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Introduction

L'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) est une organisation
intergouvernementale de développement créée le 11 mars 1972 à Nouakchott par le Mali, la Mauritanie et
le Sénégal, en vue de gérer le bassin versant du fleuve Sénégal, bassin qui s'étend sur une surface de
289 000 km2. Son siège se trouve à Dakar. Elle est perçue comme l'aboutissement d’un long processus de
tentatives pour la maîtrise et l’exploitation rationnelle des ressources du fleuve Sénégal et de sa vallée
I. Historique
Durant la période coloniale, l'aménagement du fleuve a très tôt intéressé les autorités. L'ancêtre de
l'Organisation actuelle est le Plan de colonisation agricole du Sénégal, proposé par le gouverneur du
Sénégal Julien Schmaltz en 1802. Après vingt ans, il voit un début de mise en place avec le « jardin
d'essai » de Richard-Toll dans le delta du fleuve Sénégal, en 1822, à l'initiative du baron Roger, autre
gouverneur, avec l'aide du botaniste Jean Michel Claude Richard. En 1892 commencent les études
hydrographiques, qui aboutissent, en 1908, à la publication des Instructions nautiques du fleuve Sénégal
entre Saint-Louis et Kayes1. Une société privée, l'Union hydroélectrique africaine (UHEA), créée en 1927,
se donne comme objectif l'aménagement du fleuve pour la navigation, l’irrigation et la production
d'électricité. Un barrage réservoir, d’une capacité de stockage de 16 milliards de m3, devait être construit
à Gouina, au Mali, et aurait permis la régulation du fleuve sur la base d'un débit de 600 m3/s. La centrale
hydroélectrique devait produire 2 milliards de kWh par an. Ces projets ne seront jamais réalisés, faute de
soutien des autorités2.
La première ébauche de système intégré de mise en valeur du fleuve Sénégal est, en 1934, la Mission
d’études et d’aménagement du fleuve Sénégal (MEAF). Elle regroupe le Soudan (l'actuel Mali), le Sénégal
et la Mauritanie. Elle a réalisé principalement des études hydrologiques et des travaux d'aménagement
hydroagricoles3. Lui succède, en 1938, la Mission d’aménagement du fleuve Sénégal (MAS). En 1959,
cette mission passe sous le contrôle des trois États autonomes du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal.
La Guinée, indépendante depuis 1958, n'en fait pas partie.
En 1963, un comité inter-États est créé, regroupant le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Guinée. Sa
principale réalisation sera le Programme intégré de mise en valeur des ressources du bassin du fleuve
Sénégal. Ce Programme s'appuie sur des études financées par le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD). Le Comité inter-États pour le développement du bassin du fleuve Sénégal est
remplacé, en mars 1968, par l'Organisation des États riverains du fleuve Sénégal (OÉRS), créée à Labé
(République de Guinée). Cette organisation regroupe la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, et se
consacre à l'harmonisation des plans de développement des États-membres3. La Guinée s'en retire en
1971.
En 1972, l’OÉRS cède la place à l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), dont
sont membres le Sénégal, la Mauritanie et le Mali4.
En 1992, la Guinée et l'OMVS signent un protocole-cadre de coopération, suivi, en 2004, d'un accord
instituant un Conseil interministériel Guinée/OMVS et une commission juridique et technique. Le 2
juillet 2005, la République de Guinée adhère à l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal,
adhésion concrétisée par la signature d'un traité, le 17 mars 2006, à Bamakonotes 1.
En 1996, les bailleurs de fonds analysent, avec l’OMVS, les conditions d’une gestion efficace des
investissements hydroélectriques et proposent des réformes institutionnelles profondes du Haut-
Commissariat et de l’Agence des ouvrages communs (AGOC). Un nouveau schéma institutionnel de
l’OMVS est discuté lors de réunions en mai 1996 (Paris), ébauché en juin 1996 (Dakar) et finalisé en
novembre/décembre 1996 à Dakar, lors de l’évaluation conjointe du projet Énergie

II. Cadre Géographique


Le fleuve Sénégal s’écoule dans le sens est-ouest sur 1 790 km. Il naît de la rencontre du Bafing, le fleuve
« noir », descendu du Fouta-Djalon, à 800 mètres d’altitude, et du Bakoye, le fleuve « blanc », qui prend
sa source sur le plateau mandingue. Son principal affluent est le Falémé, qui draine toute la partie est du
Sénégal.

Le bassin du fleuve s’étend sur 337 500 km2, et la population qui y vit représente 16 % de celle des trois
pays riverains (la moitié au Sénégal, 5 % au Mali, le reste en Mauritanie). Le bassin est caractérisé par
l’avancée du désert et le débit aux variations saisonnières très fortes

III. Objectifs Spécifiques


L'OMVS a comme objectifs de :

 réaliser l’autosuffisance alimentaire pour les populations du bassin et, partant, de la sous-région ;
 sécuriser et améliorer les revenus des populations de la vallée ;
 préserver l’équilibre des écosystèmes dans la sous-région, et, plus particulièrement, dans le
bassin ;
 réduire la vulnérabilité des économies des États membres de l’Organisation face aux aléas
climatiques, ainsi qu’aux facteurs externes ;
 accélérer le développement économique des États membres

Approvisionnement en Eau Potable (AEP)
Les problèmes d’alimentation en eau potable et de l’assainissement constituent aujourd’hui la plus
grande préoccupation des autorités de l’OMVS.
Le réseau des infrastructures en eau potable et d’assainissement reste en deçà des besoins de la
population, et ce malgré les investissements consentis par les Etats-membres et les populations.
e taux de couverture en matière d’eau potable (puits modernes, forages équipés et adduction d’eau) varie
en moyenne de 60%.
Le système d’assainissement à l’égout est très peu développé et environ 80% des ménages utilisent des
latrines traditionnelles. Pour pallier ces insuffisances, les efforts engagés par les Etats membres seront
poursuivis et renforcés en vue de satisfaire l’objectif visé qui est d’assurer une bonne alimentation en eau
et d’améliorer les conditions d’hygiène en portant à l’horizon 2010, le niveau d’accès à 35 litres par
habitant et par jour et ce conformément aux normes éditées par l’OMS.
Comme objectif prioritaire, il est retenu de porter le taux d’accès à l’eau potable à 100% en dotant les
localités du bassin n’ayant pas encore accès à l’eau potable de forages et de puits modernes. Un schéma
de desserte en AED sera élaboré dans le cadre du SDAGE. Il intègre le projet Aftout Es Saheli pour
l’adduction en eau de Nouakchott et l’alimentation de Dakar (lac de Guiers) et de Saint-Louis

Préservation de l’Environnement
Durant ces dernières années, le constat a été fait dans le bassin du fleuve Sénégal que le Delta et la Vallée
ont subi de profonds bouleversements avec la mise en eau des Barrages de Manantali et de Diama et les
différents aménagements qui en ont résulté (endiguement, aménagements hydro-agricoles, etc.).

Ces changements intervenus ont eu certes des impacts socio-économiques largement positifs, mais ils
ont également engendré quelques impacts négatifs sur le fonctionnement de certains écosystèmes du
bassin. Ces impacts sont en partie connus et cités dans différentes études. D’autres sont moins bien
connus et généralement leurs effets sont mal évalués, d’où la difficulté de mesurer avec exactitude les
risques qui en découlent.

Aussi il n’existait ni de système permettant d’alerter les populations, les décideurs et les services
techniques compétents sur les risques, ni de cadres de concertation approprié.

C’est donc pour palier toutes ces insuffisances que l’OMVS avait engagé la mise en oeuvre du Programme
d’Atténuation et de Suivi des Impacts sur l’Environnement (PASIE). Ce Programme a permis de prendre
en charge de manière urgente, les différents problèmes liés à la réalisation des lignes électriques et
d’autres besoins des populations en matière d’activités socio-économiques et de santé. Aussi, pour
assurer une veille environnementale permanente sur l’ensemble du Bassin, un Observatoire de
l’Environnement a été mis en place en mai 2000. Il est effectivement fonctionnel (cf. chapitre sur le
système de veille environnementale)

IV. Organisation
L'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal est régie par cinq conventions internationales.

Convention portant création de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal

Cette convention a été signée le 11 mars 1972, à Nouakchott, par les chefs d'État du Mali, de la Mauritanie
et du Sénégal. Elle définit les missions et les compétences de l'organisation. Elle prévoit la création d'un
organe exécutif, le Haut-Commissariat. Elle a été plusieurs fois amendée.

Elle définit les organes de l'OMVS. Ce sont :

 la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, qui définit la politique de coopération et de


développement au sein de l'Organisation ;
 le Conseil des ministres, qui définit la politique générale d'aménagement du fleuve et de mise en
valeur de ses ressources ;
 le Haut-Commissariat, qui applique les décisions du Conseil des ministres. Son siège est à Dakar,
au Sénégal ;
 la Commission permanente des eaux, qui est un organe consultatif auprès du Conseil des
ministres, chargé de définir les principes et les modalités de la répartition des eaux du fleuve
entre les États, et entre les secteurs d'utilisation de l'eau : industrie, agriculture, transport. Elle est
également chargée de l’instruction des projets des États membres susceptibles d’avoir un impact
négatif sur les eaux du fleuve et joue un rôle important en matière de contrôle de l’utilisation de
l’eau et de lutte contre la pollution. Une autre de ses missions est de préparer périodiquement le
plan de gestion des ressources en eau, sur la base des projections des besoins des usagers et d'une
simulation de la gestion du système
 –Diama. Ce plan est soumis au Conseil des Ministres ;
 le Comité Régional de Planification, composé des représentants des États, chargé d'émettre, à
l'attention du Conseil des ministres, un avis consultatif sur le programme d'investissement relatif
à la mise en valeur optimale des ressources du bassin. Il propose des mesures de mise en
cohérence, voire d’harmonisation des politiques de développement dans le bassin ;
 le Comité consultatif, qui réunit les représentants des pays et institutions de financement et ceux
de l’OMVS, et a un rôle d’assistance au Haut-Commissariat, pour la recherche des moyens
financiers et humains, et de promotion des échanges d’informations.

La présidence est assurée, de façon tournante, par chacun des États membres. En 2002, c'est le Mali qui
préside l'OMVS.

Le Haut-Commissariat est financé, à parts égales, par les États membres.

Convention relative au statut juridique du fleuve Sénégal

Cette convention a été signée le 11 mars 1972. Le fleuve Sénégal et ses affluents reçoivent le statut de
«cours d’eau international » sur les territoires du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. La convention
garantit la liberté de navigation et l'égalité dans toutes les formes d’utilisation de l'eau du fleuve, ainsi
que des routes, chemins de fer et canaux latéraux, établis dans le but spécial de suppléer le défaut de
navigabilité ou les imperfections de la voie fluviale sur certaines sections du fleuve et de ses affluents.
L'article 4 du titre II prévoit une approbation préalable, par les États contractants, de tout projet
susceptible de modifier d'une manière sensible les caractéristiques du fleuve.

Le délai, au terme duquel la convention peut être dénoncée par l'un des États contractants, a été porté
de 10 à 99 ans par un amendement adopté le 16 décembre 1975.

Convention relative au statut juridique des ouvrages communs

Les États contractants avaient décidé, en 1974, du principe d'une propriété commune de certains
ouvrages sur le fleuve.

La Convention relative au statut juridique des ouvrages communs a été signée, le 21 décembre 1978, par
les chefs d'État et de gouvernement du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. Elle fixe le statut juridique
des ouvrages dits communs (notamment les conditions requises pour qu'un ouvrage accède à ce statut,
les conditions d'exécution de ces ouvrages, le statut privilégié accordé par les États aux ouvrages
communs) et définit les droits et obligations des États copropriétaires ainsi que les modalités de la
création d'Agences de gestion des ouvrages communs.

Convention relative aux modalités de financement des ouvrages communs

Cette convention, signée le 12 mai 1982 à Bamako, prévoit les modalités de financement du programme
de l'OMVS, les mécanismes de garanties aux prêteurs (cautions solidaires) et une clé d’imputation des
coûts et charges, qui peuvent être réajustée lorsque cela semble nécessaire4.

Conventions relatives aux barrages de Diama et Manantali

Ces deux conventions, datant du 7 janvier 1997, créent l'Agence de gestion et d'exploitation de Diama
(SOGED) et l'Agence de gestion de I'énergie de Manantali (SOGEM)3.

Charte des eaux du fleuve Sénégal

Cette charte, adoptée en mai 2002, détermine :

 les principes et modalités de la répartition des eaux entre les différents secteurs d’utilisation ;
 les modalités d’examen et d’approbation des nouveaux projets utilisateurs des ressources en eau ;
 les règles relatives à la préservation et à la protection de l’environnement ;
 le cadre et les modalités de participation des utilisateurs de l’eau dans la prise des décisions de
gestion des ressources du bassin4.

Conclusion
L’expérience de l’OMVS qui vient d’être présentée permet de tirer les conclusions suivantes en matière
de gestion intégrée des ressources dans les bassins partagés entre plusieurs Etats :
􀁺 la mise en place d’un cadre régional de coopération dans ce domaine est un long processus qui requiert
une réelle volonté politique des Etats riverains, des instruments juridiques traduisant cet engagement et
des avantages réels mesurables que chaque pays tire de cette coopération. Ces avantages doivent être en
adéquation avec les Coûts et les Charges imputés à chacun des Etats concernés.

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