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CHAPITRE 8

LA RESPONSABILITE DU FAIT DES ANIMAUX

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Le Dahir des obligations réserve deux articles à la responsabilité du fait des
animaux :
 L’article 86 du DOC prévoit que « chacun doit répondre du dommage causé
par l'animal qu'il a sous sa garde, même si ce dernier s'est égaré ou échappé,
s’il ne prouve :
1. Qu'il a pris les précautions nécessaires pour l'empêcher de nuire ou pour le
surveiller;
2. Ou que l'accident provient d'un cas fortuit ou de force majeur, ou de la faute
de celui qui en a été victime » ;
 L’article 87 dispose que « le propriétaire, fermier ou possesseur du fonds
n'est pas responsable du dommage causé par les animaux sauvages ou non
sauvages provenant du fonds, s'il n'a rien fait pour les y attirer ou les y
maintenir.

Section 1
Conditions de la responsabilité du fait des animaux

Trois conditions sont exigées pour parler de la responsabilité du fait des


animaux : Il faut que le dommage soit causé par un animal domestique, il faut
que cet animal ait un gardien et il faut qu’il y ait un lien de causalité entre le fait
de l’animal et le dommage subi.

§1. Dommage causé par un animal

L’animal dont il est question dans l’article 86 du DOC est celui qui peut être
approprié par l’homme tels les animaux domestiques ou ceux qui sont exploités
dans une activité quelconque. Les animaux sauvages sont exclus du moment
qu’ils ne sont pas domestiqués.

A- Les animaux domestiques

Les animaux domestiques ne sont pas définis en droit marocain. Des arrêts très
anciens rendus par la chambre criminelle de la Cour de cassation française les
14 mars 1861 et 16 février 1895, définissent les animaux domestiques comme
étant des « êtres animés qui vivent, s'élèvent, sont nourris, se reproduisent sous
le toit de l'homme et par ses soins »1. En droit moderne, ces animaux
domestiques sont considérés comme étant de compagnie qui sont détenus ou
destinés à être détenus par l’homme pour son agrément 2.

1
Crim. 14 mars 1861, DP 1861. 1. 184.
2
Article L 214-6 Modifié par Ordonnance n°2015-1243 du 7 octobre 2015 - art. 1, (code rural
et de la pêche maritime).
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B- Les animaux placés pour le service et l'exploitation d’un fonds

Certains animaux sont attachés au fonds et considérés comme faisant partie de


ce fonds, tels les lapins attachés à la culture ou les poissons vivant dans un
étang.

C- Les animaux sauvages apprivoisés.

Lorsque des animaux sauvages sont apprivoisés et ont un gardien, la


responsabilité incombe alors à celui qui en a la garde. Dans les accidents de
cirque, si l’animal sauvage cause un dommage à un spectateur, la responsabilité
dans ce cas, doit être placée sur le plan contractuel et non extracontractuel ;
mais, si l’animal s’échappe et blesse quelqu’un en dehors du cirque, la
responsabilité est extracontractuelle, l’article 86 du DOC trouve pleine
application.

§2. Les personnes responsables

La détermination de la personne responsable doit répondre à des critères bien


précis ; la notion de garde d’un animal doit répondre aux éléments exigés en
jurisprudence et notamment au célèbre arrêt Franck rendu par la cour de
cassation le 2 décembre 1941 à l’occasion de la garde d’une chose ; ainsi, « le
propriétaire d'une voiture automobile, privé de l'usage, de la direction et du
contrôle de son véhicule par l'effet d'un vol se trouve dans l'impossibilité
d'exercer sur ce véhicule aucune surveillance ; il n'en a plus la garde et n'est plus
dès lors soumis à la présomption de responsabilité édictée par l'article 1384,
alinéa 1er, du Code civil »1.

§3. Lien de causalité entre le fait de l’animal et le dommage subi

Il doit y avoir une relation causale entre le fait de l’animal et le dommage subi
par la victime ; cette relation est réalisée lorsque l’animal intervient
matériellement dans la survenance de l’accident et aussi lorsqu’il joue un rôle
actif dans la réalisation du dommage.
Section 2
Régime juridique de la responsabilité du fait des animaux

La responsabilité du fait des animaux est une responsabilité sans faute ;


autrement dit, la faute du gardien est présumée et celui-ci ne peut s’exonérer de
cette responsabilité que dans les conditions prévues dans l’article 86 du DOC.
1
Cass., ch. réun., 2 déc. 1941, Franck, DC 1942. 25, note G. Ripert. – H. CAPITANT, F. TERRÉ,
Y. LEQUETTE et F. CHÉNEDÉ, op. cit. [supra, no 3], no 203.

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§1. Faute présumée du gardien de l’animal

La responsabilité du gardien de l’animal est fondée sur une la faute présumée ;


cela veut dire qu’il n’est pas exigé de la victime de rapporter la preuve d’une
faute commise par le gardien et ce dernier ne peut s’exonérer de cette
responsabilité en établissant la preuve qu’il n’a pas commis de faute.

§2. Causes d’exonération du gardien de l’animal

L’article 86 du DOC permet au gardien de l’animal de s’exonérer de la


responsabilité s’il prouve :
 Qu'il a pris les précautions nécessaires pour l'empêcher de nuire ou pour
le surveiller;
 Ou que l'accident provient d'un cas fortuit ou de force majeur, ou de la
faute de celui qui en a été victime.
L’article 86 du DOC se montre très sévère vis-à-vis des gardiens des animaux ;
en plus de l’existence d’un régime juridique fondé sur la présomption de faute, il
est tenu de répondre des dommages causés par l’animal même si celui-ci s’est
échappé ou s’est égaré. La personne gardienne devrait prendre les précautions
nécessaires pour empêcher la fuite ou l’égarement de l’animal. En d’autres
termes, avant qu’il n’y ait eu survenance de l’accident, il y avait déjà une
défaillance dans la garde. Si le gardien fait preuve de vigilance et de prudence
préalables, le dommage ne se serait jamais produit d’où la sévérité de cette
responsabilité.

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