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SEQUENCE I

Introduction à la loqgique mathématique

Cette séquence se déroule sur deux semaines et comprend deux parties.

1 Langage propositionnel.
Les objectifs principaux de cette partie sont :
1.1 Définir les concepts de base de la logique ;
1.2 Elaborer les tables de vérité ;
1.3 Définir et manipuler les prédicats.

2 Raisonnement en mathématique.
Les objectifs principaux de cette partie sont :
2.1 Expliquer le fonctionnement des mathémtiques ;
2.2 Définir la notion de déduction ;
2.3 Expliquer et utiliser les méthodes de démonstration.

Oumar Mbodj
oumar.mbodj@uvs.edu.sn
Janvier 2019

1
Introduction
La logique vient du mot grec logos qui signifie parole. Ce mot fut utilisé par Aristote pour
désigner la science qui étudie les règles que doit satisfaire un raisonnement (argumentation)
correct. La logique est donc la science du raisonnement, de l’argumentation en vue de faire des
inférences (déductions).

Aristote, le père de la logique, utilisait essentiellement le langage naturel pour élaborer ses
raisonnements mais avec le développement des mathématiques et la nécessité de rigueur qui
va avec, la logique s’est modernisée. Elle possède aujourd’hui un langage propre utilisant des
symboles mélangés au langage naturel avec un formalisme clair et précis.

La logique procède par une démarche déductive c’est à dire comme dans les énoncés : «il pleut
donc (on en déduit) le sol est mouillé» ; «Tous les hommes sont mortels ; Socrate est un homme ;
donc (cela implique) Socrate est mortel». Les déclarations (affirmations) telles que «Socrate est
mortel» sont, de par leur nature, soient vraies soient fausses. On les appelle propositions. Les
expressions «donc», «implique», «et», etc. s’appellent connecteurs. Nous allons dans la suite
préciser formellement ces notions.

L’activité principale d’un mathématicien consiste à chercher à partir des règles de base (les
axiomes) et des propositions déjà démontrées à établir de nouvelles propositions. L’apprenant
des mathématiques, que vous êtes, apprendra à se familiariser avec les méthodes de raisonnement
en logique. Cela passe par la lecture et la compréhension de ces méthodes et à les utiliser dans
les exercices. L’atteinte des objectifs visés est conditionnée par la persévérance et la régularité
dans le travail. Si vous respectez cela, vous serez surpris de votre progression.

Bonne année universitaire !

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1 Langage propositionnel
Définition 1.1.
Une proposition est une assertion qui est soit vraie soit fausse. Une variable propositionnelle est
un objet dont les valeurs varient dans l’ensemble des propositions. Les variables propositionnelles
représentent pour les propoistions ce que représente les variables réelles pour les nombres réels.
On représente les propositions et les variables propositionnelles avec des lettres de l’alphabet
latin.

Exemple 1.1.
Les phrases suivantes sont des propostions
1. Thiès est une ville ;
2. π est un nombre entier ;
3. Moussa va à l’école et Amy écrit un texte ;
4. 29+47 = 786.
Une varaible P dont les valeurs varient parmi les 4 propositions ci-dessus est un exemple de
variable propositionnelle.

Exemple 1.2.
Les déclarations suivantes ne sont pas des propostions
1. Le chateau du Roi ;
2. La ville de Dakar est jolie ;
3. Il fait beau aujourd’hui.

Exercice 1.
Donner quatre propositions se rapportant aux nombres, quatre propsitions se rapportant à la
rentrée universitaire, quatre phrases sensées mais qui ne sont pas des propositions.

1.1 Connecteurs logiques


Définition 1.2.
Un connecteur associe à un couple de propositions (P,Q) une nouvelle proposition dont la valeur
de vérité dépend à la fois de celle de P et de celle de Q.

Exemple 1.3.
Les mots "et", "ou" des deux phrases suivantes sont des exemeples de connecteurs.
1. π est un nombre ou 53 est pair ;
2. Moussa va à l’école et Amy écrit une lettre.

Définition 1.3. Formule logique et table de vérité


Un connecteur agit de la même façon sur deux varaibles propositionnelles. Le résultat s’appelle
formule et les valeurs de vérité qu’elle prend varient selon les valeurs de vérité des propositions
prises par les variables propositionnelles la constituant. La table de vérité d’une telle formule
est un tableau qui récapitule les valeurs de vérité de la formule en fonction des valeurs de vérité
prises par les variables propositionnelles la constituant.

Remarque 1.1. Précisons qu’une proposition est en fait une formule constante, sa valeur de
vérité est fixe.

Nous montrerons plus tard que les connecteurs logiques sont la négation, la disjonction, la
conjonction, l’implication et l’équivalence. Leur définition est ci-dessous.

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Proposition 1.1.
Les connecteurs logiques sont :
1. La négation est le connecteur qui à une formule P associe la formule notée ¬P qui est
vraie si P est fausse et fausse si P est vraie ;
2. la disjonction associe à deux formule P et Q la formule notée P ∨ Q qui est fausse lorsque
P et Q sont à la fois fausses et vraie dans les autres cas ;
3. la conjonction associe à deux formule P et Q la formule notée P ∧ Q qui est vraie lorsque
P et Q sont à la fois vraies et fausse dans les autres cas ;
4. l’implication associe à deux formule P et Q la formule notée P −→ Q qui est en fait la
disjonction entre ¬P et Q ;
5. l’équivalence associe à deux formule P et Q la formule notée P ←→ Q qui identique à
P −→ Q et Q −→ P .

L’ensemble des connecteurs logiques et leur définition sont résumés dans le tableau ci-dessous.

P Q P ∧Q P ∨Q P →Q P ↔Q
V V V V V V
V F F V F F
F V F V V F
F F F F V V

L’apprenant est invité à sauter la preuve ci-dessous à la première lecture.

Preuve de la proposition.
La table de vérité, ci-dessous, montre qu’un connecteur peut se représenter par une application
f de l’ensemble {V, F } × {V, F } = {(V, V ), (V, F ), (F, V ), (F, F )} dans l’ensemble {V, F } avec la
contrainte que l’image de f doit dépendre à la fois des premières et deuxièmes composantes
des éléments de {V, F } × {V, F }. :

P Q f
V V
V F
F V
F F

Toutes les applications f sont représentées dans le tableau ci-dessous :

P Q f1 f2 f3 f4 f5 f6 f7 f8 f8 f7 f6 f5 f4 f3 f2 f1
V V V V V V V V V V F F F F F F F F
V F V V V V F F F F V V V V F F F F
F V V V F F V V F F V V F F V V F F
F F V F V F V F V F V F V F V F V F

Exercice 2.
Expliquer pourquoi les applications f1 , f4 et f6 ne sont pas des connecteurs logiques.

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On constate que pour tout j ∈ {1, 2, . . . , 8} les valeurs de fj et celles de f j sont opposées en tout
point. On dit que f j est la négation de fj et on pose f j = ¬fj . On remarque aussi que f3 (P, Q) =
f5 (Q, P ). Les connecteurs logiques sont donc f8 , f2 , f5 et f7 appelés respectivement conjonction,
disjonction, implication et équivalence. Leur table de vérité a été établie précédemment.
Fin de la preuve.

Exercice 3.
Combien de lignes contient la table de vérité d’une formule propositionnelle qui dépend de n
variables ? Commencer par évaluer le nombres de lignes pour n = 2, n = 3 puis traiter le cas
général.

1.2 Langage propositionnel


Présenteer des connaissabce, formuler des démnstrations, communiquer des informations se font
par l’intermédiaire d’un langage. En mathématiques, le besoin de clarté du discours, la précision
des propositions et de l’argumenattion dans les preuves (aucune ambiguité n’est permise) exigent
une combinaison entre le langage naturel (wolof, français, etc.) et un langage plus précis appelé
langage formel. Il se base, comme le lanagge naturel, sur une écriture utilisant des symboles,
l’alphabet du langage, et sur un enemble de règles, syntaxe du langage, qui définit la façon de
former un mot du langage (comment reconnaître un mot du langage).

Définition 1.4.
Un langage formel est défini par la donnée de :
1. Un ensemble de symboles qui permettent de former les mots du langage (suites de sym-
boles) ;
2. Une syntaxe qui définit les règles qui permettent de reconnaître les mots du langage.
Exemple 1.4.
Soit A = {0, 1} un alphabet d’un langage L formé des suites finies d’éléments de A contenant
un nombre pair de ”1”. Alors les mots m1 = 00010 et m2 = 01100001 n’appartiennent pas à L
mais les mots m3 = 111000010 et m4 = 1000001 appartiennent à L.
Nous allons définir le langage propositionnel en utilisant la défiition ci-dessus :
Définition 1.5.
Le langage propositionnel admet comme alphabet l’ensemble des varaiables propositionnelles
(les propositions y comprises) et les symboles : (, ), ∨, ∧ et ¬. Ses mots s’appellent formules
et sa syntaxe est donnée par :
1. une proposition est une formule ;
2. une variable propositionnelle est une formule ;
3. si f et g sont des formules alors f ∨ g, f ∧ g et ¬f sont des formules. Les valeurs de
vérité de telles formules dépendent des valeurs de vérité des variables propositionnelles les
constituant et le calcul de ces valeurs de vérité peut se faire via les tables de vérité comme
vu précédemment avec les formules simples.
Définition 1.6.
Une formule f qui est toujours vraie quelque soit les valeurs de vérité des variables proposi-
tionnelles la constituant s’appelle tautologie. Une formule qui est toujours fausse s’appelele
contradiction.
Définition 1.7.
Un ensemble de valeur de vérité attribuée aux variables propositionnelles d’une formule f qui
lui donnent la valeur vraie s’appelle un modèle pour f .

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1.3 Prédicats et quantificateurs
La logique propositionnelle ne permet pas d’exprimer certaines assertions mathématiques telles
que «la fonction réelle f (x) = x2 − 3 est positive» ou «la fonction f (x) s’annule». En effet,
ces assertions, contrairement, aux propositions de la logique propositionnelle ne peuvent être
qualifiées vraies ou fausses telles quelles. Il faudra pour cela apporter des informations précises
sur la variable x dont elles dépendent. On dit que l’on quantifie l’assertion. Par exemple, on
peut compléter la formulation des assertions précédentes comme suit :
1. Il existe un réel x0 en lequel la fonction f (x) s’annule ;
2. la fonction f (x) est positive en tout point de l’intervalle ]1, 4].
Ces précisions (quantifications) apportées aux assertions permettent de leur attribuer une valeur
de vérité. Ces assertions s’appellent prédicats.

Il y a deux types de quantificateurs pour les prédicats : le quantificateur existentiel et le quan-


tificateur universel. On les utilise ci-dessous pour écrire les deux exemples précédents :
1. Il existe un réel x0 en lequel la fonction f (x) s’annule.
Avec les symbôles mathématiques, l’assertion s’écrit : (∃x0 ∈ R) : f (x0 ) = 0
2. la fonction f (x) est positive en tout point de l’intervalle ]1, 4].
Avec les symbôles mathématiques, l’assertion s’écrit : (∀x ∈]1, 4]) : f (x) ≥ 0.
Une fois la quantification effectuée, les prédicats deviennent de vraies propositions. On peut
alors leur appliquer tout ce qui a été fait sur les propositions. Il faut juste que nous précisions,
comment effectuer la négation d’un prédicat. On revient à nos deux exemples avec la consigne
d’établir leur négation :
1. NON ( Il existe un réel x0 en lequel la fonction f (x) s’annule).
2. NON (la fonction f (x) est positive en tout point de l’intervalle ]1, 4]).
On peut reformuler cela comme suit :
1. La ffonction f (x) ne s’annule en aucun réel x ∈ R.
Avec les symbôles mathématiques, l’assertion s’écrit : (∀x ∈ R) : f (x) 6= 0
2. Il existe au moins un réel x0 en lequel la fonction f (x) n’est pas positive.
Avec les symbôles mathématiques, l’assertion s’écrit : (∃x0 ∈]1, 4]) : f (x0 ) < 0.
Bien retenir : Pour faire la négation, il faut d’abord changer le quantificateur universel en le
quantificateur existentiel et vice versa et ensuite faire la négation de l’assertion.

Exercice 4.
Ecrire à l’aide de quantificateurs les propositions suivantes :

1) Le carré de tout réel est positif. 2) Certains réels sont strictement supé-
3) Aucun entier n’est supérieur àtous les rieurs à leur carré.
autres. 4) Tous les réels ne sont pas des quotients
5) Il existe un entier multiple de tous les d’entiers.
autres. 6) Etant donné trois réels, il y en a au
7) Entre deux réels distincts, il existe un moins deux de même signe.
rationnel. 8) L’équation x2 −1 = 0 n’a pas de solution
réelle.
Exercice 5.
Former la conjonction des négations des propositions : x > 3 et x < 3. Quels nombres réels
satisfont à cette conjonction.

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1.4 QCM : Langage propositionnel
Questions Réponses
Chosir les bonnes réponses pour chaque question.
1. Soit P une assertion vraie et Q une  P ∨Q
assertion fausse. Quelles sont les
 P ∧Q
assertions vraies ?
 ¬P ∨ Q
 ¬P ∧ Q

2. Soit P , Q, R des propositions. Dans  (P ∧ Q) ; (¬P ∧ ¬Q)


chacun des cas suivants, cocher la case
correspondante si les propositions citées  (P → Q) ; (¬Q → ¬P )
sont négation l’une de l’autre.
 (P ∨ Q) ; (¬P ∧ ¬Q)

3. Cocher la case correspondante si la  L’affirmation qui suit est vraie.


déclaration est une proposition.
 L’affirmation précédente est fausse.
4. Voici 4 affirmations relatives aux  b et c sont pairs.
nombres a, b, c et d. Laquelle est fausse ?
 c et d ont même parité.
 d et b sont impairs.
 c est pair.
5. Evaluer les formules suivantes (case  P → (Q → R) avec Q est fausse
cochée si la formule est vraie) en
considérant uniquement les valeurs des  P ∧ (Q ∨ R) avec Q est vraie
variables données.
 P ∨ (Q → R)) avec Q est fausse

6. Soit P une assertion fausse, Q une  Q ∧ (P ∨ R)


assertion vraie et R une assertion fausse.
 P ∨ (Q ∧ R)
Quelles sont les assertions vraies ?
 ¬ P ∧ Q ∧ R)
 (P ∨ Q) ∧ (Q ∨ R).
7. Soient P et Q deux assertions. Quelles  P ∧ ¬(P )
sont les tautologies ?
 ¬P ∨ P
 ¬Q ∨ P
 (P ∨ Q) ∨ (P ∨ ¬Q)
8. A quoi est équivalente P −→ Q ?  ¬P ∨ ¬Q
 ¬P ∧ ¬Q
 ¬P ∨ Q
 P ∧ ¬Q
9. Par quoi peut-on compléter les  . . . . . . x ≥ 2 . . . x2 ≥ 4
pointillés pour avoir les deux assertions
 . . . . . . x ≥ 1 . . . x2 ≥ 4
vraies (ne pas cocher les cases) ?
 . . . . . . |y| ≤ 3 . . . 0 ≤ y ≤ y

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QCM : Langage propositionnel (suite)
Chosir les bonnes réponses pour chaque question.
10. Soit f :]0, +1[→ R la fonction  ∀x ∈]0, +∞ : ∃y ∈ R : y = f (x)
1
définie par f (x) = . Quelles sont les  ∃x ∈]0, +∞ : ∀y ∈ R : y = f (x)
x
assertions vraies ?  ∀x ∈]0, +∞ : ∀y ∈ R : y = f (x)
 ∃x ∈]0, +∞ : ∃y ∈ R : y = f (x)
11. Quelles sont les assertions vraies ?  ∀x ∈ R x2 − x > 0
 ∀n ∈ N n2 − n > 0
 ∀x ∈ R |x3 − x| > 0
 ∀n ∈ N \ {0, 1} n2 − 3 > 0

12. Quelles sont les assertions vraies ?  ∃x > 0 x = x
 ∃x > 0 exp (x) < 0
 ∃n ∈ N n2 = 17
 ∃z ∈ C z 2 = −4

13. Un groupe de coureurs C  ∀c ∈ C t(c) > 47


chronomètre ses temps : t(c) désigne le
temps (en secondes) du coureur c.
Dans ce groupe Valentin et Chloé ont  ∃c ∈ C 47 < t(c) < 55
réalisé le meilleur temps de 47
secondes. Tom est déçu car il est arrivé
troisième, avec un temps de 55  ∃c ∈ C t(c) > 47
secondes. À partir de ces informations,
quelles sont les assertions dont on peut
déduire qu’elles sont vraies ?  ∀c ∈ C t(c) 6 55

14. Pour chaque prédicat, déterminer  ...... x2 − 1 > 0


le quantificateur adéquat pour avoir
une proposition vraie. (ne pas cocher  ...... x+1=0
les cases)
 ...... x2 + 1 > 1

15. Le disque centré à l’origine de  ∀x ∈ [−1, 1] et ∀y ∈ [−1, 1] : (x, y) ∈ D


rayon 1 est défini par
 ∃x ∈ [−1, 1] et ∀y ∈ [−1, 1] : (x, y) ∈ D
D = {(x, y) ∈ R2 |x2 + y 2 6 1}
 ∀x ∈ [−1, 1] et ∃y ∈ [−1, 1] : (x, y) ∈ D
Quelles sont les assertions vraies ?
 ∃x ∈ [−1, 1] et ∃y ∈ [−1, 1] : (x, y) ∈ D

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2 Raisonnement mathématique
En mathématiques, les propositions sont démontrées à partir des axiomes ou de propositions déjà
prouvées. Une démonstration est une succession de déductions pour arriver à un résultat final qui
sera aussi une proposition. L’ensemble de ces propositions (axiomes et propositions prouvées)
et le système de déduction constituent ce qu’on appelle une théorie mathématique. L’objectif
général de cette partie est de comprendre le fonctionnement de la démarche mathématique. A
son issu, vous serez capables de :
1. expliquer le fonctionnement des mathématiques ;
2. définir une déduction logique ;
3. expliquer et utiiser les principales méthodes de démonstration pour construire des preuves
et résoudre des exercices

2.1 Déduction logique


Définition 2.1. [Théorie]
L’approche axiomatique consiste à considérer des objets et à établir sur ces objets des axiomes
(propositions définies comme étant vraies) et des règles de déduction. Le système constitué de
ces objets, des axiomes, des règles de déduction et des propositions qui en découlent s’appelle
théorie mathématique.
Définition 2.2. [Déduction logique]
Soit f et g deux formules propositionnelles. On dit que g se déduit de f ou que g est une
conséquence de f si f −→ g est une tautologie.
Théorème 2.1. [Théorème de la déduction]
Soit f et g deux formules propositionnelles. Alors g est une conséquence de f si et seulement si
tout modèle de f est un modèle de g.
Preuve. En effet (¬f ∨ g) est une tautologie si et seulement on ne peut pas avoir en même f
vraie et g fausse ce qui équivaut à dire que tout modèle pour f est un modèle pour g.
Théorème 2.2. [Modus Ponens]
Soit p et q deux formules propositionnelles. Alors q est une conséquence logique de la formule
p ∧ (p −→ q). C’est ce qu’on appelle Modus Ponens.
Preuve. Posons f = [p∧(p −→ q)] −→ g. La preuve est donnée par la table de vérité ci-dessous.
p q ¬p ∨ q p ∧ (p −→ q) f
V V V V V
V F F F V
F V V F V
F F V F V
On voit que f est bien une tautologie et que tout modèle de p ∧ (p −→ q) est un modèle de g.
Exercice 6.
L’apprenant est invité à vérifier, en faisant une table de vérité, que si p, q et r sont des formules
logiques alors la formule p −→ r est une conséquence de la formule (p −→ q) ∧ (q −→ r). On dit
que l’implication est transitive.
Remarque 2.1. [Raisonnement mathématique]
Un raisonnement mathématique se base essentiellement sur le modus ponens et la transitivité
de l’implication. En effet, une démonstration mathématique est en général une succession de
propositions H, C1 , C2 , . . . , Cn et C telles que :
C1 est une conséquence de H ;
C2 est une conséquence de C1 ;
...
C est une conséquence de Cn .

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Ainsi, d’après le résultat de la logique ci-dessus, nous avons C est une conséquence de H. On
appelle H la proposition hyppthèse et C la proposition conclusion et on dit aussi «H implique
C» et on note «H =⇒ C».
Exercice 7. Soit p et q deux propositions. Quelle est la différence entre p −→ q et p =⇒ q ?
Exercice 8. Il vous a été demandé dans le planning des activités de construire un glossaire
contenant toutes les expressions se rapportant à la séquence en cours. Ce glossaire devra contenir,
entre autres, la signification précise des mots : proposition, théorème, corollaire, lemme, postulat,
théorie.
Remarque 2.2.
Toutes les expressions suivantes signifient que B est une conséquence de A :
- A implique B ;
- A est une condition suffisante pour B ;
- B est une condition nécessaire pour A ;
- Pour que A il est nécessaire que B ;
- Pour que B il est suffisant que A ;
- Si A alors B.
Remarque 2.3.
Si les propositions A et B sont telles que A =⇒ B et B =⇒ A, on dit que A et B sont équivalente
et on écrit A ⇐⇒ B. Dans ce cas les expressions suivantes ont la même signification :
- A équivaut à B ;
- A est une condition nécessaire et suffisante pour B ;
- B est une condition nécessaire et suffisante pour A ;
- Pour que A il faut il suffit que B ;
- Pour que B il faut et il suffit que A ;
- A si et seulement si B.

2.2 Exemples de théorie mathématique


On se donne un ensemble G dans lequel est définie une opération notée ∗. Nous préciserons la
notion d’opération dans la séquence 3 sur les groupes mais pour le moment, entendons par là,
une composition d’éléments de G comme l’addition ou la multiplication de Z. C’est à dire pour
tout couple (x, y) d’éléments de G, on associe un élément de G noté x ∗ y. La théorie des groupes
est définie par les trois axiomes suivants :
1 l’opération ∗ est associative c’est à dire pour tous a, b et c appartenant à G nous avons
a ∗ (b ∗ c) = (a ∗ b) ∗ c ;
2 l’opération ∗ admet un élément neutre c’est à dire qu’il existe un élément e de G tel que
pour tout élément a ∈ G nous avons a ∗ e = e ∗ a = a. L’élément e est alors appelé élément
neutre pour l’opération ∗ ;
3 tout élément de G admet un symétrique c’est à dire que pour tout a ∈ G il existe un
élément b ∈ G tel que a ∗ b = b ∗ a = e. L’élément b est alors appelé symétrique de a.

L’ensemble G peut par exemple être {1, −1} ou {1, −1, i, −i} et ∗ peut être la multiplication
usuelle. Vérifiez en guise d’exercice les deux propriétés ci-dessous.

Ces axiomes fondent la puissante théorie dite théorie des groupes. On peut facilement, en les
utilisant, démontrer plusieurs résultats importants tels que : l’unicité de l’élément neutre, le
fameux théorème de Lagrange qui stipule : Si G est de cardinal fini alors pour tout a ∈ G il
existe un nombre naturel non nul d tel que ad = a ∗ a ∗ . . . ∗ a = e et si d est minimal pour
cette propriété, nous avons d divise Card(G), etc. La théorie des groupes est un domaine des
mathématiques les plus importants et les plus riches.

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Au collège, vous avez déjà rencontré une théorie mathématique dite géométrie euclidienne avec
ces cinq célèbres axiomes que vous connaissez bien. Je vous invite à revisiter ces axiômes et à
échanger via le forum sur les cinq axiomes de Peano qui formalisent la construction de l’ensembe
des nombres naturels, qualifiés ainsi puisque ce sont les seuls classes de nombres que l’homme a
construit par l’axiomatisation. Un mathématicien russe ne disait-il pas : Dieu a créé les nombres
naturels et le reste est l’œuvre de l’homme.

2.3 Méthodes de démonstration


L’activité principale d’un mathématicien consiste à chercher à partir des règles des axiomes et
des propositions déjà démontrées à établir de nouvelles propositions. L’apprenant des mathéma-
tiques, que vous êtes, apprendra à se familiariser avec les méthodes de raisonnement en logique.
Cela passe par la lecture et la compréhension de ces méthodes et à les utiliser dans les exercices.
L’atteinte des objectifs visés est conditionnée par la persévérance et la régularité dans le travail.
Si vous respectez cela, vous serez surpris de votre progression.

Nous utiliserons ces différentes méthodes pour résoudre, en guise d’exemple, les exercices sui-
vants :
Exercice 9.
Soit G un groupe de cardinal fini et d’élément neutre e. Montrer que pour tout élément a ∈ G
alors il existe un nombre naturel non nul n tel que an = e.
Exercice 10.
On appelle nombre premier tout nombre naturel n ayant exactement deux diviseurs qui sont
1 et lui-même. Pourquoi 1 n’est pas un nombre premier ? Montrer que l’ensemble des nombres
premiers contient une infinité d’éléments.

2.3.1 Méthode directe


Nous avons vu précédemment que démontrer consiste à effectuer des déductions. Nous verrons ici
les principales méthodes de démonstration et les mettrons en œuvre pour résoudre des exercices
c’est à dire pour démontrer des propositions. Le fait d’utiliser directement le modus ponens
s’appelle méthode directe. Nous montrerons que les autres méthode de démonstration, sauf la
preuve par récurrence, sont tirées de façon subtile de cette méthode directe.

Solution de l’exercice 2 par la méthode directe. On veut montrer que pour tout a ∈ G,
il esxiste un nombre naturel non nul d tel que ad = e. Soit alors a un élément quelconque de G.
On considère la suite a, a2 , a3 , . . . d’éléments de G et soit la partie H = {a, a2 , a3 , . . .} de G.
H est fini G (car H est une partie de G et G est finii) ;
Il existe donc deux éléments non nuls p et q de N tels que q < p et ap = aq ;
On en déduit e = ap (aq )−1 = aq (aq )−1 = aq a−q = ap−q .
C’est ce que nous voulions démontrer. La preuve peut s’écrire aussi comme suit :

Solution de l’exercice 2 par la méthode directe. Soit a un élément du groupe G. On


considère la suite a, a2 , a3 , . . . d’éléments de G. L’ensemble des éléments de cette suite, étant
une partie de l’ensemble fini G, est donc forcément fini. Il existe donc deux éléments non nuls p
et q de N tels que q < p et ap = aq . On en déduit ap (aq )−1 = aq (aq )−1 = e. Par suite ap−q = e.
C’est ce que nous voulions démontrer.
Exercice 11.
Chercher un contre-exemple à une assertion du type «∀x ∈ E, l’assertion P (x) est vraie » revient
à prouver l’assertion :
1. ∃!x ∈ E l’assertion P (x) est fausse ;
2. ∃x ∈ l’assertion P (x) est fausse ;

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3. 6 ∃x ∈ E l’assertion P (x) est fausse ;
4. ∀x ∈ E l’assertion P (x) est fausse.

2.3.2 Méthode par contraposée


Cette méthode repose sur l’équivalence des des implication (A −→ B) et (¬B −→ ¬A). Pour s’en
convaincre on compare leur table de vérité. On peut auss, en remarquant (A −→ B) équivaut à
(¬A ∨ B), le prouver comme suit :

(A −→ B) équivaut à (¬A ∨ B) 
équivaut à ¬A ∨ ¬(¬B)
équivaut à ¬(¬B) ∨ ¬A
équivaut à (¬B −→ ¬A) (Par définition de l’implication)

Exemple 2.1. Solution de l’exercice 2 par la méthode de la contraposée.


On veut montrer que si G est un groupe fini alors pour tout a ∈ G il existe un nombre naturel
n non nul tel que an = e. Supposons la négation de la conséquence c’est à dire que pour tout
a ∈ G et pour tout n ∈ N∗ nous avons an 6= e. Il s’en suit que tous les élements de la suite a,
a2 , a3 , a4 , . . . sont deux à deux distincts. Ainsi, l’ensemble des éléments de la suite est infini.
Il s’ensuit que l’ensemble G est aussi infini puisqu’il contient tous les éléments de cette suite.
C’est ce que nous voulions démontrer.
Exercice 12.
Reformuler la preuve en mettant en exergue la suite des déductions qui mènent au résultat.

2.3.3 Démonstration par l’absurde


La méthode par l’absurde se base sur le fait que prouver (A −→ B) revient à prouver l’absurdité
de sa négation, (¬A ∧ B) ; c’est à dire supposer que la proposition (¬A ∧ B) est vraie permet de
déduire (¬C ∧ C), où C est une proposition quelconque. L’apprenant est invité à vérifier cette
équivalence en exercice. Il procédéra comme dans la preuve de la contraposition ou en utilisant
les tables de vérité.
Exemple 2.2. Solution de l’exercice 3 par la preuve par l’absurde.
On veut montrer que l’ensemble des nombres premiers est infini. Remarquons d’abord que si
un nombre n’est pas premier, il est forcément divisible par un nombre premier. Pourquoi ?
Supposons par l’absurde que l’ensemble P des nombres premiers est fini et posons le P =
{2, 3, 5, . . . , p} où p est son plus grand élément. Puisque q = 2 ∗ 3 ∗ 5 ∗ . . . ∗ p + 1 n’est divisible
par aucun nombre premier, il est forcément premier. Ce qui est absurde. Pourquoi ?

2.3.4 Démonstration par récuurrence


Nous clôturons cette partie par la présentation de la méthode de preuve par récurrence. Elle ne
s’applique qu’à certains problèmes liés aux entiers naturels. Elle se fonde sur le principe selon
lequel si P est une propriété sur les entiers naturels alors P (n) est vraie pour tout nombre
naturel n ≥ n0 , où n0 est un entier naturel fixé, si les conditions suivantes sont établies :
1. P (n0 ) est vraie ;
2. P (n) vraie implique P (n + 1) vraie.
Attention ! Il ne suffit pas d’avoir seulement la deuxième condition vraie pour affirmer que
P (n) est vraie pour tout nombre naturel n ≥ n0 . En effet, une implication logique A =⇒ B peut
être vraie sans que A soit vraie. Pourquoi ?

Exercice 13.
Montrer que pour tout entier naturel non nul, on a S(n) = 1 + 2 + . . . + n = n(n + 1)/2.
Solution. Il est clair par définition que S(1) = 1 d’où la première condition est vraie. Supposons
que pour n donné supérieur à 1, on a S(n) = n(n + 1))/2. Il s’ensuit :

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S(n+1) = 1 + 2 + 3 + . . . + n + (n + 1)
= S(n) + (n + 1) (Par définition de S(n))
= n(n + 1)/2 + (n + 1) (Hypothèse de récurrence)
= (n + 1)[(n + 1) + 1]/2
Exercice 14.
Je veux montrer par récurrence l’assertion Hn = (2n > 2n − 1), pour tout entier n assez grand.
Quelle étape d’initialisation est valable ?
1. Je commence à n = 0 ;
2. Je commence à n = 1 ;
3. Je commence à n = 2 ;
4. Je commence à n = 3.
Exercice 15.
Démontrer par récurrence sur n que n3 + 2n est divisible par 3 pour tout n ≥ 1.

Exercice 16.
Je veux montrer que n(n + 1)/2 est un entier quelque soit n ∈ N. Quelles sont les démarches
possibles ?
1. Montrer que la fonction x 7−→ x(x + 1) est paire.
2. Séparer le cas n pair du cas n impair.
3. Par l’absurde, supposer n(n + 1) est un réel, puis chercher une contradiction.
4. Le résultat est faux, je cherche un contre-exemple.

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2.4 QCM : Raisonnement mathématique
Questions Réponses
Chosir les bonnes réponses pour chaque question.
1. Dans un établissement, le quart des élèves ne fait  150
pas d’allemand, le tiers ne fait pas d’anglais, 300
 100
pratiquent les deux langues, et un douzième des
élèves ne pratique aucune de ces deux langues.  75
Combien d’élèves n’étudient que l’allemand ?
 150
 50
2. Si l’on considère vraie l’hypothèse «Pour réussir  Tous ceux qui réussissent tra-
il faut travailler dur » On peut conclure que ?
vaillent dur
 Ceux qui ne réussissent pas ne tra-

vaillent pas dur


 Les gens qui travaillent dur réus-

sissent toujours
 Ceux qui ne travaillent pas dur ne

peuvent pas réussir


 Aucune des réponses
3. Aliou, Babacar, Camou et Dou sont soupconnés  Aliou est coupable
d’avoir commis un méfait. Nous avons à leur sujet les
informations suivantes  Dou est non coupable
• Si Aliou est innocent alors Dou est coupable
• Si Aliou est coupable alors Camou l’est aussi  Aliou et Dou sont coupables
• Si Dou est coupable alors Babacar l’est aussi
• Babacar est innocent  Camou est non coupable

 Aucune des réponses


4. On considère les fonctions f et g définies pour  limx→+∞ f (x) = +∞
1
tout x réel par f (x) = 4x et g(x) = ( )x et l’on  limx→+∞ g(x) = +∞
4
note f 0 et g 0 leurs dérivées respectives.  ∀x ∈ R g(x) − f (−x) = 0
 ∀x ∈ R g 0 (x) − f 0 (−x) = 0
 Aucune des reponses
5. On considère les fonctions f et g définies pour  La fonction g est impaire

tout x réel par√f (x) = 2 1 √ + x2 et  La fonction f est croissante
g(x) = ln(x + 1 + x2 ) + x 1 + x2 et l’on note f 0
et g 0 leurs dérivées respectives.  g est primitive de f
 Cf a un centre de symétrie.
 Aucune des réponses

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Références
[1] Roland Christophe, Cours de logique, 8 septembre 2008.
[2] Michel Queysanne, Algèbre, Collection U.
[3] Jacques Velu, Méthodes mathématiques pour l’informatique, DUNOD.
[4] http://exo7.emath.fr/cours/livre-algebre-1.pdf, Consulté le 8 janvier 2019.
[5] https://www.youtube.com/watch?v=1CiPv8ENBZ0, Vidéo vue le 30 janvier 2019.

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