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Ce document est inspiré des polys Suites et Séries de Fonction et Fonctions d’une
variable réelle de L1 Math-Info écrits par Marie-Odile Perrain
Chapitre 1
S’exprimer en mathématiques
1.1 Introduction
Pour établir une théorie mathématique, on dispose au départ d’un "domaine intuitif
de base". Ce sont les "termes primitifs" qui sont donnés et les "propositions primitives"
que l’on déclare vraies a priori appelées axiomes.
Dans le cadre d’une théorie mathématique donnée, une assertion est un énoncé (en gé-
néral une phrase mathématique) susceptible de prendre l’une ou l’autre des deux valeurs
logiques, le vrai (V en abrégé) ou le faux (F en abrégé).
La véracité d’une assertion qui n’est pas un axiome doit résulter d’une démonstration.
Les assertions démontrées sont appelées propositions. Un théorème est une proposi-
tion importante. Un lemme est un résultat préalable utile à une démonstration plus
conséquente. Un corollaire est une assertion vraie qui découle rapidement d’un résultat
précédent. Certaines propositions sont appelées propriétés.
Les démonstrations sont effectuées à l’aide des règles de la logique.
Une théorie mathématique se présente sous la forme d’une suite d’énoncés (définitions,
propositions) telle que toute définition soit donnée au moyen de "termes primitifs" ou
déjà définis et que toute proposition soit démontrée à l’aide d’axiomes ou de propositions
déjà établies. Les définitions, les propositions et leurs démonstrations sont énoncées avec
les mots d’une langue (le grec pour Euclide, le français pour nous) en leur laissant leur
acceptation courante si aucune confusion n’est à craindre, en précisant certains termes
dans le cas contraire.
3
4 CHAPITRE 1. S’EXPRIMER EN MATHÉMATIQUES
Nous allons dans ces deux premiers chapitres donner à l’aide du langage usuel une
description du vocabulaire, des symboles, des règles élémentaires de logique et de la théo-
rie des ensembles (sans chercher à fonder rigoureusement la théorie).
Définition 1.2.1. La négation d’une assertion P se note non P . L’assertion non P est
vraie si P est fausse, fausse si P est vraie.
La négation d’une assertion peut être schématisée par le tableau (1.1) appelé table de
vérité.
P non P
V F (1.1)
F V
P Q P et Q
V V V
V F F (1.3)
F V F
F F F
On dit également :
– "pour que Q, il suffit que P "
– "pour que P , il faut que Q"
– "si P , alors Q"
– "P est une condition suffisante pour Q"
– "Q est une condition nécessaire de P "
Dans l’implication P ⇒ Q, P s’appelle l’hypothèse, Q la conclusion. L’implication Q ⇒ P
s’appelle la réciproque de l’implication P ⇒ Q.
Etablissons sa table de vérité.
P Q non P P ⇒Q
V V F V
V F F F (1.4)
F V V V
F F V V
On remarque que l’assertion P ⇒ Q est fausse quand P est vraie et Q fausse, vraie dans
les autres cas. On remarque aussi que l’on a
On énonce :
– "pour que P , il faut et il suffit que Q"
– "P est une condition nécessaire et suffisante (CNS) pour Q"
– P si et seulement si Q".
Etablissons sa table de vérité.
P Q P ⇒Q Q⇒P P ⇔Q
V V V V V
V F F V F (1.5)
F V V F F
F F V V V
1.4 Quantificateurs
Les quantificateurs sont des symboles utilisés pour écrire des énoncés. Un phrase
quantifiée est une assertion mathématique contenant un ou des quantificateurs.
Le quantificateur universel ∀ se lit "pour tout" ou "quel que soit".
Le quantificateur existentiel ∃ se lit "il existe au moins un élément".
La notation ∃! signifie : il existe un et un seul.
La lettre affectée par un quantificateur est muette ; elle peut être remplacée par n’importe
quelle lettre.
Remarque. Une démonstration de "Pour tout x ∈ E, Q" est introduite par l’expression
"Soit x un élément de E" et se termine par "donc Q".
Une démonstration de P ⇒ Q est introduite par l’expression "Supposons P " et se termine
par "donc Q".
(P ⇒ Q) ⇔ (non Q ⇒ non P ).
Exemple. Soit n un entier naturel. Démontrons que si n2 est pair, alors n est pair.
Dans cet exemple, P est l’assertion "n2 est pair" et Q l’assertion "n est pair". non Q est
alors "n est impair". non P est alors "n2 est impair". Supposons non Q vraie, dans ce
cas, n = 2k + 1, k étant un entier et donc n2 = 4k 2 + 4k + 1 est impair.
Exemple. L’assertion : "Pour tout entier n, n2 + 1 est multiple de 5" est fausse. En
effet si n = 1, n2 + 1 = 2 n’est pas multiple de 5.
8 CHAPITRE 1. S’EXPRIMER EN MATHÉMATIQUES
a ≤ a,
(a ≤ b et b ≤ a) ⇒ (a = b),
(a ≤ b et b ≤ c) ⇒ (a ≤ c),
2.1 Ensembles
2.1.1 Inclusion
On définit la relation d’inclusion de la manière suivante :
Définition 2.1.1. Soient E et F deux ensembles. On dit que F est inclus dans E (ou
E contient F ) et on note F ⊂ E (ou E ⊃ F ) si tout élément de F appartient à E i.e.
∀x ∈ F, x ∈ E
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10 CHAPITRE 2. ENSEMBLES - RELATIONS - APPLICATIONS
– CE ∅ = E CE E = ∅ CE (CE A) = A
– A∪∅=∅∪A=A A∩∅=∅∩A=∅
A∪A=A A∩A=A
A∪E =E A∩E =A
A∪B =A⇔B ⊂A A∩B =A⇔A⊂B
A∪B =B∪A A∩B =B∩A
(A ∪ B) ∪ C = A ∪ (B ∪ C) (A ∩ B) ∩ C = A ∩ (B ∩ C)
– Lois de Morgan
CE (A ∪ B) = CE A ∩ CE B
CE (A ∩ B) = CE A ∪ CE B
– CE A = E \ A
A\∅=A
A\B =∅⇔A⊂B
A \ B = A ∩ CE B = A \ A ∩ B
Définition 2.1.5. Soient E un ensemble, P une partie de P(E). On dit que P est une
partition de E si :
1. ∀A ∈ P, A 6= ∅.
2. ∀A ∈ P, ∀B ∈ P, (A 6= B ⇒ A ∩ B = ∅).
3. ∀x ∈ E, ∃A ∈ P, x ∈ A.
Exemples. 1. Pour tout ensemble non vide E, {E} et {{x}; x ∈ E} sont des parti-
tions de E.
2. Pour tout ensemble E et pour toute partie A de E autre que ∅ et E, {A, CE A}
est une partition de E.
2.2 Relations
2.2.1 Généralités
Définition 2.2.1. Soient E et F deux ensembles. On appelle produit cartésien de E
et F l’ensemble noté E × F des couples (x, y) tels que x ∈ E et y ∈ F :
E × F = {(x, y) ; x ∈ E et y ∈ F }
2.2. RELATIONS 11
(x, y) = (x0 , y 0 ) ⇔ (x = x0 et y = y 0 ).
Définition 2.2.3. Soit E un ensemble. Une relation de E vers E est appelée une relation
binaire sur E.
Exemple. La relation d’égalité a = b sur un ensemble E est une relation binaire sur E.
On a Γ = {(x, x); x ∈ E}.
Exemple. La relation d’égalité sur un ensemble E quelconque est une relation d’équiva-
lence.
Exemples. – L’égalité dans un ensemble E quelconque est, comme on l’a déjà vu,
une relation d’équivalence, d’ensemble quotient {{x}; x ∈ E}.
– Sur l’ensemble des droites d’un plan affine, la relation "être parallèle" est une rela-
tion d’équivalence. Pour toute droite D, la classe de D modulo "être parallèle" est
appelée la direction de D.
12 CHAPITRE 2. ENSEMBLES - RELATIONS - APPLICATIONS
Démonstration :
– Supposons aRb.
Montrons que ḃ ⊂ ȧ soit c ∈ ḃ, on a bRc. D’après la transitive de R on a aRc et
c ∈ ȧ. On a donc ḃ ⊂ ȧ. Comme R est symétrique on a bRa d’après ce qui précède
on en déduit que ȧ ⊂ ḃ. On a donc ȧ = ḃ.
– Si ȧ = ḃ, comme b ∈ ḃ on a b ∈ ȧ i.e. aRb.
♦
Définition 2.2.8. Soit (E, ≤) un ensemble ordonné. La relation ≤ est une relation
d’ordre total si deux éléments quelconques de E sont comparables i.e.
∀(x, y) ∈ E 2 , (x ≤ y ou y ≤ x)
Exemple. Si E est un ensemble ayant au moins deux éléments l’inclusion sur P(E) est
une relation d’ordre partiel. En effet, si (a, b) ∈ E 2 et a 6= b alors {a} 6⊂ {b} et {b} 6⊂ {a}.
Définition 2.2.10. On appelle borne supérieure de A dans E le plus petit des ma-
jorants de A dans E, s’il existe ; cet élément est alors noté sup A. On appelle borne
inférieure de A dans E le plus grand des minorants de A dans E, s’il existe ; cet élé-
ment est alors noté inf A.
2.3 Applications
Nous allons à présent étudier des relations particulières appelées applications.
2.3. APPLICATIONS 13
2.3.1 Définitions
Définition 2.3.1. Soient E et F deux ensembles. On appelle fonction de E vers F toute
relation f de E vers F qui à x ∈ E associe au plus un élément y de F . L’ensemble des
éléments de E auxquels f associe exactement un élément dans F est appelé l’ensemble
de définition de f .
On dit que y est l’image de x par f , on écrit y = f (x), et on dit que x est un antécédent
de y par f .
L’ensemble Γ = {(x, f (x)); x ∈ E} est appelé le graphe de f. On dit que E (resp F ) est
l’ensemble de départ (resp. l’ensemble d’arrivée) de f .
Exemples d’applications.
E → E
– Soit E un ensemble. L’application idE : est appelée application iden-
x 7→ x
tique ou identité de E.
– Soient E un ensemble et A ⊂ E. On appelle fonction caractéristique de A dans
E ou fonction indicatrice de A dans E la fonction notée 1A de E vers {0, 1} telle
que 1A (x) = 1 si x ∈ A et 1A (x) = 0 si x ∈ CE A.
– La fonction qui à x ∈ R associe 0 est appelée la fonction nulle et est notée 0.
– Soient n ∈ N∗ , a0 , a1 , . . . , an des réels la fonction qui à x ∈ R associe a0 + a1 x +
· · · + an xn est appelée fonction polynôme.
– Soient p et q deux fonctions polynômes, D = {x ∈ R; q(x) 6= 0} la fonction qui à
x ∈ D associe p(x)q(x) est appelée fonction rationnelle.
Exemple :
– Si E est un ensemble, idE est bijective et id−1
E = idE .
– La fonction qui à x ∈ R associe 2x + 1 est une application bijective de R dans R.
Sa fonction réciproque est y 7→ 12 (y − 1).
f ◦ f −1 = IdF et f −1 ◦ f = IdE .
Chapitre 3
3.1.2 L’ensemble Z = {..., −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, ...} des entiers relatifs
Pour construire Z, on considère sur N2 la relation R par : ∀(n, n0 ), (m, m0 ) ∈ N2 , (n, n0 )R(m, m0 )
si et seulement si n + m0 = n0 + m. R est une relation d’équivalence. Z est l’ensemble
quotient N2 /R. On note Z∗ = Z \{0}.
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16 CHAPITRE 3. L’ENSEMBLE DES RÉELS
p p0
∀ (p, q), (p0 , q 0 ) ∈ (Z × N∗ )2 , ≤ 0 ssi (pq 0 − qp0 ) ≤ 0.
q q
∀a ∈ R, a + (−a) = (−a) + a = 0
· est associative : ∀(a, b, c) ∈ R3 , (ab)c = a(bc)
· est commutative : ∀(a, b) ∈ R2 , ab = ba
∀a ∈ R∗ , aa−1 = a−1 a = 1
Exemple. (Q, +, ·, ≤) est un corps commutatif totalement ordonné mais il ne vérifie pas
la propriété de la borne supérieure.
Remarques. 1. Il y a une différence essentielle entre la propriété de la borne supé-
rieure dans R et la propriété fondamentale de Z : la borne supérieure d’une partie
A de R n’est pas en général un élément de A .
2. N et Z sont des sous-ensembles de R qui possèdent la propriété de la borne supérieure
mais ne sont pas des corps.
3. A = {x ∈ Q; x2 < 2} est une partie non vide et majorée de Q. A ne possède pas de
borne supérieure dans Q.
Proposition 3.2.1. Caractérisation de la borne supérieure : Soit A une partie non
vide et majorée de R. Soit M ∈ R, M = sup A si et seulement si
1. ∀a ∈ A, a ≤ M ,
2. ∀ε > 0, ∃a ∈ A, M − ε < A.
Autrement dit la borne supérieure de l’ensemble A est le plus petit des majorants.
Intervalles bornés
[a, b] = {x ∈ R; a ≤ x ≤ b}, a = min [a, b] et b = max [a, b];
]a, b] = {x ∈ R; a < x ≤ b} a = inf, ]a, b] et b = max ]a, b];
[a, b[ = {x ∈ R; a ≤ x < b}, a = min [a, b[ et b = sup [a, b[;
]a, b[ = {x ∈ R; a < x ≤ b}, a = inf ]a, b[ et b = sup ]a, b[.
18 CHAPITRE 3. L’ENSEMBLE DES RÉELS
Les intervalles [a, b], [a, +∞[, ] − ∞, a], ] − ∞, +∞[ sont dits intervalles fermés. Les
intervalles ]a, b[, ]a, +∞[, ]−∞, a[, ]−∞, +∞[ sont dits intervalles ouverts. Les intervalles
[a, b[, ]a, b] sont dits intervalles semi-ouverts ou semi-fermés.
On note R∗ = R \ {0}, R+ = [0, +∞[, R∗− =] − ∞, 0[.
Attention : R∗ n’est pas un intervalle.
∀x ∈ R, ∃n ∈ N, n > x.
Théorème 3.2.3. Pour chaque réel x, il existe un unique entier relatif appelé la partie
entière de x et noté [x] tel que :
Démonstration : Soient x ∈ R et A = {n ∈ Z; n ≤ x}
Comme R est archimédien, il existe n2 ∈ N tel que n2 > x et il existe n1 ∈ N tel que
n1 > −x i.e. −n1 < x. On en déduit que −n1 ∈ A : A est non vide.
A est une partie non vide et majorée de Z et possède d’après la propriété fondamentale
de Z un plus grand élément p ∈ Z. On note p = max A. Comme p ∈ A, on a p ≤ x et
p+1∈ / A donc x < p + 1. On a montré l’existence de la partie entière.
Montrons l’unicité de la partie entière. Soit p0 ∈ Z tel que p0 ≤ x < p0 + 1. On a donc
p0 ≤ x < p0 + 1 et p ≤ x < p0 + 1.On en déduit que p ≤ p0 et p0 ≤ p. On obtient p = p0 . ♦
3.2.3 Densité de Q
Q est un sous ensemble strict de R mais nous allons voir que Q ne laisse pas pour
autant de grands trous dans R contrairement à Z qui vérifie ]0, 1[∩ Z = ∅.
Définition 3.2.1. Une partie A de R est dense dans R si pour tout (a, b) ∈ R2 avec
a < b on a ]a, b[ ∩ A 6= ∅.
n0 1 n0 n0 1
− ≤a< et a < ≤ a + < a + b − a ≤ b.
n n n n n
déduit
1
a < r < r + √ (r0 − r) < r + r0 − r = r0 .
2
√
Or 2 ∈ R \ Q, donc r + √12 (r0 − r) ∈ R \ Q. De plus r + √12 (r0 − r) ∈]a, b[. On a donc
1
r + √ (r0 − r) ∈]a, b[∩ R \ Q.
2
Remarque. Dans tout intervalle non vide, il y a une infinité de rationnels et une infinité
d’irrationnels.
Remarque. La valeur absolue est très utile pour les encadrements car
|x| ≤ a ⇔ x∈ [−a, a]
|x| < a ⇔ x∈ ] − a, a[
∀a > 0, ∀x ∈ R, .
|x| ≥ a ⇔ x∈ ] − ∞, −a] ∪ [a, +∞[
|x| > a ⇔ x∈ ] − ∞, −a[ ∪ ]a, +∞[
Démonstration :
– Pour 1 et 2 on simplifie les valeurs absolues selon le signe de x et de y.
– Pour 3, montrer ||x| − |y|| ≤ |x + y| équivaut à montrer −|x + y| ≤ |x| − |y| ≤ |x + y|
i.e. |x| ≤ |y| + |x + y| et |y| ≤ |x| + |x + y|
Comme
x = y + x + (−y) d’après 2 on a : |x| ≤ |x + y| + | − y| = |x + y| + |y|.
y = x + y + (−x) d’après 2 on a : |y| ≤ |x + y| + | − x| = |x + y| + |x|.
On obtient la dernière inégalité de 3 en remplaçant y par −y dans la première
inégalité de 3.
♦
4.1 Définitions
Définition 4.1.1. Une suite réelle est une application
u: N → R
n 7→ u(n)
On note un au lieu de u(n), (un )n∈N au lieu de u. Pour chaque n ∈ N, un est appelé le
nème terme ou le terme de rang n de la suite. Si les n0 premiers termes de la suite ne sont
pas définis, on parle de la suite (un )n≥n0 .
∀n ∈ N, un ≤ M (resp. m ≤ un )
Une suite (un )n∈N est bornée si elle est à la fois majorée et minorée.
Proposition 4.1.1. Une suite (un )n∈N est bornée si et seulement si il existe M ∈ R tel
que : ∀n ∈ N, |un | ≤ M .
∀n ∈ N, a ≤ un ≤ b.
21
22 CHAPITRE 4. LES SUITES RÉELLES
Autrement dit. Pour tout intervalle Jε de centre ` et de rayon ε > 0, il existe un entier
(un indice) n0 tel que pour tout n ≥ n0 , un appartient à Jε .
Démonstration : Soit ε > 0, comme R est archimédien, il existe n0 ∈ N tel que n0 > 1ε .
Donc si n ≥ n0 , on a n1 ≤ n10 < ε et |un − 0| = n1 < ε.
Conclusion : Soit ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que si n ≥ n0 alors |un − 0| < ε.♦
Exemple. Si la suite (un )n∈N est stationnaire i.e. constante à partir d’un certain rang :
∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 , un = `,
En effet, si n ≥ n0 , on a un − ` = 0.
Conclusion : Soit ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que si n ≥ n0 alors |un − `| < ε.
Exemple. Soit (un )n∈N la suite définie par un = (−1)n . La suite (un )n∈N ne converge
pas.
2 = |1 − ` + 1 + `| ≤ |1 − `| + |1 + `| < 1 + 1 = 2,
∀n ≥ n0 , ` − 1 < un < ` + 1.
En notant
b = max {|u0 |, |u1 |, . . . , |un0 − 1|, ` + 1} , a = min {−|u0 |, −|u1 |, . . . , −|un0 − 1|, ` − 1} ,
on conclut : ∀n ∈ N, a ≤ un ≤ b. ♦
Proposition 4.2.3. Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites convergeant respectivement
vers ` et `0 alors pour tout λ, µ ∈ R la suite de terme général λun + µvn converge vers
λ` + µ`0 et la suite de terme général un vn converge vers ``0 .
Si en outre ` 6= 0, alors la suite inverse de terme général u1n est définie à partir d’un
certain rang et converge vers 1` .
Démonstration :
• Soient λ, µ ∈ R, on a la majoration suivante :
Soit ε > 0. Ccomme limn→+∞ un = ` il existe n1 ∈ N tel que si n ≥ n1 alors |un − `| < ε.
Comme limn→+∞ vn = `0 il existe n2 ∈ N tel que si n ≥ n2 alors |vn − `| < ε. Posons
n0 = max{n1 , n2 } si n ≥ n0 , on a alors
Conclusion : Soit ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que si n ≥ n0 alors |λun +µvn −(λ`+µ`0 )| < ε.
24 CHAPITRE 4. LES SUITES RÉELLES
|`| |`|
− < |un | − |`| d’où < |un |
2 2
La suite inverse est donc définie à partir du rang n1 .
Par ailleurs, si n ≥ n1 ,
1 1 |un − `| 2
un − ` = |un ||`| ≤ `2 |un − `|
Proposition 4.2.4. Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites convergentes. S’il existe n0 ∈
N tel que pour n ≥ n0 on aie un ≤ vn , alors limn→+∞ un ≤ limn→+∞ vn .
Théorème 4.3.1 (dit des gendarmes). Soient trois suites réelles (un )n∈N , (vn )n∈N et
(wn )n∈N telles que :
un − ` ≤ wn − ` ≤ vn − ` avec n ≥ n0
4.3. CRITÈRES DE CONVERGENCE 25
∀n ≥ n3 , −ε < un − ` ≤ wn − ` ≤ vn − ` < ε
Une suite (un )n∈N est strictement croissante (resp. strictement décroissante si :
Théorème 4.3.2. Toute suite (un )n∈N croissante et majorée (resp. décroissante et mi-
norée) converge vers ` = sup{un ; n ∈ N} (resp. ` = inf{un ; n ∈ N}).
Démonstration : Soit (un )n∈N une suite croissante majorée. On peut considérer ` =
sup{un ; n ∈ N} car l’ensemble {un ; n ∈ N} est une partie non vide et majorée de R par
hypothèse. On a : ∀n ∈ N, un ≤ ` car ` est un majorant de {un ; n ∈ N}. De plus, si ε > 0,
d’après la caractérisation du sup il existe n0 ∈ N tel que ` − ε < un0 . Mais la croissance
de la suite (un )n∈N implique si n ≥ n0 , un0 ≤ un et ` − ε < un0 ≤ un .
Conclusion : Soit ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que si n ≥ n0 , ` − ε < un ≤ ` < ` + ε. On a
donc limn→+∞ un = `. ♦
Exemple. Soit r ∈ [0, 1[, étude de la suite (un )n∈N définie par un = rn .
Démonstration : La suite (un )n∈N est positive et décroissante car comme 0 ≤ r < 1 on
a un r ≤ un ou un+1 ≤ un . Elle est donc convergente, soit ` sa limite. La suite de terme
général vn = un+1 converge aussivers `. Comme vn = run d’après les opérations sur les
limites, on a : ` = r`.Comme r 6= 1 on conclut que ` = 0. ♦
Définition 4.3.2. Deux suites (un )n∈N et (vn )n∈N sont adjacentes si elles vérifient les
trois conditions suivantes :
1. (un )n∈N est croissante
2. (vn )n∈N est décroissante
3. limn→+∞ (vn − un ) = 0
26 CHAPITRE 4. LES SUITES RÉELLES
Théorème 4.3.3. Si deux suites (un )n∈N et (vn )n∈N sont adjacentes alors elles convergent
vers la même limite ` et on a :
∀n ∈ N, un ≤ ` ≤ vn
Démonstration : Notons, pour tout n ∈ N : wn = vn − un . La suite (wn )n∈N est
décroissante car
wn+1 − wn = (vn+1 − un+1 ) − (vn − un ) = (vn+1 − vn ) − (un+1 − un ) ≤ 0
Puisque (wn )n∈N est décroissante et de limite 0, on obtient
∀n ∈ N, u0 ≤ un ≤ vn ≤ v0 .
La suite (un )n∈N est donc croissante et majorée donc elle converge vers une limite `.
Comme wn tend vers 0, vn tend aussi vers l. Comme (un )n∈N est croissante et (vn )n∈N
est décroissante de limite `, on a
un ≤ sup uk = ` = inf vk ≤ vn
k∈N k∈N
♦
Exemple. Les suites (un )n∈N∗ et (vn )n∈N∗ définies par
n
X 1 1
∀n ∈ N∗ , un = , vn = un +
k! n.n!
k=0
Exemples. La suite (un )n∈N définie par un = n tend ver +∞ (l’entier n0 > A convient
pour faire la preuve).
Remarque. Une suite qui a pour limite +∞ (resp. −∞) ne converge pas car elle n’est
pas majorée (resp. minorée).
Exemple. La suite (un )n∈N définie par u2n = n et u2n+1 = 0 n’est pas majorée mais n’a
toutefois pas pour limite +∞.
4.4.2 Propriétés
Proposition 4.4.1. Compatibilité avec ≤. Soit (un )n∈N une suite tendant vers +∞.
Pour toute suite (vn )n∈N une suite telle que :
∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 , un ≤ vn ,
on a limn→+∞ vn = +∞.
Proposition 4.4.2. Opérations sur les limites infinies : Soit(un )n∈N une suite ten-
dant vers +∞, alors limn→+∞ u1n = 0.
Si de plus (vn )n∈N est une suite minorée alors limn→+∞ (un + vn ) = +∞.
Si (vn )n∈N est une suite minorée par une constante c > 0 alors limn→+∞ (un vn ) = +∞.
Il faut cependant faire très attention avec les opérations sur les limites infinies
n
Exemple. 1- un = (−1)
n on a limn→+∞ un = 0 mais u1n n’a pas pour limite +∞ ou −∞.
2- un = n vn = −n on a un + vn = 0. Donc limn→+∞ un = +∞, limn→+∞ vn = −∞ et
limn→+∞ un + vn = 0.
3- un = n vn = n1 on a un vn = 1. Donc limn→+∞ un = +∞, limn→+∞ vn = 0 et
limn→+∞ un vn = 1.
28 CHAPITRE 4. LES SUITES RÉELLES
∀n ∈ N, vn+1 ≤ vn .
La suite (vn )n∈N est décroissante et bornée (car (un )n∈N est bor,née) ; elle est donc conver-
gente ; on note ` sa limite.
Construisons mainteant notre suite extraite. Soit N ∈ N, comme ` = lim vn , il existe
n→+∞
p ∈ N tel que si n ≥ p,
1 1
− ε < vn < ` + .
N N
D’après la caractérisation du sup, pour n ≥ p, il existe q ≥ n tel que
1 1
`− < uq ≤ vp < ` + .
N N
On construit alors la fonction φ comme suit : on prend N = 1, p = p(1) associé et on
trouve φ(1) = q ≥ Max(p, 1) tel que
5.1 Généralités
5.1.1 Définitions
Définition 5.1.1. On appelle fonction numérique de la variable réelle toute fonction f
de E vers F avec E et F sous-ensembles de R.
L’ensemble des réels ayant une image est appelé ensemble de définition de f et est
noté D ou Df .
→
− → −
Représentation du graphe Soit un plan muni d’un repère (O, i , j ) (en général
orthonormé). On note C = {M (x, f (x)); x ∈ D}, l’ensemble C est appelé courbe
→
− → −
représentative de f dans le repère (O, i , j ).
5.1.2 Exemples
1- Fonction identité : La fonction
Id : R → R
x 7→ x
1A : R → R
1 si x ∈ A
x 7→
0 si x 6∈ A
29
30 CHAPITRE 5. FONCTIONS, LIMITE D’UNE FONCTION
sh : R → R
ex −e−x
x 7→ 2
ch : R → R
ex +e−x
x 7→ 2
th : R → R
x 7→ shx
chx
∀x ∈ R, ch2 x − sh2 x = 1.
Définition 5.1.3. Si f est définie sur R et s’il existe un plus petit réel T > 0 tel que
pour tout x ∈ R on a f (x + T ) = f (x), on dit que T est la période de f .
2π
Exemple. T = 5 est la période de f (x) = sin 5x D = R.
Proposition 5.1.1. Dans un plan muni d’un repère orthogonal (O,~i, ~j) on note C la
courbe représentative de f : D → R.
1. f est paire si et seulement si C est symétrique par rapport à la droite x = 0.
2. f est impaire si et seulement si C est symétrique par rapport à 0.
3. T est une période de f si et seulement si C est invariante par toute translation de
vecteur kT~i avec k ∈ Z.
5.1.4 Opérations
On note F(D, R)l’ensemble des fonctions définies sur D à valeurs dans R. Soient
(f, g) ∈ F 2 (D, R), λ ∈ R, on définit :
1. La somme de f et de g par : ∀x ∈ D, (f + g)(x) = f (x) + g(x).
2. Le produit de f et de g par : ∀x ∈ D, (f · g)(x) = f (x) · g(x).
3. Le produit de f par le réel λ par : ∀x ∈ D, (λf )(x) = λf (x).
4. Soit D1 = {x ∈ e; g(x) 6= 0}, sur D1 on définit l’inverse de g par : ∀x ∈
1
D1 , g1 (x) = g(x) .
5. Soit D2 = {x ∈ D; g(x) ∈ D}, sur D2 la composée de f et de g par :
∀x ∈ D2 , f ◦ g(x) = f [g(x)].
5.2 Limites
Soit I est un intervalle de R et x0 ∈ I (l’ensemble I n’a pas été définie, on veut dire
par là que x0 est un point de I ou un point du bord de I, ex :I =]a, b] et x0 = a).
5.2.1 Définitions
Définition 5.2.1. Soient f : I → R, on dit que f tend vers ` en x0 si
"On peut rendre f (x) aussi proche que l’on veut de ` à condition de prendre x suffisam-
ment proche de x0 ".
Exemples : 1- Soit f la fonction définie sur R par f (x) = 2x. Montrons lim f (x) = 2.
x→1
Soit x ∈ D1 , on a : |f (x) − 2| = |2x − 2| = 2|x − 1|. Soit ε > 0 et α = 2ε , α > 0 et α
vérifie
ε
∀x ∈ R, |x − 1| < ⇒ |f (x) − 2| < ε.
2
On a donc montré que lim f (x) = 2.
x→1
2- Soit f la fonction définie sur R∗ par f (x) = x sin x1 . Montrons lim f (x) = 0.
x→0
Soit x ∈ D, on a :
1 1
|f (x) − 0| = x sin ≤ |x| sin ≤ |x|.
x x
Soit ε > 0 et α = ε, on a laors tel que :
Limites finies en +∞ (−∞). Soit f une fonction définie sur un intervalle non borné,
I = [b, +∞[ (resp. I =] − ∞, b]). On dit que f tend vers ` en l’infini si :
Limites infinies en +∞ (−∞). Soit f une fonction définie sur un intervalle non borné,
I = [b, +∞[ (resp. I =] − ∞, b]). On dit que f tend vers +∞ en l’infini si
Propriété 5.2.2. Soit f : I → R telle que limx→x0 f (x) = `. Il existe un intervalle ouvert
J centré en x0 tel que f soit bornée sur J ∩ I.
Soit f : [b, +∞[→ R (resp. ] − ∞, b[) telle que limx→+∞ f (x) = ` (resp. limx→−∞ f = `)
avec ` ∈ R. Il existe un intervalle ouvert J =]b0 , +∞[, b0 ≥ b (resp. J =] − ∞, b0 [) tel que
f soit bornée sur J.
lim g ◦ f (x) = L.
x→x0
En résumé :
limx0 f limx0 g limx0 f + g limx0 f g limx0 fg
` 6= 0 +∞ +∞ sgn(`)∞ 0
−∞ `0 6= 0 −∞ sgn(−`0 )∞ sgn(−`0 )∞
+∞ +∞ +∞ +∞ ?
−∞ −∞ −∞ +∞ ?
+∞ −∞ ? −∞ ?
0 +∞ +∞ ? 0
0 −∞ −∞ ? 0
0 0 0 0 ?
Démonstration On applique les théorèmes analogues sur les suites et le Théorème 5.2.1.
♦
Chapitre 6
6.1 Définitions
Définition 6.1.1. Soit f : I → R, la fonction f est continue en x0 si lim f (x) = f (x0 )
x→x0
i.e.
Exemples :
– Les fonctions constantes sont définies et continues sur R.
– La fonction id est continue sur R.
– La fonction sinus est continue sur R. En effet, soit x0 ∈ R, on a
x − x0 x + x0
sin x − sin x0 = 2 sin cos .
2 2
|x−x0 |
Comme sin x−x et cos x+x ≤ 1 on a | sin x − sin x0 | ≤ 2 |x−x 0|
2
0
≤ 2 2
0
2 ≤
|x − x0 | ; d’où
Exemple. Soit E(x) = [x]. La fonction E est continue à droite en 1 car limx→1 E(x) =
x>1
1 = [1]. La fonction E n’est pas continue à gauche en 1 car limx→1 E(x) = 0 et 0 6= [1].
x<1
La fonction E n’est donc pas continue en 1.
37
38 CHAPITRE 6. CONTINUITÉ D’UNE FONCTION NUMÉRIQUE
Exemple. Soient f la fonction définie sur R∗ par f (x) = x sin x1 et g la fonction définie
par g(x) = x sin x1 si x ∈ R∗ et g(0) = 0. La fonction g est le prolongement par continuité
de f en 0.
Démonstration : La même que celle du Théorème 5.2.1 dans laquelle on remplace ` par
f (x0 ). ♦
Exemples :
– Toute fonction polynôme est continue sur R car elle est déduite de x 7→ x et Id par
un nombre fini de multiplications et d’additions.
– Toute fonction rationnelle est continue sur son ensemble de définition.
– La fonction tangente est continue sur son ensemble de définition.
6.5. CONTINUITÉ SUR UN INTERVALLE (PROPRIÉTÉS GLOBALES) 39
L’image d’un intervalle par une fonction continue est donc un intervalle mais il n’est pas
forcément de même nature.
2
1
Remarques. 1 -Soit f la fonction définie sur R par f (x) = x ; considérons I = − 2 , 1 .
Alors f − 2 , 1 = [0, 1] ; les intervalles I et f (I) ne sont pas de même nature. La valeur
1 1 2 1 2 1
16 = 4 = − 4 ; 16 est atteinte 2 fois. - Considérons E(x) = [x], E n’est pas continue
et E ne vérifie pas le théorème des valeurs intermédiaires.
comme f (a) ≤ `, l’ensemble A est une partie non vide et majorée (par b) de R donc A
admet une borne supérieure. Notons x0 = sup A. On a l’inégalité a ≤ x0 ≤ b. Montrons
f (x0 ) = `. On distingue différents cas.
1er cas : x0 = b. Comme x0 = sup A on a : ∀ε > 0, ∃xε ∈ A, b − ε < xε ≤ b.
En particulier on a : ∀n ∈ N∗ , ∃xn ∈ A, b − n1 < xn ≤ b.
Comme limn→+∞ b − n1 = b, d’après le théorème des gendarmes on a limn→+∞ xn = b.
Comme f est continue en b on obtient limn→+∞ f (xn ) = f (b). Puisque xn ∈ A, on a
f (xn ) ≤ ` et limn→+∞ f (xn ) ≤ `. On a montré que f (b) ≤ `. Par hypothèse ` ≤ f (b) on
en déduit f (b) = `.
2ème cas : x0 = a. Pour n assez grand, a + n1 ∈ [a, b]. Comme a + n1 6∈ A, on
a f a + n1 > `. Puisque limn→+∞ a + n1 = a et f est continue en a, on obtient
Corollaire. Soient f : I → R et a et b deux réels de I tels que f (a)f (b) < 0. Si f est
continue sur I alors f s’annule au moins une fois entre a et b.
Théorème 6.5.2. (ADMIS) Soit f : [a, b] → R avec a et b deux réels tels que a < b. Si
f est continue sur [a, b] alors f ([a, b]) = [m, M ] avec m et M réels. De plus f atteint ses
bornes.
40 CHAPITRE 6. CONTINUITÉ D’UNE FONCTION NUMÉRIQUE
On suppose que x0 n’est pas une extrémité de I. Il existe α > 0 tel que ]x0 −α, x0 +α[⊂ I.
Posons ε1 = min α2 , ε . On a x0 −ε1 < x0 < x0 +ε1 . Comme f est strictement croissante,
on a :f (x0 − ε1 ) < y0 < f (x0 + ε1 ). On peut trouver η > 0 tel que f (x0 − ε1 ) < y0 − η et
y0 + η < f (x0 + ε1 ). Si y0 − η < y < y0 + η alors on a :
Exemples.
– La fonction sin : − π2 , π2 → [−1, 1] est continue, strictement croissante. C’est une
bijection de − π2 , π2 sur [−1, 1]. Elle admet une fonction réciproque appelée arcsinus
qui est une bijection strictement croissante et continue de [−1, 1] sur − π2 , P2 .
y = sin
πx π ⇔ x = arcsin y
x ∈ −2, 2 y ∈ [−1, 1]
– La fonction cos : [0, π] → [−1, 1] est continue, strictement décroissante. C’est une
bijection de [0, π] sur [−1, 1]. Elle admet une fonction réciproque appelée arccosinus
qui est une bijection strictement décroissante et continue de [−1, 1] sur [0, π].
y = cos x x = arccos y
⇔
x ∈ [0, π] y ∈ [−1, 1]
π π
– La fonction tan : − 2 , 2 → R est continue, strictement croissante. C’est une bi-
jection de − π2 , π2 sur R.
Elle admet une fonction réciproque appelée π arctangente qui est une bijection stric-
π
tement croissante et continue de R sur − 2 , 2 .
y = tan π π ⇔ x = arctan y
x
x ∈ −2, 2 y ∈ R
6.6. FONCTIONS RÉCIPROQUES 41
f : R+ → R+
– La fonction , n ∈ N∗ , est continue, strictement croissante. C’est
x 7→ xn
une bijection de R+ sur R+ .
Elle admet une fonction réciproque appelée racine nème qui est une bijection stric-
tement croissante et continue de R+ sur R+ .
f: R → R
– Si n est impair est continue, strictement croissante n = 2p + 1.
x 7→ xn
f est bijective de R sur R.
Elle admet une fonction réciproque appelée racine (2p + 1)ème qui est une bijection
strictement croissante et continue de R sur R.
42 CHAPITRE 6. CONTINUITÉ D’UNE FONCTION NUMÉRIQUE
Chapitre 7
Dans ce chapitre, I est un intervalle de R non vide et non réduit à un point et x0 est
un point de I.
43
44 CHAPITRE 7. FONCTIONS NUMÉRIQUES - DÉRIVABILITÉ
sin x 2 h h
Puisque lim = 1 on a lim sin = 1, et comme lim cos x0 + = cos x0 , on en
x→0 x h→0 h 2 h→0 2
déduit
sin(x0 + h) − sin x
lim = cos x0 .
h→0 h
4- De même on montre que la dérivée de x 7→ cosx est la fonction −sinx.
Une fonction est dérivable en un point x0 si et seulement si elle est dŕivable à gauche et
à droite avec des dérivées à gauche et à droite égales.
Interprétation graphique.
– C est la courbe représentative de f : I → R dans un plan muni d’un repère
orthonormé (O,~i, ~j). Si f est dérivable en x0 , alors C admet une tangente en
M0 (x0 , f (x0 )) qui est la droite passant par M0 et de coefficient directeur f 0 (x0 ).
Son équation est : y = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ). Lorsque x tend vers x0 , M tend vers
M0 en restant sur C et la sécante (M0 M ) tend vers la tangente (M0 T ) qui a pour
coefficient directeur f 0 (x0 ).
– Soit ` ∈ {−∞, +∞}, si limh→0 f (x0 +h)−f h
(x0 )
= ` (resp. limh→0 f (x0 +h)−f
h
(x0 )
=`,
h>0
f (x0 +h)−f (x0 )
limh→0 h = `), on dit alors que C admet en M0 (x0 , f (x0 )) une tangente
h<0
(resp. demi-tangente à droite, à gauche) parallèle à l’axe des y.
√ √ √
h− 0 √1
Exemple. Soit f la fonction définie sur R+ par f (x) = x. Si h > 0, on a h = h
1
et lim √ = +∞.
h→0 h
Propriété 7.1.1. Soit f : I → R. Si f est dérivable en x0 alors f est continue en x0 .
Démonstration. On a
f (x) − f (x0 )
f (x) = f (x0 ) + (x − x0 ) .
x − x0
7.2 Opérations
En pratique, on dérive très souvent une fonction en la décomposant en fonctions plus
simples que l’on sait dériver à l’aide des résultats suivants :
Démonstration : On écrit
g(f (x)) − g(f (x0 ) g(f (x)) − g(f (x0 )) f (x) − f (x0 )
= .
x − x0 f (x) − f (x0 ) x − x0
g(y) − g(f (x0 ))
Compte tenu de lim = g 0 (f (x0 ) et des théorèmes sur la limite d’une
y→f (x0 ) y − f (x0 )
composée de fonctions, on obtient
g(f (x)) − g(f (x0 ))
lim = g 0 (f (x0 )).
x→x0 f (x) − f (x0 )
Le théorème sur la limite d’un produit de fonctions donne
g(f (x)) − g(f (x0 )
lim = g 0 (f (x0 )) × f 0 (x0 ).
x→x0 x − x0
♦
46 CHAPITRE 7. FONCTIONS NUMÉRIQUES - DÉRIVABILITÉ
avec k ∈ N.
7.3. DÉRIVÉES SUCCESSIVES 47
♦
48 CHAPITRE 7. FONCTIONS NUMÉRIQUES - DÉRIVABILITÉ
Démonstration : Comme f est continue sur [a, b], on a f ([a, b]) = [m, M ] avec m et M
réels.
Si m = M , f est constante sur [a, b], d’où pour tout c ∈]a, b[ on a f 0 (c) = 0.
Si m 6= M l’une au moins des bornes est atteinte en c, autre que a et b. D’après le
théorème 7.4.1, on a f 0 (c) = 0. ♦
Démonstration : On pose g(x) = f (x) − A(x − a). On choisit A tel que g(b) = g(a).
On a g(a) = f (a) = f (b) − A(b − a) et A = f (b)−f b−a
(a)
. La fonction g est continue sur [a, b],
dérivable sur ]a, b[. D’après le théorème de Rolle, il existe c ∈]a, b[ tel que g 0 (c) = 0.Or
g 0 (x) = f 0 (x) − f (b)−f
b−a
(a)
, on a donc f 0 (c) = f (b)−f
b−a
(a)
.♦
7.4. THÉORÈME DE ROLLE - THÉORÈME DES ACCROISSEMENTS FINIS 49
7.4.4 Applications
Théorème 7.4.4. Soit f : I → R dérivable sur I.
1. f est croissante sur I si et seulement si f 0 ≥ 0 sur I.
2. f est décroissante sur I si et seulement si f 0 ≤ 0 sur I.
3. f est constante sur I si et seulement si f 0 = 0 sur I.
4. si f 0 > 0 sur I (resp. f 0 < 0 sur I) alors f est strictement croissante (resp.
décroissante) sur I.
Démonstration.
– Supposons f croissante sur I et montrons f 0 (x0 ) ≥ 0 avec x0 ∈ I.
On a f (x)−f
x−x0
(x0 )
≥ 0 si x ∈]x0 − α, x0 [ ou si x ∈]x0 , x+ α[, et donc f 0 (x0 ) ≥ 0.
– Supposons f 0 ≥ 0 sur I.
Soit (x1 , x2 ) ∈ I 2 avec x1 < x2 . f est continue sur [x1 , x2 ] et dérivable sur ]x1 , x2 [,
d’après le théorème des accroissements finis, il existe c ∈]x1 , x2 [ tel que :
Intégration
Dessin.
Cette définition de l’intégrale d’une fonction continue n’est pas rigoureuse ne serait-
ce que parce qu’il existe des fonctions continues s’annulant une infinité de fois sur un
51
52 CHAPITRE 8. INTÉGRATION
segment (x 7→ x sin x1 sur [0, 1] par exemple). Ceci dit, il est bon de comprendre le lien
On dit alors que la fonction f est intégrable au sens de Riemann. On peut montrer que les
fonctions continues sont intégrables au sens de Riemann et on s’en convainc aisément pour
une fonction positive : un rapide dessin montre que Rn est la somme des aires de rectangles
qui approchent le domaine considéré ci-dessus ; en prenant n de plus en plus grand, la
somme de Riemann approche de mieux en mieux l’aire de ce domaine. Cependant il existe
des fonctions intégrables au sens de Riemann qui ne sont pas continues : les fonctions
continues sauf en un nombre fini de points en sont un exemple.
Z a Z b Z a
Par convention, on pose f (t)dt = − f (t)dt. et on a f (t)dt = 0.
b a a
L’intégrale a les propriétés fondamentales suivantes, propriétés que nous ne démontrerons
pas mais qu’il sera bon de comprendre en termes d’aire.
Proposition 8.1.1. 1- Relation de Chasles : Soit f une fonction continue sur [a, b]
alors pour tout c ∈]a, b[ on a
Z c Z b Z b
f (t)dt + f (t)dt = f (t)dt.
a c a
Z b
2- Positivité : Si f est continue et positive sur [a, b], f (t)dt ≥ 0.
a
3- Linéarité : Si f, g sont continues sur [a, b] et si λ, µ ∈ R,
Z b Z b Z b
(λf (t) + µg(t)) dt = λ f (t)dt + µ g(t)dt.
a a a
2- Formule de la moyenne : Soit f une fonction continue sur [a, b], il existe c ∈ [a, b]
telsque
Z b
f (t)dt = (b − a)f (c).
a
avec c(x) ∈ [x, x0 ]. On a donc lim c(x) = x0 et lim f (c(x)) = f (x0 ) par la continuité
x→x0 x→x0
de f . D’où
F (x) − F (x0 )
lim (F (x) − F (x0 )) = 0, lim = f (x0 ).
x→x0 x→x0 x − x0
♦
Définition 8.2.1. Soit I un intervalle de R et f, F deux fonctions définies sur I. On dit
que F est une primitive de f si F est dérivable sur I et F 0 = f sur I.
Corollaire. Soit f une fonction continue sur un intervalle I de R.
1. f admet au moins une primitive F sur I.
2. f admet une et une seule primitive s’annulant en a ∈ I, alors :
Z x
∀x ∈ I, G(x) = f (t)dt.
a
Démonstration
Rx
1. Soit a ∈ I et F (x) = a f (t)dt, la fonction F est une primitive de f sur I.
2. Soit G une primitive de f sur I alors G0 −F 0 = 0. Comme I est un intervalle d’après
le théorème des accroissements finis on a : ∀x ∈ I, G(x) − RF (x) = C avec C ∈ R.
x
C = G(a) − F (a) = G(a) et on a : ∀x ∈R I, G(x) = G(a) + a f (t)dt.
x
G(a) = 0 équivaut à : ∀x ∈ I, G(x) = a f (t)dt.
♦
1
Exemple. Le logarithme népérien est la primitive de f : x 7→ x qui s’annule en x = 1.
Z x
dt
ln x =
1 t
x = u (t)
↑ ↑ .
ancienne variable nouvelle variable
On écrit dx = u0 (t)dt.
♦
8.3. MÉTHODES DE CALCUL D’INTÉGRALES 55
R1√
Exemple. Calcul de 0 1 − x2 dx. On pose x = sin t = u(t) on a u0 (t) = cos t
Si t = 0 alors x = 0.
Si t = π2 alors x = 1.
π π
Z 1p Z sin 2 p Z
0 p
1− x2 dx = 2
1 − x dx = 1 − sin2 t cos tdt
0 sin 0 0
Z π Z π
2 2
= | cos t| cos tdt = cos2 tdt
0 0
Z π π
2 1 + cos 2t t sin 2t 2 π
= dt = + = .
0 2 2 4 0 4
Développements limités
(b−a)n+1
Un tel réel A existe car (n+1)! 6= 0. On pose
Grâce aux hypothèses, g est continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. On constate que
g(b) = 0, et g(a) = 0 (par définition de A). D’après le théorème de Rolle, il existe c ∈]a, b[
tel que g 0 (c) = 0. Par ailleurs un calcul montre que :
(x − x0 ) 0 (x − x0 )n (n)
∀x ∈ I, f (x) = f (x0 ) + f (x0 ) + · · · + f (x0 ) + (x − x0 )n ε(x).
1! n!
Remarque. Si f est C ∞ sur I alors la formule est valable pour tout n ∈ N.
57
58 CHAPITRE 9. DÉVELOPPEMENTS LIMITÉS
Attention ! L’ordre d’un développement limité se lit sur le reste (la fonction ε ou le
"o") et non sur le degré du polynôme. Par exemple Si f (x) = 1 + x alors pour tout n ≥ 1,
f admet un développement limité en 0 à tout ordre donné par f (x) = 1 + x + 0(xn ).
Théorème. Soit f :]a, b[→ R avec a et b deux réels tels que a < 0 < b. Si f est de classe
C n sur ]a, b[ alors f admet un développement limité en 0 et on a :
f 00 (0) 2 f n (0) n
∀x ∈]a, b[, f (x) = f (0) + f 0 (0)x + x + ··· + x + o(xn ) en 0.
2! n!
9.3. DÉVELOPPEMENTS LIMITÉS EN 0 DE FONCTIONS USUELLES. 59
2 4 x2n
4. cos x = 1 − x2 + x4! + · · · + (−1)n (2n)! + o(x2n ).
5. ∀α ∈ R, (1 + x)α = 1 + αx + α(α−1) 2! x2 + · · · + α(α−1)...(α−n+1)
n! + o(xn ).
1 2 + x3 + · · · + xn + o(xn ).
6. 1−x = 1 + x + x
1 2 3 n n n
7. 1+x = 1 − x + x − x + · · · + (−1) x + o(x ).
la formule souhaitée.
4- On montre 4 de manière analogue à 3.
5- Soit α ∈ R, la fonction fα (x) = (1 + x)α est de classe C ∞ sur ] − 1, +∞[, et une
récurrence immédiate montre :
∀n ∈ N, ∀x ∈] − 1, +∞[, fα(n) (x) = α(α − 1) . . . (α − n + 1)(1 + x)α−n
(n)
On en déduit fα (0) = α(α − 1) . . . (α − n + 1) et :
α(α − 1) 2 α(α − 1) . . . (α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + αx + x + ··· + x + o(xn ) en 0.
2! n!
6- et 7- sont des conséquences de 5. ♦
On a donc
avec ε(x) = ε1 (x) + ε2 (x), d’où limx→0 ε = 0. d’où le 1. On obtient de même le 2. Enfin,
on écrit
n i
!
X X
f g(x) = ak bi−k xi
i=0 k=0
+an x (b1 x + · · · + bn xn ) + an−1 xn−1 (b2 x2
n
+ · · · + bn xn ) + · · · + a1 x(bn xn )
+xn (ε1 (x)g(x) + ε2 (x)(a0 + · · · + an xn ))
= Pn (x) + xn ε(x)
Pn Pi
i
avec Pn (x) = i=0 k=0 k i−k x et lim ε(x) = 0. La fonction f g admet donc un
a b
x→0
développement limité en 0. ♦
Remarque. Soit f :]a, b[→ R continue sur ]a, b[, avec a et b deux réels tels que a < 0 < b.
Si f admet un développement limité à l’ordre n en 0 et
f (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn + o(xn )
alors on a :
x
x2 xn+1
Z
∀x ∈]a, b[, f (t)dt = a0 x + a1 + · · · + an + o(xn+1 ).
0 2 n+1
x3
sin x = x − + x3 ε1 (x),
6
u2 u3
eu = 1 + u + + + u3 ε2 (u),
2 6
avec
lim ε1 (x) = lim ε2 (x) = 0.
x→0 x→0
9.4. PROPRIÉTÉS DES DÉVELOPPEMENTS LIMITÉS 61
On obtient
3
x3 x3
sin x 3 1 3
e = 1+ x− + x ε1 (x) + x− + x ε1 (x)
6 2 6
3
x3 x3
+ x− + x3 ε1 (x) ε2 x − + x3 ε1 (x)
6 6
x 3 1 1
= 1+x− + (x2 + o(x3 )) + (x3 + o(x3 )) + o(x3 )
6 2 6
En effet 3
x3 x3
3
x− + x ε1 (x) ε2 x − + x ε1 (x) = x3 ε(x)
3
6 6
avec limx→0 ε(x) = 0. On a donc obtenu
x2
esin x = 1 + x + + o(x3 ).
2
Dans tout ce qui suit, les fonctions ε tendent vers 0 lorsque x tend vers 0. On a
1 x3 x2
= 1 − u + uε0 (u), sin x = x − + x3 ε1 (x) et cos x = 1 − + x3 ε2 (x).
1+u 6 2
On en déduit
1 1
= x2
cosx 1− 3
2 + x ε2 (x)
2 2 2 2 2 2
x 3 x 3 x 3 x 3
= 1 − − + x ε2 (x) + − + x ε2 (x) + − + x ε2 (x) ε0 − + x ε2 (x)
2 2 2 2
x 2
= 1+ + x3 ε4 (x)
2
On obtient donc
x3 x2
3 3
tan x = x− + x ε1 (x) 1+ + x ε4 (x)
6 2
x3 x3
= x+ − + x3 ε5 (x)
2 6
On obtient donc
x3
tan x = x + + o(x3 ).
3