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Jean Bodel

« Brunain, la vache au prêtre »


(fabliau)

Je conte [l’histoire] d’un vilain et de sa La vache du prêtre se baisse


femme : Parce qu’elle voudrait paître ;
Pour la fête de Notre-Dame Blérain ne veut pas le souffrir :
Ils allaient prier à l’église. Elle tire la longe si fort
Le prêtre, avant l’office, Qu’elle entraîne Brunain dehors.
Vint prononcer son sermon : Elle l’a tant menée, par maisons,
Il dit qu’il faisait bon donner Par chènevières et par prés,
Pour Dieu, si l’on sait le comprendre ; Qu’elle est revenue chez elle,
Que Dieu rendait au double [l’offrande] Avec la vache du prêtre,
A qui donnait de bon cœur. Qu’elle avait bien de la peine à mener.
« Entends-tu », fait le vilain, « belle sœur, Le vilain regarde et la voit :
La promesse de notre prêtre ? Il en a grande joie au cœur !
Qui, pour Dieu, donne de bon cœur, « Ah ! » fait-il « belle sœur,
Reçoit de Dieu deux fois plus. Vraiment Dieu est bon « doubleur »,
Nous ne pouvons mieux employer Car Blérain revient avec une autre,
Notre vache, si bon te semble, Elle amène une belle vache brune ;
Que de la donner, pour Dieu, au prêtre : Nous en avons maintenant deux pour une :
D’ailleurs elle produit peu de lait ! Notre étable sera petite !
[…]
Le vilain se sépare du prêtre. Par cet exemple, ce fabliau nous dit
Le prêtre commande aussitôt Que fol est qui ne se résigne.
Qu’on fasse, pour l’apprivoiser, Celui-là a le bien à qui Dieu le donne,
Lier Blérain avec Brunain, Et non celui qui le cache ou l’enfouit.
Sa propre vache, une belle bête. Nul ne peut multiplier ses biens
Le clerc la mène en leur jardin, Sans grande chance, pour le moins.
Trouve leur vache, ce me semble, Par grande chance le vilain eut
Les attache toutes deux ensemble ; Deux vaches, et le prêtre aucune.
Puis il s’en retourne et les laisse. Tel croit avancer qui recule.
Žan Bodel

„Brinen, sveštenikova krava“


(fablio)

Ispričaću vam priču o seljaku i njegovoj Sveštenikova krava se nagne,


ženi: Jer je želela da pase;
Na Bogorodičin praznik Bleren to ne dopušta:
Otišli su u crkvu da se pomole. Vuče konopac tako jako
Pre bogosluženja, Da povlači drugu kravu napolje.
Sveštenik održa propoved: Toliko ju je vodila je pored kuća,
Reče da je dobro davati Bogu, preko polja konoplje i preko livada,
Ko to ume da shvati; Da se najzad vratila kući,
I da Bog dvostruko vraća Sa sveštenikovom kravom,
Onom koji mu daje dobre volje. Koju je s velikom mukom vukla za sobom.
„Čuješ li, ženo,“ reče seljak, Seljak pogleda i spazi je:
„Šta nam obećava sveštenik?“ Srce mu je puno radosti!
„Ko dobre volje daje Bogu, „Ah, draga ženo“, reče on,
Dobiće od njega dvostruko više. „Tačno je da Bog vraća dvostruko.
Ne možemo bolje da upotrebimo Bleren se vraća, i dovodi sa sobom
Našu kravu, ako se slažeš, Još jednu lepu smeđu kravu;
Nego da je za Boga damo svešteniku. Sada imamo dve krave umesto jedne:
Uostalom, ona daje malo mleka.“ Štala će nam biti mala!“
[…]
Seljak ode od sveštenika. Ovaj fablio nam kazuje
Ovaj odmah zapovedi, Da je lud ko ne prihvati šta mu je dato.
Kako bi je pripitomili, Dobro pripada onome kome ga je Bog dao,
Da se Bleren veže uz Brinen, A ne onome ko ga sakriva.
njegovu kravu, lepu zverku. Niko ne može bez mnogo sreće
Klerik je odvede u baštu, Da umnoži svoj imetak.
Nađe sveštenikovu kravu Slučajno je seljak stekao dve krave,
I priveza ih jednu za drugu. A sveštenik ostao bez ijedne.
Zatim ode i ostavi ih. Ko drugome jamu kopa, sam u nju pada.

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