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Chapitre II : Les assemblages filetés

CH II : Assemblages filetés Construction Mécanique 1

II.1 Introduction
Les assemblages par éléments filetés sont une méthode courante et essentielle dans la construction
mécanique et industrielle. Ils consistent à relier deux pièces en utilisant des vis, des boulons, des écrous ou
d'autres éléments filetés. Cette technique offre plusieurs avantages, tels que la facilité de montage, de
démontage et de réparation, ainsi qu'une grande résistance mécanique. Les assemblages par éléments filetés
sont utilisés dans une variété d'applications, allant de l'assemblage de meubles au secteur de l'automobile,
de l'aérospatiale et bien plus encore. Ils jouent un rôle clé dans la fabrication et l'entretien de nombreuses
structures et machines, offrant une solution polyvalente pour la connexion de composants.

L'objectif attendu de l'enseignement des assemblages par éléments filetés est généralement de permettre
aux apprenants de comprendre en profondeur les principes, les techniques et les applications de ces
assemblages. Plus précisément, voici les objectifs courants associés à cet enseignement :

1. Comprendre les principes fondamentaux : Les apprenants devraient acquérir une compréhension
approfondie des concepts de base liés aux éléments filetés, tels que les pas de vis, les filetages, les charges
appliquées et les contraintes mécaniques.

2. Maîtriser les types d'éléments filetés : Ils devraient être en mesure de reconnaître et de différencier les
différents types d'éléments filetés, tels que les vis, les boulons, les écrous, les goujons, etc., ainsi que leurs
applications spécifiques.

3. Savoir choisir les éléments appropriés : Les apprenants devraient être capables de sélectionner les
éléments filetés les plus adaptés en fonction des besoins de l'application, tenant compte de facteurs tels que
la résistance mécanique, la corrosion, la température, etc.

4. Comprendre les méthodes d'assemblage : Ils devraient être en mesure de maîtriser les techniques de
montage, de serrage et de contrôle de la tension dans les éléments filetés.

5. Assurer la sécurité : Les apprenants devraient apprendre à prendre en compte les aspects liés à la sécurité
lors de l'utilisation d'assemblages par éléments filetés, notamment en évitant les défaillances et les accidents.

6. Appliquer ces connaissances dans des contextes réels : L'objectif ultime est de permettre aux apprenants
d'appliquer ces compétences dans des situations pratiques, telles que l'assemblage de structures, de
machines ou de dispositifs industriels.

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II.2 Termes et définitions


Un filetage est créé en taillant une ou plusieurs rainures hélicoïdales dans un cylindre ou un cône. Ces rainures
peuvent prendre différentes formes, telles que triangulaires, trapézoïdales, carrées ou rondes. La portion
non rainurée du cylindre ou du cône est ce que l'on appelle le "filet".

Figure II.1 : Filet et rainure d’un filetage

Un assemblage par éléments filetés est formé en reliant deux ou plusieurs pièces en utilisant un ou plusieurs
des éléments de fixation suivants (figure II.2) :

Vis : Tige filetée avec ou sans tête équipée d’un dispositif d’entraînement (rainure, forme hexagonale : creux
ou tête…).

Ecrou : Pièce taraudée ayant un dispositif d’entraînement.

Ecrou
Vis

Rondelle

Figure II.2 : Vis et écrou (+ rondelle)

Goujon : Tige comportant un filetage à ses deux extrémités.


Boulon : Ensemble constitué d’une vis à tête et un écrou. Un boulon est destiné normalement à assurer un
serrage entre la face d’appui de la tête et celle de l’écrou.

Figure II.3 : Assemblages filetés.

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On dit qu’une tige est "filetée" et qu’un trou est "taraudé".

Filetage

Taraudage

Figure II.4 : Filetage et taraudage.


Une pièce filetée peut comporter un seul filet ou plusieurs filets juxtaposés, identiques et équidistants ; elle
est dite, dans le premier cas, à filet simple et dans le second, à filets multiples

Figure II.5 : Nombre de filets.

II.3 Caractéristiques principales des éléments filetés


L'assemblage par vis et écrou requiert que ces deux éléments partagent des caractéristiques essentielles
identiques, notamment :

 Le diamètre nominal,
 La configuration du filetage,
 Le nombre de tours du filet,
 Le pas du filetage,
 La direction de l'hélice.

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a) Diamètre nominal (d, D)


Ces diamètres correspondent respectivement au diamètre 𝒅 mesuré au sommet du filet pour la vis et au
diamètre 𝑫 mesuré au fond du filet pour l'écrou, comme illustré dans la figure II.6. Par définition, la vis et
l'écrou partagent un même diamètre nominal : d = D.

Figure II.6 : Diamètre nominal dans le cas d’un filetage et d’un taraudage

b) Pas (P)
Le pas est la mesure axiale entre deux crêtes successives d'un même filet hélicoïdal, comme illustré dans la
figure II.7. Il représente également la distance parcourue lors d'un seul tour de vissage (ou de dévissage). Les
normes prévoient, pour chaque diamètre nominal, un pas courant ou "pas gros", ainsi qu'un certain nombre
de pas fins pour des applications spéciales (comme le filetage sur des tubes minces, des écrous de faible
hauteur, des vis d'appareils de mesure, etc.). À diamètre nominal équivalent, plus le pas est fin, plus les
tolérances sont strictes, ce qui signifie que le filetage est plus précis.

Figure II.7 : Pas gros et fin d’un filetage

c) Angle d’hélice (α)


L'hélice est une ligne tracée sur un cylindre dont la tangente en chacun de ces un angle constant α avec le
plan perpendiculaire sur l'axe du cylindre

 Le pas de l'hélice est la longueur entre deux points consécutifs de l'hélice sur la même génératrice du
cylindre sur lequel elle est tracée.
 L'angle α de l'hélice est tel que :
𝑃
tan α = (II.1)
𝜋.𝑑
Où α est l'angle d'inclinaison de l'hélice, P est le pas et d est le diamètre nominal du filetage

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α
α

Figure II.8 : Hélice définissant le filetage.

d) Angle du flanc (𝛽)

L'angle de flanc, noté 𝛽, est l'angle formé par l'une des surfaces inclinées des deux côtés du filet, lorsque l'on
regarde un plan vertical (plan méridien) et la perpendiculaire à l'axe du cylindre ou du cône de base contenu
dans ce plan. Il est important de noter qu'il peut y avoir deux angles de flanc différents, notamment lorsque
le filet présente une forme asymétrique. L'angle de flanc 𝛽 varie en fonction du type de filet utilisé (figure
II.9).

Figure II.9 : Angle du flanc

e) Sens d'hélice

Le sens de l'hélice est qualifié de "droite" lorsque, en plaçant l'axe de la vis verticalement, le filet s'enroule
vers la droite. À l'inverse, il est dit "gauche" lorsque le filet s'enroule vers la gauche. Pour une vis à droite,
son enfoncement dans un écrou immobilisé se produit en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre
(en sens inverse des aiguilles d'une montre pour une vis à gauche).

Vis droite Vis gauche

Figure II.10 : Sens d’hélice (vis droite et vis gauche)

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La figure II.11 ci-dessous présente


les caractéristiques mentionnées
précédemment, ainsi que les
autres différents diamètres d'un
filetage, le pas, le sommet, le fond,
les flancs, etc.

Figure II.11 : Terminologie des filetages

f) Différents profils des filets


Les différentes configurations des surfaces hélicoïdales qui composent les filets sont soumises à des normes,
et chaque norme est associée à une désignation distincte. Les profils essentiels sont présentés dans la figure
II.12

Profil triangulaire Profil triangulaire Profil trapézoïdal Profil trapézoïdal


symétrique asymétrique

Figure II.12 : Importants profils de filetage.

On trouve ainsi que le profil métrique (triangulaire) est le plus couramment utilisé en pas normaux ou pas
fins. Il existe d'autres profils spéciaux tel que : le profil trapézoïdal symétrique utilisé pour la transmission
des efforts importants, le profil trapézoïdal asymétrique destiné à supporter des poussées uni-axiales, ou le
profil rond utilisé pour supporter de grands efforts de traction. La forme arrondie des filets diminue
considérablement le risque de cisaillement. Rappelant que le coût de ces profils est plus ou moins élevé par
rapport au coût du profil métrique.

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II.4 Représentation Normalisée Des Filetages


II.4.1 Représentation de la pièce avant usinage du filetage

Figure II.13 : représentation des pièces avant usinage du filetage

II.4.2 Représentation du filetage


Un filetage est généralement symbolisé
conventionnellement en utilisant deux
cylindres distincts (figure II.14) :
 Le cylindre sommet de filet, qui
représente la partie non usinée de la
pièce avant le processus d'usinage.
 Le cylindre fond de filet, qui est
généralement représenté en
projection par deux génératrices ou les
Figure II.14 : représentation d’un vis
3/4 d'un cercle lorsque vu en bout.

Pour un alésage ou écrou

Figure II.15 : représentation d’un écrou

Convention de représentation d'un trou borgne taraudé

Figure II.16 : représentation d’un trou borgne taraudé

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II.5 Représentation Des Assemblages Filetés


II.5.1 Conditions d'assemblage
L'assemblage entre deux pièces filetées ne peut être réalisé que si :

 Les diamètres nominaux sont identiques (∅d = ∅D) ;


 Les pas sont égaux ;
 Les profils identiques ;
 Le sens d'hélice identique ;
 Nombre de filet identique pour les deux pièces

Figure II.17 : éclaté d’un assemblage de


deux pièces par une vis

La figure II.18, présente les conditions fonctionnelles d’assemblage nécessaires pour l’emploi d’une vis
d’assemblage.

Figure II.18 : Conditions


fonctionnelles d’emploi
des vis d’assemblage.

II.1)

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Tableau II.1

II.5.2 Représentation normalisée

Figure II.19 : représentation normalisée d’un assemblage de deux pièces par une vis.

II.6 Elément Filetés D'assemblage


II.6.1 Les vis
Une vis se compose d'une tige filetée sur une certaine longueur, précédée par une tête de section plus large.
Cette tête joue un double rôle, à la fois pour l'assemblage et pour le blocage. Selon leur mode d'action, on
distingue deux types de vis :
 Les vis d'assemblage, où la pression est exercée par la tête de la vis.
 Les vis de pression, où la pression est exercée par l'extrémité de la vis.

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a) Vis d'assemblage
Permet d'établir une liaison complète démontable entre deux pièces. Une pièce est percée d'un trou taraudé,
l'autre d'un trou lisse. L'immobilisation est réalisée par la tête de vis (figure II.20).

Figure II.20 : liaison


complète démontable entre
deux pièces

En fonction de la forme de la tête, qui remplit un double rôle en fournissant une surface d'appui et
permettant la manipulation (ou blocage) de la vis, plusieurs modèles sont disponibles, comme illustré dans
la figure II.21.

Figure II.21 : Caractéristiques des vis d'assemblages

b) Vis de pression
Les vis de pression se diffèrent de celles d'assemblage par leurs longueurs totalement filetées et leurs
extrémités. Elles sont utilisées dans les montages demandant peu de précision et un effort sur l'extrémité
(figure II.22)

Tête

F A
Figure II.22 : Emploie des vis de pression.
Extrémité
B

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La tête d'une vis de pression ne doit pas servir en blocage. Par conséquent, ses dimensions sont réduites. La
figure II.23, présente les formes de tête et d'extrémité rencontrées en construction mécanique.

Figure II.23 : Caractéristiques des vis de pression

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II.6.2 Les écrous


Un écrou est une pièce taraudée qui est conçue avec un mécanisme permettant de le serrer. Parmi les types
d'écrous les plus couramment utilisés, on distingue :
 Les écrous qui nécessitent l'utilisation d'une clé pour les serrer.
 Les écrous autofreinés, dont le freinage est assuré soit par un système intégré, soit par la
déformation de la partie filetée.
 Les écrous standards qui peuvent être serrés à la main sans nécessiter l'utilisation d'outils.

La figure II.24 présente les écrous les plus utilisés en construction.

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Figure II.24 : les écrous les plus utilisés

II.6.3 Les boulons


Un boulon est constitué d'une vis partant le filetage, d’une ou deux rondelles assurant l’appui et d’un écrou
permettent le serrage. Un boulon assure une liaison fixe démontable entre les pièces A et B. Les pièces sont
percées de trous lisses (figure II.25)

Figure II.25 : assemblage de plusieurs pièces


par un boulon.

Les boulons sont définis à partir de la forme de la tête de vis.

Boulon à tête hexagonale

C'est le boulon le plus utilisé en construction


mécanique. L'arrêt en rotation (d'axe Z) de la tête H
est facilement et économiquement réalisé :
• Par une clé si accessibilité,
• Par un obstacle comme la face F (figure II.26)
• Par une plaquette arrêtoir.

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Boulon à tête carré
Boulon souvent utilisé dans les blocages des pièces sur les machines-outils (figure II.27).

Figure II.27 : Exemple d’utilisation d’un boulon à tête carré.

Boulon à tête cylindrique (Maurin fixation)


L’arrêt en rotation (d’axe Z) est obtenu soit : (figure II.28)
 Par un ergot cylindrique rapporté avec e = 2 pas.
 Par un ergot brut symbole CE avec b1 = d/2

Figure II.28 : représentation d’un boulon à tête cylindrique à ergot.

Boulon à tête fraisée (Maurin fixation)


L’arrêt en rotation (Rz) est également obtenu :
 Par ergot cylindrique rapporté F90/ET
 Par ergot brut F90/E avec b3 = d/2.

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II.6.4 Les goujons


Un goujon est formé d'une tige filetée à ces deux extrémités et d'un écrou. L'une des extrémités de la tige
filetée est implantée à demeure dans une pièce (bloqué à fond de filet), les autres pièces sont percées d'un
trou lisse et immobilisées par un écrou (figure II.29).

Figure II.29 : assemblage par goujon

Les goujons sont utilisés en remplacement des boulons dans des situations où l'une des pièces à assembler
est de faible résistance ou lorsque cette pièce est particulièrement épaisse.

L’implantation bm en fonction de la matière est donnée comme suit :


Matière bm
Acier 1.5d
Fontes, cuivres et alliages 2d
Aluminium et alliages 2.5d

II.6.5 Freinage des éléments filetés


La fonction du freinage est de prévenir le desserrage des vis et des écrous exposés à des forces telles que des
chocs, des vibrations, des variations de température, etc. Cette fonction peut être accomplie soit par
adhérence, impliquant un phénomène de frottement, soit par obstruction. La Figure II.30 illustre diverses
techniques utilisées dans le domaine de la construction pour atteindre cet objectif.

Figure II.30 : Différentes techniques de freinage.

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II.7 Désignation normalisée


a) Ancienne normalisation
La désignation normalisée d’une vis, écrou, goujon et boulon se compose de :
 Type d’élément d’assemblage « Vis, Ecrou, Goujon, Boulon »
 Type de tête « H, CHC, … »
 Symbole du filetage métrique « M »
 Diamètre nominal « d »
 Symbole « x »
 Longueur sous tête « ℓ »
 Symbole « x »
 Longueur filetée
 Symbole «, »
 Classe de qualité
Exemples :

A. Vis : Vis H M10x50, 6.8

Vis à tête hexagonale de diamètre nominal 10 mm au pas métrique, de longueur sous tête ℓ = 50 mm de
classe de qualité 6.8.

B. Ecrous: Ecrou H, M12 – 8

Ecrou hexagonale de diamètre nominal 12 mm au pas métrique de classe de qualité 8.

C. Boulons : Boulon H, M12-30 - 8.8

Boulon composé d’une vis à tête hexagonale et d’un écrou hexagonal de diamètre nominal 12 mm, au pas
métrique, longueur sous tête 30 mm, de classe de qualité 8.8

D. Goujons : Goujon M12 – 50, bm 12, classe 8.8

Goujon de diamètre nominal de 12 mm, au pas métrique, longueur libre (l=50mm), implantation (bm = 12
mm), classe de qualité 8.8.

b) Nouvelle normalisation

La désignation normalisée d’une vis (écrou, boulon et goujon) se compose de :

 Désignation de la vis (écrou, boulon et goujon)


 Norme ISO
 Symbole du filetage métrique « M »
 Diamètre nominal « d »
 Symbole « x »
 Longueur sous tête « ℓ »
 Symbole « x »
 Longueur filetée
 Symbole «, »
 Classe de qualité

Exemple : Vis à tête hexagonale ISO 4014 M10x50, 6.8

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II.8 Classes de qualité (résistance)


La classe de qualité ou de résistance désigne les propriétés mécaniques de la vis ou de l’écrou.

II.8.1 Vis
Selon la norme ISO 898-1 :1988 (remplaçant la norme ISO/R 898-3 :1969), la classe est notée par deux
nombres entiers (𝑛1. 𝑛2), par ex. « 5.6 », « 8.8 », « 10.9 » ou « 12.9 », et qui est gravée sur les têtes de vis
(figure II.31), voir plus loin marquage des boulonneries.

Figure II.31 : Marquage des vis montrant la classe de qualité


Dix classes de résistance sont utilisées pour classer les vis en acier, voir tableau suivant.
Classes de qualité
3.6 4.6 4.8 5.6 5.8 6.8 8.8 10.9 12.9
Le premier nombre représente la résistance à la rupture 𝑅𝑚 de l'acier en MPa (ou N/mm²) :
𝑅𝑚 = 𝑛1×100
Le second représente le rapport entre la limite élastique 𝑅𝑒 et la résistance à la traction 𝑅𝑚 :
𝑅𝑒 = 0,1×𝑛2×𝑅𝑚
Exemple : pour une vis de classe 10.9 on a :
𝑅𝑚 = 100 .10 = 1000 𝑀𝑃𝑎
𝑅𝑒 =9/10 𝑅𝑚 = 900 𝑀𝑃𝑎

II.8.2 Ecrous
La classe de qualité est symbolisée par un nombre allant de 4 à 12 (par exemple 8). Ce nombre correspond
sensiblement au 100ème de la contrainte minimale (exprimée en MPa) sous charge d’épreuve.

a) 𝟎, 𝟓𝑫 ≤ Hauteur nominale de l’écrou < 0,8𝑫 :

Les écrous dont la hauteur est comprise entre 0,5𝐷 et 0,8𝐷 sont désignés par une combinaison de deux
chiffres.

 Le premier chiffre indique que la capacité de charge d'un ensemble vis-écrou est réduite en
comparaison avec la capacité de charge de l’écrou.
 Le deuxième indique la contrainte nominale sous charge d'épreuve

b) Hauteur nominale de l’écrou ≥ 𝟎, 𝟖𝑫 :


Les écrous dont la hauteur est supérieure ou égale à 0,8 𝐷 sont désignés par un seul chiffre : indiquant la
contrainte nominale sous charge d'épreuve, voir tableau suivant.

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Tableau : Classes de qualités des écrous
Classe de qualité
0.5D ≤ Hauteur nominale de l’écrou < 0.8D 04 05 - - - - -
Hauteur nominale de l’écrou ≥ 0.8D 4 5 6 8 9 10 12

II.9 Calcul des éléments filetés


Le calcul des éléments filetés est un ensemble de méthodes permettant de déterminer les caractéristiques
mécaniques d'une pièce filetée, telles que la résistance à la traction, la résistance au cisaillement, la rigidité
et la durée de vie.
Les éléments filetés sont utilisés dans de nombreux applications, notamment les assemblages mécaniques,
les fixations et les machines. Ils sont soumis à des forces de traction, de cisaillement et de flexion.

Le calcul des éléments filetés est important pour garantir la sécurité et la durabilité des assemblages. Il
permet de dimensionner correctement les pièces filetées pour qu'elles puissent supporter les charges
auxquelles elles seront soumises.

Dans les assemblages filetés, le serrage de la vis sur l'écrou crée un coincement entre les surfaces
hélicoïdales. Si on remplace la trajectoire tracée par l'hélice par une ligne droite (projection), on trouve que
ce coincement est très similaire à celui de deux surfaces planes inclinées. Cette analogie permet de calculer
la condition de stabilité de l'assemblage.
La condition de stabilité est exprimée par la formule suivante :
𝑃
< 0.05, P < d/6.4
𝜋𝑑
D’où :
P : le pas, d = le diamètre primitif
Cette condition est la plus respectée dans les normes de filetages.
II.9.1 Dimensionnement des éléments filetés
Considérons un assemblage par visage de deux pièces (Figure II.32). Le serrage est assuré par la force F. Cette
force a une action d'un coté sur la tige de la vis et d'autre coté sur les filets. On trouve ainsi que la vis subit
deux sollicitations :
− Une sollicitation d'extension dans la tige, de contrainte (daN/mm2) :
𝐹
𝜎=
𝑆
Où S est la section du noyau de la tige.
− Une sollicitation de cisaillement de filets, de contrainte (daN/mm2) :
𝐹
𝜏=
𝑁𝑆𝑓

Où N est le nombre de filets en prises et Sf est la section cisaillée d'un filet.

Pour que la vis puisse résister, les efforts maximales d'extension et de cisaillement doivent être inférieurs ou
égales à une valeur pratique. En introduisant un coefficient de sécurité, on peut écrire :
𝑅𝑒 𝑅𝑝𝑔
𝜎𝑚𝑎𝑥 ≤ et 𝜏𝑚𝑎𝑥 ≤
𝐹𝑆 𝐹𝑆

Où 𝑅𝑒 est la limite élastique et 𝑅𝑝𝑔 est la résistance à la rupture par glissement.

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FS : le facteur de sécurité.

Figure II.32 : Efforts de serrage


a. Calcul du diamètre
𝜋𝑑2
La section du noyau d'une tige filetée est souvent exprimée par la relation suivante : 𝑆 =
𝐾
Où K est le coefficient de concentration de contraintes, égale à 2.5 pour les filetages.
En remplaçant S dans l'expression de la résistance à l'extension, on trouve que :
𝐹.𝐾 𝑅𝑒

𝜋.𝑑2 𝐹𝑆
D'après cette condition d'inégalité, on peut déduire le diamètre nominal de la tige filetée, soit :

𝐹.𝐾.𝐹𝑆
d≥√
𝜋.𝑅𝑒

D'où la valeur minimale du diamètre soit donnée par :

𝐹.𝐾.𝐹𝑆
𝑑𝑚𝑖𝑛 = √
𝜋.𝑅𝑒

b. Calcul de l'implantation
Sachant que la section cisaillée d'un filet est donnée par : 𝑆𝑓 = π.d.p , l'expression de la résistance aux
cisaillements peut être donnée par:
𝐹 𝑅𝑝𝑔

𝑁.𝜋.𝑑.𝑃 𝐹𝑆
D’où :
𝐹.𝐹𝑆
N≥
𝜋.𝑑.𝑃.𝑅𝑝𝑔

D'après cette inégalité, le nombre minimal de filets en prise est donné par :
𝐹.𝐹𝑆
Nmin =
𝜋.𝑑.𝑃.𝑅𝑝𝑔

Sachant que l'implantation J de la tige filetée est égale au produit du nombre de filets en prise et du pas, sa
valeur peut être déduite par l'expression suivante :
𝐹.𝐹𝑆
Jmin =
𝜋.𝑑.𝑅𝑝𝑔

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Exemple 1 :
Vérifier la résistance à l'extension de la tige d'une vis M 12 fabriquée d'un matériau dont Re = 240 MPa et
boquée à une force 18000 N. Sachant que cette vis est visée dans un matériau dont Rpg = 40 MPa,
déterminer l'implantation minimale (FS = 2).
Résistance à l’extension :
𝐹.𝐾 𝑅𝑒 18000𝑥2.5 𝑅𝑒 240
𝜎= ≤ , = 99.47 MPa < = = 120 MPa ; la tige de la vis peut alors résister.
𝜋.𝑑2 𝐹𝑆 𝜋.122 𝐹𝑆 2
Implantation minimale :
𝐹.𝐹𝑆 18000𝑥2
Jmin = = = 23.8 mm
𝜋.𝑑.𝑅𝑝𝑔 𝜋.12.40

II.9.2 Serrage et desserrage


L'assemblage à l'aide d'éléments filetés implique généralement l'application d'un couple de serrage sur
l'écrou, la tête de la vis ou l'extrémité de la vis dans le cas d'une vis de pression. Ce couple résistant est généré
par les forces de contact qui agissent entre les filets du filetage ainsi qu'entre les pièces assemblées.
La figure II.33 illustre quelques exemples de ces forces de serrage. CO représente le couple de serrage
appliqué, tandis que FO désigne la force de blocage exercée entre les pièces assemblées.

Figure II.33 : Actions de serrage dans les assemblages filetés

a. Calcul de couple de serrage


Le couple de serrage est souvent exprimé par la somme du couple C1 dû aux efforts de frottement entre les
filets et C2 dû aux efforts de frottement entre les pièces assemblées. On peut donc écrire :
𝐶0 = 𝐶1 + 𝐶2
A partir des spécifications des filets, présentées dans la figure II.34, le couple C1 est exprimé par la relation
suivante :

C1 = 𝐹𝑟𝑚 .tan (α+𝜑1 )


Où 𝜑1 est l'angle de frottement entre filets, donné par: tan 𝜑1 = 𝜇1 /cos 𝛽 = 𝜇1′
Puisque α et 𝜑1 sont des petits angles, on peut écrire: tan(α+𝜑1 ) = α+𝜑1

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β : semi angle du sommet des filets Figure II.34 :


α : angle d’inclinaison de l’hélice.
spécification
rm : rayon moyen du filetage
P : pas du filet. des filets métriques.

On a aussi : tan α = α =P/π.d et rm = d/2


D’où :
𝑃 𝑃 𝑑
C1 = 𝐹𝑟𝑚 .(α+𝜑1 ) = 𝐹𝑟𝑚 .( + 𝜇1′ ) = F.( + 𝜇′1 )
𝜋.𝑑 2.𝜋 2

Le couple C2 peut être exprimé par la relation :

C2 = F.Rm.tan 𝜑2

Où φ2 est l'angle de frottement, tan φ2 = µ2

D’où :

C2 = F.Rm. µ2

Rm est le rayon moyen de la surface de frottement. La valeur de ce paramètre d'un cas à un autre. La figure
II.35 présente les cas de montage possibles avec la valeur de Rm

Figure II.35 : Rayon moyen de frottement dans les assemblages filetés

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A partir des relations de C1 et C2, le couple de serrage, dans le cas général, est exprimé par : C0 = C1 + C2
𝑃 𝑑
C0 = F.( + 𝜇′ ) + F.Rm. µ2
2.𝜋 2 1
𝑃 𝑑
C0 = F. ( 2.𝜋 + 2 𝜇1′ + Rm. µ2)

On trouve ainsi que cette expression est la somme de trois couples :


𝑃
 F. : couple nécessaire pour la mise en tension de l'élément de serrage utilisé,
2.𝜋
𝑑 ′
 F. 𝜇 : couple nécessaire pour vaincre les frottements entre les filets,
2 1
 F.Rm. µ2 : couple nécessaire pour vaincre frottements entre l'éléments de serrage et les pièces à assemblées.

Dans le cas d'une vis de pression à extrémité ronde, la surface de contact entre l'élément de serrage et la pièce
à bloquer est présentée par un point (figure II.33). En effet, le rayon moyen de la surface de frottement est
nul et le troisième terme de l'expression sera, par conséquent, négligé.

b. Calcul de couple de desserrage


Dans le cas de desserrage d'un assemblage fileté, on suppose que les efforts de frottement entre l'éléments
d'assemblage et les pièces assemblées ne se produisent pas à cause de perte instantané de contact entre ces
éléments. Par conséquent le couple nécessaire au desserrage Cd est exprimé uniquement à l'aide du couple
dû au frottements entre les filets. Sachant que ces derniers changent de sens dans le cas de desserrage, on
peut écrire :

Cd = 𝐹. 𝑟𝑚 .tan (𝜑1 − 𝛼)

De la même manière, on trouve :


𝑑 𝑃
Cd = F.( 𝜇1′ − )
2 2.𝜋
Exemple 2 :
Déterminer le couple de serrage et de desserrage d'une vis d'assemblage M 10 × 1,5 en admettant que toutes
les surfaces de contact sont acier-acier (µ = 0,14).
On a :
µ1 = µ2 = µ et µ’1 = µ1/cos30 = 0.14/0.86 = 0.16
Rm = 0,7. d = 0,7 × 10 = 7 mm
Couple de serrage :
𝑃 𝑑
C0 = F. ( + 𝜇1′ + Rm. µ2)= F. ( 2.𝜋
1.5 10
+ 2 𝑥 0.16 + 7x0.14)= 2.01.F
2.𝜋 2
Couple de desserrage :
𝑑 𝑃
Cd = F.( 𝜇1′ − )= F.(
10
𝑥0.16 −
1.5
)= 0.56.F.
2 2.𝜋 2 2.𝜋

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