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Cœur à Cœur avec Jésus

La brochure « Pour converser avec le Maître » indique, parmi les méthodes possibles pour s'entre-
tenir avec Notre Seigneur, la conversation à partir d'une phrase d'Evangile.

Le présent ouvrage n'a d'autre prétention que d'illustrer par quelques exemples ce procédé tra-
ditionnel de colloque avec Dieu.

Pour chaque entretien, il donne quelques phrases, tirées du texte sacré, un commentaire mis sur les
lèvres du divin Maître, selon le procédé cher à l'auteur de « L'Imitation », et, pour finir, une prière
souvent empruntée à la liturgie.

II va sans dire que ces schémas de conversation ont uniquement pour but de faciliter la mise en
route d'un cœur à cœur personnel du lecteur avec Celui dont les paroles sont essentiellement Esprit et
vie.

PRIÈRE
PRÉPARATOIRE
DU PÈRE CHEVRIER

O VERBE, ô Christ, que Vous êtes beau, que Vous êtes grand ! Qui saura Vous connaître, qui
pourra Vous comprendre ? Faites, ô Christ, que je Vous connaisse et que je Vous aime ! ♦♦ Puisque
Vous êtes la lumière, laissez venir un rayon sur ma pauvre âme, afin que je puisse Vous voir et Vous
comprendre. Laissez-moi jeter un regard sur Vous, ô Beauté infinie. Effacez un peu votre grande
lumière afin que mes yeux puissent Vous contempler et voir vos perfections. ♦♦ Ouvrez mes oreilles à
votre divine parole, afin que j'entende votre voix et que je médite vos enseignements. Ouvrez mon esprit
et mon intelligence, afin que votre parole entre dans mon cœur, et que je puisse la goûter et la
comprendre. ♦♦ Mettez en moi une grande foi en Vous, afin que toutes vos paroles soient pour moi
autant de lumières qui m'éclairent et me fassent aller à Vous et Vous suivre dans toutes les voies de la
justice et de la vérité. ♦♦
O Christ, ô Verbe, Vous êtes mon Seigneur, mon seul et unique Maître. Parlez, je veux Vous
écouter et mettre votre parole en pratique, parce que je sais qu'elle vient du ciel. Je veux l'écouter, la
méditer, la mettre en pratique, parce que dans votre parole il y a la vie, la joie, la paix et le bonheur. ♦♦
Parlez, Vous êtes mon Seigneur et mon Maître ; je ne veux écouter que Vous.

1
I

Viens à moi

2
TEXTES SACRÉS

Le Maître est là et Il t'appelle. (Jean, II, 28.)

Venez à Moi, vous qui êtes fatigués, et je vous réconforterai. (Matthieu, XI, 28.)

Celui qui vient à Moi, je ne le repousserai pas. (Jean, VI, 37.)

Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à Moi et qu'il boive. (Jean, VII, 37.)

Personne ne vient au Père si ce n'est par Moi. (Jean, XIV, 6.)

Que celui qui a soif vienne, et que celui qui le veut reçoive gratuitement l'eau vive.
(Apocalypse, XXII, 17.)

II est fidèle, Celui qui vous a appelés. (Première épître aux Thessaloniciens, V, 24.)

COLLOQUE

oui, c'est bien Moi qui suis là, tout vivant dans l'Hostie.
C'est bien Moi, ton Seigneur et ton Dieu, ton Maître et ton Sauveur ;

Moi qui pensais à toi dans mon agonie ;

Moi qui ai versé telle goutte de sang pour toi ;

Moi qui sans cesse pense à toi, te regarde et t'enveloppe de tendresse et d'amour.

Oui, c'est bien Moi qui t'appelle et qui t'attends ici.

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II
Viens à Moi tel que tu es. Oui, même avec tes péchés, tes défaillances et tes négligences sans
nombre.

Présente-les-Moi humblement pour que je te les pardonne.


Aie confiance : si sincèrement tu les regrettes ; si humblement tu es disposé à m'en demander
pardon ; si généreusement tu es décidé à un nouvel effort, tes péchés seront devant Moi comme s'ils
n'avaient jamais été commis.
J'ai dans mon Cœur plus de puissance de pardon que l'humanité entière n'a de puissance de péché ;
mais surtout, crois-le bien, je t'aime plus ardemment que tu n'as aimé tes souillures.

III
Viens à Moi avec tes soucis et tes peines.
Je sais par expérience ce que c'est que de souffrir.
Donne-Moi ta douleur. Unis-la à la, mienne, et tu la feras servir à la purification de ton âme ; tu
verras aussi comme la souffrance est féconde et moins lourde à porter quand je viens en toi la souffrir
avec toi.
Donne-Moi ton inquiétude. Ce n'est pas en vain que l'on se confie à Moi. Mais là, vraiment, dis-Moi
tout ce qui te préoccupe. Appuie-toi sur Moi, longuement, filialement, affectueusement... et maintenant
sois sans crainte : je m'occuperai Moi-même de ton affaire ou je t'inspirerai, au moment opportun, ce
qu'il te faudra faire.

IV
Viens à moi avec tous les tiens. Les membres de ta famille et tous ceux dont tu as plus ou moins la
charge. Ne crains pas de me citer des noms.
Je les aime Moi-même infiniment plus que tu ne peux l'imaginer.
Présente-les à ma bénédiction, les uns après les autres.
offre-les aux rayons de mon amour.
Grâce à ton geste, il y a actuellement un rayon qui s'échappe de mon Cœur pour chacun d'eux.
Si tu savais ta puissance... Profite donc abondamment de ta présence auprès de Moi.

4
V
Viens à Moi avec tes espoirs, tes projets, tes désirs. Personne mieux que Moi ne peut t'aider à les
purifier de tout alliage, ou à les axer dans la ligne des volontés de mon Père.
Demande-Moi tout ce dont tu as besoin. Ne crains pas d'être indiscret.
Ma joie c'est de donner. Plus tu me demanderas, plus je serai heureux. Car je ne puis t'accorder que
dans la mesure où, humblement, tu, me demandes.
Précise... répète... insiste...
J'ai encore plus soif de donner que toi de recevoir.
Sans Moi tu ne peux aller bien loin, mais avec Moi les obstacles seront vaincus les uns après les
autres. Ils deviendront même pour toi l'occasion d'un dépassement.
Quelles belles choses tu pourrais réaliser avec ma grâce, si tu venais plus souvent la puiser en Moi !

VI
Viens à Moi parce que tu as besoin de Moi ; mais viens à moi aussi parce que je veux avoir besoin
de toi.
Oui, c'est vrai, je suis le Tout-Puissant. Théoriquement je n'ai besoin de personne. Mais ce n'est pas
pour rire que je t'ai aimé et que je t'ai associé à mon action.
Je prends au sérieux ta collaboration. Il y a des grâces pour le monde qui ne seront obtenues que par
toi. Le bien que tu refuseras de faire, personne d'autre ne le fera à ta place, et éternellement il restera non
fait.

VII
Veux-tu m'aider à rendre le monde meilleur ? à spiritualiser une humanité qui tend de tout son poids
à s'animaliser ?

Veux-tu m'aider à étendre le règne de ma justice et de mon amour ?


Acceptes-tu d'être mon témoin ?
Alors, viens à Moi, avec tout ton esprit pour que je le remplisse de mes pensées.
Viens à Moi, avec tout ton cœur pour que je l'incendie de mon amour.
Viens à Moi, avec toute ta volonté pour que je lui communique mes énergies divines.
Laisse-Moi te remplir de tout Moi... Et reviens ainsi, chaque fois que tu le pourras, refaire tes
forces.
Et maintenant, vas en paix... Je suis en toi... Je suis avec toi.

5
PRIÈRE

SEIGNEUR, qu'il fait bon venir auprès de Vous.


Mon âme désire avec ardeur Vous retrouver.

Vous êtes le Dieu vivant.

Mon cœur et ma chair tressaillent à la pensée de venir Vous voir.

Comme le passereau trouve une maison et la tourterelle un nid où déposer ses petits,

je voudrais, Seigneur, trouver au près de Vous ma demeure.

Qu'ils sont heureux ceux qui habitent chez Vous, Seigneur, et qui ne cessent de Vous louer !

Qu'il est heureux l'homme que Vous aidez : sa vie est une ascension continuelle.

Sous votre influence, il ne cesse de grandir de vertu en vertu.

Seigneur, exaucez ma prière ; faites-moi sentir votre présence et la douceur de votre regard.

Un jour passé auprès de Vous vaut mieux que des milliers ailleurs.

(Psaume LXXXIII.)

6
II

Cherche-moi
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TEXTES SACRÉS

Cherchez et vous trouverez. (Matthieu, VII, 7.)

Le Seigneur est bon pour toute âme qui Le cherche. (Lamentations, III, 25.)

Seigneur, tu n'abandonnes pas ceux qui te cherchent. (Psaumes, IX, 11.)

Tous ceux qui te cherchent sont remplis de joie. (Psaumes, XXXIX, 17.)

Cherchez le Seigneur et votre âme sera vivifiée. (Psaumes, LXVIII, 33.)

Cherchez le Seigneur, cherchez sans cesse sa voie, et vous serez dans la sécurité. (Psaumes, CIV, 4.)
Cherchez le Seigneur pendant qu'Il peut être trouvé. (Isaïe, LV, 6.)

Vous me trouverez parce que vous me cherchez de tout votre cœur. (Jérémie, XXIX, 13.)

COLLOQUE

CHERCHE - MOI, parce que je suis tout ce qui te manque, parce que je suis ta raison d'être, parce
que sans Moi tu ne peux rien faire.

En Moi se trouvent tous les trésors de la Sagesse et de la Science.

Je suis la Lumière du monde.

La Vérité, c'est Moi. Et quand tu es en Moi, tu es dans la Vérité.

La Voie, c'est Moi. Et quand tu es en Moi, tu es dans la Voie.

La Vie, c'est Moi. Et quand tu es en Moi, tu es dans la Vie.

C'est Moi qui possède les paroles de la vie éternelle.

Je suis Celui par qui tu peux rendre au Père des cieux un honneur parfait et une gloire totale.

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II
Cherche-Moi, parce que tu vaux ce que tu cherches.
Si ce n'est pas Moi que tu cherches, c'est toi-même, et alors tu ne trouves que le néant.
Un jour vient où tu es déçu car, en définitive, en te trouvant sans Moi, tu n'étreins qu'un peu de
cendre. « Souviens-toi que tu n'es que poussière... »
« Je suis Celui qui est ; tu es celui qui n'est pas. » C'est en me cherchant que tu donnes à ta vie son
unité et sa pleine valeur.
Attache-toi à Moi, unis-toi à Moi, et je ferai de toi quelque chose de Moi.

III
Cherche-Moi, parce que c'est en me cherchant que ta vie deviendra utile et féconde.
Je ne juge pas comme les hommes. Je ne juge pas de la valeur d'un homme d'après sa fortune, ou
même ses capacités techniques.
Je ne juge pas l'intelligence d'un homme d'après le nombre de ses diplômes, ou même d'après la
finesse de son esprit. A quoi sert tout cela s'il oublie l'Unique Nécessaire ? Les parcelles de vérité que
l'homme découvre sans tenir compte de Moi, sans être fidèle à ma loi d'amour, tournent finalement à sa
propre destruction et à son malheur.

IV
Cherche-Moi purement, d’un désir sans alliage, d’une volonté sans mélange, d’un élan sans
déviation.
Beaucoup croient me chercher qui, en réalité, se recherchent eux-mêmes…
Cherche-Moi pour Moi. Tu me trouveras pour toi.
Cherche-Moi pour t’enchaîner à Moi que pour m’enchaîner à toi.
Cherche mes intérêts, et je m’occuperai des tiens.
Pense davantage à Moi, et je penserai davantage à tes affaires.
Cherche mon règne, et tout le reste te sera donné par surcroît.

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V
Cherche-Moi avec persévérance, sans te lasser, sans t’étonner que parfois je te semble introuvable.
On ne me trouve pas toujours du premier coup ; ne suis-je pas Deus absconditus, le Dieu caché ?
Où serait le mérite du chercheur s’il me trouvait dès le premier effort ? Je ne me découvre qu’à
celui qui veut vraiment me trouver, d’une volonté loyale, d’une volonté totale, d’une volonté prête aux
sacrifices nécessaires.
En es-tu là ? Rappelle-toi l’histoire de cet homme qui vendit tout ce qu’il avait pour acheter le
champ où se trouvait cachée la pierre précieuse…

VI
Cherche-Moi où je suis : dans l'hostie où je ne cesse de m'offrir pour toi à mon Père.
Cherche-Moi en toi-même où j'attends que tu penses à Moi pour me permettre d'agir en toi et par
toi.
Cherche aussi tout ce qu'il y a de Moi en toutes choses. Tu verras comme la création peut devenir
un chant de gloire.
Cherche surtout ce qu'il y a de Moi en tous ceux qui t'entourent. Adresse-toi à Moi en chacun. Tu
auras découvert l'un des secrets les plus efficaces de la véritable charité.
Sois plus fidèle à me découvrir dans les autres. Quelle passionnante recherche que celle. de mon
visage sous les défigurations humaines.
Cherche, et tu me trouveras, et partout tu rencontreras mon regard aimant et mon sourire ami.

VII
Cherche-Moi à travers tout. Dans ta prière où je suis heureux de pouvoir me donner, dans la mesure
où tu veux vraiment me comprendre et me prendre ;
Dans ton travail, où je t'associe à mon œuvre créatrice et rédemptrice ;
Dans ta détente, où je me réjouis de ta joie et refais mystérieusement tes forces ;
Dans l'exercice de la charité fraternelle, où c'est Moi qui me donne à Moi-même en tes frères ;
Dans la souffrance, où « j'achève en ta chair ce qui manque à ma Passion pour mon Corps qui est
l'Église » ;
Aux heures de lutte, où je décuple ta résistance dans la mesure où tu t'appuies sur Moi.
Cherche-Moi en tout, et en Moi tu trouveras tout.

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PRIÈRE

Jesu dulcis memoria, Doux est le souvenir de Jésus !


Dans vera cordis gaudia Il donne les vraies joies du cœur.
Sed super me1 et omnia, Mais plus que le miel et toutes choses,
Ejus dulcis præsentia. douce est sa présence.
Nil canitur suavius, Rien ne peut être chanté de plus suave ;
Nil auditur jucundius, rien ne peut être entendu de plus agréable ;
Nil cogitatur dulcius, rien ne peut être pensé de plus doux
Quam Jesus Dei Filius. que Jésus, le Fils de Dieu.
Jesu, spes pænitentibus, que Jésus, le Fils de Dieu.
Quam plus es petentibus ! que Tu es tendre à ceux qui T'implorent ;
Quam bonus te quærentibus ! que Tu es bon à ceux qui Te cherchent ;
Sed quid invenientibus ? mais que n'es-Tu pas à ceux qui Te trouvent !
Nec lingua valet dicere, Ni la langue ne peut dire,
Nec littera exprimere ni l'écriture exprimer ;
Expertus potest credere, seul celui qui en a fait l'expérience peut croire
Quid sit Jesum diligere. ce que c'est qu'aimer Jésus.
Sis, Jesu, nostrum gaudium, Sois, ô Jésus, notre joie,
Qui es futures præmium Toi qui es notre récompense future ;
Sit nostra in te gloria, que notre gloire soit en Toi
Per cuncta semper sæcula. durant tous les siècles.
Amen. Ainsi soit-il.

11
III

Je suis venu
apporter le feu
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TEXTES SACRÉS

Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que puis-je vouloir, sinon qu'il s'allume ! (Luc, XII, 49.)

Nous autres, nous croyons à l'amour. (1re épître de saint Jean, II, 16.)

Notre Dieu est un feu dévorant. (Hébreux, XII, 29.)

Comme mon Père m'a aimé, Moi aussi je vous ai aimés. (Jean, XV, 9.)

Il nous a aimés le premier. (1re épître de saint Jean, IV, 10.)

COLLOQUE

J E vous ai tous créés uniquement pour pouvoir me donner à vous, car je suis l'Amour.
Oui, je suis feu, et feu dévorant ; feu qui brûle de se communiquer, feu qui cherche sans cesse à
répandre sa vive flamme d'amour à travers vous.

Toi, veux-tu te laisser consumer par Moi ? Veux-tu accepter de devenir, à ton tour, incendiaire
d'amour ?

Regarde bien : trouves-tu en Moi quelque chose qui ne soit pas amour ?

La première chose, la plus importante, c'est de croire à l'Amour que je suis; la deuxième c'est
d'inspirer cette foi à tous ceux qui t'entourent, en étant toi-même un témoignage vivant de mon amour.

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II
Rien ne doit te faire douter de mon amour. Même quand je me cache, je reste obscurément mais
intensément Brasier vivant.
C'est le grand malheur du monde de ne pas croire que je suis l'Amour, et que je suis le Seul à
pouvoir purifier, sanctifier, ennoblir, sublimer toutes les expressions légitimes de l'amour humain.
C'est le grand péché du monde que d'avoir peur de Moi au lieu de venir à Moi avec confiance.
Si tous les chrétiens étaient de feu, le monde serait vite transformé, car il subirait l'étonnante
fascination du Feu et il viendrait se jeter en Moi. Ce serait son salut.

III
Ce qui est tiède m'écœure. Ce dont j'ai besoin, ce sont des âmes de feu.
J'ai faim d'amour. Ce que je voudrais, c'est pouvoir prendre en compte tous les gestes des hommes,
toutes les pensées des hommes, tous les sentiments des hommes, pour les faire passer par mon Cœur, les
offrir à mon Père, les insérer dans l'élan de tout Moi à mon Père, les entraîner dans l'étreinte qui me lie à
mon Père, et les faire bénéficier de l'admirable et incessant échange qui m'enrichit de mon Père.
Vos besoins sont immenses, mais trop faible est votre apport de charité. Il faudrait que votre charité
grandisse et s'étende, tout en se purifiant des recherches subtiles de l'orgueil ou des sens.

IV
Tous les problèmes de la vie du monde, de la paix du monde, de la prospérité du monde, seraient
aisément résolus s'il y avait davantage d'amour vrai sur la terre.
Ce qui fait la valeur des hommes à mes yeux, ce qui mesure leur efficience profonde, c'est leur
degré de charité.
Ce qui préserve le monde de la destruction totale dans les larmes et dans le sang, c'est ce qu'il y a
encore de charité vraie sur la terre. Mais il y en a si peu...
Ce que l'on devrait prêcher avant toutes choses, ce que devraient pratiquer prêtres et fidèles avant
toutes choses, c'est la charité véritable. Je l'ai pourtant maintes fois répété. C'est là MON
commandement, c'est là MON signe.
Ah ! demande-Moi la lumière, pour que tous les yeux s'ouvrent à la Vérité et les azurs à l'Amour.

14
V
Offre-Moi tous les cœurs de la terre : les cœurs des enfants et les azurs des vieillards ; les cœurs des
époux et les cœurs des vierges ; les cœurs des saints et les azurs des pécheurs.
Offre-les au brasier de mon Cœur pour que mon feu les purifie, les pénètre, les enflamme.
Offre-Moi tout ce qui est charité sur terre, en union avec la totale charité du ciel.
Un grand mystère s'opère en cette oblation jumelle de l'humanité militante et de l'humanité
triomphante ; l'une entraîne l'autre dans son élan de feu; la première confère à la seconde sa valeur
méritoire.

VI
Les âmes consacrées le sont à l'Amour.
Elles ne devraient être préoccupées que de transformer en pur amour tout ce qui remplit leur vie.
Je les ai consacrées à cela, pour cela.
Toute leur activité extérieure ne sert de rien si, au lieu d'être pénétrée d'amour, elle est le fruit de
l'égoïsme ou de l'orgueil, individuel ou collectif.
Voilà pourquoi tant d'œuvres sont stériles ! Voilà pourquoi tant de dévouements, apparemment
généreux mais non totalement désintéressés, ne font pas avancer le royaume de mon Père, qui n'est autre
chose que le règne de l'Amour.

VII
Ah ! si les hommes savaient à quel point je les aime !...
Toi-même, tu ne sais pas à quel point je t'aime, à quel point tu es précieux à mes yeux et à mon
Cœur.
Je ne dis point cela pour que tu en tires orgueil, car de toi-même tu n'es que poussière, mais pour
que tu comprennes à la fois la raison de mes dons et le secret de mes exigences.
Sois Feu. Plus tu mettras d'amour pour faire ce que tu as à faire, ou pour supporter ce que tu as à
souffrir, plus je serai en toi, pour le faire ou le souffrir avec toi.

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PRIÈRE

ACTE D'OFFRANDE
DE SAINTE THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS

A L'AMOUR MISÉRICORDIEUX

O MON DIEU, Trinité bienheureuse, je désire Vous aimer et Vous faire aimer, travailler à la
glorification de la Sainte Église, en sauvant les âmes qui sont sur la terre, et en délivrant celles qui
souffrent dans le Purgatoire. Je désire accomplir parfaitement votre Volonté et arriver au degré de gloire
que Vous m'avez préparé dans votre royaume ; en un mot, je désire être sainte, mais je sens mon
impuissance et je Vous demande, ô mon Dieu, d'être Vous-même ma sainteté. ♦♦ Puisque Vous m'avez
aimée jusqu'à me donner votre Fils unique pour être mon Sauveur et mon Époux, les trésors infinis de
ses mérites sont à moi; je Vous les offre avec bonheur, Vous suppliant de ne me regarder qu'à travers la
Face de Jésus et dans son Cœur brûlant d'amour. ♦♦ Je Vous offre les mérites des saints qui sont au ciel
et sur la terre, leurs actes d'amour et ceux des saints Anges ; enfin, je Vous offre, ô bienheureuse Trinité,
l'amour et les mérites de la Sainte Vierge, ma Mère chérie ; c'est à elle que j'abandonne mon offrande, la
priant de Vous la présenter. ♦♦ Son divin Fils, mon Époux bien-aimé, aux jours de sa vie mortelle nous a
dit : « Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, Il vous le donnera. » Je suis donc certaine
le Vous exaucerez mes désirs. ♦♦ Je le sais, ô mon Dieu, plus Vous voulez donner, plus Vous faites
désirer. ♦♦ Je sens en mon cœur des désirs immenses, et c'est avec confiance que je Vous demande de
venir prendre possession de mon âme. Ah ! je ne puis recevoir la sainte communion aussi souvent que je
le désire ; mais, Seigneur, n'êtes-Vous pas tout-puissant ? Restez en moi comme au tabernacle ; ne Vous
éloignez jamais de votre petite hostie. ♦♦ Je voudrais Vous consoler de l'ingratitude des méchants, et je
Vous supplie de m'ôter la liberté de Vous déplaire ! Si par faiblesse je viens à tomber, qu'aussitôt votre
divin regard purifie mon âme, consumant toutes mes imperfections, comme le feu qui transforme toute
chose en lui-même. ♦♦ Je Vous remercie, ô mon Dieu, de toutes les grâces que Vous m'avez accordées :
en particulier de m'avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C'est avec joie que je Vous contem-
plerai au dernier jour, portant le sceptre de la croix ; puisque Vous avez daigné me donner en partage
cette croix si précieuse, j'espère au ciel Vous ressembler et voir briller sur mon corps glorifié les sacrés
stigmates de votre Passion. ♦♦ Après l'exil de la terre, j'espère aller jouir de Vous dans la patrie ; mais je
ne veux pas amasser de mérites pour le ciel, je veux travailler pour votre seul amour, dans l'unique but
de Vous faire plaisir, de consoler votre Cœur sacré, et de sauver des âmes qui Vous aimeront
éternellement. ♦ Au soir de cette vie, je paraîtrai devant Vous les mains vides, car je ne Vous demande
pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux ! Je veux donc me
revêtir de votre propre justice, et recevoir de votre amour la possession éternelle de Vous-même. Je ne
veux point d'autre trône et d'autre couronne que Vous, ô mon bien-aimé ! ♦♦ A vos yeux, le temps n'est
rien ; « un seul soir est comme mille ans. » Vous pouvez donc en un instant me préparer à paraître
devant Vous. ♦♦ Afin de vivre dans un acte de parfait amour, JE M'OFFRE COMME VICTIME
D'HOLOCAUSTE A VOTRE AMOUR MISÉRICORDIEUX, Vous suppliant de me consumer sans
cesse, laissant déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en Vous, et qu'ainsi
je devienne martyre de votre amour, ô mon Dieu ! ♦♦ Que ce martyre, après m'avoir préparée à paraître
devant Vous, me fasse enfin mourir, et que mon âme s'élance sans retard dans l'éternel embrassement de
votre miséricordieux amour ! ♦♦ Je veux, ô mon bien-aimé, à chaque battement de mon cœur, Vous
renouveler cette offrande un nombre infini de fois, jusqu'à ce que, les ombres s'étant évanouies, je puisse
Vous redire mon amour dans un face à face éternel !

16
IV

J’ai soif
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TEXTES SACRÉS

J'ai soif ! (Jean, XIX, 28.)

Donne-Moi à boire. (Jean, IV, 10.)

Mes délices sont d'être avec les enfants des hommes. (Proverbes, VIII, 31.)

Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez
lui, je souperai avec lui, et lui avec Moi. (Apocalypse, III, zo.)

COLLOQUE

As-ru vraiment eu soif une seule fois dans ta vie ? soif au point de ne plus pouvoir tenir, d'avoir la
gorge en feu et les membres défaillants ?...

Ce n'est rien à côté de la soif que j'ai éprouvée sur la croix, conséquence de la fièvre ardente des
âmes qui me dévorait.

Sitio ! Ce cri du Calvaire, je ne cesse de le lancer à travers le monde, car ma soif des âmes est
toujours aussi brûlante.

Oui, j'ai soif de toutes les âmes sans exception.

C'est pour elles toutes que je suis venu sur terre et que j'ai versé mon sang.

18
II
J'ai soif des âmes les plus faibles, des plus pauvres, des plus abandonnées, des plus délaissées, des
plus tentées, des plus souffrantes.
J'ai soif de consoler ceux qui pleurent, de soutenir ceux qui luttent, de relever ceux qui tombent,
d'assister ceux qui meurent.
J'ai soif de guérir, d'éclairer, de purifier, d'embraser ; mais infiniment respectueux de la liberté
humaine, qui fait votre grandeur et votre mérite, je ne puis le faire que dans la mesure où vous m'appelez
au secours, où vous m'invitez à venir à vous, où vous m'exprimez le désir de me recevoir.
C'est pourquoi j'ai soif que tu aies soif de Moi, soif au nom de ceux qui ne me connaissent pas et
qui, par conséquent, ne savent pas à quel point je leur suis nécessaire.

III
Ce que je regarde ce n'est pas le geste extérieur, c'est l'état de conscience actuel de chacun. C'est par
le dedans que je vois le monde. C'est au-dedans que mon royaume s'étend : Regnum Dei intra vos est.
Je ressens en Moi-même tous vos états d'âme, et j'éprouve une joie immense quand ils se résolvent
dans l'amour, un profond dégoût quand ils se soldent en égoïsme.
Si tu pouvais voir la grande pitié des âmes... Le monde est un immense hôpital où la plupart des
hommes sont dévorés par la fièvre de l'or ou la fièvre des sens, au lieu d'être dévorés par la fièvre
d'Amour.
J'ai pitié de cette foule. J'ai soif de tous ceux qui la composent. J'ai soif de toutes ces âmes... Si tu
les voyais comme je les vois, tu aurais soif aussi de les sauver.
Elles pourraient être si belles ! Il y a en elles toutes, de si magnifiques possibilités ! Tu n'aurais pas
le cœur de les laisser se gâter, s'avarier, se perdre en un mot...

IV
Vous seuls, qui êtes sur la terre, pouvez m'aider à sauver vos frères, en faisant valoir mes mérites,
ceux de ma Mère, ceux de mes saints, richesses infinies et multiformes qu'il vous appartient de mettre en
valeur.
Le monde est bien malade. Mais son état est loin d'être désespéré. Si tous ceux que nous avons
choisis pour être associés au Grand'Œuvre de la Rédemption remplissaient leur tâche là où nous les
avons placés, c'en serait vite fait.
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Mais c'est bien plus par le sérum de votre patience que par le brio du succès extérieur, qu'il nous est
possible d'opérer la guérison du monde.

V
Il n'y a qu'un seul Nécessaire, c'est Moi. Je suis la seule Sainteté, la seule Force, la seule Puissance,
en dehors de laquelle le reste n'est rien... Et c'est Moi qu'on néglige.
Si je désire tant être utilisé, c'est pour vous. Sans Moi vous allez vers le néant : Sine me nihil. Sans
Moi vous vous perdez à des riens, vous gaspillez, vous gâchez, vous gâtez tout ce que j'ai mis entre vos
mains. Quelle pitié !
Même les découvertes scientifiques qui pourraient vous aider à dominer la matière et vous
permettre de consacrer du temps à votre enrichissement spirituel, risquent, au contraire, de vous réduire
en esclavage et de tourner à votre ruine.

VI
Vois-tu, ce dont j'ai soif, c'est de pénétrer tous les hommes ; oui, de pénétrer leurs pensées, leurs
gestes, leurs sentiments, afin que tout en eux soit beauté, pureté et bonté.
Ce dont j'ai soif, c'est de les enrichir de tout Moi. Dans la mesure où je serai en eux, ils trouveront la
paix, la lumière et la joie.
Si je dis tout cela, c'est par amour. Vous êtes si malheureux de chercher la solution des problèmes
où elle n'est pas ! Que de difficultés se simplifieraient si l'on venait davantage à Moi !
Comme la justice et la fidélité seraient plus faciles si c'était Moi qui devenait votre Justice et votre
Fidélité ! Comme la charité grandirait en vous tous, si vous vous laissiez absorber par Moi, au lieu de
vous laisser absorber par la bagatelle !

VII
Ma souffrance c'est de ne pouvoir me donner à vous autant que mon Cœur le désire, c'est de ne
pouvoir - parce que votre « oui » n'est pas assez plénier - vous prendre totalement avec Moi.
Je me tiens à la porte et je frappe. Que de portes restent étourdiment fermées !
C'est pourquoi il me faut des âmes vives et éveillées qui, pleines du souffle de mon Esprit, incitent
les autres à s'ouvrir et à me laisser m'engouffrer en elles. De proche en proche j'entrerai partout, pour
apporter la lumière, la vie et le salut.

20
Offre à mon Père tout ce qu'il y a déjà de Moi en chacun, et tu m'aideras à pénétrer plus avant en
tous, pour les récapituler tous en Moi, dans l'offrande ininterrompue de tout Moi à mon Père.

PRIÈRES

SEIGNEUR, mon Dieu, dès l'aurore j'aspire vers Vous. Mon âme a soif de Vous, ma chair a faim
de Vous. Loin de Vous c'est le désert, sans chemin et sans eau. ♦♦ C'est pourquoi je viens Vous trouver,
ardemment désireux de contempler votre puissance et votre gloire. ♦♦ Votre douceur est supérieure à
toutes les joies de la terre. ♦♦ C'est vers Vous que je me tourne ; c'est vers Vous que je lève mes mains.
C'est après Vous que je soupire. ♦♦ Rassasiez-Moi de Vous et je ne cesserai de chanter vos louanges.
(Psaume LXIL)

Comme le cerf soupire après l'eau vive, ainsi mon âme soupire après Vous, ô mon Dieu. ♦♦ Oui, j'ai
soif de Vous, car Vous êtes ma force et Vous êtes ma vie. ♦♦ Quand donc pourrai-je Vous rencontrer !
Quand donc pourrai-je Vous retrouver ! ♦♦ Je pleure nuit et jour à votre recherche ; c'est en Vous seul
que j'ai mis mon espérance ; en Vous qui êtes mon Seigneur et mon Dieu, et qui m'avez tant de fois
sauvé de moi-même et de mes ennemis.
(Psaume XLI.)

21
V

Celui qui s’unit à moi


22
TEXTES SACRÉS

Celui qui n'est pas uni à Moi est contre Moi. Celui qui ne recueille pas avec Moi disperse.
(Matthieu, XII, 30.)

Comme le rameau ne peut porter du fruit de lui-même s'il ne demeure uni à la vigne, ainsi vous non
plus si vous ne demeurez pas unis à Moi. (Jean, XV, 4.)

Je suis la vigne, vous êtes les sarments ; celui qui demeure en Moi et en qui je demeure, celui-là
porte beaucoup de fruit. (Jean, XV, 5.)

Si vous demeurez en Moi, vous pourrez demander tout ce que vous voudrez, et cela vous sera
accordé. (Jean, XV, 7.)

COLLOQUE

UNIS-TOI à Moi pour faire ce que tu as à faire, et tu verras comme bien des choses iront mieux.
Quand tu penses à t'unir à Moi, alors je puis féconder ce que tu dis et ce que tu fais ; je supplée à ton
insuffisance, je complète ce que tu n'as qu'ébauché, je répare tes erreurs et j'empêche qu'elles n'aient des
conséquences fâcheuses.

Quand tu penses à t'unir à Moi, je facilite toutes choses, mais surtout je permets à toutes tes paroles
et à toutes tes actions de servir efficacement, pour leur part, à la Rédemption du monde.

23
II
Au fond de toi il y a Moi. Je suis là, en toi, mystérieusement, mais réellement présent, avec une
intensité de vie qui correspond à ta mesure de grâce.
Je suis là, en toi, ardemment désireux de grandir, de t'envahir, de tout pénétrer, d'imprégner de tout
Moi tout ce que tu es, tout ce que tu fais, tout ce que tu as, tout ce que tu souffres.
Je suis là, en toi, ne cessant de t'aimer, de prier pour toi, de t'offrir, ne cessant aussi de ressentir en
Moi-même tous tes états intérieurs de conscience.
Je suis là, en toi, désirant te communiquer ma manière de voir, ma manière de juger, ma manière de
sentir, ma manière d'agir, ma manière d'aimer.

III
Je suis là, en toi, souhaitant pouvoir me servir de toi pour prolonger, par toi, ma louange à mon Père
et ma charité envers mes frères les hommes.
Grâce à toi, je puis accomplir des travaux que je n'ai pas réalisés sur la terre.
Grâce à toi, je puis aussi offrir des souffrances que je n'ai pas connues ici-bas, et je complète en ta
chair ce qui manque à ma Passion, au profit de l'humanité.
Mais je ne puis agir librement en toi que dans la mesure où tu acceptes de t'unir à Moi.

IV
Au fond de Moi, il y a toi. Oui, tu es quelque chose de Moi, cellule vivante de mon Corps Mystique.
Jamais je ne dis « Moi » sans te mettre en ce « Moi ». Je t'y inclus affectivement, et tu es, de fait,
d'autant plus quelque chose de Moi que tu veux bien ne faire qu'un avec Moi.
Il faudrait que, de ton côté, tu arrives à ne plus dire « je » sans me mettre en ce « je ». Essaie : tu
verras, c'est plus facile que tu ne le crois. Tu vis : non, ce n'est plus toi qui vis, c'est Moi qui vis en toi.
Tu pries non, ce n'est plus toi qui prie, c'est Moi qui prie en toi; et ainsi de suite, pour tout sans
exception.
Mais qu'il n'y ait rien en toi qui ne soit digne de Moi !
24
V
Unis-toi à ce que je fais en toi et dans le monde. Ce qui compte, ce n'est pas tant ce que tu fais, mais
ce que, Moi, je fais.
Je ne demande qu'à t'associer à mon action, et ton action ne vaut que dans la mesure où elle se coule
en la mienne.
Dans la mesure où tu veux bien adhérer à Moi, tout ce que je fais dans le monde des âmes, tu le fais
avec Moi, tout ce que je demande, tu le demandes avec Moi, tout ce que je donne, tu le donnes avec
Moi.
Comme mon Père et Moi nous ne faisons qu'un, toi et Moi nous pouvons ne faite qu'un.

VI
Que la pensée de ma présence vivante en toi submerge toute ta vie, l'imprègne d'adoration, de
confiance et d'amour.
Je ne te considère pas comme ayant une existence séparée. Accomplis toutes choses en liaison avec
Moi et en dépendance de Moi.
Plus tu seras associé à Moi, plus je m'associerai à toi, et plus je prendrai à mon compte ce que tu
demanderas ou ce que tu feras.
Tu élargiras alors de plus en plus l'horizon de ta pensée : tu verras avec mon regard, tu penseras
avec mon esprit, tu aimeras avec mon cœur, tu prieras avec ma prière, tu agiras avec ma puissance.
Et tout cela au service de ce Moi immense dans lequel je voudrais tous vous inclure, pour vous faire
tous participer à la joie infinie de ma Vie Trinitaire.

25
PRIÈRE

DE SŒUR ELISABETH
DE LA TRINITÉ

O MON DIEU, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous,
immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix ni
me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la
profondeur de votre mystère. ♦♦ Pacifiez mon âme. Faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu
de votre repos. Que je ne Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là, toute entière, toute éveillée en
ma foi, toute adorante, toute livrée à votre action créatrice. ♦♦ O mon Christ aimé, crucifié par amour, je
voudrais être une épouse pour votre Cœur. Je voudrais Vous couvrir de gloire ; je voudrais Vous aimer
jusqu'à en mourir. Mais je sens mon impuissance et je Vous demande de me revêtir de Vous-même,
d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme ; de me submerger, de m'envahir, de Vous
substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme
Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. ♦♦ O Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux
passer ma vie à Vous écouter. Je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de Vous. Puis, à
travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux Vous fixer toujours et demeurer
sous votre grande lumière. O mon astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre
rayonnement. ♦♦ O Feu consumant, Esprit d'amour, survenez en moi, afin qu'il se fasse en mon âme
comme une incarnation du Verbe; que je Lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout
son mystère. ♦♦ Et Vous, ô Père, penchez-Vous sur votre petite créature ; ne voyez en elle que le Bien-
Aimé en lequel Vous avez mis toutes vos complaisances. ♦♦ O mes Trois, mon tout, ma béatitude,
solitude infinie, immensité où je me perds, je me livre à Vous comme une proie ; ensevelissez-Vous en
moi pour que je m'ensevelisse en Vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos
grandeurs.

26
VI

Ne cessez pas de prier


27
TEXTES SACRÉS

Seigneur, enseignez-nous à prier. (Luc, XI, 1.)


En priant, ne multipliez pas les paroles, comme les païens qui s'imaginent que c'est à force de
paroles qu'ils se feront exaucer. Ne les imitez pas. (Matthieu, VI, 7.)
Veillez et priez pour ne pas succomber à la tentation. (Luc, XXII, 40.)
Qui de vous, ayant un ami, s'il va le trouver au milieu de la nuit et lui dit : « Ami, prête-moi trois
pains, car un mien ami m'est arrivé de voyage, et je n'ai rien à lui offrir », et que celui-là réponde de
l'intérieur : « Ne m'importune point ; déjà la porte est fermée et mes enfants sont avec moi au lit ; je ne
puis me lever pour te donner », je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour lui donner parce
qu'il est son ami, du moins à cause de son importunité il se lèvera pour lui donner tout ce dont il a
besoin. Et Moi je vous dis : « Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et
l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve, et l'on ouvre à qui frappe. »
(Luc, XI, 5.)
Y a-t-il parmi vous un père qui, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? ou s'il
demande un poisson, lui donnera-t-il, au lieu de poisson, un serpent ? ou s'il demande un œuf, lui
donnera-t-il un scorpion ? Si donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner à vos enfants
de bonnes choses, combien plus le Père dit ciel donnera-t-Il à ceux qui Lui demandent. (Luc, XI, 10.)
Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si
vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. (Jean, XIV, 13-14.)
Si la sagesse fait défaut à quelqu'un d'entre vous, qu'il la demande à Dieu, lequel donne à tous
simplement ; et elle lui sera donnée. Mais qu'il demande avec foi, sans hésiter ; car celui qui hésite est
semblable au flot de la mer, agité et balloté par le vent. Que cet homme-là ne pense donc pas qu'il
recevra quelque chose du Seigneur. (Épître de saint Jacques, I, 5-7.)
Je vous le dis en vérité, celui qui dira à cette montagne : « Ote-toi de là, et jette-toi dans la mer »,
s'il n'hésite pas en son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrive, ce sera fait pour lui. C'est pourquoi je
vous le dis, tout ce que vous demander dans la prière, croyez que vous l'obtenez, et ce sera fait pour
vous. (Marc, XI, 23-24.)

COLLOQUE

QUAND tu pries, prie donc avec Moi. Ta prière ne vaut que si elle est unie à la mienne. Et c'est si
facile de prier avec Moi ! Je n'arrête pas de prier...
Il n'y a qu'une prière véritable, une seule prière substantielle, c'est Moi-même. Il n'y a qu'une voix
qui s'élève sur toute la surface de la terre : ma voix, qui groupe et réunit en elle-même toutes les voix
priantes.

28
J'ai besoin de ta prière, car ma prière, toute puissante en droit, n'est efficace en fait que dans la
mesure où toi, qui appartiens à l'Eglise militante - la seule Église méritante - tu acceptes de t'unir à la
mienne.
Si tu savais de quel cœur j'attends ta prière !

II
Il faut que ta prière soit davantage un cri, venant des profondeurs de ton être et s'unissant à mon cri :
De profundis clamavi ad te, Domine...
Ta prière est trop timide ; elle est trop intermittente ; elle est trop superficielle.
Ta prière ne vaut que si elle exprime l'engagement de toute ta vie.
Comment veux-tu que j'exauce une demande que tu présentes sans foi ni flamme ?
Comment veux-tu que je prenne au sérieux une prière dans laquelle tu ne t'engages qu'à moitié ?

III
Je t'accorderai tout ce que tu me demanderas, comme et quand je le jugerai à propos pour ton plus
grand bien et celui de tes frères. Mais plus tu me demanderas, plus tu me permettras de donner.
Ne crains pas d'insister : à la différence de beaucoup d'hommes, j'aime qu'on me force la main.
Rappelle-toi la prière de ma Mère, à Cana. Rappelle-toi la ténacité de la Chananéenne, la foi du
Centurion.
Oui, j'aime qu'on me force la main : Je permets ainsi à la liberté humaine de s'affir mer, dans la
collaboration à mon amour qui ne demande qu'à donner et à se donner.

IV
Tu ne saurais croire à quel point je me fais un divin plaisir de faire les volontés de ceux qui font la
mienne.
Je suis encore bien plus désireux de donner que tu ne le crois.
Demande-Moi tout ce que tu voudras ; même si, pour ton plus grand bien, je ne t'exauce pas comme
tu le souhaites, crois-le, je prends au sérieux toutes tes demandes.
Bien que tu n'aies droit à rien, je t'ai donné des droits sur Moi, et des droits qui te permettent
d'exiger quelque chose de Moi. C'est le droit que possède toute misère sur le cœur de Celui qui est la
Miséricorde. C'est le droit que possède toute confiance sur le cœur de Celui qui est à la fois Puissance et
Bonté. C'est le droit que possède tout être aimé sur le cœur de celui qui aime ; et souviens-toi que je
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t'aime infiniment.

V
Je suis là, en toi, me priant Moi-même par toi, dans la mesure où tu acceptes, sous l'influence de
mon Esprit, de te mettre en état de prière.
Prie instamment, uni à Moi, et au nom de toutes les âmes actuellement sur la terre. Il faut que ta
prière s'étende à l'infini. Il faut que tu pries comme si tu étais le genre humain tout entier.
Prie aussi pour ceux qui ne prient pas. Ils sont tellement nombreux ceux qui ne savent pas, ou ne
veulent pas, lever les yeux vers Moi. Leurs âmes s'étiolent, s'anémient, se gangrènent, faute de cette
respiration spirituelle que représente la prière.
En vertu de l'union profonde qui t'unit à elles, tu as le droit et le pouvoir d'agir en leur nom et, par
une sorte de respiration artificielle, de leur insuffler le minimum d'air surnaturel qui les ranime et les
soutient.

VI
Si tant de tes prières ne portent pas, c'est que tu as omis de me regarder. Le regard intérieur, à lui
seul, constitue souvent la plus éloquente des prières. Fais passer par ce regard ta foi, ta confiance, ton
amour, ton désir. C'est là la prière essentielle.
La prière parfaite ne consiste pas dans la multitude des paroles, mais dans l'ardeur du désir qui élève
l'âme vers Moi.
Coule toujours ton désir dans mon Désir, ton cri dans mon Cri, ta prière dans ma Prière. Je coulerai
ma Force dans ta faiblesse, ma Puissance dans ton infirmité, ma Grâce dans ton action.

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PRIÈRE
DE CHARLES DE FOUCAULD

JE Vous adore, c'est-à-dire : Je Vous aime ; je Vous loue ; Vous êtes infiniment beau, infiniment
aimable ; je le proclame de toutes mes forces, et je voudrais pouvoir le proclamer assez pour que Vous
puissiez en tirer quelque gloire, quoique je sois un néant ; assez pour que ma louange fût digne de votre
beauté, quoique ce soit infiniment impossible... Vous seul pouvez Vous louer, mon Dieu... Je m'unis
donc à Vous, ô Jésus, mon Seigneur, pour louer votre Père ! Je m'unis à Vous, ô Saint-Esprit « qui
poussez en moi des gémissements inénarrables », pour louer Jésus !
Je m'unis à Vous, ô Père, ô Fils, pour louer l'Esprit-Saint, votre égal et mon Dieu... ♦♦ Mon Père, je
me remets entre vos mains ; mon Père, je m'abandonne à Vous, je me confie à Vous ; mon Père, faites de
moi tout ce qu'il Vous plaira. Quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie de tout, pourvu que votre
volonté se fasse en moi, mon Dieu ; pourvu que votre volonté se fasse en toutes vos créatures, en tous
vos enfants, en tous ceux que votre Cœur aime ; je ne désire rien d'autre, mon Dieu. Je remets mon âme
entre vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur, parce que je Vous aime,
et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre entre vos mains, sans mesure ; je me
remets entre vos mains avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père. ♦♦ ... Mon Dieu, ceci ou
autre chose, peu m'importe ; la seule chose qui m'importe, c'est votre gloire. Glorifiez votre nom.
Donnez-moi ce qui Vous glorifiera le plus. C'est cela que je Vous demande et pas autre chose... Après
Vous avoir dit mes besoins avec simplicité, je Vous rappelle, je Vous répète, je Vous dis et je Vous redis
que j'ai un autre besoin, mille fois plus grand, mille fois plus ardent : c'est celui de Vous voir glorifié ;
c'est là mon vrai, mon seul besoin ! C'est celui que je Vous supplie, de toute mon âme, de satisfaire.
Mon Père, glorifiez-Vous en moi ; mon Père, glorifiez votre Nom et mon Seigneur Jésus ; permettez que
votre indigne et misérable petite créature se joigne à Vous et fasse avec Vous cette prière : « Mon Dieu,
je Vous dis avec mon Seigneur Jésus, en joignant ma voix à sa voix adorable : « Non ce que je veux,
mais ce que Vous voulez. » ; mon seul désir est que Vous soyez le plus glorifié possible ; c'est ma soif.
Mon Père, faites de moi ce qui Vous plaira le plus; quoi que ce soit, mon Père, glorifiez votre Nom ! »

31
VII

Voici votre mère


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TEXTES SACRÉS

Voici la servante du Seigneur. (Luc, I, 38.)

Ceux qui, dès le matin, viennent pour me chercher me trouveront. (Proverbes, VIII, 17.)

Bienheureuse l’âme qui m’écoute et qui veille tous les jours à l’entrée de ma demeure. Celui qui me
trouvera, trouvera la vie et puisera le salut. Mais celui qui péchera contre Moi, blessera son âme.
(Proverbes VIII, 33-36.)

Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à Moi. (Proverbes, IX, 4.)

Venez manger mon pain et buvez le vin que je vous ai préparé. (Proverbes, IX, 5.)

Je suis la Mère du bel amour et de la sainte espérance. (Ecclésiastique, XXIV, 25.)

Marie conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur. (Luc, II, 19.)

Comme Jésus voyait sa Mère et le disciple qu’Il aimait, debout au pied de la croix, Il dit à sa
Mère : « Mère, voici votre fils. » Il dit au disciple : « Voici votre mère. » Et à partir de ce moment, le
disciple la prit chez lui. (Jean, XIX, 26-27.)

COLLOQUE

C'EST par Marie que je suis venu en ce monde ; c'est toujours par Marie que je nais et grandis
dans les âmes.

Marie peut d'autant mieux exercer vis-à-vis de toi sa maternité spirituelle, que tu te conduis vis-à-
vis d'elle en enfant affectueux et dévoué.

Aime filialement ma Mère, qui est à tant de titres la tienne.

Comme la mère adapte la nourriture à son enfant, et prépare son enfant à la recevoir, ainsi Marie
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adapte la grâce à ton âme et adapte ton âme à la grâce.

II
Plus Marie sera dans ta vie, plus j'opèrerai en toi.
Aime-la avec mon Cœur. Aime-Moi avec son cœur.
Et puis, demande-lui beaucoup : il y a des miracles que je ne fais qu'à sa demande.
Venir à ma Mère, c'est venir à Moi. Prier ma Mère, c'est me prier, Moi.
Honorer ma Mère, c'est m'honorer Moi-même. Je ne fais tellement qu'un avec elle !...

III
Pense à elle plus souvent ; elle t'aidera à penser à Moi.
Aime-la plus tendrement ; elle t'apprendra à mieux m'aimer.
Prie-la plus ardemment ; elle te vaudra de devenir tel que je te désire.
Tu ne te doutes pas de ce que tu lui dois déjà. Tu ne te doutes pas de ce qu'elle pour rait encore pour
toi.

C'est l'intensité de ta prière vers elle qui mesure sa puissance d'intercession en ta faveur.
C'est ta confiance en elle qui règle l'étendue de son intervention dans ta vie.

IV
Plus elle sera dans ta vie, plus j'opérerai en toi.
Je mets ma Mère à ton service. Elle ne demande qu'à intervenir pour les hommes ; mais la prière qui
monte de la terre est si faible à côté de vos immenses besoins.
Si encore les hommes acceptaient de reconnaître leur misère... Mais ils sont ou des satisfaits ou des
mécontents. Ils ne savent pas implorer pitié, parce que leur orgueil les empêche de se déclarer pitoyables
et ma miséricorde ne peut s'exercer que là où la misère est reconnue et demande à être secourue.

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Mais si l'on priait davantage ma Mère, Dame de miséricorde, le monde se remettrait dans l'axe de la
grâce.

V
Prie ma Mère, intensément, au nom de ceux qui ne pensent pas à la prier.
Veux-tu causer à mon Cœur une grande joie ? Veux-tu être pour le monde d'une grande utilité ?
Offre-Moi souvent ma Mère. Il n'est pas de plus beau cadeau à m'offrir, et aussi de plus profitable pour
vous, que de m'offrir les prières actuelles de ma Mère. Ses désirs sont aussi vastes que la misère du
monde...
Quelle joie pour Moi, et aussi pour elle, que de voir, grâce à cette offrande de l'Église militante, ses
prières redevenir efficaces, son amour redevenir méritoire, l'oblation de toute son action servir à la
spiritualisation de toute l'humanité...

VI
Offre-Moi ma Mère ; elle est la fine fleur de l'humanité, ce qu'il y a eu, dans la création, de plus
aimable, de plus admirable, de plus exquis.
Offre-Moi ma Mère. Tu en as le droit puisque je te l'ai donnée et que tu es son enfant. Elle est ta
richesse, ta fortune, ta caution, ton trésor, ta puissance.
Offre-Moi ma Mère. Elle le désire tellement ! Elle l'attend, elle le souhaite. Si vous pouviez voir à
quel point elle vous aime ! Elle voudrait tant vous aider, vous servir, vous nourrir, vous soigner, vous
guérir, vous remplir de Moi.
Tu lui permets, en l'offrant, de faire actuellement valoir tout elle-même. Oui, offreMoi ma Mère. Tu
possèdes en elle le plus efficace secret de gloire à mon Père et de paix pour les hommes.

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PRIÈRE
DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

AY E Z mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils
; que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme, vil et faible. ♦♦ Je vous supplie, très douce
Mère, que vous me gouverniez et me défendiez dans toutes mes voies et actions. ♦♦ Ne dites pas,
gracieuse Vierge, que vous ne pouvez ; car votre bien aimé Fils vous a donné tout pouvoir, tant au ciel
comme en la terre. ♦♦ Ne me dites pas que vous ne devez; car vous êtes la commune Mère de tous les
pauvres humains, et particulièrement la mienne. ♦♦ Si vous ne pouviez, je vous excuserais disant : « Il
est vrai qu'elle est ma Mère et qu'elle me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d'avoir et de
pouvoir. » ♦♦ Si vous n'étiez ma Mère, avec raison je patienterais, disant : « Elle est bien assez riche
pour m'assister ; mais hélas ! n'étant pas ma Mère, elle ne m'aime pas. » ♦♦ Puis donc, très douce Vierge,
que vous êtes ma Mère et que vous êtes puissante, comment vous excuserais-je si vous ne me soulagez
et ne me prêtez votre secours et assistance ? ♦♦ Vous voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte
d'acquiescer à toutes mes demandes. ♦♦ Pour l'honneur et la gloire de votre Fils, acceptez-moi comme
votre enfant, sans avoir égard à mes misères et péchés. Délivrez mon âme et mon corps de tout mal, et
me donnez toutes vos vertus, surtout l'humilité. ♦♦ Enfin, faites-moi présent de tous les dons, biens et
grâces qui plaisent à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.

36
VIII

Ceci est mon


commandement
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TEXTES SACRÉS

Ceci est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.
(Jean, XV, 12.)

C'est à ce signe que l'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les
autres. (Jean, XII, 35.)

Il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime. (Jean,
XV, 13.)

Soyez de ceux qui s'aiment entre eux d'un amour fraternel. (Épître aux Romains, XII, 10.)

Portez les fardeaux les uns des autres : par là vous accomplirez la loi du Christ. (Galates, VI, 2.)

En vérité,, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est
à Moi que vous l'avez fait. (Matthieu, XXV, 40.)

N'ayez de dette envers personne que de mutuelle charité, car qui aime autrui a accompli la Loi.
(Épître aux Romains, XIII, 8.)

Ayez une même pensée, un même amour, une même âme, un même sentiment. (Philippiens, II, 2.)

Marchez dans la charité, à l'exemple du Christ qui nous a aimés et s'est livré Lui-même à Dieu pour
nous, comme une oblation et un sacrifice d'agréable odeur. (Épître aux Éphésiens, V, 2.)

Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
(Première épître de saint Jean, IV, 11.)

COLLOQUE

J E suis Charité, c'est-à-dire don total de Moi. Si les hommes pouvaient comprendre à quel point
je désire me donner à eux pour être leur joie, leur paix, leur lumière, leur force ! Et pour cela il me faut
d'autres Moi-même en qui je transparaisse pour me faire connaître, désirer, aimer.

Sois toi-même, de plus en plus, charité vivante. Je veux que la charité grandisse en toi et que tout en
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toi respire la charité, pour pouvoir faire régner un peu plus ma Charité sur la terre.

Le règne de mon Père et mon règne à Moi, ce n'est pas autre chose que le règne de la Charité. La
Charité, mon Père et Moi, c'est tout un !

II
Pour devenir charité, il te faut devenir humble et désintéressé, te dépouiller entièrement. Il te faut
aussi et surtout communier à l'amour immense de mon Cœur pour tes frères.
Sois plus fidèle à me découvrir en les autres. Quelle passionnante recherche de mon Visage sous les
défigurations humaines ! Cherche, et tu me trouveras, et tu rencontreras mon cœur, parfois mon cœur
douloureux mais toujours mon cœur aimant.
Il n'est aucun être, si bas tombé soit-il, où je ne me cache tant qu'il est sur terre, attendant parfois
longtemps que quelqu'un vienne soulever la pierre du tombeau, pour que je puisse procéder à sa
résurrection.

III
C'est pour toi une habitude à prendre, un réflexe à acquérir, que de me chercher en ceux qui
t'entourent. Au bout d'un peu de temps tu me verras en tous.
C'est ta charité qui me révèlera à tes yeux, à travers les physionomies humaines, comme c'est ta
charité qui me fera transparaître au regard de tous, à travers les traits de ton visage, la clarté de tes yeux,
le son de ta voix, la spontanéité de tes gestes.
Sois secourable à tous. Sois bon, très bon ; ce n'est pas Moi qui te reprocherai de l'être trop ; cela ne
t'empêchera pas d'être ferme s'il le faut, mais tu le seras par amour.

IV
Sois indulgent et compatissant. N'aie pour les autres que des pensées de bienveillance et des paroles
de biendisance. Évite les critiques qui ne font que détruire et les murmures qui ne font qu'effriter la
confiance. Ne t'étonne pas de ne pas trouver les autres parfaits : Dieu seul est parfait. Mais, humblement,
commence par enlever la poutre qui est dans ton œil avant de rechercher la paille qui est dans l'œil de
ton frère. Et si l'un de tes frères t'a offensé, sois heureux d'avoir l'occasion d'être miséricordieux comme
je l'ai été sans cesse à ton égard.
Méfie-toi de la froideur qui glace, de la raillerie qui blesse, de l'indifférence qui accable. Moi-
même, à Gethsémani, j'ai eu besoin d'un peu de réconfort et de compassion.

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Sois encourageant pour ceux qui t'entourent et pour tous ceux qui dépendent de toi. Intéresse-toi
délicatement à ce qu'ils font. Réjouis-toi de leurs succès; souffre de leurs souffrances.

V
Offre-Moi souvent tous les actes de charité qui s'accomplissent dans le monde, à l'insu même
parfois de ceux qui en sont les auteurs ou les bénéficiaires. Mais, caché en chacun, c'est Moi qui donne,
comme c'est Moi qui reçois.
Je considère comme fait à Moi-même tout ce que tu fais à l'un de tes frères. La même mesure de
don et de pardon te sera appliquée, et encore au centuple.
Communie souvent à mon amour pour eux. Aime-les du même amour dont je t'aime Moi-même...
Je t'ai aimé jusqu'à en mourir...

VI
Étends très loin l'horizon de ta pensée. Essaie d'entrer dans ma vision du monde. Porte en ton âme
tous mes soucis divins et dilate ton cœur à la mesure du mien.

Sans négliger tes proches, pense à tous les hommes, de toutes langues, de toutes races, répandus à
travers le globe : eux aussi sont tes frères. Offre-les souvent à ma bénédiction. Rien de ce qui est humain
ne doit te laisser indifférent.
Tu es citoyen de l'univers. Le chrétien, ce n'est pas quelqu'un qui m'aime tellement qu'il en oublie le
monde, mais quelqu'un qui puise dans son amour pour Moi la force de se dévouer au service du monde.

40
PRIÈRES
POUR DEMANDER
LA CHARITÉ

O DIEU, qui faites tout servir au bien de ceux qui Vous aiment, imprimez si profondément en nos
cœurs l'ardeur de votre amour qu'aucune tentation ne puisse ébranler les désirs que Vous nous inspirez.
Par Notre Seigneur Jésus-Christ...
(Oraison.)

O Dieu, qui Vous communiquez à nous par vos sacrements et vos enseignements, aidez-nous à
Vous être fidèles afin que, selon votre désir, nous aimions toujours plus. Nous Vous le demandons au
nom de Celui qui a voulu mourir pour nous : Notre Seigneur Jésus-Christ...
(Secrète.)

Nous Vous prions, Seigneur, de nous éclairer, de nous réchauffer, par votre Esprit-Saint, pour que
sa grâce remplisse nos cœurs d'une ardente charité. Nous Vous en supplions, par Jésus-Christ, Notre
Seigneur, qui vit et règne avec Vous, en 1'unité du même Saint-Esprit...
(Postcommumion.)

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IX

Que ma joie soit en vous


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TEXTES SACRÉS

Père, maintenant je vais à Vous et je Vous dis cela pendant que je suis dans le monde, afin qu'ils
aient en eux, en plénitude, ma propre joie. (Jean, XVII, 13.)

Vous donc aussi, vous avec maintenant la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se
réjouira, et votre joie, nul ne pourra vous la ravir. (Jean, XVI, 22.)

Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux.
(Matthieu, V, 12.)

Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, soyez joyeux. (Philippiens, IV, 4.)

Dans la mesure où vous avec part aux souffrances du Christ, rouissez-vous afin que, lorsque sa
gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie et l'allégresse. (1ère épître de saint Pierre, IV, 13.)

Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toutes sortes qui tombent sur vous.
(Saint Jacques, I, 2.)

Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous. (Jean, XV, 11.)

Nous vous écrivons ces choses afin que votre joie soit complète. (1ère épître de saint Jean, I, 4.)

Les disciples furent remplis de joie en revoyant le Seigneur. (Jean, XX, 20.)

Nous sommes toujours joyeux. (2ème épître aux Corinthiens, VI, 10.)

COLLOQUE

LA Joie, la vraie joie, c'est Moi, et je n'ai pas de plus vif désir que de vous donner la joie en me
donnant à vous.

Si je me suis incarné c'est pour, en me donnant aux hommes, leur apporter la joie. L'annonce de ma
naissance, aux bergers de Bethléem, fut une annonce joyeuse. Mon premier sermon sur la montagne fut
pour annoncer le code du vrai bonheur. Ma dernière allocution, au Cénacle, fut pour dire aux apôtres
mon désir de les faire communier à ma joie, fruit de mon sacrifice. Après ma résurrection, mes apôtres
se sont faits les messagers de la bonne nouvelle, heureux de souffrir pour elle.
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La joie était la consigne des premiers chrétiens; et mon apôtre Paul ne cessait de leur répéter :
« Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur. Je vous le redis, soyez joyeux ! »

II
Tu as été conçu, créé, bâti pour la joie. Tu es destiné, éternellement, à la joie.
Tu n'es pleinement toi-même que dans la joie qui vient de Moi.
J'attends de toi une donation dans la joie. Si tu savais à quel point j'aime les âmes souriantes !
Sans doute, le temps que tu passes sur terre est un temps d'épreuve. Mais si, au milieu des
difficultés, des contradictions et des souffrances, tu sais maintenir quand même la joie dans ton âme, tu
me donnes la plus grande marque de confiance qui soit, car tu affirmes par là ta foi totale en mon
Amour, qui sait mieux que toi ce qui te convient, et tu exprimes mieux que par des paroles ton adhésion
vivante à ma Sagesse et à mon Vouloir.

III
Je n'ai pas voulu des pleureuses sur le chemin du calvaire.
Si j'ai sangloté à la pensée de Jérusalem dont la ruine devait être le fruit du péché, je me suis réjoui
du « retour au bercail » du pécheur faisant pénitence.
Ma croix elle-même est signe de gloire et de triomphe. C'est à partir du moment ou j'ai été élevé
entre ciel et terre que j'ai attiré tout à Moi, pour tout donner à mon Père.
C'est dans le sacrifice, parfois, que ma joie grandit en toi. C'est parce qu'ils avaient été jugés dignes
de souffrir quelque chose pour mon Nom qu'apôtres et martyrs exultaient d'allégresse. Ils ont compris
qu'en participant à ma Passion, ils acquéraient quelque chose de ma puissance sur le mal, pour en guérir
ou en préserver le monde.

IV
La joie n'est pas seulement une récompense mais un devoir. Il faudrait que mes chrétiens puissent
proclamer à la face de la terre qu'ils possèdent le secret gigantesque de la joie.
Il n'y a qu'une seule véritable source de misère : c'est le péché.
Il n'y a qu'une seule véritable source de joie stable : c'est mon amour.
Je ne demande qu'à donner beaucoup, mais on oublie trop que la joie de celui qui reçoit est, pour le
cœur de celui qui donne, le meilleur témoignage d'action de grâce, la meilleure invitation à donner
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encore plus.
J'aime les âmes qui savent dire merci.
J'aime encore plus les âmes dont le sourire me repose et m'attire.

V
Demande-Moi plus souvent la grâce de la joie. Car la joie n'est pas toujours chose facile, et sur terre
elle ne cesse d'être contrariée. Aussi il te faut mon secours pour garder fidèlement la joie intérieure au
milieu de tant de soucis qui t'accablent.
Communie aussi à la joie que je suis, en te souvenant que je ne demande qu'à la faire passer en toi.
Mais surtout, cherche à semer beaucoup de bonheur autour de toi. Tu vérifieras que la oie est une de
ces choses que je multiplie dans la mesure où l'on s'efforce de les partager.

VI
Il est dit de mes apôtres qu'après la Résurrection, le fait de me voir les remplissait de joie. Essaie de
me voir à travers tout et à travers tous, et reconnais-Moi comme un don perpétuel qui ne cesse de vouloir
t'enrichir.
La nature elle-même n'est-elle point l'expression détaillée de mes dons et de mes perfections ? Au
lieu de te lamenter de ce qui te manque, réjouis-toi donc de tout ce que tu possèdes et de tout ce que je
ne demande qu'à te donner encore...
Puise ainsi en Moi la joie dont ton âme a besoin, et qu'elle déborde de toi sur tous ceux qui
t'approchent.
Vois en Moi la joie qui désaltère et qui ne déçoit jamais, la joie qui épanouit sans laisser de regret,
la joie qui comble sans éteindre le désir, la joie qui se renouvelle sans jamais vieillir.

VII
Éternellement je serai ta joie. Essaie donc de songer à ce que cela sera ; tu ne peux même pas t'en
faire une idée...
L'œil de l'homme n'a point vu, l'oreille de l'homme n'a point entendu, le cœur de l'homme n'a point
imaginé ce que je réserve à mes élus. Mais c'est à la possession de cette joie exaltante, enthousiasmante,
que je te destine.
Les jouissances les plus belles, les plus pures, les plus vives de la terre, ne sont que cendre à côté
des joies splendides que je prépare à mes fidèles.
Déjà, ici-bas, j'ai mieux à donner que quiconque. Et pourtant ce n'est rien à côté de plus tard, quand
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tu entendras mon appel définitif : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître ».

PRIÈRE 1

I L n'y a pas de plus grande joie sur terre que de Te connaître, ô mon Seigneur et mon Dieu,
puisque c'est en cela que réside la vie éternelle, qui n'est autre chose que la participation à la joie de la
Sainte Trinité !
Sainte Vierge Marie, qui avez connu Jésus comme seule une maman peut connaître son enfant,
aidez-moi à Le connaître un peu comme vous l'avez connu, pour l'aimer comme vous l'avez aimé.
Il n'y a pas de plus grande joie sur terre que d'aimer Celui qui est l'Amour et à qui j'ai consacré ma
vie, puisqu'il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour Celui qu'on aime.
Aimer, en effet, ce n'est pas se rechercher dans l'être aimé, mais s'oublier et se sacrifier s'il le faut pour
son bonheur ! Et le bonheur de Dieu c'est d'être aimé des hommes, pour pouvoir leur témoigner plus
fortement la puissance de son amour.
Sainte Vierge Marie, qui avez aimé Jésus comme la mère bénie entre toutes les mères pouvait seule
aimer le Fils béni entre tous les fils, versez en mon cœur quelque chose de la délicatesse, de la tendresse
et de l'intensité de votre amour, pour que je puisse vous donner la joie de savoir votre Fils un peu plus
aimé ici-bas.
Il n'y a pas de plus grande joie sur terre que de se donner à Toi, ô mon Christ aimé, et de se donner
sans recherche de soi à tous les membres de ton Corps Mystique, les pécheurs et les saints, mes frères et
sœurs en Toi ! Me donner, c'est, en vérité, me prêter à Toi sans jamais me reprendre, pour que Tu
puisses emprunter mes apparences humaines et avoir la joie de prier par mes lèvres, d'aimer par mon
cœur, de servir par mes mains, et de compléter dans ma chair ce qui manque à ta Passion pour la
Rédemption de l'humanité.
Sainte Vierge Marie, qui vous êtes donnée à Jésus, comme seule une mère semblable à vous peut se
donner à un fils semblable à Lui, aidez-moi à vivre mon ecce ancilla Domini, pour qu'Il puisse vous
reconnaître en moi.
Il n'y a pas de plus grande joie sur terre que de souffrir pour Toi, ô mon Christ aimé, qui pour moi
as tant souffert ! C'est dur de souffrir, c'est vrai ! Mais puisque Tu veux bien avoir besoin de ma
souffrance pour féconder la tienne, je l'accepte, je Te l'offre, je Te la donne ! Aide-moi à la porter
courageusement, et si cela n'est pas contraire à tes plans... joyeusement ! Mais surtout, aide-moi à m'unir
à Toi à l'heure de la souffrance, pour mieux la mêler à la tienne et la faire servir au salut du monde !
Sainte Vierge Marie, qui avez souffert comme nulle mère n'a souffert ; ô Vierge des douleurs qui
avez pu dire en toute vérité : « Voyez s'il est une douleur comparable à la mienne ! » soyez vous- même
ma vaillance, ma force et mon réconfort aux heures de la souffrance, pour que je devienne, comme vous,
la petite goutte d'eau toute coulée dans le vin du calice offert par vos fils prêtres.
Il n'y a pas de plus grande joie au monde que de quitter le monde pour, enfin, voir Dieu dans le face
à face de l'éternité. Le connaître comme Il est grand ; L'aimer comme Il est aimable, et jouir de Lui dans
une béatitude ineffable ! Le posséder, et être possédé par Lui, totalement, sans plus courir le risque de
Le perdre, ou d'être perdu pour Lui !
Joie de mourir et de T'offrir ainsi, ô mon Christ aimé, la plus grande preuve d'amour qui soit à ma
disposition sur la terre ! Joie de mourir et d'unir ma mort à la tienne, pour qu'elle serve au salut de la
multitude : Pro multis in remissionem peccatorum !
Sainte Vierge Marie, qui vous êtes si intimement unie à la mort de Jésus sur la croix, permettez-moi
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Il n’y a pas de plus grande joie sur terre (Abbé G. Courtois).
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d'offrir d'avance, par vos mains maternelles, la dernière heure de ma vie, pour que vous daigniez l'unir
à la mort de Jésus et obtenir en échange, ô mère de miséricorde, que toutes les âmes que j'aurai
approchées sur la terre meurent en votre amour !
Ainsi soit-il.

TABLE DES MATIÈRES

PRIÈRE PRÉPARATOIRE DU PÈRE CHEVRIER ……………………………………………………

I. VIENS A MOI ……………………………………………………………………………………….


II. CHERCHE-MOI ……………………………………………………………………………………
III. JE SUIS VENU APPORTER LE FEU ……………………………………………………………
IV. J'AI SOIF ……………………………………………………………………………………………
V. CELUI QUI S'UNIT A MOI ……………………………………………………………………….
VI. NE CESSEZ PAS DE PRIER ……………………………………………………………………..
VII. VOICI VOTRE MÈRE……………………………………………………………………………...
VIII. CECI EST MON COMMANDEMENT …………………………………………………………..
IX. QUE MA JOIE SOIT EN VOUS ………………………………………………………………….

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