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Foerster
Foerster F. W. L'erreur mondiale dans l'interprétation de la mentalité allemande. In: Politique étrangère N°5-6 - 1948 - 13e
année pp. 409-418.
doi : 10.3406/polit.1948.2835
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1948_num_13_5_2835
L'ERREUR MONDIALE DAMS L'INTERPRÉTATION
DE LA MENTALITÉ ALLEMANDE
cratie qui a l'appui du peuple, l'Amérique est une démocratie with the consent
of the bosses, l'Allemagne était une autocratie militaire qui avait l'adhésion
enthousiaste de la majorité du peuple allemand.
On peut aller plus loin encore. Il est vrai que le peuple allemand dans sa
grande majorité laissait les décisions pratiques de la politique aux experts
compétents. On connaît en France le livre de Faguet,Le Culte de Vincom"
pétence ; en Allemagne, on avait le culte de la compétence, mais avec cette
importante restriction que le peuple allemand a toujours créé l'idéologie
générale dont les hommes d'Etat se faisaient les exécuteurs obéissants.
Bismarck se targuait de n'avoir fait qu'exécuter et traduire les grandes idées
et les rêves politiques du peuple allemand. Qui contestera que le milita
risme, le nationalisme et le pangermanisme étaient devenus une ivresse
politique presque générale, à côté de laquelle seule une petite minorité
LA MENTALITÉ ALLEMANDE 413
La France a raison.
volonté, ils pourront dans vingt-cinq ans reprendre leurs rêves de domi- 1
nation mondiale. à
Mes propres observations, poursuivies pendant plus de cinquante ans, i
m'ont amené aux mêmes conclusions que le journaliste français. 4
II est temps de réfléchir encore. On pourrait reviser à la dernière minute
une politique qui ne peut conduire qu'à une terrible catastrophe» On n'a
rien retenu d'une première expérience, *on ferme de nouveau les yeux à la
réalité et on croit trouver dans une Allemagne démocratique la solution de
toutes les difficultés. Cette démocratie existera... et elle votera pour un
nouvel Hitler. « Si vous ne vous servez pas de vos yeux pour voir, vous
aurez à vous en servir pour pleurer », disait, il y a cent ans, le poète Jean
Paul.
F. W. FOERSTER.