L’insécurité juridique et ses conséquences sur l’État de droit
De plus en plus courant, le concept d’ « insécurité juridique » passionne
nombre de juristes, de théoriciens et de doctrinaires. Toutefois, malgré son emploi toujours plus récurent, cette notion ne fait pas l’objet d’une réelle conceptualisation de la part des experts du droit. Nous vous proposons dans cette première partie de mieux comprendre cette idée émergente au détour de l’étude de son antonyme : la sécurité juridique.
La sécurité juridique est un principe du droit impliquant que les sujets
d’un ordre juridique soient à même de connaître et de comprendre les lois qui leur sont applicables. Autrement dit, en vertu de ce principe, le législateur s’assure de la transparence des normes qu’il édicte et de leur publication effective, afin qu’elles soient accessibles aux citoyens qui y sont soumis. Ces derniers sont ainsi en mesure d’évaluer le caractère répréhensible des actes qu’ils posent.
De cette clarification se dégagent quelques critères du principe de la
sécurité juridique :
le critère d’intelligibilité suppose que les citoyens puissent
comprendre le contexte des dispositions édictées et mesurer leur portée ; le critère éthique implique que les normes adoptées soient utiles à la préservation de l’ordre et respectent les droits des usagers de l’administration ; le critère coercitif suggère que les dispositions aient un caractère obligatoire et s’appliquent à tous les individus ou à toute catégorie d’individus visée ; le critère de compétence impose au législateur l’adoption de normes relevant de son domaine de compétence.
Se matérialisant par le non-respect d’un ou de plusieurs des critères
susmentionnés, une dérogation au principe de la sécurité juridique peut faire l’objet de réclamations ou de contentieux de la part des justiciables concernés. La situation de ces derniers peut dès lors être considérée comme étant l’expression d’une insécurité juridique.