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UNIVERSITÉ DE CAEN BASSE NORMANDIE FILTRAGE ET ANALYSE HARMONIQUE

MASTER 2 – ENSEIGNEMENT PHYSIQUE ET CHIMIE

6. FILTRAGE ET ANALYSE HARMONIQUE

1. Rappels théoriques et définitions


1.1. Filtres du 1er et du 2ème Ordre en régime harmonique
1.1.1. Les systèmes linéaires et invariants dans le temps.
Tout système physique (en électricité, mécanique, acoustique..etc) soumis à une excitation donc
à un signal d'entrée e(t) délivre un signal de sortie s(t). Ce système est linéaire si lorsque e1 et e2 sont
deux entrées fournissant les sorties s1 et s2 alors une entrée 1e1+2e2 donnera une sortie 1s1+2s2.
De même le système est invariant dans le temps si lorsque s(t) correspond à e(t), un signal
d'entrée décalé dans le temps e(t-t') donnera un signal de sortie s(t-t').
Pour ce type de systèmes, dans les cas les plus simples, les signaux de sortie et d'entrée sont
reliés par une équation différentielle à coefficients constants du type :

L'analyse de systèmes physiques peut s'effectuer à la fois dans le domaine temporel (étude du
régime transitoire avec une tension échelon: réponse indicielle du système) et dans le domaine
fréquentiel (étude en régime harmonique : réponse fréquentielle). Il est particulièrement intéressant
d'étudier les systèmes linéaires et invariants dans le temps en régime harmonique.

1.1.2. Fonction de transfert.


En régime harmonique, il est plus simple d'utiliser la notation complexe pour déterminer les
solutions correspondant au régime permanent.
On a donc dans ce cas

On en déduit à partir de l'équation différentielle que

Les amplitudes complexes apparaissent donc proportionnelles.


Leur rapport (complexe) est la fonction de transfert ou transmittance H ( j ω) du système.
La connaissance de l'évolution en fonction de la pulsation du module et de la phase de la
transmittance suffit à caractériser la réponse fréquentielle d'un tel système physique.
A partir du module ∣H ( j ω)∣ de la transmittance, exprimé en dB, on définit le « gain » du
système :

La représentation de GdB et de arg ( H ) en fonction de la fréquence f ou de la pulsation 


constituent le diagramme de Bode du système. Pratiquement, on trace souvent ces diagrammes en
utilisant une échelle logarithmique pour la fréquence ou la pulsation en abscisse.

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On représente alors l'évolution de ces deux grandeurs de décade en décade (intervalle de


f 2 ω2
fréquence [f1, f2] ou pulsation [1, 2] telle que = =10 ou log 10 ( f 2 )−log 10 ( f 1)=1 ).
f 1 ω1
Il faut remarquer que pour de tel système le spectre du signal de sortie ne peut pas contenir de
composantes supplémentaires vis à vis du spectre du signal d'entrée, sinon cela veut dire que le
système est non linéaire ou/et non invariant dans le temps.
Lorsque la fonction de transfert, n'est pas une constante, les différentes composantes spectrales
sont éventuellement amplifiés, atténués et/ou déphasés différemment : le système favorise certaines
composantes au détriment d'autres : on considère alors qu'il constitue un filtre, donc un quadripôle
conçu pour transmettre sélectivement les diverses fréquences de la grandeur harmonique.
L'ordre du filtre correspond au degré le plus élevé des deux polynômes qui constituent la
fonction complexe de transfert. Pour les systèmes physiques réels, l'ordre est donné par le degré n
du dénominateur. Le degré du numérateur m est toujours inférieur ou égal à n, celui du dénominateur.
Lorsque l'on associe deux filtres en cascade, la fonction de transfert de l'association est égale au
produit des fonctions de transfert. Il suffit donc de sommer les diagrammes de Bode.
Cela permet aussi de définir si le système est stable en régime forcé. Il suffit que le module de
la transmittance soit borné à toutes les fréquences.

1.1.3. Types de filtres et fréquence de coupure


Lorsqu’on tracera un diagramme de Bode de gain des filtres, on trouvera souvent les quatre
types de filtres suivants, qui correspondent à quatre besoins différents en matière de filtrage du signal
d’entrée :
• Lorsqu'on a besoin de couper les signaux de haute fréquence (ex : les parasites) et de garder le
signal basse fréquence d’utilisation. On va définir un filtre dont le gain est quasi constant
jusqu’à une certaine fréquence dite fréquence de coupure fc puis ce dernier décroît ensuite
avec f : on l’appellera filtre passe-bas.

fc f

Ses paramètres essentiels sont le gain dans la bande où le signal de sortie n’est pas coupé, la
fréquence à partir de laquelle on va considérer que le filtre commence à couper le signal
d’entrée (voir par la suite la définition exacte de la fréquence de coupure) et la façon dont le
filtre coupe le signal d’entrée (on mesurera ce paramètre en mesurant la pente de la courbe de
gain en dB/décade de f).

• Lorsqu'on a besoin au contraire de couper un signal basse fréquence (par exemple un signal
constant ou un signal à la fréquence du réseau f = 50 Hz) et de garder un signal dont la

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fréquence est supérieure. On va définir un filtre dont le gain est constant à partir d’une certaine
fréquence de coupure et décroît pour les fréquences inférieures ensuite si f décroît : on
l’appellera filtre passe-haut. Ses paramètres essentiels sont le gain dans la bande où le signal
de sortie n’est pas coupé, la fréquence à partir de laquelle on va considérer que le filtre ne
coupe plus le signal d’entrée et la façon dont le filtre coupe le signal d’entrée en dB/décade de
f.
• Lorsqu'on a besoin d’isoler une certaine partie d’un signal dans une bande de fréquence et de
couper toutes les autres composantes du signal d’entrée. On va définir un filtre dont le gain est
constant dans une bande de fréquence et qui coupe le signal d’entrée avant et après deux
fréquences définissant cette bande de fréquence. On l’appellera filtre passe-bande. Ses
paramètres essentiels seront le gain dans la bande de fréquence où le signal d’entrée n’est pas
f

coupé, les deux fréquences définissant cette bande et la façon dont le filtre coupe le signal e(t)
en dB/décade de f .
• On a besoin de couper tous les signaux dont la fréquence se trouve dans une certaine bande
(c’est le contraire du filtre passe-bande). On va donc générer un filtre appelé filtre réjecteur de
bande.

Pour définir précisément la (ou les) fréquence à partir de laquelle le signal d’entrée est coupé, on se
met d’accord sur la définition suivante : la fréquence de coupure est la fréquence fc pour laquelle la
puissance disponible en sortie est égale à la moitié de la puissance de sortie maximale. Comme la
puissance électrique est souvent proportionnelle au carré des amplitudes des signaux (se rappeler la
formule pour une résistance R, P =U2/R), on démontre que cela revient à écrire : la fréquence de
∣H ∣2
coupure est la fréquence fc pour laquelle : ∣H ( f c )∣2= max ou également :
2

Compte-tenu de cette définition, on peut montrer qu’on peut trouver fc à partir du diagramme de Bode
du gain en faisant :
G(fc) = Gmax – 3 dB

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1.1.4. Diagramme asymptotique


Le tracé rigoureux d'une fonction de transfert est souvent une opération fastidieuse et dans de
nombreux cas, une représentation approximative est suffisante. Le diagramme asymptotique est donc
un diagramme de Bode simplifié formé de morceaux de droites et qui est égal au diagramme de Bode
réel sous certaines conditions.

Il est intéressant d'étudier les évolutions du module et de la phase de la transmittance lorsque la


fréquence tend vers zéro ou vers l'infini pour déterminer le comportement asymptotique de ce module
et de cette phase. Celles-ci sont exprimées en dB/décade.

1.1.5. Filtres passif et actif


Si un filtre est formé de composants passifs RLC et ne reçoit aucune énergie en provenance d'une
alimentation, la puissance disponible en sortie est toujours inférieure (au mieux égale si il n'y a pas de
résistance) à celle du signal d'entrée : le filtre est dit passif.
Pour plusieurs raisons, il est intéressant d'ajouter des éléments actifs (souvent des amplificateurs
opérationnels aux fréquences inférieures à quelques centaines de kHz, sinon des transistors).
Cela permet de compenser des pertes d'énergie dans les éléments et même éventuellement d'augmenter
l'énergie, d'avoir une indépendance de la fonction de transfert vis à vis des impédances de la source et
de l'utilisation, de se passer des inductances : il s'agit alors d'un filtre actif.

1.1.6. Forme du signal de sortie


Dans le cas d'un signal d'entrée quelconque, on peut montrer (moyennant des hypothèses de régularité
-continuité, dérivabilité – qui sont remplies par les signaux réels) que la réponse s(t) est reliée à
l'excitation e(t) par :

La réponse s(t) dépend donc, en général, d'une manière compliquée, de l'excitation e(t)
(mathématiquement, il s'agit d'un produit de convolution). La forme du signal est, en général,
différente à l'entrée et à la sortie du système.
La fonction h(t), nulle pour t<0 contient toute l'information sur le système linéaire.
Si l'excitation est impulsionnelle (une « Dirac »): e (t)=δ(t) , la réponse est

La fonction h(t) correspond donc à la réponse impulsionnelle du système.

La transformée de Fourier de l'intégrale de convolution conduit à :

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Si l'excitation e(t) est sinusoïdale de pulsation , il en est de même de la réponse s(t). Dans ce cas
particulier, la forme du signal est la même à l'entrée et à la sortie. C'est cette propriété qui donne au
régime harmonique toute son importance.
On en déduit alors que

La relation précédente montre que la fonction de transfert est la Transformée de Fourier de la réponse
impulsionnelle : H ( j ω)=TF ( réponse impulsionnelle)
Expérimentalement, il est souvent plus commode de mesurer la réponse à un échelon de tension
(fonction de Heaviside e(t)=0 pour t<0, e(t)=1 pour t>0) ou réponse indicielle.
On a alors :

La réponse indicielle est donc l'intégrale de la réponse impulsionnelle. On obtiendra donc la réponse
impulsionnelle en dérivant la réponse indicielle.
On en déduit alors que si s( ∞)=H (0) tend vers 0 quand t tend vers l'infini, on a alors
H ( j ω)= j ω . TF ( réponse indicielle)
L'ensemble de ces relations permet d'envisager plusieurs méthodes expérimentales pour déterminer la
fonction de transfert d'un filtre :
• En régime harmonique, en mesurant la rapport S ( ω)/ E ( ω) .
• En mesurant la réponse du filtre a un signal d'entrée impulsionnelle (c'est à dire une impulsion
réelle la plus proche possible d'une Dirac) et en déterminant sa Transformée de Fourier.
• En régime transitoire, en mesurant la réponse indicielle du filtre et en prenant la TF de sa
dérivée ou en multipliant par jw la TF de la la réponse indicielle du filtre (si cette réponse tend
vers zéro.
Ceci permet donc de faire le lien entre les aspects fréquentiels et temporels concernant un filtre.
1.2.Analyse de Fourier
1.2.1. Décomposition d'un signal périodique en série de Fourier.
D'après le théorème de Fourier, nous savons que tout signal s(t) physiquement réalisable et
périodique de période T =2 π/ω , à toute date t où le signal est continu, il est développable, de façon
unique en une série de Fourier :

Les coefficients de la série de Fourier sont données par les formules :

et

où t0 est une date arbitraire.

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On voit qu'ainsi, un signal s(t) périodique peut s’analyser comme la somme d'un signal constant
s 0=A0 / 2 et d'un nombre infini de signaux sinusoïdaux s n= An cos ( n ω t)+ B n sin (n ωt ) avec
respectivement les pulsations  (fondamental), 2, … n (harmonique de rang n).
Le développement en série de Fourier d'un signal s(t) peut être mis sous une forme différente :

avec :
• C0 =A0/2 : amplitude de la composante continue;
2 2
• C n =√ An+ Bn : amplitude de l'harmonique de rang n;
• fn : phase à l'origine des temps telle que tan fn = -Bn /An.

La possibilité de décomposer n'importe quel signal périodique sous la forme d'une série de
Fourier permet de comprendre l'utilité fondamentale de la détermination de la fonction de transfert d'un
filtre.
L'utilisation de cette analyse de Fourier permet de montrer les effets d'un filtre en regardant l'évolution
des différentes harmoniques présentes en entrée.
On va voir aussi que l'utilisation d'un filtre bien choisi peut permettre de déterminer les différents
harmoniques présents dans un signal périodique.

1.2.2. Quelques séries de Fourier.


• Signal en triangle pair.
Remarquons qu’on peut toujours rendre la fonction f(t) paire ou impaire par un choix judicieux de
l’origine des dates. Ici, avec f(t) paire, d’amplitude égale à 1, le signal s'écrit:

On notera en particulier que pour un signal triangulaire, l’amplitude du fondamental est


inférieure à celle du signal complet (≈ 0,81), l’amplitude des harmoniques décroissant ensuite
comme l’inverse du carré du rang.
On peut vérifier aussi que les amplitudes des harmoniques de rang pairs sont toujours nuls
(c’est une conséquence de la symétrie de glissement de la fonction triangle).
• Signal en carré ou en créneau symétrique impair.
En ayant choisi f impaire, d'amplitude égale à 1, le signal s'écrit :

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On notera que pour un signal carré, l’amplitude du fondamental est supérieure à celle du
signal complet (≈ 1,3), l’amplitude des harmoniques décroissant ensuite comme l’inverse du rang.
Ici aussi, le spectre ne contient que les harmoniques de rang impair.

• Signal en carré ou en créneau symétrique pair.

En ayant cette fois f paire, d'amplitude égale à 1, le signal s'écrit :

Ce développement se déduit du précédent par un changement de l'origine des temps.

2. Expérimentation.
2.1. Filtre passif passe-bas du premier ordre
2.1.1. Etude théorique
On choisit d'étudier le filtre passe-bas suivant

R is = 0

e(t) C s(t)

• Montrer que la fonction de transfert d'un tel filtre s'écrit :

• En déduire l'expression de 0 en fonction de R et C.


• Montrer que la pulsation 0 est la pulsation de coupure (c)Th ?
• Déterminer l'équation de l’asymptote droite en hautes fréquences.
• Donner l'expression du déphasage.
• Pourquoi est-ce un filtre du premier ordre ?

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2.1.2. Régime harmonique - Diagramme de Bode.

2.1.2.1. Montage expérimental


• Construire un filtre en prenant R = 10 k et C = 10 nF. Pour que is = 0, on travaille en circuit
ouvert en sortie.
• Appliquer une tension sinusoïdale générée par un générateur basse fréquence et visualiser à
l'oscilloscope e(t) et s(t).
• En faisant un balayage en fréquence, vérifier le caractère passe-bas de ce filtre.
2.1.2.2 Utilisation d'un décibelmètre
Pour mesurer le gain en décibels GdB, on utilise deux multimètres numériques pouvant
fonctionner en décibelmètre (c'est le cas du multimètre ISM 1000 de IES). En notant u(t) la tension
appliquée à ses bornes, le décibelmètre affiche la valeur
20Log 10(U /U 0 )
où U est l'amplitude de u(t) et U0 une tension de référence fixe ou non (voir le mode d'emploi).
Le gain en décibels peut donc s'écrire :

Autrement dit, GdB est égal à la mesure au décibelmètre en sortie du filtre diminuée de la mesure
en entrée.
• Vérifier la bande passante de votre multimètre sur le mode d'emploi.
• Pour le domaine fréquentiel 10 Hz≤ f ≤100000 Hz , mesurer le gain Gdb en prenant de
l'ordre de 3 points par décade.
2.1.2.3 Utilisation d'un oscilloscope
• Mesurer l'amplitude de e(t), s(t) et en déduire GdB ainsi que leur déphasage  (soit par la
méthode de l'ellipse, soit par la méthode des 9 carreaux) pour le même échantillonnage en
fréquence que dans la question précédente.
• Y a-t-il des différences avec le décibelmètre? Pourquoi ?
2.1.2.4 Tracé et analyse des données
• A partir des points de mesure construire le diagramme de Bode pour le gain en décibel GdB et
pour le déphase  en fonction du logarithme décimale de la fréquence f .
• Mesurer la pulsation de coupure du filtre ( )E et la comparer à sa valeur théorique (c)Th.
C XP

• Quelle est la bande passante du filtre ?


• Mesurer la pente asymptotique en hautes fréquences, en décibels par décade (dB/déc).
Comparer à vos calculs théoriques. Quel va être le comportement de ce filtre à hautes
fréquences ? Comment pouvez-vous le montrer expérimentalement ?
• À quelle pulsation les asymptotes basse et haute fréquence se coupent-elles ? Démontrer ce
résultat.
• Faire le tracé du diagramme de Bode asymptotique.
2.1.2.5 Analyse spectrale du comportement du filtre
• Faire délivrer au GBF le signal e(t) en créneaux de fréquence fondamentale 3 kHz et
d’amplitude inférieure à 5 V.
• Observer les signaux e(t) et s(t) à l’oscilloscope cathodique.

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• Connecter ces deux signaux sur deux voltmètres ESAO4 réglés en mode continu mis sur
l'interface ESAOVisio.
• Lancer le logiciel ESAOStudio puis réaliser l’acquisition des deux signaux e(t) et s(t) pendant
une durée suffisante (l’algorithme de transformée de Fourier rapide ne fonctionnant
correctement qu’avec un nombre important de périodes enregistrées). Régler un temps
d'acquisition de 10 ms pour 501 points. Régler la synchro de manière à déclencher sur le signal
d'entrée.
• Dans le menu traitement des données, lancer la FFT (en français TFR (Transformée de Fourier
Rapide)) pour les deux signaux. Cocher la case Plus de paramètres. Conserver la fenêtre
Naturelle. Cocher la case Fe/2.
• Calculer d'abord la FFT du signal d'entrée (Module). Obtient-on les amplitudes et les
harmoniques attendues par rapport à la théorie ?
• Calculer ensuite la FFT du signal de sortie (Module).
• Faire apparaître à l’écran les deux spectres obtenus, et les comparer. Quelle a été l’action
apparente du filtre ? Paraît-elle cohérente vis à vis du diagramme de Bode ?
• Reprendre cette expérience en modifiant la forme du signal, et/ou en modifiant
la fréquence fondamentale du signal. Commentaires?

2.2. Filtre Passe-Bande actif du second ordre .


2.2.1. Etude théorique .
On va étudier un filtre passe-bande dont la sélectivité est ajustable.
Il s'agit d'un filtre de Sallen-Key (à amplificateur d'amplification A=1/k)
Dans le montage, l'Amplificateur Opérationnel est supposé idéal, de gain infini et en régime linéaire
(présence d'une boucle de rétroaction sur l'entrée inverseuse). La constante k est telle que k > 1.

On montre que la fonction de transfert d'un tel filtre s'écrit :

et qu'elle se met sous la forme canonique ainsi :

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k 2 2
où A0 = , ω0 = √ et Q= √
5−k RC 5−k
• Vérifier que la fonction de transfert est bien celle d'un filtre passe-bande.

Ce type de filtre présente les propriétés suivantes :

On constate que A0 représente la valeur maximale du gain G=∣H∣ du filtre, maximum


atteint pour la pulsation  = 0 (pulsation de résonance).
On admet que Q représente le facteur de qualité du filtre, lié à la bande passante  par la
relation :

• Rappeler le critère de stabilité pour le filtre portant sur la fonction de transfert. Quelle condition
sur la constante k cela impose-t-il ?
• Comment doit-on choisir k pour rendre le filtre le plus sélectif possible ?
• Pour que le filtre puisse amplifier la tension filtrée, il faut que le gain à la résonance A0 soit
supérieur à 1. En déduire la condition portant sur k pour que le filtre soit amplificateur.
On remarque de plus qu'à la résonance, la fonction de transfert est réelle, donc
φ ( ω=ω0 ) =Arg H =0 : à la résonance, les tensions d'entrée et de sortie sont en phase. En
mode X-Y sur l'oscilloscope, on observe donc une ellipse aplatie (moyen efficace de repérer la
résonance à l'oscilloscope).

2.2.2. Régime harmonique - Diagramme de Bode.

2.2.2.1. Montage expérimental


On prend comme valeurs numériques R = 10 k, r = 1 k, C = 10 nF pour construire le filtre.
On placera un montage suiveur entre le générateur et le filtre.
On va tracer deux courbes de réponse pour deux valeurs de k différentes, pour
10 Hz≤ f ≤100000 Hz .

2.2.2.2. Filtre peu sélectif et non amplificateur


On choisit k = 2, ce qui donne donc (k-1)r = 1 k.
• Réaliser le montage, appliquer une tension d'entrée sinusoïdale.
• Visualiser à l'oscilloscope ue(t) et us(t).
• Vérifier par un balayage des fréquences le caractère passe-bande. Ne passer à la suite
que si cette vérification est correcte !
• Construire le diagramme de Bode en gain.
• Mesurer le gain maximal GdBmax, en déduire le gain maximal A0.
Comparer à la valeur théorique (A0)Th attendue que vous calculerez.
• Mesurer la fréquence de résonance f0 (de deux manières différentes).
• Calculer la valeur théorique (f0)Th puis comparer.
• Mesurer la bande passante , en déduire la valeur expérimentale de Q.
• Calculer la valeur théorique du facteur de qualité QTh puis comparer à la valeur expérimentale.
• Vérifier que les pentes asymptotiques sont bien de ± 20 dB/déc.

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2.2.2.3. Filtre très sélectif et amplificateur


On choisit k =4,8, ce qui donne donc (k-1)r = 3,8 k.
• Calculer la valeur théorique du gain maximal (A0)Th et en déduire (GdBmax)Th .
Cette valeur « élevée » a une conséquence opérationnelle : il faut vérifier qu'il n'y a pas saturation en
tension de l'Amplificateur Opérationnel.
• Calculer que la tension d'entrée à partir de laquelle va saturer l'Amplificateur Opérationnel à
la résonance.
• Modifier le circuit de manière à avoir k = 4,8.
• Appliquer une tension d'entrée sinusoïdale avec une amplitude inférieure à celle calculée
précédemment.
• Construire le diagramme de Bode.
• Mesurer la fréquence de résonance et la bande passante. En déduire la valeur du facteur de
qualité Q et comparer à la valeur théorique QTh.
• Comparer les diagrammes des deux filtres. Comment le caractère sélectif et amplificateur du
filtre se traduit-il dans chacun des graphes ?

2.2.2.4 Analyse spectrale du comportement du filtre

• Faire délivrer au GBF un signal ue(t) en créneaux de fréquence fondamentale 3 kHz et


d’amplitude inférieure ou égale à 0,5 V.
• Observer les signaux ue(t) et us(t) à l’oscilloscope cathodique. Conclusions.
• Connecter ces deux signaux sur deux voltmètres ESAO4 réglés en mode continu.
• Réaliser l’acquisition des deux signaux ue(t) et us(t) et calculer leurs deux spectres.
• Faire apparaître à l’écran les deux spectres obtenus, et les comparer. Quelle a été l’action
apparente du filtre ? Est-ce normal ?
• Changer la fréquence du GBF de manière à se placer à la résonance du filtre et ajuster
l'amplitude du créneau de manière à ce que l'Amplificateur Opérationnel ne sature pas.
• Refaire une FFT des deux signaux. Comparer les deux spectres. Qu'observe-t-on ? Expliquer.

2.3. Analyse de Fourier analogique.


2.3.1. Etude expérimentale d'un signal périodique triangulaire ou créneau.
• Reprendre le montage précédent et remplacer les deux capacités C par des boîtes de
condensateurs variables identiques pouvant varier de 1 nF à quelques F.
• Brancher les signaux ue(t) et us(t) sur l'oscilloscope.
• Choisir un signal périodique triangulaire ou créneau d'amplitude maximale 0,5 V de fréquence
de 250 à 300 Hz.
• Faire une FFT du signal d'entrée (temps d'acquisition 40 ms ou 80 ms avec 501 points). Noter
les amplitudes et les fréquences des différents harmoniques observables. Combien
d'harmoniques sont observables ?

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• Faire varier les capacités C en les diminuant progressivement et en partant de 200 nF de


manière à obtenir une fréquence de résonance du filtre d'abord égale à la fréquence du
générateur puis à des multiples de cette fréquence.
• Que voyez-vous à l'oscilloscope ? Noter l'amplitude du signal.
• Faire la FFT de ce signal, noter la fréquence et l'amplitude apparentes.
• Refaire cela pour quelques fréquences multiples de celle du générateur.
• Récapituler dans un tableau, l'ensemble des fréquences et des amplitudes obtenues pour le
signal d'entrée avec la FFT, pour le signal de sortie avec l'oscilloscope et la FFT.
• Comparer les valeurs obtenues entre elles et comparer avec les valeurs théoriques attendues
pour le signal étudié choisi. Conclusions.
• Peut-on utiliser un tel filtre pour faire de l'analyse de Fourier quelle que soit la valeur de Q ?

MATÉRIEL
 Oscilloscope bicourbe.  Plaque de composants avec des résistances 1k (au
 Générateur basse fréquence. moins 2), 10 k (au moins 3), des condensateurs 10 nF
 2 Multimètres numériques de type ISM 1000 de la (au moins 2).
marque IES utilisables en décibelmètre avec leur mode  2 Boîtes de capacité variable ( 1 F,  0,1 F,  0,01
d'emploi. F,  0,001 F)
 Un multimètre pouvant jouer le rôle de capacimètre ou  Ordinateur avec ESAO Visio
d' ohmètre.  2 adaptateurs Voltmètres ESAO.
 Alimentation symétrique +15 -15 V.
 Deux platines avec amplificateur opérateur TL081
(L'impulsion).

BIBLIOGRAPHIE.
 Agrégation de Sciences Physiques - Expériences  Dictionnaire de physique expérimentale, Tome III,
d'électronique (R Duffait-J.P.Lièvre) (Editions Bréal) Electronique, D.Aubert (Editions Pierron).
 Electronique Electrocinétique 1ère Année MPSI-PCSI-
PTSI- HPrépa -Collection J-M.Brébec (Editions Hachette)

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