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PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T

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Effondrement de murs
de soutènement en maçonnerie
La stabilité des murs de soutènement en maçonnerie (blocs de béton, briques pleines,
pierres, béton banché non armé) est assurée par leur propre poids.
Une épaisseur insuffisante de la paroi, une mauvaise évacuation des eaux
de ruissellement sont cause de nombreux effondrements.

Un sol courant pèse ainsi entre 1,6 et 1,8 tonne au m3, et, bien
entendu, plus cette densité est élevée, plus le sol pousse.

• Le second, plus difficile à apprécier avec certitude, porte le


nom “d’angle de frottement interne” du sol. Il représente la
façon dont les grains constitutifs de ce sol agissent les uns
sur les autres pour conférer au massif une stabilité propre
plus ou moins grande. On peut ainsi se faire une idée de ce
critère en relevant l’angle que fait avec le plan horizontal un
tas de matériaux “pulvérulents”, sable ou gravillons, déversés
librement à terre, et qui s’échelonne, en gros, de 25 à 45°.

A ce titre, un sol exerce une poussée d’autant plus forte qu’il


possède un tel angle de faible valeur, et, à l’inverse, un massif
quasi rocheux n’exercera pratiquement aucune poussée. De
plus, il convient de souligner qu’une faible variation de cet
angle est susceptible d’un fort écart d’intensité de la poussée.

Il y a lieu d’ajouter l’incidence de la “cohésion”, quand le mas-


sif est argileux. Celle-ci peut en effet réduire notablement la
poussée globale, sous réserve que le sol reste suffisamment
sec. On peut observer des massifs d’argile pure présentant
Les effondrements de murs sont souvent précédés des aplombs stables de plusieurs mètres de hauteur.
d’importantes fissurations de la paroi.
Les sols “réels” étant habituellement des mélanges, ces
caractéristiques, “intrinsèques” à un sol donné, et liées par
ailleurs à sa teneur en eau naturelle, ne sont quantifiables
qu’à partir d’essais de labo spécifiques.

I l s’agit ici de petits ouvrages annexes de pavillons, desti-


nés au maintien de massifs de terre de faible hauteur (entre
Une hypothèse simple
permet un calcul de la poussée
Le calcul de la poussée repose sur un ensemble de principes
1 et 2 m en général). Ils sont constitués de parois peu théoriques, trop complexes pour être abordés ici, et à propos
épaisses en “moellons” (pierres de petites dimensions) ou en desquels nous citerons la seule hypothèse, simplificatrice,
blocs de béton, fondées à l’aide de semelles en béton mais toujours utilisée, du physicien français COULOMB (1736-
ancrées dans le sol à faible profondeur. 1806). Selon celle-ci, le mur mis en charge subit d’abord un
léger déplacement en tête, provoquant la formation d’un tri-
Les désordres susceptibles d’affecter ces ouvrages peuvent angle de terre indépendant du reste du massif, qui constitue
en fait se limiter à des fissures, accompagnées ou non de ensuite l’unique élément actif de l’effort (v. schéma).
déformations dans le plan du mur (on dit “qu’il fait le ventre”).
Dans les cas sérieux, on assiste au basculement d’une partie Pratiquement, cette action, qui s’exerce sur toute la hauteur
de la paroi ou, pire, au renversement de l’ensemble du mur. du mur, peut alors se traduire par l’application d’une force
Ces défaillances ont, bien entendu, des origines diverses, en horizontale - dite résultante de poussée - au tiers inférieur de
rapport avec des erreurs de dimensionnement de l’ouvrage la paroi. Sa valeur est fonction, en sus des paramètres ci-
ou des fautes dans sa réalisation, mais dans tous les cas, dessus indiqués, du carré de la hauteur de terre à soutenir.
deux sources principales de déboires se dégagent : la pous-
sée de la terre et l’action de l’eau. L’origine des situations pathologiques évoquées tient le plus
souvent à une sous-estimation de la valeur de la poussée,
La poussée de la terre est délicate à apprécier ainsi :
Deux paramètres spécifiques sont primordiaux :
a) Dans le cas du renversement
• Le premier est la “densité” du sol retenu, c’est-à-dire le poids Comme le montrent les schémas, il s’agit d’un simple pro-
d’un volume unité de ce sol, aisément connaissable en labo. blème de composition de forces, sous réserve que le mur
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Schéma simplifié des sollicitations d'un mur-poids
CAS DE
BASCULEMENT
DE PAROI

Barbacane
Barbacane
TRIANGLE
DE COULOMB Efforts dus
t
en Joint de à la terre
Résultante em Résultante mortier
s
lis

ÀÀ
;;
@@
€€ ÀÀ
;;
@@
€€ ÀÀ
;;
@@
€€
de poussée de poussée “faiblard”
deg
ne
“Tiers central” Lig

;;
@@
€€
ÀÀ ;;
@@
€€
ÀÀ ;;
@@
€€
ÀÀ
BASCULEMENT

Diagramme
des contraintes
␴m sur le sol Angle de frottement interne

␴M

Poids de Poids de
l’ouvrage l’ouvrage ␦
Le massif sera stable si : ␦ ≤ ␸
Résultante
générale

soit suffisamment raide dans son ensemble - maçonnerie Un autre risque de désordre se présente quand des eaux de
“chaînée” et bien solidaire de la semelle : ruissellement viennent s’accumuler derrière la paroi que l’on
• une force horizontale agissante, la poussée, n’a pas munie des “barbacanes” destinées à leur évacua-
• une force verticale stabilisatrice, engendrée par le poids de tion, ou après la reprise de joints dégradés et… fuyards, d’un
l’ouvrage… vieux mur.
qui admettent une résultante…
En conclusion, il apparaît que ce type de construction ne
Ces forces ont une résultante qui traverse le plan de contact possède pas toujours la simplicité que lui prêtent certains
semelle-sol en un point qui peut se situer dans l’une des trois peu informés des subtilités techniques des sols. La
positions suivantes : connaissance de la résultante de poussée exige souvent
1. A l’intérieur d’une zone dite “du tiers-central”, il n’existe une analyse minutieuse du site concerné et de la nature
aucun risque de renversement. exacte du matériau “terre” que l’on entend lui faire soutenir.
2. Hors de cette zone, tout en restant dans la semelle, tout
dépend alors de la “déformabilité” du sol portant (c’est, par
exemple, le cas de la tour de Pise). Le mur peut être victime La leçon que l’on peut en tirer est qu’un mur de sou-
d’un basculement limité (mais parfois évolutif), par tassement tènement, même de proportions modestes, ne doit
différentiel entre les deux bords de la semelle. pas être regardé comme un vulgaire “mur de clôture”.
3. Enfin, à l’extérieur de la semelle, il y a alors un risque direct Il doit assurer une fonction structurelle précise, basée
de basculement autour de l’arête aval de celle-ci, ce qui sur des critères proches de ceux régissant les fonda-
revient à dire que la valeur de la poussée est trop élevée pour tions. Il requiert, de ce fait, les mêmes précautions et,
que l’équilibre “statique” de l’ouvrage soit assuré. au besoin, les mêmes études par des techniciens
avertis.
b) Dans le cas du basculement d’un pan de paroi
Il s’agit d’un problème de flexion propre à cette paroi, qui
fonctionne comme une console verticale (mais il faut pour
cela que la semelle soit bien “ancrée” dans le sol). Etant
constituée de blocs rigides superposés et collés entre eux
par une mince couche de mortier, elle peut présenter au droit
d’un lit de mortier un défaut de résistance entraînant un arra-
chement côté amont, et donc un renversement vers l’aval
d’un morceau de mur (voir schéma). 9, boulevard Malesherbes
75008 Paris
L’action de l’eau
L’oubli de l’action de l’eau est bien souvent une cause de sinistre !

En effet, si le sol baigne dans l’eau (cas d’une “nappe phréa- 114, avenue Émile Zola
Michel HOUEIX

tique”), il voit sa densité diminuer, et la poussée de terre dimi- 75739 Paris Cedex 15
nue donc d’autant, mais il convient de ne pas oublier d’ajou-
ter celle de l’eau… et l’on n’est pas gagnant… R EPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION DES ÉDITEURS

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