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- RHEIMS - L'ART ET L'ENFANT DOM/GR/ITA/NL/PORT: 9,50 € BEL/LUX: 9,20 € ESP: 9,70 € CH: 15 FS CAN: CAN$ 12,25 GB: £7,80 CONNAISSANCE DES arts 746
dossier
artistes
Picasso
événement
sculpteur
Modigliani
3’:HIKPPC=ZU\^UV:?a@h@o@g@k";
De Chardin à Renoir
de Bosch
DEVIENT SUJET
QUAND L'ENFANT
fantastique
L'univers
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De 12h à 20h
Nocturne le jeudi 31 mars jusqu’à 22h www.salondudessin.com
éditorial
Directeur de la publication
Gérant de SFPA Francis Morel
Pour obtenir votre correspondant, composer le UN NOUVEAU DÉFI POUR LES ARTS DÉCO ?
C
0144 88 suivi des chiffres entre parenthèses.
Les adresses e-mail se constituent ainsi :
initialeduprénomnom@cdesarts.com oincés au bout d’une aile du Louvre, empêtrés dans
e-mail de la rédaction : cda@cdesarts.com
l’immensité de leurs collections et régulièrement
ABONNEMENTS : 01 55 56 71 08
Fax : 01 55 56 70 38 serviceclients@cdesarts.com sous tension financière, les Arts décoratifs doivent
Directeur de la rédaction Guy Boyer trouver un nouveau souffle. Non que ce musée ait
Rédactrices en chef adjointes démérité. Du vernis Martin aux papiers peints, ses derniè
Céline Lefranc, Lucie Agache (Web et hors-série)
Secrétaire générale de la rédaction res expositions ont été remarquables. Cependant, on peut
Sylvie Ragey
Conception graphique Fabien Laborde s’interroger sur quelques sujets d’expositions récentes qui
Directeur artistique Pascal Baeza ont eu lieu ailleurs : l’exposition Alaïa s’est tenue à Galliera,
Rédactrice-iconographe
Élodie de Dreux-Brézé Baccarat a présenté avec succès ses chefsd’œuvre au Petit
Assistant de rédaction
Benoît Lafay Palais et les bijoux Cartier ont trouvé un superbe écrin au
Photographe Bernard Saint-Genès
Chefs de fabrication Anaïs Barbet, Sandrine Lebreton
Grand Palais. Pourquoi pas aux Arts décoratifs qui, avec ses départements consacrés à la
Ont collaboré à ce numéro Pierre Biet, Guy mode, à l’affiche ou à la publicité, devraient être l’interlocuteur privilégié des grandes
Bloch-Champfort, Valérie Bougault, Véronique
Bouruet-Aubertot, Myriam Boutoulle, Françoise Chauvin,
marques ? Créée en 1882 par des collectionneurs désireux de donner aux arts appliqués
Jérôme Coignard, Axelle Corty, Jeanne Fouchet-Nahas, un lieu qui leur soit propre, cette institution privée revendique l’objectif d’« entretenir en
Hervé Grandsart, Virginie Huet, Manuel Jover, Benoît
Lafay, Jean-François Lasnier, Marie Maertens, Valérie de France la culture des arts qui poursuivent la réalisation du beau dans l’utile ». Pourquoi
Maulmin, Guillaume Morel, Coline Pain, Élisabeth Vedrenne.
donc ces loupés ? Pourquoi ne pas afficher haut et clair que les Arts décoratifs sont encore
Directeur du développement et
Carnet du connaisseur Philippe Thomas (55 18) la vitrine des métiers d’art, des entreprises du luxe et de la création industrielle ? Avec
Chargé commercial Jérôme Duteil (55 17)
Responsable de la communication
« L’Empreinte du geste », les Arts décoratifs célèbrent les métiers d’art du 29 mars au
Lise Léger (42 88) 3 avril, mais il faut que cette démarche soit systématique et visible toute l’année. Car c’est
Hors-série
Jean-Michel Charbonnier, Jeanne Fouchet-Nahas, aux Arts décoratifs que l’on devrait pouvoir admirer, avant son retour aux ÉtatsUnis, le
Raphaëlle Roux
Iconographe des hors-série Diane de Contades mobilier néoclassique de Bellangé appartenant à un collectionneur américain, après son
Expéditions Jean-Marc Olin incroyable restauration par la maison de tapisserie Brazet. C’est aux Arts décoratifs que les
PUBLICITÉ : TEAMédia Tél. : 01 49 53 64 98 dernières créations des vedettes du design français devraient être dévoilées en avantpre
Pour obtenir votre correspondant, composer
le 01 49 53 suivi des chiffres entre parenthèses.
mière. C’est aux Arts décoratifs que toute grande maison de l’Hexagone devrait songer
Les adresses e-mail se constituent ainsi : avant de diffuser ses productions dans le monde entier. L’arrivée récente de PierreAlexis
initialeduprenomnom@lesechosmedias.fr
e-mail de la publicité : pubcda@lesechosmedias.fr Dumas, le directeur artistique d’Hermès, à la présidence du conseil d’administration des
Président
Daniel Saada Arts décoratifs pourrait faciliter ce retour à un rôle qu’ils ont eu dans le passé (Van Cleef,
Directrice générale Vuitton). Attirer les entreprises en direction du musée (du coup, elles seront encore plus
Cécile Colomb
Directeur commercial du pôle Art et Classique nombreuses à devenir mécènes), tisser des liens entre création et production et les exposer
Frédéric Pion (64 90)
Directrice adjointe de la publicité
dans un espace spécialement dédié, valoriser en ses murs le travail de l’École Camondo
Magali Harmange (64 70) (qui fait partie des Arts décoratifs), voici des pistes qui donneraient une autre couleur au
Directrice de clientèle Sophie Lavigne-Dame (66 30)
Assistante commerciale Anne Vassort (64 98) 107 de la rue de Rivoli. Regardez ce qu’a fait Maximilien Durand, le directeur du musée
Assistant PAO Simon Bossu (6556)
Directeur pôle international des Tissus de Lyon qui traverse actuellement une grave crise financière (voir notre édito
Nicolas Grivon (01 49 53 64 83) rial de janvier 2016). Après l’hommage qu’il a rendu aux industriels lyonnais (chaque
Diffusion marketing communication
Directrice Sophie Gourmelen fabricant a été invité à présenter les pièces les plus exceptionnelles de son catalogue),
Connaissance des Arts ceuxci ont décidé de créer une fondation privée pour lui venir en aide. Les Arts décora
est une publication du Groupe Les Échos.
Président-directeur général Francis Morel
tifs pourraient suivre cet exemple et redevenir la maison de l’excellence française.
Directeur général délégué Christophe Victor guy boyer, directeur de la rédaction
Directeur délégué Bernard Villeneuve
gboyer@cdesarts.com
Directrice du pôle Arts et Classique
Claire Lénart Turpin
Retrouvez la chronique hebdomadaire de Guy Boyer sur
L'univers
Droits de reproduction textes et illustrations réservés fantastique Radio Classique le vendredi en fin de flash de 13 h et de 19 h,
pour tous pays. ©2016 Société Française de Promotion de Bosch
Artistique. ©2016 Adagp, Paris. ©Succession Picasso 2016. le samedi à 9 h 57 et 19 h, et son intervention dans l’émission
©Succession H. Matisse 2016. ©2016 Artists Rights de Patrick Poivre d’Arvor, « L’Invité Culture », le lundi à 19h 32.
Society, New York. ©DACS, London 2016. dossier
DEVIENT SUJET
Un encart abonnements broché, un encart abonnements M 05525 - 746 - F: 7,90 E - RD
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M 05525 - 746 - F: 7,90 E - RD
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jeté (abonnés et vente au numéro).
50 ÉVÉNEMENT
Jérôme Bosch,
entre diables et délices
60 VISITE D’ATELIER
Jaume Plensa,
quand le mot prend corps
66 STYLE
Picasso : variations sur la sculpture
72 COLLECTION PRIVÉE
Le grand retour
des cabinets d’amateurs
78 L’ŒIL DE ...
Les amis artistes de Modigliani
84 ARCHITECTURE
David Adjaye, la modernité
bien pensée
En haut : Jérôme Bosch, Le Jardin des délices, v. 1495-1505, huile sur
88 PHOTOGRAPHIE
bois, panneau central (MADRID, MUSÉE DU PRADO. ©PHOTO RMN). En bas : Jaume Dans l’objectif de Bettina Rheims
92
Plensa et deux de ses têtes en maillage métallique (©C. PANCHOUT).
CIVILISATION
ABONNEZ-VOUS À CONNAISSANCE DES ARTS L’enfance de l’art
ABONNEMENT D’UN AN : 75 E
ABONNEMENT D’UN AN POUR LES ÉTUDIANTS
98 NOUVEAU TALENT
(PHOTOCOPIE DE LA CARTE D’INSCRIPTION) : 43 E Claire Tabouret / Louidgi Beltrame
COFFRET-RELIURE : 12 E + 3 E DE PORT / Joris Laarman
(2 E PAR COFFRET SUPPLÉMENTAIRE)
CES TARIFS SONT VALABLES EN FRANCE MÉTROPOLITAINE.
ADRESSER VOTRE RÈGLEMENT À : CONNAISSANCE DES ARTS -
SERVICE ABONNEMENTS - 4, RUE DE MOUCHY, 60439 NOAILLES CEDEX.
RELATIONS ABONNÉS : 01 55 56 71 08
105 MARCHÉ DE L’ART
136
BOUTIQUE.CONNAISSANCEDESARTS.COM
CALENDRIER / MOIS PROCHAIN / COURRIER
MULTIMÉDIA MU SIQ U E
LES SONGES DE CHAGALL SALADE JAZZ ET DADA À NICE
Aux Baux-de-Provence, les Carrières Familière des lieux pour y
de Lumières continuent sur leur lan- avoir effectué une résidence
cée artistique avec une exposition d’octobre 2015 à janvier 2016,
multimédia inédite consacrée à Marc la Britannique Sonia Boyce
Chagall (ill. : ©Adagp, Paris). Ses donne le La à la Villa Arson.
chefs-d’œuvre, numérisés et projetés Faisant suite à sa performance
sur près de cinq mille mètres carrés, pour la Biennale de Venise
sont répartis en douze séquences 2015, l’exposition, entre jazz et
sur plusieurs murs. L’occasion de mouvement Dada, mêle des-
(re)découvrir de manière ludique et interactive l’une des œuvres sins (ill. : ©Sonia Boyce, 2015), photographie, installation et vidéos
picturales les plus significatives du xxe siècle. P. B. à l’intérieur de l’architecture brutaliste du centre d’art niçois. P. B.
« CHAGALL, SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ », Carrières de Lumières, « PAPER TIGER WHISKY SOAP THEATRE (DADA NICE) », Villa Arson,
route de Maillane, 13520 Les Baux-de-Provence, 20, avenue Stephen-Liégeard, 06100 Nice, 04 92 07 73 73,
carrieres-lumieres.com du 4 mars au 8 janvier. www.villa-arson.org du 31 janvier au 30 avril.
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Paris
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Retro connaissa
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sur w lll CARAMBOLAGES. Grand Palais (p. 18)
lll DANS L’ATELIER D’ALBERT MAIGNAN, PEINTRE ET
SYDNEY AU FUTUR DÉCORATEUR DU PARIS FIN DE SIÈCLE. Fondation Taylor (p. 20)
« L’avenir est déjà là ! » : lll GEORGES DESVALLIÈRES, LA PEINTURE CORPS ET ÂME.
la 20 e Biennale de Sydney Petit Palais (p. 20)
réunit, du 18 mars au 5 juin, lll FRANÇOIS KOLLAR. UN OUVRIER DU REGARD.
Jeu de paume (p. 22)
71 artistes autour de la notion
lll PICASSO. SCULPTURES. Musée national Picasso-Paris (p. 66)
de réalité. Les expositions
réparties en sept « ambassades lll BETTINA RHEIMS. Maison européenne de la
photographie (p. 88)
de la pensée » – ambassade du
lll L’ART ET L’ENFANT, CHEFS-D’ŒUVRE DE LA PEINTURE
Réel avec Lee Bul, Ming Wong FRANÇAISE. Musée Marmottan-Monet (p. 92)
(ill. : Windows On The World lll BENTU, DES ARTISTES CHINOIS DANS LA TURBULENCE Lendemain de fête, papier peint Sanitex, dessin
(Part 1), 2014. ©Courtesy Para DES MUTATIONS et LA COLLECTION, UN CHOIX D’ŒUVRES Leonor Fini et Jacques Hincelin,1948 (©LES ARTS
CHINOISES. Fondation Louis Vuitton (« Connaissance des Arts » DÉCORATIFS, PARIS/J. THOLANCE). Les Arts décoratifs.
Site and Spring Workshop, n° 745, p. 70)
Hong Kong) ou Chiharu lll EN ROUTE ! DESSINS NÉERLANDAIS DE LA COLLECTION
Shiota, de la Disparition (Lee JOHN ET MARINE VAN VLISSINGEN. Fondation Custodia
(« Connaissance des Arts » n° 745, p. 14)
Mingwei, Otobong Nkanga,
lll FAIRE LE MUR ! QUATRE SIÈCLES DE PAPIERS PEINTS.
Yuta Nakamura), des Esprits Musée des Arts décoratifs (« Connaissance des Arts » n° 745, p. 18)
soulignent l’amenuisement lll NORMANDIE. L’ATELIER EN PLEIN AIR. MONET, RENOIR,
des frontières entre espace PISSARRO, SISLEY, GAUGUIN... Musée Jacquemart-André
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— La chose, même The real thing —
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Page de gauche : les Portugais abordèrent Ci-dessus : dans leurs voyages, les Portugais
Ceylan en 1506 en nouant avec les souverains étaient accompagnés de missionnaires
des royaumes de Kotte et de Candy (sud (jésuites, dans un premier temps, suivis de
et centre de l’île) des alliances plus ou moins dominicains) chargés de convertir les
forcées et accompagnées de tentatives de populations côtoyées. De menus objets et
conversion au catholicisme de certains princes. statuettes à sujets religieux furent alors
Ces contacts ouvrirent la voie à un commerce commandés aux ateliers d’ivoirerie répandus
d’objets d’ivoire sculpté et percé, grande dans tout l’Extrême-Orient, Goa restant le
spécialité de l’île. Aux côtés de menus objets centre le plus actif. Réalisation particulière,
profanes et religieux, les artistes ceylanais cadeau ou bien création spontanée,
créèrent pour les Portugais, parfois sous cette figurine du Sommeil de l’Enfant Jésus
forme de tribut, des meubles d’un raffinement qui pouvait évoquer Bouddha endormi
d’exécution extrême, tel ce cabinet à deux fut sculptée dans le royaume de Siam
rangs de tiroirs. Les motifs géométriques (Thaïlande). Elle est photographiée
des plaques d’ivoire évoquant des rinceaux sur le plateau d’un petit contador typique
naturalistes se combinent, sur le plateau, du travail de marqueterie moghole.
avec le motif chrétien du pélican.
ill. : Le Sommeil de l’Enfant Jésus, Siam,
ill. : Cabinet (détail), Ceylan, fin xvie siècle, fin xvi e-début xvii e siècle, ivoire, traces de
plaques d’ivoire ajourées et fixées par polychromie et de dorure, 4,5, x 16,5, x 3,2 cm.
des charnières et clous d’argent sur une âme Et Contador, détail du plateau,
de bois recouverte d’écaille de tortue, atelier moghol, fin xvi e-début xvii e siècle, bois
24,2 x 47,6 x 32,6 cm. exotique, ivoire, 17 x 28,5 x 19,5 cm.
16 portfolio
À VOIR
- GALERIE « ARPAB », 19, rue de Beaune, 75007 Paris,
01 42 61 23 30, 06 73 31 91 65, www.pab.pt
- MAASTRICHT FINE ART OPEN HOUSE, Guus Röell
Fine Art & Antiques, Tongersestraat 2, Maastricht,
31 6 532 116 49 du 8 au 20 mars.
À LIRE
- THE GLOBAL CITY ON THE STREETS OF RENAISSANCE, par
Amnemarie Jordan Gshwend et K.J.P. Jordan, Paul Hollberton, Londres, 2014.
- INDES MERVEILLEUSES, L’OUVERTURE DU MONDE AU XVIe SIÈCLE,
catalogue d’exposition, Paris, 1993.
Fondation Custodia
121 rue de Lille Paris vii
Métro Assemblée Nationale
En route! D E S S I N S
N É E R L A N DA I S D E
PAY S AG E Collection
J O H N et M AR I N E
VAN V L I S S I N G E N
Paris
ACTUALITÉS
exposition
DÉCOUVREZ, AU GRAND PALAIS,
VOTRE PROPRE HISTOIRE DE L’ART
« Carambolages », c’est le nouvel opus très attendu du commis-
saire d’exposition Jean-Hubert Martin. Lui qui fut, entre autres,
directeur du Centre Pompidou, préside aujourd’hui le comité
d’orientation du Palais de Tokyo. Il a orchestré « Magiciens de la
terre » au Centre Pompidou en 1989 ou « Théâtre du monde » à
la Maison Rouge-Fondation Antoine de Galbert à Paris en 2013.
Il n’hésite pas à mêler l’archéologie, la peinture ancienne et mo-
derne, les arts premiers, l’art contemporain et même les objets
trouvés pour stimuler l’imaginaire du spectateur, donner encore
plus de puissance aux œuvres. Cette fois, il propose un parcours en
quelque deux cents œuvres, issues de diverses époques et cultures.
Toutes visuellement très fortes, elles se succèdent en fonction de
leurs correspondances plastiques, et non d’une chronologie ou
d’une typologie. Le but de l’aventure est d’amener chaque visiteur
à construire sa propre narration, en fonction de ses références et
expériences. Cette réflexion sur l’impact des œuvres et leur pré-
sence obsessive invite au voyage, avec Annette Messager, Albrecht
Dürer, Hergé ou Rembrandt. A. C.
RÉSERVEZ VOTRE BILLET
SUR CONNAISSANCEDESARTS.COM
Anonyme, Le Maréchal de Gontaut Biron en paon, 1700-1788, lll « CARAMBOLAGES », Grand Palais, Galeries nationales,
huile sur toile, 67 x 52 cm (VERSAILLES, MUSÉE NATIONAL DES CHÂTEAUX 3, av. du Général-Eisenhower, 01 44 13 17 17, www.grandpalais.fr
DE VERSAILLES ET DE TRIANON. PHOTO DE PRESSE RMN). du 2 mars au 4 juillet. À lire : notre HORS-SÉRIE (n° 698, 68 pp., 9,50 €).
Albert Maignan,
esquisse pour
Les Voix du tocsin,
exposition huile sur toile,
123 x 97,5 cm
DESVALLIÈRES, ATHLÈTE (AMIENS, MUSÉE
DE PICARDIE).
DE LA PEINTURE
Formé dans l’atelier de Gustave exposition
Moreau, avec Matisse et Rouault,
Georges Desvallières accueillit ses ca- À LA GLOIRE
marades au Salon d’automne de 1905, DE MAIGNAN
provoquant le scandale de la fameuse
« cage aux fauves ». Ce titre suffirait En 1905, le peintre Albert Maignan
à sa gloire. Mais il fut aussi peintre (1845-1908) décidait de léguer à la
(et quel peintre !), traçant son sillon Ville d’Amiens l’ensemble de ses col-
en marge des avant-gardes. Après la lections d’art et d’archéologie ainsi
Première Guerre mondiale qui lui que les tableaux, esquisses et dessins
arracha un fils, il fit vœu de ne plus qui se trouveraient dans son atelier
peindre de sujets profanes. Le des- à l’heure de sa mort. À la Fondation
Taylor qu’il présida, il léguait sa mai-
son-atelier du quartier Saint-Georges
à Paris. Réunis dans un partenariat
inédit, la Fondation Taylor et le musée de Picardie font revivre aujourd’hui l’œuvre de
cette personnalité attachante, maître adulé de la IIIe République qui le combla de com-
mandes. Peintre d’histoire, Maignan construisit sa gloire en explorant les siècles obscurs
des Mérovingiens, en fréquentant Dante, Louis XI ou l’empereur Frédéric Barberousse. Il
brossa de vastes compositions pour l’Opéra-Comique, l’Hôtel de Ville de Paris, le buffet
de la gare de Lyon, la chapelle Notre-Dame de Consolation, la Chambre de commerce et
d’industrie de Saint-Étienne… Décorateur virtuose, as du détail archéologique qui fait
mouche, Maignan ne fut cependant pas insensible au symbolisme, dont la grâce poétique
frôle ses œuvres les plus inspirées. J. C.
lll « DANS L’ATELIER D’ALBERT MAIGNAN, PEINTRE ET DÉCORATEUR DU PARIS FIN DE SIÈCLE »,
Fondation Taylor, 1, rue La Bruyère, 01 48 74 85 24, www.taylor.fr du 10 mars au 16 juillet.
personnalité
AUDE VIART : À NOUS
DEUX, MONTMARTRE !
Georges Desvallières, Portrait d’Yvonne Nommée directrice du Musée de
Robiquet au piano, 1911, huile sur
toile, 225 x 87,5 cm, détail (PARIS, PETIT
Montmartre en juillet 2015, Aude
PALAIS. PHOTO DE PRESSE ROGER-VIOLLET). Viart veut développer la noto-
riété du site. « La plupart des Pari-
sin musculeux, les couleurs saturées siens et même des Montmartrois ne
de ses compositions mythologiques connaissent pas le musée », constate-
se mirent dès lors au service de l’art t-elle. Géré depuis 2012 par la société
sacré. Réunissant plus de quatre- Kléber-Rossillon, il a récemment
vingt-dix œuvres – peintures, dessins, doublé sa surface d’exposition. Sa
vitraux ou tapisseries – cette première fréquentation est passée de 25 000 à
rétrospective donne la mesure d’un 95 000 visiteurs, dont 60 % d’étran-
art héroïque, secoué par l’incessante gers. Le but est d’atteindre 120 000
lutte du corps et de l’esprit. J. C. d’ici deux ans, voire un jour 150 000.
lll « GEORGES DESVALLIÈRES, Un défi qui n’effraie pas cette spé- Aude Viart, la directrice du Musée
LA PEINTURE CORPS ET ÂME », cialiste de la gestion d’institutions de Montmartre (©EMMANUEL VAILLANT).
Petit Palais, avenue Winston-Churchill, culturelles non subventionnées. J. C.
01 53 43 40 00 www.petitpalais.paris.fr
du 15 mars au 17 juillet. MUSÉE DE MONTMARTRE, 12, rue Cortot, 01 49 25 89 39, www.museedemontmartre.fr
RÉSERVEZ VOTRE BILLET Exposition « SUZANNE VALADON, MAURICE UTRILLO, ANDRÉ UTTER : 12, RUE CORTOT »
SUR CONNAISSANCEDESARTS.COM du 16 octobre au 13 mars.
JEAN-MICHEL FRANK
ALBERTO GIACOMETTI
DIEGO GIACOMETTI
PAUL DUPRÉ-LAFON
JACQUES-ÉMILE RUHLMANN
Georges Rouault,
La Sainte Face,
1933, huile, gouache
sur papier marouflé
sur toile, 91 x 65 cm
(PARIS, CENTRE POMPIDOU.
exposition PHOTO DE PRESSE RMN).
BRUXELLES SOUS
TOUTES LES COUTURES exposition
Les élégants
Les historiques
Les intéressants
Les surprenants
Les importants
Les authentiques
Les emblématiques
édifices de caractère
sont en vente chez
Patrice Besse
Île-de-France
ACTUALITÉS
Philippe de
Champaigne,
Portrait de
François et
Jean-Louis Habert
de Montmort,
huile sur toile,
46,5 x 56 cm
(COLLECTION PRIVÉE).
exposition musée
DORIVAL, DE UN NOUVEL ACCUEIL
CHAMPAIGNE POUR LES VISITEURS
À SOULAGES DE VERSAILLES
Historien de l’art du Depuis le 7 mars, le public individuel
xx e siècle et conser- du château de Versailles est accueilli
vateur en chef du
Musée national d’art moderne en 1967, Bernard Dorival (1914-2003) était aussi un spé-
cialiste du peintre classique Philippe de Champaigne. Sa passion lui a valu d’organiser la
première exposition du peintre de Port-Royal au musée de l’Orangerie à Paris en 1952
et de mettre en place le musée des Granges de Port-Royal (aujourd’hui Musée national
de Port-Royal des Champs) en 1955. Au fil de sa carrière, ce normalien féru du théâtre de
Racine a rassemblé une étonnante collection, allant des Primitifs italiens à Pierre Soulages.
Une exposition présente un choix d’une cinquantaine d’œuvres, parmi lesquelles un pre-
mier noyau de tableaux et de dessins de Champaigne, Millet, Boudin, Monet et Redon
hérités de sa famille, ainsi que des acquisitions personnelles manifestant ses goûts propres
et ses amitiés : Léger, Kupka, De Staël, et des artistes de la Nouvelle École de Paris, de
Manessier à Zao Wou-Ki. M. B.
Projet de restauration du pavillon
llm MEUDON, « BERNARD DORIVAL. DE CHAMPAIGNE À Dufour, image de synthèse (©SYLVIE LERAT).
ZAO WOU-KI. L’ŒIL DU COLLECTIONNEUR », musée d’Art
et d’Histoire de la Ville de Meudon, 11, rue des Pierres, dans de nouveaux espaces dans le
01 46 23 87 13, www.meudon.fr du 5 décembre au 6 mars. pavillon Dufour, en lieu et place des
bureaux du personnel. Une galerie
d’accueil regroupe les fonctions de
exposition contrôle d’accès, d’information et
LE CYBER ART d’orientation des visiteurs. Point de dé-
part des différents circuits de visite du
SELON ZAVEN PARÉ château, il débouche directement sur
« Je crois que les robots anthropo- la Cour royale. « Le travail architectu-
morphiques ne sont intéressants que ral et d’ornementation de cette galerie
dans la mesure où il nous permettent introduit visuellement le public dans le
de nous interroger sur l’homme », site de Versailles », explique l’architecte
dit Zaven Paré. Artiste chercheur et Dominique Perrault, concepteur de
pionnier de la robotique dans les arts cet aménagement. Le premier étage et
visuels, il propose un parcours à tra- les combles ont été restaurés et trans-
vers un véritable cabinet de curiosités formés pour accueillir un salon de thé
mécanique et sonore, imaginant des et un auditorium. Les deux sont acces-
objets à mi-chemin entre sculptures sibles au public indépendamment de
mécaniques et installations de frag- la visite du château. M. B.
ments de machines, entre robots et
Zaven Paré, Glande pinéale, 2005, métal, bois, verre, llm OUVERTURE DU PAVILLON
Meccanos. M. B. image rétroprojetée, 120 x 100 x 20 cm (©ZAVEN PARÉ). DUFOUR, château de Versailles,
place d’Armes, 78000
lmm ENGHIEN-LES-BAINS, « ZAVEN PARÉ-MÉCATRONIC », Centre des Arts, Versailles, 01 30 83 78 00,
12-16, rue de la Libération, 01 30 10 85 59, www.cda95.fr du 15 janvier au 20 mars. www.chateauversailles.fr
Galerie
de la Présidence
90, rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris
Té l . : + 3 3 ( 0 ) 1 4 2 6 5 4 9 6 0
c o n t a c t @ p r e s i d e n c e . f r - w w w. p re s i d e n c e . f r
Île-de-France
ACTUALITÉS
exposition
TABLE OUVERTE musée
À MONTROUGE DES PRINCES
Pour sa 12e édition à Montrouge, l’ex- DE CONTI
position internationale d’art textile À JACQUES-HENRI
contemporain Miniartextil, initiée par
les collectionneurs italiens Nazzarena
LARTIGUE
Bortolaso et Mimmo Totaro, de l’asso- Le musée d’Art et d’Histoire
ciation Arte&Arte, est placée sous le Vue de la façade du musée Louis-Senlecq de L’Isle-Adam Louis-Senlecq de L’Isle-
(©MUSÉE LOUIS-SENLECQ DE L’ISLE-ADAM).
Adam rouvre ses portes avec
un nouvel accrochage de ses collections permanentes. Une sélection d’une soixantaine
d’œuvres est exposée, issue du fonds du musée riche de près de quatre mille peintures,
sculptures, dessins et estampes. Au rez-de-chaussée, une section est consacrée à la pré-
sence des princes de Conti à L’Isle-Adam au xviiie siècle. Des portraits des princes cô-
toient une maquette exceptionnelle du château de L’Isle-Adam (détruit en 1890), des
écuries et du bourg de L’Isle-Adam à la veille de la Révolution. Un nouvel aménagement
accueille une sélection de terres cuites du sculpteur Joseph Le Guluche (1849-1915) issue
des manufactures de céramiques adamoises, et une salle est dédiée à Jules Dupré (1811-
1889), peintre paysagiste des bords de l’Oise. Au premier étage, d’autres artistes de la
collection sont mis à l’honneur, tels le vedutiste Jules-Romain Joyant (1803-1854), l’affi-
chiste et illustrateur de presse Adolphe Willette (1857-1926) et le peintre et photographe
Jacques-Henri Lartigue (1894-1986). M. B.
llm L’ISLE-ADAM, MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE LOUIS-SENLECQ, 31, Grande-Rue,
01 74 56 11 23, http://musee.ville-isle-adam.fr Exposition « REGARD SUR LES COLLECTIONS »
Rosanna Battaiotto, Lamelallamoda, du 24 janvier au 10 avril.
2015, papier, soie, coton et feuille
naturelle, 20 x 20 x 20 cm (COURTESY
MINIARTEXTIL. ©ROSANNA BATTAIOTTO).
Ha Chong- exposition
Hyun,
Conjunction
15-013,
ROBERT CAPA
2015, huile HAUT EN COULEUR
sur chanvre,
120 x 180 cm Présentée par le Jeu de paume, cette
(COURTESY exposition ravit, comme l’avait fait au-
KUKJE GALLERY, paravant la découverte des photogra-
SÉOUL).
phies de Vivian Maier dans le même
lieu (« Connaissance des Arts » n° 722,
pp. 78-81). Voici qu’on nous montre
Robert Capa, le héros des reporters
exposition
L’AVENTURE MONOCHROME DE DANSAEKHWA
Dans le cadre de la Saison France-Corée axée sur la création artistique coréenne, une expo-
sition historique rassemble pour la première fois en France huit peintres coréens chantres du
monochrome. Ce mouvement appelé Dansaekhwa fut en réalité une aventure commençant
dès 1950, lorsque la Corée devint indépendante et s’ouvrit à la peinture occidentale. Très
curieusement, cette connaissance de l’art abstrait occidental se fit à travers le filtre… du Japon,
seul pays en effet où les artistes purent se former ! Deux générations d’abstraits naquirent
alors. D’abord les avant-gardistes, matiéristes mais reliés à une pratique philosophique. Tels
Chung Chang-Sup ou Park Seo-Bo et ses « écritures » faites avec du papier coréen hanji ; ou
Ha Chong-Hyun et sa technique consistant à appliquer la peinture au verso de la toile jusqu’à
ce qu’elle réapparaisse par pénétration, au travers de trous, sur le recto du tableau. Puis, dans
les années 1980, des peintres plus « fluides », influencés par la calligraphie orientale, tel Lee Robert Capa, Pablo Picasso se baignant
Kang So et ses formes indécises flottant dans l’espace. E. V. avec son fils Claude, Vallauris, France,
1948, photographie (©ROBERT CAPA/
llm BIGNAN, « DANSAEKHWA, L’AVENTURE DU MONOCHROME EN CORÉE DES ANNÉES 70 INTERNATIONAL CENTER OF PHOTOGRAPHY/
À NOS JOURS », Domaine de Kerguéhennec, 02 97 60 31 84, www.kerguehennec.fr MAGNUM PHOTOS).
du 6 mars au 5 juin.
de guerre en noir et blanc, délicieuse-
ment ébahi devant les miracles de la
exposition photo en couleur, comme un enfant
devant son train électrique. Dès 1941
DE LA COULEUR TOUS la couleur lui rendra la vie. On dé-
AZIMUTS AU MANS couvre, à travers ces photos rarement
publiées et exposées ici pour la pre-
Parcours ludique au pays de la cou- mière fois, un photographe gourmand
leur proposé par le critique d’art des piétons russes sur la place Rouge
Philippe Piguet, à travers un choix comme des mondanités de Megève
éclectique et tout à fait assumé, ré- ou Deauville. Images aux cadrages
unissant des styles fort divers avec sublimes teintées de l’insouciance
près de soixante-dix œuvres allant joyeuse des années 1950, contredites
de Vlaminck à Combas, de Hodler par les suivantes, crues et violentes, de
à Agam, de Sérusier à Klein ou de la guerre en Indochine où Capa trou-
Herbin à Lavier… Une occasion pour vera la mort. E. V.
le musée des Beaux-Arts du Mans Ellsworth Kelly, Red, Yellow, Blue, 1963, huile
d’offrir quelques effluves colorées à llm TOURS, « ROBERT CAPA
sur toile, 231 x 231 cm (SAINT-PAUL-DE-VENCE,
ET LA COULEUR », Château,
la modernité du xxe siècle. E. V. FONDATION MARGUERITE ET AIMÉ MAEGHT).
25, av. André-Malraux, 02 47 21 61 95,
lmm LE MANS, « BLEU, JAUNE, ROUGE, LA COULEUR LIBERÉE », musée de Tessé, www.jeudepaume.org
2, avenue de Paderbom, 02 43 47 38 51, www.lemans.fr du 28 novembre au 13 mars. du 21 novembre au 29 mai.
CARTE BLANCHE
DES MUSÉES D’ORSAY ET DE L’ORANGERIE
www.musee-orsay.fr
ACCÈS ILLIMITÉ CARTE
BL ANCHE
www.musee-orangerie.fr
COLLECTIONS PERMANENTES Henri-Edmond Cross, L’Air du soir (détail), vers 1893,
Paris, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt.
EXPOSITIONS TEMPORAIRES Graphisme : S. Berthier, communication EPMO.
Régions
ACTUALITÉS
personnalité
exposition
PAUL RIPOCHE ET LA
ACTUALITÉ
PASSION DE L’ESTAMPE
DU SUBLIME
Le musée du Dessin et de l’Estampe
originale de Gravelines est l’un de ces À METZ
lieux que leur vocation vouerait à une Une « passion mêlée
existence confidentielle, n’étaient la de terreur et de sur
passion et l’énergie de leurs respon- prise », telle était
sables, capables de séduire un vaste la définition que le
public. Après Dominique Tonneau, philosophe Edmund
c’est Paul Ripoche, entré au musée Juan Navarro Baldeweg, Ecosystems enclosed in pneumatic bubbles
Burke, en 1757, don-
floating in New York Harbor, Application of a climatic control system, nait du mot « su
1972, montage (©JUAN NAVARRO BALDEWEG). bli me ». App elé à
devenir une catégo-
rie esthétique, le sublime désigne le caractère grandiose ou terrifiant des spectacles de
la nature déchaînée, ou de son immensité : tempêtes, volcans en éruption, montagnes
escarpées, horizons marins… Si, aux xviii e et xixe siècles, ces « excès » de la nature ma-
nifestaient une puissance cosmique où l’on pouvait voir la main de Dieu, qu’en est-il
aujourd’hui de cette notion de sublime ? L’exposition montre qu’elle n’a pas disparu mais
revêt, bien sûr, des significations nouvelles. Notre relation à la nature, encore teintée d’un
certain romantisme chez les artistes du Land Art dans les années 1970-1980, est désormais
fondée sur une conscience environnementale et hantée par les désastres écologiques,
présents ou à venir, où l’on ne reconnaît plus que la main de l’homme. M. J.
llm METZ, « SUBLIME. LES TREMBLEMENTS DU MONDE », Centre Pompidou-Metz,
1, parvis des Droits-de-l’Homme, 03 87 15 39 39, www.centrepompidou-metz.fr
du 11 février au 5 septembre.
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Vue de
l’exposition
« Henry
Vasnier.
Les passions
modernes d’un
collectionneur
audacieux »
à la Villa
Demoiselle
de Reims
(©CECIL MATHIEU).
restauration
VERDUN
CENT ANS APRÈS
Entre février et décembre 1916, trois
cent mille hommes sont morts et
quatre cent mille ont été blessés dans
la bataille de Verdun. En 1967, un
exposition Mémorial est créé à l’initiative no-
LES RÊVES SYMBOLISTES D’UN COLLECTIONNEUR
À Reims, le nom d’Henry Vasnier (1832-1907) est familier aux habitués du musée des Beaux-
Arts, auquel il a légué près de six cents œuvres. Une sélection de quatre-vingt-treize pièces est
présentée à la Villa Demoiselle, une orgueilleuse demeure Art Nouveau édifiée à la demande
du collectionneur entre 1904 et 1908 et rachetée en 2004 par Paul-François Vranken, président
des champagnes éponymes. C’est le champagne qui a fait la fortune de Vasnier, lequel s’associe
à Jeanne Pommery en 1885 avant de prendre la direction effective de la société cinq ans plus
tard. À cette époque, sa collection de tableaux et de dessins, déjà abondante, va connaître
une inflexion vers des œuvres plus énigmatiques, plus rêveuses, marquées par le symbolisme.
Son intérêt pour le travail de Gallé s’inscrit dans ce goût nouveau. Il lui commande ainsi une
extraordinaire salle à manger qui, exclue à l’origine du legs, a pu être rachetée par la Ville en
2013. Décédé avant l’achèvement des travaux à la Villa Demoiselle, Henry Vasnier n’a jamais
vu ses œuvres dans ce somptueux écrin qu’il leur destinait. Un peu plus d’un siècle après, sa Projet de la scénographie du Mémorial
de Verdun pensée par l’agence Le
vision prend forme de façon éphémère. J.-F. L. Conte-Noirot (©AGENCE LE CONTE-NOIROT).
llm REIMS, « HENRY VASNIER. LES PASSIONS MODERNES D’UN COLLECTIONNEUR AUDACIEUX »,
Villa Demoiselle, 56, boulevard Henry-Vasnier, 03 26 35 80 50, www.champagnevranken.com
tamment de Maurice Genevoix pour
du 6 novembre au 22 mai. perpétuer le souvenir de ces sacrifices.
En vue des célébrations du cente-
naire, ce musée a bénéficié d’une im-
exposition portante restauration-extension sous
À REIMS, TOUT EST BIEN la direction des architectes Brochet
Layus Pueyo. Le nouveau parcours,
QUI FINIT BIEN dû à l’agence de scénographes Le
Directrice du Frac Champagne-Ardenne depuis Conte-Noirot, met en scène la vio-
2008, Florence Derieux a été nommée récem- lence de la bataille à travers un spec-
ment Curator of American Art à la Centre Pom- tacle audiovisuel se déployant sur
pidou Foundation à New York. Pour sa dernière un vaste écran brisé de cent mètres
exposition, elle a souhaité jeter un regard rétros- carrés, au milieu des véhicules et des
pectif sur les acquisitions réalisées pendant son canons. L’accent est mis également
mandat. Dans ce pêle-mêle international, on sur l’environnement général de la ba-
croise entre autres Tom Burr, Aurélien Froment, taille : conduite des opérations, guerre
General Idea, Émilie Pitoiset, Lisa Oppenheim aérienne, vie sur le front et à l’ar-
ou encore Guy de Cointet. J.-F. L. rière… toujours selon le double point
de vue français et allemand. J.-F. L.
Dexter Dalwood, Ian Curtis (étude),
2001, huile sur toile, 74 x 62,5 cm llm FLEURY-DEVANT-DOUAUMONT,
(COLLECTION FRAC CHAMPAGNE-ARDENNE).
MÉMORIAL DE VERDUN,
lmm REIMS, « HAPPY ENDING », Frac Champagne-Ardenne, 1, place Museux, 03 26 05 78 32, 1, avenue du Corps-Européen,
www.frac-champagneardenne.org du 22 janvier au 30 avril. 03 29 88 19 16, memorial-verdun.fr
2016
musée
de nancy
place stanislas
au 23 mai
des beaux-arts
du 26 février
la part du rêve
1891–1948
personnalité
WILLIAM SAADÉ exposition
ILLUMINE
SOTO VIBRE
LE PALAIS LUMIÈRE
CHEZ
Il a exercé sa profession de conserva- SOULAGES
teur de musée à Castres, à Cannes, à
Annecy, ainsi qu’en Suisse, en Thaï- À l’ i n s t a r d e Vi c t o r
lande et au Cambodge, avant d’être Vasarely, Carlos Cruz-
sollicité en 2009 par le Palais Lumière Diez ou Yaacov Agam,
d’Évian pour l’exposition « Rodin et le Vénézuélien Jesús
les arts décoratifs ». « J’étais alors un Rafael Soto (1923-2005)
jeune retraité, se souvient William a connu le succès, puis
Saadé. J’ai ensuite assuré le commis- un certain oubli dans
Jesús Rafael Soto, Doble progresion azul y negra, 1975,
sariat de l’exposition Joseph Vitta en installation (PHOTO BEATRICE HATALA/ARCHIVES SOTO).
les années 1990-2000, à
l’heure où l’art cinétique
n’était plus à la mode. Quarante-deux tableaux, reliefs, sculptures et installations monu-
mentales (dont un immense Pénétrable dans lequel le visiteur peut entrer) attestent au
musée Soulages de l’intemporalité de l’art innovant et ludique de Soto. Colorée, lumi-
neuse, joyeuse, l’exposition est conçue comme un espace de déambulation ouvert, qui
multiplie les points de vue et les manières de percevoir des pièces toujours changeantes.
« Il est question de mouvement chez Soto, mais le plus souvent ce mouvement n’est pas
celui, physique et matériel, des composantes de l’œuvre, explique l’historien de l’art et com-
missaire Matthieu Poirier. C’est le déplacement du spectateur et la moindre oscillation du
corps devant l’œuvre qui vont déclencher une vibration généralisée, un état d’instabilité. »
N’hésitez pas, tentez l’expérience ! G. M.
lll RODEZ, « JESÚS RAFAEL SOTO », musée Soulages, jardin du Foirail, avenue Victor-Hugo,
05 65 73 82 60, http://musee-soulages.rodezagglo.fr du 12 décembre au 30 avril.
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exposition
William Saadé, directeur artistique du
Palais Lumière d’Évian (©MIRELA POPA). LES VISIONS
2014 et, l’année suivante, il m’a été TORTURÉES
proposé de devenir conseiller scienti- DE SERGIO
fique de l’institution ». Après « Belles
de jour », qui rend hommage aux
MOSCONA
femmes des années 1860-1930, Wil- L’univers du jeune Argen-
liam Saadé proposera cet été un ac- tin Sergio Moscona (né
crochage consacré au peintre de la en 1979) a l’allure d’une
Belle Époque Albert Besnard (en tragi-comédie humaine
collaboration avec le Petit Palais) et, peuplée de personnages
à l’automne, une exposition intitulée aux corps et aux visages Sergio Moscona, Coin de lumière, 2015, encre et acrylique sur
« De la caricature à l’affiche ». G. M. torturés qui habitent des- papier marouflé sur toile,130 x 200 cm (©FABIÁN CAÑÁS).
sins, peintures, aquarelles et collages. Pour sa première exposition personnelle dans un
llm ÉVIAN, « BELLES DE JOUR, FIGURES musée français, le plasticien (représenté par la galerie Claire Corcia à Paris) dévoile son art
FÉMININES DANS LES COLLECTIONS DU engagé (les références au totalitarisme argentin des années 1976-1983) en une soixantaine
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE NANTES »,
Palais Lumière, quai Albert-Besson,
d’œuvres, dont celles issues de sa récente série des Fleurs brisées. G. M.
04 50 83 15 90, ville-evian.fr/fr/culture/ lmm RIOM, « SERGE MOSCONA. FLEURS BRISÉES, PEINTURES ET DESSINS », musée Mandet,
palais-lumiere du 6 février au 29 mai. 14, rue de l’Hôtel-de-Ville, 04 73 38 18 53, www.ville-riom.fr du 14 novembre au 20 mars.
T. +33 (0)4 77 79 52 52
WWW.MAMC-ST-ETIENNE.FR
Jacques Villeglé, Mémoires, 2016.
© ADAGP, Paris 2016.
Crédit photo : Yves Bresson François Poivret / MAMC VILLEGLÉ
Régions
ACTUALITÉS
Katia Kameli,
L’Œil se
noie, 2015,
photographie
tirée du film
Le Roman exposition
algérien
(©KATIA KAMELI). ARPENTER TOULON
AVEC JACQUELINE
SALMON
Auteure, en 2000, d’un travail pho-
tographique sur l’Arsenal de Toulon
à l’invitation de l’Hôtel des Arts,
Jacqueline Salmon (née en 1943)
récidive. La résidence de deux ans
qui s’achève aujourd’hui l’a menée à
exposition
MARSEILLE EXPLORE L’ALGÉRIE
Une exposition sur l’Algérie à Marseille ? Cela s’imposait. Pour autant, le projet n’est pas ici
de revisiter les pages douloureuses de la guerre d’Algérie mais de revenir bien en amont sur
l’époque de la conquête et de l’expansion française. Dédiée à la représentation d’une terre et
d’un pays, l’exposition tente de mettre à plat une aventure moderne commencée il y a plus de
deux siècles et dont les effets durent jusqu’à aujourd’hui : la fabrique coloniale d’un territoire.
Fruit d’une étroite collaboration entre l’Institut national d’histoire de l’art (Inha), la Biblio-
thèque nationale de France (BnF) et le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditer-
ranée (MuCEM), l’exposition qui s’allie la participation des spécialistes et des intellectuels les
plus émérites réunit un ensemble de cartes (pour certaines présentées pour la première fois
au public), de dessins, peintures, photographies, films et documents historiques, ainsi que des
œuvres d’artistes contemporains. Un événement. V. B.-A.
llm MARSEILLE, « MADE IN ALGERIA, GÉNÉALOGIE D’UN TERRITOIRE », MuCEM, Musée des
civilisations de l’Europe et de la Méditerrannée, 7, promenade Robert-Laffont, 04 84 35 13 13,
www.mucem.org du 20 janvier au 2 mai.
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Jacqueline Salmon, Femme à sa
fenêtre, 2014-2016, photographie,
54 x 37,5 cm (©JACQUELINE SALMON).
exposition
tenter le portrait d’une ville dont elle
TOSANI ET LE RÉEL s’est attachée à parcourir les quelque
On oublie souvent que Patrick 42,84 km2. Sans restreindre cet hori-
Tosani, pionnier de la photogra- zon, les images cernent les visages,
phie plasticienne dans les années caressent la courbe d’une ruelle,
1980, commença son parcours par dévoilent l’intimité d’un intérieur,
des études d’architecture. De cette passent en revue les archives, figent
formation initiale vient sans doute l’élan d’une fête. Bercées par les mots
son attachement aux « moyens les de l’écrivain Jean-Christophe Bailly,
plus objectifs de la photographie : les photographies et vidéos saisissent
la précision, la frontalité des prises par leur vérité autant que par leur
de vue, la netteté, la couleur, l’agran- poésie quand l’artiste, qui semble
dissement ». L’obj e t banal qu’il ne reculer devant rien, tente jusqu’à
prend souvent pour sujet n’est ici l’impossible projet de « représenter le
qu’un prétexte pour ne parler que vent ». V. B.-A.
de photographie, de notre rapport
à l’image, au réel. V. B.-A. llm TOULON, « 42,84 KM2 SOUS LE
Patrick Tosani, BAL, 1998, photographie, CIEL, JACQUELINE SALMON », Hôtel des
116 x 87 cm (©PATRICK TOSANI).
Arts, 236, boulevard Maréchal-Leclerc,
llm NICE, « PATRICK TOSANI, IMAGES CONSTRUITES », Théâtre de la photographie et de l’image, 04 83 95 18 40, www.hdatoulon.fr
27, boulevard Dubouchage, 04 97 13 42 20, www.tpi-nice.org du 12 février au 29 mai. du 30 janvier au 24 avril.
Giorgio
Griffa
Les nouveaux espaces de la Fondation Clément sont dus
aux architectes Reichen et Robert & Associés (©FONDATION
TRÈS
CLÉMENT/REICHEN ET ROBERT & ASSOCIÉS).
institution
LA FONDATION CLÉMENT S’AGRANDIT
TRAITS
Depuis vingt-cinq ans, la Fondation Clément (fondation d’en-
treprise du groupe GBH) œuvre à la préservation et à la mise
en valeur d’un site classé Monument historique en Martinique,
l’Habitation Clément, une maison de rhum centenaire composée
d’une ancienne distillerie, de maisons traditionnelles et d’un im-
mense parc, qui accueille aujourd’hui des œuvres de Bernar Venet,
de Thierry Alet ou de JonOne acquises par la Fondation. Depuis
le 24 janvier, le domaine est doté d’un nouveau bâtiment dessiné EUGÈNE LEROY — CHRISTOPHER WOOL
par les architectes Reichen et Robert & Associés, inauguré avec ANDREAS GURSKY — SILVIA BÄCHLI
une exposition consacrée au peintre français d’origine haïtienne ADRIAN GHENIE — ISABELLE CORNARO
Hervé Télémaque (né en 1937), conçue par le Centre Pompidou
en collaboration avec la Fondation Clément. En acier inoxydable, ROY LICHTENSTEIN
pierre de lave et moucharabiehs en béton, cette aile contempo-
raine comprend trois grandes pièces épurées, la « Cuverie » (réha-
bilitation d’un espace historique qui a conservé sa charpente mé-
tallique ancienne), la « Salle carrée » et la « Nef ». La
programmation, ouverte à toutes les
SASKIA ERS
OLDE WOLB
disciplines artisti ques, fera la
part belle aux créa-
teurs caribéens. G. M.
Hervé VINCENT
Télémaque, VAN GOGH
Le Silence veille
à Saint-Marc
(Haïti), 1975,
acrylique
sur toile,
Ø 150 cm
(COLLECTION
13 février - 24 avril 2016
PARTICULIÈRE).
FONDATION-VINCENTVANGOGH-ARLES.ORG
llm
LE FRANÇOIS 35TER RUE DU DOCTEUR FANTON – 13200 ARLES
(MARTINIQUE), « HERVÉ
TÉLÉMAQUE », Fondation
Clément, Habitation Clément,
05 96 54 75 51, www.fondation-clement.org
du 24 janvier au 17 avril.
International
ACTUALITÉS
Paul Dujardin
(©STEPHEN
PAPANDROPOULOS).
exposition personnalité
L’ENFANCE RETROUVÉE LE MONDE OUVERT
DE VARDA À IXELLES DE PAUL DUJARDIN
Le retour aux racines prend chez Directeur général et directeur artistique du
Agnès Varda (née en 1928) le parti palais des Beaux-Arts (Bozar) de Bruxelles
des tubercules, patates belges de son depuis 2002, Paul Dujardin est un homme
enfance à Ixelles, banlieue bruxelloise, qui ignore les frontières, qu’elles soient géo-
mais aussi élément clef de sa partici- graphiques, culturelles ou esthétiques. Grâces
pation à l’exposition « Utopia Sta- en soient rendues à sa date de naissance, 1963
tion », lors de la Biennale de Venise (« je suis un post mai-soixante-huitard ») ou à
sa place, la neuvième dans une fratrie de dix
enfants. « J’ai vécu comme l’enfant du Tam-
bour, le roman de Günter Grass, en observant :
mes frères et sœurs, acteurs de 68, le Festival
d’Avignon où je passais mes étés, et toute l’envolée théâtrale des années 1980 avec Ché-
reau, Bondy, Strehler, Boulez… Je suis d’une génération qui a nourri l’espoir européen et, à
Bruxelles, admiré Gérard Mortier, qui l’incarnait. Ma formation vient autant des arts visuels
que des arts vivants. Et comme la Belgique, même petite, est un pays visionnaire, Bozar se
doit à une vision interdisciplinaire et interculturelle. Bruxelles, une ville où l’on parle cent
cinquante-trois langues, se tient au cœur de la peinture flamande des xiv e et xve siècles aussi
bien que du travail de Marlene Dumas ou de Steve McQueen. » D’où la confrontation, ce
mois-ci, de Rembrandt et Buren. V. B.
llm BRUXELLES, BOZAR-PALAIS DES BEAUX-ARTS, 23, rue Ravenstein, www.bozar.be
Expositions « DANIEL BUREN. UNE FRESQUE », du 19 février au 22 mai.
« REMBRANDT, EN NOIR ET BLANC », du 26 février au 29 mai.
Agnès Varda, Patatutopia, 2003,
photographie (©AGNÈS VARDA). RÉSERVEZ VOTRE BILLET
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de 2003. Le visiteur devra s’accorder
à l’humeur vagabonde de la cinéaste exposition
pour glisser, d’installation en vidéo,
de vidéo en photographie, sur les SHEILA HICKS
chemins d’une enfance entre mer et AU RIVAGE DU NORD
terre, cabanes aux canards des étangs
d’Ixelles et poteaux brise-lames des En attendant la grande rétrospec-
vastes plages de la mer du Nord. Un tive qui devrait se tenir au Centre
parcours plein d’humour et de poé- Pompidou à Paris en 2017, la
sie, avec détour américain et souve- Fondation De 11 Lijnen a confié
nir de la Nouvelle Vague, distorsion à Camille Morineau, talentueuse
du temps et vrai militantisme social, commissaire de l’exposition « Niki
pour l’auteur de Cléo de 5 à 7, qui a de Saint Phalle » au Grand Palais,
reçu en 2015 la palme d’honneur du le soin de montrer l’œuvre inclas-
Festival de Cannes. V. B. sable et joyeuse de Sheila Hicks, qui
tisse et sculpte depuis les années Sheila Hicks, Indeed, 2015, installation, technique
llm BRUXELLES, « AGNÈS VARDA. mixte, dimensions variables (©DIRK PAUWELS).
1950 toutes sortes de fibres qu’elle
PATATES & COMPAGNIE », musée installe dans le monde entier. À voir (il ne reste que quelques jours) dans le cadre très
d’Ixelles, 71, rue Jean Van Volsem,
Ixelles, 32 2 515 64 21, surprenant d’un centre privé d’art contemporain installé entre polder, ciel et mer. V. B.
www.museedixelles.irisnet.be lmm OUDENBURG, « SHEILA HICKS : INDEED », Fondation De 11 Lijnen, 1 Groenedijkstraat,
du 25 février au 29 mai. 32 59 27 07 57, www.fd11l.cm du 4 décembre au 27 février.
aVaNT-GaRDe
DaNiel THeO
BuReN VaN DOeSBuRG
uNe NOuVelle eXPReSSiON De
la Vie, De l’aRT eT
uNe FReSque De la TeCHNOlOGie
Rue Ravensteinstraat 23
1000 Brussels Photo-souvenir : Daniel Buren. Sha-Kkei ou Emprunter le paysage, travail in situ, Ushimado (Japon), novembre 1985. Détail. © DB-ADAGP Paris
+32 2 507 82 00 / bozar.be Theo van Doesburg, Counter-Composition XIII (Contra-Compositie XIII), 1925–26, Peggy Guggenheim Collection, Venice (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York).
International
ACTUALITÉS
exposition
PICASSO ENTRE
DEUX STYLES
exposition
Quelle fut la production de
Picasso pendant la Première TOYO ITO ET SANAA
Guerre mondiale ? La Fondation Barnes se AU MOMA DE NEW YORK
penche sur la question, en collaboration avec le
Columbus Museum of Art (Ohio), où cette expo Le Japon est à l’honneur au MoMA,
sition sera présentée dès le mois de juin. « L’année qui réunit une quarantaine d’archi
1914 marque un tournant dans la carrière de l’ar- tectes contemporains (dont Sou Fuji
tiste, explique la commissaire Simonetta Fraquelli. moto, Junya Ishigami ou Akihisa
Après sept ans passés à affiner ses recherches Hirata), autour de deux grands noms,
cubistes, Picasso réintroduit dans ses peintures des Toyo Ito, auteur des Jardins de lumière
éléments naturalistes. Ce qui frappe dans ses œuvres de Tokyo et Kasama, de l’hôpi tal
produites entre 1914 et 1924 est la coexistence de ces
Pablo
Picasso, deux styles, le cubisme et un certain néoclassicisme,
costume du qui ne sont pas chez lui antithétiques. Au contraire,
prestidigitateur l’un et l’autre se nourrissent, et cohabitent souvent dans
chinois pour le
ballet Parade,
une même toile. » Grâce à d’importants prêts issus de collec
1917, soie, satin, tions publiques et privées, le parcours rassemble une cinquan
tissus, mouchoirs taine de peintures et de dessins du maître, quatre des costumes
argentés, H. 176 cm qu’il a réalisés pour le ballet Parade en 1917, ainsi qu’une quin
(©VICTORIA AND ALBERT
MUSEUM, LONDRES).
zaine de tableaux de ses contemporains, signés Henri Matisse,
Fernand Léger ou Diego Rivera. G. M.
llm PHILADELPHIE, « PICASSO : THE GREAT WAR, EXPERIMENTATION AND CHANGE »,
Barnes Foundation, 2025 Benjamin Franklin Parkway, 215 278 7000,
www.barnesfoundation.org du 21 février au 9 mai.
Toyo Ito, Meiso no Mori, hall funéraire
municipal, Gifu, Japon, 2004 (©TOYO ITO
personnalité & ASSOCIATES).
MUSEA
BRUGGE
Attribué
à Sebastiano
del Piombo,
Portrait de
Francesco
Maria della
Rovere, huile
exposition sur panneau,
73 x 64 cm
DELACROIX, LE PREMIER (VIENNE,
Nouvelle Exposition :
Unexpected and Inexpensive
www.patrickmestdagh.com
International
ACTUALITÉS
Jean Dubuffet,
Site avec trois personnages,
1974, peinture vinyle sur
bois aggloméré découpé,
296,5 x 446,7 x 3,2 cm
(BÂLE, FONDATION BEYELER).
personnalité
TATYANA FRANCK
RELANCE LE MUSÉE
DE L’ÉLYSÉE
Historienne de l’art, directrice
jusqu’alors des archives Claude
Picasso de Genève, Tatyana Franck a
pris les rênes du musée de l’Élysée à
Lausanne en mars 2015. Succédant à
Sam Stourdzé, nommé directeur des
Rencontres d’Arles, la jeune femme
suisse entend renforcer la place du
exposition
DUBUFFET DANS LE PAYSAGE GLOBAL
« Tout peut être paysage », aimait à dire Jean Dubuffet (1901-1985). Le voilà pris au mot
avec cette vaste et belle rétrospective organisée par la Fondation Beyeler. Le thème de la
« métamorphose du paysage » sert ici de fil rouge pour embrasser la centaine de peintures
et sculptures soigneusement sélectionnées. Révolutionnaire dans son approche, l’artiste,
autodidacte et converti sur le tard, allait développer une œuvre aussi prolifique que fon-
datrice. La liberté semble le maître mot avec ces corps paysagés, ces visages synthétisés,
ces natures mortes transfigurées. Comme le souligne Raphaël Bouvier, conservateur
à la Fondation Beyeler et commissaire de l’exposition, le projet s’imposait de rendre
hommage à l’artiste que connut Hans Beyeler. Ce dernier s’attacha à acquérir un ensemble
significatif d’œuvres majeures qui figurent en bonne place dans la collection. Autour
de ce noyau incontournable, les différentes séries de Dubuffet, des Sols au cycle de
L’Hourloupe, se déploient avec humour et majesté, pour conclure sur l’œuvre d’art total
Coucou Bazar (1973). V. B.-A.
Tatyana Franck, la directrice du musée
lll BÂLE, « JEAN DUBUFFET, MÉTAMORPHOSES DU PAYSAGE », Fondation Beyeler, de l’Élysée à Lausanne (©RETO DURIET) .
101, Baselstrasse, 41 61 645 97 00, www.fondationbeyeler.ch du 31 janvier au 8 mai.
musée comme centre de recherche,
exposition développer de nouveaux publics et les
partenariats avec d’autres institutions.
ALLER TOUCHER L’ART Parmi les grands projets, l’inscription
À BÂLE du musée de l’Élysée au sein du futur
Pôle muséal réunissant le Musée
Finie la traditionnelle interdiction : ne pas toucher ! cantonal des beaux-arts et le Mudac
Ici, au contraire, c’est un ordre, une injonction. Pour- (musée de design et d’arts appliqués
suivant son cycle d’expositions sur le thème des cinq contemporains) est en route. C’est
sens, le musée Tinguely aborde la dimension tactile sous sa direction en octobre dernier
dans l’art et traverse les siècles, de la période baroque que le bureau d’architectes Aires Ma-
jusqu’à aujourd’hui avec Pipilotti Rist, Pedro Reyes, teus a été désigné pour concevoir le
sans oublier les grandes figures de référence : Marcel nouveau musée : rendez-vous est pris
Duchamp, Bruce Nauman ou Valie Export. V. B.-A. pour 2018-2022. V. B.-A.
Ana Mendieta, Sans titre (Glass on Body Imprints), LAUSANNE, MUSÉE DE L’ÉLYSÉE,
1972-1997, photographie (VIENNE, SAMMLUNG VERBUND. 18, av. de l’Élysée, 41 21 316 99 11,
©THE ESTATE ANA MENDIETA COLLECTION, LLC / COURTESY GALERIE www.elysee.ch Expositions
LELONG, NEW YORK). « ANONYMATS D’AUJOURD’HUI »
llm BÂLE, « PRIÈRE DE TOUCHER, LE TACTILE DANS L’ART », musée Tinguely, et « WERNER BISCHOF »
2, Paul Sacher-Anlage, 41 61 681 93 20, www.tinguely.ch du 12 février au 16 mai. du 27 janvier au 1er mai.
www.museedixelles.be
À l'initiative de Madame la Bourgmestre Dominique Dufourny ;
Yves de Jonghe d’Ardoye, Député honoraire - Échevin de la Culture et des membres du Collège des Bourgmestre et Échevins d’Ixelles.
Cette exposition est organisé avec le concours de Avec le soutien du Service de coopération et action culturelle de
l’Ambassade de France dans le cadre d’EXTRA.
En collaboration avec
Agnès Varda, Patatutopia © Agnès Varda. Éd. resp. : Commune d’Ixelles - Chaussée d’Ixelles, 168 – B – 1050 Bruxelles. Graphisme : Jean-Michel Meyers
International
ACTUALITÉS
expositions
LES 100 ANS DE DADA À ZURICH
Paisible s’il en est, la ville de Zurich ne s’attendait pas à devenir, il y a cent
ans, le berceau du courant d’avant-garde le plus insensé et le plus remuant.
Car Dada, c’est d’incompréhensibles poèmes lettristes, des œuvres plastiques
dynamitant toutes les règles, des performances avant l’heure… Ses prota-
gonistes, venus d’Allemagne, d’Europe Centrale ou de France, se nomment
Tristan Tzara, Hugo Ball, Richard Huelsenbeck ou Jean Arp pour les plus
connus. Si le groupe, légendaire, a eu la durée de vie d’une étoile filante,
l’« esprit dada », anarchiste et irrévérencieux entre tous, allait essaimer à tra-
vers l’Europe, révolutionnant l’art à tout jamais. C’est l’empreinte profonde
de ce courant fondateur que célèbrent aujourd’hui les musées de Zurich. Le
Musée national suisse retrace l’histoire du mouvement à travers ses œuvres
emblématiques, tout en illustrant son rayonnement jusqu’à aujourd’hui. Au
Kunsthaus, les contributions de plus de trente artistes, parmi lesquels André
Breton ou Max Ernst, envoyées à Tristan Tzara en 1921 pour un projet d’édi-
tion jamais conclu, se voient réunies de manière tout à fait exceptionnelle.
Le musée Haus Konstruktiv analyse quant à lui l’apport décisif des artistes
femmes, Sophie Taeuber-Arp (1889-1943), Hannah Höch (1889-1978) et Elsa
von Freytag-Loringhoven (1874-1927). Même le musée Rietberg, dédié aux
arts premiers, explore en de saisissants face-à-face le dialogue entre travaux
dadaïstes et pièces provenant d’Afrique, d’Asie ou d’Océanie. Le célèbre col-
lage d’Hannah Höch, Monument 1 : from an Ethnographic Museum (1924) est
en cela éloquent. « Dada est tatou. Tout est Dada » : l’un des credo du groupe
s’illustre avec une saisissante vérité. V. B.-A
lll « DADA UNIVERSAL », Musée national suisse de Zurich,
Museumstrasse 2, 41 58 466 65 11, nationalmuseum.ch du 5 février au 28 mars.
- « DADAGLOBE », Kunsthaus Zurich, Heimplatz 1, 41 44 253 84 84,
www.kunsthaus.ch du 5 février au 1er mai.
- « DADA DIFFERENTLY : SOPHIE TAEUBER-ARP, HANNAH HÖCH,
ELSA VON FREYTAG-LORINGHOVEN », musée Haus Konstruktiv, Selnaustrasse 25,
41 44 217 70 80, www.hauskonstruktiv.ch du 25 février au 8 mai.
- « DADA AFRIKA », musée Rietberg, Gablerstrasse 15, 41 44 415 31 31,
www.rietberg.ch du 18 mars au 17 juillet.
UN MARATHON DADA
AU CABARET VOLTAIRE
C’est Hugo Ball qui, fraîchement arrivé
de Munich, entreprend de louer en 1916
la salle désaffectée d’un petit bistrot.
Actif pendant six mois, le Cabaret
Voltaire, ainsi surnommé dans un esprit
iconoclaste et de dérision, finit par
fermer ses portes pour tapage nocturne
et moral. Dans l’intervalle, ses murs
ont vu naître le mouvement Dada. Car c’est là que se retrouvent les différents
protagonistes parmi lesquels Hugo Ball, Tristan Tzara, Marcel Janco ou Jean
Arp ; là que Richard Huelsenbeck déclame furieusement ses Poèmes sans
mots et que le 8 février 1916 sera prononcé le manifeste Dada. Un marathon
de 165 jours de performances ressuscite en 2016 l’esprit des lieux, entre
En haut : Hannah Höch, Untitled (from an Ethnographic créations et réactualisation d’actions désormais historiques (ill. : exposition
Museum), 1930, collage, 48,6 x 32,2 cm (HAMBOURG, permanente « Dada in Nuce » dans la crypte. ©Martin Stollenwerk). V. B.-A.
MUSEUM FÜR KUNST UND GEWERBE). En bas : Erwin Blumenfeld,
President-Dada-chapilinist, 1921, collage, 13,4 x 8,8 cm « OBSESSION DADA : 165 JOURS », Cabaret Voltaire, Spiegelgasse 1,
(ZURICH, KUNSTHAUS. ©LEGS ERWIN BLUMENFELD). 41 43 268 57 20, www.cabaretvoltaire.ch du 5 février au 17 juillet.
EXPOSITION
20 JAN.-02 MAI 2016
MUCEM.ORG
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entre diables
des Pays-Bas organise une
exposition réunissant
une grande partie de
cet œuvre fascinant dont
et délices
les inventions fantastiques
n’ont cessé de défier
l’interprétation. Texte MANUEL JOVER
Ci-contre :
Jérôme Bosch,
Le Jardin
des délices,
vers 1495-1505,
huile sur bois,
panneau central
190 x 175 cm,
volets
187,5 x 76,5 cm
chacun (MADRID,
MUSÉE DU PRADO.
©PHOTO RMN).
C
inq siècles après sa mort, son œuvre tisme… Cette conception de l’artiste inspiré Allégories morales
reste énigmatique, voire, en partie, et entièrement libre dans sa création est tout Nous sommes dans le duché de Brabant, en
incompréhensible. Et d’autant plus à fait moderne, inadaptée s’agissant d’un Flandres, dans la ville alors florissante de
fascinant. Sidérant. La création formelle et peintre du xve siècle. Mais il n’empêche : la ’sHertogenbosch, BoisleDuc en français, à
poétique semble chez lui inépuisable, se dé puissance imaginative de Jérôme Bosch est la fin du xve siècle. Hieronymus Bosch est un
ployant en une infinité d’inventions extra irréductible et son œuvre demeure un défi peintre réputé, suffisamment pour qu’en 1504
ordinaires, follement séduisantes. Le triomphe pour les historiens qui multiplient les inter Philippe le Beau, fils de l’empereur Maximi
absolu de l’imagination, en somme. On a vu prétations, sans entamer son mystère. lien, lui passe commande d’un grand Juge-
en lui un surréaliste avant la lettre, tant ses Au cœur de cet œuvre rayonne un tri ment dernier (disparu), et il est un citoyen
créations semblent en prise directe avec l’in ptyque de légende, Le Jardin des délices. audessus de tout soupçon. Membre de la
conscient et tant elles semblent librement, Fleuron du musée du Prado, il est repré confrérie de NotreDame, vouée, comme
naturellement surgir, comme par automa senté dans l’exposition de BoisleDuc, ville son nom l’indique, à la célébration du culte
Ci-dessus : triptyque Le Chariot de foin, vers1510-1516, huile sur bois, panneau central
133 x 100 cm, volets 136,1 x 47,6 cm chacun (MADRID, MUSÉE DU PRADO). BOSCH À LA LOUPE
Page de gauche : le triptyque du Chariot de foin, fermé.
Lorsque la ville de Bois-le-Duc imagina
de consacrer une exposition de grande
ampleur à son célèbre enfant, elle se
heurta à un problème de taille : comment
marial, c’est un clerc, il connaît le latin, pos futable ; et avec une qualité, une finesse du emprunter des œuvres rares à vingt
sède une certaine culture et jouit d’une par pinceau, qui émerveille. Diable de peintre ! grands musées du monde, alors
faite respectabilité ; il est donc irréprochable Dans ses grandes lignes, son œuvre (mince qu’elle-même ne possède (et ne peut
du point de vue des pratiques et de la morale corpus réductible à une quarantaine de donc prêter en retour) rien de tel.
religieuses. Il est même probablement un numéros, dont peu sont des attributions cer La Fondation Bosch 500 eut alors cette
adepte de cette « devotio moderna » qui taines) est le reflet de cette conception d’un idée lumineuse : créer une structure
s’impose aux PaysBas, fondée sur une pié monde irrémédiablement ruiné par le péché, d’investigation scientifique, vouée
té moins dogmatique, plus affective, requé l’originel d’abord, puis celui, quotidien, d’une à travailler avec les différents musées et
rant du fidèle un engagement véritablement humanité qui se vautre dans le Mal, avide de à leur fournir, en échange des prêts, les
résultats de ses recherches. C’est ainsi
personnel, profond et sincère, fondé sur la possessions terrestres et de plaisirs charnels.
qu’est né, en 2010, le Bosch Research
prière et la méditation. Ce climat de religio C’est l’œuvre d’un moraliste chrétien, qui
and Conservation Project (BRCP)
sité accrue se reflète dans l’œuvre de Bosch, assène ses visions pessimistes avec une sévé
qui, doté des technologies de pointe,
imprégnée de la notion de péché, traversée rité n’ayant d’égale que sa verve imaginative.
explore la matérialité des œuvres,
de visions exaltées. L’on peut même avancer Le Chariot de foin montre une humanité les techniques picturales, et permet
que jamais la culpabilité chrétienne n’a paru lancée à la poursuite des biens terrestres une nouvelle compréhension. L’étude
aussi abyssale que chez ce peintre de l’Enfer, représentés par l’énorme charretée de foin des dessins sous-jacents, par exemple,
réputé dès son vivant pour être un « faiseur (symbole d’existence éphémère et vaine), a permis de comprendre que Bosch
de diables ». Un vrai spécialiste ! Inoubliables foin dont chacun, qu’il soit puissant comme travaillait vite, au fil de son inspiration,
sont ses paysages de ténèbres et de four l’empereur et le pape chevauchant sur la ce qui le rattache à la modernité de
naises, où des créatures de folle complexion gauche, ou misérable comme le charlatan, la Renaissance. Les résultats de ces
et d’infinie cruauté soumettent les damnés à le moine glouton ou le mendiant, veut sa campagnes scientifiques sont publiés
d’impensables supplices, cela peint avec une part, quitte à voler, tricher, tuer son pro à l’occasion de l’exposition. M. J.
précision d’horloger, qui rend la chose irré chain. Le chariot et sa peccamineuse escorte www.boschproject.org
sont traînés par des monstres représentant fre, fait certainement écho au « best-seller » Mais comment imaginer une telle œuvre
les Péchés capitaux, droit vers l’Enfer où de même titre de Sébastien Brant paru dès dans une église ?
chacun trouve son châtiment adéquat, dans 1494, et exprime l’idée d’un voyage (la vie La fraîcheur de son imagerie érotique, le
une nuit éternellement ardente. Allégorie humaine) gouverné, non par la raison, mais caractère paradisiaque de l’image, cadrent si
morale, encore : la fameuse Nef des fous, par la folie : fous sont ceux qui, négligeant mal avec cette lecture, comme avec le pes
unique Bosch du musée du Louvre, qui n’est le salut de leur âme, poursuivent les plaisirs simisme global de l’œuvre de Bosch, que
en fait qu’un morceau d’un des volets d’un éphémères qui leur vaudront un châtiment d’autres auteurs ont émis les hypothèses
triptyque démembré. Restauré spécialement éternel. les plus téméraires. À commencer par Wil
pour l’exposition, le « morceau » a sensi helm Fraenger, dont le pavé dans la mare
blement changé d’aspect : la montagne et Utopique Eden qu’il lança dans les années 1960 fait encore
l’arbre qui obstruaient l’horizon ont disparu Mais revenons à notre Jardin, principale des vagues. Selon lui, le peintre faisait par
avec les lourds repeints ; en contrepartie, pomme de discorde entre les spécialistes. tie d’une secte hérétique, les Frères et les
toute la finesse du pinceau, jusqu’aux plus Puisque, entre les volets latéraux, le Paradis Sœurs du Libre Esprit, dont la quête spiri
délicats détails, est réapparue. Pour l’occa terrestre avec Adam uni à Ève, à gauche, et tuelle s’accompagnait de pratiques telles que
sion, la Nef des fous va retrouver son mor l’Enfer, à droite, le seul lien est le Péché, cer le nudisme, l’amour libre… D’où le carac
ceau manquant représentant la débauche et tains en ont déduit que le Jardin, au milieu, tère adamique et les candides joyeusetés
le plaisir (musée de New Haven), ainsi que était une sorte de triomphe du Péché, une du fascinant Jardin. Huée par la quasito
La Mort et l’avare, probable second volet du apothéose de la luxure, se concluant en talité de la profession pour son manque de
supposé triptyque au panneau central dis Enfer, déroulement logique dans la pers fondement historique, sa thèse par ailleurs
paru, mais dont la thématique devait être pective chrétienne. Et que la fonction de très érudite a le mérite de rivaliser d’inspi
celle des Sept Péchés capitaux. Cette Nef des tout triptyque, en ce temps, étant d’orner ration avec l’époustouflant chefd’œuvre.
fous où l’on ripaille, chante, boit et se goin un autel, celuici ne faisait pas exception. D’autres auteurs ont vu dans l’œuvre de
Ci-contre :
La Nef des fous,
vers 1500-1510,
huile sur bois,
58,1 x 32,8 cm
(PARIS, MUSÉE
DU LOUVRE).
BAL DE SORCIÈRES
À BRUGES
Pieter Bruegel l’Ancien fut le grand
héritier artistique de Jérôme Bosch,
tout au moins dans le domaine
de l’inspiration diabolique. On lui
doit même l’invention d’une figure
nouvelle : la sorcière. Oui, la sorcière
« classique », celle qui voyage
dans les airs à califourchon sur
un balai, l’indémodable stéréotype,
fut créé par le grand Bruegel. Elle
apparaît dans deux de ses estampes,
s’engouffrant dans l’âtre d’une
cheminée, avec le feu et la fumée,
pour s’élancer dans le ciel. Autour
de ces « incunables », une exposition
organisée à Bruges rassemble
quelque cent cinquante œuvres
(ill. : David Teniers II, Départ pour
le sabbat, vers 1640-1650, huile
sur bois, 51 x 72 cm, Lille, musée
des Beaux-Arts) illustrant tant
l’imaginaire de la sorcellerie que
la réalité historique des terribles
chasses aux sorcières, entre
le xve et le xviie siècle. M. J.
llm À VOIR : L’EXPOSITION
« LES SORCIÈRES DE BRUEGEL »,
Sint-Janshospitaal, Mariastraat 38,
Bruges, 32 50 44 87 43,
du 25 février au 26 juin.
Bosch une somme ésotérique, interprétant dence bruxelloise, préfiguraient les futurs
systématiquement chaque détail sous l’angle cabinets de curiosité. Le fantasque triptyque
de la connaissance alchimique. Il est vrai y occupait une place de choix. Bosch est
que l’artiste s’exprime par le truchement de ainsi rapproché des milieux humanistes, Puis au musée du Prado, à Madrid,
de juin à septembre. Elle fait partie
figures cryptées. Les innombrables motifs de la pensée d’Érasme et de Thomas More.
des nombreuses manifestations réunies
pullulant dans ses œuvres sont conçus à la Le Jardin des délices serait, comme L’Utopie sous le label « JHERONIMUS BOSCH 500 »,
façon d’emblèmes porteurs de sens caché, de More, une vision de ce que le monde informations sur www.bosch500.nl
mais des emblèmes qui auraient pris vie… pourrait être, s’il n’avait été corrompu par
Bien sûr, le rapport au langage, littéraire ou le Mal. Récusant l’idée d’une « collection de À LIRE
- LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION,
oral (proverbes, dictons, devises, locutions), devinettes » chez Bosch, l’auteur focalise sur éd. Noordsbrabants Museum et Fonds
est une des sources essentielles pour l’inter la pratique artistique ellemême, où se font Mercator, disponible en plusieurs langues
prétation ; le foin cité plus haut en est un jour de nouveaux enjeux : « L’ambivalence (192 pp., 140 ill., 24,95 €).
exemple, entre mille. du langage pictural surpasse ici l’énigme - BOSCH. LE JARDIN DES DÉLICES,
L’idée d’un Bosch hérétique n’est pas du contenu et ouvre à la peinture ce nouvel par Render L. Falkenburg, éd. Hazan,
2015 (276 pp., 74 €).
soutenable. Et l’interprétation négative, espace de liberté où elle devient un art au - BOSCH. LE JARDIN DES DÉLICES, par Hans
classiquement chrétienne, du délicieux même titre que la poésie ». Belting, éd. Gallimard, 2005 (125 pp., 40 €).
Jardin, pas davantage. Alors ? Ces dernières - BOSCH, par R.H. Marijnissen et
décennies, d’autres directions ont été pro À VOIR P. Ruyffelaere, éd. Charles Moreau, 2007.
posées. Celle de Hans Belting, notamment, lll L’EXPOSITION « JÉRÔME BOSCH. VISIONS - JÉRÔME BOSCH. L’ŒUVRE COMPLET, par
DE GÉNIE », Noordsbrabants Museum, Jos Koldeweij, Paul Vendenbroeck et Bernard
est passionnante. D’abord, le commandi Verwersstraat 41, Bois-le-Duc (Pays-Bas), Vermet, éd. Ludion/Flammarion, 2001.
taire est identifié à Henri III comte de Nas 31 73 6877 877, www.hetnoordbrabantsmuseum.nl - LE HORS-SÉRIE de « Connaissance
sauBreda, dont les collections, dans sa rési du 13 février au 8 mai. des Arts » (n° 695, 68 pp., 10 €).
D
es visages en résine, en albâtre, en verre
de Murano, en basalte… Des bronzes
aux allures de bois brûlé et des bustes en
fonte de fer de plus de quatre mètres de hauteur.
L’atelier de l’artiste catalan Jaume Plensa (né en
1955 à Barcelone) abrite une forêt de person-
nages hiératiques, d’une présence puissante et
silencieuse. Fantomatique parfois, lorsque les
sculptures sont recouvertes de bâches noires
pour les protéger de la poussière qui vole dans
cet immense hangar, situé dans la banlieue
industrielle de Barcelone. Jaume Plensa s’est
installé ici en 1992, l’année où furent organisés
les Jeux olympiques d’été. « Auparavant, j’étais
en centre-ville, mais ils ont fait passer une rue
au milieu de mon atelier ! raconte-t-il. Devoir
quitter Barcelone a été une chance. C’est ma ville,
mon identité, mais j’avais besoin de m’en éloigner
un peu. Et j’aime l’idée d’être au milieu d’un no
man’s land, dans un endroit neutre où l’on comme un matériau de la sculpture, et non une forme moulée ou sculptée, dont elles
doit construire la beauté à partir de rien. » en tant que concept. Si certaines de ses têtes, épousent la silhouette et les courbes. Cette
« Construire la beauté », telle est l’obsession en marbre ou en résine, sont des volumes « enveloppe » est conçue en deux grandes
de Jaume Plensa depuis ses débuts. Ce grand pleins, d’autres sont au contraire ajou- parties distinctes, qui permettent ensuite de
admirateur de Michel-Ange, d’Alexander rées, constituées de caractères découpés et retirer facilement la matrice.
Calder et de Joan Miró a exposé pour la assemblés qui structurent la figure. Les mots Assemblées dans l’atelier ou in situ, lors-
première fois en 1980, après avoir fait ses prennent corps, font corps, dans un jeu gra- qu’il s’agit de commandes publiques, les
études d’art à Barcelone et poursuivi son phique et sémantique. « Une lettre seule n’est sculptures de Plensa résultent d’un long
apprentissage à la Fondation Henry Moore, rien. Plusieurs forment un mot, une phrase, travail de conception et de réalisation, mais
en Angleterre, et à l’atelier Calder, en France. un texte… L’alphabet est la meilleure défini- apparaissent à leur auteur comme une évi-
tion d’une culture. Les langues rassemblent. dence. « Je crois à la mesure des choses. Elles
L’art comme lien social Plus on est différent, plus on est intéres- doivent être d’une certaine façon. Une sculp-
Au fil des années, il a bâti une œuvre vouée sant. C’est, je crois, la plus grande richesse ture m’impose une taille, une matière, une
au corps, au visage, à l’âme. Au langage de l’homme », explique Jaume Plensa, qui couleur. Si je n’écoute pas mes intuitions, je
aussi. Son père aimait les livres et l’artiste envisage l’œuvre d’art comme un lien social. me trompe. » Il œuvre avec une équipe de
a grandi entouré de textes. Dès ses pre- Techniquement, ses lettres sont décou- six artisans et en collaboration avec plu-
miers travaux, il a décidé d’utiliser les mots pées au laser, puis soudées entre elles sur sieurs ateliers spécialisés dans le bronze, la
Ci-contre : le sculpteur
entretient un rapport très intime
avec la matière. Il travaille
comme un artisan qui façonne
et sculpte chacune de ses
figures avec un soin et une
précision d’orfèvre pour leur
donner vie et expressivité.
fonte, la pierre, la fibre de verre, la résine… miroir d’eau. « De cette œuvre fondamentale Des œuvres propices
« Je suis très fidèle aux personnes avec les- découlent toutes les autres », affirme l’artiste, à la méditation
quelles je travaille au quotidien. Il s’agit qui intervient aujourd’hui partout dans le Alors qu’il met la touche finale à des œuvres
d’une relation de confiance, établie depuis monde, entre expositions et installations prévues pour la Corée, le Mexique, Londres
longtemps dans le dialogue et l’échange », dans l’espace public (les figures lumineuses ou Tokyo, l’artiste expose à Paris, à la gale-
explique-t-il. en Conversation sur la place Masséna de rie Lelong, galerie avec laquelle il collabore
Chaque sculpture naît d’abord sur le Nice, le Nomade du bastion Saint-Jaume à depuis 1999. Persuadé que chaque nouveau
papier. Jaume Plensa réalise de nombreuses Antibes, une tête géante au bord de l’eau à projet doit être une aventure et un risque,
esquisses, à partir de modèles exclusive- Rio, devant le Pain de sucre). Il a récemment Jaume Plensa a décidé de ne présenter
ment féminins. L’informatique n’intervient exposé à Céret, à Chicago et à Venise, où il a que des pièces inédites, spécialement pro-
que dans un second temps, pour tester les proposé, dans le cadre de la dernière bien- duites pour l’occasion : une série de bustes
possibilités, la résistance des matériaux. nale, une installation à San Giorgio Mag- en bronze à patine blanche, dont les effets
Il s’est initié à la 3D à l’époque de Crown giore, composée d’une tête monumentale en d’éclatements et de fissures rappellent ceux
Fountain, une sculpture numérique inau- maillage métallique, d’une main constituée du bois de cèdre, et un ensemble de dessins.
gurée à Chicago en 2004, composée de deux de lettres et d’une galerie de visages d’albâtre Les œuvres graphiques constituent une part
tours monumentales où sont projetés des aux yeux clos d’une beauté bouleversante méconnue du travail de l’artiste. Un espace
visages anonymes qui se reflètent dans un (« Connaissance des Arts » n° 739, p. 132). de l’atelier leur est dédié, un peu à l’écart.
Sur les murs d’une pièce aménagée en mez- œuvre créée semble relever d’une nécessité.
zanine sont accrochées de grandes feuilles « Il y a des pièces qui me résistent, que je ne
de papier où apparaissent des visages défor- peux pas vendre. Ce serait comme me couper
més, allongés, comme étirés, esquissés au un doigt, explique-t-il. Ici, les sculptures sont
graphite et au doigt, qui semblent se diluer protégées, elles vivent ensemble. Dehors, elles
dans l’espace. doivent survivre. Extraire une pièce de l’ate-
Dessins ou sculptures, les œuvres de lier pour l’exposer, c’est comme envoyer une
Plensa gardent leurs secrets. Elles sont pro- lettre sans savoir ce que ressentira celui qui
pices à la contemplation, à la méditation. va la lire. C’est quelque chose de tellement
« Mes visages ont toujours les yeux fermés. intime… Mon travail, ce sont mes rêves. »
Comme dans un rêve, les choses se passent à Peut-on imaginer plus belle définition
l’intérieur. La tête est un miroir où le specta- de l’art ?
teur peut se refléter. Pour moi, l’œuvre d’art
doit être un lieu où l’on se sent bien. Comme À le voir marcher tranquillement dans À VOIR
un film que l’on prend plaisir à revoir. Un son atelier, entre ses sculptures qu’il caresse llm L’EXPOSITION « JAUME PLENSA.
LA FORÊT BLANCHE » à la galerie Lelong,
abri poétique où l’on se régénère, où l’on se en passant, on comprend à quel point l’ar- 13, rue de Téhéran, 75008 Paris,
retrouve, où l’on se replie aussi parfois, avant tiste a besoin de ce contact physique avec 01 45 63 13 19, www.galerie-lelong.com
de revenir au monde. » la matière et dans quelle mesure chaque du 4 février au 24 mars.
L
ongtemps, la sculpture de Pablo Picasso fut
« le secret le mieux gardé de l’art du xxe siècle »,
selon l’expression de l’historien d’art Werner
Spies. Le maître gardait jalousement ses sculptures
dans son atelier, en conservait tous les originaux,
réalisait très peu de tirages. « Ses sculptures étaient
pour lui peut-être plus importantes, sur le plan
émotionnel, que ses toiles. Il les regardait comme
ses enfants. Et de la même façon qu’il n’a jamais
Ci-contre :
autorisé qu’on vende des tableaux représentant
Pablo ses enfants ou ses femmes, il n’a jamais non plus
Picasso, voulu se séparer de ses sculptures », déclarait en
Footballeur, 2014 Werner Spies, auteur du catalogue raisonné
1961, tôle,
H. 58,3 cm des sculptures de l’artiste. Il a fallu attendre 1966,
(PARIS, MUSÉE soit sept ans avant la mort de Picasso, pour que
PICASSO. soit révélé au grand public un ensemble excep-
PHOTO RMN).
tionnel de sculptures et de céramiques au Petit
Palais, face au Grand Palais où étaient réunies
les peintures lors d’un important « Hommage à
Picasso ». En 2000, le Centre Pompidou rouvrait
avec une rétrospective exclusivement consacrée à
l’œuvre sculpté de Picasso, présentant trois cents
pièces sur les sept cents numéros que compte le
catalogue raisonné. Aujourd’hui, c’est au tour du
Musée national Picasso d’organiser une exposi-
tion intitulée « Picasso. Sculptures », à la suite
de la rétrospective du Museum of Modern Art
Ci-contre :
Femme
au chapeau,
1961-1963,
tôle découpée et pliée,
126 x 73 x 41 cm
(BÂLE, FONDATION
BEYELER).
LES VERRES
D’ABSINTHE
ENFIN RÉUNIS
L’exposition réunit pour la première
fois en Europe la série exceptionnelle
des Verres d’absinthe, modelés par
Picasso dans la cire en 1914 à la
demande de son marchand Daniel-Henry
Kahnweiler, édités en bronze en
six exemplaires numérotés, et peints
(ou sablés) de manière singulière
par l’artiste. La galerie parisienne
étant mise sous séquestre en tant que bien
appartenant à l’ennemi (Kahnweiler était
allemand), les Verres sont confisqués
en 1914, vendus en 1921 et aujourd’hui
dispersés dans le monde entier (Musée
national d’art moderne, Metropolitan
Museum, Philadelphia Museum of Art,
MoMA...). À la fois multiples et uniques,
ils sont aujourd’hui réunis sur un seul
et même socle. M. B. Ci-dessus : Tête de femme (Fernande), 1909, bronze peint, H. 40,5 cm
(PARIS, MUSÉE PICASSO. PHOTO RMN).
En bas : Le Verre d’absinthe, 1914, bronze, H. 21,5 cm (PARIS, MUSÉE PICASSO. PHOTO RMN).
sculpture cubiste Tête de femme (Fernande) fécondes étant souvent liées à l’apparition
(1909) – les deux plâtres de fonderie et plu- d’une nouvelle femme – d’un nouveau corps
sieurs bronzes édités par Vollard et Berg- – dans sa vie : avec Marie-Thérèse Walter, ce
gruen – sont mis en regard avec des études sont les œuvres pleines et modelées de Bois-
au crayon et fusain sur papier de 1909. Des geloup ; plus tard, avec Françoise Gilot, on
Têtes réalisées à Boisgeloup en plâtre et en est dans une construction presque gothique
bronze inspirées par Marie-Thérèse Walter du corps féminin ; à la fin, avec Jacqueline
font écho à une toile de 1932 (Nature morte : Roque, ce sont les tôles découpées et pliées,
buste, coupe et palette) et à des gravures de c’est encore autre chose… », précisait Werner
1933 représentant la jeune femme. Par ail- Spies. Les sculptures en tôle pliée et peinte
leurs, le plâtre de la Femme enceinte de 1950, sont les dernières manifestations de son
confronté à son édition en bronze, fait face œuvre plastique, où s’opère la synthèse entre
à une grande peinture (Femmes à la toilette, dessin, peinture et sculpture. Picasso décri-
1956), comme jadis dans la résidence du vait lui-même le processus lors d’un entre-
peintre, La Californie, à Cannes. tien radiophonique en 1961 : « D’abord, je
« Dans la sculpture de Picasso, il y a eu des commence avec des feuilles de papier que
périodes plus ou moins intenses, les plus je plie, replie, recoupe et replie, et une fois
Tel un dessin dans l’espace l’unique groupe jamais sculpté par Picasso un monument à Guillaume Apollinaire qui
L’exposition du Musée national Picasso- suivant une mise en scène imaginée par n’aboutira pas. La sculpture est exposée
Paris explore ces infinies variations d’échelle l’artiste dans ses dessins et peintures, avec dans le salon Jupiter avec sa compagne de
et de matériaux. La figure féminine styli- un bassin et un tremplin correspondants : bronze de 1932, tandis qu’un autre projet
sée de la Femme aux bras écartés prolonge le groupe des Baigneurs en bronze de 1956, pour un monument à Apollinaire, agrandi
les recherches de Picasso sur la sculpture en regard d’une étude à l’encre de Chine de en 1985 d’après une maquette de Picasso de
plane inaugurée avec le groupe des Bai- 1956 et de quelques photographies d’ins- 1928, a pris place dans le jardin du musée.
gneurs en bois de 1956. On y retrouve ce tallations à New York, Houston et Londres. Figure aérienne exécutée avec l’appui tech-
personnage enfantin aux traits principaux Le dialogue entre peinture et sculpture est nique du sculpteur Julio González, suggé-
réduits à l’essentiel : petite tête, tronc et essentiel chez Picasso, qui envisageait cette rant un volume par ses seules structures
membres géométriques. « Je les ai d’abord dernière comme « le meilleur commentaire linéaires, elle fut qualifiée de « dessin dans
peints, puis je les ai sculptés ; et ensuite, j’ai à qu’un peintre puisse adresser à la peinture ». l’espace » par Kahnweiler. Et rend un vibrant
nouveau peint dans une toile les sculptures », Témoin, le premier exemplaire en fer soudé hommage à un passage du Poète assassiné
expliquait l’artiste à l’historien d’art Pierre de La Femme au jardin (1929) que Picasso d’Apollinaire (1916), « profonde statue en
Daix. Le musée Picasso présente du reste revêt de peinture blanche, proposition pour rien, comme la poésie et comme la gloire ».
Ci-contre :
Femme aux
bras écartés,
1962, tôle,
H. 183 cm
(PARIS, MUSÉE
PICASSO. PHOTO RMN).
À VOIR
lll L’EXPOSITION « PICASSO.
SCULPTURES », Musée national
Picasso-Paris, Hôtel Salé, 5, rue de
Thorigny, 75003 Paris, 01 85 56 00 36,
www.museepicassoparis.fr
du 8 mars au 28 août.
- COLLOQUE le 24 mars au
Centre Pompidou, le 25 mars à la
Bibliothèque nationale de France
(site François-Mitterrand), le 26 mars
au Musée national Picasso-Paris.
À LIRE
LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION,
sous la direction de Virginie
Perdrisot et Cécile Godefroy,
coéd. Musée national
Picasso-Paris,
Bozar et Somogy
(320 pp., 300 ill.,
45 €).
É
ric Jansen est nostalgique d’une époque
qu’il n’a pas connue. Il rêve du Paris
des années 1930-1950, alors capitale du
monde des arts. « Dans le sillage de Marie-Laure
de Noailles ou de Charles de Beistegui, Jean Cocteau
et Christian Bérard côtoyaient de grands décora-
teurs, comme Jean-Michel Frank, Émilio Terry ou
encore Madeleine Castaing. Les gens qui avaient
de l’argent avaient aussi du goût. » Il sait que les
feux de cette époque ne sont pas tout à fait éteints.
Certains des collectionneurs dont il brosse les
portraits chinois par collections interposées ont
fréquenté cette galaxie. Pierre Bergé était reçu, avec
Yves Saint Laurent, chez Marie-Laure de Noailles.
Habitué de la galerie de Madeleine Castaing, rue
Jacob, Jacques Grange a nourri son style de l’auda-
cieuse relecture du xixe siècle de la décoratrice. Il
a mis en scène l’appartement londonien de Terry
de Gunzburg. Au salon, à côté d’une table Nuage
des années 1970 de Guy de Rougemont paradent
deux petits fauteuils Napoléon III bleu et or, en
velours et bois doré. Ils ont appartenu à Madeleine
Castaing. Dans la préface de Nouveaux Cabinets
d’amateurs, Frédéric Mitterrand, dont la collec-
tion de tableaux, sculptures et photographies est
elle aussi présentée, évoque une « redistribution
générale permanente » des collections au cours des
siècles. Cette impression d’héritage se fait jour au
fil des pages. Le magnifique Saint-Sébastien en
ivoire, dans le salon du galeriste Pierre Passebon,
appartenait à Yves Saint Laurent. Chez Pierre
Le-Tan, le confortable fauteuil à oreilles néo-xviiie
compta Elsa Schiaparelli parmi ses proprié- une galeriste d’art contemporain, Domi- possède une quarantaine, disposées dans le
taires. Ce qui rassemble ces personnalités nique Lévy, et les marchands et éditeurs de parc de sa propriété de Southampton, dans
aux goûts disparates, c’est une passion pour design Didier et Clémence Krzentowski. les Hamptons. La maison, non photogra-
l’objet d’art et les styles du passé. « Les raisons Les décorateurs sont bien représentés, entre phiée mais décrite par le journaliste, révèle
qui les poussent à collectionner me semblent autres par Peter Marino, Christophe Decar- un autre pan des goûts du décorateur. Dans
toujours mystérieuses. S’entourer de beauté pentrie, Joseph Achkar et Michel Charrière. un salon, un mur entier se pare de céra-
demande beaucoup de temps, de la volonté Éric Jansen a choisi ces vingt-quatre per- miques françaises du xixe siècle, chinées
et des moyens. Je crois qu’ils ont simplement sonnalités, toutes rencontrées au fil de sa dans les années 1980 et 1990. Les chambres
besoin de créer autour d’eux un monde idéal », carrière, davantage pour leur sens du décor des invités ont d’ailleurs pour nom « Théo-
s’étonne, admiratif, Éric Jansen. que pour la valeur de leur collection, fût- dore Deck », « Auguste Delaherche »,
elle considérable. « Pour faire un livre, il « Charles Greber » ou « Pierre-Adrien Dal-
Un monde idéal faut évidemment que les sujets soient photo- payrat ». On reste médusé par le décor du
Certains collectionneurs représentés sont géniques. Mais au-delà de cette contingence, photographe Andres Serrano à New York.
artistes, comme Pierre Le-Tan et Andres ces intérieurs illustrent bien le thème central Lui qui fut violemment attaqué pour son
Serrano. D’autres ont embrassé la carrière de l’ouvrage : vivre avec ses collections. » Piss Christ, vandalisé à Avignon par des
d’antiquaire, à l’instar de Bob et Cheska On y fait des découvertes surprenantes. catholiques intégristes en 2011, vit dans un
Vallois, Franck Laigneau, Benjamin Steinitz Peter Marino, grand amateur des sculptures intérieur en pierre de Jérusalem peuplé de
ou Jean-Marie Rossi. On rencontre aussi de Claude et François-Xavier Lalanne, en statues religieuses gothiques et de mobilier
À New York chez Dominique Lévy, sur une console de Jean Royère, Chez Robert et Cheska Vallois, sur une console de Jean-Michel Frank,
une sculpture de Sherrie Levine. Au sol, des vases de Ritsue Mishima. des céramiques de Paul Jeanneney et de Simmen et O’Kin, et une lampe
en ivoire d’Eileen Gray, également auteur de ce prototype de paravent.
liturgique. Aucun second degré dans les Frédéric Mitterrand, Andres Serrano et création d’aujourd’hui. Anne-Marie Gillion
choix du photographe, qui se revendique Peter Marino sont des habitués du marché Crowet, dont la collection d’Art Nouveau,
artiste chrétien. Dans l’appartement pari- aux Puces de Saint-Ouen. Pierre Le-Tan se cédée en dation à la région de Bruxelles,
sien de Bob et Cheska Vallois, musée idéal rend presque chaque jour à l’hôtel Drouot s’admire au musée Fin de Siècle (« Connais-
des puristes de l’Art Déco, un autoportrait et y décroche parfois des pépites à un prix sance des Arts » n° 723, pp. 62-67), affiche
sculpté de l’artiste contemporain Gilles dérisoire, tel un dessin d’Émilio Terry désormais son intérêt pour l’art contem-
Barbier, représenté en tongs et chemise de oublié dans un cadre cassé. « Les gens qui porain chinois. Elle a réhabilité une moutar-
nuit, joue le trouble-fête au côté d’un très ont apprécié le livre m’ont avoué leur sou- derie des faubourgs bruxellois pour installer
raffiné petit cabinet de Jean-Michel Frank lagement de pouvoir assumer cet amour de et admirer, sur quatre mille mètres carrés,
en marqueterie de paille. Ces carambolages l’objet d’art. L’écho médiatique autour de l’art les œuvres de Yue Minjun, Zhang Xiaogang
témoignent de la familiarité de ces amateurs contemporain est si fort que certains n’osent ou Zhang Huan qu’elle a acquises en Chine,
avec leurs collections, qu’il s’agisse d’objets plus dire qu’ils aiment la “ chine ”. C’est à l’occasion d’un voyage avec le couple
de charme ou de pièces de musée. « Tous comme un lavage de cerveau. » royal belge en 2003. Quant à sa maison, elle
sont intarissables sur leurs œuvres et objets, recèle entre autres des ivoires du Congo
comme sur la façon dont ils les ont rassem- L’art du mélange rarissimes, des tableaux de René Magritte,
blés », raconte Éric Jansen. Souvent, ils sont Pour autant, l’art contemporain n’est pas des œuvres de Louise Bourgeois, de Rebec-
des chineurs invétérés, quels que soient absent de ces intérieurs. Ces curieux des ca Horn, Tony Cragg et Gerhard Richter,
leurs moyens. Anne-Marie Gillion Crowet, styles d’autrefois ont leur mot à dire sur la du mobilier d’Ado Chale et quelques têtes
Chez Didier et Clémence Krzentowski trône dans le salon l’Orgone Ci-dessus : à Londres, chez Terry de Gunzburg, le salon est décoré
Stretch Lounge de Marc Newson et, au fond, sur les étagères de d’une Susanna au bain de Martial Raysse, d’une table basse de Guy
Martin Szekely, on peut voir des vases d’Andrea Branzi, le tout éclairé de Rougemont et de deux chaises Napoléon III. Page de droite : chez
par une suspension de BBPR. Pierre Passebon, la cheminée est italienne et date du xvi e siècle. C’est
lui-même qui a composé le manteau comme un damier noir et blanc.
romaines. L’antiquaire parisien Jean-Marie presque littérale, lorsqu’il place au centre Leurs clients aiment venir les y rencontrer.
Rossi, ami des artistes de l’École de Nice, d’une bibliothèque, surmontée d’un faune On leur attribue, à raison je pense, un goût
a été précurseur dans cet art du mélange. contemporain en céramique de Klara Kris- hérité de la richesse culturelle française »,
Dans le salon-musée de sa maison près talova, un nu masculin de Charles Despiau juge Éric Jansen. Il faut donner de l’esprit
de Paris, il utilise une magnifique table de d’inspiration antique, entouré de branches à cette élégance en la renouvelant sans
Carlo Bugatti comme sellette pour exposer de corail, ou quand une double porte cesse par de nouvelles trouvailles. Made-
sous vitrine un nu féminin hyperréaliste de s’ouvre sur un buste d’Athéna posé sur une leine Castaing l’a fait avec ses meubles de
John de Andrea. Dans sa chambre à cou- colonnette. Comment ne pas penser à la charme du xixe siècle, Cheska et Bob Vallois
cher, il confronte une toile de Gustave Doré, citation de Charles de Beistegui, dans une en exhumant des trésors Art Déco oubliés.
Le Petit Chaperon rouge, avec une lampe interview donnée à « Harper’s Bazaar », Des planches originales de bande dessi-
Expansion de César. en 1946 : « L’Homme qui pense moderne née chères à Pierre Passebon au mobilier
Le mélange des époques est classique est démodé » ? L’esthète quittait alors son Jugendstil scandinave défendu par Franck
dans un cabinet d’amateur, tradition de appartement créé par Le Corbusier pour Laigneau, quels seront les classiques des
collection érudite à laquelle le titre du livre le château de Groussay, décoré par Émilio décors de demain ?
se réfère. À partir de la Renaissance, il Terry. Cet attachement au passé est peut-
À LIRE
représente, symboliquement, la manifesta- être le secret des grands décorateurs fran- NOUVEAUX CABINETS D’AMATEURS, par
tion du génie humain et celle du Créateur. çais. « Ils sont sollicités dans le monde entier Éric Jansen, préface de Frédéric Mitterrand,
Chez Alexandre Biaggi, la référence est mais conservent leur port d’attache à Paris. éd. Gourcuff Gradenigo, 271 pp., 49 €.
Page
de droite :
Autoportrait
en Pierrot,
1915, huile
sur carton,
43 x 27 cm
(COPENHAGUE,
STATENS
MUSEUM
FOR KUNST).
Picasso et Léger. En revanche, son lien avec taille de la toile, assez grande. Il n’aime pas vivant, d’une petite célébrité d’estime qui ne
Modigliani est beaucoup moins réfléchi, il se mettre en avant… dépasse pas les cercles parisiens. Pourquoi
relève du coup de foudre. Il tombe, en 1917, Cela ne l’empêchera pas de continuer à Dutilleul a-t-il été fasciné par Modigliani ?
alors qu’il est en réserve du Front, devant acheter des toiles de Modigliani… C’est une question qui reste sans réponse,
une de ses toiles dans la vitrine de la galerie Et même de redoubler d’attention pour son sauf à réfléchir sur les implications d’un art
de Paul Guillaume. Il achète peut-être sa œuvre. Dutilleul achète, revend, échange les fondé essentiellement sur le portrait. L’ar-
première œuvre de l’artiste à un encadreur, toiles de Modigliani. À aucun moment sa tiste et le collectionneur sont assujettis à
puis à Zborowski, son dernier marchand. démarche n’est spéculative, elle est métho- cette sensibilité très particulière que dénote
Le jour où celui-ci n’a plus rien à lui vendre, diquement muséale : il lui faut obtenir le le portrait, une image indépendante qui
il demande directement à Modigliani, en meilleur de sa peinture et ce, pour chaque vous regarde…
1919, de peindre son portrait. Œuvre fas- période de sa vie. Ce qui explique que notre Parmi ces portraits, on trouve énormément
cinante. Modigliani, qui connaît sa collec- collection de Modigliani est quasiment un de figures de l’avant-garde, des artistes
tion cubiste, reprend en fond les couleurs résumé de toute son œuvre. Ce but perdure et des écrivains… Amedeo Modigliani
très cézaniennes qui sont celles de Picasso bien après la mort de l’artiste, car Dutilleul est-il ce mémorialiste de Montparnasse,
et Braque à cette époque-là. Quand il la lui est animé par l’intention de participer à sa comme on l’a parfois surnommé ?
livre, Dutilleul est un peu choqué par la renommée. Modigliani bénéficie, de son Le cercle de ses fréquentations évolue tout
au long de sa vie et selon le quartier où il la pratique picturale de Modigliani ? si le modèle est un artiste. D’une certaine
s’installe. C’est en descendant de la butte On sait que l’ambition première de Modi- manière, il se penche sur un miroir et il peut
Montmartre vers Montparnasse que Modi gliani était de devenir le grand sculpteur espérer accéder à cet « échec réussi ». Ce qui
entre en relation avec la communauté juive d’une modernité syncrétique. Il n’a pas pu est certain, c’est qu’il est beaucoup plus radi-
d’Europe de l’Est : Kisling, Krémègne, la réaliser pour toutes sortes de raisons, cal quand il peint des artistes.
Kikoïne, Soutine… Il fréquente Picasso dans sa santé médiocre, l’absence de mécène… Plus radical ?
les cafés, mais Picasso, déjà, est à part : c’est La peinture serait alors un second choix Sans concession, sans peur d’être désa-
le patron, au-dessus de la mêlée. Modigliani et le portrait, une sorte d’échec réussi. La gréable, bizarre, et aussi très varié dans son
réalise plusieurs portraits de lui en 1915. réalité échappe toujours au portraitiste et approche picturale. Il use successivement
On ne connaît pas la réaction du maître… chez Modigliani il y a cette quête éperdue, du pointillisme, des hachures, du modelé,
Picasso semblait mépriser Modigliani. Pour- qui trouve peut-être sa source dans une des aplats… Dans la république des arts
tant, dans les années 1930, il a acheté une dimension spiritualiste, de réaliser le por- que Modigliani a choisie comme terrain
toile de lui qu’il a gardée jusqu’à sa mort et trait absolu. Faire qu’en une image, on sai- d’exercice, la question du genre est d’ac-
qui est aujourd’hui au Musée Picasso, qui a sisse quelque chose d’essentiel au modèle tualité bien avant qu’elle n’apparaisse dans
la générosité de nous la prêter. et qu’en même temps, ce soit une œuvre la littérature, je parle des romans comme
Quel rôle l’art du portrait tient-il dans de peinture pure. La liberté est plus grande La Garçonne de Victor Margueritte, paru
Ci-dessus, à gauche : Portrait de Celso Lagar, 1915, huile sur toile, 35 x 27 cm (JÉRUSALEM, THE ISRAËL MUSEUM). À droite : Beatrice Hastings,
1915, huile sur toile, 81 x 54 cm (MILAN, MUSEO DEL NOVECENTO. ©LEEMAGE). Il s’agit de la poétesse anglaise, qui eut pendant deux ans une
relation amoureuse avec Modigliani. Page de droite : Léopold Survage, 1917, huile sur toile, 61,5 x 46 cm (HELSINKI, ATENEUM ART MUSEUM).
en 1922. Ce sujet qui va affoler la société dances cohabitent. D’un côté la liberté la d’avant-garde. J’aime cette idée qu’à travers
française, le peintre en saisit les prémices plus féroce, de l’autre, un monde réaction- ce masque de Modigliani, une transmission
lorsqu’il fait le portrait de Baranowski, un naire, xénophobe et qui rejette les avant- a lieu. On assiste à un moment de passage.
artiste polonais aujourd’hui oublié, dont il gardes. Modigliani, lui, a choisi son camp,
accentue l’air efféminé par une ligne tout en sans concession aucune. Il campe en marge À VOIR
arabesque androgyne… Ou lorsqu’il peint, de la société et il y tient. À l’encontre des lll L’EXPOSITION « AMEDEO MODIGLIANI.
en 1916 et 1917, Renée Kisling, la femme de Picasso, Léger ou Delaunay qui travaillent L’ŒIL INTÉRIEUR », LaM, 1, allée
du Musée, 59650 Villeneuve-d’Ascq,
Moïse, accentuant tous les traits masculins à exister, survivre, dans un milieu social qui 03 20 19 68 68, www.musee-lam.fr
de son visage, utilisant tous les moyens de la n’est pas simple. du 27 février au 5 juin. Avec le mécénat
caricature quasi expressionniste pour cette Que serait devenue la peinture d’Amedeo du Crédit Mutuel Nord Europe.
artiste qui joue un numéro de siamois avec Modigliani s’il n’était pas mort aussi jeune ? RÉSERVEZ VOTRE BILLET
son compagnon. Ce regard singulier ne plaît C’est la question que tout le monde se pose, SUR CONNAISSANCEDESARTS.COM
pas à tout le monde : Cocteau, lui, se débar- bien sûr. Il n’y a pas de réponse. Kenneth À LIRE
rasse très vite de son portrait… Wayne, dans le catalogue, rappelle que Man - LE HORS-SÉRIE de « Connaissance
Doit-on comprendre qu’en peignant ses amis Ray, arrivé à Montparnasse en 1921, après des Arts » (n°696, 52 pp., 9 €).
artistes, Modigliani ouvre un champ d’ex- la mort de Modigliani, réalise une mémo- - LE CATALOGUE DE L‘EXPOSITION, coédition
périmentation pictural mais aussi social ? rable photographie surréaliste du masque LaM/Gallimard (224 pp.,165 ill., 35 €).
- LES AVANT-GARDES ARTISTIQUES
En tous les cas, il montre certainement mortuaire de celui-ci. En un sens, il se place 1848-1920, par Béatrice Joyeux-Prunel,
une société paradoxale, celle des années dans une sorte d’héritage, lui qui va deve- éditions Gallimard, collection Folio
de guerre et d’après-guerre, où deux ten- nir le portraitiste officiel de tous les cercles Histoire (n°249, 976 pp., 9,50 €).
L’
émergence récente d’un architecte
comme David Adjaye témoigne de
la recomposition en cours du pay-
sage architectural mondial. Né en Tanzanie
en 1966, ce fils d’un diplomate ghanéen a
vécu dans de nombreux pays d’Afrique et
du Proche-Orient, avant de venir étudier à
Londres au Royal College of Art. Comme
le suggère ce bref résumé de sa jeunesse,
l’homme se pose au croisement d’une iden-
tité africaine et d’une culture occidentale et,
très consciemment, il cherche les ingrédients
d’une synthèse qui, dépassant l’exercice de
style formaliste, participe de la construction
d’une modernité spécifiquement africaine.
Au départ, Adjaye a bâti sa réputation en
Angleterre, où il fonde son agence en 2000.
Il réalise de nombreux projets de maisons
à Londres et séduit une clientèle people,
d’Alexander McQueen à Ewan McGregor. Il
signe aussi des bâtiments à vocation cultu-
relle ou commerciale qui suscitent l’intérêt
de la critique et des commanditaires, que
l’on songe au bâtiment de Rivington Place
(2007) ou aux Idea Stores de Chrisp Street
(2004) et Whitechapel (2005).
La reconnaissance internationale ne
tarde pas : on retrouve bientôt David Adjaye
à Moscou, où il conçoit la spectaculaire
DANS L’OBJECTIF
DE BETTINA RHEIMS
Texte JEANNE FOUCHET-NAHAS
Depuis
ses débuts,
Bettina Rheims
fait scandale
avec ses clichés
de femmes
célèbres ou
anonymes
dans des mises
en scène
sulfureuses.
La Maison
européenne de
la photographie
à Paris lui rend
hommage.
D
Ci-contre : ans la lumière galeriste (1975-1978).
Bettina Rheims, crue de ses Ses premiers modèles
Autoportrait fantaisies et de sont les strip-teaseuses
de Valeria Golino
par moi-même, ses obsessions, Bettina de Pigalle, dont les
avril 1991, Rheims poursuit, de- clichés sont publiés
Los Angeles, puis bientôt quarante en 1980 dans la revue
photographie
(©BETTINA RHEIMS).
années, une expérience « Égoïste » et exposés
photographique avec l’anné e suivante au
Page de gauche : pour seul leitmotiv la Centre Pompidou et
Kristin Scott Thomas femme. Sans pudeur ni tabou, avec un certain goût du à la galerie Texbraun à Paris. Ses images attirent l’at-
playing with a blond
wig, mai 2002, scandale, l’artiste scrute sa beauté, sa nudité, sa fragilité, tention d’Helmut Newton, qui la conforte dans la voie
Paris, photographie ses ambivalences, ses désirs et ses peurs. Sulfureuses, qu’elle s’est choisie. Comme lui, la jeune femme pose
(©BETTINA RHEIMS). troublantes, les images de la photographe ont circulé sur ses modèles un regard de voyeur professionnel,
dans le monde entier. Invitée à la Maison européenne fustige le bon goût et « l’anti-érotisme ». Malgré une
de la photographie, elle investit les trois étages de l’hôtel immense admiration pour le talent de son mentor,
particulier avec cent quatre-vingts images, mêlant les elle préfère pourtant citer Diane Arbus ou Nan Gol-
séries légendaires et les icônes aux travaux inédits. din. Après une série de somptueux portraits en noir
Fille de Maurice Rheims, académicien et commis- et blanc d’animaux naturalisés, photographiés comme
saire-priseur, sœur de Nathalie Rheims, comédienne s’ils étaient vivants, elle débute une collaboration, au
et écrivain, Bettina Rheims est née en 1952 à Paris. début des années 1980, avec la presse (« Elle », « Play
Avant de plonger dans la photographie, elle est man- Boy », « Paris Match »), la mode et la publicité (Cha-
nequin à New York (1972-1973), puis journaliste, puis nel, Lancôme), réalise des pochettes de disques et des
Ci-dessus : Close up of
Karolína Kurková,
décembre 2001,
Paris, photographie
(©BETTINA RHEIMS).
Ci-contre : Edward V. III,
juin 2011, Paris,
photographie
(©BETTINA RHEIMS).
Page de gauche,
à gauche : Renée
Dorski, étude,
mars 2005, Paris,
photographie
(©BETTINA RHEIMS).
À droite, en haut :
Claire Stansfield crying
in the Formosa Café,
février 1994, Los
Angeles, photographie
(©BETTINA RHEIMS).
En bas : Breakfast
with Monica Bellucci,
novembre 1995,
Paris, photographie
(©BETTINA RHEIMS).
transposer dans leur siècle les épisodes de Marianne Faithfull ou Barbara – n’aime rien À VOIR
l’histoire sainte ». Avec une équipe de deux tant que multiplier les références, qu’elles llm « BETTINA RHEIMS » à la Maison
européenne de la photographie, 5-7, rue
cent cinquante personnes, la photographe appartiennent au cinéma (le Rouge Allure
de Fourcy, 75004 Paris, 01 44 78 75 00,
installe la scène de la Nativité dans un de Chanel, inspiré du Mépris de Godard), www.mep-fr.org du 28 janvier au 27 mars.
garage de banlieue, fait poser une femme à la peinture (« Elle » russe tout droit sorti
nue sur une croix avec à ses pieds une Marie d’un tableau de La Tour). Dans Rose, c’est À LIRE
Madeleine en petite culotte… Jugé blasphé- Paris, réalisée en 2010, Bettina Rheims suit - BETTINA RHEIMS, par Bettina Rheims et
Patrick Rémy, éd. Taschen (français/anglais/
matoire, le livre a suscité l’ire des intégristes les déambulations d’une mystérieuse jeune allemand, 590 pp., 72 €). Également disponible
catholiques et a été considéré comme esthé- femme dans des lieux qu’affectionnaient les en édition limitée à 800 exemplaires
tiquement « vulgaire », « pompier »... surréalistes. Cette série, dont le titre évoque numérotés et signés par Bettina Rheims,
Aussi à l’aise dans la commande que dans en filigrane le personnage Rrose Sélavy créé volume relié (454 pp.) et livret (146 pp.)
le travail d’auteur, cette grande portraitiste en 1920 par Marcel Duchamp posant, tra- sous coffret de luxe (500 €).
- GENDER STUDIES, par Bettina Rheims,
d’inconnues et de femmes célèbres – de vesti en femme, devant l’objectif de Man Steidl Verlag, 2014 (76 pp., 48 €).
Madonna à Catherine Deneuve en passant Ray, se lit comme un vibrant hommage au - ROSE, C’EST PARIS, avec Serge Bramly,
par Charlotte Rampling, Carole Bouquet, féminin, dans tous ses éclats. éd. Taschen, 2011 (368 pp., env. 35 €).
L’ENFANCE
DE L’ART Texte JÉRÔME COIGNARD
Au musée Marmottan-Monet à Paris, une exposition montre la lente
évolution du statut de l’enfant, du Moyen Âge au début du XXe siècle.
Une traversée historique illustrée par les plus grands artistes.
Ci-contre :
anonyme,
Portrait de
Louis XIV
(1638-1715)
enfant, en
pied, vers
1639-1640,
huile sur
toile, 88,5
x 62,5 cm
(VERSAILLES,
CHÂTEAUX DE
VERSAILLES ET DE
TRIANON. PHOTO
DE PRESSE RMN).
À gauche :
attribué
à Léonard
Limosin,
Portrait
du futur
François II,
vers 1553,
émail peint
sur cuivre,
44, 8 x 32 cm
(PARIS, MUSÉE DU
LOUVRE. PHOTO
DE PRESSE RMN).
L
a fil- en 1681 avant d’atteindre sa septième année. Ce beau portrait est
lette se en réalité un portrait posthume. La bulle de savon symbolise la vie
détourne éphémère, de même que la montre qui égrène impitoyablement les
un instant de son occupa- heures. Si la mort rôde, la peinture déploie toutes ses séductions pour
tion pour faire face au spectateur. Le la faire oublier. Également présenté à l’exposition « L’Art et l’enfant »
palatial décor de colonnes, la richesse du musée Marmottan- Monet, un autre portrait posthume d’enfant,
du costume et des draperies, la présence du perroquet, coûteux vola- autrefois attribué à Philippe de Champaigne, est la parfaite antithèse
tile exotique, indiquent le haut lignage de l’enfant. Elle tient une paille du tableau de Mignard. Il s’agit cette fois d’un portrait funéraire. On
à laquelle est encore attachée la bulle de savon à peine soufflée. Chef- devine sous le drap remonté, le petit corps rigide. Le visage déjà livide
d’œuvre du portrait de cour, mêlant avec brio charme et convention, est rehaussé d’une imperceptible touche de rose sur les lèvres. Deux
cette peinture de Pierre Mignard représente la jeune Louise Marie visions d’un même fléau qui traversa les siècles : la mortalité infantile.
Anne de Bourbon. Elle avait reçu le titre de Mademoiselle de Tours, Orchestrée par l’historien Jacques Gélis, Marianne Mathieu, chargée
mais ses parents qui la chérissaient ne la nommaient que Toutou. Ses des collections du musée Marmottan-Monet, et Dominique Lobstein,
parents ? Louis XIV et la marquise de Montespan… Toutou mourut historien de l’art, l’exposition retrace pour la première fois, à travers
plus de soixante-quinze œuvres, l’évolution porte sur l’enfant est profondément négatif,
du statut de l’enfant de la fin du Moyen Âge écrit Jacques Gélis. En mettant essentielle-
à l’orée du xxe siècle. ment l’accent sur le passé de cet enfant, sur le
pécheur qu’il est à son corps défendant, parce
Est-il bon, est-il méchant ? que fils d’Adam, le discours chrétien l’accable
Les petites personnes délicieusement et le déprécie. Le péché est une maladie qui
sérieuses de Chardin, les enfants joufflus a beau être guérie par le baptême, le discré-
peints par Renoir et ses amis, toute cette dit n’est jamais complètement levé : “Si petit
vision enchanteresse d’une enfance pleine enfant, si grand pécheur”, affirmait saint
de promesses ne fait que tardivement Augustin. » La mort des enfants avant le
son apparition sur la scène artistique. À baptême avait conduit dès la fin du Moyen
l’époque médiévale, les représentations Âge à la curieuse pratique des « sanctuaires
se concentrent sur la personne de l’En- à répit », qui perdura plusieurs siècles. Le
fant Dieu. Telle Minerve sortie tout armée petit corps était exposé sur l’autel jusqu’à
de la cuisse de Jupiter, il est né doué de la la manifestation d’un « signe de vie ». Le
connaissance, capable dès l’âge de 12 ans prêtre procédait alors au baptême de l’en-
Ci-dessus : Jacques-Fabien Gautier-Dagoty, d’en remontrer aux docteurs de la Loi stu- fant qui pouvait enfin être enseveli en terre
IV e tableau représentant la femme
enceinte, 1740-1785, gravure sur cuivre,
péfaits. Le petit de l’homme reste, pour chrétienne. Son âme montait au ciel pour
187, 5 x 50 cm (PARIS, BIBLIOTHÈQUE DE L’ACADÉMIE longtemps, un objet de méfiance. « Le regard devenir un ange protecteur au lieu d’errer
NATIONALE DE MÉDECINE). que le christianisme médiéval et moderne et de tourmenter les vivants…
Au xvie siècle, la vision négative de l’en- simulés ; ils rient et pleurent facilement ; ils ont lippe de Champaigne (château de Sully-sur-
fant persiste chez les humanistes. Font excep- des joies immodérées et des afflictions amères Loire) représente ainsi le fils aîné en compa-
tion des auteurs comme Érasme ou Rabelais, sur de très petits sujets ; ils ne veulent pas souf- gnie de ses parents et de ses grands-parents.
plus indulgents. On ne lit pas sans frémir les frir de mal et aiment à en faire ». Un deuxième enfant, plus jeune, est porté
pages consacrées par Montaigne à l’éduca- Entre-temps, l’enfant a fait son entrée dans les bras d’une femme représentée de
tion de l’enfant, véritable dressage destiné à dans la peinture, par la grande porte, avec dos, sans doute sa nourrice. Si les familles
lui épaissir le cuir. Cette éducation se déroule les portraits royaux ou princiers. Si les por- pauvres ne peuvent s’offrir le luxe d’un por-
bien sûr loin de l’amour de ses parents qui traits du roi ou des princes destinés à l’inti- trait, les représentations des jeunes paysans
risquerait de trop l’attendrir : « Il le faut mité des appartements privés s’autorisent un et villageois séduisent les collectionneurs.
rompre à la peine et âpreté des exercices, pour certain naturel, le portrait officiel du pou- En France, les frères Le Nain signent les
le dresser à la peine et âpreté de la douleur, pon roi, paré du manteau du sacre coupé à chefs-d’œuvre du genre, où des enfants aux
de la colique, du cautère, et de la geôle, et de sa taille menue et pourvu des insignes du joues roses et pleines portent des haillons
la torture. » Ces méthodes dignes de Sparte pouvoir, nous semble aujourd’hui cocasse. pittoresques.
peuvent « choquer les règles de la méde- Dans l’aristocratie se répand au xviie siècle
cine », de l’aveu même de l’auteur. À la fin la vogue du portrait dynastique, où l’enfant L’invention de la tendresse
du xviie siècle, Les Caractères de La Bruyère n’est pas tant représenté pour lui-même que Il faut attendre le siècle des Lumières pour
développent encore une vision négative de comme symbole de la perpétuation d’une que triomphe l’idée que l’homme ne naît pas
l’enfance : « Les enfants sont hautains, dédai- lignée. Présenté pour la première fois dans enfant du diable. « Assemblez tous les enfants
gneux, colères, envieux, intéressés, paresseux, une exposition temporaire, le grand Portrait de l’univers, écrit Voltaire, vous ne verrez en
volages, timides, intempérants, menteurs, dis- de la famille Habert de Montmor par Phi- eux que l’innocence, la douceur et la crainte. »
Le progrès des idées philosophiques va de croit dans l’enfant. » Les grands artistes du
pair avec les progrès de la médecine. La xixe siècle multiplient les visions heureuses
« machine » ou mannequin anatomique de de l’enfance, des petits paysans de Millet
Mme du Coudray, sage-femme qui, dans les aux enfants jouant, lisant ou gambadant
années 1760, parcourt la France pour don- de Renoir, Morisot, Monet, Bonnard ou
ner des cours d’accouchement, témoigne de Denis. Mais le Siècle de l’industrie est aussi
la volonté de prévenir les risques. Réservée celui de l’exploitation de l’enfant. La loi du
jadis aux milieux aisés, la mise en nourrice, 22 mars 1841 impose de ne pas embaucher
qui culmine au xviiie siècle, est dénoncée les enfants de moins de 8 ans. Jusqu’à 12
comme scandaleuse. Le rôle crucial de la ans, la journée de travail est limitée à huit
mère dans le développement intellectuel de heures ; de 12 à 16 ans, à douze heures. Cette
l’enfant devient un véritable enjeu social. loi serait aujourd’hui un progrès pour de
De même, à la fin du siècle, de nombreux nombreux pays. Il est bon que cette exposi-
auteurs plaident en faveur de l’allaitement tion nous invite à y réfléchir.
maternel. Le succès de la composition de
Jean-Antoine de Peters, L’Amour maternelle À VOIR
lll L’EXPOSITION « L’ART ET L’ENFANT.
[sic], représentant une élégante donnant le CHEFS-D’ŒUVRE DE LA PEINTURE
sein, contribue à la cause. Les portraits de FRANÇAISE », au musée Marmottan-Monet,
famille mettent en scène la tendresse mater- 2, rue Louis-Boilly, 01 44 96 50 33,
Ci-dessus : nelle voire celle des pères, Montaigne dût-il www.marmottan.fr du 10 mars au 3 juillet.
Pierre Bonnard, se retourner dans la tombe. Au terme d’une RÉSERVEZ VOTRE BILLET
L’Enfant au pâté lente évolution, l’enfant est devenu une per- SUR CONNAISSANCEDESARTS.COM
de sable, vers 1894,
détrempe à la colle sonne. « Ce précieux petit enfant n’était plus, À LIRE
sur toile, panneau comme aux premiers jours, une curieuse et - LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION, par Jacques
décoratif, jolie chose seulement », écrit P.-J. Stahl dans Gélis, Dominique Lobstein, Marianne Mathieu,
167,5 x 51 cm Catherine Rollet, Emmanuel Pernoud,
(PARIS, MUSÉE
Histoire du prince Z. et de la princesse Floris. éd. Hazan (192 pp., 100 ill. env., 29 €).
D’ORSAY. PHOTO « [...] C’était déjà quelqu’un, un être animé. - LE HORS-SÉRIE de « Connaissance
DE PRESSE RMN). L’homme commence bien plus tôt qu’on ne des Arts » (44 pp., 9,50 €).
Ci-dessus : Claire Tabouret, Les Masques (la vallée), 2015, acrylique sur toile, 200 x 300 cm
(COURTESY GALERIE BUGADA & CARGNEL, PARIS).
À VOIR
llm « PEINTRES FEMMES »,
C
laire Tabouret avait exposé dans tout ce au sien. Suivent les écoliers raidis pour la photo à l’Institut culturel Bernard
Magrez, Château Labottière,
que la France compte de centres artistiques de classe. L’autoportrait sous-jacent se confond
16, rue de Tivoli, 33000
avant que la chance sonne un jour à la porte avec le collectif. Toujours de face, ces enfants et Bordeaux, 05 56 81 72 77,
de son atelier : François Pinault, le grand collec- ces jeunes filles sont troublants, leur visage triste du 12 septembre au 6 mars.
tionneur en personne. Un nouveau démarrage aux irradie d’une lumière intérieure et mystérieuse. - Stand de la galerie Bugada
allures de conte de fées. En 2010, ses paysages sont Engoncés dans leurs blouses-camisoles, ils font & Cargnel (Paris) à l’Armory
Show, Piers 92 & 94, New York,
très liquides, ses maisons inondées se noient dans penser à certains Pierrots de Watteau. De même, www.thearmotushow.com
leurs reflets. Une peinture figurative mais sans nar- en 2015, Les Débutantes sont piégées dans leurs du 3 au 6 mars.
ration. Un constat du passage du temps dans des robes de bal. On perçoit les strates d’acrylique - « ART, FEMMES ET GUERRE »
tons crépusculaires, bleutés, violacés. Mais cette diluée par-dessus les verts ou les ocres désagréables. à la Maison des arts plastiques
aventurière à fleur de peau veut redonner vie à ceux Parfois le trait est rageur, d’un expressionnisme Rosa Bonheur, 34, rue Henri-
Cretté, 94550 Chevilly-Larue,
qui sont obligés d’obéir, aux incertains, à ceux que tourmenté qui se niche jusque dans les chevelures 01 56 34 08 37 du 12 mars
la société aime broyer. Claire Tabouret peint avec des Sorcières. Enfin, les visages grimés ou bandés au 23 avril.
colère. Elle peint l’insoumission. Surgit alors son cèdent la place aux masques et aux héroïnes en
propre visage, qu’elle trace chaque jour à l’encre de combinaison moulée, faisant face à des déserts de CLAIRE TABOURET
Chine. Elle aime se plier à la discipline inhérente cactus. Mais que veut-elle donc cacher ? Et quelle EST REPRÉSENTÉE par
la galerie Bugada & Cargnel,
à la peinture dans l’atelier. Toujours d’après pho- influence aura la lumière crue de la Californie, où 7-9, rue de l’Équerre, 75019
tographie, apparaît en 2013 le visage flou de l’Er- elle s’est installée récemment ? Paris, 01 42 71 72 73,
rante, dont la moue et le regard de côté ressemblent ÉLISABETH VEDRENNE www.bugadacargnel.com
D’
Hiroshima à Tchernobyl, en passant Brujo, il invite Jean-Pierre Léaud à participer à un
par Gunkanjima, au large de Nagasaki, projet artistique de format très libre, rejoignant
Louidgi Beltrame arpente la planète en même temps l’idée d’une « archéologie cinéma-
à l’affût des sites architecturaux qui répondent tographique » avec l’acteur mythique des Quatre
à sa vision poétique et mélancolique de l’esprit Cents Coups, qu’il perçoit comme un « magicien ».
des lieux. Dans sa cartographie personnelle se Fasciné par les lignes géoglyphes de Nazca, visibles
télescopent des vestiges de la modernité et des du ciel, Louidgi Beltrame observe que ces formes
archéologies du futur, empreints d’une même sin- géométriques se différencient à peine de la nature,
gularité. Chasseur d’images et de films, il voyage « comme Stonehenge ou un temple aztèque. Nous
sans relâche et revient juste du Pérou, où il a ac- avons marché dans les traces des Indiens Naz-
compli un premier périple en 2012, parcourant ca. » Envoûté par ce Land Art quasi cosmique,
quelque cinq mille kilomètres en voiture. Il se il rappelle qu’une des premières photographies
retrouve totalement « happé » par le site d’El Brujo de Richard Long a été prise là, à Nazca. Lui qui
À VOIR (Le Sorcier), trois pyramides érodées de culture affectionne les lieux fantomatiques s’est aussi laissé
« LOUIDGI BELTRAME », Mochica pré-Inca, près de l’Atlantique. Opérant séduire par les vestiges troublants de Le Corbusier
Palais de Tokyo, 13, avenue une forme d’appropriation, il joue d’abord avec le à Chandigarh, de Niemeyer à Brasilia. « Je pars
du Président-Wilson, 75116
Paris, 01 81 97 35 88,
concept de la modélisation idéale d’une pyramide, avec une intuition et mon projet se transforme au
www.palaisdetokyo.com présentée à plat, proposant de « remonter la ruine contact du réel ; je questionne un mystère. »
du 19 février au 16 mai. à l’envers ». Poursuivant sa quête sur le site d’El VALÉRIE DE MAULMIN
L
es Pays-Bas devaient bien une rétrospec- futur. Ses chaises et tables sont générées par des
tive à leur enfant le plus délirant, dans leur algorithmes intelligents, imprimées en 3D et, plus
musée le plus décoiffant, le Groninger Mu- récemment, assemblées par un robot ! Après avoir
seum, lieu fou et magique ruisselant de mosaïques quitté son atelier dans le port de Rotterdam, il
d’Alessandro Mendini ! Pur produit de l’ensei- installe, avec sa collaboratrice de toujours Anita
gnement du groupe Droog Design à la Design Star, un impressionnant « laboratoire » à Ams-
À VOIR
Academy d’Eindhoven, mouvement qui secoua terdam, le MX3D, où il s’entoure d’ingénieurs, llm L’EXPOSITION « JORIS
fortement ce plat pays en donnant naissance à de programmateurs, d’artisans et de machines. LAARMAN LAB », The Groninger
une incroyable pépinière de designers inventifs, Une équipe qui fabrique et décline à l’infini des Museum, Museumeiland 1,
Joris Laarman est sans conteste un supercréatif. meubles imprimés en 3D : console Vortex en alu- 9711 ME Groningen (Pays-Bas),
Lorsqu’il accompagne ses maîtres au Salon du minium, table-nuage Cumulus, ou avec des pieds 31 50 3666 555,
www.groningermuseum.nl
meuble de Milan de 2004, son radiateur Reinven- en forme de branches évoquant une forêt, console du 22 novembre au 10 avril.
ting Functuanility fait l’effet d’une bombe. Depuis, rococo ou chaise ondulante à la Verner Panton, - Projet d’exposition
son mobilier néobaroque aux courbes végétales assemblage de cent cinquante-trois modules aux ARTS DÉCORATIFS
Art Nouveau mâtiné d’anthropomorphisme à en bois… Passionné par les sciences de pointe de Paris courant 2017.
la Carlo Mollino, comme sa Bone Chair (2006), autant que par la mémoire des objets anciens
À LIRE
paraît immédiatement contemporain grâce à ses et modernes, il relie habilement l’industrie et le JORIS LAARMAN LAB, par Joris
procédés de fabrication. Il expérimente en effet digital pour créer à la fois du confort et du rêve. Laarman, édité par Anita Star/
très vite des matériaux nés des technologies du ÉLISABETH VEDRENNE Groninger Museum, 2015.
105
Étienne Chilot
(©LOUIS DÉCAMPS ).
Impossible de parler de
cette copie sans évoquer
l’original. Eugénie de
Montijo épouse en Miloud Boukerche, d’après F. X. Winterhalter, L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur,
janvier 1853 l’empereur 1968, huile sur toile, 292 x 415 cm (sans cadre), estimée 50 000 € à 60 000 € (©OSENAT).
Napoléon III. Deux ans plus
tard, elle commande ce
tableau à Winterhalter
pour l’Exposition
universelle de 1855.
COPIE D’UN CÉLÈBRE
Un bon choix : le peintre
est célèbre pour ses
TABLEAU DE WINTERHALTER
M
représentations des grands aître Jean-Pierre Osenat, “couture” ». Résultat, et pas assez à la psychologie
de ce monde et s’intéresse
commissaire-priseur deux mille lots répartis des modèles », explique
à la jeune impératrice.
En 1865, Eugénie installe à Fontainebleau connu pour en deux vacations, estimés Jean-Christophe Chataignier,
cette œuvre immense ses ventes Premier Empire, entre deux et trois millions directeur du département
dans un salon chinois à est en passe de réussir un joli d’euros, et une troisième Empire, associé chez
Fontainebleau. Aujourd’hui doublé en devenant aussi vente plus tard. Au-dessus Osenat. Et la copie ?
cette image de l’impératrice « le » spécialiste du Second du lot, voici une copie unique, C’est l’industriel américain
entourée de ses dames Empire. Il a soufflé à Christie’s exacte au millimètre près, Thomas Fawick (1889-1978)
d’honneur est exposée la vente de la collection de du tableau de Compiègne qui l’a commandée.
au château de Compiègne.
Christopher Forbes, magnat représentant l’impératrice Puis elle fut longtemps
de la presse américaine et ses dames d’honneur exposée dans l’immeuble
passionné par Napoléon III. dans la forêt de Fontainebleau. Forbes de New York.
À VOIR Logique ? Sans doute, Une mise en scène Qui pourrait l’acheter ?
VENTES PAR OSENAT explique Jean-Pierre Osenat : qui rappelle le xviiie siècle « Des passionnés
le 5 et le 6 mars, 5, rue « Christopher Forbes est et Marie-Antoinette, d’histoire, des spécialistes
Royale, 77300 Fontainebleau, un amoureux de la France, qu’Eugénie vénèrait. de Winterhalter, des musées
01 64 22 27 62,
www.osenat.com
son père Malcom a participé Plus politiquement, il étrangers… », répond
Le musée d’Orsay prépare à la Libération et a acheté s’agissait d’asseoir l’autorité l’expert Jean-Claude Dey.
une exposition Second Empire le château de Balleroy, de la souveraine, arrivée Et pourquoi pas le château
du 27 septembre au en Normandie. Nous nous au pouvoir par un mariage de Fontainebleau, pour
16 janvier tandis que sommes vus plusieurs fois. d’amour. Hélas, « Les critiques qu’elle reprenne place
le château de Compiègne
rend hommage à Il a pensé que ce serait se sont déchaînées, reprochant dans le salon chinois
Winterhalter du 30 septembre son intérêt de vendre avec à l’artiste de donner trop où se trouvait l’original ?
au 15 janvier. nous, qui offrons un service d’importance aux robes FRANÇOISE CHAUVIN
106
Antoine-Louis
Barye, Angélique
et Roger montés
sur l’hippogriffe,
LE TOP DE vers 1960,
bronze à patine
LA SCULPTURE brun rouge,
PRÉCOLOMBIENNE H. 59 cm,
estimé 80 000 €
à 120 000 €
Présentée par Binoche et Giquello, (ARTCURIAL).
cette collection de sculptures préco-
lombiennes a été constituée dans les
années 1960. Et les pièces ont déjà
été exposées, en 1992, aux Musées
royaux des beaux-arts de Belgique,
à Bruxelles, pour célébrer le cinq
centième anniversaire de la décou-
verte de l’Amérique par Christophe
Colomb. La statuaire préclassique
(1200 à 600 av. J.-C.) est illustrée par
LES DERNIÈRES PASSIONS DE PIERRE HEBEY
d e s Vé n u s provenant Pierre Hebey, avocat spécialisé en droit de la propriété, défenseur et ami des artistes, était
des grands sites du célèbre dans le milieu de l’art. Son épouse Geneviève et lui ont surtout collectionné l’Art
Mexique (de Déco, dont Camard et Associés a dispersé la plus grosse part, en 1999 et 2012. Artcu-
8000 € à 25 000 €). rial, en collaboration avec les Camard, vend cette fois près de deux cents bronzes, cent
Me r- ve i l l e cinquante ouvrages rares et illustrés modernes, des tableaux et des objets. La soirée du
22 février est consacrée à l’art moderne, Post War et contemporain, avec une huile de
Chagall, Écuyère, estimée 600 000 € à 800 000 €, ou un tableau surréaliste de Matta de
1938 (de 700 000 € à 900 000 €). Le 23 au matin, cent cinquante livres sont proposés, dont
Constellations de Breton de 1959, illustré de pochoirs de Miró (de 20 000 € à 25 000 €).
L’après-midi est réservé aux bronzes, avec en vedette une œuvre de Barye, Angélique et
Roger montés sur l’hippogriffe (de 80 000 € à 120 000 €). Enfin, le soir est dédié à la facette la
plus connue de la collection, le mobilier Art Déco, tel ce meuble unique de Printz décoré
de panneaux de Dunand (de 800 000 € à 1 M€). F. C.
VENTE PAR ARTCURIAL, EN COLLABORATION AVEC CAMARD & ASSOCIÉS, 7, rond-point
des Champs-Élysées, 75008 Paris, 01 42 99 20 20, www.artcurial.com les 22 et 23 février.
LES LEADERS
Vase tripode au
DU DESIGN ITALIEN
couvercle surmonté d’une tête humaine,
culture Maya, Guatemala, 450-650, Piasa recentre sa vision du design
céramique à décor stuqué polychrome, italien afin de devenir le leader du
H. 25 cm, estimé 120 000 € marché du design du Sud de l’Eu-
à 150 000 € (BINOCHE ET GIQUELLO).
rope. « Nous étions deux maisons de
d e l a c u ltu re Te ot i hu a c an , u n ventes à réaliser d’importantes ventes
masque mortuaire d’époque clas- de design, Philips et nous. Nous sou-
sique en pierre dure verte (450-650 haitons désormais présenter des pièces
apr. J.-C.) est estimé entre 300 000 € iconiques créées entre 1940 et 1970, sé-
et 400 000 €. De la même époque, lectionnées d’une façon très pointue »,
une urne de la civilisation Monte précise Frédéric Chambre, directeur
Alban est attendue entre 250 000 € général de Piasa. Ce choix s’oriente
et 300 000 €. Autre chef-d’œuvre : évidemment vers les leaders tels Gio
un vase Maya portant un couvercle Ponti, Ignazio Gardella ou la maison
surmonté d’une tête d’homme (de Fontana Arte. À noter, la bibliothèque
120 000 € à 150 000 €). F. C. en palissandre de Claudio Salocchi
Claudio Salocchi, bibliothèque, 1960,
(né en 1934), créée en 1960 et estimée palissandre, 200 x 75 x 76 cm,
VENTE PAR BINOCHE
ET GIQUELLO, 5, rue La Boétie, entre 15 000 € et 20 000 €. F. C. estimée 15 000 € à 20 000 € (PIASA).
75008 Paris, 01 47 42 78 01, VENTE PAR PIASA, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, 01 53 34 10 10,
www.binocheetgiquello.com le 23 mars. www.piasa.com le 17 mars.
108
JULES DESBOIS,
Un satyre et
une nymphe,
1886,
terre cuite,
H. 71 cm,
Agnew’s,
Londres.
Son symbole est un faucon à l’œil perçant, Figurent aussi deux galeries néerlandaises :
emblème de Valkenburg, berceau originel de Kunstconsult (Amstelveen), spécialisée en
la Tefaf. Et sa devise : « Excellence, Expertise, Art Nouveau et design du xx e siècle, et
Élégance ». Rendez-vous incontournable du Onno Van Seggelen Fine Arts (Rotterdam),
monde de l’art, la foire de Maastricht voit af- axée sur les dessins du xvi e au xx e siècle.
fluer pas moins de soixante-dix mille collec- Et une galerie londonienne, Benjamin
tionneurs privés et opérateurs du marché, Proust Fine Art Limited, qui présente des
et des conservateurs de deux cents musées sculptures de l’Antiquité au xx e, avec une
internationaux. Avec, à la clé, plus de trente prédilection pour les pièces Renaissance et
mille œuvres d’art dont les critères exigeants baroques. Tefaf Paper proposera l’exposition
de rareté et de diversité sont le socle de la « Collecting Collectors », avec des gravures
réputation de Tefaf. L’édition 2016 réunit et dessins du Museum Boijmans Van Beu-
près de deux cent soixante-dix exposants, ningen de Rotterdam. Et, en complément de
dont de nouveaux participants, comme le la section Tefaf Modern, on découvrira l’ex-
joaillier-sculpteur Wallace Chan de Hong position conçue par le commissaire Mark
Kong, ou encore Buchmann Galerie (Ber- Kremer, « Show Your Wound », en référence
lin), Waddington Custot (Londres), Pearl TÊTE COMPOSITE DE FIDÈLE OU DE DIVINITÉ, à une œuvre de 1974-1975 de Joseph Beuys :
Lam Galleries (Shanghai, Singapour, Hong époque sumérienne, 2550-2250 av. J.-C., un ensemble d’œuvres d’artistes autour des
Kong) à Tefaf Modern. Avec toujours de albâtre, lapis-lazuli et calcaire, H. 10,8 cm, thématiques de la mort, de la décrépitude
Harmakhis Galerie, Bruxelles.
savoureuses découvertes, comme cette table et du traumatisme. Tout un programme…
basse en marbre de François-Xavier Lalanne Laurent Dodier, établie en Normandie et VALÉRIE DE MAULMIN
si singulière, pièce unique de 1978, à la gale- spécialisée dans l’art tribal depuis 2005, et
rie L’Arc en Seine (Paris). le Parisien Oscar Graf, qui se consacre à TEFAF (THE EUROPEAN FINE ART FAIR),
Maastricht Exhibition & Congress Centre
Véritable tremplin vers la Tefaf, la section l’avènement du design moderne à travers (MECC), Forum 100, 6229 Maastricht,
Showcase a choisi cinq galeries promet- les œuvres d’art et meubles français, bri- Pays-Bas, 31 43 38 38 383,
teuses, dont deux françaises : la galerie tanniques et américains de 1870 à 1910. www.tefaf.com du 11 au 20 mars.
109
GEORG LAUE,
CHASSEUR
DE TRÉSORS.
Georg Laue cultive
avec soin son amour
de l’art, à travers
une approche
à la fois esthétique
et éclectique.
Sa galerie munichoise
résume bien
cette optique
d’émerveillement
constant, en référence
à la notion de
Wunderkammer,
ces surprenants
cabinets de curiosités
de la Renaissance.
À la Tefaf comme
dans sa galerie,
il suit cette tradition
DANIELE RICCIARELLI DIT DANIELE DA VOLTERRA, MADONE héritée des collections
À L’ENFANT, AU JEUNE SAINT JEAN BAPTISTE ET SAINTE princières et recrée
BARBARA, circa 1548, huile sur panneau, 171 x 134 cm, une atmosphère
Galleria Benappi, Turin. Spécialisée dans la peinture italienne unique avec des
du xive au xxe siècle, la galerie Benappi a choisi de montrer objets variés et
une œuvre puissante et haute en couleur de Daniele Ricciarelli précieux, qui ont
dit Daniele da Volterra (1509-1566). Sculpteur et peintre trait à la nature,
maniériste de la Renaissance tardive, celui-ci a étroitement l’art, la science :
collaboré avec son ami Michel-Ange. Cette Madone provient les mirabilia –
de la Casa Ricciarelli, demeure familiale de l’artiste à Volterra, le cabinet
puis de la collection siennoise Pannocchieschi d’Elci. des merveilles.
110
FRANCK PRAZAN,
HÉRAUT DES ANNÉES 1950.
Fondée à Paris en 1989
par son père Bernard
Prazan, collectionneur,
la galerie Applicat-Prazan
s’est consacrée dès son
origine à la mise en lumière
des grands peintres de
l’École de Paris des années
1950. Avec dynamisme
et conviction, Franck Prazan
(ill. : ©Gabriele Benini)
poursuit cette mission
en développant le
rayonnement international
de la galerie et en
redonnant sa place
à cette période clé de
l’histoire de l’art, grâce
à des expositions
ARTHUR VOLKMANN ET HANS VON MARÉES, UNE AMAZONE monographiques de
ABREUVANT SON CHEVAL, Rome, 1898, marbre de Carrare, qualité dédiées à des
119 x 99 x 15 cm, Daxer & Marschall Kunsthandel, Munich. artistes majeurs : Soulages,
D’allure néoclassique, ce précieux bas-relief, dont l’arrière-plan Fautrier, Masson, Estève,
est doré à la feuille, est de la main d’Arthur Volkmann Poliakoff ou Manessier.
(1851-1951) et de Hans von Marées (1837-1887), tous
deux issus du mouvement idéaliste des « Romains-Allemands ».
Particulièrement axée sur la sculpture et les arts décoratifs
du xviiie au xxe siècle, la galerie Daxer & Marschall Kunsthandel
a jeté son dévolu sur cette paisible Amazone aux lignes
harmonieuses provenant d’une collection privée bâloise.
TEFAF MAASTRICHT
11 - 20 mars 2016
Stand 432
Salons
MARCHÉ DE L’ART
112
AUX CHAMPS-ÉLYSÉES...
Pour sa 6e édition, le Salon de Paris 8e
L’ARMORY SHOW
-Antiquaires et Galeristes s’installe FIDÈLE AU POSTE
à nouveau sur l’avenue la plus
Pour sa 22 e édition, l’Armory Show
célèbre du monde, du 12 au 21 mars.
présente plus de deux cents galeries de
Quatre-vingts exposants proposent
trente-six pays, avec une présence accrue
un panorama éclectique, du
de marchands d’Asie, d’Afrique, des Ca-
xviii e aux objets contemporains,
raïbes et d’Amérique latine. Pour autant,
toujours sous le contrôle d’experts.
la foire, qui s’est reconstruit une image
SAINT-OUEN À NANTES
solide ces dernières années, propose
Le marché Paul Bert-Serpette toujours les classiques, tels Frank Stella
se développe pour la première chez Marianne Boesky, Alexander Cal-
fois hors les murs, sous le nom der chez Jonathan Boos, Lucio Fontana
Cyrus Kabiru, Nubian Monkey, série Macho
du Salon des antiquités et du Nne, 2015, tirage pigmentaire sur papier, à la galerie Cardi ou le mouvement Zero
design de Nantes, où une soixantaine 150 x 120 cm (COURTESY DE L’ARTISTE ET SMAC chez Beck & Eggeling, quand la galerie
d’exposants présentent des arts
GALLERY, STELLENBOSCH). Mayoral recrée le studio de Joan Miró.
décoratifs, du mobilier et de Dans la section contemporaine, Bugada & Cargnel est de retour, galvanisée par « la qualité
la haute couture, du 4 au 6 mars. de la foire, en hausse, ajoutée à l’attente des collectionneurs américains pour les nouvelles
pièces de nos artistes Julian Charrière ou Claire Tabouret ». Parmi les autres émergents, la
L’ART URBAIN AU CARREAU foire fait un focus sur Ed Fornieles qui réactive, chez Carlos/Ishikawa, le personnage de
L’Urban Art Fair est dédiée son renard créé via Instagram. Dans une autre veine liée à l’histoire, Kapwani Kiwanga,
exclusivement à l’art urbain représentée par Jérôme Poggi, est l’artiste distinguée « Armory 2016 ». Du post-Internet
et se déroule au Carreau du Temple, aux recherches sur la mémoire, différents champs sont à New York ! M. M.
à Paris, du 22 au 24 avril. Une ARMORY SHOW, Piers 92 & 94, Twelfth Avenue at 55th Street, New York, 1 212 645 6440,
trentaine de galeries internationales www.thearmoryshow.com du 3 au 6 mars.
(ill. : Logan Hicks, It’s Never Really
Quiet, 2015, courtesy Vroom
&Varossieau Gallery, Amsterdam) ART DUBAI
tentent cette aventure étayée FÊTE SES 10 ANS
de conférences sur l’histoire
du graffiti ou son marché. Parmi les quatre-vingt-quatorze galeries
exposant cette année à Art Dubai, bon
nombre viennent pour la première fois, no-
tamment de Géorgie, du Ghana, de Lituanie,
d’Oman, de Palestine, des Philippines ou du
Sri Lanka. La réputation grandissante de la
foire a aussi séduit les enseignes Blain/Sou-
thern, Marianne Boesky, Carlier/Gebauer
ou Victoria Miro. Cette galerie londonienne
revient ainsi avec les sculptures abstraites
du Britannique Conrad Shawcross ou l’In-
dien N. S. Harsha. D’ailleurs, Art Dubai ac-
MÉTIERS D’ART cueille de nombreuses enseignes indiennes,
À MONTPELLIER montrant que cette partie du monde n’a pas
Le salon Ob’Art, au Corum de cédé sa place sur le marché. Au contraire,
Montpellier, met les métiers d’art souligne la directrice, Antonia Carver : « Les
à l’honneur, pour sa troisième dix ans de la foire nous encouragent à refléter
édition, du 18 au 20 mars. Au menu, l’incroyable croissance de la scène artistique et
des pièces uniques ou en séries du marché du Moyen-Orient, d’Asie du Sud et
limitées, dans les domaines des arts d’Afrique cette dernière décennie ». M. M. Diana Al-Hadid, The Drifter, 2014, gypse
polymère, fibre de verre, acier, mousse,
de la table, de la joaillerie, de la ART DUBAI, Madinat Jumeirah, Al Sufouh Road, bois, plâtre, argile, pigments, H. 200,7 cm
mode, du mobilier ou de la déco. Dubai, 971 4 563 1400, www.artdubai.ae (COURTESY MARIANNE BOESKY GALLERY, NEW YORK.
du 16 au 19 mars. ©DIANA AL-HADID).
Grand Palais
31 mars - 3 avril 2016
La Corée à l’honneur
www.artparis.com
114
C
es dernières années, la Biennale des qui seront entre cent vingt et cent quarante
antiquaires s’était attiré de nom (contre soixantedix en 2014). La plupart
breu ses critiques. Le nombre de seront dans la nef et une quinzaine de gale
galeries avait fondu comme neige au soleil, ries, plutôt jeunes, investiront la galerie
certaines spécialités (tableaux anciens, supérieure sudest. On peut d’ores et déjà
sculptures…) étaient sousreprésentées, les annoncer le grand retour des tableaux an
joailliers régnaient en maîtres. L’événement ciens. Le salon Paris Tableau, qui se tenait
s’effaçait devant ses concurrents, la Tefaf en novembre à la Bourse, a préféré dispa
de Maastricht, les foires londoniennes et raître pour passer un accord avec la Bien
même la Bruxelloise Brafa, de plus en plus nale, qui accueillera une bonne partie de
attractive. La nouvelle équipe élue à la tête ses membres (lesquels passeront bien sûr
du Syndicat national des antiquaires (SNA) devant la commission d’admission) et or
fin 2014 a pris des mesures fortes. ganisera son colloque annuel sous l’égide
Elle a décidé l’annualisation de l’événement, de Paris Tableau. Mais le flou règne encore
« une modernisation indispensable pour que autour des joailliers, qui devraient être entre
la place de Paris devienne incontournable », dix et douze. Les stands qui leur ont été pro
explique Dominique Chevalier, président posés sont nettement plus petits qu’avant.
du SNA. Certains marchands craignaient de Mais certaines grandes enseignes rechignent
ne pouvoir trouver chaque année des pièces et, à l’heure où nous imprimons, la liste n’est
exceptionnelles, mais il fallait s’aligner sur pas établie. Ce qui est certain, c’est que les
les autres foires et fixer un rendezvous joailliers historiques exposeront en bas et
annuel aux grands clients. Dès lors se pose la joaillerie contemporaine en haut, dans le
bien sûr le problème du nom de l’événe Salon d’honneur.
ment. « La marque va évoluer », mais cela Last but not least : c’est la scénographe
va prendre du temps. Ce pourraît être pour Nathalie Crinière qui mettra en scène la
l’édition 2017. prochaine Biennale. Un choix judicieux,
Deuxième décision importante : confier l’or plus contemporain et moins « décoratif ».
ganisation de la foire à une société spéciali On nous promet aussi l’exposition d’œuvres
sée pour gagner en professionnalisme et en venant d’un grand musée international,
transparence. Le choix s’est porté sur Reed comme cela se fait dans d’autres salons.
Expositions, qui a à son actif la Fiac et Paris Toutes ces décisions vont dans le bon sens.
Photo et connaît le Grand Palais comme à la présidence de la Biennale 2016. Appré La preuve : elles inquiètent déjà les foires
sa poche. JeanDaniel Compain, directeur cié du monde de l’art et connu à l’interna concurrentes. La Tefaf aurait décidé de
général du pôle Culture, Luxe & Loisirs de tional, l’ancien président du Louvre dirige quitter Maastricht dès que son contrat le
Reed, est très motivé pour aider la Biennale notamment une commission de quinze permettra, dans trois ans, pour s’installer
à reconquérir sa place. Il souhaite « s’ap- membres chargée de sélectionner les expo à Amsterdam, capitale offrant toutes les
puyer sur Paris », comme Reed l’a fait pour sants. Tâche délicate, mais qui semble ren facilités. La guerre des salons ne fait que
la Fiac (notamment avec le parcours Hors due agréable cette année par l’abondance commencer. CÉLINE LEFRANC
les murs), « mais en s’adaptant à l’attente des de bonnes candidatures, ce qui ne fut pas LA BIENNALE DES ANTIQUAIRES se tiendra au
amateurs d’antiquités ». toujours le cas par le passé. Grand Palais, à Paris, du 10 au 18 septembre.
Le SNA a également nommé Henri Loyrette Priorité est redonnée aux marchands d’art, Renseignements sur www.sna-france.com
116
Arman, L’Affaire
du courrier,
1961-1962,
accumulation,
trois mois de
courrier de Pierre
Restany dans une
caisse en bois,
120 x 140 x 40 cm
(© BERTRAND
VIVA ROMA !
Si la galerie Tornabuoni nous a habi-
tués à l’Arte Povera et à la scène mila-
naise des années 1960, elle se tourne
à présent vers Rome, qui nourrit à
la même époque un dialogue actif
VERS UNE RÉHABILITATION avec le Pop Art américain. Se lancent
DE LA COTE D’ARMAN alors dans l’expérimentation Mimmo
Après les Bétons des années 1970 exposés en 1991 chez Georges-Philippe Vallois, une
trentaine d’Accumulations inédites des années 1960 à 1964, sur les quatre cents réalisées
par l’artiste, est dévoilée chez Daniel Templon. Arman est l’un des Nouveaux Réalistes
favoris du galeriste et cette période est celle qu’il juge la plus intéressante. « Ces objets sont
pour moi très émouvants car ils sont le reflet de la société, tout comme ceux de Jeff Koons à
ses débuts, mais ils s’avèrent à peine plus chers qu’à l’époque de leur réalisation. Le marché
d’Arman n’est pas à sa juste valeur car on a beaucoup reproché à l’artiste de produire en
parallèle des œuvres médiocres. De plus, je trouve qu’il a été masqué par des plasticiens
pourtant moins importants dans l’histoire de l’art. » S’il a été exposé de son vivant deux fois
à la galerie Templon, Arman était représenté par Pierre Nahon. Les problèmes actuels de
sa succession n’encouragent pas les prix à remonter, mais cela n’est qu’une question de
temps selon Daniel Templon, qui cède ces Accumulations entre 50 000 € et 200 000 €. M. M.
« ARMAN : ACCUMULATIONS, 1960-1964 », galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg, Cesare Tacchi, Per i Beatles, 1965,
75003 Paris, 01 42 72 14 10, www.danieltemplon.com du 27 février au 6 avril. peinture et tissu sur panneaux,
200 x 260 cm (COURTESY TORNABUONI ART ).
Dates d’inauguration
mercredi 24 février 2016
de 18h à 22h
samedi 27 février 2016
de 16h à 22h
Passion partagée
Exposition d’ouverture
24 février - 2 avril 2016
Aillaud
Albizzati
Altieri
Bioulès
Bryon
Buraglio
Chéné
Hervé
Hollan
La Forest
Langhans
Le Guern
Kowatch
Malherbe
Mark
Métais
Sarkantyu
paris@galerielaforestdivonne.com
brussels@galerielaforestdivonne.com
+33 (0)6 84 33 98 88 www.galeriemhlfd.com
118
Colette
Brunschwig,
Sans titre,
2012, encre
sur papier,
38,5 x 56 cm
(COURTESY
GALERIE JOCELYN
WOLFF, PARIS). LA PEINTURE
CRUE DE GREGORY
FORSTNER
Intitulé L’Odeur de la viande, son der-
nier livre donne le ton du travail…
Car la peinture de Gregory Forstner
revêt un côté expressionniste et cru.
On y voit des femmes nues, des co-
chons ou beaucoup de chiens… et
120
Vidya Gastaldon,
Healing Painting
(Acapulco hyerba),
2015, huile sur
peinture à l’huile
d’occasion, 58 x 48 cm
(COURTESY DE L’ARTISTE LES FIGURES
ET ART: CONCEPT, PARIS).
ÉVAPORÉES
D’ANDY DENZLER
Visages fantomatiques ou effacés…
LES MUTATIONS DE Silhouettes prises sur le vif et qui
VIDYA GASTALDON semblent bousculées par le pinceau
du peintre… Les portraits troubles
Vidya Gastaldon, qui a été l’une
des nominées du Prix de des-
sin Daniel & Florence Guerlain,
poursuit, pour son nouveau solo
show, une réflexion liée à la mutation. « À travers l’objet symbolique, je provoque le pas-
sage d’un état à un autre. » Ainsi, cette artiste franco-suisse décrit la pièce suspendue qui
accueille le spectateur à la galerie Art : Concept, telle « une forme rituelle ou une offrande,
se référant à un animal de procession ou à un portail ». Car on ne peut oublier l’influence
de la philosophie orientale dans son travail, chahutée par la musique pop, comme en
témoigne le titre de l’exposition emprunté à la chanteuse Adèle. Dans la deuxième salle
sont proposées, à partir de 5000 €, les Healing Paintings qui trouvent leur origine dans
une sélection de toiles faite aux Puces ou chez Emmaüs, auxquelles il est redonné une
seconde vie par une transformation partielle ou totale. Quand « les différentes textures et
matières originelles provoquent élan et créativité », il est également question de charges
vibratoires et de rapports symboliques, que Vidya Gastaldon résume par le terme de
« transmigration ». M. M. Andy Denzler, Lubie VIII, 2014,
huile sur toile, 150 x 180 cm
« VIDYA GASTALDON. HELLO FROM THE OTHER SIDE », galerie Art : Concept, 4, passage Sainte- (COURTESY OPERA GALLERY, PARIS).
Avoye, 75003 Paris, 01 53 60 90 30, www.galerieartconcept.com du 12 février au 12 mars.
ou troublés d’Andy Denzler (entre
7000 € et 30 000 €) évoquent la ques-
BERNARD BUFFET, tion de la mémoire. Cet artiste né en
MAÎTRE DE L’ESTAMPE 1965 à Zurich avoue que ses images
sont comme « hantées » par le thème
Il est rare de visiter des solo shows consacrés à de la figure humaine en sujet princi-
Bernard Buffet, mais cette exposition propose une pal. Il combine des techniques tra-
quarantaine de gravures et lithographies (entre ditionnelles à ses propres vidéos et
1800 € et 5000 €), accompagnées de peintures et photographies, qui lui permettent de
dessins. Aujourd’hui, Michel Estades, installé à conserver l’œuvre « vivante, fraîche
Lyon, Toulon et Paris, est l’un des rares galeristes et spontanée ». Dans cette intention
à promouvoir l’artiste un temps mythique, qui tail- d’évoquer une atmosphère renvoyant
lait lui-même le cuivre ou la pointe sèche. Il le fait au processus même de la peinture, de
avec assiduité depuis quinze ans et a même der- la distorsion et du temps, il capture
nièrement exposé des lithographies au Domaine un moment précis de la narration,
de la Baume, plongeant dans le quotidien de la que le regardeur a alors la possibilité
dernière demeure de Bernard Buffet. M. M. de compléter. M. M.
Bernard Buffet, Le Microscope,
« ANDY DENZLER », Opera Gallery,
1968, lithographie, 64 x 46 cm
62, rue du Faubourg-Saint-Honoré,
(GALERIE ESTADÈS, PARIS).
75008 Paris, 01 42 96 39 00,
« BUFFET, GRAVURES ET LITHOGRAPHIES ORIGINALES », galerie Estades, 61, quai Saint-Vincent, www.operagallery.com
69001 Lyon, 04 78 28 65 92, www.estades.com du 16 janvier au 5 mars. du 8 au 28 février.
Hélène Greiner
6 rue de Beaune, 75007 Paris
01 84 05 62 49 - 06 22 80 73 27
www.martel-greiner.fr - info@martel-greiner.fr
Portraits
MARCHÉ DE L’ART
122
163 750 €
1950-1960, or
blanc et platine,
serti de 28 carats
de diamants ronds Collier plastron des années 1950-1960
et de 64 carats de
diamants taille
baguette.
À l’exposition précédant la vente, les yeux des observatrices brillaient de convoitise
devant ce collier pavé de diamants. Cerise sur le collier, la ligne de diamants ronds était
associée à une autre de diamants baguettes. Un raffinement unique, comme le souligne
maître Oger : « Je n’avais jamais vu une pièce de cette qualité. C’est le commerce d’Anvers aux
Pays-Bas, où sont installés les grands diamantaires, qui a acheté ce bijou. Compte tenu de la
qualité des pierres et de leur nombre, on peut supposer que cet objet va être démonté et donnera
naissance à différents bijoux, bagues, bracelets, broches… »
OGER-BLANCHET, DROUOT, LE 26 NOVEMBRE.
82 400 €
René Lalique, René Lalique, collier aux Libellules, vers 1900
collier
aux Libellules, Un généreux mari a commandé ce ravissant collier à René Lalique comme cadeau de ma-
vers 1900, or,
riage pour son épouse. Amélie Marcilhac, l’expert de la vente, raconte : « Ce collier était en-
aigue-marine,
diamants, core dans son coffret d’origine chiffré à ses initiales. Ce sont les petits-enfants du couple qui ont
émail, pendentif : mis en vente ce bijou sublime. Le dessin des libellules, fréquent chez Lalique, n’est jamais le
4 x 6,5 cm. même, d’autant plus qu’ici il s’agit d’une pièce unique venant directement des
ateliers du maître ». Les vendeurs furent agréablement surpris du prix obte-
nu par ce collier, auquel ils accordaient davantage une valeur sentimentale.
ARTCURIAL, PARIS, LE 24 NOVEMBRE.
8750 €
Pol Bury, bague 12 anneaux sur 4 tiges, vers 2004
Pol Bury, bague Les œuvres de Pol Bury ont le vent en poupe. Après le record du monde enregistré chez
12 anneaux
sur 4 tiges,
Christie’s le 8 décembre pour un bracelet à 42 500 €, cette bague est couronnée à son tour
éd. Marylart, par un bon résultat. Étienne Sallon, spécialiste en art contemporain chez Christie’s, s’enthou-
vers 2004, or, siasme : « Pol Bury a fait des bijoux comme d’autres artistes tel César ou Calder. À l’origine,
poids brut : c’était sous l’impulsion de sa femme Vilma. Le lancement de la première collection fut fait à
49,08 gr.
New York chez Cartier, au début des années 1970. Quant à cette bague, elle reflète la préoccu-
pation de l’artiste pour le mouvement ».
CHRISTIE’S, PARIS, LE 8 DÉCEMBRE.
en partenariat avec la galerie Fleury 127
LA GALERIE FLEURY,
DE PÈRE EN FILS
Installé avenue Matignon
à Paris depuis 2006,
le marchand Christian
Fleury s’apprête à passer
le flambeau à ses deux fils,
qui partagent sa passion
pour l’art moderne, du
fauvisme à l’abstraction
des années 1950.
I
l apprécie la couleur, la lumière, les œuvres joyeuses.
Dans sa galerie située sur l’avenue Matignon, à quelques
dizaines de mètres de Christie’s, Christian Fleury a pour
credo de ne vendre que ce qu’il aime. Il s’inscrit ainsi
dans la longue et belle tradition des grands marchands
de tableaux, dans le sens le plus noble du terme. « J’ai
toujours été attiré par la peinture méditerranéenne et
j’ai une prédilection pour le postimpressionnisme et les
artistes fauves », explique-t-il. Ce qui ne l’empêche pas
de présenter, aux côtés d’œuvres signées Paul Signac,
Albert Marquet, Raoul Dufy, Henri-Charles Manguin, André
Derain, Louis Valtat, Charles Camoin ou Maurice de Vlaminck,
des toiles cubistes de Fernand Léger, d’André Lhote ou de
Léopold Sur vage, et d’éminents représentants de l’abstraction
d’après-guerre comme Maurice Estève, Georges Mathieu ou
Geer Van Velde.
Cette passion pour l’art moderne est aussi une histoire de
famille et, aujourd’hui plus que jamais, de transmission. « Mes
enfants m’accompagnent depuis déjà longtemps. Alexandre de-
puis quinze ans, et Richard depuis sept ans. Ils ont grandi dans
la peinture, celle des artistes du Midi, qui ont peint Saint-Tropez,
En haut : vue de la galerie Fleury, avenue Matignon à Paris
(©BERNARD SAINT-GENÈS).
Ci-contre : Christian Fleury et ses fils, Alexandre et Richard
(©THIERRY JACOB).
UNE
Collioure ou le Lavandou. Aujourd’hui, leurs Salvador Dalí, de Bernard Buffet ou de Jean Carzou. « Puis, à
GALERIE goûts et leurs sensibilités se sont affirmés,
affinés », explique le galeriste qui s’ap-
la demande de certains de mes clients qui souhaitaient acquérir
des œuvres majeures de ces artistes, j’ai pris ma voiture et je
prête, en ce début d’année 2016, à leur suis allé rencontrer les éditeurs de lithographies, qui m’ont mis
RECONNUE passer le flambeau. en relation avec des marchands, comme Maurice Garnier pour
« Fils d’ouvriers, pas de marchands », Bernard Buffet, ou les familles des artistes, qui ont commencé à
À PARIS comme il se plaît à le rappeler, Christian
Fleury s’est construit tout seul. L’aven-
me confier quelques tableaux. »
Après avoir organisé plusieurs expositions dans des lieux
ture commence au début des années publics, des hôtels, Christian Fleury saute le pas en 1988
1980, à Nîmes, où ce Breton d’origine est installé avec son et décide de fonder sa propre galerie, la galerie des Arts, à
épouse. Il est alors courtier en gravures et en livres d’art. Nîmes. Son épouse tient la boutique et se charge de l’en-
« Je vendais des lithographies par le biais d’expositions, ou cadrement des œuvres. « En parallèle, je continuais à mener
en sonnant directement chez les gens, chez les médecins, les un travail de courtier, je trouvais des tableaux dans le sud de
dentistes… J’étais un vrai représentant de commerce ! Internet la France que j’allais vendre à Paris. » Entre 1988 et 1999,
n’existait pas et je n’étais pas à Paris, les conditions se prêtaient la clientèle de la galerie des Arts grandit et des collection-
à cette démarche singulière », se souvient-il. Il commence à se neurs fidèles la soutiennent. Christian Fleury propose des
constituer une clientèle, à qui il vend des œuvres gravées de accrochages dédiés à Claude Weisbuch, à Bernard Buffet, à
en partenariat avec la galerie Fleury 129
Ci-dessus, à gauche : Serge Poliakoff, Composition abstraite, 1961, huile sur toile, 65 x 81 cm
ILS SONT (GALERIE FLEURY, PARIS). À droite : Georges Valmier, La Fenêtre, vers 1923, gouache sur papier,
21 x 14,3 cm (GALERIE FLEURY, PARIS).
PRÊTS
À PRENDRE 2012 (accompagnée d’un catalogue
rédigé par Alexandre Fleury), puis Sam
allures d’une collection, construite et cohérente.
« Ici, on ne vend que des tableaux d’artistes qui sont
132
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Personnage avec des traits de félin, de serpent et d’aigle harpie. Culture de La Tolita © Museo Nacional de Quito. Photo Pierre-Yves Dhinaut
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Zao Wou-Ki, Hommage à Varèse - 25.10.64, huile sur toile, Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne.
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