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Chapitre 1 : Filtres analogiques

1.1. Définitions :

Un filtre est un dispositif électronique laissant passer une bande de fréquences


et élimine ou affaiblit les composantes indésirables. Les filtres réalisent ainsi un
traitement fréquentiel des signaux et modifient leur spectre d’amplitude et de phase,
donc leur forme. Un filtre peut être actif ou passif.

Le filtrage s’applique à des signaux représentés sous formes numériques après


l’échantillonnage du signal (filtres numériques), ou sous forme analogique (filtres
analogiques).

Les filtres analogiques, objet de ce chapitre, quant à eux agissent directement


sur le signal d’entrée. Ils sont de loin les plus courants, car ils peuvent être réalisés
simplement au moyen des structures standards nécessitant peu de composants
discrets (résistances, condensateurs, inductances, amplificateurs opérationnels). Ils
travaillent à des fréquences élevées, moins couteux et sont faciles à mettre œuvre. On
distingue alors deux types de filtres analogiques passifs et actifs.

Un filtre passif est un quadripôle réactif qui ne contient que des éléments
passifs (résistances, condensateurs, bobines). Il ne contient pas d'éléments actifs
(amplificateurs opérationnels, transistors, ...). Ils sont généralement utilisés au dessus
de 1 MHz, ils n’ont pas de gain en puissance et sont relativement difficiles à accorder.

Les filtres actifs contiennent des éléments actifs (amplificateurs opérationnels,


transistors,…). Ils sont utiles au-dessous de 1 MHZ, ils ont un gain en puissance et ils
sont faciles à accorder.

1.2. Fonction de transfert d’un filtre :

Un filtre est caractérisé par sa fonction de transfert donnée par :

𝑉
𝐻 𝑗𝑤 = 𝑉𝑠 , où Ve représente le signal d’entrée et Vs le signal de sortie.
𝑒

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Figure I.1 Filtrage d’un signal

L’étude fréquentielle de la fonction de transfert du filtre détermine son


comportement.

Pratiquement, un filtre est caractérisé par deux courbes de réponse,


amplitude/fréquence et phase/fréquence.

1.2.1. Bande passante: c’est l’étendue de fréquences entre lesquelles un signal à


l’entrée passe à la sortie
1.2.2. Bande atténuée : C'est l'étendue de fréquences ou l'amplitude d'un signal
est atténuée de sorte qu'il n'apparait pas à la sortie.
Les filtres sont caractérisés selon leur réponse en fréquence. La variation de
l'amplitude en fonction de la fréquence est le critère le plus important.

1.3. Les différents types de filtres :

1.3.1 Filtre passe-bas :

Un filtre passe bas laisse passer les basses fréquences et arrête les fréquences
élevées. La figure I.3 montre la réponse d'un filtre passe bas idéal, c'est la courbe qui
𝑉
représente le gain en tension 𝐻 𝑗𝑤 = 𝑉𝑠 en fonction de la fréquence. 𝑓𝑐 s’appelle la
𝑒

fréquence de coupure. La bande passante est l'intervalle de fréquence [0, 𝑓𝑐 ]. La


bande atténuée est formée par les fréquences au dessus de 𝑓𝑐 .

La fonction de transfert d’un filtre passe bas du premier ordre est de la forme :
𝐻0
𝐻 𝑗𝑤 = 𝑤
1+𝑗
𝑤𝑐

On remarque que le gain est complexe, il a donc un module et une phase.

 Le module de la fonction de transfert est donnée par :

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𝑯𝟎
𝑯(𝒋𝒘) =
𝒘 𝟐
𝟏+ 𝒘
𝒄

 La phase est donnée par :

𝑤 𝑤 𝑤
𝜑 𝑤 = 𝐴𝑟𝑔 𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴𝑟𝑔 𝐻0 − 𝐴𝑟𝑔 1 + 𝑗 = −𝐴𝑟𝑔 1 + 𝑗 = −𝐴𝑟𝑐𝑡𝑎𝑛( )
𝑤𝑐 𝑤𝑐 𝑤𝑐

Le module nous informe comment chaque harmonique sera atténué et la


phase nous informe de combien cet harmonique sera déphasé. Ainsi, si on applique à
l'entrée du filtre un signal sinusoïdal d'amplitude A et de fréquence 𝑓𝑚 :

𝑉𝑒 𝑡 = 𝐴𝑐𝑜𝑠 2𝜋𝑓𝑚 𝑡 = 𝐴𝑐𝑜𝑠 𝑤𝑚 𝑡

Alors le signal de sortie sera :

𝑉𝑠 𝑡 = 𝐻(𝑤𝑚 )𝐴 𝑐𝑜𝑠 2𝜋𝑓𝑚 𝑡

0 𝑓𝑐 𝑓

Figure I.2 : Filtre passe - bas idéal

La bande coupée est constituée de toutes les fréquences supérieures à 𝑓𝑐 .

Toute onde sinusoïdale à l'entrée du filtre et dont la fréquence se situe dans la


bande passante apparaîtra à la sortie du filtre. Mais toute onde sinusoïdale dont la
fréquence est supérieure à 𝑓𝐶 est complètement atténuée par le filtre.

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Figure I.3 Spectres des signaux d'entrée et de sorties d'un filtre
passe-bas
1.3.2 Filtre passe-haut :

La réponse fréquentielle idéale d’un filtre passe-haut est donnée par La


figureI.4. Il atténue toutes les fréquences comprises entre la fréquence nulle et la
fréquence de coupure et laisse passer toutes les fréquences supérieures à celles-ci.

La bande atténuée, dans un filtre passe haut, est formée par toutes les
fréquences entre la fréquence nulle et la fréquence de coupure. Les fréquences
supérieures forment la bande passante.

0 𝑓𝑐 𝑓

Figure I.4 Filtre passe-haut idéal

La fonction de transfert d’un filtre passe haut du premier ordre est donnée
par :

𝜔
𝑉𝑒 𝐾𝑗
𝜔𝑐
𝐻 𝑗𝜔 = =
𝑉𝑠 1 + 𝑗 𝜔
𝜔𝑐

Où : 𝜔 = 2𝜋𝑓 et 𝜔𝑐 = 2𝜋𝑓𝑐

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Le module et la phase de la fonction de transfert égalent à :

𝜔
𝑉𝑒 𝐾
𝜔𝑐
𝐻 𝑗𝜔 = =
𝑉𝑠 𝜔 2
1+
𝜔𝑐

𝜋 𝜔 𝜋 𝜔
𝜙 𝜔 = arg 𝐻(𝑗𝜔) = 2 − arg 1 + 𝑗 𝜔 = 2 − arctan
𝑐 𝜔𝑐

1.4.3 Filtre passe-bande :

Un filtre passe-bande est utilisé, entre autres, pour s’accorder sur un signal
radio ou télévision. En téléphonie, il sert à séparer les différentes conversations
simultanées utilisant la même liaison. La réponse en fréquence idéale d’un filtre
passe-bande est donnée par la figure 1.5. Il atténue les fréquences entre la fréquence
nulle et la fréquence de coupure inférieure 𝑓1 , ensuite il laisse passer toutes les
fréquences situées entre la fréquence de coupure inférieure 𝑓1 et supérieure 𝑓2 .
Finalement, il atténue toutes les fréquences situées au dessus de 𝑓2 .

Bande passante (BP) : entre 𝑓1 et 𝑓2, Bande atténuée : ailleurs

0 𝑓1 𝑓2 𝑓

Figure 1.5 : Filtre passe -bande idéal

1.4.4 Filtre coupe-bande :

La réponse fréquentielle idéale d’un filtre coupe-bande est donnée par la


figureI.6 représente la. Il passe toutes les fréquences entre la fréquence nulle et la
fréquence de coupure inférieure 𝑓1 , puis il atténue toutes les fréquences comprises

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entre les fréquences de coupures. Enfin, il passe toutes les fréquences au dessus de la
fréquence de coupure supérieure 𝑓2 .

0 𝑓1 𝑓2 𝑓

Figure 1.6 : Filtre coupe -bande idéal

1.4.5 Filtre passe tout idéale :

La réponse en fréquence d’un Filtre passe tout idéal est représentée par la
figure I.7. Il possède une bande passante et aucune bande atténuée. Alors, son action
est sur la phase du signal qui le traverse. Ce type de filtre est employé pour produire
un certain déphasage sur le signal filtré sans changer son amplitude.

𝐻(𝑗𝑤)
1

Figure 1.7 : Filtre passe tout idéal

NB : Un filtre peut avoir pour rôle de modifier uniquement la réponse en


phase d’un signal. On parle alors de filtre correcteur de phase.

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1.3.6 Résumé sur les caractéristiques des filtres :

Les caractéristiques des différents filtres présentés ci-dessus peuvent être résumées
dans le tableau 1 suivant :

Tableau 1

Type de filtre H(0) H(∞) H(WC) ou H(W0)


Passe-bas 1 0 𝟏/ 𝟐
Passe-haut 0 1 𝟏/ 𝟐
Passe-bande 0 0 1
Coupe-bande 1 1 0

1.4. Quelques structures de filtres passe-bas passifs :

1.4. 1. Filtres passe-bas du premier ordre : R

C
Ve(t) Vs(t)

Figure 1.9 : Filtre passe – bas


1 1
𝐻 𝑗𝑤 = =
1 + 𝑗𝑅𝐶𝑤 1 + 𝑗 𝑤
𝑤 𝑐

1 1
𝑤𝑐 = 𝑅𝐶 , 𝑓𝑐 = 2𝜋𝑅𝐶

1.4. 2. Filtre passe-bas du second ordre :


R L

Ve(t) C Vs(t)

Figure 1.9 : Filtre passe – bas

1
𝐻 𝑗𝑤 =
1 + 𝑗𝑅𝐶𝑤 + 𝐿𝐶(𝑗𝑤)2

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1
𝐻 𝑗𝑤 = 2
𝑤 𝑤
1 + 2𝑚𝑗 𝑤 + 𝑗 𝑤
𝑐 𝑐

1
𝑤𝑐 =
𝐿𝐶

𝑅𝐶𝑤 𝑐 𝑅 𝐶
𝑚= = ; (𝑚 ∶ 𝑐𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑑′𝑎𝑚𝑜𝑟𝑡𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡)
2 2 𝐿

1.4.3 Ordre d’un filtre :

L’ordre 𝑛 d’un filtre passif est égal au nombre d’inductances et de


condensateurs dans le filtre. Si un filtre passif contient deux inductances et deux
condensateurs, nous avons 𝑛 = 4 . Par conséquent l’ordre indique la complexité du
filtre : plus l’ordre est élevé plus le filtre est précis et plus il est compliqué.

L’ordre du filtre actif dépend du nombre de circuits RC (pôles) qu’il contient.


Par exemple, un filtre actif contenant huit circuits RC, 𝑛 = 8. Généralement, Le
décompte des circuits RC dans un filtre actif est difficile. L’ordre d’un filtre actif
𝒏 ≈ 𝒍𝒆 𝒏𝒐𝒎𝒃𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒄𝒐𝒏𝒅𝒆𝒏𝒔𝒂𝒕𝒆𝒖𝒓𝒔. Par exemple, si un filtre actif contient 12
condensateurs, son ordre est égal à 12.

Aussi, on distingue l’ordre d’un filtre par la pente de réponse en fréquence


aux fréquences supérieures à la coupure. Cette pente est n fois -20dB/déc. où n
représente l’ordre du filtre.

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Figure 1.10 : Réponse d’un filtre passe - bas selon son ordre 𝑛

1.5. Gabarit d’un filtre : (On parle également de "synthèse sur cahier des charges")

Pratiquement, Il est impossible de réaliser un filtre idéal. Donc, on se contente


d’approcher cette réponse fréquentielle idéale en :

 Conservant le gain 𝐺𝑑𝐵 = 20log⁡


( 𝐻 𝑗𝑤 supérieur à une limite −𝑨𝒑
(atténuation maximale) dans la bande passante, souvent fixée à -3dB,
 Conservant l’atténuation inférieure à −𝑨𝒂 dans la bande atténuée (atténuation
minimale)
Cela conduit ainsi à définir un gabarit définissant des zones interdites et des
zones dans lesquelles devront impérativement se situer les graphes représentant
l’atténuation du filtre en fréquence.
Le gabarit d’un filtre passe-bas est caractérisé par 2 points (𝑊𝑝 , −𝑨𝒑 ) et
(𝑊𝑎 , −𝑨𝒂 ).
Autres spécifications possibles d’un gabarit : Ondulation dans la BP, Largeur
de la bande de transition etc …
1.5.1. Gabarit d’un filtre passe-bas :

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Figure 1. 11: Gabarit d’un filtre passe-bas.

NB : Dans le cas classique, 𝐴𝑝 = 3𝑑𝐵. On peut souhaiter une atténuation Ap


moins importante. Il suffit d’ajouter un paramètre supplémentaire dans la fonction
de transfert de Butterworth :

2 1
𝐻(𝑤) = 2𝑁 , 0≤ɛ≤1
𝜔
1+ɛ2
𝜔𝑝

2 1 𝜔
𝐻(𝜔) = ,𝛺= : pulsation réduite.
1+ɛ2 𝛺 2𝑁 𝜔𝑝

1.5.2. Gabarit d’un filtre passe-haut :

Figure 1.12 : Gabarit d’un filtre passe-haut

1.5.3. Gabarit d’un filtre passe-bande :

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Figure 1.13 : Gabarit d’un filtre passe-bande

1.5.4. Gabarit d’un filtre coupe-bande :

Figure 1.14 : Gabarit d’un filtre coupe-bande

Remarque : Pour la transformation de gabarits passe-bas vers passe-bande ou coupe-


bande, ces derniers doivent être symétriques. Si ça n’est pas le cas, il faut des rendre
symétrique (en les rendant plus sévères). La condition de symétrie est :

𝑓𝑝1 𝑓𝑝2 = 𝑓𝑎1 𝑓𝑎2

La réalisation des filtres se base sur des gabarits qui leurs sont relatifs. En effet,
des approximations des filtres réels sont utilisées : Butterworth, Chebychev, Bessel,
Cauer …

 Le filtre de Butterworth est utilisé pour sa réponse extrêmement plate


dans la BP.
 Le filtre de Chebychev est utilisé quand les spécifications du gabarit
permettent une ondulation dans la BP

Une infinité de fonctions de transfert répondent au gabarit d’un filtre donné.


En pratique, on peut toutefois se restreindre à quelques types particuliers de
réponses aux propriétés connues.

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1.6. Filtre de BUTTERWORTH :

En 1930, Stanely Butterworth imagine un filtre passe-bas d’ordre n capable


d’approcher au plus près son diagramme asymptotique avec une fréquence de
coupure à -3dB confondue avec la fréquence de cassure 𝑓𝑐 . Il calcule une série de
polynômes complexes 𝑃𝑛 (𝑗𝑥) de degré 𝑛 croissant conduisant à une expression
1
unique du module de la fonction de transfert 𝐻(𝑗𝑥) = 𝑃 correspondante.
𝑛 (𝑗𝑥 )
𝑤
( 𝐴𝑣𝑒𝑐 𝑥 = )
𝑤𝑐

1 1 1
𝐻(𝑗𝑥) = , 𝐻(1) = = ,
1+𝑥 2𝑛 1+12 2

𝐺𝑉 1 = 20 log 2 = −3 𝑑𝐵

Les polynômes 𝑃𝑛 (𝑗𝑥) sont donnés dans le tableau suivant jusqu’à l’ordre 6.

n Polynômes de Butterworth 𝑃𝑛 (𝑗𝑥)


1 1 + 𝑗𝑥
2
2 1 + 1,414𝑗𝑥 + 𝑗𝑥
2
3 1 + 1,000𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 (1 + 𝑗𝑥)
2 2
4 1 + 1,848𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 1 + 0,765𝑗𝑥 + 𝑗𝑥
2 2
5 1 + 1,618𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 1 + 0,616𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 (1 + 𝑗𝑥)
2 2 2
6 1 + 1,932𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 1 + 1,414𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 1 + 0,518𝑗𝑥 + 𝑗𝑥

Par exemple, la fonction de transfert d’un filtre passe-bas de type Butterworth


à l’ordre 2 est donné comme suit :

1 1
𝐻 𝑗𝑥 = 2
= 2
1 + 1,414𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 𝑓 𝑓
1 + 2.0,707𝑗 + 𝑗
𝑓𝑃 𝑓𝑃

1
𝐻 𝑗𝑥 = 2
𝑓 𝑓
1 + 2.0,707𝑗 + 𝑗
𝑓𝑃 𝑓𝑃

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C’est la forme canonique d’un filtre passe-bas du second ordre de coefficient
d’amortissement 𝑚 = 0,707 et de fréquence propre 𝑓0 = 𝑓𝑃

Si l’on veut réaliser un filtre passe haut, passe-bande ou réjecteur de mêmes


paramètres a, b et s, il suffit de transposer la fonction de transfert en opérant un
changement de variable comme indiqué dans le tableau suivant :

Passe-haut Passe-bande Réjecteur


1 1 1 1
𝑗𝑥 → 𝑗𝑥 → 𝑗𝑥 + 𝑗𝑥 → 𝐵 𝑗𝑥 +
𝑗𝑥 𝐵 𝑗𝑥 𝑗𝑥
1
Le filtre passe haut s’obtient ainsi en changeant 𝑗𝑥 𝑒𝑛 :
𝑗𝑥

1 𝑗𝑥 2
𝐻 𝑗𝑥 = 2 = 2
1 1 1 + 1,414𝑗𝑥 + 𝑗𝑥
1 + 1,414 𝑗𝑥 + 𝑗𝑥

𝑓 2
𝑓 𝑗
𝑓𝑃
𝐻 𝑗 = 2
𝑓𝑃 𝑓 𝑓
1 + 2.0,707𝑗 + 𝑗
𝑓𝑃 𝑓𝑃

Remarque : les filtres de Butterworth (Maximally Flat) ont une réponse en


gain très plate, proche de 0dB dans la bande passante. Ils admettent des réponses
indicielles présentant un dépassement limité (20 % à l’ordre 2) ce qui les rend bien
adapté au filtrage des signaux à variation rapide.

1.6.1. Paramètres du filtre de Butterworth à partir du gabarit :

En partant du gain en dB :

1 𝜔
20𝑙𝑜𝑔 𝐻(𝛺) = 20𝑙𝑜𝑔 ,𝛺=
1+ɛ2 𝛺 2𝑁 𝜔𝑝

𝐴𝑝
Soit 𝐴𝑝 le gain à la pulsation 𝜔 = 𝜔𝑝 , (soit 𝛺 = 1), alors : ɛ = 10 10 −1

𝐴𝑎
𝑙𝑜𝑔 10 10 −1 −2𝑙𝑜𝑔 ɛ
𝜔𝑎
L’ordre du filtre est donné par : 𝑁 = , 𝛺𝑎 = .
2𝑙𝑜𝑔 𝛺 𝑎 𝜔𝑝

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𝑁 peut être fractionnaire ; l’ordre choisi est l’entier supérieur.

La fréquence de coupure à -3dB est liée à la fréquence 𝑓𝑝 par la relation :

𝜔𝑝
𝜔𝑐 = 𝑁
ɛ

Il suffit d’imposer que le gain soit -Ap dB pour 𝜔 = 𝜔𝑝 ; on a alors 𝛺2𝑁 = 1,

et la seule inconnue est ɛ.

On impose que la courbe passe par le point (𝜔𝑝 , −𝐴𝑎 ). Connaissant ɛ, la seule

inconnue est N.

1.7. Filtre de Chebychev :

L’horizontalité de la réponse n’est pas importante dans certaines applications.


Dans ce cas on peut préférer la caractéristique de Chebychev qui offre, à ordre égal,
une chute très rapide dans la zone de transition (une atténuation plus grande en
bande atténuée) qu’un filtre de Butterworth, mais la courbe de gain présente des
ondulations dans la bande passante et le temps de propagation de groupe n’est pas
constant (phase non linéaire) ce qui peut entrainer une distorsion des signaux
transmis. Cela n’est pas gênant en audio mais c’est rédhibitoire en numérique.

Les polynômes 𝐶𝑛 (𝑗𝑥) de Chebychev permettent de définir le module de la


fonction de transfert 𝐻(𝑗𝑥) correspondant :

1 1
𝐻(𝑗𝑥) = , 𝐻(1) = ,
2 1+𝜀 2
1+𝜀 2 𝐶 (𝑥)
𝑛

𝜀: 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 ≤ 1, 𝐶𝑛 1 = 1

𝐺𝑛 1 = −20 log 1 + 𝜀2

La courbe de gain passe par a dB pour 𝑓 = 𝑓𝑃 , comme 𝜀 ≤ 1 alors 𝑎 = 𝐺(1) ≤ 3dB

𝑎 donne la variation maximale du gain ou « ondulation » dans la bande passante.

La fréquence de coupure 𝑓𝑃 est donc définie à − 𝑎 dB avec 𝑎 ≤ 3𝑑𝐵.

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Les fonctions de transmission de Chebyshev sont donnés dans le tableau suivant
jusqu’à l’ordre 6 :

n K Polynômes de Chebyshev 𝐶𝑛 (𝑗𝑥) (calculés pour 𝑎 = 3𝑑𝐵)


1 1 1 + 𝑗𝑥
2
2 0,708 1 + 0,911𝑗𝑥 + 1,412 𝑗𝑥
2
3 1 1 + 0,356𝑗𝑥 + 1,192 𝑗𝑥 (1 + 3,349𝑗𝑥)
2 2
4 0,708 1 + 2,098𝑗𝑥 + 5,103 𝑗𝑥 1 + 0,189𝑗𝑥 + 1,107 𝑗𝑥
2 2
5 1 1 + 0,762𝑗𝑥 + 2,652 𝑗𝑥 1 + 0,117𝑗𝑥 + 1,068 𝑗𝑥 (1 + 5,633𝑗𝑥)
2 2 2
6 0,708 1 + 3,213𝑗𝑥 + 11,261 𝑗𝑥 1 + 0,4𝑗𝑥 + 1,916 𝑗𝑥 1 + 0,08𝑗𝑥 + 1,047 𝑗𝑥

Le facteur K correspond au numérateur de la fonction de transfert du filtre


passe-bas. Pour les ordres n pairs, il convient de choisir 𝐾 = 10− 𝑎 /20 afin de ramener
la valeur maximale de gain à 0 dB. Pour 𝑎 = 3𝑑𝐵, on obtient 𝐾 ≈ 0,708.

Par exemple, la fonction de transfert d’un filtre passe-bas de type de


Chebyshev à l’ordre 2 est donnée par :

0,708
𝐻 𝑗𝑥 = 2
1 + 0,912𝑗𝑥 + 1,412 𝑗𝑥

0,708
𝐻 𝑗𝑥 = 2
1 + 0,767(1,188𝑗𝑥) + 1,188𝑗𝑥

𝑓 0,708
𝐻 𝑗 = 2
𝑓𝑃 𝑓 𝑓
1 + 2.0,384 𝑗 + 𝑗
0,842𝑓𝑃 0,842𝑓𝑃

On retrouve donc la forme canonique d’un filtre passe-bas du second ordre de


coefficient d’amortissement 𝑚 = 0,384 et de fréquence propre 𝑓0 = 0,842𝑓𝑃 .

1.8. Filtres actifs :

1.8. 1. Filtres à contre réaction multiple : structure de RAUCH :

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Y4 Y5
Y1
A B _
4 Y3 4

Ve Y2 +
Vs

Figure 1.15 : Filtre à contre réaction (Structure de RAUCH)

D’après le théorème de Millman :

𝑉𝑒 𝑌1 + 𝑉𝐵 𝑌3 + 𝑉𝑆 𝑌4
𝑉𝐴 =
𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 + 𝑌4
𝑉𝐴 𝑌3 + 𝑉𝑆 𝑌5
𝑉𝐵 = =0
𝑌3 + 𝑌5

On déduit :

−𝑉𝑆 𝑌5 𝑉𝑒 𝑌1 + 𝑉𝑆 𝑌4
𝑉𝐴 = =
𝑌3 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 + 𝑌4

−𝑉𝑆 𝑌5 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 + 𝑌4 = 𝑌3 𝑉𝑒 𝑌1 + 𝑉𝑆 𝑌4

−𝑉𝑆 𝑌5 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 + 𝑌4 + 𝑌3 𝑌4 = 𝑉𝑒 𝑌1 𝑌3

−𝑉𝑆 𝑌1 𝑌3
𝑇= =−
𝑉𝑒 𝑌5 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 + 𝑌4 + 𝑌3 𝑌4

Le signe moins indique que le filtre de RAUCH est inverseur (c-à-d la phase
vaut -180° dans la bande passante)

La nature du filtre est déterminée par le numérateur 𝑌1 𝑌3 .

Par exemple, le filtre réalisé sera de type passe-bas si le numérateur est d’ordre
0 (constant) ce qui implique que les admittances 𝑌1 𝑒𝑡 𝑌3 soient réalisées par des
résistances. Pour obtenir alors un polynôme du second ordre au dénominateur, il
faudra que les admittances 𝑌5 𝑒𝑡 𝑌2 ou bien 𝑌5 𝑒𝑡 𝑌4 soient des condensateurs. De

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même, on obtiendra un passe-haut si 𝑌1 𝑒𝑡 𝑌3 sont réalisées au moyen des capacités
conduisant à un numérateur du second ordre (𝑗𝑤)2.

R C1

R
A B _
4 R 4

Ve C2 +
Vs

Figure 1.17 : Filtre passe – bas

−1
𝐻 𝑗𝑤 =
1 + 𝑗3𝑅𝐶1 𝑤 + 𝐶1 𝐶2 (𝑗𝑅𝑤)2

1
𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴 2
𝑤 𝑤
1 + 2𝑚𝑗 𝑤 + 𝑗 𝑤
𝑐 𝑐

𝐴 = −1

1 3 𝐶1
𝑤𝑐 = 𝑅 , 𝑚=2
𝐶1 𝐶2 𝐶2

C R1

C A B _
4 C 4

Ve(t) R2 +
Vs(t)

Figure 1.18 : Filtre passe - haut

−𝑅1 𝑅2 (𝑗𝐶𝑤)2
𝐻 𝑗𝑤 =
1 + 𝑗3𝑅2 𝐶𝑤 + 𝑅1 𝑅2 (𝑗𝐶𝑤)2

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𝑤 2
𝑗𝑤
𝑐
𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴 2
𝑤 𝑤
1 + 2𝑚𝑗 𝑤 + 𝑗 𝑤
𝑐 𝑐

𝐴 = −1

1
𝑤𝑐 =
𝐶 𝑅1 𝑅2

3 𝑅2
𝑚=
2 𝑅1

C1 R3

R1 A B _
4 C2 4

Ve(t) R2 +
Vs(t)

Figure 1.19 : Filtre passe – bande

𝑅 𝑅
−𝑅3 2𝑗 𝑅 1+𝑅2 𝐶𝑤
1 2
𝐻 𝑗𝑤 =
2𝑅1 1 + 2𝑗 1 2 𝐶𝑤 + 𝑅1 𝑅2 𝑅3 (𝑗𝐶𝑤)2
𝑅 𝑅
𝑅1 +𝑅2 𝑅1 +𝑅2

𝑤
2𝑚𝑗 𝑤
𝑐
𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴 2
𝑤 𝑤
1 + 2𝑚𝑗 𝑤 + 𝑗 𝑤
𝑐 𝑐

−𝑅3
𝐴=
2𝑅1

1 𝑅1 +𝑅2 𝑅1 𝑅2
𝑤𝑐 = 𝐶 𝑚=
𝑅1 𝑅2 𝑅3 𝑅3 𝑅1 +𝑅2

1.8.2. Filtres à sources de tension contrôlée (VCVS) : structure de SALLEN et KEY :

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Le filtre de SALLEN et KEY est construit autour d’un amplificateur
opérationnel parfait et d’amplification K.

Cet amplificateur peut, par exemple, être réalisé au moyen d’un montage non
inverseur à A_OP mais peut aussi se limiter à un simple montage suiveur à A_OP si
on ne souhaite pas avoir d’amplification (K=1).

Y2
Y1
A B
K
4 Y3 4

Ve Y4 Vs

Figure 1.20 Filtre à structure de SALLEN et KEY

D’après le théorème de Millman :

𝑉𝑒 𝑌1 + 𝑉𝐵 𝑌3 + 𝑉𝑆 𝑌2
𝑉𝐴 =
𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3
𝑉𝐴 𝑌3 𝑉𝑆
𝑉𝐵 = =
𝑌3 + 𝑌4 𝐾

On déduit :
𝑉𝑆
𝑉𝑆 𝑌3 + 𝑌4 𝑉𝑒 𝑌1 + 𝐾 𝑌3 + 𝑉𝑆 𝑌2
𝑉𝐴 = . =
𝐾 𝑌3 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3

𝑉𝑆 𝑌3 + 𝑌4 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 = 𝑌3 𝑉𝑒 𝐾𝑌1 + 𝑉𝑆 𝑌3 + 𝑉𝑆 𝐾𝑌2

𝑉𝑆 𝑌3 + 𝑌4 𝑌1 + 𝑌2 + 𝑌3 − 𝑌3 2 − 𝐾𝑌2 𝑌3 = 𝑉𝑒 𝐾𝑌1 𝑌3
𝑉𝑆 𝐾𝑌1 𝑌3
𝐻 𝑗𝑤 = =
𝑉𝑒 𝑌1 + 𝑌2 𝑌3 + 𝑌4 + 𝑌3 𝑌4 − 𝐾𝑌2

C’est toujours le numérateur 𝑌1 𝑌3 qui détermine la nature du filtre.

Le choix de résistance pour réaliser les admittances 𝑌1 et 𝑌3 rendra le


numérateur constant et permettra de réaliser un filtre passe-bas. Pour obtenir alors
un polynôme du second ordre au dénominateur, il faudra que les admittances 𝑌2 et
𝑌4 soient des condensateurs.

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La stabilité du filtre impose d’avoir 𝑚 > 0 (𝑚 = 0, est la condition limite
d’oscillation). Or, le coefficient d’amortissement 𝑚 dépend du choix des composants
passifs mais aussi de l’amplification 𝐾. Une amplification trop grande pourra rendre
le filtre instable. En revanche, le filtre est toujours stable lorsque l’amplificateur est
réalisé à l’aide d’un montage suiveur à A_Op (𝐾 = 2).

C2
R
A B
K
4 R 4

Ve(t) C1 Vs(t)

Figure 1.21 Filtre passe-bas à structure de SALLEN et KEY

𝐾
𝐻 𝑗𝑤 = 2
1 + 𝑗𝑅 2𝐶1 + 𝐶2 1 − 𝐾 𝑤 + 𝐶1 𝐶2 𝑗𝑅𝑤
1
𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴 𝑤 𝑤
1 + 2𝑚𝑗 𝑤 + (𝑗 𝑤 )2
𝑐 𝑐

𝐴=𝐾

1 𝐶1 𝐶2 1−𝐾
𝑤𝑐 = 𝑅 ,𝑚= +
𝐶1 𝐶2 𝐶2 𝐶1 2

𝐾𝐶1 𝐶2 𝑗𝑅𝑤 2
𝐻 𝑗𝑤 = 1+𝑗𝐶 2𝑅2 + 𝑅1 1−𝐾 𝑤+𝐶1 𝐶2 𝑗𝑅𝑤 2
R2
𝑤
(𝑗 )2
𝑤𝑐
𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴 𝑤 𝑤 , C A B
1+2𝑚𝑗 +(𝑗 )2
𝑤𝑐 𝑤𝑐
4 C 4 K
𝐴=𝐾
Ve(t) R1 Vs(t)
1 𝑅2 𝑅1 1−𝐾
𝑤𝑐 = 𝐶 ,𝑚= +
𝑅1 𝑅2 𝑅1 𝑅2 2

Figure 1.22 Filtre passe-haut à structure de SALLEN et


KEY

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R
R1
K
C
Ve(t) R Vs(t)
C

Figure 1.23 : Filtre passe-bande à structure de SALLEN et KEY

𝑅1𝑅2
𝐾𝑅 2𝑗 𝐶𝑤
𝑅 1 +𝑅 2
𝐻 𝑗𝑤 = . 𝑅 1 (1−𝐾) 𝑅 ,
2𝑅+𝑅1 3−𝐾 1+𝑗𝑅𝐶 2− 𝑤 + 1 (𝑗𝑅𝐶𝑤 )2
𝑅 1 +𝑅 2 𝑅+𝑅 1

𝑤
2𝑚𝑗 𝐾𝑅
𝑤0
𝐻 𝑗𝑤 = 𝐴 𝑤 𝑤 , 𝐴 = 2𝑅+𝑅
1+2𝑚𝑗 +(𝑗 )2 1 (3−𝐾)
𝑤0 𝑤0

1 𝑅 2𝑅+𝑅1 (3−𝐾)
𝑤0 = 𝑅𝐶 1 + 𝑅 , 𝑚 =
1 2 𝑅1 (𝑅+𝑅1 )

1.9. Méthode de synthèse en cascade

La synthèse en cascade repose sur la possibilité, qui existe toujours, de


décomposer une fonction de transfert quelconque en produit de fonctions de
transfert élémentaires. Cette méthode est la plus simple et la plus répandue. Ainsi
pour un filtre d'ordre N, la décomposition de la fonction de transfert
comportera N/2 cellules du second ordre si l'ordre du filtre est pair, ou (N-1)/2
cellules du second ordre et une cellule du premier ordre si l'ordre du filtre est impair.
Cette décomposition en produit de fonctions de transfert élémentaires n'est possible
que s'il n'y a pas d'interactions entre cellules.

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