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M. DE RA ISSAC (1 )
et ê tre q uant i fiée à part i r des d i fférents termes du b i l an La tolérance enfin permet à la plante d ' assurer normalement Cette formule résout le problème posé par les fluctuations du Jaire et tissulaire. Malgré une reconnaissance universel le, la
hydrique : p l u v i ométrie, é v apotran s p i rations pote n t ie l le ses fonctions physiologiques malgré une dégradation de son poids sec et demeu re ! ' u n des p r i n c i p a u x paramètres de q u estion a été récemment soulevée du b ien-fondé de son
(ETP), maximale (ETM ), réelle ( ETR), réserve utile rac inaire état hydrique interne consécutive à la sécheresse (tableau). caractéri sation. Il constitue, comme l ' i ndiquent S INCLAIR et emploi dans l e domaine physiologique ( PASSIOURA, 1 984 ;
( R U R ) déterm i née par l a c apac ité de réten tion en eau du L UDLOW ( 1 985), un paramètre simple de mesure du volume S INCLAIR et LUDLOW, 1 985).
TURNER ( 1 986) conserve intégralement ! 'ensemble des méca
sol et la profondeur d 'enrac i nement, coefficients cul turaux re latif cel l u la i re , déterm i n an t i mportant s i non majeur de
n ismes décrits, mais remanie sensiblement la classi fi cation Les travaux de JORDAN et RITCHIE ( 1 97 1 ) , sur coton, ont par
( Kc ) , e t c . La notion d ' I S B E , i n d i ce de sati s fac t i o n des ! 'activité métabol i que. Ainsi les travaux de KAISER ( 1 982),
en ne considérant plus le potentiel hydrique comme para exemple montré que la fermeture des stomates i nterv ient à
besoins en eau, proposée par FOREST ( 1 984 ), est fondée sur le effectués sur d i v erses espèces xéro, méso et hygrophytes,
mètre de référence. La déshydratation, ou défi c i t hydrique des valeurs de \jf v ariables selon les con d i tions de culture,
calcul pentadaire du rapport ETR/ETM, et peut serv i r de base montrent-ils que ! ' inhibition de la photosynthèse intervient à
i nterne, n ' est p l us assimi l ée à un potentiel hydrique bas. Il observation qui a été depuis confi rmée sur l ' ensemble des
à des indicateurs stati stiques caractérisant le déficit hydrique différentes valeurs de la pression osmotique du m il ieu, mais
s 'ensuit que certains mécanismes comme ! 'ajustement osmo plantes étudiées. Les résultats précédemment cités concer
de ! 'espèce cultivée : I S B E moyen du cycle, I S B E de phase pour une valeur commune du vol ume relatif cellulai re. De
tique et ! 'augmentation de ! 'élasticité sont alors inclus dans la nant le flétrissement foliaire chez 27 espèces en C4 vont dans
critique, I S B E minimal, durée d ' IS B E inférieur à 50 %, etc. même, le fl étri ssement permanent des feu i l les est obte n u
réponse d'évitement. La troisième rubrique ne concerne plus le même sens. Dans les deux cas, q u ' i l s ' agisse de la fer
La conjonction de plusieurs de ces indicateurs permet de chez 2 7 espèces en C 4 pour des potentiels hydriques compris
que la tolérance protoplasmique à la dessiccation (tableau) . meture des stomates ou du flétri ssement de la feu i l l e, un
décrire d ' u ne manière q uantitative le degré et le type de entre - 7 ,5 et - 1 3 MPa mais pour une RWC extrêmement
sécheresse s'appl iquant sur l 'ensemble du cycle : contrainte L a p lace ainsi laissée aux processus d 'évitement s ' avère pré constante de 25 ± 1 % (FLOWER et LUDLOW, 1 986). Un autre état p h y s i o l o g i q u e d o n n é n e c o rre s p o n d p a s à u n e
hydrique modérée ou sévère, uniforme ou circonstancielle. pondérante, surtout si l 'on admet que l 'esquive n 'est qu ' une avantage de la teneur relative en eau est q u ' e l l e reflète l e valeur uni que d e potentiel hydrique. L' u t i l i sation d ' autres
fo r m e p h é n o l o g i q ue d ' é v i te m e n t et q u e l a r é s i s t an c e b i lan « tran s p i ration-absorption » d u t i s s u ( S INCLAIR e t paramètres de caractérisation, tels que la teneur relative en
protopl asmique, exclusi vement présente chez les p l an tes LU DLOW, 1 9 8 5 ) . E n effet, en l ' absence de cro i s sance, l a eau ou l a pression de turgescence , permet de résoudre ce
poïki lohydres, n 'offre actuellement aucune application agro variation i nstantanée d e volume - q u i dirige la variation de problème.
La notion d 'adaptation
nomique. Dans ces conditions, la définition préc i se du statut RWC - peut s 'écrire :
TURNER ( 1 979) définit ! ' adaptation comme « la capac i té de I l se révèle en fait que la pertinence physiologique rev ient
hydrique de la plante se révèle indispensable à ! 'estimation dV = T - A
la p l ante à croître et donner des rendements sati sfa i sants non au potentiel hydrique mais à ses deux composantes, la
de son état physiologique et à la consécutive évalt;ation de sa dt
dans des zones s uj e ttes à des défi c i t s h y d ri q u e s pério pression osmotique, n, et la pression de turgescence, P, qui
capacité d ' adaptation aux condi tions sèches.
où : sont l i ées par la relation : \JI = n + P.
diques ». I l ajoute ainsi à la défin ition écologique de LEVITT
et al. ( 1 960), « capac ité de surv i e d urant des périodes de V = volume ; On con�jdère alors avec PASSIOURA ( 1 98 2 ) que le potentiel
fai ble fourniture en eau » , ! 'aspect agronomique de producti T = transpiration ; matriciel n ' est pas négli gé mais que sa mes ure est incluse
v ité, b u t final d e la culture.
La caractérisatio n A = absorption d 'eau. dans celle de n.
B i en q u ' i ncontestable dans son essence, cette défi n i t i o n
d e l 'état hydrique de la p lante Cependant, ces v i ngt dernières années ont v u ! 'essor rapide et Le rôle de la turgescence dans la p lupart des processus phy
d e m e u re a s s e z i m p ré c i s e p a r ! ' e m p l o i d e s t e r m e s
! ' adoption général i sée du potentiel hydrique, \jf, comme réfé siologiques essentiels est aujourd ' h u i étab l i . La fermeture
« rendements satisfai sants » et « déficits hydriques pério
La connaissance précise de l 'état d ' hydratation d ' un tissu, et rence de ! 'état hydrique. I ntroduit de la notion thermodyna complète des stomates qui, par coupure des échanges gazeux
diques ». Il semble possible de pal l ier ce défaut en éval uant
notamment de l ' apparei l fo l i a i re , se heurte au p roblème mique de potentiel chimique par S LATYER et TAYLOR ( 1 960), entre la plante et ! ' atmosphère, est le facteur inhibiteur initial
le degré d ' adaptation par la dimi nution re lative de produc
majeur de ! ' i nexi stence d ' un paramètre unique de caractéri \jf est une quantification de ! 'état énergétique de ! 'eau cel lu- de la photosynthèse sous contrainte hydrique, intervient pour
tivité par rapport aux cond itions hydriques non limitantes et
en rel i ant cette valeur aux caractéristiques de la sécheresse, sation. Le choix du paramètre utilisé peut influencer la nature
te lles q u 'estimées par les indicateurs précités. de la re lation étudiée et con d u i re le phys i o l og i ste à des Classification des mécanismes d'adaptation à la sécheresse.
concl usions différentes, voire opposées.
Le paramètre le plus simple, la teneur en eau (WC, water 0 Selon Tu rner ( 1 979) et Jones et al. ( 1 98 1 ) O Selon Tu rner ( 1 986)
content), est défini par la relation :
Esquive Esquive
WC = PF
Les mécanismes d ' adaptation PS
• Développement phénologique rapide • Développement phénologique rapide
• Plasticité du développement
à la sécheresse où :
• Plasticité du développement
- PF = poids frais ; Tolérance par maintien d'un potentiel hydrique élevé Evitement de la déshydratation
La classification la plus largement admi se et la plus commu - PS = poids sec. • Maintien de l'absorption d'eau • Maintien de la turgescence
nément employée est celle proposée par MAY et MILTHORPE Etant donné le biais induit par les variations journal ières ou - système racinaire augmenté - maintien de l'absorption d'eau
( 1 962 ), reprise par TURNER ( 1 979) et JONES et al. ( 1 98 1 ). Elle saisonnières du poids sec, il n 'est plus guère uti lisé que pour - conductance hydraulique augmentée • augmentation de la profondeur et de la densité racinaires
con s i dère tro i s grands types de répon se à l a sécheresse l ' étude du grossissement du grain ( B ARLOW et al. , 1 9 80 ; • Réduction des pertes d'eau • augmentation de la conductance hydrau lique
l 'esquive, la tolérance par maintien d ' un potentiel hydrique B ROOKS et al., 1 982 ; SINGI-I et JENNER, 1 982). - dimin ution de la conductance stomatique et cuticulaire - réduction des pertes d'eau
élevé, ou évitement, et la tolérance à un potentiel hydrique - réduction de la radiation absorbée • réduction de la surface foliaire
bas, ou tolérance vraie. La teneur re lative en eau (RWC, relative water content) est - réduction des surfaces évaporantes • augmentation de la résistance stomatique et cuticulaire
définie par la relation : • réduction de la radiation absorbée
L'esq u i ve permet à la plante de ne pas subir directement de Tolérance à un potentiel hydrique bas - ajustement osmotique
contraintes hydriques en réal i sant son cycle en dehors des RWC = PF - PS X 1 00 • Maintien de la turgescence • Maintien du volume
périodes sèches. Ce mécan i sme n ' est pas systématiquement PFSH - PS
où : - ajustement osmotique - augmentation de l'élasticité
considéré comme une véritable forme d'adaptation .
- augmentation de l'élasticité
L'év i tement consiste , pour la p l ante, à mai nten i r un état - PF = poids frais ; Tolérance à la déshydratation
• Tolérance à la dessiccation
hydri que i nterne satisfai sant en présence d ' une contra i nte - PS = poids sec ;
- PFSH = poids frais à saturation hydrique.
- tolérance protoplasmique • Tolérance protoplasmique
hydrique externe.
Adaptation à la sécherese et productivité des plantes 31
Cette formule résout le problème posé par les fluctuations du Jaire et tissulaire. Malgré une reconnaissance universelle, la
poids sec et deme ure ! ' u n des princ i paux paramètres d e q uestion a été récemment soulevée du b i en-fondé de son
caractérisation. I l constitue, comme l ' indiquent S INCLAIR e t emploi dans l e domaine physiologique ( PASSIOURA, 1 984 ;
LUDLOW ( 1 985), un paramètre simple d e mesure du volume SINCLAIR et LUDLOW, 1 985).
re latif cel l u l a i re , déterm i nant i mportant s i non majeur de
! 'activ ité métabol ique. Ainsi les travaux de KAISER ( 1 982), Les travaux de JORDAN et RrTCHIE ( 1 97 1 ) , sur coton, ont par
effectués sur d i verses espèces xéro, méso et h ygrophytes, exemple montré que la fermeture des stomates intervient à
montrent-ils que ! ' inhibition de la photosynthèse intervient à des valeurs de \j/ variables selon les conditions de culture,
différentes valeurs de la pression osmotique du milieu, mais observation qui a été depuis confirmée sur ( 'ensemble des
pour une valeur commune du volume relatif cellulai re. De plantes étudiées. Les résultats précédemment c ités concer
même, le flétri s sement permanent des feu i l les est obtenu nant le flétrissement foliaire chez 27 espèces en C4 vont dans
chez 27 espèces en C4 pour des potentiels hydriques compris le même sens. Dans les deux cas, qu ' i l s ' ag i sse de la fer
entre - 7,5 et - 1 3 MPa mais pour une RWC extrêmement meture des stomates ou du flétri ssement de la feu i l le , un
constante de 25 ± 1 % (FLOWER et LUDLOW, 1 986). Un autre é t a t p h y s i o l o g i q u e donné n e c o rre s p o n d p a s à u n e
av antage de la teneur relative en eau est qu'elle reflète l e valeur unique d e potentie l h ydrique. L' uti l i sation d ' autres
b i lan « tran s p i ration-abs orpt ion » d u t i s s u ( S INCLAIR e t paramètres de caractérisation, te l s que la teneur relative en
LU DLOW, 1 9 8 5 ) . En effet, en ! ' absence de cro i s sance, l a eau ou la pression de turgescence, permet de résoudre ce
variation instantanée d e volume - q u i dirige la variation de problème.
RWC - peut s 'écrire :
Il se révèle en fai t que la pertinence physio logique rev ient
dV = T - A non au potentie l h ydrique mais à ses deux composantes, la
dt pression osmotique, n, et la pression de turgescence, P, qui
où : sont l iées par la relation : \j/ = 7t + P.
V = volume ; On considère alors avec PASSIOURA ( 1 982) que le potentiel
T = transpiration ; matriciel n ' est pas nég l i gé mais que sa mes ure est incluse
A = absorption d 'eau. dans celle de ît.
Cependant, ces vingt dernières années ont vu ! 'essor rapide et Le rôle de la turgescence dans la plupart des processus phy
! 'adoption généralisée du potentiel hydrique, \jf, comme réfé s iologiques essentiels est aujourd ' h u i étab l i . La fermeture
rence de ! 'état hydrique. Introduit de la notion thermodyna complète des stomates qui, par coupure des échanges gazeux
mique de potentiel chimique par S LATYER et TAYLOR ( 1 960), entre la plante et l 'atmosphère, est le facteur inhibiteur initial
\j/ est une quantification de l 'état énergétique de l 'eau cellu- de la photosynthèse sous contrainte hydrique, intervient pour
Esquive Esquive
• Développement phénologique rapide • Développement phénologique rapide
• Plasticité d u développement • Plasticité d u développement
une turgescence nulle des cellules de garde, elle-même liée à Une autre utilisation apparemment jus tifiée du potentiel La réd uction des pertes d'eau déjà cités, il intervient trop tardivement pour être de réel inté
la perte de turgescence des tissus environnants (BOYER, hydrique concerne l 'étude de la circulation d'eau dans le sys rêt agronomique. Son apparition précoce est symptomatique
1976). A ce stade, ! 'activité photochimique des chloroplastes tème sol-plante-atmosphère, par application du modèle élec La régulation stomatique constitue le principal mécanisme de d ' un déséquilibre rapide du bilan absorption-transpiration
n'est que légèrement altérée (BOYER et POTTER, 1973). trique à la plante (V AN DEN HONERT, 1948 ) : contrôle instantané des pertes en eau. La chute de la transpi d'eau de l'espèce ou de la variété, et non d'une hypothétique
ration, qui suit la fermeture stomatique, favorise le rééquili prévention.
Selon HS IAO (1973), l'élongation cellulaire est directement tl\jf = rQ brage du bilan hydrique de la plante. Néanmoins, cet effet
dirigée par la turgescence P, probablement parce que cette où : bénéfique n 'est pas sans contreparties. A la chute de la trans
pression est nécessaire à ! 'écartement des microfibrilles de la piration correspond une inhibition de l'assimilation chloro
paroi pectocellulosique. ZIM M ERMANN (1978 ) réaffirme cette - L'i\jf = différence de potentiel hydPique ;
phyllienne, qui affecte la productivité (JONES et al., 1981).
L'ajustement osmotique
hypo thèse et aj o u te que la turgescence contrôle aussi - r = résistance hydraulique ; D'autre part, comme il a déjà été signalé, la fermeture com De la relation \j/ = rr + P il vient que toute décroissance
l'absorption des solutés nécessaires à la croissance en régu - Q = flux d'eau. plète des s tomates intervient à la perte de turgescence de rr parallèle à ce! le de \j/ permet le maintien de la turges
lant les échanges membranaires de K+. BOYER (1968, 1970) foliaire, seuil à partir duquel les principales fonctions physio
Cependant, PASSIOURA (1984) montre l ' inadéquation du cence P. L'ajustement osmotique consiste, lorsque \j/ décroît,
met en évidence un seuil critique de turgescence positive au logiques sont altérées. De plus, la fermeture des stomates
modèle dès lors que des quantités substantielles de composés en une accumulation active de solutés dans les cellules, dis
dessous duquel l'élongation cellulaire est inhibée, ce que s 'accompagne d 'une accumulation d'acide abscissique
organiques ou minéraux se trouvent solubilisées dans l'eau. tincte du simple phénomène de concentration passive due à la
confirment CLELAND (1971) et GREEN et al. (1971). La divi (PIERCE et RASCHKE, 1980 ; ZEEVAART et CREELMAN, 1988),
Le flux de sève peut alors s'effectuer contre un gradient de perte d'eau (JONES et al. , 1981).
sion cellulaire, intrinsèquement moins sensible, n ' en reste signal d'entrée en vie latente de la feuille. Chez le blé, cet
pas moins dépendante des variations de turgescence, puisque potentiel. En réalité, et conformément à la théorie du flux de L'abondante littérature sur le sujet conclut que l'ajustement
acide abscissique foliaire migre vers ! 'épi, où il induit la sté
! 'élongation est préalable à toute division cellulaire (HSIAO, masse (massf/ow) émise par MUNCI- I , le transfert de sève est osmotique permet le maintien de la turgescence à des poten
rilité des épillets, même lorsque ! 'épi est encore turgescent
1 973). dirigé par un gradient de pression hydrostatique (SINCLAIR et tiels hydriques inférieurs , ce qui en soi est exact, mais qui
(MORGAN et K I NG, 1984). Enfin, la fermeture prolongée
LUDLOW, 1985). Reprenant la théorie du flux de masse, LANG n 'implique pas une amélioration de la tolérance, comme il
Le rôle de la turgescence dans le contrôle de l'expansion cel conduit, par l'élévation de la température foliaire, à des
(1983) exprime ! 'idée que la translocation est directement est généralement admis. En effet, si l ' on décompose l'abais
lulaire a été récemment remis en cause par divers auteurs. dégradations parfois irréversibles du matériel cellulaire : alté
régulée par la turgescence et que l'ion potassium y joue un sement de rr en ses deux facteurs - concentration passive par
TERMAAT et al. (1985), GOLAN et al. (1986) et PASSIOURA ration de la structure des thylakoïdes chloroplastiques (JONES
rôle central. perte d'eau et active par accumulation de sol utés -, il est
(1988 ) observent une réduction de la croissance ou même et a l . , 1981 ), r upture des membranes pro toplasmiques
une fermeture des stomates malgré le maintien de la turges Toutes ces données se recoupent d ' une manière cohérente (COWAN et FARQUHAR, 1 977). naturel de constater que ! 'annulation de la turgescence ait lieu
cence foliaire. Cependant, les conditions expérimentales par et révèlent une signification biologique faible, sinon inexis à des \j/ inférieurs, puisque le processus d ' ajustement osmo
tante, du potentiel hydrique. En revanche, la turgescence, et L'intérêt agronomique du contrôle stomatique des pertes tique, en s 'ajoutant à la simple perte d'eau, accélère la dimi
ticulières (pression exercée sur le compartiment racinaire)
RWC, qui lui est liée, interviennent d'une manière prépondé d ' eau est donc équivoque. Si la fermeture des stomates per nution de rr et provoque donc un abaissement supplémentaire
laissent présager de notables modifications artificielles du
rante dans tous les processus physiologiques liés à la crois met une réduction effective de la transpiration, elle signe de \j/ . Si ! 'on utilis e RW C comme référence de ! ' état
métabolisme, principalement au niveau de la synthèse raci
sance : photosynthèse, élongation cellulaire, transport des ! 'entrée en état de survie de la plante, avec une altération plus hydrique, on observe que la relation RWC/rr est biphasique et
naire de cytokinines et d'acide abscissique, et remettent
substances. ou moins irréversible de la machinerie productive. D'une qu'il y a, durant la phase d'accumulation active de solutés, un
difficilement en cause le rôle de la turgescence en conditions
manière pratique, une fermeture stomatique précoce ne doit maintien complet de RWC avec l 'abaissement de rr (WRIGHT
naturelles. TURNER (1986) rapporte aussi des exemples où la
pas être vue comme une protection efficace contre la déshy et al. , 1983/J). Autrement dit, l'ajustement osmotique inter
croissance n 'est pas linéairement liée à la turgescence. A nos
dratation - puisqu 'elle est au contraire symptomatique vient dans ce cas sans modification de ! 'état hydrique.
yeux, l 'ensemble de ces travaux suggère qu'il n'y a pas de
relation d 'équivalence entre la turgescence et la croissance. Ambivalence d ' une dégradation avancée du statut hydrique - , mais
comme une incapacité de l 'espèce ou de la variété à main De plus, rien n'autorise à affirmer que ! ' ajustement osmo
Autrement dit, une turgescence positive constitue une condi de quelques mécan ismes d'adaptation tenir un état d 'hydratation des tissus favorable à la producti tique permet le maintien de la turgescence. Il est beaucoup
tion nécessaire mais non suffisante de la croissance. Dans le plus probable que le lien de cause à ef fet s'établisse dans le
vité.
cadre qui nous intéres se, l ' alimentation hydrique de la sens opposé, c'est-à-dire que le maintien d'une turgescence
KRAMER (1980) définit ! 'adaptation comme une modification
plante reste, par définition, le premier facteur limitant ; et D'autres mécanismes reconnus de limitation des pertes d'eau partielle soit responsable de ! 'accumulation de solutés. Les
héréditaire de structures ou fonctions, qui augmente la proba
la perte de turgescence, la cause originelle de ! 'inhibition de présentent la même ambiguïté. L'accélération de la sénes arguments qui étayent cette hypothèse sont les suivants :
bilité de l'organisme à survivre et se reproduire dans un envi
la croissance. cence foliaire réduit les surfaces transpirantes au cours du
ronnement particulier. Dans une optique agronomique, la
cycle cultural, mais provient d'une accumulation intense - dans l ' intervalle entre la turgescence nulle, P = 0, qui
Les relations de P avec RWC et \j/ confirment la pluralité du simple perpétuation de l 'espèce n'est pas suffisante et il
d ' acide abscissique et résulte de la mise en vie latente prolon marque la chute de la photosynthèse par fermeture des sto
potentiel hydrique pour un état physiologique donné. Ainsi convient de prendre en compte sa capacité à produire. Un
gée de la plante. Si une sensibilité élevée à l 'abscission peut mates , et la turgescence critique d'élongation, Pc, valeur
les travaux relatifs à ! 'ajustement osmotique sur le riz et sur mécanisme adaptatif à la sécheresse est donc pour nous tout
être retenue comme critère adaptatif, la question demeure minimale de turgescence nécessaire à l'élongation, apparais
diverses espèces fourragères montrent-ils que l'annulation de caractère qui tend à minimiser la perte de croissance et de
cependant posée quant à la stratégie générale de la plante : sent des conditions particulières. Il y a maintien de l 'assimi
P se réalise à des potentiels hydriques différents chez les rendement lorsque l'eau devient limitante. Cela nous amène
fort développement foliaire associé à une sensibilité élevée lation chlorophyllienne, de ! 'absorption d ' eau et des miné
plantes stressées et non stressées, mais pour des teneurs rela à définir deux états fondamentaux de la plante : ! 'état produc
à l'abscission ou développement réduit sans recours aux raux, du transport des assimilats, mais il y a inhibition
tives en eau identiques (CUTLER et al. , 1980 ; WILSON et al. , tif, pour lequel les facteurs de production sont fonctionnels,
mécanismes de survie ? partielle ou totale de la croissance. On est donc en présence
1980 ; WI LSON et LUDLOW, 1983). Ces résultats rejoignent et ! ' état de survie, caractérisé par une altération plus ou
d'un système ouvert sans expansion, dans lequel le bilan
ceux de KAISER (1982 ) et FLOWER et LU DLOW ( 1986) . Ils moins avancée des facteurs de production et par la mise en
De même, ! ' enroulement foliaire, notamment chez le riz, entrées-sorties est largement positif, ce qui résulte obligatoi
s 'expliquent par la relation directe existant entre RWC et P : place de dispositifs de survie.
constitue un moyen de limiter les pertes d'eau en réduisant la rement en une accumulation de composés minéraux et/ou
Les mécanismes d 'esquive et de maintien de l'absorption radiation absorbée ( TURNER, 1986). Cependant� chez le riz, organiques. Un contre-exemple vient à l'appui de cette hypo
dP = E d V
V d'eau (tableau) sont étroitement associés à la préservation de on observe une forte corrélation négative entre RWC et la thèse : chez le niébé, à une fermeture stomatique plus sen
! 'état productif. En revanche, d 'autres mécanismes, adapta note d 'enroulement (RAISSAC et MOREIRA, 1985) ou entre \j/ sible au déficit hydrique que ne l'est la croissance foliaire
où : tifs au sens écologique de KRA M ER (1980), ne semblent pas et la note d 'enroulement (HSIAO et al. , 1984). L'enroulement (NAGARAJAH et SCH U LZE, 1983) correspond une absence
automatiquement transposables dans le cadre agronomique. s 'effectue consécutivement à une dégradation de l ' état d ' aj ustement osmotique (SHACKEL et HALL, 198 3 ) . En
V = volume ; Il s ' agit de la réduction des pertes d ' eau, de l'ajustement hydrique, et suit la perte de turgescence des cellules bulli revanche, chez les espèces cultivées qui présentent le méca
E = module d 'élasticité volumétrique. osmotique et de la tolérance à la dessiccation. formes (BOIS et al. , 1987). Comme les autres mécanismes nisme d'ajustement osmotique (blé, riz, tournesol, etc. ), la
Adaptation à la sécherese et productivité des plantes 33
La réduction des pertes d'eau déjà cités, il intervient trop tardivement pour être de réel inté
rêt agronomique. Son apparition précoce est symptomatique
La régulation stomatique constitue le principal mécanisme de d ' un déséquilibre rapide du bilan absorption-transpiration
contrôle instantané des pertes en eau. La chute de la transpi d'eau de l 'espèce ou de la variété, et non d ' une hypothétique
ration, qui suit la fermeture stomatique, favorise le rééquili prévention.
brage du bilan hydrique de la plante. Néanmoins, cet effet
bénéfique n'est pas sans contreparties. A la chute de la trans
piration correspond une inhibition de ! 'assimilation chloro
phyllienne, qui affecte la productivité (JONES et al. , 198 1 ).
L'ajustement osmotique
D'autre part, comme il a déjà été signalé, la fermeture com De la relation \j/ = n: + P il vient que toute décroissance
plète des stom ates intervient à l a perte de turgescence de n: parallèle à celle de \j/ permet le maintien de la turges
foliaire, seuil à partir duquel les principales fonctions physio cence P. L'aj ustement osmotique consiste, lorsque \j/ décroît,
logiques sont altérées. De plus, la fermeture des stomates en une accumulation active de solutés dans les cellules, dis
s ' accompagne d ' une acc u m ulation d ' acide abscissique tincte du simple phénomène de concentration passive due à la
(PIERCE et RASCHKE, 1980 ; ZEEVAART et CREELMAN, 1988), perte d'eau (JONES et al. , 198 1 ).
signal d'entrée en vie latente de la feuille. Chez le blé, cet
acide abscissique foliaire migre vers ! 'épi, où il induit la sté L'abondante littérature sur le sujet conclut que ! 'ajustement
rilité des épillets, même lorsque l'épi est encore turgescent osmotique permet le maintien de la turgescence à des poten
( MORGAN et K I N G , 1 984). Enfin, la fermetu re prolongée tiels hydriques inférieurs, ce qui en soi est exact, mais qui
conduit, par l ' élévation de la température foliaire, à des n'implique pas une amélioration de la tolérance, comme il
dégradations parfois irréversibles du matériel cellulaire : alté est généralement admis. En effet, si l ' on décompose l 'abais
ration de la structure des thylakoïdes chloroplastiques (JONES sement de n: en ses deux facteurs - concentration passive par
et al. , 198 1 ) , rupture des membranes protoplasmiques perte d'eau et active par accumulation de sol utés -, il est
(COWAN et FARQUHAR, 1977). naturel de constater que ! ' annulation de la turgescence ait lieu
à des \j/ inférieurs, puisque le processus d 'ajustement osmo
L'intérêt agronomique du contrôle stomatique des pertes tique, en s'ajoutant à la simple perte d 'eau, accélère la dimi
d'eau est donc équivoque. Si la fermeture des stomates per nution de n: et provoque donc un abaissement supplémentaire
met une réduction effective de la transpiration, elle signe de \j/ . Si l ' on u tilise RWC c o m m e référence de l ' ét a t
! 'entrée en état de survie de la plante, avec une altération plus hydrique, o n observe que la relation RWC/n: est biphasique et
ou moins irréversible de la machinerie productive. D ' une qu 'il y a, durant la phase d ' accumulation active de solutés, un
manière pratique, une fermeture stomatique précoce ne doit maintien complet de RWC avec l'abaissement de n: (WRIGHT
pas être vue comme une protection efficace contre la déshy et al. , 1983/J). Autrement dit, ! 'ajustement osmotique inter
dratation - puisqu 'elle est au contraire symptomatique vient dans ce cas sans modification de ! 'état hydrique.
d ' une dégradation avancée d u statut hydrique -, m a i s
comme une incapacité d e ! 'espèce ou d e la variété à main De plus, rien n'autorise à affirmer que ! ' aj ustement osmo
tenir un état d 'hydratation des tissus favorable à la producti tique permet le maintien de la turgescence. Il est beaucoup
vité. plus probable que le lien de cause à effet s ' établisse dans le
sens opposé, c'est-à-dire que le maintien d ' une turgescence
D 'autres mécanismes reconnus de limitation des pertes d 'eau partielle soit responsable de ! 'accumulation de solutés. Les
présentent la même ambiguïté. L'accélération de la sénes arguments qui étayent cette hypothèse sont les suivants
cence foliaire réduit les surfaces transpirantes au cours d u
cycle cultural, mais provient d ' une accumulation intense - dans ! 'intervalle entre la turgescence nulle, P = 0, qui
d 'acide abscissique et résulte de la mise en vie latente prolon marque la chute de la photosynthèse par fermeture des sto
gée de la plante. Si une sensibilité élevée à l'abscission peut mates , et la turgescence critique d ' élongation, Pc, valeur
être retenue comme critère adaptatif, la question demeure minimale de turgescence nécessaire à l'élongation, apparais
cependant posée quant à la stratégie générale de la plante sent des conditions particulières. Il y a maintien de l'assimi
fort développement foliaire associé à une sensibilité élevée lation chlorophyllienne, de ! 'absorption d ' eau et des miné
à l ' abscission ou développement réduit sans recours aux raux , d u transport des assimilats , mais il y a inhibition
mécanismes de survie ? partielle ou totale de la croissance. On est donc en présence
d ' un système ouvert sans expansion, dans lequel le bilan
De même, ! ' enroulement foliaire, notamment chez le riz, entrées-sorties est largement positif, ce qui résulte obligatoi
constitue un moyen de limiter les pertes d'eau en réduisant la rement en une accu mulation de composés minéraux et/ou
radiation absorbée (TURNER, 1 986). Cependant, chez le riz, organiques. Un contre-exemple vient à l'appui de cette hypo
on observe une forte corrélation négative entre RWC et la thèse : chez le niébé, à une fermeture stomatique plus sen
note d'enroulement (RAISSAC et MOR EIRA, 1985) ou entre \j/ sible au déficit hydrique que ne l 'est la croissance foliaire
et la note d'enroulement (HSIAO et al. , 1984). L'enroulement ( N AGARAJAH et ScH ULZE, 1 98 3 ) correspond une absence
s ' effectue consécutivement à une dégradation de l ' état d ' aj us tement osmotique (S H A C K E L et H ALL, 1 9 8 3 ). En
hydrique, et suit la perte de turgescence des cellules bulli revanche, chez les espèces cultivées qui présentent le méca
formes (BOIS et al. , 1987). Comme les autres mécanismes nisme d'aj ustement osmotique (blé, riz, tournesol, etc. ) , la
34 M. de Raissac Adaptation à la sécherese et productivité des plantes 35
réduction de la croissance fol iaire est antérieure à la ferme un approvisionnement prolongé en eau, un maintien plus tar qui affectent profondément les facteurs de productivité. Dans sécheresse. Cette adaptation est due au développement de
ture des stomates. Dans le premier cas, Pc = 0, dans le second dif de la turgescence, d'où un aj ustement osmotique plus des situations agronomiques qui imposent à la plante la mise structures spéc ialisées dans l ' appro v i s i onnement en eau
cas, Pc a une valeur supérieure à O (strictement) ; accentué. en jeu de tel s processus, la probabil ité d'un rendement satis (racines, tiges, appareil vasculaire). B EGG ( 1 980) fait j uste
- MuNNS et WEIR ( 1 98 1 ) calculent que, chez le blé, ! 'accu faisant est très faible. I l semble alors plus sensé d'admettre ment observer que, tandis que très peu de changements sont
La puissance du système racinaire ne suffit pas à expliquer
mulation de sucres solubles ne peut provenir d ' une hydrolyse l ' inadaptation agricole - et non écologique - de ! 'espèce intervenus dans les processus métabo l iq ues au cours des
tous les cas de différences i ntervariétales d'ajustement osmo
des réserves. En effet, la baisse de 0, 1 MPa de la pression ou de la variété aux conditions données. Notons enfin que la deux derniers milliards d'années - et que, notamment, 93 %
tique, comme le montrent les rés u ltats de MORGAN e t al.
osmotique correspondrait à ! 'hydrolyse de 4 % de l a matière résistance protoplasmique est présente à un haut degré chez des enzymes des eucaryotes sont présentes chez les protoca
( 1 986) et JOHNSON et al. ( 1 984) obtenus sur des variétés de
sèche, et la réduction de ! 'utilisation des carbohydrates, due à les plantes peu évoluées poïkilohydres. L' introduction de ce ryotes -, les profondes différenciations morphologiques
blé cultivées en pots. Les auteurs ne,donnent malheureuse
la diminution du taux de cro issance, explique pleinement caractère chez les plantes supérieures homéohydres constitue apparues durant cette même période indiquent un champ de
ment pas d ' information sur les croissances aériennes des
l 'élévation des teneurs en sucres ; une véritable régression évolutive. recherches beaucoup plus prometteur pour ! 'adaptation aux
variétés et leurs possibles répercussions sur ! 'économie de
l ' eau. Ici pourrait intervenir la valeur de la turgescence cri conditions sèches.
- WILSON et al. ( 1 980), FORD et W ILSON ( 1 98 1 ) et WILSON et
LUDLOW ( 1 983), travail lant sur quatre espèces fourragères, tique d'élongation, Pc. Si cette valeur est élevée, la feuille se Ainsi, la réponse adaptative à la sécheresse est caractérisée
observent que l ' aj ustement osmotique n ' interv ient pas au situera fréquemment dans l ' intervalle [O, Pc ] et il en résultera par l 'homéohydrie. Elle s 'exprime par les mécanismes mor
début du cycle de dessèchement mais seulement dans la un fort ajustement osmotique. Si Pc tend vers 0, l 'accumula phologiques d ' évitement, qui tendent à équilibrer l 'offre et la
seconde moitié de ce cycle, lorsque la croissance est ralentie tion de solutés en phase de croissance réduite ne peut s 'effec Stratég ie de la plante demande en eau sous stress hydrique afin de protéger les cel
ou inhibée. De plus, l ' accumulation de solutés atteint un pla tuer et ! 'aj ustement osmotique tend lui aussi vers O (cas du lules de la déshydratation et de favoriser le maintien de l a
teau après 22 jours, alors que la réhydratation n'est effectuée niébé). Des différences intervariétales de Pc peuvent donc
face à la sécheresse
croissance.
qu'au 37e jour. Les auteurs concluent que « la limitation de expliquer les comportements variétaux divers observés dans
l ' aj ustement osmotique est associée à l ' inhibition de la plu des cultures en pots. Les recherches menées sur l ' adaptation à la sécheresse se
part des fonctions métabol iques qui suivent la perte perma
Finalement, chez des espèces ou variétés présentant une sont concentrées sur les relations h ydriques et ont quelque Croissance et productivité
nente de la turgescence ». peu délaissé l 'étude d'une stratégie générale de la plante. I l
turgescence critique élevée (Pc), il y aura, outre un aj uste Dans le cadre agro n omique, ! 'adaptation écologique à l a
Ces résultats signifient que l 'aj ustement osmotique se réalise ment osmotique marqué, une rapide réduction de l 'expansion e s t symptomatique que soient classées comme mécanismes sécheresse - q u i n e concerne que la survie e t la perpétuation
par le maintien d'une turgescence partielle (Pc > P > 0), qui fol iaire sous conditions hydriques précaires. Il en résultera adaptatifs des réponses aussi opposées que la fermeture sto de l 'espèce - est insuffisante. L'objectif de la culture est l a
implique l a préservation de l 'assimilation chlorophy Ilienne une limitation des surfaces transpirantes de nature véritable matique, provenant de la perte de turgescence, et l ' aj uste production rentable d ' un produit consommable o u commer
et la réduction plus ou moins marquée de la croissance. Sa ment adaptative, puisque associée au maintien de la tur ment osmotique, l i é au maintien de cette turgescence. La cialisable.
limite est définie par l ' inhibition de la photosynthèse et des gescence et non à son annulation. De plus, l ' accumulation question finalement essentielle, et peu souvent abordée, est
principales fonctions physiologiques associées à la fermeture aérienne de solutés peut profiter à la croissance du système de savoir si l 'adaptation passe par la préservation de la crois Sous s tress h ydrique, l orsque la p l ante perd la capacité
complète des stomates, lorsque la turgescence s'annule. Cette racinaire, dont la turgescence reste probablement supérieure sance ou par son arrêt, ou si la réponse peut être modulée en d ' éq u i l ibrer son b i l an hydrique et que s a turgescence
approche permet d 'expl iquer aussi pourquoi l ' aj ustement à celle de la feuille. Les résultats de SHARP et DAVIES ( 1 979) fonction des types de sécheresse. s'annule, elle passe de l 'état productif à l 'état de survie. Si la
osmotique ne se manifeste pas lors d ' un dessèchement rapide et de WRIGHT et al. ( 1 983a) sur la modification du rapport phase est brève, la conséquence est un arrêt momentané de la
Différents éléments sont à considérer pour répondre à cette
(JON ES et R AWSON , 1 97 9 ) : l a p hase très brève pendant partie aérienne/racines associée à ! 'aj ustement osmotique croissance. S i la phase est plus longue, la plante souffre d'une
question.
laquel l e la plante se situe dans l ' intervalle de turgescence vont dans ce sens. Dans ces conditions, ! 'ajustement osmo véritable asphyxie, puisque les échanges avec le milieu sont
[O, Pc] n 'autorise pas l 'expression du phénomène. tique, dont l ' ampleur est définie par le seuil de turgescence coupés et les fonctions physiologiques inhibées. Outre l ' arrêt
critique, Pc, pourrait être corrélé non seulement à une réduc de c roissance, il en résulte une alté ration i rréversible du
Les trav aux de WRIGHT et al. ( 1 983a), WRIGHT et S M ITH Evolution, h oméohydrie et évitement matériel cel l ulaire ainsi qu'une modification de l ' équil ibre
tion adaptative des surfaces transpirantes mais aussi à une
( 1 983) et WRIGHT et al. ( 1 983b) apportent quelques informa hormonal, qui va affecter la croissance et le développement
forme de plasticité morphologique. Comme il a déjà été signalé, ! 'unique réponse évol utive du
tions complémentaires. Ces auteurs, comparant deux variétés ultérieurs de la plante : accumulation d'acide abscissique et
de s o rg h o ( E 57 et TX 6 7 1 ) s o u m i s e s à la c o n t rai n te règne végétal à la contrainte hydrique est l 'homéohydrie.
i n h i bi t ion de la s y n thèse d ' au x i n e s et c y t o k i n i n e s , q u i
hydrique, observent au champ les comportements suivants Chez les p l an te s p e u évo l uées p oïk i l oh y d re s , le statut s 'effectue dans les méristèmes aériens e t racinaires actifs.
La tolérance à la dessiccation h ydrique fluctue en étroite dépendance avec les conditions
- un ajustement osmotique plus marqué chez E 57 ; D 'autre part, le rendement est défini par la relation :
Sous stress hydrique sévère , l a plante dev ient incapable hygrométriques du m i l i eu. Toute période de sécheresse se
- une p l u s forte allocation d ' as s i m i l ats aux rac ines chez traduit par une forte déshydratation des cellules et un arrêt de
d ' éq u i l i brer le bi lan absorption-transpiration d ' e au. Les R = RB x IR
E 57 ; stomates demeurent en permanence fermés, excepté pendant l ' activité métabol ique. Il en résulte une croissance lente et
où :
- un système racinaire plus profond et plus dense à toutes les de très courtes périodes matinales et vespérales. La p lante fractionnée. En outre, la tolérance à la dessiccation présente
profondeurs chez E 57 ; s 'expose alors aux risques de chocs osmotiques et surtout chez ces plantes ne concerne que la mise en place de protec - R = rendement ;
thermiques. La perte d'eau, élevée, entraîne une surconcen tions contre une dégradation irréversible du matériel cellu - RB = rendement biologique ;
- une chute du rapport ETR/ETM, qui intervient lorsque laire, et nul lement une capacité à fonctionner et croître sans
tration en ions et composés solubles des compartiments cel
90 % de l a réserve utile est épuisée chez E 57, et à seule l ' apport d 'eau (comme le lai ssera i t supposer l 'emploi du - IR = indice de récolte.
lulaires. Dans le même temps, la thermorégulation n 'est plus
m e n t 55 % d ' u t i l i s a t i o n d e la réserve u t i l e c h e z terme tolérance).
assurée par la transpiration stomatique et l 'échauffement La croissance pondérale (estimée par le rendement biolo
T X 67 1 .
excessif conduit à une dénaturation des protéines, notamment En revanche, chez les plantes homéohydres, dont font partie gique RB) est donc une composante essentielle du rende
En revanche, lorsque les plantes sont cultivées e n pots, les enzymatiques, et à une rupture des membranes cellulaires toutes les pl antes supérieures cultivées, les v�riations de ment, puisque l ' indice de récolte est un caractère spécifique
auteurs n 'observent aucune différence dans l ' aj ustement (VIEIRA DA SILVA, 1 976). Dans de telles conditions, le recours l ' état hydrique interne sont minimisées par rapport aux fluc et variétal relativement stable en conditions normales. Toute
osmotique des deux variétés. Cela signifie que la culture en à des espèces ou variétés présentant une forte rési stance tuations hygrométriques externes. En ] 'absence de pluie, et réduction de la croissance a un effet proportionnel sur le ren
pots de dimensions réduites, en réprimant ! ' expression de protoplasmique peut constituer un caractère adaptatif inté j usqu 'à une certaine limite , la teneur en eau cellulaire se dement, lorsque l ' indice de récolte n ' est pas modifié. De
différences i nterv ariétales au n iveau racinaire, supprime ressant. Il convient cependant de remarquer que cet ultime maintient assez constante et favorable au déroulement nor plus, le ralentissement de la croissance peut affecter ! 'indice
l 'avantage de E 57, qui se comporte alors comme TX 67 l . Au mécanisme de protection n ' intervient que lors de sécheresses mal de ! 'activité métabolique, ce qui permet une croissance de récolte lui-même, par l ' intermédiaire du déséquilibre hor
champ, le système racinaire plus performant de E 57 permet extrêmes, qui plongent la plante en état de survie prolongé et soutenue et continue, même dans les écotypes soum is à la monal qu'il engendre.
Adaptation à la sécherese et productivité des plantes 35
qui affectent profondément les facteurs de producti vité. Dans sécheresse. Cette adaptation est due au développement de
des situations agronomiques qui imposent à la plante la m ise stru ctures spéc i a l i sées dans l ' approv i s i onnement en eau
en jeu de tels processus, la probabi l ité d'un rendement satis (rac ines, tiges, apparei l vasculaire). B EGG ( 1 980) fai t j uste
fai sant est très faible. Il semble alors plus sensé d'admettre ment observer que, tandis que très peu de changements sont
l ' i nadaptation agricole - et non écologique - de l 'espèce intervenus dans l e s processus métabo l i q ues au cours des
ou de la variété aux condi tions données. Notons enfin que la deux derniers m i l liards d'années - et que, notamment, 93 %
résistance protoplasmique est présente à un haut degré chez des enzymes des eucaryotes sont présentes chez les protoca
les plantes peu évoluées poïki lohydres. L' introduction de ce ryotes -, les profondes d i ffé renc iations morphologiques
caractère chez les plantes supérieures homéohydres constitue apparues durant cette même période indiquent un champ de
une véritable régression évolutive. recherches beaucoup plus prometteur pour l ' adaptation aux
conditions sèches.
En défi n i t i v e , le recours à l ' é tat de survie présente deux - B : pluviométrie du cycle excédentaire, distribution irrégu • Description des conditions agrocl imatologiques de séche FLOWER D.J., LU DLOW M.M., 1 986. Contribution of osmotic
aspects fondamentalement négatifs : l ière, sol argileux à forte capacité de rétention (réserve utile resse et prédiction d ' une di sponib i l ité probable en eau au aclj ustment to the clehyclration tolerance of water-stressecl pigeon
élevée). cours des différentes phases du cycle. pea (Cajanus cajan) leaves. Plant, Cell Environ., 9 : 33-40.
- d ' un p o i n t de v u e é v o l u tif, i l rév è l e l ' inadaptation de Dans le régime A, l 'eau est déficitaire tout au long du cycle. • Définition d ' une stratégie de développement de la plante, FORD C.W. , WILSON J . R . , 1 98 1 . Changes in levels of solutes
l 'espèce ou de la variété cultivée homéohydre aux conditions L'aj ustement de la demande transpi ratoire à une offre très qui ajuste de manière optimale la demande évapotranspira cluring osmotic aclj ustment to water stress in leaves of four tropical
sèches ; réduite passe par une forte limitation de l ' expansion foliaire to ire à la d i spon i b i l ité en eau précédemment déterminée. pasture species. Aust. J. Plant Physiol., 8 ( 1 ) : 77-9 1 .
et nécessite donc un seuil Pc élevé. Caractérisation d ' un idéotype de plante. FOREST F. , 1 984. Simulation du bilan hydrique des cultures plu
- d ' un point de vue agronomique, i l est le facteur responsable
viales. Présentation et util isation du logiciel BIP. Montpellier, IRAT,
des pertes de rendement sous déficit hydrique. Dans le régime B, l ' eau est largement disponible tout au long • Choix des croisements et sélection des lignées à partir des
62 p.
du cycle, hormis durant q ue lques périodes p l u s o u moins critères physiologiques et agronomiques favorables retenus.
longues. L'aj ustement de l a demande transpi rato i re à une GOLAN T., PASSIOURA J.B., MUNNS R., 1 986. Soi! water status
offre variable passe plus i c i par l ' exp loitation maximale affects the stomatal conductance of fully turgicl wheat and sunflower
d ' une réserve en eau du sol importante (volant de sécurité) Reçu le 25 jëvrier 1 99 1 . leaves. Aust. J. Plant Physiol., 13 : 459-464.
La stratégie Accepté le 5 mai 1 99 1 .
que par une l i m itation des surfaces fol i aires, qui rédu it la GREEN P.B . , ERICKSON R.O., B UGGY J . , 1 97 1 . Metabolic and
d u mai ntien de la tu rgescence potentialité productive. Dans ces conditions, une v aleur é le physical control of cell elongation rate. /11 vivo stuclies in Nitel/a.
vée de Pc n 'est pas nécessaire. Plant Physiol. , 47 (3) : 423-430.
L'adaptat ion agronom i q ue à l a sécheresse doit donc être
consi dérée comme l ' aptitude de la p l ante à m i n imiser l e L' approche physiologique de l ' adaptation à la sécheresse HSIAO TC., 1 973. Plant responses to water stress. Ann. Rev. Plant
recours à l ' état de s u r v i e s o u s conditions hydriques l i m i décrite ici peut être traduite en termes agroc limatologiques. Physiol., 24 : 5 1 9-570.
tantes, soit p l u s précisément comme la capacité à maintenir Il s ' ag i ra a l ors d e m a x i m i s e r l e s rapports p e n t a d a i r e s
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et l ' autre des éléments de ce rapport. Dans le régime A, l ' eau cleath in rice (Oryza sativa L.). Plant Physiol., 75 (2) : 338-34 1 .
L' hypothèse que nous avons émise sur le rôle de la turges étant faiblement disponible d ' une manière continue, l ' ETR
ne pourra j amais être élevée et l 'on cherchera donc à réduire J O H N S ON R . C . , N G U YEN H .T. , C R O Y L . I . , 1 984. Osmotic
cence critique d'élongation, Pc, nous amène à définir, d ' une
l ' ETM en limitant les surfaces transpirantes. Dans le régime acljustment and solute accumulation in two wheat genotypes cliffe
manière très schématique, trois états distincts de l ' appareil BARLOW E.W.R., LEE J .W. , MUNNS R., SMART M.G., 1 980. ring in clrought resistance. Crop Sei., 24 (5) : 957-963.
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soybean and s u n flower at various leaf water potent i a l s . Plant
S i Pc est proche de 0, la plante passera quasiment sans transi Les idées exprimées ici possèdent une impl ication agrono
Physiol., 46 (2) : 233-235.
tion d' une phase de pleine croissance à l 'état de s urvie. Si Pc mique simple : face à la sécheresse, l ' unique i ssue offerte à la 538-545 .
est au contraire de valeur élevée, un léger déficit hydrique plante cultivée est la préservation d ' un état hydrique compa BOYER J.S., 1 976. Water cleficits and photosynthesis. /11 : Water
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être réduit sous contrainte hydrique, doit ! 'être par une limi BROOKS A., JENNER C.F., ASPIN AL D., 1 982. Effects of water
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- A : pluviométrie du cycle très limitante, distribution régu à la sécheresse pourrait être menée en trois étapes qui feraient CUTLER J . M . , S H A H A N K . W. , S T E PO N K U S P. L . , 1 9 8 0 . MORGAN J . M . , KING R. W., 1 984. Association between loss of
lière, sol sableux à faible capacité de rétention (réserve utile appel aux compétences de l 'agroclimatologiste, du physiolo A l teration o f t h e internai water re lat ions of rice i n response to leaf turgor, abscisic acicl levels and seecl set in two wheat cultivars.
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Adaptation à la sécherese et productivité des plantes 37
• Description des conditions agrocl imatologiques de séche FLOWER D.J., LUDLOW M . M . , 1 986. Contribution of osmotic
resse et prédiction d ' une d i spon i b i l ité probable en eau au adjustment to the dehydration tolerance of water-stressed pigeon
cours des différentes phases du cycle. pea (Cajanus cajan) leaves. Plant, Cell Environ., 9 : 33-40.
• Définition d ' une stratégie de développement de la plante, FORD C.W. , WILSON J . R . , 1 98 1 . Changes in levels of solutes
qui ajuste de manière optimale la demande évapotranspira during osmotic adjustment to water stress in leaves of four tropical
to ire à la d i spon i b i l i té en eau précédemment déterm inée. pasture species. Aust. J. Plant Physiol., 8 ( 1 ) : 77-9 1 .
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• Choix des croisements et sélection des l ignées à partir des
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Adaptation à la sécherese et productivité des plantes 39
Summary Resumen
RAISSAC (DE) M. - Mechanisms of drought adaptation and RAISSAC (DE) M. - Mecanismos de adaptaci6n a la sequia y
maintenance of productivity in crop plants. mantenimiento de la productividad de las plantas cultivadas.
A fter a glance over evolution the author briefly reviews the Después de un breve anal isis de la evoluci6n, se hace una resefia
mechanisms of drought adaptation and the characterization de los mecanismos de adaptaci6n a la sequfa y los parametros de
p arameters of the w ater status. The d i s tinction between a caracterizaci6n del estado hfdrico. La distincci6n entre el estado
productive state and a survival state of the plant leads to discuss productivo y el estado de sobrev ivenc ia de la planta ! lev a a
the agronomie transposition of some adaptative mechanisms in the examinar la transposici6n agron6mica de ciertos mecanismos de
ecological sense. It is deduced that for its production the unique adaptaci6n en el sentido ecol6gico. De el lo se deduce que, ante la
way of a crop plant faced with drought is to maintain a water status sequfa, la planta cultivada por su producci6n no tiene mas remedio
preserving the integrity of its physiological fonctions, thereby que mantener un estado hfdrico que preserve la integridad de sus
implying the use of avoidance morphological mechanisms which fun c i ones fi s i o l 6g i c as , lo c u al i m p l i c a l a u ti l izac i 6n de
ensure the plant water balance. The reduction of the transpiration mecanismos morfo l6gicos de prevenci6n que tienden a equilibrar
flow must be brought about by an adaptive limitation of the shoot el balance hfdrico de la planta. La reducci6n del flujo transpiratorio
growth, associated with turgor maintenance, and not by a stomatal tiene que darse mediante una limitaci6n adaptativa del crecimiento
regu lation linked to its suppression. It is assumed here that the aéreo, asoc iada con el manteni miento de la turgencia, y no
critical elongation turgor plays a major role in the process of medi ante la regu laci6n estomatica, ligada a su anulac i6n . Se
ev apotransp i ri ng are a l imi tation as w el l as i n the osmo tic propane como hip6tesis que la turgencia crftica de la elongaci6n
adjustment and morphological plasticity. desempefia un pape! fondamental en el proceso de limitaci6n de las
superficies evapotranspirantes, asf como en el aj ustamiento osm6-
Key words: drought, adaptation, avoiding, tolerance, tu rgor, tico y la plasticidad morfol6gica.
stomatal regulation, osmotic adjustment.
Palabras-clave : seq u fa, adaptacfon, prevenc i6n , toleranc ia,
turgencia, regulaci6n estomatica, ajustamiento osm6tico.
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