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Chapitre 3 : Mise en œuvre des explosifs

1. Notions

La mise en œuvre des explosifs nécessite l’utilisation en plus de l’explosif lui-même, d’une
amorce et d’un dispositif de mise à feu de l’amorce. L’amorce est l’agent extérieur (à
l’explosif) qui provoque la détonation de l’explosif.

2. Les amorces

L’amorce ou artifice de mise à feu est un accessoire qui permet l’initiation des explosifs en
toute sécurité et qui est détruit au moment du tir.

On distingue plusieurs types d’amorces :

- les détonateurs pyrotechniques


- les détonateurs électriques
- les détonateurs non électriques ou à tube conducteur d’onde de choc TCOC
- les cordeaux détonants.
- Les détonateurs électroniques

2.1 LE SYSTÈME PYROTECHNIQUE

Dans le domaine de la pyrotechnie, une mèche est un accessoire permettant la mise à


feu à distance d’engins ou de substances explosives. Appelée communément mèche
lente, elle permet à l’artificier de ne pas allumer directement l’explosif et lui donne un délai
pour se mettre à l’abri, en fonction de la longueur de la mèche et de sa rapidité de
combustion.

La mèche lente est un dispositif pyrotechnique utilisé pour retarder l'allumage


d'autres compositions pyrotechniques ou explosifs. Contrairement à une amorce
électrique qui initie rapidement une détonation, une mèche lente brûle lentement et
régulièrement, fournissant ainsi un délai avant d'atteindre le composé principal.

Caractéristiques de la mèche lente :

*Combustion lente : * La mèche lente est composée de matériaux qui brûlent lentement,
permettant un retardement contrôlé.

*Revêtement : * Elle est souvent recouverte d'une gaine imperméable pour la protéger de
l'humidité et assurer une combustion constante.

*Utilisation : * La mèche lente est couramment utilisée dans les feux d'artifice, la démolition
contrôlée, et d'autres applications nécessitant un délai précis.

*Sécurité : * Son utilisation permet d'assurer une distance de sécurité entre l'opérateur et la
zone d'allumage, car elle donne le temps à l'opérateur de se mettre à l'abri après l'allumage.

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La mèche lente est un outil important pour la sécurité dans les situations où un allumage
instantané pourrait être dangereux. Elle est souvent utilisée en conjonction avec d'autres
dispositifs pyrotechniques pour créer des effets synchronisés ou des séquences temporelles
précises. Comme pour tous les dispositifs pyrotechniques, la manipulation de la mèche lente
doit être effectuée avec prudence et conformément aux règlements de sécurité applicables.

Figure 1 : Coupe d’une mèche lente

Un détonateur pyrotechnique est l’association d’un détonateur et d’une certaine longueur de


mèche lente. Son utilisation a fortement régressé au profit de systèmes plus fiables et plus
modernes.

La mèche est constituée d’un étroit cylindre de poudre noire finement broyée, le « pulvérin »,
contenu à l’intérieur d’une gaine en fibres textiles tressées qui assure la résistance
mécanique de l’ensemble, elle-même revêtue d’un enduit imperméable qui lui permet
éventuellement de brûler sous l’eau.

La vitesse de combustion de la mèche est fonction du dosage en pulvérin ; la mèche la plus


utilisée à une vitesse de combustion de 90 secondes par mètre.

A l’intérieur d’un tube en aluminium fermé à une de ses extrémités, « l’embouti », est disposé
une chaîne pyrotechnique simple constituée comme suit :
 D’un explosif primaire : type azoture de plomb qui assure la première détonation

 D’un explosif secondaire : type pentrite chargé d’initier l’explosif avec une vitesse de
détonation élevée et une énergie importante.

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Le tout est contenu dans le tube au moyen d’un opercule qui permet le passage de la
flamme émise par l’extrémité de la mèche. Le tube est laissé vide sur la moitié de sa
longueur : on y introduit la mèche qui y est sertie à l’aide d’une pince spéciale.

Ces détonateurs ne sont pas étanches et sont très sensibles à l’humidité. Les détonateurs
pyrotechniques ne sont pas autorisés dans les trous de mine, son utilisation étant réservée à
l’extérieur du trou de mine.
L’utilisation de détonateurs pyrotechniques est réservée de nos jours à l’initiation d’une
chaîne pyrotechnique constituée de détonateurs non électriques ou de cordeaux détonants.

2.2 LE SYSTÈME NON-ÉLECTRIQUE (OU À TUBE CONDUCTEUR D’ONDE DE CHOC


TCOC).

Le système non électrique se compose d’un initiateur, d’un tube conducteur d’onde de choc,
de raccords de surface non-électriques et de détonateurs non-électriques.
Il reste que ce système a largement démontré sa fiabilité et sa grande souplesse d’utilisation
puisque c’est aujourd’hui le système d’amorçage le plus employé dans le monde.

 Initiateur

Capable de provoquer un choc pour l’amorçage du tube non-électrique. Il peut s’agir d’un
pistolet de starter ou d’un détonateur électrique le plus souvent ou cordeau détonant ou un
détonateur pyrotechnique.

 Tube conducteur d’onde de choc (TCOC)

Tube plastique souple dont la paroi interne est revêtue d’une composition pyrotechnique
finement dosée à 20 mg / mètre (octogène/aluminium), permettant la transmission d’une
onde de choc en sous régime de détonation (~2000 m/s).
Lors du fonctionnement du TCOC, l’onde de choc reste strictement confinée à l’intérieur du
tube, sans aucune manifestation extérieure autre qu’un « flash » de lumière. Le TCOC ne
peut par conséquent amorcer aucun explosif ou cordeau qui se trouveraient à son contact.

Figure 2 : Bobine de TCOC


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 Raccord de surface

Il s’agit d’un mini détonateur chargé à 0.2 g de pentrite. Le retard (17, 25, 42, 65 ou 100 ms)
est assuré par la combustion d’une composition retardatrice. Il existe aussi un raccord de
surface instantané. Cette combustion se produit sous l’effet de l’onde de choc du TCOC et
permet d’initier l’explosif primaire.

 Détonateur non-électrique

Basé sur le même principe que le mini détonateur du relais de surface, ce détonateur est
chargé à 0.8 g de pentrite.

Ces détonateurs ainsi que les raccords de surface sont totalement insensibles aux
influences électriques extérieures.

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Avantages :

Le fonctionnement du tube est silencieux.


Le tube résiste au choc, à la chaleur (jusqu’à 60°C).
Insensibilité aux influences électriques extérieures.

Inconvénient :

Seul un contrôle visuel des branchements en surface peut "garantir" un bon fonctionnement
du tir.

2.3 LE SYSTÈME ÉLECTRIQUE

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Le système électrique se compose d’un exploseur certifié, de lignes de tir et de détonateurs
électriques pour le tir, et d’un ohmmètre agréé pour le contrôle.

Le détonateur électrique
Il se compose :
o De deux fils de cuivre enduits d’un isolant (résistance électrique : 0.09 à 0.17 ohm
par mètre) ;
o D’une tête d’amorce : Il s’agit d’un filament de quelques dizaines de microns noyé
dans une composition pyrotechnique et destiné à chauffer sous l’effet du courant qui
lui est imposé. Ce filament relie les deux fils de cuivre. Selon le type de filament
employé, la quantité d’électricité nécessaire au fonctionnement de la tête d’amorce
est différente, ce qui permet de construire des détonateurs plus ou moins sensibles
aux influences électriques extérieures.
o D’un retard pyrotechnique (sauf détonateur instantané) : Un mélange dont la
composition assure une combustion régulière et précise, est comprimé à l’intérieur
d’un cylindre de zinc percé d’un canal disposé entre le filament et la charge explosive
du détonateur. La durée de combustion de ce mélange est proportionnelle à la
longueur de ce «relais retard» et à la composition du mélange.

o D’un explosif primaire : type azoture de plomb qui assure la première détonation
o D’un explosif secondaire : type pentrite dosé à 0.8 g chargé d’initier l’explosif avec
une vitesse de détonation élevée et une énergie importante.

Figure 5 : Coupe de détonateurs électriques

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Figure 6 : Détonateur électrique

 Choisir le bon détonateur électrique

Il règne dans l’emprise de certains chantiers un certain nombre d’influences électriques


difficiles à maîtriser. Le choix du détonateur électrique tient compte :

o Champs électromagnétiques au voisinage de lignes à haute tension.


o Champs générés par la proximité de moteurs électriques de forte puissance
(concasseurs…).
o Ondes électromagnétiques émises par des émetteurs radio, des radars.
o Courants vagabonds créés par des fuites électriques dans le sol.
Ces différents facteurs sont susceptibles, lorsqu’ils sont intenses, de produire des
circulations de courant électrique à l’intérieur des circuits de tir suffisamment importantes
pour provoquer fonctionnement intempestif d’un ou de plusieurs détonateurs.

 Avantage :

L’utilisation du courant électrique comme source d’initiation, permet en tant que grandeur
physique mesurable, un contrôle du circuit de tir.

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 Inconvénient :

Le mode de fonctionnement des détonateurs électriques les rend sensibles aux courants
parasites (courants électrostatiques, électromagnétiques, foudre…).

L’exploseur

Les exploseurs sont des appareils spécialement conçus pour alimenter électriquement le
circuit de tir et doivent être agréés par le service des Mines.
L’alimentation d’un circuit de tir par tout autre moyen est interdite.

Différents types d’exploseur

Ce sont des générateurs de courant continu. On distingue :

- les exploseurs à dynamo

- les exploseurs à condensateur

Comment choisir un exploseur ?

Le choix d’un exploseur se fait en fonction de deux critères :


 Sa capacité à vaincre une résistance extérieure, qui correspond à la résistance de la
ligne de tir, additionnée de la résistance due à la quantité et au type d’amorces
employées.

 Fournir l’intensité nécessaire pour initier toutes les amorces électriques en fonction
du montage considéré.

Le vérificateur de circuit

Le vérificateur de circuit permet de vérifier la continuité du circuit et d’éventuelles anomalies


présentes dans le circuit de tir (oubli de détonateurs, court-circuit….).

o Les ohmmètres à aiguille

o Les ohmmètres digitaux

Ils peuvent être utilisés et permettent donc de tester directement les artifices de mise à feu,
soit avant qu’ils ne soient accouplés avec une cartouche d’explosif, soit durant le
chargement.
Leur plage de mesure s’étend de 0.1 à 1999 Ohms (testeur digital DZ3), et la précision de la
mesure est en général de 0.1 Ohm.
Leur alimentation est assurée par une ou des piles en fonction des modèles.

La ligne de tir
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La ligne de tir doit être conçue et dimensionnée en fonction du service qu’elle doit assurer.
Sa résistance électrique doit être compatible avec la nécessité de vérifier la résistance d’un
circuit de tir. L’isolement entre les conducteurs de la ligne de tir doit être adapté à la tension
maximale de l’engin électrique de mise à feu.

2.4 LE SYSTÈME ÉLECTRONIQUE

Le système de tir de détonateurs à Retard Electronique Intégré (REI) se décompose en


quatre sous-ensembles :

 Un certain nombre de détonateurs,


 Une Console de Programmation (CP) permettant de tester et de programmer
individuellement chaque détonateur avant sa mise en place,
 Une ligne de tir sur laquelle sont reliés en parallèle les détonateurs à l'aide de
connecteurs,

Une Console de Tir (CT) qui effectue un contrôle de fonctionnalité des détonateurs
présents sur la ligne de tir puis qui donne les ordres d'armement et de tir à ces
détonateurs.

 Le détonateur électronique à REI (Retard Electronique Intégré)

Ces détonateurs d'un type nouveau offrent une grande souplesse à l'utilisateur, ils sont
programmables individuellement de 1 à 4000 ms par pas de 1 ms et gèrent individuellement
la chronométrie de mise à feu avec une précision inférieure à la milliseconde. Cette nouvelle
technologie permet donc de mieux maîtriser la séquence du tir mais aussi, grâce aux CP et
CT, de superviser globalement les procédures de mise à feu et de gérer des procédures de
sécurité garantissant la mise en œuvre correcte du système.

Les détonateurs électroniques sont des dispositifs d’amorçage qui cumulent deux fonctions :
celle d’un détonateur électrique instantané classique et celle d’un exploseur élémentaire
matérialisé par un condensateur.

La décharge du condensateur contenu dans le détonateur est contrôlée par un circuit


électronique alimenté lui aussi par un condensateur qui peut éventuellement, selon le
fabricant, être le même que le précédent.

Ce circuit électronique contient en outre une horloge numérique qui permet d’affecter le
retard au détonateur et de l’initier avec une précision de l’ordre de 1 ms.
Le Détonateur électronique se présente sous la même forme qu'un détonateur électrique, il a
le même diamètre et une longueur légèrement supérieure à celle d’un détonateur électrique
CR (Court Retard), et est alimenté par deux fils électriques. La principale différence est le
remplacement de la composition pyrotechnique retard par un circuit électronique assurant
cette fonction retard.

Un détonateur électronique est en mesure de réaliser les fonctions suivantes :


o Recevoir, comprendre et exécuter les ordres provenant des consoles de tir et de
programmation,

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o Générer un retard correspondant à la valeur stockée,

o Emmagasiner l'énergie lui permettant de demeurer autonome pendant la phase de tir,

o Emmagasiner l'énergie nécessaire à la mise à feu de la tête d'amorce.

 La console de Programmation (CP)

La console de programmation constitue la partie mobile du système. Elle permet de stocker


en mémoire la programmation de 3 cartes de tir contenant chacune 1500 détonateurs. C’est
à partir de cette carte que l’indexation et la programmation du temps de détonation de
chaque détonateur vont pouvoir être réalisées.

 La Console de Tir (CT)

La console de tir se présente sous la forme d'une valise autonome. La CT constitue l'élément
"maître" du système. Elle permet principalement à l'utilisateur :

o de configurer les CP en mode manuel ou automatique avant chaque tir,


o de gérer la mémoire des CP,
o de gérer le processus de tir : vérification du nombre de détonateurs sur la ligne et de
leurs fonctionnalités, vérification de leur correcte programmation, gestion du processus de
charge, gestion du processus de mise à feu, de conserver l'historique des derniers tirs
(fonction "boîte noire").

 Le connecteur (assurant le branchement en parallèle des détonateurs électroniques)

Il présente d'un côté une fente traversante dans laquelle on insère la ligne de tir et de l'autre
côté un trou non débouchant dans lequel on insère le fil du détonateur.

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Figure 7 : Console de tir

2.5 LES SYSTÈMES PAR CORDEAUX DÉTONANTS

Il ne s’agit pas d’un système d’amorçage complet car le cordeau détonant n’est amorçable
qu’au détonateur de force 8 (0.8g de PETN : pentrite). Néanmoins son utilisation très
répandue et ses avantages à la mise en œuvre (résistance à la traction, souplesse de
raccordement, puissance d’amorçage) en font un système d’amorçage à part entière.
Il est constitué d’une âme d’explosif de pentrite dosée de 5 à 100 grammes / mètre, protégée
par une enveloppe plastique.

Il existe différentes sortes de cordeaux détonants pour différentes applications sur le terrain.

o Les cordeaux détonants de transmission 5 à 6 g de pentrite au mètre(en général < à 10


g/m), dont le rôle est de transmettre l’onde de choc vers un autre système d’amorçage
(TCOC).

o Les cordeaux détonants d’amorçage 10 à 25 g de pentrite au mètre dont le rôle est de


transmettre l’énergie suffisante pour faire démarrer l’explosif au contact.

o Les cordeaux détonants spéciaux 25 à 100 g de pentrite au mètre (pour le pré découpage)
utilisés seuls ou en liaison d’un chapelet de cartouches, dont le rôle est de créer une
découpe nette parallèle à la ligne de foration.

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Figure 8: Prédécoupage par cordeau

Amorçage des cordeaux dérivés dans le trou par un cordeau de transmission

Figure 9: Raccordement

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Il faut toujours veiller au sens de l’onde de détonation lors de la réalisation d’une volée avec
du cordeau. La jonction de deux brins en sens inverse de la détonation peut entraîner un
raté de tir partiel de la volée.

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Avantage :

o Il permet l'amorçage simultané de plusieurs charges avec un seul détonateur.


o Il permet de remplacer une portion de cartouche en faisant un bobineau.

Inconvénient :

o Le bruit.

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