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La physiologie

neuromusculaire de
l’appareil manducateur

Dr. Bouabdelli F.S


INTRODUCTION
I. Rappel sur les éléments de l‘appareil manducateur
II. Généralités sur le système neuromusculaire
1. Le système nerveux
1.1. Organisation du système nerveux
1.2. Histologie du système nerveux
2. Système musculaire
1.1. Propriétés des tissus musculaires
1.2. Aspect macroscopique d’un muscle squelettique
1.3. Aspect microscopique d’une fibre musculaire
3. Physiologie neuro-musculaire :
1.1. Les récepteurs du système nerveux
1.2. La synapse neuro- musculaire
1.3. La contraction musculaire
III. Physiologie neuromusculaire de l’appareil manducateur
1. Les récepteurs nerveux de l’appareil manducateur
1.1. Les récepteurs musculaires et tendineux
1.2. Les récepteurs muqueux
1.3. Les récepteurs parodontaux
1.4. Les récepteurs de l’articulation temporo- mandibulaire
2. Les mécanismes réflexes de l’appareil manducateur
1.1. Réflexe d’ouverture buccale
1.2. Réflexe myotatique trigéminale
1.3. Réflexe paradoxal du muscle ptérygoïdien latéral
3. Le comportement et équilibre neuromusculaire de l’appareil manducateur
3.1. Les positions fondamentales d’équilibre de la mandibule :
 La relation centré
 La position d’inter-cuspidation maximale
 La position de repos

3.2. Les mouvements mandibulaires :


3.2.1. Les mouvements mandibulaires fondamentaux :
 L’ouverture
 La fermeture
 La propulsion
 La rétropulsion
 La latéralité
3.2.2. Les mouvements mandibulaires fonctionnels
 La mastication
 La déglutition
 La respiration
 La phonation
3.2.3. Autres mouvements complexes
 Le bâillement
 La mimique

CONCLUSION

INTRODUCTION
L’appareil manducateur est un complexe poly-structurel réalisant un grand nombre de
fonctions qui, sans le système nerveux qui les déclenche et les régularise l’activité musculaire
la fonction n’existerait pas.
Le système neuro-musculaire représente en effet un tout indissociable qui en assurant les
activités sensitivomotrices va permettre la dynamique occlusale.

I. Rappel sur les éléments de l‘appareil manducateur :


L’appareil manducateur est un ensemble fonctionnel complexe constituer de :
Les os maxillaires : on distingue :
Le maxillaire : C'est un os pair, constitué de 3 faces qui forment le plancher de l'orbite, les
parois externes des fosses nasales et la voûte palatine. C’est un os creusé d’une cavité
pneumatique : le sinus maxillaire.
La mandibule : C'est un os impair, constituant à lui seul l’étage inférieure de la face, il
présente un corps constituant la partie moyenne et deux branches montantes, chaque branche
est pourvue d’un processus coronoïde sur sa partie antérieure, et d’un condyle sur sa partie
postérieure.
Les articulations temporo mandibulaires : relient la mandibule au crane (par l’os
temporal), elles sont symétriques et sont considérées comme les seules articulations mobiles
de la face, elles sont constituées de :
Surfaces articulaires : du côté de l’os temporal, la surface articulaire est composée de la cavité
glénoïde concave et d’un tubercule articulaire convexe, pour la mandibule, la surface
articulaire est le condyle mandibulaire.
L’appareil discal : est un fibrocartilage de forme biconcave positionné entre la fosse temporale
et le condyle mandibulaire, créant ainsi deux compartiments dans l’articulation : un
compartiment temporo-discal et un autre condylo-discal.
Le système suspenseur : les deux compartiments de l’articulation sont tapissés d’une
membrane synoviale composée de tissu conjonctif fortement vascularisé permettant la
lubrification de l’articulation.
L’ensemble de ces composants est englobé par une capsule articulaire fibreuse, renforcée par
des ligaments jouant le rôle de protection contre les contraintes extérieures.

Les muscles manducateurs : sont les muscles squelettiques qui concourent à la fonction
manducatrice incluant les muscles élévateurs et abaisseurs de la mandibule et les muscles
cervicaux.
Les muscles élévateurs de la mandibule :
Le temporal : il occupe la fosse temporale, c’est un muscle large, aplati, forme en éventail, il
est composé de trois faisceaux : antérieur, moyen et postérieur
Le Masséter : il prend son origine au niveau de l’arcade zygomatique et se termine au niveau
de l’angle mandibulaire, il est quadrilatère, court, épais, formé de deux faisceaux superficiel et
profond.
Le Ptérygoïdien Latéral : prend son origine au niveau de l’aile externe de l’apophyse
ptérygoïde de l’os sphénoïde et se terminant au niveau du col du condyle. Il est court, épais et
triangulaire et présente deux faisceaux supérieur et inférieur.
Le Ptérygoïdien Médial : Il a pour origine la fosse ptérygoïde et se termine au niveau de la
face interne de l’angle de la mandibule. Il est épais et quadrilatère et se compose de deux
faisceaux accolés antérieur et postérieur.

Les muscles abaisseurs de la mandibule : Ce sont les muscles élévateurs de l’os hyoïde et de
ce fait abaisseur de la mandibule on distingue :
Les muscles sus-hyoïdiens (directs) : le digastrique, le mylo-hyoïdien le génio-hyoïdien le
stylo-hyoïdien,
Les muscles sous-hyoïdiens (indirects) le stérno-cleïdo-hyoïdien le stérno-thyroidien le thyro-
hyoïdien l’omo-hyoïdien

Les muscles cervicaux : permettent de maintenir la position de la tête au sommet de la


colonne cervicale. Ils fonctionnent en association avec les muscles masticateurs et on
distingue : le muscle peaucier du cou, le muscle Trapèze, le muscle Scalène et le muscle
Splénius.

L’organe dentaire : jouent un rôle essentiel dans le comportement global de l’appareil


manducateur, composé d’un odonte et parodonte ce dernier est divisé en parodonte superficiel
(la gencive) et parodonte profond (os alvéolaire, cément et desmodonte), L’anatomie
occlusale de la dent comporte les cuspides, les fosses et sillions, les bords libres et le crètes
marginales, ces structures contribuent à la fonction et permettent le guidage des mouvements
de l’appareil manducateur
Le système nerveux représente un tout indissociable qui en assurant les activités sensitivo-
motrices va permettre la dynamique occlusale.
II. Généralités sur le système neuromusculaire :
1. Le système nerveux :
C’est un réseau complexe responsable de la coordination des actions avec l'environnement
extérieur et de la communication rapide entre les différentes parties du corps. Il exerce un
contrôle sur l'ensemble du corps qui se traduit par des actes volontaires ou involontaires, et
des sensations qui sont conscientes ou inconscientes.
1.1. Organisation du système nerveux :
D’un point de vue anatomique, le système nerveux se divise en système nerveux central et
périphérique.
 Le système nerveux central : comprend :
L’encéphale : désigne l'ensemble du système nerveux central qui se trouve au niveau du
crane, il comprend le cerveau, le cervelet et le tronc cérébral.
 Le cerveau : constitue l’étage le plus élevé du système nerveux central, enfermé sous
la voûte crânienne, il repose sur les étages antérieur et moyen de la base du crâne et
sur le cervelet. Il est recouvert de trois méninges (éléments de protection) : la dure-
mère (enveloppe superficielle), l’arachnoïde (enveloppe moyenne) et la pie-mère
(enveloppe profonde). Par sa morphologie externe, le cerveau est divisé en 2
hémisphères cérébraux (télencéphale) réunis par des commissure
interhémisphériques. Dans la partie médiane du cerveau, on trouve Le diencéphale,
constitué de thalamus (une structure anatomique auquel aboutissent toutes les
sensibilités et les impressions sensorielles) et d’hypothalamus (glande qui sert de
pont entre le système nerveux autonome et le système endocrinien. Par sa
morphologie interne, il renferme la substance grise à la périphérie qui comprend un
grand nombre de corps cellulaires de cellules nerveuses et la substance blanche
située à la région centrale des hémisphères cérébraux, et renferme les fibres
nerveuses crâniennes. Le cerveau contrôle la mémoire, la résolution de problèmes, la
pensée, les sensations ainsi que les mouvements volontaires.
 Le cervelet : situé à l'arrière du crâne, c’est une région de l’encéphale essentielle au
contrôle de la fonction motrice, la coordination des mouvements comme il contribue
également aux fonctions cognitives (le processus mental qui permet de traiter et de
stocker les informations).
 Le bulbe rachidien : Situé à la base de l'encéphale. Il relie le cerveau et le cervelet à
la moelle épinière, il a comme fonction principal le contrôle de la respiration, la
température du corps et de la pression artérielle.

La moelle épinière : fait suite au tronc cérébral, elle est située dans le canal rachidien et se
présente comme un long cordon blanc aplati d’avant en arrière, qui se termine en pointe au
niveau de la deuxième vertèbre lombaire. La moelle est séparée du canal rachidien par les
méninges et les espaces méningés. Dans le sens antéro-postérieur, elle est subdivisée en
quatre régions : cervicale, thoracique, lombaire et sacrée, et présente deux renflements, l’un
au niveau cervical, le second au niveau lombaire. En coupe axiale, la moelle épinière se
présente avec la substance grise au milieu et la substance blanche à la périphérie.
N.B : Ces deux structures (encéphale et moelle épinière) baignent dans le liquide céphalo-
rachidien.
 Le système nerveux périphérique :

Prolongement du système nerveux central, il comprend l'ensemble des nerfs crâniens (12
paires rattachés au tronc cérébral de l’encéphale) et des nerfs rachidiens (31 paires rattachés à
la moelle épinière).
Pour les nerfs crâniens on distingue des nerfs exclusivement sensitifs (I, II, VIII) ; des nerfs
exclusivement moteurs (III, IV, VI, XI, XII) et des nerfs mixtes (V, VII, IX, X).
Les nerfs rachidiens, sont tous mixtes (moteurs et sensitifs). Chaque nerf se divise en deux
racines : une racine antérieure motrice et une racine postérieure sensitive.
Le système nerveux périphérique est divisé en un système nerveux somatique (dirige les
mouvements volontaires du corps et transmet les sensations de la peau) et un système nerveux
autonome comprenant le système sympathique (contrôle les processus physiologiques pendant
les situations ordinaires : digestion) et le système parasympathique (prépare l’organisme à
réagir en cas de stress).
1.2. Histologie du système nerveux :
Le système nerveux central est un tissu complexe réparti en substance grise et substance
blanche, il renferme des neurones, des cellules gliales, des capillaires sanguins et une matrice
extracellulaire.
Les cellules gliales : Cellule spécialisée dont la fonction est le maintien de l'homéostasie, le
soutien et la protection du tissu nerveux en apportant les nutriments et l'oxygène, en éliminant
les cellules mortes. Les principaux types de cellules gliales sont les oligodendrocytes, les
astrocytes, les cellules microgliales, cellule de Schwann et les épendymocytes.
Les neurones : dite aussi cellules nerveuses, sont les unités fonctionnelles du systèmes
nerveux, ces cellules sont amitotiques, hautement spécialisées et acheminent les messages
sous forme d’influx nerveux entre les différentes parties du corps.
Ils présentent à décrire : un corps cellulaire ou soma qui contient le noyau et l’essentiel du
cytoplasme et présente de nombreuses ramifications (les dendrites), un prolongement
tubulaire (l’axone), recouverts d’une gaine de myéline (enveloppe blanche lipoprotéique), la
partie terminale des axons est généralement ramifiée en de nombreuses terminaisons qui
forment des boutons synaptiques. Il existe 2 types de neurones : sensitif et moteur
(motoneurone).
On distingue plusieurs types de fibres nerveuses sensitives, selon le diamètre de leurs axones
et selon à ce qui sont myélinisés ou non :
- Les fibres A-alpha (de 13 à 20 µm de diamètre, myélinisé) véhiculent uniquement la
sensibilité proprioceptive fine à une vitesse de 80-120 m/s.
- Les fibres A-bêta (de 6 à 12 µm de diamètre, myélinisé) véhiculent la sensibilité tactile à une
vitesse de 35-90 m/s.
- Les fibres A-delta (de 1 à 5 µm de diamètre, myélinisé) dont la stimulation donne une
douleur bien localisée, précoce à une vitesse de 5-40 m/s.
- Les fibres C (de 0.2 à 1.5 µm de diamètre, non myélinisé) dont la stimulation donne une
douleur “de fond” mal localisée, de caractère désagréable, relativement tardive à une vitesse
de 0.5-2 m/s.
2. Le système musculaire :
Composé de l'ensemble des muscles du corps, comprend trois types de muscle : les muscles
cardiaques, lisses et les muscles squelettiques qui forme avec le squelette et une partie du
système nerveux, l'appareil locomoteur.
Le muscle est un tissu formé de fibres douées de contraction permettant de produire un
mouvement, cette contraction traduit la transformation de l'énergie chimique (ATP) en énergie
mécanique, la source principale d'énergie provient de la dégradation du glucose.
1.1. Propriétés des tissus musculaires :
Le muscle présente quatre propriétés fondamentales au maintien de l'homéostasie :
- L’excitabilité : c'est la propriété du muscle à recevoir des stimulations et d'y réagir.
- La contractilité : c'est la propriété de pouvoir se raccourcir ou se contracter sous l'effet d'un
stimulus.
- L'extensibilité : c'est la propriété du muscle de s'allonger au-delà de sa longueur de repos.
- L'élasticité : c'est la propriété du tissu musculaire de reprendre sa forme initiale
1.2. Aspect macroscopique d’un muscle squelettique :
Le muscle squelettique contient des milliers de fibres musculaires. Chaque fibre est revêtue
d’une fine gaine de tissu conjonctif lâche dite endomysium ; L’ensemble de plusieurs fibres
forme un faisceau qui est délimité par une gaine conjonctive plus épaisse dite périmysium.
L’ensemble des faisceaux forme le muscle qui est recouvert et renforcé par une gaine
conjonctive plus dense et orienté dite épimysium.
1.3. Aspect microscopique d’une fibre musculaire :
La fibre musculaire est une cellule qui peut atteindre plusieurs cm de longueurs, possédant
plusieurs noyaux et doté d’une terminaison nerveuse et de capillaires, chaque fibre musculaire
comporte plusieurs myofibrilles, chaque myofibrille rassemble une alternance de minuscules
filaments d’actine et de myosine (protéines qui permet la contraction du muscle). Les
filaments d’actine sont rattachés aux stries Z qui divise la myofibrille en élément nommé
sarcomère.

3. Physiologie neuro-musculaire :
Le système nerveux permet la perception de l’information par ses récepteurs, l’intégration de
celle-ci au niveau du centre nerveux et la transmission d’une réponse sous forme de fonction
motrice représenté par la contraction musculaire.
3.1. Les récepteurs du système nerveux :
Sont des structures nerveuses spécialisées chargées de détecter les stimulations provenant du
milieu extérieur ou les modifications provenant de l’organisme et de les traduire en énergie
bioélectrique. On distingue :
- Les intérocepteurs : permettent la détection des stimulus provenant des viscères,
- Les extérocepteurs : permettent la détection des stimulus provenant de l’extérieur,
- Les propriocepteurs : permettent la perception de la posture et de l’équilibre.

La transmission de l’influx nerveux est un phénomène bioélectrique qui se caractérise par une
modification instantanée et localisée de la perméabilité de la membrane du neurone : des ions
sodium (Na+) pénètrent dans la cellule en passant à travers des canaux ioniques, changeant
ainsi la polarisation de la fibre qui se rétablie dès le passage de l’influx.
Quand la fibre nerveuse reçoit un signal électrique d'une intensité suffisante pour la stimuler
(on dit que l'intensité dépasse le seuil de stimulation), la différence de potentiel entre
l'extérieur et l'intérieur de la membrane s'inverse. La fibre nerveuse peut alors produire un
signal électrique qui constituera le message nerveux, et qu'on appelle le potentiel d'action.
Quelle que soit l'intensité suffisante de la stimulation, la fibre nerveuse produira le même
potentiel d'action. En revanche, tout signal inférieur au seuil ne permettra jamais de produire
un potentiel d'action : on dit que la fibre nerveuse obéit à la loi du tout ou rien.

Suivant le centre d’intégration qui traite l’information reçu par les récepteurs on distingue 3
réponses :
- Les mouvements volontaires : une action contrôlée consciemment ou le cerveau est le
centre d’intégration
- Les mouvements automatiques et semi-automatiques qui résulte de l’activation le
cervelet, tronc cérébral et du thalamus permettant des activités motrices complexes
(déglutition, mastication).
- Les mouvements réflexes : sont une réponse involontaire, stéréotypée et très rapide à
un stimulus ou la moelle épinière constitue le centre d’intégration de l’information.
3.2. La synapse neuro- musculaire :
La connexion entre le motoneurone, et la fibre musculaire s'établit au niveau d'une structure
particulière : la jonction neuromusculaire ou plaque motrice, c’est l’endroit où l’influx
nerveux est transmis au muscle permettant ainsi sa contraction. La synapse neuro- musculaire
présente à décrire :
- L’élément pré-synaptique : bouton synaptique, qui renferme de nombreuses vésicules de
neurotransmetteurs (ex : acétylcholine),
- La fente synaptique : espace de 20 à 30 nm rempli de liquide interstitiel
- L’élément post-synaptique : fibre musculaire, elle porte des récepteurs spécifiques du
neurotransmetteur.
Quand un influx nerveux se propage jusqu'à la partie terminale de l'axone, il déclenche
l'entrée d'ions calcium dans le bouton terminal, provoquant la migration de vésicules riches en
neurotransmetteurs en direction de l'espace synaptique et leur fusion avec la membrane
plasmique de l'axone, les ions calcium permettent la libération des neurotransmetteurs dans la
synapse. Le signal électrique se transforme en message chimique. L'acétylcholine migre vers
la fibre musculaire et se fixe sur des récepteurs spécifiques, ce qui déclenchera la production
d'un potentiel d'action (dit postsynaptique) responsable de la contraction de la fibre
musculaire.
3.3. Mécanisme de la contraction musculaire :
La contraction musculaire est un raccourcissement ou mise sous tension d'un muscle
permettant à celui-ci d'assurer son rôle mécanique ou statique. On distingue :
- La contraction isotonique : lorsque le muscle change de longueur tout en gardant une tension
constante, produite lorsqu’un grand nombre d'unités motrices dans le muscle sont stimulées.
- La contraction isométrique : elle correspond au maintien de la longueur des fibres
musculaires, avec une tension variable, produite quand un petit nombre d’unités motrices dans
le muscle sont stimulées.
Quand les cellules musculaires sont stimulées, les filaments minces (actines) glissent le long
des filaments épais (myosine), de telle sorte que les filaments d’actine et de myosine se
chevauchent davantage provoquant le raccourcissement du sarcomère.

III. Physiologie neuromusculaire de l’appareil manducateur :


1. Les récepteurs nerveux de l’appareil manducateur :
1.1. Les récepteurs musculaires et tendineux :
o Les fuseaux neuro-musculaires (F.N.M) :
Ce sont des mécanorécepteurs sensibles aux états et aux variations de longueur du
muscle. Ils sont enroulés parallèlement autours des myofibrilles. Ils s’insèrent sur
une ou deux terminaisons de la gaine d’une grande fibre musculaire striée dite
extrafusale. Ils informent sur l'état d’allongement des fibres musculaires, sur la
vitesse de l’étirement ou de raccourcissement des fibres, ils règlent le niveau zéro
d’activation du motoneurone, et devient donc le responsable du tonus musculaire
involontaire.
o Les organes tendineux de Golgi :
Ils sont situés au niveau des jonctions musculo-névrotiques et musculo-tendineuses
et possèdent plusieurs rôles : ils renseignent sur la tension musculo-tendineuse et
sur la contraction des différentes unités motrices comme ils provoquent une
inhibition protectrice du muscle lors de tensions trop importantes, par un réflexe
myotatique inverse.

1.2. Les récepteurs muqueux :


La muqueuse buccale est richement innervée et présente une grande sensibilité tactile.
La densité des récepteurs (les terminaisons nerveuses libres) décroît d’avant en arrière,
la pointe de la langue et les lèvres présentent la plus forte densité en récepteurs, le
voile du palais et la luette présentent la plus faible densité.
1.3. Les récepteurs parodontaux :
On distingue les récepteurs de la gencive et desmodontaux :
- Les récepteurs parodontaux de la gencive :
 La sensibilité à la pression est transmise par les cellules de Merkel (superficiels) et
les corpuscules de Ruffini (profonds) ;
 La sensibilité au toucher est détectée par les corpuscules de Meissner ;
 La sensibilité à la vibration est détectée par les corpuscules de Pacini ;
 La sensibilité à la douleur est détectée par les terminaisons libres, dites aussi
terminaisons nociceptives.
- Les récepteurs parodontaux du desmodonte :
Ce sont des extérocepteurs permettant la détection des stimulations mécaniques et de
la douleur et des propriocepteurs sensibles aux déplacements et permettent la
perception de la position mandibulaire et on distingue :
 Les corpuscules de Pacini et de Ruffini : permettent détection de changement de
tension ou de déformation du desmodonte, contribue également à la perception de
la position mandibulaire. Ce sont des extérocepteurs et propriocepteurs couplés à
des fibres myélinisées de gros diamètre A-bêta à conduction rapide.
 Les terminaisons nerveuses libres : ce sont des extérocepteurs permettant la
perception de la douleur couplées à des fibres C à faible vitesse de conduction.
Les récepteurs desmodontaux sont en grand nombre au niveau des incisives et des
canines, par rapport aux prémolaires et molaires, ainsi, les récepteurs sensitifs
ligamentaires permettent aux incisives et aux canines de percevoir des informations
très fines et directionnelles, alors que ceux des molaires ne peuvent transmettre
correctement que des informations axiales. (Huang et al., 2011),
1.4. Les récepteurs de l’articulation temporo- mandibulaire :
Les sensations issues de l’A.T.M sont essentiellement proprioceptives, quatre types de
récepteurs sont distingués :
 Les terminaisons libres : très abondantes, répondent aux stimulations nociceptives
et sont responsables des sensations douloureuses.
 Les organes de Golgi : situés dans les ligaments, ils déterminent avec précision
l’angle d’ouverture buccale.
 Les corpuscules de Ruffini : situés dans la capsule articulaire, ces récepteurs
transmettent des informations concernant la position de la mandibule.
 Les corpuscules de Pacini : situés dans la capsule, répondent uniquement sur des
mouvements signalant son début ou sa fin.
2. Les mécanismes réflexes de l’appareil manducateur :
2.1. Réflexe d’ouverture buccale :
Intervient lorsqu’un corps “dur” (noyau d’olive, os) est intercalé entre les arcades
durant la mastication. Permet l’arrêt immédiat de la contraction des muscles élévateurs
et l’activation des muscles abaisseurs. Lorsqu’un obstacle entrave le fonctionnement
normal du cycle masticatoire, les récepteurs desmodontaux envoient un signal vers le
noyau sensitif du trijumeau, ce dernier produit, d’une manière réflexe et simultanée,
deux actions : l’inhibition de la contraction de la musculature élévatrice et l’activation
de la contraction des abaisseurs. Ces réflexes stoppent l’élévation mandibulaire,
provoquant un léger mouvement d’abaissement.
2.2. Réflexe myotatique trigéminale :
L’abaissement de la mandibule lors du réflexe d’ouverture buccale provoque
l’étirement passif des muscles élévateurs et l’excitation des fuseaux neuromusculaires
contenus dans ces muscles, aboutissant à l’émission d’un influx nerveux conduisant à
une contraction réflexe de ces muscles.
Le réflexe myotatique trigéminal (RMT) a longtemps été considéré, avec le réflexe
d’ouverture buccale, comme un acte élémentaire de la mastication, faisant dire à Creed
& Sherrington en 1932 : “Lorsque l’on mord sur un aliment, les pressions développées
tendent à provoquer un réflexe d’ouverture. Lors de cette dernière il y a étirement des
fuseaux neuromusculaires des élévateurs, ce qui déclenche un réflexe de fermeture
lequel sera suivi d’un réflexe d’ouverture, et ainsi de suite tant qu’il y a quelque chose
entre les arcades”
2.3. Réflexe paradoxal du muscle ptérygoïdien latéral :
Il s’agit d’un réflexe protecteur qui intervient en fin de fermeture buccale, où il se
produit une compression des tissus rétro-discaux, la réponse à cette stimulation est la
contraction du faisceau supérieur du muscle ptérygoïdien latéral qui va appliquer
l’appareil discal sur la tête condylienne puis guider et ralentir le repositionnement de
celle-ci dans la fosse glénoïde.
3. Le comportement et équilibre neuromusculaire de l’appareil manducateur :
3.1. Les positions fondamentales d’équilibre de la mandibule :
 La relation centrée :
Il s’agit d’une relation mandibulo-crânienne indépendante des dents. C’est la position
la plus postérieure, symétrique, non forcée de la mandibule ; Au niveau des muscles :
il se produit une contraction des élévateurs et des fibres postérieures du temporal.
 La position d’inter-cuspidation maximale :
C’est une position mandibulaire de fermeture où les arcades dentaires présentent le
maximum de points ou de surfaces de contact.
Au niveau articulaire : il se produit un léger glissement de la tête condylienne sous la
face inférieure du disque articulaire.
Au niveau du muscles : il y a la contraction des élévateurs.
 La position de repos :
Dans cette position les dents ne sont pas en contact, la distance qui sépare leurs faces
occlusales est appelée « l’espace libre d’inocclusion ». Elle est obtenue par
l’interaction de différentes forces :
- Forces passives par la viscoélasticité des muscles et tendons de l’A.T.M qui contre
balance l’action de la pesanteur de la mandibule.
- Forces actives initiées par les propriocepteurs des muscles, de l’A.T.M, de la
muqueuse buccale et du desmodonte.
Cette position est en relation avec la position d’équilibre orthostatique de la tête.
3.2. Les mouvements mandibulaires :
3.2.1. Les mouvements mandibulaires fondamentaux :
 L’ouverture : situé entre deux positions : la position d’inter-cuspidation
maximale et la position d’ouverture maximale, elle est d’une amplitude
moyenne de 50,2 mm. Elle s’effectue en deux phases :
Une première phase d’abaissement mandibulaire par contraction des muscles
abaisseurs avec rotation des condyles mandibulaires atour d’une axe charnière,
Une deuxième phase de translation du complexe condylo-discal le long du
versant postérieur du condyle temporal.
Finalement, le mouvement d’ouverture s’arrête par mise en tension des
ligaments de l’ATM et des muscles ptérygoïdien latéral.
 La fermeture : ce mouvement s’accomplit suivant un mécanisme symétrique
et inverse de celui du mouvement d’ouverture auquel il fait suite. On assiste
dans un premier temps à une contraction des fibres antérieures du temporal qui
soulève la mandibule, puis la contraction des fibres postérieur du temporal, des
fibres profondes du masséter et celle du ventre postérieur du digastrique.
En fin de fermeture, on assiste à une contraction du faisceau supérieur du
ptérygoïdien latéral et le relâchement de son faisceau inférieur. L’arrêt du
mouvement s’obtient généralement par l’occlusion des arcades dentaires.
 La propulsion : C’est un mouvement de proglissement mandibulaire qui
nécessite :
- Un glissement du condyle mandibulaire le long de l’éminence temporale,
- Un glissement des incisives inferieures le long des incisives supérieures
pour désengrener les arcades dentaires,
- Une contraction symétrique des faisceaux inférieurs des muscles
ptérygoïdiens latéraux et des faisceaux superficiels des masséters ;
 La rétropulsion : est un mouvement très limité, son amplitude ne dépasse pas
01-02 mm, elle peut se faire à partir de la position de propulsion maximale, ou
bien de la PIM. Ce mouvement demande la contraction combinée et simultanée
des fibres horizontaux postérieurs du temporal, des muscles abaisseurs et du
ventre postérieur du digastrique.
 La latéralité : est un mouvement asymétrique excentré à composante
horizontale qui comprend :
- Un coté travaillant : dans lequel se produit une contraction des fibres
postérieures horizontales du muscle temporal, du ventre postérieur du muscle
digastrique, et des fibres profondes du muscle masséter.
- Un coté non travaillant : Ou se produit une contraction du faisceau inférieur
du muscle ptérygoïdien latéral et accessoirement du muscle ptérygoïdien
médial et du muscle masséter superficiel.
3.2.2. Les mouvements mandibulaires fonctionnels :
La mastication : est le résultat d’une activité cyclique extrêmement complexe des
muscles masticateurs élévateurs (innervé par le trijumeau V) et abaisseurs (innervé par
le trijumeau V et le nerf facial VII), les muscles peauciers (innervé par le nerf facial
VII) et de la langue (innervé par le glossopharyngien XII).
Aujourd'hui ; on admet l’existence d’un centre de mastication situé dans le noyau
spinal du trijumeau structuré en 3 étages : d’entré qui reçoit l’information,
d’intégration et étage de sortie qui regroupe les motoneurones du trijumeau,
l’existence du centre de mastication n’exclue pas l’intervention du centre nerveux
cérébral.
Les études les plus récentes ont démontré l’intervention du cortex qui peut recevoir
directement les informations et agir au niveau du centre masticateur : au niveau de
l’intégration et même directement sur l’étage de sortie. Ceci explique que la
mastication est un acte semi-volontaire.
La mastication s’effectue à son début par des mouvements volontaires ou le cortex
constitue le centre nerveux d’intégration puis devient très rapidement un acte réflexe
par l’intervention du noyau spinal du trijumeau (centre de mastication).
La mastication se déroule en deux étapes :
Etape d’incision : la contraction des chefs profonds des masséters, postérieurs des
temporaux et supérieurs des ptérygoïdiens latéraux qui contrôlent les rapports
articulaires.
Etape de la mastication proprement dite : les activités musculaires se divisent en 2
phases principales :
→ Phase préparatoire : d’ouverture et de fermeture avec des contractions isotoniques
des muscles masticateurs.
→ Phase dento-dentaire : subdivisée en une entrée dentaire de cycle masticatoire et
une sortie dentaire de cycle, avec des contractions isométriques des muscles
masticateurs.

 La déglutition : c’est l’acte par lequel le contenu buccal (salive + bol alimentaire) est
propulsé de la bouche dans l’estomac, elle fait suite à la mastication. Il s’agit d’un
automatisme séquentiel impliquant une activité successive et coordonnée des muscles
masticateurs (innervé par le trijumeau V, facial VII), peauciers (innervé par le facial
VII), linguaux (innervé par le nerf glossopharygien XII), pharyngo-laryngés (innervé
par les nerfs : glossopharygien IX, vague X et l’hypoglosse XI) et de l’œsophage
(innervé par le nerf vague X).
Pour sa neurophysiologie la déglutition comprend une phase orale volontaire sous le
control du cortex cérébral et deux phases réflexes pharyngée et œsophagienne sous le
control du bulbe rachidien et de la moelle épinière, les informations sont transmises à
ces centres à partir des récepteurs de la langue et du pharynx, après analyse, la réponse
se transmet via les motoneurones des V, VII, IX, X, XI aux organes effecteurs,
La déglutition se déroule ainsi en 3 temps :
- Temps buccal : volontaire permettant la préparation du bol alimentaire et nécessitant
la contraction de l’orbiculaire, du buccinateur et les muscles sus et sous hyoïdiens,
- Temps pharyngée permettant le passage de la bouche vers le pharynx, mouvement
non volontaire conscient, requiert le calage mandibulaire servant de point d’appui à
l’élévation de l’appareil hyoïdien et du larynx qui se télescope contre la base de la
langue. La langue bascule alors en arrière et ainsi l’épiglotte obture la glotte en se
rabattant sur elle on assiste à un-inhibition respiratoire brève (protection contre
l’inhalation de la salive ou du bol alimentaire).
- Temps œsophagien, purement réflexe, la mandibule reprend sa position de repos et la
respiration recommence et les organes de l’appareil buccal se détendent.
 La respiration : est principalement sous le contrôle du système nerveux autonome.
Plusieurs nerfs et centres nerveux sont impliqués dans son contrôle. Les centres
respiratoires principaux se trouvent dans le tronc cérébral, plus précisément dans le
bulbe rachidien et le pont. Ces centres, régulent le rythme et la profondeur de la
respiration en réagissant aux niveaux de dioxyde de carbone (CO2) dans le sang. La
respiration est généralement considérée comme une fonction automatique, contrôlée
involontairement par le cerveau, elle se déroule par une succession de phases
inspiratoires et expiratoires :
Sachant que la respiration physiologique s’effectue par le nez, les conditions
nécessaires à une ventilation nasale optimale sont :
• Le libre passage de l’air par les fosses nasales
• La fermeture hermétique de la cavité buccale
• Avec présence de contact entre le voile du palais et la base de la langue.

Lors de l'inspiration, ce sont les muscles génio-hyoidiens, Mylohyoïdiens et le ventre


antérieur du digastrique qui par la traction antérieure qu'ils exercent, permettent le
dégagement de la filière oro-pharyngée.
Pendant l'inspiration et également l'expiration il existe une activité au niveau des
muscles linguaux (génio-glosse qui contrebalance l'action stylo-glosse) afin de
permettre une posture linguale stable empêchant d'encombrer l'oropharynx,

 La phonation : c’est la première fonction à être développée à la naissance représentée


par le cri du nourrisson, il s’agit d’un acte volontaire, essentiel de la vie humaine,
permet la communication entre les individus,
Pour son mécanisme : le cerveau envoie des signaux électriques à travers les nerfs vers
les muscles du larynx pour préparer la production de sons, puis lors de l'expiration,
l'air passe à travers les cordes vocales, provoquant leur vibration ce qui produit un son
de base qui est ensuite modulé par la langue, les lèvres et les dents pour former des
phonèmes. Enfin c’est l’articulation par les mouvements de la langue, des lèvres et de
la mandibule qui permet de former des mots et des phrases.
3.2.3. Autres mouvements complexes :
 Le bâillement : Peut être défini comme une ouverture brusque et involontaire de la
bouche avec une inspiration profonde, suivi d'une expiration. Il peut survenir dans
différentes situations : fatigue, ennui, stress ...
La neurophysiologie du bâillement n'est pas complètement comprise, mais des
hypothèses existent : on pense que le tronc cérébral, en particulier les structures
comme l'hypothalamus et le tronc cérébral postérieur, sont impliqués dans le
déclenchement du bâillement.
La fonction exacte du bâillement n'est pas clairement établie. On pense qu'il peut jouer
plusieurs rôles : régulation de la température corporelle en modifiant la ventilation,
régulation de l'état d'éveil en améliorant l'oxygénation du cerveau, ou encore,
possiblement, une fonction sociale ou de communication dans certaines situations.
 La mimique : C'est l'expression d'une pensée ou d'une émotion par le geste et le jeu
de la physionomie, c'est un comportement volontaire, sous le contrôle cérébral. Elle
fait intervenir les muscles de la mimique : le triangulaire des lèvres pour exprimer la
tristesse et le dégoût ; le carré du menton avec le peaucier du cou pour l’expression de
la terreur ; le muscle canin pour exprimer l’agressivité ; le releveur du nez pour
exprimer les pleurs et les zygomatiques pour l’expression du rire.

CONCLUSION
L'harmonie fonctionnelle de l'appareil manducateur dépend de l'intégrité des éléments qui le
constituent. Toute dysfonction du complexe neuromusculaire va provoquer une perturbation
des mouvements mandibulaires et de ce fait de l’occlusion, il est donc important de connaitre
non seulement l’anatomie des muscles, mais aussi la physiologie du complexe
neuromusculaire afin de pouvoir diagnostiquer toute dysfonction.

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