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Introduction :

Le Maroc, pays d'une diversité naturelle remarquable, est confronté de nos jours à un défi
majeur : le stress hydrique. Avec des ressources en eau limitées et une demande croissante
due à la croissance démographique, à l'urbanisation et aux besoins agricoles, le Maroc se
trouve dans une situation préoccupante quant à la disponibilité et à la gestion de ses
ressources hydriques.

Le stress hydrique au Maroc est aggravé par plusieurs facteurs. Tout d'abord, le
changement climatique a des répercussions directes sur les précipitations, entraînant une
diminution des réserves d'eau disponibles. Ensuite, l'agriculture, qui représente une part
importante de l'économie marocaine, est très consommatrice d'eau, ce qui accroît la
pression sur les ressources hydriques. De plus, la croissance urbaine rapide et la demande
industrielle contribuent également à la surexploitation des réserves d'eau.

Cependant, l'État marocain, en tant que planificateur et gestionnaire des ressources en eau,
met en œuvre une série de solutions et d'initiatives visant à sécuriser et à pérenniser ces
ressources. Ainsi, à la fin des années 2022, le Maroc est passé d’un exercice de gestion du
risque à carrément une gestion de crise.

C’est dans ce contexte que sa majesté le roi Mohammed 6 a insisté sur l’importance qu’on
doit accorder à ce sujet dans le discours prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session
parlementaire en Octobre 2022 : “Nous appelons donc à un traitement diligent de la
problématique de l’eau, dans toutes ses dimensions, et notamment à une rupture
avec toutes les formes de gaspillage ou d’exploitation anarchique et irresponsable de
cette ressource vitale”.

A cet égard, une problématique s’impose comme suivant : quelles sont les mesures à
adopter pour faire face à cette crise qui étouffe continuellement l'ensemble de la
population du pays?

Pour répondre à cette problématique, nous exploitons dans une première partie la
situation actuel du rareté hydrique au Maroc, dans une deuxième partie les mesures
déjà prises par le gouvernement pour faire face à cette situation préoccupante et une
dernière pour illustrer quelques mesures susceptibles afin d’assurer une gestion
durable de l'eau dans le pays.

I- L’eau au Maroc : basculement vers un stress hydrique

Le Maroc, à l’instar d’autres pays à travers le monde touchés par ce phénomène, se trouve
désormais au cœur d'une crise hydrique alarmante. Selon le ministère de l’EE, les
ressources globales en eau se sont effondrées vers fin de février pour atteindre une
moyenne de seulement 620 m3 par habitant et par an. Ainsi, le Maroc figure parmi les
pays les plus menacés par la pénurie d'eau, une situation exacerbée par plusieurs facteurs.

En avril 2024, le taux moyen de remplissage des barrages se situe à un niveau


alarmant de 32,2%, selon les données du ministère de l'Équipement et de l’eau. Sur les
140 milliards de m3 d'eau reçus annuellement par le pays, près de 118 milliards de m3
s'évaporent ou se déversent inutilisés dans la mer, soulignant un gaspillage criant de l’or
bleu.

La croissance démographique, les transformations des habitudes de consommation


et l'accélération de l'urbanisation exercent également une pression croissante sur les
ressources en eau du pays. Par ailleurs, Le Maroc fait partie des pays les plus vulnérables
aux effets des changements climatiques. Selon le ministère d’agriculture, les tendances
climatiques prévoient une augmentation de la chaleur mondiale de 0,2 à 0,4°C tous les dix
ans, une diminution des chutes de neige de 25% dans les pays nordiques et de 50% dans
les pays du sud, ainsi qu'une élévation potentielle du niveau des océans de 0,3 à 2,5 m d'ici
2100. Étant donné sa situation géographique, le Maroc est inévitablement touché par
ces phénomènes.

En suite, l'agriculture, pilier économique crucial pour le royaume, consomme près de 80%
des eaux douces disponibles, avec une expansion notable des surfaces irriguées. Cette
politique agricole, bien que productive, mais gourmande en eau, exacerbe ainsi la crise
hydrique.

Quant à la sécheresse amplifiée par le changement climatique et une gestion hydrique


inefficace, elle frappe le Maroc de plein fouet, entraînant une pénurie d'eau potable sans
précédent. Les projections du ministère de l'Agriculture indiquent une aggravation de cette
sécheresse jusqu'en 2050, avec une diminution de plus de 25% de la disponibilité en
eau d'irrigation. De plus, la gestion anarchique des puits, avec 91% d'entre eux non
autorisés, empêche les efforts visant à évaluer et à réguler la consommation d'eau en
milieu rural.

On conclut donc que le Maroc est confronté à une urgence hydrique nécessitant une action
concertée pour garantir un accès durable à cette ressource vitale.

II- Mesures déjà mises en oeuvre pour lutter contre le stress hydrique

Conscient de l’impératif de prendre en considération le principe du droit à l’eau et à


l’environnement sain prévu par la constitution de 2011, certaines mesures significatives ont
été mises en place pour faire face à la crise hydrique.

La nouvelle loi 36-15 relative à la gestion de l’eau, ainsi que la modification du Plan
National de l'Eau adopté en 2015, témoignent de cet engagement. Cette loi est fondée sur
des principes fondamentaux tels que la propriété publique de l'eau et le droit de tous à
un accès à l'eau et à un environnement sain. Elle promeut une gestion de l'eau basée
sur les bonnes pratiques de gouvernance, la participation citoyenne et la solidarité
spatiale.

Dans ce sens, le Maroc s'engage également dans la finalisation du Plan national de l'eau
(PNE 2020-2050), visant à une gestion intégrée et décentralisée des ressources en eau,
ainsi qu'à la promotion du développement durable et de l'égalité des genres. Parmi les
initiatives concrètes, le Maroc envisage l'interconnexion des bassins hydriques, comme
celle des bassins de Sebou, Bouregreg, Oum Errabii et Tensift, afin de rééquilibrer les
dotations en eau entre les régions.
De plus, le recours au dessalement de l'eau de mer devient une option de plus en plus
fréquente, bien que ses impacts écologiques et les coûts y relatifs nécessitent une réflexion
approfondie. Par ailleurs, le potentiel des 3 500 km de plages du royaume est envisagé pour
une mobilisation des eaux souterraines et de surface à moyen et long termes.

Quant à la rationalisation de l'utilisation des puits, un guichet unique est mis en place
pour bien gérer les procédures d’obtention de l’autorisation à l’utilisation des puits,
tandis qu'une comité de pilotage supervise la mise en œuvre des programmes lancés toute
en proposant des solutions adaptées à l'évolution de la situation hydrique.

III- Mesures susceptibles (ou perspectives) pour être aux prises avec le stress
hydrique

Le Maroc est confronté à des défis importants liés au stress hydrique, ce qui nécessite une
mise à jour et un approfondissement des connaissances sur la disponibilité en eau. Le pays
doit clarifier le volume de pluviométrie disponible et mieux connaître les eaux
souterraines renouvelables pour soutenir la sécurité hydrique. Cette connaissance
approfondie est essentielle pour déterminer les besoins en eau par kilogramme de
production, qu'il s'agisse d'agriculture ou d'industrie.

Le Maroc envisage également une révision de la tarification de l'eau pour encourager


une consommation plus responsable et générer des fonds pour des projets d'eau non
conventionnelle tels que le dessalement d’eau. Cette démarche pose cependant des
défis complexes, exigeant la prise en compte de multiples facteurs sociaux et économiques.

La rationalisation de l'utilisation des ressources hydriques implique la mise en place d'une


empreinte hydrique pour évaluer la consommation spécifique de l'eau par secteur.
Malgré des efforts de collecte de données, des lacunes persistent dans certaines régions,
soulignant le besoin d'une collaboration étendue entre l'État, les collectivités locales, le
secteur privé et la société civile.

La mise en place d'une comptabilité nationale de l'eau est préconisée pour évaluer
annuellement les ressources en eau, leurs coûts associés et ajuster les politiques en
conséquence. En parallèle, le Maroc envisage d'explorer davantage les eaux non
conventionnelles telles que le dessalement et la réutilisation des eaux usées, tout en
investissant dans des technologies de conservation et en encourageant l'innovation dans le
domaine de l'eau.

Pour assurer une gestion durable de l'eau, des mesures telles que l'introduction de
compteurs intelligents, l'adoption de technologies économes en eau dans
l'agriculture, l'industrie et les ménages, ainsi que le développement d'écosystèmes
innovants dédiés à l'eau sont recommandées. Le secteur de l'eau est également identifié
comme un domaine d'avenir pour l'industrialisation verte, nécessitant des investissements
dans la recherche, la formation et l'innovation.

Enfin, des initiatives de sensibilisation sont nécessaires pour valoriser la préservation


de l'eau, intégrer l'éducation sur l'eau dans les programmes scolaires et universitaires,
et encourager l'économie d'eau à tous les niveaux de la société, notamment par le
développement d'un label "économe en eau" pour promouvoir les pratiques durables.

Conclusion :

« Nous avons créé de l’eau tout être vivant », Dieu tout-puissant a dit. Ce verset
coranique nous rappelle que l'eau est à la fois le fondement de toute forme de vie et de
purification.

Cependant, malgré les efforts déployés, le Maroc reste confronté à des défis persistants liés
à la gestion de l'eau et aux chocs climatiques successifs. Les prévisions indiquant une
aggravation de la sécheresse et une diminution de la disponibilité en eau d'irrigation
soulèvent des inquiétudes quant à l'impact négatif de ce stress hydrique sur le
développement durable du pays à l’horizon de 2030.

Il est temps alors de tenir compte des aspects sociaux, économiques et environnementaux
dans la recherche de solutions durables pour ce phénomène, et de mener une approche
holistique, englobant la gouvernance efficace de l'eau, la sensibilisation de la population et
l'adoption des pratiques durables dans tous les secteurs, pour mieux reconnaître la véritable
valeur des ressources en eau et encourager des usages plus efficaces et raisonnés.

C’est le temps donc de comprendre et de maîtriser “le véritable coût du mètre cube d'eau”,
une ressource dont la valeur dépasse celle du baril de pétrole dans notre époque moderne.

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