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Cours de Master de Mathématiques Appliquées

Fascicule 5

SUR QUELQUES MODELES


D’ECOULEMENTS DE FLUIDES
EN MILIEU POREUX.
Brahim AMAZIANE(1) et Hassan EL AMRI(2)

(1) Université de Pau et des Pays de l’Adour


Laboratoire de Mathématiques Appliquées
Avenue de l’Université, 64000 Pau, France.
brahim.amaziane@univ-pau.fr

(2) Ecole Normale Supérieure de Casablanca


Route d’El Jadida, Casablanca, Maroc.
hassanelamri@voila.fr

1
Contents
1 Introduction 3

2 Dé…nition d’un milieu poreux 3


2.1 Echelle microscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Equations de Stokes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3 Echelle macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3 Ecoulements monophasiques 5
3.1 Loi de Darcy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.2 Conservation de la masse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.3 Modèle incompressible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

4 Ecoulements diphasiques immiscibles 6


4.1 Quelques dé…nitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

4.1.1 Saturation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4.1.2 Perméabilités relative et e¤ective . . . . . . . . . . . . 7
4.1.3 Pression capillaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4.1.4 Mobilité d’un ‡uide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 Loi de Darcy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.3 Equation de continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.4 Loi de la pression capillaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.5 Modèle diphasique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.6 Nouvelle formulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.6.1 Pression globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.6.2 Conditions aux limites et initiale . . . . . . . . . . . . 14

5 Ecoulements miscibles 15
5.1 Intérêt du déplacement par ‡uide miscible pour l’exploitation
des gisements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
5.2 Equations des écoulements de ‡uides incompressibles miscibles
en milieu poreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5.2.1 Equation de la pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5.2.2 Equation de la concentration . . . . . . . . . . . . . . . 16

2
6 Ecoulements multiphasiques en milieu poreux 17
6.1 Caractéristiques du milieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
6.2 Les inconnues du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
6.3 Caractéristiques des phases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
6.4 Equations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
6.4.1 Equation de conservation de la masse . . . . . . . . . . 18
6.4.2 Equation reliant ‡ux et pression . . . . . . . . . . . . . 18
6.4.3 Equations thermodynamiques . . . . . . . . . . . . . . 18
6.4.4 Equations complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . 19
6.4.5 Nombre d’équations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
6.5 Quelques exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

1 Introduction
La modélisation des phénomènes de transport en milieu poreux intervient
dans divers domaines (chimie, agriculture, hydrogéologie, nappes aquifères,
problèmes de pollution, ingénierie pétrolière...).
Dans les problèmes de pollution des nappes phréatiques par des produits
chimiques (les engrais en agriculture, décharges publiques ...) l’eau de pluie
chargée de ces produits (ou en poussant ces produits) s’in…ltre à travers le
sous sol pour attérir dans les eaux souterraines.
En ingénierie petrolière, pour exraire de l’huile de pétrole, on injecte de
l’eau (par des puits d’injection) qui pousse l’huile qu’on récupère à la sor-
tie (par des puits production). Comme le sous sol est un milieu poreux,
une étude mathématique des écoulements de ‡uides dans les milieux poreux
s’impose aussi dans ce domaine. Pour une introduction et dé…nition rigoureuses
des milieux poreux voir, par exemple, les livres de Marle [5], Aziz Settari [1],
Chavent Ja¤ré [3], et Bear Bachmat [2].

2 Dé…nition d’un milieu poreux


2.1 Echelle microscopique
A l’échelle microscopique le milieu poreux est constitué de petites cellules
”identiques” Y . Dans chaque cellule il y a une partie vide Yf où les ‡uides
peuvent s’écouler et une partie solide Ys . Penser au grains de sable dans une
plage, les grains de café dans une cafétière...

3
Ys

Yf

Fig. 1 : Cellule élémentaire.


Soit un ouvert borné de RN : Soit " > 0 un petit paramètre représentant
les dimensions des cellules. Soit Y = Yf [ Ys [ une cellule normalisée (c’est
à dire de dimensions 1). On pose
n x o
"f = fx 2 ; x 2 "Y f g = x 2 ; 2 Y f
n " o
x
"s = fx 2 ; x 2 "Ys g = x 2 ; 2 Ys
"
est alors dit milieu poreux homogène. Les cellules sont entassées d’une
manière périodique.
La frontière de "f est constituée de la frontière externe de est des
frontières des petits solides "Ys :
n x o
@ "f = x 2 ; 2 [@
"

2.2 Equations de Stokes


Les équations qui régissent l’écoulement d’un ‡uide incompressible dans le
milieu poreux "f sont celles de Stokes :
8 !
< u + rp = f dans "f
!
div u = 0 dans "f
:
+C:B sur @ "f
où ~u est le vecteur vitesse du ‡uide et p sa pression.
Remarque 2.1 Lorsque les pores sont petits (c’est presque toujours le cas)
il est impossible de faire l’analyse numérique de ce problème d’une manière
directe. On ne peut pas faire un maillage de l’ouvert "f en respectant les
petits grains (solides) et prendre en considération leurs frontières pour les
conditions au bord. D’où un recours à une vue macroscopique du domaine.

4
2.3 Echelle macroscopique
Par des techniques expérimentales ou mathématiques (homogénéisation) on
peut déterminer les caractéristiques suivantes d’un milieu poreux.
Dé…nition 2.2 = porosité du milieu poreux = Rapport du volume des
parties vides au volume total.
Remarque 2.3 La porosité se calcule expérimentalement en prenant un échan-
tillon du milieu poreux et de faire le rapport des vides par rapport au volume
total de cet échantillon.
En fait la porosité est une propriété locale. Elle di¤ère d’un point à l’autre.
On dé…nit alors la porosité locale (en un point) en prenant des échantillons
au voisinage de ce point. Ces échantillons ne doivent être de volume ni trop
grand ni trop petit.
Des méthodes expérimentales (laboratoire) donne une idée sur la porosité
d’un milieu poreux en extrayant des blocs par forage.
K = tenseur des perméabilités absolues du milieu poreux.
Remarque 2.4 K est une matrice symétrique dé…nie positive.
Lorsque K = I on dit que le milieu est isotrope. Sinon on dit qu’il est
anisotrope.

3 Ecoulements monophasiques
On considère un ‡uide de viscosité qui s’écoule dans un milieu poreux de
caractéristiques ( ; K).

3.1 Loi de Darcy


La vitesse globale ~q du ‡uide est liée à la pression P par la loi de Darcy :
K
~q = (rP g) (1)

où 8
>
> ~q est la vitesse du ‡uide
>
>
< P sa pression
sa viscosité
>
>
>
> sa densité
:
~g le vecteur accélération de la pesanteur

5
3.2 Conservation de la masse
La loi de la conservation de la masse s’écrit :
@
+ div( !
q)=0 (2)
@t
Remarque 3.1 Lorsque le ‡uide est incompressible alors = cte et l’équation
(2) devient
div !q =0 dans (3)

Remarque 3.2 Lorsque le ‡uide est faiblement compressible alors :

= 0 [1 + Cf (P P0 )] (4)

La viscosité dépend, elle aussi, de la pression.

3.3 Modèle incompressible


Les équations gouvernant l’écoulement macroscopique d’un ‡uide incom-
pressible dans un milieu poreux de caractéristiques ( ; K) sont donc :
8
< K !
~q = (rP g ) dans (1)
(5)
: div ! q =0 dans (2)

auxquelles il faut ajouter des conditions aux limites.

4 Ecoulements diphasiques immiscibles


On considère maintenant dans un milieu poreux l’écoulement de deux ‡uides
1 et 2 immiscibles incompressibles (c’est en fait la poussée d’un ‡uide par un
autre). On indexe par i toutes les caractéristiques physiques du ‡uide i (i = 1
ou 2): On commence par dé…nir les di¤érentes variables qui interviennent
dans ce chapitre.

4.1 Quelques dé…nitions

On se réfère à [3] pour les dé…nitions des variables physiques suivantes.

6
4.1.1 Saturation
Dé…nition 4.1 On appelle saturation Si du ‡uide i le pourcentage de volume
occupé par le ‡uide i:

4.1.2 Perméabilités relative et e¤ective


D’après Marle [5] la perméabilité relative kri dépend de la saturation en ‡uide
Si :
kri = kri (Si )

4.1.3 Pression capillaire


L’interface séparant deux ‡uides de caractéristiques physiques di¤érentes est
courbée vers l’un des deux ‡uides [5]. La courbure c dépend de ces ‡uides et
de la saturation. Cette courbure est due à une pression qu’exerce les ‡uides
l’un sur l’autre, c’est la pression capillaire PC . Elle véri…e

PC = cT

où T est la tension interfaciale qui est une caractéristique des ‡uides consid-
érés.
Dans le cas où la courbure est un arc de sphère de rayon R alors la
2
courbure c = et on a :
R
2T
PC = (6)
R
Dans le cas où la courbure n’est pas sphérique on a :
1 1
Pc = T ( + ) (7)
R1 R2
où R1 et R2 sont les rayons de courbure principaux de l’interface.

7
Air

eau

Solide

Fig. 2 : Forces de tension aux interfaces ‡uide-‡uide ou ‡uide-solide.

Eau
Bord

Fig. 3 : Rayons de courbure principaux.

8
Fig. 4 : Forces capillaires d’équilibre à l’interface entre deux ‡uides
immiscibles.

Fig. 5 : Angle de mouillage.

4.1.4 Mobilité d’un ‡uide


Dé…nition 4.2 On appelle mobilité du ‡uide i de viscisité i et de perméa-
bilité relative kri la quantité
kr
ki = i (8)
i

9
Dé…nition 4.3 On appelle mobilité totale de deux ‡uides 1 et 2 la quantité
kr 1 kr2
k = k1 + k2 = + (9)
1 2

4.2 Loi de Darcy


La loi de Darcy pour chaque ‡uide s’écrit (en négligeant les e¤ets de la
pesanteur)
Kkri
~qi = rPi dans , i = 1; 2
i

En utilisant (8) alors les équations de Darcy deviennent :


!
qi = Kki rPi dans ; i = 1; 2 (10)

4.3 Equation de continuité


Les pores sont supposés entièrement occupés par le ‡uide. On a alors

S1 + S2 = 1 dans (11)
La loi de la conservation de la matière s’écrit
@Si
(x) + div !
qi = 0 dans , i = 1; 2 (12)
@t

4.4 Loi de la pression capillaire


Au contact entre les deux ‡uides apparaît une interface courbée vers l’un des
deux ‡uides. Ceci est dû à la di¤érence des pressions qu’exercent les ‡uides
l’un sur l’autre. Soit Pi la pression du ‡uide i:

Dé…nition 4.4 On appelle pression capillaire la quantité PC = P1 P2 :

Remarque 4.5 Le signe de la pression capillaire est arbitraire, on postule


que celui des ‡uides qui a la plus grande pression est le ‡uide non mouillant.
On suppose que c’est le ‡uide 1: Dans ce cas P1 < P2 ; donc PC < 0:

Remarque 4.6 PC dépend des saturations Si des deux ‡uides; d’après (11)
on peut écrire que PC = PC (S1 ):

10
Fluide non mouillant 2 Fluide mouillant 1

Fig.6 : Surface de contact entre deux ‡uides immiscibles.

4.5 Modèle diphasique


Les équations régissant l’écoulement de deux ‡uides incompressibles et im-
miscibles sont données par :

8 !
>
> qi = Kki rPi dans ]0; T [ , i = 1; 2
>
< S1 + S 2 = 1 dans ]0; T [
@Si
>
> (x) + div !
qi = 0 dans ]0; T [ , i = 1; 2
>
: @t
PC = P1 P2

auxquelles il faut ajouter des conditions au bord et une condition initiale.

4.6 Nouvelle formulation


En introduisant la vitesse de …ltration totale

~q = !
q1 + !
q2

et d’après (11) en prenant la somme des deux équations de (12) pour i = 1; 2


on obtient :
div !
q =0
Posons S = S1 :
En utilisant la relation algèbrique suivante

(k1 + k2 )!
q1 = k2 !
q1 k1 !
q2 + k1 (!
q1 + !
q2 )

11
on obtient :

@S k 1 k2 k 1 k2 k1
(x) div( KrP1 KrP2 (!
q1 + !
q2 ) = 0
@t k 1 + k2 k 1 + k2 k1 + k2
ou encore
@S k1 k2 k1
(x) div KrPC + div (!
q1 + !
q2 ) =0
@t k1 + k2 k1 + k 2
On introduit les notations suivantes :
8
>
> k1 (S)k2 (S)
>
> a(S) = PC (S) 0
>
> kR1 (S) + k2 (S)
< S
(S) = 0 a( )d
(13)
>
> k1 (S)
>
> b(S) =
>
> k1 (S) + k2 (S)
:
d(S) = k1 (S) + k2 (S) mobilité totale
et remarquons que

0
k1 k2 a(S) (S)
KrPC = KrPC = KrPC
k 1 + k2 PC (S) PC (S)
0
(S)
= 0
KPC0 (S)rS = 0 (S)KrS
PC (S)
= Kr (S)
Alors l’équation en saturation ci-dessus s’écrit sous la forme
@S
(x) div [K(x)r (S)] + div [b(S)~q] = 0 (14)
@t

4.6.1 Pression globale


Dé…nition 4.7 On appelle pression globale la quantité
1
P = (P1 + P2 ) + (S) (15)
2
où Z S
1
(S) = b( ) PC0 ( )d (16)
0 2

12
Lemme 4.8 La pression globale P véri…e

(k1 + k2 )rP = k1 rP1 + k2 rP2 (17)

Démonstration 4.9
1 1
rP = r(P1 + P2 ) + r (S) = r(P1 + P2 ) + 0 (S)rS
2 2
1 1
= r(P1 + P2 ) + b(S) Pc0 (S)rS
2 2
1 1
= r(P1 + P2 ) + b(S) rPc (S)
2 2
1 1
= r(P1 + P2 ) + b(S) r(P1 P2 )
2 2
1 1 1 1
= rP1 + rP2 rP1 + rP2 + b(S)r(P1 P2 )
2 2 2 2
k1
= rP2 + r(P1 P2 )
k1 + k2
1
= [(k1 + k2 ) rP2 + k1 r(P1 P2 )]
k1 + k2
k1 rP1 + k2 rP2
=
k 1 + k2
c’est à dire :
(k1 + k2 )rP = k1 rP1 + k2 rP2

De (10) on déduit que :

~q = K (k1 rP1 + k2 rP2 )


= K(k1 + k2 )rP
= Kd(S)rP

c’est à dire
~q = Kd(S)rP
En résumé le système devient :
Equation en pression :

~q = Kd(S)rP
(18)
div !
q =0

13
Equation en saturation :
(
0 S(x; t) 1
@S (19)
(x) div [K(x)r (S)] + div [b(S)~q] = 0;
@t
Remarque 4.10 Le problème (18), (19) est constitué d’une équation el-
liptique (l’équation en pression) couplée avec une équation parabolique non
linéaire de type di¤usion-convection (l’équation en saturation). Les incon-
nues sont au nombre de 5 : les trois composantes de la vitesse de …ltration
totale ~q, la pression globale P et la saturation S.

4.6.2 Conditions aux limites et initiale


Soit un ouvert borné de RN ; …gurant le gisement, de frontière assez régulière
, de vecteur normal à la frontière notée ~n et ]0; T [ l’intervalle de temps
d’étude du phénomène. On suppose que la frontière est partitionnée comme
suit :
8
>
> = 1 [ 2 [ 3 avec i \ j = ; pour i 6= j
<
1 = frontière d’injection
(20)
>
> 2 = frontière de production
:
3 = frontière imperméable

Γ3

Γ1 Γ2

Fig. 7 : Représenation du domaine .

- Sur 1 on impose un débit total donné et on suppose que la frontière 1


est entièrement mouillée par l’eau, ce qui se traduit par :

~q:~n = qd
sur 1
S=1

14
- Sur 2 ; où a lieu la production, on suppose qu’on opère à pression
constante donnée et on suppose qu’on opère avant le temps de percée :

P = P0
sur 2
S=0
- Conditions initiales

S(x; 0) = S0 (x) dans

Le problème …nal à étudier est le suivant :

8
> Trouver la vitesse ~q; la pression P et la saturation S telles que
>
>
>
> Dans ]0; T [
>
> 8
>
> > ~q = Kd(S)rP
>
> >
>
>
> < div ! q =0
>
>
>
> 0 S(x; t) 1
>
> >
>
>
> >
: (x) @S div [K(x)r (S)] + div [b(S)~q] = 0
>
>
< @t
Conditiosn
8 ! au bord (21)
>
> > q :~n = qd
>
> >
> sur 1 ]0; T [
>
> >
< S=1
>
>
>
> !q :~n = 0 sur 3 ]0; T [
>
> >
>
> >
> P = P
>
> >
:
0
sur 2 ]0; T [
>
> S=0
>
>
>
> Condition initiale
>
:
S(x; 0) = S0 (x) dans

5 Ecoulements miscibles
5.1 Intérêt du déplacement par ‡uide miscible pour
l’exploitation des gisements
Lorsqu’un ‡uide tel que l’eau déplace, dans un milieu poreux, un autre ‡uide
tel que l’huile, avec lequel il est immiscible, le déplacement n’est jamais total
car les forces capillaires retiennent dans les pores une partie du ‡uide déplacé.
C’est pourquoi, lorsqu’un gisement d’huile est exploité par déplacement par
un ‡uide non miscible avec cette huile, la récupération ne peut être totale.
En …n d’exploitation, la saturation en huile dans le gisement est partout

15
au moins égale à la saturation résiduelle, valeur minimale possible pour un
déplacement par un ‡uide non miscible avec l’huile.
En cherchant un procédé de récupération plus e¢ cace, on a songé à utiliser
pour déplacer l’huile, un ‡uide miscible avec elle. Dans ces conditions, les
forces capillaires sont supprimées et une récupération totale est en principe
possible.

5.2 Equations des écoulements de ‡uides incompress-


ibles miscibles en milieu poreux
5.2.1 Equation de la pression
8
< K
~q = rP
(C) dans ]0; T [
: div ! q =0

5.2.2 Equation de la concentration


(
0 C(x; t) 1
@C dans ]0; T [
(x) + div [D(x; ~q)rC + C ! q]=0
@t
où :
q1
C est la concentration du ‡uide et ~q = sa vitesse de …ltration.
q2
D est le tenseur symétrique d’ordre 2 de di¤usion-dispersion donné par

dl q12 q1 q2 dt q22 q1 q2
D(x; ~q) = (x)dm I + +
j~qj q1 q2 q22 j~qj q1 q 2 q12
avec
- I matrice identité
- dm : coe¢ cient de di¤usion moléculaire
- dl : coe¢ cient de dispersion longitudinale
- dt : coe¢ cient de dispersion transversale

16
6 Ecoulements multiphasiques en milieu poreux
On s’intéresse ici aux équations régissant l’écoulement d’un ‡uide (compsé
de plusieurs phases, plusieurs constituants) dans un milieu poreux RN
(N = 1; 2; 3).

6.1 Caractéristiques du milieu


Le milieu est caractérisé par sa porosité et son tenseur de perméabilité
absolue K: On suppose en général que = (x; P ) où P est la pression de
référence. (En général P est la pression de la phase huile).
Le tenseur K est supposé ne dépendant que de x 2 : Et il peut être
discontinu.

6.2 Les inconnues du problème


Le ‡uide est formé de plusieurs phases (notées p) formées elles mêmes de
plusieurs constituants (notés c):

Exemple 6.1 Dans le modèle ”black oil” il y a trois phases (eau, huile liq-
uide et gaz), notées w; o; g et trois constituants (eau, huile lourde et huile
légère) notés w; h; l:

A l’instant t les inconnues au point x sont :

Sp = Sp (x; t) = Saturation de la phase p = Pourcentage des vides


occupés par la phase p:

Xpc = Xpc (x; t) = Fraction masique du constituant c dans la phase p.

P = P (x; t) = Pression de référence (prise égale à celle de l’une des


phases)
!
qp = !
qp (x; t) = Vitesse de la phase p:

6.3 Caractéristiques des phases


c
p = p (P; Xp ) = Masse volumique (densité) de la phase p

17
krp = krp (Sp0 ) = Perméabilité relative de la phase p en présence des
autres phases.
c
p = p (P; Xp ) = Viscosité de la phase p

PCp = PCp (Sp0 ) = Pression capillaire de la phase p par rapport à la


phase de référence.

On note aussi p = P PCp pression de la phase p:


A ces caractéristiques il faut également ajouter éventuellement certains
coe¢ cients donnés par les lois de la thermodynamique. (Voir Modèle Black
Oil de l’exemple 6.4 ci-dessous).

6.4 Equations
6.4.1 Equation de conservation de la masse
Pour chaque constituant c on a :
! !
@ X X
Xpc p Sp + div Xpc p !
qp = fc (22)
@t p p

où fc représente un terme ”source”prenant en compte les puits du gisement.

6.4.2 Equation reliant ‡ux et pression


Elle est donnée par la loi de Darcy :

! krp
qp = K grad p p~
g (23)
p

où ~g représente le vecteur de gravitation.

6.4.3 Equations thermodynamiques


Pour un constituant c, présent dans nc phases, les lois de la thermodynamique
donnent (nc 1) équations qui peuvent être, par exemple (Voir Modèle Black
Oil exemple 3 ci-dessous)

Ypc Ypc0 :Kpp


c
0 = 0 (24)

18
avec
Xpc =M c
Ypc =P
Xpc0 =M c0
c0

où M c est la masse molaire du constituant c:

6.4.4 Equations complémentaires


X
Sp = 1 (25)
p

Pour chaque phase p on a :


X
Xpc = 1 (26)
c

Remarque 6.2 On note :

Np le nombre de phases

Nc le nombre de constituants

nc ; pour chaque constituant c; le nombre de phases dans lesquelles il est


présent.
P
Le nombre d’inconnues est alors : 1 + Np + nc + N:Np
c
P
Une pression de référence, Np saturations, nc fractions massiques et
c
N:Np vitesses. On ne compte comme inconnues que les fractions massiques
non nulles.

6.4.5 Nombre d’équations


Une équation provient de (25).

(26) donne Np équations.

(23) donne N:Np équations.

(22) donne Nc équations.

19
P
Et (24) en donne (nc 1):
c
P
Le nombre total d’équations est donc :1 + Np + nc + N:Np = Nombre
c
d’équations P P
(Remarquer que (nc 1) + Nc = nc ):
c c

Remarque 6.3 1. On a autant d’équations que d’inconnues.

2. Comme il s’agit d’équations aux dérivées partielles il va falloir ajouter


des conditions aux limites et initiales. Il faut connaître l’état initial
du système (c’est à dire à l’instant t = 0) sur les saturations et sur
la pression dans le cas compressible et sur les fonctions massiques Xpc :
Comme on doit aussi connaître les valeurs du ‡ux ! qp :~n à travers la
frontière @ ou les valeurs de P sur @ , et celles de Sp et Xpc :

6.5 Quelques exemples


Exemple 6.4 (Black oil) On suppose qu’il y a trois phases (eau, huile liq-
uide, gaz) notés w; o; g et trois constituants (eau, huile lourde, huile légère)
notés w; h; l:
Le constituant w n’est présent que dans la phase w:
Le constituant h est présent dans les phases o et g:
Le constituant l est présent dans les phases o et g:
De sorte que
Xwl = Xwh = Xow = Xgw = Xgh = 0
et (22) devient
Xww = Xgl = 1 et Xoh + Xol = 1
et il n’y a donc qu’une seule équation thermodynamique (correspondant au
constituant h); cette équation est généralement prise sous la forme :

Yol
= K(P ) (27)
Ygl

Exemple 6.5 (Dead oil) On suppose qu’il y a deux phases (eau, huile)
notées w; o et que chaque phase ne contient qu’un seul constituant; on peut
supprimer les inconnues Xpc ; ainsi que les équations (22) et (24). Il s’agit
donc d’un modèle avec deux phases immiscibles. Dans ce modèle on pose :

20
P = pression de la phase huile (de sorte que PCo = 0). On notera aussi
PCw = PC = PC (Sw ) = pression capillaire eau/huile.
Les équations deviennent
8
< @ ( w Sw ) + div( w q!
>
w ) = fw
@t (28)
> @
: ( o So ) + div( o !
qo ) = fo
@t
8
krw
< q!
> w = [Kgrad(P PC ) !
w g ]
w (29)
> kro
: !qo = [KgradP o
!
g ]
o

Sw + So = 1 (30)
Exemple 6.6 (Dead oil incompressible) w = cte; o = cte et =
(x): On pose S = Sw et le problème (28), (29) et (29) s’écrit
8
@S
>
>
> + div(q!w ) = fw
>
> @t
>
> @S
>
< + div(!qo ) = fo
@t (31)
>
> ! = krw [Kgrad(P P )
q !
g ]
>
>
w C w
>
> w
>
> ! kro !
: qo = [KgradP o g ]
o

Les inconnues sont maintenant S et P car on peut aisément éliminer ! qo


et q!
w : Les coe¢ cients k rw , k ro et P C sont des fonctions de S.
En additionnant les deux premières équations de (31) on obtient
8 8
>
> > div(q! !
w + qo ) = fw + fo = f
>
> >
>
> < ! krw !
>
< (1) qw =
> [Kgrad(P PC ) w g ]
>
>
w
kr o (32)
> > !
: qo = [KgradP !
g]
>
> o
>
> o
>
> @S
: (2) + div(q! w ) = fw
@t
(32)-(1) s’écrit aussi
krw kro krw kr w kr o !
div + rP = div K rPC + div K + g +f
w o w w o

21
qui est une équation en pression. (Voir Chapitre 2 de ce fascicule).

Exemple 6.7 (Equation de Buckeley-Leverett 1D) On reprend la sit-


uation de l’exemple 6.6 où on suppose de plus que PC = 0 (pas de pression
capillaire), ~g = 0 (pas de gravité) et fw = fo = 0 (pas de force source).
En dimension 1 l’équation (32) (1) devient donc :

@ krw kro @P
+ =0
@x w o @x

d’où
krw kro @P
+ = qT
w o @x
cette constante en (x) est en fait le débit total (on note ici l’importance de
l’hypothèse d’incompressibilité).
Si on suppose que les viscosités w et o des deux ‡uides sont constantes
alors on est amené à résoudre l’équation avec pour seule inconnue S :

@S @Fw (S)
+ qT =0 (33)
@t @x
avec
kr w
w
Fw (S) = ”fractional ‡ow” de l’eau
kr w kr o
+
w o

(33) est une équation de type hyperbolique (équation de transport). C’est


une modélisation simple du problème de ”balayage” d’une éprouvette d’huile
par de l’eau.
En prenant krw = S, kro = 1 S, w = o alors l’équation Fw (S) = S et
l’équation (33) devient linéaire

@S @S
+ qT =0
@t @x
Il est plus réaliste de prendre w 6= 1 et o 2 [1; 50] suivant la nature de
l’huile, et des courbes plus creusées pour les fonctions krw et kro :

22
krw et kro 1

0. 75

0. 5

0. 25

0
0 0. 25 0. 5 0. 75 1

Fig. 8 : krw (S ) = S ; k ro (S ) = 1 S

krw et kro 1

0. 75

0. 5

0. 25

0
0 0. 25 0. 5 0. 75 1

Fig. 9 : krw (S ) = S 2 ; k ro (S ) = (1 S )2

On obtient ainsi l’allure suivante pour Fw (S)


Fw 1

0. 75

0. 5

0. 25

0
0 0. 25 0. 5 0. 75 1

Fig. 10 : Fw (S )

23
En général, on a
Fw0 0 et Fw0 (0) = Fw0 (1) = 0
Exemple 6.8 (Equation de l’imbibition en dimension 1:) Nous reprenons
l’exemple 6.7 ci-dessus en ajoutant la pression capillaire PC : (32)-(1) devient
:
@ krw kr @P @ kr @PC
+ o K w =0
@x w o @x @x w @x
d’où
krw kr @P kr @PC
+ o K w = Cte = qT
w o @x w @x
on a alors :
kr w
@P w @PC qT
K =K
@x kr w kr @x kr w kr
+ o + o
w o w o
et (32)-(2) donne alors
2 3 2 3
krw krw
@S @ 66K w @PC 7 6
7 + @ 6qT w
7
7=0
+
@t @x 4 krw kro @x 5 @x 4 krw kro 5
+ +
w o w o

Dans le cas d’imbibition (plongement d’une éprouvette d’huile dans de


l’eau) on qT = 0 et l’équation ci-dessus devient
@S @ kr w kr o @PC
+ K =0
@t @x o krw + w kro @x

ou encore comme PC est une fonction de S;


@S @ kr w kr o @S
+ K PC0 (S) =0 (34)
@t @x o kr w + w kro @x
En prenant o = 2; w = 1; krw = S, kro = 1 S; = 1; k = 1;
PC (S) = (1 S)2 ; (34) devient :
@S @ @S
a(S) =0 (35)
@t @x @x
où a(S) a l’allure suivante :

24
a(S)

0. 2

0. 15

0. 1

0. 05

0
0 0. 25 0. 5 0. 75 1

Fig. 11 : La fonction a(S ):

L’équation (35) est une équation parabolique (dégénérée en S = 0 et S =


1).

Remarque 6.9 Par les exemples 6.7 et 6.8 on voit que l’équation en satura-
tion du modèle ”Dead oil incompressible”a un caractère hyperbolique (dû sim-
plement au terme de transport qui, dans l’exemple du balayage de l’eprouvette,
provient de l’injection d’eau pour pousser l’huile) et un caractère parabolique
dû à la pression capillaire. En général le terme de di¤usion est plutôt petit
par rapport au terme de transport; ceci nécessite la mise au point de schémas
numériques traitant convenablement le terme de transport.

Exemple 6.10 (Eprouvette verticale fermée, dimension 1) On prend


ici l’exemple 6.7 en ajoutant cette fois la gravité que l’on suppose égale à 1.
Le système (31) devient donc
8
>
> @S @ kr @P
< K w w =0
@t @x w @x
(36)
>
> @S @ kro @P
: K o = 0
@t @x o @x
En additionnant les deux équations de (36) on obtient
@ kr w kr o @P kr w kr o
K + w o =0
@x w o @x w o

d’où
krw kro @P krw kro
K + w o = Cte = qd = debit total:
w o @x w o

25
Le débit total est, ici, nul puisque l’eprouvette est fermée, alors on a
kr w kro
w + o
@P w o
=
@x krw kro
+
w o

et le système e (36) se réduit donc à la résolution de l’équation

@S @ ko kw
K ( o w) =0 (37)
@t @x ko + kw
où on a posé : 8
> kr
< kw = w la mobilité de l’eau
w
> k
: ko = r o la mobilité de l’huile
o
A titre d’exemple on peut prendre o = w = 1; krw = S, kro = 1 S;
= 1; k = 1; o = 1; w = 2 ce qui donne
@S @
+ S(1 S) = 0
@t @x
Cette équation est de type hyperbolique, le terme de transport est ici induit
par la gravité, mais il faut remarquer dans cet exemple que les deux phases
(eau, huile) se deplacent en sens contraire..

References
[1] K. AZIZ; A. SETTARI, Petroleum reservoir engineering, Applied Science
Publishers, London, 1979.

[2] J. BEAR; Y. BACHMAT, Introduction to Modeling of Transport Phe-


nomena in Porous Media, Kluwer Academic Publishers, Theory and Ap-
plication in Transport in Porous Media, Volume 4, Dordrecht, Boston,
London, 1991.

[3] G. CHAVENT; J. JAFFRE, Mathematical models and …nite elements for


reservoir simulation, Studies in Mathematics and its Applications, North
Holland, vol. 17, 1986.

26
[4] V. GIRAULT; P. A. RAVIART, Finite Element Methods for Navier-
Stokes Equations, Lecture Notes in Mathematics 749, Springer-Verlag,
Berlin, 1981.

[5] C.-M. MARLE, Cours de production, Tome IV. Les écoulements


polyphasiques en milieu poreux. Ed. Technip. Paris, 1972.

[6] R. TEMAM, Navier-Stokes Equations, North Holland, Amsterdam, 1979.

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