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ELECTROCINETIQUE - III. FILTRES 1.2.

Principe général du filtrage


Chapitre 10 – Généralités sur les filtres Un FILTRE est un circuit électrique composé de différents dipôles (actifs ou passifs)
alimenté par une tension d’entrée 𝑣𝑒 (𝑡) périodique et fournissant une tension de sortie
Introduction 𝑣𝑠 (𝑡) de même période.

Dans le chapitre précédent, nous avons étudié le comportement de quelques circuits


en régime sinusoïdal monophasé et mis notamment en évidence que les valeurs des
intensités et des tensions dépendaient de la fréquence (ou de la pulsation). Nous 𝒗𝒆 𝒗𝒔
avons établi la dualité du comportement de la bobine et du condensateur en basses et
hautes fréquences : lorsque l’un se comporte comme un interrupteur fermé, l’autre se
comporte comme un interrupteur ouvert.
Un résultat fondamental de physique théorique (la « série de Fourier » qui sera vue en
Dans le chapitre précédent, on a vu qu’en régime sinusoïdal, le rapport des valeurs
seconde année) stipule que tout signal périodique (par exemple une tension 𝑢(𝑡))
efficaces 𝑉𝑒 /𝑉𝑠 et le déphasage de ces deux tensions dépend de la fréquence.
peut-être décomposé en une somme de signaux sinusoïdaux de fréquences 𝑓𝑛 et
Caractériser un filtre consiste à étudier le comportement de ces deux grandeurs en
d’amplitudes 𝑈𝑛 différentes : 𝑢(𝑡) = ∑ 𝑈𝑛 cos(2𝜋𝑓𝑛 𝑡 + 𝜑𝑛 ) appelés modes.
fonction de la fréquence. Certains modes d’une tension périodique pourront être
Si on alimente un circuit électrique, les amplitudes de certains modes de ce signal
laissés invariants (leur amplitude ne sera pas modifiée), atténués (on dit « filtrés »)
seront laissées invariantes, d’autres seront atténuées : c’est le principe du FILTRAGE
ou amplifiés (augmentation de l’amplitude). Puisque les signaux d’entrée et de sortie
ANALOGIQUE.
ont la même période, un filtre n’agit pas sur les fréquences des modes du signal
Nous allons voir dans ce chapitre les principes généraux du filtrage analogique, les d’entrée mais sur leurs amplitudes.
différentes catégories de filtres, puis définir une grandeur fondamentale pour leur
Exemple d’application : les « équaliseurs »
étude : la FONCTION DE TRANSFERT. On verra ensuite une représentation
analogiques ou numériques sont des filtres qui
particulière de cette fonction de transfert : le DIAGRAMME DE BODE.
permettent de modifier le spectre d’un signal
1. Définitions et principes en augmentant ou en diminuant l’amplitude de
certaines fréquences. Tous les « postes de
1.1. Spectre d’un signal périodique radio » automobile ou domestique, ou encore
On admet ici que tout signal périodique est la les applications de lecture de musique sur
somme de signaux sinusoïdaux de différentes smartphone sont munies d’un équaliseur
fréquences 𝑓𝑛 et amplitudes 𝑈𝑛 appelés MODES. permettant d’ajuster le niveau des basses, des
La fréquence du signal est appelée fréquence médiums ou des aigus. La plupart des effets de l’industrie audiovisuelles utilisent aussi
fondamentale, et les fréquences 𝑓𝑛 des filtres.
harmoniques. La période 𝑇 d’un tel signal est La plage de fréquence qu’un filtre n’atténue pas est appelée BANDE-PASSANTE. Cela
1
telles que 𝑇 = . peut être un intervalle de la forme [0; 𝑓𝑐 ], [𝑓𝑐 ; +∞ [ , [𝑓𝑐1 ; 𝑓𝑐2 ] ou [0; 𝑓𝑐1 ] ∪ [𝑓𝑐2 ; ∞[. Les
𝑓
Le spectre d’un signal (ci-contre) est la représentation des amplitudes des modes en fréquences 𝑓𝑐 sont appelées fréquences de coupures. Le réel 𝜔𝑐 = 2𝜋𝑓𝑐 est la
fonction de la fréquence. pulsation de coupure. La caractérisation d’un filtre passe par la détermination de
cette bande-passante.

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1.3. Typologie des filtres 2. Fonction de transfert
Un filtre passif est uniquement composé de dipôles passifs : résistances, condensateurs 2.1. Définition
et bobines.
Dans ce cas on a toujours 𝑉𝑠 ≤ 𝑉𝑒 . Autrement dit, pour un filtre passif, le signal de Considérons un filtre linéaire alimenté
sortie ne peut pas être amplifié, il est uniquement atténué ou laissé invariant. par une tension 𝑣𝑒 (𝑡) = 𝑉𝑒 √2 cos(𝜔𝑡) et
dont la tension de sortie est 𝑣𝑠 (𝑡) = 𝒗𝒆 𝒗𝒔
Un filtre actif est un filtre passif auquel on ajoute des composants actifs tel que des
𝑉𝑠 √2 cos(𝜔𝑡 + 𝜑). On note 𝑣𝑒 = 𝑉𝑒 √2𝑒 𝑗𝜔𝑡
sources (de tension ou de courant) ou des amplificateurs opérationnels.
On peut alors avoir 𝑉𝑠 > 𝑉𝑒 . Autrement dit, grâce aux composants actifs apportant un et 𝑣𝑠 = 𝑉𝑠 √2𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝜑) leurs grandeurs
surcroît d’énergie, certains modes du signal d’entrée peuvent être amplifiés. C’est sur complexes associées.
ce principe que fonctionnent les amplificateurs en HiFi : enceintes, « amplis » pour Définition (fonction de transfert)
instruments, etc. On appelle FONCTION DE TRANSFERT la fonction de la variable complexe 𝑗𝜔, notée
Un filtre linéaire est un filtre composé uniquement de dipôles linéaires, pour lequel la 𝐻(𝑗𝜔) définie par le rapport des signaux complexes de sortie sur celui d’entrée :
tension de sortie d’une somme est la somme des tensions de sorties. 𝒗𝒔
𝑯(𝒋𝝎) =
Comme tout signal périodique est une somme de signaux sinusoïdaux élémentaires, 𝒗𝒆
pour caractériser un filtre linéaire, il suffit d’étudier sa réponse lorsqu’il est soumis en
entrée à un signal sinusoïdal de fréquence quelconque. En faisant varier cette
fréquence, on en déduit le comportement du filtre lorsqu’il est soumis à un signal Remarques :
périodique quelconque composé de plusieurs modes à différentes fréquences. i. La fonction de transfert peut se déterminer en appliquant les méthodes d’étude des
circuits vues en régime sinusoïdal : lois de Kirchhoff, ponts diviseurs, associations, …
Un filtre passe-bas est un filtre qui ne laisse passer que des « basses-fréquences »,
c’est-à-dire des fréquences inférieures à une fréquence de coupure 𝑓𝑐 . ii. La fonction est une application qui a toute fréquence 𝜔 associe le nombre complexe
Sa bande-passante est de la forme [0; 𝑓𝑐 ]. 𝐻(𝑗𝜔), qui, en tant que nombre complexe, admet un module et un argument dont
Un filtre passe-haut est un filtre qui ne laisse passer que des « hautes-fréquences », l’interprétation est donnée dans la section suivante. Pour des commodités de calculs
c’est-à-dire des fréquences supérieures à une fréquence de coupure 𝑓𝑐 . de ces modules et arguments on privilégiera une écriture de la fonction de transfert
Sa bande-passante est de la forme [𝑓𝑐 ; +∞[. comme un quotient de complexes écrits sous forme algébrique : 𝐻(𝑗𝜔) =
𝑎+𝑖𝑏
.
𝑐+𝑖𝑑
Un filtre passe-bande est un filtre qui ne laisse passer que des fréquences comprises
entre deux fréquences de coupure. Sa bande-passante est de la forme [𝑓𝑐1 ; 𝑓𝑐2 ] . iii. La connaissance du signal d’entrée et de la fonction de transfert permet de
Un filtre coupe-bande est un filtre qui ne laisse passer que des fréquences en-dehors déterminer la tension de sortie : 𝑣𝑠 = 𝐻(𝑗𝜔) × 𝑣𝑒 .
d’une plage de fréquence comprises entre deux fréquences de coupure. iv. La fonction de transfert peut être interprétée comme une sorte de « rendement de
Sa bande-passante est de la forme [0; 𝑓𝑐1 ] ∪ [𝑓𝑐2 ; ∞[ . tension », c’est donc une grandeur physique sans dimension. A retenir pour les études
On a vu dans le chapitre sur le régime transitoire qu’un circuit peut être représenté d’homogénéités…
par une équation différentielle d’ordre 1 ou d’ordre 2. v. Le choix de la tension d’entrée est généralement imposée par l’opérateur ; en
L’ordre d’un filtre est celui de l’équation différentielle qui le modélise. revanche, le comportement du filtre dépend du choix de la tension de sortie qui peut
Dans ce cours, nous étudierons uniquement les filtres linéaires passifs du 1er ordre. être mesurée entre deux points quelconques du circuit.

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Exemple : le circuit RC série. Cas particuliers :
On considère un circuit RC série alimenté par une
i. Lorsque 𝑨(𝝎) = 𝟏, la valeur efficace de la tension d’entrée est égale à celle de la
tension d’entrée 𝑒(𝑡) = 𝐸𝑚 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡).
tension de sortie ; on n’a aucune atténuation ni aucune amplification du signal.
On prend la tension 𝑢(𝑡) = 𝑈𝑚 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑) aux
bornes du condensateur comme tension de sortie. En ii. Lorsque 𝑨(𝝎) > 𝟏, la valeur efficace de la tension de sortie est supérieure à celle
formalisme complexe et en appliquant le diviseur de de la tension d’entrée ; on donc une amplification du signal, ce qui ne peut se produire
tension sur 𝐶 on trouve : qu’avec des filtres actifs.
1/𝑗𝐶𝜔 1
𝑢= 𝑒= 𝑒 iii. Lorsque 𝑨(𝝎) < 𝟏, la valeur efficace de la tension de sortie est inférieure à celle de
𝑅 + 1/𝑗𝐶𝜔 1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔 la tension d’entrée ; on donc une atténuation du signal, ce qui se produit toujours avec
On en déduit la fonction de transfert de ce circuit : un filtre passif.
𝑢 1
𝐻(𝑗𝜔) = = iv. Lorsque 𝑨(𝝎) = 𝟎, la valeur efficace de la tension de sortie est nulle ; on a donc un
𝑒 1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔
filtrage total du signal d’entrée.
Si on choisit la tension de sortie comme étant celle aux bornes de la résistance, une
nouvelle application du pont diviseur, cette fois ci sur 𝑅, donne : Exemple : le circuit RC série.
1
𝑅 𝑗𝑅𝐶𝜔 Reprenons la fonction de transfert 𝐻(𝑗𝜔) = ; le gain de ce circuit est donc :
𝑠= 𝑒= 𝑒 1+𝑗𝑅𝐶𝜔
𝑅 + 1/𝑗𝐶𝜔 1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔 1 1
𝐺(𝜔) = | |=
Et donc la fonction de transfert obtenue est : 1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔 √1 + (𝑅𝐶𝜔)2
𝑠 𝑗𝑅𝐶𝜔
𝐻(𝑗𝜔) = = En régime continu 𝜔 → 0, on a 𝐺(𝜔) = 1 donc ce circuit n’a aucun effet de filtrage en
𝑒 1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔
régime continu. On peut retrouver ce résultat en remplaçant le condensateur en basses
fréquences par un interrupteur ouvert.
2.2. Amplification / gain réel En très hautes fréquences 𝜔 → ∞, on a 𝐺(𝜔) → 0, donc ce circuit atténue les hautes-
Définition (amplification) fréquences. On peut retrouver ce résultat en remplaçant le condensateur en hautes
fréquences par un fil.
On appelle AMPLIFICATION le réel positif noté 𝐴(𝜔) défini comme le module de la
Ce circuit laisse passer les basses fréquences et atténue les hautes fréquences, il s’agit
fonction de transfert :
𝑽𝒔 donc d’un filtre passe-bas.
𝑨(𝝎) = |𝑯(𝒋𝝎)| =
𝑽𝒆 Le Gain maximal est obtenu en régime continu, lorsque 𝜔 = 0 : 𝐺𝑚𝑎𝑥 = 1.
1 1
Remarques : Pour la valeur particulière 𝜔𝑅𝐶 = 1, soit 𝜔 = : 𝐺(𝜔) = ≃ 0,707.
𝑅𝐶 √2
A cette fréquence particulière, le signal d’entrée est atténué d’environ 30%.
i. Le module de la fonction de transfert est un réel positif qui donne donc le rapport
de la valeur efficace de la tension de sortie sur la tension d’entrée. C’est donc le Considérons la puissance fournie par le générateur 𝑃𝑒 =
𝑉𝑒2
, proportionnelle au carré de
𝑅
rendement des valeurs efficace des tensions. On en déduit une expression de la valeur 1
efficace de la tension de sortie en fonction de celle de l’entrée : la tension, alors la diminution d’un facteur de la tension d’entrée correspond à une
√2
division par deux du signal d’entrée. Supposons que 𝑉𝑒 = 10 𝑉 alors
𝑽𝒔 = 𝑨(𝝎) × 𝑽𝒆
1 1
ii. L’amplification est parfois appelée « gain réel » ou « gain » et est noté 𝑮(𝝎). 𝑉𝑠 = 𝑉𝑒 × 𝐺 (𝜔 = ) = 10 × ≃ 7,07𝑉
𝑅𝐶 √2
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Pour certains circuits le gain en basse fréquence ne vaut pas 1, mais une constante 𝐾 Cas particuliers importants :
positive appelée « gain statique » puisqu’elle correspond au gain réel obtenu en
i. 𝐺(𝜔) = 1 ⟺ 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = 0 ;
régime continu, lorsque les signaux sont constants.
Autrement dit : un gain nul laisse invariant le signal.

Exemple : considérons un circuit dont la fonction de transfert est ii. 𝐺(𝜔) > 1 ⟺ 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) > 0 ;
1 Autrement dit : une amplification correspond à un gain positif.
𝐻(𝑗𝜔) =
2 + 𝑗𝑅𝐶𝜔
iii. 𝐺(𝜔) < 1 ⟺ 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = 0 ;
Son gain réel est :
Autrement dit : une atténuation correspond à un gain négatif.
1
𝐺(𝜔) = iii. 𝐺(𝜔) → 0 ⟺ 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) → −∞ ;
√4 + (𝑅𝐶𝜔)2
On voit donc qu’à basses fréquence le gain tend vers la valeur ½ : le gain statique, qui Autrement dit : le filtrage total correspond à un gain négatif infini.
correspond ici à la valeur maximale du gain en BF. iv. 𝐺(𝜔) =
1
⟺ 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = −10 log 2 ≃ −3 dB.
√2
On peut alors faire apparaître le gain statique 𝐾 en réécrivant la fonction de transfert :
Autrement dit : une atténuation de 30% correspond à une diminution du gain de 3 dB.
𝐾 𝑅𝐶
𝐻(𝑗𝜔) = avec 𝜏 = 1
1 + 𝑗𝜏𝜔 2 iv. 𝐺(𝜔) = ⟺ 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = −20 log 10 ≃ −20 dB.
10
Autrement dit : une atténuation de 90% (division par 10) correspond à une
2.3. Gain en dB diminution du gain de -20 dB.
Pour des commodités de calcul il est d’usage d’utiliser le « gain en décibels », noté
𝐥𝐧(𝒙)
Remarques :
𝐺𝑑𝐵 , défini à l’aide de la fonction logarithme en base 10 : 𝐥𝐨𝐠(𝒙) = .
𝐥𝐧(𝟏𝟎) 𝑮𝒅𝑩
i. On peut exprimer le gain réel 𝐺(𝜔) en fonction du Gain en dB : 𝑮 = 𝟏𝟎− 𝟐𝟎
Cette fonction est la réciproque de l’exponentielle en base 10 :
𝐥𝐨𝐠 𝟏𝟎𝒙 = 𝒙 et 𝟏𝟎𝐥𝐨𝐠 𝒙 = 𝒙. ii. Sur certains amplificateurs de home cinéma ou égaliseurs, le
contrôle du volume s’effectue via le gain en dB au lieu de
Elle possède les même propriétés algébriques et analytiques que la fonction ln : l’amplitude.
𝐥𝐨𝐠(𝟏) = 𝟎 ; 𝐥𝐨𝐠(𝟏𝟎) = 𝟏 ; iii. Sur les GBF du laboratoire, sous le bouton de réglage du LEVEL,
𝟏
𝐥𝐨𝐠(𝒂 × 𝒃) = 𝐥𝐨𝐠(𝒂) + 𝐥𝐨𝐠(𝒃) ; 𝐥𝐨𝐠 ( ) = − 𝐥𝐨𝐠(𝒂) on a vu deux positions « -20 dB » et « -40 dB », le premier
𝒂 correspond à une division du signal par 10, le second à une division
𝟏
𝐥𝐨𝐠(𝒂𝒏 ) = 𝒏 𝐥𝐨𝐠(𝒂) ; 𝐥𝐨𝐠 √𝒂 = 𝐥𝐨𝐠(𝒂) du signal par 100.
𝟐
Définition (gain en décibels) Exemple : le circuit RC série.
Le GAIN EN DECIBEL, noté 𝐺𝑑𝐵 est défini par : 1 1
On a 𝐺(𝜔) = donc 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = 20 log = −10 log[1 + (𝑅𝐶𝜔)2 ]
√1+(𝑅𝐶𝜔)2 √1+(𝑅𝐶𝜔)2
𝑮𝒅𝑩 (𝝎) = 𝟐𝟎 𝐥𝐨𝐠 𝑮(𝝎) 1
Exemple 2 : on suppose 𝐺(𝜔) = donc
√4+(𝑅𝐶𝜔)2
L’unité de 𝐺𝑑𝐵 est le décibel, noté dB.
𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = 20 log 𝐺(𝜔) = −10 log(4 + (𝑅𝐶𝜔)2 )

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2.4. Fréquence de coupure 2.5. Déphasage
On a vu avec le filtre RC série que les basses fréquences étaient laissées invariantes Si 𝑣𝑒 (𝑡) = 𝑉𝑒√2 cos(𝜔𝑡 + 𝜑𝑒 ) et 𝑣𝑠 (𝑡) = 𝑉𝑠 √2 cos(𝜔𝑡 + 𝜑𝑠 ), alors par définition, le
alors que les basses fréquences étaient atténuées ; en réalité le comportement du déphasage de la sortie par rapport à l’entrée est Δ𝜑 = 𝜑𝑠 − 𝜑𝑒 .
filtre n’est pas si binaire, il existe une zone de transition autour d’une pulsation
particulière appelée pulsation de coupure.
Propriété (déphasage) :
Définition (pulsation de coupure) Le déphasage Δ𝜑 de la sortie par rapport à l’entrée est donné par l’argument de la
La PULSATION DE COUPURE est la pulsation 𝜔𝑐 qui correspond à une division par deux de fonction de transfert :
la puissance du signal d’entrée, c’est-à-dire à une division par √𝟐 de la valeur efficace de
la tension d’entrée : 𝚫𝝋 = 𝐚𝐫𝐠 (𝑯(𝒋𝝎))
𝑮𝒎𝒂𝒙
𝑮(𝝎𝒄 ) =
√𝟐 Rappel sur l’argument d’un nombre complexe :
Si 𝑍 = 𝑎 + 𝑗𝑏 alors
Remarques : 𝑏
arctan ( ) si 𝑎 > 0
𝑎
i. cette définition est équivalente à une diminution du gain max de 3 dB puisque 𝑏
1 𝜃 = arg(𝑍) = 𝜋 + arctan ( ) si 𝑎 < 0
20 log = −10 log 2 ≃ −3 dB. 𝑎
√2
𝜋
ii. On définit de la même manière la fréquence de coupure 𝒇𝒄 : { 𝑠𝑔𝑛(𝑏) 2 si 𝑎 = 0
𝝎𝒄
𝒇𝒄 = Exemple : le circuit RC série.
𝟐𝝅 1
On a 𝐻(𝑗𝜔) = donc arg ( 𝐻(𝑗𝜔)) = − arg(1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔) = − arctan(𝑅𝐶𝜔)
1+𝑗𝑅𝐶𝜔
Exemple : le circuit RC série.
𝐾
On a 𝐺(𝜔) =
1
. Le gain max est égal à 1 donc on cherche 𝜔 tel que Exemple 2 : on a 𝐻(𝑗𝜔) = 𝑗𝑅𝐶𝜔 donc :
√1+(𝑅𝐶𝜔)2 1+
2
1 1 𝑅𝐶𝜔 𝑅𝐶𝜔
𝐺(𝜔𝑐 ) = ⟺ √1 + (𝑅𝐶𝜔)2 = √2 ⟺ 𝑅𝐶𝜔 = 1 ⟺ 𝜔 = arg ( 𝐻(𝑗𝜔)) = arg(𝐾) − arg (1 + 𝑗 ) = − arctan ( )
√2 𝑅𝐶 2 2
1 1
La pulsation de coupure du circuit RC série est 𝜔𝑐 = ; Car 𝐾 = est un réel positif
𝑅𝐶 2
1
Sa fréquence de coupure est 𝑓𝑐 = .
2𝜋𝑅𝐶 2.6. Caractérisation d’un filtre
La caractérisation d’un filtre passe par la détermination de son comportement de :
Exemple 2 : considérons un filtre dont le gain réel est :
* sa nature : filtre passe-bas, passe-haut…
1
𝐺(𝜔) = * sa ou ses fréquences de coupures et sa bande-passante
√4 + (𝑅𝐶𝜔)2
* son comportement asymptotique en basse et hautes fréquences
1
Son gain max (le gain statique) est 𝐺𝑚𝑎𝑥 = donc sa pulsation de coupure est telle que : * l’évolution de son Gain et de son déphasage en fonction de la fréquence
2
1 2
𝐺(𝜔) = 2
⟺ 4 + (𝑅𝐶𝜔) = 8 ⟺ 𝑅𝐶𝜔 = 2 ⟺ 𝜔 = On peut résumer tous ces éléments en deux graphiques appelés diagrammes de Bode
2√2 𝑅𝐶
qui sont étudiés dans la partie suivante.

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3. Diagramme de Bode
3.1. Repère semi-logarithmique DECADE DECADE DECADE
Un repère semi-logarithmique est un repère dans lequel l’un de axes, par exemple
celui des abscisses (𝑓 ou 𝜔), est gradué selon une échelle logarithmique.
Celui qui est couramment utilisé pour caractériser un filtre est un repère dont l’axe
des ordonnées est le gain en dB en graduation linéaire, et où l’axe des abscisses est la
pulsation (ou la fréquence) graduée selon une échelle logarithme en base 10 (fonction
« log »). On voit dans le graphique ci-contre que l’axe des abscisse est graduée en
puissance de 10 (1, 10, 100). La distance séparant deux puissances de 10 s’appelle
une « décade ». Le graphe ci-dessous contient donc 3 décades : 1-10 , 10-100, 100-
1000.
70%
Les sous graduations correspondent à un incrément d’une sous-puissance de 10. Par
exemple, entre 1 et 10, on retrouve les graduations 2, 3, .. jusqu’à 9 en progression 30%
logarithmique. Pour placer la graduation correspond à « 2 », il faut connaître log(2) ≃
0,301, ce qui signifie que la graduation « 2 » est située à environ 30% du début de la
2 5 20 200 𝟏𝟎𝟑
décade. Pour placer la graduation « 5 », il faut se servir de log(5) ≃ 0,7, soit à 70% du
début de la décade. On procède de même pour les autres sous-graduations et autres
décades.
3.2. Diagramme de Bode du Gain
Puisque le log n’est pas défini en 0, ce repère ne possède pas d’origine sur l’axe des
abscisses. La première graduation (ci-contre le 1) est toujous une puissance de 10 Le DIAGRAMME DE BODE DU GAIN est la représentation graphique du Gain en dB en
choisie arbitrairement ou définie par le contexte. fonction de la pulsation (ou de la fréquence) dans un repère semi-log.

L’avantage de l’échelle logarithmique est de transformer des évolutions courbes en C’est par lecture graphique du diagramme de Bode d’un filtre qu’il est possible de
évolutions linéaires. Par exemple la fonction 20log(𝑥), courbe en échelle linéaire (à déterminer la valeur du Gain en dB et donc de l’amplification à une fréquence donnée.
gauche ci-dssous), devient une droite, en échelle semi-log (à droite). Chaque catégorie de filtre possède des diagrammes de Bode facilement
reconnaissable permettant de les identifier rapidement, sans nécessité de passer par
50 50
le calcul de la fonction de transfert.
40 40
Chaque diagramme de Bode comporte typiquement trois zones :
30 30
- Le comportement asymptotique à basses fréquences ;
20 20 - Le comportement asymptotique à hautes fréquences ;
10 10 - La (ou les) zone(s) de transition autour de la (ou les) fréquence(s) de
coupure.
0 0
0 50 100 150 1 10 100

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Filtre passe-bas Filtre passe-bande

Une asymptote horizontale en basses fréquences correspondant au gain max.


Une asymptote oblique en hautes fréquences de pente -20 dB/décade.
La zone de transition autour de la fréquence de coupure.

Deux asymptotes obliques en basses et hautes fréquences de pentes ±20 dB/décade.


Filtre passe-haut
La zone de transition dans la bande passante, entre les deux fréquences de coupure.

Filtre coupe-bande

Deux asymptotes horizontales en basses et hautes fréquences correspondant au gain


Une asymptote oblique de pente +20dB/décade en basses fréquences.
max.
Une asymptote horizontale en hautes fréquences correspondant au gain max.
La zone de transition dans la bande rejetée, entre les deux fréquences de coupure.
La zone de transition autour de la fréquence de coupure.

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Exemple : le circuit RC série. Sa bande-passante est l’intervalle [𝑓𝑐 ; +∞[ .
Le gain max sur la bande-passante est de -6 dB.
On a 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = −10 log[1 + (𝑅𝐶𝜔)2 ].
Le diagramme de Bode du gain d’un tel filtre est représenté ci-dessous (𝑅𝐶 = 1s) :
En basses fréquences, 𝜔 → 0 et donc 𝐺𝑑𝐵 ∼ −10 log(1) = 0 dB.
On a donc une asymptote horizontale en basses fréquences : la droite horizontale 𝑦 = 0.
En hautes fréquences, 𝜔 → ∞ et donc 1 + (𝑅𝐶𝜔)2 ≃ (𝑅𝐶𝜔)2 et donc
𝐺𝑑𝐵 ∼ −10 log(𝑅𝐶𝜔)2 = −20 log(𝑅𝐶) − 20 log(𝜔).
On a donc, en graphique semi-log, une asymptote oblique de pente -20 dB/décade.
1
A la pulsation de coupure 𝜔𝑐 = on a 𝐺𝑑𝐵 (𝜔𝑐 ) = −3 dB.
𝑅𝐶

Le circuit RC série, où la tension de sortie est celle mesurée aux bornes du condensateur
est donc un filtre du 1er ordre linéaire passif et passe-bas de fréquence de coupure
1
𝑓𝑐 =
2𝜋𝑅𝐶
Sa bande-passante est l’intervalle [0; 𝑓𝑐 [ . Le gain max sur la bande-passante est nul.
Le diagramme de Bode du gain d’un tel filtre est représenté ci-dessous 3.3. Diagramme de Bode de la phase
Le DIAGRAMME DE BODE DE LA PHASE est la représentation graphique du déphasage
𝜙(𝜔) = arg (𝐻(𝑗𝜔))en fonction de la pulsation (ou de la fréquence) dans un repère
semi-log.

L’ensemble des deux diagrammes (Gain et phase) forment LES diagrammes de Bode
du filtre.

Exemple : le circuit RC série.

𝑅𝐶𝜔 On a 𝜙(𝜔) = − arctan(𝑅𝐶𝜔).


Exemple 2 : considérons le filtre dont le gain réel est 𝐺(𝜔) = .
√4+(𝑅𝐶𝜔)2 On en déduit :
Alors le gain en dB est : 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) = 20 log(𝑅𝐶𝜔) − 10 log(4 + (𝑅𝐶𝜔)2 ). - à basses fréquences 𝜙(𝜔) ∼ 0 ;
𝜋
En basses fréquences : 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) ∼ 20 log(𝑅𝐶𝜔) − 10 log(4) ≃ 20 log(𝑅𝐶𝜔) − 6 dB : - à hautes fréquences 𝜙(𝜔) ∼ − .
2
asymptote oblique de pente +20 dB/décade. - à la pulsation de coupure
𝜋
𝜙(𝜔) = − arctan(1) = − .
En hautes fréquences : 𝐺𝑑𝐵 (𝜔) ∼ 0 dB : asymptote horizontale, 𝑦 = 0 dB. 4

2 On en déduit le diagramme de Bode


A la pulsation de coupure 𝜔𝑐 = on a 𝐺𝑑𝐵 (𝜔𝑐 ) = −3𝑑𝐵.
𝑅𝐶
1
de la phase du filtre RC (ci-contre).
Il s’agit d’un filtre passe-haut de fréquence de coupure 𝑓𝑐 = .
𝜋𝑅𝐶

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