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par la Délégation de
l’Union Européenne Ce projet mis en œuvre
en Tunisie par le CIHEAM-IAMM
Les îles Kerkennah appartiennent à la côte nord du Golfe de Gabès; elles se situent à 20 Km à l'Est
de la ville de Sfax. Elles comptent 14 îles et îlots dont les deux plus grandes sont l’île de Gharbi ou
Mellita et l’île Chargui, où se trouvent le siège de la Délégation, celui de la Commune et les principaux
services administratifs (à Ramla).
Parmi les îlots on peut citer notamment ceux de Gremdi, Roumadia, Rakadia, Sefnou, Charmadia,
Ch’hima, Keblia, Jeblia, El Froukh, Firkik, Belgharsa et ElHaj Hmida. Allongé du Sud-Ouest au Nord-
Est sur une longueur de près de 35km, l’archipel a une largeur variable atteignant au maximum 11 km
et une superficie de près de157km². L’archipel de Kerkennah est composé administrativement d’une
seule délégation subdivisée en dix secteurs ou imadas (Erramla, El Ataya, Sidi Frej, Mellita, El
Kallabine, Ennajet, Echargui, El Kantra, El Kraten, Ouled Kacem). En outre, Kerkennah est régie par
une seule Municipalité dont le périmètre communal couvre tout l’archipel.
Les îles Kerkennah se caractérisent par la faiblesse de leur topographie qui parait à première vue, très
monotone. En revanche, il est possible d'y distinguer des différences sensibles entre :
- les bas plateaux qui forment les dos de terrains plus ou moins marqués dans Le paysage;
- les Sebkhas et les chotts correspondant aux terrains déprimés;
- le littoral.
Par ailleurs, l’archipel est caractérisé par un climat méditerranéen aride. En effet, les températures
moyennes annuelles sont d'environ 18,8°C dont les maximas et les minimas moyens sont atteints
respectivement durant les mois d'août (26,3°C) et de janvier (11°C) (INM, 2011 et 2012).
Les précipitations se caractérisent par une grande irrégularité interannuelle. À l'échelle annuelle, la
variabilité est également très forte : octobre, le mois le plus arrosé, présente une moyenne de 44 mm
et concentre ainsi presque 1/5 du total annuel moyen ; juillet est le mois le plus sec avec une
Document Cadre du développement des Iles Kerkennah | 5
moyenne inférieure à 1 mm. L'automne totalise 44,5 % du total pluviométrique annuel contre 32,2 %
pour l'hiver (Fehri, 2011).
Pour ce qui est des vents, ceux dominants viennent des secteurs septentrionaux (Nord, Nord-Est) et
orientaux en été et au printemps et des secteurs occidentaux (Ouest) à l'automne et à l'hiver.
Ces conditions bioclimatiques sont l'une des causes principales de la vulnérabilité du milieu naturel
des îles de Kerkennah. En effet, la faiblesse des pluies, les températures relativement élevées et les
vents même s'ils ne sont pas violents sont à l'origine d'une évaporation active qui prive le sol d'une
grande partie de son humidité ce qui se traduit par un grand déficit hydrique, qui s'élève à plus de
1036 mm/an (Fehri, 2011).
2. L’agriculture à Kerkennah
Les iles Kerkennah sont caractérisées par des ressources en eau peu abondantes. Les
caractéristiques de ces ressources dépendent essentiellement des conditions climatiques,
géologiques et hydrogéologiques. Ainsi, à cause de la topographie plane et d la multitude des
sebkhas qui communiquent avec la mer, les eaux superficielles (oueds) sont quasi inexistants. Le
faible potentiel en eau souterraine est constitué par les nappes phréatiques superficielles de
Kerkennah et par la nappe profonde de Sfax qui s'étend du nord vers le sud sur une distance d'une
centaine de km. L'exploitation des nappes superficielles se fait par l’intermédiaire de puits de surfaces
de faibles profondeurs, occupant généralement le centre de petites cuvettes où se rassemblent les
eaux de surfaces. Les îles Kerkennah comptent actuellement plus de 400 puits qui pompent une eau
de qualité moyenne à médiocre, où le résidu sec dépasse souvent les 2 g/l. En ce qui concerne la
nappe profonde de Sfax, elle présente une eau de qualité moyenne avec un résidu sec variant entre
3,5 g/l et 4,5 g/l. Cette nappe est actuellement exploitée par huit forages gérés conjointement par la
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SONEDE et les Groupements de Développement agricole, dont 2,28 millions m sont destinés à
3
l'alimentation en eau potable et 1,55 millions m sont destinés aux périmètres irrigués (CRDA Sfax,
2016).
Une surexploitation de la nappe profonde a été signalée selon les statistiques de l’année 2016. Les
3
ressources en eaux disponibles sont de 3,064 Mm alors que les ressources exploitées sont de l’ordre
3
de 3,830 Mm (Source : Direction Générale des Ressources Hydriques, 2016). Il est à noter que 20ha
de périmètres irriguées se sont rajoutées durant la période allant de 2014 jusqu’au 2016. Ces
superficies sont principalement occupées par des cultures arboricoles et fourragères (CRDA Sfax,
2016).
2.2. Elevage
L’élevage ovin représente environ 92% du cheptel total présent sur l’île avec un nombre de tête de
4124 pour l’année 2016 (CRDA Sfax, 2016).
En parallèle à l’élevage ovin, on note l’existence de quelques initiatives de petit élevage notamment
l’aviculture et la cuniculture. Ces deux dernières spéculations sont confrontées au problème de
transport qui empêche leur évolution.
7%
ovin
caprin
bovin
camelin
92%
L’archipel de Kerkennah s'étend sur environ 14 696 ha dont 42% sont considérés comme des terrains
non agricoles (sebkha…), 34% sont des parcours et 24% sont considérés comme terrain arable.
34%
42%
terrains non agricole
terrain arable
parcours améliorés
24% parcours
0%
La figure n°4 montre les différentes spéculations existantes dans la région de Kerkennah. Les
palmiers occupent 47% des superficies arables. Quant aux périmètres irrigués, ils représentent
seulement 2% des superficies arables.
6% PI
5% 3%
2% olivier
vignoble
47% figuier
19% autres plantations
grande culture
pâturage
16% palmier
La région de Kerkennah dispose de trois périmètres irrigués couvrant 376 ha de la superficie globale
du territoire.
- Le périmètre irrigué de Mellita : créé en 2006 avec environ 74 ha. Le débit disponible est de 40l/s
avec une salinité de 3.4g/l
- Le périmètre irrigué de Wasat (Ramla, Wled bou ali, Kallabin) : crée en 2007, il dispose d'une
superficie de 180 ha. Le débit pour ce périmètre est de 60l/s avec une salinité de 3,6g/l.
- Le périmètre irrigué de Wled Ezzaidine : crée en 2012 avec environ 128 ha. Le débit disponible
pour ce périmètre est de 40l/s avec une salinité de 3,5g/l.
3. La pêche à Kerkennah
La pêche est la plus ancienne activité des îles Kerkennah et reste la base de l'économie autour de
laquelle se structure la vie sur l'archipel. En effet, plus du tiers de la population totale de Kerkennah vit
des activités maritimes. Elle était conduite dans le temps selon un système de pêcherie traditionnelle
et un savoir-faire local qui ont permis de maintenir un équilibre entre besoins et ressources. Cet
équilibre est actuellement rompu à cause des nouveaux intrus dans le système à savoir les chalutiers
et les barques à «tartarones» qui agissent dans l’illégalité en affectant l’environnement marin et en
rendant la vie difficile pour les pêcheurs traditionnels en réduisant la ressource à l’amont.
(APAL,2008).
Les « Chrafis » sont soit privées, appartenant à un ou plusieurs individus (particuliers ou familles), soit
propriétés de l'Etat qui les loue à l'année. De nos jours, il existe plusieurs groupements de pêcheurs
sauf que leur fonctionnement nécessite d’être mieux organisé afin de pouvoir participer réellement à la
mise en place d’une gestion intégrée de l’archipel.
Les nasses :
Il s'agit d'une technique de pêche artisanale. Elle est pratiquée dans le Sud et le Nord-Ouest surtout
par des pêcheurs originaires de zones appartenant au secteur d’El Attaya et de Kraten. Les nasses
sont utilisées dans les pêcheries fixes, ou elles sont regroupées pour la capture des poissons. A
l’époque, les nasses étaient fabriquée avec les dérivés du palmier, de nos jours elles sont fabriquées
avec du plastique.
Le total des barques à Kerkennah est d'environ 3 256, ce qui représente 62% des barques de la
région de Sfax. 633 bateaux sont équipés contre 2623 bateaux non équipés et ce secteur fournit
environ 4 650 postes d’emploi. (CGDR, 2016)
Selon les statistiques de 2008, la répartition des barques côtières au niveau de l’archipel montre un
certain équilibre en termes de nombre de barques entre les deux îles principales, mais on signalera
que le total des effectifs pour le port de Mellita assimilé à celui de Sidi Youssef, enregistre à lui seul
près de 46% de la flotte des barques côtières de l’archipel.
Barque Côtière
135 125 234 494
Motorisée
Barque Côtière
263 518 657 1438
Non Motorisée
Total en
21 % 33 % 46 % 100 %
pourcentage
Source : Direction Générale de la Pêche et de l’Aquaculture, 2008
3.3. La production
Le secteur de la pêche côtière dans les îles Kerkennah est marqué par une production variable d’une
année à une autre qui tend à la baisse depuis 2010. Selon les statistiques du CRDA de Sfax, la
production est passée de 7 000 T en 2010 à 3 000 T en 2016. La pêche au thon n’a été enregistrée
qu’en 2011 alors que la pêche d’éponge apparait d’une façon irrégulière dans les statistiques.
4. Le tourisme et l’artisanat
4.1. Le tourisme
Partout dans le monde, le cadre insulaire représente un produit touristique très privilégié. Cependant,
ce secteur reste très modeste sur les îles Kerkennah. Ceci se traduit par le nombre d’unités hôtelières
qui ne dépasse pas les six unités avec une capacité d’accueil de 636 lits. A cela s’ajoute deux
pensions ayant une capacité totale de 264 lits, classées en deux étoiles. Une seule maison d’hôte
légale existe avec une capacité d’accueil de 12 personnes (Sfax en chiffre, CGDR, 2016).
Durant l’hiver, l’archipel compte environ 14 000 habitants mais ce chiffre peut atteindre les 300 000
habitants pendant la saison estivale. Ces visiteurs sont généralement des Kerkenniens résidants en
dehors de l’archipel ou à l’étranger et qui viennent pour passer les vacances.
4.2. L’artisanat
L’artisanat est essentiellement réalisé chez des particuliers notamment autour (i) du tissage « tarf
kerkennien » (ii) le travail du palmier et de la palme pour la fabrication des nasses et des couffins (iii)
Le tissage des tapis (iv) la transformation des éponges (v) la fabrication des petites barques à voile en
bois. Il y’a également tout un savoir-faire autour de la valorisation des produits agricoles qui est
essentiellement pratiquée par les femmes, avec des plats typiques et traditionnels tels que : laklouka –
figues séchées – raisin sec – rob de dattes - couscous - tchich - mthaouma - dattes séchées (teflit) -
huile d'olive – galettes des pêcheurs (guelit) – poulpe séché, etc.
5. Le transport
Les iles Kerkennah sont reliées au continent par un bac avec une fréquence de 9 navettes par jour.
Cette fréquence peut atteindre les 14 navettes par jour durant la période estivale. Il est important de
signaler que seulement trois bateaux assurent le transport entre l’archipel et le continent (Cercina,
Loud Tounis et Habib Achour). Ce transport maritime ne répond toujours pas aux besoins de la
population résidente qui considère que (i) le nombre des voyages par jour est insuffisant : les files
d’attente sont assez longues sans avoir la moindre garantie d’avoir une place surtout en été ou si le
bateau n’a pas pu quitter le port de Sfax à cause du mauvais temps (ii) le débarquement du bac de
transport au port de Sidi Youssef est intimement lié au climat social dans la région de Mellita (iii) la
flotte est amortie : elle est très peu confortable et trop lente. Elle est destinée à la fois au transport des
gens, des marchandises et des camions.
Ces rencontres avec les associations et les organisations professionnelles ont permis de dresser un
premier panorama de la société civile à Kerkennah. Cette dernière est caractérisée par sa forte
Un aperçu des différentes caractéristiques des organisations de la société civile est présenté dans le
tableau pages suivantes.
Nom de
l’organi- Objectifs Informations générales Plan d’action Forces et faiblesse Attentes/ besoins
sation
Groupements de Développement Agricole « GDA »
Environ 300 adhérents
Gère environ 300 ha d'oliviers Extension de l’huilerie pour atteindre
Manque de moyens financiers
avec 25000 pieds + une huilerie 25T/jour
GDA Borj- Besoin d’un renforcement de
Vulgarisation agricole depuis 2014 financé par
Mellita Confiance entre les capacités
PERTOFAC avec une capacité de Installation de l’énergie photovoltaïque
agriculteurs et le GDA
production 15 tonnes/jours et de pour le périmètre irrigué
700 tonnes par saison.
Distribution et gestion de Bonne gouvernance des Formation en taille d’olivier et de
l’eau d’irrigation 40 adhérents contre 188 Dépôt pour la vente des aliments de ressources en eau la vigne,
GDA Baraka- Formation et vulgarisation bénéficiaires des services du GDA bétail : demande de financement déposée Quantité importante de fruits Renforcement de capacités en
Ouled agricole en collaboration avec La zone est répartie en 30% à PETROFAC séchés (figues et raisins) gestion administrative et
Ezzeddine la CTV olivier, 30% vignoble, 30% figuiers Installation de l’énergie photovoltaïque financière, amélioration des
Aménagement du ponton à et 10% autres cultures pour le périmètre irrigué Manque d’encadrement et pratiques agricoles et valorisation
Ouled Ezzedine d’accompagnement des produits agricoles
Associations et SMSA
Augmenter la contribution des
sociétés pétrolières pour le
développement de Kerkennah
Installation du gaz de ville
(production de PETROFAC)
Création d’un centre de formation
professionnelle : pêche, artisanat
Bonne réputation chez les et agriculture
Créée en 2004 autorités publiques et la Institut universitaire (ISET par
Collabore principalement avec population locale exemple) pour limiter la migration
Association Attribuer des microcrédits
la BTS à travers un contrat de Neutralité des jeunes et créer une nouvelle
Kyranis
financement annuel de 250 000 DT Financement limité : montant dynamique économique
des crédits très limité Promouvoir la pêche artisanale
et lutter contre la pêche illicite
Création d’une piscine couverte :
Kerkennah a un potentiel dans les
sports de natation qu’il faut
valoriser
Création d’un petit aéroport pour
les grands investisseurs et le
tourisme
Les entretiens réalisés ont permis de préciser la vision et les priorités de la société civile en matière de
développement du territoire et de les classer par ordre de priorité.
2.1. Transport
Le transport reste le souci majeur pour la population résidente à cause de son inadéquation par
rapport aux besoins/ attentes de la population. Les échanges ont permis de dégager deux priorités :
Priorités liées à la flotte navale : Selon les acteurs de la société civile, il est impératif que la société
SONOTRAK achète des catamarans pour le transport des voyageurs. Ils ont également signalé la
nécessité d’entretenir les bateaux existants.
Priorités liées à l’infrastructure : Certains acteurs de la société civile ont insisté sur la nécessité
d’installer un pont reliant l’archipel au continent.
2.2. Agriculture
L'agriculture occupe une place importante dans l'économie locale des îles Kerkennah et ce en dépit
des contraintes du milieu naturel. Elle est dominée par l'arboriculture et l'élevage. On note l'existence
de vergers mixtes composés de vignes, de figuiers et d'oliviers qui sont des cultures résistantes à la
sécheresse. D’autres vergers sont plus exclusivement dominés par les oliviers. Ces cultures sont
principalement concentrées dans la partie Gharbi de l’archipel. L'élevage occupe une place assez
importante dans l'économie des îles, bien qu'il soit conçu comme une activité complémentaire. Il s'agit
d'un élevage dominé par les petits ruminants, en l'occurrence les ovins qui constituent la quasi-totalité
du cheptel. Actuellement, l'agriculture est soumise à beaucoup de pressions: sécheresse, problèmes
fonciers, salinisation de la nappe et coût élevé des labours et des intrants. Afin de pouvoir contribuer
au développement de ce secteur les acteurs de la société civile ont évoqué trois types de priorités :
Des priorités liées à la production et à la valorisation des produits agricoles: Les iles Kerkennah
sont caractérisées par une variété importante de produits de terroirs à savoir (i) les raisins secs de la
variété Asli, variété typique de la région, produite naturellement sans intrant chimique, (ii) les figues
séchées, (iii) le sirop de datte. Cette multitude de produits est liée à un savoir-faire ancestral et unique
sauf qu’il reste très peu valorisé. Ceci est dû à (i) la quantité modeste des produits transformés (ii)
l’absence de structures d’organisation des femmes rurales (ii), l’absence d’un programme de
promotion et de marketing autour de ces produits, (ii) l'absence d’un programme d’appui pour les
femmes rurales. Afin de faire évoluer ce secteur, les acteurs de la société civiles recommandent les
actions suivantes : (i) mise en place un programme d’appui pour le développement de l’agriculture et
l’amélioration de la productivité notamment du vignoble variété Asli, (ii) nécessité d’étendre les
périmètres irrigués existants (iii) nécessité de mobiliser l’autorité publique pour achever les travaux de
création d'un périmètre irrigué dans la zone de Charki.
Priorités liées à l’infrastructure : La majorité des acteurs civils évoque la dégradation des pistes
agricoles qui empêche les agriculteurs d’accéder à leurs terrains et d’exploiter leurs productions. Pour
y remédier, un aménagement des pistes agricoles parait nécessaire.
Priorités liées à la ressource naturelle : Il est évident que le développement agricole dans chaque
zone est intimement lié aux ressources naturelles existantes. Les îles Kerkennah souffrent d’un
morcellement très important des terres agricoles et d’un cadastre foncier mal tenu. En dépit des
tentatives gouvernementales et locales, la propriété des terres agricoles demeure un sujet très
épineux à Kerkennah et source de nombreux conflits. L’absence d’un titre de propriété constitue un
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frein majeur pour les agriculteurs dans la mesure où ils sont incapables d’accéder aux aides de l’Etat
ou aux crédits bancaires. Face à cette situation, les acteurs de la société civile ont mis l’accent sur la
nécessité de remobiliser le tribunal foncier pour clarifier la question de la propriété des terrains
agricoles.
Par ailleurs, l’eau à Kerkennah est très chargée en sel et constitue un autre obstacle pour le
développement agricole selon les acteurs interviewés qui ont énumérés les dégâts causés par le sel
sur les installations d’irrigation. Pour eux, la désalinisation des forages situés dans les périmètres
irrigués est une priorité.
Il est à noter qu’aucun acteur n’a évoqué le gaspillage des ressources en eau sur les périmètres
irrigués qui pourrait pourtant être considéré comme un axe d’intervention intéressant pour les GDA.
2.3. Pêche
La pêche représente l’économie principale dans les îles Kerkennah. Mais depuis un certain nombre
d’années, ce secteur n’est plus assez productif pour les habitants de l’archipel suite à la dégradation
de la biodiversité marine principalement causée par la pêche illicite ou le kis. Des réunions bilatérales
ont été organisées avec quelques pêcheurs de la zone afin de déterminer les problématiques
majeures menaçant ce secteur. Les échanges ont abouti aux priorités suivantes :
Priorités liées à la protection de la ressource : Tous les acteurs des îles Kerkennah interviewés
sont conscients des dégâts causés par le modèle de pêche actuel et de la nécessité de promouvoir un
modèle durable et respectueux pour les ressources existantes. Dans ce cadre, ils ont mis l’accent sur
les point suivants : (i) appliquer la loi à tous les intervenants, (ii) reproduire l’expérience des récifs
artificiels pour diminuer la pêche illicite (iii) créer des réserves marines au niveau de la zone chargui.
(iii) mobiliser les autorités pour régler le problème des autorisations de pêche concernant la pêche de
loisir et la pêche des sardines et du thon (iv) mettre en place un système de suivi pour les chalutiers
(v) promouvoir les pratiques ancestrales liées à la ressource halieutique (nasse naturelle, charfia
naturelle) (vi) mobiliser les autorités concernées pour lutter contre la pollution marine liée aux
hydrocarbures et l’intégration des sociétés pétrolières dans cet effort.
2.4. Tourisme
Le tourisme alternatif ou l’écotourisme restent toujours un créneau qui fait rêver la société civile de
l’archipel depuis environs une vingtaine d’année. D’après les entretiens, la demande des acteurs
portent essentiellement sur la nécessité de valoriser l’archipel éco-touristiquement avec deux priorités:
Des priorités liées au développement du secteur: le tourisme reste vraiment très modeste voir
absent aux iles Kerkennah et afin de le développer il est proposé de (i) mettre en place une stratégie
promotionnelle pour les iles Kerkennah, (ii) développer des produits touristiques commercialisables
(circuits, services touristiques…), (iii) revoir le lieu d’implantation de l’industrie pétrolière.
Des priorités liées à l’infrastructure : Afin de pouvoir développer ce secteur, certains acteurs ont
réclamé le développement d'une infrastructure touristique adaptée au milieu par la promotion de
l’initiative privée.
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3. Les projets portés par la société civile
Bien que la société civile soit jeune et faiblement structurée, elle a réussi à monter et gérer des petits
projets. Sur la base des entretiens, il est possible de citer les projets suivants :
Projet liés à la protection des ressources marines : Afin de lutter contre la dégradation des
ressources les acteurs de la société civile ont pris quelques initiatives comme la mise en place de
blocs artificiels fait par l’association Wled Ezzaidine avec un financement du PNUD.
Projets lié à l’infrastructure maritime : (i) aménagement des pontons de Wled Kacem et (ii) mise en
place d’une unité de fabrication de glace.
Projet lié à la valorisation des produits de la mer : (i) installation d’une usine de valorisation de
produit de la mer à Attaya
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Mise à part ces initiatives associatives, il faut noter la présence d’un vieux projet Sidi Fonkhal qui date
d'une vingtaine d’années. Ce projet était censé apporter une vision « écologique du tourisme » dans
les îles Kerkennah moyennant l’implantation d’un village eco-touristique. Ce dernier n’a jamais vu le
jour suite au manque d’investisseurs mais les acteurs locaux ont insisté sur la nécessité de mobiliser
les autorités pour sensibiliser les hommes d’affaire à ce qu'ils investissent dans cette initiative.
Les réunions organisées avec la société ont permis d’identifier leur attente et leur vision en termes de
développement économique pour les îles Kerkennah. Sur la base de ces discussions, des rencontres
ont eu lieu avec les institutions régionales et locales pour identifier les projets publics mis en œuvre et
programmés à Kerkennah, présenter les attentes de la société civile kerkennienne et recueillir la
réaction des fonctionnaires concernés face aux demandes des acteurs locaux de l’archipel.
Dans cette troisième partie, les principaux projets publics prévus pour les deux prochaines années
seront simplement cités pour donner une idée sur les orientations publiques en matière de
développement. Pour avoir plus de détail sur ces projets, il est recommandé de se référer au
diagnostic réalisé par le CGDR, partenaire du projet.
1.1. Agriculture
- un nouveau périmètre irrigué, dont les travaux ont déjà commencé, est programmé dans la zone
Jouaber de l’île Chergui
- un nouveau forage sera creusé dans la zone d’El Abbassia pour fournir la station de dessalement
des eaux à Remla qui n’arrive plus à satisfaire les besoins en eau potable
- une station de dessalement de l’eau de mer est programmée pour les deux prochaines années,
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dont la capacité de production est de 6000 m extensible à 9000m et destinée à l’eau potable
- l'aménagement des 5 puits de surface existants dans la zone de Zoreii : curage des 4 puits et
approfondissement du 5ème (consultation en cours)
- le CRDA mène une étude dans le cadre de la stratégie nationale pour le renforcement sociale et
économique des femmes rurales
- la troisième phase du projet de réhabilitation des forêts de palmiers est programmée en 2018 :
l’appel d’offres a été lancé pour entretenir 300 ha de palmeraie
- un projet pour l’installation de trois serres pilotes dans les périmètres irrigués avec l’appui financier
de la société pétrolière «DNO ». Cette piste est récemment suspendue, voire abandonné, suite au
désistement des responsables de la société pour des problèmes administratifs internes.
1.2. Pêche
1.3. Environnement
1.4. Tourisme
Aucun projet public dans le secteur de tourisme n’est prévu. Cependant, un renforcement de la flotte
de transport est programmé à travers l’acquisition de deux navires, dont une rapide pour les
voyageurs (Catamaran). L’amélioration de l’accès aux îles est étroitement liée au développement du
secteur touristique.
1.5. Artisanat
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La création d’une maison d’artisans à Sfax est en cours d’étude, elle sera réalisée d'ici 2 ans environ.
Cette maison pourrait accueillir les artisans et artisanes de Kerkennah pour exposer et vendre leurs
produits.
Organisme
Type de projet Appréciation Propositions
responsable
Tableau - Appréciation des projets des pouvoirs publics par la société civile
Les rencontres avec les différents acteurs locaux et régionaux agissant sur l’archipel, couplées aux
informations et statistiques qui ont été collectées grâce aux concours des différents partenaires,
permettent aujourd’hui d’établir une première liste de priorités de développement des îles Kerkennah.
Ces priorités sont le fruit d’une confrontation entre les attentes de la société civile, les dires d’expert
des institutions publiques et les projets publiques prévus et/ou réalisés.
Cette quatrième partie présente, par secteur, une analyse comparative entre les attentes de la société
civile et les programmes de développement étatiques.
1. Agriculture
Les ressources en eau des îles Kerkennah sont reparties entre ressources provenant de la nappe
phréatique et celles provenant de la nappe profonde de Sfax. Selon les services techniques du CRDA,
les ressources en eau superficielle se caractérisent par une salinité très élevée qui peut atteindre 10g/l
ce qui leur rend non exploitables dans l’agriculture et dans l’alimentation en eau potable. Par contre,
les ressources provenant de la nappe profonde sont caractérisées par une salinité moyenne de 3,5 g/l
qui est très acceptable. Ces ressources sont utilisées à la fois pour l’irrigation des cultures et
l’alimentation en eau potable : 3 forages exploités par les périmètres irrigués (40% des ressources
exploitées) et 5 forages exploités par la SONEDE (60% des ressources exploitées). Les statistiques
3 3
montrent qu’en 2016, 3,83 millions de m d’eau ont été exploités sur 3,06 millions de m disponibles
dans la nappe profonde, ce qui traduit une surexploitation des ressources.
On constate par ailleurs une salinisation croissante des terres agricoles et l’avancement des
« sebkhas » qui couvrent environ 30 % de la superficie totale des îles. Pour expliquer ce phénomène,
les services techniques du CRDA évoquent un problème de fonctionnement des réseaux de drainage
dans les périmètres irrigués, en particulier à Remla, à cause d’une mauvaise gestion et de la
couverture partielle de ce réseau (seulement 60% de la superficie de ce périmètre).
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Des initiatives d’implantation de l’Atriplex et des ceintures en cultures fourragères ont été mises en
place pour lutter contre l’avancement des « sebkhas » et protéger les terres agricoles. Ces actions
n’ont pas réussi à cause du problème foncier et de la faible implication de la population locale dans le
suivi de ses actions.
En ce qui concerne les organisations professionnelles agricoles aux îles Kerkennah, les responsables
du CRDA ont évoqué un problème du fonctionnement de ces organisations (8 GDA et 1 SMSA). En
effet, ces organisations sont réparties en deux catégories :
- les GDA créés à partir d’un besoin de gestion des périmètres irrigués : malgré les évolutions
réalisées dans ces périmètres en matière de production et d'extension des cultures, ces
groupements souffrent d’un manque des compétences techniques et d’encadrement pour mieux
développer le secteur agricole dans ces périmètres.
- les GDA créés en 2008 et 2009 dans le cadre d’un projet présidentiel à finalités politiques n’ont pas
réussi, après la révolution, à gérer leurs affaires et n’ont pas organisé d'assemblés générales
depuis 7 ans.
De plus, la loi qui organise le fonctionnement des GDA les fragilisent. En effet, ces groupements sont
sous tutelle du ministère de l’intérieur et les CRDA n’ont qu’un rôle de supervision technique ce qui
complique leur suivi et leur accompagnement.
Sur un autre plan, les services techniques du CRDA ont confirmé le manque d’un service de
machinisme agricole moderne, tout en minimisant le problème d’accès aux subventions de l’Etat
puisqu'en réalité tous les tracteurs achetés neufs par les agriculteurs sur les îles Kerkennah ont été
subventionnés. À cet égard, ils ont recommandé l’achat de tracteurs d’une puissance inférieure ou
égale à 45 CV pour contourner l’obligation de disposer d’une superficie de 3 hectares en irrigué pour
bénéficier d'une subvention de l’Etat pour l'achat de machines plus puissantes. Il faut noter que cette
alternative est cohérente avec le contexte agricole aux îles Kerkennah caractérisé par le morcellement
des terrains agricoles (les petites parcelles ne nécessitent pas de tracteurs très puissants). L’autre
alternative évoquée consiste à regrouper les agriculteurs dans des sociétés mutuelles de services
agricoles pour faciliter l’accès aux subventions de l’Etat et bénéficier de différents avantages fiscales.
Le secteur agricole aux îles Kerkennah connaît un manque de compétences énorme, à la fois chez
les agriculteurs et au niveau de la main d’œuvre agricole, malgré les efforts déployés par les services
techniques du CRDA en matière de vulgarisation et d'accompagnement, efforts qui sont cependant
jugés non suffisants faute de moyens matériels et humains et de l’absence d’un centre de formation
professionnelle agricole.
Pour les services techniques, l’extension des périmètres irrigués existants ou la création d’un nouveau
périmètre dans la zone de Gharbi ne sont pas recommandés du fait de la surexploitation déjà
existante des ressources hydriques et aussi parce que, juridiquement, l'extension n'est possible que
pour des cultures annuelles (maraîchères par exemple) et que nous avons affaire à des périmètres à
vocation arboricole. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la SONEDE a programmé deux nouveaux
forages dans les zones de Jouaber El Abbassia. Quant à l’installation de l’énergie photovoltaïque
dans ces PI, les techniciens du CRDA rejoignent les responsables des GDA sur la pertinence de cette
proposition en vue de minimiser les charges financières et de valoriser les énergies renouvelables. La
proposition de désalinisation des eaux de forage n'apparaît enfin pas pertinente à cause de son coût
très élevé.
Les îles Kerkennah sont connues aussi par les citernes à eau abandonnées qui sont dispersées un
peu partout sur le territoire. Les services techniques ont indiqué que ces citernes sont dans des états
très variables mais qu'il pourrait être pertinent d'étudier la possibilité de l’aménagement et de
l’équipement avec des pompes manuelles de celles qui sont dans le meilleur état, les autres pouvant
être détruites.
La valorisation des produits agricoles a été fréquemment évoquée par la société civile comme sourrce
de développement du secteur agricole aux îles Kerkennah. À ce propos, les responsables du CRDA
sont d’accord sur le principe, notamment pour les figues et les raisins, mais plusieurs contraintes
pourraient venir compliquer une meilleure valorisation de ces produits comme la faiblesse des
quantités commercialisées due à la forte consommation locale et à la faible production.
21
En ce qui concerne les forêts de palmiers, plusieurs actions d’entretien des palmeraies ont été
réalisées sur 1 900 ha dans le cadre d'un projet de réhabilitation mené par le CRDA. Pour répondre
aux critiques de la société civile concernant la qualité de travaux réalisés, les responsables du CRDA
ont précisé que ce projet a connu beaucoup des difficultés du fait de l’absence de plusieurs
propriétaires des terrains et de la faible implication de la population locale dans l’exploitation des
terrains après la réalisation des travaux (à travers l’implantation de nouvelles cultures par exemple).
Par ailleurs, plusieurs propositions d'initiatives économiques agricoles ont été mises en discussion en
présence des responsables régionaux. Malgré sa pertinence, la création d’une pépinière de plants
arboricoles reste, pour certains, une activité à risque en raison de la complexité des techniques de
multiplication et d'une demande trop faible du marché local. D’autres techniciens soulignent que ce
projet est de première importance au vu de l'âge avancé des vergers existants et de la demande pour
de nouvelles implantations. sur ce thème, il faut noter qu'une pépinière a été créée avec l’appui de
PETROFAC dans la zone de Remla mais que cette expérience a échoué à cause d'un manque de
compétences techniques et d'une mauvaise gestion de la part du GDA qui était chargé de ce projet.
L’idée de création d’une unité de fabrication de compost à base des sous-produits de palmiers a été
saluée par les responsables du CRDA malgré l’existence d’une expérience qui a échoué. Selon ces
derniers, la fabrication de compost est la meilleure façon de valoriser les sous-produits du palmier et
de donner ainsi une valeur ajoutée économique à cet arbre abandonné. Dans ce cadre, il est
important de signaler que la CTV de Kerkennah a organisé plusieurs journées d’information sur le
compostage au profit des agriculteurs afin de promouvoir l’utilisation de ce produit (la dernière journée
a été organisée au mois de mars).
La filière oléicole a évolué de manière significative depuis la création des périmètres irrigués en
particulier à Ouled Ezzeddine et Mellita. Dans ces conditions, l’extension des huileries existantes
s’avère essentielle selon les responsables du GDA de Mellita et plusieurs agriculteurs. Les agents du
CRDA ont confirmé ce besoin en le justifiant par la particularité de la saison de récolte dans la région,
qui s’étale sur un mois et demi à deux mois seulement, engendrant ainsi une pression sur les huileries
existantes dont la capacité de production journalière n’est pas très élevée (25 tonnes par jour par
huilerie en moyenne). D’ailleurs, beaucoup d'agriculteurs envoient leur récolte à Sfax en vue d’être
servis plus rapidement. Les services techniques ont par contre écarté la proposition de
conditionnement de l’huile d’olive parce que sa qualité est trop moyenne (huile vierge dans le meilleur
des cas).
Une autre proposition de la société civile portait sur le développement des cultures maraîchères, en
particulier sous serres. Ce type d’agriculture a été jugé non cohérent avec le contexte agricole des îles
Kerkennah pour trois raisons : la nécessité d’une technicité élevée, la forte demande en eau et
l’instabilité du marché.
En ce qui concerne les activités de l’élevage, les services techniques concernés n’ont pas tranché sur
les potentialités de ce créneau. Pour les bovins, les activités d’engraissement apparaissent comme
plus favorables que la production du lait dont le circuit de commercialisation est très compliqué du fait
du problème de transport aux îles Kerkennah. Une expérience d’élevage laitier s'est d'ailleurs soldé
par un échec dans les dernières années à cause de problèmes de commercialisation et de mauvaise
gestion par le GDA chargé du suivi de cette activité à Remla. De la même manière, une expérience
d’élevage cunicole dans la zone d’Ouled Ezzeddine n’a pas réussi faute d’une unité d’abattage
cunicole. Le développement de l’élevage d’autres petits ruminants, en particulier les ovins, est
confronté au manque des parcours d’où le recours au système intensif qui nécessite des moyens
financiers plus importants.
22
Le secteur agricole aux îles Kerkennah est caractérisé par trois cultures principales à savoir : les
figuiers, les vignes et les oliviers, avec des vergers des vignes et des figues très âgés. Le diagnostic a
montré plusieurs potentialités dans le secteur agricole qui peuvent améliorer les revenus des
agriculteurs et créer des nouvelles activités génératrices des revenus pour les catégories vulnérables.
Néanmoins, les ressources en eau sont déjà surexploitées ce qui limite les pistes de développement
dans ce secteur. La confrontation de dires d’acteurs et l'analyses des propositions de développement
par rapport à l’état des ressources, nous ont permis de retenir dans une première approche les
priorités suivantes :
23
variabilité du rendement entre les différentes régions à cause de la variabilité de l’âge des vergers et
du niveau de technicité. À Ouled Ezzeddine par exemple, on enregistre un rendement moyen de 15
kg par pied pour la variété « Asli » alors que la moyenne locale ne dépasse pas 5 kg/pied. Selon les
statistiques du CTV, les productions en raisins secs et figes séchées s’élèvent respectivement à 50 et
17 tonnes. La valorisation de ces produits nécessite :
- une étude approfondie pour déterminer les variétés les mieux adaptées au séchage,
- une appellation ou labellisation de ces produits de terroirs : selon une étude de l‘INRST en 2005, la
variété de vigne « Asli » qui se distingue par ses caractéristiques aromatiques pourrait être
valorisée dans une politique de création de zones d’AOC,
- l'augmentation de la production locale par la valorisation des PI dont le taux d’exploitation n'est que
de 82% (70% à Remla, 80% à Ouled Ezzeddine et 100% à Mellita) et rajeunir les vergers très
âgés,
- l'amélioration de la technicité (séchage et conservation) et des pratiques agricoles,
- l'amélioration des circuits de commercialisation de ces produits pour les introduire dans une
dynamique de développement du tourisme écologique,
- d'étudier la possibilité de regrouper et d'appuyer les femmes rurales qui exercent la transformation
de ces produits agricoles,
- le développement de l’agriculture biologique : la conversion vers l’agriculture biologique permettra
d'augmenter la rentabilité économique des petites parcelles agricoles et de protéger les ressources
naturelles du territoire. En parallèle, un projet d’extraction des huiles essentielles biologiques et de
séchage des fruits biologiques est en cours de création dans la région. Le promoteur a affirmé que
le projet pourra absorber la production locale des produits biologiques,
- la valorisation de sous-produits de palmier avec la création d’une unité de fabrication de compost.
Enfin, la saison de récolte des olives aux îles Kerkennah se caractérise par sa courte durée en
comparaison avec les autres régions (entre un mois et demi et deux mois). Il existe seulement trois
huileries, dont une traditionnelle et une non autorisée, avec une capacité de production journalière
totale de 45 tonnes ce qui correspond à environ 2 000 tonnes par saison. La production oléicole varie
de 1 000 à 5 000 tonnes (3 000 tonnes en 2016, source CRDA) engendrant ainsi une pression sur les
huileries existantes ce qui oblige certains agriculteurs à envoyer leur récolte à Sfax. À cet égard, le
GDA de Mellita qui gère la seule huilerie moderne autorisée envisage une extension pour augmenter
leur capacité de production, de 15 tonnes par jour à 25 tonnes par jour. Malgré des problèmes
d'autorisation administrative, l'huilerie d'Ouled Kacem a assuré deux saisons de travail de 2012 à
2014 (plus de 700 tonnes) avant d’arrêter ces activités. Actuellement, le promoteur est en train de se
préparer pour la saison de 2018 en achetant tous les équipements nécessaires (laveuse, malaxeur,
décompteur, séparateur) mais il lui manque le financement pour finir la partie de génie civil (caves,
etc.) qui coûte environ 80 000 DT.
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- Aménagement des pistes agricoles existantes
- Création de nouvelles pistes agricoles
2. Le secteur de la pêche
Tous les acteurs du territoire des îles Kerkennah (pêcheurs artisanaux, pêcheurs illicites,
administrations, etc.) partagent le même avis concernant la dégradation des ressources marines. La
cause principale en est la pêche illicite sous toutes ses formes. Cette question est très complexe car il
s’agit d’un phénomène qui touche tous les aspects - sociaux, juridiques, économiques et
environnementaux - de la vie sur Kerkennah. La pêche illicite aux îles Kerkennah est le résultat de
non-respect de deux principes fondamentaux de la pêche, à savoir : la profondeur et la saison de
pêche. Il s’agit d’un problème de manque d’application des lois relatives à la pêche. À cet égard, il
existe une contradiction entre les dires des différents acteurs, pêcheurs artisanaux, pêcheurs illicites
et administrations publiques, alors qu’en réalité tous sont impliqués d’une manière ou une autre dans
l’évolution de la pêche illicite aux îles Kerkennah.
Les services de la pêche au sein du CRDA Sfax ont souligné que les ressources marines sont
dégradées à cause de la pêche illicite et de la surexploitation. En fait, il existe trois types de pêche
illicite aux îles Kerkennah :
- la pêche au « kiss » caractérisée par l’utilisation des filets à très petites mailles et qui est pratiquée
notamment à Mellita. L’application de la loi est difficile, selon les responsables, à cause de la
pression sociale exercée par les pêcheurs au « kiss » à travers le blocage des bacs,
- la pêche des poissons bleus « Chenchou » qui est pratiquée dans des profondeurs très faibles,
inférieures à la limite légale des 20 mètres,
- la pêche au chalutier autorisée à 50 mètres de profondeur alors qu’en réalité elle est pratiquée
dans des profondeurs de 10 mètres ou moins.
Les administrations régionales essayent, en collaboration avec la garde nationale, de faire face à la
pêche au « kiss » sans grande réussite à cause des pressions exercées avec le blocage des bacs.
L’équipement des chalutiers par un système de surveillance des navires « VMS » en vue de repérer
leur mouvement et de détecter quand ils dépassent la profondeur de 50 mètres est une solution qui a
été envisagée depuis quelques années. Malgré la sortie d’une loi en 2016 qui oblige les unités d’une
longueur supérieure à 16 mètres à installer ces systèmes, les responsables des services de la pêche
ont déclaré que sur 300 unités existantes, seules 33 unités ont accepté l’installation des systèmes
dans leurs unités.
Une autre alternative pour lutter contre la pêche illicite, fortement apprécié par les pêcheurs
artisanaux, consiste dans la mise en place des récifs artificiels. Les services de la pêche ont souligné
que 2000 récifs ont été mis en place dans le cadre d’un projet national, et 750 autres récifs, ont été
mis en place par le GDA d’Ouled Ezzeddine avec l’appui du PNUD. Les agents du CRDA sont
d’accord avec les pêcheurs sur l’insuffisance du nombre des récifs mis en place. Les échos sur les
résultats de l’installation de ces récifs sont positifs et les pêcheurs confirment qu’il y a une
amélioration des ressources marines dans les zones couvertes par ces équipements. Néanmoins,
aucune étude ou évaluation sur le taux d’efficacité des récifs n’a été effectuée par les services
techniques concernés.
Outre cette question centrale de la pêche illicite, d'autres sources de surexploitation des ressources
pèsent sur les îles Kerkennah. Ainsi, les nasses sont aujourd'hui plongées dans la mer pendant toute
l’année et le repos biologique n’est plus respecté, engendrant une perturbation des saisons de
reproductions des poissons. Il existe plus que 1 500 « charfia » dont plusieurs ne sont pas autorisées.
Un autre constat qui reflète la surexploitation des ressources est le nombre croissant des unités de
pêche de moins de 7 mètres de longueur non autorisées (fabrication ou agrandissement de l’unité
sans autorisation). Le service de la pêche est en train de régulariser la situation de ces unités de
pêche mais celle-ci est loin d’être résolue puisque seulement 277 cas ont été régularisés alors
qu’environ 600 autres cas sont en cours de traitement.
25
Réagissant aux contestations des pêcheurs concernant les autorisations données pour la pêche à la
sardine, les responsables du service de la pêche ont déclaré que, dans le cadre de la stratégie
nationale de promotions de la pêche à la sardine, le Gouvernorat de Sfax avait bénéficié de 10
autorisations pour cette catégorie de pêche, que les pêcheurs de Kerkennah avait également
bénéficié de ces autorisations mais ils les avaient vendues à des pêcheurs à Sfax.
Les propositions faites par la société civile pour développer le secteur de la pêche aux îles Kerkennah
ont été mises en discussion avec les services techniques concernés pour les évaluer et identifier les
éventuels projets publics programmés qui pourraient y répondre.
La lutte contre la pêche illicite représente une priorité pour tous les pêcheurs, y compris les pêcheurs
au « kiss ». Le service de la pêche a souligné que l’application de la loi est la seule solution pour se
sortir de ce problème (les autorisations, la profondeur et le repos biologique) en soulignant qu’il est
obligatoire de commencer à appliquer la loi aux grandes unités de chalutier à Sfax à travers
l’installation des systèmes VMS.
La réactivation des marchés centraux dans les ports est une étape essentielle pour assurer les
contrôles sanitaires nécessaires et permettre aussi la saisie des produits de la pêche illicite et
l’application des taxes fiscales sur la production. Cependant, cette idée se heurte à la présence d’un
grand nombre d'intermédiaires commerciaux « gachara » qui assurent aujourd'hui la
commercialisation de la production locale. Selon le chef de CTV, plusieurs réunions ont été
organisées pour discuter ce sujet sans aboutir à des actions concrètes.
En ce qui concerne l’aménagement des pontons, il existe un blocage institutionnel entre l’APAL et
l’APIP, l’APAL considérant que la stratégie de l’Etat doit favoriser la création de nouveaux ports, pour
réunir les services et les contrôles, et non la multiplication des pontons.
Le secteur de la pêche est vital dans l’économie locale des îles Kerkennah avec 4 650 emplois et
3 256 flottilles de pêche en 2016 (source CRDA Sfax). Le diagnostic effectué avec les acteurs dans ce
secteur a mis en exergue les menaces et les problèmes majeurs qui mettent en péril la durabilité des
ressources halieutiques et les priorités de développement du secteur peuvent être résumées comme
suit :
26
Priorité 2 : Amélioration de l’offre des services pour les pêcheurs :
- aménager les pontons existants en vue de rapprocher les services des pêcheurs à travers
l’installation d'abris, de l’éclairage public et la création des petites stations pour
l’approvisionnement en gasoil. Comme indiqué précédemment, il existe un blocage institutionnel
entre l’APAL et l'Etat qui concerne la gestion et l’entretien de ces pontons,
- création d’un port à Sidi Youssef,
- introduction de formations professionnelles liées à l’activité de la pêche aux îles Kerkennah dans
l’optique de favoriser l’insertion des jeunes dans la vie professionnelle et d’améliorer les
compétences et la technicité des pêcheurs (en mécanique marine et en plongée sous-marine),
- amélioration de l’offre en fournitures pour les pêcheurs : les outils de la pêche qui sont vendus
actuellement dans des points de vente privés ont des prix élevés et sont régulièrement
indisponibles. La création d’un point de vente de tous le matériel et des outils nécessaires pour
l’activité de la pêche (filet, corde, peinture, liège…etc.) au sein des organisations professionnelles
pourrait minimiser leur prix de vente (en bénéficiant d'exonérations) et offrir les quantités
suffisantes pour les pêcheurs.
3. L'environnement
Les travaux de protection contre l’érosion et l’intrusion marine menés par l’APAL ont été appréciés par
toutes les catégories de la société civile qui ont demandé la duplication de ces travaux dans les autres
zones non protégées. Néanmoins, des réclamations ont été formulées concernant les normes de ces
travaux et le choix des sites. Pour répondre à ces propos, le représentant de l’APAL a indiqué d'une
part que le montant alloué pour Kerkennah n'était pas suffisant pour protéger toutes les zones
touchées par les phénomènes d’érosion et d’intrusion marines et qu'il avait été nécessaire de
sélectionner seulement quelques zones pour mettre en place des ouvrages de protection. D'autre
27
part, à propos des lacunes évoquées par la société civile telle que la qualité des roches utilisées dans
les ouvrages, la stagnation des eaux de pluie et l’infiltration de l’eau de mer à Ataya, le responsable
de l’APAL a souligné que la nature des sols (toujours saturés) et le niveau très proche de la nappe
sont les causes principales de la stagnation des eaux de pluie. L’agence est en train d’étudier les
améliorations nécessaires pour résoudre ce problème. En outre, il existe également des problèmes de
gestion des vannes, confiée à la société civile, qu'il serait nécessaire d'approfondir et de régler.
Par ailleurs, la démarche participative adoptée pour la réalisation des travaux de protection a abouti à
la création d’un comité de l’environnement au sein de la municipalité de Kerkennah, pour une période
de dix années, afin d’assurer le suivi des travaux et l’entretien des ouvrages. Ce comité est composé
de dix membres issus de l’APAL, de la société civile et de la municipalité, avec un budget de 25 mille
dinars destiné principalement à l’entretien des ouvrages.
Sur un autre sujet, plusieurs problèmes liés à la pollution sont apparus lors des discussions avec la
société civile : pollution urbaine et pollution par les hydrocarbures.
En ce qui concerne la pollution liée aux activités pétrolières, il s’agit d’une pollution accidentelle qui
arrive partout dans le monde selon le responsable de l’ANPE de Sfax. En effet, deux fuites seulement
ont été enregistrées, une en 2010 et l’autre en 2016, sur laquelle il avait des soupçons parce que
plusieurs cassures dans les canalisations ont été enregistrées. Dans les deux cas, les procédures
juridiques ont été effectuées contre la société concernée (compensation, nettoyage des zones
touchées). L’hypothèse de l'utilisation de canalisations usagées évoquée par une partie de la société
civile a été écartée parce que les sociétés n’ont économiquement aucun intérêt à pratiquer ainsi. Il a
par ailleurs été précisé que c’est le rôle de l’ETAP de contrôler ces réseaux.
 propos de la pollution causée par les déchets ménagers et les déchets en plastique, c’est l’ANGed
qui assure la gestion de ces déchets. Selon un de ses responsables à Sfax, la nature des déchets
ménagers en Tunisie accentue les problèmes environnementaux au niveau des décharges publiques
non contrôlées. En effet, 70 % de déchets ménagers sont organiques avec un taux d’humidité très
élevé et seulement 30% sont inorganiques et recyclables. Par conséquent, deux problèmes
apparaissent : la production de lixiviats au niveau des décharges publiques qui peuvent polluer la
nappe phréatique et la fermentation des déchets dans les centres de collecte avec production de gaz
méthane. La stratégie de l’ANGed pour la gestion des déchets est basée sur la création des
décharges publiques contrôlées pour la collecte des déchets ménagers et assimilés, ainsi que la
création de centres de transfert pour faciliter la tâche des municipalités en réduisant les distances
parcourues par les camions de ces dernières (l’ANGed prend en charge le transport des déchets du
centre de transfert à la décharge). Dans ce cadre, les îles Kerkennah ont été favorisées avec la
création, en 2010, de deux centres de transfert, à Najet et Ouled Kacem, et d’une décharge publique
contrôlée à Mellita, pour un budget total de 3,5 MDT. Une société a été retenue après un appel
d’offres pour l’exploitation de ces centres. Après la révolution, un problème foncier lié à la propriété du
terrain de 4 hectares, qui a été proposé par la municipalité de Kerkennah, a empêché l’exploitation de
la décharge publique de Mellita. Au final, il s’est avéré que seulement 900 m2 sont une priorité de
l’Etat. Face à ce problème, toutes les parties prenantes (Ministère des Domaines de l'État et des
Affaires Foncières, Gouvernorat, Municipalité, etc.) ont proposé une solution à l’amiable aux 14
propriétaires de ce terrain à travers une compensation financière globale de 120 mille dinars. Face
aux moyens limités de la municipalité de Kerkennah, ce montant a été collecté après une mobilisation
des différentes structures régionales concernées et de la société pétrolière PETROFAC. Mais, après
l'indemnisation de ces personnes, environ 50 autres personnes se sont présentées comme
propriétaires du terrain. Les tentatives pour trouver une solution à l’amiable n'ayant pas abouti, les
autorités publiques ont décidé de passer à la procédure d’expropriation pour cause d'utilité publique,
en s'appuyant sur la révision de la loi de 2016 qui réduit à un an le délai de cette procédure. C’est la
municipalité de Kerkennah qui devait lancer cette procédure en déposant un dossier auprès du
ministère des Domaines de l'État et des Affaires Foncières, chose qui n’est toujours pas faite.
L’ANGed, n’a pas donc aucune responsabilité dans le problème existant selon ses responsables, et
elle continue jusqu’à présent à payer deux concierges pour garder la décharge.
Le développement des décharges publiques non contrôlées est le résultat de cette situation. Un
programme pour leur réhabilitation a été élaboré mais sa mise en œuvre reste conditionnée par
l'ouverture de la décharge contrôlée de Mellita qui est nécessaire pour transporter les déchets
existants.
28
En parallèle, l’ANGed a appuyé une initiative de collecte de plastique à Ouled Kacem dans le cadre
du programme national ECOLEF. L’idée consistait à trouver une formule pour encourager la collecte
de ces déchets en plastique qui représente la source majoritaire de pollution : bouteilles, canettes et
bouchons. Alors qu’elle achète le kilogramme de plastique de ces derniers à 500 millimes, l’ANGed
encourage le recyclage en revendant le kilogramme de plastique à 300 millimes pour les unités de
recyclages. Concernant le développement de cette piste aux îles Kerkennah avec notamment
l'ouverture d’un centre de collecte des plastiques, le représentant de l’ANGed a précisé que selon le
cahier des charges, le recyclage devrait se faire dans une zone industrielle après une étude d’impact
de la part de l’ANPE. Malheureusement, les îles Kerkennah ne disposent d'aucune zone industrielle.
Par ailleurs, la société civile a évoqué l'impact sur l'environnement des pratiques d'extension illégale
de la société d’exploitation des salines à Abbassia. Sur ce sujet, il semble exister une contradiction
entre les dires des responsables régionaux. En effet, selon l’APAL, les extensions réalisées par cette
société sont légales vu que le contrat de location des salines est valable pour 400 hectares de terrain.
Par contre, selon l’ANPE, l’autorisation d’exploitation a été délivrée par le ministère de l’industrie sans
tenir compte de l’avis de l’ANPE et la société a déposé un dossier pour la régularisation de sa
situation tout en niant l’existence d’un problème de rejets polluants (les rejets naturels).
Enfin, les responsables régionaux ont attiré l’attention sur un phénomène existant aux îles, le vol de
sable pour l'utiliser dans la construction des bâtiments (peut-être pratiqué aussi parfois par quelques
sociétés de travaux publics).
Concernant le problème des rejets causés par les réseaux d'assainissement urbain ainsi que les
normes des travaux de l’ONAS, il reste à contacter cette structure pour en discuter.
Les discussions menées autour des problématiques environnementales avec les différentes parties
concernées ont abouti à l’identification des priorités permettant d’améliorer le cadre environnemental
dans la zone :
4. Tourisme
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4.1. Confrontation des dires d’acteurs
Quoique le secteur touristique à l’échelle nationale commence à surmonter la crise des dernières
années, ce secteur connaît toujours des difficultés importantes aux îles Kerkennah. À cet égard, la
société civile a évoqué plusieurs obstacles qui freinent le développement de ce secteur, en particulier
la difficulté d’accès aux îles, l’absence d’une stratégie de promotion et de valorisation touristique des
îles Kerkennah et enfin le développement des activités pétrolières.
À ce propos, les responsables du Commissariat régional du tourisme ont confirmé que les conditions
d’accès aux îles Kerkennah représentent un handicap pour le développement des nouveaux marchés
touristiques à cause des perturbations régulières dans les lignes maritimes entre Sfax et Kerkennah
(les conditions climatiques et les contestations sociales) et de la fréquence insuffisante des voyages.
Ensuite, ces derniers ont indiqué que le ministère de tourisme a mis en place une stratégie nationale
de développement touristique entre 2016 et 2020, basée sur quatre axes : i) la diversification des
produits touristiques (tourisme de congrès, de santé, écologique, sportif, de montagne, agritourisme,
historique) ; ii) le « branding » avec de nouveaux outils de marketing pour améliorer l’image de
marque du tourisme tunisien (site internet de promotion, brochures par catégorie et thème de tourisme
et non plus par secteurs géographiques) ; iii) l'amélioration de la qualité des services dans les
établissements hôteliers à travers la formatio. En ce qui concerne les îles Kerkennah, une étude et un
appel à manifestation d’intérêt pour le développement d’une station touristique écologique ont été
élaborés en vue de développer un tourisme écologique en harmonie avec les spécificités de la zone.
Le commissariat régional au tourisme de Sfax a profité de sa participation au forum tuniso-arabe de
l’investissement touristique pour promouvoir ce projet à travers l’exposition d’une présentation en 3D.
Malgré l’importance et l’originalité de ce projet, il n'y a eu aucune réponse à l’appel d’offres lancé.
L'Office a par ailleurs appuyé la création d’une maison d’hôte « Mnaret Kerkennah » dans une optique
de diversification des produits touristiques existants. Des initiatives pour la création de circuits
touristiques ont été mises en place qui ont abouti à l’identification d’un circuit touristique aux îles
Kerkennah à savoir : départ du port de sidi Youssef, visite du fort de Mellita en traversant les champs
de vignes, oliviers et figuiers puis visites de la chaussée romaine, du fort borj el Hsar, du Marabout sidi
Zarai, du Musée d'El Abbassia, de la cité archéologique el Abbassia et enfin sortie en mer pour
découvrir la pêche traditionnelle "Echarfia" avec déjeuner à bord du bateau et possibilité de visite des
iles Gremdi et Charmadia. Pour promouvoir ce circuit, il a été diffusé à tous les commissariats au
tourisme régionaux et aux agences des voyages.
Le travail de diagnostic porté sur le secteur touristique a mis en exergue les contraintes majeures
dans le secteur touristique. Ceci a permis d'identifier les priorités de développement de ce secteur en
se basant sur l’analyse des dires de différents acteurs. Cependant, une grande partie de la société
civile n’est pas optimiste pour l’avenir du tourisme à Kerkennah à cause de développement des
activités pétrolières.
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- renforcement de la flotte existante par de nouveaux navires,
- augmenter la fréquence des voyages entre Sfax et Kerkennah,
- création d’une piste d’atterrissage.
5. Artisanat
Les responsables de l’ONA de Sfax sont du même avis que la société civile concernant les problèmes
dans le secteur artisanal. Ainsi, tous ces acteurs ont confirmé que le secteur de l’artisanat aux îles
Kerkennah est menacé par plusieurs problèmes qui peuvent engendrer la disparition du savoir-faire
artisanal local. Selon eux, les majeurs problèmes sont la diminution du nombre d'artisans et artisanes
actifs en raison des difficultés de commercialisation des produits artisanaux.
À propos du manque de formation en artisanat aux îles Kerkennah, les responsables de l’ONA ont
souligné que depuis la réforme de l’Office en 1990, les activités liées à la formation sont sous la
responsabilité du ministère de la formation professionnelle. Des efforts ont été déployés par l’Office
pour exploiter le centre professionnel de Remla non fonctionnel, sans parvenir à atteindre le résultat
souhaité.
Pour l’ONA, le manque d’organisation des artisanes est un obstacle au développement de ce secteur
aux îles Kerkennah, en précisant qu’il existe une seule unité de production artisanale structurée et
active, « Kerkenatiss » de l’artisane Fatma Samit (une enseignante universitaire en beaux-arts et
ancienne cadre de l’ONA).
Pour répondre à la proposition de la société civile qui propose la création d’une maison d’artisan à
Kerkennah, la Directrice Régionale de l’ONA a souligné qu’une telle maison est programmée à Sfax et
que les artisanes de Kerkennah pourront bénéficier d’un espace de vente et d’exposition permanent
dans cette maison.
Les artisanes de Kerkennah pourront également bénéficier de tous les avantages accordés par l’ONA,
soit pour la participation aux foires, soit pour accéder au crédit de la BTS (mais ce dernier est
conditionné à la présentation d’un garant salarié, ce qui est compliquée pour les artisanes de
Kerkennah dont les membres de familles sont en majorité des pêcheurs).
Le secteur artisanal aux îles Kerkennah est caractérisé par l’abondance des métiers artisanaux mais
aussi par un manque remarquable d’organisation et l’absence de circuits de commercialisation
structurés. Néanmoins, l’existence d’une unité organisée et réussie, «Kerkenatiss », est un élément
encourageant pour l’organisation de ce secteur et la valorisation du savoir-faire artisanal des îles
Kerkennah.
Suite aux dires des acteurs du secteur, les priorités de développement suivantes ont été identifiées :
31
- Renforcement des capacités des acteurs impliqués dans ce secteur : marketing, innovation,
regroupement des artisans …etc.
Les différentes réunions organisées et les discussions menées ont permis de dégager une vision
préliminaire sur les potentiels existants et les attentes des différents acteurs de territoire en matière de
développement. Ainsi, il paraît primordial d’améliorer le cadre de dialogue et de la concertation entre
la société civile et les administrations régionales en vue d’une meilleure collaboration et
compréhension des problématiques existantes. Pour ce faire, il faut mettre en place un programme de
renforcement des capacités ciblé au profit de tous les acteurs, GDA, associations, administrations,
autour des thématiques de la gouvernance locale, de la démarche participative et d’autres
thématiques techniques qu'il reste à préciser. Dans l’attente d’une augmentation de la représentation
officielle de plusieurs administrations régionales ou de la création d’un guichet unique aux îles
Kerkennah, des solutions comme l’organisation de "caravanes" périodiques composées des
représentants de ces administrations, pourraient impacter positivement la vie de la population locale et
résoudre une partie de leurs problèmes administratifs. De plus, les administrations locales souffrent
d’un manque flagrant de moyens matériels et humains leur empêchant ainsi de satisfaire les besoins
de la population locale. Ces administrations doivent obligatoirement être appuyées pour franchir un
nouveau palier dans la relation de confiance entre la population et l’Etat.
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Annexe 1 : Etat d’avancement des projets publics
Coût
Intitulé des projets Avancement Remarques
(x1000 DT)
Eau Potable
Station de dessalement de l’eau de mer 24 000 En cours d’étude
Eau potable programme régional 2016 (71 familles) 261 En cours de réalisation
Convention signée entre le conseil
Eau potable programme régional 2017 (59 familles) 166 régional et la SONEDE fin 2017
Agriculture
Entretien des champs de palmiers (300 ha) 137 100 %
Création du sondage prévu en
Création d’un périmètre irrigué à Chargui 2 000
janvier 2018
En cours de préparation
Entretien des champs de palmiers (307 ha) 170
des appels d’offre
Pêche
Création d’un port de pêche à sidi Youssef 31 798 17 %
Routes et pistes
Aménagement de la piste Est 885 bounouma (5,1 km) 821 100 %
Aménagement de la piste reliant la maison des jeunes kraten à la
577 30 %
délégation de Kerkennah 2ème tranche
PRD 2016 : aménagement de 5 pistes (3,7 km) 707 65 %
L’entreprise est désignée en
PRD 2017 : aménagement de 5 pistes (6,2 km) 1 569
décembre 2017
Aménagement Urbain
Ouverture des plis le 3 janvier
Plan de coordination des îles de kerkenah 100
2018
Erosion maritime
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Annexe 2 : Projets publics programmés (2018-2020)
Coûts (x 1000 DT
Intitulé des projets
dinars)
Routes et Ponts
Aménagement de la route régionale 204 au niveau de la localité de Sidi youssef (2 km) 2 000
Création d’un pont sur la route régionale 204 au niveau du p.k. 14.5 (Prog 2018) 7 000
Agriculture
Pêche
Transport Maritime
Total 35 020
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