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EPFL 2019
Énoncé Théorique de Master d’Architecture
Ian Bichelmeier
3
Lorsque l'on considère la recherche matérielle comme une substance,
Philip Yuan
4
AVANT-PROPOS
1
Peggy Deamer et Phillip Gordon Bernstein, éd., Building (in) the Future : Recasting Labor in Architecture, 1.
ed (New York : Princeton Architectural Press [u.a.], 2010).
2
Scott Marble, éd., Digital workflows in architecture : designing design, designing assembly. designing
industry, (Basel: Birkhäuser, 2012).
5
générative3 basée sur un système paramétrique utilisant des critères multiples, comme
les contraintes de site, les éléments typologiques ou le programme.
3
Patrick Janssen, A generative evolutionary design method, Digital Creativity 17, no 1 (1 janvier 2006),
https://doi.org/10.1080/14626260600665736.
4
Yasser Zarei, The Challenges of Parametric Design in Architecture Today : Mapping the Design Practice,
Thesis, Master of Philosophy, (Universtiy of machester 2012).
5
Alfred North Whitehead, David Ray Griffin, et Donald W. Sherburne, Process and Reality : An Essay in
Cosmology : Gifford Lectures Delivered in the University of Edinburgh during the Session 1927-28, p. 515,
Corr. ed., first Free Press paperback edition (New York : Free Press, 1985).
6
architecturale. C’est pourquoi j’opte ici pour une approche théorique qui tente de
mettre en avant les possibilités offertes par ces outils et les conditions nécessaires à
l’incorporation de ces technologies dans des pratiques quotidiennes6. Pour me guider
dans cette réflexion, je tenterai de répondre à trois questions.
Quelles conditions l’architecte doit-il intégrer dans une approche paramétrique qui
structure un processus de conception basé sur des contraintes et des possibilités
qualitatives, et comment peut-il les utiliser dans un modèle paramétrique ?
6
Roland Hudson, Strategies for Parametric Design in Architecture, Thesis, Doctor of Philosophy, University of
Bath (2010).
7
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS 5
INTRODUCTION 10
I / INTENTIONS PARAMETRIQUES 13
Le Paramètre 14
Evolutions 20
Notations 29
Evaluation 34
Condensation 40
II / CONDITIONS INDIVIDUELLES 45
La Forme De L’Espace 71
Les Relations Spatiales 77
Les Articulations Spatiales 83
Les Imbrications Opérationnelles 89
Les Interactions Conditionnelles 97
8
IV / CONDITIONS CONTEXTUELLES 106
CONCLUSION 154
BIBLIOGRAPHIE 157
9
INTRODUCTION
À travers cet énoncé nous allons définir les conditions, qui sont nécessaires à la
vérification des paramètres influençant le projet architectural. L’irruption du numérique
dans divers processus architecturaux a changé notre pratique architecturale, ouvrant
de nouvelles voies vers de nouveaux modèles de conception. Souvent perçue comme
brutale, l’adaptation des pratiques professionnelles aux bouleversements du
numérique nécessite des efforts considérables, à la fois intellectuels et économiques.
Dans cette ère du numérique, la question est finalement de savoir si l’architecture doit
évoluer pour devenir véritablement digitale, ou si elle peut s’affranchir de ces nouveaux
outils et ne pas changer une façon bien établie de pratiquer ?
Nous allons voir comment et à quel point ces nouvelles technologies peuvent
permettre d’optimiser les processus de conception7 d’un projet, notamment en
digitalisant certaines étapes du projet. Un objet digital doit remplir des conditions bien
définies pour être qualifié de digital. Les paramètres variables répondent aux itérations
d'un algorithme, soit un ensemble de règles opératoires propres à un calcul et une
suite de règles formelles, et le 21ème siècle a vu l'ordinateur absorber une langue
basée sur ces variables. De plus, un des attributs principaux d'un artefact digital est la
possibilité de modification, d'interactivité, de programmabilité et de distribution. En
tant que telles, les technologies informatiques architecturales intègrent donc ce
processus de numérisation en utilisant diverses plateformes pour mettre en œuvre une
méthode de travail. Ces plateformes sont variées et leur utilisation n’induit pas les
mêmes comportements de conception en fonction du programme et de leurs
7
Roland Hudson, Strategies for Parametric Design in Architecture, Thesis, Doctor of Philosophy, (University of
Bath, 2010).
10
utilisateurs. Il est essentiel de se rendre compte que, si nous utilisons un programme
numérique, le processus de conception n’est en lui-même pas vraiment numérique.
8
Gianluigi Visuci, Information Technology & Digital Strategy, MTE, (EPFL, 2018).
9
Patrick Cohendet, Morad Diani, et Christophe Lerch, Stratégie modulaire dans la conception. Une
interprétation en termes de communautés, Revue Française de Gestion, (Paris,2005).
11
créer une théorie systématique de la forme architecturale qui incorpore la psychologie
et les théories des systèmes et de l’information ?
Dans cet énoncé nous tentons tout d’abord de définir les conditions de mise en
œuvre de ces outils, et verrons comment ces outils sont ou peuvent être implémentés.
La notion même d’architecture paramétrique est ambiguë et toute méthode se doit
d’être remise en cause et réinterprétée.
Pour terminer nous prendrons position par rapport au poids que nous donnons
aux différentes conditions établies précédemment. Il faut savoir quelle place nous
devons laisser à l’élaboration d’un concept propre au projet, et quelle liberté nous lui
donnons dans le temps et dans l’espace. Nous appelons ici à l’ouverture d’esprit du
lecteur, car les points élaborés dans cet énoncé ne sont en aucun cas des conditions
qui doivent explicitement être mise en œuvre telles qu’elles, car il restera toujours une
dimension émotive, ou basée sur l’expérience de l’architecte, aux choix qu’il doit faire
lors de l’élaboration d’un projet.
12
13
Le Paramètre
Pour un arc paramétré (I, f), nombre réel variable qui décrit I ; pour une surface
paramétrée (A, g), chacune des deux variables réelles de la fonction g.
Mais nous allons porter notre attention sur deux autres définitions, qui dans un
sens, sont plus intéressantes dans la pratique architecturale.
Un paramètre est une séquence d'un ensemble fini d'instructions pouvant être
exécutée de manière déterministe11.
10
Dictionnaires Larousse français monolingue et bilingues, (consulté le 1 janvier 2019), https://www.larousse.fr/
dictionnaires/francais.
11
Daniel Davis, A History of Parametric, http://www.danieldavis.com/a-history-of-parametric/, (6 août 2013).
14
Les paramètres sont donc toutes les catégories d'informations qui affectent la
prise de décision dans un processus d’élaboration de projet. C'est une possibilité de
l'architecture paramétrique : aller au-delà de la géométrie et de la forme, afin de
concevoir un système intégrant toutes les variables impliquées dans le processus.
Contrairement à ce que nous croyons, un ordinateur n’est pas seulement un système
mathématique. C’est aussi un système grammatical qui « réécrit12 » des mots selon un
alphabet donné. Mais comme nous l’a démontré Turing, il est dépendant de sa
capacité à réécrire ces mots et donc limité par son alphabet. Si les mots décrivent
l’état d’un modèle basé sur un langage, ils décrivent une expérience. Si ce langage
décrivait un état différent, l’ordinateur changerait cet état en réécrivant les mots
décrivant cet état. Cette réécriture permet le changement d’un état à un autre : si nous
prenons par exemple un loup dont nous changeons l’état de bien nourri à affamé, son
comportement change d’errance à chasse.
Nous pouvons ainsi déterminer des contraintes, des variables et des règles de
production, et en faire des systèmes parallèles évolutifs13. Un des composants
constituant ce système peut générer une forme, mais il ne reconnaitra pas la forme
générale dans laquelle il s’intègre. Il fait partie d’un réseau maillé, dont chaque élément
peut échanger des informations avec les autres, ainsi que collecter ces informations
en temps réel, comme la température, la luminosité, l’humidité, le bruit, ou la force du
vent. Si chaque élément reçoit ces informations, cela va influencer des décisions prises
au niveau de l’élément. Si nous ajoutons ces fonctions dans un programme cela
permet la création de géométries variables, mais pour le moment nous pouvons
difficilement parler d’une génération de forme. S’il faut construire un système
génératif14, il faudra y intégrer des moteurs génératifs, des processus de sélections,
12
Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-
Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
13
Gianluigi Visuci, Information Technology & Digital Strategy, MTE, (EPFL, 2018).
14
Patrick Janssen, « A generative evolutionary design method », Digital Creativity 17, n 1, (1 janvier 2006).
o
15
des algorithmes génératifs, ainsi qu’un système de conception incluant la création, le
développement, l’optimisation et la résolution15 de ses composants.
15
John Frazer, An Evolutionary Architecture : Themes VII, éd. par Pamela Johnston, (London: Architectural
Association Publications, 1995).
16
John Frazer, Parametric computation, History and Future, dans Parametricism 2.0: Rethinking Achitecture’s
Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik Schumacher, Architectural Design Profile, no 240, (London: John
Wiley & Sons, 2016).
17
Voir Figure : Inner Viewpoints, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri No-Kenchiku,
éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
18
Arturo Tedeschi et Fulvio Wirz, AAD - Algorithms-Aided Design, (Brienza : Le Penseur, 2014).
19
Voir Figure : La gestion traditionnelle vs. la gestion algorithmique, Rémy Bourganel, Frédérique Pain, et Cléo
Collomb, Algorithmes, (Paris, PUF, 2016).
16
connexions, qui introduiront ensuite les événements et des organisations sociales
déterminés.
20
John Frazer, Parametric computation, History and Future, dans Parametricism 2.0: Rethinking Achitecture’s
Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik Schumacher, Architectural Design Profile, no 240, (London: John
Wiley & Sons, 2016).
17
Figure 1: Inner Viewpoints, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri No-Kenchiku, éd.
par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
18
Figure 2 : La gestion traditionnelle vs. la gestion algorithmique, Rémy Bourganel, Frédérique Pain, et Cléo
Collomb, Algorithmes, (Paris, PUF, 2016).
19
Evolutions
21
Mario Carpo, The birth of the non-standard, dans Block et Bhooshan, Parametricism 2.0: Rethinking
Achitecture’s Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik Schumacher, Architectural Design Profile, no 240,
(London: John Wiley & Sons, 2016).
22
Gilles Deleuze, Le pli : Leibniz et le Baroque, (Editions de Minuit, 1988).
20
nous changeons un nombre par un paramètre dans une fonction. Le paramètre a
d’abord été considéré comme la notation générale du script d’une fonction permettant
de représenter des familles génériques de courbes. Cette généralité de la notation
paramétrique permet néanmoins la création de scripts qui permettent ensuite de
définir un ensemble complet d’objets par simples itérations.
Pourtant des travaux plus anciens peuvent être considérés dans leur essence
comme paramétriques. Il y a des précédents à la variabilité calculatoire d’aujourd’hui,
que nous trouvons dans les théories architecturales de l’Antiquité classique ou du
Moyen-Age23. Ainsi les colonnes antiques24 sont définie par des bases paramétriques :
des règles de proportion définissent les relations entre les éléments qui constituent
chaque colonne, comme la base, le chapiteau et l’entablement, ou des spécificités
dans sa dimension par rapport à son application variable, comme sa hauteur et sa
situation dans le bâti. D’autres dimensions comme son diamètre sont aussi des
variables dépendantes qui dérivent des règles de proportion. Ce qui est intéressant ici,
c’est que le changement de ces règles de proportions marque le changement dans le
style des colonnes, qui peuvent donc être de style dorique, ionique ou corinthien, tout
23
Daniel Davis, A History of Parametric, http://www.danieldavis.com/a-history-of-parametric/, (consulté le 6
août 2013).
24
Voir Figure : Les 5 Ordres d'Architecture, Diderot & d'Alembert, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts
et des métiers, (Paris : 1751-1772).
21
comme le changement d’un script paramétrique change le projet sans pour autant en
changer les variables.
Nous trouvons ainsi dans ce jeu de variations, et dans cette complexité dans la
subdivision des genres, une arborescence complète de définitions, de divisions et
d’articulations. Cette façon de construire est donc générative et basée sur des règes
prédéfinies, et elle peut engendrer des variations infinies dans une certaine limite
donnée. Un exemple géométrique encore plus extrême sont les motifs arabes, appelés
« tessallations »26. Ce sont des mosaïques couvrant les murs et autres éléments qui
sont réglées de manière mathématique suivant un motif initial27. Ces règles sont
variées, et suivent des rotations, des symétries axiales ou obliques, des translations et
25
Vitruve, De Architectura, Adolphe Stapleaux, (1816).
26
Lovric Miroslav, Magic geometry : Mosaics in the Alhambra, (2009), http://www.alhambra-patronato.es
/ria/bitstream/handle/10514/56/Magic%20geometry%20mosaics%20in%20the%20Alhambra%20%20Miro
slav%20Lovric.pdf?sequence=2.
27
Voir Figure : Owen Jones, The Grammar of Ornament (London : Bernard Quaritch, 1868).
22
des répétitions, et à ce jour, 17 groupes de mosaïques ont été différenciés par
classification algorithmique.
28
Theo van Doesburg, Towards a Plastic Architecture, (1924, De Stijl).
29
Voir Figure : Van Doesburg, De Stijl, Construction de l'espace-temps, (Paris : 1929).
30
Patrik Schumacher, The Autopoiesis of Architecture. Vol. 1 : A New Framework for Architecture (Chichester
: Wiley, 2011).
23
de Frei Otto31, nous nous voyons inspirés par la gravité, règle immuable de la nature.
L’architecture n’est plus planifiée, elle est conditionnée par la gravité32. Mais en vue
d’avoir une conception équilibrée, il était impossible de rendre cette condition absolue.
La conception change en superposant des paramètres en compétition les uns avec
les autres. Ils doivent ainsi s’équilibrer pour fonctionner ensemble. C’est un « optimum
de Pareto »33 qui rend un compromis paramétrique efficace. Il y a des différences et
des similarités entre ces deux architectes, ce qui nous montre que nous pouvons avoir
des alternatives flexibles dans ces modèles flexibles. Ces paramètres ne sont donc
pas des contraintes non-négociables et varient dans leurs domaines respectifs :
environnemental, politique, social, culturel, pratique, économique, théorique,
philosophique, comportemental, etc.
31
Mark Burry, Essential Precursors to the Parametricism Manifesto, dans Block et Bhooshan, Parametricism
2.0: Rethinking Achitecture’s Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik Schumacher, Architectural Design
Profile, no 240, London: John Wiley & Sons, 2016.
32
Voir Figure : Antonio Gaudi, El Calculo de Estructuras de la Sagrada Familia, (Barcelona : 1929).
33
Jonathan Berk, Peter DeMarzo, et Jarrad Harford, Fundamentals of Corporate Finance, Global Edition
(Harlow, United Kingdom : Pearson Education Limited, 2018).
24
Figure 3 : Les 5 Ordres d'Architecture, Diderot & d'Alembert, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et
des métiers, (Paris : 1751-1772).
25
Figure 4 : Moresque n° 4, Owen Jones, The Grammar of Ornament (London : Bernard Quaritch, 1868).
26
Figure 5 : Van Doesburg, De Stijl, Construction de l'espace-temps, (Paris : 1929).
27
Figure 6 : Antonio Gaudi, El Calculo de Estructuras de la Sagrada Familia, (Barcelona : 1929).
28
Notations
34
Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-
Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
29
Notre perception d’un espace est donc induite par la notation utilisée, à condition
de savoir lire un plan ou une coupe. Cette notation va-t-elle inversement avoir un
impact sur le moment de conception ? La notation est la description d’un objet
multidimensionnel en un format bidimensionnel, et c’est donc une représentation par
projection. Nous partons d’un espace 3D à un plan 2D, ou d’une scène 4D à un film
3D, si nous prenons le temps comme une dimension. L’utilisation de cette projection
vient d’un désir de manipuler ou de contrôler, un territoire via un plan, ou une vue via
une perspective35. C’est un point d’observation, focalisé ou infini qui permet de se
projeter en parallèle ou en perspective ; et plus ce point de vue est objectif, plus le
contrôle de l’objet en question est maximisé.
Suivant cette logique, plus un objet est facile à dessiner et donc facile à lire et à
comprendre par le dessin, plus l’objet est facile à construire. Qui n’a jamais dessiné
un croquis pour représenter une idée ? Dans ce cas, l’idée dérive de la notation. La
notation est une aide puissante mais elle pose aussi des contraintes dans le processus
de conception. Si l’idée de l’architecte dérive de la notation, elle restreint sa conception
35
Voir Figure : Projections in Architecture, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-
No-Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
30
de l’espace. Des langages différents produisent des résultats différents. Le fait de
changer de méthode de notation pourrait élargir notre conception de l’espace. Il est
même possible que le fait d’utiliser un nouveau concept de notation induit un nouveau
concept d’espace36.
36
Voir Figure : Spatial Notation, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-Kenchiku,
éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
37
Rémy Bourganel, Frédérique Pain, et Cléo Collomb, Algorithmes, (Paris, PUF, 2016).
31
Figure 7 : Projections in Architecture, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-
Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
32
Figure 8 : Spatial Notation, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-Kenchiku, éd.
par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
33
Evaluation
Si le système de règles peut être modifié, alors qui le décide ? D’où viennent les
besoins et les nécessités de redéfinir ces règles38 ? De plus, quels sont les niveaux
d’importance de chaque paramètre ? Certains peuvent définir des choses différentes,
impliquant des ordres contraires. Le mode de travail actuel est limité par le seul
moment d’observation de l’être humain qui peut changer de point de vue avec le
mouvement de cette observation dans un état relationnel.
Une influence peut induire des réactions contraires ou similaires pour certains
points ce qui rend nécessaire un contrôle par agrégat. Nous devons donc comprendre
les conditions de groupement de ces points par types, ou par catégories, permettant
un référencement et un contrôle individuel de chaque point constituant le système et
déterminant son poids et son importance par rapport au système. Il va sans dire qu’un
38
Voir Figure : Shape Grammar Research, Bryce R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing
Typology, (Architecture Program, University of Nebraska, 2012).
39
Craig W. Reynolds, Procedural Models, https://www.red3d.com/cwr/, (22 juillet 2017).
34
humain n’est pas capable de gérer cette quantité d’information. Une certaine
autonomie de décision est donc à laisser à l’ordinateur. Si un système devenait assez
intelligent, l’ordinateur pourrait contrôler lui-même le nombre de connexions et la
densité des points composant ce système40. Nous pouvons imaginer qu’une
Intelligence artificielle puisse de manière autonome créer ou dupliquer des points ce
qui amènerait à un conditionnement automatique du système.
Ces points de vue intériorisés de chaque point par rapport à l’information qu’il
transporte offrent des degrés de libertés dans ce processus. En tout cas pour garantir
des décisions locales, chaque information doit être simplifié à travers son point. Une
abstraction des informations et des implications avec d’autres points permet de vérifier
sa propre importance et stabilité. Ce sont les conditions imposées qui doivent
déterminer si un point peut satisfaire la condition par lui-même, s’il doit se dupliquer,
ou s’il doit disparaître. Cette décision de rester, disparaître ou se dupliquer n’est-il pas
similaire au garder, supprimer ou ajouter une ligne sur un dessin ?
Nous devons aussi définir les conditions qui régissent les points entre eux. Il y a
des conditions structurelles, qui régissent combien de points sont connectés entre
40
Voir Figure : Interarcting Swarm, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-
Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
35
eux. Un manque de visibilité entre éléments et donc leur nombre induirait une
duplication des points constituant le système. Il y a aussi des conditions de
connexions41. Si un point est influencé par trop d’autres points il faut que certaines
conditions soit relâchée dans un souci de dispersion. Si le nombre de connexion est
trop grand, certaines doivent être effacées pour en réduire le nombre. Si la distance
de connexion, donc sa pondération, est trop courte, il s’agit aussi d’effacer certains
points pour garantir une distance minimum. Si un point peut évaluer la distance et la
direction d’un obstacle il doit choisir d’éviter ou de toucher cet obstacle.
Un système composé d’un nuage de point42 doit donc avoir la force et la liberté de
s’évaluer de manière autonome. Pour cela, les points composant ce système doivent
s’autoévaluer entre eux et par rapport à eux même. Si une influence extérieure ne peut
être prise en compte dans notre système, les points qui relaient cette influence sont
inutiles et ne doivent pas corrompre d’autres points. À l’inverse, si une influence est
plus importante, le nombre de points la relayant doit être plus important de même que
leurs connexions avec les autres points.
41
Voir Figure : Omnidirectional Viewpoints, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-
No-Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
42
Rémy Bourganel, Frédérique Pain, et Cléo Collomb, Algorithmes, (Paris, PUF, 2016).
36
Figure 9 : Shape Grammar Research, Bryce R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing
Typology, (Architecture Program, University of Nebraska, 2012).
37
Figure 10: Interarcting Swarm, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-Kenchiku,
éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
38
Figure 11 : Omnidirectional Viewpoints, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture = Chiri-No-Me, Chiri-No-
Kenchiku, éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
39
Condensation
Nous comprenons rapidement qu’un tel système est en constante évolution et qu’il
est très difficile de se rendre compte de la portée d’un point par rapport à un autre. Il
est essentiel d’implémenter des manières de voir et de montrer ce processus et de le
rendre intelligible à un observateur, tel un « roadmap43 » permettant d’expliquer les
étapes parcourues, donc de contrôler les différentes branches de ce système. De la
même manière que des plans ou des coupes permettent de contrôler un élément
tridimensionnel, il faut trouver une notation qui dérive de la manière de concevoir. Il est
plus difficile de représenter un système multidimensionnel qui est lui-même
représentatif de points multidimensionnels.
43
How To Build A Roadmap, Hub Designs Magazine, (consulté le 12 novembre 2018),
https://hubdesignsmagazine.com/2011/03/05/how-to-build-a-roadmap/.
44
Craig W. Reynolds, Procedural Models, https://www.red3d.com/cwr/, (22 juillet 2017).
40
vue de toutes les catégories d’éléments et de leurs relations sémantiques créent le
système.
Imaginons un système nerveux architectural, par exemple une maison qui peut
contrôler des ouvertures en réponse à des conditions extérieures. Cela repose sur des
cellules « nerveuse » qui peuvent détecter et transmettre cette information à un
système de contrôle central. Nous devons voir ce qu’il se passe si nous appliquons la
même logique pour un système de conception architectural. Pour cela nous pourrions
concevoir un système basé sur un modèle « auto-phorétique », donc basé sur des
points qui transportent et traitent des informations que d’autres points ont détectées,
et chaque point doit être conçu pour répondre à ces informations multiples46.
45
Christian Norberg-Schulz, Système logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1
(Liège : P. Mardaga, 1988).
46
Voir Figure : Multiple Viewpoints Network Altering Themselves, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture,
éd. par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
47
Voir Figure : Mesh Networks Data Exchange, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture, éd. par
Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
41
Figure 12: Multiple Viewpoints Network Altering Themselves, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture, éd.
par Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
42
Figure 13 : Mesh Networks Data Exchange, Izumi Akiyama, Dust Eyes, Dust Architecture, éd. par
Daburunegativusu-Ākitekuchā, (Tokyo: INAX, 2011).
43
Intentions Paramétriques
44
45
Les Besoins Humains
Dans la notion d’habiter, s’abriter n’est qu’une fraction des besoins humains. Il
n’est pas seulement question de se protéger du froid et de la faim, tout comme il n’est
pas seulement question de se loger. Le mot « maison » vient du latin mansionem ;
c’est le lieu où nous demeurons, une installation sur un sol donné. Le logement à
l’inverse désigne un campement ou un logis dans lequel nous nous établissons de
manière précaire. En allemand il existe deux termes pour qualifier la maison : le
« Haus », qui représente la réalité matérielle de la construction, et le « Heim » qui
introduit un caractère de l’intime48. Avoir un « chez-soi » est très différent du fait
d’occuper un logement. Le « chez soi » est une entité secrète, où les choses et les
êtres conservent une histoire qui leur est propre. Il est difficile de définir l’intime ; habiter
c’est d’abord être habité. Retrouver sa maison, son village ou sa région, c’est d’abord
se retrouver soi-même. Lorsque nous habitons un lieu, nous partageons avec d’autres
l’histoire de ce lieu. Nous devons comprendre l’essence de l’homme et donner sens
à ses comportements inconscient et à sa façon d’habiter. Les fondements de l’habiter
doivent induire les fondations du bâti qui appuient l’espace fondé par l’essence de
l’homme et les particularités de chacun. Tous habitent, mais différemment, de par
leurs pratiques et leurs conduites, et de par leurs besoins communs et individuels.
48
Voir Figure : Kratz Walter, La Cuisine, (1941), EPFL LAPIS – « Archives de l'imaginaire »,
archivesdelimaginaire.epfl.ch.
49
Bernard Salignon, Qu’est-ce qu’habiter ? p. 66, Collection Penser l’espace, (Paris : La Villette, 2010).
46
Nous nous devons de questionner l’individu, afin de comprendre le paramètre
humain dans l’utilisation de l’espace. D’où la question du besoin. Est-ce l’homme qui
a besoin de l’espace ou l’espace qui a besoin de l’homme pour se créer ? Les besoins
primaires de l’homme dans un espace de vie sont variés, tout en étant lié par un besoin
de protection. Ces besoins sont variables selon les conditions de vie de l’habitant, et
du monde extérieur duquel il se protège. Il va par exemple avoir besoin de se réchauffer
ou de se rafraichir. Auquel cas est-ce l’espace qui doit le réchauffer ou le refroidir ? Ou
est-ce lui qui contrôle la température de l’espace ? L’espace se définit à partir des
besoins de l’homme50. Il doit y avoir une correspondance entre la forme et la fonction,
entre le contenant et le contenu. La construction doit refléter les conditions sociales et
culturelles de ses habitants, car c’est l’homme qui adopte sa propre sphère habitable
et nous devons déterminer les conditions à remplir pour aboutir à ce résultat. Nous
devons ainsi déterminer les habitudes et l’histoire des habitants pour comprendre la
manière dont nous devons construire. Il est évidement difficile de conditionner système
pour prendre en compte le paramètre humain, mais à l’inverse un système
architectural est conditionnel dans la manière de vivre de ses habitants. Il s’agit de
comprendre fondamentalement l’habitant pour que le système reflète au mieux ses
habitudes, et le cas échéant, lui permettre de s’adapter le plus facilement possible à
son habitat.
50
Voir Figure : Pierre d'Avoine, Projet Crouches Field, (2015).
47
Figure 14 : Kratz Walter, La Cuisine, (1941), EPFL LAPIS – « Archives de l'imaginaire »,
archivesdelimaginaire.epfl.ch.
48
Figure 15 : Pierre d'Avoine, Projet Crouches Field, (2015).
49
Les Relations Entre L’Homme et L’Espace
Il y a une relation entre l’habitant et l’habitat, créée par le tissu qui existe entre
l’homme et l’histoire qu’il se crée à l’intérieur. Ces événements et ces hommes qui font
notre histoire, font et se confondent avec l’histoire de l’habitat. Avant d’être un endroit
ou un lieu, l’habitat est un point commun de cette histoire avec d’autres.
Réciproquement, l’habitat doit refléter cette histoire commune. Il doit aussi donner à
chacun la possibilité d’y ajouter un morceau de sa propre histoire. Cependant, aucun
partage n’est possible si l’homme ne peut être accueilli lors de son installation en ces
lieux, dans des conditions qui lui permettent de s’approprier un endroit. Se
l’approprier, pas forcément financièrement, mais plutôt dans la manière dont l’homme
en fait son objet symbolique et son ancrage, et comment l’habitat permet l’installation
de l’homme dans un espace et un temps. Ce lien, issu d’une dynamique sociale liée
à son temps et à son espace, doit être réévalué pour en comprendre les
caractéristiques implicites et son essence51. Il y a une sorte d’universalité dans la
manière unique et diversifiée que l’homme a de trouver son ancrage et sa singularité
dans l’habitat. Sans cela il n’habite pas, il transite de manière précaire. Il y a deux types
d’ancrage qui permettent d’habiter : historique, donc plutôt de l’ordre du culturel, du
symbolique et du poétique, et quotidien, donc de l’ordre de la pratique, de l’imaginaire
et du fluctuant. L’être et la demeure sont liés car l’habitat est le cadre de l’être.
51
Voir Figure : Analysis of Interior Spaces, Jay Thakkar et Skye Morrison, Matra : Ways of Measuring Vernacular
Built Forms of Himachal Pradesh, (2008).
52
Bernard Salignon, Qu’est-ce qu’habiter ? p. 11, Collection Penser l’espace (Paris : La Villette, 2010).
50
Les relations entre l’habitant et l’espace habité peuvent créer des conditions qui
peuvent refléter les interactions sociales qui ont lieu dans un espace donné. Ces
données d’utilisateurs peuvent créer des données qui pourrait servir à déterminer un
enchainement, une manière de vivre et une utilisation optimisée de l’espace pour ces
habitants. Le Feng-shui53, par exemple est basé sur un ensemble de conditions à
remplir dans l’agencement des différents éléments qui constituent l’espace afin de
garantir le bien-être54 des personnes utilisant cet espace. Il se peut aussi que l’étude
de formes vernaculaires nous aident à dégager des règles toujours valables
aujourd’hui55. La culture du bâti est une forme historiquement liée à une certaine façon
de vivre dans un certain environnement donné. Avoir des paramètres basés sur une
façon de réagir à des forces extérieures depuis l’intérieur, nous montre la manière qu’a
l’homme d’arranger son espace pour répondre à des exigences sociales et des
contraintes locales.
53
Lillian Too, L’Encyclopédie du Feng Shui (Könemann, 2001).
54
Gina Lazenby, La maison du bien-être (Paris : Flammarion, 2001).
55
Voir Figure : Social use of Space, Jay Thakkar et Skye Morrison, Matra : Ways of Measuring Vernacular Built
Forms of Himachal Pradesh, (2008).
56
Philip Yuan, Parametric Regionalism, dans Block et Bhooshan, Parametricism 2.0: Rethinking Achitecture’s
Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik Schumacher, Architectural Design Profile, no 240, (London: John
Wiley & Sons, 2016).
51
Figure 16 : Analysis of Interior Spaces, Jay Thakkar et Skye Morrison, Matra : Ways of Measuring Vernacular
Built Forms of Himachal Pradesh, (2008).
52
Figure 17 : Social use of Space, Jay Thakkar et Skye Morrison, Matra : Ways of Measuring Vernacular Built
Forms of Himachal Pradesh, (2008).
53
L’Habitude Comme Vecteur
« Habiter c’est être le lieu des effets du vécu tout autant que la cause57»
Gina Lazenby
Les pièces, les portes, les murs et les fenêtres encadrent nos pratiques
quotidiennes, et font de l’intériorité de l’habitat un univers spatial, avec leur
significations complexes dans la domesticité résultante qui ne sont pas uniquement
de l’ordre du programme fonctionnel. Nous voulons expérimenter l’habitat par
l’intérieur, par sa matérialité et son atmosphère, par le filtre de la manière de vivre de
ses habitants et en se focalisant sur les assemblages de ces fonctions et leurs
capacités d’adaptation59. De plus nous devons poser la question de l’identification de
l’habitant à ces espaces à travers l’étude de ses habitudes. Mais la pratique
domestique devrait-elle être anticipée ou induite ?
57
Gina Lazenby, La maison du bien-être, p. 20 (Paris : Flammarion, 2001).
58
Gaston Bachelard, La poétique de l’espace (Paris : PUF, 2008).
59
Christophe Joud, éd., À l’intérieur : les espaces domestiques du logement collectif Suisse, Cahier de théorie
13 (Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2016).
54
Nous pouvons trouver dans chaque habitat un trajet séquentiel entre l’extérieur et
les différents intérieurs du logement. Pas forcément dans le même ordre60 selon la
topologie de l’habitat, ce trajet comporte divers éléments qui font cet habitat, tel que
l’entrée, le foyer, le couloir, les portes, les fenêtres intérieures et extérieures, un balcon
une loggia, etc. Les dispositifs de transitions utilisées par les habitants à travers les
pratiques domestiques, sont conditionnés par les ouvertures, dans la mise en relation
des espaces, et sur leurs incidences dans la hiérarchie des passages. De même les
relations avec l’extérieur de chaque espace vont engendrer des attitudes différentes,
de protection ou de représentation, par rapport à leurs degrés d’intimité.
Nous projetons nous même nos propres habitudes dans un espace. Nous
inscrivons dans tout espace des pratiques banales mais représentatives de notre
quotidien ; par exemple dans la manière dont nous posons nos clefs et nous enlevons
nos chaussures dans un hall ou un vestibule. Cet espace est plus que de la
distribution. Il est ce centre autour duquel le reste est regroupé ; il est distributif dans
son contrôle de l’intimité, même si de nos jours il est plus souvent couplé à la salle à
manger, la cuisine et le salon. Il montre un lien avec les habitudes rurales d’avoir tous
les éléments qui font partie de la vie commune dans une pièce centrale qui regroupe
les activités domestiques61.
Bien entendu il existe une multiplicité de dispositifs qui placent l’entrée par rapport
à d’autres espaces, et qui peuvent appliquer ou au contraire remettre en cause les
séquences traditionnelles du parcours d’accès. Le hall, est un espace de distribution,
ce qui en soit est un parti pris, car il en résulte aussi d’une perte d’espace. En essayant
d’optimiser et donc de minimiser l’espace de distribution, nous essayons de relier les
chambres aux espaces de vie, ce qui résulte en une perte de leur intimité. À l’inverse
si nous choisissons une répartition de ces espaces intimes à partir d’un espace de
60
Georges Perec, Espèces d’espaces, Nouv. éd. rev. et corrigée, Collection l’espace critique (Paris: Éd. Galilée,
2010).
61
Voir Figure : Duplex Architekten, Concours Hohlweg, (Rapperswill, 2010).
55
distribution, nous permettons une plus grande flexibilité dans l’usage de ces espaces.
Il permet aussi sous une forme fragmentée une meilleure distinction entre les espaces
nuits et jours. C’est un espace dédié au mouvement et ces espaces dynamiques nous
aident à envisager l’habitat sous l’angle du mouvement car ils déterminent la manière
dont nous nous déplaçons.
Nous pouvons parler de parcours dans l’habitat, mais cela suggère quelque chose
d’orienté. Nous allons donc plutôt utiliser le terme de « promenade » utilisé par Le
Corbusier, qui sous-entend une part d’aléatoire dans le déplacement. Il y a une
continuité dans le déplacement, une mise en perspective progressive de la séquence
des espaces. Le couloir n’a pas besoin de se manifester physiquement, se confondant
avec les pièces qu’il traverse. Il n’a pas non plus besoin être linéaire, ni orienté,
permettant ainsi de varier la hiérarchisation des espaces, pour un parcours différentié
et fluide63.
62
Grit Tuchscheerer et Bruno Taut, Die neue Wohnung, die Frau als Schöpferin, (Leipzig 1928) : Studienarbeit
(München : Grin-Verl, 2003).
63
Voir Figure : Edelaar Mosayebi Inderbizn Architekten, Wohnbauten Steinwies-/Irisstrasse, (Zurich, 2015).
56
raison d’un calque par jour. À travers ce tracé du quotidien, nous pouvons voir les
cartes et les lignes d’erre qui montrent la manière de percevoir l’espace commun à
travers non pas seulement un langage, mais au travers des éléments mis en scène
pour transcrire une expérience de l’espace sur papier64. Les manières de se mouvoir
et d’utiliser un espace, obéissent à des règles conditionnées par la forme. Il s’agit donc
de comprendre ces flux pour les optimiser par rapport aux habitudes des habitants et
de cette manière les rendre conditionnels.
64
Voir Figure : tracés par Jacques Lin, deux calques de fond tracés par Gisèle Durand, 15ème calque sur 24,
Graniers, 1er septembre 1977 - 31 janvier 1978, dans Sandra Aévarez de Toledo, Cartes et dignes d’erre,
traces du réseau de Fernand Deligny de 1969-1979, (L’Arachnéen, Avril 2013).
65
Peter Disch et Martin Steinmann, éd., Architektur in der deutschen Schweiz 1980-1990 : L’architecture
récente en Suisse alémanique : ein Katalog und Architekturführer, p. 64, 2. Aufl (Lugano : ADV Advertising
Company & Publishing House, 1991).
57
Figure 18 : Duplex Architekten, Concours Hohlweg, (Rapperswill, 2010).
58
Figure 19 : Edelaar Mosayebi Inderbizn Architekten, Wohnbauten Steinwies-/Irisstrasse, (Zurich, 2015).
59
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Figure 20 : tracés par Jacques Lin, deux calques de fond tracés par Gisèle Durand, 15ème calque sur 24,
Graniers, 1er septembre 1977 - 31 janvier 1978, dans Sandra Aévarez de Toledo, Cartes et dignes d’erre,
traces du réseau de Fernand Deligny de 1969-1979, (L’Arachnéen, Avril 2013).
60
Les Topologies Du Contrôle Social
66
Bernard Salignon, Qu’est-ce qu’habiter ? p. 11, Collection Penser l’espace (Paris : La Villette, 2010).
67
Jay Thakkar et Skye Morrison, Matra : Ways of Measuring Vernacular Built Forms of Himachal Pradesh, 2008.
68
Voir Figure : The différent dimension of the building cycle, Paolo Tombesi, What do we mean by building
design ? dans Scott Marble, éd., Digital workflows in architecture : designing design, designing assembly.
Designing industry, (Basel: Birkhäuser, 2012).
61
doit rester au cœur du processus de conception, ce qui implique que l'architecture
doit répondre à ces paramètres techniques tout en visant une élégance de la forme.
« Il faut retracer la frontière entre extérieur et intérieur, privé et public, local et global,
sédentaire et nomade. […] car nous pouvons observer aujourd’hui le brouillage
des notions de privé, d’intimité - et d’extimité dans nos sociétés69 »
Georges Teyssot
69
Georges Teyssot, Une topologie du quotidien, p. 13, 1 éd. (PPUR, 2016).
re
70
Patrick Schumacher, Advancing social fonctionoality via agent-based parametric semiology, dans Block et
Bhooshan, Parametricism 2.0: Rethinking Achitecture’s Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik
Schumacher, Architectural Design Profile, no 240, (London: John Wiley & Sons, 2016).
71
Voir Figure : Machine à habiter, Carl Bergsten, MS Kungsholm snitt, (1927).
62
program spatial
goals design /visual
design
design
stakeholders performance
design design
building building
opportunity scope
resources specifications
generation formulation
design design
materials
procurement
/systems
design
design
project
operations building tectonics
design
definition and building manufacturing design
control
coalition fabrication
design design
building use
change building testing
and
design erection design
maintenance
Figure 21 : The différent dimension of the building cycle, Paolo Tombesi, What do we mean by building design
? dans Scott Marble, éd., Digital workflows in architecture : designing design, designing assembly. designing
industry, (Basel: Birkhäuser, 2012).
63
Figure 22 : Machine à habiter, Carl Bergsten, MS Kungsholm snitt, (1927), EPFL LAPIS - Archives de
l'imaginaire », archivesdelimaginaire.epfl.ch.
64
Les Systèmes Interactifs
72
Arturo Tedeschi et Fulvio Wirz, AAD - Algorithms-Aided Design, (Brienza : Le Penseur, 2014).
73
Voir Figure : Interactive "Living" Wall, Lotus Dome, Studio Roosegaarde, (Lille, 2010-2011).
74
Ranulph Glanville, An Intelligent Architecture, p. 2, Convergence 7, no 2 (1 juin 2001).
65
l’architecture comme un environnement de systèmes en interactions, nous pouvons
créer des environnements spatiaux adaptifs, émotionnels et comportementaux qui
peuvent construire des scénarios interactifs et participatifs entre l’utilisateur et l’espace
par le biais d’interfaces spatiales.
75
The Future of the Smart Home, (consulté le 1 janvier 2019), https://www.predictingourfuture.com/smart-
home/.
76
Voir Figure : The Evolution of Smart-Homes, DES – Digital Enterprise Show, 2019), https://www.des-
madrid.com/evolution-smart-homes/.
77
Smart Architecture, consulté le (26 décembre 2018), http://www.smart-arch.com/.
66
Figure 23 : Interactive "Living" Wall, Lotus Dome, Studio Roosegaarde, (Lille, 2010-2011).
67
Figure 24: The Evolution of Smart-Homes, DES – Digital Enterprise Show, (2019), https://www.des-
madrid.com/evolution-smart-homes/
68
Conditions Individuelles
78
Ernst Neufert, Peter Neufert, et Johannes Kister, Architects’ Data, 4th ed (Chichester, West Sussex, UK ;
Ames, Iowa : Wiley-Blackwell, 2012).
69
70
La Forme De L’Espace
79
Georges Teyssot, Une topologie du quotidien, 1re éd. (PPUR, 2016).
80
Christian Norberg-Schulz, Système logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1
(Liège : P. Mardaga, 1988).
71
ainsi créées jouent des rôles différenciés dans la formation architecturale. Par exemple,
le sol a souvent un caractère unifiant, qui aide à définir la forme de l’espace tout en
servant d’appuis pour les éléments de masse. Les murs ou le plafond sont plus libres :
le plafond est déterminé par des éléments techniques, plus fixes et distants, et les
murs s’adaptent aux situations données par les fonctions dont ils sont le cadre.81
L’espace et la masse sont donc déterminés par leurs formes topologiques et
géométriques, ainsi que par la disposition des ouvertures et le traitement des surfaces
délimitantes.82 Ils permettent donc des relations formelles qui sont une manière de
distribuer les éléments spatialement.
81
Voir Figure : Cellules d'espace. Fermeture, murs directeurs et ouvertures, dans Christian Norberg-Schulz,
Système logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
82
Voir Figure : La cellule d'espace en tant que fonction des ouvertures, dans Christian Norberg-Schulz, Système
logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
83
Cornelis van de Ven, Space in architecture: the evolution of a new idea in the theory and history of the modern
movements, p. 3, Van Gorcum, (Assen/Maastricht, The Netherlands ; Wolfeboro, N.H., U.S.A , 1987).
72
formation d’images tactiles et visuelles qui augmentent la psychologie perceptuelle de
l’homme. Il est l’expression artistique la plus matériel possible tout en donnant un sens
immatériel au concept du style.
Une idée intéressante est celle de l’espace comme un endroit. Si nous reprenons
les concepts d’Einstein sur l’espace, donc le concept de l’espace en tant que lieu
identifiable par un nom, le concept de l’espace absolu, et le concept de l’espace relatif
en quatre dimensions, nous nous rendons compte que les trois concepts existent
simultanément dans n’importe quelle œuvre humaine. Phénoménologiquement84,
84
Jean-Hugues Barthélémy, La « révolution de l’espace » et l’architecture comme « réalisation de la
philosophie » dans Écumes de Sloterdijk, Appareil, no 11 (2 juillet 2013).
73
habiter est le point de jonction des divers besoins qu’il faut satisfaire. Nous
comprenons donc que l’espace doit permettre une multiplicité des usages de ses
habitants. Il n’y a pas de solution prédéterminée mais il faut permettre toutes les
combinaisons possibles. Si habiter ne remplit pas sa fonctionnalité, il peut en résulter
un sentiment d’exclusion. Ce n’est pas seulement une question technique au niveau
de la construction mais aussi d’esthétique et d’adéquation des articulations sociales
et techniques de l’espace. Habiter, c’est créer un espace dans l’espace et se
représenter dans son espace. L’espace offre des conditions de possibilités, créant
des ponts entre l’espace physique et l’espace psychique.
Il est difficile de définir l’espace. Les qualités que nous voulons lui donner sont très
subjectives. Comme vu plus haut, une forme est déterminée par son squelette, fait de
lignes et de points. La forme étant la négation de l’espace, pourquoi ne pas déterminer
l’espace de la même manière. Si nous voulons créer des éléments simples, il est
possible d’incorporer les points de contrôle qui règlent ces espaces dans un système
paramétrique. Nous introduisons ainsi une manière de conditionner l’espace, certes à
travers un prisme subjectif, mais en garantissant une certaine adaptabilité dans son
utilisation.
74
Figure 25 : Cellules d'espace. Fermeture, murs directeurs et ouvertures, dans Christian Norberg-Schulz,
Système logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
75
Figure 26 : La cellule d'espace en tant que fonction des ouvertures, dans Christian Norberg-Schulz, Système
logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
76
Les Relations Spatiales
L’habitant doit être rattaché à un système de relations, par le biais d’un système
spatial. Mais pourquoi lier ce qui doit être lié ? Un paramètre pourrait-il transcrire la
tension que nous pouvons introduire lors de cette liaison ? Les paramètres liés au
logement induisent une question d'ordre et d’importance des familles paramétriques,
et demandent un protocole spécifique à la manière d’un schéma conceptuel. Les
relations géométriques que nous essayons de poser sont plutôt une lecture biaisée
des relations spatiales. Les proportions des pièces, leur agencement et les
composantes industrielles liées au logement des années 1950’, fournissent, avec les
études rationalistes de Dioallevi et Marescotti ou avec les logements de Francfort de
Ernst May85, des exemples de recherches de données liées au logement.
85
Thomas Elsaesser, The Camera in the Kitchen : Grete Schütte-Lihotsky and Domestic Modernity, s. d.
77
des directions à suivre grâce à des éléments directeurs qui sont communs à plusieurs
éléments continus comme des lignes directrices ou des surfaces continues.
« Je découpe des ouvertures dans les murs quand j’en ai besoin pour la vue ou
l’éclairage »86
Mies van der Rohe
« S’il n’y a pas de transparence dans l’espace, si vous ne pouvez pas voir d’une
pièce à l’autre, alors il n’y a pas de sentiment de vie »89
Peter Märkli
86
Mies van der Rohe et al., « G : Materials for Elemental Form-Creation », 1923, p. 1, dans An Avant-Garde
Journal of Art, Architecture, Design, and Film, 1926, Gideon Fink Shapiro, (Getty Research Institue, 2010).
87
Voir Figure : Mies van der Rohe, Brick Country House, (Potsdam-Neubabelsberg, 1964).
88
Voir Figure : La cellule d'espace en tant que fonction des ouvertures, dans Christian Norberg-Schulz, Système
logique de l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
89
Christophe Joud, éd., À l’intérieur : les espaces domestiques du logement collectif Suisse, Cahier de théorie
13, (Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2016).
78
Les connexions causales induites, sont aussi le reflet des « connexions empiriques
causé par les relations sémantiques »90 qu’il y a entre la forme et le contenu. Tout
autant que la forme, le contenu surtout doit former un lien logique de passage et
d’utilisation.
Lors de l’étude d’un logement, il y a une question de l’ordre des choses et de leur
importance, que nous pourrions classer dans des familles paramétriques et utiliser
comme protocole. C’est un travail typologique91, mais avec un contrôle variable et une
personnalisation par rapport à un programme prédéfini92. Il faut, pour insérer les
conditions de ces connexions spatiales dans un système paramétrique, prédéterminer
l’ordre des pièces et donner l’écart possible des surfaces et des volumes que nous
leurs attribuons. Nous pouvons ainsi créer, par les possibilités d’expansion et de
contraction de chaque espace, une certaine flexibilité dans la relation entre les
différents espaces et les relations entre les étages.
90
Christian Norberg-Schulz, Système logique de l’architecture, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P.
Mardaga, 1988).
91
Voir Figure : Variation in typology, dans Bryce R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing
Typology, (Architecture Program, University of Nebraska, 2012).
92
Voir Figure : Variation in program and matrix, dans Bryce R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational
Housing Typology, (Architecture Program, University of Nebraska, 2012).
79
Figure 27 : Mies van der Rohe, Brick Country House, (Potsdam-Neubabelsberg, 1964).
80
Figure 28: Variation in typology, dans Bryce R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing
Typology, (Architecture Program, University of Nebraska, 2012).
81
Figure 29 : Variation in program and matrix, dans Bryce R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational
Housing Typology, (Architecture Program, University of Nebraska, 2012).
82
Les Articulations Spatiales
93
Voir Figure : Analyse de contrôle physique et des fonctions, Christian Norberg-Schulz, Système logique de
l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
83
différentes d’éléments et de relations. L’œuvre architectural doit être un système de
cohérence, et cette analyse induit sa concrétisation par les concepts qualitatifs de ces
ensembles formés par le mélange de plusieurs dimensions analytiques. Ces
ensembles sont caractérisants car ils résument les résultats, et facilitent la mise en
relation des ensembles du système total94.
« S’il y a une chose décrite par un plan architectural, c’est bien la nature des
relations humaines, puisque les éléments dont il enregistre les traces - murs,
portes, fenêtres et escaliers - servent à diviser d’abord puis à réunifier
sélectivement l’espace habité »95
Robin Evans
94
Voir Figure : Steps showing computational translation of grammar or basic organization of home, dans Bryce
R. Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing Typology, (University of Nebraska, 2012).
95
Robin Evans, Figure, portes et passages, p. 23, Urbi n°5 (Liège : Mardaga, 1982).
84
double porte vitrée, ou translucide, nous permettons une appropriation plus souple de
l’espace. Un changement dans la position d’une porte induit une modification de la
dynamique du plan96. Une porte sert à séparer ce qui doit être séparé, c’est à dire les
différentes couches d’intimité. Une porte, qu’elle soit palière ou interne au logement,
sert d’interface au contrôle social de l’habitat.
96
Voir Figure : Steps showing parametric layers being added to grammar based organization, dans Bryce R.
Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing Typology, (University of Nebraska, 2012).
85
Figure 30 : Analyse de contrôle physique et des fonctions, Christian Norberg-Schulz, Système logique de
l’architecture, p. 253, 3e éd, Architecture + recherches 1 (Liège : P. Mardaga, 1988).
86
Figure 31 : Steps showing computational translation of grammar or basic organization of home, dans Bryce R.
Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing Typology, (University of Nebraska, 2012).
87
Figure 32: Steps showing parametric layers being added to grammar based organization, dans Bryce R. Willis,
Digital Morphogenesis : A Computational Housing Typology, (University of Nebraska, 2012).
88
Les Imbrications Opérationnelles
Commencer un projet par des opérations spatiales nous permet de traduire l’idée
conceptuelle et d’intégrer nos observations dans un langage spatial. Lorsque nous
parlons d’opérations97, nous parlons d’une action de conception à travers l’utilisation
de verbes spécifiques qui permettent de décrire une relation volumétrique, des
adjacences, voire même des facteurs liés à une expérience spatiale personnelle.
Géométriquement, nous créons des combinaisons ou des agrégations de volumes à
travers les études typologique et programmatique d’un ensemble architectural. Ces
verbes permettent une interprétation spatiale et architecturale en créant un langage de
conception spatiale. Dans les « verb list compilation » de Richard Serra nous
retrouvons une approche systématique dans la considération des caractères spatiaux.
Elles permettent de décrire l’essence de ces espaces crées par ces actions qui
établissent un rapport entre ces derniers et soi-même. Il met en place un système qui
catégorise les opérations volumétriques, de manière à rendre les actions
fondamentales de la formation spatiale procédurales. De nos jours, nous concevons
des enveloppes ou des plans avec des manipulations planaires qui suggèrent, à
travers les processus de génération de surfaces, les volumes associés98. Nous
configurons l’espace en manipulant des surfaces et cette formation spatiale issue des
dessins bidimensionnels créée des relations actives entre les zones définies99. Que se
passe-t-il si au contraire, la formation spatiale se fait directement par des manipulations
spatiales ou des interactions volumétriques ?
97
Voir Figure : Operations, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial Verbs
(Amsterdam : BIS Pub, 2012).
98
Steven Holl, Parallax (Basel, Boston, New York, Birkhäuser-Publishers for Architecture ; Princeton
Architectural Press, 2000).
99
Foreign Office Architects, Institute of Contemporary Arts, et Exhibition Foreign Office Architects, Phylogenesis
: FOA’s Ark (Barcelona : Actar, 2008).
89
Le processus génératif doit pour cela être basé sur un langage simple, permettant
des commandes simples. La pensée spatiale doit être décrite par des mouvements
ou une action, et ces verbes permettent un processus actif et fluide. Actif, car ils
doivent suivre l’évolution d’une configuration volumétrique changeante, tout en
permettant une variation flexible dans leurs spécifications. Cette relation entre les
commandes et les variations volumétriques peut être liée aux besoins spatiaux
programmatiques spécifiques requis. Le cadre de ces commandes doit être fournit
pour permettre cette flexibilité, car si nous multiplions les interprétations de chaque
verbe, la génération des relations spatiales induit une réflexion spatiale abstraite sur
les résultats des interactions volumétriques liées à ces espaces et leur expérience
spatiale.
100
Voir Figure : Combination, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial
Verbs (Amsterdam : BIS Pub, 2012).
101
Voir Figure : Agregation, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial Verbs
(Amsterdam : BIS Pub, 2012).
102
Voir Figure : Implementations, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial
Verbs (Amsterdam : BIS Pub, 2012).
103
Voir Figure : Sou Fujimoto, House N, (Oita, Japon, 2008).
90
programmatiques et les relations entre l’extérieur et l’intérieur. C’est ce jeu
volumétrique qui a orchestré la création de ces grandes ouvertures. C’est une question
de flux spatiaux et de contraintes.
91
Figure 33 : Operations, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial Verbs
(Amsterdam : BIS Pub, 2012).
92
Figure 34 : Combination, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial Verbs
(Amsterdam : BIS Pub, 2012).
93
Figure 35 : Agregation, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial Verbs
(Amsterdam : BIS Pub, 2012).
94
Figure 36 : Implementations, dans Anthony Di Mari et Nora Yoo, Operative Design : A Catalogue of Spatial
Verbs (Amsterdam : BIS Pub, 2012).
95
Figure 37 : Sou Fujimoto, House N, (Oita, Japon, 2008).
96
Les Interactions Conditionnelles
104
Voir Figure : Conditions, dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental Architecture
(Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
97
se rapportent et affectent les conditions du site. Lors d’une « imbrication » de volumes
nous créons une zone intérieure que se partagent ces volumes résultant de cette
opération. Cette zone peut servir de connexion, donc l’imbrication peut servir de
stratégie formelle pour monter cette même connexion. Un moment spatial voit le jour,
et induit des qualités spatiales internes. De même, « rogner », soit l’action d’enlever
des parties volumétriques, nous donne de nouvelles opportunités spatiales, pour créer
des ouvertures à partir de cette soustraction.
Steven Holl.
105
Steven Holl, Parallax (Basel, Boston, New York, Birkhäuser-Publishers for Architecture ; Princeton
Architectural Press, 2000).
98
en mettant en avant l'expérience spatiale dans son contexte existant. Ce sont donc
ces conditions et ces contraintes qui crée le caractère architectural du système.
106
Voir Figure : Combinations, dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental
Architecture (Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
107
Voir Figure : Agregations, dansAnthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental
Architecture (Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
99
ces volumes nous agrégeons verticalement ces modules tout en connectant tous les
niveaux de l’ensemble.
108
Voir Figure : Implementations dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental
Architecture (Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
100
Figure 38 : Conditions, dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental Architecture
(Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
101
Figure 39 : Combination, dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental Architecture
(Amsterdam: BIS Publishers, 2014)..
102
Figure 40 : Agregations, dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental Architecture
(Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
103
Figure 41 : Implementations dans Anthony Di Mari, Conditional Design: An Introduction to Elemental
Architecture (Amsterdam: BIS Publishers, 2014).
104
Conditions Spatiales
105
106
Les Seuils Entre L’Intérieur et L’Extérieur.
Un projet est caractérisé par des limites, voir des frontières, intérieures et
extérieures, et il s’agit de trouver comment ces mêmes limites définissent et
circonscrivent les variables du projet. Une analyse de site nous permet d’y insérer une
volumétrie de base, qui nous permet de sélectionner les différentes typologies
possibles qui s’y trouverons, pour ensuite nous donner les règles qui guiderons la
conception de notre bâtiment. Ces limites affectent la masse et le type de bâti, et
permettent de mieux comprendre ce qui peut être construit et de réduire les coûts liés
au travail de préparation du site. L’empreinte du bâtiment est déterminée par le
programme. C’est finalement un cadre que nous posons, conditionné par le site et ses
alentours109. Un bâtiment est-il simplement aligné sur la rue ? Ou doit-il au contraire
sortir du gabarit et de la composition induite par la configuration des immeubles
mitoyens aux alentours, pour s’approprier l’espace dans lequel nous l’insèrerons, et
ainsi changer la manière de vivre la limite ? Cette tension pourrait ouvrir un espace de
l’entre-deux, permettant d’adoucir ou au contraire de durcir la limite, devenant un
espace tampon entre l’intérieur et l’extérieur.
Il faut porter une certaine attention à l’espace extérieur en lien avec l’intérieur. C’est
un lieu de passage, de rencontres et de voisinage. C’est un espace qui peut être
transformable selon les saisons, qui doit répondre à la fois à un besoin d’intimité, et
qui en même temps doit répondre à un besoin de rencontre et de lien social. C’est le
lien entre l’accueil et la réserve qui permet de lier l’homme avec les autres, le logement
à son environnement et l’ensemble à la ville. C’est un espace qui dans son essence
se cache de lui-même, mais qui doit pourtant être transformable pour être
109
Voir Figure : Catalogue of multiple wall materials, doors, windows and architectural artifacts, dans James
Wines, Highrise of Homes – Theoretical project by SITE for urban locations in the USA, (1981).
107
appropriable. Il permet le lien entre le privé et le public et est donc essentiel au rapport
humain. L’appartement est de l’ordre de l’intime, l’extérieur et le voisinage de l’ordre
du commun, et l’articulation entre les deux est fondamentale. C’est cette articulation
qui forme le lien entre les lieux passages, de rencontres et d’échanges. Elle n’est pas
seulement un espace intermédiaire, mais peut même être un des espaces principaux.
Cette articulation entre l’intérieur et l’extérieur est marquée par un seuil, qui propose
plusieurs rapports dialectiques. La façade est ce qui se rapporte à la rue ; la cour ou
le jardin séparent l’entrée de l’espace commun ; et les balcons ou les vérandas forment
des espaces semi-publics à l’étage.
110
Monique Eleb-Vidal, Anne-Marie Châtelet, et Theirry Mandoul, Penser l’habité : le logement en questions ;
PAN 14, 2. éd, Programme architecture nouvelle 14 (Liège: Mardaga, 1990).
111
Figure : Aldo Rossi, Le temps suspendu, (Cimetière de Modène, 1978).
112
Voir Figure : Julius Shulman, Case Study House #22, (Los Angeles, 1960).
108
directe avec le voisin peut être vue de la même manière : un rapport de l’homme avec
son environnement. Il y a une dialectique qui se construit, entre l’intime et le commun,
le proche et le lointain du voisinage, et l’échange entre ces dimensions doit être
constant. De cette manière, le « chez soi » représenterait la continuité entre le lieu où
« j’habite » et l’espace que « j’habite ».
C’est donc ces hiérarchies multiples qu’il faut intégrer dans notre système
paramétrique. Les chemins parcourus pour atteindre la porte palière de l’habitat
depuis l’espace public sont conditionnés par les rapports que l’ensemble entretient
avec la rue. Chaque élément qui caractérise un seuil doit être positionné pour respecter
les différents degrés d’intimité. C’est donc un système de distribution que nous devons
intégrer par gradation par rapport à la fonction de délimitation et de passage des
éléments qui composent les seuils. Dans un même temps, ce sont ces seuils qui vont
conditionner la manière de relier chaque habitat aux différents degrés du commun.
Cette perméabilité dans les deux sens doit être contrôlée et optimisée de manière à
rendre la transition aisée et agréable, mais aussi de manière à respecter les normes
incendies par exemple.
113
Georges Teyssot, Une topologie du quotidien, p. 32, 1ère éd. (PPUR, 2016).
109
Figure 42 : Catalogue of multiple wall materials, doors, windows and architectural artifacts, dans James Wines,
Highrise of Homes – Theoretical project by SITE for urban locations in the USA, (1981),
110
Figure 43 : Aldo Rossi, Le temps suspendu, (Cimetière de Modène, 1978).
111
Figure 44 : Julius Shulman, Case Study House #22, (Los Angeles, 1960).
112
L’Intégration Dans La Ville
114
Voir Figure : Bollmann Hermann, Map of NYC, (1963), EPFL LAPIS - Archives de l'imaginaire »,
archivesdelimaginaire.epfl.ch
113
les choses ou les séparent. Dans tous les cas elles les tiennent ensemble. L’espace
public est le rejet du plein pour partager le vide115, comme condition d’être ensemble.
L’espace vide en devenir, et dans ses ouvertures possibles, rend possible et même
attrayant les rencontres dans les lieux publics. Ces espaces de rassemblement, qui
nouent le temps présent et le temps à venir, sont les vecteurs dynamiques de la ville.
« Les centres sont toujours virtuel, mais ils ne sont pas nécessairement possibles.
Le virtuel est en effet lié à l’actuel en tant qu’ils sont réels l’un et l’autre, mais le
virtuel n’est pas la puissance immanente. […] les centres sont ce qui distribuent et
organisent tout un champ de forces dans une réalité qui n’a pas d’autre sens que
son action immanente et réelle. Le virtuel […] rend à la dynamique des rapports
leur multiplicité […]. 116
Deleuze
Nous devons comprendre ce qui fait la particularité de la ville pour intégrer dans le
projet architectural les différentes échelles qui vont avoir une influence sur l’habitat.
Les paramètres issus de l’observation des caractères du site nous donnent de
précieuses conditions à remplir pour rendre possible l’intégration de notre ensemble
dans la ville dans laquelle il s’inscrit. Le rôle de l’architecte est de comprendre quelles
liaisons la ville peut offrir au projet. Les liaisons qu’entretient notre projet à l’ensemble
de la ville conditionne la forme et la position de notre projet sur le site. Il faut donc
intégrer ces liaisons dans notre système car elles vont conditionner l’articulation entre
l’espace public et l’habitat.
115
Voir Figure : Bernardo Secchi & Paola Vigano, Une Ville Poreuse, (Paris, 2009).
116
Bernard Salignon, Qu’est-ce qu’habiter ?, p. 130, Collection Penser l’espace (Paris : La Villette, 2010).
114
Figure 45 : Bollmann Hermann, Map of NYC, (1963), EPFL LAPIS - Archives de l'imaginaire »,
archivesdelimaginaire.epfl.ch
115
Figure 46 : Bernardo Secchi & Paola Vigano, Une Ville Poreuse, (Paris, 2009)
116
Les Règles Urbaines
Nous allons questionner les règles données par le site et la question d'intégration
urbaine par les métadonnées.117 De nos jours, il y a de plus en plus d’acteurs dans la
production techniques de ces cartographies, améliorant la collecte numérique des
données. Les cartes, qui représentaient auparavant une réalité physique, deviennent
de plus en plus une manière de révéler des données, grâce à des systèmes
d’informations géographique (SIG) numériques, dont la variété de couches en fait des
« atlas d’atlas »118. Ces données ne sont plus statiques, mais représentent en temps
réel une cartographie dynamique, révolutionnant la manière dont les fonctions de la
carte sont en relation avec la ville. À travers la collaboration et l’échange, le rapport de
l’utilisateur et la carte, donc à la ville, change. Ceci crée de nouvelles relations entre
l’utilisateur et sa municipalité, permettant par exemple à l’utilisateur d’émettre des avis,
ou à l’inverse à municipalité de transmettre des alertes pollution. Le travail de Christian
Nold119 à travers ses « cartes du tendre » montre ces fabrications cartographiques à
partir des réactions émotionnelles des sujets à travers la ville. Ce système de ville
intelligente induit une nouvelle forme de comportement collectif et individuel qui produit
une intelligence collective numérique. La géolocalisation est devenue l’indicateur
spatial du numérique, d’une ville appréhendée pas seulement de manière physique,
mais aussi par ces moyens numériques. Eric Fisher120, artiste-chercheur britannique a
réussi à mapper les manières dont interagissent les touristes ou les locaux avec la ville.
117
Antoine Picon, Digital Culture in Architecture : An Introduction for the Design Professions (Basel : Birkhäuser,
2010).
118
Antoine Picon,, « Maps and Urban Intelligence in the Digital Age », Habitats in Time : Mapping Palimpsest
Horizon, Doctoral Program of Architecture, (EPFL, décembre 2018).
119
Voir Figure : Poptronics, Les cartes du tendre (avec GPS) de Christian Nold , (consulté le 18 décembre
2018), https://www.poptronics.fr/Christian-Nold-geographe-ultra.
120
Eric Fischer, FlowingData, (consulté le 18 décembre 2018), https://flowingdata.com/tag/eric-fischer/.
117
En utilisant les balises géographiques des photos prises à travers la ville121, il a créé
ainsi une infrastructure du savoir, où l’espace devient la carte. La plupart des
plateformes interactives, comme Uber, utilisent et collectent ces données sur les
activités passées, des choses liées à un lieu et à une date. Ces circonstances passées
permettent de simuler ce qui va se passer dans le futur, permettant aux urbanistes
d’évaluer leur planification sur la base de la création d’un scénario. Tout ce qu’importe
aux sujets dans la ville est ce qui est en train de changer. Cette rationalisation de la
ville se fait à travers les bâtiments et les flux, et crée une ville faite de réseaux et
d’évènements. Ce sont ces évènements numériques calculables qui font la nouvelle
matière de la ville, décalés de sa réalité physique et en même temps intimement liés.
121
Voir figure : Eric Fischer, Tourists vs. Local Photographs Mapping in Manhattan, (2010).
122
Relational Urbanism, (consulté le 18 décembre 2018), https://www.relationalurbanism.com.
118
Figure 47 : Poptronics, Les cartes du tendre (avec GPS) de Christian Nold , (consulté le 18 décembre 2018),
https://www.poptronics.fr/Christian-Nold-geographe-ultra.
119
Figure 48 : Eric Fischer, Tourists vs. Local Photographs Mapping in Manhattan, 2010.
120
Les Variations Environnementales
123
Voir Figure : Paul Wintour, Ladybug & Honeybee, ParametricMonkey, (2016), https://parametricmonkey.com
/2016/03/13/ladybug-honeybee/.
124
Arturo Tedeschi et Fulvio Wirz, AAD - Algorithms-Aided Design, (Brienza : Le Penseur, 2014).
121
les gains solaires ou la luminosité de chaque pièce. Cela permet une optimisation
géométrique et matérielle du bâtiment, tout en prenant en compte le confort physique
et visuel de l’habitant. La masse et le toit doivent donner la direction et la pente de la
forme, pour placer des panneaux solaires par exemple. Cette recherche
d’optimisation peut aussi nous aider à choisir les manières de compléter les besoins
en lumière artificielle et en chauffage. De même, des données sur le bruit urbain
environnant permettent de déterminer les besoins en protection sonore d’un bâtiment.
Ces données urbaines peuvent nous aider à élaborer des systèmes dynamiques
complexes qui réagissent en temps réel à des modifications du contexte
environnemental.
125
Voir Figure : Archi-Union Architects, Silk Wall, (Shanghai, 2011).
126
Philip Yuan, Parametric Regionalism, dans Block et Bhooshan, Parametricism 2.0: Rethinking Achitecture’s
Agenda for the 21st Century, éd. par Patrik Schumacher, Architectural Design Profile, no 240, (London: John
Wiley & Sons, 2016).
122
Figure 49 : Paul Wintour, Ladybug & Honeybee, ParametricMonkey, (2016), https://parametricmonkey.com/
2016/03/13/ladybug-honeybee/
123
Figure 50 : Archi-Union Architects, Silk Wall, (Shanghai, 2011).
124
La Formalisation Intérieure
L’exemple le plus parlant est celui de la fenêtre, qui à ce caractère de seuil liant et
séparant à la fois, séparant deux échelles et deux univers. Elle répond également à
l’influence de son environnement direct, de la même façon qu’elle a, de par sa forme
et sa matérialisation, une influence sur la perception de l’espace et sur son usage.
La fenêtre est une « frontière entre deux espaces antithétiques, l’endroit où l’on se
trouve et le lieu de la nostalgie »129
Bruno Reichlin
127
Bryce Willis, A parametric Multi-Criterion Housing Typology, p. 503, University of Nebraska-Lincoln,
Synthetic Digital Ecologies, (ACADIA, 2012).
128
Arturo Tedeschi et Fulvio Wirz, AAD - Algorithms-Aided Design, (Brienza: Le Penseur, 2014).
129
Klaus Spechtenhauser, Gerhard Auer, et Michelle Corrodi, LichtEinfall Tageslicht im Wohnbau, p. 91, (Basel
: De Gruyter, 2008).
125
Même si la fenêtre a d’abord un rôle sur l’aération et la lumière, son influence sur
la qualité et l’atmosphère des espace liés est indéniable. Elle permet de contrôler la
lumière et par là, d’influer sur l’intimité des espaces, par leur sublimation par la
lumière130, ou au contraire par leur retrait par l’ombre131. La fenêtre structure l’espace
par sa position, sa taille et ses proportions. Elle influe sur les caractères spatiaux et
donc sur les manières de se les approprier. Ce cadrage hiérarchise les rapports entre
les intérieurs et l’extérieurs, donnant à l’espace, selon sa taille, un caractère soit plus
extraverti soit plus intraverti. Il y a deux types de fenêtre, celle pour la vue, et celle pour
la lumière. Il faut les dissocier car en orientant la vue, la fenêtre conditionne la nature
de la relation instaurée avec l’intérieur. Elle doit s’adapter à la hauteur de sa position
et à sa position par rapport aux conditions extérieures, comme l’ensoleillement ou les
vis-à-vis. Sa variation dans la forme et la taille sert donc à contrôler les degrés de
domesticités des espaces.
130
S. Giedion, Espace, temps, architecture, (Paris : Denoël, 1990).
131
Junichirô Tanizaki, Éloge de l’ombre (Lagrasse : Verdier, 2015).
132
Gilles Barbey, L’évasion domestique : essai sur les relations d’affectivité au logis, p. 167, 1. éd, Collection
d’architecture (Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 1990).
133
Voir Figure : Peter Zumthor, La chapelle de "frère Nicolas", (Wachendorf, 2007).
126
De la même manière, la loggia créée une pièce supplémentaire, tout en supportant
des usages multiples, de par son ouverture contenue dans le volume du bâti. En
sortant du cadre, le balcon en sailli ou la terrasse, communiquent avec l’intérieur après
la façade, comme des prolongements extérieurs privatifs de l’habitat134 en
agrandissant les pièces qui les portent. Ces seuils directs de l’habitat portent en eux
une vision sociale de la vie domestique, et ils mettent en scène le quotidien par leur
utilisation courante, en permettant de nouvelles habitudes selon les saisons.
Cet exemple nous donne les clés pour comprendre les modifications des
interactions entre différents éléments intérieurs par des contraintes extérieures.
L’influence de l’extérieur a des répercussions sur les surfaces et les formes des
éléments qui composent le projet architectural ; sur la hauteur de plafond, sur les
portes et les autres espaces de liaisons, sur les chambres et sur les espaces
communs. Une belle vue dirigera l’ensemble de l’habitat vers le paysage135. Au
contraire, un vis-à-vis nous oblige à fermer ce côté de l’habitat, l’organisant autour
d’une cour intérieure par exemple. C’est au bon sens de l’architecte que nous devons
nous référer pour choisir quels paramètres incorporer dans le système paramétrique.
Ce système doit garantir cette flexibilité mais est possible de le garder intact malgré
une grande variété dans les conditions d’interaction avec l’extérieur.
134
Voir Figure : Hans Scharoun Immeuble résidentiel Romeo et Juliette, (Stuttgart, 1959).
135
Voir Figure : Ricardo Bofill, La Muralla Roja, (Calpe, 1973).
127
Figure 51 : Peter Zumthor, La chapelle de "frère Nicolas", (Wachendorf, 2007).
128
Figure 52 : Hans Scharoun Immeuble résidentiel Romeo et Juliette, (Stuttgart, 1959).
129
Figure 53: Ricardo Bofill, La Muralla Roja, (Calpe, 1973).
130
Conditions Contextuelles
Nous comprenons donc que les liens de l’habitat avec l’extérieur sont multiples, et
que chaque condition extérieure va avoir une répercussion sur l’intérieur. Des outils
numériques d’optimisation nous permettent grâce à des solveurs heuristiques de
trouver les meilleurs compromis entre les conditions extérieures et leurs influences
intérieures. Les outils numériques permettent de contrôler l’impact volumétrique de
notre projet dans un contexte donné. Nous évaluons ainsi les connaissances que nous
pouvons agréger à l’intérieur du modèle paramétrique avec l’objectif d’optimiser ces
relations de manière rationnelle et dynamique, tout en combinant les critères spatiaux
existants, et en renvoyant aux choix effectués auparavant de manière à les
questionner. La transformation du système de production architecturale en intégrant
les données environnementales, ainsi qu’une éthique écologique, améliorera les
processus de conception architecturale. Nous pouvons grâce à la puissance des
systèmes informatiques facilement comprendre les contraintes d’une région et donc
favoriser un processus d’étude de proto-typologies rurales.
131
132
La Conceptualisation Paramétrique
Nous pouvons donc déterminer ici deux types d’intentionnalités. L’une à visée
formelle136 et l’autre à visée subjective. Elles visent, dans et par l’espace déterminé
dans le temps et par la multiplicité des rapports humains, à bâtir la relation du rapport
humain au monde à travers sa demeure. Seul un espace inachevé permet un travail
sur l’habitat. Si nous nous basons sur l’idée d’un modèle de logement paramétrique
multicritère137, nous devons optimiser de multiples variables tout en résolvant les
paramètres conflictuels. L'esthétique, si nous privilégions le formel ou le spatial, vient
de conventions paramétriques différentes qui résultent des relations entre conditions.
Les outils paramétriques permettent des itérations variées possibles dans une même
typologie, nous donnant des logements sur mesure, spécifiques au site et optimisés.138
"La langue de la programmation génère des briefs de conception basés sur les
données de l'utilisateur ; le langage de conception fournit les règles pour générer
des concepts dans un style particulier, et un ensemble de règles heuristiques guide
la génération de concepts vers une solution qui correspond au brief de
conception"139
Duarte
136
Voir Figure : Cam Parkin, Formal Study 01, (2016).
137
Poelman Sjoerd, Parametric approach for designing affordable & high density housing, (Intecture, TU Delft,
2017).
138
Bryce Willis, Digital Morphogenesis : A Computational Housing Typology, (Architecture Program, University
of Nebraska, 2012).
139
Bryce Willis, A parametric Multi-Criterion Housing Typology, p. 503, University of Nebraska-Lincoln,
Synthetic Digital Ecologies, (ACADIA, 2012).
133
une part de sensibilité de l’architecte qui, en choisissant et contrôlant les paramètres
ainsi qu’en évaluant des solutions alternatives d’instant t multiples140, fait un choix
qualitatif qui satisfait son idée. C’est ce moment crucial qui va cristalliser son
processus en un projet. Nous devons déterminer en amont un processus qui prend
en compte un concept prédéfini et le poids que doit prendre l’idée par rapport aux
conditions établie. Nous devons voir si le concept du projet doit être lui-même une
condition, ou au contraire si nous devons laisser la place à cette inconnue.
140
Voir Figure : Visualization of the diversity calculation for each design set, dans Nathan Brown & Caitlin Mueller,
Quantiffying diversity in parametric design, (Cambridge University Press, 2018)
134
Figure 54 : Cam Parkin, Formal Study 01, (2016).
135
Figure 55 : Visualization of the diversity calculation for each design set, dans Nathan Brown & Caitlin Mueller,
Quantiffying diversity in parametric design, (Cambridge University Press, 2018)
136
La Temporalité De L’Espace
Il existe une articulation entre les diverses façons d’avoir vécu, de vivre et d’espérer
vivre, tant au niveau individuel que familial et collectif, à l’échelle de l’immeuble, de la
rue, du quartier, et de la ville. Être présent dans son espace permet de joindre son
passé et son futur dans son quotidien. Il faut pour cela s’approprier l’espace au risque
de se figer dans le passé ou de s’imaginer un futur irréel. Afin de répondre aux besoins
quotidiens, il faut rendre à l’espace habité sa fonction majeure de ressourcement de
la vie quotidienne, un espace qui doit apaiser plutôt qu’agresser, ouvrir plutôt que
renfermer, et offrir plutôt que priver. L’habitant doit avoir un projet de « chez soi », pour
se construire et s’approprier son futur. Pour cela, il faut laisser de l’espace pour cette
interprétation du lieu et cette construction, et de l’espace pour s’y investir. L’existence
de l ’habitat ouvre, au-delà des formes physiques, un temps de la présence esthétique.
Elle dynamise aussi ce qui projette les hommes dans le futur, permettant de relier
l’espace avec le temps.
141
Bernard Salignon, Qu’est-ce qu’habiter ? Collection Penser l’espace (Paris : La Villette, 2010).
142
Voir Figure : Joseph Michael Gandy, Rotunda of the Bank of England, (1798), EPFL LAPIS – « Archives de
l'imaginaire », archivesdelimaginaire.epfl.ch.
137
projet. C’était déjà le cas avant, mais la différence majeure entre un projet paramétré
et un projet plus conventionnel est que l’attribution et la mise en œuvre des paramètres
est tellement plus spécifique et déterminé que cela pourrait rendre un projet très peu
adaptable à des besoins futurs. Un exemple, pourtant moins extrême, sont les
logements des années 70’ : malgré certains chef-d‘œuvres « intemporels »143, ceux-ci
ont du mal à remplir nos besoins contemporains dans leur état originel. Le temps étant
difficile à paramétrer, nous devons imaginer des paramètres qui laissent assez de
libertés pour pouvoir évoluer avec lui.
143
Voir Figure : Le Lignon, dans Franz Graf, la cité du Lignon 1963-1971. Etude architecturales et stratégies
d'intervention, Patrimoine et architecture, (Genève, 2012).
138
Figure 56 : Joseph Michael Gandy, Rotunda of the Bank of England, (1798), EPFL LAPIS – « Archives de
l'imaginaire », archivesdelimaginaire.epfl.ch.
139
Figure 57 : Le Lignon, dans Franz Graf, la cité du Lignon 1963-1971. Etude architecturales et stratégies
d'intervention, Patrimoine et architecture, (Genève, 2012).
140
L’Adaptabilité, Liberté ou Flexibilité ?
« J’oserai affirmer ici que la famille est constituée d’un ordre social instable, parce
que constamment bouleversé par des phénomènes temporels extrêmement
diversifiés. L’urgence et la nécessité pour le logement de s’adapter à ces
évolutions familiales seraient corroborées par ce qu’on appelle la mobilité des
occupants : revoir l’évolution de différentes temporalités d’une même famille c’est
d’emblée rendre possible l’adaptation du logement pour différents types de
familles. Le choix fait ici est celui d’un espace « adapté ». C’est à dire d’une
capacité de plusieurs valeurs pour le même lieu. Plus que jamais ici, le logement
n’est que support à la pratique : il n’est pas pratique elle-même. »
Nous avons vu que l'adaptabilité dans le temps est difficile. Comment pouvons-
nous donner à l’habitat assez de liberté pour permettre un changement d'utilisation
dans le temps ? Si nous définissons nos espaces comme une limite spatiale dans
lequel les paramètres interagissent, nous pouvons, dans le cas où nous nous
affranchissons de cette limite, continuer de les organiser. Une autre possibilité pour
144
Monique Eleb-Vidal, Anne-Marie Châtelet, et Theirry Mandoul, Penser l’habité : le logement en question ;
PAN 14, p. 48, 2. éd, Programme architecture nouvelle 14 (Liège : Mardaga, 1990).
141
s’adapter aux évolutions dans le temps145, serait d’introduire une certaine flexibilité :
faut-il nécessairement figer ce que nous construisons ? Nous pouvons au contraire
paramétrer un même espace pour une multitude de besoins différents. Il est possible
d’incorporer une certaine flexibilité dans nos conditions paramétriques. Pour que les
espaces soient pensés pour des utilisations multiples, nous pourrions permettre l’ajout
et le retrait de certains éléments146 sans pour autant perdre la cohérence de l’ensemble
du bâti. Un espace n’est pas adaptable à l’infini, et nous nous retrouverons
éventuellement dans un cas où la limite se fera sentir, mais cela permettrait un certain
degré de liberté et une certaine flexibilité de point de vue, tout en gardant le cadre
donné par nos conditions.
145
Voir Figure : Kisho Kurokawa, Nagakin Capsule Tower, (Tokyo, 1972).
146
Voir Figure : Mathias Klotz & Tecnofast, Modulo prefabricado para victimas del terremoto, Casa Modular
Mk1, Mk4 y Mk5, (Chile, 2010).
142
Figure 58 : Kisho Kurokawa, Nagakin Capsule Tower, (Tokyo, 1972).
143
Figure 59 : Mathias Klotz & Tecnofast, Modulo prefabricado para victimas del terremoto, Casa Modular Mk1,
Mk4 y Mk5, (Chile, 2010).
144
Le Mouvement et La Fonctionnalité
147
Voir Figure : Tokugawa, Nijo-jo, (Kyoto, 1626).
148
Anna Minguet et Patricia Martínez, Modular loft : creating flexible-use environments that optimize the space
(Sant Adrià de Besós, Barcelona : Monsa, 2017).
149
Chris Columbus, Harry Potter à l’école des sorciers, (2001).
150
Voir Figure : Yuko Shibata, Switch Apartment, (Tokyo, 2010).
145
séparations. Ces ouvertures possibles participent au système global, donnant plus de
libertés aux surfaces délimitantes.
146
Figure 60 : Tokugawa, Nijo-jo, (Kyoto, 1626).
147
Figure 61 : Yuko Shibata, Switch Apartment, (Tokyo, 2010).
148
La Réutilisation et La Réhabilitation
« L’espace est l’ensemble de toutes les places non seulement actuelles, mais
possible ; l’espace est de l’or de tous les coexistant possibles. L’espace est un
rapport qui mène aux possibles et donc à la réalité ; il est ce qui résulte des places
prises ensemble. » 151
Leibniz
151
Bernard Salignon, Qu’est-ce qu’habiter ?, p.130, Collection Penser l’espace (Paris : La Villette, 2010).
152
Voir Figure : Lacaton & Vassal, Extensions d'appartements, (Bordeaux, 2011).
149
réflexions sur les transformations et les améliorations de l’espace habité153 pour
s’adapter à un nouveau espace-temps ne sont pas les uniques vecteurs dans
l’amélioration d’un confort de vie. Dans le cas d’une rupture dans l’habitation, il n’y a
pas forcement une rupture de l’habitat, mais nous demandons plutôt à l’habitant de
réadapter son utilisation de l’espace. L’architecture est un cadre, et un changement
de cadre change une façon d’habiter. À l’inverse, un changement dans la façon
d’habiter induit-t-il une nécessité d’un changement de cadre ? Ce qui est sûr c’est
que la fixation d’un cadre, qui peut être un fondement, doit s’accompagner par des
mesures permettant d’adapter localement des éléments plus secondaires. Le cadre
crée par un système paramétrique doit pouvoir se soumettre à une réhabilitation en
temps voulu, sans pour autant changer l’articulation de son système.
153
Voir Figure : Buchner Bründler Architekten, Casa d'Estate, (Linescio, 2010).
150
Figure 62 : Lacaton & Vassal, Extensions d'appartements, (Bordeaux, 2011).
151
Figure 63: Buchner Bründler Architekten, Casa d'Estate, (Linescio, 2010).
152
Conception Paramétrique
153
CONCLUSION
Nous avons essayé de déterminer à travers cet énoncé théorique les paramètres
qui affectent directement ou indirectement la manière d’appréhender un espace et
donc l’architecture. La fragmentation de l’architecture en spécialités nécessite un
travail en équipe, et la collaboration avec des spécialistes. L’architecte n’est plus
capable de travailler seul car l’architecture est devenue trop complexe. Mais il n’existe
pas de théorie de l’architecture intégrative. L’architecte doit être formé à la production
synthétique pour pouvoir fragmenter l’ensemble en éléments attribués aux différents
spécialistes. Sinon l’architecture restera un jeu de formes arbitraire incompréhensible.
154
Yasser Zarei, The Challenges of Parametric Design in Architecture Today : Mapping the Design Practice,
Thesis, Master of Philosophy, (Universtiy of machester 2012).
154
À partir de ce constat, le questionnement suivi pourrait être une manière d’aborder les
nouveaux outils numériques.
Plutôt que d’utiliser ces outils pour traiter la forme, la préoccupation majeure
devrait être de recentrer l’humain dans un contexte spatial, car le rôle de l’architecture
est aussi de refléter les conditions sociales et culturelles d’un lieu. L’aide paramétrique
permet la compréhension et la création de la totalité architecturale, très complexe car
caractérisée par l’interdépendance de ses parties. Elle permet de considérer tous les
facteurs simultanément sans y être formé spécifiquement. Cela induit un processus
de conception entièrement associatif156, qui combine une méthodologie de conception
traditionnelle avec une méthode paramétrique, et qui définit une architecture d’une
plus grande complexité, basée sur des critères plus équilibrés. Il faut comprendre que
certaines choses ne peuvent pas être rationnalisées. Un modèle paramétrique est
donc limité dans les solutions qu’il peut offrir, ce qui rend l’automatisation complète
du processus de conception impossible et laisse ainsi place aux décisions et à
l’intuition de l’architecte.
155
Bryce Willis, A parametric Multi-Criterion Housing Typology, p. 503, University of Nebraska-Lincoln,
Synthetic Digital Ecologies, (ACADIA, 2012).
156
Bernard Cache, Chapitre 10 : Towards a Fully Associative Architecture, dans Branko Kolarevic, éd.,
Architecture in the Digital Age, (New York: Taylor & Francis, 2009).
155
Figure 64 : Traditionnal Workflow Method, dans Roland Hudson, Strategies for Parametric Design in
Architecture, Thesis, Doctor of Philosophy, University of Bath (2010).
Figure 65 : InternalBIM Workflow Model dans Roland Hudson, Strategies for Parametric Design in Architecture,
Thesis, Doctor of Philosophy, University of Bath (2010).
Figure 66 : Integrated Workflow Model, dans Roland Hudson, Strategies for Parametric Design in Architecture,
Thesis, Doctor of Philosophy, University of Bath (2010).
156
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