Vous êtes sur la page 1sur 38

Surréalisme

mouvement artistique

Le surréalisme est un mouvement poétique et artistique du


xxe siècle directement issu de la révolte incarnée par le
mouvement dada tout à la fin de la Première Guerre mondiale.
Comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression
(peinture, dessin, musique, photographie, cinéma, poésie,
contes...) utilisant toutes les forces psychiques (automatisme,
rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison et en lutte
contre les valeurs reçues, il est caractérisé par sa
transdisciplinarité (poésie, peinture, objet, collage, cinéma,
costume...) et l'importante collaboration entre ses membres.

En 1924, André Breton le définit dans le premier Manifeste du


surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel
on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de
toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée
de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en
dehors de toute préoccupation esthétique ou morale […] ».

Le surréalisme repose sur la conviction qu'il existe une réalité


supérieure dans certaines formes d'associations négligées
jusqu'à lui, comme entre autres la toute-puissance du rêve ou le
jeu désintéressé de la pensée. Il se plaît aux rapprochements
inattendus entre des termes apparemment inconciliables, de
façon à faire jaillir un sens neuf ou, comme le dit Breton, « une
lumière particulière, lumière de l'image »[1]. Le surréalisme tend à
ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à
se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes
de la vie[2] (xxe siècle). En réactualisant la dimension poétique de
la peinture, le surréalisme se heurte à la question de la
représentation du non-figurable et de l'indicible.

Histoire

Le musée Gustave-Moreau, à Paris,


qu'André Breton aimait visiter.

Précurseurs et sources du surréalisme

Dans le courant du xixe siècle, le « super naturalisme » de Gérard


de Nerval, le symbolisme de Charles Baudelaire et de Stéphane
Mallarmé et, enfin surtout, le romantisme allemand de Jean Paul
(dont les rêves annoncent l'écriture automatique) et d'Hoffmann
peuvent être considérés comme des mouvements précurseurs du
surréalisme[a]. L'auteur qui inspire le plus les écrivains surréalistes
est Lautréamont[4]. Parmi les poètes des générations juste
précédentes, Arthur Rimbaud et Guillaume Apollinaire sont eux
aussi régulièrement cités. Dans le théâtre et dans la prose, on
note aussi une grande influence d'Alfred Jarry.

Dans la tradition picturale, les surréalistes s'inspirent notamment


de Jérôme Bosch[5],[6], à ce titre parfois qualifié d'artiste proto-
surréaliste (en)
[7],[8]. Plus récemment, ils s'inspirent également de
Gustave Moreau et Odilon Redon. Les premières œuvres
plastiques poursuivent les inventions du cubisme, tout en
s'inspirant également de l'art abstrait et du futurisme. Les
surréalistes admirent ainsi l'oeuvre de Pablo Picasso, qui sera
proche de plusieurs membres du mouvement, mais aussi de
Giorgio de Chirico, Marc Chagall, ou encore Vassili Kandinsky,
auquel André Breton rend hommage dans son premier
Manifeste[9].

Dadaïsme et surréalisme

À partir de 1917, et du ballet Parade, Cocteau et Apollinaire


réfléchissent sur ce qu'ils ressentent être un esprit nouveau.
Apollinaire reprend Les Mamelles de Tirésias, qu'il avait rédigé en
1903, pour y ajouter des éléments qui lui semblent découler tout
naturellement des sensibilités de l'époque : tout un peuple
représenté par une seule personne, un kiosque à journaux parlant,
ou diverses provocations. Ce courant, se nourrissant de la période
dada, trouve une nouvelle concrétisation avec la pièce Les Mariés
de la tour Eiffel, en 1921. Pour cette pièce, Cocteau, à une musique
bruitiste, préfère un amalgame de music-hall et d'absurde,
poussant autant que possible la pataphysique de Jarry. À partir de
là, débordant le mouvement dada, mais nourris par lui, les artistes
recherchent des idées nouvelles[10].

Après avoir été séduits par le dadaïsme, les surréalistes


s'inscrivent en rupture par rapport à ce mouvement : ils
considéraient que le surréalisme susciterait l'arrivée de nouvelles
valeurs, ce que n'acceptaient pas les dadaïstes[11]. Le dada,
absolu dans sa dénonciation, ne survit pas à une querelle relative
à l'engagement, suscitée par la Révolution soviétique et le risque
d'une nouvelle guerre et, en 1924, naît le surréalisme avec la
publication du premier Manifeste du surréalisme d'André Breton,
soucieux d'agir sur la société, sinon sur l'individu, sans tomber
dans l'embrigadement. Dalí affirme d'ailleurs être sûr que le
surréalisme « changerait le monde ». Étant lui-même un adepte
opportuniste de ce mouvement, il sera une des incarnations des
ambiguïtés de ce changement quand celui-ci prétend rester
circonscrit au terrain culturel.

Le rapport du surréalisme à l’histoire est ambivalent. André Breton


condamne la partialité du savoir historique et le culte du passé, et
interroge le concept du temps. Et pourtant, les surréalistes ont
cherché à fonder historiquement le mouvement, ils en sont même
devenus les premiers historiographes en consignant toutes les
dates et évènements marquants[12].
Influence de Marx et de Freud

Cette aventure (« une attitude inexorable de sédition et de défi »)


passe en effet par l'appropriation de la pensée du poète Arthur
Rimbaud (« changer la vie »), de celle du philosophe Karl Marx
(« transformer le monde ») et des recherches de Sigmund
Freud[13] : Breton s'est passionné pour les idées de Freud[14] qu'il a
découvertes dans les ouvrages des Français Emmanuel Régis et
Angelo Hesnard, en 1917[15]. Il en a retiré la conviction du lien
profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves, et
d'une forme de continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil
(voir en particulier l'écriture automatique). Dans l'esprit de Breton,
l'analogie entre le rêveur et le poète, présente chez Baudelaire, est
dépassée. Il considère le surréalisme comme une recherche de
l'union du réel et l'imaginaire : « Je crois à la résolution future de
ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et
la réalité, en une sorte de réalité absolue. »

Freud lui-même ressentit la plus grande méfiance envers les


représentants du mouvement jusqu’à sa rencontre avec Salvador
Dalí le 19 juillet 1938. Dans une lettre à Stefan Zweig datée du
lendemain, Freud avoue : « J’étais jusque-là enclin à considérer les
surréalistes, qui semblent m’avoir choisi pour saint patron, comme
des fous absolus (disons à 95% […]). » Mais il avait changé d’avis
devant l’incroyable technique du peintre et l’intérêt analytique de
l’œuvre qui lui avait été présentée[16].
Le surréalisme après la mort de Breton

En France, en 1966, la mort du poète André Breton, chef de file du


groupe, va entraîner de grands soubresauts dans le surréalisme.
Trois ans plus tard, Jean Schuster signa officiellement, dans le
quotidien Le Monde, l’acte de décès du mouvement dans un
article intitulé « Le Quatrième Chant »[17], mais la majorité des
membres du groupe refuse cette décision brutale. Pour la plupart
des surréalistes stupéfaits par la décision de Jean Schuster, celle-
ci est fondée sur une manipulation politique dont l’origine se
trouve dans l’engagement pro-cubain de Jean Schuster[18]. Jean-
Louis Bédouin écrit un virulent article de protestation publié dans
Le Monde du 25 octobre 1969[19], Vincent Bounoure lance au sein
du groupe l’enquête Rien ou quoi ? qui mettra en évidence
l’écartèlement du groupe sur la question de la dissolution.

En plus de Jean-Louis Bédouin et Vincent Bounoure, Robert


Benayoun, Jorge Camacho, Gherasim Luca, Marianne van Hirtum,
Jacques Abeille, Ludwig Zeller (en) et d'autres vont refuser cette
décision brutale et vont poursuivre l’aventure surréaliste. Dans le
Bulletin de liaison surréaliste (10 numéros parus entre 1970 et
1976), dirigé par Jean-Louis Bédouin[20], puis dans les deux
numéros de Surréalisme (janvier 1977, juin 1977)[21], on retrouve,
entre autres, aux côtés de Vincent Bounoure, les noms de Michel
Zimbacca, Joyce Mansour, Jorge Camacho, Michaël Löwy, Yves
Elléouët. Après la mort de Vincent Bounoure en 1996, le Groupe
surréaliste de Paris, réuni autour de Michel Zimbacca, se dote
jusqu’en 2005 de la revue S.U.R.R.[22]. L’activité du groupe parisien
se poursuit aujourd’hui, notamment à travers des expositions
collectives et une nouvelle revue, Alcheringa (https://venusdailleur
s.wixsite.com/editions/copie-de-fadas) [archive], animée par
Sylwia Chrostowska, Joël Gayraud et Guy Girard, dont quatre
numéros ont paru depuis 2019.

À côté de ce courant qui continue d’affirmer la présence


surréaliste au-delà même de la dissolution officielle du
mouvement, les anciens membres ayant accepté cette
dissolution, autour de Gérard Legrand, José Pierre et Jean
Schuster, publieront au début des années 1970 la revue Coupure.
Mais certains des auteurs de Coupure s’opposeront à leur tour à
Jean Schuster et José Pierre pour se retrouver autour de Radovan
Ivšić et du jeune poète libertaire Pierre Peuchmaurd. Les
rejoindront, entre autres, Jean Benoit, Georges Goldfayn, Gérard
Legrand, Toyen et Annie Le Brun. Plus tard encore, un autre des
derniers compagnons d’André Breton, Sarane Alexandrian, tout en
considérant acquise la mort du surréalisme historique, constatant
que rien n’est venu le remplacer, crée et anime la revue Supérieur
inconnu (1996-2011), tentant lui aussi de fédérer les forces
surréalistes en France (avec entre autres Alain Jouffroy, Jean-
Dominique Rey, Christophe Dauphin, Basarab Nicolescu, Virgile
Novarina ou Virginia Tentindo, laquelle a rejoint en 2013 le Groupe
surréaliste de Paris).
Parallèlement, dès les années 1970, paraissent des revues
émanant de collectifs se situant ouvertement dans la lignée du
surréalisme (Le Melog, La Crécelle noire, Camouflage) que fondent
ou viennent rejoindre de plus jeunes recrues (Pierre Peuchmaurd,
Alice Massénat ou Peter Wood). Le poète surréaliste irakien
Abdul-Kader El Janabi anime divers groupes, et les éditions
Arabie-sur-Seine qui publient des textes de Pierre Peuchmaurd,
Jean-Pierre Le Goff, Karl Kraus, Theodor W. Adorno.

Il faut noter que dans les principaux autres pays marqués par le
surréalisme (Royaume-Uni, États-Unis, Tchécoslovaquie
notamment), les groupes surréalistes existants n’ont guère été
touchés par la décision de Jean Schuster de 1969 et que des
groupes surréalistes y ont continué leurs activités de façon
ininterrompue, y compris, pour le cas de la Tchécoslovaquie (avec
entre autres Vratislav Effenberger, Martin Stejskal, Jan
Švankmajer, Eva Švankmajerová, Pavel Řezníček (en) ), le groupe
réapparu après le Printemps de Prague dans les conditions
hostiles d'un pouvoir totalitaire censurant la vie intellectuelle[23].

André Breton

Le poète et écrivain français André Breton (1896-1966) fut le


principal fondateur du surréalisme, le seul poète, avec Benjamin
Péret, à avoir appartenu au mouvement depuis son origine et
jusqu'à sa mort. En 1924, c'est lui qui pour la première fois décrit
le surréalisme dans le premier Manifeste, puis, la même année, il
contribue à la création du Bureau de recherches surréalistes.
Louis Aragon, Robert Desnos, Paul Éluard, René Magritte, Giorgio
De Chirico, Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Salvador Dalí et
Jacques Prévert sont quelques-uns des plus connus de ses
camarades écrivains, poètes, peintres, artistes en somme.
Nombre d'entre eux vont également adhérer au Parti communiste
français pour soutenir leurs idées de révolution sociale : Breton
rejoint le parti en 1927, mais n'assiste qu'à quelques réunions de
cellule. Il en est exclu en 1933.

Étymologie

Yvan Goll, Surréalisme, Manifeste du


surréalisme, Volume 1, Numéro 1,
1er octobre 1924, couverture de
Robert Delaunay

Le poète Arthur Rimbaud (1854-1891) voulait être un visionnaire


(ou plus exactement « voyant »), se mettre en état de percevoir la
face cachée des choses, une autre réalité. C'est en poursuivant les
tentatives de Rimbaud que Guillaume Apollinaire (1880-1918) part
à la recherche de cette réalité invisible et mystérieuse. Le
substantif « surréalisme » apparaît pour la première fois en mars
1917 dans une lettre de Guillaume Apollinaire à Paul Dermée :
« Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter
surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Le
mot “surréalisme” n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il
sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé
par MM. les Philosophes[24]. » C'est le poète Pierre Albert-Birot qui
décida Apollinaire, en mai de la même année, à sous-titrer la pièce
que celui-ci était en train d'achever, Les Mamelles de Tirésias,
« drame surréaliste » plutôt que « surnaturaliste »[b].

Le concept est divulgué par la plaquette de présentation


qu'Apollinaire est chargé, par Serge Diaghilev, de rédiger pour la
première de Parade, ballet réaliste en un tableau, le 18 mai 1917 au
théâtre du Châtelet, à Paris. Du spectacle total conçu par Jean
Cocteau conjuguant « le premier orchestre d'Erik Satie, le premier
décor de Pablo Picasso, les premières chorégraphies cubistes de
Léonide Massine, et le premier essai pour un poète de s'exprimer
sans paroles », où « la collaboration a été si étroite que le rôle de
chacun épouse celui de l'autre sans empiéter sur lui »[27], il
explique :

« De cette alliance nouvelle, […] il est résulté dans


Parade, une sorte de sur-réalisme où je vois le point
de départ d'une série de manifestations de cet esprit
nouveau qui, trouvant aujourd'hui l'occasion de se
montrer, ne manquera pas de séduire l'élite et se
promet de modifier de fond en comble les arts et les
mœurs dans l'allégresse universelle, car le bon sens
veut qu'ils soient au moins à la hauteur des progrès
scientifiques et industriels. Jean Cocteau appelle un
ballet réaliste. Les décors et les costumes cubistes de
Picasso témoignent du réalisme de son art. Ce
réalisme, ou ce cubisme, comme on voudra, est ce qui
a le plus profondément agité les arts durant les dix
dernières années. »
— G. Apollinaire, Parade et l'esprit nouveau, in
Programme des Ballets russes, Paris, mai 1917[28]

Ainsi, Apollinaire entend théoriser le sursaut poétique provoqué


par la Première Guerre mondiale[29] par lequel Jean Cocteau,
comme quatre ans plus tard dans le spectacle des Mariés de la
Tour Eiffel, dédouble la représentation « réaliste » du quotidien
bourgeois du spectateur par celle de la fantaisie inhumaine[30] et
rêvée de personnages-machines. Dans ce manifeste se trouve
déjà tout ce que ses détracteurs trouveront à reprocher au
surréalisme : rupture avec tout traditionalisme, élitisme,
modernité, c'est-à-dire progrès scientifique et, à l'instar des
futuristes, industrialisme.

Dans une chronique de mai 1917 consacrée au même ballet,


Apollinaire, admiratif des décors créés par Picasso, revient sur le
concept d'« […] une sorte de “sur-réalisme” où [il] voit le point de
départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui […]
se promet de modifier de fond en comble les arts et les mœurs […]
Cette tâche “surréaliste” que Picasso a accomplie en peinture, […]
je m'efforce de l'accomplir dans les lettres et dans les âmes
[…] »[31]. Dans une lettre du 16 juin 1917 adressée à Théodore
Fraenkel, Jacques Vaché annonce la première des Mamelles de
Tirésias pour le 24 : « […] et j'espère être à Paris […] pour la
représentation surréaliste de Guillaume Apollinaire »[32].

Pour Gérard Durozoi, le mot surréalisme est « désormais […]


victime de sa fausse popularité : on n'hésite pas à qualifier de
surréaliste le premier fait un peu bizarre ou inhabituel, sans
davantage se soucier de rigueur. Le surréalisme […] est pourtant
exemplaire par sa cohérence et la constance de ses
exigences[33] ». Cependant, Alain et Odette Virmaux pensent que
cette « évolution sémantique n'est pas du tout déviante » et qu'elle
« reste en accord avec le mot […], les surréalistes ayant “une
prédilection pour l'humour noir et le nonsense” »[34].

Influence internationale

« Lunar Bird » (L'oiseau lunaire),


Sculpture de Joan Miró.

Le surréalisme connaît une fortune particulière dans la littérature


francophone belge. Paul Nougé, dont la poésie présente un aspect
ludique très marqué, fonde en 1924 un centre surréaliste à
Bruxelles avec entre autres les poètes Camille Goemans et Marcel
Lecomte. Un autre groupe important, Rupture, se crée en 1932, à
La Louvière, autour de la personnalité d'Achille Chavée.

Le surréalisme belge prend ses distances à l'égard de l'écriture


automatique et de l'engagement politique du groupe parisien.
L'écrivain et collagiste E. L. T. Mesens fut l'ami de René Magritte.
Les poètes Paul Colinet, Louis Scutenaire et André Souris et, plus
tard, Marcel Mariën appartiennent également à ce courant. La
francophonie d'outre-mer trouvera notamment en Jean Venturini,
poète franco-marocain révolté et rimbaldien, un porte-parole
original et indépendant, mort trop tôt pour donner sa pleine
mesure[35], et auquel le poète Max-Pol Fouchet rendra un
hommage fort[36].

Le surréalisme exercera une action stimulante sur le


développement de la poésie espagnole, mais à la fin des années
1920 seulement, et en dépit de la méfiance suscitée par
l'irrationalisme inhérent à la notion d'écriture automatique. Ramón
Gómez de la Serna définit ses rapprochements insolites,
greguerias, comme « humour + métaphore ». Le courant
« ultraïste » déterminera un changement de ton chez les poètes de
la « Génération de 27 », Federico García Lorca, Rafael Alberti,
Vicente Aleixandre et Luis Cernuda. Les principes surréalistes se
retrouvent en Scandinavie et en URSS. Le « poétisme » tchèque
peut être considéré comme une première phase du surréalisme. Il
s'affirme dès 1924 avec un manifeste publié par Karel Teige, qui
conçoit la poésie comme une création intégrale, donnant libre
cours à l'imagination et au sens ludique. Ses représentants les
plus éminents furent Jaroslav Seifert et surtout Vítězslav Nezval,
dont Soupault souligna l'audace des images et symboles. Le
mouvement surréaliste yougoslave entretient d'étroits contacts
avec le courant français grâce à Marko Ristić (en) .

Aux Pays-Bas, le photographe Emiel van Moerkerken était dans les


années 1930 et 1940 le plus important artiste surréaliste. Inspiré
par ses connaissances de Paris, tels que Brassaï, Dalí et Breton, il
a introduit le surréalisme aux Pays-Bas[37].

En dépit d'une perte de prestige à partir de 1940, le surréalisme a


existé comme groupe jusqu'aux années 1960, en se renouvelant
au fur et à mesure des départs et des exclusions. Le surréalisme
fut également revendiqué comme source d'inspiration par
l'Alternative orange, un groupe artistique d'opposition polonais,
dont le fondateur, le Major (Commandant) Waldemar Fydrych,
avait proclamé Le Manifeste du surréalisme socialiste. Ce groupe,
qui organisait des happenings, peignait des graffiti absurdes en
forme de lutins sur les murs des villes et était un des éléments les
plus pittoresques de l’opposition polonaise au communisme,
utilisait largement l’esthétique surréaliste dans sa terminologie et
dans la place donnée à l’acte spontané.
Le surréalisme japonais est représenté par Junzaburō Nishiwaki
(1894-1982), Shūzō Takiguchi (1903-1979), Katsue Kitazono
(1902-1978). Parmi les peintres : Harue Koga (1895-1933), Ichirô
Fukuzawa (de) (1898-1992), Noboru Kitawaki (1901-1951), ou
encore le photographe et poète Kansuke Yamamoto (1914-1987).
Quant aux romanciers, les œuvres les plus marquantes nous ont
été laissées par Kōbō Abe (1924-1993). Concernant les mangas,
une brèche fut ouverte à la possibilité d'emploi de tournures
surréalistes avec l'œuvre Nejishiki ( ねじ式) de Yoshiharu Tsuge
(publiée dans le numéro de juin du magazine Garo, en 1968), puis
le secteur put obtenir un appui écrasant de la génération du
Zenkyōtō (équivalent de Mai 68), sous l'influence considérable
d'artistes et de nombreux intellectuels non initiés à ce type
d'œuvre. Le surréalisme japonais ne s'inscrit pas dans la
continuité du dadaïsme. Au Japon, la quasi-totalité des écrivains
appartenant au mouvement dadaïste (groupe d'écrivains faisant
partie du MAVO) ne sont pas devenus surréalistes, et inversement,
la plupart des surréalistes japonais n'œuvrent pas en tant que
dadaïstes.

Il appartenait à l'écrivain majeur de la Bolivie au xxe siècle, Jaime


Sáenz, de porter le flambeau du surréalisme en Amérique latine,
plus d'ailleurs en héritier libre et indépendant qu'en sectateur
fanatique[38].
Techniques d'écriture surréalistes
Les surréalistes cherchent à libérer l'inconscient. Pour ce faire, ils
utilisent les diverses techniques ci-dessous.

L'écriture automatique

L'écriture automatique est un mode d'écriture cherchant à


échapper aux contraintes de la logique, elle laisse s'exprimer la
voix intérieure inconsciente, dévie l'inconscient de la pensée. Il
s'agit d'écrire ce qui vient à l'esprit, sans se préoccuper du sens.

Définition de l'écriture automatique

Définition de l'écriture automatique par André Breton dans


Manifeste du surréalisme (1924) :

"Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par


lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement,
soit par écrit, soit de toute autre manière, le
fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée,
en l'absence de tout contrôle exercé par la raison en
dehors de toute préoccupation esthétique ou
morale."
André Breton, (1896 / 1966), extrait du Manifeste du Surréalisme
(page 328 du tome 1 des œuvres complètes de l'édition de La
Pléiade), en 1924.

« Secrets de l'Art magique surréaliste. Composition


surréaliste écrite, ou premier et dernier jet. Faites-
vous apporter de quoi écrire, après vous être établi
en un lieu aussi favorable que possible à la
concentration de votre esprit sur lui-même. Placez-
vous dans l'état le plus passif, ou réceptif, que vous
pourrez. Faites abstraction de votre génie, de vos
talents et de ceux de tous les autres. Dites-vous bien
que la littérature est un des plus tristes chemins qui
mènent à tout. Ecrivez-vite sans sujet préconçu,
assez vite pour ne pas vous retenir et ne pas être
tenté de vous relire. La première phrase viendra
toute seule, tant il est vrai qu'à chaque seconde il est
une phrase, étrangère à notre pensée consciente, qui
ne demande qu'à s'extérioriser ..."

André Breton, (1896 / 1966), extrait du Manifeste du Surréalisme


(pages 331-332 du tome 1 des œuvres complètes de l'édition La
Pléiade), en 1924.
Par l'écriture automatique, les surréalistes ont voulu donner une
voix aux désirs profonds, refoulés par la société. L'objet surréaliste
ainsi obtenu a d'abord pour effet de déconcerter l'esprit, donc de
« le mettre en son tort ». Peut se produire alors la résurgence des
forces profondes : l'esprit « revit avec exaltation la meilleure part
de son enfance ». On saisit de tout son être la liaison qui unit les
objets les plus opposés, l'image surréaliste authentiquement est
un symbole. Approfondissant la pensée de Baudelaire, André
Breton compare, dans Arcane 17, la démarche du surréalisme et
celle de l'ésotérisme : elle offre « l'immense intérêt de maintenir à
l'état dynamique le système de comparaison, ce champ illimité,
dont dispose l'homme, qui lui livre les rapports susceptibles de
relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre
partiellement le symbolisme universel ».

Écriture sexualisée

L'écriture sexualisée : d'après certains surréalistes comme André


Breton, le moment de l'acte sexuel correspond à un moment où
nos pulsions nous dominent. Dès lors, nos désirs profonds se
révèlent, et ces instants peuvent être combinés à une pratique
artistique désinhibée. Breton écrivait alors qu'il faisait l'amour et
pensait que ses meilleures œuvres étaient le fruit de ces
moments.
Récit de rêve et "cadavre exquis"

Les récits et les analyses de rêves consistent à décrire ses rêves


et à trouver le « fil conducteur » qui les relie à la réalité. Des jeux
d'écriture collectifs faisant intervenir le hasard sont également
pratiqués ; le cadavre exquis en est un. Dans ce jeu, tous les
participants écrivent tour à tour une partie de phrase sur une
feuille sans connaître ce que les personnes précédentes ont
marqué. L'ordre syntaxique nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit
être respecté : on obtient ainsi une phrase grammaticalement
correcte. Le nom de « cadavre exquis » vient de la première phrase
obtenue de cette manière : « Le cadavre — exquis — boira — le vin
— nouveau ». Enfin, pendant les séances de sommeil hypnotique,
les participants notent leurs délires et hallucinations parfois
provoqués par prise de drogues ou d'alcool.

Méthode paranoïaque-critique

À l'opposé des techniques automatiques, se trouve la méthode


paranoïaque-critique, « une méthode spontanée de connaissance
irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des
associations et interprétations délirantes ». Patrice Schmitt[39], à
propos d'une rencontre entre Dalí et Lacan, nota que « la paranoïa
selon Dalí est aux antipodes de l'hallucination par son caractère
actif[39] ». Elle est à la fois méthodique et critique[39]. Elle a un
sens précis et une dimension phénoménologique et s'oppose à
l'automatique, dont l'exemple le plus connu est le cadavre
exquis[39]. Faisant le parallèle avec les théories de Lacan, il conclut
que le phénomène paranoïaque est de type pseudo-
hallucinatoire[40]. Les techniques d'images doubles sur lesquelles
Dalí travaillait depuis Cadaqués (L'Homme invisible, 1929) étaient
particulièrement propres à révéler le fait paranoïaque[40].

Changement humain et sociétal


Le mouvement dada était antibourgeois, antinationaliste et
provocateur. Les surréalistes continuèrent sur cette lancée
subversive. « Nous n'acceptons pas les lois de l'Économie ou de
l'Échange, nous n'acceptons pas l'esclavage du Travail, et dans un
domaine encore plus large nous nous déclarons en insurrection
contre l'Histoire. » (tract La Révolution d'abord et toujours). Ces
principes débouchent sur l'engagement politique : certains
écrivains surréalistes adhèrent, temporairement, au Parti
communiste français.

Aucun parti cependant ne répondait exactement aux aspirations


des surréalistes, ce qui fut à l'origine de tensions avec le Parti
communiste français. André Breton dénonce en 1924 « l'ignoble
mot d’engagement qui sue une servilité dont la poésie et l'art ont
horreur ». Dès 1930, pourtant, Louis Aragon soumet son activité
littéraire « à la discipline et au contrôle du parti communiste ». La
guerre fit que Tristan Tzara et Paul Éluard le suivirent dans cette
voie.
Condamnation de l'exploitation de l'homme par l'homme, du
militarisme, de l'oppression coloniale, des prêtres pour leur œuvre
qu'ils jugent obscurantiste et bientôt du nazisme ; volonté d'une
révolution sociale et plus tard d'une dénonciation du totalitarisme
de l'Union soviétique, tels sont les thèmes d'une lutte que, de la
guerre du Maroc à la guerre d'Algérie, les surréalistes ont menée
inlassablement. Ils ont tenté la synthèse du matérialisme
historique et de l'occultisme, en se situant au carrefour de
l'anarchisme et du marxisme, fermement opposés à tous les
fascismes et aux religions.

Personnalités
Liste des personnalités du mouvement surréaliste
Femmes surréalistes

Bibliographie
(ordre alphabétique)

[Adamowicz 2004] Elza [Agret et Païni 2023] Alix


Adamowicz, Ceci n'est pas un Agret (dir.) et Dominique
tableau: les écrits surréalistes Païni (dir.), Surréalisme au
sur l'art, l'Âge d'homme, féminin ? (exposition, Paris,
coll. « Bibliothèque Musée de Montmartre-
Mélusine », 2004 Jardins Renoir, 31 mars-10
(ISBN 978-2-8251-1875-7). septembre 2023 (https://mus
eedemontmartre.fr/expositio
n/expo-surrealisme-au-femini Clément Chéroux (dir.), La
n/) [archive]), In fine/Musée Subversion des images :
de Montmartre, 2023 surréalisme, photographie,
(ISBN 978-2-38203-116-2). film (exposition), Centre
Paul Aron, Jean-Pierre Pompidou, 2009
Bertrand, Les 100 Mots du (ISBN 978-2-84426-390-2).
surréalisme, Presses Jean-Louis Bédouin,
universitaires de France, coll. Anthologie de la poésie
« Que sais-je ? », Paris, 2010 surréaliste, Paris, Seghers,
(ISBN 978-2-13-058220-5). 1983.
Philippe Audoin, Les [Béhar 1979] Henri Béhar, Le
Surréalistes, Paris, Le Seuil, Théâtre dada et surréaliste,
collection microcosme Gallimard, coll. « Idées »,
« Écrivains de toujours », 1979 (ISBN 2-07-035406-7).
1973. Henri Béhar et Michel
Sarane Alexandrian, Le Carassou, Le Surréalisme,
Surréalisme et le rêve, Paris, textes et débats, Paris,
Gallimard, 1974. Hachette, 1984, réédité au
Martine Antle, Cultures du Livre de poche en 1992.
surréalisme, les Henri Béhar, Le Surréalisme
représentations de l'autre, dans la presse de gauche
Châtenay-Malabry, Acoria, (1924-1939), Paris, éditions
2007. Paris-Méditerranée, 2002.
[Bajac et Cheroux 2009] Henri Béhar (dir.), Guide du
Quentin Bajac (dir.) et Paris surréaliste, Paris,
Éditions du patrimoine, coll. 1975, éd. revue et corrigée,
« Guides de Paris », 2012. Paris, José Corti, 1988
[Biro et Passeron 1982] (ISBN 978-2-7143-0263-2).
Adam Biro et René Passeron, André Breton, Manifestes du
Dictionnaire général du surréalisme (1924 et 1930),
surréalisme et de ses Paris, Gallimard, coll.
environs, Office du « Folio », 1998.
livre/Presses universitaires André Breton, Le Surréalisme
de France, 1982 et la Peinture, Paris,
(ISBN 2-13-037280-5) Gallimard, 1928-1965.
[Bloess et Gabriel 2020] André Breton, L’Amour fou
Georges Bloess (dir.) et (1937), Paris, Gallimard, coll.
Nicole Gabriel (dir.), Les « Folio », 2003.
surréalistes français et André Breton et Paul Éluard,
l'Allemagne, Mélusine, Dictionnaire abrégé du
coll. « Mélusine numérique » surréalisme (1938), Paris,
(no II), 2020 (lire en ligne (http José Corti, 1991.
s://melusine-surrealisme.fr/w [Canonne 2007] Xavier
p/wp-content/uploads/2020/ Canonne, Le surréalisme en
02/2020-02-24-Melusine-num Belgique: 1924-2000, Actes
-2-Surrealistes-et-Allemagne- Sud, 2007
1.pdf) [archive]). (ISBN 9782742772094).
Marguerite Bonnet, André [Libellé Chassey 2021] Éric de
Breton. Naissance du Chassey (dir.), Le surréalisme
surréalisme, Paris, José Corti, dans l'art américain: Dali,
Ernst, Tanguy, Pollock, Rothko, gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt
Johns, Bourgeois (exposition, 6k3364182d) [archive]).
Marseille, Centre de la Vieille [Colvile 1999] Georgiana
Charité, 11 mai-26 septembre Colvile, Scandaleusement
2021), Ville de d'elles : trente-quatre femmes
Marseille/Réunion des surréalistes, J.-M. Place, 1999
musées nationaux-Grand (ISBN 2-85893-496-7).
Palais, 2021 Gérard de Cortanze, Le
(ISBN 978-2-7118-7479-8). Monde du surréalisme,
Jacqueline Chénieux- Bruxelles, éd. Complexe,
Gendron, Il y aura une fois. 2005.
Une anthologie du [Daix 2008] Pierre Daix, Les
surréalisme, Paris, Gallimard surréalistes: 1917-1932,
Folio, 2002. Hachette littératures,
Jean Clair, Du surréalisme coll. « Pluriel », 2008 (1re éd.
considéré dans ses rapports 1993)
au totalitarisme et aux tables (ISBN 978-2-01-279485-6).
tournantes, Paris, éd. des Robert Desnos, Corps et
Mille et une nuits, 2003. biens (1930), Paris, Gallimard,
[Clébert 1996] Jean-Paul coll. « Poésie », 1968.
Clébert, Dictionnaire du Charles Duits, "André Breton
surréalisme, Seuil, 1996 a-t-il dit passe", Paris,
(ISBN 2-02-024588-4, Maurice Nadeau, 1991.
présentation en ligne (https:// [Durozoi et Lecherbonnier
1972] Gérard Durozoi et
Bernard Lecherbonnier, Le Serge Fauchereau, Avant-
surréalisme : théories, thèmes, gardes du xxe siècle, arts et
techniques, Larousse, 1972 littérature, 1905-1930, Paris,
(lire en ligne (http://archive.or Flammarion, 2016,
g/details/lesurrealisme0000u (ISBN 978-2-0813-9041-6)
nse) [archive]) (pp. 316-362)
[Durozoi 1997] Gérard Fabrice Flahutez, Nouveau
Durozoi, Histoire du Monde et Nouveau Mythe.
mouvement surréaliste, Mutations du surréalisme de
Hazan, 1997 l'exil américain à l'écart absolu
(ISBN 2-85025-560-2, lire en 1941-1965, Dijon, Les Presses
ligne (https://archive.org/det du réel, 2007
ails/histoiredumouvem0000d (ISBN 978-2-84066-194-8).
uro) [archive]) — autre ed. Elena Galtsova, Le
2004 (ISBN 2-85025-920-9). Surréalisme et le théâtre. Pour
[Durozoi 2002] Gérard une esthétique théâtrale du
Durozoi, Le surréalisme, surréalisme français, Moscou,
Hazan, coll. « L'atelier du RGGU, 2012
monde », 2002 (ISBN 978-5-7281-1146-7).
(ISBN 2-85025-809-1). Vincent Gille & Béatrice
Abdul Kader El-Janabi, Le Riottot El-Habib (sous la
Désir libertaire : le surréalisme direction de), Le Surréalisme
arabe à Paris, 1973-1981, et l'Amour, Paris, Gallimard,
Toulouse, Les éditions de catalogue de l'exposition au
l'Asymétrie, 2018.
Pavillon des Arts de Paris du Annie Le Brun, Lâchez tout,
6 mars au 18 juin 1997. Paris, Le Sagittaire, 1977.
Louis Janover, La Révolution Annie Le Brun, Surréalisme et
surréaliste, Paris, Hachette subversion poétique, Stanford,
« Pluriel », 1995. University Lecture Series,
Louis Janover, Le Surréalisme 1991.
de jadis à naguère, Paris- Sophie Leclercq, La Rançon
Méditerranée, 2002. du colonialisme. Les
Alain Joubert, Le Mouvement surréalistes face aux mythes
des surréalistes ou le fin mot de la France coloniale (1919-
de l’histoire : fin d’un groupe - 1962), Dijon, Les Presses du
naissance d’un mythe, Paris, Réel, 2010
Maurice Nadeau, 2001 (ISBN 978-2-84066-329-4).
(ISBN 2-86231-173-1) Patrick Lepetit, Le
(BNF Surréalisme. Parcours
38916618 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38916618d.public)
souterrain, Paris, éditions
). Dervy, 2012.
Ado Kyrou, Le Surréalisme au [Marseille 1986] "La planète
cinéma, Paris, Ramsay affolée": surréalisme,
cinéma, 2005. dispersion et influences, 1938-
Annie Le Brun, L’Humour noir, 1947 (exposition, Marseille,
dans Entretiens sur le Centre de la Vieille Charité,
surréalisme, dirigés par 12 avril-30 juin 1986),
Ferdinand Alquié, Paris-La Direction des
Haye, éd. Mouton, 1968.
musées/Flammarion, 1986 René Passeron, Surréalisme,
(ISBN 2-08-012900-7). Paris, Pierre Terrail, 2005.
Jean-Claude Michel, Les Gaëtan Picon, Le Surréalisme,
écrivains noirs et le Genève, Skira, 1988.
surréalisme, Sherbrooke Nathalie Piégay-Gros, Le
(Canada), Naaman, 1982. Surréalisme. Nouvelle revue
Jacques Michon, pédagogique lycée,
« Surréalisme et modernité », Septembre 2005, no 016,
Études françaises, volume 11, p. 10-45.
numéro 2, mai 1975, p. 121- José Pierre, Tracts
129 surréalistes et déclarations
Michel Murat, Surréalisme, collectives, Paris, Éric Losfeld,
Paris, Le Livre de Poche, 1980.
2003 (ISBN 225317503X et José Pierre, L'Univers
9782253175032). surréaliste, Paris, Somogy,
Maurice Nadeau, Histoire du 1983
surréalisme, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-85056-172-6),
1947-1970. pour ses très nombreuses
[Passeron 1991] René reproductions.
Passeron, Histoire de la José Pierre et Robert Lebel,
peinture surréaliste, Librairie L'Aventure surréaliste autour
générale française, coll. « Le d'André Breton, Paris,
livre de poche », 1991 (1re éd. Filipacchi, 1986.
1968) (ISBN 2-253-05587-5). Michel Poivert, L'Image au
service de la révolution :
photographie, surréalisme, [Spies 2002] Werner Spies
politique, Paris, Le Point du (dir.), La révolution surréaliste
jour, 2006. (exposition présentée au
[Rispail 1991] Jean-Luc Centre Pompidou (https://ww
Rispail, Les surréalistes : une w.centrepompidou.fr/fr/progr
génération entre le rêve et amme/agenda/evenement/c
l'action, Gallimard, 1991 xxAMEq) [archive]), 2002
(ISBN 2-07-053140-6, lire en (ISBN 2-84426-105-1).
ligne (https://archive.org/det Pierre Taminiaux, Révolte et
ails/lessurrealistesu0000ris transcendance. Surréalisme,
p) [archive]). situationnisme et arts
Barthélémy Schwartz, contemporains, Paris,
Benjamin Péret, l'astre noir du L'Harmattan, 2018, 266 p.
surréalisme. Essais André Thirion,
biographique suivie d'une Révolutionnaires sans
anthologie et d'un cahier révolution, Paris, Le Pré aux
photographique, Paris, Clercs, 1972 ; rééd. Arles,
Éditions Libertalia, 2016, 328 Babel/Actes Sud, 1999.
p. Luc Vigier, Le Surréalisme,
http://editionslibertalia.com/ Paris, Gallimard, 2006.
catalogue/hors- Pierre Vilar, Surréalisme,
collection/benjamin-peret-l- Encyclopædia Universalis,
astre-noir-du- http://www.universalis-
surrealisme [archive]. edu.com/encyclopedie/surre
alisme/ [archive]
Alain et Odette Virmaux, La Le Surréalisme au service de
Constellation surréaliste, Lyon, la Révolution, 1930-1933,
La Manufacture, 1987. Paris, José Corti, rééd. en
Alain et Odette Virmaux, Les fac-similé, Paris, Jean-Michel
grandes figures du Place, 2002.
Surréalisme, Paris, Bordas, « Le surréalisme », Virgule,
1994. décembre 2006, no 36, fiche.
Geneviève Winter, 100 fiches Centre Pompidou, L’art
sur les mouvements surréaliste, Direction de
littéraires, éditions BREAL, l'action éducative et des
2010. publics, http://www.cnac-
La Révolution surréaliste, gp.fr/education/ressources/E
1924-1929, Paris, Gallimard, NS-surrealisme/ENS-
rééd. en fac-similé, Jean- surrealisme [archive].
Michel Place, Paris, 1975 Robert Descharnes et Gilles
(ISBN 2858930007). Néret, Dalí, Taschen, 2001-
2007, 780 p.

Notes et références

Notes

a. À l’entrée « Allemagne », dans son Dictionnaire du surréalisme,


Jean-Paul Clébert écrit : « On peut dire que, si le surréalisme
est officiellement né en France et que ce soient surtout des
Français qui l'aient rendu « manifeste », c'est en Allemagne
qu'il a été conçu. […] C'est l'Allemagne qui a nourri le
surréalisme de son romantisme littéraire et pictural. Les
Allemands sont légion parmi ses précurseurs : Novalis,
Hölderlin, Arnim...[3] »
b. Pierre Albert-Birot donne deux fois le récit de ce moment :
« Peut-être convient-il que je touche ici la question du mot
surréaliste. Apollinaire, depuis plusieurs mois hésitait entre
“surnaturaliste” et “surréaliste”, il employait tantôt l'un tantôt
l'autre, mais avec une préférence pour “surnaturaliste”. Or
Marcel Adéma dans son histoire d'Apollinaire cite une lettre du
poète adressée en mars 1917 à Dermée dans laquelle une fois
de plus il dit : oui je crois qu'il vaut mieux employer
“surréaliste”. Mais son hésitation n'a pas cessé puisqu'en mai,
quand je prépare l'impression du programme pour la
représentation et que je lui dis “que mettons-nous sous le
titre ?”, il me répond d'abord “drame”, mais lui objectant que la
pièce demanderait à être nettement caractérisée, il me dit
“mettons drame surnaturaliste”, et comme je lui fais remarquer
que d'une part le mot est impropre car nous ne faisons
aucunement appel au surnaturel, et d'autre part qu'il se
rapproche un peu fâcheusement du “naturalisme” qui n'est pas
si loin, “c'est vrai”, me dit-il, “vous avez raison, alors imprimez
drame surréaliste” C'est donc bien au cours de cette
conversation qu'il a définitivement choisi, le mot allait être
imprimé sur le programme et ensuite sur le livre, il n'y avait plus
à y revenir[25].»
« Au moment de donner le texte à l'imprimeur j'ai dit à
Apollinaire : “Donnez-moi le titre complet, Les Mamelles de
Tirésias, oui, mais que mettons-nous dessous ? — Eh bien,
drame. — Drame tout seul, ne pensez-vous pas qu'il vaudrait
mieux que vous le caractérisiez vous-même, ce drame, sans
quoi on va dire qu'il est cubiste. — C'est vrai, mettons drame
surnaturaliste”. Je rechignais parce que je voyais là, soit un
possible rattachement à l'école naturaliste, ce qui était
fâcheux, soit une évocation du surnaturel, ce qui était faux.
Apollinaire réfléchit deux secondes : “Alors mettons
surréaliste”. Cette fois, ça y était et nous étions d'accord et
contents tous les deux[26]»

Références

1. André Breton cité par Jacques Michon, « Surréalisme et


modernité », Études françaises, volume 11, numéro 2, mai
1975, p. 121 (lire en ligne).
2. André Breton, « Manifeste du surréalisme », in Œuvres
complètes, tome 1, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La
Pléiade », 1924, Paris, 1987, p. 328.
3. Clébert 1996, p. 21-22.
4. Ora Avni, "Breton et l'idéologie. Machine à coudre - parapluie",
Littérature, n°51, 1983, Poésie, p. 15 lire en ligne (https://www.
persee.fr/doc/litt_0047-4800_1983_num_51_3_2201) [archive]
5. « Jérôme Bosch : rétrospective d'un fascinant inspirateur des
modernes » (https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/je
rome-bosch-retrospective-d-un-fascinant-inspirateur-des-mode
rnes_3313979.html) [archive], sur Franceinfo, 8 mars 2016
(consulté le 9 septembre 2023)
6. « Surrealist Artists » (https://www.surrealism-plays.com/surre
alist-artists.html#Hieronymus%20Bosch) [archive], sur
www.surrealism-plays.com (consulté le 9 septembre 2023)
7. (en) « Revulsion and Fascination: Hybrid Creatures in Visual
Art » (https://www.the-low-countries.com/article/revulsion-and
-fascination-hybrid-creatures-in-visual-art) [archive], sur the
low countries (consulté le 9 septembre 2023)
8. (en) « How Did Bosch’s Garden Of Earthly Delights Influence
Surrealism? » (https://www.thecollector.com/bosch-garden-ea
rthly-delights-surrealist-art/) [archive], sur TheCollector,
28 août 2021 (consulté le 9 septembre 2023)
9. Jean-Luc Rispail, Les surréalistes : une génération entre le rêve
et l'action, Paris, Gallimard, 1991, p. 30-33
10. Roselee Goldberg, coll. « L'Univers de l'art », Thames & Hudson
(ISBN 978-2-87811-380-8), chap.e 4 : « Le surréalisme :
Apollinaire et Cocteau ».
11. Roselee Goldberg (trad. de l'anglais), La Performance. Du
futurisme à nos jours, Chapitre 4 Le surréalisme. De dada au
surréalisme, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art »
(no 89), 2012, 256 p. (ISBN 978-2-87811-380-8)
12. Pierre-Henri Kleiber, « Le surréalisme d’André Breton : du
mythe à l’histoire et de l’histoire au mythe », Nouveaux
cahiers de Marge, no 5,‎12 octobre 2022 (ISSN 2607-4427 (http
s://portal.issn.org/resource/issn/2607-4427) ,
DOI
10.35562/marge.481 (https://dx.doi.org/10.35562/marge.481)
, lire en ligne (https://publications-prairial.fr/marge/index.php?i
d=481) [archive], consulté le 31 mai 2023)
13. Jean-Bertrand Pontalis, « Les vases non communicants. Le
malentendu André Breton-Freud », in Sigmund Freud House
Bulletin, vol. 2, no 1, Vienne, 1978 (texte déjà paru dans la
Nouvelle Revue française, après une conférence du 24
novembre 1977).
14. Article en ligne de Pontalis (http://entretenir.free.fr/breton2.ht
ml) [archive].
15. Mark Polizzotti, André Breton, Gallimard, 1995, p. 62.
16. Sigmund Freud et Stefan Zweig, Correspondance, Paris,
Editions Rivages, 1995, 142 p. (ISBN 978-2-86930-965-4),
p. 128
17. lemonde.fr (https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/10/
04/le-quatrieme-chant_2416345_1819218.html) [archive]
18. Alain Joubert, Le Mouvement des surréalistes ou le fin mot de
l’histoire. Mort d’un groupe – naissance d’un mythe, Paris,
Éditions Maurice Nadeau, 2001 (ISBN 2-86231-173-1)
19. lemonde.fr (https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/10/
25/le-surrealisme-aujourd-hui_2416288_1819218.htm
l) [archive]
20. www.revues-litteraires.com (http://www.revues-litteraires.com/
articles.php?lng=fr&pg=431) [archive]
21. revues-litteraires.com (http://www.revues-litteraires.com/articl
es.php?lng=fr&pg=3288) [archive]
22. Marie-Dominique Massoni, Surréalisme et Hermétisme,
L'Initiation, 2002, Paris p. 130-144.
23. Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du
surréalisme et ses environs, PUF, 1982, Paris, 1987, p. 399-400
(auteur Petr Král).
24. Lettre reproduite dans Pierre-Marcel Adéma, Guillaume
Apollinaire, La Table ronde, 1968, p.304-307
25. « Naissance et vie de SIC », les Lettres nouvelles, n° 2,
septembre 1953.
26. « Les Mamelles de Tirésias », Rimes et Raisons, 1946, p. 47.
27. Jean Cocteau, in L'Excelsior, Paris, 18 mai 1917, reproduit in F.
Steegmuller, trad. M. Jossua, Cocteau: A Biography, p. 140,
Buchet-Chastel, Paris, 1973.
28. A. Fermigier, Entre Picasso et Radiguet, p. 69-70, Hermann,
Paris, 1967.
29. Jean Cocteau, cité in F. Steegmuller, Cocteau: A Biography, op.
cit., p. 122.
30. J. Cocteau, Le Coq et l'Arlequin, Stock Musique, Paris, 1979,
p. 101.
31. Cité dans La Quinzaine littéraire, no 977, 1er octobre 2008,
p. 16.
32. Jacques Vaché, Lettres de guerre, éd. Mille et une nuits, 2001,
p. 30.
33. Durozoi 2002, p. 3.
34. Les Grandes Figures du surréalisme international, Paris,
Bordas, 1994, p. 9.
35. Cf. Pierre Seghers, Le Livre d'or de la poésie française, Paris,
Éditions Marabout, 1998, p. 451.
36. Max-Pol Fouchet, article dans la revue Fontaine, août-
septembre 1940, cité in Monographie de Jean Venturini (http://
www.auxmarins.net/node/7305) [archive].
37. Bruno van Moerkerken et Minke Vos, Emiel van Moerkerken,
D'jonge Hond, cop. 2011 (ISBN 978-90-8910-221-8 et
90-8910-221-3,
OCLC 731109379 (https://worldcat.org/fr/title/731109379) ,
lire en ligne (https://www.worldcat.org/oclc/73110937
9) [archive]).
38. Voir par exemple la Page d'accueil sur Jaime Sáenz (http://dar
kwing.uoregon.edu/~lgarcia/Saenz/Saenz.html) [archive].
39. Descharnes et Néret 2001-2007, p. 303.
40. Descharnes et Néret 2001-2007, p. 304.

Voir aussi

Articles connexes

Articles de catégorie Surréalisme belge


surréalisme Groupe des surréalistes de
Liste des personnalités du Tchécoslovaquie
mouvement surréaliste Surréalisme au Portugal
Chronologie de Dada et du Surréalisme abstrait
surréalisme
Rupture (groupe surréaliste)
Femmes surréalistes
Cadavre exquis
Cinéma surréaliste
Écriture automatique
Manifestes du surréalisme
Dada
Menil Collection, l'une des
Le Grand Jeu
plus grandes collections
Post-surréalisme
surréalistes

Liens externes
Ressource relative à la littérature : The Encyclopedia of
Science Fiction (https://www.sf-encyclopedia.com/entry/surreal
ism)
Ressource relative aux beaux-arts : Grove Art Online (https://d
oi.org/10.1093/gao/9781884446054.article.T082410)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Britannica (https://www.britannica.com/art/Surrealis
m) [archive] · Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.enciclop
edia.cat/EC-GEC-0144582.xml) [archive] · Larousse (https://ww
w.larousse.fr/encyclopedie/divers/wd/186014) [archive] · Store
norske leksikon (https://snl.no/surrealisme) [archive] ·
Universalis (https://www.universalis.fr/encyclopedie/surrealism
e-histoire/) [archive]
Notices d'autorité :
BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11933334b)
(données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11933334b) ) ·
LCCN (http://id.loc.gov/authorities/sh85130846) ·
GND (http://d-nb.info/gnd/4058665-0) ·
Japon (http://id.ndl.go.jp/auth/ndlna/00572441) ·
Espagne (http://catalogo.bne.es/uhtbin/authoritybrowse.cgi?action=
·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_co
· Tchéquie (http://aut.nkp.cz/ph126286)
Le surréalisme, le dossier illustré de francetv éducation (http://e
ducation.francetv.fr/arts-visuels/cm1/dossier/le-surrealism
e) [archive]

Portail du dadaïsme et du surréalisme


Portail de la littérature Portail de la poésie
Portail de la peinture
Portail de l’histoire de l’art
Portail du monde contemporain

Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?


title=Surréalisme&oldid=209069415 ».

La dernière modification de cette page a été faite le 27 octobre 2023 à 17:14. •


Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA 4.0 sauf mention contraire.

Vous aimerez peut-être aussi