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Rapport de mission
Octobre 2004
A préciser que les photos illustrant le présent rapport demeurent l’entière propriété de leurs auteurs. L’utilisation
de ces dernières ne pourra être faite sans leur accord préalable.
SEMROUD R.(1), BELBACHA S.(2), DUPUY DE LA GRANDRIVE R.(3) & FOULQUIE M.(3), 2004.
Faisabilité d’une extension marine du Parc National d’El Kala – Algérie. Rapport de mission. UNEP-MAP /
CAR-ASP / ATEN / PNEK , Fr., 1-68.
(1) : Laboratoire Environnement Aménagement et Ecosystèmes Littoraux - Institut des sciences de la Mer
et de l'Aménagement du Littoral - Villa n°4 - Plage Ouest-Sidi Fredj, BP. 54, Staoueli – Alger - Algérie
(2) : Club Scientifique de Plongée de Constantine – Cité UV3, n°10 Sigi-Amar – Annaba - Algérie
(3) : Atelier Technique des Espaces Naturels (ATEN), 2 place Viala – 34060 Montpellier - France
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 2
SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………..………………………………………..………..6
1. GENERALITES SUR LA ZONE CÔTIERE DU PNEK……………….…………..………7
1.1 Cadre physique…………………………………………………………...………..……….7
1.2 Hydrologie de la zone……………………………………………………..……..………...8
1.3 Qualité des eaux…………………………………………………………..…………..……8
1.4 Données bibliographiques………………………………………………...…………..……9
2. MATERIEL ET METHODES………………………………………………………..……..9
2.1 Observations générales...………………………………………………….…………..….12
2.1.1 Transects…………………………………………………………………………..……12
2.1.2 Le trottoir……………………………………………………...……………………..…12
2.1.4 Les récoltes sauvages………………………………………………………………..….12
2.1.3 La notion de paysage…………………………………………………….………..…….12
2.2 L’herbier à Posidonia oceanica (L.) Delile…………………………….…………..…….12
2.3 Relevés ichtyologiques……………………………………………………………..…….12
3. DISTRIBUTION DES COMMUNAUTES MARINES DU PNEK………..………..……13
3.1 L’Etage Supralittoral…………………………………………………….……………..…13
3.2 L’Etage Médiolittoral…………………………………………………………………..…13
3.3 L’Etage Infralittoral…………………………………………………………………..…..14
3.3.1 Les peuplements photophiles et hémisciaphiles……………………………………..…14
3.3.2 Les peuplements sciaphiles………………………………………...………………..….18
3.3.3 Végétation annuelle des laisses de mer des côtes méditerranéennes….….…………….19
3.4 L’Etage Circalittoral……………………………………………………………....…..….20
4. DESCRIPTION ET PHYSIONOMIE GENERAL DES FONDS……………………..….28
5. LES PEUPLEMENTS, LES PAYSAGES ET LES ESPECES REMARQUABLES…..…29
5.1 Les peuplements marins remarquables………………………………………..………….29
5.1.1 L’herbier de Posidonies……………………………………………………..………….29
5.1.2 Le coralligène…………………………………….…………………………..…………30
5.1.3 Les forêts de Cystoseires……………………………………………………..…………31
5.1.3.1 A Cystoseira stricta (Montagne) Sauvageau………………………………..………...31
5.1.3.2 A Cystoseira sedoides (Desfontaines) J. Agardh…………………………..………....32
5.1.3.3 A Cystoseira spinosa Sauvageau…………………………………………..…….……33
5.1.3.4 A Cystoseira zosteroides (Tuner) C. Agardh………………………………..………..33
5.2 Les paysages sous-marins………………………………………………………..……….34
5.2.1 Généralités……………………………………………………...……………..………..34
5.2.1.1 Les étendues sableuses……………………………………………………..…………34
5.2.1.2 Les prairies de posidonies……………………………………………………..……...34
5.2.1.3 Les éboulis et les chaos…………………………………………………….…………34
5.2.1.4 Les enrochements artificiels……………………………………………….………….35
5.2.2 Les paysages marins remarquables du PNEK………………..………….….…………..35
5.2.2.1 Le récif-barrière à Posidonie………………………………………….…….………...35
5.2.2.2 La forêt à Dictyopteris membranacea…………………………………….….……….37
5.2.2.3 Le trottoir algaire ou encorbellement à Corallina elongata……………….….……...37
5.2.2.4 La moulière naturelle…………………………………………………………..……..39
5.3 Les espèces avec statut particulier et espèces vulnérables………………………..………40
5.3.1 Les espèces cibles……………………………………………………………….….…..41
5.3.1.1 Le mérou brun - Epinephelus marginatus (L.), 1758…………………….…...…..….41
5.3.1.2 Le corb – Sciaena umbra………………………………………………………..…...42
5.3.1.3 Le corail rouge - Corallium rubrum (L., 1758)…………………………………..…..42
5.3.2 Autres espèces remarquables………………………………………………………..….45
5.3.2.1 L’oursin diadème - Centrostephanus longispinus Philippi, 1845………………….....45
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 3
5.3.2.2 La grande nacre - Pinna nobilis Linné, 1758……………………………………..…..46
5.3.2.3 La nacre épineuse - Pinna rudis Linné, 1758…………………………………….......46
5.3.2.4 La gorgone orange – Lophogorgia ceratophyta…………………………………..….47
6. NOTES SUR LE PHOQUE MOINE, LES TORTUES MARINES ET LES CETACES DU
PARC NATIONAL D’EL KALA……………………………………………….………..….48
6.1 Le phoque moine de Méditerranée - Monachus monachus (Hermann), 1779………...….48
6.1.1 Statut………………………………………………………………………………….....48
6.1.2 Les données des missions 2004………………………………………………………....48
6.1.3 Causes du déclin………………………………………………………….…………......51
6.1.4 Perspectives de protection et de gestion…………………………………….……….....51
6.2 Les tortues marines…………………………………………………………………….....52
6.3 Les cétacés……………………………………………………………………………..…55
6.3.1 Statuts…………………………………………………………………………………...55
6.3.2 Les données des missions 2004…………………………………………………….......56
6.3.3 Quelques pistes à court terme…………………………………………………………..57
7. NOTE COMPLEMENTAIRE SUR LA LISTE DES OISEAUX OBSERVES EN MER….….....57
8. APPROCHE DESCRIPTIVE ET CRITERES D’EVALUATION……………………......58
8.1 Les principaux milieux physiques……………………………………………….……..…58
8.2 L'habillage des milieux………………………………………………………....………...59
8.3 Les facteurs liés à la perception par le plongeur………………………………….……....60
8.4 Paysage sous-marin et caractérisation écologique des masses d’eau……………….…....60
8.5 Propositions d’indice paysagers, biologiques et patrimoniaux……………………….......61
9 CONCLUSIONS…………………………………………….…………………………..…62
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………………………………...…………...64
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 4
PREAMBULE
Dans le cadre du Projet régional pour le développement d'Aires Marines Protégées
dans la région méditerranéenne (Projet MedMPA), une étude est entreprise dans le but
d'élaborer un plan de gestion de la partie marine du Parc National d'El Kala (PNEK).
En effet, la zone côtière marine du Parc National d'El Kala présente la particularité de
combiner, dans un étage bioclimatique humide, l’interface d’un écosystème forestier, lacustre
et marin. Elle comprend une richesse faunistique et floristique exceptionnelle : grandes
roselières entrecoupées d’aulnaies, macrophytes, espèces boréales et tropicales, Poule sultane,
Fuligule morillon, Foulque macroule et autres espèces avicoles nicheuses ou migratrices.
La partie sous-marine est aussi d’une richesse remarquable : herbiers de Posidonies,
coralligène, fonds corallifères, espèces remarquables (mérou, grande nacre, oursin diadème et
algues endémiques) (Chalabi et al., 2002 ).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 5
INTRODUCTION
La situation géographique des côtes algériennes à l’échelle de la Méditerranée et leur diversité
climatique, font qu’elles comprennent de nombreux sites d’intérêt stratégique, au point de vue
écologique : espèces-clés des paysages sous-marins, espèces remarquables, espèces rares,
espèces symbole, communautés remarquables, paysages remarquables, typologie des
paysages sous-marins remarquables, tracé des « fly-ways » Europe Afrique.
Parmi ces pôles de diversité biologique la région d'El kala se place en première place.
La zone côtière marine d’El Kala au nord-est du pays, classée Réserve de la Biosphère par
l’UNESCO, présente la particularité de combiner, dans un étage bioclimatique humide,
l’interface d’un écosystème forestier, lacustre et marin. Elle comprend une richesse
faunistique et floristique exceptionnelle : grandes roselières entrecoupées d’aulnaies,
macrophytes, espèces boréales et tropicales, Poule sultane, Fuligule morillon, Foulque
macroule, et autres espèces avicoles, nicheuses ou migratrices. La partie sous-marine est aussi
d’une richesse remarquable : herbiers de Posidonies, coralligène, fonds corallifères, espèces
remarquables : le mérou, la grande nacre, l'oursin diadème et les algues endémiques (Chalabi
et al., 2000).
Le Parc National a été créé par décret n°83-462 du 23 juillet 1983, couvre une superficie de
76 438 ha et abrite une population estimée à 87 000 habitants. Sa création est justifiée par
l'existence d'une association d'écosystèmes originaux, d'une richesse écologique inestimable
qui lui donne par conséquent un cachet particulier, caractéristique des zones humides dont
l'ensemble et la diversité constituent un complexe considéré comme unique dans le bassin
méditerranéen.
Le PNEK est intégralement inclus dans la Wilaya d'El Tarf dont il occupe un tiers de la
superficie, ses limites administratives sont dans l'ensemble celles de la daira d'El Kala.
Localisé à l'extrême nord-est algérien, le parc est limité à l'Est par la frontière algéro-
tunisienne, au Nord par le mer Méditerranée, à l'Ouest par la plaine alluviale d'Annaba et au
Sud par les contreforts des monts de la Medjerda.
Si la partie terrestre du PNEK semble avoir été prise en charge depuis sa création, il n’en
demeure pas moins que la frange côtière, et l'unité marine en particulier, sont restées à ce jour
ignorées et ce malgré un certain nombre d'actions programmées par le passé qui n'ont pas
abouti à l'objectif escompté.
L'extension du Parc National d'El Kala au domaine maritime est une nécessité absolue. La
présente étude à pour objectif de caractériser les principaux paysages, habitats naturels sous-
marins et les biocénoses marines qui constituent cette unité afin de donner les éléments
nécessaires à sa mise en œuvre.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 6
1. GENERALITES SUR LA ZONE CÔTIERE DU PNEK
1.1 Cadre physique
La région d'El Kala, située à la frontière algéro-tunisienne, abrite un parc national (PNEK). La
partie marine du parc, objet de la présente étude se situe entre les caps Segleb à l'Est et Rosa à
l'Ouest.
D'une manière générale, la région est caractérisée par un plateau continental côtier ou zone
pré-littorale restreinte, s'étendant de la côte à l'isobathe 150 m (Leclaire, 1972). Il se
caractérise par la présence importante de bancs, hauts-fonds, plateau (platier de cap Rosa) des
roches isolées ou des ensembles rocheux complexes (dans la majeure partie de la de la zone)
et prolongement sous-marins (cap Segleb).
La zone côtière du Parc National d'El kala concerne un linéaire de 40 km. Cette bande côtière
est essentiellement constituée par des côtes rocheuses, criques et anses où sont localisés les
plages sableuses de la région. La zone côtière majoritairement constituée de substrat dur est
caractérisée par une côte découpée, prolongée en récifs, îlots, écueils et falaises, traduisant un
milieu physiquement diversifié (morphologie terrestre, littorale et sous-marine). Le reste est le
domaine des plages et des cordons dunaires qui dominent dans les secteurs de la lagune d’El
Mellah et de la Messida.
On distingue d’Est en Ouest de ce linéaire côtier une succession de caps et de baies plus ou
moins profondes.
• Le cap Segleb avec un prolongement sous-marin réduit, marquant la limite Est de
la région d'El Kala ou de la côte Est algérienne;
• Les caps M'Zara et El Alem dans la partie centrale;
• Le cap Rosa marquant la limite entre le golfe d'Annaba et le secteur d'El Kala-la
Galite. Il présente un prolongement constituant un plateau important jusqu'à une
profondeur de 70 mètres (Leclaire, 1972).
Aux criques et anses sablonneuses font suite des fonds sableux comme dans les secteurs du
Grand Canier, lac Mellah, d'El Kala et de la Messida en particulier.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 7
L'étude de la nature et de la répartition du substrat dans la zone cap Rosa - cap Segleb permet
d'identifier deux types et quatre grands faciès sédimentaires (Alcyona I, 1996) :
• Les fonds meubles constitués par les sables, les graviers et les vases,
• Les fonds durs correspondant aux roches.
Les sables occupent les petits fonds côtiers, en général la bordure littorale (0-50 m de
profondeur). Ils correspondent aux sables fins purs jusqu'à 25 m de profondeur, aux sables
fins envasés entre 25 et 50 d profondeur. Les fonds sableux présentent très souvent des
affleurements rocheux dans la zone.
Les graviers et sables grossiers sont souvent observés. Ces sédiments sont localisés au tour et
à proximité immédiate des fonds rocheux ou des affleurements du substratum.
Dans l'ensemble, les faciès de graviers et/ou de sables grossiers se trouvent au niveau des
plateaux sous-marins et des platiers; ils comblent en général les chenaux ou espaces existants
entre les affleurements rocheux ou bien les massifs rocheux sous-marins.
Les substrats durs ou affleurements rocheux sont principalement localisés dans le
prolongement des caps, dans la zone côtière ou bordure littoral, au pied des falaises. Les fonds
rocheux sont de nature complexe et tourmentés ; ils se juxtaposent ou se superposent aux
autres faciès sédimentaires
Du point de vue de l'hydrologie de la région, on peut retenir que la forme de la baie d'El Kala
indique que les courants, normaux à la côte, ont une orientation variable (Alcyona I, 1996) :
d'orientation Sud-Ouest vers le cap Rosa, les courants tournent vers le Sud à proximité d'El
Kala et près de la frontière tunisienne. L’orientation et la vitesse des courants dépendent en
principe de celles des vents dominants, en provenance du Nord et du Sud-Ouest.
La mer souvent agitée dans ce secteur favorise la prédominance des milieux de mode battu ;
cependant, quelques zones relativement abritées peuvent accueillir des milieux de mode
calme.
Les teneurs en nutriments (nitrates et phosphates essentiellement) sont très faibles comme
dans l'ensemble du bassin méditerranéen. L'absence relative de rejets exogènes confère aux
eaux de la zone une excellente qualité. Cela se traduit également par une transparence
importante des eaux.
Les indicateurs biologiques rencontrés révèlent une qualité excellente du milieu. Des algues
sensibles à la lumière et des posidonies sont observées à des profondeurs importantes (-35 m).
L'épanouissement des forêts d'algues inféodées à des eaux pures (les Cystoseires,
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 8
Dictyopteris etc.…) et l'absence d'espèces indicatrices de pollution, confirment par ailleurs
l'existence d'une faune très diversifiée et la qualité de environnement.
Peu de travaux ont été effectués dans la région d'El Kala. La bibliographie fort peu nombreuse
nous permet cependant de signaler trois études propres à cette zone :
Vaissière et Fredj (1963) soulignent dans leur étude l'importance des fonds coralligènes, qui
sont relativement nombreux, liés probablement à la nature rocheuse du substrat. Ces auteurs
indiquent en outre que les biocénoses du coralligène ne semblent pas aller au-delà de
l'isobathe -100 m. Ils signalent aussi la présence de l'herbier de posidonies et de sable fin
terrigène constituant deux bandes parallèles situées près de la côte. Par le travers du cap Rosa
suivant 8°14'5" de longitude Est, ils signalent qu'aux herbiers de posidonies où les
pointements rocheux sont nombreux, succède des peuplements sciaphiles et que les vases
terrigènes côtières, habituellement entre 50 et 80 m, cèdent ici la place à des fonds détritiques
côtiers à enclaves coralligènes beaucoup plus nombreuses.
Pergent et al., dans le travail de 1990, mettent en évidence la particularité de cette région qui
présente des potentialités floristique, faunistique et paysagères. On y trouve des descriptions
précises de certaines stations où les peuplements sont décrits, un inventaire non exhaustif de
la flore algale, des poissons et des résultats concernant la biométrie et la lépidochrologie de
l'herbier à Posidonia oceanica. Enfin, des propositions et suggestions sont formulées pour la
mise en place d'une zonation de la future réserve marine du PNEK.
Enfin, la troisième étude financée par la Banque Mondiale dont l’objectif était la préparation
d'un plan de gestion pour l'ensemble du Parc National d'El Kala y compris la face maritime
(Alcyona I, 1996) n'a pas eu les résultats escomptés. Le domaine marin a fait l'objet de deux
campagnes : Alcyona I et II en 1996 et 1997. Les résultats obtenus sont relatifs au plancton et
au benthos des substrats meubles en particulier. On retrouve quelques indications sur les
macrophytes et sur les poissons. Ces dernières informations indispensables dans toute étude
de ce type, paraissent avoir de nombreuses lacunes.
2. MATERIEL ET METHODES
Deux campagnes ont été réalisées entre les mois de juillet et d'août 2004.
La première du 9 juillet au 18 juillet où 17 stations ont été prospectées.
La seconde considérée comme mission complémentaire s'est déroulée du 31 juillet au 5 août
2004.
L’exploration de l’ensemble du linéaire côtier du parc national a été réalisée en plongée sous-
marine (scaphandre autonome et apnée) entre la surface et environ 60 m de profondeur (64 m
pour la plus profonde au large de la Messida)
La priorité a été accordée aux secteurs géographiques non couverts par les précédentes
missions, soit les caps (Cap Segleb et Cap Rosa en particulier) et les secteurs du large
(isobathe 40 à 60 m)
Des compléments ont été réalisés en scaphandre autonome sur les secteurs déjà prospectés en
apnée en 1990 (de la surface à 30 m de profondeur environ)
+ Collecte d’informations sur la faune et la flore sous-marines auprès des pêcheurs et des
anciens corailleurs de la zone
Chaque secteur a fait l’objet d’un transect partant du large vers le rivage, variable en longueur
selon les profondeurs atteintes, et positionné systématiquement par GPS en début et fin de
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 9
chaque plongée (le point GPS de sortie d’une plongée étant notée PM1bis ou PR4bis – cf.
carte 1 et cartes en annexe).
Deux palanquées de deux plongeurs ont été constituées en fonction des procédures de
décompression : une équipe de plongeurs équipée d’ordinateurs de plongée pour les transects
partant des profondeurs les plus importantes (M.FOULQUIE et R.DUPUY DE LA
GRANDRIVE = MF/RDG) l’autre équipe plongeant à partir des tables de plongée
(S.BELBACHA, R.SEMROUD = SB/RS)
Les plongées les plus profondes (64 m, 56 m, 52 m) ont été réalisées par l’équipe des quatre
plongeurs
L’équipe MF/RDG a utilisé la méthode de prise de notes sur plaquettes sous-marines
(habitats, espèces, croquis) et de prise de vues photographiques des habitats et espèces
rencontrés. L’analyse des tirages effectués par la suite permet de mieux caractériser habitats et
espèces.
L’équipe SB/RS a utilisé la prise de notes sur plaquettes sous-marines (habitats, espèces,
croquis …) et l’échantillonnage.
Un report systématique des points de plongées GPS a été réalisé sur une carte (logiciel
Garmin mapsource)
Chaque site de plongée a fait l’objet d’une prise de vue de positionnement géographique et
paysager par rapport à la côte (appareil photo numérique Olympus)
Un debriefing en présence de l’ensemble de l’équipe (plongée et assistance) a été privilégié à
la fin de chaque journée pour faire le bilan technique et écologique des plongées de la journée
et préparer le programme du jour suivant.
EQUIPEMENT TECHNIQUE
Utilisation d’un bateau d’une dizaine de mètres (EL AMER, piloté par Abdelaziz
MESELLEL) équipé d’un caisson hyperbare (fonctionnel à l’air uniquement), d’un sondeur
Furuno et d’un GPS.
Les bouteilles de plongée de 12 l et 18 l étaient gonflées par l’Unité Maritime d’El Kala de la
Protection Civile
La sécurité a été assurée quotidiennement en mer par les gardes côtes d’El Kala équipés d’un
pneumatique semi-rigide de 6 m avec moteur Volvo Penta de 200 CV
Un zodiac de 4 m a été utilisé comme complément pendant les premiers jours de terrain et
pour les déplacement très côtiers de la seconde mission.
Les positionnements de l’ensemble des stations sont représentés dans la carte 1, divisée en 5
secteurs pour une meilleure lisibilité (cartes en annexe).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 10
Parc National d’El Kala
2.1.1 Transects : Un certains nombre d'observations ont été réalisées le long de lignes
droites de la côte vers le large ou l'inverse. Les positions d'entrée et de sortie sont positionnées
par le coordonnés du GPS. Dans certains cas le profil du transect a été reconstitué
approximativement, à partir des notes prises en plongée (profondeur, pente…). Seuls quelques
espèces dominantes ou remarquables ont été figurées sur le transect.
2.1.2 Le trottoir : c'est un replat taillé par l'érosion (biologique et/ou mécanique) à la
base d'une falaise, aux environs du niveau moyen de l'eau ; le trottoir peut être "matelassé" si
une couche de bio-croncrétionnement repose sur le fond d'érosion (Dalongeville, 1980).
2.1.3 La notion de paysage est encore très peu usitée dans le domaine marin, elle
correspond à un « ensemble structuré d’éléments naturels (géologiques, hydrologiques,
végétaux) » (Delpech, 1988) auquel ne s’ajoutent pratiquement jamais, à l’opposé du domaine
terrestre, des éléments d’origine artificielle liés à l’action de l’homme. Dans le domaine
marin, le terme de paysage est essentiellement utilisé pour l’aspect esthétique et la protection.
En Méditerranée, il concerne le plus souvent des tombants coralligènes, des herbiers de
Posidonies et autres sources de curiosité.
2.1.4 Les récoltes sauvages : les récoltes sauvages sont des prélèvements, de faune
et/ou de flore sans but quantitatif, effectués dans le cadre d'une plongée donnée, dans
plusieurs biotopes plus particulier. Les récoltes sont destinées à vérifier la détermination
d'espèces non identifiables in situ et à compléter l'inventaire.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 12
3. DISTRIBUTION DES COMMUNAUTES MARINES DU PNEK
Il est reconnu que les caractéristiques géologiques du substrat, l’action des vagues et des
organismes modèlent un tracé général du liseré côtier. Les microstructures qui apparaissent
dans tous les cas sont autant de micro-milieux aux caractéristiques très tranchées que
l’humectation, la lumière ou l’hydrodynamisme façonnent respectivement dans les niveaux
supérieurs et dans les niveaux sub-littoraux.
L’ensemble des cavités formées qui sont parfois de l’ordre du millimètre, développe des
surfaces disponibles à l’installation de la flore et de la faune sessile et fournit aussi des abris à
la faune vagile. L’ensemble de ces cavités constitue un important facteur d’enrichissement
biologique (Bellan-Santini, 1994).
D’une façon générale, la distribution des peuplements de substrats durs répond à un schéma
qui prend en compte deux orientations croisées de distribution : une zonation très stricte en
fonction de la décroissance des facteurs lumière et hydrodynamique, qui agit surtout sur les
algues de la strate élevée, et une disposition en pièce de puzzle en fonction de la qualité et de
l’orientation des substrats (Marinopoulos, 1988).
La présentation des unités de peuplements telles qu’elles sont le plus souvent caractérisées en
Méditerranée sont énumérées, pour plus de commodité suivant la zonation établie par Peres et
Picard (1964).
Il est situé au dessus du niveau des plus hautes eaux en mer calme ; il correspond
essentiellement sur les substrats rocheux à la zone des embruns. La biocénose est caractérisée
par une végétation assez restreinte qui est constituée surtout par le lichen Verrucaria et
surtout par des Cyanophycée épilithes. Du point de vue animale, on signale l’abondance des
Gastéropodes Littorina neritoides et L. punctata (espèce méridionale nord-africaine),
l’Isopode Ligia italica et vers le bas de l’étage le Crustacé Cirripède, Euraphia depressa
(=Cthamalus depressus).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 13
3.3 L’Etage Infralittoral
Celui-ci débute un peu en dessous du niveau moyen de la mer. Cet étage s’étend vers le bas,
en moyenne, jusqu’à vers 35m de profondeur. L’Etage infralittoral est bionomiquement
remarquable par l’exubérance du peuplement végétal (algues et phanérogames marines), dont
la localisation ici constitue l’un des principaux critères de la définition de l’étage.
Sur le substrat bien éclairé et en mode battu, l'étage infralittoral supérieur est occupé par un
peuplement à Cystoseira stricta et/ou Cystoseira sedoides. Les côtes légèrement inclinées,
favorisent l'installation de ces deux espèces. Les zones ou la côte est généralement accore
(cap en général comme Segleb et Rosa) l'inclinaison leur est défavorable.
Entre 1 à 10 m de profondeur, les biotopes photophiles sont occupés par un peuplement très
dense dont les espèces dominantes sont Padina pavonica, Dictyopteris membranacea,
Cladostephus hirsutus, Codium bursa, Dictyota dichotoma, Dilophus spiralis.
Entre 10 et 35 m, les substrats bien éclairés sont occupés par des peuplements peu dense,
Cystoseira spinosa et C. zosteroides, accompagnés par des algues sciaphiles : Udotea
petiolata, Halimeda tuna, Peyssonnelia squamaria, Codium bursa et parfois par Sargassum
vulgare (cap Segleb).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 14
Tableau 1 : Répartition des espèces végétales à travers les stations prospectées (binôme R. Semroud / S. Belbacha - stations PR1 à PR17, M1 à M5)
Stations
Espèce PR1
PR2 PR3 PR4 PR5 PR6 PR7 PR8 PR9 PR10 PR11 PR12 PR13 PR14 PR15 PR16 PR17 M1 M2 M3 M4 M5
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 15
Stations
Espèce
PR1
PR2 PR3 PR4 PR5 PR6 PR7 PR8 PR9 PR10 PR11 PR12 PR13 PR14 PR15 PR16 PR17 M1 M2 M3 M4 M5
Dilophus fasciola + +
Dilophus spiralis +
Padina pavonica + + (+) + + + + (+) + +
Zonaria tournefortii + + + +
Ralfsia verrucosa
Cystoseira compressa
Cystoseira zosteroides + +
Cystoseira sedoides +
Cystoseira spinosa + +
Cystoseira stricta +
Sargassum vulgare + +
Colpomenia sinuosa +
Cladostephus hirsutus (+) + (+) + + +
Halopteris filicina + +
Halopteris scoparia +
Groupe des CHLOROPHYTES
Halimeda tuna + + + + + + + + + + +
Udotea petiolata + + + (+) + + + + + + + +
Codium bursa + + + + + + + + + + + +
Codium effusium
Codium fragile + + +
Acetabularia acetabulum + + +
Dasycladus vermicularis + + +
Ulva lactuca
PHANEROGAME
Posidonia oceanica + + + + + + + + + + + + + + + +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 16
Tableau 2 : Répartition des espèces végétales à travers les stations prospectées (binôme M. Foulquié / R. Dupuy de la Grandrive - stations PM1 à PM22, AM1 et AM2)
PM1 PM2 PM3 PM4 PM5 PM6 PM7 PM8 PM9 PM10 PM11 PM12 PM13 PM14 PM15 PM16 PM17 PM18 PM19 PM20 PM21 PM22 AM1 AM2
Phanérogames
Posidonia oceanica ++++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ +++ +++ ++++ ++ +++ +++ ++ +++
Algues vertes
Acetabularia acetabulum ++ + + + ++ + +
Codium bursa + + + ++ ++ + +
Codium fragile + ++ +++ ++
Codium effusium + +
Dasycladus vermicularis ++ ++ ++ ++ +++ + +++
Halimeda tuna ++ + ++ ++ + ++ +++ + ++ ++ + +
Udotea petiolata ++ ++ ++ ++ + ++ +++ + ++ ++ ++ + +
Ulva lactuca +
Algues brunes
Colpomenia sinuosa + +
Cystoseira Stricta ++ ++ +
Cystoseira sp. + + +
Cystoseira spinosa +
Dictyota dichotoma ++ + ++ ++ + ++ ++ + + ++
Halopteris scoparia + + + + + + +
Padina pavonia ++ ++ ++ + ++ ++ +++ + ++ + + +++ ++ ++
Dictyopteris membranacea + + ++++ + ++ ++ ++ +
Algues rouges
Asparagopsis armata + + + ++ + + + + ++
Jania rubens + + + + ++
Corallina elongata ++ + + + ++ + + + + ++
Lithophyllum lichenoides ++ ++ +
Lithophyllum incrustans ++ ++ ++ + + ++ + + + + + + + +
Peyssonnelia squamaria ++ ++ ++ ++ ++ + ++ +++ + ++ + +
Pseudolithophyllum sp. + +
Pseudolithophyllum expansum ++ ++ ++ ++ + ++ ++ + + +
Mesophyllum lichenoides + +++ +++ + +++ ++ ++ +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 17
3.3.2 Les peuplements sciaphiles infralittoraux :
A l’exception de quelques microphytes peu étudiées, la disparition des algues caractérise cette
biocénose, dans laquelle se développe, par ailleurs, une exubérante faune sessile.
Le zooanthaire Parazoanthus axinellae en est l’un des plus abondant représentant, de même
que de nombreuses éponges comme Oscarella lobularis et Verongia cavernicola.
© M. Foulquié © M. Foulquié
photos 3 et 4 : l’éponge Oscarella lobularis et le zoanthaire Parazoanthus axinellae
Même si c’est le domaine des algues photophiles, la faune est riche et bien représentée
(Tableaux 3 à 6 ), bien que cela n’apparaisse pas toujours au premier coup d’œil. On peut y
rencontrer des Mollusques Patella coerulea, Purpura haemastoma, les oursins Paracentrotus
lividus, Arbacia lixula et Sphaerechinus granularis (espèce plus sciaphile).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 18
3.3.3 Végétation annuelle des laisses de mer des côtes méditerranéennes :
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 19
3.4 L’Etage Circalittoral
Cet étage se présente sous des aspects divers, lesquels sont fonction : du substrat et/ou de la
quantité de lumière atteignant la surface de fond envisagée. L’amplitude verticale ne dépasse
guère en moyenne 80 m. Une des caractéristiques essentielle de l’étage circalittoral est la
possibilité qu’ont certains de ses fonds de présenter des concrétionnements produits par des
organismes sécréteurs de calcaire (algues concrétionnantes et certains animaux) : le
coralligène.
Le coralligène, biocénose climacique, prend des aspects variés et présente des faciès
multiples (Bellan-Santini et al., 1994). Le Coralligène typique est constitué par un bio
concrétionnement très développé, composé d’algues calcaires (voir liste en annexe),
d’animaux constructeurs à squelette calcaire (Bryozoaires, Spongiaires), à tubes (Polychètes
Serpulides) et à tests (Mollusques, …), cimenté et colmaté, induré par recristallisation.
Les nombreuses cavités qui se forment au cours de la cristallisation sont peuplées par une
riche faune ichtyologique parmi laquelle on peut cité : le mérou, la badèche, le corb et
quelques sparidés de grande taille Diplodus sargus, Diplodus cervicus …etc.
Figure 1 : Schéma d’un bloc de concrétionnement coralligène. A : Face supérieure, avec algues calcaires,
algues vertes Halimeda et Udotea, et gorgone du genre Eunicelle. B : face inférieure avec, dans les
anfractuosités, des serpulidae et bryozoaires. C : coupe montrant le réseau dans le concrétionnement (d’après
HONG 1982, in BELLAN-SANTINI et al. 1994)
Certains faciès ont été décrits tels ceux à : Parazoanthus axinellae, (particulièrement dans les
grottes) et Eunicella singularis (gorgone blanche). Ce dernier genre constitue des faciès
différents selon le biotope et la profondeur : Sur les pans verticaux à profondeur moyenne (-
15 m) on retrouve le faciès à Eunicella cavolinii (gorgone jaune) ; sur les replats faiblement
inclinés et les blocs reposant sur le sédiment
Il faut noter que la faune, à ce niveau, représente dans la couverture du substrat un
pourcentage nettement plus important par rapport à la flore que dans l’Etage Infralittoral.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 20
Tableau 3 : Répartition des espèces d’invertébrés à travers les stations prospectées (binôme R. Semroud / S. Belbacha - stations PR1 à PR17, M1 à M5)
Station
Espèce PR1
PR2 PR3 PR4 PR5 PR6 PR7 PR8 PR9 PR10 PR11 PR12 PR13 PR14 PR15 PR16 PR17 M1 M2 M3 M4 M5
Spongiaires
Anchinoe tenacior + + +
Chondrosia reniformis +
Clathrina clathrus + + + + + +
Cliona sp +
Crambe crambe + + + + + + + +
Ircinia fasciculata + +
Spongia agaricina + +
Petrosia ficiformis +
Spirastrella conctatrix + + +
Cnidaires
Corallium rubrum +
Eunicella cavolinii + + + + + + +
Eunicella singularis + + + + + + +
Lophogorgia ceratophyta
Anthipathes subpinnata +
Actinia equina + +
Anemonia viridis +
Cerianthus membranaceus +
Parazoanthus axinellae + + + (+)
Tuniciers
Aplidium proliferum +
Mollusques
Chiton olivaceus (Spengler) + +
Littorina punctata + +
Melaraphe neritoides + +
Monodonta turbinata + +
Patella coerulea + +
Patella lusitanica + +
Perna perna + + +
Pina nobilis
Pina rudis +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 21
Station
Espèce PR1
PR2 PR3 PR4 PR5 PR6 PR7 PR8 PR9 PR10 PR11 PR12 PR13 PR14 PR15 PR16 PR17 M1 M2 M3 M4 M5
Arthropodes
Balanus sp. +
Chtamalus depressus + +
Chtamalus stellatus + +
Eriphia verucosa +
Pachygrapsus marmoratus +
Scyllarides latus +
Crustacés
Scyllarides latus +
Pisa sp.
Lophophoriens
Myriapora truncata + + + + + + +
Reteporella couchii + +
Annélides
Spirographis spallanzii + +
Echinodermes
Arbacia lixula + +
Centrostephanus longispinus + +
Holothuria forskali +
Holothuria tubulosa +
Holothuria polii +
Hacelia attenuata +
Paracentrotus lividus + + + + + +
Sphaerechinus granularis + + + + +
Ophidiaster ophidianus + + + + + + + +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 22
Tableau 4 : Répartition des espèces d’invertébrés à travers les stations prospectées (binôme M. Foulquié / R. Dupuy de la Grandrive - stations PM1 à PM22, AM1 et AM2)
PM1 PM2 PM3 PM4 PM5 PM6 PM7 PM8 PM9 PM10 PM11 PM12 PM13 PM14 PM15 PM16 PM17 PM18 PM19 PM20 PM21 PM22 AM1 AM2
Eponges
Agelas oroides ++ +
Axinella polypoïdes +
Chondrosia reniformis + +
Clathrina primordialis ++
Clathrina sp ++ ++ +
Crambe crambe ++ +++ ++ ++ ++ + + ++ ++ +
Hemimycale columella +
Ircinia fasciculata + +
Oscarella lobularis + ++
Petrosia ficiformis +
Phorbas tenacior ( ?) +
Spirastrella cunctatrix +
Cnidaires
Alcyonium coralloides + +
Anémonia viridis + ++
Anémonia viridis + ++
Balanophyllia europaea ++
Parazoanthus axinellae ++ +++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ + ++ + + +
Rhizostoma pulmo
Pelagia noctiluca
Antipathes subpinnata +
Cerianthus membranaceus +
Cladocora caespitosa 1 1 + +
Corallium rubrum
Corynactis viridis ++++
Eunicella cavolini ++ ++ ++ ++ +++ ++ +
Eunicella singularis ++ + ++ ++ + ++ + ++ + +
Eunicella verrucosa + ++ + +++ +
Lophogorgia ceratophyta ++ + ++ + +++ +++
Hydraires
Aglaophenia ++ ++
Eudendrium sp. + +
Bryozoaires
Myriapora truncata + ++ + ++ + + + +
Sertella septentrionalis + + ++ + +
Crustacés
Scyllarides latus
Palinurus elephas 2 1
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 23
PM1 PM2 PM3 PM4 PM5 PM6 PM7 PM8 PM9 PM10 PM11 PM12 PM13 PM14 PM15 PM16 PM17 PM18 PM19 PM20 PM21 PM22 AM1 AM2
Crabe indéterminé 2
Echinodermes
Arbacia lixula + ++ + + + +
Holuturia forskali +
Centrostephanus longispinus 1 4
Echinaster sepositus 1 + + + + ++
Hacelia attenuata 1
Paracentrotus lividus + + + ++ ++
Sphaerechinus granularis + ++ ++ + + + + ++ +
Ascidies
Halocynthia papillosa ++ ++ + +
Phallusia mammillata +
Gastéropodes
Haliotis lamellosa +
Nudibranches
Flabellina affinis 2
Hypselodoris elegans 3 1
Peltodoris atromaculata 1
Mollusques
Pinna nobilis 1 2 2 1
Pinna rudis 2 1
Pteria hirundo +
Annélides polychètes
Sabella sp +
Spirographis spallanzii + + + +
Protula sp. +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 24
Tableau 5 : Répartition des espèces ichtyologiques à travers les stations prospectées (binôme R. Semroud / S. Belbacha - stations PR1 à PR17, M1 à M5)
Station
Espèce PR1
PR2 PR3 PR4 PR5 PR6 PR7 PR8 PR9 PR10 PR11 PR12 PR13 PR14 PR15 PR16 PR17 M1 M2 M3 M4 M5
Poissons
Anthias anthias +
Apogon imberbis + + + + + + + + +
Balistes carolinensis +
Chromis chromis + + + + + + + + + + + + +
Chromis chromis (juvéniles) + + + +
Conger conger +
Coris julis + + + + + + + + +
Symphodus staitii + + +
Symphodus roissali + + +
Symphodus melops + + + + + + + + +
Symphodus rostratus + + +
Symphodus tinca + + + + + + + +
Thalassoma pavo + + + + + + + + + +
Diplodus annularis + + + + + + + + + +
Diplodus cervinus + + + +
Diplodus puntazzo +
Diplodus sargus + + + + + + + + + + + +
Diplodus vulgaris + + + + + + + + + + +
Oblada melanura + + + + + + + + +
Sarpa salpa + + + + + + +
Sparus auratus + +
Spondyliosoma cantharus +
Epinephelus costae + + + + + + + +
Epinephenus marginatus + + +
Mullus surmuletus + + + + + + + + +
Muraena helena +
Sciaena umbra + + + +
Umbrina cirrosa + +
Serranus cabrilla + + + + +
Serranus scriba + + + + + + + + +
Spicara smaris + +
Trigloporus lastoviza +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 25
Tableau 6 : Répartition des espèces ichtyologiques à travers les stations prospectées (binôme M. Foulquié / R. Dupuy de la Grandrive - stations PM1 à PM22, AM1 et AM2)
PM1 PM2 PM3 PM4 PM5 PM6 PM7 PM8 PM9 PM10 PM11 PM12 PM13 PM14 PM15 PM16 PM17 PM18 PM19 PM20 PM21 PM22 AM1 AM2
Poissons
Anthias anthias +++
Apogon imberbis 5< ++ ++ + 17 + + + + + +
Atherina + + +
Chelon labrosus +++ ++ + ++
Chromis chromis +++ ++ ++ ++ ++ +++ ++ ++ + + +++ + +++ ++ ++ ++ +
Coris julis ++ ++ + + ++ + + ++ + ++ + + ++ + +
Ctenolabrus rupestris + + + + +
Dentex dentex 2
Dicentrarchus labrax ++ 2 +
Diplodus sargus ++ ++ ++ + + ++ + + + + + + + +++ +
Diplodus vulgaris ++ ++ ++ + + ++ + + + + + + + + +
Diplodus cervinus 2 4 3 3 2 4 2 1
Dilodus puntazzo 1 +
Epinephelus marginatus 1 5 2 1 1 3 2
Epinephelus costae 3 2 2 6 1 3 4 2 5 3 4 3
Labrus viridis + +
Lichia amia 3
Lithognatus mormyrus + + ++ ++
Argyrosomus regius 2
Mullus surmuletus + + + + + ++ + + +
Muraena helena 2 1 1
Myliobatis aquila 1
Oblada melanura ++ + +++ ++ +++ ++ + + ++ ++
Pagrus auriga 1
Parablennius pilicornis ++
Sardinella aurita ++ ++
Sarpa salpa +++ +++ ++ ++ +++ ++ +++ + +++ + +++
Sciaena umbra 1 1 10 2 7
Sparus aurata 3 2 +
Spondyliosoma cantharus +
Scorpaena maderensis 2
Scorpaena sp + + + + ++
Serranus scriba ++ + ++ + + + + + +
Serranus cabrilla ++ ++ + ++ + + + + + +
Sphyraena sphyraena + 50
Symphodus ocellatus ++ + 3 +
Symphodus roissali +++ +++ + ++ + +
Symphodus tinca ++ ++ + + + + +
Spicara maena +++ ++ + + +
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 26
PM1 PM2 PM3 PM4 PM5 PM6 PM7 PM8 PM9 PM10 PM11 PM12 PM13 PM14 PM15 PM16 PM17 PM18 PM19 PM20 PM21 PM22 AM1 AM2
Thalassoma pavo + + ++ ++ ++ ++ + ++ ++ ++ ++
Umbrina cirrosa 1
Seriola dumerili 22
Xyrichthys novacula ++ ++
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 27
4. DESCRIPTION ET PHYSIONOMIE GENERALE DES FONDS
En général, la physionomie des fonds dans l'ensemble des stations présente un éboulis plus ou
moins important jusqu'à 15 m de profondeur après la côte rocheuse. L'herbier qui est le
peuplement dominant est plaqué sur la roche et/ou se met en place entre les espaces cavitaires
très variés liés à l'amoncellement des éboulis. La limite supérieure est en général située entre -3
m et -7 m ; à ce niveau il est accompagné par un peuplement d'algues photophile dont certaines
espèces rencontrées dominent le faciès (Dictyopteris membranacea, Padina pavonica,
Clodostephus hirsutus).
Plus près de la côte, dans l'infralittoral, la physionomie du fond est nettement plus hétérogène
avec l'accumulation de très gros blocs rocheux qui se poursuit parfois jusqu'au contact du
sédiment. Cet empilement des blocs détermine de très nombreux trous et surplombs.
Dans les premiers mètres de profondeur, les blocs rocheux de la zone d'éboulis présentent sur
leurs faces supérieures des placages de Posidonies dont les rhizomes sont très courts et ou le
faisceau présente des feuilles dont la longueur est réduite, relayées sur leurs flancs par une
couverture d'algues dominées par Peyssonnelia squamaria, Udotea petiolata, Halimeda tuna, et
par des colonies de Parazoanthus axinella, les éponges Grambe crambe. La faune
ichtyologique est caractérisée par une diversité importante d'espèces : des groupes d'oblades
(Oblada menalura) et Chromis chromis au niveau de la surface et au niveau des blocs d'autres
sparidés du genre Salpa (Sarpa salpa) dans les herbiers, des sars du genre diplodus (Diplodus
annularis, D. sargus…), de nombreux labridés (Thalassoma pavo, Coris julis, Symphodus
melops…), des Serranidae (Serranus scriba, Epinephenus costae juvéniles…) et sous les blocs
dans les endroits ombragés des Apogon imberbis.
Plus au large, les éboulis qui peuvent atteindre plusieurs mètres de diamètre se poursuivent
jusqu'à -20 m ménageant quelques fois entre eux des petites plages de sable ou de gravier. Au
delà, le fond est rocheux caractérisé par la biocénose du coralligène. A ce niveau Posidonia
oceanica ne constitue plus que de maigre placage sur roche au niveau de sa limite inférieure
située le plus souvent vers -35 m. Le dessus des roches est occupés par des algues et autres
organismes comme Sargasum vulgare (Cap Segleb), Codium bursa, Eunicella singularis, E.
cavolinii, Sphaerechinus granularis. Les parois verticales des blocs qu'en à eux sont
caractérisées par un peuplement sciaphile dominé par les algues telles que Halimeda tuna,
Udotea petiolata, Peyssonnelia squamaria et par des colonies de Parazoanthus axinella. Sur la
face plus obscure une épibiose de type grotte semi-obscure à base d'éponges et d'autres espèces
non identifiées. Le peuplement ichtyologique de cette zone est très riche; on note en particulier
la présence de Epinephenus costae, Epinephenus marginatus, Sciana umbra, Diplodus sargus,
Diplodus cervinus.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 28
5. LES PEUPLEMENTS, LES PAYSAGES ET LES ESPECES
REMARQUABLES
La quasi-totalité des espèces endémiques peut être classée dans cette catégorie, avec quelques
nuances, cependant la situation n'étant pas comparable pour tous les taxa. La notion d'intérêt
particulier concerne d'ailleurs non pas seulement les espèces, mais leur habitat et le
façonnement des paysages dans lesquels ils se trouvent.
Souvent menacés dans d'autres régions de Méditerranée, les peuplements ou les espèces
indiquées dans ce chapitre ne sont pas obligatoirement dégradés en Algérie ; leur caractère
littoral le plus souvent, lié à leur fragilité et à la vitesse d'altération, suscite des craintes
justifiées. A titre d'exemple, l'herbier à Posidonia oceanica, reconnu pour sa vigueur et son
étendue, est néanmoins altéré dans les zones urbaines où sa limite inférieure a diminué de façon
drastique sous l'effet de la pollution et de la turbidité de l'eau, empêchant la lumière, facteur
essentiel de croissance, de pénétrer dans l'eau (Semroud (1993) ; Boumaza (1995)). C'est donc
pour leur intérêt local et/ou méditerranéen que ces particularités sont citées.
L'excellente qualité des eaux, la diversité des substrats et l'absence relative de perturbation,
notamment dans les secteurs prospectés, ont permis depuis le développement de communautés
vivantes riches et équilibrés, qui témoignent de la diversité biologique du milieu. Des
peuplements climaciques, en voie de régression ailleurs, peuvent s'y développer suivant un
étagement presque théorique (emcorbellements, forêts à cystoseires, herbier à posdonies,
coralligène).
Posidonia oceanica est une phanérogame marine endémique de la mer Méditerranée. Elle
présente la même structure que « les plantes herbacées » terrestre dont elle est issue, avec un
système foliaire dressé porté par un rhizome ou tige et des racines. Par opposition aux autres
végétaux immergés (e.g. algues), elle fleurit, donne des fruits et produit des graines (Pergent-
Martini, 2000). Elle colonise la majeure partie des fonds littoraux méditerranéens et constitue
de vastes prairies sous-marines appelées « herbiers » depuis la surface de l’eau jusqu’à 30 m de
profondeur et couvre une surface totale d’environ 20 000 milles marins carrés, soit 2 % de la
zone littorale (Ardizzone et al., 2000 in CAR/ASP-FAO, 2000).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 29
(iv) il est le siège d’une importante production primaire, soit 2 à 10 tonnes par hectare et par
an (Pergent-Martini et al., 1994). Très peu consommé, la majorité de la production
foliaire est exportée vers d’autres écosystèmes (environ 40 % selon Pergent et al., 1994)
soit vers les plages sous forme de banquettes, soit en profondeur ;
(v) enfin, l’herbier est à la base de nombreuses chaînes trophiques et constitue un site de
fraie et de nurseries privilégié pour de très nombreuses espèces, en particulier de
poissons et de crustacés, d’intérêt économique (Harmelin-Vivien, 1983 ; Boudouresque,
1996).
La principale communauté benthique de la zone étudiée est sans nul doute l'herbier à
Posidonia oceanica. Il se développe depuis la surface de l'eau jusqu'à -35 m de profondeur ; à
l'exception de quelques zones telles que la Messida et la plage Verges. L'herbier est
principalement installé sur substrat rocheux. Son extension bathymétrique est limité par un
important hydrodynamisme comme en témoigne les nombreux ripple-marks. Au niveau de la
limite inférieure il se présent sous forme de touffes plaquées sur le coralligène associé à
d'autres macrophytes. Le recouvrement, important à partir de 25 de profondeur est observé
jusqu'à -10 m où il devient moins marquant en direction de la côte. La limite supérieure se situe
vers -3 m. Les faisceaux à cet endroit présentent des rhizomes courts à feuilles de longueur
réduite, les apex des feuilles sont généralement absents dû probablement à l'importance de
l'hydrodynamisme d'une part et à la présence d'une population importante de saupes (Sarpa
salpa) qui sont vraisemblablement à l'origine de ce phénomène. En profondeur les feuilles sont
plus beaucoup plus longues.
Elément clé dans la protection du littoral contre l'hydrodynamisme, l'herbier est aujourd'hui en
régression, notamment à proximité des grandes agglomérations côtières qui d'ailleurs
correspondent aux points sensibles mentionnés précédemment (Boumaza et Semroud, 2000).
5.1.2 Le coralligène
Les fonds coralligènes s’étendent sur d'importantes surfaces, là où les fonds rocheux sont
présents, mais s’édifient également à partir de substrats meubles. Ce sont des constructions
biologiques qui commencent selon la transparence de l’eau, entre 20 et 40 m de profondeur et
vont jusqu'à 120 m de profondeur en Algérie (Leclaire, 1972). Ces entités cénotiques peuvent
avoir une extension spatiale très variable et former des enclaves au sein d’autres biocénoses. La
richesse biologique et la splendeur paysagère de ces formations (coralligène de paroi,
coralligène de plateau etc.,…) sont exceptionnelles.
Les concrétionnements coralligènes sont des constructions biogènes pouvant atteindre plusieurs
mètres d’épaisseur ; ils peuvent couvrir de très grandes surfaces peu pentues ou former des
corniches sur les falaises sous-marines (Laborel, 1987). Les principaux agents constructeurs
sont des algues rouges calcifiées : Corallinacées (Mesophyllum lichenoides,
Pseudolithophyllum expansum, P. cabiocae,…) et Peyssonneliaceae (Peyssonnelia rosa-
marina). Des constructeurs secondaires, hôtes des charpentes algales, contribuent plus ou
moins significativement selon les espèces à l’édification ou à la consolidation du concrétionne
ment ; ce sont des invertébrés sciaphiles à test ou squelette calcaire : Foraminifères,
Bryozoaires, Polychètes Serpulidés, Scléractiniaires, Mollusques.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 30
Le Coralligène de paroi que l'on retrouve sur les tombants des falaises et au pied des roches
littorales, au delà de 15 m de profondeur, est marqué physionomiquement par l’abondance de
grands invertébrés sessiles de forme dressée : des gorgones, surtout (Eunicella cavolinii, E.
singularis, de grands bryozoaires branchus (Myriapora truncata, Pentapora fascialis, Smittina
cervicornis, …). Ces grandes formes dressées sont les éléments les plus typiques du
peuplement coralligène sensu lato, avec un nombre assez restreint d’espèces encroûtantes ou
vagiles, parmi lesquelles on peut citer les algues Peyssonnelia spp., Halimeda tuna, Udotea
petiolata, Codium bursa, les éponges Crambe crambe, Spongia agaricina, Chondrosia
reniformis, les cnidaires (Parerythropodium coralloides, Paralcyomium elegans, …), les
bryozoaires (Myriapora truncata, Reteporella couchii,…) et l' échinoderme Centrostephanus
longispinus. Il est a remarqué l’absence totale du madréporaire Astroides calycularis,
Parerythropodium coralloides et de la gorgone rouge Paramuricea clavata
Les petits fonds rocheux abritent une autre formation végétale, bien représentée sur le littoral
du PNEK sur un type de substrat constitué de nombreuses roches orientées Sud - Nord, au
pendage presque vertical ou de roches plates, orientées face à la surface : la "forêt de
Cystoseires" (communauté d'algues photophiles établies sur les roches infralittorales).
L'éclairement, l'hydrodynamisme, la faible concurrence avec l'herbier de posidonie sur roche, et
l'absence jusqu'à présent d'une pollution, permettent un développement important de cette
formation (PNUE/UICN/GIS Posidonie, 1990). Sans jouer un rôle aussi important que
l'herbier, cette formation abrite une population permanente et originale d'invertébrés et de
poissons de petite taille. Quatre espèces principales de cystoseires sont présentes dans la zone
marine du PNEK selon deux types de milieu : les peuplements de mode battu, et ceux de
profondeur.
Les forêts de cystoseires, constituées essentiellement de Cystoseira amentacea var. stricta est
une algue Fucophyceae endémique de la Méditerranée qui est inféodée à la frange infralittorale
(du niveau 0 à 0,5 m de profondeur) en mode battu à très battu. L'espèce est présente tout le
long du littoral rocheux du PNEK.
Elle semble être très sensible à la pollution et sa régression est constatée au niveau du port d'El
Kala et dans ses environs immédiats. Elle est considérée comme un indicateur biologique
performant des eaux pures et utilisée à ce titre. Elle reflète assez bien la localisation des
secteurs altérés par rapport aux zones plus ou moins dégradées par les rejets des émissaires
urbains. Le suivi des populations de C. amantaceae est l’une des méthodes performantes et peu
coûteuses de surveillance de la qualité du milieu (PNUE/UICN/GIS Posidonie, 1990).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 31
Figure 2 : Aspect physionomique du peuplement à Cystoseira stricta (d’après BELLAN-SANTINI, 1969)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 32
A Cystoseira spinosa Sauvageau
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 33
5.2 LES PAYSAGES SOUS-MARINS :
5.2.1 GENERALITES :
Souvent reléguées au rang de déserts sans vie et sans intérêt, ces étendues sous-marines de
sable fins ou grossiers recèlent pourtant une vie insoupçonnée.
La lecture de ce paysage particulier nécessite cependant patience et persévérance, et peut-être
un peu de chance, pour oublier la première impression de monotonie.
Ripple-marks, mégarides, dunes sous-marines, peuplées de mollusques ou oursins fouisseurs,
survolées par les poissons plats, sont autant d’interprétations et de rencontres possibles pour
apprécier ce genre de paysage à sa juste valeur.
Ce paysage original requiert lui aussi une grille de lecture spécifique pour qui veut s’y
intéresser de prés. L’approche biologique ou photographique pourra être ainsi privilégiée.
Les prairies sous-marines offrent un lieu de vie privilégié et un support pour une multitude
d’espèces. Du haut des feuilles inondées de lumière, jusqu’à la matte souterraine riche en
cavités obscures, chaque organisme y trouvera les conditions optimales pour se développer.
L’observation d’une feuille révèlera l’architecture miniature réalisée par l’association
d’algues calcaires, d’hydraires et de bryozoaires. Les organismes sciaphiles s’installent entre
les rhizomes ou dans la matte. Les espèces mobiles de la faune vagile trouveront dans la forêt
de feuilles un abri sur. Nombre d’entre elles y établissent leur résidence principale, alors que
d’autres ne feront qu’y grandir.
La richesse du paysage n’échappera non plus à l’œil aiguisé du photographe sous-marin qui
trouvera dans les nuances de verts et de bleus, matière à ses créations les plus colorées.
Le plongeur lambda devra lui essayer de s’approprier cet environnement selon ses
propres critères ; impression de voler au dessus d’une verte prairie, sensation d’être bercé par
l’ondulation des feuilles au gré des courants, recherche à travers la frondaison des feuilles des
animaux dissimulés ou attrait purement esthétique pour ce paysage trop peu valorisé aux yeux
des plongeurs.
Ce sont des zones généralement bien exposées à la lumière, situées prés de la surface, où la
vie explose.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 34
Les anfractuosités générées par la disposition chaotique des blocs plus ou moins gros, offrent
autant d’abris pour la faune sciaphile et les poissons.
Ce type de paysage, accessible au plus grand nombre, est souvent le lieu des premières
découvertes en randonnée palmée.
Le récif barrière de l’herbier à Posidonia oceanica est considéré comme un paysage marin
caractéristique de la mer Méditerranée. Il a été décrit pour la première fois par Molinier et
Picard en 1952. Cette formation, commune autre fois dans le fond de baie de mode calme, a
quasiment disparu de Méditerranée nord occidentale.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 35
photo 8
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 36
5.2.2.2 La forêt à Dictyopteris membranacea
Ce type de paysage, bien développé que nous avons rencontré dans les stations de Cap
Segleb, semble particulièrement fréquent dans les milieux insulaires de Baléares (Espagne). Il
existe également dans le nord de la Tunisie (Boudouresque, données inédites).
De nombreuses stations ont été recensées sur la frange côtière de PNEK. Ce paysage a été
décrit en Corse par Molinier (1955b) et, depuis, il n'a plus été signalé malgré l'intérêt
écologique et son aspect souvent spectaculaire.
D'après Molinier (1955b), les bourrelets à Corallina elongata Ellis et Solander apparaissent
en contrebas des encorbeillements à Lithophyllum lichenoides. Cela n'a pas été le cas pour les
observations que nous avons effectuées dans certaines stations remarquables par leur
développement et où l'on note l'absence total du rhodphyte Lithophyllum lichenoides. Les
stations sont souvent localisées juste un peu au dessus du niveau de la mer, la roche est
marquée par un visor surplombant une encoche d'érosion bien nette et important (plusieurs
mètres de haut). La pénétration de la lumière est considérablement réduite à ce niveau.
Les corallines se développent de façon très dense, en retenant, dans les ramifications de leur
thalle calcaire, de grandes quantités d'éléments détritiques. Ces éléments sont cimentés par
l'algue encroûtante Lithotamnium lenormandii (Areschoug in J. Agardh) Foslie
(PNUE/UICN/GIS Posidonie, 1990).
Les Bourrelets à C. elongata ne sont pas strictement liés à la surface mais se rencontre du
niveau jusqu'à plus d'un mètre de profondeur. C'est une formation inféodée aux roches
verticales (Laborel, 1987).
Cette formation algale qui se développe dans la partie inférieure de l’étage médiolittoral, le
long des falaises ou des parois rocheuses très exposées au ressac, constitue de larges
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 37
encorbellements. Les plus remarquables formations rencontrées sont situées au Niveau de
M'Zara , la Messida et Boutreboucha.
© S. Belbacha
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 38
5.2.2.4 La moulière naturelle
En surface, sur les côtes ou les îlots battus du PNEK les moulières constituées exclusivement
de Perna perna sont observées dans la ceinture de l'infralittoral à Cystoseira stricta, en mode
battu (photos 10 et 11).
Dans l'ensemble les moulières que nous avons pu localiser sont dans un état remarquable, les
populations qui occupent de grandes surfaces présentent des densités importantes dans l'étage
infralittoral supérieure.
photo 11
photo 12
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 39
5.3 LES ESPECES AVEC STATUT PARTICULIER ET ESPECES VULNERABLES
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 40
l’OSCE :
Les états participants à la deuxième réunion de l’Organisation sur la Sécurité et la
Coopération en Europe ont pris « acte que les signataires de la convention de Barcelone se
sont engagés à adopter toutes les mesures appropriées pour la protection des peuplements de
Posidonia oceanica et de toutes les autres phanérogames marines qui constituent des
végétaux essentiels de l’écosystème méditerranéen… ».
Les espèces retenues pour définir la valeur patrimoniale du milieu marin de la zone PNEK
répondent aux critères suivants :
• espèces (parfois endémiques) ont l'aire de répartition naturelle se limite à quelques
localités en raison de leur régression ou de leur aire de répartition restreinte ;
• espèces remarquables et menacées au niveau méditerranéen ;
• espèces protégées au niveau international, européen, national.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 41
5.3.1.2 Le Corb – Sciaena umbra :
Espèce côtière qui peuple les zones rocheuses et d’herbier entre 5 et 30 mètres de fond.
Souvent rencontré en petit groupe nonchalant dans les zones d’éboulis, sa biologie et son
mode de reproduction restent encore assez mal connus.
Autrefois très commun sur les côtes méditerranéenne françaises, il est devenu très rare ces 20
dernières années. Réapparaissant peu à peu, sa présence reste encore faible et précaire.
Sédentaire et peu farouche, le Corb est soumis à une forte pression prédatrice de la part de la
chasse sous-marine qui rend sa réinstallation trop aléatoire. La longévité de l’espèce et sa
faible fécondité le rendent d’autant plus vulnérable
Les fluctuations des effectifs sembleraient liés à des cycles climatiques.
Les facteurs qui favorisent son bon recrutement pourraient être, en certains endroits, aussi
importants que les phénomènes de prédation sur la dynamique des populations.
Le corail rouge Corallium rubrum (Linnaeus, 1758) fait l’objet d’une exploitation depuis
l’Antiquité dans le bassin méditerranéen pour son usage en bijouterie.
Depuis quelques dizaines d’années, le corail présente également un attrait pour le tourisme
sous-marin et cet aspect récréatif peut être traduit en terme économique. Enfin, cette espèce
emblématique de la Méditerranée, présente un caractère patrimonial pour l’opinion publique
qui est de plus en plus sensible aux questions environnementales.
photo 13 : Branche de Corallium rubrum photographiée dans la Réseve marine intégrale de Cerbère-Banyuls
(tous droits réservés 2004 - L’Oeil d’Andromède)
Classification :
La nature du corail rouge a longtemps été mystérieuse. C’est d’ailleurs seulement à partir de
1742 avec Peyssonnel que le corail est reconnu comme étant un animal (Allemand, 1992).
Aujourd’hui sa position dans la classification est connue (Tableau 7), mais de nombreux
éléments de sa biologie restent incomplets.
Phylum Cnidaria
Classe Anthozoa
Sous-classe Octocorallia
Ordre Gorgonacea
Sous-ordre Scleraxonia
Famille Coralliidae
Genre espèce Corallium rubrum (Linnaeus, 1758)
Tableau 7 : Position phylogénique du corail rouge.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 42
Biologie
Le corail rouge est un invertébré colonial dont le squelette rigide et arborescent peut atteindre
100cm de haut pour un poids de 30kg (Weinberg, 1992). Cependant du fait de l’exploitation
dont il fait l’objet, la plupart des colonies observées de nos jours sur les côtes françaises
mesurent entre 5 et 20cm. L’unité structurale de la colonie est le polype. Celui-ci a une
fonction d’alimentation et de reproduction. Il peut se rétracter dans le sarcosome. L’axe
squelettique rigide appelé « polypier » est la substance précieuse du corail où passent les
canaux qui véhiculent les produits du métabolisme (Bianconi et al., 1988). Il est composé à
87% de carbonate de calcium. La couleur rouge qui donne au corail sa précieuse valeur
résulte de pigments caroténoïdes présents dans le squelette axial et les sclérites du cortex
(Merlin & Delé-Dubois, 1986).
Lacaze-Duthiers (1864) décrit très tôt un mode reproductif vivipare dont la larve est appelée
plantula. Depuis, Vighi (1972) a montré que la maturité sexuelle était précoce, puisqu’elle est
acquise au bout de deux ans seulement. Ceci est important du point de vue de la conservation
de l’espèce puisque la reproduction peut avoir lieu pour des colonies mesurant seulement
2cm. La croissance des juvéniles est assez rapide (environ 1cm par an). Puis la croissance des
colonies est plus lente, puisque les branches d’une colonie croissent en hauteur de 0,5cm à
1,8cm par an et d’environ 0,1cm par an en diamètre, mais ces données sont variables selon les
sites (Allemand, 1993 et Harmelin, 1996). Le régime alimentaire du corail est encore assez
mal connu mais on sait qu’il est un filtreur passif. Le polype peut se nourrir de proies
planctoniques grâce à ses tentacules et cnidoblastes ou absorber de la matière organique
dissoute (Allemand, 1993).
On trouve cet organisme sessile principalement sur des substrats rocheux ou du coralligène
(Laborel, 1987 et Laubier, 1966). C’est une espèce sciaphile qui colonise les grottes, les
surplombs et les anfractuosités lorsqu’il est proche de la surface (-20m) mais qui se trouve
également dans les grandes profondeurs (-250m) (Laborel & Vacelet, 1961). La répartition de
C. rubrum est définie par trois paramètres principaux : la luminosité, l’hydrodynamisme et la
température de l’eau (Weinberg, 1978). En effet le corail rouge se trouve préférentiellement
dans les milieux où la luminosité ne dépasse pas 130cal/cm²/an (Novelli, 1995 et True, 1970).
Il est également dépendant de la circulation des courants pour son alimentation et par
conséquent pour sa croissance. La biocénose des grottes semi-obscures qui lui est souvent
associée est composée d’algues calcifiées, de spongiaires, de madréporaires, de cnidaires, de
vers tubicoles et de bryozoaires (Laborel & Vacelet, 1961). Parmi le peu d’ennemis naturels
directs du corail on trouve les Cliones perforantes et les éponges endolithes qui forent son
squelette. Des conditions thermiques précises sont importantes pour la santé et la survie du
corail. En effet il a été démontré que des températures anormalement élevées (plus de 23°c
pendant environ un mois par exemple) provoquent une forte mortalité du corail de faible
profondeur (Garrabou et al., 2001 et Perez et al., 2000).
La distribution de Corallium rubrum sur les côtes algériennes n’est connue que dans les
zones d’exploitation, à savoir les régions de : El Kala, Annaba, Skikda, Jijel, Béjaïa et Ténès.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 43
gisements permettaient pour la période 1990-1999 des prises en moyenne de l’ordre de 4
tonnes/an, ce qui correspond environ au 1/7 des pêches méditerranéennes.
Figure 2 : Répartition spatiale des colonies de Corallium rubrum sur un tombant rocheux de la région
d’El Kala (Belbacha, comm. pers.). Les colonies sont présentes sur les tombants Ouest, face au courant
principal. Elles sont d’autant plus abondantes que le tombant est vertical.
Protection de l’espèce :
Aucune protection nationale n’est appliquée au corail rouge et il n’est pas inscrit sur les listes
rouges de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Pourtant il est
concerné par trois réglementations internationales :
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 44
> La directive Habitats (21.05.1992) concernant la conservation de la faune et flore sauvage,
ainsi que leurs habitats, a été transposée en droit français par l’ordonnance du 11.04.01. Le
corail rouge est concerné par l’annexe V qui définit les espèces d’intérêt communautaire dont
le prélèvement et l’exploitation sont susceptibles de faire l’objet de mesures de gestion
spécifiques.
Or la côte Vermeille est directement concernée par cette directive, étant donné que les fonds
marins d’Argelès à Cerbère ont été désignés comme site d’intérêt communautaire. En effet les
4229 hectares que cette zone couvre sont inclus dans le périmètre du site Natura 2000 et
certains habitats concernés, comme les récifs et les grottes, abritent du corail rouge.
Dans les faits, la meilleure protection du corail rouge vient de la loi n°86-2 du 03.01.86,
(décret n°90-618 du 11.07.90) qui interdit toute pêche sous-marine en scaphandre, sauf
dérogation.
Par contre, si Corallium rubrum semble bien connu dans la région d’El Kala (LACAZE-
DUTHIERS, 1864), les localisations actuelles des principales aires de répartition reste à faire,
puisque l'espèce est signalée un peu partout sur les côtes algériennes.
Indépendamment des convoitises suscitées par les gains que procure l'exploitation du corail,
la connaissance des gisements du corail est cruciale dans la protection du coralligène, puisque
l'exploitation du premier a des conséquences destructrices sur le second
L'oursin diadème, qui se distingue facilement des autres espèces par ses longs piquants de
plus de 7 cm, est présent dans la zone du PNEK. Plusieurs individus ont été rencontrés dans le
coralligène à 56 m avec Corallium rubrum et au niveau de l'épave Bougarouni où 4 individus
ont été recensés.
L’oursin Centostephanus longispinus est le seul représentant méditerranéen de la famille des
Diadematidae. Sa répartition actuelle et sa relative rareté dans le bassin méditerranéen
occidental sont rattachées, par de nombreux auteurs, à sa thermophilie (Peres et Picard, 1964 ;
Harmelin et al., 1998).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 45
photo 14 : Oursin diadème sur l’épave du Bougarouni (-51 m)
5.3.2.2 La grande nacre - Pinna nobilis Linné, 1758
Un autre invertébré, la grande nacre, s'inscrit dans cette liste des espèces à protéger.
Fragilisée, la grande nacre, espèce protégée en Méditerranée, a été décimée dans la majorité
des sites méditerranéens, soit par prélèvement direct, soit sous l'effet des engins de pêche
et/ou soit par le recul des herbiers de posidonies (Vicente et Moreteau, 1991). C'est l'un des
plus grands bivalves du monde, inféodée le plus souvent de l'herbier à posidonie ou la prairie
à cymodocées. Elle vit partiellement enfoncée dans le sédiment, enracinée par une sécrétion
filamenteuse : le byssus.
Signalée autre fois sur tout le littoral algérien, l'espèce se raréfie. On la signale dans quelques
stations du PNEK. Pergent et al., (1990) l'inscrivent sur leurs listes d'inventaires au niveau des
herbiers de la Messida et de l'embouchure du la lagune El Mellah. La protection de l'espèce
dépend de celle de son habitat et donc des mesures prises pour l'herbier.
Beaucoup plus petite de taille que Pinna nobilis, cette espèce est rencontrée à proximité des
herbiers à Posidonia du PNEK, ou sur substrats durs, à des profondeurs relativement faibles.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 46
5.3.2.4 La Gorgone orange – Lophogorgia ceratophyta :
Plutôt rare dans le bassin méditerranéen et habituée aux substrats durs horizontaux légèrement
envasés (Weinberg, 1991), elle semble préférer les eaux turbides. La difficulté à définir avec
précision son habitat naturel est donc réelle. Bio-indicateur de la qualité du milieu marin, elle
peut former des populations parfois très denses (plus de 10 colonies par m²).
Dans les eaux du Parc National d’El Kala, comme dans d’autres secteurs de Méditerranée
occidentale (Banyuls, Cap d’Agde comm. pers.), elle le partage avec Eunicella singularis , la
gorgone blanche.
Depuis 1990, elle semble étendre son aire de répartition en s’installant dans la région de
Marseille (Francour et Sartoretto, 1992).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 47
6. NOTES SUR LE PHOQUE MOINE, LES TORTUES MARINES ET
LES CETACES DU PARC NATIONAL D’EL KALA
Bien que les missions effectuées en juillet et août 2004 ne soient pas spécifiquement orientées
vers ces espèces marines animales, plusieurs éléments recueillis à la faveur de nos
investigations à terre et en mer ainsi que certaines données disponibles dans la littérature
scientifique nous amènent à proposer des notes synthétiques sur le phoque moine, les tortues
marines et les cétacés. Des perspectives pour la protection, la gestion et l’étude de ces espèces
et de leurs habitats sont également avancées.
6.1.1 Statut
Protégé légalement nationalement par le décret présidentiel n°83 509 du 20/08/1983 ainsi que
par les conventions internationales signées par l’Algérie (CITES, Convention Africaine,
Convention de Barcelone) le phoque moine était présent sur l’ensemble des côtes algériennes
jusque dans les années 60 (BOUGAZELLI, 1979).
Il est important de noter que cette espèce figure parmi les treize espèces animales les plus
menacées du monde, classée CR C2a sur la Liste Rouge des espèces menacées (UICN, 2003)
et que la population méditerranéenne est seulement estimée entre 150 et 250 individus
(PNUE/CAR/ASP, 2003).
Deux sous-populations ont été identifiées en Algérie jusqu’aux années 80 : l’une sur le littoral
ouest, dans l’Oranais où la population était fragmentée en petits groupes ou en individus
isolés pour un effectif autour de la vingtaine (BOUTIBA et al., 1987) ; l’autre, beaucoup
moins connue et suivie, sur la côte Est avec l’observation d’individus toujours isolés, ce que
certains auteurs attribuent au déplacement de ceux de l’Archipel de la Galite en Tunisie.
MARCHESSAUX (1987) indique que les dernières observations ont eu lieu dans la région
d’El Kala en 1974 et AVELLA indique que des témoignages rapportent des observations
ponctuelles sur cette côte (CALTAGIRONE, CAR-ASP, 1995).
Depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui les populations ont nettement régressé à l’Ouest
comme à l’Est pour quasiment disparaître (BOUTIBA, 1990, BOUTIBA, 2004).
Cependant, le secteur géographique entre Annaba et la frontière avec la Tunisie figure, selon
les données existantes, comme le deuxième secteur potentiel d’accueil de cette espèce, après
la région de l’Oranais. Le parc national d’El Kala pourrait donc avoir un rôle particulier à
jouer dans la conservation de l’habitat et de cette espèce emblématique elle même, menacée
de surcroît au niveau mondial.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 48
- quelques pêcheurs professionnels nous ont indiqué avoir vu des phoques isolés au cours
des années 90
- un pêcheur à la ligne nous a rapporté son témoignage de l’observation de trois individus –
2 adultes et un jeune , au Cap Segleb, au début des années 2000
- la côte présente des particularités géomorphologiques favorables à l’habitat du phoque
moine (falaises isolées avec failles et quelques grottes aux extrémités des limites du parc
(Cap Segleb et M’Zara)
- Trois grottes principales ont été identifiées sur le linéaire parcouru (qui ne correspond pas
à la totalité du linaire du projet d’extension du parc) dont deux correspondent aux critères
habituellement retenus pour l’habitat favorable à l’espèce (Biologie, statut et conservation
du Phoque moine, Conseil de l’Europe, 1989)
La première grotte, dénommée grotte à phoque, dans un secteur très sauvage du Cap Segleb
(indice plongée OB 9), présente une deuxième grotte intérieure émergée de deux mètres de
profondeur
La deuxième à l’ouest de la Messida est en partie effondrée et occupée par des
hirondelles (OB 15).
La troisième dans le secteur de M’Zara dénommée Grotte Cathédrale (indice plongée OB 3),
est beaucoup plus grande et correspond le mieux aux critères géomorphologiques d’habitat à
Monachus monachus. Les porches et les galeries sont assez grands, assez longs et en partie
aériens avec une chambre qui s’ouvre sur une partie émergée. Aucun indice de présence de
phoque n’a cependant été relevé.
A l'extérieur des grottes, dans le médiolittoral, on note la présence des espèces de cet étage et
de remarquables formations bio-concrétionnantes à Corallina elongata (bourrelet à coralline).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 49
Figure 7 : Coupe radiale schématique de « la grotte à phoques » (OB9)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 50
Figure 3 : Coupe schématique d’une grotte type à phoque moine (CALTAGIRONE, 1995)
6.1.3. Causes du déclin
Le déclin de ces populations provient essentiellement des activités humaine telles que la
pêche (capture accidentelles ou volontaires de phoques, surexploitation des ressources
marines) et plus particulièrement l’aménagement du littoral avec l’expansion récente du
tourisme nécessitant l’ouverture de routes ou de pistes perpendiculaires ou parallèles au
rivage afin de désenclaver les plages ou criques jusque là difficilement accessibles.
Il est ainsi mentionné par CALTAGIRONE (1995) que « les projets … comme la mise en
place de structures d’accueil pour 3000 touristes dans le parc national d’El Kala (IUCN,
1987), sont de nature à réduire définitivement l’habitat potentiel de l’espèce dans cette
région ».
D’autre part il n’existe pas de données dans cette partie de littoral de morts significatives par
captures de phoques comme cela a été le cas pour plus de 40 individus entre 1983 et 1993 sur
le reste des côtes algériennes (AVELLA, 1994).
Bien que la population semble très faible et que le facteur tourisme en développement soit à
considérer, les conditions d’accueil du phoque moine dans le périmètre de l’extension du parc
national (notamment par la présence de grottes potentielles dans des secteurs assez
inaccessibles) associées à l’éventualité de retrouver des individus en provenance de l’archipel
de la Galite, indiquent qu’un population pourrait tout au moins transiter par le littoral du parc
national, si ce n’est s’y installer plus durablement.
En raison de la présence de lieux de refuge passé ou assez récent de cette espèce dans l’aire
d’extension marine potentielle du parc national, c’est la potentialité qu’offrent la
configuration géomorphologique du rivage ET des mesures de gestion et de protection contre
les nuisances actuelles qui permettraient d’inclure le phoque dans les objectifs de réalisation
de l’Aire Marine Protégée du Parc National d’El Kala
L’objectif principal pourrait être au minimum de garantir une protection et surtout un habitat
pour des animaux transitant par la future aire marine protégée.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 51
Ces recommandations correspondent bien à celles préconisées par la Conservation du phoque
moine en Méditerranée (UNEP/MAP, 1996. UNEP/MAP, BOUTIBA, 1998), et des
propositions d’activités prioritaires à entreprendre en Méditerranée y compris dans les zones à
faible densité (PNUE/CAR-ASP, 2003).
- garantir la surveillance régulière (à terre et en mer) des zones les plus favorables (Cap
Segleb, M’Zara)
- s’assurer qu’aucune nuisance ne s’exerce sur les deux grottes repérées comme les plus
favorables à l’installation du phoque moine (impact direct d’aménagements touristiques,
présence de bateaux de tourisme, débarquements dans les grottes, pêche professionnelle
illégale ou amateur, pollution directe, aménagements divers à proximité)
- inclure ces deux grottes dans une zone réglementaire de protection renforcée (ou zone
intégrale), et en priorité hors zone touristique
- sensibiliser les usagers de la mer locaux, notamment les communautés de pêcheurs, pour
mieux leur faire connaître l’espèce, faire remonter l’information et gérer les éventuelles
observations ou captures
- assurer un suivi scientifique annuel (monitoring) sur les sites potentiels et les grottes
repérées (indices de présence, …)
- renforcer la coopération scientifique (universités, instituts, …) au niveau national, du
Maghreb et de la Méditerranée
Mais dans un premier temps, à l’instar de missions récentes menées dans le cadre du
programme medMPA en Syrie ou sur la côte méditerranéenne marocaine, toutes deux peu
connues (MO G., 2003 ), l’étape principale et prioritaire reste la réalisation d’une étude plus
complète ciblée spécifiquement sur la recherche des habitats favorables et de la présence
éventuelle d’individus de phoques moine sur tout le linéaire côtier du parc national .
Selon la littérature seules deux espèces de tortues ont été notées en Algérie depuis le 18ème
siècle (UNEP/MAP, 1990) : la tortue caouanne (Caretta caretta) et la tortue Luth
(Demochelis coriacea). Bien que certains auteurs (GROOMBRIDGE et LUXMOORE, 1987)
émettent l’hypothèse d’une nidification certaine ou possible de tortues vertes (Chelonia
midas) en Algérie, les informations sur les rares observations ne semblent pas fiables.
Historiquement présente vers Annaba au 19ème siècle où chaque jour des tortues étaient tuées,
la Caouanne semble peu observée dans les années 80 mais elle est mentionnée sur la partie
orientale du littoral algérien, dans la Grande Kabylie, dans l’Algérois et dans l’Oranais.
Pour la Caouanne, ARGANO (1979) considère le littoral algérien comme ayant peu d’intérêt
pour la nidification. Portant une publication anonyme de 1987 affirme que l’Algérie
compterait 25 nids.
La tortue luth est signalée dans l’ouest algérien. depuis le 18ème siècle et plusieurs captures ont
eu lieu dans la région d’Alger fin 19ème début 20ème siècle (UNEP/MAP, 1990).
Aujourd’hui les tortues caouannes sont régulièrement observées, surtout dans la partie
occidentale et orientale où leur nidification est suspectée (GROOMBRIDGE, 1990 ;
LAURENT, 1990 ; UNEP/MAP, 1990), car les habitats de plages inaccessibles par voie
terrestre sont présents (petites plages avant la frontière, plages à l’ouest du Cap Rosa).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 52
Les observations des missions de l’été 2004
- Aucun individu n’a été observé en mer ni de traces sur les plages où nous avons pu
débarquer
- Lors de nos enquêtes auprès des pêcheurs et de la population locale, plusieurs
témoignages attestent récemment de la présence de tortues marines entre le Cap Segleb et
le Cap Rosa ; certaines informations relatent leur nidification épisodique sur la plage de
Boutrebiche, sur des plages isolées au nord et au sud de la Vieille Calle (une Caretta
caretta s’est échouée dans les années 2000 vers M’Zara) ainsi qu’à l’Est du Cap Rosa.
- La présence de carapaces de tortues dans certains restaurants et hôtels et la découverte
d’un cadavre de Caretta caretta près du port de pêche d’El Kala (photo ci-après)
confirment aussi que les tortues sont présentes dans cette partie marine du parc national
Menaces
Les tortues marines d’Algérie ont été autrefois largement exploitées, an particulier vers
Annaba en été alors qu’en Oranie elles étaient plutôt relachées après capture accidentelle
(LANTERI, 1982).
Mais les prises peuvent être importantes, jusqu’à 500 individus par an (LAURENT, 1990) et
on estime que 10 à 30 % ne sont pas relachées et sont utilisées à des fins de décoration ou
d’alimentation. AGUILAR et al.(1995) estime que dans le sud-ouest de la Méditerranée 6,5
tortues par jour et par bateau étaient capturées en 1991.
Aujourd’hui il n’existe pratiquement pas de données sur les captures accidentelles ou non des
tortues marines ni sur l’impact de la pollution marine, en particulier sur l’ingestion de sacs
plastiques reconnue comme un facteur majeur d’atteinte aux tortues marines (VENIZELOS,
SMITH, 1997).
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 53
Les menaces pèsent surtout sur les habitats potentiels à nidification que sont les plages
sablonneuses qui subissent l’impact de la fréquentation touristique ou l’installation de
« plages d’échouage » par l’installation de pêcheurs qui viennent parfois s’y installer une
grande partie de l’année, notamment pendant la période estivale, période de ponte des tortues.
- Préalablement engager rapidement une étude spécifique sur le statut des tortues marines
de la frange marine du parc national par l’observation directe d’individus en mer, la
recherche systématique des plages de nidification potentielle et des indices de présence et
une enquête approfondie auprès des pêcheurs professionnels et amateurs sur les captures
- garantir la surveillance régulière (à terre et en mer) des zones les plus favorables (Nord et
sud du Cap Segleb, sud de la Vieille Calle et de l’embouchure du lac Mellah, ouest du Cap
Rosa
- s’assurer qu’aucune nuisance ne s’exerce sur les plages identifiées comme les plus
favorables à la nidification des tortues marines notamment pendant la période de
nidification (impact direct d’aménagements touristiques, présence de bateaux de tourisme,
débarquement, campements de pêche ou autres, pêche professionnelle illégale ou amateur,
pollution directe, aménagements divers à proximité)
- inclure les plages de nidification potentielle dans une zone réglementaire de protection
renforcée (ou zone intégrale), hors du zonage touristique
- sensibiliser les usagers de la mer locaux, notamment les communautés de pêcheurs, pour
mieux leur faire connaître ces espèces, faire remonter l’information et gérer les
éventuelles observations ou captures
- renforcer la coopération scientifique (universités, instituts, …) au niveau national, du
Maghreb et de la Méditerranée
- assurer un suivi scientifique annuel (monitoring) sur les sites potentiels et les plages
repérées (indices de présence, …)
En raison de la présence de lieux de refuge passé ou assez récent des tortues marines dans
l’aire d’extension marine potentielle du parc national, de la confirmation de l’intérêt de ce
secteur à l’échelle nationale, c’est la potentialité qu’offrent la configuration
géomorphologique du rivage ET des mesures de gestion et de protection contre les nuisances
actuelles qui permettraient d’inclure les tortues marines dans les objectifs de réalisation de
l’Aire Marine Protégée du Parc National d’El Kala
L’objectif principal pourrait être au minimum de garantir une protection et surtout un habitat
pour des animaux transitant par la future aire marine protégée.
Dans un deuxième temps, en fonction des données recueillies, la protection intégrale des
plages de nidification doit être engagée, la gestion des plages pouvant s’effectuer selon un
calendrier calé sur l’écologie des tortues.
Ces recommandations correspondent bien à celles préconisées par le Plan d’Actions pour la
Conservation des tortues marines de Méditerranée (UNEP/MAP/CAR/ASP,OUERGHI, 2001)
et d’autres auteurs (GEROSA, CASALE, UNEP/MAP/RAC/SPA,
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 54
6.3 Les cétacés
6.3.1 Statuts
Bien que le secteur d’El Kala soit l’une des deux zones de la côte algérienne où les
observations de cétacés sont les moins nombreuses sur la période 1972 – 1992 (BEAUBRUN,
1995), sur les huit espèces notées en Algérie, quatre espèces de cétacés sont connues dans les
eaux de l’Est algérien. Cependant il convient d’indiquer que la zone frontalière, longtemps
difficile d’accès, a bénéficié d’une faible pression d’observation et donc que les données sont
à relativiser. Les informations sont donc peu nombreuses (BEAUBRUN, 1995 ;
NOTARBARTOLO, 2002 ; ACCOBAMS, 2002).
Il convient de noter que l’Algérie n’est pas signataire de l’ACCOBAMS ; Accord sur la
Conservation des Cétacés de la Mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique
adjacente.
Les quatre espèces visées sont toutes sur la Liste Rouge des Espèces menacées de l’UICN de
2003. Il s’agit des espèces suivantes :
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 55
- Dauphin de Risso (Grampus griseus)
Rare à l’échelle méditerranéenne, ce dauphin a été observé au large des eaux de l’Algérie de
l’Ouest et de l’Est, notamment au large et à l’ouest du Cap Rosa (BEAUBRUN, 1995).
Aucun individu n’a été observé pendant le mois de mission de terrain. Mais ce travail -
consistant à simplement observer la mer pendant les trajets nous emmenant aux sites de
plongée du futur parc marin, sans méthodologie scientifique appliquée aux d’observations de
cétacés -, a été effectué en totalité dans une bande de trois mille maximum, ce qui exclut donc
toute information sur le secteur plus au large et plus favorable à l’observation de cétacés.
Les menaces concernant la viabilité des populations et des habitats des cétacés sont
aujourd’hui mieux connues (AGUILAR, 2000 ; ACCOBAMS, 2002). Il s’agit principalement
des effets de la pollution marine, des captures accidentelles ou non par des engins de pêche,
de la raréfaction des ressources alimentaires sur certaines zones géographiques. Associées aux
effets des maladies, souvent virales (une épidémie de Morbillivirus a entraîné la mort de plus
de 1000 Dauphins bleu et blanc en Méditerranée occidentale entre 1990 et 1992 ; AGUILAR,
2000 ; BEAUBRUN, 1995), certaines espèces de cétacés sont ainsi plus vulnérables que
d’autres, telles le Grand Dauphin (Tursiops truncatus) et le Dauphin bleu et blanc.
Parmi les mesures de gestion pour assurer une bonne conservation des cétacés
méditerranéens - interdiction des captures volontaires, prévenir les pollutions, éviter la
surexploitation marine, sensibiliser les professionnels de la mer et les habitants,…-, figure la
promotion de la création d’Aires Marines Protégées (Action Plan for the Conservation of
Cetaceans in the Mediterranean sea, ACCOBAMS, 2002 ; UNEP/MAP, 1996).
La présence avérée de la moitié des espèces des cétacés d’Algérie dans le secteur de la frange
marine du parc national d’El Kala (4 espèces sur 8), toutes quatre sur la liste rouge des
espèces menacées de l’UICN (2003), participe de l’intérêt à intégrer une frange marine pour
le Parc National d’El Kala.
Sur la thématique des cétacés, la limite du périmètre de classement vers le large devra tenir
compte d’observations plus fines puisque les exigences écologiques diffèrent selon les
espèces.
D’autre part la présence avérée d’individus transitant de chaque côté de la frontière entre
l’Algérie et la Tunisie mérite de poser la question d’une gestion durable partagée entre ces
deux pays, tant au niveau côtier (par exemple ressources halieutiques en été pour le Grand
Dauphin) que du grand large.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 56
6.3.3 Quelques pistes à court terme :
- sensibiliser les usagers de la mer locaux, notamment les communautés de pêcheurs, pour
mieux leur faire connaître les cétacés, faire remonter l’information et gérer les éventuelles
observations ou captures
- assurer un suivi scientifique annuel (monitoring) sur l’ensemble de la côte
Un effort important sur une meilleure connaissance scientifique du statut des espèces de
cétacés et de leur biologie dans ce secteur doit figurer dans les priorités d’actions à mener à
court terme dans le plan de gestion.
- Goéland leucophée
- Sterne pierre-garin
- Puffin des Anglais (Ras El Alem)
- Martinet noir
- Hirondelle rustique
- Hirondelle sp. (Ras Segleb)
- Milan noir
- Faucon crécerelle
- Rapaces sp. (Ras Segleb)
- Deux nids de Balbuzard pêcheur ont été observés à Ras Segleb.et un vers la Vieille Calle
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 57
8. APPROCHE DESCRIPTIVE ET CRITERES D’EVALUATION :
L’une des approches méthodologiques utilisées dans le cadre de cette étude pourrait être basée
sur la comparaison de deux types de descriptions écologique des fonds marins :
(1) La description que peut en faire le scientifique, fondée sur le type de relief, la couverture
de ce relief par la faune et la flore, la biodiversité …etc., et (2) la description que pourrait en
faire le plongeur de loisir, beaucoup plus subjective, intégrant des critères comme la clarté de
l’eau ou la présence d’espèces spectaculaires.
La mise en parallèle de ces deux types de perceptions permet de proposer une description à la
fois objective et appliquée des caractéristiques écologiques des fonds marins.
Le paysage sous-marin :
Il est le résultat de l'interaction de différents facteurs que l'on peut classer en deux grandes
catégories :
¾ Les facteurs descriptifs et objectifs (relief, grotte, couverture faune / flore, espèces d’intérêt
patrimonial…etc.)
¾ Les facteurs liés à la perception par le plongeur (clarté de l'eau, abondance de poissons,
courants).
Cette approche est la plus aisée dans la mesure où elle s'appuie sur des notions bien connues
des scientifiques. En Méditerranée, les milieux sous-marins sont classés en première
approximation de la manière suivante plus ou moins en fonction de la profondeur :
9 La pleine eau
9 Les enrochements artificiels
9 La roche littorale entre 0 et 3 mètres
9 Les fonds rocheux moyens à partir de 5 mètres
9 Les éboulis
9 Les fonds meubles
9 Les herbiers de phanérogames
9 Les fonds rocheux profonds à partir de 20 mètres
9 Les épaves et les récifs artificiels
9 Les tombants profonds
9 Les grottes
9 Le coralligène
Remarque : la qualité paysagère d'un site sous-marin ne doit pas être confondue avec sa
richesse biologique ou son intérêt patrimonial. Le tableau suivant montre que chaque milieu
présente des caractéristiques différentes vis à vis de ces trois critères.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 58
Paysage sous-marin Richesse biologique Intérêt paysager Intérêt patrimonial
La pleine eau +/- -/+ -
Les enrochements artificiels (digues…) + + -
La roche littorale entre 0 et 3 mètres ++ ++ ++
Les fonds rocheux moyens à partir de 5 mètres +++ ++ +++
Les éboulis + ++ ++
Les fonds meubles + - -
Les herbiers de phanérogames +++ -/+ +++
Les fonds rocheux profonds à partir de 20 mètres +++ ++ ++
Les épaves et les récifs artificiels ++ +++ +
Les tombants profonds ++ +++ +++
Les grottes + +++ ++
Le coralligène +++ +++ +++
Chacun de ces milieux physiques est "habillé" par une faune ou une flore fixée. Cet habillage
contribue de manière importante à l'aspect visuel du milieu. Les facteurs écologiques locaux
régissent la répartition de la faune et de la flore. L'étude du paysage demande alors de faire
intervenir les disciplines écologiques.
L'aspect du paysage est souvent considéré comme de peu de valeur (roche ou substrat nu),
même si certains milieux possèdent une forte valeur patrimoniale (trottoirs à Lithophyllum).
A quelques mètres de profondeur, l'action du ressac est moins sensible. L'éclairement reste
cependant important. Les végétaux vont alors pouvoir prospérer. Cette zone est donc
généralement caractérisée par un tapis végétal épais (Biocénose des Algues Photophiles ou
BAP).
Lorsque l'éclairement est fortement atténué (cas des surplombs), les végétaux laissent la place
à des animaux fixés. Les éponges et anémones se développant sous ces surplombs très colorés
constituant un intérêt biologique et paysager important (faciès à Parazoanthus axinellae).
Les fonds rocheux à partir de 20 mètres sont dominés par une faune vagile et fixée
importante. La lumière est suffisamment atténuée pour limiter les développements algaux
spectaculaires et les réduire aux algues encroûtantes. La faune est dominée par les gorgones,
les éponges…etc. Ce type de milieu présente généralement une bonne qualité paysagère.
Le coralligène est un cas particulier de milieu formé par des algues calcaires et qui, du fait de
son origine biologique, présente un relief fortement cavitaire, constitué de nombreuses failles
et même grottes. Il abrite un nombre important d'organismes, certains étant fortement
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 59
recherchés par les plongeurs (corail, langoustes). Il constitue donc un attrait important de ce
point de vue là.
Aux côtés de ces milieux accidentés et offrant des substrats pour toute une faune fixée, les
substrats meubles sont perçus comme étant de faible valeur paysagère, même s'ils abritent
parfois une faune assez riche.
Du point de vue paysager, les herbiers de posidonies peuvent apparaître comme totalement
monotones pour certains. Une certaine grille de lecture s’impose en effet pour mieux
apprécier ce type de milieu.
Néanmoins, la bande côtière du Parc National d’El Kala peut s’enorgueillir d’une indéniable
diversité paysagère dans les différents types d’herbiers rencontrés.
Sur un même site, le même plongeur peut avoir l'impression de faire un jour une bonne
plongée et le lendemain une mauvaise.
Clarté de l'eau : la visibilité est très limitée sous la surface de l'eau même lorsque celle-ci est
claire. En Méditerranée une visibilité de 40 mètres est considérée comme très bonne. Si l'on
transpose au milieu terrestre (visibilité de plusieurs dizaines de kilomètres) l'on conçoit que le
système de référence est fondamentalement différent. La visibilité sous l'eau peut varier de 0 à
quelques dizaines de mètres. Le manque de visibilité peut être habituel ou momentané. Les
conséquences de cette visibilité sur la qualité de la plongée sont considérables et doivent être
intégrées d'une manière restant à définir.
Ce qui précède montre que la qualité du paysage peut être estimée à partir de phénomènes liés
au site et de phénomènes éphémères et liés aux conditions régnant au moment de la plongée.
Seuls les phénomènes liés au site sont à prendre en considération pour la caractérisation
écologique des eaux côtières.
Par ailleurs, les critères descriptifs ont trait au milieu physique (relief, clarté de l'eau) et au
milieu biologique (recouvrement du substrat, présence d'espèces particulières). La
dégradation du paysage concernera essentiellement les critères biologiques et dans une
moindre mesure les critères physiques (dégradation de la clarté de l'eau liée à la présence d'un
rejet de station d'épuration par exemple).
Le paysage peut se dégrader : disparition des organismes recouvrant le rocher (mortalité des
gorgones), disparition d'espèces recherchées (mérou), augmentation de la turbidité, etc.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 60
9. CONCLUSION
Selon les objectifs assignés à cette mission, effectuée le long du littoral de la région d’El Kala,
il semble d’ores et déjà acquis que cette portion de côte algérienne présente une richesse
exceptionnelle. L’absence d’intervention humaine sur la plus grande partie de la côte dont la
structure et le relief sous-marin autorise un développement maximum d’une flore et d’une
faune diversifiée, est à l’origine de cette richesse. Il y figure en bonne place l’inventaire des
espèces remarquables dites aussi à valeur de « symbole ».
L’inventaire floro-faunistique qui a été réalisé ne constitue qu’une donnée indicative. Il nous a
permis l’identification de 134 espèces marines : macrophytes 53, poissons 33 et autres
embranchements 48.= c’est corrigé ? Cette diversité globale est d’autant plus appréciable qu’il
s’agit d’un échantillonnage estival ponctuel. Il est donc certain qu’il s’agit d’un inventaire
incomplet. Cependant, cet inventaire constitue une base de données pour l’estimation future
de la biodiversité globale de la partie marine du PNEK.
La biodiversité identifiée dans cette unité marine, adjacente au PNEK, tout comme la mise en
évidence d’espèces dites remarquables souvent citées comme espèces rares, espèces symboles
ou espèces à protégées traduisent l’importance de cet espace marin qu’il faut impérativement
protéger. Parmi ces espèces certaines d’entre elles ont disparu de leurs aires de distribution, et
d’autres ont vu leurs effectifs chuter sensiblement. On peut citer le mérou brun (Epinephenus
marginatus), la grande nacre (Pinna nobilis) le corail rouge (Corallium rubrum) , les trotues
et cétacés pour la faune ; les Cystoseires (Cystoseira stricta, C. sedoides, C. spinosa, C.
zosteroides), la dictyotale Dictyopteris membranacea et Posidonia oceanica pour la flore.
Cette étude nous a permis, entre autre, de mettre aussi en évidence des formations
remarquables (peuplements, paysages, habitats et biocénoses) considérés comme menacés en
Méditerranée (PNUE/UICN/GIS Posidonie, 1990) et que l’on retrouve au niveau du littoral
du PNEK. Il s’agit des peuplements marins comme :
• l’herbier à Posionia oceanica,
• les forêts à Cystoseira de mode battu,
• les fonds coralligènes.
L'intérêt majeur de cette unité marine d'El-Kala réside dans les points suivants :
La qualité indéniable des fonds sous-marins par leur beauté, l’esthétique du paysage côtier, la
réunion d’un grand nombre de peuplements et d’espèces remarquables menacés ou devenus
rares en Méditerranée, l’absence de signe de dégradation majeure par la pollution du milieu,
confirment l’intérêt qu’il y a à prendre des mesures pour la mise en place d’une aire marine
protégée au niveau du Parc National d’El Kala.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 64
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rencontres scientifiques de la côte bleue. Carry-le-Rouet, 18-19 novembre 1989. Edit
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VIGHI M. 1972. Etude sur la reproduction de Corallium rubrum. Vie et Milieu 23 : 21-32.
WEINBERG S. 1978. Mediterranean Octocorallian Communities and the Abiotic Environment. Mar.
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WEINBERG S. 1992. Découvrir la Méditerranée. Nathan eds. 352p.
ZIBROWIUS H., 1980 - Les sclératinaires de la Méditerranée et de l'Atlantique nord- oriental. Mém.
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ZIBROWIUS H., MONTEIRO-MARQUES V. & GRASSHOFF M. 1984. La répartition du
Corallium rubrum dans l’Altantique (Cnidaria : Anthozoa : Gorgonaria). Téthys 11, 2 : 163-170.
Documents consultés :
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 67
Projet Régional pour le Développement d’Aires Protégées Marines et Côtières en Région Méditerranée
ANNEXES
A préciser que les photos illustrant le présent rapport demeurent l’entière propriété de leurs auteurs. L’utilisation de ces
dernières ne pourra être faite sans leur accord préalable.
SEMROUD R.(1), BELBACHA S.(2), DUPUY DE LA GRANDRIVE R.(3) & FOULQUIE M.(3), 2004. Faisabilité d’une
extension marine du Parc National d’El Kala – Algérie. Annexes. UNEP-MAP / CAR-ASP / ATEN / PNEK , Fr., 1-33.
(1) : Laboratoire Environnement Aménagement et Ecosystèmes Littoraux - Institut des sciences de la Mer et de
l'Aménagement du Littoral - Villa n°4 - Plage Ouest-Sidi Fredj, BP. 54, Staoueli - Alger
(2) : Club Scientifique de Plongée de Constantine – Cité UV3, n°10 Sigi-Amar – Annaba - Algérie
(3) : Atelier Technique des Espaces Naturels (ATEN), 2 place Viala – 34060 Montpellier - France
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 2
Cartes de stations prospectées
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 3
Secteur Melha-Vieille Calle
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 4
Secteur M'Zarae-El Kala
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 5
Secteur Messida
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 6
Secteur Cap Segleb
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 7
Position géographique des stations prospectées et les opérations effectuées – Binôme Mathieu Foulquié et Renaud Dupuy de la Grandrive
10 juillet 9 h 15 - 13 h 30
Très beau temps Mer
PM 6 Entre Cap Segleb et la Messida 19 46 MF + RDG
houleuse
PM 7 id (pointe) 21 45 MF + RDG
11 juillet 9 h 30 - 15 h 30
Beau temps
PM 8 Cap Rosa (N) 32 25 MF + RDG
Mer calme
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 8
Heure départ et retour plage Temps de plongée en
Date N° Plongée Secteur géographique Prof max en m Plongeurs Météo
ou bateau minutes
14 juillet 12 h 00 - 12 h 30
AM 2 Beau temps
Vieille Calle 5 30 MF + RDG + ET
Houle
15 juillet 10 h 00 - 15 h 30
PM 13 Beau temps
Embouchure Mellah (N) 36 35 MF + RDG
Petite houle
PM 15
Plage petite tortue (N) 23 14 Plage petite tortue
PM 16 Plage petite tortue (W) 15 50 MF + RDG
16 juillet 10 h 55 - 16 h 45
PM 17 Large du Cap El Alem / Epave du Beau temps
51 45 MF + RDG
Bougarouni Mer calme
PM 18 Plage Vergès 7 35 MF + RDG
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 9
Position géographique des stations prospectées et les opérations effectuées – binôme Rachid Semroud
et Saïd Belbacha.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 10
O8 Boutribicha - Ras Segleb Liseré Observations
côtier Id. in situ +Prélèvement
O9 Boutribicha - Ras Segleb Liseré Obs. et prise de photos
côtier Cartographie
O10 Boutribicha - Ras Segleb Liseré Observations
côtier Id. in situ +Prélèvement
O11 Avant le Ras Segleb Liseré Observations
côtier Id. in situ +Prélèvement
4 août O12 Ville d'El Kala- La Messida Liseré Obs. et prise de photos
côtier Id. in situ
O13 Ville d'El Kala- La Messida Liseré Obs. et prise de photos
côtier Id. in situ
O14 Plage de La Messida (Est) Liseré Obs. et prise de photos
côtier Id. in situ
O15 Plage de La Messida Liseré Obs. et prise de photos
côtier Id. in situ
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 11
(les listes suivantes sont issues des relevés in situ du binôme R. Semroud / S. Belbacha)
LISTE DE L'ICHTYOFAUNE
Serranidae
Anthias anthias (Linnaeus, 1758)
Apogonidae
Apogon imberbis (Linnaeus, 1758)
Balistidae
Balistes carolinensis Gmelin, 1789
Pomacentridae
Chromis chromis (Linnaeus, 1758)
Chromis chromis (juvéniles) (Linnaeus, 1758)
Congridae
Conger conger (Linné, 1758)
Labridae
Coris julis (Linné, 1758)
Symphodus cinereus (Bonnaterre, 1788)
Symphodus roissali (Risso, 1810)
Symphodus melops (Linnaeus, 1758)
Symphodus rostratus (Bloch, 1797)
Symphodus tincta (Linnaeus, 1758)
Thalassoma pavo Linnaeus, 1758
Sparidae
Diplodus annularis (Linnaeus, 1758)
Diplodus cervinus (Lowe, 1841)
Diplodus puntazo (Cetti, 1777)
Diplodus sargus (Linnaeus, 1758)
Diplodus vulgaris (Geoffroy Saint-Hilaire E., 1817)
Oblada melanura (Linnaeus, 1758)
Sarpa salpa (Linnaeus, 1758)
Sparus auratus Linnaeus, 1758
Spondyliosoma cantharus (Linnaeus, 1758)
Serranidae
Epinephelus alexandrenus (Linnaeus, 1758)
Epinephenus marginatus (Lowe, 1834)
Mullidae
Mullus surmuletus Linné, 1758
Muraenidae
Murena helena Linnaeus, 1758
Sciaenidae
Sciana umbra Linnaeus, 1758
Umbrina cirrosa (Linnaeus, 1758)
Serranidae
Serranus cabrilla (Linnaeus, 1758)
Serranus scriba (Linnaeus, 1758)
Centracanthidae
Spicara smaris (Linnaeus, 1758)
Triglidae
Trigloporus lastoviza (Bonneterre, 1788)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 12
LISTE DES MACROPHYTES
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 13
Liste des autres embranchements
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 14
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 15
Notes relevées aux cours des différentes plongées
durant la période du 9 au 18 juillet 2004
(binôme R. Semroud / S. Belbacha - stations PR1 à PR17)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 16
Date : 09 juillet 2004
Station : Cap Segleb (Cap roux) ouest
Référence : PR2
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 17
Date : 10 juillet 2004
Station Plus vers l'ouest du Cap Segleb (Cap roux) et avant la Messida
Référence : PR3
Algues Ichtyofaune
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 18
Date : 10 juillet 2004
Station Plus vers l'ouest du Cap Segleb (Cap roux) et avant la Messida
Référence : PR4
Plocamium cartilagineum
Halopteris filicina
Cladostephus hirsustus
Codium bursa**** (Linné)
Posidonia oceanica (Linné) non dominante partagé avec Plocamium cartilagineum
Atherina hepsetus (Linnaeus, 1758)
Epinephelus marginatus (Lowe, 1954)
Epinephelus alexandrinus (Steindachner, 1878)
Oblada melanura (Linnaeus, 1758)
Diplodus vulgaris (Geoffroy & Saint Hilaire, 1817)
Sarpa salpa**** (Linnaeus, 1758)
Symphodus tinca (Linnaeus, 1758)
Chromis chromis (Linnaeus, 1758) juvenille
Balistes carolinnensis (Gmelin, 1788)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 19
Date : 11 juillet 2004
Cap Rosa est (3 plongées ont été effectuées)
Référence : PR5
Station au niveau du Cap (côtière) à partir d'un rocher haut de plusieurs mètres
Profondeur max = -14m
Sur le substrat dur: algues photophiles et peuplement sciaphile. Blocs de roche en position
vertical, éboulis dans sable et galet et enfin éboulis dans sable et gravier
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 20
Date : 11 juillet 2004
Cap Rosa NORD (3 plongées ont été effectuées)
Référence : PR6
Profondeur = -31m
Plongée très courte vérification de la présence de la posidonie. Elle est présente sur le
coralligène. Formation particulière. Coralligène sous forme ripple mark au sommet la
posidonie dans les creux du sable grossier. (1 prélèvement de faisceaux). (Formation à
vérifier au cours de la mission complémentaire pour plus de détails)
Sable fin dominant et éboulis, herbier sur roche. Faisceaux sur le replats des roches feuilles
courtes et entre les roches feuilles longues (des prélèvements de faisceaux ont été effectués);
les parois verticales des roches ombragées sont occupées par un peuplement sciaphile
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 21
Date : 12 juillet 2004
Cap Rosa nord ouest (1 plongée profonde)
Référence : PR8
Profondeur = -56 m
Observations très côtières sur un surplomb de -6m et transect jusqu'à -11m. Eboulis
importants, sédiments constitués de gros galets, puis de gravier et enfin par du sable en se
dirigeant vers le large.
Lithophyllum lichenoides (quelques taches) Codium bursa
Corralina elongata (Bourrelets importants) Cladostephus hirsutus +++
Actina equina + Padina pavonica
Codium fragile ++ Lithothamnion lenormandi (encroûtante)
Parazoanthus axinellae +++ (-1m) Udotea petiolata
Ircinia fasciculata (éponge grise) Arbacia lixula
Clathria clathrus (éponge blanche) (-3m) Hothuria polii (sable)
Spongia agaricina Cytoseira spinosa? = elegans
Crambe crambe Dilophus fasciola
Paracentrotus lividus Lithophyllum incrustans
Chondrosia reniformis
L'herbier à P. oceanica débute à -7m, faisceaux sur la surface des roches (petit faisceux) et
faisceaux calés entre les roches (feuilles très longues). La limite se situe à -18m.
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 22
Date : 13 et 14 juillet 2004 Sorties annulées pour cause de mauvais temps. Une sortie c'est
faite à la Plage de la Veille Calle le 14 juillet
Référence : Aucune
Un ramassage d'algues échouées sur banquette à Posidonies a été effectué (voir échantillon)
Rhodophycées
Asparagopsis armata
Hypnea musciformis
Jania rubens
Gracilaria verrucosa
Chondria sp.
Sphaerococcus coronopifolius (frament)
Gracilaria bursa-pastoris
Fucophycées
Halopteris filicina
Halopteris scoparia
Dilophus spiralis
Colpomenia sinuosa
Cladostephus hirsutus
Ulvophycées
Ulva lactuca
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 23
Date : 15 juillet 2004
Embouchure Mellah NORD
Référence : PR10
Profondeur max = -23m
En avant des 12 m vers le large fond de sable. Herbier sur roche (même paysage que dans les
stations où l'herbier est en place). Limite inférieure de l'herbier -15m suit un sable grossier.
Information Mathieu : (PM13) Touffes de Posidonie à -35; la limite serait située vers les 27 m
(herbier véritable)
Algues
Halimeda tuna
Udotea petiolata
Dasycladus vermicularis (sur fond de sable)
Dictyopteris membranacea
Cladostephus hirsutus
Padina pavonica
Pseudolithophillum
Jania rubens
Codium fragile
Codium bursa
Lithophyllum incrustans
Plocamium cartilagineum
Polysiphonia ??
Dilophus fasciola
Ichthyofaune
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 24
Date : 15 juillet 2004
Plage petite tortue nord
Référence : PR12
Profondeur max = -12m
Plongée intéressante.
Herbier sur roche; sur les tombants espèces sciaphiles.
Fond à sable grossier. Sur substrat algues photophiles. L'herbier s'arrête vers -3m (limite
supérieure).
Algues
Pseudolithopillum expansium ++
Padina pavonica +++
Cladostephus hirsutus
Plocamium cartilagineum
Codium bursa
Colpomenia sinuosa
Peyssonelia squamaria
Zonaria tournefortii
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 25
Date : 16 juillet 2004
Large du cap El Alem
Référence : PR14
Profondeur max = -51m
Epave du Bougarouni (Chalutier ramené par l' OAP au début des années 70 appelé Hoggar)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 26
Date : 16 juillet 2004
Plage Vergès, sortie du chenal
Référence : PR15
Profondeur max = -5m (infralittoral supérieure et sur le médiolittoral (voir schéma)
Herbier sur roche dense qui remonte à la surface. Présence du récif barrière décrit par Pergent
et al., 1990
Moulière importante
Algues Ichtyofaune
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 27
Date : 16 juillet 2004
M'zara ouest
Référence : PR16
Profondeur max = -5m
Transect
Fond d'éboulis (Blocs de taille moyenne) entre -12m à -2m, direction N Sud Est 232°
Herbier sur roche, recouvrement 100%. Absence d'herbier à -2m (limite supérieure). Algues
photophiles sur substrat.
Algues
Cladostephus hirsutus ++
Dasycladus vermicularis (sur sable)
Udotea petiolata
Padina pavonica +++
Halimeda tuna
Jania rubens ++
Peyssonelia squamaria
Plocamium cartilagineum (algue rouge)
Asparogopsis armata (algue rouge)
Lithophyllum incrustans
Zonaria tounefortii
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 28
Transects de la mission complémentaire du 31 juillet au 04 août 2004
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 29
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 30
Exemples de Transects (Binôme MF / RDG)
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 31
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 32
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 33
Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 34
LOUISY P.., 2002. Guide d’identification des poissons marin Europe de l’ouest et méditerranée. Les
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LUTHER W. & FIEDLER K., 1982.Guide de la faune sous-marine des côtes méditerranéennes.
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Monachus monachus. GIS Posidonie Publ., ISBN N° 2-905540-13-3, Marseille, Fr. : 1-280.
RIEDL R., 1970- Fauna und Flora der Adria. Ed. Verlag Paul Parey. Hamburg und Beein, 702 p.
SEMROUD R., 2003. BIODIVERSITE MARINE ET LITTORALE ALGERIENNE : Le benthos des
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SEMROUD R., GRIMES S., 1995. Inventaire des sites potentiels en vue de la création d’aires marines
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SEMROUD R., THOMAS J.P., BOUDRIMONT R., DESAUNER J., LOREC H., GRIM Z., SIBLOT
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Semroud R., Belbacha S., Dupuy de la Grandrive R. & Foulquié M., 2004 68