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2 NARRATIF EN ANNEXE AU
3 FONDEMENT DE LA DEMANDE D’ASILE (FDA)
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1 Mon nom est Enel Cleophat, je suis né en Haïti, le 15 janvier 1996. Sont inclus dans ma
2 demande de refuge, ma conjointe de fait, Fabiola Guerrier, haïtienne, née le 18 mai
3 1992 ainsi que notre fils, Evensley, Chilien, né le 1er janvier 2019.
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5 Dans notre dossier de demande d’asile, nous avions soumis certains faits, séparément
6 pour Fabiola et pour moi. Cependant, nous souhaitons ajouter des faits et des
7 explications. Ainsi, j’entends partager les craintes de chacun.es des membres de notre
8 famille, à l’exception de notre fille, Elisa Fabiana, née le 27 septembre 2022, au Canada.
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10 J’ai quitté Haïti, le 3 mai 2017. Je me suis rendu au Chili pour m’y protéger. Quant à ma
11 conjointe, Fabiola, elle a quitté Haïti le 19 janvier 2018. Nous nous sommes rejoints au
12 Chili à ce moment. Nous étions, lorsque Fabiola a donné naissance à notre fils,
13 Evensley, le 1er février 2019. Au Chili, nous avions reçu des documents attestant d’un
14 statut temporaire.
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16 Tous les trois avons quitté le Chili le 28 août 2021, pour nous rendre au Mexique car
17 nous vivions, encore une fois, des craintes nous amenant à vouloir quitter le pays pour
18 notre sécurité.
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20 Nous sommes arrivés au Mexique le 11 octobre 2021, suivant une migration difficile au
21 travers de plusieurs pays : Pérou, Équateur, Colombie, Panama, Costa Rica, Nicaragua,
22 Honduras, Guatemala et enfin au Mexique. Nous n’avons jamais pensé rester au
23 Mexique car nous ne nous sentions pas en sécurité, mais aussi, nous avions vu que le
24 Canada était un pays de protection et d’acceptation. Ainsi, pendant que nous étions au
25 Mexique, nous cherchions une façon de traverser la frontière pour les États-Unis, pour
26 ensuite aboutir au Canada. Il y avait un monde fou, c’était difficile de comprendre
27 comment pouvoir traverser la frontière.
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29 Le 1er mai 2022, la famille a trouvé une façon d’entrer aux États-Unis. À la frontière,
30 nous avons été détenus une nuit. Nous n’avons pas demandé l’asile car nous voulions
31 faire le processus au Canada.
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8 CLEOPHAT Enel (numéro de dossier SPR : MC2-22000) et famille
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11 NARRATIF EN ANNEXE AU
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33 Nous sommes demeurés aux États-Unis pendant un certain temps car nous n’avions
34 pas les moyens de nous déplacer vers la frontière canado-américaine. Un cousin à moi,
35 qui vit aux États-Unis nous a financé des billets d’autobus pour que nous nous rendions
36 à Plattsburgh. Nous sommes arrivés à Plattsburgh le 11 septembre 2022 et avons
37 traversé la frontière le même jour.
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39 Le présent document expose les craintes de chacune des personnes incluses à ma
40 demande en plus de les séparer par pays, soit Haïti et Chili.
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42 Mes craintes en Haïti :
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44 J’ai déjà expliqué les problèmes que j’ai vécu en Haïti, mais par souci de clarté, je vais
45 les produire, en partie, à nouveau.
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47 En Haïti, j’ai principalement vécu à Dariol. J’ai été pêcheur; tout en allant à l’école. En
48 novembre 2014, j’ai vendu, à mon oncle Jean-François Cleophat, frère de mon père,
49 pour 700$ de poissons. Il ne me payait pas et cela malgré que je lui demandais de me
50 payer mon dû. Le 15 juin 2015, nous avons eu une altercation après que je lui aie
51 redemandé de me payer. Il m’a attaqué, mais aussi, il a menacé de me tuer si je lui
52 demandais encore pour l’argent. Mon père a eu peur, croyant le sérieux de la menace,
53 et m’a envoyé poursuivre ma scolarité à Port-au-Prince. Je suis donc aller poursuivre
54 mes études à la capitale pendant deux ans, environ.
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56 Alors que je n’étais plus à Dariol, mon oncle a appris que là où j’étais et il a menacé mon
57 père qu’il me ferait kidnapper. De plus, il avait même menacé de tuer mon père s’il
58 portait plainte. Dans ce contexte, mon père, une fois de plus, a eu peur. Il a donc choisi
59 de m’envoyer au Chili, rejoindre mes deux frères qui s’y trouvaient à ce moment.
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61 C’est donc pourquoi, le 3 mai 2017, j’ai quitté mon pays natal pour me rendre au Chili.
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65 Mes craintes au Chili :
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67 Pour continuer à reprendre la narration déjà soumise, une fois arrivée au Chili, j’ai été
68 accueilli par un oncle. De plus, j’avais un ami d’enfance qui qui travaillait dans une
69 compagnie de propane, du nom de Gas Andres et qui a accepté de m’employer comme
70 chauffeur de livraison.
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72 C’était en juin 2019, suivant un appel pour une livraison, que tout a éclaté. En fait, notre
73 compagnie avait été contacté car une autre n’avait pas répondu suffisamment vite à leur
74 demande. Ainsi, mon collègue Lenel Michel c’est retrouvé chez le client. Il fois sur place,
75 la première compagnie qui avait été contacté est arrivée. Le chauffeur, voyant Lenel
76 Michel, n’a pas été content. Ils se sont disputés.
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78 Mon collègue a quitté les lieux, mais l’autre chauffeur l’a suivi jusqu’au lieu de notre
79 compagnie. L’autre chauffeur a du contacté ses collègues car ils se sont retrouvés à
80 plusieurs devant notre lieu de travail.
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82 Ils sont tous sortis. Mon patron et nous aussi. Il y a eu une bagarre. Entre autres, mon
83 patron a reçu un cou de bâton. Quant à moi, je n’ai pas été blessé. Je ne sais pas trop,
84 mais le tout a pris fin quand les autorités chiliennes sont arrivées. Personne n’a été
85 arrêtée, et seul mon patron a échangé avec elles. Je ne sais pas vraiment ce qui a été
86 échangé.
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88 Quelques temps après cette horrible bagarre, le chauffeur, d’abord impliqué dans
89 l’altercation, Lenel Michel, a été assassiné par attaque au couteau. Nous sommes d’avis
90 qu’il y avait un lien entre les événements, mais n’avons pas de preuve.
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92 Cette même compagnie, Gaz Alfonso, avec laquelle nos chauffeurs avaient affronté
93 violemment leurs chauffeurs, a envoyé des individus faire du maraudage. Moi, lorsque
94 l’on m’a offert un emploi, j’ai simplement refusé. On m’a clairement fait comprendre que
95 si je ne me joignais pas, on allait me tuer, tout comme l’autre chauffeur qui était mort.
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97 Après cette confrontation, j’ai trouvé ma voiture, devant la maison, vandalisée à
98 quelques reprises. C’est possible que ses actions soient une conséquence de mon
99 refus, mais aussi possible que mes voisins, racistes, aient commis ces actes de
100 vandalisme.
101
102 Un autre fait important, que je ne saurais dire s’il y a un lien avec les événements de la
103 compagnie qui avait sollicitée mes services, mais on a tiré sur mon frère alors qu’il se
104 trouvait à bord de ma voiture., c’était en 2021. Cette fois, nous avons porté plaine, la
105 police c’était déplacée.
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107 Cependant, malgré l’implication de la police, je ne me trouvais plus à me sentir en
108 sécurité. J’ai donc voulu, pour ma famille et moi, quitter et ce pour nous mettre à l’abri
109 des dangers.
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111 Aussi et très important, vite au Chili, malgré le fait que j’y avais plusieurs membres de
112 ma famille, j’ai pu remarquer que sa population n’était pas très bien avec la présence
113 d’autant d’haïtien.nes. Entre autres, je pouvais ressentir le racisme et j’en vivais les
114 conséquences dans ma vie, parfois même mon quotidien.
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116 Pendant mon temps passé au Chili, j’ai vécu du racisme et de discrimination. Les mots,
117 les réflexions, les comportements, plusieurs petites choses faisant que l’on ne se sentait
118 pas accueilli positivement. Nous étions de trop, nous prenions leurs emplois, nous
119 abusions de leur système, c’est ce que l’on cherchait à nous faire comprendre.
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121 À titre d’exemple, nos voisins exprimaient ouvertement et souvent leur racisme. On me
122 menaçait de quitter notre zone, on exigeait que je sorte de leur quartier. Ceci instaurait
123 un climat d’insécurité, mais déménagé n’était pas facile. D’ailleurs, pendant notre temps
124 au Chili, nous avons vécu à trois adresses.
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126 Aussi, et très important, lorsque j’étais dans la rue, simplement à marcher, il arrivait
127 souvent que l’on me demande pourquoi je suis là.
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129 Crainte de ma conjointe de fait Fabiola
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131 Craintes au Chili
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133 Outre les faits qu’elle a présentés déjà, nous souhaitions partager les éléments
134 suivants :
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136 Le présent climat au Chili, soit le fait qu’une quantité importante d’haïtien.nes se sont
137 rendus dans ce pays pour y trouver une meilleure vie et/ou s’y réfugier, un ressentiment
138 c’est développé au sein de la société. Aujourd’hui, ce sentiment négatif alimente, entre
139 autres, des comportements et pensées racistes qui expose plusieurs d’entre nous à de
140 la discrimination, des abus divers, etc.
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142 Comme comportements racistes, ce qu’elle a vécu personnellement et qui lui vient à
143 l’esprit au moment de produire le présent document, sont :
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145  Des personnes, dans l’autobus, qui avaient refusées de se placer à ses côtés du
146 fait qu’elle est « noire ».
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148  Au moment de l’accouchement de notre fils, elle a dû se présenter trois (3) fois à
149 l’hôpital, le même jour, avant que l’on accepte de l’accueillir
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151 Craintes en Haïti
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153 En 2014, Fabiola vivait avec son père, ma belle-mère et deux demi-sœurs. Sa belle-
154 mère était méchante avec elle comme plusieurs belles-mères avec les enfants nés
155 d’une autre union. Elle a appris à normaliser cette violence. Sa belle-mère était violente
156 verbalement. Il est important de mentionner que Fabiola a perdu sa mère alors qu’elle
157 était une toute petite fille (elle avait entre trois et quatre ans). Elle n’a donc pas vraiment
158 connu de relation maternelle aimante, du moins qu’elle se souvienne. Aussi, et très
159 important de mentionner, une de ses demi-sœurs, prénommée Wisna, était aussi
160 méchante avec elle.
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161 Tel que mentionné dans la première version des faits soumis à notre demande d’asile,
162 ma conjointe a été aux prises avec des problèmes avec un dénommé Donald. Cet
163 homme, certain diront, qu’il était responsable du décès de la mère de Fabiola. Elle n’a
164 aucune information précise à ce sujet, mais c’est ce que certains membres de la famille
165 partageaient.
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167 Quant à Fabiola, ses problèmes avec Donald ont commencé en septembre 2014,
168 lorsqu’il s’était présenté à son école avec une arme (pistolet) en la lui pointant. En plus
169 de l’avoir sur la mire, il a menacé de la tuer ( il lui a fait comprendre qu’elle pourrait se
170 retrouver comme sa mère, décédée) – il semblait furieux avec la mère de Fabiola.
171 Arrivée à la maison, suivant la description faite de l’homme, c’est ainsi qu’elle a été
172 informée du prénom de son prénom. Il avait été le conjoint de ma mère. D’après ce que
173 l’on m’a dit, il y avait eu de la violence au sein du couple (monsieur avait un problème
174 avec l’alcool et la frappait). Sa mère avait fini par le quitter. Il ne semblait pas avoir
175 accepté ce rejet. Fabiola n’était pas sa fille, allait bien, était à l’école, cela semblait
176 davantage le fâcher.
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178 En juin 2015, Fabiola a reçu plusieurs menaces et à différents endroits : à l’école et
179 proche de l’Église (lieu du terminal de bus ou les gens se réunissent et achètent une
180 boisson et discute). Il faisait des menaces de mort, partageait ses regrets de savoir
181 qu’elle n’était pas sa fille, et cela même s’il y avait d’autres personnes présentes.
182 Personne ne s’interposait pour venir la protéger. Fabiola, elle, était terrifiée. Elle n’a pas
183 vu son pistolet mais croyait qu’il l’avait.
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185 Il n’a jamais attaqué Fabiola physiquement, mais en Haïti, la violence peut vite
186 escalader et il n’y avait aucune raison pour elle de ne pas croire, qu’un jour, Donald allait
187 mettre à exécution sa menace.
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189 Outre Donald, pour qui elle est sans nouvelle, Fabiola craint aussi les hommes en Haïti.
190 En effet, au pays, trop de femmes souffres de violence du fait qu’elles sont femmes. Ma
191 conjointe criant donc les violences spécifiques au fait qu’elle soit une femme, soit
192 principalement, les viols.
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193 Alors qu’elle vivait en Haïti, elle craignait et vivait avec cette peur. Quelques-unes de ses
194 amies ont d’ailleurs été victimes de viols. Aussi, la télévision rapportait beaucoup de
195 violence faite aux femmes. Du fait de ses crainte, ma conjointe sortait rarement le soir
196 venu (ou elle était accompagnée). Une autre façon pour elle de se protéger était d’éviter
197 les échanges avec les hommes dans la rue.
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199 Craintes spécifiques à Evensley
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201 Ma conjointe et moi n’avions pas présenté de faits spécifiques pour notre fils.
202 Cependant, nous avons des craintes pour lui advenant son retour au Chili ou notre
203 retour en Haïti.
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205 Chili :
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207 Outre le fait qu’il soit mon fils et qu’il puisse vivre les ricochets de mes problèmes vécus
208 au Chili, Evensley a lui aussi une crainte de retourner au Chili.
209
210 Notre fils, advenant un retour au Chili (tout comme ma conjointe et moi d’ailleurs), craint
211 la persécution fondée sur sa couleur de peau (il serait identifié comme un Haïtien
212 quoiqu’il soit chilien par la naissance). Au Chili, depuis un certain temps, il y a eu une
213 vague d’immigration, dont des haïtien.nes. Les haïtien.nes, les autres immigrants
214 visibles, mais aussi les autochtones, sont identifiés, par plusieurs, comme étant les
215 responsables des maux de la société. De ce fait, les haïtien.nes et notre fils car il a
216 l’apparence d’un haïtien en plus d’avoir deux parents haïtiens, seraient inévitablement
217 victime de persécution et/ou de discriminations systémiques qui nous est réservées.
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219 Haïti :
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221 En Haïti, notre fils pourrait être victime de kidnapping et de sorcellerie car il est né à
222 l’étranger. Les enfants étrangers sont enviés et la communauté peut adopter des
223 comportements dangereux à leurs égards. En mots simples, les gens sont activés par la
224 jalousie.
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225 Fabiola a une amie qui avait un fils , ils c’étaient rendus en Haïti pour une visite.
226 Pendant son séjour au bercail, l’enfant a été victime de sorcellerie et il en est mort.
227
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229 Merci
230 Tous les faits à la présente déclaration sont vrais.
231 Et je signe ce 6 mars 2023, à Montréal :
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235 Enel Cleophat
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238 Et
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240
241 _______________________________
242 Fabiola Guerrier

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