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Loutre Du Pasquier, N. (2006). Travail et maternité. Dans : Suzon Bosse-Platière éd.

, La mère, le bébé, le
travail (pp. 71-82). Toulouse: Érès.
https://doi-org.scd-rproxy.u-strasbg.fr/10.3917/eres.bosse.2006.01.0071

1Je dirais en avant-propos que je n’évoquerai pas beaucoup dans cet article le père de l’enfant, le
compagnon de la mère. Ce n’est pas que je considère son rôle comme insignifiant, mais je
m’appuie simplement sur le constat (sans m’interroger sur les causes) que les changements ne se
font que lentement et qu’actuellement, malgré tout, dans la majorité des familles, c’est encore la
mère qui assure les soins ou la prise en charge de l’enfant tout petit, dans leur régularité
quotidienne.

2Je me centrerai donc sur une présentation des situations que rencontrent la plupart des femmes
qui exercent une profession tout en ayant un enfant petit. Je m’appuierai sur une double
expérience : celle de psychologue travaillant en crèche, avec les parents qui y confient leur
enfant et avec les assistantes maternelles, mais aussi mon expérience de mère travaillant tout en
ayant un jeune enfant. Ce sera donc le point de vue d’une psychologue et d’une mère que vous
allez avoir ici.

3Que vit donc la femme qui a choisi d’être en même temps femme-mère, femme-épouse, femme
au travail, mais aussi femme pour elle-même ? L’idée de loisir ou d’envie d’activités en dehors
du temps passé avec les enfants est un point de vue peu abordé, encore aujourd’hui, et qui
pourtant paraît essentiel, en particulier pour les femmes qui sont professionnalisées tout en ayant
des enfants petits.

4Que vivent donc les femmes dans cette société où l’on peut décider du moment de la venue de
l’enfant et où, de ce fait, les attentes à l’égard de cet enfant sont particulièrement importantes,
dans cette société où les idées d’épanouissement et de bonheur personnels sont les valeurs
prégnantes et où les données de la psychologie de l’enfant sont aussi très présentes, ce qui ne
simplifie pas la situation ?

5Que vit-elle donc, cette mère, quand elle s’interroge sur la reprise ou non du travail, sur les
conditions de cette reprise et sur ce que vivra son enfant petit, jusqu’à l’age de 3 ans, âge auquel
je considère que la société en quelque sorte la déculpabilise, puisqu’elle lui propose une
séparation officielle avec l’entrée de l’enfant à l’école maternelle ? J’emploie le terme de «
déculpabilisation » parce que mon expérience professionnelle de psychologue me fait dire que,
pour la plupart des femmes, se situer par rapport à tous ces rôles est une chose qui, actuellement,
reste encore difficile.

6Les femmes qui travaillent tout en ayant un enfant jeune disent souvent qu’elles ont
l’impression malgré tout « de perdre ou de sacrifier quelque chose », voire de « léser » un peu
quelqu’un, l’employeur, le compagnon, mais le plus souvent l’enfant ou elle-même.

7Je vais donc évoquer rapidement certaines des situations auxquelles sont confrontées ces
femmes, notamment la décision de reprise ou non du travail, le moment du choix d’un mode
d’accueil pour l’enfant tout petit… Le vécu de chaque femme est bien sûr personnel, dépendant à
la fois de son système de valeurs (valorisation ou non du travail féminin, de la socialisation
précoce du bébé, etc.), de sa personnalité, de celle de son compagnon, de la relation de couple,
enfin des conditions matérielles (revenus du couple, nombre de places en crèche dans le quartier,
etc.). Il faut donc éviter des généralisations hâtives. Il n’empêche que, lorsqu’on essaie
d’analyser la manière dont les femmes vivent les moments clés de cette période de leur vie où
elles travaillent tout en ayant des enfants petits, il y a un certain nombre de constantes qui
apparaissent, entre autres la difficulté éprouvée à concilier les intérêts et les exigences des
différents partenaires ; difficulté qui s’accompagne souvent d’une interrogation sur le choix fait,
rarement vécu comme n’ayant que des aspects positifs. Dans le film de Monique Dagnaud,
Journées de femme, une mère disait par exemple : « J’ai fait comme cela pour mon premier
enfant. Pour le second, j’ai cherché une autre solution… une assistante maternelle qui soit plus
proche parce que le premier était tout le temps malade… » Une autre : « J’ai repris mon travail
mais j’avance moins vite sur le plan de ma carrière. Ce n’est pas un sacrifice, mais
éventuellement, je pourrais envisager d’arrêter de travailler. »

8Évoquons donc quelques-uns de ces moments vécus par les femmes. Choisir par exemple de ne
pas reprendre son travail à la fin du congé de maternité, c’est-à-dire de prendre un congé
parental, est actuellement un luxe en France que très peu de femmes peuvent se permettre. Cela
implique l’assurance de revenus suffisants dans la cellule familiale, puisque, en fait, ce congé est
sans solde. Cela implique aussi pour la femme de choisir, provisoirement peut-être, entre deux
facettes de l’identité féminine : celle de la femme « épouse à la maison » et celle de la femme «
qui travaille ».

9Prendre un congé parental, c’est être prête à mettre de côté cette image de femme rendue
autonome par son travail pour laisser s’exprimer, ce qui n’est pas toujours facile, le désir
d’identification à une figure maternelle plus classique et reconnaître qu’on peut, et qu’on a le
droit, d’avoir du plaisir à être à la maison avec son enfant petit et à le voir grandir. Mais prendre
un congé parental sans solde, c’est aussi négocier avec la culpabilité qui émerge lorsqu’on sait
par exemple, dans une équipe, qu’on n’est pas vraiment remplacée pendant le temps d’absence et
que c’est un peu à ceux qui restent de se débrouiller comme ils le peuvent ; ou encore gérer, si
l’on est remplacée, la crainte de perdre son emploi, de ne pas avoir le même statut au retour ou
d’être ralentie dans sa carrière.

10Abordons maintenant la question de la reprise du travail et la décision de confier son bébé. Les
conditions matérielles actuelles d’accueil du tout-petit, avec un nombre de places insuffisant –
comme le montrent les travaux de G. Hatchuel –, font qu’on exige de la femme (car pour le
moment, malgré tout, là aussi le choix du mode d’accueil dans la plupart des familles reste
essentiellement l’affaire de la femme dans le couple) qu’elle se décide bien avant la naissance de
l’enfant. Comment peut-on croire que la femme est en mesure de décider de la façon dont elle va
se séparer de son bébé alors qu’il n’est même pas né ? Elle n’est absolument pas prête à faire
cette démarche au plan psychologique, et cela peut-être encore plus lorsqu’il s’agit pour elle de
son premier enfant. Pouvoir envisager avec un certain réalisme et avec une sérénité suffisante le
fait de se séparer du bébé, pouvoir se représenter ce que cela signifie pour soi-même, exige, de
mon point de vue, un temps de vie suffisant avec le bébé, un temps de maturation personnelle,
compte tenu des affects qui sont mobilisés et qui peuvent renvoyer à des fantasme du type
abandon de l’enfant, « mauvaise mère » ou rivalité avec une autre femme. On entend très
souvent les mères, au moment de la reprise professionnelle, poser des questions telles que : «
Est-ce que je ne suis pas une mauvaise mère ? », et surtout : « Est-ce que mon enfant ne va pas
m’aimer moins… m’en vouloir… préférer celle qui le garde ? » En réalité, on s’aperçoit que,
souvent, la solution retenue sur le plan de l’accueil de l’enfant n’est fixée que très tard, dans
l’urgence, comme si repousser la décision allait permettre éventuellement de l’éviter de façon un
peu magique. « Je n’arrive pas à imaginer comment je ferai, comment cela va se passer ! », me
disait une mère récemment, quelques jours avant de reprendre son travail, alors que sa petite fille
avait un peu plus de deux mois.

11Une fois le mode d’accueil choisi, un autre temps difficile à vivre est celui de l’adaptation du
bébé mais aussi et surtout de la mère à cette nouvelle vie, au moment de la reprise du travail.
C’est avec un nouveau rythme que la mère a à composer. L’inquiétude chez elle est forte les
premiers temps et revient tout au long de la journée, comme une ponctuation : « Que fait mon
bébé en ce moment ? Comment cela se passe-t-il pour lui ? » C’est la période aussi où toutes les
manifestations de l’enfant sont interprétées, quelles qu’elles soient : par exemple, les
protestations quand on le quitte le matin sont difficiles à supporter et culpabilisantes. À l’inverse,
la non-protestation du bébé est aussi parfois difficilement comprise par la mère qui peut penser à
ce moment-là : « Il ne m’aime plus, il préfère être ailleurs. »

12Donc, ce que vit la mère dans cette période-là est compliquée, avec des sentiments
contradictoires. Elle peut être contente de reprendre son travail, parce qu’il est intéressant ou
parce qu’il est source d’autonomie, ou encore parce qu’il permet de renouer des contacts sociaux
à l’extérieur à un moment où la mère éprouve le besoin de sortir de cette situation assez
fusionnelle et de cette période où elle est restée très centrée sur l’enfant et la maison. Mais elle
peut en même temps craindre de ne pas être à la hauteur au moment de cette reprise
professionnelle et se sentir coupable de laisser l’enfant. Cet ensemble de sentiments ambivalents
peut être la source d’une tension importante, en particulier lorsque s’ajoutent la fatigue physique
et surtout la sensation, dont on a peu parlé, d’être sans arrêt « pressée », « en retard »…
J’insisterai sur cet aspect parce qu’il me paraît central dans le vécu des mères qui travaillent tout
en ayant un enfant petit. Le sentiment dominant est celui d’avoir à passer d’une activité à une
autre – ménage, enfant, travail, courses, tout cela ponctué par les temps de transport – trop
rapidement, sans temps de transition permettant de changer de registre de fonctionnement.
L’impression est aussi celle de ne pouvoir que rarement se consacrer complètement à une tâche
et d’avoir une activité morcelée : le matin, on s’occupe de l’enfant tout en se dépêchant parce
qu’il y a des choses à terminer avant de quitter la maison et que l’on craint d’être en retard au
travail ; en fin de journée, on se demande si on sera à l’heure pour le rechercher ; dans la rue
avec l’enfant, on fait les courses tout en lui répondant et en le rattrapant parce qu’il est en train
de s’éloigner ; et à la maison le soir, c’est un peu pareil : on fait manger l’enfant tout en
préparant l’autre repas ou en commençant à s’occuper du linge.

13Du côté professionnel, cela tient à peu près, tant qu’il n’y a pas de problèmes de santé pour le
bébé. Lorsque le bébé est malade, cela devient très différent. J’insisterai de nouveau sur
l’inquiétude et la culpabilité des parents mais surtout de la mère lorsque son enfant est malade ou
simplement « mal fichu », « pas en forme » et qu’elle sait, par exemple, qu’il risque de ne pas
être accepté en collectivité ou qu’elle sent, tout simplement, qu’il vaudrait mieux qu’il dorme
plus longtemps, qu’il ne sorte pas si tôt le matin. Si elle peut payer quelqu’un à domicile,
quelqu’un de confiance, cela va ; il en est de même si elle peut aménager ses heures de travail
(par exemple, pour ce qui me concerne, préparer mes cours tard le soir plutôt que dans l’après-
midi), cela va encore, même si on ne dort plus assez et qu’on ne songe pas trop à sa « carrière ».
Mais lorsque la femme n’a la possibilité ni d’une garde à domicile ni d’une souplesse horaire,
elle se retrouve dans une impasse.

14Comme je vous en avais averti, je n’ai pas beaucoup parlé du père de l’enfant, partant du
constat que, actuellement, c’est encore le plus souvent la mère qui assure les soins dans leur
répétition quotidienne et que c’est aussi le plus souvent elle qui a à se débrouiller quand il faut
trouver une solution en urgence, parce que l’enfant est malade ou parce que, par exemple, il y a
des mouvements de grève ou que la collectivité est fermée. Elle doit à la fois tout planifier très
précisément et gérer l’imprévu.

15Il faudrait aussi parler de la vie sociale du couple qui continue après la naissance du bébé, avec
des sorties à l’extérieur, moins fréquentes, mais avec aussi, souvent, beaucoup plus de monde qui
vient chez soi, et cela aussi c’est du « travail ». Il faudrait aussi, bien sûr, parler de la vie du
couple dans son intimité. Tout cela prend du temps si on veut pouvoir le préserver. Disons
franchement qu’après tous ces temps passés pour l’enfant, pour le compagnon, pour le ménage,
pour le métier (temps qui ne sont déjà pas très faciles à concilier), il reste rarement pour la
femme de temps pour elle-même, ou du moins pour elle-même sans trop de mauvaise
conscience. Ce qui est souvent laissé de côté, ce sont les loisirs personnels, les soins pas
vraiment urgents : par exemple, aller chez le dentiste, dormir assez. Comme si, à ce moment-là,
la femme n’avait plus vraiment le temps de prendre sérieusement soin d’elle-même…

16Pour terminer, je voudrais rappeler très schématiquement quelques acquis de la psychologie de


l’enfant, les associer à mes propos pour essayer d’en tirer quelques leçons.

17On sait, même si cela reste à approfondir, qu’il est impossible, pour expliquer le
développement de l’enfant petit dont la mère travaille, d’isoler un ou deux facteurs. Ce qui va
conditionner son développement, c’est un ensemble de facteurs en interaction dont les principaux
sont :

 la qualité de l’apport du milieu d’accueil, sur le plan de la richesse des expériences et de


la stabilité des liens proposés dans ce milieu d’accueil ;
 la qualité de ce que le bébé trouve à la maison, en particulier la qualité du lien à la mère,
au père, lien qui n’est pas fonction du temps passé (il faut bien sûr un temps minimum)
mais surtout de la disponibilité de l’adulte et du plaisir que le père ou la mère prend à cet
échange ;
 l’importance, la valeur que la femme attribue au travail qu’elle fait, mais aussi celle que
son entourage attribue à ce travail et le soutien qu’il lui apporte matériellement et
psychologiquement dans un tel contexte ;
 enfin la cohérence (ce qui ne veut pas dire répétition à l’identique) de ce que le bébé
trouve dans les différents lieux de vie au cours de la journée et la confiance que la famille
a dans le milieu d’accueil.

Aucun de ces facteurs ne joue isolément ; ils se combinent, ils interagissent de façon variée,
pouvant bien sûr se compenser. Ce n’est pas parce que sa mère travaille que le bébé va bien ou
ne va pas bien ; ce n’est pas parce qu’elle ne travaille pas que nécessairement il se développera
harmonieusement. La variable « travail de la mère » ne joue un rôle dans le développement du
bébé qu’en fonction de l’ensemble du contexte de vie de la famille, tout en rappelant que l’on
parle trop globalement de petite enfance alors que les besoins de l’enfant à 2 mois et à 2 ans sont
très différents.
Il s’agit alors, à partir de ce résumé très schématique, d’essayer de formuler quelques garanties
minimales pour les parents et plus particulièrement pour les mères d’un enfant jeune lorsqu’elles
sont engagées professionnellement. Il s’agit ensuite de voir, en faisant preuve d’imagination et
de souplesse, comment de telles garanties pourraient devenir réalité.
Garantie tout d’abord pour la mère, pour le couple, de pouvoir disposer d’une période
suffisamment longue après la naissance du bébé, surtout lorsque c’est le premier enfant, avant
que ne soit véritablement exigée une décision quant aux conditions de reprise du travail et quant
aux modes d’accueil du bébé. C’est un temps d’information, un temps de maturation, de façon
qu’il y ait effectivement choix, alors que, de mon point de vue, actuellement, il n’y a pas choix
pour le couple. C’est à ce moment-là qu’il peut être important pour la mère, pour les parents, de
trouver un interlocuteur valable dont la fonction n’est pas de prise en charge mais d’information,
d’écoute, et éventuellement, lorsque c’est nécessaire, d’accompagnement dans la décision. Là
aussi je crois que, assez souvent, on ne trouve pas l’interlocuteur avec lequel on souhaiterait
pouvoir avoir un échange au moment de cette décision. Pour qu’il ne s’agisse pas d’un simulacre
de choix, encore faut-il bien sûr que les structures d’accueil soient suffisantes, sur le plan des
places, de la diversité et de la qualité.
Garantie aussi pour la mère, au niveau de son emploi du temps quotidien, d’une possibilité
d’aménagements de cette « course contre la montre » qui lui permettent, si elle le souhaite, de
retrouver ses enfants, mais en particulier son enfant petit pour un moment de qualité. L’idée n’est
pas de mettre en place quelque chose de rigide mais de tenter de préserver un temps de
disponibilité à l’enfant pendant lequel la mère n’a pas tout à faire en même temps. On sait que
c’est ce temps qui aide le bébé à supporter la séparation, à la comprendre à sa façon, et même à
profiter des autres lieux de vie où il peut être le reste de la journée.
J’évoquerai très rapidement à ce propos la question du travail à temps partiel et celle du travail
au domicile pour la femme. Au-delà du problème de la réduction de salaire qui reste central, le
travail à temps partiel peut être d’un grand intérêt, mais à condition qu’il soit très précisément
défini, de manière en particulier à permettre à l’enfant des repérages suffisamment réguliers ; il
faut aussi qu’il s’accompagne de la possibilité de choisir un mode d’accueil souple, adapté et que
le temps libéré ne soit pas intégralement pris par des tâches ménagères nouvelles. Lorsque la
profession est exercée au domicile même, n’entretenons pas l’illusion qu’il est facile pour la
femme de travailler tout en s’occupant de son enfant. L’enfant, jusqu’à 2-3 ans, a des repères
flous et ne peut aisément situer sa mère dans ce double rôle à la maison.
De fait, c’est toute une réflexion sur la gestion matérielle et affective du rythme de la vie
quotidienne de la mère engagée professionnellement qui est nécessaire ; elle implique une
interrogation sur le modèle de la femme qui est actuellement valorisé, femme qui doit tout réussir
: vie conjugale, éducation, vie professionnelle (et peut-être vie personnelle ?). Cette réflexion ne
concerne pas, bien sûr, uniquement la femme ; elle engage aussi son compagnon et, de façon
plus large, notre société dans son ensemble. Il y a de mon point de vue – et cela a été dit aussi
bien sûr par d’autres – une responsabilité collective et des enjeux qui sont essentiels pour le
devenir de notre société.
Une dernière garantie pour terminer – garantie qui, en apparence, ne concerne pas directement
les parents –, celle d’une formation pour les femmes (puisque, là encore, il s’agit presque
exclusivement de femmes) qui accueillent l’enfant pendant le travail des parents. On a peu parlé
de ces personnes ici. Or, elles aussi travaillent puisqu’elles s’occupent des enfants des autres,
tout en étant souvent mères elles-mêmes. Leur travail est aussi avec les parents, avec l’inquiétude
de la mère, avec sa peur d’être évincée. Si l’on retient l’importance d’être dans un lieu d’accueil
stimulant et riche et l’ampleur des affects suscités par la relation au bébé (des enjeux affectifs
personnels resurgissent chaque fois que l’on parle de petite enfance ou que l’on travaille avec
elle), il apparaît alors évident qu’il ne suffit pas, pour assumer tout cela, d’être femme et d’avoir
élevé ses propres enfants. De mon point de vue, une formation personnelle professionnelle
s’impose pour toutes les personnes qui accueillent le tout-petit pendant que ses parents
travaillent, tout en souhaitant que cet univers d’accueil du jeune enfant ne reste plus aussi
exclusivement féminin.

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