Vous êtes sur la page 1sur 124

DOM/GR/ITA/NL/PORT : 10,10 € BEL/LUX: 9,80 € ESP: 10,30 € CH: 15,60 FS CAN: CAN$ 13,10 GB: £ 8,35 / OR DE CHINE / YVES

ES KLEIN / POUSSIN / MICKALENE THOMAS / ROTHSCHILD / KAHLO / RCR ARQUITECTES / SZAFRAN / janvier 2023 821

La

à Lyon
bleu

Poussin
érotique
Szafran à
révélation
l’Orangerie
Les

KLEIN
d’ YVES
Le monde
belles
plus

2023
expos

M 05525 - 821 - F: 6,90 E - RD


M 05525 - 821 - F: 6,90 E - RD
3’:HIKPPC=ZU[^UY:?a@s@c@l@a";
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e re u x p o u r l a s a n t é . À c o n s o m m e r a v e c m o d é r a t i o n .
Au musée du Luxembourg, à Paris, l’exposition « Miroir du monde » n’avait qu’un but :
montrer les chefs-d’œuvre du cabinet d’art de Dresde et ce, jusqu’au 15 janvier. Tout le
monde imaginait déjà les ruissellements d’or et de nacre, les objets montés avec perles
baroques et nautiles exotiques, les porcelaines de Meissen imitant les plus belles produc-
tions extrême-orientales. Que nenni ! Dans un décor gris rappelant les maisons du peuple
d’Allemagne de l’Est et une approche plus « sciences naturelles » que « beaux-arts », voici
l’interprétation contemporaine que les Staatliche Kunstsammlungen Dresden (SKD)
donnent de leurs brillants trésors des princes électeurs de Saxe. À cet accrochage déce-
vant, au faible nombre d’œuvres venues d’Allemagne et à la présence inutile de pièces

Leçon de morale
contemporaines s’ajoutent des avertisse-
ments relevant d’une incroyable leçon de
morale. En complément des cartels scienti-
fiques, le parcours est ponctué de panneaux donnant « le point de vue des musées » sur les
objets exposés. Il est précisé que les SKD mènent une réflexion active sur « les conditions
RETROUVEZ géopolitiques et économiques qui ont permis la constitution de leurs collections et sur les
LA CHRONIQUE
HEBDOMADAIRE objectifs politiques qu’elles ont servis ». On sent déjà le « wokisme » pointer sous les argu-
de Guy Boyer sur ments fallacieux de justice sociale et d’égalité raciale, qui n’ont pas grand-chose à faire ici
Radio Classique,
« Chronique Sorties »
en matière de collectionnisme. « Si l’expansion européenne à travers le monde a souvent
le vendredi en fin été très documentée pour ce qui concerne les éléments naturels et les peuples rencontrés,
de flash de 13 h, pourquoi, en revanche, les collections européennes ont-elles attaché peu d’importance à la
le samedi et
le dimanche à 8 h. provenance des fonds constitués dans le sillage de ces explorations ? », s’interrogent les
organisateurs de l’exposition. Devant les incroyables sphères tournées de Georg Friedel, le
panneau précise : « Peut-on encore exposer des pièces en ivoire sans en encourager le com-
merce illégal ? ». Pour se dédouaner de présenter un grand personnage noir portant des
pierres dures ou un couple d’Orientaux de fantaisie, un autre explique que « les musées

au musée
veillent à adopter une approche réfléchie des représen-
tations stéréotypées des non-Européens » et que « les
images de personnes portant de lourds fardeaux, légère-
ment vêtues et aux expressions faciales caricaturales qui
821

Les
janvier 2023

Le monde
bleu
plus
/ OR DE CHINE / YVES KLEIN / POUSSIN / MICKALENE THOMAS / ROTHSCHILD / KAHLO / RCR ARQUITECTES / SZAFRAN /

d’YVES
belles
expos
KLEIN
étaient destinées à légitimer la domination coloniale et l’esclavage, ne sont plus exposées sans
2023
commentaires aujourd’hui ». La Réunion des Musées nationaux prend-elle les visiteurs
pour des personnes incultes et insensibles ? A-t-elle honte de l’histoire des collectionneurs
La
DOM/GR/ITA/NL/PORT : 10,10 € BEL/LUX: 9,80 € ESP: 10,30 € CH: 15,60 FS CAN: CAN$ 13,10 GB: £ 8,35

révélation
Szafran à
l’Orangerie
Poussin
érotique
à Lyon

de l’Ancien Régime ou a-t-elle peur de son ombre ? Au lieu de faire des leçons de morale à
La garde-
robe
de Frida
Kahlo

existe aussi dix sous, elle aurait pu faire plus d’efforts pour monter une exposition digne de ce superbe
en version numérique sujet. L’Hôtel de la Marine va relever le défi en 2024, avec le faste nécessaire pour être à la
www.connaissance
desarts.com hauteur de ces immenses mécènes et collectionneurs de la « Florence de l’Elbe ».

GUY BOYER, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION


gboyer@cdesarts.com

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 3


JANVIER 2023

3 ÉDITORIAL
13
De Vermeer
à Basquiat,
de Ramsès II
6 PORTFOLIO à David Hockney,
les expositions
Or de Chine de 2023 vont
combler tous les
13 GRANDES EXPOSITIONS 2023
amateurs d’art.

Sous le signe de Basquiat

38 ÉVÉNEMENT
Yves Klein, au-delà du bleu

46 STYLE

46
L’Arcadie érotique de Poussin

52 PORTRAIT D’ARTISTE
Mickalene Thomas,
Nicolas Poussin
femme puissante peignait fort
bien l’amour.
58 COLLECTION PRIVÉE
Démonstration
au musée des
Alix de Rothschild, l’instinctive Beaux-Arts de Lyon.

64 MODE
Le style Frida Kahlo

68 ARCHITECTURE
RCR, la matière et la lumière

72 ÉTUDE D’UNE ŒUVRE

76
Les bronzes de Riace

RÉCIT D’UNE VIE


Nom : Szafran
38
Yves Klein
a donné son nom
Prénom : Sam à une nuance
de bleu. L’hôtel

82 NOUVEAU TALENT
de Caumont, à
Aix-en-Provence,
Anupama Kundoo / Carolein révèle un peintre
moins connu.
Smit / Sabine Meier

89 MARCHÉ DE L’ART / LIVRES


En couverture
103 16e PRIX DE DESSIN DANIEL Yves Klein,
Anthropométrie sans titre
ET FLORENCE GUERLAIN (ANT 7), 1960, pigment
pur, résine sur papier,

113 CALENDRIERS / SORTIR /


102 x 73 cm, détail
COLL. PRIVÉE. ©SUCCESSION
COURRIER / MOIS PROCHAIN YVES KLEIN.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 5


portfolio

L’École des Arts joailliers, avec le soutien


de Van Cleef & Arpels, présente à Paris
une centaine de bijoux et ornements
chinois en or, provenant d’une prestigieuse
collection privée de Hong Kong, qui
retracent trois millénaires de création
pour l’élite sociale, de la Chine archaïque
à la fin de l’époque impériale.
/ Texte Axelle Corty

« Dans le répertoire décoratif


chinois, il y a plusieurs types de
dragons. Le dragon impérial, qui possède des
cornes et cinq griffes, et le dragon sans corne,
le dragon chi (à gauche),
gauche), souvent utilisé pendant
les dernières dynasties impériales pour décorer
textiles, porcelaines, jades ou ornements de cheveux »,
Ci-dessus Ornement pour explique Valentina Bruccoleri, docteure en histoire de
cheveux à décor de dragon, l’art chinois à la Sorbonne, commissaire de l’exposition
dynastie Qing, 1644-1911, avec Olivier Segura, gemmologue et directeur scientifique
argent doré et gemmes. à L’École des Arts joailliers.
L’exposition décrypte les techniques
d’orfèvrerie comme les symboliques
du vocabulaire ornemental chinois.
« Le phénix peut représenter
beaucoup de choses, toujours
positives. Il est souvent associé
à la féminité », selon Valentina
Bruccoleri. Ce type d’épingle
(à gauche),
gauche), réalisé en volume par
deux plaques martelées et soudées,
était créé pour être vu de profil,
l’oiseau mythique semblant voler
sur la coiffure.

R
À gauche Épingle à cheveux à décor de
phénix, dynastie Song, 960-1279, or.

de
« Dans l’histoire de l’ornement
chinois, les parures les plus
fréquentes sont des bijoux de
cheveux, contrairement à ce que
l’on peut observer dans l’histoire
du bijou occidental »,
», remarque
Valentina Bruccoleri. Les boucles
d’oreilles ne sont pas portées
en Chine à toutes les époques,
mais on en voit beaucoup sous
les Ming. Celles reproduites à
droite sont en forme de lanternes,
symbole festif de célébration.
À droite Boucles d’oreilles en forme de
lanterne, dynastie Ming, 1368-1644, or.

La production de
ce type de boucles
(ci-contre) remonte à des
périodes très anciennes,
puisqu’on en trouve déjà à
l’époque des Royaumes
combattants, du
v e siècle avant
Jésus-Christ
au début du
iii e siècle après
Jésus-Christ. Elles
dénotent l’influence
sur le répertoire
ornemental chinois des
populations de cavaliers
nomades du nord-ouest de la
Chine, pour qui la ceinture était un
accessoire très commode. Le décor
d’or ciselé d’arabesques et d’animaux Les poids en forme de
rappelle les motifs scythes. pendentif tels que celui-ci
(à droite), appelé peizhui
peizhui,,
À droite Boucle de ceinture à décor d’animal servaient à maintenir en place
mythique, dynastie des Han de l’Ouest, une étole. Il en existait aussi en
206 av. J.-C.-8 ap. J.-C., bronze doré. jade et en argent doré. « À la cour
impériale, on avait le droit de porter
À droite Ornement
pour vêtement
les matières précieuses selon une
(peizhui
peizhui)) à décor de hiérarchisation sociale très stricte.
dragons, dynastie L’impératrice pouvait porter du jade
Song à Ming, par exemple, pas les concubines »,
960-1644, or, détail. souligne Valentina Bruccoleri.
portfolio
portfolio

Si la ceinture, particulièrement
en métal, dérive en Chine
d’une tradition nomade,
ce modèle est orné d’un thème
parfaitement chinois : un
sage jouant de la cithare qinqin..
« Au fil du temps, la ceinture
devient un symbole de pouvoir Ci-contre Ensemble
de plaques à ceinture
lié à la sphère militaire. Elle
à décor de lettré
est souvent portée par les jouant de la cithare,
empereurs sur leurs portraits dynastie Tang,
officiels »,
», note Olivier Segura. 618-907 ou Liao,
Il existe même de lourds 907-1125, argent
modèles en jade. doré, détail.

À VOIR
HHH « ORS ET
TRÉSORS, 3000 ANS
D’ORNEMENTS
CHINOIS », L’École
des Arts joailliers,
31, rue Danielle-
Casanova, 75001
Cette cigale, ancestral symbole chinois Paris, 01 70 70 38 40,
de longévité, présente des attaches, lecolevancleefarpels.
mais on ignore si elle fut portée comme com du 1er décembre
un bijou ou comme un ornement de au 14 avril.
textile. Elle comporte une grosse perle
de verre qui imite la tourmaline à la
perfection. « Ce n’est en rien dépréciatif.
Si ce matériau est utilisé avec de l’or,
dans une symbolique si forte, c’est
qu’il était considéré comme très noble »,
précise Olivier Segura.
À droite Ornement en forme de cigale,
dynastie Ming, 1368-1644, or et verre À LIRE
TOUS LES BIJOUX PROVIENNENT DE LA COLLECTION - LE HORS SÉRIE
MENGDIEXUAN. ©PICSPARK CO. de « Connaissance
des Arts » publié à
l’occasion de l’exposition
(83 pp., 12,90 €).
29 JANV — 5 FEVR 2023

BRUSSELS EXPO I HEYSEL

UNE DES PLUS INSPIRANTES FOIRES D’ART AU MONDE


www.brafa.art
35 AVENUE VICTOR HUGO, 13200 ARLES

@LUMA_ARLES
WWW.LUMA.ORG/ARLES
Les grandes expositions

SOUS LE SIGNE DE BASQUIAT


2023
Ce printemps, le doublé des expositions Basquiat, entre la Fondation Louis
Jean-Michel Basquiat Un comité
d’experts, 1982, acrylique et pastel
à l’huile sur papier marouflé sur toile,
152,5 x 152 cm ©ESTATE OF J.-M. BASQUIAT.
LICENCE DE ARTESTAR, NY.

niste Faith Ringgold au musée Picasso (du 31 janvier au 2 juillet) et une


Vuitton (« Warhol x Basquiat » du 5 avril au 28 août) et la Philharmonie exposition sur les cheveux et les poils au MAD Paris (du 5 avril au 17 sep-
(du 6 avril au 30 juillet), pourrait bien mettre Paris à l’unisson de la moder- tembre) ? Les régions ne seront pas en reste, puisque le MAC de Lyon pré-
nité et de l’originalité. Ne va-t-on pas y voir, d’ailleurs, les gribouillages de sente les folles créations de Nathalie Djurberg et Hans Berg (du 24 février
Léonard de Vinci à Cy Twombly au Palais des Beaux-Arts (du 8 février au 9 juillet), le musée Cantini de Marseille a choisi la figure singulière de
au 30 avril), la silhouette de la grande Sarah Bernhardt au Petit Palais (du Louis Pons (du 24 mars au 3 septembre), le musée d’Arts de Nantes va
14 avril au 27 août), les néo-romantiques choisis par Patrick Mauriès au mettre en avant la sculpture hyperréaliste (du 7 avril au 3 septembre) et
musée Marmottan Monet (du 8 mars au 18 juin), les artistes femmes sur- le Centre Pompidou-Metz laisse ses espaces au duo Elmgreen et Dragset
réalistes au musée de Montmartre (du 31 mars au 10 septembre), la fémi- (du 10 juin au 1er avril 2024). Modernité et originalité, que diable ! G. B.

/ Textes CHLOÉ BOUDET, VALÉRIE BOUGAULT, VÉRONIQUE BOURUET-AUBERTOT, MYRIAM BOUTOULLE, GUY BOYER, JEANNE FOUCHET-NAHAS,
HERVÉ GRANDSART, MANUEL JOVER, JEAN-FRANÇOIS LASNIER, GUILLAUME MOREL, ÉLISABETH VÉDRENNE
CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 13
art ancien design archi

Ci-dessous
Pisanello, TOULOUSE, CAPITALE GOTHIQUE
Tête de femme,
1430-1435, Jusqu’au 22 janvier
détail de fresque,
24 x 17 cm Les prêts d’œuvres prestigieuses du musée des
©ROME, VIVE - Augustins de Toulouse, complétés par d’autres
VITTORIANO ET
PALAZZO VENEZIA.
prêts régionaux et étrangers, ont permis de
monter cette exposition axée sur le xiv e siècle.
Intégrée en 1271 au royaume de France, Tou-
louse s’était érigée en centre économique et
intellectuel (avec son université) de premier
plan, dominé, sur le plan artistique, par le
mécénat religieux. Bénéficiant d’échanges

a
fructueux avec la papauté d’Avignon ainsi
qu’avec les régions voisines, ce mécénat attei-
gnit un premier sommet avec l’évêque Jean
Ci-dessous
Triptyque de
Tissandier, employeur privilégié d’un sculp-
Saint-Sulpice- teur de génie, actif autour de 1330-1350 et
la-Pointe, v. 1300, connu sous le nom de Maître de Rieux. Si la
ivoire sculpté, présentation d’œuvres majeures de ce maître
32 x 28 cm et de son cercle permet d’en mesurer l’im-
PARIS, MUSÉE
DE CLUNY.
portance et le rayonnement, tous les aspects
©PHOTO RMN-GP. de la production artistique toulousaine sont

art ancien
PISANELLO, GÉNIE UNIVERSEL
Jusqu’au 8 janvier
Formé à Vérone, le peintre Antonio di Puccio Pisano,
dit Pisanello (v. 1394-1455), connut la gloire en tra-
vaillant à Vérone, Venise, Mantoue, Ferrare, Milan,
Rome et Naples ! Retrouvée dans les années 1970 très
dégradée mais avec ses sinopie, une fresque du palais
ducal (1430-1433) de Mantoue, mise en valeur par un
éclairage approprié, a donné l’occasion de cette expo- évoqués ici et l’on pourra admirer d’autres
sition. Occasion également de revisiter le corpus et les pièces extraordinaires, telle une Crucifixion
marques de curiosité de cet artiste qui, lié au gothique peinte (v. 1310) du Musée diocésain de Pam-
international, annonce les grands esprits universels pelune, récemment liée au milieu toulousain.
de la Renaissance. H. G.
PARIS « TOULOUSE, 1300-1400. L’ÉCLAT
MANTOUE « PISANELLO, LE TUMULTE D’UN GOTHIQUE MÉRIDIONAL », musée
DU MONDE », Palais ducal, 39 376 35 2100, de Cluny, Musée national du Moyen-Âge,
mantovaducale.beniculturali.it 01 53 73 78 00, www.musee-moyenage.fr
photo moderne contemporain

LES ENFANTS S’AMUSENT le foyer bisontin, vivifié par ses rapports avec
Paris, Dijon et les pays voisins, en centre de
Jusqu’au12 février
premier plan, dont cette exposition révèle
Excellente idée que de réserver une exposi- toute la richesse et l’originalité.
tion à la thématique du jouet ! Grâce à l’en-
BESANÇON « LE BEAU SIÈCLE.
gagement du musée des Arts décoratifs de LA VIE ARTISTIQUE À BESANÇON DE LA
Paris et aux prêts de multiples institutions, CONQUÊTE À LA RÉVOLUTION (1674-1792) »,
cette évocation nous conduit du néolithique musée des Beaux-Arts et d’Archéologie,
– avec un propulseur miniature –, jusqu’à 03 81 87 80 67, www.mbaa.besancon.fr
nos jours, époque de la révolution numé-
rique. L’exposition fait bien entendu la part JEAN BARDIN À ORLÉANS
belle aux jouets d’antan et à tout ce qu’ils Jusqu’au 30 avril
nous disent sur le statut de l’enfant et sur
l’implication du monde adulte, selon les Né à Montbard, le peintre Jean Bardin, Prix
époques et les lieux, dans l’éducation ludique de Rome en 1765 et académicien, fut appelé
de la jeunesse. à diriger en 1786 la nouvelle école de dessin

ouverte à Orléans. L’exposition qui le remet


enfin à l’honneur dans sa ville d’adoption,
où il ouvrit le musée en 1799 et acheva sa
carrière, montre l’étendue de ses talents de
DRAGUIGNAN « LA FABULEUSE HISTOIRE
dessinateur et de peintre, avec des œuvres
DES JOUETS, DE LA PRÉHISTOIRE qui ne sauraient se confondre avec ses com-
À NOS JOURS », Hôtel départemental des mandes religieuses à succès et dont l’inspi-
expositions du Var, 04 83 95 34 08, hdevar.fr ration, toujours très libre, l’avait éloigné d’un
néo-classicisme dogmatique. H. G.
BESANÇON EN GLOIRE ORLÉANS « JEAN BARDIN (1732-1809),
Jusqu’au 19 mars LE FEU SACRÉ », musée des Beaux-Arts,
03 38 79 21 86, www.orleans-metropole.fr
Après un xvii e siècle cala-
miteux, qui prit fin en
1674 avec sa conquête
p a r L o u i s X I V, l a
Franche-Comté renoua À gauche
Georges Frédéric
au xviii e avec un ou François
dynamisme dont la Daniel Imlin, Ci-dessus Voiture
capitale, Besançon, Calice et patène à pédales, 1935-
concentra bien des de la chapelle 1940, métal peint,
marques et agents de de l’hôtel de ville, caoutchouc,
son essor artistique. Ce 1784, argent 46 x 100 x 38 cm
doré, H. 30,7 cm
sont néanmoins les acteurs de la ©BESANÇON, DÉPÔT
©MOIRANS-EN-
MONTAGNE, MUSÉE
seconde partie du siècle qui propulsèrent DE LA CATHÉDRALE. DU JOUET.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 15


art ancien design archi

ET AUSSI…
TOILES DE FLANDRE
Ci-contre
Johannes Vermeer, Jusqu’au 29 janvier
Jeune Fille à la
perle, 1664-1667,
La mode flamande du XVIIe siècle
h/t, 44 x 39 cm défile au musée de Tessé, au Mans,
LEGS A. A. DES TOMBE. en dentelles, costumes et portraits
©LA HAYE, MAURITSHUIS. peints, en partenariat avec les
musées des Beaux-Arts de Tours
En bas Masque de
Oundjébaoundjed, et d’Angers.
1069-525 av. J.-C.,
or, verre, H. 20,3 cm PEINDRE SUR PIERRE
©WORLD HERITAGE
EXHIBITIONS, PARIS. Jusqu’au 29 janvier
À la Galleria Borghese, l’art raffiné
TOUT VERMEER OU PRESQUE et s’intéresse aussi aux peintres de l’École de de la peinture sur pierre connaît
Du 10 février au 4 juin Rouen. On retrouve tous ces artistes dans son apogée à Rome au XVIIe siècle,
l’importante collection qu’il constitue au fil avec de grands noms tels Salviati
En 1996, la grande rétrospective Vermeer au du temps. Le musée du Luxembourg consacre ou Bronzino.
Mauristhuis de La Haye s’annonçait comme une exposition à cette personnalité méconnue,
la dernière du genre. Ce n’est apparemment à ses goûts et ses œuvres, mais également à son RENAISSANCE NAPOLITAINE
pas le cas, puisque le Rijksmuseum reproduit milieu, celui de l’industrie textile rouennaise
l’événement, en dépit de la rareté et la fragi- alors florissante. Jusqu’au 29 janvier
lité des œuvres du peintre hollandais. Seuls PARIS « LÉON MONET, FRÈRE ET Le Prado de Madrid nous convie,
trente-cinq tableaux sont aujourd’hui attri- COLLECTIONNEUR », musée du Luxembourg, en collaboration avec le musée de
bués au maître de Delft, et une grande partie 01 40 13 62 00, museeduluxembourg.fr Capodimonte, dans la Naples du
sera réunie temporairement à Amsterdam. La XVIe siècle, où Espagnols et Italiens
connaissance déjà bien balisée de cette œuvre RAMSÈS II À PARIS écrivent, entre 1504 et 1535, une
ne devrait pas en sortir bouleversée, mais il page méconnue de la Renaissance.
Du 7 avril au 4 septembre
reste le plaisir d’admirer ensemble La Jeune
Fille à la perle et La Laitière, La Ruelle, la Vue « Ramsès II et l’or des pharaons », ce n’est pas LA ROME DE DOMITIEN
de Delft et bien d’autres icônes. une nouvelle aventure de Tintin, mais la pro- Jusqu’au 29 janvier
AMSTERDAM « VERMEER », Rijksmuseum, chaine exposition de La Villette. Après le suc-
31 20 674 70 00, www.rijksmuseum.nl cès de « Toutankhamon » en 2019, l’Égypte et Domitien, empereur éclairé ou
ses trésors sont de retour à Paris. Sarcophages, despote ? Réponse aux Musées
BELLINI SOUS INFLUENCE momies, bijoux, masques royaux, amulettes, capitolins de Rome, en une centaine
statues… plus de 170 objets issus des musées de marbres et bronzes, éléments
Du 3 mars au 17 juillet de décoration architecturale et
égyptiens évoquent l’art de l’époque ramesside
À bien des égards, l’œuvre de Giovanni Bel- (xiii e siècle av. J.-C.). L’exposition, fidèle à la petits objets en or et en bronze.
lini se situe à un carrefour, entre le xv e et le promesse de son titre, s’attarde sur la figure
xvi e siècle, entre l’Orient et l’Occident, entre éminente de Ramsès II, troisième souverain de VUE SUR LES CIMES
le Nord et le Sud. Unique, elle se nourrit d’in- la xixe dynastie, dont le règne dura soixante- Jusqu’au 12 février
fluences venues de Byzance aussi bien que six ans. Un règne ponctué par de fameuses
Le musée d’Art et d’Histoire de
d’Allemagne, de l’art de son temps comme de constructions monumentales, mais aussi,
Genève met « La Montagne en
l’Antiquité. En une cinquantaine de peintures, comme on le verra, de somptueuses produc- perspective », entre art et science.
dessins et sculptures, le musée Jacquemart-An- tions artistiques. J.-F. L.
dré met en évidence le dialogue entrepris par PARIS « RAMSÈS II ET L’OR DES PHARAONS », PLONGÉE ARCHÉOLOGIQUE
Bellini avec ses sources et ses modèles, lesquels Grande Halle de La Villette, 01 40 03 75 00,
sont présentés en regard de ses œuvres. lavillette.com Jusqu’au 20 février
PARIS « GIOVANNI BELLINI ET SES MODÈLES », Le musée de l’Arles antique dévoile
musée Jacquemart-André, 01 45 62 11 59, les « Trésors du fond des mers » :
www.musee-jacquemart-andre.com plus de trois cents objets et une
trentaine de sites achéologiques.
L’AUTRE MONET
Du 15 mars au 16 juillet LES COULEURS DE L’ANTIQUE
Dans la famille Monet, je demande le frère. Jusqu’au 26 mars
Il s’appelait Léon, était chimiste en couleurs, Les sculptures grecques et romaines
industriel et, surtout, collectionneur. Person- nous en font voir de toutes les
nalité respectée de la vie rouennaise, il soutient couleurs au Metropolitan Museum
son frère Claude et ses amis impressionnistes, of Art de New York, qui propose d’en
noue des liens avec Sisley, Pissarro et Renoir, restituer la polychromie d'origine.

16 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


TOUS
MÉCÈNES ! DE LA TRÈS PRISÉE
TABATIÈRE CHOISEUL

© 2022 Musée du Louvre - Hervé Lewandowski

Participez à cette acquisition


en faisant un don avant
le 28 février 2023
sur tousmecenes.fr
#Tousmecenes
art ancien design archi

Ci-contre ET AUSSI…
Titien, Danaé,
1544-45, h/t, L’ESPAGNE ET AU-DELÀ
120 x 172 cm Du 21 janvier au 10 avril
©NAPLES, MIC
& MUSEO E
REAL BOSCO DI
Fondée à New York en 1904, l’Hispanic
CAPODIMONTE. Society a réuni une prodigieuse
collection d’art espagnol et latino-
En bas Jacobus américain, dont elle dévoile les trésors
Vrel, Femme à la
à la Royal Academy de Londres.
fenêtre faisant
signe à une fillette,
v. 1654-1670, h/t, FÜSSLI ET LES FEMMES
45,7 x 39,2 cm
©PARIS, FONDATION
Du 24 février au 21 mai
CUSTODIA.
Les carnets de dessins de Füssli
révèlent une fascination inattendue
MONEY, MONEY… d’œuvre quitte la cité parthénopéenne pour pour la mode féminine, comme
venir se confronter à ceux du Louvre. C’est à le montre « Füssli, mode, fétiche
Du 30 mars au 24 septembre
un véritable dialogue, en effet, que nous invite et fantaisie » à Zurich.
La Monnaie de Paris apparaissait toute dési- l’exposition « Naples à Paris », puisque les
gnée pour évoquer la présence de l’argent tableaux (et les dessins) seront accrochés dans OMBRES NAPOLITAINES
dans l’art. Embrassant une perspective chro- trois lieux différents, la Grande Galerie, la salle
nologique large, l’exposition commence à de la Chapelle et celle de l’Horloge, en regard Du 29 mars au 25 juin
la Renaissance, qui voit fleurir notamment des œuvres du musée parisien. Quarante œuvres de la collection
des tableaux mettant en scène des chan- PARIS « NAPLES À PARIS », musée Giuseppe de Vito exaltent la
geurs. Sans disparaître, la perspective morale du Louvre, 01 40 20 53 17, www.louvre.fr richesse de la peinture napolitaine
propre à de telles images laisse place à d’autres au xvii e siècle. À découvrir au
points de vue plus réflexifs, où l’art, semblable JACOBUS VREL, musée Magnin à Dijon, puis au
en cela à la monnaie, se découvre lui-même UN PRÉDÉCESSEUR DE VERMEER musée Granet à Aix-en-Provence.
comme une réserve de valeur. Du 17 juin au 27 septembre
PARIS « L’ARGENT DANS L’ART », DESSINE-MOI UN PAYSAGE
Monnaie de Paris, 01 40 46 56 66, De Jacobus Vrel, on ne connaît guère qu’une Du 29 mars au 24 juillet
www.monnaiedeparis.fr quarantaine de tableaux, qui auraient été
peints entre les années 1650 et 1670 aux Pays- De l’Antiquité à aujourd’hui, le Louvre-
LA GUERRE DES IMAGES Bas. Dans le champ pourtant très minutieuse- Lens explore l’histoire du paysage,
ment documenté de l’Âge d’or hollandais, Vrel un genre pluriel entre visions
Du 5 avril au 30 juillet
demeure un mystère. À défaut de le lever, la telluriques et rêveries romantiques.
Après la mort d’Henri II en 1559, les guerres Fondation Custodia donne à voir près de la
de Religion embrasent le royaume, semant la moitié du corpus, scènes de rue ou d’intérieur, LES NORMANDS DÉBARQUENT
mort, la désolation et la division. Pendant qua- dans lesquelles le peintre distille une atmos- Du 14 avril au 13 août
rante ans, catholiques et protestants s’affrontent phère contemplative ou rêveuse. Un regard
au gré d’alliances mouvantes dans un conflit qui qui n’est pas sans rappeler Pieter de Hooch ou « Migrants, conquérants, innovateurs »,
masque, derrière les questions religieuses, des Vermeer. J.-F. L. le sous-titre de l’exposition « Les
Normands » à Rouen dit bien la richesse
enjeux plus prosaïquement politiques. L’expo- PARIS « JACOBUS VREL », Fondation Custodia, et la singularité du peuple viking.
sition du musée de l’Armée revient sur cette his- 01 47 05 75 19, www.fondationcustodia.fr
toire tourmentée, en s’intéressant à ses acteurs,
mais aussi à ses représentations. En effet, une LUMIÈRES DANOISES
intense production d’images, de pamphlets, Du 23 mai au 20 août
de placards en fait un conflit véritablement
Le Getty Museum, à Los Angeles,
médiatique. fait revivre l’Âge d’or danois au
PARIS « LES GUERRES DE RELIGION xix e siècle, dont l’art lumineux
EN FRANCE 1559-1610. LA HAINE et équilibré était intimement lié
DES CLANS », musée de l’Armée, à des questions identitaires.
0811 11 33 99, museearmee.fr
TERRES DE CANOVA
LE LOUVRE À L’HEURE NAPOLITAINE
Du 11 juin au 9 octobre
Du 7 juin au 8 janvier
Les esquisses en argile d’Antonio
Fondé sur les collections des Farnèse et des Canova sont des œuvres à part
Bourbons, le musée de Capodimonte à Naples entière, d’une extraordinaire
possède l’un des plus beaux ensembles de pein- vivacité. Une quarantaine sont
ture italienne en Europe, de Titien à Caravage. présentées à Washington,
Exceptionnellement, une soixantaine de chefs- puis à Chicago.

18 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


TOUS
MÉCÈNES ! DE LA TRÈS PRISÉE
TABATIÈRE CHOISEUL

LE DUC DE CHOISEUL
PARMI SES TABLEAUX

© 2022 Musée du Louvre - Hervé Lewandowski


Participez à cette acquisition
en faisant un don avant
le 28 février 2023
sur tousmecenes.fr
#Tousmecenes
art ancien design archi

PICASSO ET CHANEL FACE À FACE


Jusqu’au 15 janvier
Ainsi Picasso aurait influencé le style de Coco À gauche
Chanel, et vice-versa ? Certes, entre 1915 et 1925, Nestor Perkal,
ils faisaient partie de la même bande d’avant-garde vase-miroir
Combien
avec Misia Sert, Diaghilev, Cocteau… Picasso de temps,

d
venant d’épouser Olga Khokhlova, une danseuse 1994-96, verre
des Ballets russes. Leurs créations, décors pour soufflé argenté,
l’un, costumes pour l’autre, se rencontrent plus 35 x 10 cm
d’une fois sur les planches. Ils collaborent ainsi à ©G. BONNET.

l’Antigone de Cocteau en 1922, puis au ballet Le Ci-dessous


Train bleu de Serge de Diaghilev en 1924. De là à Jean-Charles
montrer que Chanel aurait été influencée par les de Castelbajac,
tons noir et marron des toiles cubistes du peintre Chasuble des
ou que Picasso se serait inspiré du style chic et JMJ, 1997, soie,
180 x 120 cm,
sobre de Coco, on peut rester dubitatif. Cela dit, les détail
robes de l’exposition sont sublimes et rarissimes, et ©ABBAYE ROYALE
les tableaux du maître, remarquables. DE FONTEVRAUD.

MADRID « PICASSO/CHANEL », Musée


national Thyssen-Bornemisza, 34 917 91 13 70,
www.museothyssen.org

UNE MODE EN SOIE


Jusqu’au 30 janvier
Les abbayes ne sont pas à l’abri du luxe, de la beauté
et des modes ! L’Abbaye royale de Fontevraud a l’ex-
cellente idée d’exposer diverses tenues sublimes
du « vestiaire » liturgique. Chapes, dalmatiques,
chasubles, dans des étoffes de soie et d’or, souvent
orientales, toutes plus belles les unes que les autres,

design archi
sont déployées dans le Grand Dortoir et le Novi-
ciat. Elles mettent en valeur le brillant savoir-faire
des moniales de Fontevraud ainsi que de l’abbaye
bénédictine de Saint-Wandrille, célèbre pour ses
réalisations Art Déco. On y découvre
aussi des ensembles d’Alfred
NESTOR PERKAL, PASSEUR PASSIONNÉ Manessier, de Jean-Charles
Jusqu’au 8 janvier de Castelbajac ou encore
de Pierre Buraglio,
Il tient de sa lointaine Argentine le goût des matières, et d’étonnants des-
des couleurs, des savoir-faire traditionnels. Le cuir odo- sins futuristes
rant de ses sièges récents (Oscarmaschera) lui vient des d ’A n d r é
selles du « caballito blanco » qui enchanta son enfance. Courrèges.
L’immigrant qu’il est (ses grands-parents juifs polonais FONTEVRAUD-
s’installèrent en Amérique du Sud) lui instille le goût ABBAYE « AU
de l’abri, de l’habitacle. Il est un formidable aménageur FIL DU SACRÉ »,
d’intérieurs et marie aussi l’or, l’argent et l’ambre dans Abbaye royale
des bijoux très architecturés, fabriqués au Mexique. de Fontevraud,
L’Italie des années 1980 fait de lui le premier impor- 02 41 51 45 11,
www.fonte
tateur du groupe Memphis à Paris, dès 1982 dans sa vraud.fr
galerie du Marais. Où il lance aussi les jeunes Pierre
Charpin, Sylvain Dubuisson, Nathalie Du Pasquier et
Éric Jourdan. Lorsqu’il dirige le Centre de recherche sur
le feu et la terre (Craft) de 1994 à 2009, il fait travailler
Ron Arad, Javier Perez, Wim Delvoye et tant d’autres. Que
serait l’âme du design depuis cinquante ans sans son
regard aiguisé et sa générosité ? E. V.
BORDEAUX « NESTOR PERKAL. DES ANNÉES 80
À AUJOURD’HUI », musée des Arts décoratifs et du design,
05 56 10 14 00, www.madd-bordeaux.fr
photo moderne contemporain

À droite
James Casebere,
Blue House
on Water #2,
2019, tirage
pigmentaire
contrecollé
sur Dibond
©COURTESY DE
L’ARTISTE & GALERIE
SEAN KELLY, NY/
TEMPLON.

Ci-contre
Pablo Picasso,
Cruche provençale,
1952, terre
blanche émaillée,
H. 61,5 cm
SAINT-ÉTIENNE
MÉTROPOLE, ARCHITECTURES VERTIGINEUSES
MAMC. ©C. CAUVET
& SUCCESSION Jusqu’au 19 mars
PICASSO 2022.
Une exposition comme une plongée sensorielle
au cœur de l’univers architectural de quelques
grands artistes, de la Renaissance à aujourd’hui :
Piranèse, Hubert Robert, Victor Hugo, Gustave
Doré, Escher, Max Ernst, Wim Delvoye ou plus
confidentiels tels Albert Trachsel, Wenzel Hablik
ou Emily Allchurch. Cent cinquante œuvres
centrées sur l’architecture, offrant des résonances
avec la littérature, la photographie, le cinéma et
le jeu vidéo, dans une mise en scène se présen-
tant elle-même comme une perturbation spa-
tiale, une sorte d’errance bizarre dans le but de
désarçonner et de donner le vertige au visiteur !
Un voyage tantôt jubilatoire tantôt angoissant…
NANCY « ARCHITECTURES IMPOSSIBLES »,
musée des Beaux-Arts, 03 83 85 30 01,
musee-des-beaux-arts.nancy.fr

VALLAURIS FÊTE PICASSO


Du 6 mai au 30 octobre
La collaboration de Picasso avec Vallauris et
Suzanne Ramié, fondatrice de l’atelier Madoura,
date de 1946, lorsque le peintre était en vacances
à Golfe-Juan. Après avoir appris la technique, il
se passionna pour le matériau et expérimenta
toutes ses potentialités plastiques. Il laisse ainsi
entre trois mille cinq cents et quatre mille pièces
en céramique très innovantes et ensoleillées.
L’exposition est un hommage à cette force créa-
trice expérimentale et à cet âge d’or de Vallauris,
en cette année de commémoration picassienne,
grâce à de nombreux prêts publics et privés. E. V.
VALLAURIS « FORMES & MÉTAMORPHOSES :
LA CRÉATION CÉRAMIQUE DE PICASSO »,
musée Magnelli-musée de la Céramique,
04 93 64 71 83.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 21


art ancien design archi

À gauche Martine En bas Isamu


Sitbon, Robe en voile Noguchi, Globular,
de nylon et velours, 1928, laiton,
prêt-à-porter Automne- 50,8 x 23,2 x 29,2 cm ET AUSSI…
Hiver 1997-98 ©NY, THE ISAMU NOGUCHI
©PARIS, PALAIS GALLIERA / FOUNDATION AND GARDEN
MUSEUM.
LE MONDE RÊVÉ DE MATALI
PARIS MUSÉES.
Jusqu’au 12 février
STARCK, LES MYSTÈRES DE PARIS Pour le West Bund Museum Project à
Shanghai, la designer Matali Crasset
Du 29 mars au 27 août crée « Sid et le monde de dessous »,
espace dédié à l’esprit d’exploration,
Le designer Philippe Starck imagine un iti-
à la création et à l’imagination.
néraire parisien cheminant entre espaces
publics et sites touristiques (la tour Eiffel,
le canal Saint-Martin, le parc de la Villette), LES COURBES DE GUIMARD
lieux de pouvoir (palais de l’Élysée) et espaces Jusqu’au 21 mai
de sociabilité (la boîte de nuit Les Bains-
Le Cooper Hewitt Museum de New
Douches, le Caffè Stern, passage des Pano- York invite à une nouvelle lecture de
ramas, etc). En qualité de Régent du collège l’œuvre de l’architecte Art Nouveau
de Pataphysique, l’homme aux dix mille Hector Guimard (1867-1942).
créations explore les mystères de Paris à l’aide
d’explications imaginaires et décalées. UNE LEÇON ITALIENNE
PARIS « PHILIPPE STARCK DE PARIS
À PARIS », musée Carnavalet-Histoire de Jusqu’en juin
Paris, 01 44 59 58 58, www.carnavalet.paris.fr Le Centre Pompidou consacre une
exposition à l’architecture italienne
UNE EXPO AU POIL des années 1950 à 1980 conduite
Du 5 avril au 17 septembre par le chef de file Aldo Rossi à l’aide
de nombreux dessins et maquettes.
DÉFILÉS DES NINETIES Une exposition montre comment la coiffure
et l’agencement des poils humains participent DOUCET RESSUSCITÉ
Du 7 mars au 16 juillet
depuis des siècles à la construction des appa-
Du 16 mars au 3 septembre
À travers des vidéos, des silhouettes et des rences. Si les cheveux sont l’objet de véritables
archives exceptionnelles, cette exposition phénomènes de mode, dévoilant des codes Le musée Nissim de Camondo,
invite le visiteur à revivre les défilés qui ont sociaux et culturels, le poil est un élément à Paris, met à l’honneur la riche
rythmé l’année 1997, quand couturiers et essentiel de la mise en scène de soi qui permet collection d’œuvres d’art du
créateurs sont devenus des figures incontour- d’afficher l’adhésion à une mode, une convic- xviiie siècle du couturier Jacques
nables de la « fashion sphère » : John Galliano tion, une contestation. L’occasion d’aborder Doucet (1853-1929).
chez Christian Dior, Alexander McQueen les métiers de barbier, perruquier, coiffeur et
chez Givenchy, Stella McCartney chez Chloé, leurs figures emblématiques telles que Léonard LE TARTAN AU DUNDEE
Martin Margiela chez Hermès, Marc Jacobs Autier (coiffeur favori de Marie-Antoinette) Du 1er avril au 14 janvier
chez Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière chez jusqu’aux coiffeurs studio. M. B.
Balenciaga, Alber Elbaz chez Guy Laroche, Le V & A Dundee en Écosse
PARIS « CHEVEUX & POILS », musée des
Hedi Slimane chez Saint Laurent. explore le tartan, textile adoré
Arts décoratifs, 01 44 55 57 50, madparis.fr
et moqué ayant inspiré le design,
PARIS « 1997 FASHION BIG BANG », l’architecture, la conception
Palais Galliera, 01 56 52 86 00,
de produits, la mode, le cinéma,
www.palaisgalliera.paris.fr
les beaux-arts et la performance.
LE LANGAGE VISUEL DE NOGUCHI
NORMAN FOSTER INÉDIT
Du 17 mars au 7 juillet
Du 3 mai au 7 août
À l’échelle de l’objet comme du paysage, l’œuvre Le cabinet de dessins, les carnets
organique du sculpteur américano-japonais de travail et des maquettes et
Isamu Noguchi (1904-1988) est présentée dans prototypes d’architecture et de
une grande rétrospective au LaM, révélant les design de Norman Foster sont
multiples facettes de ce sculpteur ayant fait présentés au Centre Pompidou.
de notables incursions dans le design (Coffee
Table ovoïde dessinée pour Herman Miller en ART ET INDUSTRIE #2
1944) et l’art de la scène, concepteur inspiré de
jardins minéraux (Jardin japonais de l’Unesco, Du 10 juin au 7 janvier
1956-1958) et d’aires de jeux pour enfants. La seconde édition de la Triennale
VILLENEUVE-D’ASCQ « ISAMU NOGUCHI », Art & Industrie à Dunkerque et
LaM, Lille Métropole musée d’Art en région mettra en avant le sujet
moderne, d’art contemporain et d’art brut, des énergies, du recyclage et des
03 20 19 68 68, musee-lam.fr transformations des paysages.

22 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


LA DEMEURE DES
MAÎTRES FLAMANDS
Achetez votre billet sur kmska.be

MUSÉE ROYAL DES BEAUX-ARTS ANVERS


art ancien design archi

Ci-dessous Page de droite,


Claude Batho, en haut Joel GISÈLE FREUND, LE VOYAGE
L’Éponge et son Meyerowitz, EN AMÉRIQUE LATINE
image, 1980, Dairy Land Jusqu’au 7 janvier
photographie Provincetown,
noir et blanc, Massachusetts, Connue pour ses portraits en couleurs d’écri-
30,2 x 21,6 cm 1976, vains célèbres, tels Cocteau, Woolf, Joyce ou
PARIS, photographie
MNAM.©J. BATHO ©GALERIE HOWARD
Malraux, Gisèle Freund (Berlin 1908-Paris
& PHOTO RMN-GP. GREENBERG, NY. 2000), réfugiée à Paris dans les années 1930,
a voyagé en Amérique du Sud entre 1941 et
Ci-dessous
Martin Parr,
1954. Une sélection de soixante-douze images
Meilleur Poireau (tirages posthumes) prises en Patagonie et Terre
de Feu, en Uruguay, au Chili, en Équateur et au

p
en pot, Sandwell
Show, 2010, Mexique, donne à voir l’extraordinaire regard de
photographie cette femme, à la fois photographe, sociologue
©MAGNUM
PHOTOS, NY.
et journaliste pour qui l’être humain et ce qui
l’entoure a été le leitmoviv de son œuvre.
PARIS « GISÈLE FREUND. CE SUD
SI LOINTAIN », maison de l’Amérique latine,
01 49 54 75 10, www.mal217.org

photo
LA PHOTOGRAPHIE FRANÇAISE :
UNE CULTURE
Jusqu’au 15 janvier
Durant les années 1970 et les années 1980, « la photogra-
phie en France connaît une métamorphose », selon Michel
Poivert, historien de la photographie, professeur à l’uni- HCB ET PARR RÉCONCILIÉS
versité et commissaire de cette exposition qui se tient au Jusqu’au 12 février
Pavillon populaire à Montpellier. De Bernard Plossu à
Hervé Guibert, de Claude Batho à Florence Chevallier, le À droite Gisèle « Il n’est pas plus exotique que l’Angleterre », dit
parcours retrace en images fortes et convaincantes la Freund, Les un jour Henri Cartier-Bresson. L’exposition
façon dont les photographes français, en moins d’une Dernières Îles dans les nouveaux locaux de la Fondation HCB
devant le cap
génération, ont su réinventer « l’idée même de la pho- le prend au mot en dévoilant les clichés du
Horn, Patagonie,
tographie », érigée en un fait culturel majeur. Jamais 1943, épreuve maître réalisés pour un film de Douglas Hickox
démenti. J. F.-N. gélatino- en 1962, portrait amusé des Anglais dans le
MONTPELLIER « MÉTAMORPHOSE.
argentique, nord industriel du pays. Ces images font face
LA PHOTOGRAPHIE EN FRANCE 1968-1989 »,
40 x 30 cm à celles du facétieux Britannique Martin Parr,
Pavillon populaire, 04 67 34 70 00, www.montpellier.fr/
©COURTESY DE
L’ARTISTE & PHOTO
dont l’entrée à Magnum en 1994 fit faire des
506-les-expos-du-pavillon-populaire-a-montpellier.htm RMN-GP. bonds au cofondateur de la célèbre agence. Une
photo moderne contemporain

ROME « COLLECTION : 150 PHOTOGRAPHIES


LES BACHELOT, DE LA COLLECTION BACHELOT », Académie
COLLECTIONNEURS INSPIRÉS de France à Rome, Villa Médicis, 39 6 67 611,
Jusqu’au 26 février villamedici.it

Depuis les années 2000, Florence et Damien ZANELE MUHOLI, RÉTROSPECTIVE


Bachelot ont rassemblé des tirages précieux par
Du 1er février au 21 mai
leur qualité et leur histoire, autour d’un thème :
l’humain. Due à l’œil avisé de Sam Stourdzé, C’est la première rétrospective en France consa-
commissaire d’exposition et directeur de la crée à la photographe sud-africaine Zanele
Villa Médicis, l’exposition raconte, en cent cin- Muholi. Originaire d’un township de Durban,
quante images, une part de l’histoire de la pho- l’artiste homosexuelle et militante documente
tographie depuis le début du xx e siècle, avec la vie et dénonce les injustices et les discrimi-
celle dite humaniste et française, et la Street nations faites à la communauté LGBTQIA+,
Photography, suscitant des dialogues entre malgré l’égalité promise par la constitution
Henri Cartier-Bresson, Sabine Weiss ou Robert sud-africaine de 1996, trop rarement appliquée.
Doisneau et les Américains Dave Heath, Helen Les deux cents photographies, vidéos et instal-
Levitt, Diane Arbus ou Robert Frank. Le par- lations exposées à la Maison européenne de la
cours présente aussi un ensemble exception- photographie (Mep) témoignent d’une œuvre
nel : près de quarante tirages d’époque en cou- majeure, bâtie sur la volonté de bousculer les
rencontre visuelle à méditer sans modération. leurs de l’Américain Saul Leiter. Les débuts du idées reçues, pour le droit au respect et à la
PARIS « HENRI CARTIER-BRESSON
reportage moderne avec Gilles Caron côtoient dignité de chacun et chacune. J.-F.-N.
AVEC MARTIN PARR. RÉCONCILIATION », les portraits documentaires de photographes PARIS « ZANELE MUHOLI », Maison
Fondation Henri Cartier-Bresson, contemporains, tels Luc Delahaye, Mohamed européenne de la photographie (Mep),
01 40 61 50 50, www.henricartierbresson.org Bourouissa, Véronique Ellena et Laura Henno. 01 44 78 75 00, www.mep-fr.org

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 25


photo moderne contemporain

ET AUSSI…
SCHNEEMANN À LONDRES
Jusqu’au 8 janvier
L’Américaine Carolee Schneemann
(1939-2019), artiste engagée, est
à l’honneur pour la première fois au
Royaume-Uni, au Barbican Center.

PHOTO ET IMPRESSIONNISME
Jusqu’au 8 janvier
Le Von der Heydt Museum
à Wuppertal (Allemagne) examine à
travers cent vingt tirages originaux
comment la peinture et la photo
THOMAS DEMAND, RE-CRÉER ELLIOTT ERWITT CHEZ MAILLOL
se sont inspirées l’une l’autre.
Du 14 février au 28 mai Du 23 mars au 15 août
« À quoi ressemblerait une peinture histo- Le musée Maillol présente une exposition de GREGORY CREWDSON,
UNE TRILOGIE
rique dans un monde saturé d’images ? » clichés d’Elliott Erwitt, né en 1928, célèbre pour
Cette question posée en ouverture de l’ex- ses images de chiens. C’est en 1946, à 18 ans, Jusqu’au 22 janvier
position invite à explorer le travail singulier que le photographe commet sa première photo Organisée par Jean-Charles Vergne,
et exigeant de Thomas Demand, sculpteur de chien dans les rues de New York, à plat l’exposition « Eveningside », à La
et photographe, né en 1964 à Munich. Ses ventre devant un chihuahua. Entré à l’agence Gallerie d’Italia à Turin, présente une
images, en apparence banals reflets d’un lieu, Magnum en 1953, il a parcouru le monde trilogie couvrant dix ans de travail.
sont, à y regarder de près, une recréation en capturant les visages de noms célèbres, de
minutieuse de sculptures en trois dimen- Nikita Khrouchtchev à Jackie Kennedy. Les UDAIPUR : VIES DE CHÂTEAU
sions d’images issues d’archives de presse. enfants, les nudistes, les couples, les plages et les
Le réel, le document photo et les sculptures musées ont tout autant inspiré cet observateur Jusqu’au 5 mars
sont ainsi convoqués afin de « questionner du genre humain. Le deuxième étage du château
l’écart entre le monde que nous habitons et sa PARIS « ELLIOTT ERWITT », musée Maillol, esquisse un dialogue photographique
recréation en papier et carton ». 01 42 22 59 58, www.museemaillol.com entre Chambord et le palais d’Udaipur,
PARIS « LE BÉGAIEMENT DE L’HISTOIRE », en Inde, avec lequel la résidence de
Jeu de paume, 01 47 03 12 50, LES JEUX VIDÉOS AU PRISME DE L’ART François Ier est jumelée depuis 2015.
www.jeudepaume.org
Du 10 juin au 15 janvier
RONIS À PONT-AVEN
IRVING PENN, SUBLIME Près d’un tiers de la population mondiale passe Du 4 février au 28 mai
plusieurs heures par jour dans les mondes
Du 4 mars au 28 mai Willy Ronis (1910-2009),
parallèles des jeux vidéos. Le Centre Pom-
Réalisée en collaboration avec la Maison euro- pidou-Metz examine les différentes façons « photographe de l’instant » a reçu
péenne de la photographie (Mep), cette expo- dont les artistes s’immiscent dans ces jeux et de nombreux prix pour son œuvre
sition présente un florilège des plus beaux cli- les transforment en une véritable forme d’art. foncièrement humaniste, et il a fait
chés d’Irving Penn puisés dans la collection de À travers des œuvres vidéo à canal unique une importante donation à l’État.
la Mep. Photographe de mode parmi les plus aux environnements spécifiques, immersifs et À retrouver à Pont-Aven.
grands du xxe siècle, immense portraitiste, interactifs, l’exposition déploie une trentaine de
Irving Penn (1917-2009) a su capter, avec la pièces numériques, dont certaines créées pour OUVRIR L’ALBUM DU MONDE
même finesse, l’âme des célébrités et celle des l’occasion. J. F.-N. Du 4 avril au 2 juillet
gens du peuple. L’artiste créa sa propre gram- METZ « WORLD BUILDING. JEU VIDÉO ET ART Plongée dans la photographie
maire visuelle, reconnaissable entre toutes par À L’ÈRE DIGITALE », Centre Pompidou-Metz, du xixe siècle, hors des frontières
des compositions aux lignes bien dessinées, 03 87 15 39 39, www.centrepompidou-metz.fr
de l’Europe, à partir des collections
une lumière douce et diffuse, un décor d’une du musée du Quai Branly à Paris.
extrême simplicité. Juste sublime.
DEAUVILLE « IRVING PENN », Les Franciscaines, LYNNE COHEN ET MARINA
0261522920, www.lesfranciscaines.fr GADONNEIX AU MNAM
En haut Thomas À droite Elliott
Du 12 avril au 28 août
Demand, Pond, Erwitt, Dans Conçues en concordance, ces deux
2020, C-Print les coulisses du expositions au Centre Pompidou
sous Diasec, Tropicana. Las Vegas,
à Paris forment ensemble un projet
200 x 399 cm 1957, photographie
©T. DEMAND, ©E. ERWITT & MAGNUM
singulier qui sonde les espaces
VG BILD-KUNST, BONN. PHOTOS, NY/PARIS. de notre société moderne.

26 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Design : Philippe Apeloig.
Photo : Pierre-Olivier Deschamps / Agence VU’. Design : Philippe Apeloig.

www.visiterouen.com
art ancien design archi

À gauche
Winslow Homer,
Palmier, Nassau,
1898, aquarelle et
graphite sur papier,
54,3 x 37,8 cm
©NEW YORK,
THE METROPOLITAN
MUSEUM OF ART.

m
RICHIER, L’OURAGANE
Du 1er mars au 12 juin
C’est une artiste de premier plan
dans l’histoire de la sculpture
moderne. L’œuvre de Germaine
Richier (1902-1959), porté par
d’amples thématiques (l’homme,
la femme, l’animal, les mythes),
est d’une grande singularité
formelle. L’usage de ficelles et de
filasse, en particulier, contri-
bue à l’étrangeté de ses figures
« insectimorphes ». D’autres
émergent des profondeurs
sourdes de la masse. Mais
toutes résultent d’une
« matière longuement sup-

moderne
pliciée » (Mandiargues),
qui fait écho aux sculp-
tures de son ami Gia-
cometti.

HOMER L’AMÉRICAIN
Jusqu’au 8 janvier
PARIS « GERMAINE
La National Gallery continue son programme consacré RICHIER », Musée national
aux grands peintres américains, avec cette rétrospec- d’art moderne, 01 44 78 12 33,
tive Winslow Homer (1836-1910), figure prééminente du www.centrepompidou.fr
puis MONTPELLIER
réalisme américain du xix e siècle et l’un des principaux
musée Fabre, du 12 juillet
agents de la peinture moderne dans son pays. Homer au 5 novembre.
est à la fois profondément ancré dans le monde améri-
cain qu’il peint (les conflits et le quotidien des soldats
pendant la guerre, la vie des Noirs, les scènes urbaines
marquées par un début d’émancipation des femmes,
et plus encore les scènes rurales accordées aux forces
d’une nature tour à tour domestiquée et féconde ou
sauvage, la vie des pêcheurs, en mer ou sur les rivages,
les voyages dans les Caraïbes…). Et il est informé des
nouveaux courants artistiques, qu’il découvre lors de À droite
ses voyage en Europe : Corot et les peintres de Barbizon, Germaine Richier,
Courbet, Manet… Il termine sa vie, en ermite, dans un Plomb avec verres
de couleur, n° 49,
petit village côtier du Maine, et laisse d’impressionnants, 1953, plomb, verre,
formidables paysages marins. M. J. 42 x 13 x 12 cm
©GALERIE DE
LONDRES « WINSLOW HOMER, FORCE OF NATURE », National LA BÉRAUDIÈRE,
Gallery, 44 20 7 747 2885, www.nationalgallery.org.uk BRUXELLES.
photo moderne contemporain

elle-même, trouvant dans la création perma-


nente un exutoire aux aléas et aux affres de
l’existence. Cet œuvre prolifique, aux allures
de créations enfantines et aux thèmes bien
spécifiques, liés à ses Ardennes natales, à la
figure de Rimbaud, ou encore à une Suisse
idéalisée, se situe quelque part entre Art naïf
et Art brut. M. J.
PARIS « VIVRE EN PEINTURE, CORINNE
DEVILLE (1930-2021) », musée d’Art
et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne,
01 45 65 86 96, www.musee.mahhsa.fr

BAYA EN SON JARDIN


Jusqu’au 26 mars
Baya, de son vrai nom Fatma Haddad (1931-
1998), est née sous une bonne étoile. Tôt
orpheline, la jeune Algérienne est prise sous
l’aile d’une « mère » adoptive qui lui dispense
éducation scolaire et artistique. De passage
à Alger, le galeriste Aimé Maeght s’entiche
de ses peintures et l’expose dans sa galerie
parisienne, en 1947. À 16 ans, Baya est pro-
pulsée sur la scène artistique. Son style naïf et
bigarré connaît un grand succès, à Paris mais

NÉO-ROMANTIQUES
Du 8 mars au18 juin
L’ouvrage homonyme de
Patrick Mauriès, commis-
saire de l’exposition, nous
avait révélé un pan oublié de
l’art du xxe siècle, un courant
« néo-romantique » opposé
à l’abstraction dominante,
se réclamant des maîtres
anciens et d’une conception
plus humaniste ou poétique
des arts plastiques. L’expo-
sition nous permettra d’ap-
précier les œuvres-mêmes
de ces artistes aujourd’hui
méconnus. En effet, pour
un Christian Bérard illustre,
combien de Pavel Tchelitchew,
de Francis Rose ou de Chris-
topher Wood à (re)découvrir !
PARIS « NÉO-ROMANTIQUES.
UN MOMENT OUBLIÉ DE
L’ART MODERNE 1926-
1972 », musée Marmottan
Monet, 01 44 96 50 33,
www.marmottan.fr
aussi dans son pays où elle devient l’une des
CORINNE DEVILLE, UNE PREMIÈRE artistes les plus en vue et les plus influentes.
Ci-dessus Jusqu’au 29 janvier
En haut Corinne PARIS « BAYA. FEMMES EN LEUR JARDIN.
Deville, Liberté Sir Francis Rose, ŒUVRES ET ARCHIVES, 1944-1998 »,
Patrie Vaud, 2021, L’Ensemble, 1938, C’est en effet la première fois que l’œuvre de Institut du monde arabe, 01 40 51 38 38,
technique mixte, h/t, 200,5 x 350,5 cm cette artiste fait l’objet d’une monographie. www.imarabe.org puis MARSEILLE ,
36 x 44 cm ESTATE OF SIR FRANCIS
ROSE.©GALERIE
Car, tout au long de son existence, elle n’a Centre de la Vieille Charité, du 11 mai
COLL. PRIVÉE. ©Y. MEYER. ENGLAND & CO, LONDRES. jamais souhaité exposer. Elle travaillait pour au 24 septembre.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 29


photo moderne contemporain
À gauche En bas Andy Warhol,
Édouard Manet, Portrait of Jean-
Le Balcon, Michel Basquiat as
1868-69, h/t, David, 1984, acrylique
170 x 125 cm et encre sur toile,
©PHOTO RMN-GP. 228,6 x 176,5 cm ET AUSSI…
COLL. PRIVÉE. ©THE ANDY
WARHOL FOUNDATION MANET À LA LOUPE
FOR THE VISUAL ARTS, INC.
Jusqu’au 15 janvier
MONTMARTRE AU FÉMININ La National Gallery de Londres
réétudie le célèbre portrait que
Du 31 mars au 10 septembre Manet fit en 1870 de son élève
Quand on pense au surréalisme, peu Eva Gonzalès à la lumière des
de noms féminins viennent à l’esprit. dernières études radiographiques.
Les femmes artistes jouèrent pour-
tant un rôle de premier plan dans ce DE FONTAINEBLEAU À NEW YORK
mouvement, tant en France qu’en Jusqu’au 10 février
Belgique, en Grande-Bretagne, au
En 1921, Picasso passe l’été à
Mexique ou aux États-Unis. Cette
Fontainebleau et produit un ensemble
exposition rend hommage à une
d’œuvres d’inspiration néoclassique.
cinquantaine de créatrices dont Lee Elles n’avaient pas été réunies depuis
Miller, Valentine Hugo, Vera Pagava, un siècle et sont à voir au MoMA.
Mary Reynolds, Meret Oppenheim,
Dora Maar, Toyen, Claude Cahun, PICASSO ET L’ABSTRACTION
Unica Zürn, Dorothea Tanning…
PARIS « ÉCHAPPÉES BELLES. Jusqu’au 12 février
LE SURRÉALISME AU FÉMININ », Quels rapports Picasso entretenait-il
musée de Montmartre, 01 49 25 89 39, avec l’abstraction ? Réponse aux
museedemontmartre.fr
Musées royaux des beaux-arts de
Belgique, à Bruxelles, en 140 œuvres
LE MATISSE DES ANNÉES 30 BASQUIAT ET WARHOL CHEZ VUITTON datant de 1907 aux années 1970.
Du 1er mars au 29 mai Du 5 avril au 28 août
LÉGER À OTTERLO
Organisée avec le Philadelphia Museum of Jean-Michel Basquiat, figure du New York under­
Art et le musée Matisse de Nice (où elle sera ground des années 1980, sera doublement à Jusqu’au 2 avril
présentée du 23 juin au 24 septembre), l’expo- l’honneur au printemps. La Fondation Louis Organisée avec la Triton Collection
sition se concentre sur la décennie qui suit le Vuitton rassemble un impressionnant corpus Foundation, l’exposition « Fernand
voyage d’Henri Matisse à Tahiti en 1930. À cette d’une centaine de peintures qu’il a réalisées en Léger et les toits de Paris » au
période, l’artiste est en quête d’épure, simplifie collaboration avec Andy Warhol en 1984 et 1985. musée Kröller Müller dévoile un
ses lignes, stylise ses figures et a les honneurs En parallèle, la Philharmonie de Paris propose tableau inédit, Fumées sur les toits.
de la revue d’avant-garde « Cahiers d’art », qui l’exposition « Basquiat Soundtracks » (du 6 avril
met en lumière la richesse de sa production de au 30 juillet), autour des influences musicales de VIEIRA DA SILVA À DIJON
l’entre-deux-guerres. L’accrochage réunit une l’artiste, de Beethoven à Madonna en passant par Jusqu’au 4 avril
trentaine de peintures, de dessins et de gravures. Louis Armstrong et John Cage. G. M.
Figure de l’art abstrait d’après-guerre,
PARIS « MATISSE. CAHIERS D’ART, PARIS « BASQUIAT X WARHOL : À QUATRE
LE TOURNANT DES ANNÉES 30 », MAINS », Fondation Louis Vuitton, l’artiste portugaise bénéficie d’une
musée de l’Orangerie, 01 44 50 43 00, 01 40 69 96 00, www.fondationlouisvuitton.fr rétrospective au musée des Beaux-Arts.
www.musee-orangerie.fr
KLIMT SOUS INFLUENCES
MANET-DEGAS, DUO-DUEL Du 27 janvier au 29 mai
Du 28 mars au 23 juillet Quels artistes Klimt a-t-il aimé ?
Parfois complices, souvent rivaux, Édouard Lesquels l’ont inspiré ? Le Belvédère,
à Vienne, confronte ses tableaux
Manet et Edgar Degas ont, chacun à sa manière,
à des œuvres de Van Gogh, Rodin
marqué l’histoire de l’avènement de la pein-
et Matisse.
ture moderne dans les années 1860-1880. De
grands chefs-d’œuvre de l’un et de l’autre sont
RÉPÉTITIONS À METZ
ici confrontés, mettant en lumière des théma-
tiques communes (les courses de chevaux, les Du 4 février 2023 au
spectacles, les scènes de café…) et des person- 28 octobre 2024
nalités aux caractères opposés. Ce face-à-face Envisagée comme moyen technique,
inédit entre deux géants rejoindra ensuite le processus de création ou sujet
Metropolitan Museum of Art de New York, de l’œuvre d’art, la répétition est
entre septembre 2023 et janvier 2024. au cœur de l’exposition conçue
PARIS « MANET/DEGAS », musée d’Orsay, par Éric de Chassey au Centre
01 40 49 48 14, www.musee-orsay.fr Pompidou-Metz.

30 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


moderne contemporain

méconnu, et éclairer d’une lumière nouvelle la ET AUSSI…


part des femmes, cette autre moitié de l’huma-
nité, à la peinture. PICASSO PRÉHISTORIQUE
Ci-contre METZ « SUZANNE VALADON. UN MONDE À Du 8 février au 12 juin
Georges SOI », Centre Pompidou-Metz, 03 87 15 39 39,
Clairin, Sarah www.centrepompidou-metz.fr Au musée de l’Homme, une peinture
Bernhardt empreinte de main, une sculpture
dans Ruy Blas Vénus du gaz, ou des galets gravés
de Victor MAX LE MAGICIEN
de visages illustrent la rencontre
Hugo, 1897, Du 4 mai au 8 octobre entre Picasso et la Préhistoire.
h/t, 55 x 32 cm
©COLLEC. Max Ernst (1891-1976) est un formidable
COMÉDIE-
artiste phénix, dont la production se renou- SAYED HAIDER RAZA
FRANÇAISE, PARIS..
velle sans cesse dans la forme comme dans AU CENTRE POMPIDOU
la technique : collage, frottage, décalcoma- Du 15 février au 15 mai
nie, grattage, sont utilisés pour explorer des Première exposition monographique
thématiques liées à la nature et à la magie, au en France pour l’artiste indien (1922-
fantastique et au mystérieux. L’hôtel de Cau- 2016) fondateur du Progressive Artists
mont rassemble quatre-vingts œuvres issues Group (P.A.G.), qui a vécu à Paris.
de collections privées et publiques pour nous
permettre de pénétrer cet univers étrange, poé- MAILLOL À ROUBAIX
tique et presque toujours déconcertant, dont les
DIVA UN JOUR, DIVA… visions ont investi le dadaïsme et le surréalisme Du 25 février au 28 mai
mais ont surtout formé un art « maxernstien ». La Piscine célèbre Aristide Maillol
Du 14 avril au 27 août
AIX-EN-PROVENCE « MAX ERNST », (1861-1944) avec une vaste exposition
S’il est vrai que chacun de nous connaît deux Hôtel de Caumont, 04 42 20 70 01, qui rappelle sa place dans la grande
morts, celle du jour de son décès et le moment www.caumont-centredart.com tradition classique de la sculpture.
où l’on oublie jusqu’à son nom, alors Sarah
Bernhardt est éternelle. Voici cent ans que la D’UN GÉANT À L’AUTRE TURNER REVIENT EN SUISSE
divine Sarah (1844-1923) a quitté la scène et
Du 13 juin au 17 septembre Du 3 mars au 25 juin
elle est toujours ce monstre sacré qu’adulait son
époque, et notamment Cocteau, Mucha, Sacha Deux formidables artistes, deux innovateurs, La Fondation Gianadda, à Martigny,
Guitry, Reynaldo Hahn et même Victor Hugo ! côte à côte pour célébrer le cinquantième anni- reçoit pour la deuxième fois les
Cinq cents œuvres, photographies, costumes et versaire de la mort de Pablo Picasso (1881- œuvres du peintre britannique Turner
tableaux retracent la vie d’une étoile. 1973). Comment le Malaguène fut influencé, avec ses paysages romantiques.
PARIS « SARAH BERNHARDT », Petit Palais, inspiré, bercé par le Greco (1541-1614), ses
01 53 43 40 00, www.petitpalais.paris.fr époustouflantes recherches formelles, la puis- SINGULIER LOUIS PONS
sance de ses compositions, l’audace de son Du 24 mars au 3 septembre
SUZANNE ENFIN trait… De L’Enterrement du comte d’Orgaz à
Guernica, un chemin en altitude, foisonnant de Des dessins bouleversants de
Du 15 avril au 11 septembre formes humaines ou animales, des
perspectives, nécessairement passionnant. V. B.
« Vous êtes des nôtres », lui lança Degas en assemblages d’objets, le bel univers
MADRID « PICASSO-EL GRECO »,
regardant ses dessins. Suzanne Valadon (1865- de cet autodidacte est exposé
Musée national du Prado, 34 913 30 28 00,
1938), femme indépendante et courageuse, www.museodelprado.es au musée Cantini de Marseille.
artiste après avoir été
modèle, a produit une L’ÂME D’ANNA-EVA
peinture à son image, Du 31 mars au 16 juillet
audacieuse, sans com-
Première rétrospective au musée
plaisance ni concession
d’Art moderne de Paris pour Anna-Eva
à son sexe. Les portraits
Bergman (1909-1987) : son œuvre
qu’elle donne ne cèdent graphique des années 1930, les
ni à la mièvrerie ni au formats réduits, les grandes toiles,
décorum. Deux cents l’introduction des feuilles de métal…
œuvres réunies pour
enfin découvrir ce talent LE RÉCIT DES SONGLINES
souvent minoré, voire
Du 4 avril au 7 juillet
À droite Récits légendaires, patrimoine
Suzanne Valadon, mémoriel, les songlines ou chants
La Chambre des pistes des Aborigènes d’Australie
bleue, 1923, h/t,
90 x 116 cm
nous entraînent au musée du
DÊPOT MNAM. Quai Branly-Jacsques Chirac
©PHOTO RMN-GP. sur la « piste des sept sœurs ».

32 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Jean Arp, Tête mythique; Composition mythique, 1929–1952, relief en bois peint, 55⅛ × 43¼ × 1⅞ in (140 × 109,9 × 4,8 cm)

Stand C26
26 – 29 janvier 2023
Waddington Custot
participe à artgenève
art ancien design archi

À gauche FABRICE HYBER, L’ÉCOLE DE L’ART


Marlène Mocquet,
Mon père en Jusqu’au 30 avril
Bacchus, 2021,
grès émaillé,
Réunissant une soixantaine de toiles dont
lustre, or et platine, quinze produites pour l’occasion, la vaste expo-
58 x 48 cm sition Fabrice Hyber, artiste français né en 1961,
©F. SÉJOURNÉ. prend la forme d’une école dont on parcourt
les espaces comme on suit le fil de la pensée de
l’artiste. Assimilant librement la toile au tableau

c
d’école, celui-ci convoque tous les domaines
de la réflexion, des mathématiques aux neuro-
sciences, en passant par le commerce, l’histoire,
l’astrophysique, mais aussi le corps, les affects et
les mutations du vivant.
PARIS « FABRICE HYBER, LA VALLÉE »,
Fondation Cartier pour l’art contemporain,
01 42 18 56 50, www.fondationcartier.com

PIERRE SKIRA,
LA VIGUEUR DU PASTEL
Jusqu’au 8 janvier
Fils de l’éditeur Albert Skira, Pierre Skira, né en
1938, démarre très tôt une carrière de peintre.
Véritable tournant dans son œuvre, il découvre
en 1975 le pastel, technique à laquelle il se voue
dès lors, signant à partir de 2010 de vigou-
reuses compositions abstraites. Réunies pour la
Ci-dessous première fois dans une salle de musée, celles-ci
Pierre Skira, Sans font exploser les ombres et les lumières, les cou-
titre, 2022, pastel leurs poudreuses et intenses, sur les murs du
sur papier caséiné château Grimaldi.
et contrecollé sur
Isorel, 27 x 21 cm ANTIBES « PIERRE SKIRA, LES FAÇONS
D’ÊTRE DU PASTEL », musée Picasso,

contemporain
COLLECTION PRIVÉE.
©F. FERNANDEZ. 04 92 90 54 26, www.antibes-juanlespins.com

MARLÈNE MOCQUET,
LE MUSÉE RÉINVENTÉ
Jusqu’au 25 février
Invitée à investir le musée de Roanne, Marlène Mocquet,
qui s’était déjà livrée à l’exercice en 2017 au musée de la
Chasse et de la Nature à Paris, relève le défi en se lan-
çant dans une vaste consultation. Son travail convoque
en amont le personnel de la régie des collections et son
cercle familial, en invitant chacun à choisir une œuvre
et une thématique. C’est à partir de ce matériau que
l’artiste s’est attelée à la production de quelque vingt-
cinq œuvres, quatorze sculptures céramiques et onze
peintures, pour livrer une nouvelle vision du musée ré-
inventé. V. B. A.
ROANNE « ASCENDANCE, CARTE BLANCHE À MARLÈNE
MOCQUET », musée Joseph Déchelette, 04 77 23 68 77,
www.museedechelette.fr
photo moderne contemporain

LEBLON, LA NOUVELLE SCULPTURE VINCENT CORPET,


LA PEINTURE TOUJOURS
Jusqu’au 8 janvier
Jusqu’au 15 janvier
Artiste français né en 1971, Guillaume
Leblon signe au Palais de Tokyo sa première Né en 1958, Vincent Corpet décide le jour
exposition depuis dix ans à Paris et depuis de ses 20 ans de devenir artiste. Diplômé de
son départ en 2015 pour New York, où il vit l’École nationale supérieure des beaux-arts, il
désormais. Sculpteur « nouvelle génération », embrasse la peinture à l’aube des années 1980
Guillaume Leblon, qui travaille aussi bien le pour ne plus la quitter. Il en explore désor-
marbre que le plâtre, l’argile ou les matériaux mais toutes les formes, appliquant un proto-
de récupération, propose un parcours entre cole qui guide ses recherches, tant sur le fond
ses œuvres, sorte de paysage mental où le que la forme. Cette rétrospective balaie une
visiteur est appelé à déambuler. Face contre quinzaine de séries, des années 1980 à nos
terre (2010-2022), pièce au sol composée jours, offrant un panorama complet d’une
de panneaux récupérés, sert ainsi de socle œuvre singulière. V. B.-A.
aux autres œuvres disposées dans l’es- LES SABLES-D’OLONNE « VINCENT
pace. Empreintes d’objets laissées dans CORPET, DES DÉMESURES », MASC musée
le plâtre, moulage d’un cheval ayant d’Art moderne et contemporain abbaye
perdu son cavalier, veste vidée de son Sainte-Croix, 02 51 32 01 16, www.lemasc.fr
propriétaire, objets de consommation
inaccessibles suspendus à une branche À gauche
d’arbre, c’est autour de l’absence et du Guillaume Leblon,
désir frustré que ce petit théâtre d’objets Lost Friend Ci-dessus
(cheval), 2014, Vincent Corpet,
dessine tout un monde à interpréter. 3806 P 14,
installation et drapé,
PARIS « GUILLAUME LEBLON, 215 x 192 x 101 cm 17 VIII 16, 2016,
PARADE », Palais de Tokyo, 0181697751, COLLEC. PRIVÉE, PARIS. h/t, 100 x 100 cm
www.palaisdetokyo.com ©B. ADILON. ©A. MOLE.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 35


contemporain

Ci-contre
Ugo Rondinone, The
Sunflower, 2016, résine, ET AUSSI…
terre, tournesols séchés,
207 x 283 x 180 cm et UNE FÉMINISTE CHEZ PICASSO
à gauche Sechsterapril
zweitausend und neunzehn, Du 31 janvier au 2 juillet
2019, acrylique sur toile,
61 x 91 cm, détails L’artiste féministe américaine
©UGO RONDINONE Faith Ringgold propose une relecture
ET ©HYE-RYOUNG MIN. de l’histoire de l’art moderne
au Musée national Picasso-Paris.
CARTE BLANCHE À UGO RONDINONE
JEUNESSE FIGURATIVE
Du 26 janvier au 18 juin
Du 5 février au 28 mai
Après Jakob Lena Knebl et Jean-Hubert
Le MASC des Sables-d’Olonne
Martin, c’est au tour d’Ugo Rondinone (né en
célèbre le grand retour de la peinture
1964) d’être l’invité de Marc-Olivier Wahler, figurative avec une trentaine
directeur du musée d’Art et d’Histoire de d’artistes tissant des liens avec
Genève. L’artiste-commissaire a eu carte MIRIAM CAHN, L’ART AU CORPS la littérature ou l’histoire de l’art.
blanche pour imaginer son « musée idéal » à Du 16 février au 14 mai
partir des collections de l’institution. Intro- JUST ENVOÛTANT
duit par un face-à-face entre Félix Vallotton Le corps féminin est le sujet de prédilection
et Ferdinand Hodler, figures de la peinture en de cette peintre et dessinatrice suisse dont Du 24 février au 9 juillet
Suisse, le parcours réunit plus de deux cents les visions étranges, fantomatiques, désta- Entre performances et expériences,
pièces présentées en dialogue avec celles, pour bilisent et dérangent. Chez Miriam Cahn entre technologie et nature,
certaines inédites, de Rondinone. (née en 1949), la pratique artistique relève les grandes installations vidéo de
GENÈVE « UGO RONDINONE », musée de la performance, tant elle s’implique phy- Jesper Just sont à voir au musée
d’Art et d’Histoire, 41 22 418 26 00, siquement. Articulée autour de la question d’Art contemporain de Lyon.
institutions.ville-geneve.ch du motif, de sa duplication, de sa multipli-
cation, l’exposition organisée au Palais de COUP DOUBLE À MONTPELLIER
HOCKNEY, DE LONDRES À AIX Tokyo réunit des tableaux et des œuvres gra-
Du 11 mars au 4 juin
Du 28 janvier au 28 mai phiques issus de différentes séries produites
entre les années 1980 et aujourd’hui. « Immortelle » est une double
La collection d’œuvres de David Hockney (né PARIS « MIRIAM CAHN. MA PENSÉE exposition rendant hommage
en 1937) de la Tate Gallery de Londres est si SÉRIELLE », Palais de Tokyo, 01 81 69 77 51, à la peinture française depuis 1970 :
riche qu’elle permet, à elle seule, de présen- palaisdetokyo.com la figure humaine au MO.CO,
ter une rétrospective. En neuf sections, l’ac- la peinture de genre à La Panacée.
crochage explore les multiples facettes d’une ELMGREEN & DRAGSET À METZ
œuvre qui ne cesse de s’interroger sur ce qu’est COGNÉE CHEZ BOURDELLE
Du 10 juin au 1er avril 2024
une image, en croisant les sources (culture Du 15 mars au 16 juillet
populaire, références à l’histoire de l’art), les Depuis 1995, le Danois Michael Elmgreen
genres (portraits, natures mortes, paysages) et la Norvégienne Ingar Dragset opèrent Philippe Cognée investit le musée
et les techniques, de la peinture à l’iPad en en duo sous leur nom d’artiste Elmgreen & Bourdelle, à Paris, avec des
passant par le collage et la photographie. Dragset. Pour leur première exposition per- scuptures et peintures dont
certaines sont inspirées des pages
AIX-EN-PROVENCE « DAVID HOCKNEY, sonnelle dans une institution française, ils
d’un ancien catalogue d’Art Basel…
COLLECTION DE LA TATE », musée Granet, proposent un dispositif entre installations,
04 42 52 88 32, www.museegranet- sculptures et performances. De la grande nef
aixenprovence.fr au forum, des terrasses des galeries au jar- L’HYPERRÉALISME À NANTES
din, le duo reconfigure les lieux pour explo- Du 7 avril au 3 septembre
rer notre manière d’interagir avec l’espace. À
Seul musée français à détenir
chaque visiteur d’écrire son propre scénario, une sculpture de Duane Hanson,
à partir des bribes de récits proposées. G. M. le musée d’Arts de Nantes expose
METZ « ELMGREEN & DRAGSET. BONNE le sculpteur hyperréaliste, né aux
CHANCE », Centre Pompidou-Metz, États-Unis dans les années 1960.
03 87 15 39 39, www.centrepompidou-metz.fr
D’YERRES À AUJOURD’HUI
Du 13 mai au 22 octobre
La Maison Caillebotte remet
À gauche
à l’honneur les artistes figuratifs
David Hockney,
My Parents, ayant pratiqué, loin des modes,
1977, h/t, la peinture, le dessin et la gravure
182,9 x 182,9 cm dans la deuxième moitié
©TATE, LONDRES. du xx e siècle.

36 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


26–29.01.2023

galleries 10 a.m. art | 193 Gallery | 31 Project | 1900-2000 | A arte Invernizzi | A&R Fleury |
ABC-Arte | Afikaris | Almine Rech | Applicat-Prazan | Ayyam | Bailly | Bendana | Pinel | By
Lara Sedbon | Catherine Duret | christian berst art brut | Christine König | Continua | Cortesi |
Ditesheim & Maffei Fine Art | Edouard Simoens | Enrico Astuni | Eva Meyer | Eva Presenhuber |
Fabienne Levy | Franco Noero | Gagosian | Gallery 1957 | Georges-Philippe et Nathalie Vallois
| Gisèle Linder | Gowen | Haas | HdM | Heinzer Reszler | Hom Le Xuan | In Situ - Fabienne
Leclerc | Juana de Aizpuru | Knoell | lange + pult | Laurent Godin | Le Minotaure | M77 |
Maggiore g.a.m | Magnum Photos | Mai 36 | Mario Mauroner | Mayoral | Mezzanin | Michael
Hoppen | Mighela Shama | Mitterrand | Monica De Cardenas | Nathalie Obadia | Nosbaum
Reding | Olivier Varenne | P420 | Pablo’s Birthday | Pascal Lansberg | Patrick Gutknecht |
Perrotin | Peter Kilchmann | Philippe Cramer | Pietro Spartà | Poggiali | Primo Marella | Prometeo
Gallery Ida Pisani | Retelet | Richard Saltoun | Rosa Turetsky | Sébastien Bertrand | Semiose
| Simon Studer Art | Skopia/P.-H. Jaccaud | Studio Trisorio | Tang Contemporary Art | Taste
Contemporary | Templon | Thaddaeus Ropac | Thomas Brambilla | Tornabuoni Art | Urs Meile
| Van de Weghe | von Bartha | Waddington Custot | Wilde | Xippas art spaces, art editors &
publishers All Stars | Arsenal Contemporary Art | ColAAb | Editions Citadelles & Mazenod |
Editions TAKE5 | Gilles Drouault | JRP|Editions | Klima | mfc-michèle didier | multipleart |
We Do Not Work Alone institutions & special exhibitions Andrea Bowers – Fight Like a Girl
(Capitain Petzel) | artgenève/estates - Barry Flanagan | artgenève/musique | Association
Lumen | Centre d’Art Contemporain Genève | Centre d’édition contemporaine | Centre de la
Photographie | Documents d’artistes Genève | ECAL | Ecole Moser | EDHEA | Flux Laboratory
/ Fondation Fluxum | Fondation Dubuffet | Fondation Montresso | Fondation Opale | Fondation
Teo Jakob | Fonds cantonal d’art contemporain | Collection d’art contemporain de la Ville de
Genève - FMAC | Grand Théâtre de Genève | HEAD – Genève | Hommage à la galerie Rivolta |
m3 Collection | MAMCO Genève | Musée Barbier-Mueller | Musée d’art et d’histoire | Nouveau
Musée National de Monaco | Musée du Quai Branly | Museum Frieder Burda | Night-Fall – Festi-
val for art & gastronomy | Photo Elysée | Poush | Prix mobilière | Prix Solo artgenève-F.P.Journe
| Ringier Collection | Serpentine Galleries | Syndicat National des Antiquaires | Villa Arson

artgeneve.ch
événement

S
YVES
Monochromes, Anthropométries
Monochromes, Anthropométries,, Sculptures-éponges
Sculptures-éponges,,
Peintures de feu…
feu… En une soixantaine d’œuvres,
l’hôtel de Caumont propose à Aix-en-Provence
une relecture intimiste de la fulgurante carrière
d’Yves Klein (1928-1962). Une merveille.
/ Texte Guillaume Morel

38 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


KLEIN au-delà du bleu
Profond, intense, lumi-
neux, son bleu outremer re-
couvre la sphère d’un globe
terrestre, imprègne une éponge
devenue sculpture, conserve sur une
feuille de papier l’empreinte d’un corps nu
enduit de peinture. Breveté en 1960, l’IKB (Inter-
national Blue Klein) est devenu la signature Page de gauche Ci-contre Globe terrestre
d’Yves Klein, au risque d’éclipser la complexité Monochrome bleu bleu (RP 7), 1957, édition
d’une œuvre dont le mystère réside dans sa ten- (IKB 22), 1957, troué posthume 1988, pigment
par le feu, pigment pur pur et résine synthétique
tative de capter l’immatériel, de rendre sensible et résine synthétique sur mappemonde en
l’invisible, d’inventer un au-delà du tableau pour sur papier brûlé, métal, 20,5 x 11,5 x 13 cm
révéler la poésie du monde. 23,5 x 18 cm COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ
COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ À AIX-EN-PROVENCE.
Du Centre Pompidou en 2007 au musée Sou- À AIX-EN-PROVENCE. TOUTES LES PHOTOS :
lages de Rodez en 2019, nombre d’expositions ©SUCCESSION YVES KLEIN
ont célébré l’artiste niçois ces dernières C/O ADAGP, PARIS, 2022.

années. Conçue en colla bo-


ration avec les Archives
Yves Klein, celle d’Aix-
en-Proven ce réunit
principalement des
pièces provenant de
collections privées
et étudie l’œuvre
sous l’angle inédit de
l’intime. « Connais-
sant le caractère spectaculaire

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 39


événement

de ses interventions, sa façon de documenter


Ci-contre Sculpture ses actes par des photographies, des films ou
éponge bleue
sans titre (SE 44), des enregistrements sonores, cela peut sembler
vers 1960, pigment paradoxal, souligne Cecilia Braschi, respon-
pur et résine sable des expositions à l’hôtel de Caumont.
synthétique sur
éponge naturelle, tige
L’objectif est de montrer la manière dont sa
métallique et pierre, vie privée a nourri son travail, en s’intéres-
21 x 20,5 x 3,8 cm sant à son cercle familial, ses relations avec ses
COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ
À AIX-EN-PROVENCE.
modèles, ses collaborations avec ses amis du
Nouveau Réalisme, Arman, Claude Pascal,
Au centre Monogold
sans titre (MG 45),
Jean Tinguely ou Martial Raysse. ».
1959, feuilles d’or sur
panneau, 18,5 x 14,2 cm Le corps à l’œuvre
COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ
À AIX-EN-PROVENCE.
Né de parents artistes – le paysagiste Fred
Klein et Marie Raymond, figure de l’art
À droite informel d’après-guerre – Yves Klein ne
Anthropométrie sans
titre (ANT 7), 1960, rêvait pas d’être peintre, mais judoka. En
pigment pur et 1954, de retour du Japon où il a obtenu son
résine sur papier, 4e dan, titre qui ne sera pas homologué par
102 x 73 cm
COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ
la Fédération française, il fonde sa propre
À AIX-EN-PROVENCE. école de judo à Fontenay-aux-Roses (la
ville où il fera en 1960 son Saut dans tableau est refusé. Dénué de lignes, de formes,
le vide immortalisé par un photo- de contrastes, il ne correspond pas aux codes
montage légendaire), puis une de l’abstraction défendue par le jury de sélec-
autre à Paris. En parallèle, tion. Ce rejet encourage Klein à radicaliser sa
il réalise ses premières démarche. Dès lors, il ne signe plus ses mono-
Propositions mono- chromes et se concentre essentiellement sur une
chromes, dont Expres- couleur : le bleu. La peinture n’a pas plus besoin
sion de l’univers de cadre que de motif : il la libère en investissant
de la couleur mine d’autres territoires que celui du tableau.
orange (M60), En 1957, il produit ses premières sculptures à
qu’il entend présen- partir d’éponges naturelles imprégnées de bleu,
ter au salon des Réa- symbole du ciel, de la mer, de l’immensité, mais
lités nouvelles en 1955. Le aussi de rose – l’incarnation, la chair – et d’or, en

40 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


YVES KLEIN ET L’ART ABORIGÈNE
On le sait peu, mais Yves Klein s’est intéressé à l’art et à la culture aborigènes
d’Australie. Les motifs de certaines œuvres qu’il a pu voir reproduites dans des
ouvrages ont nourri quelques-uns de ses dessins de jeunesse, vers 1946. Ces derniers
constituent le point de départ de cette surprenante exposition de la Fondation Opale.
Également organisée en collaboration avec les Archives Yves Klein, elle fait dialoguer
une sélection d’œuvres de l’artiste avec des tableaux de créateurs contemporains
australiens comme Emily Kame Kngwarreye, Danie Mellor, Judy Watson, Lily Karedada,
Bill Whiskey Tjapaltjarri ou Wattie Karruwara. Yves Klein partage avec les peintres
aborigènes l’idée que la beauté est préexistante dans un état invisible – dans l’air,
le ciel, la matière… –, et qu’il revient à l’artiste de la révéler. G. M.
HH « YVES KLEIN. RÊVER DANS LE RÊVE DES AUTRES », Fondation Opale, 1, route de Crans,
1978 Lens (Suisse), 41 27 483 46 10, www.fondationopale.ch du 10 décembre au 16 avril.

référence au divin. La couleur relie l’homme au


monde. Elle se doit d’être incarnée. L’artiste aimait
raconter qu’il faisait poser des modèles dans son
atelier pendant qu’il peignait ses monochromes,
pour que ses toiles soient imprégnées de leur
présence. De là à faire de ses collaboratrices de
véritables « pinceaux vivants », il n’y avait qu’un
pas, franchi avec la série des Anthropométries.
Précurseur du Body Art, Klein organise la pre-
mière séance le 23 février 1959 dans son appar-
tement de la rue Campagne-Première, à Paris,
en présence de sa compagne Rotraut Uecker,
rencontrée en 1957, du critique d’art Pierre

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 41


événement

Ci-contre Yves Klein,


Anthropométrie de l’Époque

Klein n’a pas cessé d’expérimenter, au travers


Bleue (ANT 82), 1960, pigment
pur et résine synthétique
sur papier marouflé sur toile,
156,5 x 282,5 cm
PARIS, MNAM. ©ADAGP IMAGES.
REPRODUCTION EXPOSÉE
AUX BAUX-DE-PROVENCE.

Ci-dessous Yves Klein, Peinture


de feu sans titre (F 24), 1961,
carton brûlé, 139 x 299 cm
COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ
À AIX-EN-PROVENCE.

Page de droite, en bas Portrait


d’Yves Klein réalisé à l’occasion
du tournage de Peter Morley
“ The Heartbeat of France ”,
février 1961, Studio de
Charles Wilp, Düsseldorf
©PHOTO DE PRESSE RMN.

Jacques Fleurant, Yves Klein


réalisant une Anthropométrie
avec Elena dans son atelier
(ANT 133), 1960, photographie
PARIS, MNAM. ©PHOTO DE
PRESSE RMN.

Restany et de Jacqueline, l’une


de ses modèles. Enduite de
peinture bleue, cette dernière
« imprime » sur une immense
feuille de papier accrochée au
mur l’empreinte de son corps,
et plus particulièrement le
tronc, partie qui concentre les
énergies vitales.
Dans l’exposition, un film de
mars 1960 témoigne d’une
autre séance, publique cette
fois-ci, qui se déroule à la
Galerie internationale d’art
contemporain à Paris. Klein
est en smoking et gants blancs,
« comme un chef d’orchestre qui
assiste à l’apparition du mys-
tère de l’œuvre », commente la
commissaire Cecilia Braschi.
Derrière la mise en scène et le jeu, la choré-
graphie des corps évoque un rituel aux gestes
millimétrés, une sorte de cérémonie sacrée.
Certaines Anthropométries de 1960 portent
d’ailleurs le titre de Suaires.

Jouer avec le feu


Le 27 octobre de cette même année, Pierre
Restany fonde officiellement chez Yves Klein
le groupe des Nouveaux Réalistes, composé
d’Arman, François Dufrène, Raymond Hains,
Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely,
Jacques Villeglé… Deux des sept exemplaires
originaux de la Déclaration constitutive (l’un
bleu, l’autre rose) introduisent une section du
parcours dédiée aux œuvres collaboratives de

42 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


d’œuvres que l’on appellerait aujourd’hui des performances

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 43


événement

À gauche Peinture de feu


sans titre (F 2), 1962,
carton brûlé sur panneau,
147 x 97,5 cm
©ADAGP IMAGES. REPRODUCTION
EXPOSÉE AUX BAUX-DE-PROVENCE.

expose partout dans le monde. Mais sa santé


est fragile. Il joue avec le feu, dans les deux sens
du terme. »
Aux yeux de l’artiste, la flamme réunit en son
spectre le bleu, le rose et l’or. Sa « trinité », que
l’on retrouve dans l’avant-dernière salle du par-
cours, où trois tableaux (deux Monochromes
et un Monogold) sont mis en regard avec l’ex-
voto qu’Yves Klein a déposé en avril 1961 au
monastère de Sainte-Rita de Cascia, en Italie.
Ce coffret-reliquaire en Plexiglas contient trois
petits bacs de pigment bleu, de pigment rose et
de feuilles d’or, et le manuscrit plié d’une prière
adressée à la patronne des causes désespérées.
À elle seule, cette section résume l’ambiva-
lence de l’œuvre de Klein, dont la dimension
publique, spectaculaire et parfois ostentatoire,
n’a d’égale que la sincérité de la démarche et la
profondeur de la pensée. En juin 1962, après
deux premières alertes, l’artiste meurt d’une
crise cardiaque, à 34 ans. Celui qui rêvait
d’infini s’envole alors vers d’autres cieux.
Au-delà du bleu.

À VOIR
HHH « YVES KLEIN INTIME », hôtel de
Caumont-centre d’art, 3, rue Joseph-Cabassol,
13100 Aix-en-Provence, 04 42 20 70 01, www.
caumont-centredart.com du 28 octobre au 26 mars.
Klein. Outre le Rocket pneumatique (1962) Ci-dessous Rouleau RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR
inventé avec Claude Parent et Roger Tallon, et à peindre, v. 1957, pigment CONNAISSANCEDESARTS.COM
pur et résine synthétique
l’Excavatrice de l’espace (1958) imaginée avec sur rouleau à peindre, - « BLEU, BLEU, BLEU. L’AVENTURE KLEIN »,
Jean Tinguely, l’exposition dévoile un Cadavre 31 x 21 x 9 cm Château des Baux-de-Provence, Grand-Rue,
13520 Les Baux-de-Provence, 04 90 49 20 02,
exquis sur tissu long de quatorze mètres, COLLECTION FAMILLE VENET.
EXPOSÉ À AIX-EN-PROVENCE.
www.chateau-baux-provence.com
réalisé en 1962 par Claude Pascal, Arman, du 29 avril 2022 au 9 avril 2023.
Pierre Restany et Yves Klein. Conservé en À LIRE
mains privées, il n’avait jamais été présenté en
- LE CATALOGUE de l’exposition de l’hôtel de
France. Caumont-centre d’art, coéd. Culturespaces/
Durant les huit années de sa brève In Fine éd. d’art (192 pp., 130 ill., 35 €).
carrière, Klein ne cesse d’expérimen- - LE HORS-SÉRIE publié à cette occasion
par « Connaissance des Arts » (n° 1007,
ter, au travers d’œuvres qui, souvent, 44 pp., 11,90 €).
résultent de ce que l’on appellerait
aujourd’hui des performances. Ainsi
de ses Peintures de feu réalisées en
1961 au centre d’essai de Gaz de
France, à La Plaine Saint-Denis.
Comme le corps pour les Anthro-
pométries, la flamme devient un
pinceau. « C’est une autre manière
encore d’apprivoiser l’immatériel, pour-
suit Cecilia Braschi. Le feu évoque la
création et la destruction, la mort et la
résurrection. À cette époque, Klein est au
faîte de sa gloire. Il multiplie les voyages,

44 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Ci-contre Portrait Relief
de Claude Pascal (PR 3),
1962, pigment pur
et résine synthétique
sur bronze monté sur
panneau recouvert
de feuilles d’or,
176 x 94 x 26 cm, détail
COLL. PRIVÉE. EXPOSÉ
À AIX-EN-PROVENCE.
style

Ci-contre Nymphe
endormie surprise
par des satyres, v. 1626,
huile sur toile,
100,5 x 122,8 cm, détail
©ZURICH, KUNSTHAUS.

L’Arcadie éroti
Nicolas Poussin, le peintre
« philosophe » au style
noble et sévère, parangon
du classicisme français,
fut aussi, divine surprise,
le peintre le plus sensuel
de son époque. Pleins feux
sur l’érotisme poussinien.
/ Texte Manuel Jover

que de Poussin
style

Le cor
corps féminin y est présenté sous
des formes ravissantes,
ravissantes, tout en délicatesse,
au sein de paysages enchantés

C’est au musée des Beaux-Arts de Lyon,


acquéreur, ces dernières années, de deux
importants tableaux du grand Nicolas, que l’on
doit cette initiative ô combien salutaire et bien-
venue. Cet aspect sensuel et « dérangeant » de
l’œuvre de Poussin a été ignoré, voire nié – au
mieux négligé – au fil des siècles, et c’est seule-
ment ces dernières décennies qu’il a été pris au
sérieux. Il était grand temps ! Car cette sensua-
lité est partie intégrante de sa personnalité et
de son art. Elle est aussi picturale, liée à la fac-
ture savoureuse et au riche coloris, et irrigue,
différemment, les grands chefs-d’œuvre de
sa maturité. Du reste, pas besoin de justifica-
tion : les œuvres concernées (pour ne pas dire
« incriminées »…) ne déméritent en rien. Elles
sont d’une haute teneur érotique et poétique,
d’une séduction et d’un charme irrésistibles, et
ne font qu’ajouter à la gloire de leur auteur.

Des images clairement érotiques


S’en étonnera-t-on ? Elles sont le fait d’un jeune
homme, en début de carrière, entre la fin de
la période parisienne et les premières années ou de petits tableaux destinés à des particuliers. La beauté des corps et de la nature
romaines, soit, globalement, entre 1620 et 1630. Marino semble avoir été le mentor de Pous- Poussin n’aurait pas été le premier à sacrifier à
Avant de quitter la capitale française, Poussin sin, à Paris puis lors de son installation à Rome ce genre. D’autres maîtres, et des plus illustres
fait une rencontre essentielle en la personne du en 1624. L’a-t-il aidé à trouver des débouchés (Jules Romain, Augustin Carrache) avaient
poète napolitain Giambattista Marino, dit « le commerciaux ? En tout cas, c’est à cette époque produit des images, diffusées par la gravure
Cavalier Marin », auteur d’un long poème pré- que notre peintre produit ces tableaux éro- et que l’on peut qualifier de pornographiques.
cieux et érotique, Adone, qui décrit les amours tiques que la critique, jusqu’à aujourd’hui, eut Mais ces peintures de Poussin sont bien plus
de Vénus et Adonis. Poussin réalise pour lui tant de mal à accepter. Il s’agit, principalement, que de simples images érotiques réalisées par
une suite de dessins inspirés des Métamor- d’un groupe de petites peintures représentant un jeune peintre sans le sou faisant feu de tout
phoses du poète latin Ovide. Cet ouvrage, qui une jeune femme nue et endormie au sein bois. Ce sont de merveilleux tableaux ! Le
relate les amours des dieux, leurs passions trop d’un paysage, Vénus ou nymphe des bois, corps féminin y est présenté sous des formes
humaines entraînant désordres et transfigura- qu’épient des personnages masculins, bergers ravissantes, tout en délicatesse, au sein de
tions divines, était devenu, depuis la Renais- ou satyres pleins d’audace, allant jusqu’à écar- paysages enchantés. Poussin fait son miel de
sance, une référence majeure pour les lettrés et ter le drap couvrant la belle pour contempler la grande tradition vénitienne, et notamment
les artistes, aussi importante pour les sujets pro- son intégrale nudité. Ces violeurs en puissance de Titien, étudié dans les collections romaines ;
fanes et mythologiques que l’était la Bible pour ont des faciès lubriques et, dans plusieurs cas, une tradition fondée sur les voluptés chroma-
l’art religieux. Sous couvert de mythologie, les le caractère sexuel de la scène est renforcé par tiques, qui exalte avec lyrisme la beauté des
sujets tirés des Métamorphoses permettaient l’un des voyeurs, en partie dissimulé derrière corps accordée à celle de la nature, fait rimer
des représentations érotiques plus ou moins un arbre, dont l’attitude ne fait aucun doute : il la douceur nacrée des chairs avec les clartés
explicites, suivant qu’il s’agissait d’œuvres se masturbe. Ce « détail », en particulier, per- du ciel et le frissonnement des feuillages dans
publiques et officielles, comme la voûte de met d’affirmer que ces peintures étaient desti- la lumière. Et la convoitise masculine, pour
la galerie Farnèse peinte par les Carrache, nées à des amateurs d’images érotiques. brutale qu’elle paraisse, donne la température

48 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Ci-contre Acis En bas Nymphe épiée
et Galatée, v. 1626, par un satyre,v. 1628-
huile sur toile, 1630, plume, encre
98 x 137 cm brune, lavis brun sur
©DUBLIN, NATIONAL papier, 14,4 x 26,2 cm
GALLERY OF IRELAND. WINDSOR CASTLE,
ROYAL LIBRARY. ©ROYAL
COLL. TRUST/HIS MAJESTY
KING CHARLES III.

LES
DE L’EXPOSITION
Plaisante mise en
abyme: les satyres
voyeurs se repaissent
des nudités offertes
et nous, en miroir,
nous délectons de ce
spectacle de peinture.
Poussin n’assignait-il
pas la délectation
comme but à la
peinture?

LES
On sait bien qu’on
ne peut pas tout avoir.
Mais on déplore
l’absence de certains
tableaux parmi les
plus enchanteurs, tel
le Diane et Endymion
du musée de Detroit.
style

d’un désir plus ample qui semble embraser


la nature entière, et qui pourrait bien être
la condition même de l’inspiration et de
la création artistiques. C’est ce que met en
lumière l’exposition lyonnaise, connectant
ce groupe d’œuvres érotiques à un corpus
beaucoup plus large fondé sur la thématique
amoureuse, elle-même articulée au thème de
l’inspiration poétique (abondamment traité
par Poussin, du Triomphe d’Ovide à L’Inspi-
ration du poète).
Ainsi se forme l’image d’un Poussin peintre
élégiaque, auteur des plus beaux rêves
d’Arcadie qui furent jamais peints. Et d’une
Arcadie d’autant plus émouvante que, bien
sûr, rien n’est plus incertain que la quête
amoureuse : Apollon ne possédera jamais
Daphné – transformée en laurier pour lui
échapper – ni Pan, Syrinx. Et le temps de la
plénitude amoureuse, si fugitif, est déjà mar-
qué par les prémisses de sa fin : Vénus com-
blée dans les bras d’Adonis ne pourra l’em-
pêcher de repartir vers son destin tragique.

Les mythes de l’amour


La biographie explique parfois trop bien les
choses. On sait que, vers la fin des années
1620, Poussin souffrit beaucoup d’une mala-
die vénérienne qui le laissa probablement
impuissant ou stérile, qu’il fut recueilli et
soigné par le pâtissier Jacques Dughet dont
il épousa la fille en 1630. Finis, dès lors, les
sujets lestes dans la manière vénitienne, place
aux thèmes édifiants dans un style raphaé-
lesque et romain ! Mais le thème de l’amour
continuera d’inspirer ses œuvres, jusque dans
sa vieillesse, jusque dans ses ultimes grands
paysages, tels Polyphème et Galatée, tout
résonnant du triste chant du cyclope, ou Apol-
lon amoureux de Daphné, le dernier tableau,
inachevé, où l’amour malheureux, sublimé
par la métamorphose de Daphné, semble se
résorber au sein d’un drame et d’une tempora-
lité plus vastes, accordés à un ordre supérieur.
L’ardente rêverie érotique de ses débuts a laissé
place au songe métaphysique, au sentiment
de la fragilité humaine face à l’éternité de la
nature. Et la touche hésitante trahit désormais
le tremblement de la main d’un vieux peintre
toujours hanté, sinon par le désir, du moins
par les mythes de l’amour, sa puissance tour à
tour créatrice et destructrice dans le cœur des En haut Renaud et Ci-dessus Polyphème À VOIR
hommes – et des dieux ! Ces grandes œuvres Armide, v. 1628, h/t, épiant Acis et Galatée,
82,2 x 109,2 cm, détail v. 1619-1622, plume, HHH « POUSSIN ET L’AMOUR », musée
de la vieillesse de Poussin, si poignantes, ces DULWICH, DULWICH PICTURE encre, lavis, pierre noire, des Beaux-Arts, 20, place des Terreaux,
paysages méditatifs auraient-ils eu tant d’am- GALLERY. ©BRIDGEMAN 69001 Lyon, 04 72 10 17 40, www.mba-lyon.fr
18,2 x 32,3 cm, détail
IMAGES. du 26 novembre au 5 mars.
pleur poétique et de résonance affective si WINDSOR CASTLE, ROYAL
LIBRARY. ©ROYAL COLL. TRUST/
le peintre n’avait d’abord su peindre, et avec HIS MAJESTY KING CHARLES III. À LIRE
quelle grâce, l’intensité et l’immédiateté du LE CATALOGUE de l’exposition, In Fine
désir charnel ? Non, bien sûr. éd. d’art (368 pp., 210 ill., 39 €).

50 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Ci-contre Midas
devant Bacchus,
v. 1629-1630, h/t,
98,5 x 153 cm,
détail
MUNICH, ALTE
PINAKOTHEK. ©PHOTO
DE PRESSE RMN.
portrait d’artiste

Micka
lene
Tho
mas
femme Au musée de l’Orangerie, le visiteur en marche
vers les Nymphéas de Monet est interpellé par

puissante
trois créatures le défiant du regard : Le Déjeuner
sur l’herbe : les trois femmes noires avec Monet de
l’Afro-américaine Mickalene Thomas. Assises au
milieu d’une accumulation de fleurs, parées de
coiffures afros, à demi vêtues d’imprimés colorés
rappelant les années 1970, elles sont triomphantes.
Si elles prennent la pose du scandaleux Déjeuner
sur l’herbe de Manet, occupant fièrement la place
de la femme blanche nue et des deux hommes
Artiste femme, noire et homosexuelle, Mickalene Thomas
habillés, elles figurent devant le jardin d’eau de
célèbre la beauté, le désir et le pouvoir des femmes Monet à Giverny. Ce collage mêlant photos cou-
afro-américaines. Ses œuvres créées spécialement pour le leur, papiers imprimés, peinture acrylique et strass
musée de l’Orangerie à Paris dialoguent avec celles de Monet. fait partie d’un ensemble d’œuvres commandées à
/ Texte Myriam Boutoulle l’artiste pour offrir un contrepoint contemporain à
l’œuvre du peintre impressionniste : Le Jardin d’eau
de Monet, Salle à manger et sofa avec Monet, et La
Ci-contre Portrait À gauche
de Mickalene Thomas Mickalene Thomas,
PHOTO : COURTESY LUISA Courbet #3 (Sleep),
OPALESKY, MAQUILLAGE :
BILLIE GENE POUR 2011, Polaroid,
EXCLUSIVE ARTISTS 9,5 x 7,9 cm
UTILISANT MAC COSMETICS, TOUTES LES ŒUVRES :
PRÉPARATION : TAV DAVIS. ©MICKALENE THOMAS.
Elle offre une représentation complexe
de la féminité, du désir et du pouvoir
Maison de Monet, collage monumental souli- manière dont on réalisait une peinture et, plus
gné de cristaux Swarovski. « Le collage est un important, ce sentiment de rébellion qui agite
langage, un mode de construction, il permet de les artistes. Les impressionnistes étaient de vrais
juxtaposer des images de sources diverses pour provocateurs », ajoute Mickalene Thomas dans
raconter une histoire. J’aime utiliser des maté- un sourire, le regard vif derrière ses lunettes
riaux non-conventionnels dans mes œuvres, des rondes. Artiste femme, noire et homosexuelle
matériaux qui dégagent de la lumière et ont la assumant pleinement son identité, elle s’inspire
même esthétique que les peintures pointillistes de la rébellion formelle de ses prédécesseurs
de Seurat et les Dot Paintings de l’artiste abo- pour mettre en avant la beauté, l’érotisme et
rigène Emily Kame Kngwarreye, deux sources l’esthétique queer noire.
d’inspiration importantes pour moi », confie Ainsi pose-t-elle nue, allongée comme une
l’artiste, née en 1971 dans le New Jersey et qui odalisque dans Me as Muse (2016), une ins-
vit à Brooklyn. tallation composée de douze écrans super-
posés dans un espace évoquant un jardin. Ce
Monet Revival « collage » vidéo mêle son autoportrait avec
Ces réinterprétations très personnelles sont le des représentations de femmes de l’histoire
fruit d’un long compagnonnage avec le peintre de l’art ayant façonné les idéaux de beauté –
d’Impression, soleil levant. « J’ai effectué une Léda et le Cygne de Boucher, Nu couché de
résidence à Giverny en 2011 durant trois mois, Modigliani, La Grande Odalisque d’Ingres
qui m’a profondément marquée. J’ai compris la – et des figures noires telles que « la Vénus

54 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


portrait d’artiste

Ci-contre Portrait
de Mickalene Thomas
PHOTO : COURTESY LUISA
OPALESKY, MAQUILLAGE :
BILLIE GENE POUR EXCLUSIVE
ARTISTS UTILISANT MAC
COSMETICS, PRÉPARATION :
TAV DAVIS.

À gauche Le Déjeuner sur Ci-dessous Salle hottentote » et la chanteuse Grace Jones. Les l’étendue de son langage visuel », déclare Claire
l’herbe : les trois femmes à manger et sofa images sont accompagnées d’une bande Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie.
noires avec Monet, 2022, avec Monet, 2022,
photographie, papiers photographie, papiers
sonore de la chanteuse et activiste noire amé- L’artiste convoque l’histoire de l’art occiden-
imprimés, acrylique imprimés, acrylique, ricaine Eartha Kitt décrivant les violences tale pour mieux la détourner, en substituant
et strass sur papier, cristaux Swarovski sexuelles et les discriminations qu’elle a subies. aux personnages blancs des femmes noires, en
montage sur Dibond, et strass sur papier, « En revisitant et en subvertissant des peintures particulier lesbiennes. Ainsi la photographie
123,2 x 170,2 cm montage sur Dibond,
©MUSÉE DE L’ORANGERIE/ 71,8 x 153 cm. bien connues, Mickalene Thomas offre une Courbet #3 (Sleep) (2011) met en scène deux
SOPHIE CRÉPY, 2022 représentation complexe et significative de la amantes black nues dans la pose du Sommeil
féminité, du désir et du pouvoir, qui représente de Courbet, entourées d’un opulent drapé de
tissus aux motifs africains. « L’impression aux
tons sépia et le cadre en métal avec une moulure
d’époque offrent de nombreuses convergences :
l’époque du tableau de Courbet et l’invention
de la photographie, l’époque de l’esclavage et le
type de portrait photographique rendu possible
par le regard ethnographique », souligne Kellie
Jones, professeure d’art moderne à l’Université
de Columbia, dans une monographie récente
sur l’artiste. La série de peintures ornées de
strass, Origin of the Universe (2012) inspirée
de L’Origine du monde de Courbet, l’ensemble
de photographies Calder Series (2013) et une
peinture cubiste inspirée de Picasso (Portrait
of Aaliyah, 2018) figurent parmi ces emprunts
qui cherchent à redonner une visibilité aux
femmes noires dans l’art.

Black is beautiful
« Nous avons longtemps été exclues de la conver-
sation. Jusqu’à l’exposition « Le Modèle noir de
Géricault à Matisse » au musée d’Orsay en
2019, j’ignorais par exemple que Matisse avait
représenté des femmes noires de Harlem dans
ses gravures durant les années 1930. Le rôle
des musées est important : en représentant les

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 55


portrait d’artiste

À droite, en bas Ci-contre Le Jardin


Portrait of Aaliyah, d’eau de Monet, 2022,
2018, strass, bâton photographie, papiers
d’huile, acrylique imprimés et strass
et huile sur bois, sur papier, montage
19 x 23,6 cm. sur Dibond,
113 x 139,7 cm.

3 ŒUVRES PHARES
DE MICKALENE THOMAS

Noirs dans leurs collections,


ceux-ci se sentent acceptés », ex-
plique Mickalene Thomas, qui a
Maya #7, 2015, strass, acrylique
découvert sa vocation d’artiste à
et huile sur bois, 33 x 35,4 cm. seulement 30 ans en visitant une
exposition de la photographe
afro-américaine Carrie Mae
Weems montrant une famille
black autour d’une table (The
Kitchen Table Series, 1990).
« C’était la première fois que je
voyais des images représentant
ma vie dans l’art contemporain.
Cela a résonné en moi comme si
j’étais face un Rothko. Ce jour-là,
j’ai décidé d’aller dans une école
October 1975, 2019, strass, acrylique, d’art, pour créer à mon tour un impact », dit- comme Harriet Tubman, Fannie Lou Hamer
huile et fusain sur toile montée sur bois, elle. Être exposée à l’Orangerie lui paraît une et Stacey Abrams. « Être un artiste est un acte
cadre en chêne, 33,9 x 38,6 x 1,2 cm. incroyable opportunité, en tant que noire amé- politique. Ce n’est pas nécessairement un acte
ricaine, issue de surcroît de la communauté de rébellion mais c’est toujours radical. Sous les
LGBTQIA+. « Nous revenons dans la conver- projecteurs, vous êtes soumis à la critique, vous
sation », se réjouit Mickalene Thomas, dont les travaillez pour raconter une histoire, créer un
œuvres figurent désormais dans les collections message particulier à travers l’art. »
du Museum of Modern Art et du Guggenheim À 51 ans, l’artiste dont les mentors ont été
Museum à New York. les peintres afro-américains Jacob Lawrence
et Romare Bearden, est à son tour codirec-
Un acte politique trice d’un programme de mentorat pour de
Dans son travail comme dans ses actes, son jeunes artistes émergents (Pratt Forward)
engagement transparaît. Auteure d’un por- et cofondatrice de l’organisation « Deux
trait de Michelle Obama en 2008, l’artiste Femmes noires » avec sa compagne Racquel
a créé une série d’œuvres explorant le rôle Chevremont, curatrice et collectionneuse
central des femmes afro-américaines dans la représentée dans nombre de ses œuvres.
lutte pour les droits civiques des années 1960 « Nous aimerions faire partie d’un dialogue
jusqu’au mouvement Black Lives Matter. Com- plus large qui remettrait en question l’art
Jet Blue #43, 2021, photographie, posé d’images sérigraphiées retravaillées à la contemporain au-delà d’un simple mouvement
papier mixte, acrylique, strass, maille peinture, Resist réunit des photoreportages de féministe en organisant des expositions pour
de fibre de verre sur papier monté manifestations historiques et contemporaines donner une plus grande visibilité aux artistes
sur Dibond, 9,5 x 7,5 cm.
qui mettent en lumière de puissantes activistes de couleur et queer », disent-elles.

56 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Ci-contre
Me as Muse, 2016, À LIRE
installation vidéo
multimédia, 4 min., MICKALENE THOMAS,
installation au par Roxane Gay, Kellie
musée de l’Orangerie Jones, éd. Phaidon,
©PARIS, MUSÉE DE 2021 (en anglais,
L’ORANGERIE/SOPHIE 288 pp., 225 ill., 81 €).
CRÉPY, 2022.

À SAVOIR
L’ARTISTE EST
REPRÉSENTÉE
À VOIR en France par la galerie
Nathalie Obadia,
HH L’EXPOSITION « MICKALENE THOMAS : 3, rue du Cloître-
AVEC MONET », musée de l’Orangerie, jardin Saint-Merri, 75004 Paris,
des Tuileries, place de la Concorde, 75001 01 42 74 67 68 et
Paris, 01 44 50 43 00, www.musee-orangerie.fr 91, rue du Faubourg-
du 13 octobre au 6 février. Saint-Honoré, 75008 Paris,
RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR 01 53 01 99 76,
CONNAISSANCEDESARTS.COM www.nathalieobadia.com
La Boverie, à Liège, expose les choix
de neuf baronnes Rothschild dans
la construction de leurs collections au
long des xixe et xxe siècles. L’une d’elles,
Alix de Rothschild, s’est particulièrement
distinguée par l’aide qu’elle a apportée
aux artistes de son temps.
/ Texte Valérie Bougault

Alix
de
Roth
schild
l’instinctive
58 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS
collection privée

À gauche La baronne Ci-contre Michel


Alix de Rothschild Guino, Jeu d’échecs,
(à gauche sur la n.d., acier et bois,
photo), présidente de 56,4 x 56,4 cm
l’Association des amis CAEN, MUSÉE DES
BEAUX-ARTS. ©P. TOUZARD.
de l’Aliyah des jeunes,
devant l’exposition-
vente organisée à la
galerie Charpentier
à Paris, le 5 mai 1963.
©KEYSTONE PRESS/
ALAMY/HEMIS.

L’éclaircissement est à chercher


dans l’histoire d’une vie singulière, celle
d’Alix, née Schey von Koromla à Francfort à
la veille de la Première Guerre mondiale. Fille
d’un baron dont le grand-père, juif hongrois
anobli par l’empereur François-Joseph, a
construit son palais sur le Ring de Vienne, et
« Je ne suis pas une collection- de Lili Jeanette von Goldschmidt, elle-même
neuse » : dans les rares entretiens descendante des Rothschild de Francfort,
qu’elle a accordés, Alix de Rothschild (1911- Alix est un pur produit de la Mitteleuropa,
1982) réitère cette affirmation comme une celle qui sert de décor aux souvenirs d’Arthur
évidence. Dont acte. Mais alors comment Schnitzler et au Monde d’hier de Stefan Zweig.
définir le rôle qu’avait choisi cette femme Elle grandit à Francfort et quelques indices
dont les collections de peintures, sculptures, laissent penser que, très jeune, l’art fait partie
objets populaires ou art africain, largement de sa vie. Adolescente, elle acquiert une toile
dispersées après sa mort, avaient atteint près de Raoul Dufy après avoir rendu visite au
de deux mille œuvres ? peintre dans son atelier à Paris.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 59


collection privée

Ci-dessous Masque
anthropomorphe siffleur,
Côte d’ivoire (Gouro/
Baoulé), av. 1968, bois,
pigment, 26 x 16,5 x 12 cm
PARIS, MUSÉE DU QUAI
BRANLY-J. CHIRAC.
©PHOTO RMN-GP.

Elle épouse, à 18 ans, Kurt Krahmer, à la


tête de la Dresdner Bank, et les années de ce
mariage heureux sont aussi celles où elle fré-
quente assidûment l’incomparable musée de
Dresde. Elle fait la connaissance de son direc-
teur, Will Grohmann : il lui fait découvrir Klee
et Kandinsky, elle achète une toile de ce der-
nier, se passionne pour les peintres allemands
d’avant-garde. Mais le nazisme gronde, Alix
se réfugie en France en 1936, avec sa fille Lili.
Deux ans plus tard, elle se remarie avec son des artistes
cousin parisien Guy de Rothschild. Là, elle jetés hors
accueille les artistes et intellectuels qui fuient d’une Europe
l’Allemagne, participe à de nombreuses asso- Centrale dévas-
ciations caritatives de réfugiés. Le danger se tée. Ce sont les
rapproche et la prochaine étape sera New York vivants qui la pas-
en 1940. Fréquente-t-elle les artistes émergeant sionnent : elle suit le
sur la scène américaine ? Probablement. Elle travail de Wols, Julius À droite, en haut
Javier Vilato,
mentionnera plus tard Mark Tobey, dont elle Bissier, Vera Pagava, Geer La Plage d’Altafulla,
possède une œuvre, et Pollock ou Rothko, Van Velde. À un critique le soir, 1962, huile
parmi ses préférés. Elle-même se met à la d’art elle confie, en 1970 : « Je sur toile, 130 x 195 cm
peinture. suis évidemment heureuse de pos- CAEN, MUSÉE DES
BEAUX-ARTS. ©P. TOUZARD.
séder des œuvres de Cezanne ou Picasso,
En bas Reynold
Le mécénat sous toutes ses formes le lyrisme de Vieira da Silva ou Séraphine me En haut, à gauche Arnould, Alix de
Son retour en France en 1946 marque le début transporte, mais je n’ai aucun mérite à cela. Frantisek Kupka, Nu se Rothschild, 1969,
d’une vraie vie de mécène, sous de multiples Mon émotion n’a d’intérêt que si elle sert un déshabillant, 1904, fusain acrylique sur bois,
et pastel, 74,5 x 61,5 cm 108 x 148 cm, détail
formes. Elle fait aménager des studios au fond artiste en contribuant à élargir le cercle de ses PARIS, CENTRE POMPIDOU- CAEN, MUSÉE DES
du jardin de son hôtel de l’avenue Foch, pour admirateurs ou à faire découvrir son travail MNAM. ©PHOTO RMN-GP. BEAUX-ARTS. ©P. TOUZARD.

60 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


à ceux qui ne le connaissent pas ». Et dans
cet engagement altruiste, Alix de Rothschild
déploie une énergie impressionnante. Elle
finance des expositions, met en place l’octroi
de bourses, passe des commandes et, après
avoir acheté pour elle-même, convainc ses
amis ou les institutions de le faire. Personna-
lité importante du monde culturel de l’après-
guerre, elle est en 1961 la première femme
membre du conseil d’administration du Musée
national d’art moderne et, dès 1962, la prési-
dente des Amis du musée de l’Homme. Elle
plaide pour des échanges qui dépassent les
frontières hexagonales. Présidente mondiale
de l’Aliyah des jeunes, elle tisse des liens par-
ticulièrement étroits avec Israël et fonde les
Amis français du musée d’Israël à Jérusalem.
Après sa mort, un Centre Alix de Rothschild
pour l’artisanat contemporain est créé dans
cette ville. Partout où elle est, l’art prend forme.

Une collection de peintres inconnus…


À Reux, commune du Calvados dont elle est
maire, elle émaille le parc de son château de Mon émotion n’a d’intérêt que si elle sert
sculptures contemporaines : celles d’Henri
Laurens, du Cubain Cardenas, de Norbert
un artiste en aidant à élargir le cercle de ses
Kricke, du Grec Slavos, une rencontre majeure. admirateurs ou à faire découvrir son travail
CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 61
collection privée

À LIRE À VOIR
Ci-dessous Statuette LE CATALOGUE, sous HHH L’EXPOSITION
anthropomorphe, la dir. de Fanny Moens, « COLLECTIONNEUSES
Équateur (Manabi), Vincent Pomarède, ROTHSCHILD. MÉCÈNES
800-1532, Pauline Prévost- ET DONATRICES
pierre sculptée, Marcilhacy, coordination D’EXCEPTION », La Boverie,
41 x 19 x 20 cm de Laura Dombret, parc de La Boverie,
PARIS, MUSÉE DU QUAI éd. La Boverie Artha Books Liège, 32 4 238 55 01,
BRANLY-J. CHIRAC. (260 pp., 34 €). www.laboverie.com
©PHOTO RMN-GP. du 21 octobre au 26 février.

À droite Jesekiel
Kirszenbaum,
Moïse, Jérémie, Élie,
1947, h/t (triptyque),
195 x 356 cm
©TEL AVIV MUSEUM
OF ART.

Page de droite,
en bas Paul-Élie
Gernez, Nature
morte au saint-pierre,
1938, pastel sur
papier, 63,5 x 80 cm
HONFLEUR, MUSÉE
EUGÈNE BOUDIN.
©HENRI BRAUNER.

Pour la chapelle, elle commande en tal figurant les prophètes, Moïse, Jérémie, Elie
1953 à l’Allemand Francis Bott huit (1947). Et surtout Avigdor Arikha (1929-
vitraux abstraits, contribuant de manière 2010), peintre israélien établi à Paris en 1951,
décisive à la notoriété de cet exilé, ami de dont elle finance l’exposition en 1972. Tou-
Max Ernst et Oskar Kokoschka. Avec lui, jours ouverte aux nouvelles expressions en
Alix confirme son goût pour les peintres même temps qu’aux identités ancestrales, elle
allemands et pour la seconde École de Paris. se passionne aussi pour les statuettes amérin-
diennes ou les masques africains et rassemble
Acheter d’instinct des objets d’art populaire, encouragée par
Le catalogue d’une exposition au musée des Georges Henri Rivière.
Beaux-Arts de Caen, en 1970, donne une idée Rien ne lui est plus étranger que l’idée d’une
de ce qu’elle accroche à ses murs : Calder et spéculation ou le poids d’une mode. « Je
Music, dont elle a été la première acheteuse n’achète que ce que j’aime. D’instinct. Ou ce
française, mais aussi un certain nombre qui me vient d’épisodes de ma vie. » Et, sans
d’artistes au talent plus incertain. Elle a doute, ne trouve-t-on aucune unité esthétique
cet aveu touchant : « mes enfants disent dans cette « non-collection », aujourd’hui dis-
“maman laissera la plus grande collection parue. Mais on peut donner bien des sens au
de peintres inconnus”. Je sais aussi que j’ai mot « collection ». Et si Alix de Rothschild n’a
des œuvres qui ne sont pas toujours les jamais acquis d’œuvres pour le plaisir d’accu-
meilleures de grands artistes, c’est que muler, elle a bien été une collectionneuse :
je les ai connus jeunes, que j’ai aimé les d’âmes, d’amitiés, d’espoirs. Chaque objet
commencements qu’il y avait en eux ». qu’elle a choisi est une attente projetée, une
Deux peintres compteront particuliè- foi en l’accomplissement, un pari, un pont
rement : Jesekiel David Kirszenbaum lancé entre son créateur et le public. À l’ave-
(1900-1954), « l’imagier du peuple juif », nir de dire s’il tiendra sa promesse. Alix de
qui peint pour elle un triptyque monumen- Rothschild ou l’œuvre ouverte.

62 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


LES COLLECTIONS ROTHSCHILD
AU FÉMININ
Qu’est ce qu’une collectionneuse ?
Simplement le féminin de
« collectionneur » ? L’exposition de
La Boverie montre avec une belle
pertinence qu’il s’agit d’un peu plus
que cela. Conçue en partenariat
avec le musée du Louvre sur une idée
de Pierre Paquet, directeur des musées
de la Ville de Liège, sa réalisation
a été confiée à trois commissaires :
Fanny Moens, Vincent Pomarède
et Pauline Prévost-Marcilhacy,
historienne spécialiste des collections
Rothschild. Si cette lignée de
banquiers a souvent été mise en lumière
pour l’exceptionnelle richesse de ses
collections, on a rarement dévoilé le goût
pour l’art des femmes de la famille.
Elles sont ici neuf dont on livre les choix
artistiques et la volonté d’enrichir
le patrimoine français. Un parcours
passionnant, des découvertes et
de multiples sujets de réflexion. V. B.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 63


mode

Le

r style

a
À gauche Huipil
(tunique), av. 1954,
enagua (jupe)
etholán (volant),
av. 1939, isthme
de Tehuantepec,
Oaxaca, coton,
broderie
o
Fin 2003, l’ouverture des pièces de la Casa Azul placées sous scellés
à sa mort par son époux Diego Rivera révèle un véritable trésor.
Plus de six mille photographies, environ trois cents vêtements,
de nombreux documents, objets, bijoux, accessoires, ainsi que du
maquillage et du matériel médical et orthopédique jettent un nou-
veau jour sur la vie et le style de Frida Kahlo (1907-1954). Faisant
MEXICO, MUSEO FRIDA partie de sa garde-robe, les célèbres tenues traditionnelles mexi-
KAHLO-CASA AZUL caines qu’elle portait au quotidien, mais aussi des pièces du Guate-
COLLECTION. ©JAVIER
HINOJOSA, 2017. mala et de Chine, une collection de chemisiers européens et améri-
cains éclairent l’élaboration d’un look savamment travaillé. Atteinte
à l’âge de 6 ans par la poliomyélite qui laisse sa jambe droite plus
courte et atrophiée, Frida Kahlo apprend très tôt à utiliser le vête-
ment pour masquer son handicap, superposant les chaussettes pour
cacher la dissymétrie de ses mollets. À 18 ans, alors qu’elle revient
de la faculté où elle ambitionne des études de médecine, un autobus
percute de plein fouet le tramway où elle se trouve. Elle survit à
l’accident, la colonne vertébrale brisée. Subissant dès lors interven-
tions chirurgicales sur interventions chirurgicales (une trentaine
Des tenues issues de la
garde-robe de Frida Kahlo,
ainsi que de nombreux
objets personnels et des
photographies éclairent
la construction d’un look
soigneusement élaboré.
Un prêt exceptionnel de
la Casa Azul, sa maison
de Mexico, à découvrir
à Paris au palais Galliera.
/ Texte
Véronique
Bouruet-Aubertot

Ci-contre Nickolas
Muray, Frida Kahlo,
1939, tirage à
développement
chromogène, détail
COLL. PART. ©NICKOLAS
MURAY PHOTO ARCHIVES.
au cours de sa vie), Frida Kahlo refuse de se Tehuana caractérise les femmes de l’isthme 1944 figure un corps non seulement dénudé
définir par la souffrance et le handicap. C’est de Tehuantepec, dans l’État d’Oaxaca, dont mais littéralement ouvert. Arbre de l’espérance,
au cours de ces premières périodes d’alitement la société matriarcale fascine l’artiste. Majes- tiens-toi droit (1946) illustre enfin le calvaire
forcé qu’elle se met à peindre et embrasse une tueuse, cette tenue offre l’immense avantage chirurgical qui rythme son existence. Alitée
carrière d’artiste. pour elle de masquer son infirmité avec sa très régulièrement, forcée de porter des corsets
jupe jusqu’aux pieds et la tunique ample qui y compris en plâtre, Frida peint cette seconde
L’image de la « Mexicana » dissimule son corset. La coiffure tressée de peau de la faucille et du marteau, signe de la
Toujours élégante et soigneusement coiffée, rubans, laines de couleur et fleurs fraîches, rébellion qui constitue son identité première.
Frida délaisse le style européen peu après les lourds bijoux précolombiens dont elle se Éminemment anticonformiste et transgres-
sa rencontre avec Diego Rivera, qui devien- pare sont autant d’attributs supplémentaires sive, dans son art comme dans sa vie, l’artiste
dra son époux en 1929. Paris et Hollywood qui construisent son image personnelle de la mènera une vie amoureuse trépidante, mul-
constituent alors le baromètre de la mode et « Mexicana ». Mais Frida n’est pas du genre à tipliant maîtresses et amants. Le caractère
son choix radical d’endosser au quotidien un pratiquer le copié-collé et va customiser les non binaire de sa personnalité, qu’elle assume
vêtement traditionnel mexicain relève de plu- éléments traditionnels, mixant bijoux mayas pleinement, se lit aussi dans son choix de sou-
sieurs ressorts qui fondent son moi profond. et contemporains, mêlant jupes Tehuana et ligner ses signes de masculinité : moustache
Communiste, Frida s’identifie à ce Mexique manteau guatémaltèque ou corsage européen. et mono sourcil qu’elle choisit de conserver et
émancipé du joug colonial qui découvre et dont elle fait des signes distinctifs. À plusieurs
revendique son identité. Les sites archéolo- Où parure rime avec armure reprises, elle arbore un costume d’homme : en
giques, l’art indigène et les vêtements tradition- Majestueusement parée mais restant naturelle 1926, où elle apparaît sur une photo de famille
nels éveillent soudain l’intérêt dans le contexte et ne semblant jamais déguisée, Frida Kahlo cheveux gominés et vêtue d’un costume trois
de la Révolution (1910-1921). Mais seule Frida réussit à inventer un look où parure rime pièces aux côtés de ses sœurs en robes, et
s’appropriera la tenue Tehuana pour en faire avec armure, gommant tous les signes de ses dans l’œuvre Autoportrait aux cheveux coupés
un vêtement quotidien, porte-drapeau de sa infirmités. Sa peinture, où domine l’autopor- (1940). Féminine et masculine, forte et fragile,
« mexicanité », y compris lors de ses voyages trait, est paradoxalement le lieu où celles-ci puissante et blessée, superbe et brisée, Frida
aux États-Unis ou à Paris, en « gringolandia ». se révèlent et où sa douleur est mise à nu. Le Kahlo puise dans toutes ses contradictions
Composée d’une jupe longue à volant, la ena- dessin Les apparences sont trompeuses montre pour se construire une identité unique, qui
gua, d’une tunique géométrique sans manches, ainsi en transparence l’appareillage médical explique la fascination universelle qu’elle n’a
le huipil, et d’un châle, le rebozo, le costume sous les atours de reine. La Colonne brisée de pas fini d’exercer.

66 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


mode

Ci-contre Collier À VOIR


en pierres de jade HH L’EXPOSITION « FRIDA KAHLO,
précolombiennes AU-DELÀ DES APPARENCES », palais Galliera,
(250-900 ap. J.-C.) 10, avenue Pierre-Ier-de-Serbie, 75116 Paris,
assemblées par 01 56 52 86 00, www.palaisgalliera.paris.fr
Frida Kahlo vers 1950 du 15 septembre au 5 mars.
MEXICO, MUSEO FRIDA RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR
KAHLO-CASA AZUL CONNAISSANCEDESARTS.COM
COLLECTION. ©JAVIER
HINOJOSA, 2017.
À LIRE
- LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION,
éd. Paris-Musées (240 pp., 42 €).
- LE HORS-SÉRIE de « Connaissance des Arts »
consacré à l’exposition (n° 992, 68 pp., 12 €).
Page de gauche
Frida Kahlo par Toni
Frissell, photographie
pour « Vogue US »
1937, détail
©TONI FRISSELL,
VOGUE. ©CONDÉ NAST.

À droite Manteau,
huipil Mazatec,
Oaxaca, av. 1954,
coton guatemaltèque,
rubans de satin,
broderie et dentelle
MEXICO, MUSEO FRIDA
KAHLO-CASA AZUL
COLL.©JAVIER HINOJOSA,
2017.

Ci-dessous Frida
Kahlo, The Frame,
1938, huile sur
bois, 28,5 x 20,7 cm
PARIS, CENTRE
POMPIDOU-MNAM.
©PHOTO DE PRESSE RMN.
etla

la

De leur Catalogne natale, les architectes de RCR ont exporté ces dix
dernières années leur pratique exigeante en Europe, et jusqu’à Dubaï,
sans renier leur attachement au matériau et à la lumière. Une exposition
au musée Soulages de Rodez revient sur ce parcours exemplaire.
/ Texte Jean-François Lasnier
architecture

On avait laissé les architectes de RCR en 2014 au musée Soulages de


Rodez (« Connaissance des Arts » n° 727, pp. 82-85) ; c’est là qu’on
les retrouve aujourd’hui pour une rétrospective attendue. Entre-
temps, Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Villalta ont reçu
le prestigieux Pritzker Prize, principale récompense internationale
en architecture, au palmarès de laquelle ils rejoignent Jean Nouvel,
Frank Gehry ou Tadao Ando. Et, dans cet intervalle, leur travail a
essaimé au-delà de leur terre natale. En effet, RCR avait été fondée
en 1988 à Olot, dans la région de la Garrotxa, au nord de la Cata-
logne. Au cœur de ce territoire rural, les trois partenaires avaient
su marier une architecture d’une radicale modernité à une grande
sensibilité contextuelle. Comme le note Benoît Decron, directeur
Ci-contre et à droite du musée Soulages, « ces architectes sont aussi des paysagistes et des
Le musée Soulages, designers, trois dimensions que nous avons voulu montrer dans l’ex-
à Rodez, a été construit position ». Celle-ci « met aussi en évidence les sources du travail de
de 2010 à 2014 RCR : Donald Judd, Dalì, Miró, Soulages, Gaudì, un certain nombre
par les architectes
catalans RCR d’artistes qui ont compté pour leur formation. D’ailleurs, ils ne se voient
©HISAO SUZUKI. pas seulement comme des architectes, mais aussi comme des artistes ».

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 69


Ci-contre Vue
extérieure du musée
Soulages à Rodez
©HISAO SUZUKI.

Ci-dessous Dessin
du projet pour le
musée Soulages
par RCR Arquitectes
©RCR ARQUITECTES.

Ce qui explique peut-être qu’une « vraie sym- Deux projets belges à la loupe rencontres et d’échanges, une sorte de salon
biose » se soit produite entre les Catalans et Le musée Soulages constituait une des pre- urbain. » Et celui-ci se révèle peu avenant :
Pierre Soulages. À bien des égards, le musée mières réalisations de RCR Arquitectes hors « l’intérieur est très sombre [...] ; l’équipement
aveyronnais transposait avec succès les qua- d’Espagne. Rendue nécessaire par la violente semble avoir été conçu pour un pays ensoleillé,
lités de leur travail espagnol, notamment par crise économique qui a frappé leur pays à alors qu’en Belgique, il faut que la lumière puisse
son insertion dans le site et son ouverture partir de 2008, cette ouverture à l’internatio- entrer en abondance. Par ailleurs, la connexion
sur le paysage. Symptomatique également, nal a mis leur talent à l’épreuve de contextes avec l’eau me paraît manquée. »
l’attachement à leur matériau emblématique, nouveaux. Avec une réussite inégale, comme
l’acier, décliné en deux versions, sombre et poli le suggèrent leurs deux projets en Belgique, un Le grand ensemble de l’île Seguin
à l’intérieur, rouge et oxydé à l’extérieur. « Nous crématorium à Hofheide et une bibliothèque La relation au fleuve promet d’être plus réussie
préférons travailler avec peu de matériaux, à Gand. « Ils maîtrisent bien les ambiances un sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, où les
expliquait Carme Pigem dans une conférence peu mystérieuses, avec la lumière qui tombe travaux viennent de commencer pour ce qui
récente, voire avec un seul, et le traiter de diffé- sur les parois, met en valeur la matérialité, et se présente comme leur plus grand projet à
rentes façons. C’est pareil avec la couleur, nous ça fonctionne très bien pour un crématorium, ce jour : sur quarante mille mètres carrés à la
essayons de ne pas mélanger. » Singulière dans analyse Lisa De Visscher, directrice de la revue pointe amont de l’île Seguin, il regroupe com-
le contexte rodésien, « cette architecture a sans d’architecture belge « A+ ». À Hofheide, ils ont merces et bureaux autour de la future Fonda-
aucun doute participé au succès du musée », su marier l’aspect fonctionnel et la création d’une tion Emerige et d’un multiplexe Pathé. Cœur
estime son directeur. Un succès qui a dépassé atmosphère de recueillement. Le problème, c’est de cet ensemble, la fondation dédiée à l’art
les attentes, au point que l’équipement se révèle qu’ils ont adopté la même approche à Gand. contemporain s’élève en hauteur sous la forme
aujourd’hui sous-dimensionné. Une réflexion Or, aujourd’hui, une bibliothèque n’est plus d’un volume très plastique, curieusement
est en cours en vue d’une possible extension, seulement un bâtiment où l’on vient chercher baptisé « objet complémentaire ». Un temps
véritable gageure pour un édifice si cohérent. et consulter des livres, mais surtout un lieu de prévu en céramique, son parement emploiera

70 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


architecture

Ci-contre
Projet pour l’île
Seguin, Boulogne-
Billancourt
©RCR ARQUITECTES.

En bas à droite
Vue extérieure
du crématorium
à Hofheide
en Belgique
©HISAO SUZUKI.

Pour ces architectes qui sont aussi des paysagistes et


des designers, un bon projet est un projet qui n’est pas figé

finalement un Inox d’une teinte proche du


Corten, avec des bandes verticales en Corten
même. « Les grandes volumétries ont été déter-
minées assez vite ; après, sur la matérialité,
les choses ont évolué, relève Laurent Dumas,
président du groupe Emerige, promoteur de
l’opération. Un bon projet est un projet qui n’est
pas figé. Et, de ce point de vue-là, RCR a une
capacité à se remettre en question. Ce sont des
architectes avec qui il est très agréable de travail-
ler en tant que maître d’ouvrage. Ils ont des idées
très fortes mais n’imposent pas leur dogme. Il y a
une grande intelligence concentrée dans ces trois
personnalités et cette intelligence est mise au ser-
vice de l’écoute, de l’échange et, évidemment, du
projet. » En dépit de ce changement d’échelle,
RCR conserve une même approche, faite
de sensibilité aux matériaux et à la lumière :
comme le souligne Dumas, « chaque projet est
essentiel pour eux, ils le traitent avec le même
professionnalisme, qu’il fasse mille ou quarante
mille mètres carrés ».

À VOIR
HH L’EXPOSITION « RCR ARQUITECTES. ICI ET
AILLEURS, LA MATIÈRE ET LE TEMPS » au musée
Soulages, jardin du Foirail, avenue Victor-Hugo,
12000 Rodez, 05 65 73 83 94, www.musee-soulages-
rodez.fr du 17 décembre au 7 mai, réalisée en
collaboration avec le Centre Pompidou, Paris.
RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR
CONNAISSANCEDESARTS.COM

À LIRE
LE CATALOGUE de l’exposition, éd. Musée Soulages
Rodez (160 pp., 25 €).

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 71


étude d’une œuvre

À droite L’année 2022 a marqué


Bronze de Riace A,
v. 460 av. J.-C., le cinquantenaire de l’exhumation de
bronze, H. 1,98 m deux bronzes monumentaux au large
ITALIE, REGGIO DE CALABRE,
MUSÉE NATIONAL. de Riace, au sud de l’Italie. Nourri de
toutes les observations effectuées
depuis 1972, un ouvrage des éditions
5 Continents donne l’occasion
d’évoquer ces chefs-d’œuvre grecs
du v e siècle avant notre ère.
/ Texte Hervé Grandsart / Photos Luigi Spina

Les archéologues le savent : les fonds marins


recèlent les trésors de navires naufragés que seul
un hasard bienveillant permet de découvrir. C’est
en août 1972 qu’un plongeur amateur repéra en
mer Ionienne, à quelque deux cents mètres des
côtes de Riace, en Calabre, une épaule de figura-
tion humaine sortie de la vase. Les autorités ayant
été alertées, une première sculpture, le bronze
« B », put être remontée le 21 août, suivie, le len-
demain, du bronze « A ». La nouvelle se répandit
très vite et il parut évident que ces deux figures
viriles nues de près de deux mètres désignaient
d’authentiques chefs-d’œuvre du v e siècle
avant notre ère, époque où l’art grec porta à

Les
un premier sommet le rendu naturaliste du
corps humain.
Ces œuvres avaient-elles pris le chemin de

bronzes
l’Italie à la suite des campagnes militaires
romaines menées en Grèce à partir du

de
À gauche
iie siècle avant notre ère ou bien, un peu plus Bronze de Riace B,
tard, comme « antiquités » dont raffolèrent les v. 430 av. J.-C.,
riches romains ? La seconde hypothèse reste la bronze, H. 1,97 m
ITALIE, REGGIO DE CALABRE,
plus probable. Bien que les sources littéraires MUSÉE NATIONAL.
antiques laissent deviner l’existence de mil-
liers d’objets en bronze de toute nature au sein
des grands sanctuaires panhelléniques ainsi
que dans les temples et espaces publics, seuls
parvinrent à nous de rares exemples d’un art
pratiqué alors par tous les grands sculpteurs
hellènes, à l’exception d’un Praxitèle (v.-395/
-326), resté fidèle au marbre. Ces œuvres ayant
fait l’objet, dès la Basse Antiquité, de récupé-
rations massives du métal, il fallut attendre la
multiplication des découvertes au xxe siècle,
notamment sous-marines, pour que nos
connaissances s’affinent.

Deux styles distincts


La double exhumation de Riace allait
cependant poser de multiples questions.
D’emblée fut pointé l’écart stylistique
entre ces deux figures – amies ? enne-
mies ? – définies comme des militaires
ayant perdu leur armement. Le guer-
rier A, d’une monumentalité écrasante,
relevait du style dit « sévère » du premier
art classique des années -470/-450, dont
le fronton est du temple de Zeus à Olym-
pie marqua le triomphe. Le traitement
du nu et la figure plus individualisée
du guerrier B évoquaient en revanche
l’art plus souple des années -440/
-430, pratiqué, entre autres, par l’Athé-
nien Alcamène. De réalisation quasi
commune ou bien séparée dans le
temps par quelques lustres, les deux
figures n’en affichaient pas moins le
même hiératisme.

Un moment d’éternité
Fermement arrimés au sol,
les deux combattants pre-
naient appui sur leur jambe
droite, raidie, l’autre
jambe n’étant que légère-
ment fléchie en avant.

JANVIER 2023 l 73
étude d’une œuvre

Luxe de détails
À l’époque de créa-
tion du guerrier B, L’incroyable maîtrise de réalisation
l’art statuaire explo- du guerrier A éclate à travers les parties
fondues à part, telles les longues boucles
rait déjà la marche
flottantes de cheveux soudées en arrière
en faisant décoller
de la tête, luxe d’une figuration digne
le talon du membre
d’un Zeus tout puissant. Mais un roi
en mouvement tout athénien ne vaudrait-il pas cette
en intégrant le han- assimilation qui paraît suggérée ?
chement induit dans
le corps. L’effet de
marche aurait cepen-
dant contrarié la
stabilité d’un bronze
aussi pesant et, sur-
tout, ruiné l’unité
visuelle des deux
guerriers figés dans
un moment d’éternité
avant le combat. Alors que l’on admet qu’ils
portaient tous deux un casque sur la tête et,
au bras gauche, un bouclier, l’incertitude
demeure sur le type exact d’armes tenues dans
les mains. Présentant, comme tout bronze
fondu en creux, une épaisseur de quelques
millimètres seulement, les deux œuvres
furent réalisées selon la technique de la cire
perdue. Dans ce procédé, le bronze en fusion
prenait la place d’une couche de cire déposée
et retravaillée entre deux modèles, le premier,
en « positif » sur noyau, le second, moulé en
« négatif ». Il fallait en outre fondre à part les
éléments secondaires en ronde bosse, tels que
les boucles de cheveux et de barbe ainsi que
l’appareil génital. On put déterminer, de plus,
que le bras droit et une partie du bras gauche monumentalité,
du guerrier B résultaient d’une restauration, mêlant idéalisme
effectuée probablement à l’époque hellénis- et naturalisme, qui
tique (-323/-31) avec du bronze mêlant, non nous subjugue. Si
seulement du cuivre et de l’étain, mais égale- l’union du beau et du
ment du plomb. Preuve que, à ce moment, la bien n’était pas une
figure suscitait encore de l’intérêt. nouveauté, l’art grec,
avec des œuvres telles
D’Argos à Athènes que celles-ci, n’en affichait
Les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour pas moins l’entrée de
Rendu illusionniste
situer la création du guerrier A à Argos, cité l’homme dans un face-à-
La virtuosité technique
réputée pour son école de bronziers por- face de quasi-égalité avec
se retrouve dans le rendu
tée à un apogée, dans la première moitié du le divin. Acceptant les
illusionniste des lèvres
v e siècle, par Ageladas, sculpteur fameux lois du destin, les géants et des mamelons, parties
auprès de qui se formèrent d’illustres repré- de Riace offraient de fait soudées à part dans
sentants du classicisme grec tels que Phidias une vision somme toute un alliage à faible teneur
– maître du Parthénon d’Athènes –, Myron positive de la condition d’étain pour rendre la teinte
et Polyclète. Pour le bronze B, la critique humaine. Près de deux mil- rosée de la peau. Également
hésite entre Argos et l’Attique avec Athènes. lénaires plus tard, un Michel- fondues à part, les dents,
L’identification des sculpteurs, d’évidence Ange allait rendre hommage, que seul ce guerrier dévoile,
de premier ordre, de même que celle de la à sa façon, à cet héritage sont en argent riveté.
scène évoquée, demeurent néanmoins encore humaniste en sculptant,
débattues. Que ces figures aient voulu exalter à Florence, son David de
des héros mythologiques ou bien historiques marbre, premier grand
légendaires, c’est aujourd’hui leur grandiose nu masculin depuis l’Antiquité.

74 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


À VOIR
LES BRONZES
DE RIACE au Musée
archéologique
national de Reggio
de Calabre, 26, place
Giuseppe de Nava,
Reggio de Calabre,
Un roi thrace ? 39 965 898272.
Empreinte d’inquiétude et portant,
À LIRE
par-dessus les cheveux, la trace d’un
LES BRONZES
bonnet, lui-même à l’origine surmonté DE RIACE, textes
d’un casque, la tête du guerrier B, de Carmelo Malacrino,
de forme ovoïde « barbare », pourrait Riccardo Di Cesare,
photographies de
désigner, selon certains, Eumolpos,
Luigi Spina, coéd.
roi légendaire de Thrace. Le guerrier A Musée archéologique
figurerait dans ce cas le non moins national de Reggio de
légendaire roi athénien Erechthée Calabre/5 Continents
éd. (112 pp., 66 ill., 40 €).
qui le vainquit.

En pleine concentration
D’une taille de 1,97 m,
le guerrier B paraît plus jeune
que son vis-à-vis. Conçu
de façon remarquablement
synthétique, il est animé par
un mouvement d’oscillation
corporelle accentué par le
balancement des épaules,
le figeant dans un moment
de concentration avant
l’action.

Des pieds et des mains


Les pieds ainsi que les
mains des deux guerriers
furent fondus à part. Dans
les deux cas également,
le recours à la technique
de la fonte à cire perdue
selon le procédé dit
indirect entraîna la perte
des modèles, rendant
uniques ces deux œuvres
dont on ne connaît
du reste aucune copie
d’époque romaine.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 75


récit d’une vie

Nom:
Ci-dessous À droite L’Atelier
Sam Szafran de la rue de Crussol,
dans son atelier février 1972,
à Malakoff, 2013 pastel sur calque
©MANOLO MYLONAS. contrecollé sur
carton, 104 x 75 cm,

Szafran
détail
COLL. PART. ©PHOTO LALA.

Prénom:
Sam
Profession:
artiste
Particularité:
reusement d’une curiosité dévorante, il veut
tout apprendre, tout connaître. Il nettoie les
cadavres dans une morgue, devient dérati-
seur mais apprend à dessiner dans des cours
du soir. Il croise beaucoup d’artistes, décide de

miraculé
devenir peintre.

Les années de galère


Il vit pratiquement dans les bistrots car ils sont
chauffés, de Saint-Germain-des-Prés à Mont-
parnasse. Il se frotte à la génération d’artistes
de la seconde École de Paris, fréquente des
On ne peut plus voir aujourd’hui Sam Szafran revient de loin. Il est né en poètes et des lieux de jazz où Chet Baker l’ini-
un escalier parisien en colimaçon 1934 de parents juifs émigrés polonais, et tie à l’héroïne. Mais il survit. Son apprentissage
sans penser à ceux de Sam Szafran. son enfance rime avec douleur et misère. Sa se fait en croisant toutes sortes de personnages,
Son œuvre, obsessionnelle famille (sauf sa mère) est exterminée dans les parmi lesquels quelques grands noms du
camps nazis. Lui, échappe par miracle à la rafle monde de l’art. Son amitié la plus forte sera
et mystérieuse, est analysée
du Vel’ d’Hiv’. Après un détour de quelques celle nouée avec Alberto Giacometti, dont la
de façon contemporaine années en Australie, il revient à Paris en 1951. rencontre et l’influence lui feront choisir la
dans les salles du musée de Avec son humour noir habituel, il dit de ces figuration. Il tisse aussi des liens intimes avec
l’Orangerie dévolues, avec succès, années dramatiques : « La guerre m’a sauvé. Je le photographe Henri Cartier-Bresson, ren-
à la peinture figurative. me suis ainsi émancipé très jeune. Sinon, j’aurais contre improbable entre un petit juif « polack »
/ Texte Élisabeth Védrenne été tailleur ! ». Sa vie, totalement romanesque, et la quintessence de la grande bourgeoisie
se confond avec sa carrière. française. Les amitiés seront toujours déter-
Les années 1950 sont assombries par les mau- minantes. Elles sont sa fenêtre sur le monde.
vais traitements infligés par le peu de famille Le gamin fouineur, as de la débrouille, va ainsi
qui lui reste. Phobies de toutes sortes. Succes- aider Yves Klein à fabriquer son fameux « bleu
sion d’errances le ventre creux, évasion dans Klein » (lire pp. 38-45) et se lier avec le peintre
l’alcool tout en cherchant désespérément à se Jean-Paul Riopelle et le sculpteur Raymond
faire des amis. Asocial et sauvage, il est heu- Masson, mais aussi Ipousteguy, Nicolas de

76 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


récit d’une vie

Il « construit », tel un architecte fou à la Piranèse, ces espaces qu’il

Staël, Jean Tinguely, Roselyne Granet. Grâce garde, il se sait singulier et s’accepte inclassable. place peu à peu, la vie se fait moins précaire. Le
à eux tous, il va trouver des lieux où travailler. Obstiné, habité par ses rêves, il ronge son frein. marchand Claude Bernard le repère et devient
Son école aura été la rue. Sa patience ne l’empêche pas de maugréer sans son galeriste. Il lui présente Jacques Kerchache,
cesse ni de se lamenter. Il creuse son sillon, se le grand collectionneur d’objets africains, qui
La ronde des ateliers veut libre comme le vent, au prix d’une misère lui organise une exposition personnelle en
Sa force est celle de l’autodidacte : n’avoir à noire. Lilette, une jeune femme suisse qui fait 1965. Il peut enfin travailler dans divers ate-
suivre aucun diktat, quitter l’abstraction sans de la tapisserie et deviendra diplômée d’Au- liers-refuges qu’on lui prête. De l’atelier de
états d’âme pour se tourner vers une représen- busson, débarque alors dans sa vie, tel un ange. Zao Wou-Ki rue Jonquoy à celui de la rue de
tation figurative alors abhorrée par la majorité Il se marie avec elle en 1963. Ils ont un fils, Crussol puis au Champ-de-Mars…
des artistes informels ou abstraits qui gravitent Sébastien, qui naît très handicapé. Le tragique On lui a offert en 1960 une boîte de pastels,
autour de lui. Il ne dépend d’aucune avant- n’est jamais bien loin. Pourtant tout se met en qui transforme son vocabulaire pictural. Ce

78 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


métamorphose en labyrinthes, en anamorphoses, en vertiges, en jungles

médium passé de mode l’aide à élaborer sa LES DE L’EXPOSITION LES De gauche à droite
technique, lui permettant de « construire » Les années du début, souvent On peut regretter Escalier, 1974, pastel
inconnues, sont clairement qu’il n’y ait pas assez sur papier, 78 x 58 cm, détail
comme un architecte fou à la Piranèse, ces COLL. PART.
espaces où il vit en vase clos et qu’il métamor- traitées dans cette sorte d’œuvres ou qu’elles
phose en labyrinthes, en anamorphoses, en de petite rétrospective. soient accrochées trop Sans titre, 1981, pastel sur
Une analyse vraiment papier, 154 x 113,5 cm
vertiges, en jungles… Des univers impré- sagement pour pouvoir PARIS, CENTRE POMPIDOU-MNAM.
contemporaine de Szafran, donner l’idée de vertige
gnés de ses propres états psychiques. Déjà ©PHOTO DE PRESSE RMN.
et un bel exemple d’exposition inhérent à son travail.
formidable dessinateur, il invente de savants Imprimerie Bellini, 1972-
d’œuvre figurative après Une scénographie très 1974, pastel sur calque
mélanges à partir de ces pastels sur calque qui celle de Paula Rego.
rendent ses tableaux sensuels, un vrai velouté élégante, un peu plate. contrecollé sur carton,
139 x 98 cm, détail
d’aile de papillon. « Le pastel m’a résisté très COLL. IRÈNE ET JACQUES ELBAZ.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 79


récit d’une vie

longtemps. Ce qui explique que je me suis sise tout en haut des escaliers du 54 rue de Ci-dessus Sans À droite Végétation
acharné dessus. » Dans les années 1970, la Seine. Ces escaliers sont sa nouvelle obsession. titre (Malakoff), dans l’atelier, 1980,
2014, aquarelle sur aquarelle, pastel sur
vogue est aux multiples. Sam Szafran s’asso- Grâce à une rencontre avec Francis Bacon, il se soie, 72 x 89 cm papier, 106,5 x 75 cm
cie avec quatre amis pour fonder un atelier met à utiliser des Polaroid comme préalables à PARIS, GAL. CLAUDE COLL. PART. / TOUTES LES
BERNARD. ©J.-L. LOSI. ŒUVRES : ©SAM SZAFRAN.
pour jeunes artistes (il y fera la connaissance ses visions. Ils lui permettent de regrouper les
d’Arrabal et de Topor) dans une ancienne images en éventail à travers une accumulation
fabrique de lithographies de la rue du Fau- de différents points de vue, à la manière d’un à l’aquarelle, bruissent et vibrent de vie. Deux
bourg-Saint-Denis. Il baptise l’imprimerie du collage, pour rendre le sentiment d’une sensa- univers, le sombre et le clair, deux faces d’une
nom de Bellini, le peintre vénitien. Et s’appro- tion vertigineuse et angoissée à la Hitchcock. même médaille, montrant le chemin parcouru.
prie les lieux, décrivant avec un foisonnement « J’étais obligé de m’identifier à une araignée qui La Fondation Maeght puis la Fondation Pierre
de détails les verrières, les outils, les presses, les monte et qui descend au bout de son fil dans Gianadda à Martigny lui consacrent en 1996
pierres lithographiques, les rangées de pastels. la cage d’escalier, qui peut voir par-dessous et une rétrospective. Il meurt en 2019. Il lui aura
Et déjà une passion pour les escaliers, perçus à par-dessus. » Mais parallèlement, une nou- fallu toute une vie tourmentée pour arriver à
travers diverses perspectives, à la manière des velle apparition s’offre à lui. Les marches de déjouer le destin.
travellings du cinéma. Dès lors, deux grands l’escalier vont laisser place à des nervures de
thèmes s’imposent : les Ateliers (1969-70) et les feuilles, et le vide, le trou, va se ramifier en un À VOIR
Imprimeries (1971-72). trop-plein de végétation. Il tombe amoureux HHH « SAM SZAFRAN (1934-2019).OBSESSIONS
du philodendron, déjà ciselé par Matisse, mais D’UN PEINTRE », musée de l’Orangerie, place
Enfin la reconnaissance qui, envahissant presque toute la toile comme de la Concorde, 75001 Paris, 01 44 50 43 00, www.
musee-orangerie.fr du 28 septembre au 16 janvier.
En 1974, il s’installe dans l’atelier de Malakoff, un écran, obture l’espace dans un camaïeu de
RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR
une ancienne fonderie qu’il peut enfin acheter, vert et de bleu. Cette fois le vertige est aspiré CONNAISSANCEDESARTS.COM
dans l’antre duquel il invente « le mariage du vers le haut dans un mouvement de croissance
sec et du mouillé », alliant le pastel à l’aquarelle infinie, vers le ciel, vers le cosmos. Ces serres et À LIRE
sur des toiles de soie chinoises. Il a rencontré juxtapositions de feuillages, dans des composi- - LE CATALOGUE, sous la dir. de Julia Drost, coéd.
Musée de l’Orangerie/Flammarion (192 pp., 39 €).
entre-temps le poète libanais Fouad El-Etr, tions folles, de plus en plus grandes, qu’il lui est - LE HORS-SÉRIE de « Connaissance des Arts »
éditeur de la revue de poésie « La Délirante », impossible d’exécuter au pastel et qu’il réalise consacré à l’exposition (n° 998, 52 pp., 11 €).

80 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


nouveau talent

L’architecte indienne Anupama Kundoo expérimente une architecture


économe dont la modernité s’ouvre aux savoirs vernaculaires.

Anupama Kundoo
l’architecte économe

« Dans un monde idéal,


être architecte, c’est être
visionnaire », considère
A nup am a Ku n d o o.
Dans son cas, les visions
ne lui v iennent p as
de spéculations futu-
ristes. Ancré dans le
contexte spécifique de
l’Inde rurale, son tra-
vail cherche en effet à
inventer des solutions
nouvelles en compo-
sant avec l’existant, en
mettant à prof it les
savoir-faire et les maté-
riaux disponibles, dans
une perspective à la fois
sociale et écologique.
1967 Naissance d’Anupama Kundo o a choisi de
Kundoo (ill. : ©Andreas quitter Bombay pour
Deffner) à Pune, en Inde. s’installer au sud, à
Auroville dans le Tamil
1989 Diplôme du Nadu. Fondée en 1968
Sir J. J. College of Architecture par les disciples du phi-
de l’Université de Bombay. losophe yogi Sri Auro-
1990 Installation à Auroville, bindo, cette cité expéri-
dans le Tamil Nadu. mentale se voulait le lieu
de l’unité universelle entre les nations, entre la contrainte budgétaire joue un rôle d’aiguil-
2005 Hôtel de Ville d’Auroville. les hommes et les femmes. Là, Anupama lon. Ainsi, à Pondichéry, ces maisons pour
2008 Doctorat à l’Université Kundoo rencontre l’architecte français Roger enfants sans abri en forme de dômes ont été
technique de Berlin. Anger, chargé de la planification d’Auroville. bâties selon une méthode originale. Une fois
Et aussitôt, se met à l’ouvrage. Rejetant les achevée la construction en briques, on a mis
2010 Maisons pour enfants matériaux industriels, elle privilégie les res- le feu à ces édifices pour les cuire comme
sans abri à Pondichéry. sources locales comme le bois ou l’argile, dans un four… tout en évitant une inutile
2021 Reçoit le Royal Institute mise en œuvre sous forme de briques par consommation de bois, grâce à du charbon
of British Architects (Riba) les habitants. « Je n’ai aucune attirance pour inclus dans les briques mêmes. Aujourd’hui,
Charles Jencks Award. l’artisanat indien, mais je crains que le monde il ne s’agit plus d’« apprendre de Las Vegas »,
industrialisé des solutions standardisées et la comme le suggéraient Venturi et Scott
2022 Lauréate des Global culture d’entreprise réduisent la qualité de Brown dans les années 1970, mais peut-être
Awards for Sustainable vie, ainsi que les possibilités d’expression créa- d’apprendre d’Auroville…
Architecture. tive », explique l’architecte. Dans ses projets, JEAN-FRANÇOIS LASNIER

82 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


En haut Volontariat
Homes for Homeless À VOIR
Children, Pondichéry, L’EXPOSITION « GLOBAL AWARD FOR
Inde, 2008-2010 SUSTAINABLE ARCHITECTURE 2022 »,
©JAVIER CALLEJAS. à la Cité de l’architecture, 1, place
du Trocadéro et du 11 Novembre,
Ci-dessus Wall 75116 Paris, 01 58 51 52 00,
House, Auroville, www.citedelarchitecture.fr
Inde, 1997-2000 du 15 octobre au 30 janvier.
©JAVIER CALLEJAS.

Page de gauche À CONSULTER


Ci-contre Sangamam,
LE SITE INTERNET de l’architecte :
Full Fill Homes, Auroville, Inde,
anupamakundoo.com
Auroville, 2001-2003
Inde, 2015 ©JAVIER CALLEJAS.
©SEBASTIANO
GIANNESINI.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 83


nouveau talent

Encore peu connue en France, l’artiste hollandaise crée de délicates


sculptures inspirées par la nature, aux allures de vanités contemporaines.

Carolein Smit
céramiste virtuose
Pour sa première exposition monogra- l’émaillage, nécessitant jusqu’à six ou sept
phique en France, elle a glissé son bestiaire passages au four. Une opération angoissante,
fantastique dans les salons du musée de la car « chaque cuisson comporte un risque ».
Chasse et de la Nature à Paris : bouledogues, La plasticienne, qui habite un village près de
chouettes et singes, aux côtés de faunes Liège, puise son inspiration dans la nature.
inquiétants. « Mais je ne suis pas céramiste Notamment lors de promenades avec son
de formation », précise Carolein Smit. En mari photographe et leurs chiens, durant
effet, l’artiste hollandaise, déjà consacrée par lesquelles ils croisent sangliers, hiboux ou
le Victoria & Albert Museum de Londres, blaireaux. Son « excellente mémoire visuelle »
a d’abord étudié la gravure. C’est au cours ressurgit dans son atelier, mêlée aux souve-
d’une résidence qu’elle s’est mise à modeler nirs de contes de son enfance, aux images de
l’argile, « pour transcrire le réalisme de mes récits bibliques ou de danses macabres, mais
œuvres en 3D ». aussi d’actualités du monde. Certaines de ses
Depuis, elle délicates céramiques ressemblent à des vani-
repousse tés dans lesquelles rôde la mort. Ainsi cette
l es l i mites d e licorne squelettique, qui évoque un cavalier
la techni que, sans de l’Apocalypse, ou ce vautour majestueux,
dessins préparatoires. qui n’en est pas moins un charognard. Pour
1960 Naissance de Carolein « Je pars d’une idée et l’exposition, Carolein Smit a imaginé une
Smit (ill. : ©Winnifred Limburg) ensuite la matière fresque qui illustre un conte de chasse à la
à Amersfoort, Pays-Bas. me guide. » Une résonance contemporaine. Sur un fond bleu
1979-1984 Études à l’Académie fois le biscuit nuit étoilé, un ours, qui pourrait symboliser
des arts et du design St. Joost, réalisé, vient la Russie, est abattu par un homme dans
un champ de blé, l’un de ceux dont regorge
Breda, Pays-Bas.
l’Ukraine… ANNICK COLONNA-CÉSARI
1995 Résidence au
Centre européen de travail Ci-contre Petit Tigre,
2021, céramique
de la céramique EKWC, émaillée,
à Hertogenbosch, Pays-Bas. 41 x 48 x 25 cm
TOUTES
2016 Participe à « Ceramix, LES PHOTOS :
©WINNIFRED
de Rodin à Schütte », à la Cité LIMBURG.

de la céramique de Sèvres,
à La Maison Rouge à Paris
et au Bonnefantenmuseum
de Maastricht.
2018 Trois rétrospectives
dont une au Victoria
& Albert Museum,
à Londres.
2021 Exposition
« Les Flammes. L’Âge
d’or de la céramique »,
au musée d’Art
moderne de Paris.
84 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS
À VOIR
- L’EXPOSITION « DENTS ! CROCS !
GRIFFES ! », au musée de la
Chasse et de la Nature, 62, rue
des Archives, 75003 Paris,
01 53 01 92 40, www.chassenature.
org du 18 octobre au 5 mars.
- LE SITE INTERNET de la
plasticienne : caroleinsmit.com
RÉSERVEZ VOTRE BILLET SUR
CONNAISSANCEDESARTS.COM

À SAVOIR
CAROLEIN SMIT EST
REPRÉSENTÉE par la galerie
Michèle Hayem, 5, rue de Beaune,
75007 Paris, 09 54 20 08 74, www.
galerie-michele-hayem.com

À droite Détail de
la fresque créée
par Carolein Smit
pour la scénographie
de l’exposition
« Dents ! Crocs !
Griffes ! », 2022-2023.
À gauche
Guerrier, 2018,
céramique émaillée,
148 x 43 x 46 cm
COLLECTION DE L’ARTISTE. Ci-dessous Gros
Bouledogue au
collier doré, 2022,
céramique émaillée,
72 x 39 x 63 cm,
détail.
nouveau talent

Les photographies de Sabine Meier explorent, jusqu’à la distorsion, le rapport


entre le monde et son reflet. À voir au Centre d’art contemporain de la Matmut.

Sabine Meier
picturale et conceptuelle
Les thèmes et titres de Sabine Meier
font immanquablement penser à la
peinture… qu’elle étudia aux Beaux-
Arts de Paris, dans l’atelier de Chris-
tian Boltanski. « Ce médium était aisé
pour moi, mais j’ai décidé d’appréhender
la photographie car je ne la comprenais
pas, explique-t-elle. Ainsi, j’interroge
le rapport entre une image et ce qui lui
sert de modèle, observant à quel degré
elle demeure le fidèle reflet du monde. »
Comme souvent chez les artistes, plu-
sieurs lectures de l’œuvre sont possibles,
classique et esthétique, ou plus intel-
lectuelle et conceptuelle. Travaillant
par séries, Sabine Meier s’est exercée à
l’autoportrait et aux métamorphoses,
avant de passer aux Apories, dans
un jeu de perspectives nécessitant la
construction de volumes qu’elle expose progressivement.
Elle creuse ses obsessions – « on ne s’échappe jamais à
1964 Naissance de soi-même » – dans une chambre noire où elle reconsti-
Sabine Meier (ill.: ©Mathilde tue décors et maquettes « un peu à la manière de Georges
Delahaye) à Besançon. Méliès… ». Ainsi, il n’y a aucune retouche numérique dans
1990 Obtient son diplôme aux ses clairs-obscurs ou mises en abyme, réalisées par l’ac-
Beaux-Arts de Paris, en étant cumulation de plusieurs tirages. Elle dit ne pas être une
photographe qui regarde le monde en direct, et l’on comp
la première élève à ne montrer rend son admiration pour « la rigueur absolue » de Jeff Wall
qu’un travail photographique. ou de Piero della Francesca, qui lui semble être toujours
1999 Exposition collective derrière son épaule à l’atelier… Finalement, les probléma-
« Les Archivistes », à la tiques sont inépuisables face au médium de la photogra-
galerie Duchamp, à Yvetot. phie. « Je propose des espaces impossibles dans la réalité,
mais qui sont bien devant nos yeux, conclut-elle, afin de
2006 Est nommée pour démontrer que ce qu’on voit n’est pas ce qu’on croit voir. Mais
le Prix Photo du Jeu de paume. alors, pourquoi avons-nous besoin d’autant d’images pour
2011 Lauréate du programme vivre et traduire le monde afin qu’il soit supportable ? »...
de résidences artistiques MARIE MAERTENS
Regards Croisés, entre Le Havre
À VOIR
et New York, elle part travailler « SABINE MEIER. LES PERSPECTIVES En haut
trois mois aux États-Unis. DÉPRAVÉES », Centre d’art contemporain Métamorphose 1
de la Matmut - Daniel Havis, (portrait de l’artiste
2013 Solo show au Centre 425, rue du Château, 76480 Saint-Pierre- en vieillard), 2009,
culturel suisse de Paris. de-Varengeville, 02 35 05 61 73,
www.matmutpourlesarts.fr
153 x 126 cm
TOUTES LES PHOTOS :
2021 Exposition collective du 8 octobre au 29 janvier. ©SABINE MEIER.

« Peintres femmes, À CONSULTER


1780-1830 » au musée LE SITE INTERNET de l’artiste :
du Luxembourg, à Paris. sabinemeier.com

86 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Ci-contre Annexe - En haut Photos de classe Ci-dessus Portrait of
Aporie 3 (1 x 2), 2019, (première ES), 2006, a man (Narcisse), 2011,
65 x 77,5 cm. 110 x 165 cm. 112 x 138 cm.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 87


UN HOTEL PARTICULIER AVENUE FOCH

Jeudi 12 janvier Exposition à Drouot au 1er étage :


Agrément 2002-448

Mardi 10 et mercredi 11 janvier, 11 h à 18 h - Jeudi 12 et vendredi 13 janvier, 11 h à 12 h


Vendredi 13 janvier
14 h Experts : Pierre-François DAYOT, SCULTURE & COLLECTION, Emmanuel EYRAUD, Cabinet TURQUIN,
Cabinet de BAYSER, Pierre CHEVALIER, Sylvie DANIEL & Naomi LAAN, Cyrille FROISSART
Drouot
Responsables de la vente : Marc GUYOT - Clémentine DUBOIS - marc.guyot@ader-paris.fr - Tél. : 01 78 91 10 06
Salle 9
{ l'œuvredumois } MARCHÉ DE L’ART

L’avis de GUITEMIE
MALDONADO, professeur
d’histoire de l’art aux
Beaux-Arts de Paris
Ce qui frappe dans
ce relief, c’est le format
horizontal, qui détermine
une composition
en longueur. Le cadre
découpé agrandit l’espace.
De même, par un jeu
de superpositions,
les plaques perforées
peintes dans un dégradé
de rouge accentuent
la profondeur. À gauche, RELIEF N°15 Artiste célébré au xx e siècle, ouvelles, le plastique et le Plexiglas, ose
les volutes touchent, DE CÉSAR César Domela (1900-1992) les poser à côté de matières précieuses
dans un enroulement, DOMELA est tombé dans l’oubli comme le galuchat, souligne les formes
les triangles réunis par la ces vingt dernières années. avec du laiton ou découpe des éléments
pointe. Cette composition, Grâce à Benoit Sapiro, en bois comme dans ce Relief n° 15. « Il sort
très élaborée et précieuse, directeur de la galerie Le Minotaure, le voici de l’espace traditionnel pour créer un espace
est efficace visuellement à nouveau sur le devant de la scène et ce dynamique », commente l’historienne de l’art
tout en utilisant n’est que justice. Domela a cherché, évolué, Guitemie Maldonado. Mais cette évolution
un vocabulaire simple. transformé son art en passant d’une surface expérimentale foisonnante va passer par
Domela développe plane aux reliefs. Ce Néerlandais rencontre une relative paupérisation. Car la guerre
le rapport entre ce qui Piet Mondrian et Theo Van Doesburg en 1924 arrive et les matériaux précieux se raréfient.
est de l’ordre du plan et et adhère au groupe De Stijl. Sa peinture Après-guerre, dans les années 1950, Domela
de la profondeur, de la colle alors à l’abstraction géométrique de poursuit néanmoins ses reliefs, et il est i
ligne droite et de la ligne Mondrian, où horizontales et verticales nvité à décorer un paquebot néerlandais
courbe. Ici tout repose se croisent à l’infini. Sa première trahison ainsi qu’un immeuble à La Haye. Ce passionné
sur le contraste. à la ligne dure de Mondrian apparaît de philosophie asiatique et, en particulier,
en 1925, lorsqu’il introduit la diagonale. de Lao Tseu, s’intéressait à la typographie et
Mais l’abandon des théories de De Stijl déclarait : « La calligraphie m’a complètement
est acté en 1932, lorsque la courbe surgit. libéré de Mondrian ». F. C.
« Il va alors vers une sorte de biomorphisme,
proche de la nature, où la courbe remplace
À VOIR la droite », souligne Benoit Sapiro. Puis sa
« CÉSAR DOMELA »,
galerie Le Minotaure, peinture évolue vers la tridimensionnalité, César Domela,
2, rue des Beaux-Arts vers un relief nouveau, positionné entre Relief n° 15, 1939,
et 23, rue de Seine, bois peint, cuivre
la peinture et la sculpture. Car à partir de
75006 Paris, 01 43 54 62 93, rouge, peau de requin,
galerieleminotaure.fr 1935-1936, Domela introduit des matériaux parchemin, cuivre,
du 4 février au 29 avril. dans sa toile. Il utilise des matières n laiton, 60 x 100 cm.

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 89


salons MARCHÉ DE L’ART - BRAFA

Sam Francis,
Wave, 1989,
acrylique
sur papier,
63,4 x 51 cm
©GALERIES
AB & BA, PARIS.

Auguste Rodin,
Le Baiser, réduction
« n° 2 », v. 1882,
bronze à patine
brun vert nuancé,
25,7 x 15,7 x 15,9 cm
©GALERIE NICOLAS
BOURRIAUD, PARIS.

Eugène Vallin,
BRAFA, LE RETOUR ! Canapé Art Nouveau,
v. 1900, noyer,
120 x 150 cm
La grande foire bruxelloise reste au parc ©GALERIE MATHIVET,
des Expositions du Heysel mais retrouve PARIS.

ses dates historiques hivernales.


Retour à la normale pour la Brafa, qui retrouve ses L’événement
dates hivernales et lance à nouveau, fin janvier, la sai­ de l’année est
son des foires internationales. En revanche, la manifes­ l e t hè me d e
tation pose définitivement ses valises au Heysel, en péri­ l’Art Nouveau,
phérie de Bruxelles, qui présente des avantages (grands en relation avec
parkings) et des inconvénients (plus loin du centre et de les célébrations
la gare) par rapport à son ancienne localisation à Tour de Bruxelles 2023
& Taxis. S’agissant du contenu, le maître­mot de cette Ar t Nouve au,
68 e édition reste l’éclectisme. « Nous ne devons pas aller à qui mettront notamment à l’honneur les maisons
contrecourant des tendances du marché, mais nous sommes attentifs à de Victor Horta, et dont le point d’orgue sera la
conserver les équilibres et essayons de renforcer la section d’art ancien », réouverture au public, au printemps, du spectaculaire hôtel Han­
explique le président de la foire, Harold t’Kint. Parmi les galeries qui re­ non de l’architecte Jules Brunfaut. À cette occasion, la foire accueille
viennent après une ou plusieurs années d’absence, on compte donc au­ les fleurons de la collection Art Nouveau belge de la Fondation Roi
tant de défenseurs de l’art moderne, comme les galeries de la Présidence Baudoin, notamment un service du grand orfèvre Philippe Wolfers et
et de la Béraudière, que de tenants de l’art ancien, tels Bernard De Leye des paravents de Paul Hankar. Les marchands, en particulier le Bruxel­
(orfèvrerie) ou Dario Ghio (objets de vertu). Idem pour les nouveaux lois Thomas Deprez, notre coup de cœur du moment, dévoileront des
participants, avec par exemple Pascal Cuisinier ou New Hope Gallery pièces de cette époque. Et les allées de la foire seront habillées d’un tapis
pour le design, et Franck Anelli Fine Art et la Galleria Ars Antiqua reprenant les motifs de dessins de Horta, dont nous espérons qu’ils
pour les tableaux et le mobilier classiques. La foire fidélise toujours nous réservent une bonne surprise. C. L.
de nombreux marchands français : Alexis Bordes venu avec un beau
BRAFA ART FAIR, palais 3 et 4 de Brussels Expo, Heysel, 1, place de
Lacroix de Marseille, Helene Bailly avec un séduisant pastel de Picasso Belgique, Bruxelles, 32 2 513 48 31, www.brafa.art du 29 janvier
de 1961, la galerie Mathivet avec son canapé graphique d’Eugène Vallin. au 5 février.

90 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


35 TER RUE DU DOCTEUR-FANTON, 13200 ARLES
FONDATION-VINCENTVANGOGH-ARLES.ORG
salons MARCHÉ DE L’ART - BRAFA

Atelier de Joos
Van Cleve,
Vierge à l’Enfant,
xvi e siècle, huile
UNE DÉLECTABLE VIERGE AU LAIT sur panneau,
Œuvre de l’atelier du peintre flamand Joos Van Cleve 30,5 x 22,5 cm
(1485­1541) de l’École d’Anvers, cette Virgo lactans il­ ©GALERIE
COSTERMANS
lustre un thème iconographique très ancien attesté de­ & PELGRIMS DE
BIGARD, BRUXELLES.
puis les premiers siècles. On y voit la Vierge allaitant
généreusement l’Enfant repu, qui pose sa main sur
son sein arrondi comme un globe. Une scène à la fois
simple et sobre, tant dans la tenue de la Vierge que dans
la composition générale, et cependant d’une grande no­
blesse, dans l’élégance des gestes et des plis harmonieux UN MASQUE DE
de son voile. Il émane une impression d’invincible sé­ LA COLLECTION VÉRITÉ
rénité de la pose attentive et tendre de la Vierge, et de D’une remarquable puissance sty­
celle de l’Enfant Jésus, assoupi avec un délicieux sourire. listique, ce masque emblématique
provient de la fameuse collection
Vérité, dispersée à l’Hôtel Drouot
en 2006. Il figure dans le corpus
restreint des productions de la so­
ciété dite du Gyè, chez les Guro en
Côte d’Ivoire, et se rapproche d’un
masque conservé au British Mu­
seum et d’un autre figu­
rant dans les collec­
tions du musée du
Quai Branly­Jacques
Chirac. Associés aux
UNE PRÉCIEUSE NYMPHE fonctions majeures
AILÉE René Lalique, Broche de la vie sociale et
Avec une grâce inouïe, cette bro­ Nymphe, v. 1897-98, politique, les masques
or, émail, 6,7 x 2,1 cm
che de Lalique si représentative de EPOQUE FINE JEWELS,
de ce type sont utilisés
l’esprit Art Nouveau et de la fan­ KORTRIJK, BELGIQUE pour les jugements,
taisie des bijoux fin de siècle met Masque les funérailles, les
en scène une nymphe ailée, mi­ Gouro-Bété, danses communau­
xixe siècle,
femme, mi­papillon, déployant ses Côte d’Ivoire, bois,
taires. D’inspiration
antennes et autour d’elle ses im­ 43 x 20,5 x 14 cm zoomorphe, celui­ci se
menses ailes chamarrées comme ©GALERIE SERGE distingue par ses lignes
SCHOFFEL - ART
celle d’un paon… La création de PREMIER, BRUXELLES. expressives et la rare
joaillier de René Lalique est animée présence d’une paire de
d’un univers féminin aux confins cornes, qui lui confère sa
du merveilleux, peuplé de fées, syl­ singularité.
phides, nymphes et autres créatures
légendaires. Cette broche élaborée
en or 18 carats rehaussé d’émail UN MIROIR FLORISSANT
cloisonné, dit «plique­à­jour», Inédit dans la production classique du grand orfèvre bruxellois Wolfers,
est d’une réalisation exquise qui ce miroir en argent, aussi surprenant que séduisant, est très certaine­
l’apparente à une précieuse œuvre ment issu d’une commande spéciale, d’où son originalité et sa singu­
sculptée en miniature. larité. Alliant de manière inattendue le style rocaille Louis XV et l’ins­
piration Art Nouveau, ce miroir de forme ovale asymétrique présente
une composition stylisée à partir de motifs végétaux rythmée par des
Wolfers Frères, Miroir arabesques baroques, qui donne à l’ensemble une véritable dynamique
de table, v. 1890, argent, dansante, parfaitement orchestrée. La maison Wolfers Frères, spécia­
bois, 63 x 45,5 cm
©GALERIE BERNARD
lisée dans l’argenterie de table comme les services à café et à thé ou les
DE LEYE, BRUXELLES. timbales, s’illustre ici avec une pièce tout à fait hors normes. V. de M.

92 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


MARCHÉ DE L’ART - ART GENÈVE

ART GENÈVE,
ÉTABLI ET PROSPECTIF
Pour sa 11e édition, Art Genève accueille quelque quatre­
vingt­dix galeries internationales, dont de prestigieux mar­
chands qui exposent aux côtés de jeunes enseignes. Après une
session 2022 décalée au mois de mars pour cause de Covid,
la foire genevoise reprend ses dates initiales, séduisant à
nouveau les galeries Gagosian, Waddington Custot, Eva Pre­
senhuber, Thaddaeus Ropac ou encore Mitterrand. Elle peut
également se targuer d’inviter de prestigieuses institutions :
en plus du Mamco ou du musée d’Art et d’Histoire, citons le
Museum Frieder Burda, qui dédie 600 m 2 à Andreas Gursky,
la Fondation Dubuffet, le Quai Branly­Jacques Chirac, mais
aussi l’ADKV de Berlin, la Villa Arson ou le très prospectif
Poush. L’art émergent est également à voir chez Arsenal et
All Stars, ou encore 31 Project et 193 Gallery, parfois à che­
val entre Artists Run Spaces (lieux autogérés) et lieux com­
merciaux. « J’aime cette idée d’assumer des contrastes forts,
en ne comptant que sur la qualité des propositions », assure
Thomas Hug, directeur de la foire. Un combo qui séduit les
amateurs non seulement de Genève, mais aussi de l’ensemble
de la Suisse romande ou alémanique, de la France ou l’Italie
voisine. « Art Genève, poursuit­il, a fait émerger un terreau
de collectionneurs qui achetaient auparavant à l’étranger mais
qui sont fiers d’avoir à présent une plateforme chez eux, à la-
quelle s’ajoute Art Monte-Carlo, notre salon sur la Côte-d’Azur.
Cela a créé un axe solide pour les acheteurs. » M. M.
« ART GENÈVE », Palexpo, 30, route François-Peyrot,
1218 Le Grand-Saconnex, 41 22 761 11 11, artgeneve.ch
du 26 au 29 janvier.

Jean Dubuffet,
Les Visiteurs 30 octobre
1979, 1979, acrylique
et collage sur papier,
50,8 x 69,9 cm
WADDINGTON CUSTOT, LONDRES.
galeries MARCHÉ DE L’ART

HANS-JÖRG
GEORGI,
L’ÉCHAPPÉE
BELLE

L’univers de Hans-Jörg Georgi est un monde fracassé, s’exprime librement à travers les avions de toutes sortes
en quête de salut. Pour la toute première fois, ses qu’il invente et façonne à partir de modestes cartons
travaux sont présentés en galerie, chez Christian Berst, de récupération. Son imagination est sans limites pour
défenseur de l’Art brut – après avoir été montrés concevoir ces aéronefs qu’il surnomme les « six étages »,
en 2014 à La Maison Rouge. On y découvre une fonctionnant à l’énergie solaire et équipés de dortoirs,
vingtaine de ses sculptures spectaculaires autour cliniques, discothèque ou bowling… Cette échappée
À droite
Hans-Jörg Georgi, de la thématique des avions ainsi que ses dessins belle est celle de l’humanité en quête d’un monde
Vue d’installation à préparatoires (de 3500 € à 25 000 €). Un important meilleur, aspiration utopique et planche de salut face à
l’atelier Goldstein, catalogue est publié à l’occasion de cette exposition, l’adversité. En d’autres termes, l’envol idéal et fascinant
2013, cartons,
avec un texte du philosophe François Salmeron. d’une myriade d’arches de Noé de notre temps. V. de M.
détail
COURTESY ATELIER Né à Francfort en 1949, Hans-Jörg Georgi est privé
« HANS-JÖRG GEORGI. NOAH’S PLANES », galerie Christian Berst
GOLDSTEIN,
FRANCFORT-SUR-LE-
de l’usage de ses jambes dès l’enfance par la polio et Art brut, 3 et 6, passage des Gravilliers, 75003 Paris, 0153330170,
MAIN.©A. SCHNEIDER. grandit dans des centres d’accueil. Sa soif d’évasion www.christianberst.com du 8 décembre au 15 janvier.

SOUS Sublime invitation au voyage dans des demeures d’excep-


LE SIGNE tion, l’ouvrage du photographe Roland Beaufre, Under the
DU ORANGE sun – Around the world, publié aux éditions Rizzoli, offre
un véritable régal d’esthète en nous ouvrant les portes
d’univers paisibles et raffinés dans le monde entier. Afin
de rendre hommage à cet opus, Antoine Broccardo a choisi de présenter un
ensemble de pièces éclectiques autour d’un « fil » directeur, la couleur orange,
évocatrice de chaleur et d’exotisme. On découvre ainsi une séduisante tenture
murale carrée de Gio Ponti (1891-1979) dont la soie chaleureuse de tonalité
corail est ornée de la figure de deux archanges, ou cette étonnante pièce
À droite Josef d’orfèvrerie des années 1920 rehaussée de boules de corail. Une autre pièce
Zaun, Sans Titre, maîtresse est un meuble d’appui de Josef Hoffmann (1870-1956) en bois
v. 1920, argent,
plaques de peint de couleur orange et placage d’acajou, dont les lignes modernistes et
minéraux, pierres épurées laissent deviner une discrète influence orientale. V. de M.
semi-précieuses
et corail, H. 46 cm « UNDER THE SUN – AROUND THE WORLD, OUVRAGE DE ROLAND BEAUFRE »,
©GALERIE ALB Alb Antiquités - Antoine Broccardo, 6, rue de Beaune, 75007 Paris,
ANTIQUITÉS, PARIS. 06 14 08 30 30, du 6 décembre au 6 janvier.

94 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


LA
RÉPÉTITION
ŒUVRES PHARES DU CENTRE POMPIDOU

04.02.23 > 27.01.25

Marie Laurencin, La Répétition, 1936 © Foujita Foundation / Adagp, Paris, 2022


Photo : © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI
Grands docks, 1998 © Adagp, Paris, 2022. Photographie : Galerie Les Yeux Fertiles, Paris

J ’AU R A I L A P E AU D E S C H O S E S

5 NOV. 2022 > 26 FÉV. 2023

ESPACE CULTUREL LYMPIA - PORT DE NICE

UNE COPRODUCTION AVEC LA

du mercredi au dimanche : 10h - 17h


galeries MARCHÉ DE L’ART
À gauche
Mimmo Jodice,
Riva Degli
Schiavoni, 2010,
tirage au charbon
sur papier coton,
80 x 80 cm
COURTESY GALERIE
KARSTEN GREVE.
©STUDIO MIMMO
JODICE, NAPLES.

À droite
Jean-François
Rauzier,
Oberammergau,
2022, tirage
photographique
sous Diasec
©GALERIE
GUILLAUME, PARIS.

JEAN-FRANÇOIS RAUZIER,
BAROQUE

Pour son deuxième solo show à la


galerie Guillaume, Jean-François
Rauzier propose une vingtaine
de photographies (de 10 000 € à
20 000 €), inspirées du patrimoine
LE TEMPS Il fait partie de l’Arte Povera, et 26 000 €), des séries Natura et Attesa. baroque de la Haute-Souabe. Partant
SUSPENDU DE mais si la plupart de ses Se traduisant par attente, cette dernière toujours de ses propres images, avec
MIMMO JODICE confrères du mouvement est considérée par le photographe de cette fois des églises, palais ou pay-
résidèrent à Turin ou Rome, près de 90 ans comme son œuvre ultime. sages allemands pour sujets, il les
Mimmo Jodice ne quitta Il y témoigne d’un temps suspendu, avec détoure à l’atelier puis les recom-
jamais sa Naples natale. Éloignée des centres des architectures très cinématographiques, pose à l’infini. Notamment dans
névralgiques de l’art contemporain mais des chaises esseulées devant la mer, des les grands formats, ce qu’il nomme
bouillonnante, elle lui apporta « des sujets salles de théâtre vides ou des volets clos… l’« hyperphotographie » repousse les
que je n’aurais jamais pu trouver autrement, figés dans une grande poésie. En parallèle, frontières du médium. M. M.
écrit-il. L’Antiquité par exemple, en naissant Mimmo Jodice s’attelle à un projet de fondation « JEAN-FRANÇOIS RAUZIER.
dans le centre historique de la ville, où il y a à Naples qui portera son nom. M. M. BAROCKSTRASSE », galerie
les ruines, les pierres romaines ou la mer. » La Guillaume, 32, rue de Penthièvre,
« MIMMO JODICE. ATTESA », galerie Karsten Greve, 75008 Paris, 01 44 71 07 72,
galerie Karsten Greve propose une trentaine 5, rue Debelleyme, 75003 Paris, 01 42 77 19 37, www.galerieguillaume.com
de tirages, en noir et blanc (entre 20 000 € galerie-karsten-greve.fr du 5 novembre au 7 janvier. du 8 décembre au 21 janvier.

L’ÉROTISME Réputée pour ses œuvres d’art impres- des œuvres les plus importantes de l’ex-
GAGNE sionniste et moderne, la galerie Helene position. Francis Picabia, Balthus, Jean
LA GALERIE Bailly organise désormais des expositions Metzinger et Aristide Maillol sont aussi de
HELENE temporaires, en faisant un pas vers l’art la partie, ou encore la créatrice contempo-
BAILLY contemporain et en s’amusant dans le raine Anissa Kermiche, dont les vases aux
choix des sujets. Le premier développe formes érotiques (à partir de 395 €) affir-
le thème du nu, illustré par une quaran- ment leur hommage à certains des artistes
taine d’œuvres de médiums divers. Pablo précédemment cités. M. M.
À droite Henri- Picasso y est invité avec une esquisse de
Edmond Cross, Femmes au harem, dialoguant notamment « L’ART MODERNE SEX (E) POSE »,
Helene Bailly Gallery, 71, rue du
La Toilette, v. 1904, avec une Toilette d’Henri-Edmond Cross,
h/t, 81 x 65 cm Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris,
©HELENE BAILLY
dans laquelle le peintre débute la méthode 01 44 51 51 51, helenebailly.com
GALLERY, PARIS. du chromo-luminarisme, qui en fait l’une du 5 novembre au 12 janvier.

96 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


– Djamel TATAH, Sans titre (détail), 2004, huile et cire sur toile, diptyque, 250 × 400 cm, collection de l’artiste. Courtesy Studio Djamel Tatah. © Bertrand Huet / © Adagp, Paris, 2022 – 11/2022.

Centre Pompidou

L’exposition bénéficie du soutien de


MUSEE_FABRE-Djamel_Tatah-Connaissance_des_Arts-AP_187x122mm-2022_11-V3.indd 1

En partenariat média avec


Le Théâtre du silence /10déc.2022/16avr.2023/

sur centrepompidou.fr
réservation conseillée
Exposition |16 novembre 2022 – 27 février 2023

Disques vinyles avec annotations, utilisés lors de performances, 1979–1986


Christian Marclay
Collection de l’artiste, © Christian Marclay
08/11/2022 16:44
adjugé MARCHÉ DE L’ART

5975200 €
PIERRE SOULAGES, PEINTURE, 162 x 130 CM, 2 MAI 1963

Vendu quatre jours avant la disparition du peintre, ce tableau date de sa période de


création la plus recherchée, les années 1960. À l’époque, le peintre du noir « déve-
loppe un expressionnisme majeur, digne des grands expressionnistes américains »,
explique Guillaume Mallecot, directeur de l’Art contemporain chez Sotheby’s France.
Pierre Soulages, Son décès va-t-il déclencher une envolée des prix ? « On ne sait pas, sa cote a déjà été
Peinture,
162 x 130 cm,
multipliée en moyenne par quatre depuis 2010 », poursuit le spécialiste. D’ailleurs, un
2 mai 1963, tableau du maître est parti à 1 228 500 € une semaine après sa mort, chez Aguttes.
huile sur toile. Sotheby’s, Paris, 22 octobre.

403580 €
VASE À VIN FANG-HU

Ce vase rituel archaïque était décoré d’un masque de bronze, d’oiseaux et de poi-
gnées en forme d’éléphants. Il était utilisé pour stocker le vin destiné aux défunts. Cet
objet exceptionnel provenait de la collection de la famille Rousset, célèbre pour la
Vase à vin rituel qualité de ses pièces (« Connaissance des Arts » n° 818, pp. 84-89). Asaph Hyman,
fang hu, milieu directeur international du département Céramique de Bonhams Cornette de Saint
de la dynastie des Cyr, se réjouit d’avoir pu vendre « des œuvres jamais vues sur le marché, aux prove-
Zhou occidentaux
nances uniques ». 100 % des lots ont été vendus pour un total de 14 979 900 €, très
(v. x e-xix e s.
av. J.-C.), bronze, au-dessus des estimations.
H. 59 cm. Bonhams Cornette de Saint Cyr, Paris, 25 octobre.

19500 €
JEAN PROUVÉ, CHAISE MÉTROPOLE, DITE STANDARD

« La chaise Standard de Jean Prouvé, est la chaise iconique du xx e siècle et les collection-
neurs se l’arrachent », témoigne Salomé Pirson, commissaire-priseur chez Maurice. Ce
Jean Prouvé, modèle possédait sa peinture d’origine, sans repeints, un élément important pour les
chaise Métropole, spécialistes. Son excellent résultat s’explique également par l’arrivée sur le marché
dite Standard, d’acheteurs japonais, coréens et asiatiques au sens large, qui recherchent ce type
création 1950,
métal laqué
d’œuvres considérées comme les nouveaux classiques. Enfin, le siège provenait de la
noir et bois, collection de François Callu Mérite, qui avait rassemblé une centaine de chaises.
81 x 41,5 x 45 cm. Maurice Auction, Paris, 22 octobre.

5248 €
ERWIN OLAF, KHEYHOLE 6

Constatant le retour de Paris sur l’échiquier de l’art contemporain, Artcurial a lancé un


nouveau type de ventes, comme l’explique le commissaire-priseur Arnaud Oliveux: « Cette
vente Génération 21 est une première. Nous avions déjà des ventes d’art d’après-guerre
dans lesquelles nous incluions de l’art très contemporain, puis des ventes d’art urbain ou
Erwin Olaf, d’art africain. L’idée est de présenter ensemble ces artistes. Nous referons une vente de
Kheyhole 6, ce genre par semestre ». Le Néerlandais Erwin Olaf est un photographe lié aux mondes
2012, tirage
chromogénique, de la mode et de la publicité, qui imagine des mises en scène très sophstiquées. F. C.
60 x 45 x 5,5 cm. Artcurial, Paris, 26 octobre.

98 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


LOUIS Maison de
Victor Hugo

BOULANGER
PEINTRE RÊVEUR
10 novembre 2022
5 mars 2023

6 place des Vosges - 75004 Paris


maisonsvictorhugo.paris.fr
#LouisBoulangerPeintreRêveur
Louis Boulanger, Orientale, aquarelle, Maison de Victor Hugo/Paris Musées © Thomas Hennocque
livres GUIDE

FRAGONARD, Voici la première monographie


LE FILS consacrée à Fragonard, non
pas l’illustre Jean-Honoré,
mais son fils Alexandre-
Évariste (1780-1850), aux
pinceaux moins brillants et moins polissons
mais aux talents plus divers. Comme beaucoup
de « petits maîtres » de la première moitié
du xixe siècle, ce Fragonard-là sombra dans
l’oubli après avoir été très présent et estimé
sur la scène parisienne, au gré des différents
régimes politiques. Formé par son père, puis
dans l’atelier de David, il adhère aux canons
du néoclassicisme, acquiert une technique
impeccable. Mais, séduit par la minutie des
« peintres fins » hollandais, tel Gérard Dou,
Fragonard se spécialise dans les petits
tableaux où des sujets tirés de l’histoire
nationale sont traités sur le mode familier,
sentimental et anecdotique de la scène de
genre. Dans le sillage d’un Fleury-Richard,
il est l’un des représentants du style dit
Troubadour, à cause de son inspiration
médiévale. L’activité d’Alexandre-Évariste,
cependant, ne se résume pas à cela. Il a
participé à de grands décors peints et joué
un rôle majeur dans la diffusion des styles
et l’évolution du goût en fournissant de nombreux
modèles à la Manufacture de Sèvres, des illustrations
d’œuvres littéraires, des costumes de théâtre…
Cette monographie richement illustrée, comprenant
un catalogue raisonné et des annexes, est une somme
qui devrait faire longtemps autorité. M. J.
ALEXANDRE-ÉVARISTE FRAGONARD (1780-1850), par Rebecca Duffeix,
éd. Arthéna, 515 pp., 135 €.

AU SERVICE érudite des enjeux du commerce de l’album, suivie d’un glossaire,


DE SA MAJESTÉ textile au xviii e siècle, sur fond de clôt l’ouvrage. Publication de réfé-
rivalité franco-britannique. Vient rence pour l’histoire des textiles,
ensuite le fac-similé de l’album le livre s’adresse aussi à tous ceux
Il est l’un des trésors de la biblio- lui-même, fidèlement reproduit qui s’intéressent à l’histoire in-
thèque du musée des Arts décora- page par page, qui dévoile l’im- dustrielle de la France et à sa
tifs. Peu connu du grand public, portance du travail accompli par compétition avec l’Angleterre lors
l’Album Holker est au centre de ce l’espion au service de Louis XV des prémices de la révolution
nouvel ouvrage édité par le musée, en l’espace de trois mois, durant industrielle. C. P.
qui lui apporte un éclairage bien- l’hiver 1751-1752. S’y déploie ALBUM HOLKER, ÉCHANTILLONS
venu, ainsi qu’à l’histoire de son toute sa méticulosité, chacun des TEXTILES ET ESPIONNAGE
concepteur. Scindé en trois parties, échantillons faisant l’objet d’une INDUSTRIEL AU XVIIIe SIÈCLE,
sous la dir. d’Ariane Fennetaux
ce beau livre bilingue richement description précise, dont ceux de
et John Styles, éd. Musée
illustré s’ouvre sur une analyse toile de jean, parmi les plus an- des Arts décoratifs, 272 pp.,
historico-politico-économique ciens existants. La transcription français/anglais, 170 ill., 49 €.

100 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Vente en préparation
ART CONTEMPORAIN
5 avril 2023

Olivier Debré (1920 - 1999)


Sumndalstgonen blev (bleu du soir), 1971
Huile sur panneau, 100 x 100 cm, vendue 62 400 € le 2 novembre 2022

Expertises gracieuses et confidentielles Nous recherchons les signatures Aboudia, Fernando Botero,
en France et dans toutes les grandes villes d’Europe Alexander Calder, Christo et Jeanne Claude, Robert Combas,
Ophélie Guillerot Tony Cragg, Olivier Debré, Peter Doig, Jean Dubuffet,
+33 (0)1 47 45 93 02 • guillerot@aguttes.com Sam Francis, Hans Hartung, Yves Klein, André Lanskoy,
Sol Lewitt, Georges Mathieu, Henri Michaux, Yan Pei-Ming,
Kazuo Shiraga, Niki de Saint-Phalle, Gerhart Richter,
Abonnez-vous à nos newsletters
en scannant le QR Code Pierre Soulages, Chu Teh-Chun, Walasse Ting, Bernar Venet,
Neuilly-sur-Seine • Paris • Lyon • Aix-en-Provence • Bruxelles Bram van Velde, Geer van Velde, Claude Viallat,
aguttes.com | suivez-nous | Fabienne Verdier, Zao Wou-Ki, Huang Yong Ping...
Munch
Un poème de vie, d’amour et de mort

Edvard Munch, Vampire, 1895, huile sur toile, 91 × 109 cm, Oslo, Munchmuseet. Photo © CC BY-NC-SA 4.0 Munchmuseet. Graphisme C. Lebrun, direction de la communication, EPMO.

J O U RS
N I E R S
DER
MUSÉE D’ORSAY
Jusqu’au 22 janvier 2023
Réservation à l’avance
Avec le généreux soutien de
fortement conseillée
Cette exposition est organisée En partenariat média avec Billets | informations
par le musée d’Orsay, Paris, musee-orsay.fr
en partenariat exceptionnel
avec le MUNCHMuseet, Oslo.
16 e
Le travail des trois artistes sélectionnés pour
le prix 2023 sera montré au Salon du dessin
au palais Brongniart, à Paris, où le nom
du lauréat sera annoncé le 23 mars 2023.
Textes Marie Maertens

Fondation d’art
contemporain
DANIEL ET FLORENCE
PRIX
DE
GUERLAIN

DESSIN
2023
FLORENCE ET DANIEL GUERLAIN. ©LUC CASTEL.

tion qui les ont désignés, confortés par de nombreuses conversations avec
Bruno Decharme, collectionneur d’Art brut depuis plusieurs décennies.
Puis nous sommes allés à La “ S ” Grand Atelier, à côté de Liège, un centre
pour l’Art brut qui aide grandement ces créateurs. Donc nous avons
réalisé, comme d’habitude, des visites d’ateliers, des recherches sur les
artistes et les œuvres, pour lesquelles chacun donnait ses impressions.

Peut-on dire qu’il s’agit, finalement, d’un assentiment d’ordre


esthétique et formel ?
Même si nous nous sommes intéressés, bien entendu, aux histoires
Pourquoi avez-vous souhaité, cette année, centrer le prix sur des personnelles, nous nous sommes laissé séduire par les feuilles, en effet…
artistes que l’on peut qualifier comme appartenant au mouvement Les ports de Pascal Leyder nous font voyager et nous conduisent à Venise
de l’Art brut ou outsider ? ou au temps des gravures du xviii e siècle, quand Mehrdad Rashidi
Il ne s’agit pas d’un effet de mode, car depuis longtemps nous regar- construit des personnages fascinants, liés à des éléments naturels, sur
dons ce type de créateurs qui cultivent un sens du dessin, du trait et un des supports très variés. On peut y voir des inspirations de miniatures
besoin de communiquer leur vision du monde d’une manière totalement persanes. Melvin Way travaille, quant à lui, sur des cartes et des pe-
unique. Par ailleurs, nous avions déjà acquis des œuvres de Luboš Plný, tits formats qui nous mènent vers un monde presque informatisé et
qui réalise un travail d’une rigueur et d’une précision absolues, inter- déshumanisé. C’est très perspicace.
rogeant son rapport au langage et au corps. Cela rejoint notre passion
pour le dessin représentant un geste premier, totalement magnifié par Ne sera-t-il pas d’autant plus difficile de juger et départager
ces artistes. Il s’agit souvent de leur principal moyen d’expression, sans ces artistes ?
aucun filtre, et l’on peut penser que l’art des hommes préhistoriques C’est une édition de notre prix de dessin qui va toucher particulièrement
dégageait la même intensité. Nos trois nommés témoignent, également les sensibilités de chacun. Notre jury comportant deux collectionneurs
par leur caractère obsessionnel et compulsif, d’une sensibilité rare. d’Art brut et deux psychiatres, les débats promettent d’être intenses !
Mais nous revenons vraiment à l’œuvre et à ce qui y est représenté, soit à
Comment avez-vous d’ailleurs choisi Pascal Leyder, Mehrdad Rashidi l’essence même du dessin. Cela renvoie également au sentiment que l’on
et Melvin Way, les trois nommés de cette année ? éprouve quand on découvre un artiste que l’on ne connaît pas et qui peut
Comme précédemment, ce sont les membres de notre comité de sélec- engendrer un coup de cœur spontané, sans aucun a priori préalable !
Biographie

PASCAL
Né en 1988 à Bastogne,
Pascal Leyder est arrivé
à La “ S ” Grand Atelier,
à Vielsalm en Belgique,
en 2008, à la suite d’un
stage scolaire et fréquente
désormais régulièrement
son atelier d’art plastique.
Il participe aussi au projet Admirant l’univers de la cartographie ou d’autres Pakito Bonilo. Il adore aussi les films de la série des
« Choolers Noise Project », formes d’illustrations pop, Pascal Leyder en donne Harry Potter, qu’il dévore en allant au cinéma avec sa
au sein duquel il dessine une interprétation toute personnelle, qui peut mêler famille. Enfant des écrans, habitué aux images mou-
en live, accompagné des moments de son intimité à une vision du monde vantes des télévisions ou des tablettes, il a appris à en
d’une musique bruitiste. se situant hors du temps. observer les différents modes de représentation. Il les
Ses œuvres sont dans Dire qu’un artiste dessine comme il respire est peut-être scrute ou en extrait certains détails, même si son trait
les collections du Lam un poncif, mais c’est bien le cas de Pascal Leyder. Quoti- vif et vigoureux, voire brut, ne les reproduit pas toujours
(Villeneuve-d'Ascq), diennement, inlassablement, chez lui ou à La “ S ” Grand frontalement dans son propre travail. Pascal Leyder
du musée du Docteur Atelier, dont il est résident, il se saisit de grandes feuilles croque des personnages et des foules dont les visages
Guislain (Gand), qu’il recouvre de feutre, à un rythme rapide et insatiable. sont griffonnés, mais aussi des caractères francs, affir-
du Museum of Everything S’inspirant de multiples ouvrages, cartographies ou plans més, presque robotisés. Il imagine également des ani-
(Londres), du musée des détenus par la bibliothèque du Centre d’art brut et contem- maux ou créatures hybrides, en y ajoutant des phrases
Arts modestes (Sète), porain, il s’en sert comme source ou matrice, pour des aux significations mystérieuses… Quand il s’inspire
de la Collection abc invitations au voyage. Il peut y ajouter des éléments de son plus directement de cartographies, il glorifie des îles
(Montreuil), ainsi que dans quotidien et des émotions qui le nourrissent, incluant le et des monts, s’oublie dans les vastes espaces marins
la donation faite par Bruno domaine amical ou amoureux. Tout est réalisé du premier afin d’en recréer, dans son esprit, les légendes les plus
Decharme au Mnam-Centre jet et l’artiste ne retravaille ni ne corrige jamais ses traits. profondes. Les plans lui inspirent des bâtiments mul-
Pompidou. Ses dessins Il emploie, avec abondance, la totalité de son support, tiples au sein desquels s’invite la couleur du feutre ou
sont régulièrement multipliant les lignes ou glorifiant sa propre signature, de l’encre. Alors les volutes et les lignes se multiplient
publiés dans des ouvrages par laquelle il peut parfois débuter son œuvre. dans ce geste fluide qui semble accompagner un dé-
collectifs d’illustration Les goûts de Pascal Leyder sont éclectiques et ne boudent roulé de pensées ininterrompues. Mais il s’agit bien ici
et de graphisme, pas – bien au contraire – la culture populaire des comics d’interprétations faites par le spectateur, sachant que
notamment par les éditions ou des BD et il entretient même depuis plusieurs années Pascal Leyder communique très peu par la parole et
Le Dernier Cri et Frémok. un protocole d’échanges de dessins avec le plasticien s’exprime principalement par le médium du dessin.
Sans titre, techniques Sans titre,
mixtes sur papier, techniques
50 x 130 cm mixtes sur papier,
Courtesy Escale 50 x 70 cm
Nomade, Paris. Courtesy Escale
©André Morin. Nomade, Paris.
©André Morin.

LEYDER

Sans titre,
techniques
mixtes sur papier,
100 x 140 cm
Courtesy Escale
Nomade, Paris.
©André Morin.
Biographie Par des figures qui se multiplient inlassa-
Né en 1963 à Sari, blement et des évocations paysagères ou
Mehrdad Rashidi quitte maritimes, Mehrdad Rashidi convoque des
l’Iran à l’âge de 20 ans. réminiscences de son Iran natal, mâtiné de
Il traverse le Pakistan poèmes et de références musicales, oscillant
puis l’Afghanistan, avant entre espoir et nostalgie.
d’arriver en Russie où Au premier regard, on ne devine pas immédia-
il étudie le journalisme. tement les sujets traités, même si l’on retrouve
Il s’installe en Allemagne beaucoup de visages, notamment de femmes
en 2006 et, aujourd’hui, voilées, mais aussi des créatures hybrides, des
vit et travaille près de oiseaux, des perspectives ou des architectures.
Düsseldorf. Bien qu’il Mehrdad Rashidi construit ses univers par
dessinât enfant, il ne des petits cercles ininterrompus formant des
recommence à exercer lignes, travaillant tout autant les petits formats
cette pratique qu’en que des plages de papier pouvant s’étendre sur
2006. En 2013, il reçoit plusieurs mètres. Alors, comme dans un récit à
le Grand Prix Award tiroirs ou un cadavre exquis contemporain, cet
for Marginal Art à la homme au langage fleuri trace une narration,
16e Biennale d’art naïf au fil d’une feuille qu’il déroule progressive-
et marginal de Belgrade ment. Des pages de livres ou des cartes peuvent
et participera à la constituer d’autres supports, accueillant les
3e Triennale de Jagodina thèmes qui donnent des clefs sur la biographie
(Serbie). Son œuvre fait de l’artiste. L’Iran, ce pays qu’il a fui depuis
partie de la Collection bien longtemps, reste omniprésent dans ses
de l’Art brut (Lausanne) pensées et il en suit tout autant l’actualité qu’il
ainsi que de la donation en écoute les musiques ou en ajoute des écrits
Bruno Decharme à ses tracés déliés. Il peut s’agir de ses auteurs
au Mnam-Centre préférés, Forough Farrokhzad et Mehdi Akha-
Pompidou. Il est van-Sales, ou encore de poèmes qu’il compose
représenté par la lui-même depuis l’âge de 8 ans.
galerie Henry Boxer À cet état de conscience et de faits, qui l’en-
(Richmond). traîne parfois vers des réflexions sur la solitude et la dé- Mehrdad Rashidi aime que son travail parle de lui-même,
sillusion, Mehrdad Rashidi ajoute la poésie du végétal telle une symphonie musicale agissant sur nos sentiments
et de l’animal. Quand ses premières feuilles tançaient sans explication nécessaire. Adoptant les préceptes du
un régime iranien propulsé au fin fond de la mer Cas- prophète Zarathoustra, fondateur du zoroastrisme vers
pienne ou glorifiaient une femme prête à accoucher d’une 1000 avant Jésus-Christ, il s’inscrit dans cette célébration
nouvelle génération clamant sa liberté, aujourd’hui, il de toute créature vivante et place les animaux au même
se consacre davantage à la recherche d’une unité avec rang que les hommes. Alors, quand le bruit de la ville lui
la nature. L’important est que la lumière surgisse des semble assourdissant, il part en forêt, non loin de chez
ténèbres, ce que l’artiste symbolise bien par la concen- lui, et se réfugie au milieu des arbres, dont l’écorce lui
tration d’encre noire, contrastant avec le blanc de la feuille. sert parfois de support pour ses dessins…

MEHRDAD
RASHIDI
Sans titre,
techniques mixtes
sur papier de
récupération,
Sans titre, 11,6 x 17,7 cm
techniques mixtes Courtesy Henry
sur papier de Boxer Gallery,
récupération, Richmond.
23,7 x 15 cm ©André Morin.
Courtesy Henry
Boxer Gallery,
Richmond.
©André Morin.

Sans titre, 2015,


techniques mixtes
sur papier de
récupération,
11,8 x 7,8 cm
Courtesy Henry
Boxer Gallery,
Richmond.
©André Morin.
Lyreeverette,
n.d., stylo à
bille sur papier,
11,4 x 10,2 cm
Courtesy Andrew
Edlin Gallery,
New York.
©André Morin.

Biographie
Melvin Way est né
en 1954 en Caroline
du Sud. Confié à un
parent de sa famille,
il grandit à Brooklyn,
où il débutera au
Technical Career
Institute des études
qu’il ne poursuivra
pas. Après un
parcours chaotique,

MELVIN
il commence
à dessiner à la fin
des années 1980.
Aujourd’hui, il vit
à Brooklyn. Son
œuvre fait partie

WAY
des collections du
MoMA (New York)
et du Smithsonian
(Washington), mais
aussi de la Collection
abcd (Montreuil),
de la Collection de
l’Art brut (Lausanne),
de l’American Passionné par les sciences et les formules mathématiques, mais aussi en bleu, vert, rouge ou rose. Ces dernières
Visionary Art Museum Melvin Way regarde et analyse l’humanité, en produisant années, il a pris de plus en plus de libertés avec la couleur
(Baltimore), de la quantité de talismans qui le protègent tout au long de du feutre ou de l’encre et avec la notion d’espace, aérant
Collection Treger son parcours de vie. ses signes sur des surfaces toujours très réduites. Elles
Saint Silvestre (Porto) Suivre l’itinéraire de Melvin Way, c’est aussi se plonger détiennent des formules scientifiques, réelles ou magiques,
ainsi que de la donation dans la matrice de New York… S’immiscer dans le que l’homme peut aisément expliquer, même s’il enrichit
Bruno Decharme Brooklyn des années 1960 où il grandit, avant d’atterrir son discours de propos mystiques sur ses nombreuses
au Mnam-Centre sur l’île de Ward, où il fut un temps SDF, avant de se ré- vies et métiers. Affirmant, entre autres, avoir été président
Pompidou (Paris). fugier au sein d’un hôpital psychiatrique. Il y rencontre le des États-Unis plus de trente fois à aujourd’hui 68 ans, il
Il est représenté par plasticien et éducateur Andrew Castrucci, qui l’encourage atteindra 473 ans l’an prochain… Cela lui permet d’ob-
les galeries Andrew dans son travail naissant. Petit à petit, il développe un uni- server et de s’interroger sur le monde dont il pense avoir
Edlin (New York) et vers constitué de milliers de papiers couverts d’écritures, acheté de nombreux pays, tels que Porto Rico, ou des
Christian Berst (Paris). de lettres ou de chiffres, le plus souvent en noir et blanc, villes comme New York.
Sans titre, v. 2010,
encre sur papier
et Scotch,
10 x 15 cm
Collection
particulière.
©César Decharme.

Sans titre, v. 2010,


encre sur papier
et Scotch,
15 x 10 cm
Collection
particulière.
©César Decharme.

Melvin Way voit la vie humaine comme une sphère et il


rappelle que ses premiers dessins portaient sur l’existence
du temps. Il se concentre ainsi sur les caractéristiques des
atomes ou des ions, inscrits très vite et de manière obses-
sionnelle sur ses feuilles, afin d’accompagner sa vivacité
d’esprit. Ses écritures cabalistiques traitent également
de médecine réparatrice, évoquant la fragmentation du
corps humain, avant d’embrasser le système solaire et
l’univers. Mû uniquement par ses propres réflexions, il
s’approche, par hasard ou par génie et depuis plusieurs
années, des questionnements sur la notion de genre et
pose même celui de la racialité. Car ils l’entraînent vers
une réflexion beaucoup plus ample sur la solitude et la
finitude. L’ayant expérimenté quand il vivait dans la rue,
Melvin Way parle du fait d’être invisible et le transmet
dans ses formules volontairement complexes et difficiles
à déchiffrer. Sans avoir de formation artistique, il visite
les musées et les églises, s’attardant à regarder les tableaux
des grands maîtres. Dans un positionnement d’égal à égal
et avec sa fantaisie temporelle, il pourrait sous-entendre
être l’auteur de certaines toiles (il dit être la main de Rem-
brandt) avant de retourner à ses innombrables dessins,
qui sont à la fois son refuge et sa protection.
RENSEIGNEMENTS
PRATIQUES

Pascal Leyder,
Sans titre,
techniques
mixtes sur papier,
40 x 53 cm
Courtesy Escale
Nomade, Paris.
©André Morin.

Le Prix de dessin En 2007, Florence et Daniel Guerlain


décident de se recentrer sur leur passion
au cabinet d’art graphique du Musée
national d’art moderne-Centre Pompidou.
de la Fondation d’art du dessin et créent le Prix de dessin Depuis sa création, le Prix a récompensé
contemporain Daniel et contemporain. Destiné aux artistes Silvia Bächli, Sandra Vásquez de la Horra,
utilisant le dessin comme principal vecteur Catharina Van Eetvelde, Marcel Van Eeden,
Florence Guerlain 2023 de création, il soutient trois artistes par an. Jorinde Voigt, Susan Hefuna, Tomasz
Le Prix de dessin est soutenu par : Depuis 2010, la remise du Prix se fait Kowalski, Jockum Nordström, Cameron
« Le Cercle des Amis », la maison Guerlain, au sein du Salon du dessin, dédié au dessin Jamie, Ciprian Muresan, Mamma
la banque Neuflize OBC, Artcurial, Artprice ancien et moderne, qui réunit collectionneurs, Andersson, Claire Morgan, Juan Uslé,
by ArtMarket.com, Voisin Consulting spécialistes et institutionnels du monde Françoise Pétrovitch et Olga Chernysheva.
Life Sciences, le Groupe Élysées Monceau, entier et permet de nourrir de nombreuses
le Groupe Pasteur Mutualité, PatrimOne réflexions sur la présentation et la
assurances, Arte Generali, le Salon conservation des œuvres sur papier. Fondation d’art contemporain
du dessin, les Beaux-Arts de Paris, Le lauréat reçoit une dotation de 15 000 € Daniel & Florence Guerlain
la maison Ruinart, Dynaprint. et les deux autres artistes sélectionnés 88, boulevard Malesherbes, 75008 Paris
5000 € chacun. Par ailleurs, une œuvre fdg2@wanadoo.fr +33 6 44 13 99 14
du lauréat est offerte par la Fondation www.fondationdfguerlain.com

L’annonce du nom Une exposition des œuvres des trois Les membres du jury sont : conservatrice générale honoraire
des trois artistes artistes sélectionnés sera présentée Karin Dammann, Suisse, du patrimoine, Yuan-Chih Cheng,
sélectionnés au Salon du dessin qui se tiendra au Gustavo Giacosa, Italo-Argentin, conseiller à la Direction générale
a été faite le jeudi palais Brongniart, place de la Bourse Kalle Levon, Américain, de la Création artistique,
15 décembre 2022 à Paris, du 22 au 27 mars 2023. Giovanni Springmeier, Allemand, Hervé Halgand, collectionneur,
Le jury se réunira le 23 mars et Antoine de Galbert, Sébastien Lucia Pesapane, conservateur
l’annonce du lauréat sera faite Lebrec, Laurence Poirel, Florence et commissaire d’exposition,
le jour même. & Daniel Guerlain, Français. Florence et Daniel Guerlain,
Les membres de la commission collectionneurs et fondateurs
sont : Emmanuelle Brugerolles, du prix.
Muséum national d’Histoire naturelle, Collection des vélins, portefeuille 41, folio 49. Cliché Tony Querrec (RMN) ©. Design : Olivier Andreotti (Toluca Studio)

20

75002 Paris

Invité d’honneur :
23

Place de la Bourse
22

Palais Brongniart
27 M ARS

Le Musée de l’Armée — Invalides


salondudessin.com
Fragment de
statue royale,
torse de
Nectanébo ier,
pierre,
poids 237 kg

Auguste Rodin,
Torse de Jeune
femme cambrée,
grand modèle,
1910, plâtre,
poids 18 kg

ARCHÉOLOGIA
Photographies, visuel gauche ©agence photographique
du musée Rodin— Pauline Hisbacq,
visuel droite ©musée Rodin— Hervé Lewandowski
Conception graphique— integral designers ∫
par Sylvie Ragey

les HHH de la rédaction GRAND PARIS


PARIS INSTITUTIONS
EVIDENCE : PATTI SMITH
& SOUNDWALK COLLECTIVE
GRAND PARIS •20 octobre-23 janvier
ALICE NEEL
MICKALENE THOMAS : AVEC MONET (p. 52)
et SAM SZAFRAN (1934-2019). OBSESSIONS •Centre
5 octobre-16 janvier
Pompidou. Place
D’UN PEINTRE (p. 76). Musée de
G.-Pompidou. 0144781233
l’Orangerie
LOUIS XV. PASSIONS D’UN ROI. Château GLOBAL AWARD
de Versailles (« Connaissance des Arts » FOR SUSTAINABLE
n° 820, p. 54) ARCHITECTURE 2022
LES CHOSES. Musée du Louvre •15 octobre-30 janvier
(« Connaissance des Arts » n° 819, p. 44) ART DÉCO FRANCE-
AMÉRIQUE DU NORD
ALICE NEEL. Centre Pompidou
(« Connaissance des Arts » n° 819, p. 58) •Cité21 deoctobre-6 mars
l’architecture et du
ERWIN BLUMENFELD 1930-1950. Musée patrimoine. 1, place du
d’art et d’histoire du Judaïsme Trocadéro et du 11 Novembre.
(« Connaissance des Arts » n° 819, p. 70) 01 58 51 52 00
HYPERRÉALISME. Musée Maillol
(« Connaissance des Arts » n° 819, p. 86) LAURENT GRASSO
JOAN MITCHELL, RÉTROSPECTIVE •Collège
14 octobre-18 février
des Bernardins.
et MONET-MITCHELL. Fondation Louis
Vuitton (« Connaissance des Arts » 20, rue de Poissy. 01 53 10 74 44
n° 818, p. 46)
ORS ET TRÉSORS, 3000 ANS
OSKAR KOKOSCHKA. MAM Paris D’ORNEMENTS CHINOIS
(« Connaissance des Arts » n° 818, p. 73)
ART DÉCO FRANCE-AMÉRIQUE DU NORD.
•1 décembre-14 avril
er

École des Arts joailliers.


Cité de l’architecture et du patrimoine 31, rue Danielle-Casanova.
(« Connaissance des Arts » n° 818, p. 90) 01 70 70 38 40
Joan Mitchell
EDVARD MUNCH. Musée d’Orsay Quatuor II
(« Connaissance des Arts » n° 817, p. 44) FABRICE HYBER, LA VALLÉE
•Fondation
for Betsy Jolas,
FÜSSLI. Musée Jacquemart-André 1976, h/t, 8 décembre-30 avril
(« Connaissance des Arts » n° 817, p. 58) 279,4 x 681 cm, Cartier pour l’art
FACE AU SOLEIL. UN ASTRE DANS LES ARTS. détail contemporain. 261, boulevard
Musée Marmottan Monet PARIS, CENTRE Raspail. 01 42 18 56 50
POMPIDOU.
(« Connaissance des Arts » n° 817, p. 70) EN DÉPÔT AU MUSÉE
DE GRENOBLE. LÉON BONVIN (1834-1866).
UNE POÉSIE DU RÉEL
RÉGIONS
YVES KLEIN, INTIME. Hôtel de Caumont, William Morris
•Fondation
8 octobre-8 janvier
Custodia. 121, rue
Aix-en-Provence (p. 38) Fruits, papier de Lille. 01 47 05 75 19
POUSSIN ET L’AMOUR. Musée des peint créé en
Beaux-Arts, Lyon (p. 46) 1865-1866 JOAN MITCHELL (1925-1992)
LONDRES, V&A et MONET-MITCHELL
FABIENNE VERDIER. LE CHANT DES ÉTOILES.
Musée Unterlinden, Colmar
MUSEUM. ©PHOTO
DE PRESSE RMN. • 5 octobre-27 février
Fondation Louis Vuitton.
(« Connaissance des Arts » n° 820, p. 40)
8, av. du Mahatma-Gandhi.
WILLIAM MORRIS. L’ART DANS TOUT.
01 40 69 96 00
La Piscine, Roubaix (« Connaissance
des Arts » n° 820, p. 92)
LOUIS BOULANGER
CHAMPOLLION. LA VOIE DES HIÉROGLYPHES.
Musée du Louvre, Lens (« Connaissance •Maison
10 novembre-5 mars
de Victor Hugo. 6, place
des Arts » n° 819, p. 74)
des Vosges. 01 42 72 10 16
INTERNATIONAL LE CHIC ! ARTS DÉCORATIFS
COLLECTIONNEUSES ROTHSCHILD. ET MOBILIER DE 1930 À 1960
MÉCÈNES ET DONATRICES D’EXCEPTION.
Musée de La Boverie, Liège (p. 58)
•Mobilier
12 octobre-29 janvier
national. 42, avenue
NIKI DE SAINT PHALLE. Kunsthaus, des Gobelins. 01 44 08 53 49
Zurich (« Connaissance des Arts »
n° 820, p. 42) LES TRIBULATIONS D’ERWIN
BLUMENFELD 1930-1950
•Musée
À PLEIN VOLUME : BASQUIAT ET LA MUSIQUE.
Musée des Beaux-Arts, Montréal et Jean-Michel Basquiat Light Blue Movers, 1987, 13 octobre-5 mars
BASQUIAT. LA RÉTROSPECTIVE. Albertina, acrylique et pastel gras sur toile, 274 x 285 cm d’art et d’histoire
Vienne (« Connaissance des Arts » NICOLA ERNI COLLECTION, RETO PEDRINI PHOTOGRAPHY. du Judaïsme. 71, rue du
n° 820, p.48) © ESTATE OF JEAN-MICHEL BASQUIAT/ ARTESTAR, NY. Temple. 01 53 01 86 60

CONNAISSANCE DES ARTS / JANVIER 2023 l 113


Gérard Titus-Carmel Ramures, peinture n° 3, 2015, acrylique sur toile, 146 x 114 cm, détail. COLL. PART.
Exposition « Gérard Titus Carmel » au musée Paul Valéry, Sète.

OSKAR KOKOSCHKA HYPERRÉALISME MUSICANIMALE, LE GRAND Musée de Picardie. 2, rue


•23 septembre-12 février •Musée
8 septembre-5 mars
Maillol. 59-61, rue
BESTIAIRE SONORE
•20 septembre-29 janvier Puvis-de-Chavannes.
03 22 97 14 00
FRANCISCO TROPA
•Musée
15 octobre-29 janvier
d’Art moderne de Paris.
de Grenelle. 01 42 22 59 58 Philharmonie de Paris. 221, av.
Jean-Jaurès. 01 44 84 44 84 BESANÇON
FACE AU SOLEIL.
11, av. du Président-Wilson. LE BEAU SIÈCLE
01 53 67 40 00
UN ASTRE DANS LES ARTS
•Musée
21 septembre-29 janvier
Marmottan Monet.
PARIS GALERIES
UNDER THE SUN – AROUND
•Musée
10 novembre-19 mars
des Beaux-Arts et
THE WORLD. ROLAND BEAUFRE
ANNÉES 80, MODE, DESIGN
ET GRAPHISME EN FRANCE
2, rue Louis-Boilly. 0144965033
•Alb6 décembre-6 janvier
d’Archéologie. 1, place de
la Révolution. 03 81 87 80 67
•13 octobre-16 avril FERNANDE RACONTE
"PICASSO ET SES AMIS"
Antiquités-Antoine
Broccardo. 6, rue de Beaune.
SHOCKING ! LES MONDES
SURRÉALISTES • 14 octobre-19 février 06 14 08 30 30
BORDEAUX
NESTOR PERKAL
D’ELSA SCHIAPARELLI
•Musée
6 juillet-22 janvier
Musée de Montmartre.
12, rue Cortot. 01 49 25 89 39 HANS-JÖRG GEORGI
•Musée
6 octobre-8 janvier
des Arts décoratifs. 107, •8 décembre-15 janvier
Galerie Christian Berst
des Arts décoratifs
et du Design. 39, rue
rue de Rivoli. 01 44 55 57 50 AFGHANISTAN. Bouffard. 05 56 10 14 00
OMBRES ET LÉGENDES Art brut. 3 et 6, passage des
CAROLEIN SMIT •Musée
26 octobre-6 février Gravilliers. 01 53 33 01 70
•Musée
18 octobre-5 mars
de la Chasse et de la
national des arts
asiatiques Guimet. 6, place L’ART MODERNE SEX(E)POSE
COLMAR
FABIENNE VERDIER.
Nature. 62, rue des Archives.
01 53 01 92 40
d’Iéna. 01 56 52 54 33 •Helene
5 novembre-12 janvier
Bailly Gallery.
LE CHANT DES ÉTOILES
• 1er octobre-27 mars
SAM SZAFRAN (1934-2019). Musée Unterlinden.
71, rue du Faubourg-Saint- Place Unterlinden.
OBSESSIONS D’UN PEINTRE
TOULOUSE, 1300-1400. L’ÉCLAT
D’UN GOTHIQUE MÉRIDIONAL •28 septembre-16 janvier Honoré. 01 44 51 51 51 03 89 20 15 50
• 18 octobre-22 janvier MICKALENE THOMAS :
MIMMO JODICE. ATTESA
Musée de Cluny, Musée
AVEC MONET
•Musée
13 octobre-6 février •Galerie
5 novembre-7 janvier
DUNKERQUE
HORIZON(S)
national du Moyen-Âge.
28, rue Du Sommerard.
de l’Orangerie. Place
de la Concorde. 01 44 77 80 07
Karsten Greve. 5, rue
Debelleyme. 01 42 77 19 37 •Frac
17 septembre-23 avril
Grand Large. 503, av.
01 53 73 78 00
des Bancs-de-Flandres.
JEAN-FRANÇOIS RAUZIER
•Galerie
EDVARD MUNCH 03 28 65 84 20
ARTS ET PRÉHISTOIRE
•Musée
16 novembre-22 mai
•20 septembre-22 janvier 8 décembre-21 janvier
Guillaume. 32, rue
ROSA BONHEUR (1822-1899) FONTEVRAUD-L’ABBAYE
de l’Homme. 17, place
du Trocadéro. 01 44 05 72 72 •Musée
18 octobre-15 janvier
d’Orsay. 1, rue de la
de Penthièvre. 01 44 71 07 72
AU FIL DU SACRÉ.
UNE MODE EN SOIE
FÜSSLI

Légion-d’Honneur. 01 40 49 48 14 VERSAILLES
LOUIS XV, PASSIONS D’UN ROI
•Abbaye
8 octobre-30 janvier
16 septembre-23 janvier
Musée Jacquemart-André. KIMONO •Château
18 octobre-19 février
royale de Fontevraud.
www.fontevraud.fr
158, bd Haussmann.
01 45 62 11 59
•Musée
22 novembre-28 mai
du Quai Branly-
de Versailles.
Place d’Armes. 01 30 83 78 00
LE MANS
Jacques Chirac. 37, quai Branly. L’ÉTOFFE DES FLAMANDS.
LES CHOSES. UNE HISTOIRE 01 56 61 70 00 RÉGIONS MODE ET PEINTURE AU XVIIe s.
DE LA NATURE MORTE
•Musée
12 octobre-23 janvier
FRIDA KAHLO.
AIX-EN-PROVENCE •Musée
22 octobre-29 janvier
de Tessé. 2, avenue
YVES KLEIN, INTIME
du Louvre.
01 40 20 50 50 AU-DELÀ DES APPARENCES
•Palais
15 septembre-5 mars
•Hôtel
28 octobre-26 mars
de Caumont. 3, rue
de Paderborn. 02 43 47 38 51
Galliera. 10, av. Pierre-I -
er
Joseph-Cabassol. 04 42 20 70 01 LENS
MIROIR DU MONDE, de-Serbie. 01 56 52 86 00
CHEFS-D’ŒUVRE DU CABINET CHAMPOLLION. LA VOIE
AMIENS DES HIÉROGLYHES
D’ART DE DRESDE
•14 septembre-15 janvier
Musée du Luxembourg.
WALTER SICKERT (1860-1942)
•Petit
14 octobre-29 janvier
DE VERSAILLES À AMIENS •Musée
28 septembre-16 janvier
du Louvre-Lens.
- CHEFS-D’ŒUVRE DE LA
19, rue de Vaugirard. Palais. Avenue Winston- CHAMBRE DU ROI-SOLEIL 99, rue Paul-Bert.
01 40 13 62 00 Churchill. 01 53 43 40 00 •24 septembre-26 février 03 21 18 62 62

114 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


cite-vitrail.fr

Le vitrail
n’a pas
attendu le rock
pour créer
des icônes
nouveau hors série
LYON SAINT-PIERRE-
POUSSIN ET L’AMOUR DE-VARENGEVILLE
•Musée
26 novembre-5 mars SABINE MEIER
des Beaux-Arts.
20, place des Terreaux.
•8 octobre-29 janvier
ANNA LEHESPALU
04 72 10 17 40 •Matmut
22 octobre-12 février
pour les arts. 425, rue
MARSEILLE du Château. 02 35 05 61 73
GHADA AMER
•2 décembre-16 avril SÈTE
AMITIÉS, CRÉATIVITÉ GÉRARD TITUS-CARMEL
COLLECTIVE
•Mucem.
16 octobre-13 février •Musée
10 décembre-12 février
Paul Valéry.
1, esplanade du J4. 148, rue François-Desnoyer.
04 84 35 13 13 04 99 04 76 16
AU BORD DE L’EAU TOUCY
PAR VINCENT BIOULÈS
•Musée
13 décembre-21 mai
Regards de Provence.
BARBRO ÅBERG, PÁLMA
BABOS, THOMAS BOHLE,
JIN EUI KIM, AHRYUN LEE
Av. Vaudoyer. 04 96 17 40 40 •Galerie
7 janvier-5 février
de l’Ancienne Poste.
METZ Place de l’Hôtel-de-Ville.
LES PORTES DU POSSIBLE. 03 86 74 33 00
ART & SCIENCE-FICTION
•5 novembre-10 avril TOULOUSE
MIMÉSIS. UN DESIGN VIVANT
•11 juin-6 février
NIKI DE SAINT PHALLE.
N° 1005 Laurent Grasso. Anima. LES ANNÉES 1980 ET 1990 :
L’ART EN LIBERTÉ
Collège des Bernardins, Paris
Pour sa carte blanche au Collège des Bernardins à Paris, l'artiste conceptuel
THOMAS HOUSEAGO
•Centre
7 mai-24 avril •Les7 octobre-5 mars
Abattoirs-Musée-Frac
Laurent Grasso dévoile son film Anima, auquel fait écho un corpus de Pompidou-Metz.
1, parvis des Droits-de- Occitanie. 76, allées Charles-
peintures et sculptures. Ce hors-série revient sur de-Fitte. 05 34 51 10 60
l’univers mystérieux d’un artiste qui mêle recherche l’Homme. 03 87 15 39 39
artistique et exploration scientifique, troublant les VILLENEUVE-D’ASCQ
frontières entre passé et présent, réel et imaginaire. MONTPELLIER
MÉTAMORPHOSE. CHERCHER L’OR DU TEMPS :
! 52 pp., 36 ill., 11 € (français/anglais) LA PHOTOGRAPHIE SURRÉALISME, ART NATUREL,
ART BRUT, ART MAGIQUE
EN FRANCE 1968-1989
•Pavillon
29 octobre-15 janvier •14 octobre-29 janvier
BON DE COMMANDE populaire. Esplanade
Charles-de-Gaulle. 04 67 34 70 00
ÉTIENNE CHAMBAUD
•LaM.
7 octobre-22 janvier
À retourner sous enveloppe non affranchie à : « Connaissance des Arts » 1, allée du Musée.
Service Abonnements - Libre Réponse 75159 – 60647 Chantilly cedex MONTSOREAU 03 20 19 68 68
FOUS DE PROUST
Je souhaite commander le hors-série n°1005
ci-dessus au tarif de 11 € le numéro + frais de transport : •Château
18 novembre-30 mars
de Montsoreau.
ALLEMAGNE
2 € en France = 13 € FRANCFORT
Passage du Marquis-
6,50 € pour les Dom-Tom et l’étranger = 17,50 € GUIDO RENI : LE DIVIN

Mes coordonnées
de-Geoffre. 02 41 67 12 60
•Städel
23 novembre-5 mars
Museum. Schaumainkai
NANTES 63. 49 69 605098 200
o M o Mme o Mlle INDE. REFLETS DE
MONDES SACRÉS
•Château
Nom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . MUNICH
15 octobre-23 avril
Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des ducs de Bretagne. KUNST UND LEBEN/
ART AND LIFE, 1918-1955
Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.....................................................................
4, place Marc-Elder. 0811464644
•Städtische
15 octobre-16 avril
Galerie im
RODEZ
Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal Lenbachhaus. Luisenstrasse 33.
RCR ARQUITECTES. 49 89 233 969 33
Pays (si étranger) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ICI ET AILLEURS, LA MATIÈRE
ET LE TEMPS
CDA821/HS1005
•Musée
17 décembre-7 mai
Soulages. Jardin du
AUTRICHE
Je joins mon règlement par VIENNE
o Chèque établi à l’ordre de «SFPA Connaissance des Arts» Foirail. Avenue Victor-Hugo. BASQUIAT. LA RÉTROSPECTIVE

o Carte bancaire N°
05 65 73 83 94
•Albertina.
9 septembre-8 janvier
Albertinaplatz 1.
ROUBAIX 43 1 534 83
Date d’expiration : Date et signature obligatoires :
WILLIAM MORRIS 1834-1896.
L’ART DANS TOUT
•La8Piscine,
Notez les 3 derniers chiffres du
numéro inscrit au dos de votre carte, octobre-8 janvier BELGIQUE
près de la signature :
musée d’art et BRUXELLES
d’industrie André Diligent. BRAFA ART FAIR
Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez
d’un droit d’accès et de rectification quant aux informations vous concernant,
que vous pouvez exercer librement auprès de « Connaissance des Arts ».
23, rue de l’Espérance.
03 20 69 23 60
•Palais
29 janvier-5 février
3 et 4 de Brussels Expo.
nouveau hors série
Heysel. 1, place de Belgique. Tate Modern. Bankside.
32 2 513 48 31 44 20 7887 8888

PICASSO & ABSTRACTION ITALIE


•14 octobre-12 février
Musées royaux des Beaux-Arts
FLORENCE
OLAFUR ELIASSON
de Belgique. 3, rue de la
Régence. 322 508 32 11
•Palazzo
22 septembre-22 janvier
Strozzi. Piazza
Strozzi. 39 55 2645155
LIÈGE
COLLECTIONNEUSES GÊNES
ROTHSCHILD. MÉCÈNES ET
RUBENS À GÊNES
DONATRICES D’EXCEPTION
•Musée
21 octobre-26 février •Palazzo
6 octobre-22 janvier
ducale. 9, piazza
de La Boverie. Parc
de la Boverie. 32 4 238 55 01 Giacomo Matteotti.
39 10 817 1600
CANADA ROME
MONTRÉAL MERVEILLE HORS DU TEMPS.
À PLEIN VOLUME : LA PEINTURE SUR PIERRE
AU XVII e À ROME
BASQUIAT ET LA MUSIQUE
•15 octobre-19 février •Galleria
25 octobre-29 janvier
Borghese. Piazzale
DIANE ARBUS. PHOTOS, 1956-71
•Musée
14 septembre-29 janvier
des Beaux-Arts.
Scipione Borghese, 5.
39 68413979
1380, rue Sherbrooke Ouest.
1 514 285 2000 150 PHOTOGRAPHIES DE
LA COLLECTION BACHELOT
ESPAGNE •Académie
7 octobre-26 février
de France à Rome,
MADRID Villa Médicis. Viale della
PICASSO/CHANEL Trinità dei Monti. 39 6 67611
•Museo
11 octobre-15 janvier
Nacional Thyssen- PAYS-BAS
Bornemisza. 8, paseo del AMSTERDAM
Prado. 34 91 791 13 70 GOLDEN BOY GUSTAV KLIMT

ÉTATS-UNIS
•Van7 octobre-8 janvier
GoghMuseum.
FORT WORTH Museumplein 6. 31 20 570 5200
MURILLO, DU CIEL À LA TERRE
•Kimbell
19 septembre-29 janvier
Art Museum. 3333
SUISSE
BÂLE
Camp Bowie bd. 817 332 8451. LE COLLECTIONNEUR CURT
GLASER. DE LA DÉFENSE
NEW YORK DE LA MODERNITÉ AUX
PERSÉCUTIONS
KIMONO STYLE : THE JOHN C.
WEBER COLLECTION •22 octobre-19 février
•Metropolitan
7 juin-20 février
Museum
LA MODERNITÉ DÉCHIRÉE.
LES ACQUISITIONS BÂLOISES
D’ART « DÉGÉNÉRÉ »
of Art. 1000 Fifth Avenue.
1 212 535 7710 •Kunstmuseum
22 octobre-19 février
Basel. 20, St
Alban-Graben. 41 61 206 62 62
CUBISME ET TRADITION
DU TROMPE-L’ŒIL
•The20Metropolitan
octobre-22 janvier GENÈVE
ART GENÈVE
Museum
of Art. 1000 Fifth Avenue. •Palexpo.
26-29 janvier
30, route François-
212 535 7710
Peyrot. Le Grand-Saconnex.
41 22 761 11 11. 5 OCTOBRE 2022 — 27 FÉVRIER 2023
GRANDE-BRETAGNE
LONDRES LENS DIALOGUE CLAUDE MONET – JOAN MITCHELL
WINSLOW HOMER YVES KLEIN. RÊVER DANS
•10 septembre-8 janvier
organisé dans le cadre d’un partenariat scientifique avec le Musée Marmottan Monet
LE RÊVE DES AUTRES
THE CREDIT SUISSE
EXHIBITION. LUCIAN FREUD:
• 10 décembre-6 avril
Fondation Opale.1, route
RÉTROSPECTIVE JOAN MITCHELL
co-organisée par le San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA) et le Baltimore
Museum of Art (BMA) avec la Fondation Louis Vuitton
NEW PERSPECTIVES de Crans. 41 27 483 46 10
• 1er octobre-22 janvier
The National Gallery. Trafalgar ZURICH
Réserver sur fondationlouisvuitton.fr et fnac.com
#FondationLouisVuitton #MonetMitchell
Square. 44 20 7747 2885 NIKI DE SAINT PHALLE 8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, Paris

THE EY EXHIBITION CEZANNE


•Kunsthaus
2 septembre-8 janvier
Zurich.
CLAUDE MONET Nymphéas (détail), 1916-1919 Musée Marmottan Monet

•5 octobre-12 mars
JOAN MITCHELL Quatuor II for Betsy Jolas (détail), 1976 Centre Pompidou, en dépôt au Musée de Grenoble © The Estate of Joan Mitchell

1, Heimplatz. 41 44 253 84 84
DI
GI
TAL

Une biennale pour les noctambules


« BIENNALE
Rêves et cauchemars, métamorphoses, sel à Avignon à la Friche la Belle de Mai centes. ©Doug Wong), Claire Williams, DES IMAGINAIRES
transformations des corps et des identi- à Marseille. Master class, rencontres et Yuyan Wang et Dan Archer présentent NUMÉRIQUES 2022 »,
tés sont au programme de cette 3e Bien- workshops complètent les expositions où leurs dernières créations visuelles et Aix-en-Provence,
nale des imaginaires numériques, qui Anouk Kruithof, Caitlind r.c. Brown et sonores, et des performances choisies avec Marseille et Avignon,
www.chroniques.org
a invité plus de quatre-vingts artistes à Wayne Garrett (ill. : Cloud, 2021, sculp- l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles du 10 novembre
envahir le sud de la France, du Grenier à ture, 6000 ampoules LED et incandes- et du gouvernement de Flandre. G. B. au 22 janvier.

D’Appeaux à Zoomorphes
MU De Bernie Krause à Tomas Saraceno, de nom-
breux artistes se sont inspirés des chants d’ani-
SI maux pour créer des musiques uniques. Cou-
QUE cous, baleines, loups et coqs sont les musiciens
d’une vaste expérience immersive à la Philhar-
monie, en cent cinquante œuvres (ill. : Frans
Snyders, Concert d’oiseaux, 1629-1630, h/t, détail. ©Madrid,
musée du Prado) et installations. « Le Chant des oyseaux » du
Tableaux vivants compositeur de la Renaissance Clément Janequin ouvre ce Patti Smith chante
caravagesques cabinet de curiosités conçu par Jean-Hubert Martin comme un la poésie à Beaubourg
parcours alphabétique, d’« appeaux » à « zoomorphes ». G. B.
Sorti en France le
CI 2 8 d é c e mbre , l e « MUSICANIMALE, LE GRAND BESTIAIRE SONORE », MU Poète et dessinatrice, Patti
Smith bénéficie cet hiver
NÉ Caravage de Michele
Philharmonie de Paris, 01 44 84 44 84, www.philharmoniede
paris.fr du 20 septembre au 29 janvier.
SI d’une exposition origi-
MA Placido peut séduire QUE nale au Centre Pompidou.
par la reconstitu- Arthur Rimbaud, Antonin
tion des tableaux Artaud et René Daumal
du célèbre peintre baroque sous sont au centre de cet hommage aux poètes
la forme de tableaux vivants. C’est français, développé depuis les années 2000
l’acteur français Louis Garrel (ill. : par l’artiste américaine et le collectif new-
©Goldenart Production), jouant le yorkais Soundwalk Collective. Des films,
rôle de l’Ombre, qui mène l’enquête des dessins comme un portrait de Rim-
après la condamnation de l’artiste baud prêté par le MoMA (ill. : Portrait
pour meurtre, et Isabelle Huppert de Rimbaud, 1973, crayon et crayon de
endosse les beaux costumes de la couleur sur papier, 50,5 x 40,3 cm, détail.
marquise Costanza Colonna. On NY, MoMA.©2022, Patti Smith), et des
est loin du Caravaggio sulfureux de photographies constituent le cœur de cette
Derek Jarman. G. B. « quête immersive ». G. B.
« CARAVAGE (L’OMBRA DI « EVIDENCE : PATTI SMITH & SOUNDWALK
CARAVAGGIO) », 2022, film de COLLECTIVE », Centre Pompidou,
Michele Placido, 1 h 58 min, www.centrepompidou.fr
Mact Productions / Rai Cinema. du 20 octobre au 23 janvier.

118 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Anonyme, Le Singe peintre, seconde moitié du 18e siècle © Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie, Musée des Beaux-Arts, Cliché : C. Lancien, C. Loisel

Cor ps
Le

à
T

c
e

or
mp

ps
s de s Collections X

.20 22
up de fouet À par tir du 28.10
Caravage. Un co ne le(s) corps uen • Elb euf-sur-Seine
la m o d e fa ç o n 5 musé es • R o
Quand eville • Gratuit
tastiques e -de -Bon d
Céramiques fan Notre -da m
singe ormandie.fr
Malin comme un musees-rouen-n
et âme
Flaubert, Corps
Faites du mail art en nous écrivant ou en nous faisant part de vos réactions à ce numéro des lecteurs

MNR français Bührle recontrôlé


Dans votre éditorial d’octobre dernier, vous fustigez les Merci pour votre rappel passionnant sur les deux
musées suisses qui font amende honorable pour leurs expositions de Bâle et de Berne liées aux achats douteux
acquisitions pendant la Seconde Guerre mondiale. de certains musées suisses. Vous précisez à la fin de
Ne croyez-vous pas qu’il en est de même en France et votre éditorial du numéro 818 que Zurich s’est lancé
que votre pays a encore fort à faire en ce domaine ? dans une recherche sur la collection Bührle que j’ai
Bibiane Ackermann, Genève pu voir récemment. Qui la dirige ? Est-ce sérieux ? Il est
nécessaire de faire la clarté sur certaines œuvres acquises
Je pense que vous vous trompez car, au contraire, j’ai pendant la Seconde Guerre mondiale, même si cela fait mal.
évoqué la démarche salutaire des musées de Bâle, Berne Sophie Meyer, Genève
et Zurich concernant la vérification de provenance des
œuvres de leurs collections. En France, malgré une La ville et le can-
certaine lenteur des recherches sur les MNR (Musées ton de Zurich ainsi
Nationaux Récupération) dans les années 1980-1990, qu e l a Zü rch e r
de nombreux musées font aujourd’hui un excellent Kunstgesellschaft
travail sur les quelque deux mille deux cents œuvres ont choisi le profes-
qui ont été placées sous la responsabilité du ministère seur Felix Uhlmann
des Affaires étrangères et confiées à la garde de cin- p our ce délicat
quante-sept institutions muséales. Chaque MNR dis- projet de contrôler
pose d’un cartel où figure sa qualité de bien spolié et l’indépendance des
récupéré après la Seconde Guerre mondiale. Toutes ces recherches effec-
œuvres doivent être accessibles au public, ce qui exclut tuées jusqu’à pré-
toute mise en réserve pour une longue période. « Ces sent sur la collec-
œuvres ne doivent également jamais sortir du territoire tion Emil Bührle,
et donc ne jamais être prêtées à une exposition à l’étran- déposée depuis
ger », précise le site officiel du ministère de la Culture octobre 2021 dans
(culture.gouv.fr). Les musées de la Ville de Strasbourg, le nouveau bâti-
par exemple, conservent vingt-sept MNR. Pour faci- ment Chipperfield
liter l’identification de leurs propriétaires ou de leurs d u Ku n s t h au s
ayants-droits et pour envisager leur restitution, Domi- (« Connaissance
nique Jacquot, le conservateur en chef du musée des des Arts » n° 807).
Beaux-Arts, et Thibault de Ravel d’Esclapon, maître « Cet examen devra
de conférences à l’Université de Strasbourg, ont monté se faire de manière
une exposition au palais Rohan jusqu’au 15 mai et orga- Ci-dessus indépendante et dans le respect des standards scientifiques les plus
nisé un symposium international. Bien d’autres musées Une enveloppe élevés », soulignent les responsables zurichois. Felix Uhlmann, titulaire
adressée à la
français se sont engagés dans cette même voie mais il rédaction par
de la chaire de droit constitutionnel à l’université de Zurich, va veiller
manque une grande exposition à l’échelon national Paulette Dugard, à l’organisation d’une table ronde pour octroyer le mandat aux experts
pour raconter cette terrible aventure des hommes et de Cournon- et expertes du sujet. Son rapport final est attendu au premier semestre
des œuvres d’art, comme l’avait fait en 2013 le Mémorial d’Auvergne. 2024, puis viendront les recherches elles-mêmes. G. B.
de la Shoah à Paris. G. B.

N’Diaye redécouvert Abonnez-vous à Connaissance des Arts


Dans votre compte-rendu (trop court !) de Abonnement d’un an: 79 €
l’exposition du palais de la Porte dorée, vous Abonnement d’un an pour les étudiants
(photocopie de la carte d’inscription) : 43 €
n’avez pas mentionné le nom de Iba N’Diaye,
qui est la vraie redécouverte parmi ces Coffret-reliure: 12 € + 3 € de port (2 € par coffret supplémentaire)
Ces tarifs sont valables en France métropolitaine.
artistes étrangers venus en France dans
les années 1950-1960. Que lire sur lui ? Adresser votre règlement à: Connaissance des Arts. Service
Abonnements. Libre Réponse 75159. 60647 Chantilly Cedex
Suzanne Vierne, Paris Relations Abonnés: 0155567108
serviceclients@cdesarts.com
Très peu connu, l’artiste sénégalais (1928-2008) mérite
CONNAISSANCE DES ARTS IS PUBLISHED MONTHLY EXCEPT JOINT JULY/AUGUST
vraiment que l’on s’intéresse à son travail. Un livre, « Vous ISSUE. FOR SUBSCRIPTIONS OUTSIDE FRANCE, PLEASE VISIT OUR WEBSIT
avez dit primitif ? Iba N’Diaye, peintre entre continents », BOUTIQUE.CONNAISSANCEDESARTS.COM

est sorti en 2002 aux éditions Adam Biro. G. B.

120 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


lesconférences
La Renaissance
Art et pouvoir dans
les cours d’Europe

10 janvier
Diplomatie et circulation
des œuvres dans l’Europe
de la Renaissance

Comprendre
l’art d’aujourd’hui

19 janvier
Je est un autre :
l’artiste face à lui-même

Inscrivez-vous aux conférences


sur place au tarif de 25 €
ÎTRE
Directeur de la publication À PARA
Gérant de SFPA Pierre Louette
Connaissance des Arts est édité par SFPA
(Société Française de Promotion Artistique),
LE
26
JANVIE
R
SARL au capital de 150 000 €. 304 951 460 RCS Paris.
Commission paritaire 1025 K 79964. ISSN 0293-9274.
Numéro identifiant unique Citeo FR233846_03CWHA
Dépôt légal janvier 2023. 10, boulevard de Grenelle,
CS 10817, 75738 Paris cedex 15. Tél. : 01 87 39 73 00
www.connaissancedesarts.com
Pour obtenir votre correspondant, composer le 0187 39
suivi des chiffres entre parenthèses.
Vermeer en 28 tableaux
Les adresses e-mail se constituent ainsi : Pour la rétrospective Vermeer
initialeduprénomnom@cdesarts.com
e-mail de la rédaction : cda@cdesarts.com qu’il organise du 10 février
ABONNEMENTS : 01 55 56 71 08 au 4 juin, le Rijksmuseum
Fax : 01 55 56 70 38 serviceclients@cdesarts.com d’Amsterdam a réussi la
Directeur de la rédaction Guy Boyer prouesse de réunir vingt-huit
Rédactrice en chef adjointe Céline Lefranc
Secrétaire générale de la rédaction Sylvie Ragey
peintures parmi la petite
Conception graphique trentaine aujourd’hui attribuée
et direction artistique Nathalie Lasserre
Rédactrice-iconographe / Assistante de rédaction
au peintre hollandais du
Delphine Chabaillé xviie siècle. De L’Allégorie de la
Chef de fabrication Mylène Alizon
Assistante Lorena Biggs
foi catholique du Metropolitan
Conseiller de la rédaction (hors-série) Philippe Thomas Museum à La Dentellière
Ont collaboré à ce numéro Chloé Boudet, Valérie du Louvre, ce rassemblement
Bougault, Véronique Bouruet-Aubertot, Myriam
Boutoulle, Françoise Chauvin, Annick Colonna-Césari,
inespéré se transforme en un
Axelle Corty, Jeanne Fouchet-Nahas, Hervé Grandsart, événement à ne pas manquer.
Manuel Jover, Virginie Huet, Jean-François Lasnier,
Marie Maertens, Valérie de Maulmin, Guillaume Morel,
Christophe Provot, Élisabeth Védrenne
Directeur du développement Gilles Chwat (75 54)
Chargé commercial Jérôme Duteil (82 35)
Responsable de la communication Lise Léger (82 37) Les Hockney de la Tate
Rédactrice en chef adjointe des hors-série La Tate Gallery de Londres
et développements numériques Lucie Agache
Hors-série (coordination) Diane de Contades,
a constitué un ensemble
Jean-Michel Charbonnier, Jeanne Fouchet-Nahas, impressionnant et complet de
Raphaëlle Roux l’œuvre du peintre David Hockney
Iconographe des hors-série Mathilde Bonniec
Rédactrice / Assistante de rédaction
(né en 1937). Le 28 janvier, au
Hortense Albisson musée Granet d’Aix-en-Provence,
Rédactrice Web/Responsable du site Internet portraits, natures mortes et
Anne-Sophie Lesage-Münch
Rédactrice Web Agathe Hakoun paysages aux couleurs vives
PUBLICITÉ : LES ECHOS LE PARISIEN MEDIAS vont retracer chronologiquement
Tél. : 01 87 39 78 00 la carrière de ce grand artiste
Pour obtenir votre correspondant, composer
le 01 87 39 suivi des chiffres entre parenthèses. britannique installé en Normandie.
Les adresses e-mail se constituent ainsi :
initialeduprenomnom@lesechosleparisien.fr
Présidente Corinne Mrejen
Directeur général Philippe Pignol
Directrice commerciale du Pôle Culture Loisirs
Emmanuelle Astruc (8319)
Directrice de la publicité
de Connaissance des Arts
Magali Harmange (7527)
Directrice de clientèle Alison Vonthron Nasnas (7559 )
Directeur de clientèle Sébastien Beaurain (7572 )
Technique Isabelle Nassoy (7543), Catherine Lefevre
Directeur pôle international
Nicolas Grivon
Directrice marketing et des revenus clients
Lise Benamou
Connaissance des Arts
est une publication du Groupe Les Échos.
Président-directeur général Pierre Louette Sur les routes
Directeur délégué Bernard Villeneuves
Directrice de Connaissance des Arts
de Samarcande
Claire Lénart Turpin Deux expositions
Droits de reproduction textes et illustrations réservés pour concomitantes vont vous
tous pays. ©2023 Société Française de Promotion Artistique.
©Photothèque R. Magritte/Banque d’images. ©Adagp, transporter sur les routes
Paris 2023. ©Succession Picasso 2023. ©Succession Miró,
2023. ©Succession H. Matisse 2023. 2023 Artists Rights
de Samarcande. D’un
Society, New York. ©DACS, London 2023. ©Pro Litteris, Zurich, côté, le Louvre présente
2023. ©Vegap, Madrid, 2023. ©Sabam, Bruxelles 2023.
©VG Bild-Kunst, Bonn, 2023.
les splendeurs des
Photogravure Key Graphic, Paris. Impression Imaye Graphic (53).
oasis d’Ouzbékistan
Taux de fibres recyclées : 0%. Le papier de ce magazine (du 23 novembre au
est issu de forêts gérées durablement.
Encarts abonnements (abonnés et vente au numéro), 6 mars). De l’autre, l’Institut
encarts abonnements « Connaissance des Arts Jeunesse »
et « Connaissance des Arts Offre spéciale », encarts Select du monde arabe fait venir
Press (abonnés), Monde de la Bible (abonnés régions, partiel). pour la première fois en
France les merveilles de soie
et d’or réalisées à Boukhara
ou Tachkent (du 23 novembre
au 4 juin).

122 l JANVIER 2023 / CONNAISSANCE DES ARTS


Alhambra, célèbre la chance depuis 1968

Haute Joaillerie, place Vendôme depuis 1906

Boutique en ligne www.vancleefarpels.com - +33 1 70 70 02 63

Vous aimerez peut-être aussi