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QEE et CEM M2-Elt_ind, 2018/2019

Techniques de protection en CEM

L’amélioration de la compatibilité électromagnétique agit du côté des sources en tentant de réduire


les perturbations qu’elles émettent, et du côté des victimes en les protégeant des influences
extérieures. Bien qu’il s’agisse à première vue de deux approches distinctes, on met en œuvre, dans
la pratique, des techniques apparentées. Nous avons vu qu’une source de perturbations atteignait sa
victime par le biais d’un couplage. C’est à ce niveau qu’il faut agir à travers quatre moyens
possible : bonne interconnexion des masses et des mises à la terre, blindage, disposition et
connexion adéquate des câbles et des composants, filtrage, et écrêtage des surtensions.
1. Masse
1.1. Définitions
TERRE : référence de potentiel 0V, constitué par le sol de la planète.
PRISE DE TERRE : conducteur en contact direct avec la terre.
RESISTANCE DE PRISE DE TERRE : résistance entre le ou les conducteurs constituant le prise de
terre et la terre profonde.
RESEAU DE TERRE : ensemble des conducteurs de protection (PE) relié à une prise de terre. Le
rôle des conducteurs de protection est de protéger les personnes en cas de défaut d’isolement.
MASSE ELECTRIQUE : partie conductrice d’un matériel électrique qui peut être accidentellement
mise sous tension lors d’un défaut d’isolement.
MASSE FONCTIONNELLE : partie conductrice dont le rôle est de maintenir une référence de
potentiel de 0V. Un matériel de classe 2 n’a pas de masse électrique, mais peut avoir une masse
fonctionnelle.
MASSE D’ACCOMPAGNEMENT : masse qui ne fait pas partie du matériel considéré (plancher
maillé, chemin de câbles…).
RESEAU DES MASSES FONCTIONNELLES : ensemble des conducteurs de masse

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d’accompagnement et des structures métalliques du bâtiment. Ce réseau a un rôle d’équipotentialité


et d’écran vis à vis des perturbations.
Les masses des appareils et installations sont raccordées à la terre pour assurer la protection des
personnes contre les risques électriques en cas de défaut d’isolation. Cela provient du fait que la
terre est utilisée comme potentiel de référence pour la distribution de l’énergie électrique.

Figure VIII-1 Mise à la terre - Sécurité des personnes

Les masses doivent être reliées à la terre par des conducteurs de couleur vert-jaune dits «PE» ou
«terres de protection».

Pour réaliser un système idéal de terre et de masse, il est recommandé de séparer ces deux réseaux :

 le réseau de terre est raccordé aux masses électriques, son rôle étant d’assurer la protection
des personnes
 le réseau de masses a un rôle dans la lutte contre les perturbations électromagnétiques et un
rôle fonctionnel dans la transmission des informations.

Dans la pratique, ces deux réseaux étant généralement intimement liés, il faudra rechercher
l’équipotentialité la plus totale en augmentant fortement le maillage. Cette multiplication des
liaisons permet de compenser le problème de l’impédance élevée des conducteurs de terre en HF qui
est liée à la longueur et la topologie de distribution (arborescence en étoile).

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Figure VIII-2 La mise à la terre des masses

Pour obtenir la bonne équipotentialité du site en minimisant l’impédance entre les masses, il faudra
donc multiplier les connections entre ces dernières et éviter les seuls raccordements en étoile. Cette
mesure permet également d’obtenir un maillage plus systématique et de réduire la surface de chaque
boucle. La contrepartie d’un circuit de masse fortement maillée est l’augmentation des capacités
parasites qui vont être à l’origine de courants de fuite qui peuvent être la cause du déclenchement
des DDR haute sensibilité.
2. Blindage
Un blindage ou un écran électromagnétique est une enveloppe conductrice qui sépare l’espace en
deux régions, l’une contenant des sources de champs électromagnétiques, l’autre non. Le but d’un
blindage est double :
 Contenir les émissions rayonnées à l’intérieur de l’enceinte blindée,

Figure VIII-3 Maintien des perturbations à l’intérieur

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 Exclure les émissions rayonnées de sources se trouvant à l’extérieur de l’enceinte.

Figure VIII-4 Protection de l’intérieur contre les perturbations externes

Si le blindage était parfait, il créerait une région complètement dépourvue de champ.

Figure VIII-5 Blindage parfait

Cependant il n’existe pas de matériaux à conductivité infinie qui permettent de créer un blindage
parfait. Il y aura toujours une pénétration de champ électromagnétique à travers les parois par
diffusion.
De toute manière, aucun blindage ne peut être une enceinte complètement fermée, car il serait
absurde d’imaginer l’existence d’un équipement complètement isolé, sans communication avec
l’extérieur.
Cette communication est nécessaire pour :

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• l’alimentation de l’équipement en énergie électrique;


• le transfert des informations entre cet équipement et d’autres systèmes;
• la ventilation.

Figure VIII-6 Câble blindé

1.1. Pénétration d'un champ EM à travers un blindage


Un champ électromagnétique peut pénétrer à l’intérieur d’un blindage de trois manières : par
diffusion, par des ouvertures, ou par conduction.

Figure VIII-7 Blindage réel

1.2. Efficacité d'un blindage


L’efficacité du blindage est définie comme étant égale à l’atténuation de l’intensité du champ
électrique ou magnétique que le blindage respectif est capable de réaliser.

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Considérons une barrière métallique d’épaisseur t, de conductivité σ, de permittivité relative εr, et de


perméabilité relative µr.

Figure VIII-8 Efficacité du blindage

L’efficacité de blindage de la barrière, pour le champ électrique et magnétique est définie comme
suit :

| | | | [ ]

Si le champ incident est une onde plane uniforme et les deux milieux des deux côtés de la barrière
sont identiques, alors

L’efficacité de blindage peut être décomposée comme suit :


• RdB représente les pertes dues à la réflexion sur la surface (gauche) de la barrière. La
portion du champ électrique incident qui est réfléchie par la surface est déterminée par le

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coefficient de réflexion de la surface.


• AdB représente les pertes dues à l’absorption du champ à l’intérieur de la barrière
conductrice. L’amplitude du champ est atténuée selon un facteur exp(-z/ δ), où δ est la
profondeur de pénétration du matériau.
• MdB représente la contribution des réflexions et transmissions multiples à l’intérieur de la
barrière.
Rq
1. Les réflexions multiples sont à l’origine des composantes de champ qui vont s’additionner
au champ initial transmis à travers la barrière. Par conséquent, le facteur de réflexions
multiples M est négatif et en général réduit l’efficacité du blindage (R et A étant positifs).
2. Pour des épaisseurs beaucoup plus grandes que la profondeur de pénétration, les
réflexions et transmissions multiples ont peu d’effet et peuvent en général être négligées.
2.4. Ouvertures dans les blindages
L'efficacité d'un blindage est fortement dégradée par les ouvertures, particulièrement les ouvertures
en forme de fente, l’influence de cette dernière n’existe qu’en haute fréquence.
L’efficacité d’un blindage dépend de la longueur de la fente pratiquée et de la longueur d’onde
considérée. Il est décrit par la relation ci-contre :

Figure VIII-9 Ouverture du blindage

( )

2.5. Raccordement des blindages


La figure ci-dessous nous montre la meilleure façon du raccordement des blindages.

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Figure VIII-10 Raccordement du blindage

3. Disposition des composants et des câblages


Pour éviter la présence d'inductances parasites dans les circuits, on applique un certain nombre de
règles de câblage : liaisons les plus courtes possibles, câblage à angles droit, boucles de surfaces
minimales, séparation entre les circuits de puissance et les circuits sensibles.

D'une manière générale, on cherche à diminuer la surface des spires que forme le câblage, car celles-
ci sont le siège de phénomène électromagnétiques proportionnels à leur surface (fem induite e = –
dϕ/dt, avec flux ϕ = BS proportionnel à la surface)

3.1. Exemple 1 : routage d'un circuit imprimé de puissance

3.2. Exemple 2 : câblage d'une armoire électrique

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3.3. Exemple 3 : distribution électrique des postes informatiques

Les écrans couleur sont des éléments par nature inductifs et perturbateurs. Une boucle de masse
s'établit entre le blindage du câble analogique qui relie l'écran à l'UC et les cordons d'alimentation. Il
faut diminuer au maximum la surface de cette boucle.

3.4. Exemple 4 : câble pour réseau informatique en "paire torsadée"


Les spires étant torsadées alternativement dans un sens et dans l'autre, les fem induites dans chaque
spire s'annulent.

4. Effet réducteur
On appelle effet réducteur l’effet des structures de masse qui réduit les couplages de mode commun
sur les câbles signaux soumis à des perturbations de hautes fréquences.

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Autrement dit, c’est le rapport de la tension (ou courant) du mode commun mesurée aux extrémités
du conducteur de masse en présence du câble signal sur la même tension (ou courant) en absence du
câble signal.

En plus de l’effet réducteur s’ajoute l’effet de maillage des masses.

L’effet réducteur en tension n’a pas d’unité et ne dépend pas des longueurs des câbles, mais
seulement de la géométrie du câble victime par rapport à celle du câble de masse.

 Lors d’une perturbation électromagnétique E ou B, un courant I est induit dans le réseau de


masse (courants de Foucault). Ce courant I génère un champ magnétique H qui s’oppose au
courant I.
 Un câble installé très près de la masse est soumis à la fois à la perturbation
électromagnétique E ou B qu’au champ perturbation magnétique H généré par le courant I
dans le conducteur de masse. La somme de la perturbation E, et de son effet (champ H) est
une perturbation résultante réduite.
5. Protection contre les surtensions (écrêtage)
De manière générale, on parle d'écrêtage en tension. Quand le signal perturbateur est de grande
amplitude, l'équipement victime risque de subir des dommages irréversibles ; l'écrêtage consiste à
limiter l'amplitude du signal perturbateur de façon à protéger les composants électroniques. On
trouve à cet effet des composants dits « limiteurs » que l'on place en parallèle sur les connexions (en
mode commun ou en mode différentiel). On admet en général que la fonctionnalité de l'appareil est
interrompue au moment de la perturbation (cela dépend de la criticité des fonctions de l'équipement
concerné au sein du système dans lequel il est installé; un calculateur de bord monté dans un aéronef
ne doit en aucun cas présenter le moindre dysfonctionnement lors d'un impact foudre), le composant
d'écrêtage ayant avant tout une fonction de « survie ». En effet, il n'est pas possible de discriminer le
signal utile et le perturbateur au moment de l'écrêtage. Plusieurs types de composants seront utilisés,
en fonction des critères suivants :

 faible capacité
 énergie absorbable très élevée
 temps de réponse court

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 réarmement automatique etc.


Les para-surtensions sont des composants à caractéristique courant-tension non-linéaire qui passent
en mode de conduction lorsqu’un certain seuil de tension est dépassé. Des exemples de tels
composants et de leur utilisation pour traverser la paroi d’un blindage sont :

• Les tubes à décharge de gaz;


• Les éclateurs;
• Les résistances variables avec la tension telle que les varistances;
• Les diodes Zener.
Souvent, les éléments de protection sont combinés avec une inductance pour réduire le front de
l’onde de surtension.

6. Filtrage
Généralement, les perturbations conduites peuvent être atténuées à l’aide de filtres bien conçus qui
permettent de laisser passer les signaux utiles et de supprimer la partie indésirable du signal
transmis. Il existe trois types de filtrage : passif, actif, et hybride (détaillé dans le chapitre 9).

Figure VIII-11 Principe du filtrage

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