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Pr Frédéric HUNEAU
0495 45 00 26 - huneau@univ-corse.fr
Direction de la thèse
Dr Emilie GAREL
0495 45 02 58 - garel@univ-corse.fr
Collaborations extérieures -Office de l'Environnement de la Corse
éventuelles envisagées -AIEA (Autriche)
Type de financement visé Contrat doctoral
Les mares temporaires méditerranéens sont des mares très peu profondes (quelques dizaines de
centimètres à 1 mètre de profondeur), isolées des masses d'eau permanentes, qui subissent un cycle
périodique d'inondations et de sécheresses, et ont une flore et faune caractéristiques adaptées à cette
alternance. Cet habitat est principalement distribué dans les zones sèches et subarides. On les rencontre
dans des dépressions du substratum qui peuvent avoir été créées par divers processus géomorphologiques.
Les mares temporaires méditerranéennes présentent une grande variabilité d’aspect et de fonctionnement
selon leur géologie, géomorphologie, profondeur et source d'eau (souterraine ou ruissellement), qui est
toujours associée à une très grande biodiversité.
La tendance actuelle des mares temporaires méditerranéennes est clairement régressive. Le problème
principal de cet habitat vient de son caractère éphémère et de sa petite taille. Sa visibilité limitée entraîne un
manque de reconnaissance éco-hydrologique, c’est-à-dire à la fois de son rôle écologique et de ses
fonctions hydrologiques qui sont intrinsèquement liées. En conséquences, ces zones humides sont souvent
détruites, asséchées ou transformées. De plus, dans la région méditerranéenne, de fortes craintes
commencent à apparaitre vis-à-vis de la durabilité de ces hydroécosystèmes sous l’effet combiné du
changement climatique et de l’anthropisation des terres pour des raisons soit agricoles soit immobilières.
L’objectif de cette thèse est donc d’améliorer la connaissance hydrologique et hydrogéologique sur ces
zones humides très spécifiques à la Méditerranée et particulièrement bien représentées en Corse (107 sites
référencés sur 5 secteurs principaux : Cap Corse, Agriate, Sartenais, Porto-Vecchio et Extrême-Sud).
La méthodologie employée fera appel aux outils de l’hydrologie isotopique et de l’hydrogéologie de terrain et
comportera :
*** L’étude du comportement hydrologique et hydrogéologique à l’échelle de chaque site.
-Définition/caractérisation de l’emprise des bassins versants, de leurs caractéristiques
géomorphologiques, lithologiques et de l’occupation du sol,
-Suivis quantitatif piézométrique et limnimétrique,
-Suivis géochimiques et isotopiques à pas de temps régulier et resserrés en période de mise en
eau,
-Caractérisation de la contribution des eaux souterraines à l’hydropériode par méthode isotopiques
(isotope stables de l’eau, strontium, radon),
-Estimation de l’âge de l’eau par techniques isotopiques et radiochronomètres (tritium, carbone-14,
radon)
-Bilan hydrologique sur les sites (flux de recharge, processus évaporatoires, et flux à l’exutoire).
*** La caractérisation fine des conditions hydroclimatiques des sites.
-Suivi hydrométéorologique sur chaque site,
-Etude détaillée des chroniques de données hydroclimatiques corrélées à l’hydropériode sur une
sélection de sites (selon disponibilité des données).
*** La proposition de recommandations sur l’étendue réelle de l’espace de bon fonctionnement hydrologique
nécessaire pour une bonne gestion, sur chaque site.
-Modélisation hydrogéologique prospectives sur le comportement futur de l’hydropériode compte
tenu des différents scenarii climatiques régionaux,
-Estimation de la vulnérabilité des différents sites au changement climatique et à l’anthropisation du
bassin versant associé.
Plusieurs sites seront considérés dans ce travail, avec en priorité l’étude des sites déjà identifiés comme
d’intérêt prioritaire par l’OEC : Tre Padule de Suartone, Capandola, Chevanu, Tour d’Olmeto. Ces sites
principaux seront complétés par une sélection de sites secondaires (avec protocole de suivi allégé) afin
d’obtenir une vision exhaustive des modalités hydro-fonctionnelles la plus complète possible et
représentative de la diversité des sites corses.
L’innovation du projet réside dans la mise en œuvre d’une méthodologie d’investigation multi-outils
combinant approche hydrogéologique, géochimique et isotopique afin de cadrer au plus près le
fonctionnement des hydrosystèmes, l’origine des eaux, la durée des processus, la mise en évidence des
mélanges d’eaux, la prise en compte du processus d’évaporation et la caractérisation qualitative des
masses d’eaux. L’écohydrologie des mares temporaires est encore un domaine d’investigation totalement
nouveau et extrêmement peu documenté dans la littérature hydrologique malgré l’importance majeures des
mares temporaires en termes de préservation de la biodiversité végétale et animales en Méditerranée.
L’impact du projet réside dans la proposition de nouveaux schémas fonctionnels pour la description de ces
hydrosystèmes et surtout dans l’aide à la définition de zones de protections adaptées (« espace de bon
fonctionnement ») aux fonctionnalités hydrogéologiques réelles de chaque site et permettant une
préservation réaliste sur le long terme et qui prenne en compte la problématique de l’instabilité climatique.
2°) Présentation des enjeux de la thèse
Cette étude rentre dans la politique scientifique du projet "Gestion des Eaux en Méditerranée" de l'UMR SPE
6134 dédié à l'appréciation qualitative et quantitative des différents compartiments du cycle de l'eau en
domaine méditerranéen.
L’impact du changement climatique sur les ressources en eau en Corse ainsi que sur les écosystèmes qui
en dépendent est une question cruciale pour les gestionnaires de l’environnement. Ainsi mieux comprendre
le fonctionnement hydrologique des mares temporaires méditerranéennes favorisera la mise en place de
mesures de préservation adaptées notamment pour les sites bénéficiant de statuts de protection forts tel
NATURA 2000. La prise en compte du cycle souterrain de l’eau est essentielle pour le maintien en eau des
mares temporaires, or cette contribution discrète et invisible n’est pas encore intégrée dans les politiques de
gestion environnementales actuelles. Ce travail favorisera donc la prise en compte d’une nouvelle dimension
hydrologique dans la préservation et la sauvegarde de ces milieux aquatiques singuliers et garantira la
préservation de leur rôle de réservoir de biodiversité, avec par exemple la redéfinition d’espaces de bon
fonctionnement hydrologique plus étendus.
Ce travail de thèse s’inscrit également dans les objectifs du projet GERHYCO du laboratoire SPE, dédié à la
gestion raisonnée des ressources en eau et environnements aquatiques à l’interface montagne-littoral pour
le maintien fonctionnel des services hydro-écosystémiques insulaires en Corse. Par ailleurs, il permettra un
développement du rayonnement du laboratoire SPE par le biais de collaborations régionales (CDC, OEC) et
internationales (AIEA, Autriche).