc là aussi d’une lignée pure. Les 2/3 des plantes dont le caractère était dominant
généraient des descendants qui se répartissaient dans le rapport 3:1 en forme dominante et
forme récessive. Ces résultats font penser que le rapport 3:1 observé en F2 par Mendel était
Figure 191 : Résultats sur 3 générations de l’hybridation de deux plantes de lignées pures et de caractères opposés.
Le croisement de contrôle
A la vue de ces résultats, la question est donc : comment discerner parmi les individus
dominants ceux qui sont de lignées pures et ceux qui ne le sont pas. Mendel imagina un
système simple, le « test-cross » ou croisement de contrôle (Figure 192). Il s’agit de croiser
l’individu dominant dont on ignore s’il est de lignée pure avec un individu récessif pour le
même caractère, et donc de lignée pure. Dans ce cas, les individus dominants de lignée pure
donneront une descendance formée uniquement d’individus avec la forme dominante du
caractère. Par contre, les individus dominants de lignée non pure donneront une descendance
constituée de 50% d’individus dominants et 50% d’individus récessifs.
Le génotype et le phénotype
Le verbe « exprimer » vient d’être utilisé à plusieurs reprises. Quel est le processus biologique
qui se cache derrière ce verbe ? Il s’agit bien entendu de l’expression du gène, soit sa
transcription et éventuellement sa traduction. Puisque nous sommes diploïdes, pour chaque
gène faisant partie du patrimoine génétique de notre espèce, deux copies existent. Ces copies
peuvent être constituées de deux allèles identiques ou de deux allèles différents. L’ensemble
des copies constitue notre génotype, notre patrimoine génétique. Or les 2 allèles ne seront
pas exprimés, seul l’allèle dominant sera exprimé, sera visible dans notre apparence, sauf si
Le dihybridisme
Après avoir suivi la transmission d’un seul caractère à la fois, Mendel se demanda si des
caractères différents se transmettaient ensemble dans la descendance. Il a donc réalisé des
expériences d’hybridation à partir de lignées pures mais en suivant 2 caractères
simultanément, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui le dihybridisme. Lorsqu’il a entrepris ce
travail, Mendel pouvait se baser sur ces résultats de monohybridisme et savait qu’elles étaient
les traits dominants et les traits récessifs.
Pour expliquer le dihybridisme, nous allons choisir deux traits, la couleur de la graine, qui peut
être jaune ou verte, sachant que la forme jaune est dominante, et la forme de la graine, qui
peut être lisse ou ridée, la forme lisse étant dominante.
Mendel a donc hybridé des plants issus de graines parentales jaunes et lisses avec des plants
issus de graines parentales vertes et ridées. Les graines issues de cette hybridation étaient
toutes jaunes et lisses. Elles n’exprimaient que les traits dominants. La forme récessive des
traits disparaissait en F1.
Mendel a semé les graines et permis aux plantes de s’autoféconder pour analyser la
génération F2. On peut tenter d’anticiper les résultats obtenus par Mendel. Dans un premier
Figure 193 : Résultats d’une expérience de dihybridisme concernant 2 traits dépendants. Le locus Y décrit la couleur de la
graine (Y = jaune, y = vert) tandis que le locus L décrit la forme de la graine (L = lisse, l = ridée).
Mais que se passerait-il si les caractères étaient indépendants, c’est-à-dire portés par des
chromosomes différents ? Une paire de chromosomes porte le caractère couleur, une autre
paire de chromosomes porte le caractère forme de la graine. Bien entendu, en génération F1,
rien de change, toute la descendance est hétérozygote. Pour chaque paire de chromosomes,
un homologue porte l’allèle dominant et l’autre homologue porte l’allèle récessif. Par contre,
lors de l’autofécondation, plusieurs types de gamètes peuvent être envisagés puisque la
première recombinaison interchromosomique de la méiose distribue les chromosomes
homologues aléatoirement dans les cellules filles. Le carré de Punnett décrit les 4 possibilités
différentes de gamètes et donc les 16 possibilités d’individus de la génération F2. On y observe
9 individus à graines jaunes et lisses, et un individu à graines vertes et ridées. Ce sont les
phénotypes parentaux. Mais on y observe également des phénotypes mêlés, 3 individus à
graines jaunes et ridées et 3 individus à graines vertes et lisses (Figure 194).
Les résultats de Mendel, obtenus sur 556 graines, correspondent à cette possibilité, avec une
proportion de 9:3:3:1, 9/16 d’individus dominants pour les 2 caractères, 3/16 d’individus
dominants pour un des caractères, 3/16 d’individus dominants pour l’autre caractère et 1/16
qui n’est dominant pour aucun des caractères. Les caractères se comportent
indépendamment les uns des autres et Mendel désigne ce phénomène comme une
ségrégation indépendante des caractères. Cette ségrégation des caractères ne contredit pas
la ségrégation des allèles puisque, si on ne considère qu’un seul caractère, la proportion 3:1
prédite par Mendel dans le cadre du monohybridisme reste d’application.
En conclusion, les allèles rouges et blancs sont incomplètement dominants, aucun d’entre eux
ne s’impose complètement sur l’autre. On parle dans ce cas de dominance incomplète.
Très souvent, pour illustrer la dominance incomplète, on fait appel au modèle de la belle de
nuit. Mais ce mode de transmission existe-t-il chez l’humain ? Et bien oui, un exemple est
l’hypercholestérolémie familiale. Qui peut prendre sa source dans un allèle déficient du
récepteur au lipoprotéine de faible densité ou LDL, contenant le cholestérol. Dans ce cas,
l’allèle fonctionnel est considéré comme l’allèle dominant et l’allèle non fonctionnel comme
étant récessif. L’individu homozygote dominant exprime des récepteurs fonctionnels,
capables de provoquer l’endocytose médiée par récepteur des LDL. Il en résulte un
concentration plasmatique basse en cholestérol lié au LDL. Les cellules de l’individu
homozygote récessif sont, elles, incapables de procéder à l’endocytose du LDL puisque leur
récepteur est inopérant. La concentration plasmatique en LDL-C est donc très élevée et il en
résulte des accumulations de lipides sous forme de tumeurs bénignes, d’accumulation
lipidique sous-cutanée ou dans la cornée. Les individus hétérozygotes, ont un phénotype
intermédiaire, avec des signes cliniques moins sévères.
La codominance
La codominance est un autre cas qui dépasse le concept de la génétique de Mendel et qui est
souvent confondu avec la dominance incomplète. Très souvent les gènes ne possèdent pas
uniquement 2 allèles, mais plusieurs allèles, dont plusieurs peuvent être simultanément
dominants et s’exprimer pleinement dans le phénotype. Chez les hétérozygotes, les deux
aspects des homozygotes sont retrouvés entièrement. On dit qu’ils sont codominants.
L’exemple le plus clair de codominance chez l’Humain est le groupe sanguin ABO.
Le groupe sanguin ABO est déterminé par un gène noté par la lettre « i » et codant une enzyme
impliquée dans la glycosylation des protéines à la surface du globule rouge. L’enzyme codée
par l’allèle IA ajoute une glycosylation, le déterminant antigénique, terminée par une N-
acétylgalactosamine. L’enzyme codée par l’allèle IB ajoute une glycosylation terminée par un
galactose. L’enzyme codée par l’allèle petit i n’ajoute pas de glycosylation terminale.
Puisqu’il y a 3 allèles disponibles pour ce gène, 6 génotypes sont possibles (Figure 196).
Il existe donc 4 groupes sanguins, les individus A qui sont IAIA ou IAi, les individus B qui sont IBIB
ou IBi, les individus AB qui sont IAIB, et les individus O qui sont ii.
Ces glycosylations sont reconnues par le système immunitaire. En conséquence, les individus
porteurs de l’allèle IA ne peuvent donner leurs globules rouges qu’au individus des groupes A
et AB. Les individus porteurs de l’allèle IB ne peuvent donner leurs globules rouges qu’aux
individus des groupes B et AB. Les individus porteurs simultanément des allèles IA et IB ne
peuvent donner leurs globules rouges qu’aux individus AB. Les individus porteurs uniquement
de l’allèle i peuvent donner leurs globules rouges à tous les receveurs.
L’hérédité polygénique
La majeure partie du temps, la relation entre génotype et phénotype est plus complexe que
la simple équation un caractère égale un allèle. Certains caractères ne sont pas simplement
binaires mais sont sujets à une variation continue. Il s’agit la plupart du temps de caractères
polygéniques, contrôlés par plusieurs gènes. Pour chaque caractère polygénique, plus le
nombre de gènes impliqué est élevé, et plus la variation continue est progressive.
Prenons un exemple, la couleur de la peau. Les individus de l’espèce Humaine ne sont pas
blancs ou noirs. La carnation de l’espèce humaine est un paramètre dont la variation est
continue. Outre l’influence de l’environnement, comme le bronzage, ou l’influence de
l’alimentation, la couleur de la peau est contrôlée génétiquement par 3 gènes, chacun
pouvant porter 2 allèles : un allèle clair et un allèle foncé. De plus, ce trait répond à une
transmission par dominance incomplète. Il existe donc pour les hétérozygotes, des
phénotypes intermédiaires.
Huit gamètes différents peuvent être produits, portant soit zéro, soit un, soit deux, soit trois
allèles foncés. Il y a donc 8 x 8 soit 64 combinaisons possibles pour la fusion de ces gamètes,
donnant naissance à 7 phénotypes différents concernant la carnation. Dans le cas du
croisement de deux individus hétérozygotes pour chacun de 3 gènes, les probabilités
d’apparition de chaque phénotype ne sont pas identiques mais se distribuent sur une courbe
de Gausse (Figure 197).
L’épistasie
Certains caractères répondent exactement à la génétique formelle de Mendel, mais leur
expression phénotypique peut être altérée par un autre gène. Il s’agit alors d’épistasie. C’est
le cas de la couleur du pelage du labrador. Le gène B qui code la couleur du pelage peut exister
sous 2 formes, une forme dominante, la couleur noire, et une forme récessive, la couleur
brune. Mais alors d’où vient la couleur beige ?
Figure 199 : Transmission du caractère w- lié au chromosome sexuel chez la mouche Drosophile.
La génération parentale était constituée de lignées pures. Le mâle aux yeux blancs était w-, et
la femelle aux yeux rouges était w+w+. Leur croisement a donné une descendance constituée
de 50% de mâles et 50% de femelles, en accord avec la ségrégation des chromosomes sexuels.
Les individus mâles de la génération F1 héritaient du chromosome Y de leur parent mâle et
aléatoirement d’un chromosome X de leur parent femelle, ce chromosome portait
invariablement l’allèle w+ rouge. Les mâles de F1 ont donc tous les yeux rouges.
Les individus femelles de F1 héritaient du seul chromosome X pouvant être donné par leur
parent mâle et donc portant l’allèle w- blanc. Ils héritaient également d’un chromosome X de
leur parent femelle, et ce chromosome portait invariablement l’allèle w+ rouge. Les femelles
de F1 ont donc toutes les yeux rouges et sont hétérozygotes.
Lors du croisement des individus F1, les individus de F2 mâles recevaient le chromosome Y de
leur parent mâle et aléatoirement un chromosome X de leur parent femelle. Puisque ce parent
était hétérozygote, le chromosome reçu pouvait soit porter l’allèle w+ rouge, soit l’allèle w-
blanc, ce dernier donnant des mâles aux yeux blancs.
Les individus femelles de F2, recevaient le seul chromosome X porté par leur parent mâle et
donc contenant l’allèle w+ rouge, et recevaient aléatoirement un des X du parent femelle, soit
w+ rouge, soit w- blanc. En raison de l’héritage inévitable du chromosome X porteur de l’allèle
w+ rouge du parent mâle, toutes les femelles de F2 ont les yeux rouges.
Figure 200 : Croisement de chats noir ou orange produisant un chaton femelle écaille de tortue.
La cartographie génétique
Les lois de Mendel et les règles de l’hérédité liée au sexe expliquent la majorité de notre
hérédité. C’est sans compter la possibilité de recombiner nos allèles pendant la méiose.
Jusqu’à présent nous avons évoqué la première recombinaison interchromosomique lors du
dihybridisme. Qu’en est-il de la recombinaison intrachromosomique ?
Nous avons vu précédemment, lors de l’étude du dihybridisme, que les caractères, des gènes,
pouvaient être dépendants ou indépendants, lié ou non liés. Lié signifiant portés par le même
chromosome et non lié indiquant que les gènes sont portés par des chromosomes différents.
Lors de la méiose, lors de la prophase I, des allèles d’un même caractère peuvent être
échangés entre chromosomes homologues. Cette recombinaison intrachromosomique doit
bien avoir un impact sur l’hérédité. Si les deux allèles sont transmis ensemble, la descendance
aura le phénotype des parents. Par contre, si une recombinaison a lieu entre les locus, la
descendance pourra mêler les phénotypes parentaux. Le premier chercheur à le prouver fut
Thomas Morgan.
Thomas Morgan étudiait le dihydridisme sur des drosophiles. Il suivait deux caractères dont il
connaissait les caractéristiques. Le caractère couleur du corps, qui pouvait prendre deux
formes : brun et noir. La forme noire étant récessive. Le trait est donc noté b pour black. Le
En l’honneur des travaux de Morgan, qui a aussi été lauréat du prix Nobel en 1933, il a été
décidé d’associer son nom à cette découverte. L’unité utilisée pour exprimer ce pourcentage
est donc le centimorgan cM. Prenez cependant garde, cette distance exprimée en cM n’est
pas une mesure directe de la distance physique entre les locus, elle ne représente rien en nm.
Figure 202 : Mécanisme d’évolution d’une espèce grâce à la sélection naturelle. Image issue de https://www.bu.edu
Mais la sélection naturelle n’est pas le seul élément pouvant modifier les fréquences alléliques.
C’est aussi le cas des migrations qui peuvent apporter des nouveaux allèles ou modifier la
Qu’en est-il de la probabilité qu’un individu soit hétérozygote ? Cela peut se produire de deux
façons, soit il reçoit un allèle dominant de son père et un allèle récessif de sa mère, soit
l’inverse. La probabilité du premier évènement est calculée par p.q et celle du second
évènement par q.p. puisque dans les deux cas, le résultat est identique, la probabilité d’être
hétérozygote correspond à la somme des probabilités individuelles, soit 2.p.q.
Si une population est à l’équilibre de Hardy-Weinberg, il est possible d’écrire le
développement binomial suivant :
Grâce à cet équilibre, il est aussi possible de prédire les fréquences dans les générations
suivantes puisque les fréquences des allèles sont également les fréquences des gamètes dans
la population. Si on respecte les conditions de l’équilibre de Hardy-Weinberg, les
accouplements dans une population se font au hasard. Chaque parent potentiel a donc 60%
de chance de donner l’allèle dominant et 40% de chance de donner l’allèle récessif. Dans ce
cas, on constate que les fréquences des phénotypes, celle des génotypes et donc celle des
allèles se maintiennent constante de génération en génération.
Cet équilibre de Hardy-Weinberg est donc un outil qui permet de prouver le processus évolutif
puisque si une des 5 conditions énumérées plus tôt ne se vérifie pas, l’équilibre sera rompu et
les fréquences changeront au fil des générations. Le déséquilibre pourrait provenir, par
exemple, d’un afflux extérieur d’individus homozygotes dominants ou de la fuite des individus
hétérozygotes. Mais aussi d’une sélection naturelle qui favoriserait les homozygotes, ou
encore des accouplements sélectifs produisant une descendance identique aux parents. Mais
cela reste à l’état d’hypothèses. D’autres raisons peuvent aussi expliquer les modifications de
l’équilibre de Hardy-Weinberg.
L’effet fondateur
La première est l’effet fondateur, il s’agit d’une forme particulière de migration. Dans ce cas,
une population ne modifie pas une autre mais en crée une nouvelle en colonisant un nouveau
territoire. Il est probable que les colons ne possèdent pas l’ensemble des allèles présents dans
la population dont ils proviennent. Ainsi certains allèles peuvent être perdus et la fréquence
des autres profondément modifiée. Des allèles rares dans la population d’origine peuvent
même devenir une fraction significative des allèles de la nouvelle population. Ce phénomène
La sélection
Certains individus laissent derrière eux une descendance plus abondante que d’autres
individus. Ce rendement est le résultat d’une sélection. Elle peut être artificielle lorsque
l’humain choisi les individus à hybrider en raison de caractéristiques précises pour obtenir
certaines races de chiens, de chats, de variétés de fruits. Mais elle peut aussi être naturelle
lorsque ce sont les conditions de l’environnement qui déterminent qui sont les individus les
plus aptes à survivre et à se reproduire.
L’évolution par sélection naturelle survient lorsque qu’il y a une diversité, une certaine
variation entre les individus d’une population. Elle opère en favorisant les individus qui
possèdent certains critères mieux adaptés à l’environnement. Si cette variation n’existait pas,
la sélection naturelle ne pourrait pas s’exercer. Cette variation interindividuelle dans une
population mène à des descendances dont l’abondance est différente. A cause de leurs
caractéristiques, de leur comportement, certains individus ont plus de succès que d’autres
dans la reproduction. Si ces caractéristiques sont d’ordre génétique, elles sont transmises à la
descendance.
La sélection naturelle est donc le processus par lequel l’évolution a lieu. La sélection naturelle
peut participer à l’évolution par plusieurs biais dont nous allons en décrire certains. Le premier
est l’évitement de la prédation. On le constate avec le phalène du bouleau dont deux variants
existent, un papillon aux ailes blanches et un aux ailes noires. Ce papillon vit sur le tronc de
bouleau, des arbres au tronc blanc. En raison de leur visibilité accrue, les phalènes noirs sont
plus fréquemment mangés par les prédateurs, des oiseaux, que les phalènes blancs. Puisque
les phalènes noirs sont plus souvent mangés, ils sont moins abondants et moins efficaces pour
se reproduire. De ce fait, l’allèle noir est moins transmis aux générations suivantes. On peut
d’ailleurs observer sur une carte la fréquence des formes de phalène distribuée sur le
territoire du Royaume-Uni en 1830 (Figure 204). La majorité, si pas la totalité des papillons est
de forme blanche. Durant le 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle certaines régions
du Royaume-Uni se sont fortement industrialisées avec l’usage du charbon comme source
d’énergie. Ces industries ont donc libéré dans l’atmosphère de nombreuses particules de suie
qui ont coloré le tronc des bouleau. Il en résulte une inversion complète de la sélection par
Figure 204 : Distribution des variants de Phalène sur le territoire du Royaume-Uni en 1830 et en 1950.
Le résultat de ce nouvel avantage phénotypique est une inversion des rapports alléliques dans
les régions industrialisées. L’allèle carbonaria, c’est-à-dire l’allèle noir quasiment absent avant
1850 prend l’ascendant jusqu’à être l’allèle majoritaire dans la première moitié du 20ème siècle.
Un autre exemple particulièrement éloquent de sélection est celui fourni par la résistance
d’organismes à des agents toxiques comme les pesticides ou les antibiotiques. Dans l’exemple
de la résistance aux antibiotiques, on peut imaginer que la population naïve de bactéries
ciblées, c’est-à-dire qui n’a pas encore été exposée à l’agent toxique, était constituée de
variants sensibles et d’autres insensibles à l’antibiotiques. Il s’agit de variants génétiques
apparus à l’occasion de mutations aléatoires. Ces variants résistants, puisque produits au
hasard, sont moins fréquents que les variants sensibles. Bien entendu, les souches résistantes
aux antibiotiques ne sont pas complètement résistantes. Il s’agit d’une fonction de dose. Dans
ce contexte, à une concentration donnée en antibiotique, certaines cellules meurent et
d’autres survivent. Mais si la concentration en antibiotique est suffisante, toutes les bactéries
meurent. Cependant, chez le patient, la dose d’antibiotique administrée ne peut pas dépasser
certaines limites pour des raisons de toxicité. Si la concentration en antibiotique appliquée est
insuffisante pour détruire les bactéries résistantes, celles-ci vont perdurer dans l’organisme
et, grâce à l’effet « bottle neck », régénérer une population neuve avec des propriétés de
résistance accrue par rapport à la population d’origine.
Nous avons vu dans le chapitre consacré à la génétique que la couleur de la peau humaine
était un caractère continu en raison de la dominance incomplète des 3 gènes qui la code et de
l’existence pour chacun d’entre eux de 2 allèles différents. Cependant, nous savons tous que
la distribution des phénotypes de couleur de peau dépend de la latitude à laquelle on fait
l’observation. Il s’agit d’une sélection par l’environnement. Les peaux sombres sont plus
La spéciation
Nous venons d’expliquer comment la variété génétique pouvait être maintenue et modifiée
dans de nouvelles populations. Cependant, cela n’explique pas l’apparition de nouvelles
espèces. Une question ancienne est : Comment une espèce ancestrale peut-elle donner
naissance à une espèce dérivée ? La notion d’espèce peut être définie par la notion
d’isolement de reproduction, nous l’avons suggéré lors du tout premier chapitre. Deux
individus de sexe opposés appartiennent à la même espèce s’ils sont interféconds et si leur
descendance est fertile.
L’apparition d’une nouvelle espèce est la spéciation. Si elles disposent de suffisamment de
temps, deux populations isolées divergeront en raison d’une dérive génétique, de l’apparition
de mutations aléatoires. Cette divergence aléatoire peut être responsable de l’isolement
reproducteur et la spéciation se développera. A l’inverse de ce que l’on pense généralement,
la spéciation ne donne pas naissance à une nouvelle espèce mais à deux nouvelles espèces
puisque les deux populations isolées divergent l’une de l’autre mais aussi de la population
originelle où elles n’étaient pas isolées. Par exemple, les ours actuels, qu’ils soient bruns,
blancs ou noirs, sont des espèces différentes. L’ours brun et l’ours blanc descendent d’un
ancêtre commun qui n’était ni un ours brun ni un ours blanc. Cet ancêtre commun aux ours
bruns et blancs avait un ancêtre commun avec les ours noirs actuels. Cet ancêtre n’était pas
non plus un ours noir.
L’isolement reproductif n’est pas nécessairement lié à une modification profonde du
patrimoine génétique, il peut parfois s’agir simplement d’une adaptation à l’environnement
qui modifie le comportement ou la morphologie. Par exemple, l’Anolis est un lézard qui utilise
une expansion cutanée colorée, le fanon, pour sa parade nuptiale. Ce lézard peut se retrouver
dans deux environnements différents. Les environnements clairs et ouverts ou les
environnements plus sombres. Les Anolis du premier environnement disposent d’un fanon de
couleur rouge alors que les Anolis du second environnement disposent d’un fanon de couleur
claire. Ces deux adaptations les rendent plus visibles dans leur environnement respectif pour
leur partenaire.
Il est probable que ces deux types de lézard appartenaient à la même espèce mais que deux
populations ont été isolées dans des habitats différents. Les fréquences génétiques ont été
modifiées jusqu’à faire disparaître certains allèles codant pour un fanon de couleur inefficace
dans la reproduction. L’isolement reproductif s’est bel et bien installé puisque à l’heure
actuelle les femelles d’une espèce donnée ne réagissent pas à la couleur du fanon qui ne
correspond pas à leur espèce.
La séparation géographique peut aussi être un moteur de spéciation. C’est d’ailleurs son
moteur le plus efficace. Une population qui est subitement séparée géographiquement par
un évènement, constitue deux populations qui peuvent évoluer en divergeant pour donner
des espèces différentes. Ces deux nouvelles espèces sont dites allopatriques. Cette division
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 248
Il est aussi possible de définir ce taux de croissance r comme étant la variation du nombre
d’individus dans une population pour un intervalle de temps donné. Bien entendu, elle peut
être positive, si la population s’accroît, ou négative, si la population régresse.
Précisons – Dans les modèles de croissance de population, le temps peut être remplacé
par le nombre de générations puisque la durée des générations est considérée comme
constante dans une population donnée.
Sur base de ce taux de croissance par individu, deux modèles au moins peuvent être proposés
pour décrire l’évolution d’une population. Le premier est un modèle de croissance à taux
maximum et sans limite, il considère que l’immigration et l’émigration sont égales (Figure 205).
Ce modèle d’une croissance exponentielle d’une population s’écrit :
. = ." ∙ - #∙%
+.
=(∙.
+0
Figure 205 : Modèles de croissance d'une population. La courbe rouge représente le modèle de croissance exponentielle d'une
population avec un r = 1,0 par génération. La courbe bleue correspond au modèle logistique de croissance d’une population
avec un r = 1,0 par génération et une capacité maximale K=1000 individus.
On se rend compte qu’un tel modèle de croissance exponentielle n’a pas de réalité biologique,
du moins sur toute la durée de vie de la population. En effet, au début de la colonisation du
milieu par la population, si les conditions environnementales sont suffisamment favorables
(richesse en ressources, absence de prédateurs, …) celle-ci se développe de façon
exponentielle. Cependant, la vitesse de croissance de la population finit par atteindre une
limite imposée par la raréfaction des ressources ou la limitation de l’espace. La population se
stabilise alors à un certain niveau correspondant à la capacité limite de l’habitat représentée
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 249
par K, le nombre maximum d’individus que le milieu peut supporter. Lorsqu’une population
s’approche de la capacité limite de l’habitat, sa croissance ralentit (Figure 205). Ce modèle de
croissance logistique ou sigmoïde s’écrit :
."
.=1∙
(1 − ." ) ∙ exp(−( ∙ 0) + .&
+. 1−.
=(∙.∙< =
+0 1
On note que la vitesse de variation dN/dt de la population suivant le modèle logistique est
égale à celle du modèle exponentielle corrigée par une fraction représentant la fraction de K
encore inutilisée. Plus N augmente, plus cette fraction devient petite et ralentit la croissance
de la population. A l’extrême, si N dépasse K, la fraction devient négative, ce qui entraîne la
réduction de la population.
Précisons – Les modèles décrits ci-dessous sont des modèles descriptifs et non
mécanistiques. Ils décrivent empiriquement des observations mais n’apportent aucune
informations sur les mécanismes de contrôle. En conséquence, ils sont peu adaptés aux
prédictions.
Dans certains cas, la correspondance entre les modèles de croissance et la croissance effective
d’une population n’est pas parfaite. Différents facteurs participent à cette différence. Il peut
s’agir de la densité de la population lorsque le taux de reproduction, le taux de décès ou les
deux sont affectés par la taille de la population. Les perturbations de l’environnement ou les
catastrophes sont, quant à elles, des effets indépendants de la densité de la population.
Certaines populations sont en dehors d’un équilibre et évoluent cycliquement. C’est par
exemple le cas lorsque la taille d’une population dépend d’une ressource alimentaire non
constante ou est soumise à la prédation. Enfin, la disponibilité des ressources peut influencer
les adaptations du cycle vital. Lorsque les ressources sont limitées, le coût de la reproduction
peut être très élevé. Par conséquent, la sélection favorisera plus drastiquement les individus
les plus compétitifs dans l’utilisation des ressources disponibles. Il en résulte une réduction
du taux de reproduction. Ces populations sont désignées comme « sélectionnées pour K »
puisqu’elles sont aptes à prospérer à proximité de la capacité limite de l’habitat. A l’inverse,
lorsque les ressources sont très abondantes, le prix de la reproduction sera faible et la
sélection se fera vis-à-vis des individus capables de se reproduire avec une descendance
nombreuse. Ces populations sont appelées « sélectionnées pour r ». La majorité des
populations naturelles peuvent adapter leur cycle vital pour osciller entre ces deux extrêmes.
La croissance de la population humaine
L’espèce Humaine est vraisemblablement de type « sélectionnée pour K » puisque ses portées
sont de petites tailles, la reproduction est tardive dans la vie des individus, et les petits font
l’objet de soins très longtemps. Pendant la majorité de l’histoire de notre espèce, la taille de
nos populations a été contrôlée par la disponibilité des ressources et sa croissance a été très
lente. Il y a 12000 ans, au début du néolithique, la population humaine de la Terre devait être
de l’ordre de 2 millions d’individus. Cette population s’est accrue progressivement jusqu’il y a
2000 ans. Elle était alors de l’ordre de 130 millions d’individus (Figure 206). En 1492, à la fin
du moyen-âge, la population s’élevait à 460 millions d’individus. Cette croissance lente
ressemble à celle d’espèces « sélectionnées pour K ».
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 250
Figure 206 : Evolution démographique de la population humaine au cours des âges.
Dès le début du 18ème siècle, les évolutions technologiques ont permis à l’Humain de mieux
contrôler la disponibilité des ressources alimentaires et de mieux soigner bon nombre de
maladies. Ces évolutions ont permis d’accroître la capacité limite de leur habitat. La croissance
logistique initiale de la population est donc à nouveau entrée dans la phase de croissance
exponentielle d’une nouvelle courbe logistique. Sans contrainte environnementale, la
croissance de la population humaine a donc explosé durant les 300 dernières années. A ce
rythme de croissance, la population humaine devrait atteindre 11 milliards d’individus en
2100 4 et doubler en moins d’un siècle avec éventuellement des conséquences graves sur
notre avenir. En effet, l’écosystème mondial est d’ores et déjà soumis à des tensions
considérables, nous ne pouvons donc pas espérer encore élargir sa capacité limite.
La capacité limite de la Terre
Les spéculations sur la capacité limite de Terre remontent au 17ème siècle. A ce jour, une
centaine d’études ont tenté d’estimer cette capacité limite et les résultats varient de 5.105 à
1021 individus (!). Ces estimations reposent sur des méthodes très différentes, tenant compte
ou non de la surface habitable, des ressources alimentaires ou en eau. Les méthodes les plus
sophistiquées tiennent compte de l’interdépendance des ressources et de la dynamique des
écosystèmes. La majorité des études sérieuses place la limite entre 8 et 16 milliards d’Humains.
En 1971, le chimiste Tyler Miller Jr écrivait : “Three hundred trout are needed to support one
man for a year. The trout, in turn, must consume 90 000 frogs, that must consume 27 million
grasshoppers that live off of 1 000 tons of grass” … à méditer.
4
Estimation de l’Organisation des Nations Unies.
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 251
Le cycle du carbone
Le carbone est l’élément principal constituant les organismes vivants et le CO2 en est la forme
la plus dynamique au travers des écosystèmes. Il est présent sous cette forme dans
l’atmosphère ou sous la forme d’ions carbonates (HCO3-) dans les milieux aquatiques (Figure
207).
Figure 207 : Représentation schématique du cycle biogéochimique du carbone. Les flèches jaunes symbolisent les transferts
de matières au travers de la chaîne alimentaire.
Dans le cycle du carbone, le carbone atmosphérique est fixé par les organismes
photosynthétiques (voir page 100). Ils utilisent le CO2 comme molécule donneuse de carbone
pour la synthèse de molécules organiques carbonées. Les hétérotrophes édifient leurs propres
molécules carbonées, directement ou indirectement, sur la base des molécules carbonées des
autotrophes. Tous les organismes vivants génèrent leur énergie chimique par l’intermédiaire
de la respiration (voir page 86) qui oxyde des molécules carbonées en CO2 remis à la
disposition des autotrophes photosynthétiques. L’activité humaine est également productrice
de CO2 via la combustion de molécules carbonées telles que les carburants fossiles ou les
matières organiques. Le cycle du carbone est une démonstration du couplage de la respiration
et de la photosynthèse au travers d’un écosystème. Au-delà de ce couplage, les archées
peuvent dégrader des composés organiques et produire du méthane (voir page 63). Cette
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 252
forme moléculaire de carbone peut être oxydée en CO2 par l’activité humaine ou par une voie
abiotique.
Le cycle de l’azote
L’azote élémentaire est un constituant de toutes les protéines et de tous les acides nucléiques.
Paradoxalement, l’azote est l’élément le moins disponible dans les écosystèmes alors qu’il
représente plus de 75% du volume atmosphérique.
Figure 208 : Représentation schématique du cycle biogéochimique de l'azote. Les flèches jaunes symbolisent les transferts de
matières au travers de la chaîne alimentaire.
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 253
N2 + 16 ATP + 8 H+ + 8 é à 2 NH3 + H2 + 16 ADP + 16 Pi
La production de nitrate à partir d’ammoniac est la nitrification. Le NH3 est tout d’abord oxydé
en ions nitrites (NO2-) qui sont à leur tour oxydés en ions nitrates.
NH3 + O2 àNO2- + 3 H+ + 2 é
Ces deux réactions sont réalisées par des espèces différentes vivant dans un symbiose
particulière appelée syntrophie. A l’inverse, d’autres microorganismes transforment le NH3 et
le NO3- en N2 le rendant ainsi indisponible, c’est la dénitrification.
Lorsqu’ils décomposent des molécules azotées, telles que des protéines ou des acides
nucléiques, les animaux excrètent l’azote sous la forme d’ammoniac qui alimente le cycle de
l’azote. Les mammifères, quant à eux, excrètent l’azote sous la forme d’urée qui peut être
convertie en ammoniac par de nombreux microorganismes.
Une fois encore, l’activité humaine perturbe le cycle de l’azote par la conversion industrielle
de l’azote atmosphérique en sels d’ammonium (NH4+) destinés à l’agriculture.
L’impact de la perturbation du cycle de l’azote sur la santé humaine
Au-delà des effets écologiques, comme l’eutrophisation, produits par la perturbation
anthropique du cycle de l’azote, celle-ci peut également entraîner des conséquences sur la
santé humaine. En effet, les nitrites ingérés peuvent subir une nitrosation sous l’effet de
l’acidité gastrique et de la présence de composés aminés. Cette réaction produit des
composés nitroso- c’est-à-dire portant la fonction chimique R-NO, les nitrosamines. La
formation de ces molécules dans le système digestif accroît le risque de cancer du côlon, de
l’œsophage ou de l’estomac.
Chapitre 26 – Interactions entre les êtres vivants et avec leur environnement | 254
Index alphabétique
A B
Acétyl-CoA · 90 Ballotement · 134
Acétyltransférase · 122 Base azotée · 33
Acide aminé · 31 Bicaténaire · 40
Acide désoxyribonucléique · Voir ADN Bicouche phospholipidique · 45
Acide nucléique Bile · 221
ADN · 39 Biosphère · 3
ADN super-enroulé · 110 Blastocyste · 184
ARN · 36 Blastomère · 189
ARN catalytique · 36, 48 Blastula · 189
extrémité 3' · 37 Boîte
extrémité 5' · 37 -35 · 117
structure hélicoïdale · 108 pribnow · 117
U-ADN · 57 TATA · 117
Acide ribonucléique · Voir ARN Bottle neck · Voir Goulot d'étranglement
Acrosome · 187 Brin
Actine · 71 codant · 115
Adhésion cellulaire · 217 continu · 146
ADN ligase · 147 discontinu · 147
ADN polymérase · 143 matrice · 115
I · 147
II · 144
III · 144, 146 C
ADN primase · 145
Aérobie · 75 Cadre de lecture · 126
Aire de répartition · 249 Cal · 216
Albumen · 216 Canal protéique · 55
Allèle · 229 Capacité limite de l'habitat · 251
Allopatrique · 248 Capacité thermique · 25
Aminoacyle-ARNt · 131 Capside · 65
Aminoacyle-ARNt synthétase · 131 Caractère
Amorce · 145 polygénique · 234
Amphiphile · 45 Caractères
Amylase dépendants · 231
pancréatique · 222 indépendants · 231
salivaire · 220 Cardiolipine · 77
Anaérobie · 75 Carré de Punnett · 230
Anaphase promoting complex · 171 Cartographie génétique · 239
Ancêtre commun · 20 Caryotype · 161
Anomère · 30 Caspase · 173
Anticodon · 131 Cdc25 · 170
Antiparallèle · 40 Cellule · 3
Apoptose · 172 différenciée · 183
Apoptosome · 173 progénitrice · 183
Appareil de Golgi · 70 souche · 183
Arbre de Noël · 115 Cellule compagne · 210
Arbre généalogique · Voir Pédigrée Centriole · 153
ARN polymérase Centromère · 157
I · 116 Centrosome · 153
II · 116 Chaîne respiratoire · 91
III · 116 Chaleur spécifique · Voir Capacité thermique
Ascendance commune · 20 Chaperone · 136
Atome · 2, 4 Checkpoint · 169
ATP · 86 Chimiosmose · 93, 100
ATPase · 55 Chirale · 11
Autophagie · 82 Chlorophylle · 97
autophagosome · 82 Chloroplaste · 75
grana · 78
Index | 255
stroma · 78 Détermination · 184
thylakoïde · 78 Dictyosome · 75
Christmas tree · Voir Arbre de Noël Différenciation · 184
Chromatide Diffraction de rayons X · 108
soeur · 157 Diffusion · 52
Chromatine · 111 facilitée · 54
euchromatine · 111 Dihybridisme · 230
hétérochromatine · 111 Diploïde · 175
Chromosome · 111, 156 Division
homologue · 177 binaire · 62
kinétochore · 158 équationnelle · 180
sexuel · 236 méiose · 175
Clade · 15 mitose · 156
Cladistique · 202 anaphase · 159
Clathrine · 84 cytodiérèse · 161
Clonage · 195 métaphase · 159
Coacervat · 47 prométaphase · 158
Code prophase · 156
génétique · 127 télophase · 160
dégénéré · 128 réductionnelle · 177
universel · 128 Dogme central · 114
histone · 122 Dolly · 195
Codon · 126 Domaine
de terminaison · 128 transmembranaire · 50
initiateur · 128 Dominance · 227
Coelacanthe · 203 codominance · 233
Coiffe ARN · 121 incomplète · 233
Collenchyme · 209
Coloration de Gram
négatif · 60 E
positif · 60
Comète · Voir météorite Eau · 23
Commensalisme · 62 Ecosystème · 3, 249
Communauté · 3 Ectoblaste · 192
Compensation de dose · 238 Ectoderme · 184
Complément d'ADN · 176 Effet fondateur · 244
Complémentaire · 40 Electron · 4
Complexe d'initiation de valence · 6
de la traduction · 132 Electronégativité · 6
de la transcription · 119 Elément de réponse · 119
Complexe synaptonémique · 177 amplificateur · 120
Conjugaison · 61 répresseur · 120
Corpuscule de Barr · 196, 238 Eléments criblés · 210
Correction sur épreuve · 149 Eléments de vaisseaux · 210
Croisement de contrôle · 228 Embryoblaste · 190
Croissance Embryon
exponentielle · 250 didermique · 191
logistique · 251 tridermique · 191
Crossing-over · 178 Emergence · 1
Cycle biogéochimique · 253 Endocytose · 70, 83
Cycle de Calvin · 97 médiée par récepteur · 84
Cycle de Krebs · 90 phagocytose · 83
Cyclin-dependent kinase · 165 pinocytose · 83
Cycline · 165 Endoderme · 184
Cytochrome Endosome · 83
P450 · 80 Endospore · 63
Cytosol · 73 Enthalpie
de vaporisation · 25
Enveloppe nucléaire · 70
D Eon
Hadéen · 23
Darwin · 19 Epiblaste · 191
Décarboxylation oxydative · 90 Epissage · 124
Index | 256
alternatif · 125 aminé · 31
Epistasie · 235 cyclisation · 30
Equilibre de Hardy-Weinberg · 243 déoxy · 31, 39
Espace périvitellin · 188 phosphorylé · 31
Espèce · 3 ribose · 37
Espèce réactive de l'oxygène · 95 polysaccharide · 42
Eucaryote · 70 amylopectine · 42
Evolution · 14 amylose · 42
Exocytose · 84 cellulose · 43
Exon · 113 chitine · 43
Exonucléase · 147 dextrane · 43
Expérience glycogène · 42
d'Oparin · 47 glycosaminoglycane · 43
de Avery, MacLeod et McCarty · 106 Glycolyse · 87
de Crick, Brenner et Barnett · 126 Glycosylation · 81
de Griffith · 105 Goulot d'étranglement · 245
de Hershey, Chase · 106 Gradient · 52
de Koelreuter · 226 de concentration · 49
de Masui et Markert · 164 Granulosa · 187
de Meselson et Stahl · 142 Groupe fonctionnel
de Miller et Urey · 27 aldéhyde · 9
de Morgan · 236 amine · 9
de Rao et Johnson · 167 carbonyle · 9
de Rusch · 164 carboxyle · 9
de Smith et Ecker · 164 cétone · 9
de Szostak · 48 hydroxyle · 9
de Weismann · 18 méthyle · 10
phosphate · 9
sulfhydryle · 9
F thiol · Voir sulfhydryle
Groupe sanguin ABO · 233
Facteur de transcription · 116
facteur sigma · 116
général · 118 H
Fermentation · 94
Ferrédoxine · 98 Haploïde · 175
Feuillet embryonnaire · 193 Hélicase · 145
Filaments intermédiaires · 72 Hétérozygote · 229
Flagelle · 60 Histone · 111
Fourche de réplication · 145 Histone déacétylase · 122
Fragment d'Okazaki · 147 Homéostasie · 249
Frame shift · 127 Homologie · 14
Homozygote · 229
Hydrophile · 24
G Hydrophobe · 24
Hypoblaste · 191
Gamétophyte · 211 Hypothèse · 3
Gastrula · 191 endosymbiotique · 70
Gène · 112
Génophore · 61
Génotype · 229 I
Glande
exocrine · 219 Ilot CpG · 123
Globule polaire · 186 Implantation · 190
Glucide · 40 Imprégnation · 188
aldose · 28 Index mitotique · 161
cétose · 28 Indice de masculinité · 249
disaccharide · 41 Induction · 194
isomaltose · 41 Inosine · 134
lactose · 41 Intron · 113
maltose · 41 Ion · 5
saccharose · 41 Ionisation · 8
monosaccharide · 28 Isomère · 10
Index | 257
cis-trans · 35 Membrane
de constitution · 10 plasmique · 49
stéréoisomère · 10 Méristème · 209
Isotope · 5 Mérozoïte · 206
Mésoblaste · 192
Mésoderme · 184
J Métazoaires · 207
Météorite · 23
Jonctions cellulaires · 218 du lac Tagish · 26
Méthyltransférase · 123
Microfilaments · 71
Microtubule · 153
K astral · 159
fuseau mitotique · 157
Kératine · 73 kinétochorien · 158
Kinase · 88 polaire · 159
Mitochondrie · 75
crête · 77
L espace intermembranaire · 76
matrice · 76
Lamarck · 18 Molécule · 2
Lame nucléaire · 72 macromolécule · 3
Lamine · 73 Moment dipolaire · 7
Latence · 66 Monde ARN · 36
Leptotène · 177 Monde lipidique · 48
Liaison Monde RNP · 37
chimique · 6 Monocaténaire · 40
covalente · 6 Monohybridisme · 226
apolaire · 6 Morula · 189
polaire · 6 Mosaïque fluide · 50
de Van der Waals · 7 M-phase promoting factor · 157, 164
hydrogène · 7 Multicellulaire · 201
ionique · 6 Multipotence · 184
osidique · 41 Mutation · 151
peptidique · 38 délétion · 152
phosphodiester · 36 faux sens · 152
phosphoester · 34 frameshift · 152
Ligne primitive · 192 insertion · 152
Lignée pure · 226 non-sens · 152
Lignine · 209 silencieuse · 151
Lipase Mutualisme · 62
linguale · 220
Lipide
acide gras · 34, 44 N
insaturé · 34
saturé · 34 Na+,K+ ATPase · 219
acylglycérol · 44 Nécrose · 172
cholestérol · 46 Neutron · 4
phospholipide · 45 Nitrosation · 255
stérol · 46 Noeud de Hensen · 193
triacylglycérol · 44 Non-disjonction chromosomique · 181
Lipopolysaccharide · 60 Noyau · 70, 72
Locus · 229 Nucléoïde · 61
Loi de Chargaff · 108 Nucléole · 115
LUCA · 58, 65 Nucléon · 4
Lyse osmotique · 54 nombre de masse · 4
Lysosome · 75, 81 Nucléoplasme · 72
Lysozyme · 220 Nucléosome · 111
Nucléotides · 34
M
Mélange racémique · 11
Index | 258
Pore nucléaire · 72
O Potentiel biotique · 250
Pression osmotique · 52
Octet Prix Nobel
règle de · 6 Albrecht Kossel · 108
Open reading frame · Voir Cadre de lecture Christian de Duve · 81
Opéron · 113 Jack Szostak · 48
Orbitale · 4 John Gurdon, Shinya Yamanaka · 197
Organe · 3 Kary Mullis · 150
Organisme · 3 Niels Bohr · 4
Organites · 3 Thomas Morgan · 241
Origine de réplication · 145 Watson, Crick et Wilkins · 108
Osmolarité · 53 Yoshinori Ohsumi · 82
Osmose · 54 Procaryote
Ovocyte · 186 archée · 63
Ovogonie · 186 eubactérie · 59
Promoteur · 112, 116
basal · 117
P Pronucléus · 188
Proofreading · Voir Correction sur épreuve
Paludisme · 182 Protéasome · 139
Parasitisme · 62 Protéine · 38
Parenchyme · 209 adressage · 136
Paroi dénaturation · 135
peptidoglycane · 59 extrémité amino terminale · 38
Parthénogenèse · 238 extrémité carboxy terminale · 38
Pédigrée · 230 forme native · 136
Pepsine · 221 motrice · 154
Peptide signal · 138 p53 · 169
particule de reconnaissance · 138 pRb · 168
Peptidyle-transférase · 132 repliement · 135
Péripatrique · 248 structure
Perméabilité sélective · 51 primaire · 38
Phagosome · 84 quaternaire · 39
Phénotype · 230 secondaire · 38
Phéophitine · 98 tertiaire · 38
Phloème · 210 Protocellule · 47, 48
Phosphorylation · 87 Proton · 4
au niveau du substrat · 90 numéro atomique · 4
oxydative · 92 Proto-oncogène · 171
Photolyse de l'eau · 99 Pyrophosphate · 131
Photosynthèse · 97 Pyruvate · 88
Photosystème · 97
Phylloquinone · 98
Phylogénie · 202 Q
Pilus · 62
Plasmide · 61 Queue polyA · Voir Polyadénylation
Plasmodesmes · 210
Plasmodium · 182, 205
Plasmolyse · 54
Plastocyanine · 98
R
Plastoquinone · 98
Ploïdie · 175 Réaction
Pluripotence · 184 de condensation · 12, 41
Point de restriction · 169 de Fenton · 96
Pôle endergonique · 11
apical · 218 exergonique · 11
basolatéral · 218 Récessif · 227
Polyadénylation · 122 Recombinaison
Polymère · 42 interchromosomique 1 · 179
Polymorphisme · 243 interchromosomique 2 · 180
Pompe à protons · 81 intrachromosomique · 178
Population · 3 Réplication · 62
semi-conservative · 143
Index | 259
Réplisome · 148 Translocation · 72
Respiration cellulaire · 86 du ribosome · 134
Réticulum endoplasmique · 70 Translocon · 138
lisse · 73, 80 Transporteur · 55
rugueux · 73, 80 actif · 55
Ribosome antiport · 56
polysome · 134 cotransporteur · 55
Ribozyme · Voir ARN catalytique passif · 55
ROS · Voir Espèce réactive de l'oxygène pompe · 55
symport · 56
uniport · 55
S Trisomie · 181
Trompe de Fallope · 190
Salive · 219 Trophoblaste · 190
Sarcoptérygiens · 203 Trophozoïte · 204
Sclérenchyme · 209 Tropisme · 66
Second messager · 194 Tunique digestive · 218
Sélection naturelle · 242
Séquence de localisation nucléaire · 136
Sex ratio · Voir incide de masculinité U
Signal peptidase · 138
Sillons de l'ADN · 109 Ubiquitine · 139
SNP · Voir polymorphisme Unipotence · 184
Soluté · 52 Unité télomérique · 148
Spéciation · 247
Spermatocyte · 185
Spermatogenèse · 185 V
Spermatogonie · 185
Spliceosome · 124 Vimentine · 73
Sporophyte · 211 Virion · 65
Sporozoïte · 205 Virus · 65
Suppresseur de tumeur · 171 adsorption · 67
Symbiose · 62 bactériophage · 66, 106
Sympatrique · 248 cycle · 66
Synapsis · 177 décapsidation · 67
Système · 3 enveloppé · 66
pénétration · 67
provirus · 68
T réplication · 67
rétrovirus · 66, 68
Taxons · 202 varicelle et zona · 68
Télomérase · 37, 58, 149
Télomère · 148
Température W
d'ébullition · 26
Test-cross · Voir Croisement de contrôle Wobble · Voir Ballotement
Tétrade · 177
Tétrapodes · 203
Théorie
cellulaire · 2
X
de la récapitulation · 17
endosymbiotique · 75, 77, 78 Xénobiotique · 80
sélection naturelle · 19 Xylème · 209
transformisme · 19
Tissu · 3
conjonctif · 217 Z
épithélial · 217
Totipotence · 184 Zone pellucide · 187
Trachéides · 209 Zwitterion · 33
Transcriptase inverse · 39, 58, 68 Zygote · 175, 189
Transcription · 112 Zygotène · 178
Transformation bactérienne · 105 Zymogène · 173, 221
Index | 260
Index | 261