CORNÉLIA

Comment faire face à tant d’épreuves ?

Isolement, estime de soi fragilisée, rapport au corps compliqué…
L’endométriose a aussi un impact psychologique. « La douleur chronique vous
transforme de l’intérieur et bouleverse jusqu’à votre façon d’appréhender
les détails du quotidien », certifie la comédienne et réalisatrice Lorie Pester,
atteinte d’endométriose et d’adénomyose, dans Les Choses de ma vie.
En 2009, l’étude PainSTORY pointait déjà « les répercussions émotionnelles
de la douleur », qui s’avèrent « tout aussi préjudiciables » que les atteintes
physiques. Conséquence : deux patients sur trois se sentent anxieux ou
déprimés. Ce que confirment les auteurs de Tout sur l’endométriose : « Ce
qui affecte notre corps affecte notre psychisme, et réciproquement »,
indiquent les Drs Lhuillery, Petit et Sauvanet. Une psychothérapie peut-
elle alors se révéler pertinente ? Oui, « si on en ressent le besoin », répond
Marie-Rose Galès dans EndométriOSE poser tes questions. Car cette maladie
est un véritable parcours d’obstacles. Certains s’avèrent plus difficiles que
d’autres à franchir. Beaucoup de ces endowarriors mettent un genou à terre,
mais finissent par se relever. C’est le cas de Cornélia, qui n’a jusqu’ici pas été
épargnée. Une rencontre qui m’a bouleversée.

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 Enfant, Cornélia croquait déjà des silhouettes, cousait
et décousait les robes délaissées par sa mère.

Étudiante, elle avait des envies d’entrepreneuriat…

Depuis, la Vannetaise de 28 ans a créé « Incomprise »,

sa propre marque de lingerie et de maillots de bain.

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 Atteinte d’endométriose, la styliste a aussi fait de la lutte contre cette maladie, son combat. Car, comme
beaucoup d’endogirls, elle a connu un parcours chaotique…

À 13 ans, ses premières règles sont « très douloureuses ».

Souvent, l’infirmière du collège lui administre un médicament. Sans résultats…

Les antispasmodiques, c’est quand même une grosse blague !

Parfois, je suppliais mes parents de me laisser là, bien au chaud.

À 17 ans, elle consulte un premier gynécologue, qui ne décèle rien.

Puis elle a ses premiers rapports sexuels.

Certaines fois, ça faisait mal…

Entre Vannes et Paris, où elle étudie la mode, Cornélia voit « entre dix et
quinze gynécologues ». En vain.

À chaque fois, on me répondait :

« Vous êtes douillette ! »

Je leur disais que ma mère aussi avait souffert d’endométriose,
qu’elle en avait été opérée. Mais ils ne m’écoutaient pas.

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 À la fin de ses études, « les douleurs, c’est tout le
temps ». Ça « irradie » dans ses jambes.

À ce moment-là, ça a empiré !
Mais ils ne voulaient toujours pas me croire.

Cornélia sature et un énième rendez-vous tourne court…

Je n’ai même pas pris son
Ce médecin m’a ordonnance. Je l’ai payée
encore prescrit et je me suis barrée.
un frottis.

Je voulais abandonner… Mais ma sœur m’en a dissuadée.

Allez, encore un !
Dans le cabinet d’un médecin réputé, à Paris.

Avant même de m’ausculter,

elle m’a dit :
Quelques semaines plus
tard, une IRM l’a confirmé.
« Vous avez de l’endométriose. »
En fait, je souffre
d’endométriose digestive.
Après réflexion,
à l’été 2019,
elle opte pour Il y avait de l’endométriose sur
l’opération. tous les ligaments utéro-
sacrés. Et les intestins étaient
collés à une paroi de l’utérus.

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 Après son opération, Cornélia rentre en taxi avec son petit ami. L’ambiance est glaciale...

Une fois à la maison, une nouvelle déconvenue l’attend.

Je suis désolé, mais c’est fini entre nous !

C’est une blague ?

J’ai peur que tu ne guérisses pas…

Je viens de me faire ouvrir le ventre !

Tu n’es quand même pas en train de
me quitter ?

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 Malheureusement, je
Comment peut-on faire pense que ça arrive à
ça à quelqu’un d’aussi beaucoup de femmes
vulnérable ? d’être ainsi larguées…

À la violence de cette annonce, s’ajoute une autre contrariété : un déménagement précipité.

Le truc, c’est qu’on habitait ensemble.

Il a donc fallu que je trouve un nouvel
appart’, alors que je n’avais pas le droit
de bouger de mon lit.

De leur côté, ses proches sont consternés…

Ça a aussi été très violent pour mes parents, car

ils avaient confiance en lui !

Désormais, avec mes copines, on en rigole.

Mais, à ce moment-là, elles voulaient toutes
lui PÉTER LA GUEULE !

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 Après « cette grosse claque », Cornélia doute, se questionne…

Est-ce que quelqu’un va m’accepter Dois-je ou non évoquer mon

TELLE QUE JE SUIS ? endométriose ?

Toute jeune diplômée, elle s’inquiète aussi pour son avenir.

J’ai d’abord eu peur des a priori. Car dès qu’on
parle de maladie…
Du coup, je m’investis à fond : je veux prouver que
ce n’est pas parce qu’on lutte contre l’endométriose
qu’on ne peut rien faire. Au contraire !

Je ne veux pas laisser cette maladie définir qui je suis.

ÇA, C’EST MON COMBAT ! Et ça paye !

Après ça, j’ai eu la chance de trouver un travail que je
n’aurais jamais pensé décrocher : cheffe d’atelier pour une
marque de robes de mariée de luxe, à Paris.

Et j’ai surtout commencé à retrouver une vie normale.

Par moments, j’ai encore mal car mes intestins sont

touchés. Mais, depuis l’opération, je revis !

Donc, en fait, mon

ex a eu tout faux !

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 Ce poste de cheffe d’atelier lui plaît, mais l’envie de créer sa marque est plus forte que tout. C’est le rêve d’une vie !

Ça a toujours été ma
volonté !

Mais Cornélia continue de s’interroger.

Être une femme et entreprendre,

ce n’est déjà pas facile.

Mais si, en plus, on souffre d’endométriose…

Mais on n’a pas

à avoir honte !

Je craignais vraiment que ça fasse peur.

Alors même que je suis une grosse bosseuse.
D’autant que parler de l’endométriose peut aider
d’autres femmes à comprendre leurs symptômes.

J’ai tellement mal… C’était pareil pour toi ?

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 SO-RO-RI-TÉ ! Cornélia a vraiment décidé de s’engager.

Le but, c’est de faire bouger les lignes. C’est à notre génération de le faire !

Et elle le fait d’une manière singulière, mais essentielle, en créant de la lingerie et des maillots de bain qui
s’adaptent à TOUTES les morphologies.

Le ventre qui gonfle, c’est l’un des symptômes

les plus visibles de l’endométriose.
Parfois, on est super-mal, par rapport au regard des autres…
Ça peut tirer !

J’adapte donc les modèles pour que mes clientes s’y

sentent à l’aise, et pas comprimées.
S’il y a un nœud, il est hyper-élastique.
Résultat : ça ne fait pas mal au ventre.
Mais je veux aussi qu’elles se sentent sexy, qu’elles
soient en confiance avec leur corps.

Voilà pourquoi toutes mes créations sont

certifiées « Oeko-Tex », sans substances
toxiques. J’espère faire au mieux...
En tout cas, je suis contente du résultat.

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 Mais, début 2023...

… Cornélia est contrainte de mettre

sa marque « sur pause ».

J’ai besoin de nouveaux

financements pour
développer « Incomprise ».

Car je veux proposer les meilleurs

produits possibles à mes clientes.

Actuellement, je continue
de développer des collections
pour d’autres marques.

Mais j’ai toujours l’espoir de relancer « Incomprise ».

Je me donne juste un peu de temps.

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