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Machines synchrones

triphasées

1 CONSTITUTION – PRINCIPE – EXCITATION


• Constitution : deux parties séparées par un entrefer.
– Rotor ou roue polaire : C’est la partie tournante. Parfois c’est un aimant permanent
pour les petites machines, mais en général c’est un électroaimant sous forme d’un
cylindre ferromagnétique massif recevant un bobinage qui, alimenté en courant
continu (excitation), génère p paires de pôles sud et nord alternés.
Il existe des rotors à pôles saillants avec un nombre de paires de pôles p élevé, ou
à pôles lisses (Fig. 40.1 et Fig. 40.2).
– Stator : C’est la partie fixe, sous forme d’une carcasse ferromagnétique feuilletée
comportant un bobinage triphasé qui, parcouru par des courants triphasés équili-
brés génère un champ tournant à répartition quasi-sinusoïdale de même nombre
de pôles qu’au rotor. Les enroulements peuvent être couplés en étoile (cas le plus
fréquent) ou en triangle.

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Machines électriques

Remarque : Généralement, l’inducteur est au rotor et l’induit au stator.

Rotor

Stator Entrefer

Fig. 40.1 Machine à pôles lisses Fig. 40.2 Machine à pôles saillants

• Principe. Si on entraîne le rotor à la vitesse constante V, les enroulements stato-


riques, soumis au champ tournant rotorique, créent par induction un système triphasé
de pulsation v = pV ou f = pn (v et V en rad/s, f la fréquence en Hz et n la vitesse
en tr/s), p étant le nombre de paires de pôles du rotor. C’est le fonctionnement en
alternateur, utilisé dans la production d’énergie électrique.
• Réversibilité. Fonctionnement en moteur. Si on alimente le stator en triphasé et si
on lance le rotor, celui-ci poursuit sa rotation à la vitesse de synchronisme V = v/p
du champ tournant (ce champ résulte des champs tournants rotorique et statorique).
• Excitation de la machine
– Ce peut être une source extérieure qui alimente le rotor en courant continu via un
système de bagues et de balais.
– Ce peut être la machine elle-même qui fournit sa propre excitation via une généra-
trice excitatrice ou un alternateur auxiliaire relié sur l’arbre. La machine est alors
auto-excitée.
• Symboles et conventions (Fig. 40.3)

Ie i1 Ie i1

GS i2 u12 MS i2 u12
Ue u31 Ue u31
3 i3 u23 3 i3 u23

Alternateur Moteur
Fig. 40.3 Symboles et conventions

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• Plaque signalétique (Fig. 40.4)
– La tension la plus faible est la tension nominale d’un enroulement du stator.
– Le courant le plus faible est le courant nominal en ligne dans le cas d’un couplage
en étoile. Une plaque à bornes permet de réaliser le couplage.
– Sont aussi indiqués, pour le fonctionnement nominal, la puissance apparente, la
fréquence d’utilisation, les grandeurs nominales (tension et courant) de l’excita-
tion et parfois un facteur de puissance.

230 / 400 V 5,25 / 3 A


2 kVA cosϕ 0,8 50 Hz
Ex: 50 V 2,4 A

Fig. 40.4 Plaque signalétique

Remarque : Un alternateur, comme un transformateur, n’a pas de facteur de


puissance intrinsèque. Idéalement, il devrait être égal à l’unité. En pratique,
on tolère un fonctionnement avec un facteur de puissance parfois indiqué sur
la plaque.

2 ALTERNATEUR TRIPHASÉ
2.1 Alternateur à vide
• Tensions aux bornes des enroulements. Aux bornes de chaque enroulement, l’al-
ternateur fournit des tensions triphasées équilibrées :
⎧ √

⎨e1 (t) = EEff √2 sin(vt)
e2 (t) = EEff 2 sin(vt − 2p/3)

⎩ √
e3 (t) = EEff 2 sin(vt − 4p/3)

• Fém efficace aux bornes d’un enroulement

EEff = KNfFMax

EEff : valeur efficace de la fém à vide aux bornes de l’enroulement en V ; K : coef-


ficient de Kapp qui dépend de la machine ; N : nombre de conducteurs actifs de
l’enroulement ; f : fréquence de la tension induite en Hz (f = pn où n est la vitesse
de rotation du rotor en tr/s) ; FMax : flux maximal embrassé par une spire (soit deux
conducteurs actifs) en Wb.
Remarque : Le flux est à répartition sinusoïdale w(t) = FMax cos(vt)

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• Caractéristique à vide ou interne (Fig. 40.5). Le point de fonctionnement P se
situe dans le coude de saturation. Du fait de l’hystérésis, la courbe ne passe pas par
l’origine. Il existe une fém rémanente EREff (ainsi qu’un étroit cycle d’hystérésis, non
représenté sur la figure).

EEff (V)
n = cte
P
EEff: fém à vide
Ie: courant d'excitation
P: point de fonctionnement
ER Eff
0 Ie (A)

Fig. 40.5 Caractéristique à vide

2.2 Alternateur autonome en charge


• Autonomie. Un alternateur est autonome s’il alimente seul une charge. C’est par
exemple le cas d’un groupe électrogène. En revanche, il ne l’est plus s’il est couplé
sur le réseau.
• Réaction magnétique d’induit. Lorsque l’alternateur débite, l’induit crée un
champ tournant qui modifie le flux utile, donc la fém. C’est la réaction magnétique
d’induit. La fém en charge est ainsi différente de la fém à vide, créée par la roue
polaire seule.
• Caractéristique en charge ou externe. L’alternateur n’étant pas une source par-
faite, la réaction magnétique d’induit modifie la fém suivant la charge (Fig. 40.6). Ie
devra être modifié pour stabiliser la tension.

VEff (V) n = cte


Ie = cte VEff : tension d'un enroulement
IEff : courant dans l'enroulement
EEff 3
2 1: charge inductive
2: charge résistive
1 3: charge capacitive

0 ICC Eff IEff (A)

Fig. 40.6 Caractéristique en charge

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2.3 Modèle équivalent de la machine ramené au stator
• Modèle de Behn-Eschenburg ou de la réactance synchrone (Fig. 40.7)

jX R I

UX UR
E = V + UX + UR E ECh V

Fig. 40.7 Modèle d’une phase

• Diagramme de Fresnel (Fig. 40.8). D’après le modèle (Fig. 40.7), on a :

δ V UX
UR

→ → −
− → →
− ϕ
E = V + UX + UR Ech
I UX Eff = X IEff
UR Eff = R IEff

Fig. 40.8 Diagramme de Fresnel

VEff : tension d’un enroulement (V) ; IEff : courant dans un enroulement (A) ; EEff :
fém à vide (V) ; ECh Eff : fém en charge (V) ; X : réactance synchrone (V) ; R : résis-
tance d’un enroulement (V) ; X = Lv où L est une inductance qui tient compte de
l’ensemble des enroulements et des fuites.
Remarques :
– Très souvent, R peut être supprimée du schéma car R X. Dans ce cas, la
fém en charge est égale à la tension d’un enroulement.
– L’angle d est un angle électrique appelé angle de décalage interne. Il repré-
sente le décalage du rotor entre les fonctionnements à vide et en charge de la
machine. En alternateur, le rotor avance d’un angle d = pu, u étant l’angle
mécanique, alors qu’en moteur, il se décale en arrière de d.
• Détermination des éléments du modèle. R se détermine à chaud par une mesure
en continu. À partir des caractéristiques à vide et de court-circuit ICC Eff = f(Ie ),
(Fig. 40.9), on détermine, pour Ie1 donné, E1 Eff et ICC1 Eff .

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EEff (V)

 E1 Eff ICC Eff (A)


E21 Eff
D’où : X = − R2 ICC1 Eff
I2CC1 Eff

0 Ie1 Ie (A)

Fig. 40.9 Caractéristiques à vide et de court-circuit

Remarque : Si on ne peut pas mesurer la résistance R de l’enroulement, on


peut toujours mesurer la résistance R1 entre 2 phases. On rappelle qu’avec un
couplage étoile, R1 = 2R alors que R1 = 2R/3 avec un couplage triangle.
• Validité du modèle. Le modèle est utilisable dans le
cas d’un alternateur à pôles lisses non saturé. Dans ce EEff (V)
cas, X est constante. Si l’alternateur est peu saturé, on
peut linéariser la caractéristique à vide et confondre P'
P et P (Fig. 40.10). Si la saturation est plus impor-
tante, on peut conserver le modèle, mais X n’est plus P
constante et doit être déterminée pour chaque point de
fonctionnement.
0 Ie (A)
Remarque : Ce modèle n’est pas le seul, ni le
plus exact (modèle de Potier, qui tient compte
de la saturation, ou modèle de Blondel pour les Fig. 40.10 Alternateur
peu saturé
alternateurs à pôles saillants).

2.4 Bilan des puissances – Rendement


• Arbre des puissances (Fig. 40.11)

Pertes Pertes
Joule et mécaniques Joule Pertes
pJe p fer
m pJs pFs

PA
Rotor Entrefer Stator PU

Puissance PEm = TEm Ω Puissance


mécanique Puissance électrique utile
absorbée sur l'arbre électromagnétique

Fig. 40.11 Arbre des puissances

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PA = TM V Unités : W = Nmrads−1
pJe = Ue Ie Unités : W = VA
pJs = 32 R1 I2Eff Unités : W = VA2

PU = 3 UEff IEff cos w Unités : W = VA

UEff : tension entre phase ; IEff : courant en ligne ; R1 : résistance entre deux phases
du stator ; Ue : tension d’excitation ; Ie : courant d’excitation ; TM : couple mécanique
de la machine d’entraînement.
Remarques :
– Si r est la résistance du circuit d’excitation et Ue la tension d’excitation,
alors :
pJe = Ue Ie = rI2e = U2e /r

– À tension et fréquence constantes, pFs et pm sont constantes.


– La formule pJs = 32 R1 I2Eff , R1 étant la résistante entre deux phases (toujours
mesurable), est indépendante du couplage des enroulements du stator.
• Rendement. Le rendement est toujours excellent.

PU PU
h= =
PA PU + (pm + pJe + pFs + pJs )
Remarque : Si l’alternateur n’est pas auto-excité, PA = TM V + pJe
• Détermination des pertes
– À vide, avec Ie nominal, on mesure PA0 ≈ pm + pFs
– À vide, avec Ie = 0, on mesure PA0 ≈ pm . On en déduit pFs = PA0 − PA0
– Les résistances peuvent être déterminées par un essai en continu.

Couplage sur le réseau


Le réseau impose sa tension et sa fréquence.
• Conditions de couplage. Entre l’alternateur et le réseau, on doit avoir : des tensions
identiques, des fréquences identiques et un ordre des phases identique.

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3 MOTEUR SYNCHRONE
La machine synchrone est réversible. Les résultats établis pour le fonctionnement en
alternateur restent valables. On utilise pour le fléchage la convention récepteur. On
change le sens de rotation en permutant deux fils de l’induit.

3.1 Modèle simplifié – Bilan des puissances et couple


• Modèle de Behn-Eschenburg (Fig. 40.12). Les éléments se déterminent de
même façon que pour le fonctionnement en alternateur.
la → −
− → − →
• Diagramme de Fresnel (Fig. 40.13). D’après le modèle, on a V = E + U X

: jX I
O V
δ
UX ϕ
E V I UX
E

Fig. 40.12 Modèle de Behn-Eschenburg Fig. 40.13 Diagramme de Fresnel

• Bilan
√ des puissances et couple. Le bilan des puissances reste le même avec
PA = 3UEff IEff cos w (électrique) et PU = TU V (mécanique).

3VEff EEff
TEm = sin d et TEm = TU si on néglige les pertes.
VX

3.2 Démarrage – Réglage de la vitesse


Un moteur synchrone ne possède pas de couple au démarrage. Il ne peut être relié au
réseau que si la vitesse est voisine du synchronisme. Quelques procédés possibles de
démarrage :
– On entraîne la machine avec un moteur auxiliaire, puis on couple sur le réseau.
– On alimente le moteur à fréquence variable avec un variateur électronique en
maintenant le rapport VEff /f constant.
– Le moteur génère sa propre fréquence à partir d’informations sur la position du
rotor, il est autopiloté .

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