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les outils,s'estfinalement
faiteavecelles.AvecChristineettoutparticulière-
mentavec Nicolequi estplusprochede montravailen tantqu'ethnologue.
Etpendantde longuespromenades surles quaisde la Seineavec Colette.
Jene sais pas exactement ce qui m'ya poussée: ce qui m'a étonnéec'est
que dans ce groupe,les enfantssoientaussi renvoyésà leur mère; ils
étaientune affairedes femmes, finalement, et il y avaitune structure des
rapports de sexe qui n'étaitpas tellement différente de celledu restede la
société...En lisantdes ouvragesd'ethnologie, je suistombéesurdes points
d'inégalitécrianteen ce qui concernela divisiondu travail.À cette
époque-là,on avaitune idéede la naturedes femmes, on voyaitla division
sexuelledu travail,des tâchesattribuéesaux hommesou aux femmes,
presquecommenaturelle, liée à leursplacesrespectives dans la reproduc-
tion,et la reproduction aussi non commedu social mais commefaitde
nature.Ce qui m'a passionnéeimmédiatement et m'a aussilaisséedansun
étatde stupeur, c'étaitque touten décrivant la divisionsexuelledu travail,
personnene s'étaitaperçuqu'il y avait,commedonnéefondamentale, une
divisionpar rapportaux outils,et que cettedivisionétaitsystématique.
Peut-être que les ehercheure-s la voyaient,la décrivaient, mais ils ne la
considéraient pas commeun nœudextrêmement important de cettedivi-
sion.J'aiétéétonnée,parceque bon,il y avaitbienles marxistes qui par-
laientdes moyensde production, du faitqu'ils sontdans les mainsd'une
classe et pas d'une autre,etc.,maisils ne voyaientpas qu'en plus,même
dansles sociétésqui ontune technologie trèssimple,des sociétésde chas-
seurs-cueilleurs, les moyensde production etles outils,sontdansles mains
des hommeset pas des femmes... ou en toutcas que tousles outilsimpor-
tants,complexesd'une sociétésont dans les mains des hommes.Bref,
c'étaitun champcomplètement non étudié:on présentait la divisiondu
travailcommeune donnéed'évidence ; les hommesontles outilsdontils
ontbesoinpourleurtravail,les femmes ontceux qui leursontnécessaires
pourleurtravail,mais on ne disaitpas que ce sontles outilsqui sontle
critèrede la divisiondu travail.Toutle mondedécrivait, par exemple,que
dans des sociétésde chasseurs-cueilleurs, ce sontles hommesqui ontdes
armes,c'étaitcommeça! Mais, d'une part,mêmequand on décrivaitles
interdictions faitesaux femmesd'avoirdes armes,personnene soulignait
le faitque cetteinterdiction donneaux hommesle monopolede la force,
de la violence,donc du pouvoir...aussi surles femmeset contreles fem-
mes.Et,d'autrepart,les armessontdes outilsprivilégiés pours'approvi-
sionner, pourobtenirpar la chasseet la pêchede la nourriture et spécifi-
des
quement protéines : si elles sontdans les mains des hommes,ça veut
direque les femmes n'ontpas un accès directà une partieessentielle de la
nourriture du groupe.C'estun des moyensqu'ontces sociétéspourobtenir
Quel accueil tes travaux ont-ils reçu dans les universités où tu as travaillé?
2. Population de la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
notamment étudiéepar MauriceGodelier.[N.d.l.r.]
NQFVol.27, No 3 /2008 | 1 3 5.
Tu écris, dans tes textes sur les échanges économico-sexuels, que les femmes
peuvent résisterd'une certaine manière aux échanges qu'on leur impose, mais
que finalement elles sont toujours contraintes d'utiliser leur corps; donc elles
ont une marge de manœuvre qui est relativement restreinte.Dans ce cadre-
là, quelle place vois-tu pour la résistance ou pour un retournement des
choses: est-ce une marge très limitée ou bien y a-t-il une possibilité d'action
qui serait, comme tu viens de le dire, peut-être plus collective?
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