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Epouses du Prophète

Khadîja

Khadîja bint Khuwaylid, surnommée « Tahira » (la pure), était mecquoise de la tribu des Asad. Elle
était veuve et avait trois enfants de deux précédents mariages. Un garçon, Hind, qui fut parmi les
premiers musulmans. Il participa notamment à la bataille de Badr. Il fit partie de ceux qui furent
tués lors de la bataille du Chameau au début du califat de 'Ali. Et deux filles, l'une prénommée Hala
et l'autre Hind, comme son frère.

Lors de son mariage avec le Prophète , Khadîja avait environ 40 ans. On la disait belle. Elle
partageait son temps entre ses enfants et ses affaires. Khadîja avait déjà repoussé de nombreuses
demandes en mariage émanant, pour la plupart, de notables de la ville. Elle donnait à penser qu'elle
ne souhaitait pas se remarier. Il semble cependant qu'elle ait été sensible aux nombreuses qualités
du prophète Muhammad et qu'elle se soit prise pour lui d'un tendre attachement, puisqu'elle s'en
confia à une amie, Nufaysa, qui décida de parler à Muhammad.

C'est Khadîja qui fixa elle-même la date de leur mariage. Celui-ci eut lieu en 595, soit quinze années
avant que ne parvienne au Prophète la première révélation du Coran. La vie du couple fut très
heureuse et paisible avant le début de la révélation. Ensuite, lorsque celle-ci fut rendue publique,
ils eurent à supporter ensemble toutes les souffrances résultant des persécutions infligées aux
musulmans. On nous rapporte que Muhammad aimait tendrement sa femme, ce qui est plusieurs
fois souligné par des hadîths que nous devons à Aïsha. Il n'épousa aucune autre femme pendant les
25 ans que dura leur union, alors que la polygamie était pratique courante et ne faisait alors l'objet
d'aucune réglementation.

De son côté, Khadîja fut une épouse aimante. Elle fut la première à le soutenir durant leurs grandes
épreuves. C'est elle en particulier qui le réconforta lorsqu'il reçut la première révélation. En effet, il
en fut si inquiet qu'il craignit un moment d'être le jouet du diable, ou de perdre la raison. C'est elle
encore qui le consola lorsqu'il se crut abandonné de Dieu, parce que la révélation avait cessé
pendant quelque temps. En dix ans, Khadîja donna 7 enfants à Muhammad, et il éleva ensemble les
enfants que Khadîja avait eus avant leur mariage et ceux issus de leur union avec la même affection.

Nous savons que les trois garçons - Qâsim qui valut au Prophète le surnom de « Abu al-Qasim »
(le père de Qasim), Tahib et Tahir - sont morts en bas âge, avant la période islamique. Les quatre
filles, Zaynab, Ruqayya, Umm Kalthûm et Fâtima vécurent toutes jusqu'au-delà de la révélation et
furent parmi les premières musulmanes. Cependant, trois d'entre elles moururent avant leur père ;
seule Fâtima lui survécut quelque temps, tous ses autres enfants étant morts avant lui.

Khadîja fut la première femme à embrasser l'islam. En raison de sa personnalité et de sa réputation


à La Mecque, elle apporta une aide considérable au Prophète, en particulier dans les premiers temps
de sa mission. Le Prophète a dit, à son propos : « Elle a eu confiance en moi lorsque les autres ne
m'ont pas cru. Elle a mis ses biens à ma disposition pour la cause de l'islam. » (Al-Bukhârî et
Muslim) On nous rapporte qu'en outre, elle fut à l'origine de la conversion de quelques-uns de ses
parents. Ce sont d'ailleurs certains de ses cousins qui firent parvenir des vivres à la famille du
Prophète lorsqu'ils furent exilés, en prenant parfois de grands risques.

Khadîja subit l'exil dans le désert au moment du boycott. Épuisée par les souffrances et les
privations, elle tomba malade.

Le Prophète la soigna et l'assista jusqu'à ses derniers instants.


Elle mourut le 10ème jour du mois de ramadan en 620 (à peu près trois ans avant l'hégire). Elle
était âgée d'environ 65 ans. Le Prophète l'enterra lui-même. Le Prophète , bien qu'elle fût morte
depuis de longues années déjà, parlait encore d'elle avec beaucoup d'affection.

Âïsha nous rapporte que, lorsqu'il égorgeait un mouton, il en envoyait une part aux amies de
Khadîja. Aïsha a encore dit : « Je n'ai jamais été aussi jalouse d'une femme comme je l'ai été de
Khadîja. » (Tirmidhî et Abu Dâwûd)

Le Prophète Muhammad avait été chargé de lui annoncer que : « elle aurait, au Paradis, une maison
de nacre et qu'elle n'y serait troublée par aucun bruit. » (Al-Bukhârî et Muslim)

Sawda

Après le décès de Khadîja, Le Prophète Muhammad dut songer à se remarier. Il avait en effet de
lourdes responsabilités à l'égard de sa communauté et il fallait bien que quelqu'un de confiance le
seconde dans sa maison auprès de sa famille. Il prit donc une épouse d'un certain âge possédant une
expérience et une maturité certaines : Sawda bint Zam'a. Elle était mecquoise et avait déjà été
mariée à as-Sukran ibn Amr.

Elle fut parmi les premières femmes à devenir musulmanes et fut à l'origine de la conversion de
son mari, as-Sukran. Sawda et son mari avaient été du premier groupe qui avait émigré en
Abyssinie, dans le royaume du Négus. Avec eux, se trouvaient également un des frères de Sawda
et un de ses cousins. Le mari de Sawda, dont on nous rapporte qu'il aurait apostasie, mourut, et elle
se retrouva veuve, peu avant la mort de Khadîja.

Elle fit preuve de beaucoup de courage et de fermeté dans ces circonstances et décida de revenir à
La Mecque. Quelque temps après la mort de Khadîja, une femme de La Mecque parmi les premières
à avoir embrassé l'islam, Khawla, se rendit un jour auprès du Prophète, et lui suggéra de prendre
une nouvelle épouse. Elle lui proposa notamment de demander la main de Sawda qui était son amie
et avec laquelle elle avait émigré en Abyssinie.

Le Prophète , qui avait été impressionné par la force et la fermeté de cette femme de 50 ans, la
demanda en mariage. En même temps qu'il trouvait une épouse pour veiller sur sa maison, il offrait
à cette femme une famille et un soutien. Le mariage eut lieu au mois de shawwâl de l'an 3 avant
l'hégire, quelques mois après la mort de Khadîja, peu après le voyage à Tâ'if. La dot que reçut
Sawda s'éleva à 400 dirhams.

Fervente dans sa foi, elle fut honorée par cette distinction. Elle fut une épouse très attentive et
dévouée auprès de la famille du Prophète. En raison de ses origines modestes, les membres de sa
tribu furent également honorés que Sawda ait été distinguée pour devenir l'épouse du Prophète, lui-
même issu d'une famille noble de La Mecque. Beaucoup se convertirent à cette occasion,
convaincus par le message de l'islam et séduits par la simplicité du Prophète .

Sawda fut une grande amie pour certaines des autres épouses, en particulier pour Aïsha qui était
encore jeune lors de son entrée dans la maison de l'Envoyé de Dieu. Plus tard, elle retrouva parmi
les Mères des croyants certaines de celles avec lesquelles elle avait émigré. C'est Aïsha qui nous
parle le mieux d'elle, car sa personnalité très discrète, presque effacée, et cependant efficace, n'a
pas donné lieu à d'aussi nombreuses observations que pour certaines autres épouses. Nous savons
cependant qu'elle était agréable de compagnie et très charitable.
Ainsi, Aïsha a dit à son sujet : « Je n'ai guère connu de femme à laquelle j'aurais aimé ressembler
autant que Sawda. » (Muslim) L'Envoyé de Dieu assignait à chacune de ses épouses une journée
avec la nuit correspondante. Sawda avait fait don de son jour à Âïsha pour se rendre agréable au
Prophète .

Après la disparition du Prophète, Sawda n'accomplit plus aucun voyage, et demeura chez elle. Elle
renonça même à se rendre en pèlerinage à La Mecque. Elle avait auparavant accompagné l'Envoyé
de Dieu pour le pèlerinage et pour la 'Umra. Elle était connue pour sa grande générosité et elle était
celle avec Zaynab bint Jahsh qui aimait le plus faire l'aumône de ses biens et de son argent. On croit
savoir qu'elle est morte en 24 de l'hégire, vers la fin du califat de 'Umar. Elle devait avoir entre 70
et 75 ans.

'Aïsha

Originaire de la tribu des Kinana, Aïsha est née environ neuf années avant l'hégire, alors que la
révélation avait débuté depuis environ trois ans. Elle était la fille d'Abû Bakr as-Siddîq (le
véridique), ami fidèle et compagnon intime du Prophète. C'est en compagnie de celui-ci que le
Prophète accomplit l'hégire vers Médine. Abu Bakr était marchand de vêtements à La Mecque. La
mère d’Aïsha, Umm Rummân, était la fille de 'Umayr ibn Amr. Elle fut - avec son époux - parmi
les premiers musulmans dès la première année de la révélation et connut toutes les persécutions
menées contre les fidèles de la nouvelle religion.

Elle fut très active aux côtés de son époux Abu Bakr et le Prophète lui annonça qu'elle aurait une
place au Paradis. Elle mourut avant la disparition de l'Envoyé de Dieu et ce fut lui qui la déposa
dans sa tombe. Aïsha nous a rapporté : « Je n'ai pas connu mon père et ma mère autrement que
pratiquant la religion musulmane. » Outre son frère Abdallah, Aïsha avait une demi-soeur, Asma,
fille d'Abû Bakr.

En ce qui concerne le mariage du Prophète avec Aïsha, on nous rapporte que l'Envoyé de Dieu
vit en rêve l'ange Gabriel lui présenter un morceau d'étoffe dans lequel quelque chose était
enveloppé. Le Prophète lui demanda : « Qu'est-ce ? » et l'ange Gabriel lui répondit : « Ta femme !
» En soulevant un coin de l'étoffe, il découvrit la jeune Aïsha. Ce message lui parvint comme un
ordre divin. Il se rendit donc chez son ami Abu Bakr pour lui demander la main de sa fille, que ce
dernier lui accorda avec joie. On situe cet événement aux alentours de l'an 3 avant l'hégire (620 apr.
J. C)

Aïsha avait déjà été demandée en mariage par une famille de polythéistes, mais ceux-ci se mirent
à craindre qu'en mariant leur fils avec Aïsha, il n'embrasse également la nouvelle religion et
abandonne leurs traditions. Ils furent donc extrêmement soulagés lorsqu'une opportunité leur permit
de renoncer à cette union. Elle avait environ 7 ans lors de la demande en mariage du Prophète, mais
elle n'entra dans sa maison que lorsqu'elle eut autour de 10 ans. La dot que reçut Aïsha au moment
de son mariage fut de 50 dirhams.

Le jour où elle entra dans la maison du Prophète, au mois de shawwâl, les choses se déroulèrent
avec la plus grande simplicité, le repas de noces également. Ce jour-là, il n'y avait dans la maison
qu'un bol de lait. L'Envoyé de Dieu en but une gorgée, donna le bol à Aïsha qui en but également
une gorgée, ainsi que les quelques autres personnes présentes. C'est la seule vierge que le Prophète
épousa, toutes les autres épouses avaient été déjà mariées et étaient veuves ou divorcées.

Nous savons qu’Aïsha fut, après Khadîja, l'épouse préférée du Prophète , qui appréciait en elle
son intelligence et la vivacité de son esprit.
On nous rapporte qu'un compagnon posa la question à l'Envoyé de Dieu : « Qui aimes-tu le plus ?
», la réponse fut « Aïsha ! ». Par trois fois, le compagnon posa la question, et chaque fois il reçut
la même réponse. Il dit alors : « Je demandais pour les hommes. » Le Prophète répondit : « Le père
de Aïsha ! - Et après lui ? - 'Umar ibn al-Khattâb », et le compagnon s'arrêta, de peur de ne pas
figurer dans la liste des aimés du Prophète. (Al-Bukhârî)

Aïsha n'a pas été choisie par hasard. Sa jeunesse était précisément un atout majeur pour la mission
qu'elle allait devoir remplir tout au long de sa vie. Le Prophète avait besoin d'une femme jeune,
intelligente et enthousiaste, capable d'assimiler et d'interpréter les lois de l'islam. Or, dès sa plus
petite enfance, elle voyait le Prophète pratiquement chaque jour, lorsqu'il rendait visite à son ami
Abu Bakr, dans sa maison, lui transmettant, au fur et à mesure, les versets du Coran qui lui étaient
révélés par l'ange Gabriel.

Ils évoquaient également ensemble les différents événements concernant la communauté


musulmane. Elle était vive d'esprit et intelligente et elle apprit donc, dès son jeune âge, de la bouche
même du Prophète , au fur et à mesure de la révélation et des événements, tant avant qu'après
son mariage, tout ce qu'elle devait savoir pour la mission d'enseignante qui allait lui incomber tout
au long de sa vie. Elle avait les qualités requises et, en raison de sa jeunesse qui la rendait assez
perméable, elle était davantage susceptible de recevoir, retenir pour, ensuite, retransmettre les
enseignements de l'islam.

Elle était encore jeune au moment de l'hégire. Cependant, chacun était unanime à dire que nul ne
pouvait mieux raconter qu'elle les détails de l'émigration. Toute jeune fille qu'elle était alors, elle
participa avec sa sœur Asmâ', aux préparatifs secrets destinés au voyage du Prophète et de son père
Abu Bakr. Plus tard, elle poursuivit son éducation et son instruction dans la maison de l'Envoyé de
Dieu. Dès qu'il rentrait, elle lui posait des questions. Lorsqu'il parlait aux gens dans la mosquée,
elle se tenait auprès de la porte de son appartement, écoutant ce qu'il disait afin de profiter de son
enseignement.

C'est notamment par le fait de toutes les questions qu'elle posait à l'Envoyé de Dieu que nous sont
parvenus bon nombre d'enseignements et de traditions. Il nous a été rapporté que son savoir était
égal à celui de tous les Compagnons et des Mères des croyants réunis tant elle cherchait à participer
à toutes les occasions susceptibles d'accroître son savoir. Elle voyait vivre au quotidien son époux
et Prophète et rien de ce qu'il disait ou faisait ne lui échappait.

Abu Hurayra nous rapporte que « Aïsha, épouse du Prophète, n'entendait jamais une chose qu'elle
ne comprenait pas, sans revenir à la charge auprès de lui, jusqu'à ce qu'elle l'eût bien saisie. » (Al-
Bukhârî) Elle est reconnue pour avoir été l'une des plus grandes juristes de son époque. Elle avait
en outre un goût développé pour les lettres et se distinguait dans la poésie. Aïsha connaissait aussi
la généalogie et l'histoire de toutes les tribus de l'Arabie préislamique, ce qui était très important
pour la « stratégie » que le Prophète dut mettre en place, afin que la communauté puisse nouer des
alliances avec les unes et les autres.

Aïsha passe encore pour avoir eu de bonnes connaissances en médecine. Il semble qu'elle ait acquis
ce savoir en particulier lors de la maladie du Prophète , alors que de nombreuses délégations se
sont succédé à son chevet, en provenance de toutes les régions d'Arabie, pour tenter de le délivrer
de son mal, en lui prescrivant des médicaments qu’Aïsha se chargeait elle-même de préparer.
Le hadîth rapporté par Anas, en témoigne : « Je vis Aïsha et Umm Salama, les vêtements retroussés
au point que je pouvais apercevoir le bas de leurs jambes, bondir avec les outres sur le dos et les
vider dans la bouche des soldats. Ensuite, elles venaient remplir leurs outres et retournaient à
nouveau les vider dans la bouche des soldats. » (Al-Bukhârî)

Nous sommes redevables à Aïsha d'un grand nombre de hadîths (environ 2 200). À ce propos, le
Prophète a dit : « Aïsha est la moitié de la religion », et également : « Allez chercher la science
auprès de cette rouquine » en la désignant. Le Prophète aimait passer du temps et se distraire avec
Aïsha ; il fit même la course avec elle ; une fois c'est elle qui l'emporta, mais une autre fois, ce fut
le Prophète car elle avait pris un peu de poids.

Le rôle d’Aïsha au sein de la famille du Prophète fut des plus importants. Anas ibn Mâlik a rapporté
que le Prophète a dit : « La supériorité de 'Âïsha sur les autres musulmanes est comme celle
du tsarid (plat préféré du Prophète) sur les autres mets. » (Al-Bukhârî) De nombreux événements
ont marqué la vie conjugale du Prophète. Âïsha était assez spontanée... Ce qui provoquait parfois
quelques incidents ; mais ceux-ci furent autant d'enseignements donnés aux musulmans : ils
provoquaient souvent la révélation d'un verset, ou alors une parole ou un acte du Prophète qui
avaient pour objectif essentiel d'instruire les musulmans dans leur religion en leur montrant la
solution en fonction des circonstances.

Âïsha et Umm Salama avaient accompagné l'Envoyé de Dieu lors d'une expédition. La troupe avait
fait une halte au moment de la prière du soir et s'apprêtait à repartir lorsqu’Âïsha s'aperçut qu'elle
avait perdu le collier d'onyx offert par sa mère le jour de son mariage. On le chercha, en vain. Le
Prophète fit établir le camp pour la nuit. Mais il n'y avait pas d'eau à cet endroit. Les compagnons
se plaignirent à Abu Bakr de la futilité du motif qui les obligeait à passer la nuit dans cet endroit,
les privant de l'eau nécessaire à leurs ablutions. Abu Bakr vint faire des reproches à sa fille et lui
dit : « Tu crées constamment des problèmes... »

Vers la fin de la nuit, le Prophète reçut une révélation qui institua l'ablution sèche (tayammûm,
Coran 4.43). Toute la troupe se réjouit alors et dit : « O Famille d'Abû Bakr ! Ce n'est pas votre
premier don à l'islam. » (Al-Bukhârî et Muslim) Abu Bakr - qui était bien fâché contre sa fille -
vint lui dire : « Je n'imaginais pas que tu puisses être la source d'une telle bénédiction pour les
musulmans. Grâce à toi, les gens se sont vu accorder une grande facilité. »

Un autre hadîth nous rapporte qu’Usayd ibn Hudayr vint dire à Âïsha : « Dieu te récompense en
bien ! Car, par Dieu, il ne t'est jamais arrivé une chose déplaisante sans que Dieu n'en ait fait quelque
chose de bon pour toi et tous les musulmans. » (Al-Bukhârî et Muslim)

Bon nombre d'anecdotes mentionnent les liens qui existaient entre le Prophète et 'Âïsha. Un jour
où elle voyageait avec l'Envoyé de Dieu, son chameau s'emballa. Le Prophète, s'inquiéta tant pour
elle qu'il s'écria : « Ma femme, ma femme ! », jusqu'à ce que l'animal fût maîtrisé et ramené. Âïsha
a rapporté qu'une autre fois, au cours d'un voyage, elle et Hafsa accompagnèrent le Prophète. Or,
dès la tombée de la nuit, le Prophète s'approchait du chameau d’Âïsha pour parler avec elle. Un
jour, Hafsa proposa : « Voudrais-tu que nous échangions nos chameaux, afin de voir, toi et moi, ce
qui arrivera ? »

Âïsha ayant accepté, elles firent ainsi. Le soir venu, le Prophète vint près du chameau d’Âïsha
et fit route avec Hafsa jusqu'à l'étape.
Âïsha espérait que le Prophète reviendrait vers elle, mais il n'en fit rien. L'ayant attendu en vain,
elle fut tellement jalouse qu'elle s'écria en posant le pied à terre : « Seigneur ! Fais qu'un serpent ou
un scorpion me pique, car je ne puis rien lui dire pour me justifier. » (Al-Bukhârî)

Nous savons que l'Envoyé de Dieu confiait à Âïsha ses projets les plus secrets. Par exemple, en
matière de stratégie, il lui arrivait de préparer une expédition en ne faisant part de ses intentions ou
de la destination qu'à sa jeune épouse, qui gardait le secret sans jamais trahir. 'Aïsha aimait
énormément le Prophète et elle s'inquiétait dès qu'il s'éloignait. Un jour, elle l'entendit se glisser
dehors en pleine nuit, et, pour savoir où il se rendait, elle le suivit ; il se rendait au cimetière pour
prier pour ceux qui étaient morts.

Bouleversée, elle dit alors : « Je donnerais la vie de mon père et de ma mère pour lui ! » Souvent,
il s'endormait la tête posée sur ses genoux. Lorsque le Prophète fut atteint de la maladie qui devait
l'emporter, il continua de visiter successivement chacune de ses épouses et demandait chaque jour
: « Où serai-je demain ? » et ce, jusqu'au jour de sa visite chez 'Âïsha, chez laquelle il ne demandait
pas chez qui il serait le lendemain. (Al-Bukhârî)

On nous rapporte qu'à partir du moment où il fut immobilisé par cette maladie, il sollicita des Mères
des croyants la permission d'être soigné chez Âïsha, ce qu'elles acceptèrent (Al-Bukhârî). Il fut
donc transporté de l'appartement de Maymûna à celui d’Âïsha, soutenu d'un côté par Ali, de l'autre
par Abbas. La maladie empirait. Toutefois, un jour, il put se rendre dans la mosquée et il s'adressa
aux fidèles, invoquant longuement Dieu pour les martyrs d’Uhud en particulier.

Puis, il donna l'ordre que soient fermées toutes les portes donnant sur la mosquée, sauf celle d'Abû
Bakr. Il vécut ses derniers instants chez Âïsha. On nous rapporte que peu avant sa mort, le Prophète
vit le frère d’Âïsha entrer dans la pièce avec un bâton de miswak (brosse à dent naturelle). Âïsha
lut dans ses yeux qu'il en avait envie. Elle le prit des mains de son frère, le nettoya, le mâchonna
un peu et lui en frotta les dents (Al-Bukhârî). Puis, elle lui prit la tête et la plaça dans le creux de
son épaule, afin qu'il soit aussi confortable que possible et c'est ainsi qu'il rendit le dernier soupir.
(Al-Bukhârî)

Aïsha nous a rapporté au sujet de ses derniers instants que le Prophète répéta : « Il n'y a aucun
dieu si ce n'est Dieu Lui-même. Quelle agonie que la mort ! » Puis, Âïsha l'entendit dire d'une voix
à peine perceptible, « . . . mais avec le Compagnon le plus haut », comme s'il faisait un choix. (Al-
Bukhârî)

Âïsha nous dit encore : « J'étais jeune et je ne comprenais pas. Dans ma stupidité, le Prophète rendit
le dernier soupir dans mes bras et je ne le sus pas. Ce n'est que lorsque les autres femmes présentes
se mirent à pleurer que je compris ce qui s'était passé... » (Al-Bukhârî) Aïsha a rapporté : « Il mourut
le jour même où c'était mon tour de le recevoir dans mon appartement. Dieu recueillit son âme
tandis que sa tête reposait entre ma gorge et ma poitrine et ma salive fut mélangée à la sienne. »
(Al-Bukhârî)

Le Prophète fut enterré sur place, dans la chambre d’Âïsha. Elle continua d'y habiter. Sawda,
qui mourut en 24 de l'hégire, lui légua son appartement qui était mitoyen du sien, ce qui permit à
Âïsha d'agrandir son habitation devenue très petite du fait de la place occupée par le tombeau du
Prophète. Lorsque Abu Bakr, puis plus tard, 'Umar, quittèrent ce monde, ils furent tous deux
enterrés auprès du Prophète. On sait que lorsque 'Umar fut à l'agonie, il envoya son fils Abdallah
chez Âïsha, qui la trouva assise pleurant : « 'Umar t'adresse le salut et te demande l'autorisation
d'être enterré avec ses deux compagnons. - Je l'aurais désiré pour moi, mais je lui donne la
préférence sur moi-même. » (Al-Bukhârî)
Personne d'autre n'eut droit à cet honneur. Aussi, lorsqu'un des compagnons demandait à être
enterré, Âïsha répondait invariablement : « Non, je ne veux les déranger pour personne. » (Al-
Bukhârî)

Après la disparition du Prophète, elle continua d'occuper une place importante au sein de la
communauté des musulmans, malgré sa jeunesse. Elle jouissait d'une grande réputation et on venait
constamment la consulter. Elle était particulièrement savante en matière de jurisprudence. On nous
rapporte qu'un grand nombre de compagnons venaient étudier la jurisprudence islamique avec elle.
Atâ' a dit que « Âïsha était plus instruite qu'aucun homme de son temps ». Âïsha, avec quelques
autres compagnons, firent de Médine un centre d'études parmi les plus importants du monde de
l'époque. On nous précise encore que les gens qui avaient eu le privilège d'étudier avec elle était
ensuite parmi les plus brillants.

Au temps de leur califat respectif, Abu Bakr et 'Umar venaient consulter Âïsha pour lui exposer tel
ou tel problème auquel ils se trouvaient confrontés et l'interroger pour savoir ce que le
Prophète aurait dit ou fait en pareille circonstance. Toutefois, elle ne semble pas avoir joué de
rôle politique au cours des deux premiers califats. Ce n'est qu'au cours du califat de 'Uthmân, après
l'assassinat de celui-ci en particulier, qu'elle fut amenée à prendre parti.

Nous savons par exemple qu'elle n'était pas trop en accord avec sa manière de diriger, mais elle
refusa catégoriquement de prendre une part quelconque dans son assassinat qu'elle considéra
comme un acte grave et s'y opposa. Elle invita même les musulmans à ne pas diverger entre eux à
cette occasion et à se réconcilier. Malgré cela, 'Uthmân fut assassiné tandis que Âïsha et quelques-
unes des Mères des croyants se trouvaient à La Mecque pour le pèlerinage, assassinat qui fut
perpétré par des hypocrites qui voulaient affaiblir la situation des musulmans.

Ali fut donc élu calife à son tour : alors que certains compagnons voulaient venger la mort de
'Uthmân - desquels faisait partie Âïsha - Ali refusa de céder à une vengeance irréfléchie et s'opposa
à eux. Pour la première fois de l'histoire de l'islam, deux camps musulmans s'affrontaient. Des
compagnons, qui voulaient empêcher un affrontement entre musulmans, en particulier deux d'entre
eux parents de 'Âïsha, parvinrent à la convaincre de les accompagner dans cette perspective.

Cependant, ceux-là mêmes qui avaient assassiné 'Uthmân continuaient de semer la zizanie entre les
croyants, afin de déstabiliser également la position de 'Ali. Le groupe qui partit de Médine était
composé de trois mille hommes. Âïsha et les compagnons se rendirent compte tardivement qu'ils
étaient tous victimes d'un complot. Elle fit placer son chameau entre les combattants et s'adressa à
eux, depuis son palanquin, les appelant à cesser de se battre. Elle alla jusqu'à désigner publiquement
les assassins de 'Uthmân. Une mêlée s'ensuivit autour de son chameau, provoquée par deux des
hypocrites coupables de cet assassinat qui s'étaient introduits au sein même des deux groupes.

Afin de la protéger, 'Ali n'eut qu'une solution, abattre l'animal pour la récupérer dans son palanquin
et la conduire en lieu sûr à Bassorah. Cet événement, qui eut lieu en 36 de l'hégire, est connu sous
le nom de bataille du Chameau. Elle fut invitée par Ali à prendre quelques jours de repos dans cette
ville proche du lieu de la confrontation, période au cours de laquelle elle fut particulièrement bien
traitée par lui. Il lui rendit visite et l'interrogea avec respect : « Comment te portes-tu, Mère ? -
Bien, et toi ? - Que Dieu te pardonne, dit-il alors. - Et à toi aussi. J'aurais préféré être morte et
n'avoir jamais vécu ce jour ! » Ali, de même, ajouta : « J'aurais préféré être mort et n'avoir pas vécu
ce jour. »

Malgré cet incident, elle aimait et respectait beaucoup Ali. Un jour qu'on lui posait la question :
« Qui l'Envoyé de Dieu aimait-il le plus ? - Fâtima, répondit elle. - Et parmi les hommes ? - Ali,
qui était le premier pour la prière et pour le jeûne ! » Âïsha ne se consola jamais de s'être laissée
entraîner dans cette affaire. Chaque fois qu'elle se souvenait de ces événements, elle pleurait tant
qu'elle en mouillait son châle. On nous rapporte que, pour cette raison, elle demanda à être enterrée
de nuit, non pas auprès du Prophète, mais dans le cimetière des femmes à Médine, avec les autres
Mères des croyants.

Âïsha avait les moyens de vivre confortablement car elle recevait, comme les autres Mères des
croyants, une pension versée par les Califes successifs. Mais Âïsha, qui était d'une extrême
générosité, chargeait sa servante, dès qu'elle recevait cette pension, de distribuer aussitôt le tout aux
nécessiteux, négligeant de garder quelque chose pour elle. Le soir venu, elle disait à sa servante : «
Pourquoi ne m'as-tu pas fait penser de garder de quoi dîner ce soir ? » Elle avait tellement pris
l'habitude d'une vie frugale au cours de ses années difficiles passées dans la maison du Prophète,
jeûnant beaucoup, qu'elle continua de vivre de la même manière après sa disparition, alors que les
moyens de la communauté s'étaient améliorés.

'Urwa a rapporté qu'un jour, Âïsha avait reçu soixante-dix mille dirhams ; il la vit distribuer la
totalité de la somme aux pauvres, tandis qu'elle-même portait une chemise rapiécée. Un jour, elle
reçut - sur la demande de celui-ci - Hasan ibn Thâbit, qui avait été l'un des acteurs de l'affaire de la
calomnie. Comme on s'était étonné qu'elle le reçoive, elle répondit : « Pourquoi pas ? N'a-t-il pas
été déjà frappé d'un terrible châtiment ? » Il était, en effet, devenu aveugle. Avant qu'elle ne meure,
alors qu'elle était à l'agonie, Ibn Âbbâs demanda à être reçu par elle. Comme elle hésitait, dans la
crainte qu'il ne lui fasse des compliments, on lui fit valoir qu'il s'agissait du fils de l'oncle paternel
de l'Envoyé de Dieu et l'un des principaux personnages parmi les musulmans.

Elle le reçut donc : « Comment te trouves-tu ? lui demanda-t-il. - Bien, si je crains Dieu. - Tu seras
bien s'il plait à Dieu, car tu as été l'épouse de l'Envoyé de Dieu et la seule vierge qu'il ait épousée.
Enfin, la révélation t'a reconnue innocente. » Après cette visite, Âïsha devait dire : « Ibn Abbâs m'a
fait des compliments. J'aurais préféré qu'on m'eût oubliée. » (Al-Bukhârî)

Âïsha vécut jusqu'à l'âge de 67 ans et mourut pendant le mois de ramadan en 57 de l'hégire, sous le
califat de Mu'awiya. Elle fut enterrée, comme elle l'avait souhaité, après la prière de la nuit, dans
l'heure qui suivit sa mort, dans le cimetière des femmes à Médine, auprès de ses compagnes, les
Mères des croyants qui l'avaient devancée. Abu Hurayra fit la prière sur elle avec les autres
compagnons. Ce sont ses neveux qui la déposèrent dans sa tombe.

Hafsa

Elle est la fille de 'Umar ibn al-Khattâb, mecquois de la tribu des Adî. Sa mère s'appelait Zaynab
bint Mazhun. Elle est née avant la révélation, la même année que Fâtima, la fille du Prophète. Son
père, 'Umar, deuxième Calife, fut un illustre personnage du temps du Prophète et l'un de ses
proches compagnons. Ainsi donc, Hafsa était issue d'une famille illustre et respectée. Il s'agissait
d'une famille d'intellectuels. Shiffa bint Abdallah, une parente de 'Umar, qui savait lire et écrire,
avait instruit Hafsa et sa soeur, ce qui était rare avant l'islam, en particulier pour les femmes.

Hafsa avait déjà été mariée. Avec son mari, Khunays ibn Hudhâfa, ils avaient fait partie du premier
groupe d'émigrés en Abyssinie. Au retour de leur émigration, Hafsa et son mari se rendirent à
Médine où était désormais installée la communauté. Nous savons que Khunays participa à la
bataille de Badr et d'Uhud, où il fut blessé et mourut en l'an 2 de l'hégire. Hafsa, qui n'avait pas eu
d'enfant, se retrouva veuve ; elle avait environ 20 ans.
Après quelque temps, 'Umar chercha à remarier sa fille. Il s'adressa d'abord à 'Uthmân - devenu
veuf de Ruqayya, la fille aînée du Prophète , qui déclina l'offre. Il s'adressa ensuite à Abu Bakr
qui était son meilleur ami mais celui-ci lui fit une réponse évasive et il en fut blessé. On nous
rapporte que Hafsa était alors réputée pour avoir un caractère hautain et personne ne voulait
l'épouser. 'Umar se rendit auprès du Prophète pour se plaindre de la situation, mais il lui fut répondu
: « Je te montrerai un meilleur gendre que 'Uthmân et je lui montrerai un meilleur beau-père que
toi. » (Al-Bukhârî)

'Umar comprit alors que le Prophète avait l'intention de lui demander la main de sa fille et qu'Abû
Bakr était déjà dans le secret. De fait, le Prophète demanda la main de Hafsa. La dot que lui remit
le Prophète fut de quatre cents dirhams. En ce qui concerne 'Uthmân, le Prophète lui fit épouser
une autre de ses filles, Umm Kalthûm. Il devint le beau-père de 'Uthmân ainsi qu'il l'avait annoncé.
Le mariage de 'Uthmân et Umm Kalthûm eut lieu d'abord, puis le Prophète épousa Hafsa quatre
mois plus tard, vraisemblablement pendant le mois de sha'ban de l'an 3 de l'hégire. Entre temps,
l'appartement qui devait la recevoir fut préparé.

Le rôle de Hafsa n'est pas négligeable. Un jour que 'Umar faisait des reproches à son épouse, celle-
ci lui répondit sur un ton auquel il n'était pas habitué. Il lui demanda la raison de ce comportement
nouveau et elle lui apprit que les épouses du Prophète lui répliquaient aussi de la sorte et considérait
donc qu'elle pouvait en faire autant. Parlant de Hafsa, elle ajouta : « Il y en a une qui, du matin au
soir, lui dit tout ce qu'elle pense sans hésiter. » 'Umar, préoccupé, se rendit auprès de Hafsa et
l'interrogea à ce sujet. Hafsa lui confirma ce qu'avait dit sa mère. 'Umar fit remarquer à sa fille : «
Tu n'as ni la grâce de Aïsha, ni la beauté de Zaynab. Es-tu certaine que si tu irrites le Prophète ,
Dieu ne t'écrasera pas de Sa colère ? » (Al-Bukhârî)

Après quoi, il se rendit chez Umm Salama, sa cousine, une autre des épouses du Prophète pour lui
demander : « Est-il vrai que vous tenez tête à l'Envoyé de Dieu et vous lui répondez sur un ton
irrespectueux ? » Umm Salama lui rétorqua vivement : « Qui donc t'a autorisé à t'interposer entre
l'Envoyé de Dieu et ses épouses ? Certes, nous lui disons franchement ce que nous pensons. S'il
l'admet, c'est son affaire, mais s'il devait nous l'interdire, il nous trouverait alors plus obéissantes
que nous ne le sommes à ton égard ! » 'Umar repartit sur cette réponse.

Après la disparition du Prophète , il ne semble pas que Hafsa ait joué un rôle politique dans la
suite. On nous rapporte que, alors que son père 'Umar était à l'agonie, après l'agression dont il venait
d'être victime, Hafsa lui rendit une dernière visite et resta un moment auprès de lui à pleurer. Puis
elle se retira dans la pièce voisine jusqu'à ce que le corps de 'Umar fût transporté pour être enterré
auprès du Prophète et d'Abû Bakr. (Al-Bukhârî)

Toutefois, on sait que Hafsa eut à remplir une mission importante et de grande confiance. À la mort
de son père 'Umar, il n'existait qu'une copie officielle écrite du texte du Coran. Or, le nombre de
musulmans était devenu très important et il circulait un non moins grand nombre de copies, dans
une écriture peu développée, ce qui était nuisible à la bonne préservation et à la pureté du texte.
Abu Bakr, puis 'Umar, avaient pris conscience de la nécessité d'un texte contrôlé par les vrais
connaisseurs du Coran, mais ce travail n'avait pas pu être achevé pour être diffusé avant leur
disparition à tous deux.

C'est à Hafsa que fut confiée l'unique copie officielle qui la conserva jusqu'à ce que le travail puisse
être exécuté. On se souvient que Hafsa était savante ; on nous rapporte que, à la fin de sa vie, elle
connaissait le Coran par coeur. Sur la personnalité de Hafsa, nous savons encore qu'elle était très
pieuse et qu'elle jeûnait beaucoup. Nous lui devons au moins une soixantaine de hadîths.
Elle mourut en 45 de l'hégire âgée d'environ 60 ans. Elle fut enterrée avec les autres Mères des
croyants, dans le cimetière de Médine. On nous rapporte que l'ange Gabriel avait été chargé
d'informer le Prophète que Hafsa serait également son épouse au Paradis.

Zaynab bint Khuzayma

Elle était la fille de Khuzayma ibn al-Hârith al-Hilâlîya de la tribu des Amir ibn Sa'sa'a, parmi les
plus riches de l'Arabie. Elle habitait à La Mecque. Nous savons qu'elle était veuve de 'Ubayda ibn
al-Hârith ibn Abd al-Muttalib, un parent du Prophète. Ils furent au nombre des premiers
musulmans. 'Ubayda tomba martyr lors de la bataille de Badr. Une année s'était écoulée depuis la
mort de 'Ubayda et Zaynab n'était toujours pas remariée.

Constatant qu'elle demeurait seule, le Prophète décida de la demander en mariage. Elle accepta
avec joie. On prépara donc un appartement à son intention et, dès qu'il fut prêt, Zaynab entra à son
tour dans la maison de l'Envoyé de Dieu. La dot que le Prophète lui remit s'éleva à quatre cents
dirhams. Zaynab avait autour de 30 ans lorsqu'elle entra dans la maison du Prophète. L'événement
se situe au mois de ramadan de l'an 3 de l'hégire. Elle est réputée pour sa grande générosité et, déjà,
avant son entrée dans la maison du Prophète, on l'appelait Umm al-Masakîn (la mère des pauvres).

On nous décrit Zaynab comme étant une personnalité très calme et sereine, d'une compagnie
agréable et discrète, toujours prête à aider les autres, dévouée à Dieu et à Son Envoyé. Elle était
aimée par toutes les Mères des croyants. Cependant, la présence de Zaynab dans la maison du
Prophète fut de courte durée. Elle tomba malade et mourut huit mois après son mariage avec le
Prophète. Elle fut la première des épouses à quitter ce monde. On nous rapporte que l'Envoyé de
Dieu l'assista lui-même dans ses derniers instants, qu'il dirigea la prière funèbre et qu'il la fit enterrer
dans le cimetière des femmes, non loin de sa fille Ruqayya, épouse de 'Uthmân, morte quelque
temps auparavant.

Umm Salama (Hind)

Hind était la fille d'Abû Umayya ibn al-Mughîra, mecquoise de la tribu des Makhzûm. Sa mère
était une tante du Prophète . Nous la connaissons mieux sous le nom d’Umm Salama (la mère de
Salama). Umm Salama était proche parente de Khalid ibn al-Walid, lequel fut un ennemi
implacable de l'islam jusqu'à la bataille d'Uhud. On note que son hostilité à l'égard des musulmans
se fit moins violente à partir du moment où Umm Salama devint l'une des épouses du Prophète.
Finalement, Khalid se convertit à l'islam environ deux années plus tard.

Umm Salama avait été mariée avec son cousin, Abdallah ibn Abd al-Asad, plus connu sous le nom
d’Abu Salama. Ils étaient devenus musulmans ensemble et avaient fait partie de ceux qui avaient
émigré en Abyssinie. Au moment de leur émigration donc, Umm Salama avait autour de 18 ans.
Lorsque les premiers musulmans prirent le chemin de Médine, Abu Salama, son épouse et leur fils,
Salama, se mirent en route également. Mais ils furent rattrapés par les membres de la famille d'Umm
Salama ; ils laissèrent son mari partir, mais obligèrent Umm Salama et son fils à revenir à La
Mecque et tentèrent de la faire renoncer à l'islam en la persécutant de mille et une manières.

La famille d'Abû Salama s'empara de l'enfant au cours d'une altercation, au point de déboîter
l'épaule de l'enfant. Tous les soirs, Umm Salama montait sur la colline d'as-Safâ, se tournait vers la
maison qui retenait son fils puis vers Médine, pleurant les deux êtres chers à son coeur. Ses
lamentations incessantes, ses malédictions, finirent par avoir raison de la cruauté des deux familles
et finalement, ils la laissèrent partir avec l'enfant.
Elle partit seule avec son fils en direction de Médine. A quelque distance de La Mecque, elle trouva
'Uthmân ibn Talha - qui n'était pas encore musulman - mais qui insista pour l'escorter jusqu'à la fin
du voyage. Il conduisit le chameau - monté par Umm Salama et son enfant - tenant la monture par
la bride, tout au long du voyage.

Arrivé à Quba, il lui indiqua alors : « Ton mari se trouve dans ce village. Entres y avec la
bénédiction de Dieu ! » Puis il fit lui-même demi-tour et repartit vers La Mecque. On nous rapporte
que, plus tard, Umm Salama se rappelait souvent la noblesse du comportement de cet homme. Il
devait rejoindre le Prophète avec Khalid et retrouver sa position de gardien de la Ka'ba après la
reconquête de La Mecque par les musulmans ; c'est d'ailleurs le Prophète lui-même qui lui remit la
clé.

Abu Salama et son épouse, très unis, se retrouvèrent enfin à Médine. Mais, lors de la bataille
d'Uhud, Abu Salama fut blessé. Sa blessure s'était refermée trop rapidement ; elle se rouvrit un peu
plus tard, ce qui entraîna sa mort quelques mois plus tard. Elle pleura beaucoup la mort de son mari.
Elle se retrouva veuve avec deux garçons et deux filles. Umm Salama - qui aimait tendrement son
mari - avait souhaité qu'ils se promettent mutuellement de ne pas se remarier si l'un des deux venait
à mourir. Abu Salama lui avait répondu : « Je demande à Dieu de t'accorder après moi un mari
meilleur que moi. »

On sait qu'Abû Bakr et 'Umar avaient tous deux songé à l'épouser après la mort d'Abû Salama. Le
grand souci des compagnons était de prendre en charge et de soutenir les veuves avec leurs familles.
Quatre mois après qu'elle fût devenue veuve, le Prophète vint lui demander de l'épouser. Umm
Salama objecta qu'elle craignait de ne pas être l'épouse qu'il fallait pour le Prophète, en
considération de son âge, de ses enfants... et de sa jalousie ! Le Prophète la rassura ainsi : « En ce
qui concerne l'âge, je suis plus âgé que toi, quant à ta jalousie, je prierai Dieu de t'en débarrasser.
Quant à tes orphelins, Dieu et Son Envoyé en prendront soin. » (Muslim)

Le mariage eut lieu au mois de shawwal de l'an 4 de l'hégire et Umm Salama fut installée dans
l'appartement qu'avait occupé la défunte Zaynab, Mère des croyants, morte peu avant. De l'avis
d’Aïsha et de Hafsa, Umm Salama était fort belle ; Âïsha en fut d'ailleurs jalouse un moment,
craignant que cette beauté ne lui nuise. Nous savons qu'Umm Salama participa activement à
plusieurs campagnes. Elle se trouvait près du Prophète lors de la bataille du Fossé, avec Âïsha et
Zaynab bint Jahsh. Elle fut celle des épouses qui accompagna le Prophète lorsqu'il prit la route en
vue d'effectuer la umra (petit pèlerinage) à La Mecque.

Nous savons à ce propos que lui et les compagnons qui l'accompagnaient durent s'arrêter à
Hudaybiyya. C'est là que fut signée la fameuse trêve de Hudaybiyya, et Umm Salama prêta serment
- au même titre que les compagnons - à cette occasion. C'est d'ailleurs elle qui conseilla le
Prophète sur l'attitude à adopter face à la désobéissance des compagnons qui refusaient de
quitter l'ihrâm et d'égorger les bêtes. (Al-Bukhârî)

Elle fut encore une fois tirée au sort pour accompagner l'Envoyé de Dieu lors de la bataille de
Khaybar. Elle s'activa — avec d'autres parentes du Prophète - à soigner les blessés et veilla aux
provisions d'eau placées à l'arrière des lignes. Elle accompagnait également le Prophète lors de la
conquête de La Mecque.

Elle était droite, franche et déterminée ; on se souvient que ' Umar avait eu avec elle un échange
assez vif. Il avait une tendance à intervenir de temps en temps dans la vie familiale, à l'occasion
des difficultés qui pouvaient survenir, notamment du fait de sa fille Hafsa.
Umm Salama était une femme érudite. Elle savait lire et écrire et était poète. Elle fit preuve, au sein
de la maison du Prophète , d'une grande sagesse.

Plusieurs fois, la révélation eut lieu tandis que le Prophète se trouvait chez Umm Salama. (Coran
9.102 et 33.33) Elle est la seule parmi les Mères des croyants, avec Khadîja et 'Aïsha, à avoir eu ce
privilège. (Muslim) Elle nous a transmis un certain nombre de hadîths (67 selon certaines sources).
Plusieurs compagnons vinrent, après la disparition de l'Envoyé de Dieu, la consulter et lui demander
des conseils. Notamment, après le meurtre du calife 'Uthmân, elle joua un rôle non négligeable tout
en demeurant discrète.

Elle vécut jusqu'à l'âge de 84 ans et mourut pendant le mois de ramadan en 62 de l'hégire. Elle fut
la dernière survivante des Mères des croyants. C'est Abu Hurayra qui dirigea la prière sur elle. Elle
fut enterrée avec ses compagnes dans le cimetière des femmes à Médine.

Zaynab bint Jahsh

Elle était la fille de Jahsh, une famille noble de La Mecque. Sa mère, Umayya, était la tante
paternelle du Prophète . Prénommée Barâ, elle reçut plus tard le prénom de Zaynab. Quand elle
fut en âge de se marier, le Prophète organisa le mariage de Zaynab avec Zayd ibn Haritha, son fils
adoptif. Les origines modestes de Zayd ne plaisaient guère à Zaynab qui était de noble naissance.
De fait, le ménage ne fut pas très heureux.

Zayd désirait divorcer déjà depuis quelque temps. Bien que le Prophète l'ait engagé à garder son
épouse, il finit par divorcer d'avec elle, la situation du couple étant devenue difficile. Quelques
mois plus tard, le Prophète reçut une révélation qui lui ordonnait d'épouser Zaynab, l'ex-épouse
de Zayd, son fils adoptif (Coran 33.36-37). Or, avant l'islam, on n'épousait pas la veuve ou la
divorcée d'un enfant adoptif.

Anas a rapporté que c'est Zayd lui-même qui se rendit auprès de Zaynab pour lui annoncer que le
Prophète songeait à l'épouser. Elle était alors occupée à pétrir le pain et répondit : « Je ne ferai rien
sans consulter Dieu. » Elle se retira dans son lieu réservé à la prière et fit la prière de la consultation.
C'est après cela qu'elle eut connaissance de ce qui avait été révélé à son sujet. Le Prophète épousa
donc Zaynab. Selon Tabari le mariage eut lieu pendant le mois de muharram en l'an 5 de l'hégire.
Zaynab avait entre 35 et 40 ans.

On nous rapporte que le Prophète ne fit pour aucune autre des épouses un repas de noces tel que
celui qu'il fit pour Zaynab. Il faut probablement en déduire que la situation matérielle des
musulmans était moins difficile à cette époque. Zaynab accompagna le Prophète dans plusieurs
expéditions. Elle participa notamment, avec ses compagnes, Aïsha et Umm Salama, à la bataille du
Fossé. Zaynab était artisane ; elle tannait des peaux avec lesquelles elle fabriquait des objets en cuir
qu'elle vendait. Elle faisait des oeuvres charitables avec l'argent qu'elle gagnait ainsi. (Al-Bukhârî
et Muslim)

Elle était extrêmement généreuse et distribuait aux nécessiteux tout ce qu'elle possédait. On nous
rapporte qu'un jour elle reçut douze mille dirhams qu'elle redistribua aussitôt aux pauvres. 'Umar
s'en émut et tenta de la convaincre de garder un peu pour elle, mais en pure perte. Elle était très
pieuse et jeûnait beaucoup. Aïsha a rapporté : « Je n'ai jamais vu une femme observant mieux sa
pratique religieuse que Zaynab, ni une femme plus pieuse, plus sincère dans ses paroles, meilleure
envers ses proches, plus généreuse dans ses aumônes et dans sa dépense d'elle-même pour faire
l'aumône et se rapprocher du Tout-Puissant. » (Muslim)
Zaynab survécut au Prophète environ dix ans, mais il ne semble pas qu'elle ait joué le moindre
rôle au sein de la communauté des musulmans après sa disparition. Elle mourut pendant le califat
de 'Umar, en l'an 20 de l'hégire, âgée d'environ 57 ans. C'est le Calife lui-même qui fit la prière sur
elle.

Juwayriya

Elle était la fille d'al-Hârith, le chef de la tribu des Banu al-Mustaliq. Elle avait été mariée avec un
de ses cousins dont elle était veuve. À l'origine, elle se nommait Bara ; c'est le Prophète qui changea
son nom en Juwayriya lorsqu'il l'épousa. Le Prophète avait été averti que la tribu des Banu al-
Mustaliq, alliée aux Quraysh, faisait des préparatifs de guerre malgré la trêve conclue entre les
Quraysh et le Prophète. Il prit donc l'initiative de l'attaque, et, bénéficiant de l'effet de surprise, il
remporta une victoire facile.

Ces événements se situent avant la bataille du Fossé, qui eut lieu la même année, en l'an 5 de
l'Hégire. Dans le butin, outre des biens matériels, il y avait des captifs. Comme toujours, en pareille
circonstance, le partage eut lieu entre les participants de cette campagne. Parmi les captifs se
trouvait Juwayriya, la fille du chef de la tribu vaincue. Lors du partage, elle fut attribuée à deux
personnes. En raison de la qualité de la captive, à moins que ce ne soit pour éviter l'inconvénient
d'avoir à se partager une esclave, ils fixèrent une rançon assez élevée (neuf onces ou trois cent
soixante dirhams). Juwayriya rendit visite au Prophète alors qu'il était chez Aïsha.

Elle déclara qu'elle embrassait l'islam et lui demanda de l'aider à payer sa rançon. Le
Prophète offrit à Juwayriya, non seulement de payer la totalité de la rançon à sa place mais
également de l'épouser. Elle accepta sur le champ cette proposition. Dès que les compagnons
apprirent que le Prophète allait épouser la fille d'al-Hârith, le chef de cette tribu dans laquelle ils
avaient fait des prisonniers, ils s'empressèrent de les libérer. On parle d'une centaine de personnes.
Il était en effet impensable que des membres de la famille d'une des Mères des croyants demeurent
captifs et esclaves chez les musulmans.

Ce mariage entraîna un grand nombre d'adhésions à l'islam. Le butin, qui avait été particulièrement
important à cette occasion, fut également rendu. Juwayriya était réputée pour sa piété et pour ses
jeûnes. On la décrit comme étant d'une grande sagesse. Elle avait d'excellentes relations avec les
autres Mères des croyants. Juwayriya nous a - comme presque toutes les Mères des croyants -
rapporté quelques hadîths. C'est à elle que le Prophète a précisé que, lors des jeûnes surérogatoires,
le musulman ne doit pas jeûner le vendredi isolément mais qu'il doit lui adjoindre le jeudi ou le
samedi.

Il semble qu'elle avait autour de 18 ans au moment de son mariage. On croit savoir qu'elle avait
environ 70 ans lorsqu'elle mourut la même année que 'Âïsha, en 57 de l'hégire.

Umm Habîba (Ramla)

Ramla, plus connue sous le nom de Umm Habîba était la fille d'Abû Sufyân, mecquoise de la tribu
des Banû Umayya. Abu Sufyân était le chef des Quraysh et le plus acharné des ennemis du Prophète
. Cependant, nombre de personnes dans sa famille se convertirent à la foi nouvelle, en particulier
sa fille, Umm Habîba et son mari, 'Ubaydallâh.

Ils firent partie du premier groupe des émigrés en Abyssinie mais après quelque temps, son mari
apostasia pour se faire chrétien. Il mourut peu après. Le couple eut une fille.
Malgré les pressions de son mari, Umm Habîba demeura fermement attachée à l'islam et, lorsque
la nouvelle de son veuvage et de sa constance parvint au Prophète, il envoya un émissaire pour la
demander en mariage. Umm Habîba fut à peine surprise par cette demande en mariage.

En effet, peu avant, elle avait fait un rêve au cours duquel elle s'était entendue appeler Mère des
croyants. Elle donna son consentement et le mariage fut célébré en Abyssinie, en l'absence du
Prophète qui fut représenté par le Négus lui-même, en présence d'un de ses parents et de toute
la communauté des musulmans émigrés. Le Négus organisa pour l'occasion, dans son palais, un
repas de noces où ils furent tous invités. Elle avait autour de 35 ans. On était en l'an 6 de l'hégire.

Nous croyons savoir que sa dot s'éleva à quatre cents dinars. Elle lui fut remise par le Négus, en
qualité de représentant du Prophète. Le messager, envoyé par le Prophète en Abyssinie pour
présenter la demande en mariage, avait également été chargé d'annoncer aux émigrés qu'ils
pouvaient enfin prendre la route pour aller vivre à Médine, où se trouvait désormais regroupée la
quasi-totalité de la communauté de l'Envoyé de Dieu.

Lorsque le groupe arriva à Médine, le Prophète donna, à son tour, un repas de noces pour célébrer
son mariage avec Umm Habîba. Il se réjouit beaucoup de l'arrivée de cette nouvelle épouse et du
groupe des émigrés. Umm Habîba jeûnait beaucoup et priait longuement la nuit. Elle était
également très généreuse et venait en aide à ceux qui étaient dans le besoin. On croit savoir qu'Umm
Habîba a rapporté 65 hadîths. Elle était érudite en matière de jurisprudence. Elle aurait vécu sous
le califat de Mu'awiya et serait morte en 59 de l'hégire. Elle fut enterrée auprès de ses compagnes
au cimetière des femmes de Médine. Elle était alors âgée d'environ 88 ans.

Safiyya

Elle était la fille de Huyay ibn Akhtab, de la tribu juive de Khaybar. On a dit de lui qu'il serait un
descendant d'Aaron. Par sa mère, elle était apparentée à la tribu des Qurayza. Prénommée à l'origine
Zaynab, elle prit le nom de Safiyya lors de son mariage. Auparavant, elle avait été mariée, quelques
mois seulement, avec le chef des Nadir : Kinana ibn Haqîq.

Après la bataille de Khaybar, Safiyya fut attribuée comme servante à l'un des compagnons.
Cependant, de crainte d'offenser les gens de sa tribu - elle était la fille du chef de la tribu - Ali la
conduisit au Prophète qui la libéra. Il lui donna le choix : retourner parmi les siens ou embrasser
l'islam et devenir l'une de ses épouses. Elle choisit de devenir l'une des Mères des croyants. On peut
s'étonner de la rapidité de sa décision, car elle fit son choix instantanément et prononça la shahâda.
Mais, le choix de Safiyya fut aisé si l'on sait que, depuis sa petite enfance, elle avait entendu les
gens de sa famille parler d'un prophète annoncé, dont la venue était proche.

Elle avait environ 17 ans lors de son entrée dans la maison du Prophète. En raison de son jeune âge,
elle était plus proche de Aïsha et peu à peu, elles furent très liées l'une à l'autre, de même avec
Hafsa. Elle était très pieuse, jeûnait le jour et priait la nuit. Lorsque l'Envoyé de Dieu tomba malade
et qu'il fut transporté dans l'appartement de Aïsha, elle lui rendit visite et lui dit : « Ô Envoyé de
Dieu ! J'aimerais que le mal qui te mine me ronge à ta place. » Elle ne semble pas avoir eu un grand
rôle après la disparition du Prophète, se refusant à prendre position lorsqu'elle en eut l'occasion.

Cependant, elle intervint auprès de 'Ali pour soutenir le calife 'Uthmân, lorsque pendant le mois de
ramadan, un groupe de musulmans s'opposa à lui et le contesta. On nous rapporte notamment que
Safiyya fit parvenir de la nourriture à 'Uthmân pendant que dura le siège de sa maison.
Elle continua d'aider ses parents, non musulmans, après son mariage avec le Prophète . Elle est
morte à l'âge de 60 ans, en 50 de l'hégire, (la même année que le calife Ali). À sa mort, elle laissa
environ cent mille dirhams et légua le tiers de ses biens à l'un de ses neveux, le fils de sa soeur,
resté juif. Certains musulmans voulurent s'opposer à l'exécution de ce testament, mais Aïsha
intervint pour que ce legs puisse avoir lieu selon la volonté de Safiyya. Selon la jurisprudence, il
est permis de faire un testament en faveur d'un non-musulman et de lui réserver le tiers de l'héritage
avant que ne s'opère le partage selon les règles islamiques.

Maymûna

Fille d'al-Hârith ibn Hazam, de la tribu de Amir ibn Sa'sa'a. Elle était également la demi-soeur de
Zaynab bint Khuzayma, celle des épouses du Prophète qui était morte quelques mois après son
mariage en l'an 3 de l'hégire. Maymûna, d'abord prénommée Bâra, était demeurée à La Mecque,
comme quelques-uns de ceux qui avaient embrassé secrètement l'islam. Elle avait été mariée avec
Abu Zahm ibn Âbd al-'Uzza et était devenue veuve. Elle avait environ 36 ans au moment de son
mariage avec l'Envoyé de Dieu.

On se souvient qu'à Hudaybiyya, un traité avait été conclu entre les Quraysh et le Prophète ,
prévoyant que les musulmans ne pourraient se rendre à la Maison Sacrée de Dieu pour y faire le
petit pèlerinage que l'année suivante. Ce fut l'occasion pour lui de rencontrer ceux qui s'étaient
convertis en secret et qui habitaient toujours à La Mecque. Parmi eux se trouvait son oncle, Abbâs,
qui ne cachait pas son adhésion à l'islam, quoique tardive.

Il avait passé ces trois jours avec le Prophète. C'est à cette occasion qu'il lui proposa de prendre une
épouse parmi eux, Maymûna, qui était sa belle-soeur. Le Prophète accepta cette offre, honorant
d'une part Abbâs et sa famille, et d'autre part, tous ceux des musulmans qui étaient demeurés à La
Mecque, renforçant ainsi les liens de tous les musulmans entre eux.

Lorsque arriva le troisième jour du séjour des musulmans à La Mecque, deux des mecquois vinrent
rappeler au Prophète qu'il devait quitter la ville : « Ton temps est fini, éloigne-toi de nous ! » En
guise de réponse, le Prophète leur répondit : « Je viens d'épouser une femme et je me propose de
faire un festin auquel je voudrais vous convier ! En quoi cela vous ferait-il du tort ? » Mais ils
refusèrent. Le Prophète avait, à cette occasion, tenté d'amorcer un rapprochement.

Le mariage du Prophète avec Maymûna fut consommé à Sarif, première étape après avoir quitté
La Mecque. Il était en état d'ihram au moment où il contracta son mariage et attendit donc d'avoir
quitté cet état de sacralisation. On sait que peu après, Abbâs, l'oncle du Prophète, sa femme et son
fils vinrent également rejoindre les musulmans à Médine, à la grande joie de Maymûna.

En effet, Umm Fadl, épouse de Abbâs, était sa soeur. Maymûna accompagna le Prophète - avec
Umm Salama et Fâtima, la fille de celui-ci - lors de la prise de La Mecque. Aïsha nous a rapporté
à son sujet qu'elle était très pieuse et qu'elle rendait des visites nombreuses à ses proches. Elle est
connue pour avoir été une des illustres femmes de son époque. Maymûna nous a également rapporté
un certain nombre de hadîths.

On cite le nombre de quarante-six. Elle s'était retirée - après la mort du Prophète - à Sarif, village
où eu lieu son mariage avec l'Envoyé de Dieu. Elle y mourut en 51 de l'hégire et y fut enterrée
comme elle l'avait souhaité

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