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Gérard Munler

Venteuil (Marne)

---
-
... ,olklore

.. •Ywde•
R11mllly+l
..

tD2eOS.1ntP•r,.,i.1Y1\iCl11
Arll

Nous avons reçu cinquante réponses à notre

--
questionnaire sur le PAIN, près de cinquante mer
nographies dont chacune d'elles aurait mérité qu'elle
!Ot publiée ln-extenso.
JNl\°'9111lty
Mais alors qu'on les aurait tolérées ainsi, ch•
cune dans le contexte de son "histoire locale•,
il n'était guère possible que nous les publiions à
fa suite les unes des autres. Il aurait été dommage
O.aout- que nous n'en fassions pas une analyse globale,
••--
~~9\lf
pour éviter des répétitions d'abord, et essayer
ensuite de donner à nos lecteurs un aperçu plus

....
,.._,..
,.,,, .,
__

llllmlllJ-N,l>-V-
large de cet acte Important que lut la confection
du pain, autrelols.
Pour ce faire, nous avons pulsé sans vergogne
10280SalntPlffN ... V- dans les trois cents pages qu'ont rédigées nos
AuPointdllJolK correspondants. Nous tes avons cités, comme •
1, rue U<bllrt-lV 1DIICIOT1oyw
l'habitude, très largement. Car nous sommes cons~
cients qu'ils ont exprimé, bien mieux que nous le
ferlons, ce qu'lls ont ressenti.
C'était. croyons-nous, le meilleur moyen de ne
pas trahir la pensée de tous.
Ils nous diront si nous avons réussi.

......
·--
0.lbeftl\oy

ln,pri!Mrie SONOOA
Z.I laM11'41'!1
1Clllll0 SaanM ,-.....
o.p6t~117fl
CofflmlNlon P11l.. lN "°
5,3035

Coffll>Ol•llon
Moy1td .. Mfifl•II
z.1i.-i..
IClllllOSainMS.-

~lioll!Mwclillt
IIUlllltOflMtiondel't:dl""" Photos de cowerture
1. Le pain de M. Cafff t, la larme de la Noue (51)
IV. Le tour t, pain t, Channes (10)
LE PAIN

IMPORTANCE DU PAIN En échange des bons soins qu'il devait


prodiguer aux vaches, moutons et porcs
Il accompagnait les mers I chaque re- confiés à sa garde, Il était pré11u qu'il
pas. fi étair pr4senl, grillé, au petit déjeu- soit rémunéré en espèces et en nature.
ner, aux côtés du la/1 fourni par /es chè- Le contrat comportait une clause par-
vres de fa maison ou les vaches de la ticulière. Elle disait que le berger rece-
larme voisine. Ou bien Il était englouti vrait entre autres un morceau de pain
avec /es restes de fricassée da haricots qu'il /devait} chercher chez les pro-
ou de pommes de terre. Avec, aussi, le priétaires da bestiaux, savoir : le premier
calé. jour de l'an, la /our de la /lie petronale
La soir, coupé an lamelles si fines qu'on (Saint-Antoine), les /ours de Piques. de
voyait brlller /a lame da couteau au tra- /a Pentecôte, de la Toussaint et de Noê/.
vers des trous, Il était trempé dans la La dénomination de morceau est bien
soupe. vague, à côté d'autres précisions données
En été, Il ballotait dans le bissac du par le même acte : • 14 litres de blé pour
vigneron qui l'en l/r,/1 pour son cessa- chaque vache, 5 centimes par mouton ... •
croDte du malin, avec du lard, des clvH Quelle était donc l'importance de ce
(cas ciboufatras qui poussaient naturelle- mbrceau ? Etait-elle laissée à l'apprécia-
ment dans /a!J gallpesJ, du fromage, des tion de chacun des propriétaires de bes-
prunes. L'hiver, il était consommé avec tiaux ? Rien ne permet de supposer que
de la confiture, des pommes, des noix, la quête du pain pouvait être fructueuse
des poires, des pruneaux (séchils dans la pour le berger. Cette offre de pain n'était
four tam/1/af e, trempés depuis la veille peut-être que la survivance d'une an-
ou encore cuits evec du vfn et du sucre). cienne habitude qui voulait que le berger
V•nteuil (1). 101 nourri par les propriétaires. En tous
Le récit d'un voyageur empruntant le cas, cette coutume, relormulH en 1865,
coche d'eau sur 1111Marne à Damery, pré- s'est éteinte, faute de correspondre à un
besoin réel. La convention de 1878 stlpu·
lait en effet que la distribution da pain,
Nous venions de nous y embarquer,
munis d'un pain perc, su111antl'usage du tes ;ours de file était supprimée.
pays, d'œuls durs et de lromage ... Cette importance du pain est attestée
Trés tôt, les enlants étalent soumis é aussi par la place lalte à cet allment dans
l'obligation de consommer beaucoup de la muséologie. Nos correspondants nous
pain. Les parents disaient à leurs mar- signalent deux musées consacrés au
mots : - Un gros morceau de pain, un pain :
petit morceau de lromage. Malheur à eux
s'ils faisaient le chat, léchant la conf/• - Musée du pain,
ture (pourtant distribuée avec parcimonie 25, rue Vlctor•Hugo,
sur la tranche) et /a/ssalent le pain. Ja- 94 Charenton le Pont :
mais une croDte de pain n'était tolérée à
la lin du repas. Tout morceau entamé - Musée du pain,
de11al1 Atre consommé entièrement. Le à Verdun-sur-le-Doubs.
sermon re11enalt sou11ant : • Pense aux
malheureux qui en manquent, ne gAche Un arttcle, paru dans le Quotidien du
pas le pain . .. (Venteull.) Pain, en date du 27 aoOt 1976, sous le
signature de l'un de nos adhérents.
Une seule excepllon :
M. J.·F. Leroux, montre la nécessité des
Soupe, mangez bien, recherches quant à l'htstolre du pain.
Aprés, 11ousaurez du pain. (Amance.)
L'histoire du pain quotidlan a été, pour
Cette place énorme du pain dans l'ali- fa civilisation, une lutta permanente que
mentation de nos grands-parents est cu- fon ne comprend plus aujourd'hui. D'oû
rieusement attestH par un acte passé en .finllrêt de redécouvrir les techniques, tes
1852 entre le conseil municipe! de Rache• habitudes et même /es mythes /lés au blé,
court et le berger de cette localité. li la farine et au pain.
Surtout quand l'approcha scientifique
(1) Pri.r• M" r~l1er. pour IN ,.,.,.,,ç••·

la l•l>I• 1lph1b4itlque d .. nom■ (Mi ,i.u ... ~ 30.
aide la démarcha et démythifia les tabous
partlcullérement nombreux dans un do-
maine qui fut " récupérli .. pendant long- En ce temps-li, les maitresses de mal-
temps par ta religion et le pouvoir. son façonnaient el/es-mêmes le pain de
Et de citer les famines da 1693-169.f qui famille, ce bon pain de ménage, trais,
sévlsaaient chez les paysans, alors que substantiel, savoureux, additionné d'un
les réserves de farine s'accumu/alent aux peu de Hlgle, de quelques lèves pour In-
frontières, pour les armffs de Louis XIV. tensifier l'action du levain et qui se gar-
!vaquant aussi le miracle des hosties qui dait 8 à 10 Jours en bon 41al. Chaque
saignent... dO I une bactérie dont la moi- foyer avait son four.
sissure ressemble ; du aang coagu/6. Ce bon pain de ménage que nos grands-
mères ont fabriqué jusqu'au début de ce
slècle.
LE PAIN DANS LES TEMPS A Rachecourt, le dernier four partlcu-
LES PLUS RECULES lfer s'arrêta en 1904.
La culture du blé remonte à des milliers Le premier boulanger, Courtois, de Fou-
d"années I L'homme en consomma d'abord chères. est passé en tournée pour la
les grains qu'il Ill cuire. Il lul prit ensuite première lois, à Aumllly, en 1902.
l'Idée de les écraser entre deux pierres. Pouan-les-Vallées avait déjà un boulan-
Ainsi naquirent les meules et les moulins. ger à la 11ndu XIX• siècle. Un second •·y
On a dit qu les Egyptiens eurent l'Idée est Installé en 1905. A cette date, une
de faire de la bouillie avec le blé écrasé. seule famille du vfllage continuait à taire
Plus épaisse, cette bou1111edevint de la son paln, mals elle en confiait la cuisson
pête qu'on lit cuire sur des pierres chauf- à l'un des boulangers. Pratique qui s'est
éteinte en 1914.
fées à blanc. On obtint alors des galettes
compactes. A Vlêpres-te-Grand. un four fonctionnait
On s'aperçut ensuite qu'une fermenta- encore en 1910.
tion se produisait si l'on n'utllisalt pas ra-
pidement la oête. Elle donnait alors, à la
cuisson, un pain plus léger, plus agréable. LE MOULIN
Le levain était Inventé. (D'apré~ M. Clé- Le pain c'est la farine. Avant la farina
rln.) est le moulln.
Les Gaulofs, eux. eurent l'idée de rem-
Ils étalent nombreux autrefois, qui all•
placer le levain par la levure de bière.
mentaient aussi bien les particuliers que
Ce lut Saint-Louis qui donna aux bou- les boulangers. Nos correspondants IH
langers, appelés tamisiers, leurs premiers ont vu peu à peu disparaitre.
statuts. Moullns à vent parlois, moulins à eau
Ainsi, des origines aux Egyptiens et des souvent.
Gaulois à nos Jours. le pain a-t-11 été au Deux moulins é velft et un moulin ; eau
cantre des préoccupations de nos aieux. étaient situés sur la commune de Chan-
L'évolution des techniques a lai! que no- nes.
tre pain actuel n'est plus celui de nos
lointains ancêtres. Les conditions ne sont Le moulin I eau de la Roche, vers G/ey-
plus tes mêmes, dans lesquelles il est sur-Au/on, a fonctionné Jusqu'en 1939.
fabriqué. Jusqu'i cette époque, /a région d'Aube-
rive, en ses dillérentes vallées, était par-
sem6e d'une multitude de très petits mou-
1/ns qui servaient chacun à quelques ta-
LE PAIN FAMILIAL mlfles.
Nos ménagères ne cuisent plus leur Sur la Blaise, Il y avait des moulins
pain comme nos grands-mères savaient dans tous les vlllages.
~ faire. à la maison. Jusqu'au début de Le moulin, qui a fonctionné ; Givry-en-
ce siècle. Argonne, Jusqu'en mal 1940, appartenait
C"est la fabrication de ce pain, dans le aux seigneurs. If étall situé sur /'Ante, au-
four lamiliat, que nous voudrions évo- dessous d'un étang de moyenne étendue.
quer. Il possédait, en 1655, deux grandes roua.
tournant pour les blés et une foulerie é
Ce pain de ménage. dont M. Mallly, de
draps et i chanvre. Un mou/ln i vent fui
Brévonnes, nous dit :
était annexé, qui dominait la coll/ne ...
Ma lem/fie a été /a dernière I confec-
tionner son pain, une fols par semaine. Abel Picot, son dernier proprllJtalre,
Nous avions du personnel I nourrir. J'ai l'avait acheté an 1939. Il effectua aussitôt,
donc vu me mère remplir cette liche et malgré le guerre, des transtormatlons et
succMe, lt ma grand-mère. Une impor- une modernisation importantes. Des ma-
tante exploitation, lilolgnée du v/1/age, jus; chines neuves at encore dans leur em-
ballage, ont été incendilies et dlitru/tas
tif/ait le cuisson du pain • la terme.
dans le bombardement des 13 et 14 mal
Jossier .. Histoire de Somme-Fontaine 1940. Au retour d'exode, le 24 mai, IH
Saint-Lupien .., 1920, écrit : ruines litaient encore fumantes.
Une inflnlt, de petits moullns alimen- L'emploi du temps du meunier consiste
talent donc, autralols 4 tes m,nages, en an premier lieu en l'achat, la sélection el
farine. la réception des grains qui comptent de
la force dH rivièrH, confort .. ou non nombreuses espèces, notamment le b/1,
par un barrage et ta r,Hrve d'un jtang, ce qui produit des farines de qua/itl bi•n
IH falHlt tourner. Le vent venait parfois difflrentes. Les meilleurs sont lits b,.s
au Hcours du meunier, soit en p,rloda durs (blls rouges d'Alsace, F/orenc•, Au-
de 5'chereue, soit dans IH contrffs non rore, Manitoba, pour ne citer qua quef-
lrrlgu,es par un cours d'Hu. Il semble quits exemples, .. races " aujourd'hui dis-
que les moulins à vent aient ,,, plus vite parues, et remplacles par des esp6ces à
abandonn,s que les moulin• à eau. Tal grand rendement, mais la plus .souvent da
celui de Vllle--sur-Terra dont. seule, une moindre quai/té). Ils doivent être exempts
carte postale garde le t,molgnage. d'impuretés (nielle, zizanie ...). La plus re-
doutable étant l'a//, presque impossible à
éliminer puisque de mêmes volume el
DU ORAIN A LA FARINE densité que le b/4. A la mouture, Je grain
A n'en pas douter, le meunier Joue un d'ail, gorgé de liquide, ,este co/11 aux
r61e Important dans la vie rurale de la cylindres. Il les encrasse. obligeant ; /'ar•
lin du siècle dernier. rêt et au nettoyage. De plus, unit odeur
ceractéristlque se communique ,t /a la•
Il recevait le b!j des producteurs. Soit rine. La présence d'ail ne sa décéla qu'é
qu'il lasse lui-même ses tournées, soit /'ouverture dits sacs ...
que les cultivateurs viennent jusqu'au
moulin. En année séche, le meunier doit mouil-
ler le blé avec un appareil spic/al. En
A Bagneux-la-Fo,n, /e bit l'tna ra- année humide, Il doit taire sécher son
musait /as .sacs de graln.s chez les culti- grain, opération plus dillicife 11ncore et
vateurs avec une voitura b•chla. Derrlére plus onéreuu que le mouillage.
cette voiture ltait un sliga qui lui permet-
ta/1 de s'asseoir itn cours de route. If rap-
portait la larinit la semaine 1u/vanre. Par-
fois, Il faisait les commls.sions d'un pays
• rautre.
A Mesnil-sur-Oger :
Je liens de me grand-mére quit la farina
était rapportlit sur la do.s da l'tne ou du
cheval, par lits mauvais temps d'hiver. If
Irai! alors Impossible de circuler en voi-
ture dans les chemins boueux qui me-
naient aux moulins.
O'où 1e mot bit l'tne qui désigne
communément le commis du meunier.
Baudouin, dan, son Glossaire, donne
bett-l'lne.
A Rachecourt-sur-Blaise, ie bf4, ainsi
qua /es autres céréales, étaient régulière-
ment ,amassées par la charretier du mou-
Jin appelé porta col'9. La farine et la
mouture étalent livrles au passage sui-
vant. Una sonnette, lixée • la charrette,
prévena/1 fa clientèle.
A Brévonnes, les tournées de ramu-
Hge étalent organisées par le meunier à
l'elde d'une voiture blchle, à roues de
bols, attelles d'un fort cheval à cof/ler
de grelots.
Là où le meunier avait interrompu ses
tournées, les producteurs livraient leur
blé directement au moulln. Ils l'y échan-
geaient contre la farine dont Ils avalent
besoin. Ainsi, à Soyers, Bar-sur-Aube, Bra-
gelogne, Amance, après ta dlsparlUon des
petits moulins.

LES SOUCIS DU MEUNIER


Monsieur Thaboln résume ainsi le tra-
vall et les dilflcultés du propriétaire d'un Pour la bonne marche de son moulin.
moulln â Givry-sur-Argonne. le meunier commande !"ouverture et la
fermeture des vannes qui distribuent l'eau chalt. Il fa prenait, la jetait dans la bl•f
sur la roue. Cette fonction lul confère des et rexcllalt en fui disant :
responsabilités annexea. A Bar-sur-Aube.
- Plche ma jolie, P,che ma Jolie.
le meunier était proprilftalre de deux van-
nages qui r~ularfsalent les cours de El pendant qu'il répétait ces trois mots,
l'Aube at efimentaient les biefs des deux sa lemme, I fintérieur du moulin, P,chalt ...
moul/ns. La beauté du paysage dépendait dans le sac. (VIiieneuve-au-Chemin.)
de la dlllgence de .ses Jardiniers I retirer SI on se plaignait du meunier, celui-cl
les herbes et arb,es morts devent les gril• n'épargnait pas ses clients.
les des chutes d'eau. Lors des crues d'hi-
ver les inondations dépendaient en partie Souvent, ont surgi des dlfl6rends. Soit
de l'habileté des responsables des vannes que la meunier n'ait pas rendu le quan-
I 1/bluer ou retenir /es Ilots I bon escient. tité et la qualité de farina qu'il devait, soft
- ce qui arrivait aussi - qua les cultiva•
leurs n'aient pas donné la quantité de b/4
qu'ils auraient dû. (Bagneu,c-la-Fosse.)
MEUNIERS ET CLIENTS Le meunier savait à quoi ■·en tenir.
Mals revenons à la farine et voyons Parmi les fournisseurs, il y avait l•s bons
quelles étaient les relations du meunier et les moins bons. Certains Hca collfta
avec ses clients. Que ceu,c-cl viennent présentaient, sur le dessus, é la profon-
llvrer leur grain au moulin ou que le bat- deur oil l'on pouvait plonger la main, du
l'lna assure le transport. grain da bonne qualité. Le reste était bien
dlff6ranl.
Comment le meunier était-JI rémunéré ?
Pour déjouer les manœuv,es frauduleu-
La mouture du grain ltait très souvent ses, Il existait une canna spéclale appelée
payée en nature. Si 91/e étal! payée en canne .onde, permettant d'aller puise, un
es~es, le meunier prél.vall un pourcen- 6chanllllon Jusqu'au fond du sac. (Givry.)
tage pour la perte par IH poussières. En
plus, il y avait prltèvem•nt, quand /e pro- Une cultivatrice menait du blé au mou-
priétaire amenait lul-mlm• son grain et lin de Bar-sur-Seine et le meunier s'était
attendait sa farine. (VIiieneuve-au-Chemin.) aperçu que ce blé n'était du blé que sur
le dessus du sac et le ,este da petites
Le meunier se payai! sur le son. graines. Quand fa sac fut presque montl
(Soyers.) au premier ,Hage, le meunier 1'cha /e
If se faisait payer en farine. (Lantages.) treuil et le sac s'effondra au sol. Les pe-
Ce troc, grain contre farine, a été la tites graines se répandirent at la faute /ut
source de nombreu,c conflits. Comme les ainsi plus que prouvée. C'est une histoire
tallleurs, les meuniers n'ont Jamais 616 vraie.
considérés, par les gens du peuple, com- Citons, pour finir. cette anecdote que
m• un corps de métier d'une honnêteté nous apporte M. Thaboin (Givry) :
Irréprochable. Un dicton ne dit-li pas : Son moulin. déjà industrialisé, livrait le
L•s notaires, /es avocats el /es mfHlnlers ferine au,c boulangers de la région. L'hla-
N'enlrent jamais au paradls. tolre Illustre parfaitement cette suspicion
Il faut admettre. dit notre correspondant qui entachait souvent les rapports entre
de Bar-sur-Aube, que /a pratique de ma- meuniers et utilisateurs de farine.
na, son blé au mou/ln contribuait é fe,c- li appartenait au meunier de garnir
ploitation du paysan par la meunier. Les la chambre é blé sale, an opérant un sa-
producteurs étaient condamnés é choisir vant mélange da qualité et de provenance
entre accepter le prix proposé par le meu- différentes, afin d'obtenir une qua/116cons-
nier ou rapporter le gtaln é la ferme. tante et régulière de fa larlna, /e boulan-
Nombre d"entre eux préféraient consentir ger étant particulièrement sensible ; fa
un rabais plutôt que d'avoir fait le voyage mofnd,e dlfférenca da qualité.
pour rien. Un boulanger avait un jour, retourné un
A Channes. le meunier se payait sur la chargement de farine, prétendDment mau-
gtafn fourni, da rordre de B • 10 •t,. Quand valse. La meunier était certain de /a qua-
I• producteur se plaignait que calul-ci lité de cette farine qui n'avait donné lieu
gardait une trop grosse part, le meunier é aucune critique de la part des aufres
arguait de (évaporetlon. acheteurs. fi retourna la mime charge-
ment sans y rien changer.
Quand ce producteur amenait son blé
au moulin et attendelt qu'il soit moulu Le boulanger trouva fa seconde 1/vrai-
pour emmener la farine, on n'evalt pas son da très bonne qualité et é sa conve-
coutume de peser la grain. On comprend nance.
qu'habltuellement, l'opération ait été sur-
velllée de près.
Mals le meunier avall parfois plus d'un
tour dans son sac. Le père Mathurin avait CONSERVATION DE LA FARINE
trouvé cette astuce pour amuser ses La farine a remplacé le blé en la mal-
c//enls. Il leur montrait sa chatte qui pt. son du producteur.
Le porc dans fa saloir, le sac de farine On utilisait aussi des lèverolles à Bré--
posé sur le bto (en bols al soutenu par vonnes. Elles aidaient à la fennentatlon.
trois pieds) de la cuisine, on étai! paré Quoi qu'il en soit, cette larlne, pure fa-
pour l'hiver. (Venteuil.) rine de blé ou additionnée. selon las cas,
On pouvait aussi conserver la farine au de seigle ou d"orge. de pommes de terre
grenier en des biches de treillis trés serré ou de léves, était prête pour la panifi-
(Channes. VIiieneuve-au-Chemin, Bragelo- cation.
gne. Beauvoir.) Des sacs dont la gueule
évasée était dotée d'une cordelette da
serrage pour leur fermeture et dont cer-
tains étalent fabriqués autrefois à Aube• U. MAIE ET LE PETRIN
rive. (Cl. FOLK CH no 41.25.) Le travalt de la pite se faisait dans le
A Vllleneuve-au-Chemln, on précise que pétrin ...
ces sacs étalent tisses de tin. On en con- Le pétrin est, théoriquement. ce meuble
naissait de toile blanche à Bagneux-la- en !orme de demi-cylindre allongll, posé
Fosse. sur quatre pieds, dans lequel le boulan-
C'est dans un grand coffre en bols, ger a, de tous temps, pétri sa pite.
toujours au grenier, qu"à Soulaines, on en- Le moblller d"un habitant de nos cam•
treposait la larine. 11 lallalt la brasser de pagnes était généralement restreint. Dans
temps à autre afin qu'elle ne s'agglomère 1a cuisine : une tabla. des bancs, un dres-
pas en pitons. soir, une male. On employait cette male
à des lins diverses. Etle serval! en parti•
culler à la fabrication du pain.
A Venteuil on utfflsalt un pétrin, coffre
COMPOSITION DE U. FARINE de chêne ou de noyer, trés simple et très
La farine livrée par le moulin était sou• profond, appelé /a male.
vent brute de fabrication. Pour obtenir de A Amance le pétrin était une male rec-
la farine panifiable, 11était nécessaire d'en tangulaire qui, las Jours oû /"on pétrissait
séparer le son à l'aide d'un sas. Un crible le pain, se trouvait débarrassée de son
que le Champenois nomme clive. Le plus contenu.
souvent de tonne clrculalre, cet lnslru•
ment pouvait ètre tls5't de soie ou de A Channes le pétrin était en forme de
crins. tait d'un treillis métallique ou tendu maie. Dans las Inventaires, on trouve di•
d'une peau de porc agrémentée de nom• verses appellations : lournoire I tourner
breuses perforations géomlltriquement or- /a pain, en 1704, mey propre I la/ra fa
données ... pain, 1733. SI la famifla na pouédait
qu"une maie, ceff.. cl servait al.tss/ 1 ran-
La farine était souvent pure larine de ger la miche entamée et diverses victuail-
froment. On fabriquait du pain blanc el les. Le pain y restait bien Irais et ne dur-
non bis. De mémoire d'homme, Jamais
cissait pas (Bragelogne).
on n'a fait .t Venteuil du pain de seigle
mais, au contraire. du pain fait de la fa• On précise, dans cette dernière com-
rine de blé /a plus pure. mune que les part/cul/ers n'avalent pu le
mime pétrin que Je boulanger avait au
A Soulaines et à Amance. la farina était, lournll.
en général, de pur froment.
Et pourtant. certaines lamlltes. proba-
Mals Il n'était pas rare cependant qu'on blement tes plus aisées, ou celles dont
mé1angeàt du seigle au blé. On en ajou- t'lmportance numérique le justifiait, pos-
tait un peu à Vltlemaur, à Montler-en-1'1sle, sédaient un véritable pétrin.
à Chaource. Beauvoir, Bragelogne. Ba•
gneux-la-Fosse, Brévonnes. Dans /a pro• A Rachecourt le pétrin ordinaire, en
portion da IB moitié ou du tiers se/on les chêne, était monté sur pieds. A Aube•
particuflers. (Dampierre.) rive le pétrin 611111 un demi-cylindre qui
ne servait qu'il pétrir le pain. A Brévon-
Parfois. dans les années difllciles. on
nes, M. Mailly précise : Je posséda un
ne regardait pas à utiliser en partie les pétrin de larme (2,5 métres sur 1 métre)
farines d'avoine et d'orge bien que cette
sur pieds, mais bien souvent, les paysans
dernière. employée seule, ait mauvaise
Grossier se servaient de /a male familiale pour faire
réputation. Ne disait-on pas
leur pain.
comma du pain d'orge 1
La pétrin n"est qu'un meuble de fournil
Ce qu·on ajoutait parfois, c'était une
ouvert sur te dessus. Les menuisiers ont
petite quantité de pommes de terre rà• songé à le doter d"un couvercle. Ils ont
pées. Il semble que ceta facilitait la gon-
prolilé qu'un espace restait libre sous la
1/amant de /a para (Celles) et permettait
cuve pour ajouter un tiroir bas. Le pétrin
de garder plus longtemps sa fraicheur
devenait alors un meuble digne d'entrer
(Auberive, Lantages). Notre propriétaire,
à la maison.
qui cuisait toutes les semaines, ajoutait .t
la latine de blé, un kilo de pommes de Parallèlement, la maie lu! aussi aména• \bÎ
terre de la variété Géante des Vosges, gée. Afin de la mieux adapter à usage de
sans doute /rés fécuflenles (Bricon). pétrin, on en releva le fond en la dotant
M■l•ptltln 6 Monller◄ n•D■ r (52)

Commode-pttrln • Rumilly
d'un tiroir en sa partie Inférieure. Mieux recouverte de couvertures. En mettant,
encore, on aménagea le haut de cette /'hiver, des briques chaudes, sur le cou-
maie avec un bac demi-cylindrique ou vercle de /a maie (Dampierre).
trapézoïdal, tandis qu'une porte è double En été, on évitait trop de chaleur en
battant permettait qu'on utilise le volume descendant ce nouveau levain en cave
restant du coffre. (Venteuil).
Pfus récemment, au début du slècfe, En signe de respect, certaines ménagè-
on utilisait la maie-commode que le me- res traçaient un signe de croix sur le
nuisier du v/1/age, M. Yvonnet, fabriquait levain, avant de l'enlermer Jusqu'au len-
parfois dans de vieux bois de pressoirs. demain (Maizières).
La maie proprement dite, peu profonde, A moins que ce signe de croix n'ait été
s'ouvrait par un couvercle. Effe. surmon- dessiné, huit jours auparavant sur le petit
tait un rayonnage fermé par deux portes. levain, afin de garantir une bonne fournée
Ce meuble alliait /es avantages d'une mare (Soyers).
et d'un buffet (Venteuil).
Quand la maie ou le pétrin (tous deux
ayant même usage pour la vaîssslle ou
comme garde-manger) étalent peu garnis,
il étai! dit : N'y a qu'I• pno et 1 ■ rlcl ■t•
dans la maie (VIiieneuve-au-Chemin).
C'était signe de pauvreté.
Mais, qu'elle soit un simple colfre de
bois ou bien aménagée en pétrin, c'est
dans la maie que se préparait la pète à
pain.

LE LEVAIN
Dans un angle de la male était un pot
(en grès souvent) ou bien une écuelle de
bois, rempfi d'un morceau de pête prove-
nant de /a dernière préparation. C'était
/e levain {Venteuil).
On conservait ce levain :
- Dans une écuelle en terre, à Chan-
nes, Bragelogne, Auberive. Montier-en-
l'Isle, Soyers, Brevonnes. Dampierre ...
- Dans une terrine à fromage : Ville-
neuve-au-Chemin.
- Dans un vase de bois (généralement
de l'aulne. qui sèche sans se tendre), à
Balnot. Lantages ...
Un récipient. toujours le même (Soyers),
qui ne servait qu'à cela (Lantages), placé
dans la maie ou dans un endroit frais :
cave s'il y en avait, ou vlnh (Yil/eneuve-
au-Chemln).
Ce levain avait été prélevé sur la four-
née précédente et gardé tel pendant une
huitaine de jours. Pass& ce délai. on était
obligé de le rafraichir al!n qu'il ne moi-
sisse ni n'aigrisse. Cela consistait slmple-
ment à couper tout autour la croûte qui
s'étalt formée au contact de l'air.
Quand le levain était trop Agé, Il était BRASSAGE DE U PATE
possible d'emprunter au voisin celui qu'il
avait mis de côté les jours précédents, On procédait, le lendemain, au pétris-
quitte à lui rendre la pareille quelque sage. Une opération qui se réalisait avec
temps après. la double souci de délayer la farine sans
qu'il se produisA de grumeaux et de divi-
La veille de la panmcalion, on revigo- ser la pâte au maximum.
rait ce petit levain en le mélangeant avec
de fa farine et de reau tfède. On obtenait Ma mère mesurait sa farine, en volume,
0 8
un gros levain, de fa va/eu, d'un• cor-
beille que l'on protégeait du froid, pen- ~~~~er~i~t~~=u::e"::u~ à,!~~~ @
r,~:i'~ u
dant la nuit suivante, en le recouvrant d'un du tas, recevait fa levain et le pétrissage
linge. En laissant la pite toute /a nuit commençait. Elle ajoutait lentement de
l'eau salée, par petites doses (Brevon•
nes) (2).
L'ensemble étal! pltrl d'abord avec Ja
main et ensuite br■ ssl, tal)fl avec éner•
gfe (VIiieneuve-au-Chemin).
Les mains /ointes el les doigts enlacés,
on P'lrlssaft longuamanl /a pdte en un
mouvement cfrculafra des bras. La maie
élan! pro/onde. ce travail élalt latigant
car Il obligeait /a ménagère à travafffer
courb4e (Venteuil).
On soulevait la pdte, on /a laissait re-
tomber, on la battait et on recommençait
jusqu'à ce qu'elle se dkolle parlallement
du tond de la male et que les bulles vien-
nent éclater à la surface (Soyers, Cham-
pignol).
On arrêtait la pétrissage quand la pâte
était sèche, qu'elle était devenue lisse et
qu'elle ne collait plus aux doigts (Montier-
en-l'Isle, Pouan).
Mals tout n"allalt pas toujours à la salis•
!action de la ménagère. M. Jay, de VIiie-
neuve-au-Chemin, s'e:icprlme à ce sujet :
Il arrivait, par temps chaud, que cette pâle
lève le cul pendant le travail. Je ne me
rappelle plus la terme qui, Je crois, qua-
lifiait une tille peu sage. Je ne sais pas
ctl'qu'/1 fallait taira pour atténuer le désas-
tre de cette situation. A rinverse, on em-
ployait de reau tilde pour eider à lever.

LA PATE LEVE
La fermentation commençait dans le pé-
trin où la pite reposait, à basse tempéra- Quand les corbeilles n'étaient pas ta•
ture, quelque temps après qu'elle avait pissées de toile, on les garnissait d'un
été brassée, et avant qu'on la répartisse linge blanc avant d'y déposer la pAte. On
dans les bannetons. les saupoudrait de repasson, repassfn,
Ces bannetons sont des corbellles remoulege ..., produit Intermédiaire entre la
d'osier de !ormes diverses. Nos grands· farine et re son, qui empêchait la pAte de
mères connaissaient surtout celles qui res- coller eu récipient.
semblent à un saladier et avec lesquelles Comme son nom l'indique, le coupe-
on fabriquait les miches rondes. Les cor• pdte servait à détacher la quantité né-
bailles longues et celles qui étalent des- cessaire • à chaque corbeille, C"étall un
tinées à donner !orme au:iccouronnes, leur instrument composé d'une lame métalli-
étalent moins connues. Tout au moins, que d"une douzaine de centimètres. arron-
étalent-elles moins utl11sées. die sur un côté, afin qu'on puisse laclle-
Selon /'Importance de la me/sonnée, on ment le saisir.
en employait qui pouvaient contenir 6 à 8 En premier lieu, la ménagère prélevait
livres de pdte, dont rouverture avait un la quantité de pâte destinée à lormer le
diamètre de 35 ;· 40 centimètres, le fond nouveau levain. Elle le déposait dans
20 centlmèlres, et 12 centimètres de haut un pot réservé.
(Villeneuve-au-Chemin).
Chaque cabas recevait alors son pâton.
pour une fermentation à température plus
élevée que précédemment. C'est la raison
pour laquelle les corbei11ea étaient re•
couvertes de toile. On les lalssalt ainsi,
dans la pièce de la maison où le tempéra-
ture était la plus favorable.
Au pis aller, en période froide. la mère
de tamllle gllssait ses corbeilles sous
une couverture ou les couvrait de son
BMMIOM lof\ol • SOYlalll"
édredon.
(2) A AouvrH-111-Vlgnff, on 11t1it 1utr1fol• cher-
cher l'HU • SaullCIIIII, • 2 lulomàt1H du v,llage, Dès qu'il se présentait des bulles à la
pour pr'9111r Il llv1l11 Il lllfl Il ptlll surface de la pâte (Soyers). quand celle-
ci avait gonflé et rempli 1a totalité de la LE FOUR
corbeille (Balnot). lorsqu'elle avait doublé Le four est une construction qui faisait
de volume (Bragelogne), elle était prêle autrefois partie intégrante de la mai-
pour la cuisson. son (3). Il était attenant à la cheminée
La montée de la pate avait duré une de la cuisine. A moins qu·on ait construit
ou plusieurs heures, selon la température pour le recevoir une pièce spéciale appe-
et !"adresse de celui ou de celle qui lée communément chambre à four.
avait pétri. Cette chambre à four, dite bratour à
Si la pàte avait levé trop vite, elle Meurville, évitait que la maison d'habita-
débordait des cabas. Si, au contraire, la tion soit souillée de routes salissures pro•
fermentation n'avait pas été suffisante, le venant des cendres, du charbon, des
pain était doulevé, il taisait la cueutte buées ou des graisses (Amance).
ou la cueure c'est-à-dire qu'il était p!teux Dans certains villages, comme à Sou-
à l'intérieur. lalnes, les chambres à four étalent la
règle. Bien souvent, ailleurs, on se
UN RESTANT DE PATE contentait du four intégré à la cuisine
Quand toutes les corbeilles avaient été de ta maison d'habitation.
approvisionnées, il restait généralement
une ou quelques poignées de pale. Il n'y
en avait pas suffisamment pour en rem-
plir une corbeille entière. On moulait spé-
cialement ce reste de pàte, pour l'en-
fourner en dernier. C"était le témoin.
A Villeneuve-au-Chemin /e restant de
paie était disposé dans une petite cor-
beille en U appelée picotin. On nommait
le pain qu'il donnait un mlchon. Ce ml-
Chon était consommé tout chaud er consi-
déré comme un gAteau.

N 8. - P■ rloi, employé comme '°b11quet. le mot


1ub,l11e comme pa1ronyme

NETTOYAGE DE LA MAIE
Avant de replacer dans la male, les
victuailles. la vaisselle qu'on avail enle-
vées avant de pétrir. la ménagère grattait
l'intérieur de son meuble, le nettoyait
à tond. Sans cela, sa maie aurait senti
/'aigre (Venteuil).
Pour ce faire, eue utillsait le coupe
pâte (Villeneuve-au-Chemin, Brevonnes).
A moins qu'elle ne dispose d'une raclette
métallique spéciale. en demi-lune et col
de cygne (Auberive, Rachecourt, Bagneux,
Couvignon. Balnot, Brevonnes, Channes.
Venteuil, Mesnil-Saint-Père). Une raclette Ce qu'on aperçoit ordinairement, dé~
nommée rlqulote à Champignol. passant à l'extérieur de la maison, c'est
le cul de four, un appentis accolé à un
mur, coiffé d'un toit qui lui est propre.
Généralement maçonné à angle droit, le
cul de four s·arrondit parfois en deml-
cercre. Il enveloppe le lour.
Celui-cl est construit à mi-hauteur, en-
tre deux niches.
La niche inférieure, quoique primitive•
ment destinêe à servir de fournal ■ e, c·est-
à.-dlre à recevoir /es cendres du four,
pouvait avoir une toute autre destination
se/on les locataires de la ma/son. Pour
les uns, un c/apfer. Pour /es autres, un
cochon, à qui Il était interdit de trop
grossir (VIiieneuve-au-Chemin).

(3) Aprh· 1• Réw,lutlon Voir, ci-■p1••- Le lour


blr"l■ I.
Celle du dessus aervalt de débarras
à moins qu'on y al! lnata116 le poulailler
puisque, paralt•II, ta chaleur du four favo-
risait la ponte des poules.
Le four allait tou/oura de pair avec une
cheminée. Soit que son ouverture coin-
clde avec le lands de l'àtre, en plein
mllleu ou bien lég6rement déporté, soit
que, placée sur le c0t6. aile dessine un
angle droit avec lui. Dana ce dernier cas
le manteau de la cheminée étal! monté
de façon à englober à la lofs l'Atre et
la gueule du lour. Rarement le lour était
relié à la cheminée par un conduit spé-
cfal.
Les dimensions des tours. leur forme.
les matériaux evec lesquels Ils ont été
maçonnés dépendaient essentiellement
des besoins des propriétaires, des ras•
sources locales et des posslbilltés du
maçon. Ils se ressemblaient tous, mals
chacun d'eux avait sa personnalité. Tous
comportaient cependant une sole carre-
lée, posée sur un lit de terre, celui-ci
porté par un plancher sur solives ou sou-
tenu par une vo0te maçonnée.

Le plan du four affectait souvent une


forme allongée terminée en demi-cercle.
Il pouvait être circulaire. Un mur de pier-
res ou de briques en taisait le tour, de
35 à 40 cm de hauteur. Un dôme en
forme de vo0te le recouvrait, maçonné
avec des carreaux ou des tulles plates
mises sur chant. Le tout était recouvert
et noyé d·une bonne couche de terre,
pour éviter les déperditions de chaleur.
Comment le maçon procédait-li pour
ajuster les briques de la vo0te du four ?
Il n'est pas exclu qu'lt ait disposé ses
mat6rlaux progresslvemenl, en partant
de rextérleur pour atler vers le centre,
chaque rang confortant le précédent, tra-
vaillant assis ou couch6 Jusqu'à ce que
l'édlllce soit sullisamment large pour le
supporter. C'est par dessus qu'II terminait
le centre de la vo0te (Venteuil ?). Une
manière de procéder qui expliquerait que
beaucoup de fours présentent au centre
de leur vo0te. une partie qui semble né-
gligée. mal finie ou en mauvais état.

Monter la vo0te d'un four est tort sim-


ple, nous a dit M. Chaumeron. de Rumilfy.
Après oue le mur fat4rel avait 414 monté,
sur /a sole du lour, le maçon Installait
une charpente en larme, /atlffe, et sur
laquelle Il pouvait ordonner ses tulles Clll-de-lour clrculeJ,e • Cusun9y
ou ses briques, toujours en commençant
par /°extérieur. Les dernières, sur rarrête
m4diane formaient c/4. la terre remplis- de briques et de luiles. On en cite ce-
sait et couvrait les Joints. On mettait en- pendant une autre sorte, ceux dont le
suite le feu â le charpente qui a~ait servi vo0te était de terre cuite (Rachecourt,
â maintenir la vo0te pendant sa conlec• Bagneux). Le peu qu·on en connalt c'est
tlon. qu'ils étalent plus hauts et moins plais
que les tours maçonnés. Il ne semble pas
Tous les fours qui ont défié le temps que nous puissions en retrouver intacts.
sont de ce type : maçonnés de pierres, SI ces tours de terre revenaient moins
pouvoir fermer. Le système de fermeture
le plus simple consiste en une plaque
de t01e munie d'une poignée qu'on pose
sur des crochets (Brevonnes) ou sur la
partie de la sole qui fait rebord à l'ex•
térleur du tour. Un ergot méla111que1'en·
gage au-dessus, dans un piton scellé à
la maçonnerie.
Les portes récentes sont en fonte, do--
tées de charnières, à un ou deux van-
taux, qui Jouent dans un cadre. L'ensem-
ble est en fonte. Certaines portent 1a mar-
que de la fonderie qui les a livrées. A
Polisot, te nom de Dommartin-le-Franc
est mou16 dans le corps du vantail.
Ces portes de fonte sont percées par-
fois d'une ouverture clrculalre de quel•
ques centimètres de diamètre. Cette lu-
nette est obturée par un volet de même
forme. Son poids la met en place auto,,
matlquement.
L'un et l'autre systèmes de fermeture
existent partout. La porte de fonte, à un
seul battant. semble cependant le plus
fréquemment employée.
Quels ont été les plus courants. des
Cul-M-lour IIOUl•pot'lt•ru. • Soulai tours b61is en longueur ou des fours cir-
culaires ? On en rencontre parfois des
deux types dans un même village. De
dimensions différentes.
A Soulaines-Dhuys, sur sept tours exa-
minés:
Trois sonl maçonnés en profondeur
Longueur : 160 - 180 • 215 cm
Largeur : 140 - 145 • 180 cm.
Quaire offrent une sole circulaire.
Seul, remplacement de la gueule du four
est rectlligne.
Diamètre de 130 • 160 (deux fols)
180 cm.
La hauteur de ces fours varie entre
35 et 40 cm.
La gueule de six d'entre eux s'ouvre
dans le lond de la cheminée. Une seule
est située perpendiculairement à l'ltre
sur le c6t6.
PreSQue tous possèdent une porte en
fonte avec un seul vantall ou à deux van-
taux, mals avec lunette pour la survell-
lance de l'lntérleur.
Cul-de-lour 11t1p■ ndu • Rummr Un seul est fermé par un simple deml-
cercle de tôle.
chers à la construction, il est bien évi- La sole de deux d'entre eux a 616
dent qu'ils étaient beaucoup plus fragiles carrelée au-dessus d'une niche voOtée.
que les précédents. Les autres reposent probablement sur un
La gueule du four (ou embouchoir à plancher monté sur des sollves
Veuteul1) s'ouvre donc dans 1e fond d'une
cheminée ou à proximité de ce11e--ci.
C'est une ouverture en deml<ercle d'en-
viron 33 cm de diamètre que l'on doit (Enquête de J.-M. Dubois.) f.l.13
1 - Ch•mlM• •t lou,. LH B•llly1
2 - Ch•mlnff .t lovr "" °""°'mon - vmy-1.. 1011
3 - VoOI•. Ch•nnH
4 -VoOt• • Villy-l•-M•rkh•I (Photo-Pen•rd)
5-VoOI• • Y•nt.iill (Photo Munler) {51)
7- Por1• tOI• •venl•ull (51)
1-Por1•t01••Y•nt•uH(51)
Il - Port• font•• B•ll9nlcour1 (51)
10- Por1• tOI• il Ch ■ nnH
11 - Port• lont• il Ch•nnH (ouv•r1•)
12 - Por1• lont• il Ch•nnH (ltrlftff)
13-Por1•1ont•i1Font•n ■ J(51)
CHAUFFER LE FOUA menues brlndJl/es Issues de la taille ac•
tue/le, mals au contra/te des lagNtea,
les plus grosses tige.s ,écollées au prin-
La pite est lev6e. C'est le moment de temps dans /es vignes en Ioule, seffées
cuire le pain. La première opération en fagot au mi/Jeu desquels on avait
con1l1te à chauffer le four. glissé la pallfe de seigle qui avait servi
M. Morot explique : Le lour Hl chaulfé a lier les brins. (Venteuil).
avec du bols blanc bien sec ou des la-
gots. Le bols est placiJa au fond du four. On brillait de la charbonnette de char-
L'lvacuatlon de I• lumiJe et respiration me. d·orme et de verne. (Soyers). du char-
vers la chemlnle (Jtant sltuls Al rav8/lt de me (Bragelogne) et aussi de l'épine noire.
la voOte du four, la llemme se trouve (Chaource, Bragelogne, Cha~nes) pour
ainsi ettfrée ver, ravant et chauffe ren- que Je pain soit mel/Jeur, de l'éplne blan-
sembfe de façon uniforme. (Vt!pres). che à VIiieneuve-au-Chemin.
A Jeugny, le bol1 était allumé âans On pouvait employer du bois tendu au
le fond du lour, les braises ramenées coutre : Du sapin ou du peupJJer à
• à bouche " avec le rouable et le feu Dampierre. Mals on préférait ullliser éles
réallmenté à l'avant du tour. fagots.
Le leu allumé de même dans le fond JJ fallait 7 a 8 fagots pour obtenir un
du tour à Villeneuve-au-Chemin et Brage- tour chaulf6 à point. On allumait d'abord
logne. •
un lagot de ralma, les branchages les
Bourcelot (Atlas linguistique de Cham- plus petits, de tilleul et de charme, lacl-
pagne et de Brie) Indique que ron alfu• lement lnflammab/e.s. On prenait ensuite
malt le feu au bord du four puis qu'on des lagots de' branches plus grosses en
/e pouua/f peu A peu ver.s les côtés et 1,20 m.
vers le fond.
Après une heure et demie de chauffe,
A Soyers, on mettait du bois au mllieu la température était atteinte. On pouvait
du four puis, quand tout avait br0/6, on en Juger en présentant la main à l'entrée
répartlualt la braise avec un r.urgon. du four. (Chaource). Avec le rouAle, on
grattait une baue de Ier qui se trouvait
A Soulaines, on prklse que /es dans le four. S'Ii se produisait des étin-
ra-rnslns (sortes de longs ragots compo- celles, le pain étair bon à cuire. (Brage-
sés par des perches entières) étalent en- logne).
fi/ls par le petit bout servant 41ralfumage.
Au fur et I mesure de leur combustion, Plus généralement le four était consi-
on poussait le bols dans te four. déré comme suffisamment chaud quand
A Vll1eneuve-aU-Chemln, on emman- sa voQte était devenue blanche. (Ven-
chait la bouffff uns le délier at on /a teuil, Rachecourt, La VIiieneuve-au-Chêne,
/a/uail brOler avant d'an remettra une Balnot-la-Grange. Brevonnes, Soyers, Ru-.
autre. Avtte fa tergon, (lourchet de bois} mllly ...). Dans certain tours, le maçon
on déplaçait le leu au.r rives du tour pour avait eu soin d'incorporer un morceau
bien chauller rlgu/fiuement Je tout. de grés d'environ un dm', fi.ré bien en
lace de /a gueule, en bonne vue. à /a
On se serva/1 du lurg ■ ou teurgulllo place de 2 ou 3 demi briques. (Vllleneuve-
pour feurgulller c'est-A-dire remuer, épar- •au-Chemln). Une brique de /a voOte.
p/1/er le bols et les bralse.s é rfntérlaur (ViApres). Deux plarre.s, l'une noire, l'au-
du four. (Champignol). tre comportant des zones blanches. (Vau-
A Rachecourt. on déplaçait aussi le poisson). La couleur de ces pierres té·
feu au fur et à mesure qu'on rallmentalt. molgnalt de la bonne chaleur du tour
et du moment où 11tallait le débarrasser
A Balnot, on employait des sarments de ses braises. avant d'enfourner.
et des bourrées à groa bols. Les sarmenta
aidaient à rallumage. Le grois bois fa- Mals attention ! Cuire le Jour de fa
vorisait la production de braise. La braise Saint Laurent fait sortir /e leu du tour.
contribuait à produire une chaleur régu- (Vulaines). A Vinets et Dosches, pareille
llàre. mésaventure rlsquall d'arriver à la Saint
Nicolas. Défense aussi d·enfourner le
Mals que brillait~n dans nos tours 7 vendredi saint. (Géraudot). SI on avait
Pas de chêne. (Soyers). A moins qu'on cuit ce jour-là à Vi11eneuve-au-Chemln, Il
ne po~ède des bouffées da bourgeon, y aurait eu du ung aur le pain. lnterdlc·
ce/les fabriquées avec lea rameaux des lion à Brienne-la-Vlellle de chauffer le
ch,nes abattus pour an r&cuelffir flJcorce. tour pendant les Rogations sans quoi le
C'était aprés I• montH de la .sève et pafn aurait moisi lout l'été. Attention tou-
les bourgoons ét•l•nt df/à bien dévelop- jours : Défense était laite aux lemmes
pés. (VIiieneuve-au-Chemin). d"enlourner 41l'époque da leurs men.strues.
(Channes).
On br0lalt aussi du sarment dans les
pays de vignes, non pas /es cotons, ces Le feu avait été allumé.
J·entreprends rien, mon tour est bon
à r61er. Cette expression signlliait que la
ménagère allait, sans attendre, lirer les
braises de son four à l'aide du rouale.
Ce rouale, encore dénommé r61e,
roulle ... est un outil métallique en forme
de crochet ou de raclette, longuement
emmanché de bols. Il existai! ancienne-
ment des rouables laits entièrement de
bois : une demi-lune de merrain avec
un manche assez long, qui s'enlfammalt
malheureusement facilement. (VIileneuve-
au-Chemln).
D'un mouvement circulaire, on ramenait
tous les résidus de la combustion du bois
à l'entrée du four. Les braises étaient
précipitées dans un étouffoir. Ce réci-
pient de !Oie à fermeture hermétique, em-
prisonnait les braises encore rouges. Cel-
les-cl, privées d"oxygène • s'étouffaient ..
rapidement.
L'hiver, on en remplissait les chautte-
rettes sur lesquelles on posait sas pieds,
pendant la veillée chez la voisine, ou à
l'église, le dimanche. L'été dans le four-
neau rond, e//es permettaient de cuire
les aliments sans allume, /e leu de l'être
(Venteuil).
Les cendres, amassées dans la four-
naise ou cendrier, étaient conservées en
vue de la prochaine lessive.
Parfois, toutes les braises n'étalent pas
totalement éliminées. On en gardait sur
les côtés du four (Celles) ou pour en
garnir l'entrée afin de maintenir, pendant
la cuisson du pain, une température qui
ne faiblisse pas.
De toutes laçons, la sole devait être
parfaitement propre pour recevoir la pâte.
Il eut été dommage de retrouver, sous tes
miches, des fragments de braise ou mê-
me de cendre. Pour parfaire le travall
de nettoyage. on employait un balai de
bouleau qu·entourait un chiffon (Soyers,
Viâpres, VIiieneuve-au-Chemin). Il ne sem-
bte pas que ç'alt été là une opération ju-
gée partout Indispensable.
Une ultime vérilication était laite avant
d'enfourner, pour connaitre si le four
n'était pas trop chaud, s'il ne risquait pas
de brûler le pain. On jetait une polgn(le
de farine dans le four et on observait son
comportement (Auberive).

ON ENFOURNE
Il fallait faire vite pour enfourner.
D'où le dicton :
- Vaut mieux être dar(l un ch/eu
Qu'daré un enfourneu (Landrevllle).
On risquait en effet un coup de man-
8
~:~ :te q~t~~av~~;':!: 1~ :~~~~id:n:?:~: ïii
cuper si quelqu'un se trouvait dans la '<:I
trajectoire du manche de sa longue pelte 6.l-17
de bois, mince et plate, qu'il appuyait
sur ta tablette de la bouche du four en
même temps que sur le dossier de la
chaise du coin du leu. Il la saupoudrait
de r•moulaga ou de rcoupn.
La pAte bien levée de la corbeflle re-
tournée y formait une boule sans dé-
faut qu'on décorait d'une croix ou de
lignes parallèles afin qu'elle n'éclate pas
à la cuisson.
Cette boule était conduite Jusqu'au
fond du tour. libérée d'un coup sec du
poignet, elle glissait sur la sole. Pas trop
près de la précédente pour qu'elles ne
se rencontrent pas, en gonflant à la cuis-
son.
Après l'enfournement de chaque miche,
la porte du tour était soigneusement re-
fermée pendant qu'on préparait la sui-
vante. Ceci pour éviter les pertes de che-
Jeur.
C'est en tout dernier qu'on Introduisait
le mlchon. Car c'est lui qu'on devait dé-
fourner le premier.
On déposait partais un pot d'eau à la
gueule du lour, quand on craignait que
le pain n'en sorte trop sec.
Et l'on attendait.
Après t0 minutes, un quart d'heure,
lorsque les pêtons avalent déjà pris l'as-
pect du pain, certaines ménagères avaient
l'habitude de déplacer ltgèrement leurs
miches. Toujours en refermant bien vite
la porte du four, pour ne rien lafsser
échapper de la chaleur ou tout au moins
pour en perdre le moins possible.
Les miches gonllaiant, /a croOte se
formait, d'un jaune sombra tirant sur le
noir.
Encore une trentaine de minutes et le Posées Inclinées contre une paroi (Mon-
pain était cuit. On s'assurait qu'il était à tier-en-l'Isle). Debout tout autour de la
eoint en ouvrant la porte du lour ou en pièce (Soyers). Espacées, sur une table
regardant par la lunette quand 11en exis- garnie de torchons (Bragelogne). Pos6es
tait une. de chant sans être êcrasêes (Chaource).
Dressées verlica/ement sur des barres
De toutes laçons on en sentait le scel/êas au mur avec, entre el/es, des
• goOt ... Ça se sentait quand on en avait languet/es dB bols pour qu'elles ne se
l'habitude (Rumilly). Le coloration et le touchent pas (Venteuil). Mises à l'envers
craquement de ta croOte Indiquaient le sur /es pansions (Bragelogne). A tarte,
point lins/ de /a cuisson (VIApres). sur des bitons de bois (Dampierre).
Toutes précautions prises pour que les
ON DEFOURNE miches ralroldlssent dans de bonnes con-
ditions. Afin qu'on puisse sans dommage,
La même pelle qui avait présidé à l'en- les conserver environ une semaine.
fournement servait à retirer les miches du
four. CONSERVATION
A petits coups vils, on essuyait /es mi- Le pain de ménage se gardait de 8 A
ches toutes chaudes A /'aide d'une ba- 10 Jours (Saint-Lupien, Soulaines). On pou-
layette Improvisée : l'extrfmftf d'une va/1 par/ois ne cuire que toutes /es deux
aile d'oie appelée /a pale à male (Ven- semaines (Rachecourt).
teull).
Le premier jour, on considérait le pain
Les miches brOientes fla/an! posées comme • trop Irais •- Jusqu'au cinquième
debout sur leur tranche puis brossées, Jour, 11 restait • presque Irais •- Il était
pour enlever /es braises e/ gruau (Chan- • rassis .. au.-delà (Rumilly). Lorsqu'il dé-
nes). passait les 10 jours ou qu'il était conserv•
En un lieu trop sec, il durcissait. Il moi-
sissait par contre en un lieu trop humide.
Il avait aussi tendance à moisir au mo-
ment de /a moisson, au moment où /es
épis atteignaient leur maturité (Celles).
Que le pain soit trop sec ou qu'il arrive
à moisir, la cuisson n'en était pas res-
ponsable. // arrivait rarement que les ml-
nagérss ne réussissent pas leur cuisson.
Cependant, le pain pouvait parfois n'être
pas tout à fait réussi. il pouvait être trop
cuit ou mal levé. Dans ce cas, on disait
qu'il litait doulevt ou faisait la cuauH
(Venleull). C"était du tahan à Champignol.

FORME DES PAINS

La ménagère n'enfournait ordinairement


que des miches rondes dont le nombre et
le poids variait avec l'importance de la
famille (Channes. Villeneuve-au-Chemin,
Soulaines. Amance ...). Des miches appe-
lées boulH (Bragelogne). Ces boules qui
ont donné son nom au boulanger.
Des miches rondes parce qu'lf n'y avait
pas trente-six sortes de cat:,as (Aumllty).
Il est vrai que les panetons destinés à la
confection des br1celets ou couronnes
ainsi que ceux avec lesquels on pouvait
mouler les pains longs étaient moins
connus des familles que du boulanger. On
signale cependant des colller9 à Montier-
en-1'1sle, à Soyers, à Venteuil.
Malgré son habitude de n'enfourner
que des miches, la ménagère était tentée
maigri! tout de modeler. autrement qu'en
une boule, la pite qui restait lorsque les
corbellles avaient été toutes remplies.
L'une d'elles avait soin de confection-
dans de mauvaises condlllons, il moisis- ner des mlchttH eflongles qui formaient
sait parfois. une croOte moins épaisse et que nous
On pouvait déposer rensemble des ml• mangions les premières (Brévonnes). Le
ches tout simplemen1 dans la maie (Aman- restant de pite litait mis dans une cor-
ce). Ou les empiler dans une armoire beille plus petite appelle picotin, en for-
(Soyers). Ou encore les ranger debout me de U. Cette pite s'appelait le mlchon
sur une cla!e ou une planche à pain sus- quand el/& étal! cuits. fi était consomml
pendue au plafond, à l'air libre {Couvi- tout chaud et considéré comme un gl-
gnon). Au plafond de la pièce de r.tre, teau (VIiieneuve-au-Chemin).
I côtl du lard et des fromages qui sé- Ce reste de pAte? Une cognote. On
chaient sur une teul//e de platane (Sou- mettait ça en longueur. Ça taisait un peu
laines). A rabri des rats et des rongeurs plus de croOte (VIiiemoyenne). La c1nota
(Montier-en-l'Isle). de Maizières-lés-Brienne était un petit
On préférai! souvent descendre les mi- pain rond ou allongé, très croustillant au
ches à la cave, les aligner sur une plan- sortir du lour.
che suspendue aux crochets de la vo0te Cette même pàte, mise dans une tour-
(Auberive, Channes). Cette planche sou- tière, et découpée en rectangles. donnait
tenue par deux cercles de tonneau (Bal• un ptllchon à Dampierre.
not). A moins qu'avec deux cercles crol•
sés on ait confectionné une sorte de cage A Villemaur, le michon était creux eu
supportant une claie sur laquelle on en- ml/leu, probablement creusé dans la mi•
tassait les miches (Courteron, Celles, che par le poing de le personne qui en-
Champignol). Le problàme étant de trou-
ver l'endroit qui soit à la fois à l'abri des
rongeurs et le meilleur qui puisse assu-
r:::~::;
~~~;;:,r,~n ~:~a;:~~~~",.q~;~:
dans la miche. Probablement pour que
@
rer une bonne conservation du pain. la pàte ne colle pas aux doigts. On pré- 13.19
clse encore que les mlchH-percffs cui- manqua/ant /amais d'y goOter (VIiieneu-
saient plus vite que les miches rondes. ve-au-Chemin).
Ce mlchon, cette cognol• ou canote
étalant en quelque sotte le témoin qu'on
enlournait an dernier pour •tre détourné AUTRES METS CUITS AU FOUR
en premier (Villeneuve-au-Chemin). C'llfait
la régal des enfants, la récompense qui On employait couramment le lour pour
les attendait au sortir de l'école. cuire les tartes. Quand on n'a plus cuit
à la maison, ce lut d'ailleurs la seule
Une raison de plus pour laquelle, dans vocation du lour que de produire la pAtls·
certaines familles, on ne se contentait pas serle de ménage. On ne l'allumait plus
de cuire cette dernière poignée de pàte guère qu'une à deuJC fois par an. Sou-
telle quelle, en en modlllant seulement la vent pour la fête patronale. C'était pour
forme. On l'améliorait souvent, selon la /a Se/nt-Michel, le 29 octobre ou /e der-
saison, avec un œul, du lalt, de la nier dimanche du mois. On taisait une
graisse ... tournée. Ils appelaient ça du p.!lté. Mals
c'était de /a tarte. Du pilé en prune,. El
A Soulaines. le mlchote étai! composée puis /a tarie en bouillie, sorte da tian
de pdte t, pain, de deux œufs, avec du lait da farine et d'œuts. Imaginez une
saindoux ou de rhuile. A Rachecourt, ce tourllâre de 35 centimètres de diamètre,
n'était que le reste de pite pétrie avec deux //Ires de lait, de la farine, quatre
un peu de graissa. œufs et huit cuillerées de sucre (Mes-
La mlchote ou dourdon de Maizières nil-Saint-Père).
comprenait aussi da la pdte â pain â la- Cette galette en boulle s'appelait ga•
quelle on avait a/outil un fromage mou, lette gallche à Rachecourt.
bien égoutté. Le des,us était doré â
/'œut battu. Monsieur Jay, de Villeneuve-au-Che-
min, se souvient de la galette en boulle
Madame Charton, de Mesnll-Salnt-Père, salée qu'II tait remonter assez lo{n dans
a vu sa mère !aire le dourdon. Ce n'était le temps, alors que le .sucre était rare,
pas de la pâte .A pain. Elle taisait une une de (ses) aieules n'ayant mangê le
fontaine de farine dans la tond de la premier morceau de sucre qu'en 1818
male, prenait deux levlles de créme, six lors de la naissance de son dix-septième
œuts. Elle battait le tout avec sa main. enfant.
Elle /al.sait une michote avec çâ. C'était
la dourdon. Lorsqu'on allumait encore le four une
fois par semaine, Il n'était pas rare qu'on
Revenons au reste de pAte da la four- enfourne à la fols .. le pain - le premier
née. On en entourait parfois une pomme, au tond - en.suite les viandes, les tartes.
ce qui donnait, pour le dessert, un dllli- les galettes, dourdon, grignon... (Mai-
cleux chausson aux pomme.s (Brévonnes). zières).
C'était une pomme entière non pelée, Tartes en prunes, tartes en pommes.
qu'on appelait gomlchon à Soulaines, à Mais aussi les échaudés.
Maizières, à Dampierre, à Rachecourt. Mémére Hortense en faisait toufours â
rabot• à Soyers, cognote à Vl11eneuve- Piques car, â P(Jques, les œufs abon•
au-Chemin. dent. C'êtal1 une pilte qu'elle étalait sur
La galette à l'huile n'élalt composée la table avec une bouteille. Une pête
que de pàte ordinaire large comme la faite de beaucoup de tarine mou/1/ée
pelle .é four, très mince, badigeonnée avec très peu de lait et des œufs.
d'huile et fort salée (VIiiemaur). On l'ap- Quand sa pate avait près d'un demi-
pelait parlome à Villemoyenne. centimètre d'épaisseur, el/a en découpait
La pafone à Champignol, comme le des ronds à /'aide d'un verre renversê
pallour à Venteuil, était confectionné sur ou bien, avec sa raclette Il pain, elle en
/a pelle /J four. C'lltalt une sorte de galet- faisait des bonshommes.
te avec du fard, deux œuts battus comme Pendant ce temps reau chaullail â la
pour une omelette. On renlournait au crêmalllêre, dans une chaud/lire bien
moment où /e tour chaultait, avant la prop,11. E/111me taisait Jeter cette pite
cuisson du pain. Consommé chaud, le dans l'eau bouillante avec l'écumoire.
palfour constituai! le repas du four, ac- Quand les ronds remontaient ê la sur•
compagné d'un peu de soupe. face, /e devais les retirer, aussi plats
SI, dans la p.!lte, on Incorporait ces qu'avant.
petits cubes, résidus de la fonte da la Je déposais ces ronds et ces bons-
panne du porc, on obtenait le g.!lleau hommes .sur un torchon que mêmêre
auJC grêlons, appelé nain-nain à Balnot, Hortense avait étalé sur la table. Ils se
galette aux cartons à Venteuil, toto ou reHuy•lent et refroidissaient. Après le
dourdon à Champignol. repas, mêmêre taisait chaufter le tour â
Le.s miches de pain â chiens (pête pain. Elle ,et/raft ensuite ses braises et
pétrie avec du remoulage) avalent un /es entassai! sur te côtê avant de pous•
0001 si appétissant que les enfants ne ser ses khaudlls dans le four.
Ça gonflait énormément. étaient, paraft-11, bien meilleures qua cel-
les cuites au bain-maria, dans une lessi-
Ce n'était ni sucré ni rien. Mais c'était veuse (Bricon). Ces bouteilles de cerises
bon (Mesnil-Saint-Père). ou de prunes entraient dans le four 3 ou
Les pâtisseries pouvaient être enfour- 4 heures après la cuisson du pain. Mais,
nées avec le pain ou bien après. Les à partir de cet instant, il était défendu
biscuits également. Mals Il fallait atten- d'ouvrir la porte du four car le moindre
dre trois heures avant d'enfourner les courant d'air aurait fait éclater les bou-
meringues. Dès que celles-ci avaient gon- teilles (La Villeneuve-au-Chêne).
llé, elles étaient retirées et devaient sé- En tout dernier lieu, on enfournait des
cher ... jusqu'au lendemain (Maizières). plumes fraiches ou du duvet, enfermés
En même temps que le pain, on enfour- dans un sac (Montier•en-l'lsle, Channes,
nait parfois, dans un endroit qui parais- Rachecourt ...). Il s'agissait, bien entendu,
sait particulièrement chaud, un pot de d'obtenir qu'elles séchent, mais aussi de
terre où cuisaient les célébres haricots tuer le prétendu ver qui se forme à fa
gris longs avec un ;arret de porc ou du base des plumes (Villeneuve-au-Chemin).
fard (Brévonnes). une bonne potée de ha- Que de choses, en définitive, transi-
ricots ou de choux ; ça mijotait en même talent par te four : victuailles ou autres.
temps que te pain dorait (Balnot), de la Elles profitaient de sa pleine chaleur,
vianda avec des pommes de terre d'une température adoucie ou d'un soup-
(Chaource), souvent la potée de pois çon de tiédeur. Un livre de cuisine du
(Channes). temps (4) l'indiquait ainsi : Four chaud
pour le pain. Four doux propre à fa
Les p~tés en croûte ou en terrine étaient pltisserla. Four mou dans laquai on en-
immanquablement réussis et, cuits de fourne les meringues. Four perdu pour
cette façon, ils avaient une saveur exqui- les pièces à dessécher.
se (Maizières). Aussi, pour ne rien perdre de la cha-
C'est la raison pour laquelle à /'occa- leur d'un four allumé, les familles se
sion d'un mariage, le tour était allumé partageaient-elles sa chaleur. La cuisson
spécialement pour les rôtis et les volail- était une occasion de se rencontrer entre
les (Venteuil). 11oisîns, ce qui marquait ainsi leur soli-
darité. On n'insistera jamais assez sur
S'Ii restait ensuite un peu de chaleur, l'aspect social du four ... Si on se prêtait
on l'utilisait pour la desslcation des pru- du pain Irais, du levain, on proposait
nes an pruneaux ou des pommes en aussi une place dans son tour, pour une
quartiers (Brévonnes). gafetta par exempte (Venteuil). On pou•
A Balnot, Channes, les pruneaux sé- vait aussi cuire alternativement, dans
chaient sur des claies laites des ancien- son four et dans celui du voisin.
nes bottes à vendanges. A Rumilly, on Le four était bien l'occasion d'échan-
allumait le four plusieurs Jours de suite ger, au sens profond du terme, entre
pour taire sèche, les prunes. Chaque membres d'une même communauté vil-
jour, il fallait les trier et ne remettre au lageoise, entre membres aussi d'une mê-
four que celles qui n'avaient pas atteint me famille. D'où les vieux mots • compa-
une parfaite dessication. gnon" et "copain " 1...
On appelait oreilles de chat ou d11g- Ceux-ci communiaient en quelque sorte
n•1es, les pommes ou poires qu'on avait autour de la miche, Ils accomplissaient
préalablement coupées en quartiers, sans un rite dont le père semble avoir été
enlever ni peau ni pépins, avant da /es le grand ordonnateur.
faire sécher (Soulaines).
Une autre méthode consistait à pren-
COUPER LE PAIN
dre entières les poires et les pommes,
à les écraser d'un coup da taboulote C'est, en effet. bien souvent le père de
(Balnot) avant de las enfourner, long- famille qui, seul, avait droit de couper
temps après le pain. C'étaient des poires le pain (Mesnil-Saint-Père, Bagneux).
tapées (Mesnil-Saint-Père). Dans /es /am/lies chrétiennes, il n'au-
Comme on séchait des prunes, on rait Jamais entamé une miche sans tracer
pouvait aussi sécher au four des cerises sur le dessus ou par-dessous une croix
aigres. Elles devenaient des grignotes qui, avec la pointe da son couteau. En signe
pendues au plafond dans un sac de toile de reconnaissance pour Dieu qui avait
ou dans un panier à double ouverture, fait en sorte que l'on n'en manqullt point.
étaient offertes aux enfants lorsqu'ils pré- Ce geste équivalait à un bénédicité
sentaient leurs vœux, le premier janvier (Soyers). Le pain n'était jamais posé à
(Champignol). l'envers. D'une part parce que cela por•
tait malheur, mals aussi par grand ,es-
Il faut évoquer aussi la stérilisation au
four. Après la cuisson du pain, Madame (4) La cuisinière à la campagne. Ed. Audo1, rue
Dodin plaçait dans le four des bouteilles Larrey à Paris (communiqué par Madame Mannou-
bien fermées, pleines de mirabaffes. Elles ~).
pect en11ersce fruit de la /erre et du tra11ail Si un pau11re mendiant entrait et s'il
des hommes, nourriture da base de tous 1rou11alt un pain retourné sur la table,
(Channes). Parce que ce/a faiuit pleurer Il a11aitdroit de l'emporter (VIileneuve-au-
1, Vierge et annonçait un enfant dans Chemin). De toutes laçons on n'aurait Ja-
/'année (Soyers). mais osé ,eluser au pau11re/a part I Dieu
A Soyers toujours : Pain retourné, pain et c'est probablement en vertu de cette
antique coutume qu'on otfre encore /e
mal gagné.
pain dur aux nomades {Bragelogne).

LE PAIN ET LE MENDIANT

Au vieux mendiant professionnel qui


tralnalt périodiquement sa lltanle et
ses loques de porte en porte, Maman
donnait parfois quelque paletot élimé
de Papa. En cas de pénurie de vête-
ments, elle lul offrait un quignon de
pain, fidèle à la coutume qui veut
qu'on ne refuse jamais un morceau
de pain. Le bonhomme semblait alors
déçu. Dès qu"il avait le dos tourné
ma mère maugréait: " Il aimerait
mleuK des sous pour aller boire~-

SI, pour couper le pain, on disposait


le plus souvent d'un couteau ordinaire,
RESPECT DU PAIN -------, si, plus généralement encore, le père uti-
lisait son propre couteau de poche, la
Pendanl les moissons et les bat• famille possédait parfois cet instrument
tages, mon grand-père, petit culti· d'une forme sf)6ciale, â mi-chemin entre
valeur en même temps que boucher, /a lame droite et la laucille, a11ec une
engageait des journaliers. Après une extrémité rectiligne (Villeneuve-au-Che-
dure matinée à gagner son pain à min) qui a11a/lun manche et dont la lame
la sueur de son front, chacun 11e- ressemblait à une serpette {Bagneux, Ra-
nait prendre sa place à la table la· checourt). On fabriquait de tels couteaux
miliale. Il sortait de la poche de en Haute-Marne, dans la région de No•
son pantalon un couteau pliant à la gent.
lame luisante, finement affûtée, n'ayant
rien à envier à celui de son voisin,
et se mettait à .couper méticuleuse- METS CONFECTIONNES AVEC DU PAIN
ment ses bouchées de pain. C'e0t Consommé le plus généralement à ta-
été de ta dernière Inconvenance de ble, a11ec la viande et les légumes ou
mordre dans la tranche et de faire les fruits, coupé en petits morceaux ou
des miettes. utilisé en tartines, le pain s'utiliseil de
Il manquait à ce début de repas mille autres manières.
un rite, cependant courant alors. Le Trés tôt on habituait l'enfant eu go0t
maitre de maison, avant d'entamer du pain, bien in11olontalrement sans doute,
la miche, esquissait dessus, de 1a en faisant absorber au nourrisson un bi-
pointe de son couteau, une grande beron d'eau panée. On taisait griller un
croix. De cette sorte de consécra• morceau de pain que l'on laissait ensuite
tion perpétuée depuis des siècles tremper dans /'eau bouillie. On filtrait /e
sans doute, se dé..9agealt une é11l- tout et l'on sucrait l'eau panée que l'on
dente solennité. N'était-ce pas re- 11ersalt ensuite dans le biberon. On le
connaitre le pain comme symbole pleça/1 eux côtés du bébé pour que le
de vie, analogue à l'hostie que bénit liquide reste tiède. Durent la nuit, on
le prêtre catholique? El quel émou• donnait celle eau à boire au nourrisson.
vant parallèle entre le souci de ne Elie a11ait re11antage sur le lait de ne
rien perdre du corps du Christ dans pas cal/Ier. Méme /es nourrices utilisaient
l'eucharistie et celui de ne pas tals- ce procédé (Venteuil).
ser de miettes ou de cro0te auprès
Le grille-pain ou r6tl-paln (Amance,
de son assiette. VIiieneuve-au-Chemin) était fort employé
Une succession de elles brefs ter- pour préparer les tartines du pellt-dé-
minait le repas. Chacun refermait son jeuner. Sou11ent la tranche de pain était
couteau, soigneusement essuyé à la tout simplement placée de11ant les brai-
dernière bouchée qui était consom- ses du foyer, plantée à la pointe d'un
mée comme les autres. couteau (Couvignon).
Mme Gorget. On trempait la soupe avec du pain.
On en faisait de la panade lorsqu'il était
trop dur pour être consommé tel. Nos
aïeux connaissaient aussi la trempée au quart de livre d'une pàte spéciale?
lait et la trempée au vin. La préparation et la cuisson devaient
être dlfférentes de celles du pain or-
dinaire. lmai;iinez une baguette cour-
te, très cuite dure, à la croate unie,
d'un marron terne. friable à l'Inté-
rieur. Mon père aimait, quand le
quartier attendait le repas, en cro-
quer un petit bout, bruyamment. en
jouant allègrement de ses dents so-
lides.
Considéré comme un luxe à pros-
crire pendant les restrictions de la
guerre de 1914-1918, le quartier vit sa
consommation disparaitre.
Maintenant. le souvenir de ce cau-
chemar puéril m'attendrit.
LA PANADE-------,
LA TREMPEE--------,
Le nom même de cet affreux mets
ajoute plus d'intensité encore à la Après la panade, après le bouillon
répugnance que j'éprouvais envers gras dénaturé par le quartier, j'évo-
l'aspect, l"odeur, la saveur de cette que la trempée que les hommes, les
soupe qu'il fallait ingurgiter certains soirs d'été, aimaient faire au début
soirs. Comme on ne jetait jamais la du repas.
moindre croOte de pain, l'art d'uti-
Après une dure journée de labeur
liser les restes consistait, pour ma- aux champs, ils commençaient le
man, à tourner lentement ceux-ci, souper en arrosant de vin bien Irais
imbibés d'eau, dans une casserole, des bouchées de pain qu'ils avalent
sur la cuisinière, jusqu'à ce qu'ils
coupées dans leur assiette. Cela
deviennent une infàme bouillie gluan-
remplaçait la soupe et étanchait la
te, belge-clair, truffée de taches bru-
sol!.
nes, éclaircie ensuite par du lait,
quelques cuillerées de crème, une
noix de beurre. Quand le paysan rentrait des champs,
après sa journée de travail, Il rapportait
parfois dans son bissac un morceau de
LE QUARTIER -------, pain séché par l'air et le soleil. On ne
le jetait jamais. Les enfants te mangeaient
L'hiver, c'était une joie pour l'odorat
sec. C'était le pain d'alouette (Bagneux,
de humer, tout l'après-midi, l'odeur Villeneuve-au-Chemin, Channes, Soulai-
alléchante du pot-au-leu qui, dans
nes) ou le pain d'oiseau (Soyers).
son récipient de terre champenoise,
conservant une chaleur régulière. A l'inverse de le bouteille rapportée
cle>ttHonalt lentement sur la cuisi- avec un fond de boisson, et qui passait
nière jusqu'au soir. Il apparaissait pour taire crever les poules dans l'année,
ponctuellement sur la table à sept le pain d'alouette était signe de future
heures, précédé de son limpide bouil- aisance, probablement parce que syno-
lon doré. nyme d'économie (Villeneuve-au-Chemin).
Hélas, coupé d'avance en morceaux Ainsi était le pain. Aliment essentiel
dans la soupière dominicale, attendait et de tous les jours. Aliment indispensa-
le quartler que maman avait acheté ble aux hommes, que personne n'aurait
le matin chez le boulanger, avec été tenté de gàcher et qu'on respectait
l'ample ration de pain journalière. comme étant l'aliment sacré par excel-
lence.
Venait l'instant de tremper la sou-
pe. Maman servait le bouillon br01ant L'hostie n'est-elle pas du pain? Sans
sur le quartier et. à mesure que levain il est vrai. Et n'offrait-on pas en-
celui-cl se gonflait, l'arOme délecta- core Il y a peu de temps du pain à la
ble se muait en une détestable odeur messe du dimanche?
âcre qui rompait Irrémédiablement le
charme de ce début de souper. Quoi- LE PAIN BENIT
que choyée, je ne me serais jamais Chaque dimanche, le jour de la fête, un
permis d'exprimer ma répulsion. pain bénit était offert pendant la messe
Quel historique, bien vague, puis- paroissiale par une famille {Saint-Lupien).
je faire de ce quartier disparu à tout Chaque maison avait cet honneur, â tour
jamais ? Pourquoi le nom de cette de rôle (Auberive).
sorte de bêlon sec et cassant? Peut- On le portait à l'église avant la messe
être utilisait-on, pour le faire, un
et on le déposait é une place spéciale
prévue pour le recevoir (Ch•ource), géné- le chanllau ou croO!on ou crusson était
ralement à l'entrée du chœur. On plaçait remis à la famille qui, le dimanche sui-
autrefois, sur Je pain, un écheveau de lit vant, était désignée pour offrir le pain. Ce
ou de chanvre. En 1920, ce supplément en chanteau pouvait être un sfmpte morceau
nature lut remplacé pa, quelques pièces tranché dans le pain, sans caractéristi-
f}e menue monnaie (S•lnt-luplen). ques partlcullères. Ce pouvait élre l'extré-
mité du pain d'oû la dénomination de croO-
le pain bénit pouvait n'être qu'un sim• ton. C'était parfois une part de la galette,
pie pain de ménage ou fourni par le bou- ou la croix dessinée en son milieu et que
langer. Celui-ci le confectionnait parfois l'on avait découpée.
très spécialement. D'un poids de 4 li 6
livres, rond et plat, Il était renforcé de Jamais une famille n'aurait relusê d'of-
farine pour moins lever. On le décorait de Jrir le pain Mnit (Venteuil). Cella règle
cornes toul autour. Une croix était des- semble générale. Pourtant, à Rumilly, an
sinée en son milieu (Vllteneuve-au--Che- aoOt 1813, Claude Juvenelle n'accepte
mln). Parfois, aussi, à l'occasion de la pas la service du pain à bénir. Ce/a ne
fête patronale ou lors de la c6rémonie s'est jamais vu que quelqu'un se soir re-
des communions solennelles, le pain bé-- Jusê I une œuvre aussi sainte. C'est
nit se muait en brioches : quatre, cinq un Jeune homme aisé qui, pourtanl, as-
ou six, de diamètre décroissant. s'élevant siste avec exactitude à la messe er qui
en pyramide. semble n'avoir pas réfléchi que son relus
est un scandale qui peut déterminer plu-
Au moment de l'épitre, c'est une jeune sieurs habitants iJ prendre le mêma parti.
!Ille qui le portait au prêtre afin qu'il 101 Son at1itude peut avoir de lunestes consé-
béni. Elle s'avançait vers l'autel soutenant quences pour la fabrique dont les ,es-
de son bras gauche le pain posé sur une sou,cas llennen1 surtout a la vente de ce
blanche nappe de dentelle dlle couneche. pain Mnlt et aux quêtes. Le contrevenant
Elle tenait un cierge de la main droite. est avisé qu'il n'y aura, le dimanche sui•
vant, d'autre pain que le sien. Il s'incline.
Dés que le prêtre avait béni le pain, le La fabrique respire (5).
sacristain s'en empar•lt ou, • défaut, un
enfant de chœur ou une dame de la pa·
rolsse. C'était pour l'emporter i la sa- LE PAIN BENIT------
cristie oû, pendant le sermon. on le dé-
coupait en morceaux. On devait ré9erver, A la préparation de la pAtlsserle du
au préalable, la part du prêtre ainsi que dimanche s'ajoutait celle du pain
le chanteau. bénit distribué à la messe. Il avait
l'apparence d'une grande galette cir-
Dès l'offertoire, un enfant de chœur culaire, assez mince, à la mie légère,
passait dans les rangs de rasslstance avec criblée de mille trous, à renconlre
une corbeille et chaque paroluien pre- du pain ordinaire aux gros yeux. le
nait un morceau de pain avec lequel il dessus, glacé au sirop. était joliment
se signait. Il ravalait ensuite religieuse- recouvert de nonpareille, minuscules
ment. grains de sucre multicolores.
Très logiquement, chacun n'avait droit Après que les enfants de chœur,
qu'à un seul morceau mals certaines per- suivant le suisse tout de rouge vêtu,
sonnes tenaient à en emporter pour un l'avalent promené sur un brancard
membre de la famille ou un voisin que dans les allées de l'église, Ils le dé·
la maladie ou un autre empêchement coupaient dans la sacristie en !Ines
avalent privé de la messe dominicale. bouchées distribuées aux lldèles
mals Ils prenaient soin d'en mettre
On dit au sujet du pain bénit de PAques une belle part de côté : le chanteau.
qu'il mt moisit Jamais (Vougrey). Certai-
nes personnes conservaient dans leur les enfants de chœur portant les
armoire un morceau du pain twnit de la corbellles se présentaient à l'extrt-
Saint Nicolas, croyant n préserve, des mltè da chaque rangée de bancs. Des
Incendies (Montsuzain). Da bonnes rai- mains gantées ou recouvertes de mi-
sons pour ne pas se contenter d'un seul taines noires de liloselle s'avançaient
morceau. cérémonieusement pour saisir une
part avec laquelle tes fidèles sa si-
le prendre à la polgnêe litait cepen- gnalent. Les bonnes !mes prenaient
dant considéré comme un manque de souvent plusieurs parts Qu'elle por-
respect évident, un genre de sacrllège. taient, en sortant de la messe, aux
malades et aux vieux QUI ne pou-
Il y a plus longtemps encore. lorsque valent sortir.
tout le pain bénit n'avait pu été distri-
bué. ce qui restait était v•ndu • la criée, A l'issue de ta messe. les enfants
sur le cimetière, • la sortie de la messe de chœur allaient remettre le chan-
(Rachecourt). A la porte da fig/Ise (Can-
ton d'Ay). Au profit de Ja fabrique (Saint• (5) ,Han 0111nay Rum,lly-ln-Vludfl Hillolre de
luplen, Venteuil). mon villege.
lait connallre celul qui allait le aulvre
teau à la famille qui, la semaine sui• dans la tombe.
vante, devait offrir le pain bénit. Rue,
par rue, maison, par maison, s'eflec• Comme en témoigne cette histoire qui
tuait cette tournée rituelle. relève de la magie noire. Celul qui nous
l'a confiée assure qu'il n'a connu ce
Tout au long de l'année, le bou-
• secret • que bien longtemps après
langer recevait les commandes du qu'il a été pratiqué.
pain bénit du dimanche.
C'était 1a fille da la famille ayant Dés qu'ils avaient creusé une tosse,
ollert le pain qui quêtait à la messe pour le dernier d'1unt, les deux fos-
ce dimanche. soyeurs du village avalent (habitude de
,amasser chacun une motta de la terre
qu'ils venaient de sortit du 1,ou.
La pratique du pain b4nlt exista /us- - A qui qu'on renvoie, le chant/au 1
qu'i la seconde r,uerre mondiale (Bar- Ils choisissaient alors soit /e plus Igé,
sur-Aube). A Rachecourt on ra reprise celui qui, logiquement, deva/1 suivre son
quelques années après 1945. Les messes einé, soit encore quelqu'un • qui Ils en
s'espaçant, la coutume est disparue. voulaient partlcullérement et à qui Ils
le pain à bénir s'est transformé en voulaient jeter un sort.
paln-ga.teau puis en brioche. Distribué Et ils allaient Jeter leurs deux mottes
autrefois chaque dimanche, 11 ne l'est de terre dans le cour de sa maison.
plus qu'à l'occasion des têtes carillon•
nées. Pour la fête patronale ou à l'occa• Il parait que la manœuvre a réussi...
sion des premières communions. A la quelquefois (Balnot).
Saint-Vincent, dans les villages du vigno•
ble. Parfois à la Saint-Eloi (Louvois).
C'est un usage dont l'origine est fort PAINS DE FETE
ancienne. Il a reçu ses lettres de no•
blesse au concile de Nantes en 655 (6). Outre le pain bénit nous retrouvons
Avant cette date, si t'on donnait l'eucha• trace, ça et là, de quelques pains rituels.
ristie aux communiants, on leur distri• Celui de Saint-Sébastien. On avait cou·
buait aussi certains compléments qu'ils tume de distribuer, ap,és /a cérémonie
pouvaient partager avec les absents, en religieuse, des petits pains dits de Sa/ni
signe de communion. Il en résultait une Sébastien que ron serrait p1écleusement
contusion làcheuse entre le sacré et le dans rarmoire lamifiale. Ces pains étaient
non sacré. Pour éviter cette confusion, 1e réputés ne jamais moisir et protéger le
concile tint à neltement séparer l'eucha- foyer tout au long de rannée. On les
ristie et la coutume du pain bénit. brûlait dans r,1,e à la Saint-Sébastien
Ce pain bénit qui é1ablit, en quelque suivante (Voigny).
sorte, parfaitement, la relation entre Pour la Salnt•Eloi, à Estissac, une lei•
l'hostie sans levain et notre pain actuel mière commandait une g,osss brioche
à pàte fermentée. l'hostie n'est que fa- qu'elle destinait aux an/maux de sa te1•
rine pure, digne des origines et destinée me. Marque da reconnaissance et de so-
à la consécration. Notre pain quotidien lidarité que d'honorer ces derniers et
n'est que nourriture terrestre. le pain bé- de /es associer • /a /êta des cultlvateurs.
nit renforcé de farine pour moins lever Mieux connus, les cognos étalent des
(Vi11eneuve-au-Chemln) criblé de trous à pains spéciaux que les parrains et les
rencontre du pain ordinaire (Estissac) ne marraines donnaient à leurs lllleuls à
peut remplacer le pain azyme de l'hostie l'occasion de PAques ou de Noël. A Lan•
mais en est le substitut. On le distribue gres, on les ollralt aux enfants, accompa-
à roflertolre de la messe. Il permet à gnés du fouet ou de quelqu'autre chàtl-
tous les fidèles - sinon de recevoir ment. A Périgny.la-Rose, lis étalent destl•
véritablement !'eucharistie - tout au nés aux enfants et aux garçons meuniers.
moins de participer à une approche du Parents el amis les recevaient à Saint-
sacrement. Lupien.
Participer. en consommant avec les C'est bien aux tllleuls qu'on les don-
autres. En ollrant le pain, à son tour, nait à Arcis. Ramerupt. Troyes, Guindre-
après avoir reçu le chanteau. Un chan- court, Aujeurres ... Pour la fête de Noël
teau qu'il devait transmeltre, à son tour à Arcis, Sézanne, Mesnll•Salnt-loup,
à une autre famille Faux-Fresnay, Langres, Chàtres, Gulndre•
Bailler le chantlau c'était offrir au sui- court, Aujeurres, Montler-en•Oer. Au pr ..
vant ta même responsabilité que l'on mier de l'an à Rhêges, Vannes, Montsu·
venait d'assumer. Pas seulement celle du zain. Pour Pâques â Troyes, Périgny-la-
pain bénit. Quand un vlelllard mourait. Rose.
on se posai! la question de savoir à qui
il avait .. passé le chanteau "· On vou• cu~~e c:gr:r:i:~ ~l~.
1
u~~ét':;m~n:a:~= @
(61 Ole11onn11r1unl,,.rNI dH L•llf•I el dH Arts
pèce de gâteau à Langres, une brioche,
1"62 communlou♦ pif M1d1me Mon,que P1ri1 un carquelln ou un petll mlchon à Au• &3-:5
jeurres. A Bar-sur-Aube, Ils représentaient
un enfant. A Brienne, un bonhomme. A
Châtres et à Torcy, c'étaient des pains
fort soignés terminés par deux têtes.
On trouve encore, en décembre, dans
toutes les boulangeries de Montier-en-
Der, des cugneux qui sont faits de deux
croissants de pâte accolés, comme à
Soulaines. Ceux de Troyes étaient petits
et ronds, avec des sortes de cornes,
peut-être quatre, dressées sur le dessus.
D'autres ne présentaient aucun carac-
tère particulier. Petit pain rond et épais
à Savières. Boule de pain à Vannes.
Comme la cognote de Rumilly, cuite au-
tomatiquement à chaque fournée, qui
n'était qu'une petite miche au milieu de
laquelle on avait enfoncé le poing. Bour-
geois signale qu'à Méry, le cogno ne
renfermai! pas de levain, ce qui l'appa-
rente, lui aussi, au pain originel des
premiers âges.
Cognos, cogneux, de Noël ou de Pâ-
ques, il semble bien que leur distribution
correspondante à la lin d'une année en
-.
111omu1010:Wll..,;.:1.1MMU!
NAJ'Ol[ONlm1All1fll~ttlllC1Tt
même temps qu'au début de l'autre, que POUPOUOIPAS VOUS ? ·
ce soit l'année d'autrefois qui débutait au
printemps ou celle que nous connaissons
maintenant, qui suit presque Immédiate-
ment le solstice d"hiver.
Apparentés aux pains de Saint-Sébas-
tien, de Pâques et de Noël, citons encore
les carcllns gâteaux des Rameaux à
Davray et les nlffètea Nogentaises et
Villenauxoises • tartelettes feuilletées
garnies de flan, que l'on vend encore à
l'occasion de la Toussaint. Autrefois, on
en distribuait aux enfants qui se rendaient
au cimetière, pour les empêcher de pleu-
rer. .. de renifler (?).
Ne quittons pas ce domaine du pain
sans évoquer le dimanche des petits
poissons. La source de /'Orvin était l'ob-
iet d'un pèlerinage local, le quatrième
dimanche de carême, celui où on lit à
la messe, le miracle de la multiplication
des pains et des poissons. A l'issue des
vêpres, les bons habitants de Saint-Lu-
pien, isolément, par groupes ou par ta-
mil/es, vont se promener aux abords de
la fontaine et là, assis sur l'herbe, ils
jettent aux poissons, du pain qu'ils
émiettent et que, jadis, les ménagères
confectionnaient à cette intention (Saint-
Lupien).

LES BOULANGERS
En milieu rural, les boulangeries ne se
sont guères Installées qu'à la fin du siè-
cle dernier. Elles étalent auparavant
connues en ville. Au XVII• siècle, la cor-
poration des boulangers de Bar-sur-Seine
portait en ses armoiries : d'azur et de
-- pelle à four d'or passées en sautoir et
chargées chacune de trois tourteaux de
gueule.
A Bar-sur-Aube, en 1910, Il existait six Un boulanger s'installa au vlllage voisin
boulangeries qui fournissaient du pain .t de Channes ver• 1890, 1900. CertainH fa·
4.000 habitants. Elfes ne la/salent guère m111Hont continué à faire leur pain ellet-
de patlsserla. Leurs vantes étalant essen- mêmea jusqu'en 1910.
tiellement composées de gros pains et Il semble que ta guerre 1914-1918 mar-
de couronnes, ce qui permettait d'acheter qua partout la fin de ta fabrication du pain
le pain au poids réal. L'appoint du pain dans le tour famlllal. En effet, le pain da
de trois /Ivres était faubalna des enlants boulanger moins compact, était plus ap•
chargés des coursas car Ils mangeaient préclé q11a la pain de ménage.
la trancha coupée, pendant la trajet entre
la boulangerie et leur dom/elle. On pou• On go0talt surtout le fait qu'on pou-
valt aussi acheter da la bralsette chez la vait s'approvisionner. sinon tous les Joura,
boulanger ; Il s'agissait des braises étain• tout au moins deux à trois Iola la se-
tes, très recherchées pour alluma, la maine. Quand le boulanger n·exerçalt pas
sur place, Il avait un dépôt qu'il appro-
/au.
visionnait rêgullèrement (Les Riceys) ou
bien passait en carriole à cheval. dans let
v1tlages démunis de four.
EQUIPEMENT D'UN BOULANGER
Et landis que le galndau, torse nu dan•
A LANDREVILLE
le fournil, pétrissait la pate an ahanant,
d'après un acte de location la patron faisait la tournée, afin de ven•
passé le 18 ao0t 1893 dre sa marchandise (Venteuil).
Dans la boutique : Au tout début de l'lmplantatlon du bou-
- un comptoir en bols dessus marbre : langer en mllleu rural c'était la pite dans
- une paire de balances avec tous les les corbeilles que certains portaient chez
poids en fonte et en cuivre ; /a boulanger, pour la cuire. Plus tard, on
- un coupe pain ; fournissait fa farine en échange de pain.
- un double décalilre en bols ; Pourquoi ? La farine des part/cul/ers était
- une bascule ; certe/nemenl la mime que ce//e du bou•
- vitrine Intérieure - 6tag6re avec pla- langer. Elle était d'ailleurs méfang6e à la
cards; sienne (VIiieneuve-au-Chemin).
- des rayonnages :
- un demi-décalitre de bols ; On ne pouvait rompre avec une habl·
tude vleltle de plusleurs siècles. Acheter
- un tabouret :
son pain pouvait parattre une parte sèche
Dan, la roumll : à la ménagère qui avait si longtemps pris
- 76 bannetons : soin de le travailler elle-même. Ne ris•
- 40 autres, dits corbeilles : qualt-elle pas d'être trompée sur la qua•
- 12 longs; lité de la farine ? sur la façon dont la
- un pétrin de chêne ; pâte était pétrie ? Confectionner soi-même
- balances et poids : la pite êtait la garantie d·un bon pain la•
- un grand étouffoir en !Oie; milial. Fournir •• farine équlvalalt a éco-
- deux seaux en bols : nomiser te prix du pain.
- un mortier en pierre :
- le pilon correspondant ; Jusqu'à ce que le producteur se rende
- deux rouables en Ier : compte qu'il était, tout compte tait, plus
- deux pelles en bols ; facile de régler son pain en esp6ces, à
- un merlin, un coutre, une scie : la fin du mols, ou même à la lin de ran-
- 4 venettes; née.
- une vlellle armoire double vantail ; En principe, on payait au mols, mals,
- un tamis de fil de Ier : pour Jes artisans qui na donnaient /eu,
- vingt-deux !Oies rondes : note qu'en fin d'année, rhabltude voutait
- dix cornes; qu'on ne réglll qu'une fois ran. A rocca•
- huit boites à échaud'9 en t01e ; a/on du paiement, malgré le préjudice su-
- deux couteaux à pltluerie : bi, le boulanger faisait encore le cadeau
- un demi-litre en Ier blanc ; d'un ou p/us/eurs quartiers (Villeneuve-au-
- deux coupe pite : Chemin).
- deux brosses ;
- pelle et pincettes. Parmi eau• 1 qui on faisait crldfl, /es
un, avalent un carnet où étalent marqul,
Dan, la chambra l four : le jour et la poids. D'autres avalant /1
- un monte-sacs :
tallla (VIiieneuve-au-Chemin).
- une brouette à sacs.
Il me ,ambla ancora revoir ma bonne
Dan, 11 cava : m•r• prendra dans la mal• .sa ta111• au
- une table en marbra ; pas.saga da Je boulangère, trois fols par
- un rouleau à plliHerla.
sema/na. La teflle ? Eh bien J c'llall une
Dana la grange l bola : planchetla da bols blanc de 25 • 30 cen-
- une voiture à bras :
- une brouette. ~7'~tr9;,m1!.!~:f •~,;!~~:tt•~n:•
~~!: @
planchette ll■lt accrochée dan,
Communiqul par M.F. Chaussin. la vol- 0.21
ture de la boulangère, au-dessus de la
balance Roberval. Chaque client avait la la pAte de leurs solides bras nus, à
sienne. Son nom était inscrit sur le socle. coups sourds et réguliers.
Demandait-on une miche de 1 kilo ? Les lt !allait attendre plusieurs heures
deux tailles étaient jointes, celle du client pour qu'elle lève, cette pâte mêlée au
étant maintenue contre celle de la bou- levain, que le boulanger avaîl pré-
langère par une échancrure en biais, tout paré lui-même.
en haut. Une rainure transversale faite
Pendant ce temps, les mitrons s'ac-
avec un couteau-scie entamait les deux
tivaient à chaulfer le four. Que de
planchettes, également sur toute leur lar-
bourrées de bois sec disparaissaient
geur.
dans la gueule avide, avant qu'elle
Lorsque la taille était remplie. il suffi- rayonne une lumière et une chaleur
sait de /aire l'addition. C'était simple Insoutenables. Dans cet enfer, il !al-
et pratique. lait alors procéder au nettoyage inté-
Les tailles ont disparu à la Grande gral du four. Pas drôle, pour le client,
Guerre (Rhèges). de trouver une petite esquille de char-
bo,:i collée sous le pain !
Les braises rouges étaient rapide-
ment mises dans des étoulfoirs her-
métiquement fermés : la vente da la
braise constituait un apport non né-
gligeable au commerce de la bou-
langerie. Une ménagère avisée ne
concevait pas l"allumage de son four-
neau à charbon de bois sans l'utilisa-
tion de cette braise, vite rougie, et
qui aidait considérablement le début
de combustion du charbon. Ah I si
Je relève. dans le livra de Piarre Gaxotte. acadé-
mi,::len. MON VILLAGE ET MOI, paru dans réd!llon on pouvait encore s·en procurer, on
1968 de Flammarion, <::hapitre Jours da fête, p. 85, n'hésiterait pas tant à faire des gril-
le passage suivant: lades et des rôtis au barbecue.
« Chez le boulanger, peu nombreux étaient ceu~
qui payaient ,::omptant. Der1lé1e le ,::omptolr on De retour à la pâta, nous la voyions,
voyait. suspendues, d'étroites plan,::hettes marquées pour les pains longs. mise dans des
au nom des clients. Pour chaque livre de pain. la pannetons d'osier tapissés de grosse
boulangère falsail une en,::o,::he, En lin de semaine toile, puis légèrement entaillée sur le
ouanfindamols,elleelfaçaltd'un,::oupde,::outeau
!esdet!esacquntées.• dessus. Les miches se formaient sans
Dans una émission de Piarre Bellemare. è Euro- doute. à la main. On farinait le des-
pe 1, )'al entendu, en juin dernier, poser la question sus ou non. Des clients préféraient
sulvante:pourquolleboulangèred'autretoi1avalt- le pain doré. d'autres le pain fariné.
alle dans sa boutique une lime et un rabot? Evi-
demment. la réponse dava\t faire mention de l'ulili- Et voici qu"entrait en danse la pelle
s■ Uon des planchettes. (Mma Go,get.} à four au long manche. sur laquelle
les pains étaient glissés, débarrassés,
LE FOURNIL------- bien sûr, de leurs pannetons. Torse
nu et ruisselants, les mitrons ran-
Chez mes grands-parents paternels, geaient savamment toute la fournée.
je suivais la cadence de la boulan-
gerie voisine, au gré des heures, par Aux premières heures du matin, les
les bruits qui me parvenaient au tra- rayons de la boulangerie étaient gar-
vers d'un mur mitoyen au fournil. nis.
J'évoque ces nuits de vacances d'hi- Allez dormir, patron boulanger et
ver où, serrées l'une contre l'autre, mitrons, à l'heure où se réveille la
ma mère et moi, nous essayions de petite fille qui reposait de l'autre côté
nous réchauffer mutuellement dans le de !a cloison, n"ayant perçu véritable-
lit entouré d'amples et lourds rideaux ment. dans son sommeil, que le sourd
de coton Qrenat damassé, tombant du ébranlement du mur lors du brassage
baldaquin au bois vermoulu. Humi- de Je pâte.
des les draps, glacla!e l'atmosphère
de cette petite chambre sans feu,
inoccupée habituellement. Nos pieds LA BOUTIQUE-------
s"appuyaient aux briques retirées du
four de la cuisinière, l'unique source C'est le clair tintement du timbre,
de chaleur de la maison. Journaux et petit marteau frappant une demi•
chiffons leur conservaient longtemps sphère de cuivre en haut de la porte
une tiédeur appréciable. de la boulangerie,· qui, avec l'entrée
Si mon sommeil d'enfant avait vite des premières clientes de la matinée,
raison de l'inconfort ambiant, je per- me secoue de ma torpeur nocturne.
cevais cependant, comme en rêve, le De délicats elfluves de pain chaud
travail nocturne des mitrons brassant flottent dans la maison, plus subtils et
LA CHAMBRE A FOUR ----
pénétrants à ta fois que ceux actuels,
de notre banale boulangerie à la le- Les années passèrent. La chambre
à tour, conservant sa maie à pain
Attablée pour le petit déjeuner, je transformée en garde manger, devint
vols, par la fenêtre, se succéder la salle à manger de mes grands-
clients et clientes, à une cadence qui parents.
s'accélère. Ils ne vont pas trouver Mals le four resta lermé par sa
dans la boutique, la variété de nos belle plaque de fonte moulée. J'é-
pains fantaisie mals de trustes et prouvais un profond respect pour ce
lourdes miches farinées, de solides tour que Je considérais comme l'Ame
pains longs que les hommes serrent de la lamille alors que la maison en
sous leur bras tout en mettant leurs figurait le corps. A ce sentiment se
mains dans les poches de leurs pan- mêlait une certaine reconnaissance
talons. Il y a aussi les couronnes bien en raison des douceurs incompara-

l renflées que l'on passe dans l'avant•


bras gauche tandis que le panler à
commissions pend au bout du bras
bles Qu'il avait élaborées : immenses
tartes juteuses et parfumées de rei-
nes-claudes qui attiraient les guê-

l droit.
On achète en livres. On ne parlera
de kilos que plus tard. A chacun, la
pes, pruneaux moelleux séchés len-
tement dans une douce tiédeur après
la cuisson du pain puis de la pA·
boulangère pèse le pain demandé. Il tisse rie.
faut souvent ajouter à la miche une Pourquoi ma grand-mère déposait-
petite tranche supplémentaire, pour elle rituellement, au-dessus du lour,
faire le poids. dans un petit coin connu d"elle seule,
les dents de lait de ses enfants?
La monnaie courante est de bronze. Etait-ce une offrande aux dieux la-
Un sou ·(5 centimes), deux sous, cou- res pour qu'ils conjurent le mau-
ramment à refligie de Napoléon Ill. vais sort ? Pérennité de coutumes
gallo-romaines ? Je crois me souve-
nir que quelques-unes de mes denls
Le pain fourni par le boulanger était tombées à sept ans allèrent rejoindre
vendu au poids. Quand le pain de deux celles des enfants de la génération
llvres ne faisait pas tout à lait le kilo, il précédente.
lallalt ajouter sur la balance un morceau O mes bienveillants dieux lares,
supplémentaire généralement appelé trait. merci de m·avoir donné une vie si
Ce morceau se nommait encore rench•r- heureuse.
geou, pesée, trognon ...
Quand, à Troyes, le pain était livré à
domicile, le trait était fixé sur la miche
au moyen d'une tige de fil de ter d'envi-
Quelques dictons (autres que ceux QUI
ron 20 centimétres de long, terminée par
figurent dans les dictionnaires, à l'arti-
un anneau. cle: Pain.
Il est bien loin ce temps oû le pain de C'est du pain de la même miche (Cel-
Quatre livres passait parfois les deux kl- les). Se dit d'un objet ou d'un individu
los car le boulanger, pour faire plaisir à ressemblant à un autre objet ou un autre
certains clients, pesait largement le mor- Individu. par ses défauts, essentiellement.
ceau complémentaire (Venteull).
Elle en ouvre un four! on y ferait cuire
Autre temps, autres mœurs I Combien un pain de quatre /ivres (Celles). Se dit
pèse, aujourd"hui, la baguette de 500 d'une personne béate, étonnée.
grammes?
C'est pain bénit (Couvignon). Quand Il
Quoi Qu'il en soit, et bien Qu'on ait arrive quelque chose d"heureux, d'agréa-
essayé de le déprécier, te pain reste un ble. Cl. La Fontaine : .. c·est pain béni
aliment clé. On est encore malgré tout de tromper le trompeur~-
sensible au go0t du bon pain. Celui qui a fait le four n'a pas oubfié
Malheureusement, on le gAche laclle- la gueule (Amance). Se dit d"un gour-
ment, on jette beaucoup de pain : le mor- mand.
ceau qu'on ne termine pas, celui qu'on Promettre plus de beurre que de pain
trouve trop dur ou qu'on ne veut pas (Couvignon). Faire des promesses inconsi-
manger rassis. Les anciens s'étonnent et dérées.
s'indignent. Ceux qui ont connu le vérita-
ble plaisir du four et ceux qui ont en- C'est comme les servantes de curé,
core, en eux, le profond respect du pain. il a mangé son pain blanc le premier (Ven-
teuil. Cité par Beaudouin).
Il est comme un ane de meunier, il
s'arrête â toutes les portes (Villeneuve-au-
J. Daunay. Chemin).
UN EXEMPLE DE VANNERIE On termine par bords débout à 4 der-
POUR BOULANGERS rière 1.

- LES BANNETONS RONDS Les bannetons ronds dits de Troyes,


ORDINAIRES pour pains de 1,50 kg sont de mêmes
dimensions que les bannetons ordinaires
Ce sont des articles faits avec de l'osier mals de fabrication plus légère (0,400 kg
rond de première quamé. Le fond se fait d'osier seulement). Ces articles subis-
sur croisée, Il se clôt en .. super •. Dans salent un entoilage chez le grossiste en
le corps du panier, les montants sont pl· vannerie. Certains vanniers entoilaient
qués. On lait trois tours de torche à la eux-mêmes.
base (dont le premier à quatre brins) puis l;J;tr,11 de le documenl,tion fournie p•r M. An-
on clôt à brins serrés I6gèrement frappés. dretchenko. Le Mesnil-...,,-Oge,

Taille Ouverture Hauteur Poids de l'osier


Fond Intérieure intérieure utillsf,
pour pains de :

-1 kg 18 ,m 25 cm 8,5 cm 0,450 kg
- 1,5 kg ... 20 ,m 28 cm 10 0,550 kg
-2 kg. 22 ,m 30 ,m 11 ,m 0,650 kg
- 2,5 kg .. 23,5 cm 32 ,m 12 om 0,850 kg
-3 kg. 25 ,m 34 ,m 13 ,m 1,500 kg

AMANCE, A. M. G. Fflvrl DOSCHES A. Baroche. Sletislique POUAN-LES-VALLEES. A M. A. Mo-


ARCIS-SUA-AUBE. A, A. Uluilli.r. de•• commune de OoschH. 1880 rot.
GlosHlre de te A6g!on d'Arcls. ESTISSAC. A. Mme Gorget. PRAUTHOY. HM. M. Prot.
AUBERIVE. HM. M. Goustel (M. et FAUX-VILLECERF. A. ALCB (1). RACHECOURT-SUR-BLAISE. HM. M
Mme Minot), FAUX•FAESNAY. M. Feu~·Fresnay, H. Multler
AUJEURRES. HM. C•hlers Haut- ancien et moderne. 1852. RAMERUPT. A. Thévenot. H;,to!re
Mtrn,ls n" 66. Trolsl•me trlmH• GERAUDOT. A. Bernot. Histoire de de Ramerupt.
tre196S. Géraudot. 1909 RHEGES. A. M. 0.ubUn
BAGNEUX. M. M. J.-P. Fouf11er. GIVRY-EN-ARGONNE. M. M. Mme AOUVflES-LES-VIGNES A, Théve•
BAGNEUX-LA-FOSSE. A. LH •l&ves 8Hsery (Texte de M. Thaboin). nln. Histoire de le commune de
de M. Bruni! (M. Gaulerd, M hu· GUINOAECOUAT, HM. O. Cotin. AoovrH.
ch•. M. F. Cholot. Mmfl Hugerot. Coutumn de Gulnd,ecourt. AUMILL Y - LES· VAUDES. A. Mme
M. Oupln). M. Plot. GUYONVELLE. HM. Mlle A. B1ede- Calllec. M. F(flQ\.
BALNOT-LA-GRANGE. A. M. Cre- 1e1(Mme L. Bredeletf SAINT-BEN01T·SUR-VANNE. A. AL
nllllera. JEUGNY A. M. Pol,son CB (1).
BAA•SUA-AUBE. A. M. J ·F Lerou~. L.ANOAEVILLE. A. M. F. Chaussin. SAINT-LUPIEN. A. Jo■aler. Histoire
BARBUISE. A. ALCB (1) LANGRES HM. A. O•guln, Blason de Somm•Fontelne Saint-Lupien.
BEAUVOIR. A. Les •1•vu de M. popu1,1re de Haut•M•rne. SOUL.AINES-OHUYS.A. M. J.·M. Ou-
Brunet(M. Pasquler,M. Buln) LANTAGES A. M. Ge11. bol1 (Mme A. Ctlellcarne).
BRAGELOGNE. A. Mme Huart. Ln LA VILLENEUVE-AU-CHENE A. Mlle SOYERS. HM Mlle A. Bfldetet {Mme
él&vel de M. Brunel (M Ch,uche- MasHlln. L.Bredelel)
!oin, M.Aebourceau. M.Oupln) LIGNOL-LE-CHATEAU. A. ALCB (1). TORCY, A. Mme Babeau-Weuthler.
BREVONNES. A. M. J, Mailly LE MESNIL-OGER. M, M, W. An• FOLK,CH.11"2-8.
BRICON. HM. Mlle MHselln. dreytchenko. TROYES. A. Grosley. EphémérldH
BRIENNE. A. Marguiller. Revue des MAIZIERES-LES-BRIENNE. A. Mme VAn~~ISSON. A. M. Nougé-Caze-
tradllions populalrn. HIS&. M•r- Merlin Maitiéres et son passé.
gu111er.St•tillique Commun,11 de MERY-SUR-SEINE. A. Bourgeois. VENTEUIL. M. M. G. Munie,.
Brienne 1880. Stell,tlquede la ville de Méry. VIAPAES-LE-GAANO. A. M. R. Mo-
BA!ON-SUA•OUACE. CO. Mlle MH· MESNIL-SAINT-PERE. A. Mme A. rot
Charton. VILLEMAUR. A. Ch, Pro!. Souvenir,
selln
CELLES-SUA-OURCE. A. M. P. Côte. MEURVILLE. A. M. F6vre, d'un vleuK maire.
CHAMPIGNOL-LEZ-MONDEVILLE. A MONTGUEUX. A. ALCB (1) VILLEMOYENNE. A. Mme Richard
Mme PolHenot.
CHANNES. A. Mmfl M Paris (M Dl- .,.,..,.
MONTIER-EN-DEA. HM. FOLK. CH. VILLENAUXE. A. M. S. KHI Llbér •
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VILLENEUVE-AU.CHEMIN. A. M. R
ll1ndr1. MmeG. Parla) M. P Brl- MQNTIER-EN-L'ISLE. A. M. Oubol•
gend,1. (Mme Vve L. Challcerne). c1•,1n. M. A. Jay
CHAOURCE. A. M. R. couche. MONTSUZAIN. A. A. Bourgeois. Mo- VILLY-EN-TRODES. A. M. Crenll-
CHATOILLENOT. HM. J. CrHIOI. nographie de le commune de Uera.
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DAMERY, M. M. G. Munler. PEAIGNY•L.A•AOSE. A. lndtf)endent communale de Vulelnn 1en.
DAMPIERRE. A. Mme Lecot (Mme del'Aube1~1.
Fréchln). PL.ANCY,A. ALCB (1). (1) Bourcelot. AIIH linguistique
OAVAEY. A. Mme B. Ctv1I. POLISY. A. M. Pro!. de Champagne et de Brie.
LE FOUR BANAL

ORIGINES Rognon créé au XII• siècle dans la partie


septentrionale, enfin le four aux Chail-
Devant trouver sa lin vers 1920, la
loux appelé aussi four Saint-Pierre ou
fabrication du pain de ménage réalisée
tour aux pois. C'était le plus ancien, le
en totalité à la maison, ne débute guère
plus central et le plus Important (3)
que peu de temps avant la Révolution ou
pendant la Révolution, dans certaines lo-
calités.
BANALITES ET PROFITS
Non seulement le seigneur oblige les
LE FOUR BANAL, manants à utiliser son four, mais 11 per-
PROPRIETE SEIGNEURIALE çoit à cette occasion un droll en argent.
La cuisson du pain étai! auparavant un C'est la banalité des fours comme Il
prlvllège seigneurlal. Chaque seigneur, existe aussi celle des moulins et des
dans sa paroisse, possédait un four ba- pressoirs.
nal. Chacun était tenu d'y taire cuire
son pain sous peine de sanctions. Aucun Dans un aveu et dénombrement rendu
autre four n'était toléré. par M. de Guénégaud au XVII• siècle pour
sa terre de Plancy, il est spécifié :
Le seigneur était parfois un laie qul
se quallliait loujours d'écuyer (noble), Item ai droit da four bans/ audit Plancy
parfois les religieuK d'une abbaye, quand at tous les autres lieux sus-nommés en
ce n'était pas l'évêque lui-même. Les dtJpendsnt, pour laque/ tous tes habitants
documents abondent à ce sujet. A litre dasdits lieux me doivent et sont tenus
d'exemple, citons un dénombrement de payer chacun an quatre sols parisis paya-
l'abbaye d'Hautvîlllers, du 20 ao0t 1384 : bles au jour de Saint-Remy (4).
Item, en ladite ville d'Auv/1/ers, deux Les Archives départementales de la
fours, dont si uns lut destruit par les guer- Marne conservent le registre où est consi-
res, et l'autre vaut par an 60 sols tour- gnée, de 1759 à 1789, la perception du
nois, auscune lois plus ou moins ... droit, année par année, pour le four ba-
Item, en laditte ville de Champillon ung nal d'Outines. On peut y lire ces lignes.
four qui vaut par sn environ :W sols écrites en 1756:
tournois. // est deub par chacun habitant dudit
Item en /a v/1/e de Dizy ung tour qui lieu d'Outines une redevance I cause du
vaut par an environ 30 sols tournois ... (1) tour banal dudit lieu par chacun an, et
La possession d'un tour par le seigneur par chacun feu de ménage entier, trois
est donc un fait très ancien remontant sols quatre deniers, et lesdits ménages
au moins au moyen-Age. Elle entre dans tant hommes que femmes veurs la somme
le cadre de la vassalité. Le four appartient de vingt deniers payables par égale por-
parfois au suzerain. Ainsi. le comte de tion à deux termes égaux, savoir moitié
Champagne possédait à Vertus, vers 1275, au jour et teste de /'Ascension de Notre
le tour des Raines. le tour Joflroy et la Seigneur, et l'autre moitié au jour et teste
moitié du four Hermond, affermés en tout de saint andré d'hiver, sans excepter les
à 82 livres (2). Au XIV• siècle, les deux clercs, nobles ny autres privilégiés, sous
fours subsistant rapportaient 100 livres. peine de trois livres d'amende (5).
Parfois, au contraire, le four entrait dans La recelte du droil de tour était !aile
la composition d'un lie! quand il n'en lor- en présence du bailli. du procureur fiscal
mait pas la totalité. Dans ce cas, le bé- et du receveur des droits, pour messire
néficiaire devait l'hommage à son suze- François de Chleza. chevalier de l'ordre
rain. C'était le cas à ta campagne (par militaire de Saint-Louis. seigneur d'Outi-
exemple â Venteuil où Il existait long- nes, Brandonvllllers et autres lieux, mlll-
temps avant 1789 un four banal) ou en taire au régiment des Garde's français.
ville. Les grosses localités n"échappalent
point à la règle. Ainsi un quartier de En 1756, 67 personnes payèrent. sans
Châlons-sur-Marne, le ban Saint-Pierre. exception. les trois sols et six deniers et
dépendant de l'abbaye, posédall trois 22 veufs ou veuves un sol huit deniers.
fours banaux : celui de la Chalayde ré- Ce prix ne varia pas jusqu'en 1789. Il est
servé aux gens habitant hors des murs facile de calculer le profit qu·un four
(four détruit peu avant 1306), le four du rapportait au seigneur. Aussi ce droit
était-il très recherché. En 1277, le tempo- Au XIII• siècle, un procès a Ueu entre
rel rural de l'abbaye de Saint-Pîerre-aux- l'abbaye de Longueau et Alix, dame de
Monts consiste entre autres en un four Gueux, au sujet d'un four situé dans
à Monthelon, un autre à Coolus, un à cette vllle et légué par Messire Baudoin,
Vésigneul, un à Togny, un à Saint-Martin, son défunt mari, à ladite église. Un ac-
trois à Vitry, un à Vlllote, un à Montcetz, cord Intervient en 1223 entre l'abbesse,
deux au Meix Tiercelin, deux à Salnt- Allx, et Bertrand son second mari. L'ab-
Ouentin, un à Rosay, un à Sogny-en-l'An- baye de Longueau aura la moitié du four
gle, deux à Possesse, soit 18 tours, en et Alix l'autre moitié se vie durant, à
même temps que 22 moulins à blé et charge de payer annuellement au monas-
3 moulins à foulon, ce qui était consi- tère une somme de deux deniers pour
dérable. aveu de concession temporaire (8),

Au XIV• siècle, un différent surgit entre


le curé de Bouy, soutenu par les rell-
ETABLISSEMENTS DES FOURS gleux de Saint-Denis de Reims et les re-
ligieuses d'Avenay (6). Celles-ci ont lait
Source de revenus, te tour banal donne abattre un four dans le logls du curé
lieu, lors de sa création, à la rédaction (où fut saisi. par la même occasion, un
de conventions très précises, de manière nommé Bevelat), sous prétexte que la
à ce que le droit de percevoir ne tombe seigneurie de Bouy leur appartenait avec
pas en désuétude du fait de l'usure du tous ses droits. dont le droit de four ba-
temps, ou qu"II ne soli jamais contesté nal. Le curé les poursuivait en justice
par quiconque. pour ces exactions, soutenant que sa
La seigneurie de Bouy dépendait de maison était tranche et Indépendante de
l'abbaye d'Avenay. Une lettre de 1473 sti- leur Juridiction puisqu'elle appartenait
pule les clauses d'un accord : au couvent de Saint-Denis. Le bailli tran-
cha 1a question en défendant au curé de
Atrendu que la four banal de Boy est posséder aucun four à cuire pain, ni pour
ruiné, qu'il n'y a plus qu'une masure /J
lu/, ni pour autre ; de fait bien s'il vou-
la place, les Damas parmartent aux habi-
lait, un petit tour à cuire menues plltisse-
tants d'en construire /J leur volonté dans
ries ; que roure personne Justiciable se-
leur propre maison, /J charge de leur rait saisie en tous lieux de lad/le seigneu-
payer douze deniers par chaque ménage
rie par les officiers de Mesdames.
au ;ou, de Noël de chaque année ; mals
s'il arrive qu'elles vinssent /J /aire rebltir C'est pour ce .. crime • que le nommé
leur four, tous les habitants seront tenus Brevelat était poursuivi.
d'y aller cuira. sous peine d'un écu d'a-
mende /J chaque /ois qu'ils manqueraient, Le 12 avril 1412, le prévôt d'Epernay
que les /ours particuliers ne leur pour- condamne Jean Symonet à abattre un
raient plus servir que pour cuire p/Jtls- petit tour qu'il avait lait construire dans
serie, et qu'aucun boulanger de profes- sa maison de Bouy sans l'autorisation
sion ne pourrait en avoir sans licence des religieuses d'Avenay qui y possé-
desdites dames (6). daient le four banal. Sur appel, le Parle-
L. Paris, dans son Histoire de l'abbaye ment de Paris le renvoie devanl le bailli
d'Avenay, cite encore le cas de Thomas de Vitry qui maintient la première sen-
Mallty qui. le 19 juin 1397, reconnait qu'a- tence (6).
vec la ~ermisslon de Mme Jeanne Il, al). Le 5 mal 1500, le sieur Mailly, de Bouy,
besse d'Avenay, il a tait construire un qui tenait la cense de la cure, en accord
petit tour en son logis, mals qu'il ne veut avec les religieux de Saint-Denis de
pas préjudicier du droit de banallté et Reims, est condamné à payer les arréra-
que les religieuses pourraient, si elles le ges qu'il doit aux rellgleuses d'Avenay.
voulaient, le taire abattre. En effet, i1 refuse depuis trois ans de
payer la taxe convenue pour le droit de
four banal, taxe de 12 deniers, payables
QUERELLES, PROCH ET JUGEMENTS annuellement au jour de Noêl, ainsi que
la taxe de droit de paturage (6).
Ces droits, on le devine, donnaient sou-
vent lieu à des querelles entre ceux qui Les habitants de Suippes avalent tait
se disputaient le tour d'une part, entre construire des fours particuliers dans
le bénéficiaire et les contribuables d'au- leurs habllations. Le 13 décembre 1540,
tre part. le bailli d'Epernay les fait condamner à
abattre tous ceux qui dépassent une aune
Hugues, maire d'lgny, prétendait avoir de largeur et leur enjoint d'utiliser dé-
des droits sur le four de Damery. L'abbé sormais te four banal, en acquittant le
de Saint-Médard, lngramm, les revendi- droit accoutumé de toute ancienneté. Il
quait aussi pour son abbaye. le comte les taxe de 20 livres d'amende (6).
de Champagne Thibaut Il, devant qul l'al-
lalre est portée, rédige en 1151 une charte Ces exemples montrent à l'envi. à quel @
à Igny dans laquelle Hugues doit renon- point le droit de four est Jalousement dé-
cer à ses prétentions (7). fendu par ceux qui te possèdent. 63-33
DONS ET PARTAGES n'avalent pas le droit d·avolr une pro-
fession lucrative sous peine de déroger,
Comme tout fief et toute possession, le de perdre leur condition. le four 6talt
lour banal se transmettait de g6n6ratlon donc tenu par un fournier ou lou6, don•
en g6n6ratlon, soumis aux al6as de la nant lieu à l'établissement d'un ball.
bonne fortune de son possesseur. Il 6talt
En 1306, Girard, le fournier est em•
reçu en héritage et souvent partag6 lors•
que plusieurs enfants ou h6ritlers se le ploy6 au lour du ban Saint-Pierre de
disputaient. Chaque fraction continuait Chiions (3).
alors à se transmettre. les d6nombre- En 146-4. Vertus se relilive des ruines
ments et les cartulalres en attestaient causées par la Guerre de Cent Ans. GIiies
l'ortglne. Muret, boulanger et Jeannette sa femme,
En t208, Ollon de Saint Lambert pos- prennent à ball, leur vie durant et cella
sède à Oiry 20 Journaux et 13 tauch6es de leurs enfants, une place relevant de
de terre, 1a justice. 3 quartela de vigne, l'abbaye Notre-Dame sise près de la
6 livres partie pour le four et partie pour Porte le Conte où s'élevait jadis le tour
le charroi (8). banal de ladite fig/Ise aujourd'hui détruil
moyennant 40 sols tournois de cens par
Parfois l'héritage est encore plus mor· an, à condition d'élever avant quatre ans
celé. Vers 1260, Jehannln posHde 1e un nouveau •,ur d'une valeur de 40 ltvrH
quart du tour de Damery, Gautier le si• tournois po .. r cuire pain de sosses et
xlème, Raoul de Pontfaverger le dixième : pain blanc. L·entretlen était laissé à leur
Marle la Branlarde, mère de ces enfants,
charge.
conserve le sixième de la moltl6 du tour.
Elle épouse le chevalier Oudard de Dame• Le chauffage Incombait souvent au sel·
ry qui en possède le douxlème ainsi que gneur qui, d'ailleurs, possédait une gran•
ta moitie du four de Marne, ce qu'il aura de partie des forêts du lieu (2).
encore en 1275 (7). le fournier recevait une rétribution en
Parfois aussi, le tour banal est donné nature, comme cela arrivait pour le meu•
en gage d'amlti8, ou ced8 pour diverses nlar. Une convention de 1403 en fait fol :
raisons. Le 24 mal 1783, celul de Recy
est donné à Messieurs du Chapitre de Entre les Dames religieuses et les ha•
Châlons, avec d'autres proprl6tés (9). En bitant, de Suippes et Somme-Suippes a
1181, Hugues de Plancy. avait., aym0né .. lité convenu ce qui suit au su/et des
le four banal de cette locallt6 au1e" Bons· fours banaux. DeuK d&Sdits tours, l'un ;
hommes ,. de l'abbaye de Macheret (8). Suippes, l'autre à Somme-Suippes, rH•
teront b11nau1t auxdlts habitants sans
En 1198, Gaucher de Nanteuil confirme qu'ils puissent aller cuire autre part tant
aux religieuses de Longueau tout ce que lesdits fours demeurerofent en bon
qu'elles ont reçu en son fief, de Gaucher, fltat If de la grandeur nécessaire et que
son père : 15 livres de revenu annuel le fournier dflputé par les Dames ferait
sur le tonlleu de Chatl11on, moitié à pren· son devoir raisonnable. Lequel de chaque
dre à la Salnt.Jean-Baptlste et moitié à tournée de gros pain n·en pourroil pren-
Noël, pour dotation de deux chapelains dre que de ceux qu'il p/airoit auxdils ha•
chargés de cél6brer la messe. avec un bltants. Et du pain blanc cuit auxd/ts
demi muid de bl6 à prendre sur le four tours ne prendroit que trois deniers ou
de Lhéry, le tiers du moulin de Favero111:s run desdits pains blancs. Et que si, par
avec le service d0 à ce moulin, un muid sa fauta, lesdits pains blancs ou gros
de blé sur le tour de Bligny (8). n'étalent bien cuits, Il ,endroit lesdits
En 1175, avec l'approbation du comte pains ou leur valeur, mals /es habitants
Henri de Champagne, Garin (ou Garnier) seraient tenus de lui fournir l'affouage.
reçoit de l'abbaye, moitié du four de Qua de plus les habitants pourrolent faire
Damery, en échange de la moitié de la construire en Jeurs maisons des petits
mairie. Le comte d6cide qu'en cas d'ac• tours d'une aune de largeur et longueur
cord entre Garnier et l'abbaye, le même pour y cuire patisseries que bon leur
fournier pourra servir les deux proprié- sembleroit. Mais que s'ils étoient conva/n•
taires ; sinon chacun tiendra le four une cus d'y avoir cuit du pain, Ils sero/ent
semaine et toua deux partageront les re- amendables de deux sols six deniers en•
venus. Quand le four ne cuira pas, on vers /es Dames, devant le ma/eur el les
pourra aller faire cuire son pain ailleurs eschevlns desdites v/Jles, dont Ils ne pou•
sans amende à payer. Mais deux sols se~ volent demander que deuK délais : et
ront à acquitter dans le cas où le four condamnés lesdits habitants à payer aux•
cuira. Il y avait donc au moins deux fours dites Dames à /a Saint-Merlin prochaine
banaux à cette époque. /a somme de SO livres.

ABANDON DE LA BANALITE
LES FOURNIERS les textes cités plus haut montrent IH
Le four banal n'était pas tenu par le nombreuses récalcltrances à acquitter le
seigneur lui-même. On sait que les nobles droit de four et les nombreuses construc-
!Ions de fours particuliers. La banalité en tés financières ressenties par les habi-
question est, en effet, très 1mpopu1alre. tants d'une commune marquée, comme
Elle pousse à la fraude et mème à le les autres, par la crise pré-révolution-
révolte. Malgré les efforts de ceux qui en naire 7
ont la jouissance, ce droit tombe peu à
peu en désuétude.
Les dénombrements du XVIII• siècle le UTILISATION DU FOUR BANAL
montrent bien. Celui par exemple rendu
le 31 décembre 1784 par M. Hurtaull, sel• lmaglne-t-on assez la vie du petit peu-
gneur de Tincourt à M• François Vincent ple, assujetti aux contraintes présentées
Guyot de Chenlzot, seigneur de Chatillon par l'utilisation d'un four commun à tous
et qui dit : ...Il y avoit autre/ois un lour les habitants d'une même localité ?
qui n'est plus subsistant. Les habitants Vollà, à titre d'exemple comment se
du hameau n'avaient donc plus à ac• passaient les choses au four banal de
quller ce droit et devaient posséder leur Villemaur (Aube), d'après le manuscrit
propre tour. d'un témoin oculaire.
A Venteuil, le curé du Ueu, M. Aubry du La veille du jour où l'on devait cuire
su tour banal, il tallait aller chez le four-
Brochet, possédait à la Révolution un
nier déclara, combien on aurait de mi-
petit bAtiment servant de lourn!I dans la
ches. Le lendemain matin, le fournier tai-
cour du presbytère. SI l'assemblée parois-
siale de Venteuil s'élevait contre les ser- sait annoncer a son de caisse le moment
vitudes seigneuriales, singulièrement la de taire le pain. Un peu plus tard, le
banalité des oressoirs et des moulins, tambour donnait un second signal pour
(de même qu'à Cuisles, Vincelles, Ver- porter le pain au tour.
neuil...) par contre, elle ne citait pas Aussitôt, toutes /es femmes quittafent
celle des fours (10). précipitamment leurs maisons, emportant
leurs pains sur trois planches réunies en
C'est que le four banal a presque en- manière de petites portes. Oh, Il tel/ail
tièrement disparu en Champagne. La voir tout le bruit que cela faisait I Toutes
communauté de Verneuil l'exprime clai- avaient voulu choisir leur place dans le
rement: tour. Enfin quelquefois, elles s'y battaient.
Je me souviens d'y être allé plusieurs
La barbarie a enfanté, dans les temps lois avec ma mère et j'ai vu tout ce train
reculé, les droits de banalité des mou- 18. On payait le lournier avec de /a pête.
1/ns, des pressoirs et des /ours. Cette
dernière banalité n'est plus connue en Les seigneurs une lois partis en émi-
Champagne mais les deux autres sont gration, on démolit le four banal et cha-
existantes. Ce sont des droits tyranniques cun en lit construire un chez sol (12).
qui méritent d'être abolis par les vexa-
tions qui s').· commettent et la gène
qu'éprouvent les me/heureux sujets pour
moudre leur grain et pressurer leur ENFIN LES FOURS PARTICULIERS
vin (11). (au XVllt- sltcl•)

Ces lignes laissent penser que la per- Enfin, chacun put avoir son four. Cha-
ception du droit était bien rare à la fin cun se le fit faire, sans crainte, selon ses
du XVIII• siècle. Cependant elle n'avait moyens, et aussi, sans doute, selon l'im-
pas totalement disparu, comme le regis• portance de sa famille aussi.
Ire d'Oulines cité plus haut l'indique. Le Réallse-t-on combien cette masse de
seigneur de cette localité la pratiquait briques, portée à haute température, pou-
encore en 1789 ; cette année-là 54 per- vait être dangereuse dans une habitation
sol'les payèrent leur droit (3s 4 d ou 1 s laite de bois, de torchis, couverte le plus
8 d) car le receveur de la terre et sei- souvent encore à l'époque, de chaume ?
gneurie écrivit .. payé .. en face de cha- Qu'une tissure vienne à se produire, et
que nom. Cependant il n'est rien écrit c'était la catastrophe : la maison s'en-
devant 28 noms. Sans doute peut-on en flammait et communiquait l'incendie à
déduire que ces 28 personnes ne réglè- tout le vllage comme c'était alors fré-
rent pas leur d0. L'examen du registre quent.
montre que ce droit fut acquitté réguliè•
Aussi, à la Révolution, la municipalllé
rement jusqu'en 1780. Cette année-là, un
de Venteuil contrôlait l'état des fours
seul ne s'acquitta pas de sa dette contre
82 autres. En 1785, plusieurs manquent de ses administrés (13). Le 3 germtnal
à l'appel. En 1787, 26 personnes ne sem- de l'an second, elle lait son rapport au
blent pas avoir payé contre 61 autres Comité de Surveillance de Venteuil à la
et 24 en 1788 contre 62 autres. suite da la visite des fours et cheminées.
Vingt-quatre personnes de la localité ont
Faut-li penser, (pour essayer de résou- II 1
dre le mystère du non-paiement), à un ~nié~~~!~ i~i~; c~~:~~~~u;~ut~:s ~~:r~~: @
relus, du droit de four banal, toléré par le refaire à neuf. Quelques-uns ont leur
le seigneur, ou simplement à des difflcul- four • piqué ... On ordonne à plusleurs &.3-35
famille de Gu6n6'gaud. (Revue de Champagne et de
de le réparer, ainsi que la cheminée. On Brie.1895).
signale deux fours avec " vo0te en bols •· (5) Archlvesd,partementalesdelaMarne.E8.
Pendant une époque aussi troublée, il (6) L. P,rls. Histoire de l'abbaye d'Avenay.
va11eit mieux être en règle avec ta loi : (7) Bourgeois. RechercheshlsloriquessurDamery
(8) Pellot Cartulal11 du prieu,, de Longeau. (Re-
beaucoup le comprirent. A ce moment-là vue de Champagne et de Brie. 1896).
apparurent des fours si minutieusement (9) O. Let19e. G4log1Bphie historique du d41parta-
fabriqués par nos ancêtres, que nos pères mentde laMame. 1839).
les ulllisaient encore au début de ce (10) Archives d41partementales de ta Marne. a
(11) G. Laurent. Cahier de dolhnces pou, les
siècle.
G. MUNIEA. 6tatsg6né1Buxde1789,ba!llagedeSéianneetde
Chatlllon-tur·Marne r6uni1.
(12) En 1789, ce lour appartenait au duc d'Esti•·
aac qui rauermait .li un foomler. ordinairement un
(1) Abb6Manceaux Histoire de l'abbaye e1 du vil• habllantdeVillemaur Tout!emondeétailob!lgéde
lage d'Heutvlllera cuire au four banal, mais, à 1'41poquede la R.._.olu-
(2) Ch. Prieur. Hitlolre de Vertu,. llon, le hameau des Bordes était exempt. Ce prlvi-
(3) A. S1int·Denl1 Un q1,artler de Chllon1-,ur- lllge remoni.it tr6t haut car, d41J6en 1394, ceux de
d'Agri-
Marne au XIII' siècle (M,moi1e1 de la Soci41141 Villemaur ne pouvalenl cuire au lour banal que 14
culture, commerce. Sciences el "ris de la Marne. pains par personne, tandis que ceux det Bordel
1976). avalenldrolt124paln1.
(4) O. de Plancy. La marqul111 da Plancy dans !a (13) "rc:hlvesdépartementalesdelaMarneL2!i32.
Enque1, ··•Jiffl Il 25 'IOlllmb,e 1971
pu M.,11-Fr,nce S.hr, chai Montleur C.11,
Ferme de 1, Noue • M"aon•◄n-Ch.,,,~ne
UNE FOURNÉE

la moitié de la maie est occupée par la pâte prend !orme. le travail s'eflectue
la larine avec en son mllleu le levain pré- par des mouvements de rotation de bas
paré la veille. M. Carré verse sur ce levain en haut en même temps que la farine
un seau d'eau liède dans lequel Il a préa- continue à être incorporée.
lablemenl dissout une poignée de gros
sel et environ 150 g de levure de bière.

La pète, suffisamment battue, ne colle


plus aux mains. Elle est prête. M. Carré la
découpe en parts de 1 kg.

M. Carré commence le travaU de la


pAte. Au-dessus de la male on peut voir
le clive destiné à tamiser la farine.

le levain est d'abord travaUJé avec l'eau


tiède afin d'éliminer les grumeaux puis la
farine est progressivement Incorporée.
Chaque boule de pâle est formée à la Les débris restant dans le clive étaient
main avant d'être déposée dans un banne- autrefois repellllonnes avec de l'eau et du
ton d'osier saupoudré de farine, son pour faire le pain des chiens.

Le fond de la maie est gratté et la fa• le restant de farine est passé au clive
rine non utilisée et rassemblée dans un pour éliminer les pàtons.
angle.

Le nettoyage llnal s'effec1ue avec une Recouverte d'une couverture la pê~ va


aile de dindon (M. Carré n·ayant plus lever dans les bannetons durant environ
d'oies). 1 h 30.
Du papier journal et un petit tas de
brindilles permettent l'allumage du lour.

Lorsque le feu est pris, 2 fagots seront


enfournés et le lour refermé soigneuse-
ment.

Les bannetons, ronds et longs, le fergon


pour les braises et les pelles à four, ron-
des et longues sont appuyés le long du
mur.

Le four de fabrication récent provient


des établissements Alsatia de Sarrebourg
en Moselle. 11se présente extérieurement
comme une grosse cuisinière mais inté-
rieurement il a l'aspect caractéristique des
!ours habituels en bdques réfractaires.

Les fagots se sont transformés en brai-


ses Incandescentes. M. Carré, avec le fer-
gon, fergonne Je four c'est-à-dire qu'il
étale uniformément les braises sur le sol.
Le four est de nouveau fermé. La chauffe
demande environ 1 h 30, soli le temps que
la pAte met pour lever.

Pour chauffer le four. M. Carré utilise


des fagols de noisetiers sauvages qu'il
coupe dans les taillis après la moisson.
Au milieu de la cuisson, soli environ au
bout d'1 heure, M. Carré ouvre le tour et
dépreHe. Il fait elfectuer 1/2 tour à cha-
que miche et éventuellement détache les
miches qui se sont collées entre elles.

La cuisson est terminée, les miches re-


Au bout de ce temps les braises sont
prises à la pelle sont dressées sur la table
basculées dans le tiroir-cendrier qui s'ou-
à côté du four.
vre sous la gueule du four.

Tous les 10 à 12 jours M. Carré fabri-


que ainsi son délicieux pain de ménage.

Puis la sole est nettoyée à l'aide d'un


chilfon trempé dans l'eau chaude et fü:é
après le fergon. Autrefois on utilisait un
bouchon de paille fücé à un long bAlon.

Cela lait un siècle que la famille Carré


se succède à la Ferme de la Noue. Le
grand-père, né en 1864, y est arrivé avec
son père, en 1878. C'est la grand-mère.
née en 1872, qui faisait le pain autrefois
et c'est elle qui en appris la fabricalion à
M. Carré, né en 1924, alors qu'il avait
la boule de p!te est retournée sur la 14 ans.
pelle saupoudrée de farine et d'un petit
coup sec M. Carré lait glisser la miche La farine provient du Moulin de Vitry qui
dans le tour. Pour !aire les bracelets il moud le blé fourni • à condition de 30 ¾ •.
creuse la miche, sur la pelle, avec ses C'est-à-dire que pour 100 kg de blé, le
mains enfarinées. Il referme enfin la porte .. moulin ~ vend 70 kg de farine et garde
sur toute la fournée. le son.
BIANCCOM FARINGNE

Ou latin mola , meule et molinum, çais une servante était une besssa, baassa
moulin le vieu1t français a fait mole (fin ou baiassa (XII• Girard de Roussillon)
XII• livre des Rois), meule et malin (XII• Certes nous n'avons pas le masculin équi-
Thomas le Martyr), moulin ainsi que le valent dans les manuscrits anciens. Mais
diminutif molinel (XII• Chevalerie Ogier) ne s"agirait-il pas, en noue dialecte de
petit moulin. Ce dem ier a donn6 le nom ce seNant de l'lne, ce bai-/'lne?
d'un ancien quartier des Faubourgs de la F■ringne I f.iRi:.J'J, c'est la fa11ne,
Troves Le Moline. du latin farina avec nasalisation da l'ul-
Ce mot dérive de la racine indo-euro- time syllabe, A noter que l'exprossion
péenne MEL. moudre, que l'on relrouve " blanc comme neige .. se disant ici I ost
dans l'allemand Mehl, fa11ne et Mühle bian corn faringna.
moulin. C'est cette forme ancienne qui la Fanée [ br'le:J, c'est la folle farine
prévaut dans la prononciation locale Qui s'échappe et se répand partout dans
Mœulin 1111♦, l l J, Mœulln al vent le moulin. Il faut sans doute rechercher
["'♦ dit.V- 1, Mœulin el leu ( "' ♦ :IZ son origine dans la racine indo-européenne
EJ:, 1. Forme qui se retrouve dans BHA, lumière, qui a donné le grec
le Français meule et rrNunier. Par diaph•nls, diaphane, l'anglais ph•ntom,
6tision du œu, forme frfquente en Cham- fantôme et l'espagnol f•nal. Les 11$18·
pagne, on a Mlin (""Il ). Par contre le rands ut,hsaient cette fanée pour fabriquer
U allemand se retrouve dans Munier leur colle, le Paizou \ptiuj. En v1eUK
l""l'"j• ), meunier, nom qui se présente français peiz (1080,Chanson de Roland)
souvent comme patronyme. poix du latin pix , picis, picem. L'espagnol
Pour désigner le moulin on utilisait a gardé pez pour désigner la poix,
aussi parfois le terme générique d'Usin• Le Sono 1iorio ], c'est le son, du vieuK
gne I ya.[1~ ], usine. Il s'agit d'un mot français saon (XII•), rebut, du saKon
d'origine wallonne wislnt1, atelier, qui seon, rebut. l'melchant sono, an dlrot
était peu-être un doublet du vieuK fran• du sono d'orge, le vilain son. on croirait
çais œuchine (XIII•) désignant les ateliers
du son d' OJge.
de foulon. Ou latin opificin,, de opus.
œuvre, devenue officin•. atelier. La recoupe, son provenant de la mou-
ture de gros gruauK garde parfois le
La trémie du moulin, Tr,meur I t... L nom lrança11 avec, bien sur, tlllsion
,,.♦ :•J. Tr,mour ftll(_n,u:~ J que l'on du E, Rcoupe \ Aku,t mais elle se dési•
trouve en vieuK français comme tremuie gne également par le mot Recat 1.:ru L1
(XIII•) est issu du latin trimodium vase Qui est issu du latin recipere, recueimr.
contenant la valeur de troll muids. Celle que l'on utilisait pour saupoudrer
Quand au blutoir. instrument qui sépare les corbeilles avant d'y déposer la pite
la farine du son, c'est le Beurtio [ b ♦: afin que celle-ci n'y colle pas était le
11.t.Jo] ou Beultio [b4:lt.jo 1, En vieuK repasson IRap .. 5 3 J ou rpeasln
français on trouve bufataf, blutoir et [Clp«sJ] par élision du E et contusion
bulatar (lin XII• Livre des Rois), bluter. des nasales ultimes. C'est l'ancien repais-
Il s'agit d'un mot d'origine germanique, semant (1150 • Roman de Thèbes) ,
biutal, ou moyen néerlandais, buitalen nourriture, de repaistra (fin XII•) du latin
que l'on retrouve en allemand moderne pascere, nourm.
B•utal, blutoir.
Le charretier du moulin s'appelle le S1 le dialecte est une langue brève,
Porte-colff {po111.tk~l•:J. C"est en c'est auHt une langue précise selon ses
ellet celui qui porte les sacs sur son cou. besoins car le pousson I puj~ J est la
Au moyen-Age une colla (1170.Chrétien recoupe cons111uéepar le petit grain issu
de Troyes) est une charge qui se place du tarare et écrasé pour la nourriture des
sur le cou, coffum en latin. Quand au animauK le vitux français paisson (1245)
verbe porter il est interessant de noter avait le mèmo sens de nourriture du bétail
qu'il n·a pas varié depuis mille ans(980, du latin pascere, nourrir.
Passion), latin portare. Le garçon meunier Le terme français remoulage est égale-
est un B1-l'lne p,..-11111:nlou Bai-l'lne ment utilisé aujourd'hui.
(bihr:ril. A priori on pense il celui qui
bat l'lne pour le faire avancer. En ce cas
il faudrait utiliser l'orthographe française
onLo~ue 11 ~~~■rs&Ï~~~~~I le~u co;~=~~9.'; @
Blt-l'Ane. Cependant ce garçon est un ( fj ♦ :tt•J. J'o fleuré mes caibai• dvant
sef\"ant or nous savons qu'en vieux Iran• d'peurti, (•i s,upoudri mes cOJbeilles 13-Ci
11v11ntd11oétrir. C'est l'expression française tiges Que l'on récoltait au printemps lors
fleurage, du latm floris, fleur. de la taille des vignes. du grec phakelos
signifiant fagot. Quand aux cotons
Parm1s les vermmes QUI envahissent l 1<?tl] se sont les menues brindilles
la farine et ... le pain on rencontre une Que l'on récolte dans ces mêmes vignes.
blatte noire QUi en dialecte porte le même Le vieux français coite (XIU•), de cue/dre
nom QUe la sarcelle. une morêle J,..>1ott,lj. (XIII• ménestrel de Reims), latin colligere
Morel (1138. St Gilles) signifiait brun avait le sens de cueillette.
latm médiéval Maurus. maure. du latin
populaire morellus, brun. Ce vieux mot L'outillage du boulanger reste assez
se retrouve de nos jours, accaparé par primitif et chacun peut le confectionner
l'Eglise, pour désigner Sainte-Maure, ou le faire réaliser par l'artisan du village.
la Vierge noire de nos aieux, dont un vil- Pour " pousser le feu " dans le four on
lage de l'Aube garde le nom. utilise une fourche de bois à long manche,
ta fourché l 1Vt1.je 1- Au moven-11ge la
Pétrir se dit Peurti [ o ♦ Rt•·~. Preutir fourche des veneurs était une lorchié
(pR4i,ti.._ }. Le vieux français pester venait (1160. Eneas), latin lurcillH. C~t outil
du latin pistare pour pins11re, broyer. Ce prend parfois le nom de fergon lftll.931
verbe se retrouve dans les axiomes Qui par assimilation avec le fourgon, ce rin-
peutrlt tard, va au four tard, Quand gard de fer qui sert à attiser et remuer les
an ai peurti, i faut enfonhner. Quand braises dans le four. Ce dernier outil QUe
on a pétri, il faut enfourner, éQuivalent l'on désigne selon les villages comme
de" Quand le vin est tiré, il faut le boire". était un feurgon [f~:1o193 1, feurga
L'autre signifiant de pétrir, peut-être plus [f0(,11.9« 1, furga lfy<1.9oil, ou (avec suf-
ancien, pltoner [ J trouve son fixe diminutif) un feurguillo [14':Rgij:, 1
origine dans le vieux français paste (XII•) et Qui servait à feurgoner [f,t,:11.9:,ne 1,
patée, venue du grec pesti, sauce de feurgiller lft:1:r.3ije 1, tire son nom
farine par l'intermédiaire du latin peste. de l'ancien furgier (1250. Roman de
pite de farine. Renard), fouiller, du latin turicare. fureter
de fur, voleur.
Selon sa Qualit,. ou sa mauvaise Qua-
lité , la pite portait différents Qualificatifs. Avant Que d'v menre le pain. 11 faut
Sien levée, elle est v61e [ v~;I 1- sans vider le four avec un rouable, le rouêl
doute du vieux français vols, latin popu- IRUtl 1, rouile 111.ui:I]. rOle 11:1.0:1 1,
laire volsus, en forme de voûte. S1 elle rvOle [llvo:J I QUI sert à rOler jRo:le J
était trop levée, elle était dite rjonflée le four. Tous ces mots dérivent de roable
ou rjonfih IAJ,3:fje 1 (1246), lalm rutabufum, fourgon de bou-
[1t35:fle_[
(par dissimilation i/1). Ce mot est cons- langer. la vélaire qui apparait dans rvOle
titué du radical enfler avec nasalisation tient vraisemblablement à ce Que dans
in/on (latm, inf/11,e) auQuel s'est adjoint de nombreux villages les anciens par•
le préfixe intensif Re laient " entre leurs dents ", c'est à dire
en ouvrant très peu la bouche. On d1sa1t
La Brafour I bRq-fu11:1 semble bien
d'un individu mal lavé I ost frais corn
être la contraction de la (cham) bre-à-four eun rouile.
Qu'elle désigne. Cependant on peut aussi.
en décomposant le mot, suggérer Bra, Le rago ('tcr90:J. c'est le balai QUI
vieux français braser, embraser. du Hl permet de parfaire le nettoyage du four.
Allemand Brasa, feu et tour, chambre Il dérive par gutturalisation de racoillir
d'air chaud. La Bralour pourrait êtle alors (XII•), rê'ssembler du latin colligera, cueillir
la " chambre du feu "7 Avec cet outil on pouvait ecviller le1<.vlj• I
ou ecvèler lotkv,Ele 1, contraction du
Le four lui-même est un foui I fo:i J français écouvillon de escover (Xll•).lat1n
sans doute forme contractée du français scopa, balai
fournil, l'ancien /ornie,. du latin /urnus.
four. Sous ce tour se trouve un réduit LorsQue le boulangeu, prononc1at1on
dans leQuel on verse tes cendres et les fautive de boulanger par confusion avec
braises incandescentes, la fournaise " boulangeur " se préparait à mettre à
l•fo11.nz.:i.Jdu vieux français !ornais, latin c.uire, il devenait l'enfourneu, entour·
fornacis, encore appelée par adjonction neur, avec éÎTiion du R !mal. Ces deux
d'un diminutif français tournette termes on d'ailleurs tou1ours été ut1hsés
lfuRn ltl . Mais le terme le plus carac- conjointement puisQu'au moyen-age
téristique semble être Bournate [~ur:tn1:t J ciéjà, fomier el bofenger (XII•) étaient
du celtiQue born, trou, avec suffixe dimi- synonvmes.
nutif local ate. Celle origine le rappro- La cuisson emprunte son vocabulaire.
cherait du français borgne. cueure [k ♦ ,RI, cuire, cueute lk ♦ :t 1-
Les raims I R[J sont les petits rameaux cueutj [ k ♦: tj ],fournée, au vieux fran-
servant d'allume-feu. Ce mot a lut aussi çais cœu. cuisinier, latin coquere,cu ra. dont
franchi mille ans (980, Passion) sans te français à fait le maitre-queux et l'an-
transformation. Rahmsin [R.am~[J dé- glais cook. Il faut noter également Qu'une
signants les fagots de perches entières cuisson de porcelaine s'appelle en fran-
tire sans doute son origine de ramoison çais une cuite. La transcription cueutj
(1323), latin ramus, rameus, branche. nous a posé un problème. Il s'agit de la
Les Fagu6tes Ifatt.tl sont les grosses prononciation particulière de l'ultime syl•
labe qui se reuouve également dans pôtj tass~ On le d1sa1t aussi tahen lt•êfl et
1 1, porte, et qui est la contraction tata I tah.j par répé1111on familière de
du suffixe ie,. Ainsi portail, portier (1170) la p,em1è,e syllabe. En 1ou1 état de cause
est devenu pôtj et cuite, cuitée (1248). ce n'était que du pain doulvé jdulve 1.
cuitiée est devenu cœutj. " Faute de mal levé Cet ad1ect1f est constitué à partir
mieux " nous avons donc utilisé le J pho- de dolir (X•). taire mal. latin dolus et de
nétique pour définir cette prononciation lever (980). latin levare, lever. S'il était
spécifique (7). vraiment s1 mal fait qu'il était compact
et quasi immangeable. c'était de la galie
La fournée est parfois appellée fonhnée l9•1i:). du vieux français gal (X!I•)
1f5,11•: 1 par nasalisation de forn (1080. déformation du celtique cal. cailloux.
Chanson de Roland) mais aussi sesse
IJt.t ]. Nous pensons qu'il s'agit là de Heureusement. l'on s'a11a1t aussi fai,e
l'emploi du vieux sez (1180. Roman du pain tenre I eai,it 1, vieux mot français
d'Alexandre), la suffisance, ce qui suffit, du Xl• siècle né du latin tene,. 1end1e.
conuact1on du latin satis d'ou dérive le Il pouvait même être parfois un peu molicar
français assez. l.,.~Jikditl, en vieux franca1s mol11nc. de
mol (1160). du latin mollem, mou.
lorsque la température baisse on dit
que le four va refroidir [lll,.~qwdd;,i;[, Bien entendu 11 é1a1t de bon ton de ne
rafrôdir f 1t,..f.r~:di11 1, prononciation fa11e que du pain bianc Ip,Z bjü 1, c'est
fautive de refroidir. à dire do pur froment. A noter que la dissi-
A Bouilly (10) était restée l'expres- mulation 1 1 qui n'apparait pas dans les
sion assurer à cuire qui consis1ait à textes du moyen-Age, blanc (1080 Chan-
retenir son tour pour cuire, le lendemain son de Roland) du ln;nc1que blank, bril-
au four banal. lant se re1rou11e dans l'italien moderne
bumco. Toutefois les familles moins aisées
Les bannetons. dits panntons f P,.l'lt:lj se fourn1ssa1ent en farine de froment
sans doute par homophonie avec pain m11é de seigle et fabriquaient le pain
s'appelaient également calbais l!ct.b~J. de méteil lmetLj j mesteil (XIII•) du
corbeille, en vieux français cabas (1327) !atm mistdlum, mlxrus, mélang!t.
du provençal cabas, ou picotin [pik:>ti 1
lorsqu'il s'agisait de la corbeille en forme lorsque, en cours de cuisson. une
de U destinée au dernier pain de la fournée. boule de pam en touchait une autre la
Peut-être y a t-il là une comparaison partie con101nte, après séparauon formait
avec la mesure d'avoine de 2,5 litres ... une bai sure Ibp:yA: 1, du vieux fiançais
qui nous échappe ? baisir (X•, Roman de la Aose). latin basiare
embrasser sur la bouche. C'était égale-
Pour les pe111sustensiles encore utilisés ment l'embouchure lcibu/yR ]. vieux
citons la raclote [A.111k'l~:ll ou raquiote français boche (XI•), latin bucca, bouche
j'2«kjotl, raclette qui servait pour gratter avec préfixe inchoactif EM. A noter, que
la maie. Pour mémoire rappelons que le la même défin,11on se rapporte aussi à
suffixe diminutif courant dans nos régions la gueule du four appellée embouchoir
est OT, OTE et que le second terme pro- l~bvJ..uaj
vient de la dissimilation i/J également
Entunhmer l.;tœ"'el, entame,, entunh-
très fréquente. Le pno f,11, 1 est une
mon l«tii."' 3 1- entame. sont les équi-
b:tlayette constituée d'une aile d'oie ou valents du français entamer, latin intaminare
de dindon, du vieux français penon, pene souiller. avec nasahsat1on de la pénul-
(XI•) du latm penna, plume. Le Pale à maie
tième.
qui est l'autre nom de cet instrument
destiné eu brossage des miches et au Etaîlner ieti,.lrie 1, enlever un morceau
nettoyage de la mare pourrait être sim- de croûte de la miche,c'est littéralement
plement la pelle de la maie, en vieux " oter le talon ". latin talus avec le pré-
français pale (XI•). latin pala. fü:e privatif E, de même écroûtner
l•k~utni:]. " oter le crouton ", vieux
Il peut arnver que la fournée ne so11
français crostele (1160) du latin cfllsta.
pas réuss,e. Lorsque la chauffe du four
croûte.
a é1é mal conduite, le pam 1es1e p5teux
On dit alo,s que la miche va lare la cueure Le morceau de pain. chicon [Jik5 1
lf..,1~ k4':-. 1, tare la cueusse ou chiclo [filflo I semble plus d1ff1cite
ff•• la 1c4':s 1, que c'est le pain de lai à définir. S1 l'on adme1 qu'il s'agit d"un
cueure J ltk4":ill 1, que la miche est morceau brisé on peut le rapprocher de
cueureuse 1~ ♦ ot<Pa 1, cueurseuse chico 1J,'ko] qui es! le s1gnif1ant de la
lk. ♦ 1u ♦ :1 1 tous ces quallf1ca11fs sont souche d'arbre brisé et de la dent usée
sans doute dé,1vés de cureure (1350) et cariée dont l'etymolog1e pourrait êtro
issu du latin curare mais avec le sens le grec klêros, morceau de bors de k/a6,
totalement opposé de saleté, ordu,e (la briser. Mais on peut aussi penser qu'il
cune (1270) était le s1gmf1ant de maladie ne s'agit que d'un morceau de peu de
repoussante. au moyen-Age) S1 le pam valeur. Ceci pourra1t amener à supposer
1
av311 été confectionné avec un'J pAte
mat levée. ,1 était tassu I t:111,y 1-du vieux ~~~~ai~ ~~:le c(~fi!ts~~1n av;ccclé:ias;:~~= @
1,ança1s tasse (XIII•) d'origine francique sic/us, nom donné à la petite monnaie
tass. tas. Mot qui a donné le français 1u1ve, cheqel?
Les miettes de pain, miates l"'j•t 1, de coingetll (1306), coing (1160) du
miotes ["'j:,t I sont des dérivés du vieux latin cuneum, coin.
français miete (XII•) d1mmu11f de mie, Los boulangers lab11qua1oni spécialement
latm mica, parcelle L'action de meure Je moto ["'olo I à Auzon (10). Ce pellt
en miettes, amiéter l<11•ütte J, émioter pain rond d'une livre !Ife son nom de mol
le"'j :,te 1, correspond à la même racine. (XII•) du latin mo//em, mou. A Chiions
avec p,éfuce p11va11fE Emiolar lc"'j:,le J ils confect1onna1ent des patlchons rec-
émiouler l•"'julej on1 sans doute été langùla11es et moulés, en vIeuK hança1s
formé à partir de lm1ote, et de mol, mou pastis (XIV•) glteau, ta11n populaire
mollet. past1c1um, plié. Le cartier ou carquier
Ln tar!me de pam est une fachie I f•fi: J était un pain grossier d6stiné à la confec-
vIeUK français laisse (1190), du latin 1Ion dt la soupe. C'est le vIeuK cartel,
quarte/ (1285), de quart (1080), la11n
!11Sc1a,bande. Lorsqu'elle sert .. d'assiette "
c"est une rôtie !R.O:ti: J du germanique quartum qui pourrait provenir de la compa-
,ôst, rôlir, sans doute parce qu'en certames raison avec la mesure à blé, le quarte/
occasions on la la1sa11 d'abord griller (XIII•). Avec ce pain on taisait la mitonade
lmil::,"~:d 1, panade, en vIeuK français
pour qu'elle résiste mreuK auK sauces.
miton (XIII•), mie de pam dérwé méta-
Le pam de ménage e1 le pain de bou- phorique du latin miris. de saveur douce.
langer se présentent sous divers aspects, La trempée [tQ.ii:~: 1 est une soupe
tant en formes qu'en poids et qualités. de pain trempé dans du vin sucré. trempis
La boule I bul ], qui a donné son nom (1350), lavage, du la!m temptuare mélan-
ger. La miolée jmJ:,:1c-: l semblable
au boulanger, en vIeuK français bole (1250).
latm bulla vient de la racme indo-euro- à la trempée se fait mdifféremment avec
du vin ou du lait ho1d (cl : émioler).
péenne BHU, enflés
Le bracelet, [ bA;.;islt], le collier Voyons. main1enan1 les p11tisseries et
1c.:,je] est I'6quivalent de notre moderne autres gourmandises traditionnelles et ri-
tuelles. les gltios !9«:tjo I ou, avec
" couronne de pain ". [ 911c;t.•]
une nuance d'1ron1e les gltés
La miche Imij I est une autre dési- .. C'at dou gité d Saint Miché
gnation de la boule déJà usitée au xI11e s Qui ni ai ni beura ni sé 1 "
et dérivée du latm popula11e micca, parcelle.
Lorsque celle-ci é1att de petite dimension, " C'est du glteau de Saint Michel
préparée spécialement, ou selon une re- Dans lequel on ne met ni beurre ni sel " 1
cette parllcullère. on accolait au radical, Nos anciens devaient être de fameux
un sufflKe d1m1nut1f pour obtenir un si- gourmands car le vteUK français gHt4
gn1f1ant plus personnal1Sé : (1180), gastel (XII•). du francique Wastil,
noumture a la même orIgme que le grec
Michot l..,i/o J. pellle miche que l'on gaster, ventre, d'ou le français gastronome
re111e avant la tournée et le patronyme Garelle,. Gastelier, pl11ss1er
Michote [ffl•/:it 1, mterméd1aire entre La gate en boulie [,pl~buli: ],
la miche et le michol c'esl aussi un glteau galette en boulie (,µl,t.t&buli'.[ est
(de pite sèche). rond, cuit avec le pain. une tarte à la cràme que l'on appelle égale-
Michoto [l"'li]olo 1, galette de pite ment flan I fti] 01 galette gatiche
à pain et du fromage frais dorée à l'œul.
!9~1lt9aliJ 1, Les deuK premiers signi-
fiants sont constitués de gal (XII•). gut1u-
Michon j ...iJ5 J,res1ant de pite modelé ralisat1on du celtique cal, pierre el de bolie
en boule qui servait de" témoin " de cuis- (XII•), de bolir (1080), latin bu/lire, bouil-
son. lir. L'adjectif galiche pourrait être le
Michàte [..,iJLt: J, pem pain fusiforme vieuK galesche du latin populaire gallisea.
d1swbué au 14 Juillet. gauloise, ce qui donnerait des lettres
d'ancienneté à notre trad111onnel flan. du
Michàte l..,i/att 1, nom du pain frais francique flado, plat (cl llam1che). Le
sor1ant du four. flanet l•fl.a"L I est un petit flan.
" S'is sont riches. is mainjront d lai Cene tarte à la crème se nomme aussi
miche. Nous j sons richot, j mainjrons
dou mîchot " !~~;!~ 0
enll~l~~jo {tu-.:~t.t;te1 ni:u~~~~
S'ils sont uches, 1/s mangeront de la français tortel (XII•), latm tortum, torguere,
miche Moi ,e suis plutôt pauvre et ;e 1ord1e
mangerai du michot Les tartes auK fruits sont des pltés
La Flamiche [H~miJ] était un carré en prunes IP<tle,ip~yn/ (cf pallchon)
de pite que les enfan1S conlec11onna1ent ou des englois l;.gI-1. de eng/otir
et la1sa1ent cuire, sur une feuille de papier, (XI•), du latm populaire ingluttire, avaler
à l'entrée du fou, Le préf1Ke fla mdIque de ingluviem. glouton.
l'aspect aplati, en vieuK français //ache Le grillon [ gitij5 1 est une ga1eue au
(XII•) du laun 1/accum, flasque, francique sucre et au beurre dont l'étymologie se
flado, plat retrouve dans gra1llie, (1180), la!m
L'ls Canotes I k,in:>t[ ou coniotes craticula1t1, griller et dans g,4sillie, (XII•)
1k:>j\-:.itI é1111entdes petits pams longs, du francique grisilôn, grésil.
la ferlade [ .ft1tla"'I est une galette Les friandises d'autrefois étaient prm-
à l'huile et au cerfeuil haché. Peut-être cipalement cons1itu'8s par des fruits
est;ce ~ne déformation de la frioleté (XII.•) séchés au four que les enfants appellaient
pllusser1e, de frioler (XIII•) dérivé de fme des bonbons et que les adultes leurs
(1190), latin frigere. jetaient en guise de dragées. Il faut noter
(cf gale) que ce mot devenu français , utilise le
la gale an huile [ga\oi,..yil]
redoublement de la syllabe qui est une
était fane d'une pllte à pam arrosée d'huile des plus anciennes formes de superlatif.
et saupoudrée de sucre.
les guignotes [9i,.._:,t[. guégnotes
Cette galette se nomme également
pafourni /p.furni l9~J\,t]. guingnotes l9(J1,,t[, sont des
pafourne fpafutt'lj, 1
I p• b:n J. parfo,..e I P'"''lf,:,.. J, cerises séchées au four. des guignes.
pafone
[p.tlfuR.], c'est à dire •• pelle var1étée de cerises douces à longue queue.
palfour
à four·• (cl pale) soit en raison de sa forme les peurnios IP.:W:llj'lo 1, prunhnios
ronde, so,t parcequ'on la travaillait sur [PrÏJI-O 1. prunios I P"YJ'I.O [. corres-
la pelle avant de l'enfourner pondent à différentes prononciations fau-
tives de pruneau de même que quache
les gâteaux à la graisse de porc et au
lard sont des cocluches Ik,ldyJ I ou fl•w•JI pour quetche et rein'Glaude
[k,kb/l sans doute dérivés
[rl", lo, d I pour reine-Claud6. On disait
cocloche d'un 1nd1vidu dont la peau était sombre
de coleis (XII•) fondu. latm codare filtrer (de bronzage ou ... de crasse 1) qu'il était:
et de coche (XIII•). tru,e, cochon d'origme
celtique. bian corn eun prunio laivé
blanc comme un pruneau lavé 1
la galette de saindoux, dourdon
j,:,lu,;nlil. ou dondaine [,Bdl.n/ ou les daguêles l°''""!t.l ]. daghnêles
dondainhne ]d;df:nl a peu1-être été [d~snt.t I sont des pommes ou des poires
con~htuée à partir de donée (XIII•). séchées en entier ou coupées en lamelles.
d1s1rrbut1on et dainier (XII•). fr1and1se, En dialecte daguer [ol.t9el a le sens
latm dignitarum, honneur. De ce mot d'assoiffer. On dit qu'un chien dague
ont été créées les onomatopées nain-nain lorsqu'il a longuement couru et que sa
[,..(: "L J. gâteaux aux grêlons, nan-nan langue pend. Ce mot peut avoir été formé
loîi:ni. 1, nanan [n,ar,;.. j, friandises. par le préfixe d1sjonct1f de et ague, aigue
(XII•), racme mdo,européenne AKW.eau
La galette laite à partir des résidus de donnant le sens " privé d'eau ... séché
lard fondu est une galette de grêlons
['3'"'![td1Rll3 j (cf grillon). une galette Les poires séchées s'appellent égale-
de c.ha1llons [9'1ttdJoi:j5) du vieux ment par ass1mila11on des oreilles-de-
(rança1s chaillo (1164. Chrétien de Troves) chat.
issu du gaulois caliavo, caillou. l'oubh
de ce sens fa,t qu'auiourd'hur on entend JI existe. nous l'avons vu. des mets
parfois dire .. galettes de carto,.. •• muels dont le pam esl l'élément essentiel.
les enfan1S appellent auss, ce gâteau un A1ns1 en est-1I du pain bnint 1Pib"il,
toto [toto 1 pain mnint IPi"'"Î 1, pam bénit, le
Les coniotes [ lo]\,t 1, cornistes latm bénédicere s1gn1f1e.. dire du bien "
[k,'1:J',.lt I sont des pommes cuites au A noter que l'eau bénite est de l'eau bnintj
four dans une enveloppe de pâte tandis [ob"lt:JJ
que les cornins [111,ani, 1 sont des chaus- le carré de mousselme ou de linge lm,
sons aux pommes. Tous ces noms dénvent pilé en pomte t.1 µosé sur le bras droit de
de cornier (XII•), corn (1080) latin cornum, la 1eune fille qui d1s1r1buai1le pain bénit
corne. à l'église é1a11le doublo [cl ,Jblo 1, sans
les pommes entourées de pâte et cuites doute parce que plié en deux ou le couvre-
chait [kuv11.<i>JL[. Cette dénomination
au four sont également appelées rabotes vieux français
pourrait venir de couvr,,, en
I1:t.•b,tf. Ce mot est constitué du p,éfixe
mchoact1f RA et de bot (XII•), outre, dont covm (1080). latin coope,ire et de chait,
la racme mdo-européenne BUTT signif1a1t homologue du provençal chato, jeune
tonneau. En vieux français rabot, abot frlle, sans doute du latin castus, chaste.
(1220) a lo sens de nam. Le français nabot
pourrait être dô à l'aphérèse de l'article Le morceau de pain bénit que l'on trans-
celte an qu, aurait formé an abot < un met à son successeur est le chantio
nabo1, celui qui devient comme une petite [J.;t_i:ij. chanteau. de chant. latin canthum
outre. bord. Sans doute avec une nuance d'rron1e
on d1sa1t aussi le croûton [kctu:t;i et
Certaines galettes de samdoux se nom- JkR)'~O1. mots dérivés de
le crusson
ment des gomichons [1:>"''131. Ce nom croûte (cf. écroutner)
pourrait provenir du vieux français godmine
(1220), bonne chère dont la racine se le carquelin [k.tnk41î:J. carclin
retrouve dans le celte gaud. le latin gaudium 1l<dllkll l. était une sorte d'échaudé ou
et le grec géth6. joie, et auquel on aurait de croIssan1 que l'on offrait parfois aux
adjoint le suffixe d1mmut1f chon. le enfants le Jour des rameaux. Au moyen-
gomichon était également un pain spé-
cial auquel on ajoutait du beurre et des ~ge~rla~~aiscraqc~:::1ine~
126
it~itd~fl:r~.ve;~ @
fruits à Ailleville. Normandie. à Noel
[tiiflLt. 1 sont des pâtis- eoingneu [K-ir, ♦ j. eongneu [k~.r ♦ 1,
Les niflêtes
cuégneu lk•> ♦I, cuigneu lkyip ♦ J.
series que l'on offre à la Toussamt au)(
enfants. Ce mot vient du vîeu)( français Compte-tenu de ce que nous pouvons
ni/Ier (XII• Dialogue de St Grégoire) qui savoir de cette tradition qui ne se fait
sign1f1ait flairer. sentir. Notons qu'à qu'en famille, nous pensons qu'il s'agit
Marseille on offrait à la Chandeleur des d'une offrande à caractère très ancien,
navettes qui ont peut-être la même origme. sans doute pré-chrétienne. Nous la ,atta-
De toutes ces pAtisseries rituelles, la cherions volontier à l'offrande initiatique
plus intéressante, persistant de nos jours qui dans les temps anciens liait l'mitié
notamment à Mont1er-en-Oer (52), est à son père adoptif. Offrande qui aurait
sans doute le cugneu que l'on s'offre été par la suite renouvelée entre parrain
en famille à Noel. ou à Piques. Cette et filleul. Ceci explique pourquoi nous
croyons que rc1ymologIe de ce mot
coutume se retrouve dans tout le nord
de la France, à Valenciennes. les QufJfliolles est è rechercher è p,1r11r<le la racine indo-
à Cambrais, les cuignots ou cuignoles, européenne GEN, naitre qui a donné,
à Arras, les queugnots. successivement en sanskm jânah, race.
grec, genos, race, latm, genere, congener,
En Champagne on parle de eogno et cognatio, parenté.
!l=~J'o ], eognote ["''J''t [, cogna [klJ'~I
[KlJ' ♦: ]. cognet l"lJ'f.l, Gilbert ROY.
eogneu
Il y a quelque cinquante ans, it y avait
à Esnoms un vieux berger qui, sous des BEL EN CHE
allures tout à fait rudes, cachait un for1
bon sens et l'une de ces verves spiri-
tuelles qui ne sont pas rares dans nos LE CURE D'ESNOMS
campagnes. Spirituel, Il devait le rester
jusqu'à sa dernière heure et d'une ma- EN ENFER
nière assez curieuse.
Il avait eu une attaque au milieu des
champs. Ramené à son logis, il était resté
sans connaissance. Celle-cl retrouvée. son me voyant vnin œuvre teute grande li pote
état demeura très grave ; le brave curé et peu è s'met en travers pou qu·nun ne
d'Esnoms s'empressa de venir offrir son peuille sotl.
ministère au malade. Evidemment. il en - Tu vôs, qu'è m'dit, y al pu ren qu'ène
avait quelque peu besoin. Il avait p~ssé piaice icin. Ça pou te curé d'Anons, refous
toute sa vie au milieu des champs, ton camp su lai terre"·
conduisant fidèlement son troupeau de Le brave curé dut bien sourire. Il n'en
moutons, sans trop élever son esprit vers remplit pas moins son ministère auprès
le Seigneur dont il prononçait pourtant du moribond qui partit cette lois pour ne
souvent - trop souvent - le nom. Au plus revenir. Sans doute aura-t-il pu trou-
demeurant, c'était un brave homme qui ver, là-haut, place. Et sa reconnaissance
n'aurait pas voulu partir sans "graisser en trouver une autre à son bienfaiteur de
ses bottes ... Il crut pourtant devoir oppo• dernière heure. Ch. Donot.
ser de la résistance aux propositions du
curé qui, pour se donner une entrée, avait Traduction littérale de ce texte patoisé.
entamé les pourparlers de la façon sui- - Eh bien I je m'en vais vous le dire,
vante : Monsieur le Curé, puisque vous voulez le
- Voyons, mon brave, Il parait que savoir. Je vous dirai pourquoi Je suis
vous avez été dans l'autre monde. Puis- revenu sur fa terre. J'étais mort. Je m'en
que vous en êtes revenu, racontez-nous suis donc allé au paradis, trouver saint
donc ce que vous avez vu là-haut ? Pierre. Je lui ai dit, en arrivant : " Ouvre•
- Eh bé. i m'en vais vous le dire, moi fa porte saint Pierre, fai été bien
Monsieur le Curé, puisque vous vlez le sage toute ma vie, je n'ai jamais fait da
saivo. 1 vous dlrôs pouqué qu'je seus mal à personne ... If s'est mis à ouvrir de
revnun sur lai terre. J'alvôs meuri. 1 m'en gros yeux. fi a mis ses grosses lunettes.
seus don ennalé en pairaidis treuver saint Il me regardait de haut en bas en fron-
Pierre. J'y al dit en airivant : "Œuvre mé çant les sourcils. Quand Il a bien eu
lai pote, saint Pierre Je seus za bé sage regardé sur te gros livre, il a entrouvert
teute mai vie, je n'ai Jaime la de mau al la porte du paradis. Je me dépêchais de
nun ... m'approcher pour y entrer. Mon Dieu, que
E s'est min ai œuvri de gros eiyes. El c'était beau et comme if y avait de /'agi•
ai min ses grosses lugnates. E me regar- talion (comme ça y remuait). Mais vol/à
dot teut du long en fronçant ses sourcils. qu'il ferme fa porte et puis qu'il me dit :
Quand el al bé zeu regadé su l'gros llvre, .. Pas de place pour toi, ici. Fous moi la
el ai enteuvri lai pote du pairaldls. Je me camp au purgatoire, ..
dép0chôs déjé de m'épreucher pour y Je m'en suis allé en purgatoire. ,. On ma
entrer. Mon Dieu ! que c'étôt bê et comme laissera bien entrer ici .., que Je me disais.
ça y rmungn0t. Je frappe à la porte. // y a un grand ange
Ma, vlà qu'è home lai pote et peu qu'è qui vient m'ouvrir. Ça remuait et puis ça
me dit : faisait chaud, ta/fait voir. J'allais entrer
- Pu d'piaice pou to lcin. Fous mé mais voilà qu'il m'arrête. .. C'est plein,
l'camp en purgatoire ... plus de place pour toi ici, tous ton camp
1 m'en seus ennalé en purgatoire. On en enfer ...
me lacherai bèn entrer lcin, que je me Je n'étais guère à l'aise, mais Il fallait
disôs. 1 frappe ai lai pote. N'y ai ein bien tout de même y a/fer. Je sentais
grant'ange qu'vient m'euvrl. Ça y rmun- déjà mes jambes qui brD/alent. Il y avait
gnôt, et peu ça fasOt chaud, follôt vô 1 une grande porte verrouillée, avec des
J'ail1ôs entrer mê vlà qu'è m'arrête • gonds gros comme des chênes. Il y avait
" C'al pieun, pu d'piaice pou to icin, fous un grand diable qui était perché dessus
ton camp en enfer." et puis qui remuait le feu avec un grand
1 n'ét0s guare ase. Mê, follôt bé teut tisonnier. Ah 1 /allait voir comma ça y
d'même y olé. 1 sentôs déjai mes grèves gueulait l J'avais bien peur, mais ça n'était
que bre0laint. Y aivôt ène grande pote pas de ma faute puisqu'il n'y avait plus
verroullléé aiveu des gonds gros comme de place à côté. Le diable, en me voyant
des chênes. N'y aivôt eln grand dlaile qui venir, ouvre toute grande fa porte et puis
étôt parché pa-védsu et peu que rmungnôt se met en travers pour que personne ne
le fa d'aiveu un grand fregon. Ah, folio
vô comme ça y règueulôt. J'alvals bé pa. !"~j~!
rj~~ti~u•::: p~~~s~
i~t /~~:'p~~,n;~
curé d'Enoms ; refous ton camp sur la
@
Ma c'nètôt pas de mai faute pusqu'n'y
aivôt pu d'piaice ai co0té. Le diaile en terre.,.
LA PUBLICIT~EN 1900
Suite du numéro 62

LE PHONOGRAPHE de !'Almanach du Petit Troyen ne devait


guère savoir de c;uol JI s'agissait, le pre-
Nous entrons carrément dans l'ère mier film, • la sortie des ouvriers des
de la science. usines lumière • ayant été présenté li
Paris comme une attraction foraine dans
Le phonographe, imaginé en rêve par la salle d'un café quatre ans seulement
certains, et depuis longtemps, puisque auparavant, le 28 décembre 1895.
dans ses œU\lrH l'écrlvain Cyrano de
Bergerac le décrivait déjà sous louis Peut-être tes spectacles forains de
XIII, - réalisé sous la forme d'un proto- Méliès furent-lis donnés à Troyes : Il
type maladroit et incomplet mals génlal serait Intéressant de le rechercher et
par le poète français Charles Cros en de faire une étude sur les débuts du
1877 sous le nom de paléophone, fut cinéma dans notre ville. Il parait douteux
créé sous sa forme pratique, lndustrlel- qu'en 1900 des films aient déjà ét6
le et commerciale par l'amérlcaln Edison présentés, car si Méliès le génlal pr6-
en 1878. curseur a tourné un certain nombre de
petits films de 1895 à 1900, c'est en
Comme notre magnétophone, il était 1902 que ,de façon d'ailleurs toujours
à ta fols enregistreur et reproducteur. artisanale, il réalisa son premier grand
On pouvait parler devant lul et s'écouter succès, le célèbre •Voyage dans la tune•.
ensuite. Ce n'est qu'en 1900 que Path6 cr6a la
L'enregistreur se composait de trois première maison de production de films.
parties : une feuille tendue, très sensl- Nous sommes à la naissance du cinéma,
ble, nommée diaphragme, que tout son et à Troyes vralsemblablement seule-
faisait vibrer. -une aiguille d'ivoire fixée ment par un mot sur un prospectus.
1
:~r~i9':l;ueneduc:~~~~r•Jem:ir;: ~~·uC: :~:~
vement d'horlogerie faisait tourner. LES LUNffiES
le diaphragme et son stylet avançaient: la modeste réclame de Gaston Balth•
la pointe traçait sur le cylindre tournant sar, ocularlste-optlclen, rue Emlle-Zola
un sillon correspondant aux vibrations (alors rue Notre-Dame). mérite qu'on s'y
causées par les sons de la voix de la arrAte quelque peu.
personne qui parlait ou chantait. Un marchand de lunettes. c;ul vend
Le reproducteur comprenait aussi des lunettes et des pince-nez, et qui ae
trois parties : un pavillon : - un dia• rend à domlclle sur demande, est certai-
phragme tendu à la base du pavillon : nement en 1900 un fournisseur d'objets
1 1 de luxe.
du d1~eh~~!~e.'~i~~ ~ad;1~ ;: .~~t i1it1~~ Quand les lunettes devinrent-elles d'un
ment Farainure enregistrée, et fait ainsi usage courant 1
vibrer son diaphragme de façon identl• Très tard. Pas avant le 19" slècle. Ce
que aux vibrations de l'enregistrement. n'est que vers 1830 que les gravures
Le son est donc reproduit. nous montrent couramment des grands-
Pour avoir à sa disposition des concerts pères portant des lunettes. • Attendez
de musique ou de chant. on achetait que Je chausse mes béslcles •. disaient-
des cylindres tout préparés, qui devin- lis avant de lire.
rent plus tard des disques, et le stylet Non pas qu'on n'ait pas su en fabrl•
reproducteur fut remplacé par des algull•
quer. On en faisait et on en vendait db
les qu'on changeait à chaque audition,
le Moyen-Age, sous forme de verres
puis par un saphir. gros enchassés dans des
ronds trh
Ces quelques . expllcatrons techniques montures de corne. Mals c'était un objet
permettent de comprendre facilement très rare. Plus tard. tes bésicles se r6-
l'agencement et le fonctionnement de pandlrent un peu plus dans la bourgeoi-
l'apparell • Le Gaulois •, • phonogra- sie. Un célèbre portrait au pastel de
phe des familles •, construit par les Et&- Chardin par lul-même le montre affublé
bllssementa Pathé, lesquels construisent d'un pince-nez d'énormes verres. Sophie
également, regardez bien le titre de la Volland, l'amie de Diderot, en portait
page de réclame, des cinématographes. aussi.
Voilà la première fols que le mot appa-
rait. et Il est à gager que. sauf de rares Mals, à part quelques Intellectuels,
exceptions. les gens de l'Aube lecteurs quelques spécialistes. écrivains, artistes,
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entomologistes. ecclésiastiques, qui en glner convoqué par quelque riche Troyen,
achetait? Oui en aurait eu besoin, à apportant tout un lot de lunettes à es-
part quelques grands-mères qui, l'Aga sayer et conseillant son honorable
venant, devaient s'arrêter de coudre et client ... Peut être est-ce la signification
de ravauder faute d'y voir ? On ne savait de cette phrase mystérieuse ...
généralement pas Ure, et comme 90 % Un autre détall de la réclame de Bal-
des Français vivaient à la campagne, les thasar, et bien significatif, c'est la con-
spectacles des champs et des bois frontation du passé et de l'avenir, des
étalent suffisamment lisibles même objets qui vont disparaitre, et de ceux
pour des myopes et des presbytes. qui arrivent.
Et puis voilà que brusquement, après Le passé. c'est la lanterne magique,
que vend Gaston Balthasar, Jouet tràs
~~0:r:~l~~n;m~;e,a~:;::n;u\!a~t~~t.au 1~~ ancien, déjà évoqué sous la Révolution
lunettes devinrent article courant et dans la fable de Florian: • Le singe qul
tous purent s'en procurer. Mieux : tous montre la lanterne magique •, et pour
en voulurent ; Il y eut un vérltbale les années un peu antérieures à 1900
• boum •, une grande mode qui s'ins- par les célèbres pages da Proust où Il
taura et pénétra Jusque dans les classes évoque dans ses souvenirs d'enfance
populalres, au point que tes carlcaturls• les soirées de lanterne magique où l'on
tes et les chansonniers ralllèrent à qui
mieux mieux ce rldfcule. Témoin cette g:~:.al~e~·~~s~i~~~e:em~g~~~:~•:~nfedl:;::
petite chanson populaire, que les en- reitre.
fants serinaient d'ailleurs encore en l'avenir est représenté dans le pla-
1900. card publicitaire par les • appareils à
Quand je vola porter des lunettes photographier en tous genre ... •- Une
A des gens qui n'en ont pas besoin slmple ligne à la fin de la réclame. Pas
Je me dis : faudra qu'j'en achàte de présentation particulière, pas de dé-
Pour en faire porter à mon chien. talls. Ce n'est qu'une curiosité qui n'a
En 1900, ces excès avalent disparu. pas un grand développement, qu'on sl-
L'usage des lunettes était devenu cou- gnale pour quelques originaux qui vou-
rant, normalisé. On en achetait comme draient s'y Intéresser, mals qui reste
maintenant. quand li le fallait, après réservée aux professionnels ou à quel-
consultation du médecin, ou slmplement ques gens de lofslr fortunés qui ont du
quand avec l'Age la vue baissait et qu'on temps, de l'argent. et une certaine tour-
avait besoin de • conserves •- nure d'esprit scientifique. Tout de même,
Mals pourquoi diable M. Balthasar les appareils photographique à la portée
se rendait-li à domlclle ? On peut l'lma- de tous vont bientôt apparaitre.
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~ SACS0
L:OCATION~DE ~
sACS D'OC~AS!ON
~ ~ \<S!CS -
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à_S-On;Farine,Jé ~
~ :LC>CA:.Ti:c5N. X>El. ÈlA.G~ElS ~
~ ·P,:>ur-J;J,tlei, JJ\oilurct cf. m,,u.lu à Bourrage, ' ~
~
~ ,· :
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:rxcaz.:a:.~•-•· :n:r.a,
.-•
,
~
~

~----...-,~"-""==="""---~---,-~
LES SACS hectare que s'il y avait un lièvre dessus.
la moyenne de production française
On peut dire aussi quelques mots à était alors de 12 à 14 qx à l'hectare.
propos des sacs que vendait ou louait Celle de l'Aube était probablement Infé-
Chardon•Thfbert. rue Turenne. car sa rieure.
réclame nous donne quelques Indics•
Uons sur la vie rurale dans l'Aube en Mals, avec les méthodes modernes.
1900. H ne convient pas de s'attarder le machinisme, les engrais. les rende-
sur ce sujet. car Il est bien connu de ments dans l'Aube s'accrurent après 1a
tous. guerre de 1914 de façon considérable,
et on arriva à rattraper la moyenne
Tout de même, l'énumération donnh française. qui atteignait de 35 à 40 quin-
ici est Indicative : sacs à son, farine, taux.
blé et avoine.
Son : destiné à le nourriture des ani- Maintenant (en 1975) on nous explique
maux et particulièrement des porcs. En qu'on obtient avec des variétés étran-
1900, chaque ferme de l'Aube, on peut gères des rendements prodigieux, de
dire d'allleurs chaque ferme de France, l'ordre de 100 qx à l'ha, et Chardon-Thi-
avait son cochon, grAce auquel bien des bert, s'il était encore là. devrait multiplier
paysans miséreux pouvaient manger un ses sacs (JI est vrai qu'on livre malnt&-
peu de viande. nant en vrac) mals 0 dérision. Il s'agit
Farine: ce mot indique que les gens d'un blé dont la farine n'est pas man-
avalent leur farine dans des sacs à la geable 1
maison, donc qu'ils affalent au moulin Avoine: cette Indication montre que
et faisaient leur pain à la maison. Bien les cultivateurs de l'Aube, et sans doute
a0r, les sacs à farine pouvaient être les vignerons, travalllalent avec des
destinés plus particulièrement aux meu- chevaux.
niers et aux boulangers, mals la place
que le mot farine indique parmi les Ils n'étalent pas riches, on te volt net•
quetre denrées à ensacher, sans qu'll tement dans la présente publlclté, car
en soit séparé, qu'II s'agit aussi de la si Chardon-Thibert fabrique des sacs, JI
masse des paysans. est obllgé d'en offrir d'occasion, et mê-
Blé: le blé était à cette époque la me en location. les neufs étalent proba-
blement trop chers pour les bourses des
ressource essentielle du cultivateur.
Malheureusement. les rendements dans paysans de l'Aube. @
l'Aube étalent très faibles. On disait
qu'on ne trouvait à vendre un champ d'un J. PUISSANT. e.,.51
JASHS

• LES IIECUYES•
GROUPE TRADITIONNEL DE LA M.J.C. DE ROMILLY
A FELICITER Un pa!lt mot seulement pour exprimer noire gra-
titude • nos amis du CAFAl jCent,e Auboit de
La Groupe•• march, • tr61 tort cette ■ nn6e qui Formation au~ Activ1tts de Lo!1lr}. Quel que toit
vient de 1'6coul11r Pour 111p,11mi••• lois. tous les notre p1ob1'me photo, de reproduction ou d'ag,an-
eux r6p4,litlons. dissements pour nos uposillon,. ils ••p0nd•nt
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JOIES ET MERVEILLES unacollectiond'objtt1etd'outll1,dei>ulslaloucha
DU FOLKLORE CHAMPENOIS êtemée, la lampa Pigeon, Jusqu'au marteau et au
milltre de 10,estier, en passanl pai la porte-allumet-
sou, ce 1i1re, fUnlon du 9 octobre demler. relaie tes (toullffl) et l'anclumette de faucheur
untvt,ament impor1ent • Prenudeux doigts de
champagne, des costumH, un accordéon et de la
bonne humeur. et vous obtentz la plut joyau.a
soir" qui 90it C'tt ■lt vendr.cll soir au manoir de Pourlap1eml•relol1,!ejeunagroupetradltlonnel
Rumi!ly•"a.VaudH, t, rocc■alon de la visite de champanol1 de Thltltrain a qul11• 1e tarritol,e fr•n-
David Jacob, homologue londonien de nos ln1pec· çais pou, se rendre en Suisse
leurs et d•l6guff • l'tduc■tlon populaire Mme C't!ltalt te 26 octobre 1978.
départemental■ eri Voll•un• upérlence trtsenrlchlsnnla pour un
Mlchilll■ Andrieu~. conseillillre
•ducationpopulaireav■ ltconv1•1esgroupe1folklo• groupe rural. Noua 110mmescertains que Ht m1m-
rlque1 aubol1 à une grand■ tolrée coslumff. Dan, b111 n'oublieront pas de sitôt IH contacts Qu'ils
la m■gnlliques■ Ue duchtteau d■ Rumilly. toua les onteusavecle1a11oclalionsetlavilledeFr,bourg
poutres dt chéne ..culpt"a au~ motifs du XVI" 1i6-
cle, 1e1 amateur, de 1olklore ont trouvt!I, pour une UN PROGRAMME DE SPECTACLE
tolrée, lajoie des létH moyannagausH
C'est l'ensemble du !olklo,, aubois QUI 1't!lt■ lt Voici, Ill litre d'axemple. te programme qu'offre
don"' ,endez-~u• pour un• tolrff partlcul~rement le groupe des Ch•nevotots de Salnl·Andr•·lts-Ver-
attrayante Dames et damoiMl1H, toutes plmpanlH gers, • qui demande II participation.
tous!eu,scoitles,d1nsleur1robescolo•ff1,leur1 Prem!•re part,e: Soyoue de Neuville. Slcintl'lne
cavaller1,h1utsetller1sou1leurblouseatlaurs da Neuville. Soyot1a de Saint-Benoit Gigue marchff
costumes tr1dillonnel1, tou1 un monde joyeux, heu- de Rumilly
reux de faire rev,v,e pour l'Oulre-Manche. le MK!ul- Otu•l•me partie : Danses enfantines (jeux danMI
1antpH1é du lolk!orechampanol1. avecbtlles,corde1.alc.)
On trouvait. bien 111,. le groupa :royan • Jeune Trof11lme partie • Danses de corporations • Polka
Champagne. si raconnalssable aux hautH comes de l'Ardunon, SoyoUa de V•nd•uvre, Danu des
de set dame,, • Lou Vau Champe!gnat • (li Vallée Jardinier,, PlochadH Riceys, TambourlnenadaRa-
champenoise) venu of!rlr lei danHs de Celle1-1ur• merupt
Ource. • LH CnH dou Sol6 • (Les canards du Ouatriillme partie Danses de mariaga ; Rond1nse
toleil) des R1cay1, • Les Gaye1t11 • de Pohtol dont (Eulalie) Danses des Angulllet de VIiieneuve-au•
le nom rappelle les vignes grimpant à 1l1nc1 de Chemin. Grand'Danse de S11nt•Benoft-sur-Vanne
c6teau~. la Jeuna groupe lolklorique de La Chapelle· Chaque partie dura un quart d'heure. le groupe
seréserve ladroild•composer un programme pour
Salnt-Lucqulvienttout1ustedadopterlenompatols
de-Va,derollH•(Fauvettn)et,enrin,lts•Gullle- chaque. type - de Féte. an chol1l11an1 parmi les
mlga!t!I • de Craney, dont 1, nom. tir• du patois danse, cl-dessus toul an rHpectant le temps an-
duhautmoyen-ig1,r11tepoorlïnEtantintr1dulsible. none•.
Oe. Gigue. en• pioche•, de• mazurka• en
• soyotte ., 11 Champagne tradl!lonnelle I revécu LES TRAVAUX DES CHAMPS AUTREFOIS
avec faste dans celle joyeuse r•unlon: Ronde da
C'est ltlitred'une nouvalla •xposltion que GIibert
urnaval, Quad,ille de Neuville, dansa dH Jtrdl·
nier■ ... tout un pHH llamban1 neul sous les 1pot1 Roy a réa!IHe pour la Sarac, au Centre 0.part•
du manoir. mental de Documenta11on ptdagogfque i Troyes
Danses du travail ou da mariage, polkH. gigues Grice Ill l'appor1 des collections de notre Socl•t•.
et autres rondes. ont rappalt!I an quelQuH heures avec 1101,ticipatlon de M.Penard, deVilly-le-Marê-
combien les populallon1 du 1iillcl1 précUenl sa• ch1I, dlfi.rent1 outl!t ont '1• rt!lunla. L'an■amble
vaient ,·amuser avan1 Que le• progrb • rallsse montre av.e quels moyens. on p,.paralt la tene
les campagnes pour surpeupler 181 villes On ne et le■ ■amences, comment on ■email al on ••eol-
dansepasdansle1u1!ne1 talt. Comment on ballait anlln,
C'est• l'honneur de la SAFAC de raire revivra. Oualques egrandl11amenls phOtogrephlQun com-
chaquejour,unjoyeuxpassé Enchitelalnmoderne. plètent l'ensembla
M. Jean Daunay, P••sldent de ta SAFAC, qui est Une notice est dltfu ... par le CDDP, qui taclllte
t,galamen1 maire de Rumilly·"■.Vaudes. accueil1ait 1avl1lladel'exposltlon
les Invités M. Campent. dl1ec1eur dépar!em•ntal Troy11du 1•novembreau2dkembr■ 1978.
delaJ•uneueet des Sports étai\ ,un; de la fête Chalon1-1ur·M•rn1, du 11 décembre 1978 au 20
puisqu'il embolta le pas au• danseu11 d1n1 une fanvlar1979.
10yotteQulentra!natou1lespar1lcipantsdan1une
larandoler,cheencou!eur1 LA TENDRE HISTOIRE DES NIFLETTES
Quand le ch,mpagne ptt1lla dans les coupu, le
visiteur londonien, enouflê par 11 fougue dH dan- Sous ce titre romantique. t.4 Slmt!lon K111 hOQu•
seurs. pouvaltàju1te 11trepanserque laCh1mpegne dans Libération Champagne du 8 novembre 1978,
restaunbeaujoy ■uduterrolrt,anç•ls .. Ald•des une pl1l11erle occ ■slonnelle : les nillettes. Ces
i nlllattesaont conlactionnéesdan, la rt!lgion de Pro•
e•pllcatlon1 de Gllberl Roy, conseiller tKMIQut
la SAFAC, il repart aujourd'hui IVK un■ Véfltable vins,• Nogent et à Villenauxe. par dH pltlsti•rs-
P. N. boulang•r■ el venduesd• la Toustaint au 11 novam·
documentation vlvan11 sur la Champagne •
bre Ceaontdestarietettes•ptter,ulltetff, ■ ccom• 1onsqu· ■u1tC■ flllon1 mus à la lorcedu poigne! et
p■gnff• d'une crème ptuui••e en■yonsde m■ m1enlr bien vivantes rocn t11dl1lon1
On let aur ■ it ollerles au1,eto11. 1u1t orphelint c ■mpenelres
qul111rendalen1auc1me11•re,1hndelnemptcher Et.pourceli,nous ■vons1ecours ■u1tjeunetqul
depleure, derenitler commencent• 1'lnttre11er à cet art si p1rtlcull1r
lle"cert■ inqueronnepeulque-renlller­ Pour m■ pan. cela !ait huit ans que J'enlm1 quotl·
l'odeur 1pp6lin1nte qu'elles dégagent, dlennement le cerillon de Csstres, el gràce à des
camarades, noua avons pu reme1treenservlcedeu1t
autres carlllon1 qui •1alent muets depuis le mort
duvieu•carlllonneurLesgensdesvillagesconcer·
Vous avei lu ce bulle!in avec ■ n■ntlon et not■ m• ntsletontre\1ouvt1avecunejolevtritable.
ment11,M l'enquétequ!en est 1, 1ujetprlnclpal.
Nous se1lons heu,eu~ de conn■ l!re voire senll•
ment, vo, remarques, les compltment1 tven1ue1,
quevou,voudriezbiennous ■ pporle1 REFUS D'OFFRIR LE PA.IN BENIT
Ne dites pas • Il est trop lard• Nous nou•
devonsdenepssmanque,unelnlorm■lloncomp1 .. Un autre enmple que celui dont noua ■von, lait
mentalre. ttat dan, notre ■nqu&le:
Alor■. envoyez•notn lou1 document
tcrlvez-nous, ■ Le 19 novembre 1753. un accord survient en1,a

ontr1bue,, t lapprolorM:llsse· Fr. Hérouard et Fr. Geo1ges. marguillier en ch.ide


:'e~~u~: •,::r~;;:e~~~;
1 la labrlque de l'tglite Seint-Denls-de-Courdemange.
Set ■c RUMILLY 102W S■ lnl Perret lh Vaudet. Htrouard n·a•t•II pes 016 refuser d'otlrir le pain
bénit, le Jour de la saint Brice? Auui. se voyant
LES AMIS DU CARILLON LANGUEDOCIEN men■ ctdeprochperlem ■ rgulllier,ennule·Hl ■on
relus. Il promel de contribuer à l'ollrir annuel!•
Oe M J,•P Carme menl, 1ulv■ nt la coutume ancienne et o,dinelre.
• Bien èvldemment. nous auul. n, nous lnttret· (Arch. dtp. Marne E 864) Cité par G. Munler.

L'•nHmbl• d" CNAS OOU SOLE d" RICEYS • le


Ftt• d• GUEBERSCHWIHR •n ALSACE. - Un• m•n•
tlon Ioule p■ rtlcull•re :1•1 Chempenol1duRlcey1
omnlpr•Hnt1,qulHdtpen1•••nlHn1compl•rtout
au long de l'■o,•••mldl du dlmanch•, d•nHnl pe,.
loutun,errtLUnu•mpl•pourbe ■ ucoupd•urou­
pu ... ~ J.•M. Schr•lb9r.
LIJOU

Folklore Evocations
C•rc•Honn•. Aulomne 1t71 CrtmlSil. :r trlmHtre 1171
L• termon du Péri Bourras. cur• de Cucugnan g!■-
Germ,lne Fumeu• pr6senteen pa9e93.f.lne.
Celul-<:I trappe .li lapone du P.,adl1 et demande cltre • c·est-6-dlre une construction propre 6
,·11 peut rencontutr du imH de IOll paya.
con19rve,11911ce.Onrecueillaitau\relol1.enhl~r.
-Nonpas,voyezi l'èi.gedudHSOUI, laglacltre
laglacedes61ang1 Onl"entusa!tdan1
Au purgatoire oo lui r,11 mème réponse se conservaient Jus-
où les morcHux de glace.
Tandl1qu'enenfar:
qu"en tt•. permet11nt ainsi de garde, plut long-
-Ici? On n'en manque pu.
temps le1 denrffs p•rissables et de 11trelchlr l>ol1•
Le mflma th•me tranapa,a!t dans l'hl1toire que son, etde11ert1. •
le chanoine Oonot a tihiè dana 11npeUI village du
Nou1 connalason1 une gl1cl6re ■ u chttHu de
1ud da la Ha.ute-Marne et qu'U a !ntltul .. : Le cun!I
MontcHUX·l6s-Veud11. une sor11 de l1rge pt,,lt1.
d'E1non1enen!er.(Volrcauahlttolredan1Belen-
profond de al• m6tres. surmon!é d"un tertre de
cht). lro/1 m6tr11 de haut. On y scc6de par un coulol,
qui perce le tertre el donne directement au-de11u1
ldees Pour tous dupu!11.
Nlmn. AoOt 1171 Il y aval! un,glsc/611 ,u R1velln (Casimir P6rler)
Des note, de lecture en quantité qui analy1ent Il serait Intéressent deconneî1re1·11 ulttl en-
de1ouvragese1dearevuH\rait1ntdea1ujetslH core. en Ch1mp1gne. d"au!rn monument• du m6me
plut divers et rellttanc dH opinions parloia opPO- genre.
an,. •
•ld6Hpourtoos•ad6j.lipr .. entènotraRevve Lemouzi
.lin1adh6rents. Tulle. Oetobr• 1971

La Salnterie de Vendeuvre P. 311. Un conte. La fille du roi. Thème du pr•


tendant qui répond •u• 6preuves lmpOHH par te
Cette aalnterie a Inondé la France et la monde roi en H lalsent 1lde1 par des hommes 1yen1 cha-
de Ht prOductlons. DH saint, et des 1■ ln!es aux cun un don pert!culler.
ltvrH vermillon. aux klatan\l v6tementt. en ,u1ant
d"Hempl1lrea qu·on en d••lr■ lt.
Ces 1■ int1 que l"on ■ prit l'h ■ bltude de bouder. Aguialne. Revue da la Sefoo
Et pot,,rtantl Cet art, dl\• 1■ inl-lt,,lplclen ., e,t Grendjeen. Novembre-Otcembre 1171
n• des ■tforts d"un homme et d'une '-qu!pe dont
l"hl1tolre n"est pu lnlnt.rHHnle. loin de 1!. Sl Analyse du conte • Rends-moi m, jambe • tel
vof.ls 1■ voulez conn■lt,e. demandez• 1"1bb•J•an qu"il Hl connu en Poitou. Par Catharlne Robert et
Dt,,r1ndlellvrequ"llvientdecon-■ crert.1,s,1nterle Michel Vell6r• Trois dernle,s contes de Jean le
de Vendeuvre. (Villy-en-TrOdH. 10140 Vendewre 1ur Sot p,, R1ymond Te•ier.
B■rte.) Où ron repa,le des• bètons de lh ., qui Hr•
v■ lentau11eloltt•b1Urelescouet1Het•tt•ndr•

A propos de ... IH dr1p1 du Ill•. Nou, avons aussi connu rus,g,e


de tels btton1. ltt permett1ien1 de - 1,1,e. le llt
PollloL No.-mb,. 1971
qHndcelul-el6!1ilplec6dsnaun1alcOveouen
Le second bulletin de l"A110Ci1t1on 1portive 11 coin de chambre et que la m,nag6re ne pOUvalt
culture!ledePolisolparleeuulblendelase<:tion l"al>ord11qued"un1eulcOt6
folklor■ quedul1l>o-photo,dutennltdet1bleet
de!1bibliolh'-Que Pays de Bourgogne
Il montre en p ■ rtlct,,ller, l"erfort Important que OIJon. 4• lrlme1tre 1171
l'Anoclt!ion a conHntl pour 11 remlH en •t•t du
bt!lmenl qui abrite"' ■ctlvitts • 10973 francs A premlt1e lecture de1 ti1res de ce volume. on
etde nombreusesheurHde tr1v1II donn~s b6n•- a l"lmprenlonque 111 arts ettr1dlllon1 en sont le
volemen1 par les membres de l"ESCP p■ renl pauvre. Etpour1anl le !olkloree11 prbent
Bravo. amis Voos avez 91gn• ! Orle• t votre • chaque p19e. S1lnt Roch 11 1■ lnt 0111H, plr
t•nacltt ... eumple, efnslque la source de 1■ lnl Potentin qui
PIIHII pourgu•rlr l11mal1dlesdesos. d1ns l'lrtl-
Revue d'histoire de la pharmacie cle d'A. Colombe! consacrè 6 t"tgUH de Poilly-sur•
Parls.Juln1'78 Serein. Un bulletin que le le<:teurcurleu• H doil de
M Pier,e Julien. secrtt1lr1 96~111 adjoint de Ure 1utr1ment qu·en. di1gon1le •. y compris lff
cetll ■av1nte Soc16t6. ■nalyH le cont9f'lu de notre notu!et blbllog1aphlques qui abondent dans les der•
bf.lllalfn no 58. Les mirH et let emplrlqu111. De son nl6r11peg11.
•tude, nous ex11ayons qiwlquH prtcltlon1 supplt-
mantalres:. Alluaion11tl1i1e6deulreprlHs1ux LH cahiers du lexique français
1■ Jntt Come et Damien. Leur nom d"1n1r9y1e1 1111 Parli.1171
attribut 6 leur gr,nde chtrltt alo,a qu"il cones-
pond plus précisément af.l 1111qu"ll1 solgn1lent gr1- Un mot clt6 par A. Doillon dans 10n • Dico plus •
tuitement. littéralement• 1■ns argent• nou1ln!61eue,,u;ourd"hul.partlcu11•rament.U1"aglt
Au contenu de ce 11■clcule. 1"ejoutent trois pho- du mot cro(Jton qui. dans les Ardennes désigne le
togr1phi11. L• preml6re.d"unclysopompeen 6teln, conscrit de t'annff suivante. Nou, savon, que le
6 pl.ion. m1nœuvr6 m1nuel1ement, prkt,,rteur de crOOton6taltunepartdepelnt>tnltquel"onpart1l1
l'lrrig.iev, E9uisier. La 1econde. prklHment. d"un • la ramille qui devait offrir un nouveau p1ln 11
lrrlg■tef.lr en r6gu1e ■vK piston de 1eloulement • dlm,nche suivant.
1e1t0rt, type E9ulsle1 La dernl6re montre un appa- D"où l'exp,enlon donner le croliron: p11ser la
reil t pulv6ri-■tion par ch1ull19e • !"alcool Il les m1in • quelqu"un. O. r, m•me f1çon qu·on dit
dÎ\ler191pièc11qullecon1titiwnt.• ■uni :tnlller/1cn1nfiau.
CertH postsles et collections Souvenirs de la guerre de 1914•1918
.....,.,,11 A 11 ,ulte de son er1;c1e Intitulé• 11 novembre
1978 • kouter tes témoin,•. paru dans le Monde
Lint, tout• de renHlgMmentl eu11I pHslonn,nt1 •
du 12 et 13 novembre 1978, nou, avons krll
cau-ttendus M. Cl. G ■ lgnebel, pour lui signaler que 11 s,rec
L....,,.. dOrienl victime de l'enoph•le.
■vlll édité ·'"'s - Souvenirs de guerre de Jules
UysM,,.ux c,rr, meglque Auelle•(Eptusé,hélH)
LaBretegneencol!IH Den ■ son ■ r11cle M. Geignebet déplore • qu'on
La.11\1.r.. noire.Elc. n'■ II recours qu'eux archives de l' ■rm,e et qu'on
Abondamment 1Uu1tr, B P. 15 • ~220 Herblay. ne recueille pH IH 1émoîgn1ges de ceux qui onl
lelt-cequ'll ■ppelle-l'1utreguerre :de1mll·
llonsderkils répélésd■ n1lescemp■gne1 ■t les
ville■ depuis 1914, r•pé1és plr cœur •.
Camlnol ll1uggé,11-d ■nslerépon11Qu'llnou1 ■drene
,._. ,lu!Het, AoOI, Seplembre 1171 -Qu'un eppel 10!1 l■ lt • no, lecteurs pour que
solentr11cuellllsc11récits,pourqu1!1solentenr••
O.. 16Uex.ion1 fort perlinenle1 de Lionel Evrerd gl1trés sur bende m■gnéllque.
- 1ft • probl6me1 de l'lnserllon en mllleu oecl-- • Qu'ils perlent enlln, dit•IL AV11cquelquH emt1
ten • alntl que ,ur les• moliv■tlon, p1olondH • Qulp■ rt ■g,entnot,epeudegoOl pourl'hlsto!reolll•
oe •• léte. clelle,nouslron1111volr.l111kouler,IHenr1gl1•
1111r.S1n1lralsdemlHlon.1■ n11.lpen,11n1écl1l-­
regls1e, san,. perchman •. seulsl P■s p0ur des
drollld'eut11uroud111c■ ch11t1deproducteur,p■ 1
Barblzier pour krlre sur eux ; mais pOUr tren1crlre mot l
9"enqon. Septembre 11171 dlronl Pour le■ kouler avec dH
mot ce qu'Hs no1,11:
orelllu et des cœurs d'11nl■n11. AV11c amour et
M. Petllthuguenln. Construction d'un lour do-• ,mervelllement. •
llque ■ nterre. Monsieur Chartier, l'un de nos 1dhérents rtri•
A. MIiiot. Etude dH plaque, de cheminée corn• chérit
tolHI, • lnd•pendamment des rklt1 de■ comb1tt■nt1.
donl ll ■e,aitbonde recu11illlrlnl.lt1eml1le1r■tH
témolgn■ges.lt ■er■ ltin"rHs■ntde recuellllr ■ uul
Linguistique picarde le témoignage des lemmes de CH told1t1 cond ■m•
1171 flffl '"ever l11ent,nt1,, 111re tourner le !trme,
Amlen1. S.ptembre
,1r■v1lll11rèl'uslne
Glan4, p■ 1ml IH 70 p■ gn t~1 den1H de ce bUI· Il serait bon de1iluer l'Aube• 11 llsléredu lronl. ..
1eu,,. Ch. Gonsseeume. Un et coutumH du Mon• Il ■er■ lt lntérn ■ent de conn■llre le rôle de le
treulllol1. boulengerie mllll■ lre de Chè1fn, de l'■ctlvll• tex•
tltedeTroyes,ceue,poque,del'ectlvltémét■ llur·
• Cul1e de sein! Antoine. c·n1 ct11t1!nement 1ur
ctilte légende-qui dit qu'un corbHuv,nell lul glquedeleHau! .. M1me.
eppo1terchequejourundemlpeln-qu'estlondée D'expliquer l'lmpl1nt■t1on des r•luglés.
lalredltlonde1pelnsbénl1pend,n11,neuv1lne. De connaitre lt rOlt des c1mp1 de prisonniers
Peln1apec1,ux.,Wnl1pourleclrcon11,nct1pouri.1 ellem■nds de le région.
bNll■ux el spécl•l•m•nt pour let pourceaux. Ceci Oe rappeler le vie de prlll>flnlers lr■ n<:111 en
,11n de les prottlger contre celt,lnH ma!,dlH. Allem■gn■.
lnxenl ; Les g ■ leUH de s■ lnt Antoln,, penlll .. , A notre époque, dll•II. le folklore ne s'1rréte plu,
aelonunetrb ■ nclennecoutumep■ rl•bou!,nger ... en\910.•
sont conservées• 1, rerme pour 1, protection dH En ellet. 1 ■ recherche tolklorlque Hl une luit ■
lncn .. nteconlre letemp,qulcoult. m■ lgrél1v!e
animaux. J1m ■l1 il n'1 élé donné de voir moitir un■
de ces galettes entre le■ deu• S■lnl•Antoin■. qullult.
Halinghen. Culte de Hint Hubelt. Le bén6dlctlon Oui nou1 eldere dans celte tlche bien p1kl11,
des p■ ln1 de s■ lnt Hubelt pour le protection des qulCOl'lctrnel■ guerrede191...._1918,vuep■ rle
h•bltlnlletdeteur cheptel ,rHte,ssezvlv■ce. • ptlltboutde!■ lorgnette?
8oc"t6 de1 amateura de folklore et am champenois
10260 Sl-hnes-16s-VoudH C.C.P.: SAFAC 16832-14 Parts
Rumllly-l6s-Voudes
Au Hrtlce dff Arta 01 Tradltlono do la Champagne Aube• Mome • -

Le numéro 2
14
.
. . . . .. . .. . ... 8 F
8F
58 Les empiriques
59 Les roulées ·••••
8 F
8 F
8 F 60 Le tonneller 8 F
22
8 F 61 Le carillonneur 8 F
24 8 F
Val Perdu (rééditlo~·)• : : : : : : : : : : 12 F 62 Des puits •·
29
31 Costumes Saint-Dizier Wassy 8 F 63 Le pain .
. . . . . . . . . 12 F
34 Vieux mots vignerons .... 8 F 64 Les archers .................. 8 F
43 Saint-Hubert et la rage ...... 8 F 65 La foudre dans l'Aube . ....... 8F
44 Au feu, les pompiers 8 F 66 Le feu du ciel 8 F
45 Centenaires . 8 F 67 Révolte dos vignerons barséq. 12 F
46 Vigne en foule 8 F 68 La faux 10 F
47 Il était une fois 8 F 69 Une ferme à Channes 10 F
46 Pressoirs anciens 8 F 70 Maisons do Saint-André 10 F
4g 1 a lessive 8 F 71 Deux Instituteurs en 1900 12 F
50 Poids et mesures 8 F 72 Le maréchal-forgeron 12 F
51 Danse mon enfant . 8 F 73 Le cochon . ... 12 F
52 Cloches et sonneurs 8 F 74 Le charron et la roue 12 F
53 Le sabotier 8 F 75 Révolte des vfgner. marnais (1) 20 F
54 Taques de cheminées (1) .... 8 F 76 Montmort (Marne) ..........•. 20 F
55 Taques et styles {Il) ........... 8 F 77 St-Vincent de Champagne à parattre
58 Le Cordier en tilleul 8 F 78 Vignerons marnais (Il) .. à parattre
57 Vieux bal à Celles 8 F

Commandez--f ~~ DANSE MA CHAMPAGNE -----~


Safac 1 . ..... 20 F Safac 4 ... . ......... 20 F
Soyotte d'Aube Gigue de Bar-sur-Aube
Accrebales de Vendeuvre Chlberll de Langres
Claquettes de Vendeuvre Rondanse de Vendeuvre
Olivettes de Bar-sur-Aube Pioche des Riceys

A~
r------ Commandez lo<-dlsQues DANSE MA CHAMPAGNE -----~
Soyotte d'Aube Gigue de Bar-sur-Aube Marche Napoléon
Accrebates de Vendeuvre Chlberll de Langres Boulangère
Claquettes de Vendeuvre Rondanse de Vendeuvre Danse des serviettes
Olivettes de Bar-sur-Aube Pioche des Riceys Valse Vienne
Gigue de Villeneuve Soyotte de Fouchères Quelques airs du carillon
Danse des Anguilles Gigue de Fouchères de Champignol
Polka de !'Ardusson Marguerite de Fouchères
Marche de Saint-Aubin Sicilienne de Fouchères 50 F
Organisateurs de spectacles :
La Société des Amateurs de Folklore et Arts Champenois est à votre service. Sur simple
demande, la SAFAC vous transmettra la liste des ensembles traditionnels champenois
susceptibles de participer à vos festivités.

Animateurs culturels :
La SAFAC organise des expositions Itinérantes sur les arts traditionnels, l'artisanat,
ainsi que des causeries avec projections et des stages.

Amateurs de folklore :
Vous avez certainement quelque chose à dire. N'hésitez pas à écrire à la SAFAC, vos
remarc:ues, vos suggestions, aideront à l'enrlchissement de votre revue.

Pour tous renseignements, écrivez à : SAFAC Rumilly-lés-Vaudes


10260 Saint Parres lés Vaudes

AVANT LE 1" JANVIER


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10260 Saint Parres lés Vaudes Tél. (25) 45.92.14

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(service gratuit de la revue et des disques édités dans l'année) 100 F
à recevoir les disques Safac 1 - 4 20 F
à recevoir la cassette Safac 50 F
à recevoir les anciens numéros suivants F
(à défaut, numéros de remplacement) F

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Date et signature :
Ci-joint chèque (postal ou bancaire)
C.C.P. : SAFAC 16 832 44 U PARIS

TARIF MARS 1982


(1) Complétez. rayez les mentions inutlles. Tous les abonnements partent du 1•• Janvier

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