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L’EXPERTISE DE GESTION

Master Juriste d’Affaires M1


FSJES SOUISSI

Présenté par : Mme DIAE ACHICHA

Sous la Direction de : Professeur Saida GUENBOUR


INTRODUCTION
- L’article 982 du Dahir formant Code des obligations et contrats (DOC) pose la définition de la société « « La société est un contrat
par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leurs travails ou tous les deux à la fois en vue de
partager les bénéfices qui pourront en résulter ».

- Les associés d’une société sont animés par l’affectio societatis : élément intentionnel impliquant la volonté de collaborer à l’objet
social d’une manière égalitaire.

- Malgré cette volonté de coopérer et de collaborer à la marche de la société, les relations entre associés risquent de se dégrader
en raison de la naissance d’une forte confrontation.

- Le rapport de force entre associés majoritaires et associés minoritaires se retrouvent dans les différentes formes de sociétés.
L’intervention des différents actionnaires, et leur participation à la vie sociale de la société peut générer un déséquilibre et des
abus pouvant aller jusqu’à paralyser le fonctionnement de la société.

- Le législateur marocain a tenté d’encadrer d'une protection spéciale les actionnaires minoritaires par le biais de différents
mécanismes afin de leur accorder de plus en plus de poids dans la gestion des sociétés.

- L’expertise de gestion en droit marocain des sociétés est connue sous l’appellation d’ « expertise de minorité ». Elle constitue un
outil d’information des actionnaires minoritaires.

- Elle constitue également un moyen d’ assurer la protection des associés et leur fournir un véritable pouvoir de contrôle.

- La procédure judiciaire de l’expertise de gestion ne concerne que les sociétés par actions et la SARL, elle ne peut être étendue à
d’autres types de sociétés auxquels ne peut s’appliquer que l’expertise de droit commun.
INTRODUCTION

- Dans les SARL : l’article 82 de la loi 5-96 qui dispose dans son 1er alinéa que « Un ou plusieurs associés représentant au
moins le quart du capital social peuvent, soit individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que ce soit,
demander au président du tribunal, statuant en référé, la désignation d'un ou plusieurs experts chargés de présenter un
rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion ».

- Dans les SA : l’article 157 de la loi 17-95 qui dispose également dans son 1er alinéa que « Un ou plusieurs associés
représentant au moins le quart du capital social peuvent, soit individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que
ce soit, demander au président du tribunal, statuant en référé, la désignation d'un ou plusieurs experts chargés de présenter
un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion ».

- L’expertise de gestion est considérée comme étant une mesure de protection qui vient répondre à un besoin d’information et
à besoin de contrôle de certaines opérations de gestion accomplies les dirigeants sociaux.

- Elle revêt un intérêt préventif dans le cas où les actionnaires arrivent à réagir suffisamment tôt afin d’empêcher que les
fautes révélées par le rapport d’expertise ne compromettent irrémédiablement l’avenir de la société
PROBLEMATIQUE

- L’expertise de gestion occupe une place primordiale parmi les moyens informationnels instaurés par le
législateur afin de protéger les actionnaires minoritaires, qui sont les intervenants dans cette expertise et
également de quelle manière se déroule-t-elle ?
PLAN

Introduction

Problématique

CHAPITRE I – Les conditions de recevabilité de la demande d’expertise de gestion


Section 1 – Les personnes ayant qualité pour agir
Section 2 - Les opérations rentrant dans le champ de l’expertise de gestion

CHAPITRE II- La procédure de l’expertise de gestion


Section 1 - La compétence et pouvoir d’appréciation du Président du Tribunal de Commerce
Section 2 – Le déroulement de l’expertise

Conclusion
Bibliographie
CHAPITRE I: Les conditions de recevabilité de la demande d’expertise de gestion

Section I : Les personnes ayant qualité pour agir

- L’article 157 de la loi 17-95 dans son 1er alinéa dispose qu’« un ou plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du capital
social peuvent demander (…) » : première condition de recevabilité de la demande d’expertise.

- Seuls ont donc qualité pour agir les actionnaires détenteurs d’une participation minimale au capital social.

- L’exigence de la détention par un ou plusieurs actionnaires du pourcentage de 10 % est une condition impérative pour la recevabilité
de la demande d’expertise.

- Sont donc exclus : les obligataires, les titulaires de certificat d’investissement et les créanciers sociaux.

- L’existence d’un pacte d’actionnaires contenant une clause compromissoire n’empêche pas le recours à l’expertise de gestion dans la
mesure où la société n’est pas partie à ce pacte.

- En France, le seuil pour pouvoir demander une expertise de gestion est fixé à 5% pour les actionnaires minoritaires et les
associations d’actionnaires (Article L225-231 Code de Commerce).

- L’appréciation de la condition de la détention du dixième du capital est faite lors de l’introduction de la demande même si au cours
de la procédure cette condition n’est plus réunie.
CHAPITRE I: Les conditions de recevabilité de la demande d’expertise de gestion
(suite)

Section I : Les personnes ayant qualité pour agir (suite)

- Cas des actions indivis : la jurisprudence recourt au principe d’indivisibilité des titres à l’égard de la société. Les copropriétaires
d’actions se voient donc empêchés d’exercer séparément leurs droits sociaux, et l’action ne peut être intentée qu’avec l’accord de
tous les indivisaires.

- Cas de démembrement des actions : savoir qui du nu propriétaire ou l’usufruitier pourrait agir:

* L’usufruitier exerce seul le droit de vote lors des Assemblée Générale Ordinaire ;

* Le nu propriétaire exerce son droit de vote lors des Assemblée Générale Extraordinaire.

Si l’expertise doit porter sur des questions qui relèvent de l’assemblée générale extraordinaire, l’associé nu propriétaire dispose donc
de la qualité pour agir.
CHAPITRE I: Les conditions de recevabilité de la demande d’expertise de gestion
(suite)

Section II : Les operations rentrant dans le champ de l’expertise de gestion


- La demande d’expertise ne peut porter que sur des opérations de gestion. Pour que la demande soit recevable il est nécessaire la
réunion de trois conditions de fonds :

* une décision de gestion prise par les dirigeants ;

* une ou plusieurs opérations clairement identifiées ;

* les opérations doivent intervenir après la constitution de la société et avant sa dissolution.

- La demande d’expertise ne peut pas être recevable si elle porte sur les opérations suivantes :

* les décisions des assemblées générales à l’exclusion de celles qui ont pour but de ratifier des décisions prises par le
conseil d’administration ;

* la régularité des comptes sociaux relevant des seules attributions du commissaire aux comptes ;

* la gestion de la société dans son ensemble car l’expertise de gestion ne permet pas d’obtenir un audit général des
comptes ;

* les actes accomplis avant l’immatriculation de la société ;

* les opérations de liquidation après dissolution de la société.


CHAPITRE II: La procedure de l’expertise de gestion

Section I : La competence et pouvoir d’appreciation du Président du Tribunal de Commerce

- La demande d’expertise est portée devant le président du tribunal de commerce par voie d’assignation. Le 1er alinéa de l’article 157
de la loi 17-95 la demande doit donc être présentée « en référé ».

- La compétence territoriale du tribunal est déterminée par référence au lieu du siège social conformément aux dispositions de l’article
11 de la loi 53-95 instituant les juridictions commerciales.

- Le Tribunal saisi dispose d’une liberté d’appréciation totale. Il peut faire droit à la demande comme il peut la rejeter.

- L’appréciation du Tribunal se base sur le critère de l’utilité ou la finalité sociale de la mesure demandée qui transcende les intérêts
des seuls minoritaires.

- Cas d’une demande abusive du demandeur : il n’est pas à l’abri d’une condamnation sur le fondement :

* des dispositions de l’article 5 du code de procédure civile « Tout plaideur est tenu d’exercer ses droits selon les règles de
la bonne foi »,

* les dispositions du 3ème alinéa de l’article 157 de la loi 17-95 précité qui dispose que « (...) Les honoraires ne seront
payés qu’en fin de mission soit par la société, soit par les actionnaires demandeurs s’il se révèle que la demande d’expertise avait un
caractère abusif et était faite dans le but de nuire à la société ».
CHAPITRE II: La procedure de l’expertise de gestion (suite)

Section II : Le déroulement de l’expertise

- la demande d’expertise ne peut viser l’ensemble de la gestion.

- Le président du tribunal de commerce doit délimiter strictement la mission de l’expert aux seules opérations contestées par le
demandeur.

- L’expert a pour rôle de collecter des informations sur les opérations objet de sa mission.

- Il doit être doté d’un droit d’information et être investi d’un pouvoir d’investigation afin de vérifier les documents juridiques et
comptables qui ne lui ont pas été transmis spontanément, ou même d’enquêter auprès des tiers fournisseurs ou clients dans la
mesure où ils sont parties à l’acte litigieux.

- La mission de l’expert est nécessairement provisoire, et l’ordonnance de nomination doit fixer un délai d’accomplissement.

- L’article 157 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes n’a rien prévu concernant le déroulement de l’expertise de minorité.
Possibilité de se référer au droit commun de l’expertise judiciaire.

- L’expert doit prêter serment et peut se faire assister par d’autres experts dans une spécialité distincte de la sienne conformément
aux dispositions des articles 59 et suivants du code de la procédure civile relatifs aux expertises de droit commun.

- La rémunération des experts est fixée par le juge à titre provisionnel. Il ne seront payés qu’en fin de la mission par la société ou par
le demandeur conformément aux dispositions du 3ème alinéa de l’article 157 de la loi 17-95 précitée.
CHAPITRE II: La procedure de l’expertise de gestion (suite)

Section II : Le déroulement de l’expertise (suite)

- L’expertise de gestion doit respecter le principe du contradictoire.

- L’expert doit accomplir sa mission en présence des parties (le demandeur et les dirigeants) dûment convoquées.

- Il peut se faire communiquer tous les documents sociaux en rapport avec les opérations visées dans l’ordonnance de désignation.

- Si l’expert se trouve dans une situation de difficulté pendant sa mission, il peut en référer au tribunal, soit pour lui préciser sa mission, soit pour le mettre
à même de mener à bien cette mission.

- Dans certains cas, la société peut avancer comme argument le caractère confidentiel de certaines informations pour refuser de les communiquer à
l’expert en se fondant sur l’article 50 de la loi 17-95 précitée.

- Article 406 de la loi 17-95 précitée punis d’un emprisonnement d’un à six mois et/ou d’une amende de 6.000 à 30.000 dirhams les dirigeants ou toute
personne au service de la société qui auront, sciemment, mis obstacle aux vérifications ou contrôle de l’expert de minorité ou qui lui auront refusé la
communication de toutes pièces utiles à l’exercice de sa mission.

- Le rapport d’expertise est établi par l’expert et est communiqué au demandeur, au conseil d’administration ou au directoire, au conseil de surveillance et
au commissaire aux comptes.

- Ce rapport est également annexé au rapport du commissaire aux comptes en vue de la prochaine assemblée générale ordinaire pour être mis à la
disposition des actionnaires.

- Le rapport d’expertise constitue seulement une simple mesure d’information et il appartient aux parties d’en tirer des conséquences.
Merci de votre attention!
BIBLIOGRAPHIE

1 / OUVRAGES GÉNÉRAUX

• Brigitte HESS-FALLON - Anne-Marie SIMON., « Droit des affaires » 2001

2 / OUVRAGES SPÉCIAUX
• Mohamed EL MERNISSI, Traité marocain des droit des sociétés, Edition LexisNexis, 2019

3/ ARTICLES

• Abdelali BELHAJ, « L’expertise de minorité en droit Marocain », 2018


• Hassan OUATIK, « L’expertise de gestion : dans le droit marocain et français »,2023
• Saida GUENBOUR « LE DEVOIR DE LOYAUTE : UN VECTEUR DE LA MORALISATION DE LA VIE DES AFFAIRES »,
2020, p.29

4/ TEXTES LÉGISLATIFS
• Loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par
actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation
• Loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes

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