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2 septembre 2010
Table des matières
I Lois de conservation 3
1 Équation de bilan 5
1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Dérivées convectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Équation de bilan global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Équation de bilan local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.5 Domaine bidimensionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2 Bilan de masse 11
2.1 Formulation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Relation de saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3 Cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
II Analyse phénoménologique 31
i
TABLE DES MATIÈRES ii
A Formulaire 153
Bibliographie 165
TABLE DES MATIÈRES 1
TABLE DES MATIÈRES 2
Première partie
Lois de conservation
3
Chapitre 1
Équation de bilan
L’écriture d’un bilan est une opération comptable dont le contenu physique est nul :
il ne faut pas confondre un bilan avec une loi de conservation. Écrire un bilan consiste à
faire la liste exhaustive des causes de variation d’une grandeur locale (en un point fixe ou
mobile) ou globale (intégrée sur un domaine fixe ou en mouvement.) Nous nous intéressons
au bilan d’une grandeur physique générique donnée par sa densité volumique ψ(M, t) :
Z
Ψ(t) = ψ(M, t) dV (M ) .
V(t)
Les calculs sont présentés dans le cas où ψ est une grandeur scalaire mais se généralisent,
composante par composante, aux cas d’une grandeur vectorielle ou tensorielle.
1.1 Définitions
Volumes et domaines Selon le contexte, on peut avoir à exprimer un bilan sur une
partie de l’espace physique qui peut être définie de plusieurs manières :
⊲ volume géométrique V(t) : ce volume, dont le bord est noté ∂V(t) (surface fermée),
est tracé dans le milieu fluide de façon arbitraire. Plus précisément, il suffit de se
donner la vitesse normale de déplacement de surface w · n où w est la vitesse d’un
point de ∂V et n la normale extérieure à V en ce point. La définition de V(t) est
donc indépendante du milieu continu dans lequel il baigne.
⊲ volume géométrique fixe V0 : il s’agit d’un volume tel que w · n = 0, quel que soit le
point de ∂V.
⊲ domaine matériel D(t) : la frontière ∂D(t) de ce domaine est astreinte à suivre le
mouvement du milieu matériel dans lequel il plonge et nous avons w = v. Par suite,
la frontière ∂D est imperméable et aucun flux de matière transporté par le champ
de vitesse v ne la traverse.
Bilan proprement dit C’est un taux de variation dont la définition est libre. En pra-
tique, on distingue deux façons de procéder :
Bilan eulerien : le taux de variation est une dérivée partielle par rapport au temps.
Selon que le bilan est global ou local, on cherche à évaluer le taux de variation de
l’intégrale Ψ ou de la densité ψ :
◦ ∂Ψ/∂t ≡ dΨ/dt, où V est un volume fixe noté V0 (≡ : identique à).
◦ ∂ψ/∂t, le point M étant fixé.
5
1.1. DÉFINITIONS 6
Bilan lagrangien : le taux de variation est une dérivée convective qui n’est complè-
tement définie qu’à partir du moment où on s’est donné le champ de vitesse w(M, t)
suivi dans l’opération de dérivation. Ce champ de vitesse peut être quelconque ou
bien être celui du milieu matériel, i.e. w ≡ v et on parle alors de dérivée particulaire
ou matérielle. On est donc confronté à des termes de la forme :
◦ dΨ/ dt, où V est un volume mobile. Dans le cas où V est un domaine matériel,
nous le désignons par le symbole D.
◦ dψ/ dt, le point M étant mobile.
Sources Ces termes traduisent le fait que, en général, il peut exister un processus phy-
sique qui produit ou détruit localement la quantité ψ sans qu’il y ait aucun transport de
quelque nature que ce soit. Algébriquement, on parle souvent de terme de production. Ce
+ +
processus physique peut être considéré à l’échelle locale (ψ) ou globale (Ψ) :
Z
+ +
Ψ(t) = ψ(M, t) dV (M ) .
V(t)
+
Une grandeur telle qu’en tout point ψ = 0 est une grandeur qui se conserve.
I(ψ) = ψ v .
Z n
flux diffusif de ψ au travers de
φdiff (ψ) = − J(ψ) · n dA .
∂V(t) la surface fermée ∂V.
1. Il semble que les anglo-saxons utilisent le terme de convection pour le bilan de quantité de mouvement
où le champ de vitesse se transporte lui même, réservant le terme d’advection aux bilans où le champ de
vitesse transporte une autre grandeur (masse ou énergie).
CHAPITRE 1. ÉQUATION DE BILAN 7
où ψ est une fonction continue, ainsi que ses dérivées premières. Le domaine d’intégration
V est un volume géométrique arbitraire de vitesse normale de déplacement de surface w ·n.
La démonstration de ce théorème, connu sous le nom de règle de Leibnitz, est supposée
connue et nous nous bornons à donner le résultat :
Z Z Z
d ∂ψ
ψ dV = dV + ψ (w · n) dA . (1.3)
dt V(t) V(t) ∂t ∂V(t)
deux domaines matériels Dk , k = 1, 2. Alors, il s’ajoute un terme qui tient compte du saut
subi par chaque grandeur.
Désignons par Nk , k = 1, 2, le vecteur normal à Ai pointant hors de Dk , le saut d’une
grandeur X est noté :
2
X
JX · N K = Xk · Nk .
k=1
n2 φ1
Phase 1 Phase continue
Phase 1
D1
N n2 n1 dA1
Ai dA
s ∂Ai
n1
dA2
∂Ai D2
Phase 2
Inclusion
φ2 Interface Phase 2
Noter que les sources ne jouent aucun rôle. L’interprétation de la relation (1.10) est extrê-
mement simple ; développons son expression et posons N = N1 = −N2 , il vient :
Bilan de masse
évaluée à t fixé.
2.1.2 Énoncé
La masse de tout ou partie d’un système matériel que l’on suit dans son mouvement reste
constante lorsque le temps varie.
Considérons un système matériel S et une partie — matérielle — de ce système D ⊆ S,
de masse M ; en d’autres termes, à tout instant, D est constitué des mêmes points matériels.
La conservation de la masse de S s’écrit :
Z
dM d
∀D ⊆ S : = ρ dV = 0 : formulation globale, (2.2)
dt dt D
où le champ de vitesse est bien celui du fluide car — par définition — D est un domaine
matériel. Ensuite, par application de la formule de la divergence, il est possible de tout
regrouper sous une seule intégrale de volume :
Z h i
dM ∂ρ
∀D ⊆ S : = + div(ρv) dV = 0,
dt D ∂t
11
2.1. FORMULATION GÉNÉRALE 12
opération qui nous place dans les conditions d’application du lemme fondamental (voir
section 1.4). Il s’ensuit que c’est en fait l’intégrande qui est nulle et, en tout point M de
S, nous pouvons donc écrire l’équation de conservation de la masse 1 :
∂ρ dρ
∀M ∈ S : + div(ρv) = + ρ div v = 0 : formulation locale. (2.4)
∂t dt
En utilisant la notation indicielle puis explicite (coordonnées cartésiennes 2 ), on a aussi :
∂ρ ∂ ∂ρ ∂ ∂ ∂
+ (ρvi ) = 0 et + (ρu) + (ρv) + (ρw) = 0. (2.5)
∂t ∂xi ∂t ∂x ∂y ∂z
2.1.3 Complément
Corollaires La conservation de la masse permet de démontrer deux identités très utile
lors de l’établissement des équations générales.
Forme globale
Z Z
d df
ρf dV = ρ dV, (2.6)
dt D D dt
où D est une partie d’un milieu continu de masse volumique ρ et f (x, t) une fonction
continue et dérivable sur D autant de fois que nécessaire.
La démonstration s’appuie sur la règle de Leibnitz :
Z Z h i Z h
d d df dρ i
ρf dV = (ρf ) + ρf div v dV = ρ + + ρ div v f dV.
dt D D dt D dt dt
On reconnaît, dans la parenthèse, l’expression (2.5)2 de la conservation de la masse qui est
donc nulle, ce qui démontre la proposition.
Forme locale
df d dρ ∂ ∂
ρ = (ρf ) − f = (ρf ) + ∇(ρf ) · v + ρf div v = (ρf ) + div(ρf v). (2.7)
dt dt dt ∂t ∂t
La deuxième forme est dite conservative.
Bien entendu, la frontière latérale du tube de courant peut être aussi bien une surface
géométrique qu’une paroi solide. Les deux intégrales de surface s’identifient à la définition
du débit massique qui traverse les sections extrêmes, soit, par définition :
Z Z
qe = − ρ(v · n) dA et qs = ρ(v · n) dA, (2.14)
Ae As
q = ρ qv = ρ A v. (2.18)
Cette dernière forme est celle qui prévaut dans les limites de l’approximation par tranche.
2.3. CAS PARTICULIERS 16
Chapitre 3
17
3.2. ÉQUATION DE NAVIER-STOKES 18
T (n) = σ · n, (3.2)
où σ est un tenseur du second ordre, symétrique dans la plupart des cas. Il est connu sous
le nom de tenseur des contraintes de Cauchy.
Remarque : Pour l’usage qui en est fait dans ce cours, il suffit de savoir que la
représentation d’un tenseur dans un système de coordonnées quelconque (cartésiennes
ou autre) est une matrice (voir Annexe A).
Dans cette expression, connue sous le nom de loi de Newton, p est la pression du fluide
(telle qu’elle figure dans les équations thermodynamiques), T est la partie visqueuse du
tenseur des contraintes 1 , µ est la viscosité dynamique et D est le tenseur des taux de
déformation. Le tenseur des contraintes de Cauchy ne dépend que du gradient de vitesse,
c’est une quantité objective (indépendante du repère d’observation).
La viscosité dynamique µ est souvent remplacée par la viscosité cinématique ν = µ/ρ
qui s’identifie à la diffusivité de la quantité de mouvement 2 . Exemples :
1. On prendra garde à ne pas confondre la densité surfacique d’effort T et la partie visqueuse du tenseur
des contraintes T.
2. Cette diffusivité ν est une propriété physique de même nature que la diffusivité de la masse D et la
diffusivité de la chaleur α.
CHAPITRE 3. BILAN DE QUANTITÉ DE MOUVEMENT 19
Noter que par application du résultat (2.6), on a aussi (résultat obtenu composante par
composante) :
Z Z Z
d dv ∂v
ρv dV = ρ dV = ρ + ∇v · v dV.
dt D D dt D ∂t
D’autre part, la loi de comportement (3.3) fournit une expression explicite de la densité
de force de surface exercée par le milieu extérieur sur le domaine D :
T = σ · n = (−pI + T) · n,
où n est la normale extérieure à ∂D.
En définitive, la loi fondamentale de la Dynamique des fluides et visqueux sous forme
globale s’écrit :
Z Z Z
dv
ρ dV = ρf dV + σ · n dA
D dt ZD Z∂D Z (3.5)
= ρf dV − pn dA + T · n dA.
D ∂D ∂D
Cette expression est également connue sous le nom de théorème des quantités de mouve-
ment.
Autrement dit : Dij = Dji et Ωij = −Ωji . Les composantes de Ω sont associées au rota-
tionnel du champ de vitesse rot v ainsi qu’au tourbillon ω par les relations suivantes :
1
ω= 2 rot v , (∀A) Ω · A = ω ∧ A , Ω=ǫ·ω et ω = − 21 ǫ : Ω ,
△ △ △ △
OM = X(t) + x(t) avec X = OG = X i (t)Ei et x = GM = xi (t)ei (t) .
Ainsi :
γa = γe + γc + γr ,
△
γe = Ẍ + ω̇ ∧ x + ω ∧ (ω ∧ x) : acc. d’entraînement ;
(3.15)
△ acc. complémentaire
avec γc = 2ω ∧ vr :
(ou de Coriolis) ;
γ △
r = ẍi ei : accélération relative.
Les contraintes étant des quantités objectives indépendantes du repère où on les ob-
serve, l’équation de Navier-Stokes s’écrit :
dv
r
ρ + 2ω ∧ vr = ρ(g − γc ) − ∇p + µ∆v, (3.16)
dt
où le groupement −ργc s’interprète comme une densité volumique de force extérieure.
Chapitre 4
d 1 2
ρ ( v ) = ρf · v + div(v · σ) − ∇v : σ, (4.1)
dt 2
nous obtenons l’équation de bilan local d’énergie cinétique 1 . Nous voyons apparaître une
source (algébrique) :
∇v : σ = −p div v + ∇v : T,
23
4.2. RELATION DE SAUT 24
∇v : σ = 2µD : D.
La forme locale du bilan ne présente pas d’intérêt particulier alors que sa forme inté-
grée (4.2) est plus utile dans les applications de type « ingénieur pressé », car elle permet
d’écrire rapidement un bilan énergétique. Après avoir mis l’effort exercé par le milieu ex-
térieur sur le fluide sous la forme : σ · n = (−pI + 2µD) · n = −p n + T (n), il vient :
Z Z
∂ 1 2
( 2 ρv ) dV + (p + 21 ρv 2 )(v · n) dA
D ∂t
Z∂D Z I (4.3)
= ρf · v dV − 2µD : D dV + v · T (n) dA .
D D ∂D
La pression peut donc être interprétée comme une énergie volumique de déformation.
qui met en évidence la pression piézométrique pg = p + ρgZ ainsi que l’énergie potentielle
volumique de position du fluide ρgZ.
Chapitre 5
25
5.3. RELATION DE SAUT 26
27
6.2. FORMULATION ENTHALPIQUE 28
Remarquons que lorsque le milieu est immobile (v = 0), nous retrouvons l’« équation
de la chaleur » :
dh dp
ρ = div(k ∇ T ) + + ∇v : T. (6.7)
dt dt
Ce bilan se simplifie à peine dans le cas d’un fluide à propriétés physiques constantes :
dh dp
ρ = k∆T + + 2µD : D. (6.8)
dt dt
À l’instar de ce qui a été fait avec l’énergie interne, on peut exprimer l’enthalpie au
moyen de l’identité thermodynamique :
dp 1 ∂ρ
dh = cp dT + (1 − αT ) où α = − ,
ρ ρ ∂T p
de façon à obtenir l’équation d’évolution du champ de température :
dT dp
ρcp = div(k ∇ T ) + αT + ∇v : T, (6.9)
dt dt
soit, pour un fluide à propriétés physiques constantes :
dT dp
ρcp = k∆T + αT + 2µD : D. (6.10)
dt dt
1. Ne serait-ce que parce que toutes les tables thermodynamiques sont données en fonction de l’enthal-
pie.
CHAPITRE 6. BILAN D’ÉNERGIE INTERNE 29
6.2. FORMULATION ENTHALPIQUE 30
Deuxième partie
Analyse phénoménologique
31
Chapitre 7
7.1 Préliminaires
L’esprit cartésien ne souffre pas l’erreur alors qu’une démarche constituée d’essais et
d’erreurs (pour autant qu’elle converge) est courante hors de l’hexagone. Dans ce cours,
on prend une position qui cumule les avantages de chacune de ces deux approches. On
allie le sens des réalités physiques par l’évaluation des ordres de grandeur des diverses
quantités (durées, distances), et une méthode, l’Analyse Phénoménologique, qui formalise
suffisamment les raisonnements pour pouvoir être utilisée de façon systématique par un
jeune ingénieur ou un jeune étudiant ayant encore une expérience limitée dans le domaine
de la Mécanique des Fluides.
Du point de vue analytique, l’Analyse Phénoménologique s’adosse au formalisme des
Méthodes Asymptotiques dont l’auto-cohérence des développements vient étayer l’analyse
physique initiale. Cette technique donne le moyen de justifier les approximations par des
raisonnements que des ingénieurs chevronnés parviennent à faire instantanément, après
trente ans d’expérience. Elle garantit également la cohérence des approximations dans
tous les volets de l’énoncé du problème (équations et conditions aux limites) et permet
d’étudier des phénomènes qui, du fait de leurs échelles, échappent à l’intuition immédiate.
L’Analyse Phénoménologique est une technique rationnelle qui se fonde sur les équa-
tions générales de la discipline où elle s’exerce. Elle a pour objet de déterminer, dans une
situation physique complexe, les phénomènes qui jouent un rôle prépondérant dans l’évo-
lution de cette situation. Les autres phénomènes susceptibles d’intervenir sont qualifiés de
négligeables devant les premiers. Il importe de souligner d’emblée que négliger un terme est
une décision arbitraire laissée à l’appréciation du physicien qui juge, par comparaison entre
des valeurs numériques, qu’une quantité peut être considérée comme secondaire. Une telle
démarche nécessite donc une bonne compréhension des causes des phénomènes étudiés et
des conséquences, à savoir les phénomènes eux-mêmes, permettant de différencier ainsi ce
qui est fondamental de ce qui est accessoire.
D’une façon générale, une situation précise, aussi complexe soit-elle, comporte suffi-
samment de données (N par exemple) pour pouvoir déterminer les ordres de grandeur de
tout ce qui est inconnu. Ceci revient implicitement à admettre que le problème est bien
posé et qu’il admet une solution et une seule. Pratiquement, on constate qu’il faudrait un
miracle pour que les N données imposées aient pour conséquence une égale importance de
tous les phénomènes physiques mis en jeu. L’analyse du fonctionnement d’un prototype
conduit donc, le plus souvent, à des simplifications donc à des approximations pouvant
faire l’objet d’une similitude partielle.
33
7.2. EXEMPLE ÉLÉMENTAIRE 34
O ex P F0
M x
x(t)
t
O τ
7.2.2 Accélération
La notion d’échelle ne s’applique qu’à une quantité variable comme t, v, x ou F et
ne présente aucun intérêt pour des paramètres constants tels m, τ , v0 et F0 . Parmi les
quantités variables, on distingue les variables indépendantes (ici, le temps t) des fonctions
connues (comme F ) ou inconnues (comme v et x).
Adimensionner la variable indépendante t revient à se demander sur quel intervalle
de temps se produit le phénomène ou, autrement dit, quelle est l’extension du domaine à
CHAPITRE 7. NOTION D’ORDRE DE GRANDEUR 35
l’intérieur duquel on cherche une solution. La réponse est ici extrêmement simple : sauf les
instants où la force est différente de zéro, le point P est animé d’un mouvement uniforme
et, par conséquent, l’intervalle de temps intéressant est égal à τ . On traduit ce constat par
le changement de variable t = τ t̄ où t̄ est une quantité sans dimension, comprise entre 0
et 1 et on utilise la terminologie suivante :
t : grandeur physique,
t = τ t̄ −→ τ : échelle (constante positive),
t̄ : partie analytique (variable d’ordre unité).
Sur cet intervalle, la force, partant de zéro, croît jusqu’au maximum F0 pour ensuite
retomber à sa valeur initiale nulle. Sa formulation adimensionnelle est évidente : F (t) =
F0 F̄ (t̄) où F0 et F̄ sont respectivement l’échelle et la partie analytique de F . Noter que F̄
dépend de t̄ et non de t et varie entre 0 et 1.
L’adimensionnalisation de l’accélération s’effectue de manière analogue puisque ses va-
riations sont associées directement à celles de F : Γ(t) = G Γ̄(t̄).
Nous sommes alors en mesure de donner une formulation adimensionnée du PFD pré-
sentée comme une équation algébrique :
F = mΓ −→ F0 F̄ = m G Γ̄
(
F0 = m G : équation au sens des ordres de grandeurs,
−→
F̄ = Γ̄ : équation aux parties analytiques.
Premier commentaire Les définitions données de t̄, F̄ et Γ̄ ne sont pas uniques. Prenons
l’exemple de F : plutôt que son maximum F0 , nous aurions pu préférer retenir sa valeur
moyenne Fm comme échelle, ce qui nous aurait conduits à définir une autre variable :
F = Fm Fe, reliée à la précédente par : Fe = (F0 /Fm ) F̄ . Il en aurait résulté une autre
valeur de l’échelle de Γ : Γ = Gm Γe et Gm = Fm /m = (Fm /F0 ) G. Ces deux approches
restent équivalentes pour autant que F̄ , Fe, Γ̄ et Γ
e soient d’ordre unité ou, du point de vue
des échelles, pour autant que F0 ∼ Fm , ce qui entraîne Gm ∼ G.
V dv̄ F0
= G Γ̄(t̄) = F̄ (t̄) avec V v̄(0) = v0 ,
τ dt̄ m
L d2 x̄ F0 L dx̄
= G Γ̄(t̄) = F̄ (t̄) avec (0) = v0 et x̄(0) = 0,
τ 2 dt̄2 m τ dt̄
considérons le problème posé pour la vitesse. Il contient une échelle inconnue, V , dont il
faut donner une définition. Selon la relation considérée, l’équation aux ordres de grandeur
nous donne deux valeurs distinctes : (δV ) = F0 τ /m (équation) et V0 = v0 (condition
initiale) parmi lesquelles il faut choisir la valeur de V . Notons tout de suite la différence
entre ces deux valeurs :
⊲ L’équation — portant sur une dérivée — fournit l’échelle (δV ), c’est-à-dire l’ampli-
tude des variations de la vitesse de P alors qu’il est soumis à la force F .
⊲ La condition initiale — qui est une relation algébrique — nous garantit que la valeur
v0 est une valeur prise par la variable v sur son domaine de définition (à t = 0) : c’est
donc un ordre de grandeur. N’importe quelle valeur prise par v(t), pour 0 ≤ t ≤ τ ,
pourrait servir d’ordre de grandeur, mais v0 est la seule que nous connaissions.
Posons V = (δV ), il s’ensuit l’énoncé : dv̄/dt̄ = F̄ avec v̄(0) = v0 /(δV ) et, selon les
valeurs des données, trois cas se présentent.
1. v0 ∼ (δV ). Il s’agit du problème complet pour lequel aucune simplification n’est
possible : la valeur initiale de la vitesse est du même ordre que ses variations. Plus
précisément, l’ordre de grandeur V0 et l’échelle (δV ) de v sont numériquement du
même ordre et il est indifférent de retenir l’un ou l’autre pour adimensionner v.
2. v0 ≪ (δV ). La valeur initiale de v est très inférieure à ses variations et on peut donc,
en première approximation, poser v̄(0) = 0. On dit qu’il se produit une « dégéné-
rescence » et, bien que cela ne présente pas grand intérêt, l’adimensionnalisation se
devrait de mettre en évidence cette propriété par l’utilisation d’une expression affine
qui distingue ordre de grandeur et échelle :
On distingue v̄ et ṽ car ces deux variables ne sont pas définies de la même façon.
Noter que dans les termes ci-dessus, le problème est exact, alors que la formulation
ci-dessous n’est qu’approchée :
3. v0 ≫ (δV ). Les variations de vitesse induites par la force F sont très inférieures à
la valeur initiale et cette situation soulève une singularité car v̄(0) ≫ 1 alors qu’on
a imposé v̄ ∼ 1. Le problème vient du fait que l’ordre de grandeur (ou niveau de
référence) et l’échelle sont très différentes et, contrairement au cas précédent, nous
sommes obligés, sous peine d’aboutir à une absurdité, de procéder au changement de
variable affine (7.2)1 .
Posons V = V0 , il s’ensuit l’énoncé : dv̄/dt̄ = (F0 τ /V0 )F̄ avec v̄(0) = 1 et, selon les
valeurs des données, trois cas se présentent.
1. F0 τ ∼ V0 . Il s’agit du problème complet et il n’y a rien à ajouter à ce qui a été dit
plus haut.
2. F0 τ ≪ V0 . L’action de la force est négligeable devant la quantité de mouvement
initiale et, en première approximation, le problème se réduit à : dv̄/dt̄ = 0, avec
v̄(0) = 1 et s’intègre immédiatement pour donner : v̄(t̄) = 1. Les variations de
vitesse sont tellement faibles qu’elles en sont invisibles et nous retrouvons ici le cas
no 3 vu ci-dessus. Contrairement à ce cas où le « signal d’alarme » est donné par une
valeur infinie de la vitesse initiale, nous aboutissons ici à une solution triviale, dénuée
d’intérêt. La conclusion est identique : il faut procéder à un changement de variable
affine.
3. F0 τ ≫ V0 . La singularité apparaît dans l’équation qui s’écrit : (V0 /F0 τ ) dv̄/dt̄ = F̄ .
Elle est inacceptable car, le second membre étant d’ordre unité et le groupement
d’échelles étant très inférieur à un, il faudrait, pour que les deux membres soient
numériquement équilibrés, que la dérivée soit très supérieure à un, ce qui est exclu
pour toute quantité adimensionnée. En effet, si les échelles de v et de t ont été
correctement choisies, alors v̄ ∼ 1, t̄ ∼ 1 ainsi que toutes les dérivées de v̄. Dans le cas
présent, nous obtiendrions, en première approximation, 0 = F̄ , ce qui est clairement
faux puisque F̄ est une donnée différente de zéro. Les variations de vitesse induites
par l’action de la force sont très supérieures à la valeur initiale et nous retrouvons le
cas n0 2 vu plus haut.
En résumé, on retiendra qu’un mauvais choix d’échelle peut se manifester par une impos-
sibilité physique {v̄(0) = ∞, 0 = F̄ } ou une solution triviale {v̄ = v̄(0)}.
L’adimensionnalisation de l’abscisse x ne pose pas de problème à partir du moment où
l’échelle de v est correcte. Elle s’appuie sur la double définition, selon le cas :
(L/τ ) dx̄/dt̄ = (δV ) v̄ = V0 + (δV ) ṽ.
⊲ Problème complet : (δV ) & V0 . La distance parcourue est déterminée par l’échelle
(δV ) et on doit poser : L = (δV ) τ .
⊲ Perturbation : (δV ) ≪ V0 . La force ne perturbe que faiblement le mouvement initial
et, en première approximation, on obtient L = V0 τ et dx̄/dt̄ = 1, soit x̄ = t̄. Dans ce
cas, nous pourrions retrouver l’écart au mouvement rectiligne et uniforme en évaluant
la deuxième approximation. Posons :
) (
x(t) = L x̄(t̄) = L x̄(0) (t̄) + (δL) x̄(1) (t̄) ε = (δL)/L ≪ 1,
où
x̄(t̄) = x̄(0) (t̄) + ε x̄(1) (t̄) x̄(0) = t̄ et x̄(1) ∼ 1.
L’équation s’écrit :
(
dx̄(0) dx̄(1) (δV ) ε = (δV )/V0 ,
+ε =1+ ṽ =⇒
dt̄ dt̄ V0 dx̄(1) /dt̄ = ṽ.
7.3. FONCTION D’UNE SEULE VARIABLE 38
Ainsi, l’échelle de la fuctuation d’abscisse est donnée par : (δL) = ε L = L (δV )/V0 .
où, conventionnellement, (δz) est une constante positive. Ces deux expressions ne sont
admissibles que si elles définissent de nouvelles variables adimensionnées et d’ordre unité,
soit, selon le cas :
z̃ ∼ 1 ou z̄ ∼ 1 ⇐⇒ 0 . |z̃| . 1 ou 0 . |z̄| . 1,
le symbole « . » (resp. « & ») signifiant « plus petit (resp. plus grand) ou de l’ordre de ».
Pour qu’il en soit ainsi, les constantes z0 et (δz) doivent vérifier les conditions suivantes :
z1 . z0 . z2 et (δz) ∼ z2 − z1 > 0.
z0 = z2 , (δz) = z2 , z = z2 + z2 ẑ, −1 ≤ ẑ ≤ 0 ;
z0 = zm = z2 /2, (δz) = z2 , z = z2 /2 + z2 z̃, −1/2 ≤ z̃ ≤ 1/2 ;
z0 = 0, (δz) = 2z2 , z = 2z2 ž, 0 ≤ ž ≤ 1/2 ;
z0 = −z2 , (δz) = z2 , z = −z2 + z2 ż, 1 ≤ ż ≤ 2.
CHAPITRE 7. NOTION D’ORDRE DE GRANDEUR 39
Toutes ces variables sans dimension sont reliées entre elles car elles procèdent de la même
variable physique : z̄ = 1 + ẑ = 21 + z̃ = 2ž = −1 + ż.
Exemple 2
Par hypothèse, z1 et z2 ≫ z2 − z1 z1 z2
- z [unité]
et ce cas de figure requiert un change-
r
O
ment de variable affine. On peut libre-
ment poser z0 = z1 ou z0 = z2 ou encore z0 = zm , mais on a (δz) ∼ z2 − z1 , le choix le
plus simple étant l’égalité (δz) = z2 − z1 .
Examinons un mauvais choix d’échelle : z = zm z ∗ . Pour z = z1|2 , z1|2 ∗ = z /z
1|2 m et
∗ ∗ ∗
z2 − z1 = (z2 − z1 )/zm ≪ 1 : la variable z est uniformément voisine de zéro sur l’intervalle
Iz , ce qui est contraire à la contrainte z ∗ ∼ 1 à laquelle doit satisfaire tout changement
d’échelle.
En résumé, si z0 . (δz), alors il est préférable d’utiliser la formule linéaire qui est plus
simple ; si z0 ≫ (δz), la formule affine est impérative.
7.3.2 Fonction
Cas général L’adimensionnalisation d’une fonction d’une seule variable découle directe-
ment des considérations qui précèdent : il faut adimensionner la variable indépendante x
et la fonction y.
Soit x0 et (δx) d’une part et y0 et (δy) d’autre part, l’adimensionnalisation la plus
générale consiste en la transformation :
(
x = x0 + (δx) x̃,
y = y(x) et 7→ ỹ = ỹ(x̃).
y = y0 + (δy) ỹ,
(δy) ym 1 1/2
y1 0
x1 xm x2 x x̃
0 1/2 1
(δx) 1
7.3.3 Dérivées
Cas général Une très grande partie de la physique traite de phénomènes locaux, c’est-à-
dire, gouvernés par des équations différentielles ; par exemple, un opérateur qui intervient
fréquemment est le laplacien. À ce titre, l’estimation de l’ordre de grandeur d’une dérivée
est crucial. En principe, les définitions précédentes suffisent pour effectuer le calcul, mais
la réalité recèle de nombreux pièges, comme le montrent les sections suivantes.
Techniquement, le calcul d’une dérivée est très simple :
dy d dx̃ (δy) dỹ
= y0 + (δy) ỹ(x̃) = .
dx dx̃ dx (δx) dx̃
L’expression obtenue ne dépend que des échelles de x et de y et non de leurs ordres de
grandeur, ce qui est logique puisque une dérivée est représentative d’un taux de variation
et non de niveaux moyens. La figure 7.3 représente quatre exemples qui montrent bien le
risque qu’il y a à confondre ordre de grandeur et échelle : (a) x0 ∼ (δx) et y0 ∼ (δy) ; (b)
x0 ≫ (δx) et y0 ∼ (δy) ; (c) x0 ∼ (δx) et y0 ≫ (δy) ; (d) x0 ≫ (δx) et y0 ≫ (δy).
De façon générale, lorsqu’une fonction est correctement adimensionnée, sa dérivée
d’ordre n est également d’ordre unité :
(
dn y (δy) dn ỹ (δy)/(δx)n : échelle
= où
dxn (δx)n dx̃n dn ỹ/ dx̃n ∼ 1 : partie analytique.
Couche limite Il existe une couche limite lorsque il est impossible de trouver des échelles
correctes pour la fonction et qui le soient également pour sa dérivée. Elles se rencontrent au
voisinage des extrémités de l’intervalle de définition et se caractérisent par des évolutions
très rapides des grandeurs. L’échelle obtenue pour la dérivée change d’ordre de grandeur
sur une partie de l’intervalle, ce qui entraîne que la partie analytique n’est plus d’ordre
unité.
Cette situation conduit à découper le domaine initial en sous-domaines suffisamment
petits pour que, localement, on puisse y trouver des échelles permettant d’adimensionner
CHAPITRE 7. NOTION D’ORDRE DE GRANDEUR 41
y y y y
y0 y0
x0 x0 x0 x0
x x x x
(δx) (δx) (δx) (δx)
correctement toutes les dérivées. Pour que ce découpage ait un sens, ces sous-domaines
doivent être d’extensions très différentes car dans le cas contraire, il n’y aurait pas lieu de
les distinguer du point de vue de leurs échelles 1 . Ce type de difficulté peut se produire à
n’importe quel ordre de dérivation et la figure 7.4 donne un exemple de discontinuité de
courbure.
y Arc de parabole
Les chapitres suivants présentent des exemples de couches limites pris dans le domaine
de la Mécanique des Fluides.
1. Découper un domaine de longueur unité en deux domaines de longueur moitié ne présente aucun
intérêt du point de vue des échelles car 1 et 1/2 sont deux nombres du même ordre ; il faut que l’un des
domaines soit beaucoup plus petit que l’autre de façon à justifier un changement d’échelle.
7.3. FONCTION D’UNE SEULE VARIABLE 42
2 20
18
16
1.5 Figure 7.5 – Exemple de
14
couche limite ; ε = 0,05. La
y/(δy)
dy/dx
12
fonction et son asymptote
1 10
sont respectivement repré-
8 sentées en trait plein et en
0.5
6 trait d’axe (axe de gauche)
y/(δy) 4 et la dérivée en trait inter-
dy/dx
2 rompu (axe de droite).
0 0
0 ε 0.2 0.4 0.6 0.8 1
x/L
Oscillations D’autres phénomènes, non abordés dans ce cours, ne peuvent être décrits
qu’en conservant simultanément deux variables d’échelles différentes. Le prototype de ce
genre de phénomènes est l’oscillateur amorti (voir figure 7.6). La variable temps est carac-
térisée par deux échelles : la période τ et le décrément logarithmique T = τ /ε, avec ε ≪ 1.
Alors que dans le cas d’une couche limite, il est possible d’opérer une ségrégation par une
décomposition en sous-domaines, les deux phénomènes (oscillations et amortissement) sont
ici indémêlables et doivent être pris en compte simultanément.
1 150
100
Figure 7.6 – Exemple
0.5
50 d’oscillations amorties ;
ε = 0,05. La fonction et
dy/dt
0
son enveloppe sont res-
y
Exemple
Chocs La notion de choc est assez voisine de celle de couche limite ; on emploie également
le terme « couche limite libre ». Un choc est une région située au sein même du domaine
fluide où s’observent des variations très rapides des caractéristiques de l’écoulement. Le plus
souvent, un choc n’est pas une surface matérielle mais une onde traversée par le fluide.
Exemple
y = L th(x/ℓ) où ε = ℓ/L ≪ 1.
Le bon choix d’échelle est évident : x̃ = x/ℓ, ỹ = y/L et ỹ = th x̃. Toutefois,
on peut souhaiter étudier cette fonction avec la variable x̄ = x/L et écrire :
ȳ = th(x̄/ε). Alors, lorsque ε → 0, ȳ reste bornée mais sa dérivée dȳ/dx̄ =
ε−1 [1 − th2 (x̄/ε)] tend vers zéro, sauf en x̄ = 0 où elle tend vers l’infini. À
l’échelle x̄ ∼ 1, il se forme une région à la traversée de laquelle ȳ change
brusquement de valeur, c’est-à-dire un choc (voir figure 7.7).
20
1
15
0.5 10
0 0
tion est représentée en trait
−5 plein (axe de gauche) et la
−0.5 dérivée en trait interrompu
ȳ −10
dȳ/dx̄
(axe de droite).
−15
−1
−20
−1 −0.5 0 0.5 1
x̄
7.5 Intégrales
7.5.1 Intégrales simples
L’adimensionnalisation d’une intégrale définie s’appuie sur les mêmes règles. Considé-
rons l’expression suivante :
Z x2 (
x = x0 + (δx) x̃, (δx) = x2 − x1 ,
J= y(x) dx où
x1 y = y0 + (δy) ỹ, (δy) = y2 − y1 .
où, comme plus haut, la partie analytique J˜ est réputée d’ordre unité. Une intégrale définie
étant une constante, il s’agit de déterminer son ordre de grandeur qui, d’après l’expression
ci-dessus, est donné par :
J ∼ sup (δx) y0 , (δx)(δy) = (δx) sup y0 , (δy) .
Si y0 ≫ (δy) =⇒ J ∼ (δx) y0 ,
Si y0 . (δy) =⇒ J ∼ (δx) (δy).
Il se peut, dans certains cas, que les parties positives et négatives de la fonction ỹ(x̃)
soient presque égales en valeur absolue, conduisant à une partie analytique très inférieure
à un : J˜ ≪ 1. Cette difficulté, connue sous le nom de « phénomène de compensations », ne
peut pas être résolue de façon générale et requiert un traitement spécifique dans chaque cas.
Un exemple est donné par l’intégration sur l’intervalle 0 ≤ t ≤ T de la fonction indiquée
sur le figure 7.6.
Cette observation souligne que l’Analyse Phénoménologique ne tient pas compte des
signes et que certains écueils peuvent résulter de cette lacune.
x = xe + L x̄ et r = a0 r̄.
L’écoulement est induit par une différence de pression ∆p = pe −ps > 0, établie entre les
sections d’entrée (x = xe ) et de sortie (x = xs ). La pression p dont il s’agit est la pression
motrice p = pst + ρgZ où pst est la pression statique (thermodynamique), g l’accélération
de la pesanteur et Z la verticale ascendante ; dans ce qui suit, la gravité est « escamotée »
et tout se passe donc comme si la gravité était nulle. Le fluide est supposé incompressible
(approximation que nous ne tenterons pas de justifier).
On recherche une solution stationnaire (∂/∂t = 0), à symétrie de révolution :
L’écoulement ayant pour cause la différence de pression ∆p (donnée), les échelles de la vi-
tesse sont inconnues. Cependant, notre intention étant de prendre en considération les effets
visqueux, nous sommes assurés que, en raison de la condition d’adhérence, les fonctions
u(x, r) et v(x, r) s’annulent dans leur domaine de définition : par suite, on peut procéder
à un changement de variable linéaire. En revanche la pression évoluant entre deux valeurs
non nulles, il faut lui appliquer un changement de variable affine :
⊲ Imaginons que V0 /a0 ≫ U0 /L, alors, le premier terme est prépondérant et, en pre-
mière approximation, il ne reste que ∂(r̄ v̄)/∂r̄ = 0. Cette équation s’intègre immé-
diatement et admet pour solution : v̄ = C(x̄)/r̄ qui est singulière sur l’axe (r̄ = 0) et
manifestement inacceptable.
⊲ Imaginons que V0 /a0 ≪ U0 /L, alors, le deuxième terme est prépondérant et, en
première approximation, il ne reste que ∂ ū/∂ x̄ = 0, soit ū = ū(r̄) : l’écoulement
n’évoluerait pas selon la direction Ox ! Cette configuration est également inaccep-
table.
⊲ La seule solution acceptable est donc V0 /a0 ∼ U0 /L. Du fait que U0 et V0 sont des
échelles inconnues qui ne font pas partie des données, nous sommes libres de retenir
les valeurs les plus simples et de poser :
V0 /a0 = U0 /L ⇐⇒ V0 = ε U 0 .
Les échelles de vitesse sont dans le même rapport que les échelles de longueur.
Compte tenu de ce premier résultat, les équations du mouvement s’écrivent 3 :
1 ∂ ∂ ū
(r̄ v̄) + = 0,
r̄ ∂r̄ ∂ x̄
∂v̄ ∂v̄ 1 ∆p ∂ p̄ 1 ν ∂ 1 ∂ 2
2 ∂ v̄
v̄ + ū = − 2 + r̄ v̄ + ε ,
∂r̄ ∂ x̄ ε ρU02 ∂r̄ ε2 U0 L ∂r̄ r̄ ∂r̄ ∂ x̄2
2
∂ ū ∂ ū ∆p ∂ p̄ 1 ν 1 ∂ ∂ ū 2 ∂ ū
v̄ + ū = − 2 + 2 r̄ +ε .
∂r̄ ∂ x̄ ρU0 ∂ x̄ ε U0 L r̄ ∂r̄ ∂r̄ ∂ x̄2
De la même façon que ci-dessus, on en tire la condition que doivent vérifier les données
pour que ce cas se réalise :
∆p ≪ ε−4 ρν 2 /L2 .
(∆p)∗ 1 ν
=1= 2 =⇒ (∆p)∗ = ε−4 ρν 2 /L2 et U∗ = ε−2 ν/L2 ,
ρU∗2 ε U∗ L
En résumé :
N ≪1 1 N ≫1
- N
Forces de frottement Forces d’inertie
dominantes dominantes
1 ∂ ∂ ū
(r̄ v̄) + = 0,
r̄ ∂r̄ ∂ x̄
∂v̄ ∂v̄ 1 ∂ p̄ 1 ∂ 1 ∂ 2
2 ∂ v̄
v̄ + ū = − 2 + r̄ v̄ + ε ,
∂r̄ ∂ x̄ ε N ∂r̄ N ∂r̄ r̄ ∂r̄ ∂ x̄2
2
∂ ū ∂ ū 1 ∂ p̄ 1 1 ∂ ∂ ū 2 ∂ ū
v̄ + ū = − + r̄ +ε .
∂r̄ ∂ x̄ N ∂ x̄ N r̄ ∂r̄ ∂r̄ ∂ x̄2
5. On dit également : « écoulement dominé par la viscosité ».
7.6. APPROXIMATION PAR TRANCHES 48
Elles font intervenir deux petits paramètres : ε et N . En ne retenant que les termes domi-
nants lorsqu’ils tendent tous les deux vers zéro, il vient :
1 ∂ ∂ ū ∂ p̄ ∂ p̄ 1 ∂ ∂ ū
(r̄ v̄) + = 0, 0 = − et 0 = − + r̄ ,
r̄ ∂r̄ ∂ x̄ ∂r̄ ∂ x̄ r̄ ∂r̄ ∂r̄
avec pour conditions aux limites :
x̄ = 0 : p̄ = 1 et x̄ = 1 : p̄ = 0 ;
r̄ = ā(x̄) : ū = v̄ = 0.
La deuxième équation montre que p̄ = p̄(x̄) si bien que la troisième s’intègre immédi-
atement et la seule solution bornée sur l’axe s’écrit :
dp̄ dp̄ 2
ū(x̄, r̄) = 41 r̄ 2 + C(x̄) =⇒ ū(x̄, r̄) = − 14 ā − r̄ 2 .
dx̄ dx̄
compte tenu de la condition d’adhérence. Noter que le profil de vitesse est parabolique et
coïncide avec celui d’un écoulement de Poiseuille dont le gradient de pression (constant)
serait égal à la valeur locale qu’il prend dans cet écoulement.
Ensuite, la composante radiale de la vitesse s’obtient par intégration de l’équation de
continuité par rapport à r̄ :
1 ∂ d2 p̄ 2 dā dp̄
(r̄ v̄) = 1
4 2
ā − r̄ 2 + 21 ā .
r̄ ∂r̄ dx̄ dx̄ dx̄
Sous la seule condition d’avoir une solution bornée sur l’axe, on obtient :
r̄ 1 2 d2 p̄ dā dp̄ r̄ 3 d2 p̄
v̄(x̄, r̄) = ā + ā − .
4 2 dx̄2 dx̄ dx̄ 16 dx̄2
Il reste à exprimer la condition d’adhérence en r̄ = ā(x̄), ce qui fournit une équation
pour p̄ :
d2 p̄ dā dp̄
ā 2
+4 = 0.
dx̄ dx̄ dx̄
Après une double intégration, il vient :
Z x̄
dx̄
p̄(x̄) = −K1 4
+ K2 ,
0 ā
Cette solution aurait pu être obtenue sans intégrer l’équation de continuité mais par
évaluation du débit (ce qui revient presque au même) :
Z a Z 1
2 2 ā4 dp̄
D= u 2πr dr = 2πε L U0 D̄ =⇒ D̄ = ūr̄ dr̄ = − .
0 0 16 dx̄
CHAPITRE 7. NOTION D’ORDRE DE GRANDEUR 49
Du fait que le fluide est incompressible et l’écoulement stationnaire, le débit est constant,
ce qui permet d’écrire :
Notion de couche
limite – Perturbation singulière
Le formalisme mathématique est assez lourd et nécessite quelques notions de calcul tenso-
riel.
Cependant, en raison de l’approximation de couche mince, il s’avère que tous les opé-
rateurs dégénèrent pour retrouver leur forme cartésienne (pour autant que le repère local
soit orthonormé). Prenons l’exemple de l’opérateur gradient, dans le cas bidimensionnel :
−1
∇p = 1 − Cζ ∂p/∂s,
51
8.1. APPROXIMATION DU PLAN TANGENT 52
1 ∂ 1 ∂u
(rv) + = 0,
r ∂r r ∂θ
∂v ∂v u ∂v u2 1 ∂p ∂ 1 ∂ 1 ∂2v 2 ∂u
+v + − =− +ν (rv) + 2 2 − 2 ,
∂t ∂r r ∂θ r ρ ∂r ∂r r ∂r r ∂θ r ∂θ
∂u ∂u u ∂u uv 1 ∂p ∂ 1 ∂ 1 ∂2u 2 ∂v
+v + + =− +ν (ru) + 2 + 2 .
∂t ∂r r ∂θ r ρr ∂θ ∂r r ∂r r ∂θ 2 r ∂θ
La pression regroupe les forces de volume et doit être comprise comme la pression piézo-
métrique p = pstatique + ρgZ.
Nous admettons que le problème est axisymétrique et recherchons une solution dont
les lignes de courant soient des cercles concentriques : v = 0. L’équation de conservation
de la masse implique alors que ∂u/∂θ = 0, soit u = u(r, t) et les équations se simplifient :
u2 1 ∂p ∂u 1 ∂p ∂ 1 ∂
− =− , =− +ν (ru) .
r ρ ∂r ∂t ρr ∂θ ∂r r ∂r
1. Ou de Stokes.
CHAPITRE 8. NOTION DE COUCHE LIMITE – PERTURBATION SINGULIÈRE 53
D’après la deuxième équation, ∂p/∂θ = F (r, t), soit p = F (r, t)θ + G(r, t) = G(r, t)
puisque p est périodique. Il reste :
u2 1 ∂p ∂u ∂ 1 ∂
− =− , =ν (ru) ,
r ρ ∂r ∂t ∂r r ∂r
auxquelles il faut adjoindre les conditions aux limites :
t = 0, ∀r ≥ a : u = 0 et p = p∞ ,
t > 0, r = a : u = ωa,
t ≥ 0, r → ∞ : u → 0 et p → p∞ .
Tel est l’énoncé du problème que nous allons maintenant examiner.
Problème complet Dans une première étape, nous recherchons les valeurs des données
telles qu’aucune simplification ne se produise dans l’énoncé du problème. Cette démarche,
formelle, a pour but de déterminer un ensemble valeurs critiques par rapport auxquelles il
ensuite pratique de se référer.
Procédons à des changements d’échelles « abstraits », c’est-à-dire indépendants des
données (sauf p∞ ) :
Il est inutile d’adimensionner la variable θ dont le domaine de définition est sans dimension
et d’ordre unité (−π ≤ θ ≤ π). En ces termes, le problème s’énonce :
U 2 ū2 (δp) ∂ p̄ U ∂ ū νU ∂ 1 ∂
− =− , = 2 (r̄ū) ,
R r̄ ρ R ∂r̄ τ ∂ t̄ R ∂r̄ r̄ ∂r̄
t̄ = 0, ∀r̄ ≥ a/R : ū = 0 et p̄ = 0,
t̄ > 0, r̄ = a/R : ū = ωa/U,
t̄ ≥ 0, r̄ → ∞ : ū → 0 et p̄ → 0.
Retenir tous les termes de cet énoncé impose les relations suivantes entre les échelles :
U∗2 (δp)∗ U∗ νU∗ ωa
= , = 2 et = 1.
R∗ ρ R∗ τ∗ R∗ U∗
Ayant introduit quatre échelles inconnues et ne disposant que de trois conditions, nous
sommes libres de poser par exemple R∗ = a (c’est le choix le plus « naturel ») et la
résolution conduit alors aux valeurs critiques :
Le nombre de conditions est insuffisant pour imposer des restrictions aux données et le
problème complet peut donc s’observer quelles que soient leur valeur ; il s’énonce :
ū2 ∂ p̄ ∂ ū ∂ 1 ∂
− =− , = (r̄ū) ,
r̄ ∂r̄ ∂ t̄ ∂r̄ r̄ ∂r̄
t̄ = 0, ∀r̄ ≥ 1 : ū = 0 et p̄ = 0,
t̄ > 0, r̄ = 1 : ū = 1,
t̄ ≥ 0, r̄ → ∞ : ū → 0 et p̄ → 0,
8.1. APPROXIMATION DU PLAN TANGENT 54
ť = 0, ∀r̄ ≥ 1 : ǔ = 0 et p̌ = 0,
ť > 0, r̄ = 1 : ǔ = U∗ /U,
ť ≥ 0, r̄ → ∞ : ǔ → 0 et p̌ → 0.
Le changement de notation (e.g. t̄ → ť) a pour but de différencier les parties analytiques
adimensionnées avec les échelles « critiques » de ces mêmes grandeurs adimensionnées avec
les échelles indéfinies τ , R, U et (δp).
Voisinage de l’instant initial Par hypothèse, l’échelle de temps est telle que : τ ≪ τ∗ .
Il s’ensuit évidemment une modification des valeurs des autres échelles.
r = a + δ ỹ = a(1 + ε ỹ) où ε ≪ 1,
t̃ = 0, ∀ỹ ≥ 0 : ũ = 0 et p̃ = 0,
t̃ > 0, ỹ = 0 : ũ = U∗ /U.
Noter que ũ et p̃ sont fonctions de ỹ. Noter également que les conditions à l’infini ne figurent
plus car elles doivent être remplacées par des conditions de raccord qui sont explicitées plus
loin. Il s’avère alors que les opérateurs différentiels reprennent leur forme cartésienne et
que nous bien affaire à l’approximation du plan tangent.
Avant de pousser l’analyse physique, il faut observer ce que nous pourrions nommer une
« simplification automatique ». Par définition, ε ≪ 1 et ỹ ∼ 1, si bien que le groupement
ε ỹ est uniformément 3 négligeable devant l’unité et que, en première approximation, il peut
être négligé :
U2 2 1 (δp) ∂ p̃ τ∗ ∂ ũ 1 ∂ 2 ũ
− 2
ũ = − , = 2 2.
U∗ ε (δp)∗ ∂ ỹ τ ∂ t̃ ε ∂ ỹ
t̃ = 0, ∀ỹ ≥ 0 : ũ = 0 et p̃ = 0,
t̃ > 0, ỹ = 0 : ũ = U∗ /U.
Nous pouvons alors revenir à la physique et avancer trois arguments :
1. La mise en mouvement du fluide, qui se traduit par le terme instationnaire, ne peut
s’expliquer que par la diffusion ou, autrement dit, les forces de frottement sont néces-
sairement contrebalancées par les forces d’inertie locale. On en déduit que les deux
membres de l’équation de quantité de mouvement azimutale doivent du même ordre,
soit :
ε2 = τ /τ∗ ,
U = U∗ .
3. La force d’inertie centrifuge (qui ne peut être nulle) est obligatoirement équilibrée
par la force de pression radiale :
résultats qui achèvent la résolution du problème au sens des ordres de grandeurs. Sauf
l’échelle de vitesse, le deux autres dépendent de τ .
Sous réserve de compléter son énoncé par les conditions de raccord, la résolution ana-
lytique (ou numérique) peut être envisagée. De façon générale, il faudrait écrire que le
comportement de la solution intérieure (lorsque ỹ → ∞) et celui de la solution extérieure
(lorsque r̄ → 1) ne diffère que d’une quantité tendant vers zéro avec le petit paramètre ε.
3. C’est-à-dire quel que soit le point du domaine et l’instant considérés.
8.1. APPROXIMATION DU PLAN TANGENT 56
Mais ici, la solution extérieure étant nulle, ceci revient à écrire que la solution intérieure
s’annule à l’infini et la première approximation du problème intérieur s’énonce donc :
∂ p̃ ∂ ũ ∂ 2 ũ
−ũ2 = − , = .
∂ ỹ ∂ t̃ ∂ ỹ 2
t̂ = 0, ∀ŷ ≥ 0 : û = 0 et p̂ = 0,
t̂ > 0, ŷ = 0 : u∗ û = 1,
t̂ ≥ 0, ŷ → ∞ : û → 0 et p̂ → 0.
On recherche alors le groupe d’invariance en imposant aux constantes x∗ de vérifier des
conditions telles que l’énoncé du problème soit formellement invariant ; autrement dit, il
faut pouvoir passer d’un système de variables à l’autre simplement en remplaçant les tilda
par des accents circonflexes. Ces conditions sont évidentes :
1/2 1/2
u2∗ = (δp)∗ /y∗ , u∗ /t∗ = u∗ /y∗2 et u∗ = 1 =⇒ y ∗ = t∗ et (δp)∗ = t∗ .
Sans en réduire le nombre, combinons ces variables de telle façon que les nouvelles soient
invariantes :
η = ỹ/t̃1/2 , ũ = f et g = p̃/t̃1/2 ,
et force est de constater que le problème dépend de la constante arbitraire t∗ . Ceci est
impossible, la solution étant unique, et sommes donc conduits à conclure que, dans le
dernier système de variables, t̂ n’intervient pas en tant que variable indépendante. La
solution du problème est donc de la forme : f = f (η) et g = g(η). Nous venons de
déterminer une combinaison des variables indépendantes telle que, partant de deux, il n’y
en ait plus qu’une.
Il reste à effectuer concrètement ces changements :
∂ ũ ∂η ∂ ũ ∂ 2 ũ ∂ p̃
= f′ = − 21 ỹt̃−3/2 f ′ , = t̃−1/2 f ′ , = t̃−1 f ′′ et = g′ .
∂ t̃ ∂ t̃ ∂ ỹ ∂ ỹ 2 ∂ ỹ
CHAPITRE 8. NOTION DE COUCHE LIMITE – PERTURBATION SINGULIÈRE 57
f 2 = 12 g ′ , 1
2η f
′
+ f ′′ = 0.
η→∞: f → 0 et g → 0 ; η=0: f = 1,
dont la solution est :
Z 1 Z
2 2η 2
∞ 2
f (η) = 1 − erf 1
2η =1− √ e −x dx et g = − 1 − erf 1
2x dx.
π 0 η
Avant d’en finir, il convient de rappeler que cette solution n’est valable que tant ε ≪ 1,
soit τ ≪ a2 /ν. Pour des valeurs de τ plus élevées, nous retrouvons le problème complet.
3 10
2.5
8
t̃ = 0,1
t̃ = 1,0
2 t̃ = 5,0
f (η) = 1 − erf( 12 η) t̃ = 10,0
6
1.5
ỹ
η
4
1
2
0.5
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
f (η) ũ
Grandes valeurs du temps Dans cette section, nous examinons l’écoulement sur une
durée τ ≫ τ∗ .
et le problème s’énonce :
ū2 ∂ p̄ ∂ 1 ∂
− =− , 0= (r̄ū) ,
r̄ ∂r̄ ∂r̄ r̄ ∂r̄
r̄ = 1 : ū = 1,
r̄ → ∞ : ū → 0 et p̄ → 0.
La seule solution bornée à l’infini est ū = C/r̄ et, après avoir exprimé la condition d’adhé-
rence : ū = 1/r̄ et p̄ = −1/(2r̄ 2 ). Cette approximation est régulière car elle vérifie toutes
les conditions aux limites.
8.1. APPROXIMATION DU PLAN TANGENT 58
On reconnaît le champ de vitesse d’un tourbillon singulier ponctuel tel qu’il s’obtient
en approximation de fluide parfait. Il est décrit par le potentiel complexe :
iΓ
f (z) = φ(x, y) + i ψ(x, y) = − ln z où z = x + iy,
2π
et Γ est la circulation. Sa vitesse complexe w = df /dz = −i Γ/(2πz) s’interprète aisément
en représentation polaire : z = r e i θ :
Γ −i(θ+ 1 π) Γ
w = q e −i α = e 2 =⇒ α = θ + 12 π et q = u = ,
2πr 2πr
ce qui montre que la vitesse et le rayon polaire sont bien orthogonaux et détermine la
vitesse azimutale. Sous forme adimensionnée, il vient :
Γ
ū = =⇒ Γ = 2πωa2 ,
2π ωa2 r̄
le dernier résultat étant obtenu en identifiant cette solution avec celle obtenue plus haut ;
on reconnaît le produit du périmètre du cercle par la vitesse de l’un de ses points.
Cette solution n’est valable que dans une région annulaire telle que r̄ ∼ 1 et elle ne
donne pas d’indication sur les grandes distances. Or, l’examen de ces valeurs montre que
la diffusion continue à progresser et que la solution exacte reste instationnaire. Posons
r = R r̂ avec R ≫ a, le problème s’écrit :
û2 (δp) ∂ p̂ a2 ∂ û a2 ∂ 1 ∂
− =− , = 2 (r̂û) ,
r̂ ρ U 2 ∂r̂ ντ ∂ t̂ R ∂r̂ r̂ ∂r̂
t̂ = 0, ∀r̂ ≥ a/R : û = 0 et p̂ = 0,
t̂ > 0, r̂ = a/R : û = ωa/U,
t̂ ≥ 0, r̂ → ∞ : û → 0 et p̂ → 0.
Pour retrouver le phénomène de diffusion, il faut donc considérer une région telle que :
√
R = ντ ≫ a.
La diffusion a progressé jusqu’à des distances très supérieures au rayon du cylindre et les
échelles de longueur et de temps sont toujours reliées par la même relation. Par ailleurs,
la vitesse est déterminée par la condition à l’infini, soit limr̂→∞ û = 0 et la condition de
raccord (r̄ → ∞ et r̂ → 0) avec la solution stationnaire dont le comportement s’écrit :
( √
ωa a 1 a 1 U = ωa(a/ ντ ),
u= = ωa = ωa √ = dév U û(r̂) =⇒
r̄ R r̂ ντ r̂ r̂→0 dév û(r̂) = 1/r̂.
r̂→0
√
ce qui montre que l’échelle de vitesse est ici : U = ωa(a/ ντ ) ≪ ωa. Cette échelle est
définie en admettant que le comportement ainsi obtenu est bien celui de û(r̂, t̂) lorsque
r̂ → 0. Donc, le tourbillon continue à diffuser, mais à une vitesse de rotation beaucoup
plus faible que celle du cylindre.
Avec ces échelles, le problème prend la forme 4 :
∂ û ∂ 1 ∂
= (r̂û) ,
∂ t̂ ∂r̂ r̂ ∂r̂
4. On abandonne l’équation de quantité de mouvement radiale et la pression qui n’apportent pas grand
chose.
CHAPITRE 8. NOTION DE COUCHE LIMITE – PERTURBATION SINGULIÈRE 59
t̂ = 0, ∀r̂ ≥ 0 : û = 0,
t̂ > 0, r̂ → 0 : û ∼ 1/r̂,
t̂ ≥ 0, r̂ → ∞ : û → 0.
Le cylindre se réduit à un point situé à l’origine.
Résolution L’équation n’étant contrainte que par une seule condition à la limite non
homogène, on peut espérer trouver une solution semblable. D’un autre point de vue, à
l’instar des petites valeurs du temps, l’échelle de longueur dépend de l’échelle de temps et
n’est pas fixée par la géométrie comme dans le cas précédent ou dans le cas du problème
complet.
La solution semblable s’obtient en suivant les mêmes étapes que celles vues plus haut.
Les conditions d’invariance qui doivent être vérifiées par les constantes de type « x∗ »
s’écrivent :
Problème inverse Imaginons que le cylindre tourne depuis un temps infini : l’écou-
lement est alors induit par un tourbillon singulier ponctuel situé à l’origine, seule solution
stationnaire, bornée à l’infini. À l’instant initial, le cylindre s’arrête de tourner et on cherche
à déterminer le champ de vitesse alors que le fluide ralentit jusqu’à s’arrêter (au bout d’un
temps infini). Ce problème est connu sous le nom de Diffusion du tourbillon et vérifie les
mêmes approximations que le problème direct.
1.2
Cependant, la condition d’adhérence impose une vi-
tesse nulle en r̄ = 1, ce qui conduit à la solution intéri-
1
eure :
0.8 t̄ = 0,0
ū(r̄, t̄) = A(t̄)(r̄ − 1/r̄),
û
t̄ = 0,1
t̄ = 0,2
0.6 t̄ = 1,0
où A(t̄) est une « constante » d’intégration inconnue. t̄ = 10,0
Noter, par voie de conséquence, que l’échelle de vitesse 0.4
U est inconnue. Ces deux quantités doivent donc être
déterminées par le raccord avec la solution extérieure 0.2
qui s’écrit :
0
û(r̂, t̄) = (1/r̂) 1 + B(t̄) exp −r̂ 2 /4t̄ , 0 2 4 6 8 10
r̂
solution dont l’échelle de vitesse est donnée par la condition initiale et a pour valeur Γ/2πa.
8.2. PERTURBATION SINGULIÈRE : FLUIDE PARFAIT 60
Γ h r 2 i
u(r, t) = 1 − exp − .
2πr 4νt
Ainsi, les grandeurs de référence retenues n’ont pas à être indépendantes. Par exemple,
nous pourrions construire une vitesse avec la combinaison ωL.
Puisque les échelles sont les mêmes dans les deux directions de l’espace et qu’il n’est
donc pas utile de différencier, on peut expliciter les équations sous forme vectorielle :
div V̄ = 0,
∂ V̄ V2 p∞ µ V∞
ωV∞ + ∞ ∇V̄ · V̄ = −g ey − ∇ p̄ + ∆V̄ .
∂ t̄ L ρL ρ L2
ωL ∂ V̄ gL p∞ µ
+ ∇V̄ · V̄ = − 2 ey − 2 ∇ p̄ + ∆V̄ .
V∞ ∂ t̄ V∞ ρV∞ ρV∞ L
Les groupements sans dimension, également nommés paramètres de similitude portent tous
un nom 6 (voir Annexe B) :
ωL
Nombre de Strouhal : S= ,
V∞
V∞
Nombre de Froude : F=√ ,
gL
p∞
Nombre d’Euler : Eu = 2
, (peu usité)
ρV∞
ρV∞ L
Nombre de Reynolds : R= .
µ
Sous réserve de faire usage de la pression piézométrique, l’équation s’écrit :
(δp) 1 V∞ L
∇v̄ · v̄ = − 2 ∇p̄ + ∆v̄ où R = .
ρV0 R ν
dont on sait qu’il n”existe pas (en général) de solution satisfaisant v̄ (0) = 0 à la paroi.
L’expérience (et les méthodes asymptotiques) montre qu’il suffit d’imposer une condition
de glissement à la paroi : v̄ (0) · n = 0.
D’un point de vue physique, cette singularité s’explique par le fait que ce sont les
forces de frottement qui forcent le fluide à adhérer à la paroi et qu’elles sont absentes des
équations d’Euler.
D’un point de vue mathématique, imposer trois conditions scalaires (i.e. annuler les
trois composantes de la vitess) constitue une condition trop forte pour un fluide parfait.
On dit qu’il y a surabondance des conditions aux frontières ou qu’elles sont en surnombre.
Cette constatation est due à la disparition du terme de dérivation le plus élevé.
Ce phénomène est très général et se comprend très bien sur un exemple simple (voir
section 8.3.5) :
1 − e −x/ε
f (x, ε) = (1 − a) + ax.
1 − e −1/ε
6. En pratique, le nombre d’Euler est rarement utilisé.
8.3. DÉVELOPPEMENTS ASYMPTOTIQUES RACCORDÉS (DAR) 62
Petit o On écrit : µ = o {ν} dans R0 , si, étant donné un nombre η > 0 aussi petit soit-il,
on peut trouver un voisinage R de l’origine tel que |µ| ≤ η |ν|. De façon plus légère, on
écrit également µ ≪ ν ou encore limε→0 (µ/ν) = 0.
Exemples : ε = o {1}, ε2 = o {ε}, ε = o {ε ln ε}.
ν0 (ε), ν1 (ε), . . . , νn (ε), νn+1 (ε), . . . avec νn+1 (ε) = o {νn (ε)} .
Exemples :
1, ε, . . . , εn , εn+1 , . . .
1, ε1/2 , ε ln2 ε, ε| ln ε|, ε, . . .
N > N0 =⇒ |f − fN | < η.
En général, cette propriété n’est vraie que pour ε < εr , εr étant nommé : rayon de conver-
gence.
On peut résumer les propriétés de ces deux types de développements comme suit :
Mais il se peut que pour une valeur de la variable, notée x̄0 , cette limite n’existe
pas ou qu’elle dépende du chemin suivi dans le plan {x̄, ε} pour atteindre le point de
coordonnées {x̄0 , 0}. L’approximation est alors dite singulière à l’ordre νN (ε) et il est
interdit de permuter l’ordre des passages à la limite ε → 0 et x̄ → x̄0 .
30
f − f1 e −x̄/ε 0 si x̄ 6= 0,
lim = = ε
ε→0 ε ε ∞ si x̄ = 0. 0
−1 0 1 2 3 4
La singularité découle du fait que, dans le plan x̄
{x̄, ε}, le double passage à la limite ε → 0 et x̄ → 0 dépend du chemin suivi.
a a
1−a 1−a
O 1 x̄ O 1 x̄ O x̄0 1 x̄
8.3. DÉVELOPPEMENTS ASYMPTOTIQUES RACCORDÉS (DAR) 66
La valeur attribuée à µ est celle qui conserve le maximum de termes dans l’équation ;
cet argument de nature mathématique, constitue ce qu’on nomme le Principe de Moindre
Dégénérescence (PMD). L’idée est double :
⊲ L’énoncé initial étant réputé bien posé, il s’agit de s’en écarter le moins possible.
⊲ Ne pas procéder à une simplification qui pourrait se révéler abusive et conduire à un
problème approché insoluble.
La solution générale de la première approximation du problème intérieur peut s’écrire :
Raccord Selon la valeur donnée à x̄0 , les conditions aux limites et les conditions de
raccord s’écrivent différemment.
Du fait que x̄ < 1, l’exponentielle tend vers l’infini avec ε et le raccord est impossible.
Cas (c) : 0 < x̄0 < 1. La solution intérieure ne vérifie aucune des deux conditions aux
limites et la variable intermédiaire a pour définition : x̄ − x̄0 = ε x̃ = ϕ x̂. Les constantes
C1 et C2 doivent être déterminées par l’écriture d’un double raccord :
dév a(x̄0 + ϕ x̂) ≃ dév C1 e −(ϕ/ε) x̂ +C2 , où x̂ < 0,
ε→0 ε→0
dév C1 e −(ϕ/ε) x̂ +C2 ≃ dév 1 + a(x̄0 − 1 + ϕ x̂) où x̂ > 0.
ε→0 ε→0
Bien que la deuxième condition donne une relation acceptable, C2 = 1 + a(x̄0 − 1), la
première conduit à des valeurs infinies, ce qui exclut globalement ce cas de figure.
εf ′′ + f ′ = a
1
0.8
0.6
f
0.4
f
0.2 a = 0, 4 f0
ε = 0, 02 g0
h0
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
x̄
Solution exacte L’équation (8.2) est une équation linéaire, à coefficients constants et
avec second membre. Son intégration ne présente aucune difficulté et fournit la solution :
1 − e −x̄/ε 1 − e −x̃
f (·, ε) = a x̄ + (1 − a) −1/ε
= ε a x̃ + (1 − a) −1/ε
.
| {z 1 − e } | {z 1 − e }
(1) (2)
On peut alors vérifier que le développement de (1) quand ε → 0, x̄ étant fixé, conduit au
développement extérieur f0 (x̄) tandis que le développement de (2) quand ε → 0, x̃ étant
fixé, conduit au développement intérieur g0 (x̃).
CHAPITRE 8. NOTION DE COUCHE LIMITE – PERTURBATION SINGULIÈRE 69
8.3. DÉVELOPPEMENTS ASYMPTOTIQUES RACCORDÉS (DAR) 70
Troisième partie
71
Chapitre 9
9.1 Introduction
La présentation qui est faite de cette approxi-
mation se situe dans le cadre des écoulements plans,
stationnaires, de fluide à propriétés physiques cons-
tantes. C’est le cadre défini pour ce cours mais, en
tout état de cause, il n’est pas utile d’envisager des
écoulements plus complexes pour mettre en évidence
le concept de couche limite.
La photo ci-contre représente le profil de vitesse
d’une couche limite sur plaque plane, sans gradient
de pression 1 . Le procédé consiste à saler l’eau, puis
à envoyer des impulsions électriques dans le fil tendu
vericalement(trait sombre). Il se forme des bulles
d’hydrogène qui sont ensuite convectées par l’écou-
lement à la vitesse de l’écoulement.
L’exemple traité en section 8.3.5 montre que,
suite à certaines approximations, les conditions aux
limites peuvent être en surnombre lorsque la dérivée
d’ordre le plus élevé disparaît. C’est ce qui se passe lorsque les forces de frottement sont
négligeables et que l’approximation de fluide parfait est justifiée. On est alors conduit à
abandonner la condition d’adhérence au profit de la condition de glissement. Physiquement,
l’explication de ce paradoxe tient en ce que ce sont les forces de frottement visqueux qui
permettent au fluide d’adhérer à une paroi solide et que, ayant été négligées, la condition
d’adhérence ne peut plus être satisfaite.
Or, la condition d’adhérence faisant partie intégrante de l’énoncé du problème complet,
il est impératif de la « récupérer ». L’approximation de fluide parfait est fondée sur certains
choix d’échelles : plus précisément, si on pense à un écoulement autour d’un obstacle profilé,
la seule échelle de longueur est la plus grande dimension de l’obstacle, soit L. Dès lors,
tous les phénomènes qui se développent sur des échelles de longueur plus courtes sont
« invisibles », en première approximation. Il en est ainsi des phénomènes visqueux dont la
portée δ reste confinée au voisinage immédiat de la paroi : δ ≪ L. C’est la raison pour
laquelle l’approximation de fluide parfait les ignore.
Pour les observer, il est donc nécessaire d’élaborer une approximation « calibrée » aux
1. M. Van Dyke, « An Album of Fluid Motion », Parabolic Press (1982)
73
9.2. COUCHE LIMITE SUR PLAQUE PLANE 74
dimensions du domaine sur lequel ces forces sont significatives : la couche limite dynamique.
C’est bien ce qui a été fait en section 8.3.5, lors de la recherche de l’approximation intérieure.
L’idée est donc d’introduire une échelle inconnue, δ : épaisseur d’un voisinage de la paroi, et
de déterminer sa valeur de telle manière que les forces de frottement y soient significatives,
en première approximation. Par définition, cette couche limite est « mince » comparée à la
dimension longitudinale L de la paroi et le rapport δ/L doit donc être très inférieur à un.
Après avoir déterminé la valeur de δ en fonction des données, cette hypothèse a priori se
transforme en condition sur les données. Ainsi, dans le cas d’un écoulement autour d’un
obstacle, on trouve : R = U∞ L/ν ≫ 1, condition qui établit par ailleurs l’approximation
de fluide parfait. L’ensemble est donc cohérent : les approximations de fluide parfait et
de couche limite sont justifiées par la même condition : R ≫ 1. Ainsi, grâce à cette
approximation où les forces de frottement sont significatives, il devient possible d’appliquer
la condition d’adhérence et de restaurer les conditions aux limites du problème complet,
c’est-à-dire le problème initialement posé pour un fluide visqueux.
∂ ū ∂v̄
+ = 0,
∂ x̄ ∂ ȳ
∂ ū ∂ ū (δp) ∂ p̄ 1
ū + v̄ =− 2 + ∆ū,
∂ x̄ ∂ ȳ ρU∞ ∂ x̄ Rλ
∂v̄ ∂v̄ (δp) ∂ p̄ 1
ū + v̄ =− 2 + ∆v̄.
∂ x̄ ∂ ȳ ρU∞ ∂ ȳ Rλ
échelle définit une région locale où les équations de Navier-Stokes restent complètes.
Elles permettent de satisfaire à la condition d’adhérence mais doivent être résolues nu-
mériquement. En pratique, λ reste une valeur théorique ; par exemple, dans le cas d’un
écoulement d’eau (ν = 10−6 m2 /s) de vitesse U∞ = 1 m/s, on a λ = 1 µm. À cette échelle,
la géométrie arrondie du bord d’attaque doit être prise en compte et le modèle simplifié
de plaque plane sans épaisseur abandonné.
Examinons maintenant l’écoulement à l’échelle imposée L ≫ λ. Les équations de
Navier-Stokes font intervenir le nombre de Reynolds RL = U∞ L/ν = L/λ ≫ 1.
Posons ε = 1/RL ≪ 1. En première approximation, nous obtenons les équations d’Euler,
c’est-à-dire l’approximation de fluide parfait qui ne permet de satisfaire qu’à la condition
de glissement. Cette approximation est singulière et la solution est immédiate et triviale :
Cette solution n’est pas valable en ȳ = 0 où elle ne permet pas de satisfaire à la condition
d’adhérence : ū(x̄, 0) = 0 et il faut donc examiner le voisinage de cette ligne singulière.
∂ ũ V L ∂ṽ
+ = 0,
∂ x̄ U∞ δ ∂ ỹ
où, par définition, les parties analytiques sont d’ordre unité et seul le groupement d’échelles
encadré est susceptible d’être très différent de un. Posons δ/L = α(ε) et V /U∞ = β(ε).
Lorsque ε → 0, la limite du rapport β/α est indéterminée et on peut imaginer plusieurs
cas de figures.
⊲ limε→0 (β/α) = 0. Il s’ensuit, en première approximation : ∂ ũ/∂ x̄ = 0, soit ũ = ũ(ỹ).
En raison du raccord en x̄ → −∞ et ỹ fixé, ũ → ū = 1, donc ∀ỹ, ũ = 1. Une telle
approximation ne permettrait pas de rendre compte du ralentissement des couches
de fluide imposé par les forces de frottement au voisinage de la paroi : elle doit donc
être rejetée.
⊲ limε→0 (α/β) = 0. Il s’ensuit, en première approximation : ∂ṽ/∂ ỹ = 0, soit ṽ = ṽ(x̄).
En raison de a condition d’adhérence en ỹ = 0, on a alors ∀x̄, ṽ = 0. Ce résultat est
également inadmissible car il suppose un écoulement à lignes de courant parallèles
qui, une fois de plus, ne peut rendre compte du ralentissement dû à la condition
d’adhérence. En effet, ce ralentissement doit se traduire par un écartement des lignes
de courant du fait de la conservation de la masse : les particules fluides s’écartent
nécessairement de la paroi ce qui impose une composante transversale de la vitesse
non nulle.
9.2. COUCHE LIMITE SUR PLAQUE PLANE 76
ỹ 1 d
− 21 f ′′ + g ′ = 0 ⇐⇒ g ′ = 21 ηf ′′ = 1
2 (ηf ′ − f ) =⇒ g = 12 (ηf ′ − f ).
x̄3/2 x̄ dη
De la même façon, nous obtenons pour l’équation de quantité de mouvement :
ỹ 1 1
− 12 f ′′ f ′ + f ′′ g = f ′′′ ⇐⇒ − 12 η f ′′ f ′ +f ′′ g = f ′′′ =⇒ 2f ′′′ +f f ′′ = 0.
x̄3/2 x̄ x̄
Les résultats sont bien identiques à ceux obtenus en faisant usage de la fonction de
courant.
où n(x) est le vecteur unitaire normal à la paroi ∂D en P (x) tel que (τ , n) = π/2. Il
s’ensuit l’expression d’un déplacement élémentaire :
−−→
dOM = τ (1 − yC) dx + n dy,
où C est la courbure de ∂D en P et celle du gradient :
1 ∂p ∂p
∇p = τ+ n.
1 − yC ∂x ∂y
Les autres opérateurs s’obtiennent de façon analogue (voir section 8.1).
On introduit alors les échelles :
x = L x̄, y = δ ỹ avec δ ≪ L, avec ¯
C = C/L,
V = u ex + v ey avec u(x, y) = U∞ ũ(x̄, ỹ) et v(x, y) = V0 ṽ(x̄, ỹ),
p = p∞ + (δp) p̃.
On retrouve alors la formulation cartésienne des opérateurs différentiels ainsi qu’on peut
le vérifier sur le gradient :
1 (δp) ∂ p̃ (δp) ∂ p̃ (δp) ∂ p̃ (δp) ∂ p̃
∇p = ¯ τ+ n≃ τ+ n.
1 − (δ/L)ỹ C L ∂ x̄ δ ∂ ỹ L ∂ x̄ δ ∂ ỹ
Les équations de Navier-Stokes prennent donc une forme classique, à ceci près que la
variable x̄ est une abscisse curviligne et non une abscisse cartésienne.
Pour commencer, examinons l’équation de conservation de la masse :
U∞ ∂ ũ V0 ∂ṽ
+ = 0,
L ∂ x̄ δ ∂ ỹ
Selon les valeurs prises par les échelles, on peut énumérer trois cas :
⊲ Si U∞ /L ≫ V0 /δ, en première approximation, ∂ ũ/∂ x̄ = 0 et ũ = ũ(ỹ). Une solution
de cette forme ne peut pas se raccorder à la vitesse extérieure ue (x) et doit donc être
rejetée. Autrement dit, la composante longitudinale ũ conserverait sa valeur initiale,
prise au point d’arrêt A, et serait identiquement nulle, ce qui est absurde puisqu’elle
doit réaliser la transition entre la valeur pariétale nulle et la valeur au raccord, non
nulle.
⊲ Si U∞ /L ≪ V0 /δ, en première approximation, ∂ṽ/∂ ỹ = 0 et ṽ = ṽ(x̄). Alors, du
fait de la condition de non-pénétration, nous aurions partout dans la couche limite
ṽ = 0. Ce résultat est également irrecevable car, en raison du défaut de vitesse dû
au freinage des forces de frottement, les lignes de courant doivent nécessairement
s’écarter de la paroi (conservation du débit entre deux lignes de courant) ce qui ne
peut se réaliser que si ṽ est différent de zéro.
⊲ Si U∞ /L ∼ V0 /δ, l’équation de continuité reste complète (moindre dégénérescence).
Du fait que δ et V0 sont des échelles inconnues, nous sommes libres de poser :
∂ ũ ∂ṽ
V0 = (δ/L) U∞ ≪ U∞ =⇒ + = 0.
∂ x̄ ∂ ỹ
Compte tenu de ce résultat qui permet d’éliminer V0 , les équations de quantité de mouve-
ment s’écrivent :
∂ ũ ∂ ũ (δp) ∂ p̃ L2 1 δ2 ∂ 2 ũ ∂ 2 ũ
ũ + ṽ = − 2 + 2 + 2 ,
∂ x̄ ∂ ỹ ρU∞ ∂ x̄ δ R L2 ∂ x̄2 ∂ ỹ
∂ṽ ∂ṽ L2 (δp) ∂ p̃ L2 1 δ2 ∂ 2 ṽ ∂ 2 ṽ
ũ + ṽ =− 2 2 ∂ ỹ
+ + .
∂ x̄ ∂ ỹ δ ρU∞ δ2 R L2 ∂ x̄2 ∂ ỹ 2
9.3. ÉQUATIONS DE PRANDTL 80
Au titre des simplifications automatiques, nous pouvons négliger les dérivées relativement
à x̄ des laplaciens.
En ce point de l’analyse, il ne reste plus qu’une seule jauge inconnue, l’échelle de
pression (δp). L’étude de la couche limite sur plaque plane a montré que les forces de
pression ne jouent pas un rôle fondamental dans le développement d’une couche limite.
En effet, le phénomène essentiel est l’équilibre entre la diffusion normale à la paroi et
la convection parallèle à la paroi et, qualitativement, nous sommes conduits à écrire :
Convection longitudinale ∼ Diffusion transversale & Forces de pression,
ce qui se traduit par :
L2 1 (δp) δ 1 2
1= 2
= 2
=⇒ =√ et (δp) = ρU∞ .
δ R ρU∞ L R
∂ ũ ∂ṽ ∂ ũ ∂ ũ ∂ p̃ ∂ 2 ũ ∂ p̃
+ = 0, ũ + ṽ =− + , = 0,
∂ x̄ ∂ ỹ ∂ x̄ ∂ ỹ ∂ x̄ ∂ ỹ 2 ∂ ỹ
ỹ = 0, ũ = ṽ = 0 et ỹ → ∞, ũ → ūe (x̄), p̃ → p̄e (x̄).
Concernant la pression, il est clair que p̃(x̄) = p̄e (x̄) ; on dit que la pression de la solution
de fluide parfait « s’imprime » sur la paroi au travers de la couche limite. Nous obtenons
ainsi les équations de Prandtl :
∂ ũ ∂ṽ ∂ ũ ∂ ũ dp̄e ∂ 2 ũ
+ = 0, ũ + ṽ =− + 2, (9.4)
∂ x̄ ∂ ỹ ∂ x̄ ∂ ỹ dx̄ ∂ ỹ
ỹ = 0, ũ = ṽ = 0 et ỹ → ∞, ũ → ūe (x̄). (9.5)
résultat qui indique que la pression varie beaucoup plus par rapport à x̄ que par
rapport à ỹ. Mais nous n’avons droit qu’à une seule valeur pour l’échelle (δp), valeur
qui doit être telle que p̃(x̄, ỹ) = O {1}. Il est donc obligatoire de choisir la plus grande
des deux et de poser : (δp) = (δp)x . Le passage à la limite δ/L → 0 renvoie alors
pour résultat le fait que, en première approximation, on peut négliger les variations de
pression relativement à ỹ, ce qui est cohérent avec l’ensemble de nos interprétations.
CHAPITRE 9. COUCHE LIMITE LAMINAIRE DYNAMIQUE 81
σ = −p I + 2µD où D = 12 (∇V + t ∇V ),
9.4.2 Application
Soit à calculer la traînée visqueuse Ff d’une plaque plane de longueur L et de largeur
b. En raison de la géométrie de la paroi, la composante cherchée est parallèle l’axe des x
et, sous forme dimensionnée, nous avons :
Z b Z L
∂u
Ff = dz µ dx.
0 0 ∂y |0
D’après la solution de Blasius (voir section 9.2.3) :
√ U∞ ∂ ũ √ U∞ −1/2 ′′
Tf = R µ = Rµ x̄ f (0) où f ′′ (0) = 0,332.
L ∂ ỹ |0 L
Après avoir reporté dans l’intégrale, il vient :
Z b Z Lr √
U∞ µU∞ ′′
Ff = dz √ f (0) dx = 2bµU∞ Rf ′′ (0).
0 0 ν x
Introduisons le coefficient de traînée CX :
Ff 4f ′′ (0)
CX = 1 2
= √ ,
2 ρU∞ bL R
c’est une fonction décroissante de la longueur de la plaque, singulière lorsque L → 0, ce
qui n’a rien d’étonnant car, au voisinage du bord d’attaque, on se trouve confronté au
problème complet (voir section 9.2.1).
9.5.2 Commentaires
⊲ Si la fonction k(θ) est positive, elle peut être interprétée comme une conductivité
thermique et on sait alors qu’il existe une solution pour t > t0 mais pas pour t < t0
(second principe de la thermodynamique). Donc, si U > 0, la solution U (x̄, ψ̃) ne
peut être obtenue que pour x̄ > x̄0 où x̄0 est l’abscisse d’une section où la fonction
U (x̄, ψ̃) est complètement connue.
⊲ On constate donc qu’il existe une solution de couche limite si, outre les conditions aux
limites en ỹ = 0 et ỹ = ∞, on dispose également d’une condition initiale en x̄ = x̄0 .
Du fait qu’il est impossible de faire un calcul pour x̄ < x̄0 , on choisit naturellement
le point d’arrêt comme section initiale.
⊲ Si on change formellement k en −k et t en −t, l’équation de la chaleur est invariante.
Cela signifie que pour k < 0, il est possible de faire un calcul pour t < t0 . Par
analogie, si U < 0 (de l’autre côté du point d’arrêt), il est possible de poursuivre son
calcul pour x̄ < x̄0 . Cette situation se produit également à l’intérieur d’une bulle de
décollement.
f (z) = A z m+1 ,
β
θ = π − 12 βπ d’où m = .
2−β
V∞
Il n’existe pas d’écoulement uniforme à l’in-
fini autour d’un dièdre s’étendant vers l’infini. O
Cela provient du fait qu’un écoulement dans un
angle n’existe pas physiquement. Ce n’est que le ℓ
comportement local au voisinage du bord d’at-
taque anguleux d’un obstacle de dimension ℓ fi-
nie (voir figure). Toute la géométrie en aval du point O, aussi complexe soit-elle (mais
symétrique) est totalement incluse dans la valeur du coefficient A de f (z). Le compor-
tement f (z) = A z 2/(2−β) est valable à une distance L ≪ ℓ du bord d’attaque. Il faut
également, puisqu’il s’agit d’un écoulement de fluide parfait, que le nombre de Reynolds
local soit grand. L’ordre de grandeur des vitesses, donné par :
df 2A β/(2−β)
w(z) = = u − iv = z ,
dz 2−β
2A
w(z) = U0 z̄ β/(2−β) avec U0 = Lβ/(2−β) ,
2−β
CHAPITRE 9. COUCHE LIMITE LAMINAIRE DYNAMIQUE 85
λ ≪ L ≪ ℓ.
La zone de dimension λ autour de O pour laquelle Rloc ∼ 1 ne peut être traitée que par
les équations de Navier-Stokes complètes.
En conséquence de ce qui précède, on choisit pour échelles de description de la région
de fluide parfait :
La pression à l’infini n’étant pas définie, ceci nous oblige à introduire une référence arbi-
traire p0 .
Pour les conditions de raccord, il nous faut connaître la vitesse de glissement et la
pression à la paroi :
β dp̄e dūe β 3β−2
ūe (x̄) = x̄ 2−β =⇒ = −ūe =− x̄ 2−β .
dx̄ dx̄ 2−β
9.6.2 Résolution
Les équations de Prandtl établies dans un cadre plus général sont évidemment va-
lables, après avoir fait le choix approprié des échelles de description de la couche limite.
−1/2 −1/2
x = L x̄, y = LRL ỹ, et u = U0 ũ, v = U0 RL ṽ.
Du fait que les conditions aux limites n’imposent pas d’échelle de longueur, il existe
une solution semblable. Introduisons la fonction de courant :
−1/2
ψ = U0 L RL ψ̃ avec ũ = ∂ ψ̃/∂ ỹ et ṽ = −∂ ψ̃/∂ x̄,
∂ ψ̃ ∂ 2 ψ̃ ∂ ψ̃ ∂ 2 ψ̃ β 3β−2 ∂ 3 ψ̃
− = x̄ 2−β + ,
∂ ỹ ∂ x̄∂ ỹ ∂ x̄ ∂ ỹ 2 2−β ∂ ỹ 3
et la seule condition à la limite à jouer un rôle est :
∂ ψ̃ β
ỹ → ∞ : ∼ x̄ 2−β .
∂ ỹ
9.6. SOLUTION DE FALKNER-SKAN 86
x̄ = x∗ x̂, ỹ = y∗ ŷ et ψ̃ = ψ∗ ψ̂.
β
−0,199
4 0,00
0,25 Figure 9.1 – Solution de Falkner-
0,50
0,75 Skan. Les courbes en trait continu
1,00
1,25 représentent les valeurs particulières
3 1,50
1,75
β = 2, β = 1 et β = 0 (plaque
η 2,00 plane) ; voir tableau 9.1. La valeur
β = −0,199 correspond au décolle-
2
ment {f ′′ (0) = 0}. Pour des valeurs
inférieures à −0,199, le profil des vi-
tesses présente une portion négative,
1 c’est-à-dire un écoulement de retour
qui doit être exclu.
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
f’
Cette équation est connue sous le nom d’équation de Falkner-Skan. On n’en connaît
pas de solution analytique et les résultats numériques (voir figure 9.1) doivent donc être
tabulés pour différentes valeurs de β (voir tableau 9.1). Le champ de vitesse s’obtient en
appliquant les changements de variable et de fonction en sens inverse :
∂ ψ̃ β
ũ = = x̄ 2−β f ′ = ūe f ′ (η),
∂ ỹ
β−1
∂ ψ̃ x̄ 2−β
ṽ = − = −√ f + (β − 1)ηf ′ .
∂ x̄ 2−β
Remarque Le cas particulier β = 0 ne redonne pas exactement la solution du pro-
blème de Blasius en raison d’une petite modification de la définition de η et de f .
Le cas particulier β = 1 (angle droit) donne la solution au point d’arrêt, nécessaire
pour amorcer tout calcul de couche limite sur un obstacle quelconque.
CHAPITRE 9. COUCHE LIMITE LAMINAIRE DYNAMIQUE 87
10.1 Généralités
10.1.1 Position du problème
Afin d’être cohérent avec le chapitre précédent, restons dans le cadre des écoulements
bidimensionnels, stationnaires et à propriétés physiques constantes, en conservant toutes les
notations introduites jusqu’à présent. De façon générale, désignons par T∞ la température
loin de l’obstacle.
Du fait que les propriétés physiques du fluide sont constantes (donc indépendantes de
la température), les problèmes dynamique et thermique sont découplés, ce qui signifie que
le premier peut être intégré avant le second ; on parle de « couplage faible ».
Cette question du couplage se pose également pour les températures du fluide et de la
paroi mais il n’est pas prévu de traiter des problèmes couplés de cette nature dans ce cours 1 .
On se limite donc à deux types de conditions à la paroi dont les propriétés mathématiques
de l’équation d’énergie montrent par ailleurs qu’il n’est possible de satisfaire qu’à une seule
d’entre elles.
⊲ Température imposée : Tp .
⊲ Paroi athermane 2 : q · n = 0 où q est la densité de flux de chaleur donnée par la loi
de Fourier, soit : ∇ T · n = ∂T /∂n = 0.
En général, la température est une quantité qui ne s’annule pas dans son domaine de
définition 3 et on procède donc changement de variable suivant :
(
(δT ) = |Tp − T∞ | si T = Tp .
T = T∞ + (δT ) T̄ où
(δT ) inconnue si q · n = 0;
Dans tout ce qui suit, on suppose que le champ de vitesse est déjà connu par la résolution
du problème dynamique. De façon générale (i.e. sans direction privilégiée) et en variables
extérieures, x = L x̄ et y = L ȳ, l’équation d’énergie s’écrit :
1 E
∇ T̄ · V̄ = ∆T̄ + 2 D̄ : D̄,
Pe R
1. Éventuellement en TD...
2. Bien que la terminologie ne soit pas très stricte, on utilise en général le terme « athermane » pour
une paroi et le terme « adiabatique » pour un système matériel considéré globalement. Inversement, une
paroi qui laisse passer un flux de chaleur est « diathermane ».
3. Rares sont les problèmes industriels où la température atteint le zéro absolu !
89
10.1. GÉNÉRALITÉS 90
Diffusion dominante Ce cas est associé aux petites valeurs du nombre de Péclet :
Pe ≪ 1. Sous cette condition, et en se plaçant dans le cas où la dissipation visqueuse est
négligeable, l’équation d’énergie se réduit à :
∆T̄ = 0.
Le transport de chaleur par diffusion est tellement intense qu’il masque les mouvements
du milieu ; tout se passe comme dans un solide. Autrement dit, la chaleur se déplace dans
le milieu beaucoup plus vite que celui ci ne se déplace. Le fluide a donc « tout le temps »
pour adapter sa température à celle de la paroi et satisfaire à la condition imposée.
∇ T̄ · V̄ = dT̄ /dt̄ = 0,
dont on déduit que la température est constante sur une trajectoire, ce qui implique : T̄ = 0,
en raison du changement de variable. Le fluide passe tellement vite au voisinage de l’obstacle
que la conduction n’a pas le temps de le réchauffer et qu’il conserve donc la température
qu’il a à l’infini. Cette approximation ne permet pas d’assurer T = Tp sur la paroi, ce qui
est inadmissible, au vu du problème posé. Physiquement, du fait que la paroi est étanche,
seul le transport par diffusion – qui ne s’accompagne d’aucun mouvement macroscopique —
peut permettre à la chaleur de pénétrer dans le domaine fluide et précisément, ce mode de
transport est absent. La paroi constitue donc une ligne singulière dont il faut examiner le
voisinage : couche limite thermique.
4. Noter la structure analogue à celle du nombre de Reynolds, sous réserve de substituer la diffusivité
thermique à la diffusivité de la quantité de mouvement.
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION FORCÉE 91
Problème complet C’est le cas Pe ∼ 1. Les deux modes de transport sont présents
mais on conserve l’hypothèse d’une dissipation visqueuse négligeable. Cette hypothèse se
réalise si L = λth ∼ α/V∞ , longueur « thermique » à comparer avec la longueur « dyna-
mique » λdy = ν/V∞ pour laquelle les équations de Navier-Stokes sont complètes (voir
section 9.2.1) :
où le premier terme de l’alternative est la jauge du transport par convection tandis que le
second est celle du transport par diffusion. Noter que, quel que soit le mode de transport,
la chaleur doit être évacuée sans quoi, en raison de son accumulation, l’écoulement serait
instationnaire, ce qui est exclu ici.
E 1 V∞2 ν α µ 2 V2
= ⇐⇒ = ⇐⇒ (δT ) = V∞ = P ∞ .
R Pe c(δT ) V∞ L V∞ L k c
E V∞2 ν V∞ ν 1 V∞2
=1 ⇐⇒ =1 ⇐⇒ (δT ) = = .
R c(δT ) V∞ L cL R c
Les applications numériques montrent que dans la plupart des cas, l’échauffement dû à la
dissipation visqueuse est négligeable et que ses effets peuvent être négligés.
ρcν V∞ L
PR = = ρcνV∞ L/k ∼ 1.
k ν
y y
V∞ = 0 T∞ 6= Tp
V0 Tp
Équation : Équation :
∂u ∂2u ∂θ ∂2θ
= ν 2. = α 2 où θ = T − T∞ .
∂t ∂y ∂t ∂y
Conditions aux frontières : Conditions aux frontières :
t = 0, (∀y) : u = 0 t = 0, (∀y) : θ = 0,
y = ∞, (∀t) : u = 0 y = ∞, (∀t) : θ = 0
y = 0, (∀t) : u = V0 y = 0, (∀t) : θ = Tp − T∞ .
Ce deux problèmes sont identiques. Désignons u et θ par X et ν et α par η. Du fait
que X s’annule dans son domaine de définition, il peut être adimensionné par une formule
linéaire : X = (δX) X̄ ; posons encore t = τ t̄ et y = δ ȳ, si bien que l’équation s’écrit sous
forme adimensionnée :
aboutissons donc à une solution triviale qui ne permet pas de satisfaire à la condition
imposée en ȳ = 0.
Le bon choix d’échelle est donc δ2 = η τ , soit :
√
• problème dynamique : δdy = ντ ,
√
• problème thermique : δth = ατ .
y y
∆x V∞ ∆x
δdy1 u √
δdy2 δdy = ντ
u
x1 = V∞ t1 x2 = V∞ t2
y y
T∞ T∞
δth2 √
δth1 δth = ατ
θ θ
Tp Tp
t = t1 t = t2
Elle se justifie si on considère qu’une couche limite dynamique est en fait une zone de
diffusion de discontinuité de vitesse qu’on suit en description lagrangienne à la vitesse
V∞ . Sur la figure (moitié supérieure), il faut suivre l’évolution du défaut de vitesse
(V∞ − u) en se déplaçant selon l’équation horaire x = V∞ t et en observant le fluide par
une fenêtre de largeur ∆x. L’analogie avec la diffusion de la chaleur représentée sur la
moitié inférieure de la figure apparaît alors clairement. Elle se comprend sur une base
plus rigoureuse en reprenant les développements de la section 9.5.1.
élevé ∆T . Introduisons une variable adaptée à cette couche limite : y = δth ŷ. Il faut
déterminer δth de façon que la conduction soit du même ordre que la convection. Ceci
étant, il faut exprimer les composantes de la vitesse dans ce nouveau système de variables :
δ δ
th th
u = V∞ ũ x̄, ŷ et v = R−1/2 V∞ ṽ x̄, ŷ .
δdy δdy
Primo, par définition de ũ et ṽ, ces fonctions ex-
hibent des variations d’ordre unité lorsque leurs y P ≪1
variables sont elles mêmes d’ordre unité, secundo, V∞
l’analogie de la section précédente suggère que la
valeur cherchée soit telle que 5 : δth ≫ δdy , tertio, δth
δdy
la couche limite thermique est une région telle que x
ŷ = O {1}. Au terme de ces observations, on s’at- T∞ Tp
tend donc à ce que la variable transversale prenne
des valeurs très supérieures à l’unité (δth ≫ δdy ) et que, en première approximation, ũ et
ṽ soient assimilables à leur valeur asymptotique, i.e. celle qu’elles prennent dans la région
de fluide parfait :
δ δ
th th
u = V∞ ū x̄, ŷ et v = V∞ v̄ x̄, ŷ .
L L
Bien que la couche limite thermique soit supposée très épaisse devant la couche limite dy-
namique (δth ≫ δdy ), elle reste très mince à l’échelle extérieure (Pe ≫ 1) et les expressions
précédentes peuvent donc être développées en série de Taylor :
∂u V∞ ∂ ū
u = V∞ ū(x̄, 0) + . . . = V∞ ūe (x̄), = ,
∂y L ∂ ȳ |0
h δth ∂v̄ i δth dūe
v = V∞ v̄(x̄, 0) + (x̄, 0) ŷ + . . . = −V∞ ŷ.
L ∂ ȳ L dx̄
En posant 6 T = T∞ + (δT ) Tb, l’équation d’énergie s’écrit :
expression cohérente avec l’hypothèse. Si, par ailleurs, nous faisons l’hypothèse d’une dis-
sipation visqueuse négligeable, soit : (ν/V∞ L){V∞2 /[c(δT )]} = E/R ≪ 1, le dernier terme
de l’équation disparaît ainsi que l’échelle de température et la première approximation de
l’équation d’énergie s’écrit :
∂ Tb dūe ∂ Tb ∂ 2 Tb
ūe − ŷ = .
∂ x̄ dx̄ ∂ ŷ ∂ ŷ 2
L’échelle (δT ) ne peut donc provenir que des conditions aux limites :
ŷ = 0, Tb = (Tp − T∞ )/(δT ) ; ŷ → ∞, Tb → 0.
Posons Tp = Tp0 + (δTp ) T̄p (x̄) où toutes les quantités sont connues puisque Tp (x) est une
donnée ; deux cas se présentent :
Puisque δth ≪ δdy , le terme de convection est négligeable devant la conduction. Or, lorsque
ŷ → 0, on a ũ → 0 et ṽ → 0, et la dissipation visqueuse reste isolée. Ceci est impossible
car la chaleur produite doit être évacuée, sans quoi le problème serait instationnaire du
fait de l’accumulation. Mathématiquement, la dissipation est strictement positive puisque
le gradient de vitesse est une donnée non nulle et elle ne peut donc être égale à zéro. Nous
avons donc clairement une singularité à la paroi, mais elle peut être levée si on remarque
que, la convection tendant vers zéro au voisinage de la paroi, contrairement à la conduction,
il existe nécessairement un voisinage où ces deux modes de transport de la chaleur sont du
même ordre.
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION FORCÉE 97
L’explication vient de ce que, par hypothèse (δth ≪ δdy ) le champ de vitesse peut être
développé en série de Taylor ; en effet, la couche limite thermique étant une sous-couche
de la couche limite dynamique, nous n’avons besoin que de l’expression du champ de vitesse
près de la paroi, région où il tend vers zéro :
δ δth ∂ ũ δth
th
ũ x̄, ŷ = ũ(x̄, 0) + ŷ + ... = ŷ τ̃p (x̄) + . . .
δdy δdy ∂ ỹ |0 δdy
δ δth ∂ṽ δ2 ∂ 2 ṽ 2
th 1 δth 2 ∂ τ̃p
ṽ x̄, ŷ = ṽ(x̄, 0) + ŷ + 21 2th ŷ 2 + . . . = − 2 δ 2 ŷ ∂ x̄ + . . .
δdy δdy ∂ ỹ |0 δdy ∂ ỹ 2 |0 dy
10.5 Définitions
10.5.1 Température d’arrêt
C’est une notion qui n’a d’intérêt que dans les écoulements où la dissipation visqueuse
est significative. Elle est notée :
Ti = T + V 2 /(2c),
10.5. DÉFINITIONS 98
où V est le module de la vitesse locale. C’est donc une quantité définie en tout point de
l’écoulement, quelle que soit la région considérée : fluide parfait, couche limite dynamique
ou thermique.
C’est la température qu’atteindrait le fluide en un point si on ajoutait à la température
locale l’élévation de température qui résulterait de la transformation de toute l’énergie
cinétique locale en chaleur.
Cette élévation de température est négligeable dans le cas des liquides mais peut être
significative dans le cas de gaz s’écoulant à grande vitesse :
⊲ liquide : V ∼ 10 m/s, c ∼ 4 kJ/(kg · K) → V 2 /(2c) ∼ 1,25 · 10−2 K ;
⊲ gaz : V ∼ 100 m/s, c ∼ 0,6 kJ/(kg · K) → V 2 /(2c) ∼ 8,3 · 10−2 K.
où (δT ) est évalué en exprimant que la dissipation visqueuse est la seule source de chaleur
du problème :
⊲ P ≪ 1 : (δTf ) = V∞2 /(c R) ;
⊲ P ∼ 1 : (δTf ) = V∞2 /c ;
⊲ P ≫ 1 : (δTf ) = P 1/3 V∞2 /c.
r = (Tf − Te )/(Tie − Te ),
où l’indice « e » indique une grandeur évaluée à l’extérieur de la couche limite. Du fait que,
dans tous les cas, les frottements produisent de la chaleur, Tf > Te = T∞ . D’autre part,
d’après la définition de la température d’arrêt : Tie = Te + u2e /(2c). La différence Tie − T∞
est donc l’accroissement de température qui serait observé si toute l’énergie cinétique de
l’écoulement extérieur était transformée en chaleur. Le facteur de récupération peut encore
être introduit sous la forme :
Tf = T∞ + r u2e /(2c).
Mais, en toute rigueur, h est une fonction de l’écoulement et des écarts de température,
si bien qu’en fait, même si c’est souvent le cas, en première approximation, la relation
ci-dessus n’est pas linéaire.
10.6. RECHERCHE DE SOLUTIONS SEMBLABLES 100
ϕp = h(Tp − T∞ ).
On remonte de la densité de flux au flux par une intégrale de surface sur la paroi où
s’effectue la transfert de chaleur :
Z
Φ= ϕp dS.
S
∂ Te ∂ Te 1 ∂ 2 Te ∂ ũ 2
ũ + ṽ = + E ,
∂ x̄ ∂ ỹ P ∂ ỹ 2 ∂ ỹ
où le champ de vitesse est celui de Blasius :
1 ỹ
ũ = f ′ (η) et ṽ = √ (ηf ′ − f ) où η = √ ,
2 x̄ x̄
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION FORCÉE 101
solution du problème :
2f ′′′ + f f ′′ = 0 avec f (0) = f ′ (0) = 0 et f ′ (∞) = 1.
S’il existe une solution semblable, la variable de similitude ne peut être que η. Par
commodité, introduisons la fonction ξ(η) définie par :
Te = 12 E ξ(η),
ce qui permet de réécrire l’équation d’énergie sous la forme :
2ξ ′′ + Pf ξ ′ + 4P(f ′′ )2 = 0,
|{z} | {z } | {z }
conduction convection dissipationvisqueuse
√
Remarque Pour 0,5 ≤ P ≤ 15, r ≃ P à 1% près. Pour P = 1, on a strictement :
r = 1 − ũ2 et il s’ensuit r = 1 ; on a également : Ti = T∞ + V∞2 /2c = Tie .
6 6
5 5
P P=1
4 0,5 4
1 Θ
5 Θi
η 15 η
3 3
2 2
1 1
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
ξ/r Θ, Θi
On constate sur la figure de gauche que, mesurée à l’échelle de la couche limite dynamique,
la couche limite thermique est d’autant plus mince que le nombre de Prandtl est grand.
La figure de droite (P = 1, r = 1) montre que Ti = Tf , mais c’est un cas exceptionnel.
6 6
5 5
P<1 P>1
4 Θ 4
Θ
Θi Θi
η 3 η 3
2 2
1 1
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5
Θ, Θi Θ, Θi
7. Pécisément, P = 0,5.
8. Pécisément, P = 10.
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION FORCÉE 103
soit encore :
r Z −1
P ∞
V∞
ϕp = k (Tf − Tp ) f ′′ (0) ′′ P
[f (τ )] dτ ,
νx 0
soit encore :
On peut enfin observer que, du point de vue des ordres de grandeur, le choix de l’incon-
nue auxiliaire ξ(η) n’est pas adapté au cas d’une faible dissipation visqueuse : E ≪ 1. Sous
cette condition, les écarts
de température
sont beaucoup plus importants O {Tp − T∞ }
tandis que Tf − T∞ = O V∞2 /2c . On a donc :
Tf − T∞ = Tp − T∞ − Tp + Tf = Tp − T∞ + O {E} ,
10.6. RECHERCHE DE SOLUTIONS SEMBLABLES 104
soit, finalement :
Z
′′ 1−P 1/3 η ′′ P
T = T∞ + (Tp − T∞ ) 1 − f (0) P f (0) dτ + O V∞2 /2c .
0
Chapitre 11
y y
u
δ
δ1
ue ue
alors que la figure de droite représente le même défaut de débit obtenu par déplacement
105
11.2. AUTRES ÉPAISSEURS 106
qv = ue (x) δ1 (x).
Il s’ensuit :
Z ∞
u
δ1 (x) = δ 1− dỹ. (11.1)
0 ue
Épaisseur d’énergie
Z ∞
u T − Te
δT = δ dỹ. (11.4)
0 ue Tp − Te
Exemple Pour la solution du problème de Blasius (couche limite sur plaque plane sans
gradient de pression), le calcul ne présente aucune difficulté.
Z ∞ Z ∞
1/2 δ1 1/2
RL = (1 − ũ) dỹ = x̄ (1 − f ′ ) dη.
L 0 0
ū = a η + b η 2 + c η 3 + d η 4 pour 0 ≤ η ≤ 1.
Les quatre coefficients dont dépend le polynôme sont alors déterminés par quatre conditions
aux frontières :
η=0 : ū = 0, ∂ 2 ū/∂η 2 = −∆2 ū′e ,
η=1 : ū = 1, ∂ ū/∂η = 0, ∂ 2 ū/∂η 2 = 0,
1. On rappelle que l’épaisseur ∆ a été introduite arbitrairement et, en principe, n’est pas une inconnue.
CHAPITRE 11. ÉPAISSEURS DE COUCHE LIMITE 109
a = 2 + 16 Λ, b = − 12 Λ, c = −2 + 12 Λ et d = 1 − 16 Λ.
3 Λ 1 37 Λ Λ2 ∂ ū
∆1 = − , ∆2 = − − et = 2 + 61 Λ.
10 120 63 5 15 144 ∂η 0
Pour fixer les idées, Λ = 0 dans le cas de la plaque plane, Λ = 7,052 pour un point
d’arrêt et Λ = −12 en un point de décollement. Pour Λ > 12, des valeurs telles que ū > 1
apparaissent, situation qui est exclue.
Or, il s’avère que l’inconnue effective de l’équation (11.7a) est le groupement ∆∆2 :
d ∆1 ′ ∂ ū
ūe (∆∆2 ) (∆∆2 ) + 2 + ūe (∆∆2 )2 = ∆2 ,
dx̄ ∆2 ∂η 0
ce qui suggère d’introduire l’inconnue auxiliaire K = (∆∆2 )2 ū′e car elle s’exprime en
fonction de Λ, ce qui permet de s’affranchir de ∆ :
2 ′ 1 37 Λ Λ2 2
K(Λ) = (∆∆2 ) ūe = − − Λ.
63 5 15 144
Bien que passablement épouvantable, le fonction F (K) est une fonction universelle qui
peut être tabulée une fois pour toutes. Il s’avère alors qu’une approximation affine est
satisfaisante : F (K) = a − b K, avec a = 0,470 et b = 6. Dès lors, le problème à résoudre
se simplifie considérablement et devient :
Z x̄
′ ′ a
ūe Z = a − b ūe Z =⇒ Z = b ūb−1 dx̄′ ,
ūe 0 e
soit encore, en revenant aux grandeurs dimensionnées :
Z
ue δ22 0,470 x 5 ′
= ue dx .
ν u5e 0
11.3. MÉTHODES INTÉGRALES 110
et peut être explicitée pour plusieurs valeurs de n. Ensuite, la méthode consiste à exprimer
θ et 1/θ sous la forme d’un développement en puissances de ū :
θ = 1 (a0 + a1 ū + · · · + aP −1 ūP −1 ) où ak = ak (x̄),
1 − ū
1/θ = (1 − ū)(b0 + b1 ū + · · · + bP −1 ūP −1 ) où bk = bk (x̄).
Le facteur 1 − ū présent dans les deux développements est destiné à garantir une décrois-
sance suffisamment rapide lorsque ū → 1.
Les fonctions ak et bk sont alors éliminées au profit des fonctions θk (x̄) = θ(x̄, ūk )
où ūk = k/(P + 1), k = 0, · · · , P . Dans le cas P = 2, on aboutit ainsi (après quelques
calculs. . . ) aux systèmes linéaires :
1
b 0 = ,
θ0
a 0 = θ 0 ,
9 9 9
a1 = − 29 θ0 + 4 θ1 − 12 θ2 , b1 = − + − ,
2 θ0 θ1 2θ2
9 3
a2 = 2 θ 0 − 6 θ 1 + 2 θ 2 ,
9 27 27
b2 = − + .
2 θ0 2 θ1 2 θ2
CHAPITRE 11. ÉPAISSEURS DE COUCHE LIMITE 111
Par exemple, pour démarrer une intégration d’un point d’arrêt, on prendra comme condi-
tions initiales : θ0 = 1/ū′ (0) = 0,811301, θ1 = 1/ū′ (1/3) = 1,074705 et θ2 = 1/ū′ (2/3) =
1,816993, les valeurs numériques étant déduites du profil de vitesse en un point d’arrêt
(voir table 9.1).
Remarque En pratique, le système différentiel indiqué ci-dessus s’avère difficile à
intégrer 2 . Cependant, il existe des méthodes qui substituent une série de polynomes
orthogonaux à la série de puissances de ū et permettent d’atteindre des valeurs de P
beaucoup plus élevées.
Ce système étant intégré, les épaisseurs se calculent par de simples quadratures :
Z 1 Z 1
∆1 (x̄) = (1 − ū)θ(x̄, ū) dū ∆n (x̄) = (1 − ūn−1 )θ(x̄, ū)ū dū,
0 0
∂ ū/∂η = 1/θ,
11.4 Compléments
11.4.1 Effet du déplacement
Le calcul de l’épaisseur de déplacement δ1 (x) est la première étape du calcul de la cor-
rection qu’il faut apporter à la solution de fluide parfait pour tenir compte de la présence
de la couche limite. Incidemment, l’examen de cette question permet aussi de comprendre
pourquoi il n’est pas nécessaire d’expliciter une condition de raccord pour la vitesse trans-
versale v. C’est une question générale mais, par souci de simplicité, nous nous restreignons
au cas de la couche limite sur plaque plane sans gradient de pression.
L’objectif est de montrer que pour le fluide parfait, tout se passe comme si la plaque
plane était remplacée par un obstacle d’épaisseur ε δ1 où ε = R−1/2 et δ1 est l’épaisseur de
déplacement.
2. Système « raide ».
11.4. COMPLÉMENTS 112
en anticipant sur le fait que la limite commune des deux fonctions v̄1 et ṽ est bornée. La
valeur limite ṽ(x̄, ∞) est déterminée par la√solution de Blasius (première approximation
du problème de couche limite) : ṽ = (1/2 x̄)(ηf ′ − f ) mais peut aussi être évaluée par
intégration de l’équation de conservation de la masse :
Z ∞ Z ∞
∂ṽ ∂ ū ∂ ũ d dδ˜1
=− =⇒ ṽ(x̄, ∞) = − dỹ = (1 − ũ) dỹ = .
∂ ỹ ∂ x̄ 0 ∂ x̄ dx̄ 0 dx̄
La correction de l’approximation extérieure est d’ordre R−1/2 , terme qui ne peut pas
provenir des forces de frottement qui, à cette échelle sont d’ordre R−1
L (coefficient des forces
de frottement des équations de Navier-Stokes). Il existe donc une fonction potentiel ϕ̄1
telle que :
qui vérifie la condition : v̄1 (x̄, 0) = dδ̃1 /dx̄ qui est celle qu’il faudrait appliquer pour
−1/2
résoudre l’écoulement de fluide parfait linéarisé autour d’un profil d’épaisseur ȳ = RL δ˜1 ,
ce qui justifie le nom d’épaisseur de déplacement donné à δ1 puisque tout se passe comme
si la paroi était déplacée de cette épaisseur.
Commentaire Sans anticiper sur son ordre de grandeur, v̄ aurait dû être développé
comme ū (même échelle de vitesse dans les deux directions de l’espace), soit : v̄ =
v̄0 + ε v̄1 + . . . Alors, le raccord établi plus haut aurait montré que v̄0 (x̄, 0) = 0,
relation qui n’est rien d’autre que la condition de glissement déjà appliquée pour
établir la première approximation de fluide parfait. Ainsi, il est inutile d’écrire une
condition de raccord pour v car elle est implicitement contenue dans la condition de
glissement.
d’échelle λa = ν/U∞ (voir section 9.2.1 où λa est noté λ) décrite par les équations de
Navier-Stokes complètes. On se propose d’examiner si il en va de même pour le bord
de fuite.
Désignons par λf un voisinage du bord de
fuite et posons : x̄ = 1+(λf /L) x̂ et ỹ = (λf /δ) ŷ, y
avec λf ≪ L. Le nombre de Reynolds local Rδ V∞
prend donc la valeur :
λa λf
U∞ δ U∞ L 1/2
Rδ = = 1/2
= RL ≫ 1, x
ν νRL
BA L BF
ce qui montre que les forces de frottement vis-
queux sont négligeables devant les forces d’iner-
tie et que ce voisinage doit être traité en approximation de fluide parfait.
La région examinée étant caractérisée par une discontinuité des forces de frottement, ce
type d’effort doit figurer dans les équations du mouvement et la dimension de cette région
doit donc être plus petite que l’épaisseur locale de la couche limite, soit λf ≪ δ et se trouve
donc incluse à l’intérieur de la couche limite. La recherche de la valeur correcte de λf doit
alors tenir compte du fait qu’au voisinage de la paroi, les vitesses tendent vers zéro, ce qui
se traduit par un développement de Taylor :
λf ∂ ũ
ũ 1 + (λf /L) x̂, (λf /δ)ŷ = ũ(1, 0) + ŷ (1, 0) + . . .
δ ∂ ỹ
λf ∂ṽ λ 2 ∂ 2 ṽ
f
ṽ 1 + (λf /L) x̂, (λf /δ)ŷ = ṽ(1, 0) + ŷ (1, 0) + 21 ŷ 2 2 (1, 0) + . . .
δ ∂ ỹ δ ∂ ỹ
∂ṽ ∂ ũ
ũ(1, 0) = ṽ(1, 0) = 0 et (1, 0) = − (1, 0) = 0,
∂ ỹ ∂ x̄
on constate que le terme prépondérant se trouve dans la séquence ũ, ce qui fournit la jauge
de la vitesse locale ainsi que la valeur du nombre de Reynolds :
2 λ2f 3/2
λf λf 1/2 U∞ L λf 1/2
Uf = U∞ = U∞ R =⇒ Rλf = R = R .
δ L L ν L2 L L2 L
Ce nombre de Reynolds Rλf devant être d’ordre unité de façon que les forces de frotte-
ment soient du même ordre que les forces d’inertie, nous en tirons la valeur de l’échelle de
longueur λf :
y
−3/4 −1/4 V∞ FP
λf /L = RL =⇒ λf /δ = RL ≪ 1.
F Ploc
CL
Par conséquent, dans un voisinage du BF x
−3/4
d’échelle λf = L RL , il faut résoudre les équa- BA L BF
tions de Navier-Stokes complètes.
Résumé
⊲ Zone F P : x = L x̄, y = L ȳ, zone extérieure, approximation de fluide parfait.
⊲ Zone CL : x = L x̄, y = δ ỹ, zone intérieure, approximation de couche limite.
11.4. COMPLÉMENTS 114
115
12.2. FORMULATION ADIMENSIONNELLE 116
Dans le cas d’un liquide, à moins de se trouver en présence d’ondes acoustiques, la com-
pressibilité isotherme est complètement négligeable et on peut adopter le modèle du fluide
dilatable : ρ = ρ(T ). Alors, l’expérience montre que le coefficient χ est de l’ordre du
dixième, voire du centième.
Donc, dans les deux cas, on peut admettre que les ordres de grandeurs des termes du
développement de l’équation d’état sont déterminés par les jauges des variations de tempé-
rature et de pression. Dans ces conditions, nous nous proposons d’étudier des écoulements
pour lesquels les hypothèses suivantes sont vérifiée :
écoulements dans lesquels les variations de masse volumique sont essentiellement dues aux
variations de température. Certains aspects de ces hypothèses dépendent de la nature
chimique du fluide considéré et il convient de les vérifier lors d’un nouveau calcul, surtout
si les conditions de température et de pression s’écartent beaucoup des conditions standard.
Lors de l’établissement d’une formulation adimensionnelle générale, il n’y a pas lieu
de distinguer les directions de l’espace et on pose x = L x̄, y = L ȳ et z = L z̄. De façon
analogue, on retient la même échelle U0 pour les trois composantes de la vitesse et la dérivée
particulaire s’écrit : d/dt = (U0 /L) d/dt̄. Enfin, l’échelle de température est une donnée et
on a (δT ) = |Tp − T∞ |.
On se propose maintenant de déterminer la première approximation des équations du
mouvement, masse, quantité de mouvement et enthalpie, telle qu’elle résulte de l’hypo-
thèse (12.1) et de l’adimensionnalisation générale définie ci-dessus. La masse volumique
étant a priori fonction de la température et de la pression, il faut prendre pour base les
équations de la Mécanique de Fluides compressibles. Cette approximation est connue sous
le nom d’approximation de Boussinesq.
dρ
+ ρ divV = 0,
dt
U0 d h (δT ) i h (δT ) iU
0
=⇒ 1− β̄ T̄ + . . . + 1 − β̄ T̄ + . . . divV̄ = 0,
L dt̄ T∞ T∞ L
(δT ) dT̄
=⇒ div V̄ ≃ β̄ ≃ 0.
T∞ dt̄
dV
ρ = ρ g − ∇p + µ div − 23 divV I + 2D ,
dt
h (δT ) i U 2 dV̄ h (δT ) i
=⇒ ρ∞ 1 − β̄ T̄ + . . . 0 =− 1− β̄ T̄ + . . . ρ∞ g ez + ρ∞ g ez
T∞ L dt̄ T∞
(δpg ) µ U0
2 U0
− ∇ g p̄ + div − 3 L div V̄ I + 2 D̄ ,
L L L
dV̄ (δT ) gL (δpg ) µ h (δT ) dT̄ i
2
=⇒ = β̄ T̄ ez − ∇ gp̄ + div − 3 T β̄ I + 2 D̄ ,
dt̄ T∞ U02 ρ∞ U02 ρ∞ U0 L ∞ dt̄
dV̄ (δT ) gL (δpg ) µ
=⇒ = 2 β̄ T̄ ez − 2 ∇ p̄g + ∆V̄ .
dt̄ T∞ U0 ρ∞ U0 ρ∞ U0 L
qui, manifestement, jauge l’intensité des forces de volume résultant du gradient de masse
volumique conséquent de l’échauffement localisé du fluide.
dT̄ k µ U02 µ
= ∆T̄ + 2 D̄ : D̄.
dt̄ µcp ρ∞ U0 L cp (δT ) ρ∞ U0 L
µcp ρ∞ U0 L U02
P′ = , R= , Pe = P ′ R et E = .
k µ cp (δT )
La cause première est la condition de température imposée. Ceci est bien clair physi-
quement et peut être confirmé en s’assurant du fait que, sans cette condition, le couple
{V̄ = 0, T̄ = 0} est solution du problème ; c’est donc bien cette condition qui est à l’origine
d’une solution non triviale.
Ensuite, la chaleur ne peut pénétrer dans le domaine fluide et l’échauffer que si le terme
de conduction est présent dans l’équation d’énergie : c’est donc la source de chaleur. En
effet, il n’y a aucun apport de fluide chaud dans le domaine. Qui plus est, l’apport de
chaleur s’effectue au voisinage de la paroi, là où en raison de la condition d’adhérence, le
transport convectif est nul. Cependant, ce terme peut également jouer le rôle d’un puits
car la conduction peut évacuer de la chaleur du domaine, ainsi que le transport convectif.
D’ailleurs, il est impératif que la chaleur soit évacuée du domaine sans quoi, il y aurait
accumulation et l’écoulement serait instationnaire.
Le fluide étant chauffé, la variable T̄ prend des valeurs différentes de zéro, autrement
dit, il se crée un gradient de masse volumique et une force de volume dans l’équation de
quantité de mouvement : il s’agit, à proprement parler, de la cause du mouvement, du
moteur.
La mise en mouvement du fluide est à l’origine de forces de pression qui apparaissent
donc en tant conséquences du mouvement.
Simultanément, le moteur ne saurait être prépondérant tout seul et doit être équilibré
par un frein :
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION NATURELLE 119
et, en l’absence de valeurs numériques, il nous faut examiner toutes les possibilités offertes
par les deux alternatives.
Remarque Rappelons que la cause du mouvement sert lors de cette résolution au
sens des ordres de grandeur car elle détermine l’échelle des variations de température :
(δT ) = |Tp − T∞ |.
Complément On peut s’assurer par un raisonnement par l’absurde de la né-
cessité de conserver la convection et/ou la conduction dans le bilan de quantité de
mouvement. Sans ces deux termes, il s’écrit :
∂ T̄ ∂ T̄
∇p̄g = T̄ ez =⇒ rot(T̄ ez ) = ex − ey = 0 =⇒ T̄ = T̄ (z̄),
∂ ȳ ∂ x̄
dont on déduit que p̄g = p̄g (z̄). Il correspond à ces résultats une atmosphère strati-
fiée qui, pour envisageable qu’elle soit, ne présente pas grand intérêt. D’ailleurs, en
procédant au raccord avec l’écoulement loin de l’obstacle, on montre que p̄g = cste et
T̄ = 0.
ν α′ ν2
Pe = 1 et E ≪ R =⇒ U0 = = et (δT ) ≫ .
P ′L L P ′ cp L2
Reportons ce résultat dans l’équation de quantité de mouvement (au sens des ordres de
grandeur) :
gL3 β(δT )
G= = sup{1, P ′ } et (δpg ) = ρgL β(δT ),
α′2
ce qui fait apparaître le nombre de Grashof qui, au terme de cette résolution, est défini
uniquement à partir des données.
12.3. ANALYSE PHÉNOMÉNOLOGIQUE 120
(δp) n 1 o p
= sup , G où F = U 0 / gL : nombre de Froude.
ρ∞ U02 F2
ce qui montre que les variations de pression statique sont essentiellement d’origine hydro-
statique.
Examinons maintenant l’hypothèse de Boussinesq :
Longueur critique À partir de cette définition, on peut introduire une longueur carac-
téristique de la convection naturelle λc :
3 1/3
gβ(δT )L3 L α′2
G= = où λc = .
α′2 λc gβ(δT )
λc est une longueur critique qui ne dépend que des propriétés physiques du fluide et de
l’écart de température. On peut alors envisager trois cas :
⊲ L ≪ λc : ce cas ne présente aucun intérêt car la poussée d’Archimède est néglige-
able et il ne se produit pas de mouvements de convection naturelle.
⊲ L ∼ λc : il y a convection naturelle à l’échelle λc mais la nature des forces en présence
dépend du nombre Prandtl.
⊲ L ≫ λc : on peut observer de la convection naturelle sous réserve d’examiner des
régions de taille plus faible (couche limite, panache).
Petits nombres de Prandtl Le fluide est bon conducteur de la chaleur et/ou faiblement
visqueux ce qui a pour effet d’affaiblir les forces de frottement :
Pe = 1 et P ′ ≪ 1 =⇒ R ≫ 1.
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION NATURELLE 121
D’après l’équation de quantité de mouvement, ce sont donc les forces d’inertie qui s’op-
posent à la poussée d’Archimède, soit G = 1, tandis que les forces de frottement sont
négligeables. On en déduit la taille caractéristique des cellules de convection :
L(a) = λc =⇒ U0 = [α′ gβ(δT )]1/3 .
On reporte la valeur de U0 dans l’hypothèse de dissipation négligeable et il vient :
ν 3 (gβ)2 2
(a) ′ (νgβ)
(δT ) ≫ θc = = P .
cp α′ c3p
(a)
Il faut donc que l’écart de température dépasse la valeur critique θc pour observer cette
configuration.
Grands nombres de Prandtl Le fluide est mauvais conducteur de la chaleur ou, for-
tement visqueux ce qui rend prédominantes les forces de frottement :
Pe = 1 et P ′ ≫ 1 =⇒ R ≪ 1.
Le raisonnement est analogue et l’équation de quantité de mouvement fournit G = 1/R,
soit :
1/3 ′2
(b) ′1/3 α′ ν α′ α gβ(δT ) 1/3
L =P λc = =⇒ U0 = (b) = .
gβ(δT ) L ν
L’hypothèse de dissipation négligeable conduit ensuite à une condition sur les données :
ν 3 (gβ)2 α′ 2
(δT ) ≫ θc(b) = = θc(a) /P ′2 .
cp α′ ν
Cette condition n’est pas l’opposée de la précédente, ce qui indique que les deux cas qui
viennent d’être étudiés n’épuisent pas le nombre de configurations possibles.
Forces de frottement négligeables Nous plaçons dans le cas où les données vérifient
l’inégalité R ≫ 1, alors, on en déduit : G = 1. En reprenant sa définition la plus générale,
on en tire, connaissant U0 :
P ′ gLβ (a) cp
=1 =⇒ L = L∗ = .
cp P ′ gβ
Une fois reportée dans les deux conditions qui déterminent ce cas, c’est-à-dire Pe = P ′ R ≪
1 et R ≫ 1, nous sommes conduits aux inégalités suivantes :
(a)
(δT ) ≫ θ∗ = P ′3 (νgβ)2 /c3p = P ′2 θc(a) et (δT ) ≪ θc(a) = P ′ (νgβ)2 /c3p .
(a) (a)
Ce cas ne peut donc se produire que si θc ≫ θ∗ , soit P ′ ≪ 1 et nous commençons à
retrouver les cas de figure de la discussion précédente.
12.4. APPLICATION À LA PLAQUE PLANE 122
En définitive, tous ces résultats peuvent s’exprimer en fonction d’une seule température
(b) (a) (b)
critique et du nombre de Prandtl ; on choisit θ∗ = θc et il vient : θc = P ′2 θ∗ , θc = θ∗
(a)
et θ∗ = P ′4 θ∗ . On peut alors regrouper les différents cas dans deux tableaux selon la
valeur du nombre de Prandtl.
Si P ′ ≪ 1
P ′4 θ∗ P ′2 θ∗ θ∗
- (δT )
R≪1 R≫1 R≫1 R≫1
E ≫1 E ≫1 E ≪1 E ≪1
Si P ′ ≫ 1
θ∗ P ′2 θ∗ P ′4 θ∗
- (δT )
R≪1 R≪1 R≪1 R≪1
E ≫1 E ≪1 E ≪1 E ≪1
∂ ũ ∂ṽ
+ = 0,
∂ x̄ ∂ ỹ
∂ ũ ∂ ũ gL β(δT ) e (δp) ∂ p̃ L2 ν δ2 ∂ 2 ũ ∂ 2 ũ
ũ + ṽ = T− + 2 + 2 ,
∂ x̄ ∂ ỹ U02 ρU02 ∂ x̄ δ U0 L L2 ∂ x̄2 ∂ ỹ
∂ṽ ∂ṽ 2
L (δp) ∂ p̃ L ν 2 2 2
δ ∂ ṽ ∂ 2 ṽ
ũ + ṽ = − 2 + + ,
∂ x̄ ∂ ỹ δ ρU02 ∂ ỹ δ2 U0 L L2 ∂ x̄2 ∂ ỹ 2
∂ Te ∂ Te L2 α′ δ2 ∂ 2 Te ∂ 2 Te L2 νU0 ∂ ũ 2
ũ + ṽ = 2 + + 2 .
∂ x̄ ∂ ỹ δ U0 L L2 ∂ x̄2 ∂ ỹ 2 δ cp (δT )L ∂ ỹ
L2 νU0 L2 α′ u
≪1 =⇒ U0 = .
δ2 cp (δT )L δ2 L g
De façon que la couche limite soit effectivement mince, il faut donc que les données vérifient :
G ≫ 1.
L2 νU0 gL β ν α′ cp cp
= ≪1 =⇒ L≪ = ′ .
δ2 cp (δT )L α′ cp νgβ P gβ
COUCHE LIMITE LAM. THERM. : CONVECTION NATURELLE 125
Solution semblable Il existe une solution semblable à ce problème dont nous allons
chercher la formulation à l’aide de la fonction de courant ψ. Dans la couche limite, posons :
ψ = U0 δ ψ̃, soit : ũ = ∂ ψ̃/∂ ỹ et ṽ = −∂ ψ̃/∂ x̄. En conséquence, le problème s’énonce :
∂ ψ̃ ∂ 2 ψ̃ ∂ ψ̃ ∂ 2 ψ̃ 3
e + P ′ ∂ ψ̃ ,
− = T
∂ ỹ ∂ x̄∂ ỹ ∂ x̄ ∂ ỹ 2 ∂ ỹ 3
∂ ψ̃ ∂ Te ∂ ψ̃ ∂ Te ∂ 2 Te
− = ,
∂ ỹ ∂ x̄ ∂ x̄ ∂ ỹ ∂ ỹ 2
∂ ψ̃ ∂ ψ̃
ỹ = 0, = 0, = 0, Te = 1 ;
∂ ỹ ∂ x̄
∂ ψ̃
ỹ → ∞, → 0, Te → 0.
∂ ỹ
Posons : ψ̃ = ψ∗ ψ̂, x̄ = x∗ x̂ et ỹ = y∗ ŷ ; la recherche du groupe d’invariance conduit aux
relations suivantes :
T∗ = 1, ψ∗ = y∗3 et x∗ = y∗4 ,
dont il ressort la définition de la variable de similitude : η = ỹ/x̄1/4 et les nouvelles
définitions des inconnues : ψ̃ = x̄3/4 f (η) et Te = g(η).
Après avoir reporté dans l’énoncé du problème, il vient :
(
4P ′ f ′′′ + 3f f ′′ − 2f ′2 + 4g = 0,
4g′′ + 3f g′ = 0.
(
η = 0, g(0) = 1, f (0) = f ′ (0) = 0,
η → ∞, g → 0, f ′ → 0.
En revenant aux définitions, le champ de vitesse s’écrit :
1
ũ = x̄1/2 f ′ (η) et ṽ = (η f ′ − 3f ).
4x̄1/4
12.4. APPLICATION À LA PLAQUE PLANE 126
On constate primo que la densité de flux pariétal tend vers zéro lorsque x tend vers l’infini
et secundo que le coefficient de transfert h n’est pas indépendant de l’écart de température
(δT ). Enfin, le nombre de Nusselt prend pour valeur :
(δT ) = ϕp δ/k.
Ensuite, pour lui permettre de progresser transversalement dans le fluide et d’être évacuée
parallèlement à la plaque, il faut équilibrer diffusion et convection, soit :
L2 α′ L2 α′
=1 =⇒ U0 = .
δ 2 U0 L δ2 L
Dès lors, dans le bilan de quantité de mouvement, la poussée d’Archimède est diffé-
rente de zéro et doit être équilibrée par la convection ou la diffusion. Mais la jauge de ces
deux termes ne diffère que par le nombre de Prandtl supposé d’ordre unité. Le choix le
plus simple est donc :
gL β(δT )/U02 = 1.
Il ne reste plus qu’à reporter dans cette expression les valeurs des échelles de vitesse et de
température pour obtenir l’échelle d’épaisseur puis celle de la vitesse :
1 kν 2 gLβ
′2 4
≪ 1 et P ′ ≪ 1.
P gL βϕp cp
On en déduit :
ϕp L −1/5
δ/L = G −1/5 , U0 = (α′ /L) G 2/5 et (δT ) = G .
k
Le champ de vitesse et la température de paroi sont donnés par les expressions suivantes :
1 Tp − T∞
ũ = x̄3/5 f ′ (η), ṽ = [ηf ′ (η) − 4f (η)] et Tep = = x̄1/5 g(0).
5x̄1/5 (δT )
Écoulements longilignes
Nous classons dans cette catégorie tous les écoulements dont deux dimensions
sont très petites devant la troisième. On examine dans ce chapitre le cas des
jets, des sillages (problèmes isothermes) et des panaches (problème de thermo-
convection). Ces écoulements sont caractérisés par des approximations voisines
de celles vues dans la théorie de la couche limite et, suffisamment loin des
conditions génératrices, présentent des caractéristiques intrinsèques.
13.1 Jets
13.1.1 Phénoménologie
u
Vitesse axiale
u(0, x) ∼ 1/x
Le L x
Couche de r
mélange
Réservoir
u(r, x) δ
Tuyère x
Noyau
potentiel
Zone développée
129
13.1. JETS 130
uniforme de vitesse VJ parallèle à son axe et de pression pa il n’est soumis à aucune force
de frottement et on peut donc dire qu’il est en approximation de fluide parfait.
Il émerge dans un environnement au repos et il se crée donc une zone de cisaillement
intense, la couche de mélange, séparant le jet du milieu extérieur au repos. Du fait de la
diffusion dont l’effet est de « lisser » les gradients de vitesse, cette couche épaissit et in fine
contamine la région de fluide parfait, autrement dit, le noyau potentiel. Désignons par Le
cette longueur d’établissement.
Nous nous intéressons à l’écoulement qui se développe en aval, sur une distance L ≫ Le .
Plus précisément, étant donné le processus d’érosion du noyau potentiel, on peut admettre
que pour x ∼ Le , la vitesse axiale du fluide est encore de l’ordre de VJ . Par suite, la
longueur L est définie comme celle que doit parcourir le fluide pour que sa vitesse axiale
décroisse d’un ordre de grandeur.
La physique de cet écoulement est simple. La force motrice est la quantité de mouvement
initiale et la force retardatrice est le frottement visqueux sur les couches externes au repos.
Cet argument se comprend mieux en termes énergétiques : l’énergie cinétique initiale du jet
est détruite par la puissance des forces intérieures de frottement. La pression ne trouve pas
sa place dans ce tableau et doit donc être retenue en tant que conséquence du mouvement.
Désignons par δ l’ordre de grandeur du rayon du jet à la distance L. Nous souhaitons
nous limiter à des configurations telles de δ ≪ L. Pour qu’il en soit ainsi, la suite montre
que les données doivent vérifier la condition :
R = VJ L/ν ≫ 1.
Cet écoulement est « libre » dans le sens où il n’est soumis à aucune force extérieure et,
pour cette raison, on peut s’attendre à observer un développement autosemblable influencé
de façon évanescente par les conditions initiales.
Approximation extérieure Elle est caractérisée par des échelles identiques dans toutes
directions de l’espace et on pose donc : x = L x̄, r = L r̄, u = VJ ū, v = VJ v̄ et p =
pa + (δp)e p̄. Le bilan de masse reste formellement invariant tandis que les équations de
Navier-Stokes s’écrivent 1 :
∂ ū ∂ ū (δp)e ∂ p̄ 1 h 1 ∂ ∂ ū ∂ 2 ū i
ū
∂ x̄ + v̄ = − + r̄ + 2 ,
∂r̄ ρVJ2 ∂ x̄ R r̄ ∂r̄ ∂r̄ ∂ x̄
∂v̄ ∂v̄ (δp)e ∂ p̄ h h
1 ∂ 1 ∂ i ∂ 2 v̄ i
=−
ū + v̄ + (r̄v̄) + .
∂ x̄ ∂r̄ ρVJ2 ∂r̄ R ∂r̄ r̄ ∂r̄ ∂ x̄2
1. Nous aurions pu tout aussi bien les écrire sous forme vectorielle.
CHAPITRE 13. ÉCOULEMENTS LONGILIGNES 131
En raison de l’hypothèse sur le nombre de Reynolds, les forces de frottement sont négli-
geables et nous sommes ramenés aux équations d’Euler.
En ce point, l’expérience nous suggère d’admettre que (δp)e ≪ ρVJ2 , ce qui réduit les
équations à :
dū/dt̄ = 0 et dv̄/dt̄ = 0,
où on a posé t = (VJ /L) t̄. Les composantes ū et v̄ étant constantes sur une ligne de courant,
en raison des conditions de repos à l’infini, nous pouvons alors conclure que ū = 0 et v̄ = 0.
Cependant, cette approximation néglige un phéno-
mène très important : l’entraînement. En effet, le dé-
veloppement du jet s’accompagne d’une aspiration du Paroi Entraînement
Approximation intérieure Cette approximation est définie par les échelles suivantes :
x = L x̄, r = δ r̃ = εL r̃ où ε ≪ 1, u = VJ ũ, v = V0 ṽ et p = pa + (δp)i . Dans ce système de
variables, l’équation de conservation de la masse s’écrit :
∂ ũ 1 V0 1 ∂
+ (r̃ṽ) = 0,
∂ x̄ ε VJ r̃ ∂r̃
et il est facile de justifier l’équilibre des deux termes :
⊲ imaginer (1/ε)(V0 /VJ ) ≪ 1 conduirait à ∂ ũ/∂ x̄ = 0, c’est-à-dire une vitesse axiale
invariante par translation selon l’axe : c’est clairement absurde car il serait impossible
de rendre compte de rendre compte de l’extinction du jet dans cette direction ;
⊲ imaginer (1/ε)(V0 /VJ ) ≫ 1 conduirait à (∂/∂r̃)(r̃ṽ) = 0, soit ṽ = C(x̄)/r̃, fonction
singulière sur l’axe alors que, par symétrie, on a ṽ(0, x̄) = 0.
Il faut donc équilibrer les deux termes en posant :
∂ ũ 1 ∂
V0 = ε VJ =⇒ + (r̃ṽ) = 0.
∂ x̄ r̃ ∂r̃
Les équations de quantité de mouvement prennent alors la forme suivante :
∂ ũ ∂ ũ (δp)i ∂ p̃ 1 h 1 ∂ ∂ ũ 2 i
2 ∂ ũ
ũ ∂ x̄ + ṽ ∂r̃ = − ρV 2 ∂ x̄ + ε2 R r̃ ∂r̃ r̃ ∂r̃ + ε ∂ x̄2 ,
J
∂ṽ ∂ṽ 1 (δp)i ∂ p̄ 1 h ∂ h1 ∂ i 2 i
2 ∂ ṽ
ũ + ṽ = − + (r̃ṽ) + ε .
∂ x̄ ∂r̃ ε2 ρVJ2 ∂r̃ ε2 R ∂r̃ r̃ ∂r̃ ∂ x̄2
13.1. JETS 132
ce qui implique que quelle que soit l’issue de l’alternative, l’équation radiale dégénère sous
la forme ∂ p̃/∂r̃ = 0.
L’équation axiale s’interprète mieux en tant qu’équation de transport. En effet, en
l’absence de forces extérieures, la quantité de mouvement se conserve et la décroissance
axiale de son flux doit nécessairement se retrouver dans la direction radiale, ce qui entraîne
l’équilibre des termes de convection et de diffusion, ce qui se traduit par :
ε = R−1/2 ,
mais les conditions aux frontières sont en nombre insuffisant. Comme nous ne souhaitons
pas faire l’étude de la partie initiale du jet, il nous faut trouver un substitut.
Il se présente sous la forme d’un invariant J˜ qu’on peut supposer connu. En effet, en
faisant appel à l’équation de conservation de la masse, on met sans difficulté le bilan de
quantité de mouvement sous forme conservative, ce qui permet de l’intégrer sur un plan
transversal :
Z r̃
∂ r̃ h ∂ ũ ir̃
ũ2 r̃∗ dr̃∗ + r̃∗ ũṽ 0 = r̃∗ .
∂ x̄ 0 ∂r̃ 0
Les propriétés des fonctions ũ et ṽ sont telles que les termes intégrés sont nuls lorsque
r̃ → ∞, si bien que l’invariant cherché s’identifie au flux de quantité de mouvement et a
pour définition :
Z ∞ Z ∞
˜
J= 2
ũ r̃ dr̃ ⇐⇒ J = ρ u2 2πr dr avec J = 2πδ2 ρVJ2 J. ˜
0 0
Ainsi que nous l’avons déjà observé, cette propriété simple résulte de l’absence de forces
extérieures.
13.1.3 Intégration
Nous nous proposons de trouver une solution semblable en appliquant une méthode
différente de la méthode du groupe d’invariance. Cette nouvelle méthode s’appuie sur un
choix a priori de la forme de la solution, conforme à la définition de la fonction de courant
de Stokes 2 :
∂ 1 ∂ ∂ ∂ ∆′ ∂
7→ et 7→ − η .
∂r̃ ∆ ∂η ∂ x̄ ∂ x̄ ∆ ∂η
Dans un premier temps, la composante transversale est calculée par intégration du
bilan de masse :
U′ ∆′ F
ṽ = U ∆′ F ′ − U ∆ +2 .
U ∆ η
Nous obtenons alors pour le bilan de quantité de mouvement :
F ′2 U′ ∆′ ′′ F ′ F ∂ h ∂ F ′ i
∆2 U ′ − ∆2 U +2 F − = η .
η U ∆ η η ∂η ∂η η
2. C’est la fonction de courant adaptée aux écoulements à symétrie de révolution.
13.1. JETS 134
L’invariance est obtenue en imposant les conditions pour que la variable x̄ disparaisse
explicitement de l’énoncé du problème. Ces conditions proviennent de l’invariant J˜ et du
bilan ci-dessus :
U′ ∆′
∆2 U ′ = A, ∆2 U +2 =B et U ∆ = C.
U ∆
La résolution de ce problème ne présente au-
cune difficultés et la solution peut de mettre sous
la forme : Réservoir Noyau
potentiel
Jet
développé
C x
∆ = α x̄ et U = , Origine α
α x̄
où ∆(0) = 0. Cependant, il faut noter que la
position de l’origine x̄ = 0 est inconnue et ne
coïncide pas nécessairement avec le plan de la section initiale. Par ailleurs, la constante C
est connue dans la mesure où l’invariant est donné :
q
J = ρ (U ∆) J =⇒ C = J/(ρJ˜).
2 ˜
d h d F ′ i h F ′2 F′F i
η + αC + F ′′ − = 0.
dη dη η η η η
η F ′′ − F ′ + αC F F ′ = 0 et η F ′ − 2F + 12 αCF 2 = 0.
G 1 G2
(η F )′ − 3F + 12 αC F 2 = 0 ⇐⇒ G′ − 3 + 2 αC 2 = 0 où G = η F.
η η
Sous cette forme, on reconnaît une équation de Bernoulli dont on sait qu’elle se
ramène à une équation linéaire par le changement de fonction H = 1/G :
H ′ + 3H/η = 21 αC/η 2 .
η2
F (η) = 1 2
,
4 αC η + K
KC 1 C K η − 14 αC η 3 8C
ũ = 2 2 , ṽ = et J˜ = .
α x̄ 1
η2 x̄ 1 αC η 2 + K 2 3αK
4 αC +K 4
En identifiant la vitesse sur l’axe ũ(0, x̄) avec U (x̄), il vient K = 2. Par ailleurs, C = 43 αJ˜
et, pour simplifier encore plus ces expressions, rien ne nous empêche de redéfinir la variable
semblable de la manière suivante :
s
q q
r̃ 1 3J r 3J˜ 1 3 ˜ξ 1− 4ξ
1 2
ξ = 12 32 J˜ = =⇒ ũ = et ṽ = 1
2 J
2 x̄ 2 .
x̄ 4 πρ νx 4x̄ 1 + 1 ξ 2 2 1 + 1 ξ2
4 4
On peut ainsi facilement vérifier que le comportement de la solution est bien conforme à
ce qui a été supposé pour le raccord. En outre, sous réserve de considérer des valeurs de ξ
d’ordre unité, l’ordre de grandeur de l’angle d’ouverture α du jet par le rapport r/x :
r
r −1/2 2
= 2R ξ ≪ 1.
x 3J˜
Nous aurions tout aussi bien pu estimer directement cet angle par le rapport δ/L.
On en déduit également la valeur du débit : q̃v = 8x̄ qui est une fonction croissante de
x̄, propriété due à l’entraînement.
En définitive, il faut retenir que la vitesse axiale d’un jet circulaire de révolution décroît
comme 1/x tandis que sa largeur croît comme x.
13.1.4 Origine
Il convient de noter que cette méthode de résolution ne permet pas de localiser l’origine
de l’axe des x mais on peut cependant estimer la longueur Le . Elle correspond à une région
de l’écoulement où, comme dans la partie développée, les forces d’inertie et les forces de
frottement sont du même ordre. Cependant, on peut supposer que la couche de mélange
contamine le noyau potentiel suffisamment vite pour que la dimension transversale du jet
reste de l’ordre du rayon a de l’orifice.
Introduisons les variables x = Le x̂ et r = a r̂ = εe Le r̂ ; posons également u = VJ û,
v = εe VJ v̂ et p = pa + (δp)e p̂. Le bilan de quantité de mouvement longitudinal s’écrit :
∂ û ∂ û (δp)e ∂ p̂ 1 h 1 ∂ ∂ û 2 i
2 ∂ û VJ Le
û + v̂ =− + r̂ + εe avec Re = ≫ 1,
∂ x̂ ∂r̂ ρVJ2 ∂ x̂ ε2e Re r̂ ∂r̂ ∂r̂ ∂ x̂2 ν
où on sait que la pression ne joue aucun rôle. L’équilibre entre inertie et frottement se
traduit alors par :
εe = R−1/2
e ⇐⇒ Le /a = Ra où Ra = VJ a/ν.
Le /L = 83 U ≪ 1.
13.1. JETS 136
13.2 Sillages
13.2.1 Phénoménologie
U∞ U∞ OP = R
y
ϕ P
Q ℓ θ δ
U∞ + v
x
O L
Obstacle
z
x = L x̄, y = δ ỹ et z = δ z̃ avec δ = εL et ε ≪ 1.
Enfin, la pression réduite est adimensionnée de façon classique : p = pa + (δp)i p̃(x̄, ỹ, z̃).
13.2. SILLAGES 138
L’équilibre des forces est inversé par rapport à celui qui caractérise un jet : les forces de
frottement sont motrices et tendent à accélérer le fluide tandis que les forces d’inertie s’y
opposent. Mais ici aussi, les forces de pression apparaissent en tant que conséquences du
mouvement et doivent être conservées au titre du PNSA 4 . Ces observations se formalisent
de la manière suivante :
−1/2 2
ε = RL et (δp)i = α ρU∞ ,
et il en résulte la première approximation des équations :
∂ ũ ∂ p̃ ∂ p̃ ∂ p̃
=− + ∆k ũ, 0=− , 0=− .
∂ x̄ ∂ x̄ ∂ ỹ ∂ z̃
4. Principe de Non Simplification Abusive.
CHAPITRE 13. ÉCOULEMENTS LONGILIGNES 139
Développement La pression ne dépendant pas des variables transversales, elle est égale
à la valeur qu’elle prend à l’extérieur, c’est-à-dire zéro, par anticipation sur le raccord avec
l’approximation extérieure. Dès lors, l’équation de quantité de mouvement longitudinale se
réduit à l’équation de la chaleur où x̄ joue le rôle du temps.
On peut cependant juger ce niveau d’approximation trop pauvre et chercher à enrichir la
description de l’écoulement en procédant à un développement asymptotique de la pression :
p̃ = p̃(0) + ε2 p̃(1) + . . .
Pour les deux autres composantes, il est possible de les déterminer partiellement, après
avoir décomposé les inconnues en deux parties :
ṽ = ṽ1 + ∂ Φ̃/∂ ỹ et w
e=w
e1 + ∂ Φ̃/∂ z̃,
∂ Φ̃/∂ x̄ − ∆k Φ̃ = −p̃(1) .
Ce pseudo-potentiel contribue par son gradient, c’est-à-dire par un champ de vitesse irro-
tationnel mais, pour autant, n’est pas une fonction harmonique.
Par le même procédé que pour ũ, nous avons pour ṽ1 et w e1 :
Kv ỹ 2 + z̃ 2 Kw ỹ 2 + z̃ 2
ṽ1 = − exp − et we1 = − exp − .
x̄ 4x̄ x̄ 4x̄
Reportons la définition de ṽ et w
e dans l’équation de conservation de la masse et dérivons
par rapport à x̄ :
∂ Φ̃ ∂ 2 ũ ∂ ∂ṽ1 ∂ ∂we1
∆k =− − − .
∂ x̄ ∂ x̄2 ∂ ỹ ∂ x̄ ∂ z̃ ∂ x̄
13.2. SILLAGES 140
où la constante d’intégration a été ajustée de telle manière que Φ̃ reste borné sur l’axe. Il est
à noter que tous les termes ne tendent pas exponentiellement vers zéro lorsque ỹ 2 + z̃ 2 → ∞.
On peut alors vérifier (péniblement 5 ) que :
∂ Φ̃/∂ x̄ − ∆k Φ̃ = 0 et p̃(1) = 0.
∆p̄ = 0.
5. Pour ce calcul, il est préférable d’utiliser des coordonnées cylindriques en posant ỹ 2 + z̃ 2 = r̃ 2 ,
ỹ = r̃ cos ϕ et z̃ = r̃ sin ϕ.
CHAPITRE 13. ÉCOULEMENTS LONGILIGNES 141
2 2
pa + 21 ρU∞ = pa + (δp)e p̄ + 12 ρU∞ (1 + γ ū)2 + γ 2 (v̄ 2 + w̄2 ) =⇒ p̄ = −ū.
Intégration Puisque le potentiel est cherché loin de l’obstacle, on peut commencer par
y incorporer les termes décroissant le moins vite, c’est-à-dire en 1/R où R = L R̄ est la
distance du point courant à l’origine (coordonnées sphériques). Plus précisément, il est
posé sous la forme :
cos ϕ
Φ̄ = f (θ),
R̄
d df f
sin θ − = 0.
dθ dθ sin θ
Après multiplication√ par (df /dθ) sin θ, l’équation s’intègre une première fois et il vient :
(df /dθ) sin θ = ± 2(C0 + 21 f 2 )1/2 . Les propriétés de symétrie du champ de vitesse en
θ = π (amont) montrent que df /dθ et f s’annulent simultanément ce qui implique C0 = 0.
Il s’ensuit (df /dθ) sin θ = ±f , dont la seule solution bornée en θ = π est :
cos ϕ cotg 21 θ
cos ϕ K cos ϕ
f (θ) = K cotg 12 θ =⇒ Φ̄ = K cotg 21 θ et v = − 2 sin2
θ .
R̄ R̄
sin ϕ
cotg 12 θ
sin θ
La composante ū, requise pour appliquer le théorème de Bernoulli, s’exprime avec les
formules de changement de repère : ū = v̄r cos θ − v̄θ sin θ, ce qui nous permet d’expliciter
la pression :
K
p̄ = − cos ϕ sin θ.
r̄ 2
13.2.4 Raccord
Échelle extérieure Le voisinage du sillage est caractérisé par des petites valeurs de
θ = ε θ̃ et, selon l’échelle considérée, nous avons :
x̄ = r̄,
x̄ = r̄ cos θ,
Échelle ȳ = r̄ sin θ cos ϕ, Échelle ỹ = θ̃ r̄ cos ϕ,
extérieure
intérieure
z̄ = r̄ sin θ sin ϕ. z̃ = θ̃ r̄ sin ϕ.
13.2. SILLAGES 142
Le calcul de ces intégrales requiert d’adapter les échelles à la région de l’écoulement. Soit
e 2 la portion de Π2 coupée par le sillage ; son bord ∂ Π
Π e 2 se trouve dans la zone de raccord.
Désignons également par Π̄2 le complémentaire de Π e 2 dans Π2 : Π2 = Π̄2 ∪ Πe 2.
De façon à comparer les différentes contributions, il convient d’adimensionner cette
expression :
Z Z
R 3 4
2 L2
= αε −p̄ d Ā + αε τ̃xx dÃ
ρU∞ Π̄2 e2
Π
Z Z Z
3 2 2
− αε ū dĀ − αε ũ dà ≃ −αε ũ dà = 4αε2 πKu ,
Π̄2 e2
Π e2
Π
ce qui montre, comme on pouvait s’y attendre, que le défaut de débit apporte la contribu-
tion dominante à la traînée. Il s’ensuit :
1 R R 2 U∞ y 2 + z 2
Ku = 2 2 L2
=⇒ u=− e −η où η 2 = − .
4παε ρU∞ 4πµx 4ν x
F y 2 −η2 F y2 − z2 2 R 1/2 y 2
v= − 1− 2
e − 2 4
1 − e −η − RL e −η ,
4πµ x 8xη 32πρU∞ x η 4πµ x 2x
F yz −η2 F 2yz 2 R 1/2 z 2
w= e − 1 − e −η − R e −η .
4πµ x 8x η 2 32πρU∞ x2 η 4 4πµ x L 2x
Lorsque le sillage est de révolution, F = 0 et il ne reste que les derniers termes. Noter enfin
que les termes qui décroissent le plus lentement varient comme 1/(y 2 + z 2 ).
13.3. PANACHES 144
13.3 Panaches
13.3.1 Phénoménologie
Lorsqu’un objet chaud est placé dans
un environnement fluide plus froid, si au-
cune autre cause susceptible de mettre le
fluide en mouvement n’intervient (souf-
flante, pompe, jet), les couches proches de
la paroi sont réchauffées à son contact. Il
s’ensuit un gradient de masse volumique
à l’origine d’une force de volume (poussée
d’Archimède) qui agit de bas en haut si
le fluide est plus chaud que son environ-
nement et inversement (voir section 12).
La photo ci-contre 6 représente, par
visualisation de gradient d’indice de ré-
fraction, les couches d’air mises en mou-
vement par un cylindre chauffé. On distin-
gue les couches limites au voisinage de la
paroi du cylindre qui se rejoignent pour
former un panache, autrement dit sillage thermique.
Remarque : Il est clair que le sens de l’écoulement est déterminé par le signe
de la différence Tp − T∞ et que, dans le cadre de l’approximation de Boussi-
nesq, il suffit de changer le signe de g pour passer d’un problème à l’autre.
Par conséquent, dans ce qui suit, nous nous limitons au cas d’un écoulement
ascendant.
Il est également possible de créer un panache en injectant un jet de fluide chaud selon
la verticale ascendante. La structure de l’écoulement est plus complexe et présente trois
régions principales :
1. Jet : comme on l’a vu en section 13.1, l’écoulement est dû à l’énergie cinétique initiale
(il s’agit donc de convection forcée) et il se décompose en deux sous-domaines :
(a) Noyau potentiel où la couche de mélange n’a pas encore contaminé toute la
partie centrale.
(b) Jet développé où les conditions d’écoulement sont autosemblables.
2. Convection mixte ou transition : les forces d’inertie et la poussée d’Archimède sont
du même ordre sans qu’il soit possible d’attribuer un rôle prépondérant à l’un de ces
deux moteurs.
3. Panache : les forces motrices sont dues aux différences de masse volumique et déter-
minent les échelles de l’écoulement (convection naturelle).
Dans les trois cas, l’équilibre fondamental est toujours celui de la convection et de la
diffusion dont on sait qu’il ne détermine que l’échelle de longueur qui caractérise l’extension
transversale de l’écoulement). L’intervention de forces de pesanteur permet de déterminer
une échelle longitudinale. En général, les vitesses induites par la convection naturelle sont
6. M. Van Dyke, « An Album of Fluid Motion », Parabolic Press (1982)
CHAPITRE 13. ÉCOULEMENTS LONGILIGNES 145
suffisamment faibles pour négliger d’emblée la dissipation visqueuse, ce que nous admettons
ici.
Puisque le nombre de Prandtl est supposé d’ordre unité, l’équilibre convection∼dif-
fusion qui caractérise la dynamique de l’écoulement se retrouve pour les transferts d’énergie.
Ceci en dépit du fait que l’apport de chaleur se fasse par convection et non par diffusion à
partir d’une paroi chaude, comme cela a été supposé tout au long de la section 12.
On peut alors vérifier que la troisième intégrale est négligeable devant la seconde et, ensuite,
évaluer le rapport des écarts de température en admettant que l’intégrale qui subsiste est
13.3. PANACHES 146
ε = R−1/2 .
Cette condition garantit une température différente de zéro dans l’écoulement et, par
suite, l’existence d’une poussée d’Archimède, véritable moteur de l’ascension du fluide.
Simultanément, le panache dispose d’une énergie cinétique initiale et, comme on le voit
plus loin, sa vitesse axiale étant décroissante, les forces d’inertie jouent également le rôle
de moteur.
Cependant, les forces de frottement jouent plus clairement le rôle de frein et compte tenu
de l’équilibre convection ∼ diffusion admis plus haut, ces deux forces doivent donc demeurer
dans le bilan de quantité de mouvement longitudinal. Enfin, la pression est conservée en
tant que conséquence du mouvement. En résumé, nous sommes donc conduits à poser :
(δpg )
R = G 1/2 , =1 =⇒ ε = G −1/4 .
ρV02
13.3. PANACHES 148
∂ ũ 1 ∂
+ (r̃ṽ) = 0,
∂ x̄ r̃ ∂r̃
∂ ũ ∂ ũ 1 ∂ ∂ ũ
ũ + ṽ = Te + r̃ ,
∂ x̄ ∂r̃ r̃ ∂r̃ ∂r̃
∂ Te ∂ Te 1 ∂ ∂ Te
ũ + ṽ = r̃ .
∂ x̄ ∂r̄ r̃ ∂r̃ ∂r̃
lim ũ = 0 et lim Te = 0.
r̃→∞ r̃→∞
Invariant Les conditions aux frontières indiquées ci-dessus sont homogènes et rien ne
force la solution à prendre des valeurs non triviales. Cependant, comme dans le cas des
jets, il existe bien un invariant qui se substitue aux conditions initiales, mais a contrario,
il est d’origine énergétique. Après avoir mis l’équation d’énergie sous forme conservative,
nous obtenons :
Z r̃
d r̃ h ∂ Te ir̃
ũ Te r̃∗ dr̃∗ + r̃∗ ṽ Te 0 = r̃∗ .
dx 0 ∂r̃ 0
Cette propriété est due à l’absence de dissipation visqueuse et le flux d’énergie qui traverse
le plan z = H0 doit donc se conserver, quand bien même la densité de flux diminue du fait
de la diffusion transversale et de l’entraînement de fluide froid.
13.3.4 Intégration
La méthode d’intégration est similaire à celle mise en œuvre dans le cas du jet (voir
section 13.1.3). Nous commençons donc par transformer les variables et les fonctions de la
manière suivante :
Il vient alors :
h ′ i
d ζ d F̄ F̄ ′ F̄
+ ζ Θ̄ + F̄ ′′ − = 0,
dζ dζ ζ ζ ζ
′
ζ Θ̄ + F̄ Θ̄ = 0,
13.3. PANACHES 150
avec :
Z ∞
F̄ ′ F̄ ′
F̄ (0) = 0, = U,
lim lim = 0, J˜T = F̄ ′ Θ̄ dζ,
ζ→0 ζ ζ→∞ ζ 0
et Θ̄(0) = K, lim Θ̄ = 0.
ζ→∞
Sous cette forme, il apparaît que le paramètre α reste arbitraire et on peut donc le fixer
en imposant, par exemple, F ′ (η)/η = 1/2 en η = 1, soit F̄ ′ (α) = 21 αU qui constitue
une équation pour α.
3.5 7
3 6
0,1
0,5
1,0
2,0
2.5 J˜T 3,0
4,0
5
6,0
8,0
10,0
2 4
F̄ ′ /ζ Θ̄
1.5
Vitesses Températures 3
(F̄ ′ /ζ)|0 = U Θ̄|0 = K
1 2
0.5 1
0 0
−10 −5 0 5 10
ζ
Figure 13.1 – Profils de vitesse et de température d’un panache laminaire de révolution
pour différentes valeurs de l’invariant.
J˜T 0,1 0,5 1,0 2,0 3,0 4,0 6,0 8,0 10,0
K 0,067 0,33 0,667 1,333 2,00 2,666 3,999 5,332 6,667
U 0,316 0,707 1,000 1,414 1,732 2,000 2,449 2,828 3,162
α 3,958 2,643 2,220 1,875 1,691 1,573 1,422 1,325 1,250
CHAPITRE 13. ÉCOULEMENTS LONGILIGNES 151
13.3. PANACHES 152
Annexes
Annexe A
Formulaire
Coordonnées cartésiennes
Scalaires
∂s/∂x
∂s ∂2s ∂2s ∂2s ∂2s
(∇s)i = ∇s = ∂s/∂y , ∆s = = + +
∂xi ∂xi ∂xi ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
∂s/∂z
Vecteurs
∂vi ∂u ∂v ∂w
div v = = + +
∂xi ∂x ∂y ∂z
∂w ∂v
∂y − ∂z
∂vk ∂u ∂w
(rot v)i = ǫijk rot v =
∂z − ∂x
∂xj
∂v ∂u
−
∂x ∂y
∂u ∂u ∂u
∂x ∂y ∂z
∂vi ∂v ∂v ∂v
(∇v)ij =
∇v =
∂xj
∂x ∂y ∂z
∂w ∂w ∂w
∂x ∂y ∂z
2
∂ u ∂2u ∂2u
∂x2 + ∂y 2 + ∂z 2
2
∂ 2 vi ∂ v ∂2v ∂2v
(∆v)i = ∆v = + 2+ 2
∂xj ∂xj ∂x
2 ∂y ∂z
∂2w ∂2w ∂2w
+ +
∂x2 ∂y 2 ∂z 2
153
154
∂u ∂u ∂u
∂x u + ∂y v + ∂z w
∂vi ∂v ∂v ∂v
(∇v · v)i = vj ∇v · v =
∂x u + ∂y v + ∂z w
∂xj
∂w ∂w ∂w
u+ v+ w
∂x ∂y ∂z
Tenseurs
∂Tij ∂Tij
(∇ T)ijk = (div T)i = (tr ∇ T)i =
∂xk ∂xj
∂v ∂vj
1 t 1 i
D= 2 ∇v + ∇v (D)ij = 2 +
∂xj ∂xi
Équations générales
Bilan de masse
∂u ∂v ∂w
+ + = 0.
∂x ∂y ∂z
∂T ∂T ∂T ∂T k h ∂u ∂v 2 ∂v ∂w 2 ∂w ∂u 2 i
cv +u +v +w = ∆T +ν + + + + +
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂y ∂x ∂z ∂y ∂x ∂z
h ∂u 2 ∂v 2 ∂w 2 i
+ 2ν + +
∂x ∂y ∂z
ANNEXE A. FORMULAIRE 155
Coordonnées cylindriques
Scalaires
∂s/∂r
∇s = (1/r)∂s/∂θ
∂s/∂z
1 ∂ ∂s 1 ∂2s ∂2s
∆s = r + 2 2+ 2
r ∂r ∂r r ∂θ ∂z
Vecteurs
1 ∂ 1 ∂vθ ∂vz
div v = (rvr ) + +
r ∂r r ∂θ ∂z
1 ∂vz ∂vθ
r ∂θ − ∂z
∂vr ∂vz
rot v = −
∂z ∂r
1 ∂ 1 ∂vr
(rvθ ) −
r ∂r r ∂θ
∂v 1 ∂vr vθ ∂vr
r
−
∂r r ∂θ r ∂z
∂v vr ∂vθ
θ 1 ∂vθ
∇v = +
∂r r ∂θ r ∂z
∂vz 1 ∂vz ∂vz
∂rh r ∂θ
i
∂z
∂ 1 ∂ 1 ∂ 2 vr 2 ∂vθ ∂ 2 vr
∂r r ∂r (rvr ) + r 2 ∂θ 2 − r 2 ∂θ + ∂z 2 = ∆r v
h i
∂ 1 ∂ 1 ∂ 2 vθ 2 ∂vr ∂ 2 vθ
∆v = ∂r r ∂r (rv θ ) + + + = ∆θ v
r 2 ∂θ 2 r 2 ∂θ ∂z 2
1 ∂ ∂vz 2
1 ∂ vz 2
∂ vz
r + 2 2
+ = ∆z v
r ∂r ∂r r ∂θ ∂z 2
∂vr ∂vr vθ vθ2 ∂vr
∂r vr + ∂θ r − r + ∂z vz
∂vθ ∂vθ vθ vθ vr ∂vθ
∇v · v = vr + + + vz
∂r ∂θ r r ∂z
∂vz ∂vz vθ ∂vz
vr + + vz
∂r ∂θ r ∂z
Tenseurs
1 ∂ 1 ∂Trθ Tθθ ∂Trz
(rTrr ) + − +
r ∂r
r ∂θ r ∂z
1 ∂Tθθ ∂Trθ 2 ∂Tθz
div T = + + Trθ +
r ∂θ ∂r r ∂z
1 ∂ (rT ) + 1 ∂Tθz + ∂Tzz
rz
r ∂r r ∂θ ∂z
156
Équations générales
Bilan de masse
1 ∂ 1 ∂vθ ∂vz
(rvr ) + + =0
r ∂r r ∂θ ∂z
∂vr ∂vr ∂vr vθ v 2 ∂vr 1 ∂p
+ vr + − θ + vz = gr − + ν∆r v
∂t ∂r ∂θ r r ∂z ρ ∂r
∂vθ ∂vθ ∂vθ vθ vθ vr ∂vθ 1 ∂p
+ vr + + + vz = gθ − + ν∆θ v
∂t ∂r ∂θ r r ∂z ρr ∂θ
∂vz ∂vz ∂vz vθ ∂vz 1 ∂p
+ vr + + vz = gz − + ν∆z v.
∂t ∂r ∂θ r ∂z ρ ∂z
∂T ∂T vθ ∂T ∂T
cv + vr + + vz
∂t ∂r r ∂θ ∂z
k 2 2 2
2 2 2
= ∆T + 4ν Dθr + Drz + Dzθ + 2ν Drr + Dθθ + Dzz .
ρ
ANNEXE A. FORMULAIRE 157
Coordonnées sphériques
Scalaires
∂s/∂r
∇s = (1/r) ∂s/∂θ
(1/r sin θ) ∂s/∂φ
1 ∂ 2 ∂s 1 ∂ ∂s 1 ∂2s
∆s = r + sin θ +
r 2 ∂r ∂r r 2 sin θ ∂θ ∂θ r 2 sin2 θ ∂φ2
Vecteurs
1 ∂ 2 1 ∂ 1 ∂vφ
div v = 2
(r vr ) + (vθ sin θ) +
r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂φ
1 ∂ 1 ∂vθ
(v
r sin θ ∂θ φ sin θ) −
r sin θ ∂φ
1 ∂vr 1 ∂
rot v = − (rvφ )
r sin θ ∂φ r ∂r
1 ∂ 1 ∂vr
(rvθ ) −
r ∂r r ∂θ
∂vr 1 ∂vr vθ 1 ∂vr vφ
− −
∂r r ∂θ r r sin θ ∂φ r
∂v 1 ∂vθ vr 1 ∂vθ cotg θ
θ
∇v = + − vφ
∂r r ∂θ r r sin θ ∂φ r
∂vφ 1 ∂vφ 1 ∂vφ vr cotg θ
+ + vθ
∂r r ∂θ r sin θ ∂φ r r
vr 2 ∂vθ vθ 2 ∂vφ
∆v − 2 2 − 2 − 2 2 cotg θ − 2 = ∆r v
r r r ∂θ r r sin θ ∂φ
2 ∂vr vθ 2 cos θ ∂vφ
∆v = ∆vθ + 2 − 2 2 − 2 2 = ∆θ v
r ∂θ r sin θ r sin θ ∂φ
vφ 2 ∂vr 2 cos θ ∂vφ
∆vφ − 2 2 + 2 + 2 2 = ∆φ v
r sin θ r sin θ ∂φ r sin θ ∂φ
∂vr ∂vr vθ ∂vr vφ vθ2 + vφ2
vr + + −
∂r ∂θ r ∂φ r sin θ r
∂vθ ∂vθ vθ ∂vθ vφ vr vθ cotg θ 2
∇v · v = vr + + + − vφ
∂r ∂θ r ∂φ r sin θ r r
∂vφ ∂vφ vθ ∂vφ vφ vr vφ cotg θ
vr + + + + vθ vφ
∂r ∂θ r ∂φ r sin θ r r
158
Tenseurs
1 ∂ 2 1 ∂ 1 ∂Trφ Tθθ + Tφφ
(r Trr ) + (Trθ sin θ) + −
r 2 ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂φ r
1 ∂ 1 ∂ 1 ∂Tθφ Trθ cotg θ
div T = 2
(r 2 Trθ ) + (Tθθ sin θ) + + − Tφφ
r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂φ r r
∂T ∂Tφφ Trφ
1 ∂ (r 2 Trφ ) + 1 θφ + 1
+ +2
cotg θ
Tθφ
2
r ∂r r ∂θ r sin θ ∂φ r r
Équations générales
Bilan de masse
1 ∂ 2 1 ∂ 1 ∂vφ
2
(r vr ) + (vθ sin θ) + = 0.
r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂φ
∂T ∂T vθ ∂T vφ ∂T
cv + vr + +
∂t ∂r r ∂θ r sin θ ∂φ
k 2 2 2
2 2 2
= ∆T + 4ν Drθ + Dθφ + Dφr + 2ν Drr + Dθθ + Dφφ .
ρ
ANNEXE A. FORMULAIRE 159
Coordonnées de Serret-Frenet
Cordonnées cartésiennes
τ : tangente, n : normale, b : binormale {τ , n, b} : orthonormé, direct
−−→ −−→ −−→ −− →
OM = OP + P M = OP + ξ n + η b
−−→
dOP /ds = τ , dτ /ds = C n, dn/ds = −C τ + T b, db/ds = −T n
C : courbure, T : torsion
K = 1 − ξC
1 ∂p ∂p ∂p
K ∂s + ηT − ξT
∂ξ ∂η
∂p
∇p =
∂ξ
∂p
∂η
∂w
1 ∂w ∂w ∂w ∂w
+ηT − ξT − C u
∂s
K ∂ξ ∂η ∂ξ ∂η
1 ∂u ∂u ∂u ∂u ∂u
∇v = + η T − ξT + C w − T v
K ∂s ∂ξ ∂η ∂ξ ∂η
∂v
∂v ∂v ∂v ∂v
1
K ∂s + η T − ξT + T u
∂ξ ∂η ∂ξ ∂η
1 ∂Tτ τ ∂Tτ τ ∂Tτ τ ∂T
τn ∂Tτ b
+ ηT − ξC − 2C Tτ n + +
h K ∂s ∂ξ ∂η ∂ξ ∂η
1 ∂Tτ n ∂T ∂T i ∂T ∂T
τ n τ n nn nb
div T =
K ∂s + ηT ∂ξ − ξT ∂η + C Tτ τ − Tnn − T Tτ b + ∂ξ + ∂η
1 ∂Tτ b ∂Tτ b ∂Tτ b ∂T
nb ∂Tbb
+ ηT − ξT + T Tτ n − C Tnb + +
K ∂s ∂ξ ∂η ∂ξ ∂η
Cordonnées cylindriques
Élément linéaire
−−→
dOM = Kτ ds + er dr + r( dθ + T ds)eθ , K = 1 − C r cos θ
Différentielles de la base
dτ = C(cos θ er − sin θ eθ ) ds
der = − C cos θ τ − Teθ ds + eθ dθ
deθ = C sin θ τ − Ter ds − er dθ
1 ∂p ∂p
−T
K ∂s ∂θ
∂p
∇p =
∂r
1 ∂p
r ∂θ
1 h ∂u ∂u i ∂u 1 ∂u
− C vr cos θ − vθ sin θ − T
K ∂s ∂θ ∂r r ∂θ
1 ∂vr ∂vr ∂vr 1 ∂vr
∇v = + Cu cos θ − T − vθ
K ∂s ∂θ ∂r r ∂θ
1 ∂vθ ∂vθ ∂vθ 1 ∂vθ
− Cu sin θ − T + vr
K ∂s ∂θ ∂r r ∂θ
1 h ∂Tτ τ ∂Tτ τ i
− 2C Tτ r cos θ − Tθτ sin θ − T
K ∂s ∂θ
∂Tτ r 1 ∂Tθτ
+ + + Tτr
∂r r ∂θ
1 h ∂Tτ r ∂T i
+ C cos θ Tτ τ − Trr + C sin θ Trθ − T
τ r
div T = K ∂s ∂θ
∂Trr 1 ∂Trθ
+ + + Trr − Tθθ
h ∂r r ∂θ i
1 ∂Tθτ ∂T θτ
K ∂s + C sin θ Tθθ − Tτ τ − C cos θ Trθ − T ∂θ
∂Trθ
1 ∂Tθθ
+ + + 2Trθ
∂r r ∂θ
ANNEXE A. FORMULAIRE 161
Paramètres de similitude
Nous donnons ci-dessous une liste — non exhaustive — des principaux paramètres de
similitude rencontrés en mécanique des fluides.
Nomenclature
α diffusivité de la chaleur m2 /s
β coefficient de dilatation isobare K−1
c vitesse du son m/s
cp chaleur spécifique à pression constante J/(kg · K)
E module d’Young Pa = N/m2
g accélération de la pesanteur m/s2
L longueur m
µ viscosité dynamique Pl = kg/(m · s)
ν viscosité cinématique, diffusivité de la qdm m2 /s
Ω vitesse de rotation Hz = s−1
(δp) échelle de pression Pa
p0 pression Pa
pvap pression de vapeur saturante Pa
τ temps s
V vitesse m/s
(δT ) échelle de température K
σ coefficient de tension superficielle N/m
163
164
165