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Ce projet est financé

par la Délégation de
l’Union Européenne Ce projet mis en œuvre
en Tunisie par le CIHEAM-IAMM

Document Cadre du développement économique


des Îles Kerkennah

Document rédigé par :


Hend Abid
Kamel Ellefi
Jean-Paul Pellissier
Zied Ahmed
Préambule
Cette étude a été réalisée par le CIHEAM-IAMM dans le cadre du projet « Mise en œuvre
d'une démarche participative et inclusive pour le renforcement de l'économie maritime,
agricole et rurale de l'île de Kerkennah basé sur la valorisation durable des ressources du
territoire » (DEVLOK), financé par l'Union Européenne. Son contenu et les analyses qui y sont
développées relèvent de la seule responsabilité de ses auteurs et ne peuvent en aucun cas
être considérés comme reflétant l’avis de l’Union européenne.

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Table des matières

Partie 1. Contexte général .......................................................................................... 5


1. Les Iles Kerkennah : milieu physique, climat et topographie............................... 5
2. L’agriculture à Kerkennah ................................................................................... 6
2.1. Ressources en eau .......................................................................................... 6
2.2. Elevage ............................................................................................................ 6
2.3. Terres agricoles : caractéristiques et occupations ........................................... 7
2.4. Périmètres irrigués ........................................................................................... 8
3. La pêche à Kerkennah ........................................................................................ 8
3.1. Les techniques de pêche ................................................................................. 8
3.2. La flotte navale ................................................................................................. 9
3.3. La production ................................................................................................. 10
4. Le tourisme et l’artisanat ................................................................................... 10
4.1. Le tourisme .................................................................................................... 10
4.2. L’artisanat ...................................................................................................... 11
5. Le transport ....................................................................................................... 11
Partie 2. Le développement de l’archipel au regard des organisations de la société
civile.......................................................................................................................... 11
1. La société civile kerkennienne : dynamiques et caractéristiques ...................... 11
2. Vision et attentes de la société civile en matière de développement ................ 16
2.1. Transport ........................................................................................................ 16
2.2. Agriculture ...................................................................................................... 16
2.3. Pêche ............................................................................................................. 17
2.4. Tourisme ........................................................................................................ 17
3. Les projets portés par la société civile .............................................................. 18
Partie 3. Les projets mis en œuvre par les institutions publiques ............................. 19
1. Les projets publics programmés ....................................................................... 19
1.1. Agriculture ...................................................................................................... 19
1.2. Pêche ............................................................................................................. 19
1.3. Environnement ............................................................................................... 19
1.4. Tourisme ........................................................................................................ 19
1.5. Artisanat ......................................................................................................... 19
Partie 4. Confrontation des dires d’acteurs et analyse des priorités de développement
................................................................................................................................. 20

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1. Agriculture ......................................................................................................... 20
1.1. Confrontation des dires d’acteurs................................................................... 20
1.2. Priorités de développement du secteur agricole ............................................ 22
2. Le secteur de la pêche ...................................................................................... 25
2.1. Confrontation des dires d’acteurs................................................................... 25
2.2. Priorités de développement du secteur de la pêche ...................................... 26
3. L'environnement ................................................................................................ 27
3.1. Confrontation des dires d’acteurs :................................................................. 27
3.2. Priorités de développement du secteur environnemental .............................. 29
4. Tourisme ........................................................................................................... 29
4.1. Confrontation des dires d’acteurs................................................................... 30
4.2. Priorités de développement du secteur touristique ........................................ 30
5. Artisanat ............................................................................................................ 31
5.1. Confrontation des dires d’acteurs................................................................... 31
5.2. Priorités de développement du secteur artisanal ........................................... 31
6. Problématiques administratives et juridiques .................................................... 32

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Partie 1. Contexte général

1. Les Iles Kerkennah : milieu physique, climat et topographie

Les îles Kerkennah appartiennent à la côte nord du Golfe de Gabès; elles se situent à 20 Km à l'Est
de la ville de Sfax. Elles comptent 14 îles et îlots dont les deux plus grandes sont l’île de Gharbi ou
Mellita et l’île Chargui, où se trouvent le siège de la Délégation, celui de la Commune et les principaux
services administratifs (à Ramla).

Parmi les îlots on peut citer notamment ceux de Gremdi, Roumadia, Rakadia, Sefnou, Charmadia,
Ch’hima, Keblia, Jeblia, El Froukh, Firkik, Belgharsa et ElHaj Hmida. Allongé du Sud-Ouest au Nord-
Est sur une longueur de près de 35km, l’archipel a une largeur variable atteignant au maximum 11 km
et une superficie de près de157km². L’archipel de Kerkennah est composé administrativement d’une
seule délégation subdivisée en dix secteurs ou imadas (Erramla, El Ataya, Sidi Frej, Mellita, El
Kallabine, Ennajet, Echargui, El Kantra, El Kraten, Ouled Kacem). En outre, Kerkennah est régie par
une seule Municipalité dont le périmètre communal couvre tout l’archipel.

Figure 1 : Situation géographique des iles Kerkennah

Les îles Kerkennah se caractérisent par la faiblesse de leur topographie qui parait à première vue, très
monotone. En revanche, il est possible d'y distinguer des différences sensibles entre :
- les bas plateaux qui forment les dos de terrains plus ou moins marqués dans Le paysage;
- les Sebkhas et les chotts correspondant aux terrains déprimés;
- le littoral.

Par ailleurs, l’archipel est caractérisé par un climat méditerranéen aride. En effet, les températures
moyennes annuelles sont d'environ 18,8°C dont les maximas et les minimas moyens sont atteints
respectivement durant les mois d'août (26,3°C) et de janvier (11°C) (INM, 2011 et 2012).

Les précipitations se caractérisent par une grande irrégularité interannuelle. À l'échelle annuelle, la
variabilité est également très forte : octobre, le mois le plus arrosé, présente une moyenne de 44 mm
et concentre ainsi presque 1/5 du total annuel moyen ; juillet est le mois le plus sec avec une
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moyenne inférieure à 1 mm. L'automne totalise 44,5 % du total pluviométrique annuel contre 32,2 %
pour l'hiver (Fehri, 2011).

Pour ce qui est des vents, ceux dominants viennent des secteurs septentrionaux (Nord, Nord-Est) et
orientaux en été et au printemps et des secteurs occidentaux (Ouest) à l'automne et à l'hiver.

Ces conditions bioclimatiques sont l'une des causes principales de la vulnérabilité du milieu naturel
des îles de Kerkennah. En effet, la faiblesse des pluies, les températures relativement élevées et les
vents même s'ils ne sont pas violents sont à l'origine d'une évaporation active qui prive le sol d'une
grande partie de son humidité ce qui se traduit par un grand déficit hydrique, qui s'élève à plus de
1036 mm/an (Fehri, 2011).

2. L’agriculture à Kerkennah

2.1. Ressources en eau

Les iles Kerkennah sont caractérisées par des ressources en eau peu abondantes. Les
caractéristiques de ces ressources dépendent essentiellement des conditions climatiques,
géologiques et hydrogéologiques. Ainsi, à cause de la topographie plane et d la multitude des
sebkhas qui communiquent avec la mer, les eaux superficielles (oueds) sont quasi inexistants. Le
faible potentiel en eau souterraine est constitué par les nappes phréatiques superficielles de
Kerkennah et par la nappe profonde de Sfax qui s'étend du nord vers le sud sur une distance d'une
centaine de km. L'exploitation des nappes superficielles se fait par l’intermédiaire de puits de surfaces
de faibles profondeurs, occupant généralement le centre de petites cuvettes où se rassemblent les
eaux de surfaces. Les îles Kerkennah comptent actuellement plus de 400 puits qui pompent une eau
de qualité moyenne à médiocre, où le résidu sec dépasse souvent les 2 g/l. En ce qui concerne la
nappe profonde de Sfax, elle présente une eau de qualité moyenne avec un résidu sec variant entre
3,5 g/l et 4,5 g/l. Cette nappe est actuellement exploitée par huit forages gérés conjointement par la
3
SONEDE et les Groupements de Développement agricole, dont 2,28 millions m sont destinés à
3
l'alimentation en eau potable et 1,55 millions m sont destinés aux périmètres irrigués (CRDA Sfax,
2016).

Une surexploitation de la nappe profonde a été signalée selon les statistiques de l’année 2016. Les
3
ressources en eaux disponibles sont de 3,064 Mm alors que les ressources exploitées sont de l’ordre
3
de 3,830 Mm (Source : Direction Générale des Ressources Hydriques, 2016). Il est à noter que 20ha
de périmètres irriguées se sont rajoutées durant la période allant de 2014 jusqu’au 2016. Ces
superficies sont principalement occupées par des cultures arboricoles et fourragères (CRDA Sfax,
2016).

2.2. Elevage

L’élevage ovin représente environ 92% du cheptel total présent sur l’île avec un nombre de tête de
4124 pour l’année 2016 (CRDA Sfax, 2016).

En parallèle à l’élevage ovin, on note l’existence de quelques initiatives de petit élevage notamment
l’aviculture et la cuniculture. Ces deux dernières spéculations sont confrontées au problème de
transport qui empêche leur évolution.

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1% 0%

7%

ovin

caprin

bovin

camelin
92%

Figure 2 : répartition des ressources animales


Source CRDA Sfax, 2016

2.3. Terres agricoles : caractéristiques et occupations

L’archipel de Kerkennah s'étend sur environ 14 696 ha dont 42% sont considérés comme des terrains
non agricoles (sebkha…), 34% sont des parcours et 24% sont considérés comme terrain arable.

34%
42%
terrains non agricole
terrain arable
parcours améliorés
24% parcours
0%

Figure 3 : répartition des ressources en sol

La figure n°4 montre les différentes spéculations existantes dans la région de Kerkennah. Les
palmiers occupent 47% des superficies arables. Quant aux périmètres irrigués, ils représentent
seulement 2% des superficies arables.

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2%

6% PI
5% 3%
2% olivier
vignoble
47% figuier
19% autres plantations
grande culture
pâturage

16% palmier

Figure 4 : Taux d’occupation des superficies arables

2.4. Périmètres irrigués

La région de Kerkennah dispose de trois périmètres irrigués couvrant 376 ha de la superficie globale
du territoire.
- Le périmètre irrigué de Mellita : créé en 2006 avec environ 74 ha. Le débit disponible est de 40l/s
avec une salinité de 3.4g/l
- Le périmètre irrigué de Wasat (Ramla, Wled bou ali, Kallabin) : crée en 2007, il dispose d'une
superficie de 180 ha. Le débit pour ce périmètre est de 60l/s avec une salinité de 3,6g/l.
- Le périmètre irrigué de Wled Ezzaidine : crée en 2012 avec environ 128 ha. Le débit disponible
pour ce périmètre est de 40l/s avec une salinité de 3,5g/l.

3. La pêche à Kerkennah

La pêche est la plus ancienne activité des îles Kerkennah et reste la base de l'économie autour de
laquelle se structure la vie sur l'archipel. En effet, plus du tiers de la population totale de Kerkennah vit
des activités maritimes. Elle était conduite dans le temps selon un système de pêcherie traditionnelle
et un savoir-faire local qui ont permis de maintenir un équilibre entre besoins et ressources. Cet
équilibre est actuellement rompu à cause des nouveaux intrus dans le système à savoir les chalutiers
et les barques à «tartarones» qui agissent dans l’illégalité en affectant l’environnement marin et en
rendant la vie difficile pour les pêcheurs traditionnels en réduisant la ressource à l’amont.
(APAL,2008).

3.1. Les techniques de pêche

Les pêcheries fixes « charfiya » :


Il s'agit d'une technique ancestrale spécifique aux îles Kerkennah. Elle est adaptée aux conditions
topographiques (hauts-fonds) et hydrodynamiques (marée) qui y règnent. Dans le temps, elle était
principalement fabriquée par les dérivés du palmier. De nos jours et avec le déclin de la ressource
forestière du palmier et le coût d’installation de la charfiya, les habitants locaux ont recours aux
nappes polyamides à la place de nervures de palmes et cordages d’alfa pour fabriquer la chambre de

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cherfiya et aux tubes PVC à la place du bois de palmier pour fabriquer poutres et pieux tout en
respectant l’allure de l’engin.

Les « Chrafis » sont soit privées, appartenant à un ou plusieurs individus (particuliers ou familles), soit
propriétés de l'Etat qui les loue à l'année. De nos jours, il existe plusieurs groupements de pêcheurs
sauf que leur fonctionnement nécessite d’être mieux organisé afin de pouvoir participer réellement à la
mise en place d’une gestion intégrée de l’archipel.

Les nasses :
Il s'agit d'une technique de pêche artisanale. Elle est pratiquée dans le Sud et le Nord-Ouest surtout
par des pêcheurs originaires de zones appartenant au secteur d’El Attaya et de Kraten. Les nasses
sont utilisées dans les pêcheries fixes, ou elles sont regroupées pour la capture des poissons. A
l’époque, les nasses étaient fabriquée avec les dérivés du palmier, de nos jours elles sont fabriquées
avec du plastique.

Les palangres de gargoulettes ou "Karour" :


Les palangres sont utilisées principalement pour la pêche des poulpes. Cette activité, et malgré le
déclin remarquable de la ressource reste rentable puisqu'un kilogramme de poulpe à la vente vaut en
moyenne 30dt. Il faut préciser, à titre indicatif, qu'un "Karour" de 3000 à 5000 gargoulettes peut avoir
un rendement de 150 à 200 kg en pleine saison. Il est important de signaler que ce sont
essentiellement les pêcheurs originaires d'El Attaya, Kraten et Ennajet qui pratiquent cette pêche
entre mai et novembre. Dans les parties Nord de l'archipel, les pêcheurs utilisent la technique des
pierres creusées comme pièges à poulpes.

La pêche aux éponges :


Ce type de pêche est exercé surtout par les habitants de Chergui, El Ataya et Ennajet et concerne
l'espèce Hippospongia communis, l'Eponge commune. Malgré certaines difficultés cette activité reste
lucrative. La pêche aux éponges se fait à pieds au niveau des parties nord et Est de l’archipel,
essentiellement au niveau des herbiers et par petits fonds. Toutefois, l’essentiel des captures se fait
au moyen du Harpon (Kamaki), notamment au moment de la fanaison annuelle des herbiers.

3.2. La flotte navale

On note 3 types de bateau à Kerkennah:


- Le canot : bateau dont les mesures varient entre 3 et 4,5m
- La felouque : bateau dont les mesures varient entre 5 et 7m avec tableau arrière à écusson, il est
spécialement conçu pour la pêche.

Le total des barques à Kerkennah est d'environ 3 256, ce qui représente 62% des barques de la
région de Sfax. 633 bateaux sont équipés contre 2623 bateaux non équipés et ce secteur fournit
environ 4 650 postes d’emploi. (CGDR, 2016)

Selon les statistiques de 2008, la répartition des barques côtières au niveau de l’archipel montre un
certain équilibre en termes de nombre de barques entre les deux îles principales, mais on signalera
que le total des effectifs pour le port de Mellita assimilé à celui de Sidi Youssef, enregistre à lui seul
près de 46% de la flotte des barques côtières de l’archipel.

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Tableau 1 : Flottille de pêche dans les îles Kerkennah

Type de barques Kraten El Attaya Mellita Total

Barque Côtière
135 125 234 494
Motorisée
Barque Côtière
263 518 657 1438
Non Motorisée

Total 398 643 891 1932

Total en
21 % 33 % 46 % 100 %
pourcentage
Source : Direction Générale de la Pêche et de l’Aquaculture, 2008

3.3. La production

Le secteur de la pêche côtière dans les îles Kerkennah est marqué par une production variable d’une
année à une autre qui tend à la baisse depuis 2010. Selon les statistiques du CRDA de Sfax, la
production est passée de 7 000 T en 2010 à 3 000 T en 2016. La pêche au thon n’a été enregistrée
qu’en 2011 alors que la pêche d’éponge apparait d’une façon irrégulière dans les statistiques.

Figure 5 : Evolution de la production de pêche à Kerkennah (en T)

4. Le tourisme et l’artisanat

4.1. Le tourisme

Partout dans le monde, le cadre insulaire représente un produit touristique très privilégié. Cependant,
ce secteur reste très modeste sur les îles Kerkennah. Ceci se traduit par le nombre d’unités hôtelières
qui ne dépasse pas les six unités avec une capacité d’accueil de 636 lits. A cela s’ajoute deux
pensions ayant une capacité totale de 264 lits, classées en deux étoiles. Une seule maison d’hôte
légale existe avec une capacité d’accueil de 12 personnes (Sfax en chiffre, CGDR, 2016).

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Selon les statistiques établies par le commissariat régional du tourisme en 2016, le nombre total de
visiteurs était de l’ordre de 11 013 avec une durée moyenne de séjour qui ne dépasse pas les 2,5
nuitées.

Durant l’hiver, l’archipel compte environ 14 000 habitants mais ce chiffre peut atteindre les 300 000
habitants pendant la saison estivale. Ces visiteurs sont généralement des Kerkenniens résidants en
dehors de l’archipel ou à l’étranger et qui viennent pour passer les vacances.

4.2. L’artisanat

L’artisanat est essentiellement réalisé chez des particuliers notamment autour (i) du tissage « tarf
kerkennien » (ii) le travail du palmier et de la palme pour la fabrication des nasses et des couffins (iii)
Le tissage des tapis (iv) la transformation des éponges (v) la fabrication des petites barques à voile en
bois. Il y’a également tout un savoir-faire autour de la valorisation des produits agricoles qui est
essentiellement pratiquée par les femmes, avec des plats typiques et traditionnels tels que : laklouka –
figues séchées – raisin sec – rob de dattes - couscous - tchich - mthaouma - dattes séchées (teflit) -
huile d'olive – galettes des pêcheurs (guelit) – poulpe séché, etc.

5. Le transport

Les iles Kerkennah sont reliées au continent par un bac avec une fréquence de 9 navettes par jour.
Cette fréquence peut atteindre les 14 navettes par jour durant la période estivale. Il est important de
signaler que seulement trois bateaux assurent le transport entre l’archipel et le continent (Cercina,
Loud Tounis et Habib Achour). Ce transport maritime ne répond toujours pas aux besoins de la
population résidente qui considère que (i) le nombre des voyages par jour est insuffisant : les files
d’attente sont assez longues sans avoir la moindre garantie d’avoir une place surtout en été ou si le
bateau n’a pas pu quitter le port de Sfax à cause du mauvais temps (ii) le débarquement du bac de
transport au port de Sidi Youssef est intimement lié au climat social dans la région de Mellita (iii) la
flotte est amortie : elle est très peu confortable et trop lente. Elle est destinée à la fois au transport des
gens, des marchandises et des camions.

Partie 2. Le développement de l’archipel au regard des organisations de la


société civile

1. La société civile kerkennienne : dynamiques et caractéristiques

Dans la perspective d’identifier les problématiques majeures et les axes stratégiques de


développement de l’archipel, et afin de mieux comprendre le rôle de la société civile ainsi que sa
vision d'un développement durable du territoire, des réunions bilatérales ont été conduites avec les
différents acteurs organisés de la société civile kerkennienne dans les différentes localités du
territoire. Un guide méthodologique a été développé afin d’assurer une meilleure gestion des
entretiens. La mission de terrain a duré 10 jours durant laquelle environ une vingtaine d’acteurs locaux
- pêcheurs, agriculteurs, GDAs, SMSA (Société mutuelle des Services Agricoles) et associations - ont
été contactés. Le tissu de la société civile est majoritairement dominé par les associations (25
associations contre 6 GDA et 1 SMSA). Durant les 10 jours d’enquêtes, seules les 4 associations les
plus actives et les plus représentatives ont pu être contactées. Les autres associations ont été
injoignables ou indisponibles. Par ailleurs, tous les GDA et la SMSA ont été interviewés.

Ces rencontres avec les associations et les organisations professionnelles ont permis de dresser un
premier panorama de la société civile à Kerkennah. Cette dernière est caractérisée par sa forte

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implication et son engagement particulier dans le développement du territoire, auquel tous les acteurs
rencontrés ont montré un attachement profond et marquant. Par ailleurs, ces acteurs, comme partout
en Tunisie, sont faiblement encadrés et formés et ne disposent pas de moyens financiers stables leur
permettant d’avoir des activités durables et régulières. Ainsi, même si le nombre d’associations est
important, les organismes actifs et influents demeurent faibles et mal structurés.

Un aperçu des différentes caractéristiques des organisations de la société civile est présenté dans le
tableau pages suivantes.

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Tableau 2 : tableau récapitulatif de la société civile dans le territoire de Kerkennah

Nom de
l’organi- Objectifs Informations générales Plan d’action Forces et faiblesse Attentes/ besoins
sation
Groupements de Développement Agricole « GDA »
 Environ 300 adhérents
 Gère environ 300 ha d'oliviers  Extension de l’huilerie pour atteindre
 Manque de moyens financiers
avec 25000 pieds + une huilerie 25T/jour
GDA Borj- Besoin d’un renforcement de
Vulgarisation agricole depuis 2014 financé par
Mellita  Confiance entre les capacités
PERTOFAC avec une capacité de  Installation de l’énergie photovoltaïque
agriculteurs et le GDA
production 15 tonnes/jours et de pour le périmètre irrigué
700 tonnes par saison.
 Distribution et gestion de  Bonne gouvernance des  Formation en taille d’olivier et de
l’eau d’irrigation  40 adhérents contre 188  Dépôt pour la vente des aliments de ressources en eau la vigne,
GDA Baraka-  Formation et vulgarisation bénéficiaires des services du GDA bétail : demande de financement déposée  Quantité importante de fruits  Renforcement de capacités en
Ouled agricole en collaboration avec  La zone est répartie en 30% à PETROFAC séchés (figues et raisins) gestion administrative et
Ezzeddine la CTV olivier, 30% vignoble, 30% figuiers  Installation de l’énergie photovoltaïque financière, amélioration des
 Aménagement du ponton à et 10% autres cultures pour le périmètre irrigué  Manque d’encadrement et pratiques agricoles et valorisation
Ouled Ezzedine d’accompagnement des produits agricoles

GDA Kantra Développement des activités Renforcement de capacités en


En cour de création - -
Ouled Yaneg de pêches gestion administrative et financière

 Rajeunissement des plantations de


 Créé en 2010 raisin et d’olivier (action entamé depuis
 6 membres de différentes 2017 mais problème de disponibilité des  Gestion d'un terrain fertile  Appui financier.
La conservation du spécialités plants au niveau du CRDA)  Bon relationnel avec les  Acquisition d’un tracteur
GDA Zoraï- patrimoine génétique naturel  Encadrement de l’agriculture et  Certification BIO des produits agricoles différents acteurs du territoire polyvalent (irrigation + traitement
Wled Kacem des forets de vignoble vulgarisation des meilleures (processus en cours depuis 2016) (privé et étatique). chimique),
techniques culturales  Année 2019 : collaboration avec une  Autre forage dans la zone
 Développement de l’agriculture pépinière de production d’olivier à Chbika  Manque des moyens financiers
biologique et avec GOVPF société de production de
plants de vignoble à Tunis
 GDA composé des meilleurs
pêcheurs de Attaya
 Lutter contre la pêche illicite :
 Région parmi les plus riches
mise en place des récifs artificiels
de Tunisie
GDA Thabet- Aider les pécheurs à gagner Informer les autorités concernées
Kraten leurs vies des problèmes de pollution marine  Mobilisation des autorités pour
 Manque de moyens financiers
avoir des compensations suites
 Absence de communication/
aux dégâts causés par la pollution
marginalisation entre le GDA et
les autorités

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 Réunion à Sfax pour discuter le
problème de la pêche illicite,  Acquisition de tracteur équipé
 Organiser le secteur de vente de  Appui aux initiatives pour le
poisson: le GDA veux gérer le marché recyclage de plastique
 Organisation du souk hebdomadaire en  Valorisation des lagunes :
 Excellent relationnel avec les
collaboration avec la municipalité consulter les experts
pécheurs de la région
Développement socio-  Appui de l’élevage dans l’ile Gremdi  Programme de valorisation des
GDA Gremdi-  Créé depuis 1997
économique de la région de  Hangar de distribution du fourrage produits de la mer et agricole
Attaya  Compte plus de 500 adhérents  Indisponibilité des membres
Attaya  Protection des terrains par la plantation  Installation du photovoltaïque
d'atriplex avant de promouvoir l’agriculture  Appui et organisation des
 Création de réserves marine femmes rurales
 Appuyer et promouvoir la pêche côtière  Formation : collaboration avec
et revenir aux pratiques de pêche des centre de formation étatique
artisanale (Bougrara, Gremda)
 Installer des projets de pisciculture

 Deuxième forage pour la zone


 Améliorer le réseau de drainage
existant
GDA Wasat-  Difficulté de communication
 Implanter du photovoltaïque
Wled Bouali- Développement agricole de la 179 adhérents mais plus de 800 avec les agriculteurs
 Programme de renforcement de
Ramla- zone el Wasat bénéficiaires  Manque des moyens financiers
capacités pour les agriculteurs
Kallabine  Salinisation des puits
Valoriser les lagunes (centre de
loisir…)
 Lutter contre la pêche illicite

Associations et SMSA
 Augmenter la contribution des
sociétés pétrolières pour le
développement de Kerkennah
 Installation du gaz de ville
(production de PETROFAC)
 Création d’un centre de formation
professionnelle : pêche, artisanat
 Bonne réputation chez les et agriculture
 Créée en 2004 autorités publiques et la  Institut universitaire (ISET par
 Collabore principalement avec population locale exemple) pour limiter la migration
Association Attribuer des microcrédits
la BTS à travers un contrat de  Neutralité des jeunes et créer une nouvelle
Kyranis
financement annuel de 250 000 DT  Financement limité : montant dynamique économique
des crédits très limité  Promouvoir la pêche artisanale
et lutter contre la pêche illicite
 Création d’une piscine couverte :
Kerkennah a un potentiel dans les
sports de natation qu’il faut
valoriser
 Création d’un petit aéroport pour
les grands investisseurs et le
tourisme

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 Développement de
l’écotourisme : maison d’hôte,
hôtel écologique, circuit
écologique)

 Développement de l’archipel doit


Encadrement des déficients  Forte résistance par rapport
se faire sur agriculture, pêche et
Association mentaux : insertion et  Créée en 1989 aux problèmes liés à
Unité de collecte de plastique, de verre. tourisme écologique.
UTAIM intégration/ appui à leur  Section de UTAIM Tunisie. l’organisation mère
 Appui pour lancer le projet de
familles  Manque des moyens financiers
recyclage.
renforcement des capacités pour
Organisation d’un séminaire scientifique les membres de l’association
pour les Kerkenniens estivants portant sur (gestion administrative et
Promotion de l’écotourisme les enjeux du territoire, financière, un programme pour le
Association de
dans la région de Kraten, développement personnels au
Kraten pour
Exposition de l’archive scolaire de l’école Manque des moyens financiers profit des jeunes pour les initier à
l’environne-
Développement de la zone de Créer en 2014 de Kraten, au profit des anciens élèves de de l’association l’entreprenariat vert, la bonne
ment, la
Kraten moyennant la mise en Kraten gouvernance locale)
culture et le
place des activités culturelles
loisir
et de loisir, Organisation du festival national de soutien de la femme rurale pour la
Kraten création d’une entreprise féminine
durable

 Résolution des problèmes à


travers le dialogue,
 Créée en 2015  Une vraie force de proposition
Développer la région de Wled  Bureau : 15 membres Bonne entente avec les
Association de Bouali  Fondée par Mohammed administrations locales et
Financer des projets qui touchent
développe- Ezzaidine, docteur chercheur en régionales
- tout le territoire. Ex. : des projets
ment Wled Améliorer les défaillances informatique et basé en France.  Indisponibilité de certains
d’infrastructure.
Bouali existantes dans la zone  Autofinancement 100% (homme membres
d’affaire de la zone et pêcheurs)  Difficulté de communication
entre les pêcheurs et certains
membres du bureau
 Manque des moyens financiers
 Accès aux subventions de
 Quincaillerie pour les équipements de la l’Etat grâce à leur statut  Appuyer des petits projets
pêche  Marché constant (glace/outils (agriculture, pêche, produit de
SMSA_L’union Rendre des services aux Créée en 2012 avec l’appui de  Acquisition de machines agricoles de travail et matières primaires) terroir…)
-Ramla pécheurs l’UGTT  Petite unité de conditionnement de fruits  Groupe homogène et motivé  Promouvoir l’écotourisme
de mer  Appui de l’UGTT
 Membre au CTV/forte
demande pour adhérer

Document Cadre du développement des Iles Kerkennah | 15


2. Vision et attentes de la société civile en matière de développement

Les entretiens réalisés ont permis de préciser la vision et les priorités de la société civile en matière de
développement du territoire et de les classer par ordre de priorité.

2.1. Transport

Le transport reste le souci majeur pour la population résidente à cause de son inadéquation par
rapport aux besoins/ attentes de la population. Les échanges ont permis de dégager deux priorités :

Priorités liées à la flotte navale : Selon les acteurs de la société civile, il est impératif que la société
SONOTRAK achète des catamarans pour le transport des voyageurs. Ils ont également signalé la
nécessité d’entretenir les bateaux existants.

Priorités liées à l’infrastructure : Certains acteurs de la société civile ont insisté sur la nécessité
d’installer un pont reliant l’archipel au continent.

2.2. Agriculture

L'agriculture occupe une place importante dans l'économie locale des îles Kerkennah et ce en dépit
des contraintes du milieu naturel. Elle est dominée par l'arboriculture et l'élevage. On note l'existence
de vergers mixtes composés de vignes, de figuiers et d'oliviers qui sont des cultures résistantes à la
sécheresse. D’autres vergers sont plus exclusivement dominés par les oliviers. Ces cultures sont
principalement concentrées dans la partie Gharbi de l’archipel. L'élevage occupe une place assez
importante dans l'économie des îles, bien qu'il soit conçu comme une activité complémentaire. Il s'agit
d'un élevage dominé par les petits ruminants, en l'occurrence les ovins qui constituent la quasi-totalité
du cheptel. Actuellement, l'agriculture est soumise à beaucoup de pressions: sécheresse, problèmes
fonciers, salinisation de la nappe et coût élevé des labours et des intrants. Afin de pouvoir contribuer
au développement de ce secteur les acteurs de la société civile ont évoqué trois types de priorités :

Des priorités liées à la production et à la valorisation des produits agricoles: Les iles Kerkennah
sont caractérisées par une variété importante de produits de terroirs à savoir (i) les raisins secs de la
variété Asli, variété typique de la région, produite naturellement sans intrant chimique, (ii) les figues
séchées, (iii) le sirop de datte. Cette multitude de produits est liée à un savoir-faire ancestral et unique
sauf qu’il reste très peu valorisé. Ceci est dû à (i) la quantité modeste des produits transformés (ii)
l’absence de structures d’organisation des femmes rurales (ii), l’absence d’un programme de
promotion et de marketing autour de ces produits, (ii) l'absence d’un programme d’appui pour les
femmes rurales. Afin de faire évoluer ce secteur, les acteurs de la société civiles recommandent les
actions suivantes : (i) mise en place un programme d’appui pour le développement de l’agriculture et
l’amélioration de la productivité notamment du vignoble variété Asli, (ii) nécessité d’étendre les
périmètres irrigués existants (iii) nécessité de mobiliser l’autorité publique pour achever les travaux de
création d'un périmètre irrigué dans la zone de Charki.

Priorités liées à l’infrastructure : La majorité des acteurs civils évoque la dégradation des pistes
agricoles qui empêche les agriculteurs d’accéder à leurs terrains et d’exploiter leurs productions. Pour
y remédier, un aménagement des pistes agricoles parait nécessaire.

Priorités liées à la ressource naturelle : Il est évident que le développement agricole dans chaque
zone est intimement lié aux ressources naturelles existantes. Les îles Kerkennah souffrent d’un
morcellement très important des terres agricoles et d’un cadastre foncier mal tenu. En dépit des
tentatives gouvernementales et locales, la propriété des terres agricoles demeure un sujet très
épineux à Kerkennah et source de nombreux conflits. L’absence d’un titre de propriété constitue un

16
frein majeur pour les agriculteurs dans la mesure où ils sont incapables d’accéder aux aides de l’Etat
ou aux crédits bancaires. Face à cette situation, les acteurs de la société civile ont mis l’accent sur la
nécessité de remobiliser le tribunal foncier pour clarifier la question de la propriété des terrains
agricoles.

Par ailleurs, l’eau à Kerkennah est très chargée en sel et constitue un autre obstacle pour le
développement agricole selon les acteurs interviewés qui ont énumérés les dégâts causés par le sel
sur les installations d’irrigation. Pour eux, la désalinisation des forages situés dans les périmètres
irrigués est une priorité.

Il est à noter qu’aucun acteur n’a évoqué le gaspillage des ressources en eau sur les périmètres
irrigués qui pourrait pourtant être considéré comme un axe d’intervention intéressant pour les GDA.

2.3. Pêche

La pêche représente l’économie principale dans les îles Kerkennah. Mais depuis un certain nombre
d’années, ce secteur n’est plus assez productif pour les habitants de l’archipel suite à la dégradation
de la biodiversité marine principalement causée par la pêche illicite ou le kis. Des réunions bilatérales
ont été organisées avec quelques pêcheurs de la zone afin de déterminer les problématiques
majeures menaçant ce secteur. Les échanges ont abouti aux priorités suivantes :

Priorités liées à la protection de la ressource : Tous les acteurs des îles Kerkennah interviewés
sont conscients des dégâts causés par le modèle de pêche actuel et de la nécessité de promouvoir un
modèle durable et respectueux pour les ressources existantes. Dans ce cadre, ils ont mis l’accent sur
les point suivants : (i) appliquer la loi à tous les intervenants, (ii) reproduire l’expérience des récifs
artificiels pour diminuer la pêche illicite (iii) créer des réserves marines au niveau de la zone chargui.
(iii) mobiliser les autorités pour régler le problème des autorisations de pêche concernant la pêche de
loisir et la pêche des sardines et du thon (iv) mettre en place un système de suivi pour les chalutiers
(v) promouvoir les pratiques ancestrales liées à la ressource halieutique (nasse naturelle, charfia
naturelle) (vi) mobiliser les autorités concernées pour lutter contre la pollution marine liée aux
hydrocarbures et l’intégration des sociétés pétrolières dans cet effort.

Priorités liées à la production et de valorisation : Selon les acteurs, la ressource halieutique de


l’archipel est unique et ceci du fait des caractéristiques spécifiques du milieu d’où la nécessité de la
valoriser à travers (i) l’installation des unités d’emballage et de conditionnement pour les produits de la
mer et (ii) l’identification de nouveaux marchés pour certains produits de la mer.

2.4. Tourisme

Le tourisme alternatif ou l’écotourisme restent toujours un créneau qui fait rêver la société civile de
l’archipel depuis environs une vingtaine d’année. D’après les entretiens, la demande des acteurs
portent essentiellement sur la nécessité de valoriser l’archipel éco-touristiquement avec deux priorités:

Des priorités liées au développement du secteur: le tourisme reste vraiment très modeste voir
absent aux iles Kerkennah et afin de le développer il est proposé de (i) mettre en place une stratégie
promotionnelle pour les iles Kerkennah, (ii) développer des produits touristiques commercialisables
(circuits, services touristiques…), (iii) revoir le lieu d’implantation de l’industrie pétrolière.

Des priorités liées à l’infrastructure : Afin de pouvoir développer ce secteur, certains acteurs ont
réclamé le développement d'une infrastructure touristique adaptée au milieu par la promotion de
l’initiative privée.

17
3. Les projets portés par la société civile

Bien que la société civile soit jeune et faiblement structurée, elle a réussi à monter et gérer des petits
projets. Sur la base des entretiens, il est possible de citer les projets suivants :

Des projets liés à la protection de la ressource agricole :


(i) Le projet de rajeunissement des vergers (vignoble, olivier, figuier) : projet porté et mis en œuvre
par le GDA Zorai en 2017. Il consiste à planter 1500 oliviers et 600 pieds de vigne. Projet réalisé
avec l’appui technique de l’INART;
(ii) Le projet de réhabilitation des forets de bergers : porté par le GDA Wled Ezzaidine, avec l’appui
du CRDA. Il consiste à réhabiliter 70 ha des forets des palmiers de la zone de Wled Ezzaiine.
D’après le responsable technique du GDA, Le projet est une vraie réussite;
(iii) Le projet de valorisation de l’orge locale de Kerkennah.

Projets de promotion et de valorisation des produits agricoles :


(i) L’installation des 3 huileries;
(ii) Les projets de compostage : porté et mis en œuvre respectivement par le GDA Borj dans la
région de Mellita ainsi que par un investisseur privé, avec l’appui de l’association Kyranis et avec
un coût total de 50 000 DT. Les deux expériences ont échoué suite à un manque
d’accompagnement et à des difficultés financières;
(iii) Les projets d’élevage;
(iv) Deux initiatives de maraichage portées respectivement par le GDA wled, avec l’appui financier de
PETROFAC, et par une femme agricultrice dans le périmètre irrigué de Zoraï.

Projet liés à la protection des ressources marines : Afin de lutter contre la dégradation des
ressources les acteurs de la société civile ont pris quelques initiatives comme la mise en place de
blocs artificiels fait par l’association Wled Ezzaidine avec un financement du PNUD.

Projets lié à l’infrastructure maritime : (i) aménagement des pontons de Wled Kacem et (ii) mise en
place d’une unité de fabrication de glace.

Projet lié à la valorisation des produits de la mer : (i) installation d’une usine de valorisation de
produit de la mer à Attaya

Projets réalisés dans le secteur du tourisme :


Les acteurs de la société civile kerkennienne croient toujours au tourisme alternatif et à la nécessité
de promouvoir l’archipel comme destination éco-touristique et quelques initiatives de promotion
touristique de la zone sont à noter :
(i) Le festival de Kraten : initiative prise par l’association de Kraten Environnement, culture et loisir.
L’objectif stratégique était la valorisation éco touristique de l’ile de Rmadia. La première édition a
eu lieu en juillet 2014, sous forme de journées culturelles au cours desquelles les organisateurs
ont arrangé des visites de découverte gratuites pour 150 participants de la région de Kerkennah.
Le succès de cette première édition a permis aux membres de l’association de la dupliquer en
2015 et 2016 en fixant une cotisation de 15DT/personne. Environ 1000 participants ont participé
ème
à cet événement. A partir de la 4 année, en 2017, l’équipe de l’association a organisé le
Festival national de la culture pour les iles méditerranéennes dans une perspective de promotion
écotouristique du territoire et en particulier de Kraten. Cet événement a eu lieu avec l’appui
financier du Ministère de la culture pour 70 000DT et de celui d'hommes d’affaire kerkenniens.
Actuellement l’association est souvent contactée pour organiser des visites guidées payantes à
l’ile de Rmadia.
(ii) Le projet de promotion d’écotourisme des iles Kerkennah, porté et mis en œuvre par l’association
Jeune Science Kerkennah. Projet pilote qui vise à initier les habitants de l’archipel au concept de
l’écotourisme moyennant la valorisation et l’aménagement d’une maison typique pour servir
ultérieurement comme maison d’hôte. Le projet n’a pas atteint les résultats escomptés
principalement suite à quelques complications autour du choix de la maison.
(iii) Le projet Kraten village des pêcheurs : élaborer en collaboration avec le programme d’appui à la
société civile « PASC ». il vise à promouvoir la région de Kraten éco touristiquement moyennant
la promotion des techniques ancestrales de pêche. Le projet est resté sur le papier du fait d'un
manque de moyens financiers.

18
Mise à part ces initiatives associatives, il faut noter la présence d’un vieux projet Sidi Fonkhal qui date
d'une vingtaine d’années. Ce projet était censé apporter une vision « écologique du tourisme » dans
les îles Kerkennah moyennant l’implantation d’un village eco-touristique. Ce dernier n’a jamais vu le
jour suite au manque d’investisseurs mais les acteurs locaux ont insisté sur la nécessité de mobiliser
les autorités pour sensibiliser les hommes d’affaire à ce qu'ils investissent dans cette initiative.

Partie 3. Les projets mis en œuvre par les institutions publiques

Les réunions organisées avec la société ont permis d’identifier leur attente et leur vision en termes de
développement économique pour les îles Kerkennah. Sur la base de ces discussions, des rencontres
ont eu lieu avec les institutions régionales et locales pour identifier les projets publics mis en œuvre et
programmés à Kerkennah, présenter les attentes de la société civile kerkennienne et recueillir la
réaction des fonctionnaires concernés face aux demandes des acteurs locaux de l’archipel.

Dans cette troisième partie, les principaux projets publics prévus pour les deux prochaines années
seront simplement cités pour donner une idée sur les orientations publiques en matière de
développement. Pour avoir plus de détail sur ces projets, il est recommandé de se référer au
diagnostic réalisé par le CGDR, partenaire du projet.

1. Les projets publics programmés

1.1. Agriculture

- un nouveau périmètre irrigué, dont les travaux ont déjà commencé, est programmé dans la zone
Jouaber de l’île Chergui
- un nouveau forage sera creusé dans la zone d’El Abbassia pour fournir la station de dessalement
des eaux à Remla qui n’arrive plus à satisfaire les besoins en eau potable
- une station de dessalement de l’eau de mer est programmée pour les deux prochaines années,
3 3
dont la capacité de production est de 6000 m extensible à 9000m et destinée à l’eau potable
- l'aménagement des 5 puits de surface existants dans la zone de Zoreii : curage des 4 puits et
approfondissement du 5ème (consultation en cours)
- le CRDA mène une étude dans le cadre de la stratégie nationale pour le renforcement sociale et
économique des femmes rurales
- la troisième phase du projet de réhabilitation des forêts de palmiers est programmée en 2018 :
l’appel d’offres a été lancé pour entretenir 300 ha de palmeraie
- un projet pour l’installation de trois serres pilotes dans les périmètres irrigués avec l’appui financier
de la société pétrolière «DNO ». Cette piste est récemment suspendue, voire abandonné, suite au
désistement des responsables de la société pour des problèmes administratifs internes.

1.2. Pêche

- la création d’un port de pêche à Sidi Youssef


- la création d'une aire marine protégée est en cours de mise en œuvre par l’APAL et le RAC/SPA
dans les régions d’El Ataya et El Kraten.

1.3. Environnement

Aucun projet public dans le secteur environnemental n’est prévu.

1.4. Tourisme

Aucun projet public dans le secteur de tourisme n’est prévu. Cependant, un renforcement de la flotte
de transport est programmé à travers l’acquisition de deux navires, dont une rapide pour les
voyageurs (Catamaran). L’amélioration de l’accès aux îles est étroitement liée au développement du
secteur touristique.

1.5. Artisanat

19
La création d’une maison d’artisans à Sfax est en cours d’étude, elle sera réalisée d'ici 2 ans environ.
Cette maison pourrait accueillir les artisans et artisanes de Kerkennah pour exposer et vendre leurs
produits.

Organisme
Type de projet Appréciation Propositions
responsable

- Créer une fosse équipée d’une vanne et d’un clapet anti-


Protection du littoral APAL Moyenne retour pour la collecte des eaux de pluies
- Faire un projet de protection sur tout le littoral

- Augmenter la taille et le nombre des blocs pour améliorer


Préservation des
Ministère de leur efficacité
ressources : blocs Bonne
l’agriculture - Renforcer l’implication des acteurs civils lors de la mise en
artificiels
œuvre
- Elargir les périmètres irrigués
Promotion de Ministère de
Bonne - Renforcer le rôle de l’administration sur le terrain
l’agriculture l’agriculture
- Approvisionnement en plants, en particulier d’oliviers
Projet
Ministère de
d’infrastructure : port Bonne
l’agriculture
de sidi Youssef

Tableau - Appréciation des projets des pouvoirs publics par la société civile

Partie 4. Confrontation des dires d’acteurs et analyse des priorités de


développement

Les rencontres avec les différents acteurs locaux et régionaux agissant sur l’archipel, couplées aux
informations et statistiques qui ont été collectées grâce aux concours des différents partenaires,
permettent aujourd’hui d’établir une première liste de priorités de développement des îles Kerkennah.
Ces priorités sont le fruit d’une confrontation entre les attentes de la société civile, les dires d’expert
des institutions publiques et les projets publiques prévus et/ou réalisés.

Cette quatrième partie présente, par secteur, une analyse comparative entre les attentes de la société
civile et les programmes de développement étatiques.

1. Agriculture

1.1. Confrontation des dires d’acteurs

Les ressources en eau des îles Kerkennah sont reparties entre ressources provenant de la nappe
phréatique et celles provenant de la nappe profonde de Sfax. Selon les services techniques du CRDA,
les ressources en eau superficielle se caractérisent par une salinité très élevée qui peut atteindre 10g/l
ce qui leur rend non exploitables dans l’agriculture et dans l’alimentation en eau potable. Par contre,
les ressources provenant de la nappe profonde sont caractérisées par une salinité moyenne de 3,5 g/l
qui est très acceptable. Ces ressources sont utilisées à la fois pour l’irrigation des cultures et
l’alimentation en eau potable : 3 forages exploités par les périmètres irrigués (40% des ressources
exploitées) et 5 forages exploités par la SONEDE (60% des ressources exploitées). Les statistiques
3 3
montrent qu’en 2016, 3,83 millions de m d’eau ont été exploités sur 3,06 millions de m disponibles
dans la nappe profonde, ce qui traduit une surexploitation des ressources.

On constate par ailleurs une salinisation croissante des terres agricoles et l’avancement des
« sebkhas » qui couvrent environ 30 % de la superficie totale des îles. Pour expliquer ce phénomène,
les services techniques du CRDA évoquent un problème de fonctionnement des réseaux de drainage
dans les périmètres irrigués, en particulier à Remla, à cause d’une mauvaise gestion et de la
couverture partielle de ce réseau (seulement 60% de la superficie de ce périmètre).

20
Des initiatives d’implantation de l’Atriplex et des ceintures en cultures fourragères ont été mises en
place pour lutter contre l’avancement des « sebkhas » et protéger les terres agricoles. Ces actions
n’ont pas réussi à cause du problème foncier et de la faible implication de la population locale dans le
suivi de ses actions.

En ce qui concerne les organisations professionnelles agricoles aux îles Kerkennah, les responsables
du CRDA ont évoqué un problème du fonctionnement de ces organisations (8 GDA et 1 SMSA). En
effet, ces organisations sont réparties en deux catégories :
- les GDA créés à partir d’un besoin de gestion des périmètres irrigués : malgré les évolutions
réalisées dans ces périmètres en matière de production et d'extension des cultures, ces
groupements souffrent d’un manque des compétences techniques et d’encadrement pour mieux
développer le secteur agricole dans ces périmètres.
- les GDA créés en 2008 et 2009 dans le cadre d’un projet présidentiel à finalités politiques n’ont pas
réussi, après la révolution, à gérer leurs affaires et n’ont pas organisé d'assemblés générales
depuis 7 ans.
De plus, la loi qui organise le fonctionnement des GDA les fragilisent. En effet, ces groupements sont
sous tutelle du ministère de l’intérieur et les CRDA n’ont qu’un rôle de supervision technique ce qui
complique leur suivi et leur accompagnement.

Sur un autre plan, les services techniques du CRDA ont confirmé le manque d’un service de
machinisme agricole moderne, tout en minimisant le problème d’accès aux subventions de l’Etat
puisqu'en réalité tous les tracteurs achetés neufs par les agriculteurs sur les îles Kerkennah ont été
subventionnés. À cet égard, ils ont recommandé l’achat de tracteurs d’une puissance inférieure ou
égale à 45 CV pour contourner l’obligation de disposer d’une superficie de 3 hectares en irrigué pour
bénéficier d'une subvention de l’Etat pour l'achat de machines plus puissantes. Il faut noter que cette
alternative est cohérente avec le contexte agricole aux îles Kerkennah caractérisé par le morcellement
des terrains agricoles (les petites parcelles ne nécessitent pas de tracteurs très puissants). L’autre
alternative évoquée consiste à regrouper les agriculteurs dans des sociétés mutuelles de services
agricoles pour faciliter l’accès aux subventions de l’Etat et bénéficier de différents avantages fiscales.

Le secteur agricole aux îles Kerkennah connaît un manque de compétences énorme, à la fois chez
les agriculteurs et au niveau de la main d’œuvre agricole, malgré les efforts déployés par les services
techniques du CRDA en matière de vulgarisation et d'accompagnement, efforts qui sont cependant
jugés non suffisants faute de moyens matériels et humains et de l’absence d’un centre de formation
professionnelle agricole.

Pour les services techniques, l’extension des périmètres irrigués existants ou la création d’un nouveau
périmètre dans la zone de Gharbi ne sont pas recommandés du fait de la surexploitation déjà
existante des ressources hydriques et aussi parce que, juridiquement, l'extension n'est possible que
pour des cultures annuelles (maraîchères par exemple) et que nous avons affaire à des périmètres à
vocation arboricole. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la SONEDE a programmé deux nouveaux
forages dans les zones de Jouaber El Abbassia. Quant à l’installation de l’énergie photovoltaïque
dans ces PI, les techniciens du CRDA rejoignent les responsables des GDA sur la pertinence de cette
proposition en vue de minimiser les charges financières et de valoriser les énergies renouvelables. La
proposition de désalinisation des eaux de forage n'apparaît enfin pas pertinente à cause de son coût
très élevé.

Les îles Kerkennah sont connues aussi par les citernes à eau abandonnées qui sont dispersées un
peu partout sur le territoire. Les services techniques ont indiqué que ces citernes sont dans des états
très variables mais qu'il pourrait être pertinent d'étudier la possibilité de l’aménagement et de
l’équipement avec des pompes manuelles de celles qui sont dans le meilleur état, les autres pouvant
être détruites.

La valorisation des produits agricoles a été fréquemment évoquée par la société civile comme sourrce
de développement du secteur agricole aux îles Kerkennah. À ce propos, les responsables du CRDA
sont d’accord sur le principe, notamment pour les figues et les raisins, mais plusieurs contraintes
pourraient venir compliquer une meilleure valorisation de ces produits comme la faiblesse des
quantités commercialisées due à la forte consommation locale et à la faible production.

21
En ce qui concerne les forêts de palmiers, plusieurs actions d’entretien des palmeraies ont été
réalisées sur 1 900 ha dans le cadre d'un projet de réhabilitation mené par le CRDA. Pour répondre
aux critiques de la société civile concernant la qualité de travaux réalisés, les responsables du CRDA
ont précisé que ce projet a connu beaucoup des difficultés du fait de l’absence de plusieurs
propriétaires des terrains et de la faible implication de la population locale dans l’exploitation des
terrains après la réalisation des travaux (à travers l’implantation de nouvelles cultures par exemple).

Réagissant à la proposition de la promotion de l’agriculture biologique, la représentante de


l’arrondissement de l’agriculture biologique au CRDA a souligné que le terrain est favorabledu fait de
la faible utilisation des produits phytosanitaires mais que le cout élevé de la certification et le
morcellement des terrains agricoles représentent des contraintes majeures pour le développement de
cette agriculture.

Par ailleurs, plusieurs propositions d'initiatives économiques agricoles ont été mises en discussion en
présence des responsables régionaux. Malgré sa pertinence, la création d’une pépinière de plants
arboricoles reste, pour certains, une activité à risque en raison de la complexité des techniques de
multiplication et d'une demande trop faible du marché local. D’autres techniciens soulignent que ce
projet est de première importance au vu de l'âge avancé des vergers existants et de la demande pour
de nouvelles implantations. sur ce thème, il faut noter qu'une pépinière a été créée avec l’appui de
PETROFAC dans la zone de Remla mais que cette expérience a échoué à cause d'un manque de
compétences techniques et d'une mauvaise gestion de la part du GDA qui était chargé de ce projet.

L’idée de création d’une unité de fabrication de compost à base des sous-produits de palmiers a été
saluée par les responsables du CRDA malgré l’existence d’une expérience qui a échoué. Selon ces
derniers, la fabrication de compost est la meilleure façon de valoriser les sous-produits du palmier et
de donner ainsi une valeur ajoutée économique à cet arbre abandonné. Dans ce cadre, il est
important de signaler que la CTV de Kerkennah a organisé plusieurs journées d’information sur le
compostage au profit des agriculteurs afin de promouvoir l’utilisation de ce produit (la dernière journée
a été organisée au mois de mars).

La filière oléicole a évolué de manière significative depuis la création des périmètres irrigués en
particulier à Ouled Ezzeddine et Mellita. Dans ces conditions, l’extension des huileries existantes
s’avère essentielle selon les responsables du GDA de Mellita et plusieurs agriculteurs. Les agents du
CRDA ont confirmé ce besoin en le justifiant par la particularité de la saison de récolte dans la région,
qui s’étale sur un mois et demi à deux mois seulement, engendrant ainsi une pression sur les huileries
existantes dont la capacité de production journalière n’est pas très élevée (25 tonnes par jour par
huilerie en moyenne). D’ailleurs, beaucoup d'agriculteurs envoient leur récolte à Sfax en vue d’être
servis plus rapidement. Les services techniques ont par contre écarté la proposition de
conditionnement de l’huile d’olive parce que sa qualité est trop moyenne (huile vierge dans le meilleur
des cas).

Une autre proposition de la société civile portait sur le développement des cultures maraîchères, en
particulier sous serres. Ce type d’agriculture a été jugé non cohérent avec le contexte agricole des îles
Kerkennah pour trois raisons : la nécessité d’une technicité élevée, la forte demande en eau et
l’instabilité du marché.

En ce qui concerne les activités de l’élevage, les services techniques concernés n’ont pas tranché sur
les potentialités de ce créneau. Pour les bovins, les activités d’engraissement apparaissent comme
plus favorables que la production du lait dont le circuit de commercialisation est très compliqué du fait
du problème de transport aux îles Kerkennah. Une expérience d’élevage laitier s'est d'ailleurs soldé
par un échec dans les dernières années à cause de problèmes de commercialisation et de mauvaise
gestion par le GDA chargé du suivi de cette activité à Remla. De la même manière, une expérience
d’élevage cunicole dans la zone d’Ouled Ezzeddine n’a pas réussi faute d’une unité d’abattage
cunicole. Le développement de l’élevage d’autres petits ruminants, en particulier les ovins, est
confronté au manque des parcours d’où le recours au système intensif qui nécessite des moyens
financiers plus importants.

1.2. Priorités de développement du secteur agricole

22
Le secteur agricole aux îles Kerkennah est caractérisé par trois cultures principales à savoir : les
figuiers, les vignes et les oliviers, avec des vergers des vignes et des figues très âgés. Le diagnostic a
montré plusieurs potentialités dans le secteur agricole qui peuvent améliorer les revenus des
agriculteurs et créer des nouvelles activités génératrices des revenus pour les catégories vulnérables.
Néanmoins, les ressources en eau sont déjà surexploitées ce qui limite les pistes de développement
dans ce secteur. La confrontation de dires d’acteurs et l'analyses des propositions de développement
par rapport à l’état des ressources, nous ont permis de retenir dans une première approche les
priorités suivantes :

Priorité 1 : le renforcement des capacités de tous les acteurs du secteur agricole


Cette priorité s'adresse autant aux organisations professionnelles, dans l’optique de résoudre les
problèmes de fonctionnement existants au sein des GDA et des SMSA, qu'à la CTV de Kerkennah
pour le manque de compétences de ses agents récemment recrutés et qui sont en majorité non
spécialisés dans le domaine agricole. Les besoins en formation peuvent être résumés, à titre non
exhaustif, comme suit :
- pour les organisations professionnelles : gestion administrative et financière des organisations
professionnelles, gouvernance locale participative, entreprenariat, valorisation des produits
agricoles;
- pour la CTV de Kerkennah : gestion des PI, production végétale, fonctionnement des organisations
professionnelles;
- pour les agriculteurs et les ouvriers : la création d’un centre professionnel agricole pour améliorer
les pratiques agricoles et professionnaliser la main d’œuvre existante

Priorité 2 : la protection des ressources naturelles


Concernant les ressources en eau :
- Introduction des nouvelles techniques pour l’économie d’eau comme l’irrigation en goutte à goutte
dans les périmètres irrigués (au moins dans les parcelles supérieures à 0,5 hectares): l’installation
d’un filtre (à tamis/ à sable) au niveau du forage dans chaque PI encouragera les agriculteurs à
mettre en place des systèmes d’irrigation en goutte à goutte dans leurs parcelles. Actuellement,
l’agriculteur n’a pas intérêt à installer ce type d’irrigation à cause des frais élevés d’installation d’un
filtre dans chacune de ses nombreuses parcelles (obligatoire vu la salinité de l’eau qui engendre le
blocage des sorties). En plus de ces filtres, il faut appuyer les agriculteurs et les encourager à
mettre en place des petits bassins ou réservoirs au niveau des parcelles pour stocker la quantité
d’eau qui servira à l’irrigation en goutte à goutte.
- Rénovation des citernes à eau traditionnelles et installation de moteurs manuels pour encourager
les citoyens à les utiliser et valoriser ainsi les eaux des pluies.
Concernant les ressources en sol :
- Lutter contre l’avancement de sebkhas : implantation de l’Atriplex et faire appel à des experts pour
valoriser les sebkhas.
- Renforcement des réseaux de drainage dans les PI
Concernant les ressources génétiques :
- Encourager les nouvelles implantations et le rajeunissement des vergers âgés des variétés locales
de vignes, figuiers et palmiers. Ainsi, la création d’une pépinière de production de ces plants est
considérée comme une priorité par beaucoup. Concernant la demande de marché local, le chef
CTV de Kerkennah table sur une capacité de 10000 plants de vigne et 6000 plants de figuier
chaque année.
- Etude approfondie des génotypes locales : (i) étudier les cultivars locaux de figuiers pour
déterminer les variétés les mieux adaptées au séchage ; (ii) identifier les génotypes des palmiers à
haute valeur économique, bonne qualité de palmes ou/et à production élevée, pour les multiplier
(une étude effectuée en 2005 par M. Noureddine drira, chercheur à la Faculté de sciences de Sfax,
sur 1000 génotypes de palmiers a confirmé la présence de génotypes à hauts rendements de
dattes (plus de 250 Kg).
- Entretien des palmeraies

Priorité 3 : La valorisation des produits agricoles :


La valorisation des produits agricoles est une priorité en vue d’augmenter la valeur ajoutée de ces
produits et de favoriser l’insertion des catégories vulnérables notamment les femmes dans l’économie
locale. Les productions locales en raisin et en figues sont respectivement d’environ 300 tonnes et 220
tonnes (source CTV Kerkennah), consommées soit fraîches soit séchées. Il existe une grande

23
variabilité du rendement entre les différentes régions à cause de la variabilité de l’âge des vergers et
du niveau de technicité. À Ouled Ezzeddine par exemple, on enregistre un rendement moyen de 15
kg par pied pour la variété « Asli » alors que la moyenne locale ne dépasse pas 5 kg/pied. Selon les
statistiques du CTV, les productions en raisins secs et figes séchées s’élèvent respectivement à 50 et
17 tonnes. La valorisation de ces produits nécessite :
- une étude approfondie pour déterminer les variétés les mieux adaptées au séchage,
- une appellation ou labellisation de ces produits de terroirs : selon une étude de l‘INRST en 2005, la
variété de vigne « Asli » qui se distingue par ses caractéristiques aromatiques pourrait être
valorisée dans une politique de création de zones d’AOC,
- l'augmentation de la production locale par la valorisation des PI dont le taux d’exploitation n'est que
de 82% (70% à Remla, 80% à Ouled Ezzeddine et 100% à Mellita) et rajeunir les vergers très
âgés,
- l'amélioration de la technicité (séchage et conservation) et des pratiques agricoles,
- l'amélioration des circuits de commercialisation de ces produits pour les introduire dans une
dynamique de développement du tourisme écologique,
- d'étudier la possibilité de regrouper et d'appuyer les femmes rurales qui exercent la transformation
de ces produits agricoles,
- le développement de l’agriculture biologique : la conversion vers l’agriculture biologique permettra
d'augmenter la rentabilité économique des petites parcelles agricoles et de protéger les ressources
naturelles du territoire. En parallèle, un projet d’extraction des huiles essentielles biologiques et de
séchage des fruits biologiques est en cours de création dans la région. Le promoteur a affirmé que
le projet pourra absorber la production locale des produits biologiques,
- la valorisation de sous-produits de palmier avec la création d’une unité de fabrication de compost.

Enfin, la saison de récolte des olives aux îles Kerkennah se caractérise par sa courte durée en
comparaison avec les autres régions (entre un mois et demi et deux mois). Il existe seulement trois
huileries, dont une traditionnelle et une non autorisée, avec une capacité de production journalière
totale de 45 tonnes ce qui correspond à environ 2 000 tonnes par saison. La production oléicole varie
de 1 000 à 5 000 tonnes (3 000 tonnes en 2016, source CRDA) engendrant ainsi une pression sur les
huileries existantes ce qui oblige certains agriculteurs à envoyer leur récolte à Sfax. À cet égard, le
GDA de Mellita qui gère la seule huilerie moderne autorisée envisage une extension pour augmenter
leur capacité de production, de 15 tonnes par jour à 25 tonnes par jour. Malgré des problèmes
d'autorisation administrative, l'huilerie d'Ouled Kacem a assuré deux saisons de travail de 2012 à
2014 (plus de 700 tonnes) avant d’arrêter ces activités. Actuellement, le promoteur est en train de se
préparer pour la saison de 2018 en achetant tous les équipements nécessaires (laveuse, malaxeur,
décompteur, séparateur) mais il lui manque le financement pour finir la partie de génie civil (caves,
etc.) qui coûte environ 80 000 DT.

Priorité 4 : Le développement des services agricoles :


Ce développement des services pourrait passer par :
- l'amélioration de l’offre en aliments de bétail et intrants : la zone d’Ouled Ezzeddine est concernée
par un problème d’approvisionnement en aliments de bétail selon le chef CTV. Dans ce cadre, le
GDA Ouled Ezzeddine envisage la création d’un point de vente des aliments de bétail au profit de
ses adhérents,
- la création d’une société des services agricoles.

Priorité 5 : Développement du secteur de l’élevage :


10 projets d’engraissement bovins existent aujourd'hui et c’est un créneau porteur selon plusieurs
acteurs y compris le chef CTV de Kerkennah. Plusieurs facteurs encouragent le développement des
activités d’engraissement des viandes rouges à l’instar de l’augmentation remarquable du prix des
produits de la mer engendrant une évolution de la consommation des populations locales vers les
viandes rouges et l’existence d’un abattoir municipal. L'extension de ce secteur pourrait par ailleurs
favoriser d’autres activités économiques telles que la création d’une petite usine de fabrication du
concentré ou la production de compost.

Priorité 6 : Valorisation des énergies renouvelables :


- L’installation de l’énergie photovoltaïque est une priorité pour tous les GDA qui gèrent les PI et la
SMSA Union afin de minimiser les frais d’électricité très élevés.

Priorité 7 : amélioration de l’infrastructure

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- Aménagement des pistes agricoles existantes
- Création de nouvelles pistes agricoles

2. Le secteur de la pêche

2.1. Confrontation des dires d’acteurs

Tous les acteurs du territoire des îles Kerkennah (pêcheurs artisanaux, pêcheurs illicites,
administrations, etc.) partagent le même avis concernant la dégradation des ressources marines. La
cause principale en est la pêche illicite sous toutes ses formes. Cette question est très complexe car il
s’agit d’un phénomène qui touche tous les aspects - sociaux, juridiques, économiques et
environnementaux - de la vie sur Kerkennah. La pêche illicite aux îles Kerkennah est le résultat de
non-respect de deux principes fondamentaux de la pêche, à savoir : la profondeur et la saison de
pêche. Il s’agit d’un problème de manque d’application des lois relatives à la pêche. À cet égard, il
existe une contradiction entre les dires des différents acteurs, pêcheurs artisanaux, pêcheurs illicites
et administrations publiques, alors qu’en réalité tous sont impliqués d’une manière ou une autre dans
l’évolution de la pêche illicite aux îles Kerkennah.

Les services de la pêche au sein du CRDA Sfax ont souligné que les ressources marines sont
dégradées à cause de la pêche illicite et de la surexploitation. En fait, il existe trois types de pêche
illicite aux îles Kerkennah :
- la pêche au « kiss » caractérisée par l’utilisation des filets à très petites mailles et qui est pratiquée
notamment à Mellita. L’application de la loi est difficile, selon les responsables, à cause de la
pression sociale exercée par les pêcheurs au « kiss » à travers le blocage des bacs,
- la pêche des poissons bleus « Chenchou » qui est pratiquée dans des profondeurs très faibles,
inférieures à la limite légale des 20 mètres,
- la pêche au chalutier autorisée à 50 mètres de profondeur alors qu’en réalité elle est pratiquée
dans des profondeurs de 10 mètres ou moins.

Les administrations régionales essayent, en collaboration avec la garde nationale, de faire face à la
pêche au « kiss » sans grande réussite à cause des pressions exercées avec le blocage des bacs.
L’équipement des chalutiers par un système de surveillance des navires « VMS » en vue de repérer
leur mouvement et de détecter quand ils dépassent la profondeur de 50 mètres est une solution qui a
été envisagée depuis quelques années. Malgré la sortie d’une loi en 2016 qui oblige les unités d’une
longueur supérieure à 16 mètres à installer ces systèmes, les responsables des services de la pêche
ont déclaré que sur 300 unités existantes, seules 33 unités ont accepté l’installation des systèmes
dans leurs unités.

Une autre alternative pour lutter contre la pêche illicite, fortement apprécié par les pêcheurs
artisanaux, consiste dans la mise en place des récifs artificiels. Les services de la pêche ont souligné
que 2000 récifs ont été mis en place dans le cadre d’un projet national, et 750 autres récifs, ont été
mis en place par le GDA d’Ouled Ezzeddine avec l’appui du PNUD. Les agents du CRDA sont
d’accord avec les pêcheurs sur l’insuffisance du nombre des récifs mis en place. Les échos sur les
résultats de l’installation de ces récifs sont positifs et les pêcheurs confirment qu’il y a une
amélioration des ressources marines dans les zones couvertes par ces équipements. Néanmoins,
aucune étude ou évaluation sur le taux d’efficacité des récifs n’a été effectuée par les services
techniques concernés.

Outre cette question centrale de la pêche illicite, d'autres sources de surexploitation des ressources
pèsent sur les îles Kerkennah. Ainsi, les nasses sont aujourd'hui plongées dans la mer pendant toute
l’année et le repos biologique n’est plus respecté, engendrant une perturbation des saisons de
reproductions des poissons. Il existe plus que 1 500 « charfia » dont plusieurs ne sont pas autorisées.
Un autre constat qui reflète la surexploitation des ressources est le nombre croissant des unités de
pêche de moins de 7 mètres de longueur non autorisées (fabrication ou agrandissement de l’unité
sans autorisation). Le service de la pêche est en train de régulariser la situation de ces unités de
pêche mais celle-ci est loin d’être résolue puisque seulement 277 cas ont été régularisés alors
qu’environ 600 autres cas sont en cours de traitement.

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Réagissant aux contestations des pêcheurs concernant les autorisations données pour la pêche à la
sardine, les responsables du service de la pêche ont déclaré que, dans le cadre de la stratégie
nationale de promotions de la pêche à la sardine, le Gouvernorat de Sfax avait bénéficié de 10
autorisations pour cette catégorie de pêche, que les pêcheurs de Kerkennah avait également
bénéficié de ces autorisations mais ils les avaient vendues à des pêcheurs à Sfax.

Les propositions faites par la société civile pour développer le secteur de la pêche aux îles Kerkennah
ont été mises en discussion avec les services techniques concernés pour les évaluer et identifier les
éventuels projets publics programmés qui pourraient y répondre.

La lutte contre la pêche illicite représente une priorité pour tous les pêcheurs, y compris les pêcheurs
au « kiss ». Le service de la pêche a souligné que l’application de la loi est la seule solution pour se
sortir de ce problème (les autorisations, la profondeur et le repos biologique) en soulignant qu’il est
obligatoire de commencer à appliquer la loi aux grandes unités de chalutier à Sfax à travers
l’installation des systèmes VMS.

La réactivation des marchés centraux dans les ports est une étape essentielle pour assurer les
contrôles sanitaires nécessaires et permettre aussi la saisie des produits de la pêche illicite et
l’application des taxes fiscales sur la production. Cependant, cette idée se heurte à la présence d’un
grand nombre d'intermédiaires commerciaux « gachara » qui assurent aujourd'hui la
commercialisation de la production locale. Selon le chef de CTV, plusieurs réunions ont été
organisées pour discuter ce sujet sans aboutir à des actions concrètes.

En ce qui concerne l’aménagement des pontons, il existe un blocage institutionnel entre l’APAL et
l’APIP, l’APAL considérant que la stratégie de l’Etat doit favoriser la création de nouveaux ports, pour
réunir les services et les contrôles, et non la multiplication des pontons.

2.2. Priorités de développement du secteur de la pêche

Le secteur de la pêche est vital dans l’économie locale des îles Kerkennah avec 4 650 emplois et
3 256 flottilles de pêche en 2016 (source CRDA Sfax). Le diagnostic effectué avec les acteurs dans ce
secteur a mis en exergue les menaces et les problèmes majeurs qui mettent en péril la durabilité des
ressources halieutiques et les priorités de développement du secteur peuvent être résumées comme
suit :

Priorité 1 : Protection des ressources halieutiques :


Lutte contre la pêche illicite :
- réunir tous les structures impliquées dans le secteur de la pêche, privées, syndicales et publiques,
autour du problème du manque d’application de la loi et les impliquer dans la recherche de
solutions et l’élaboration d’un plan d’action pour lutter contre la pêche illicite et protéger les
ressources marines,
- mise en place de récifs artificiels tout en prenant en considération les leçons tirées des
précédentes expériences (poids de récifs, fréquence, forme, etc.)
- mise en place d’un programme de sensibilisation et de vulgarisation au profit des pêcheurs sur les
aspects techniques et juridiques de la pêche durable : les lois, le repos biologique, les bonnes
pratiques, les échanges d’expériences, etc.
- renforcement des structures d’appui locales dont les moyens humains et matériels sont très limités
et non suffisants pour accomplir leurs tâches,
- promotion de la pêche durable à travers l’appui, technique et financier, la conversion des pêcheurs
vers la pêche artisanale : mettre en place des initiatives pour encourager les pêcheurs à utiliser les
outils ancestraux de la pêche artisanale à base des palmiers, etc.
Création des réserves marines protégées
- réouverture des marchés dans les ports (les halls à criée) fermés depuis 2002. Les circuits de
commercialisation actuels passent principalement par des intermédiaires privés sans respect des
procédures sanitaires et fiscales nécessaires. Selon les autorités locales, cette étape est
primordiale pour l’organisation du secteur malgré le conflit d’intérêt avec les intermédiaires qui sont
puissants puisqu’ils fournissement les fonds de roulements nécessaires pour les petits pêcheurs
qui se trouvent endettés envers eux et donc obligés de leur vendre leurs récoltes. Il est à noter que
les organisations professionnelles ont le droit d’assurer la gestion de ces marchés (location) ce qui
leur permettrait d’augmenter leurs ressources financières.

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Priorité 2 : Amélioration de l’offre des services pour les pêcheurs :
- aménager les pontons existants en vue de rapprocher les services des pêcheurs à travers
l’installation d'abris, de l’éclairage public et la création des petites stations pour
l’approvisionnement en gasoil. Comme indiqué précédemment, il existe un blocage institutionnel
entre l’APAL et l'Etat qui concerne la gestion et l’entretien de ces pontons,
- création d’un port à Sidi Youssef,
- introduction de formations professionnelles liées à l’activité de la pêche aux îles Kerkennah dans
l’optique de favoriser l’insertion des jeunes dans la vie professionnelle et d’améliorer les
compétences et la technicité des pêcheurs (en mécanique marine et en plongée sous-marine),
- amélioration de l’offre en fournitures pour les pêcheurs : les outils de la pêche qui sont vendus
actuellement dans des points de vente privés ont des prix élevés et sont régulièrement
indisponibles. La création d’un point de vente de tous le matériel et des outils nécessaires pour
l’activité de la pêche (filet, corde, peinture, liège…etc.) au sein des organisations professionnelles
pourrait minimiser leur prix de vente (en bénéficiant d'exonérations) et offrir les quantités
suffisantes pour les pêcheurs.

Priorité 3 : valorisation des produits de la mer :


- le conditionnement des produits de la mer est une priorité d’investissement puisque la totalité de la
production est conditionnée et exportée à partir de Sfax. Le problème du transport est un obstacle
majeur pour le développement de cette activité de conditionnement du fait de la fermeture des
lignes par mauvais temps et à l'occasion les contestations sociales. Il existe aujourd'hui deux
initiatives de conditionnement des produits de la mer :
- l'une, portée par un promoteur de Kerkennah et un italien, vise la création d’une unité de
conditionnement des sardines dans la zone d’El Ataya,
- l'autre existe depuis deux années dans la zone d’Ouled Kacem. Elle est portée par un
promoteur qui dispose d'autres unités de conditionnement installées à Sfax. Cette unité n’est
pas toujours fonctionnelle pour des questions juridiques puisqu’elle a été installée sans
autorisation dans une zone agricole selon les administrations régionales,
- valorisation de crabes : l’invasion des crabes depuis quelques années a causé beaucoup des
dégâts économiques pour les pêcheurs (diminution des récoltes, déchirure des filets, etc.). Depuis
peu, ces crabes sont désormais demandés par les propriétaires d’unités de conditionnement
installées à Sfax suite à l’identification de canaux de commercialisation internationaux. Cependant,
le prix d’achat proposé sur place par les intermédiaires reste très modeste. Dans ce cadre, la
création d’une unité de conditionnement pour valoriser ce produit sur place à Kerkennah,
permettrait d’augmenter la valeur ajoutée de ce produit et les revenus des pêcheurs,
- élevage de crabes verts : les pêcheurs artisanaux à Kerkennah utilisent les crabes verts comme
appât pour pêcher les poulpes. Ces crabes sont désormais recherchés jusqu'à Bizerte (nord du
pays) par des intermédiaires qui les vendent aux pêcheurs à Kerkennah à 8 dinars le kilogramme.
- développement de la pisciculture : face à la dégradation des ressources halieutiques, la
pisciculture est considérée comme une potentialité par les pêcheurs afin de créer des emplois et
alléger la surexploitation des ressources. Ces derniers et les responsables locaux ont déclaré que
les conditions sont favorables pour l’utilisation des cages flottantes pour l’élevage de poissons
notamment dans la zone « Gharbi » puisque ces cages s'installent dans des profondeurs d'eau de
20 mètres et plus. Dans la même optique, le développement de l’aquaculture pourrait être une
piste pour la valorisation des sebkhas qui couvrent 60% de la superficie totale des îles Kerkennah,
avec la création d'élevages de crevettes ou d'anguilles.

3. L'environnement

3.1. Confrontation des dires d’acteurs :

Les travaux de protection contre l’érosion et l’intrusion marine menés par l’APAL ont été appréciés par
toutes les catégories de la société civile qui ont demandé la duplication de ces travaux dans les autres
zones non protégées. Néanmoins, des réclamations ont été formulées concernant les normes de ces
travaux et le choix des sites. Pour répondre à ces propos, le représentant de l’APAL a indiqué d'une
part que le montant alloué pour Kerkennah n'était pas suffisant pour protéger toutes les zones
touchées par les phénomènes d’érosion et d’intrusion marines et qu'il avait été nécessaire de
sélectionner seulement quelques zones pour mettre en place des ouvrages de protection. D'autre

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part, à propos des lacunes évoquées par la société civile telle que la qualité des roches utilisées dans
les ouvrages, la stagnation des eaux de pluie et l’infiltration de l’eau de mer à Ataya, le responsable
de l’APAL a souligné que la nature des sols (toujours saturés) et le niveau très proche de la nappe
sont les causes principales de la stagnation des eaux de pluie. L’agence est en train d’étudier les
améliorations nécessaires pour résoudre ce problème. En outre, il existe également des problèmes de
gestion des vannes, confiée à la société civile, qu'il serait nécessaire d'approfondir et de régler.

Par ailleurs, la démarche participative adoptée pour la réalisation des travaux de protection a abouti à
la création d’un comité de l’environnement au sein de la municipalité de Kerkennah, pour une période
de dix années, afin d’assurer le suivi des travaux et l’entretien des ouvrages. Ce comité est composé
de dix membres issus de l’APAL, de la société civile et de la municipalité, avec un budget de 25 mille
dinars destiné principalement à l’entretien des ouvrages.

Sur un autre sujet, plusieurs problèmes liés à la pollution sont apparus lors des discussions avec la
société civile : pollution urbaine et pollution par les hydrocarbures.

En ce qui concerne la pollution liée aux activités pétrolières, il s’agit d’une pollution accidentelle qui
arrive partout dans le monde selon le responsable de l’ANPE de Sfax. En effet, deux fuites seulement
ont été enregistrées, une en 2010 et l’autre en 2016, sur laquelle il avait des soupçons parce que
plusieurs cassures dans les canalisations ont été enregistrées. Dans les deux cas, les procédures
juridiques ont été effectuées contre la société concernée (compensation, nettoyage des zones
touchées). L’hypothèse de l'utilisation de canalisations usagées évoquée par une partie de la société
civile a été écartée parce que les sociétés n’ont économiquement aucun intérêt à pratiquer ainsi. Il a
par ailleurs été précisé que c’est le rôle de l’ETAP de contrôler ces réseaux.

 propos de la pollution causée par les déchets ménagers et les déchets en plastique, c’est l’ANGed
qui assure la gestion de ces déchets. Selon un de ses responsables à Sfax, la nature des déchets
ménagers en Tunisie accentue les problèmes environnementaux au niveau des décharges publiques
non contrôlées. En effet, 70 % de déchets ménagers sont organiques avec un taux d’humidité très
élevé et seulement 30% sont inorganiques et recyclables. Par conséquent, deux problèmes
apparaissent : la production de lixiviats au niveau des décharges publiques qui peuvent polluer la
nappe phréatique et la fermentation des déchets dans les centres de collecte avec production de gaz
méthane. La stratégie de l’ANGed pour la gestion des déchets est basée sur la création des
décharges publiques contrôlées pour la collecte des déchets ménagers et assimilés, ainsi que la
création de centres de transfert pour faciliter la tâche des municipalités en réduisant les distances
parcourues par les camions de ces dernières (l’ANGed prend en charge le transport des déchets du
centre de transfert à la décharge). Dans ce cadre, les îles Kerkennah ont été favorisées avec la
création, en 2010, de deux centres de transfert, à Najet et Ouled Kacem, et d’une décharge publique
contrôlée à Mellita, pour un budget total de 3,5 MDT. Une société a été retenue après un appel
d’offres pour l’exploitation de ces centres. Après la révolution, un problème foncier lié à la propriété du
terrain de 4 hectares, qui a été proposé par la municipalité de Kerkennah, a empêché l’exploitation de
la décharge publique de Mellita. Au final, il s’est avéré que seulement 900 m2 sont une priorité de
l’Etat. Face à ce problème, toutes les parties prenantes (Ministère des Domaines de l'État et des
Affaires Foncières, Gouvernorat, Municipalité, etc.) ont proposé une solution à l’amiable aux 14
propriétaires de ce terrain à travers une compensation financière globale de 120 mille dinars. Face
aux moyens limités de la municipalité de Kerkennah, ce montant a été collecté après une mobilisation
des différentes structures régionales concernées et de la société pétrolière PETROFAC. Mais, après
l'indemnisation de ces personnes, environ 50 autres personnes se sont présentées comme
propriétaires du terrain. Les tentatives pour trouver une solution à l’amiable n'ayant pas abouti, les
autorités publiques ont décidé de passer à la procédure d’expropriation pour cause d'utilité publique,
en s'appuyant sur la révision de la loi de 2016 qui réduit à un an le délai de cette procédure. C’est la
municipalité de Kerkennah qui devait lancer cette procédure en déposant un dossier auprès du
ministère des Domaines de l'État et des Affaires Foncières, chose qui n’est toujours pas faite.
L’ANGed, n’a pas donc aucune responsabilité dans le problème existant selon ses responsables, et
elle continue jusqu’à présent à payer deux concierges pour garder la décharge.

Le développement des décharges publiques non contrôlées est le résultat de cette situation. Un
programme pour leur réhabilitation a été élaboré mais sa mise en œuvre reste conditionnée par
l'ouverture de la décharge contrôlée de Mellita qui est nécessaire pour transporter les déchets
existants.

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En parallèle, l’ANGed a appuyé une initiative de collecte de plastique à Ouled Kacem dans le cadre
du programme national ECOLEF. L’idée consistait à trouver une formule pour encourager la collecte
de ces déchets en plastique qui représente la source majoritaire de pollution : bouteilles, canettes et
bouchons. Alors qu’elle achète le kilogramme de plastique de ces derniers à 500 millimes, l’ANGed
encourage le recyclage en revendant le kilogramme de plastique à 300 millimes pour les unités de
recyclages. Concernant le développement de cette piste aux îles Kerkennah avec notamment
l'ouverture d’un centre de collecte des plastiques, le représentant de l’ANGed a précisé que selon le
cahier des charges, le recyclage devrait se faire dans une zone industrielle après une étude d’impact
de la part de l’ANPE. Malheureusement, les îles Kerkennah ne disposent d'aucune zone industrielle.

Par ailleurs, la société civile a évoqué l'impact sur l'environnement des pratiques d'extension illégale
de la société d’exploitation des salines à Abbassia. Sur ce sujet, il semble exister une contradiction
entre les dires des responsables régionaux. En effet, selon l’APAL, les extensions réalisées par cette
société sont légales vu que le contrat de location des salines est valable pour 400 hectares de terrain.
Par contre, selon l’ANPE, l’autorisation d’exploitation a été délivrée par le ministère de l’industrie sans
tenir compte de l’avis de l’ANPE et la société a déposé un dossier pour la régularisation de sa
situation tout en niant l’existence d’un problème de rejets polluants (les rejets naturels).

Enfin, les responsables régionaux ont attiré l’attention sur un phénomène existant aux îles, le vol de
sable pour l'utiliser dans la construction des bâtiments (peut-être pratiqué aussi parfois par quelques
sociétés de travaux publics).

Concernant le problème des rejets causés par les réseaux d'assainissement urbain ainsi que les
normes des travaux de l’ONAS, il reste à contacter cette structure pour en discuter.

3.2. Priorités de développement du secteur environnemental

Les discussions menées autour des problématiques environnementales avec les différentes parties
concernées ont abouti à l’identification des priorités permettant d’améliorer le cadre environnemental
dans la zone :

Priorité 1 : Protection contre les phénomènes naturels


- Dupliquer les travaux de protection mis en œuvre par l’APAL dans les autres zones classées
vulnérables aux phénomènes de l’érosion et d’intrusion marines s'étalant sur 10 kilomètres selon
les études de l’agence,
- Lutter contre l’avancement des sebkhas : valorisation dans des activités d’élevage, implantation
des plantes halophiles, etc.

Priorité 2 : Lutte contre la pollution


- Trouver une solution pour faire fonctionner la décharge de Mellita,
- Réhabilitation des décharges publiques non contrôlées,
- Renforcement des capacités de gestion des déchets pour la municipalité de Kerkennah : l’objectif
est d’évaluer et améliorer la stratégie d’intervention de la municipalité dans la gestion des déchets.
- Amélioration des circuits de gestion des déchets actuels et étudier la possibilité d’introduire des
nouveaux concepts tels que le tri des déchets en vue d’améliorer les opérations de collecte et de
recyclage des déchets notamment plastiques.
- Organisation de campagnes de sensibilisation/ d'actions pour minimiser la pollution par le plastique
dans la mer causée par les pêcheurs ou autres.

Priorité 3 : Renforcement de la gouvernance environnementale


- Améliorer la coordination entre les différentes administrations liées au secteur environnemental en
vue d’élaborer un plan d’action commun qui prenne en considération les spécificités des îles
Kerkennah
- Renforcement des capacités des différents acteurs, techniques et civils.

4. Tourisme

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4.1. Confrontation des dires d’acteurs

Quoique le secteur touristique à l’échelle nationale commence à surmonter la crise des dernières
années, ce secteur connaît toujours des difficultés importantes aux îles Kerkennah. À cet égard, la
société civile a évoqué plusieurs obstacles qui freinent le développement de ce secteur, en particulier
la difficulté d’accès aux îles, l’absence d’une stratégie de promotion et de valorisation touristique des
îles Kerkennah et enfin le développement des activités pétrolières.

À ce propos, les responsables du Commissariat régional du tourisme ont confirmé que les conditions
d’accès aux îles Kerkennah représentent un handicap pour le développement des nouveaux marchés
touristiques à cause des perturbations régulières dans les lignes maritimes entre Sfax et Kerkennah
(les conditions climatiques et les contestations sociales) et de la fréquence insuffisante des voyages.

Ensuite, ces derniers ont indiqué que le ministère de tourisme a mis en place une stratégie nationale
de développement touristique entre 2016 et 2020, basée sur quatre axes : i) la diversification des
produits touristiques (tourisme de congrès, de santé, écologique, sportif, de montagne, agritourisme,
historique) ; ii) le « branding » avec de nouveaux outils de marketing pour améliorer l’image de
marque du tourisme tunisien (site internet de promotion, brochures par catégorie et thème de tourisme
et non plus par secteurs géographiques) ; iii) l'amélioration de la qualité des services dans les
établissements hôteliers à travers la formatio. En ce qui concerne les îles Kerkennah, une étude et un
appel à manifestation d’intérêt pour le développement d’une station touristique écologique ont été
élaborés en vue de développer un tourisme écologique en harmonie avec les spécificités de la zone.
Le commissariat régional au tourisme de Sfax a profité de sa participation au forum tuniso-arabe de
l’investissement touristique pour promouvoir ce projet à travers l’exposition d’une présentation en 3D.
Malgré l’importance et l’originalité de ce projet, il n'y a eu aucune réponse à l’appel d’offres lancé.

L'Office a par ailleurs appuyé la création d’une maison d’hôte « Mnaret Kerkennah » dans une optique
de diversification des produits touristiques existants. Des initiatives pour la création de circuits
touristiques ont été mises en place qui ont abouti à l’identification d’un circuit touristique aux îles
Kerkennah à savoir : départ du port de sidi Youssef, visite du fort de Mellita en traversant les champs
de vignes, oliviers et figuiers puis visites de la chaussée romaine, du fort borj el Hsar, du Marabout sidi
Zarai, du Musée d'El Abbassia, de la cité archéologique el Abbassia et enfin sortie en mer pour
découvrir la pêche traditionnelle "Echarfia" avec déjeuner à bord du bateau et possibilité de visite des
iles Gremdi et Charmadia. Pour promouvoir ce circuit, il a été diffusé à tous les commissariats au
tourisme régionaux et aux agences des voyages.

4.2. Priorités de développement du secteur touristique

Le travail de diagnostic porté sur le secteur touristique a mis en exergue les contraintes majeures
dans le secteur touristique. Ceci a permis d'identifier les priorités de développement de ce secteur en
se basant sur l’analyse des dires de différents acteurs. Cependant, une grande partie de la société
civile n’est pas optimiste pour l’avenir du tourisme à Kerkennah à cause de développement des
activités pétrolières.

Priorité 1 : diversification de l’offre touristique


- amélioration des services touristiques existants,
- introduire de nouveaux concepts de tourisme à travers la création des nouvelles unités touristiques
écologiques, agro-touristique, etc. Sur ce sujet, des intentions d’investissement ont été déposées
au CRT de Sfax qui concernent la création de maisons d’hôtes, de gites rurales et d'un centre
d’animation touristique,
- création des circuits touristiques.

Priorité 2 : amélioration de la stratégie de promotion du tourisme


- mise en place d'actions (sur place ou ailleurs) au profit des acteurs importants dans le secteur
touristique (agences de voyage, tours opérateurs, journalistes, etc.) pour promouvoir les produits
touristiques des îles Kerkennah,
- améliorer la valorisation du potentiel touristique existant en développant de nouveaux produits
touristiques : les îlots, les sebkhas, les produits de terroirs, la pêche artisanale, etc.
Priorité 3 : Amélioration de l’accès
- encourager les initiatives privées dans le transport maritime pour améliorer l’accès aux îles

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- renforcement de la flotte existante par de nouveaux navires,
- augmenter la fréquence des voyages entre Sfax et Kerkennah,
- création d’une piste d’atterrissage.

5. Artisanat

5.1. Confrontation des dires d’acteurs

Les responsables de l’ONA de Sfax sont du même avis que la société civile concernant les problèmes
dans le secteur artisanal. Ainsi, tous ces acteurs ont confirmé que le secteur de l’artisanat aux îles
Kerkennah est menacé par plusieurs problèmes qui peuvent engendrer la disparition du savoir-faire
artisanal local. Selon eux, les majeurs problèmes sont la diminution du nombre d'artisans et artisanes
actifs en raison des difficultés de commercialisation des produits artisanaux.

À propos du manque de formation en artisanat aux îles Kerkennah, les responsables de l’ONA ont
souligné que depuis la réforme de l’Office en 1990, les activités liées à la formation sont sous la
responsabilité du ministère de la formation professionnelle. Des efforts ont été déployés par l’Office
pour exploiter le centre professionnel de Remla non fonctionnel, sans parvenir à atteindre le résultat
souhaité.

Pour l’ONA, le manque d’organisation des artisanes est un obstacle au développement de ce secteur
aux îles Kerkennah, en précisant qu’il existe une seule unité de production artisanale structurée et
active, « Kerkenatiss » de l’artisane Fatma Samit (une enseignante universitaire en beaux-arts et
ancienne cadre de l’ONA).

Pour répondre à la proposition de la société civile qui propose la création d’une maison d’artisan à
Kerkennah, la Directrice Régionale de l’ONA a souligné qu’une telle maison est programmée à Sfax et
que les artisanes de Kerkennah pourront bénéficier d’un espace de vente et d’exposition permanent
dans cette maison.

Les artisanes de Kerkennah pourront également bénéficier de tous les avantages accordés par l’ONA,
soit pour la participation aux foires, soit pour accéder au crédit de la BTS (mais ce dernier est
conditionné à la présentation d’un garant salarié, ce qui est compliquée pour les artisanes de
Kerkennah dont les membres de familles sont en majorité des pêcheurs).

5.2. Priorités de développement du secteur artisanal

Le secteur artisanal aux îles Kerkennah est caractérisé par l’abondance des métiers artisanaux mais
aussi par un manque remarquable d’organisation et l’absence de circuits de commercialisation
structurés. Néanmoins, l’existence d’une unité organisée et réussie, «Kerkenatiss », est un élément
encourageant pour l’organisation de ce secteur et la valorisation du savoir-faire artisanal des îles
Kerkennah.

Suite aux dires des acteurs du secteur, les priorités de développement suivantes ont été identifiées :

Priorité 1 : Amélioration de l’organisation du secteur artisanal


- Attirer et encourager les diplômés des beaux-arts originaires de Kerkennah à créer des
organisations professionnelles (GIP, SMSA) ou bien des groupements commerciaux (collecte et
vente de produits),
- Appuyer les ateliers réussis existants, notamment «Kerkenatiss », afin de favoriser l’insertion d’un
nombre plus important d'artisanes dans ces dynamiques économiques,
- Appuyer la commercialisation des produits artisanaux à travers la création d’une boutique
recommandée ou bien d'un showroom sur Kerkennah (conditionnée par le développement du
secteur touristique) et la participation des artisans aux foires nationales ou/et internationales,
- Alléger les conditions d’octroi des crédits de la BTS (patente et garant).

Priorité 2 : Renforcement des capacités des acteurs


- Introduction de l’artisanat dans les spécialités du centre de formation de Ataya et exploiter le centre
de formation de Remla qui n’est pas fonctionnel,

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- Renforcement des capacités des acteurs impliqués dans ce secteur : marketing, innovation,
regroupement des artisans …etc.

6. Problématiques administratives et juridiques

Le travail de diagnostic réalisé auprès de la société civile (GDA, associations, personnes-ressources)


et des administrations régionales a permis de comprendre la complexité du territoire des îles
Kerkennah. Cette complexité provient essentiellement de plusieurs facteurs spécifiques aux îles
touchant à la fois les aspects administratifs, sociales et techniques. Cette complexité pourrait être
résumée en trois grands points :
- L’isolement des îles Kerkennah : une grande partie de la population locale et des administrations
régionales se sont montrées pessimistes par rapport au développement économique des îles dans
un contexte d’isolement qui engendre un surcout important et des problèmes de commercialisation.
- Le problème foncier représente un vrai handicap pour le développement des nouvelles initiatives
économiques et de services dans la région. De plus, l’absence d’un plan d’aménagement urbain a
accentué cette situation.
- Un manque de confiance remarquable entre la population locale et l’Etat qui se nourrit de la faible
représentation des administrations publiques à l’échelle locale et de l’absence d’application de la
loi dans plusieurs situations (pêche illicite, fermeture du bac, …)

Les différentes réunions organisées et les discussions menées ont permis de dégager une vision
préliminaire sur les potentiels existants et les attentes des différents acteurs de territoire en matière de
développement. Ainsi, il paraît primordial d’améliorer le cadre de dialogue et de la concertation entre
la société civile et les administrations régionales en vue d’une meilleure collaboration et
compréhension des problématiques existantes. Pour ce faire, il faut mettre en place un programme de
renforcement des capacités ciblé au profit de tous les acteurs, GDA, associations, administrations,
autour des thématiques de la gouvernance locale, de la démarche participative et d’autres
thématiques techniques qu'il reste à préciser. Dans l’attente d’une augmentation de la représentation
officielle de plusieurs administrations régionales ou de la création d’un guichet unique aux îles
Kerkennah, des solutions comme l’organisation de "caravanes" périodiques composées des
représentants de ces administrations, pourraient impacter positivement la vie de la population locale et
résoudre une partie de leurs problèmes administratifs. De plus, les administrations locales souffrent
d’un manque flagrant de moyens matériels et humains leur empêchant ainsi de satisfaire les besoins
de la population locale. Ces administrations doivent obligatoirement être appuyées pour franchir un
nouveau palier dans la relation de confiance entre la population et l’Etat.

32
Annexe 1 : Etat d’avancement des projets publics

Coût
Intitulé des projets Avancement Remarques
(x1000 DT)

Eau Potable
Station de dessalement de l’eau de mer 24 000 En cours d’étude
Eau potable programme régional 2016 (71 familles) 261 En cours de réalisation
Convention signée entre le conseil
Eau potable programme régional 2017 (59 familles) 166 régional et la SONEDE fin 2017
Agriculture
Entretien des champs de palmiers (300 ha) 137 100 %
Création du sondage prévu en
Création d’un périmètre irrigué à Chargui 2 000
janvier 2018
En cours de préparation
Entretien des champs de palmiers (307 ha) 170
des appels d’offre
Pêche
Création d’un port de pêche à sidi Youssef 31 798 17 %

Installation d’un transformateur électrique au port d’Elataya 75 100 %

Aménagement des rues dans le port d’Elataya 150 En cours d’étude


La Poste
Aménagement du bureau de poste de Kerkennah 320 100 %
Aménagement d’un bureau de poste à kraten 20 100 %
Transport Maritime

En cours de préparation de l’appel


Aménagement de la piste de voiture au port de sidi Youssef 50
d’offre
Acquisition d’un navire 15 000 100 % Reçu en janvier 2017
Achat d’un moteur de réserve pour les navires
200 100 %
« hached » et « kerkenah »

Routes et pistes
Aménagement de la piste Est 885 bounouma (5,1 km) 821 100 %
Aménagement de la piste reliant la maison des jeunes kraten à la
577 30 %
délégation de Kerkennah 2ème tranche
PRD 2016 : aménagement de 5 pistes (3,7 km) 707 65 %
L’entreprise est désignée en
PRD 2017 : aménagement de 5 pistes (6,2 km) 1 569
décembre 2017
Aménagement Urbain
Ouverture des plis le 3 janvier
Plan de coordination des îles de kerkenah 100
2018
Erosion maritime

Travaux de protection des côtes des îles de kerkenah


contre les érosions maritime 9 km (Sidi fraj, Ouled yanig,
10 600 95 %
Bounouma Ouled kacem, et Ouled bou ali)

Travaux d’aménagement des équipements de protection des


309 100 %
inondations

Protection de la région kraten des érosions maritimes (programme


542 100 %
ministère des équipements)

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Annexe 2 : Projets publics programmés (2018-2020)

Coûts (x 1000 DT
Intitulé des projets
dinars)

Routes et Ponts

Aménagement de la route régionale 204 au niveau de la localité de Sidi youssef (2 km) 2 000

Création d’un pont sur la route régionale 204 au niveau du p.k. 14.5 (Prog 2018) 7 000

Agriculture

Extension du périmètre irrigué Ouled izzidine 220

Pêche

Protection des côtes de la pêche illicite (Récifs artificiels) Projet national

Transport Maritime

Acquisition d’un navire 20 000

Acquisition d’un navire rapide pour les voyageurs (CATAMARAN) 5 000

Rénovation des cités populaires

Rénovation du cité Est et El kraten à (prog 2018) 800

Total 35 020

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