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2021/2022

L’importance du lien thérapeutique dans l’approche systémique et


stratégique : Favoriser le changement avec un patient atteint de douleurs
chroniques

MEMOIRE : DIPLOME DE CLINICIEN DE LA RELATION

Marie-Aude ZOUAIN – soutenance le 22 septembre 2022

Sous la direction de Madame Claude de Scorraille – Grégoire Vitry et Olivier Brosseau


Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier LACT.


Et tout particulièrement Olivier Brosseau qui m’a transmis au cours de ces trois années sa passion de
la pratique de la thérapie systémique stratégique.
Ainsi que Grégoire Vitry qui a su prendre en compte mes doutes et difficultés.
Plus généralement merci à toute l’équipe LACT pour votre accompagnement et bienveillance.

Je remercie tous les médecins qui ont su me transmettre un lien sécurisant durant mes maladies et me
permettre d’aller de l’avant encore et toujours malgré des conditions de vie très complexes.
Ces praticiens ont su créer une alliance thérapeutique incroyable avec moi. Et m’ont encouragé dans
ma reconversion. (Le professeur Frances, Docteur Gauthier, le docteur Nguyen Tat, le professeur
Séné, enfin Le Dr Wrobel qui m’a transmis l’outil de l’hypnose).
Ils ont toujours été présents.

Je remercie ma famille (ma tante Danièle, mon frère Emmanuel et mes parents), ce merveilleux
système. Mes parents présents depuis le premier jour de ma vie, ils m’ont soutenu dans toutes les
épreuves. Ma mère est un lien permanent sécurisant qui m’a permis, avant "tout", d’écrire ces lignes.

Enfin je remercie mes collègues et amis, Françoise, Monique qui m’ont soutenu par leurs relectures.
Marie et Nathalie et plus largement tous mes collègues de ces trois années de formation pour tous les
échanges fructueux.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION : MON EXPÉRIENCE DU LIEN..........................................................................4

LES COMPOSANTES DU LIEN THERAPEUTIQUE.......................................................................3

LA COMMUNICATION STRATÉGIQUE....................................................................................3
La communication : de G Bateson a l’ecole de palo alto en passant par P. Watzlawick................3
Les 5 axiomes...................................................................................................................................5
L’importance du premier contact dans le lien thérapeutique...........................................................7

l’Art de la persuasion.........................................................................................................................9
LES RÉSISTANCES AUX CHANGEMENTS............................................................................11

DIALOGUE STRATÉGIQUE........................................................................................................12
1.Questions stratégiques : discriminantes, orientantes et avec illusion d’alternative....................12
2. Paraphrase et / ou paraphrase restructurant................................................................................13
3.Évoquer des sensations...............................................................................................................14
4.Résumé pour redéfinir.................................................................................................................14
5.Prescrire comme une découverte conjointe.................................................................................15

Méthodologie : les quatre phases selon Nardone................................................................................16

HYPNOSE ERICKSONIENNE...........................................................................................................17

ANALOGIE ERICKSON/MARIE-AUDE....................................................................................19

DESCRIPTIF DES DOULEURS CHRONIQUES.............................................................................21

Cas pratique..........................................................................................................................................23

CADRE DE LA THÉRAPIE...........................................................................................................23

LES CONSULTATIONS DE PIERRE..........................................................................................23


Début du jeu...................................................................................................................................23
Déblocage de la pathologie : Prescription du symptôme...............................................................30
CONSOLIDATION ET RÉORGANISATIONS DES RÈGLES DU JEU...................................35
Fin de la thérapie “fin de partie”....................................................................................................37

Synthèse & Conclusion.........................................................................................................................39

Référence bibliographique...................................................................................................................41

ANNEXE 1 schéma séquentiel des quatre étapes............................................................................42

annexe 2 : schema interactionnel de pierre.........................................................................................44

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RESUME...............................................................................................................................................45

L’importance du lien thérapeutique dans l’approche systémique et


stratégique : Favoriser le changement avec un patient atteint de
douleurs chroniques
INTRODUCTION : MON EXPÉRIENCE DU LIEN

J’ai choisi ce sujet, il fait partie de mon quotidien, de mes journées, de mes nuits, c’est mon corps et
ma vie.
J’ai rencontré la maladie à l’âge de 24 ans, en première année de Master gestion et audit.
J’étais alors gérante d’une entreprise créée par mon père. J’étais une grande sportive en judo,
discipline débutée à 4 ans.
Tout est parti d’une maladie auto-immune attaquant mes articulations, mes muscles, puis mes veines,
les poumons, le cœur, les reins, les mains, les pieds et mes doigts que j’ai réussi à préserver de
l’amputation.
Chaque année une maladie nouvelle, de nouveaux staphylocoques, une nouvelle septicémie, une
nouvelle opération, un nouveau combat. Ainsi est devenu mon quotidien, à l’hôpital 8 mois sur 12.
Comme prise au piège, alitée contre ma volonté et mes envies, j’ai lutté pour ma vie sans même
pouvoir bouger le petit doigt.
En écrivant ces lignes mes yeux s’humidifient, mon cœur déborde et mon cerveau ne croit toujours
pas au “miracle”, seulement à la volonté de l’accomplir. Se battre non pas contre l’univers mais avec
ce dernier.
Mes premiers mots à mon réveil à l’hôpital en février 2007 : « Quand est-ce que je pourrais courir ? »
Chaque matin, je posais cette question récurrente aux soignants.
Ces fameuses « croyances limitantes » (Robert DILTZ appelle ces postulats ainsi) en l'occurrence
celle de retrouver mon ancienne vie. Je n’avais pas compris le combat qui se jouait.
Elles ne sont pas limitantes parce qu’elles sont fausses, mais parce que nous ne les remettons pas en
question.
Ce qui m’a sauvé, c'est la relation thérapeutique tissée avec le Professeur Camille Frances, Médecine
interne, ainsi que le Dr Wrobel, médecin de la douleur.
Ce dernier m’a enseigné l’hypnose quand mes muscles furent attaqués et rongés en 2010. Cette
pratique ne m’a plus quittée.

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Au-delà de la pratique de l’hypnose, ce professionnel m’a tendu la main, et créé ce tiers sécure dont
j'avais besoin pour me confronter aux peurs de la maladie. Cette confrontation était ma plus grande
peur.
« Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et
chacun modifie l’autre. » Boris Cyrulnik

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Le « comme si m’a permis de survivre »
« Afficher plutôt que cacher » de revivre
Et « pas à pas » j’ai pu vivre
J’entends en écho, la voix de mon père : « tu étais trop malade, tu ne pouvais rien faire »
Mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’avec la systémique dans mes bagages j’aurais mieux
vécu la maladie à ses débuts.
J’aurais su peut-être déjouer les fameuses TDS dont j’apprends progressivement depuis 3 ans à me
défaire.
Einstein disait « Le propre de la folie est de reproduire toujours la même chose en pensant que la
prochaine fois sera différente »
Grâce à la systémique qui est entrée dans ma vie, je me positionne de manière circulaire :
C’est bien depuis que j’ai accepté le fauteuil, les maladies ou les symptômes qui s’accumulent, le
handicap, la douleur aiguë et chronique que je peux enfin me passer de mon fauteuil pour marcher
quelques pas.
Je comprends maintenant toute l’importance de la tâche en plus de la relation thérapeutique, du double
lien thérapeutique.
Pendant ces 3 années ou j’ai étudié la systémique et l’hypnose, je n’ai pas eu le poids de la gestion
d’une famille, ou d’un travail, j’ai ma vie de grande malade.
C’est mon quotidien auquel s'ajoutent les séjours en hôpital une fois par mois Je n’ai jamais pu me
permettre de travailler plus qu’il ne le faut, car juste ”ce qu’il faut” a été un dur labeur.
Le principal est peut-être notre capacité à recevoir l’information, la stocker et la réutiliser ?
Quand j’étais morte cliniquement, je revenais à la vie quelques secondes. Mon seul souvenir est le
visage de ma mère, sa présence, je la sentais, dans la mort, dans la survie.
Depuis l’importance du lien ne m’a jamais quitté, celui qui me relie à mon système familial, celui créé
avec mon nouveau “moi-même” comme celui développé avec quelques médecins et du monde qui
m’entoure.
Et à présent, progressivement, celui que je tisse au bénéfice de mes Patients.

En 15 ans de pathologies, j’ai compris l’importance pour le patient du lien relationnel présent dans
notre vie et tissé avec les soignants.
Ce vécu m’a amené à vouloir transmettre mon savoir théorique et pratique pour améliorer le quotidien
de patients atteints de douleurs chroniques.

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Dans un premier temps, je vous présente en détail les éléments théoriques de la thérapie systémique
stratégique qui m’ont semblé essentiels à la création du lien avec le patient.
Dans un deuxième temps, j’expose la façon d’aider un patient atteint de douleurs chroniques. Grâce à
la thérapie brève stratégique et ses outils : la communication et le dialogue stratégique. Ainsi que par
l’outil de l’hypnose.

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LES COMPOSANTES DU LIEN THERAPEUTIQUE

LA COMMUNICATION STRATÉGIQUE

Wittezaele et GARCIA-RIVERA, Ala recherche de l’école de Palo Alto.

La communication stratégique n'est pas uniquement la communication verbale c'est aussi une
communication non verbale et para verbale.
La communication entraîne des effets sur l’autre interlocuteur.
L’art de communiquer est un savoir et grâce à ce savoir, nous avons la possibilité d’influencer
d’autres personnes. Il est impossible de ne pas influencer. C’est pour cela qu’il est très important de
savoir maîtriser cette influence.
La communication stratégique vise à obtenir un résultat sur notre interlocuteur : elle est toujours
orientée vers un objectif à atteindre.
Le but de la communication stratégique est le changement, la modification de perception de
l'interlocuteur, lui faire changer de perception en utilisant des techniques de communication
stratégique.

LA COMMUNICATION : DE G BATESON A L’ECOLE DE PALO ALTO EN


PASSANT PAR P. WATZLAWICK

En tant que thérapeute , nous sommes face à un patient qui a un problème à résoudre, cette
difficulté est liée à sa modalité de fonctionnent, dû à sa perception.
Chacun d'entre nous a ses propres modalités pour réagir à un problème ou une difficulté, Paul
Watzlawick a parlé à ce propos des tentatives de solutions qui mènent à l'échec. C'est-à-dire nos
comportements que nous mettons en œuvre pour résoudre un problème mais qui ne font qu'aggraver le
problème.
L’objectif est de faire changer la perception de l'interlocuteur par rapport à ses tentatives de solutions:
le faire changer de perception afin que le thérapeute et le patient puissent aller vers une autre solution.
A travers ces techniques de communication stratégique. Nous pouvons obtenir dès une première
séance, ce que nous appelons une expérience émotionnelle correctrice. C'est-à-dire une expérience à
travers laquelle le patient ressent que sa manière de se comporter jusqu'à présent ne fonctionne pas,
c'est-à-dire ses tentatives de solutions

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Les premières études sur la communication, ont débuté à partir des années 50 avec G.Bateson à l'école
de Palo alto.
Il a réuni un groupe de chercheurs (Watzlawick, Helmick Beavin, Jackson) : dans le but d'étudier les
modalités de communication au sein de certains groupes.
Par exemple, G.Bateson a fait des études sur la communication entre les êtres humains et les
machines, entre l'être humain et l’animal, la communication au sein d'une famille avec un patient
désigné.
G.Bateson est une des personnes qui s’inspire de la théorie des systèmes (Von Bertalanffy)
L'idée : Pour connaître un système il faut étudier la communication qui est à la base du système ; dès
lors qu'il y a un système vous avez la présence de différents composants de différents acteurs qui sont
en relation les uns avec les autres.
Il n'y a pas de causalité linéaire, il n'y a pas une simple cause qui produit un effet simple : tous les
acteurs du système sont interdépendants.
A produit un effet sur B et B produit à son tour un effet sur A à travers un système de feed-back.
La cause des problèmes ne se trouve pas aux origines du problème, dans le passé. Cependant dans le
système, la causalité est circulaire : chacun a une influence mutuelle sur l'autre.
Pour comprendre le fonctionnement d'une famille ou le fonctionnement d'un problème, l’étude se
porte à travers les interactions du système. Le système est l'individu ; il peut être considéré comme un
système : la famille, l’organisation ; qui peuvent être considérés comme un circuit de rétroaction.
Pour G.Bateson, comprendre le fonctionnement d’un problème, s’étudie à travers les interactions entre
différents acteurs.
Il a fait des études célèbres sur la schizophrénie et sur les familles des patients schizophrènes.
À l'intérieur de ce système avec un patient malade le système a montré l’intérêt de le maintenir en
équilibre.
Les études et les interactions sur la communication ont beaucoup évolué depuis l'arrivée de Paul
Watzlawick au sein de l'école de Palo Alto dans les années 1970.
Paul Watzlawick a écrit à ce sujet deux ouvrages important :
- La pragmatique de la communication humaine Watzlawick en 1970
- Le Langage du changement Paul Watzlawick en 1980
Les études et recherches de l'école de l'équipe de Palo Alto, se concentrent sur la théorie des systèmes
dans les relations humaines. De nombreuses techniques de communication, de conduite du
changement ou de réduction des conflits sont basées sur leurs travaux.
Toute relation est perçue comme un système ouvert aux multiples interactions. Une conception
novatrice du champ clinique et thérapeutique en psychiatrie. La résolution des problèmes humains par

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la thérapie dite systémique basées sur les effets de la communication. Et sur l'interaction au sein des
systèmes interpersonnels. Tous ces systèmes ont des règles de communication.

Dans l'ouvrage Le Langage du changement en 1980, Paul Watzlawick présente les techniques de
communication pour obtenir la persuasion de l’autre.
Nous trouvons des techniques que l'on peut utiliser pour persuader l'interlocuteur et réussir à produire
un changement de perception chez l'autre interlocuteur.
Paul Watzlawick souligne encore une fois que la communication est un élément indispensable et
fondamental de l'expérience humaine.
La communication stratégique est toujours fondée sur un objectif qui doit être partagé avec
l'interlocuteur afin d’arriver à l’atteindre grâce à un changement de la perception de la réalité.
l’objectif étant de faire changer la perception de son patient client : passer d'une perception
dysfonctionnelle à une perception fonctionnelle.
Rejoindre le patient dans sa perception est primordiale à la création du lien.

LES 5 AXIOMES

Dans « la pragmatique de la communication », Paul Watzlawick présente 5 axiomes fondamentaux de


la communication humaine :
Nous parlons de la pragmatique car il se focalise sur les effets que la communication produit sur le
comportement des personnes.
Cela se présente sous forme de cinq axiomes.

Première axe : l'impossibilité de ne pas communiquer


Tout comportement, qu'il soit conscient ou inconscient, est une forme de communication.
Même s'il n'y a pas de communication verbale, certaines situations signifient par exemple que l'on ne
veut pas communiquer
Étant donné qu'il est impossible de ne pas communiquer c'est-à-dire qu'il n'est impossible de ne pas
influencer ou ne pas être influencé, il est important par conséquent de choisir sa manière de
communiquer afin d'avoir une communication stratégique et d'influencer stratégiquement l’autre.
Il est important de choisir le contenu mais également la manière de le dire : la communication non
verbale.

Deuxième axiome
Il y a 2 niveaux dans la communication le niveau du contenu et le niveau de la relation.
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Le contenu indique le message en soi, l'information que nous voulons communiquer à notre
interlocuteur.
Mais d'un point de vue de la communication il y a toujours ce deuxième aspect de la communication
qui est la relation. C’est l'aspect qui nous permet de classer le contenu du message.
Selon le type de relation nous communiquerons des messages différents.
Troisième axiome : la ponctuation de la séquence des événements
La nature d'une relation dépend de la ponctuation de la communication entre les interlocuteurs.
Nous avons une même réalité qui peut être déformée car il existe plusieurs manières différentes de la
voir.
Ce troisième axiome est très important quand on est face à des systèmes composés par plusieurs
acteurs.
Il est important de travailler sur la dynamique.
Il ne suffit pas que l'un ou l'autre change, les deux doivent changer leur modalité dans leur façon de se
comporter.

Quatrième axiome : la communication analogique et digitale


Deux types de communications : Digital, est liée à la manière de transmettre l'information. Et
Analogique : le cadre que nous décidons de donner à l'information, qui va toucher des sensations et
des émotions
La communication digitale désigne le mot que l'on utilise pour un objet spécifique ; les mots ne sont
rien d'autre que des signes arbitraires, des conventions qui nous permettent de qualifier la réalité qui
nous entoure.
Quand nous parlons de langage digital, nous parlons du langage de l'information de la définition de
l'explication : définir un objet et l'expliquer.
Cela permet de donner un cadre aux mots et à l'information des émotions; c'est un type de langage qui
permet de définir le domaine des sensations des émotions.
Paul Watzlawick parle des hémisphères du cerveau : l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche.
L'hémisphère gauche et l'hémisphère du digital le plus sensible au langage de l'information de
l'explication d'un langage rationnel.
L'hémisphère droit en revanche, est l'hémisphère qui s'occupe du langage analogique qui est plus
influencé par le côté émotionnel, les sensations et les émotions.

Le langage de type analogique doit être capable de toucher la sphère des émotions et des sensations.

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C'est uniquement si notre langage est en mesure de toucher nos émotions, nos sensations que nos
perceptions produiront des changements durables.
Il est nécessaire de maîtriser le langage digital mais, il est également important de savoir utiliser un
langage avec un pouvoir de persuasion, un langage évocateur avec des images pour toucher le côté
émotionnel de notre patient. Le langage métaphorique est un langage qui a le pouvoir d'arriver droit au
cœur. Il a le pouvoir d'obtenir un véritable changement de perception

Cinquième axiome : l'interaction complémentaire et symétrique


Tous les échanges de la communication sont symétriques (s'ils sont fondés sur l'égalité) ou
complémentaires (s'ils sont fondés sur la différence)
Une relation complémentaire est une relation basée sur la différence, c'est-à-dire que l'un des
partenaires sur un sujet spécifique à une position haute et l'autre une position basse.
Un élément est en position de supériorité par rapport à l'autre.
On peut avoir deux types de relation au sein d'une même relation : relation complémentaire et
symétrique ; ce sont des relations saines s'il y a un équilibre (au sein d'un même système, les relations
peuvent basculer soit d'un côté soit de l’autre).

La pathologie commence à apparaître dès lors que surgissent des rigidités par rapport à l'une ou l'autre
position.
Dans la communication, notre premier contact avec le patient est influencé à l’alliance thérapeutique
future.
Si elle est négligée et laissée au hasard, elle peut devenir une limite forte souvent insurmontable
malgré́ toutes nos compétences.
Je reprends les idées selon le cours de Bruce E.Wampold, Ph. D., ABPP dans l'amélioration des
pratiques et facteurs communs. Le succès de la thérapie se fait par la collaboration. Ci-dessous des
ingrédients indispensables.

L’IMPORTANCE DU PREMIER CONTACT DANS LE LIEN THÉRAPEUTIQUE

L'effet de première bonne impression : Cette première impression se forme en un quart de seconde
et correspond à ce que notre image transmet. Elle est construite à partir de 3 éléments : Non verbaux,
para-verbaux et verbaux.
Cette première impression est très importante car c'est celle que nous aurons tendance à confirmer et
qui sera de toute façon ineffaçable.
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La première impression est faite par différents éléments notamment du non verbal comme le regard, le
mouvement du corps, la posture, les mimiques du visage, la gestuelle.
Les effets liés à la première impression peuvent être utilement exploités quand on arrive à les
contrôler et à produire les effets que l'on souhaite produire.
En tant que praticien, cet aspect est fondamental, il est très important de savoir maîtriser les effets que
nous voulons donner à notre patient que nous voyons pour la première fois.
Le non-verbal arrive toujours avant le verbal, notre interlocuteur se fait une idée de nous déjà à travers
le non-verbal.
Le look est l'aspect non verbal que l'on peut contrôler le plus : Cet aspect est soumis à notre choix.
Notre manière de nous habiller fait partie de notre manière de communiquer et de construire des
relations.

Le regard et le contact visuel : l’idéal dans le contact visuel est que le praticien doit éviter d'être
évitant et en même temps il ne doit pas être injonctif.
Il est important de toujours adapter son regard à la situation, nous parlons de communication non
verbale dynamique : ce sont des éléments qui changent perpétuellement pour s'adapter à la situation.

La mimique faciale ; c'est un élément très important de la communication stratégique dynamique.


Le sourire est important car on ne doit pas avoir l'impression que c'est un faux sourire.
Une façon d’être dans l'alliance c'est d'avoir des hochements de tête, d'acquiescer. De montrer par des
petits signes que nous sommes en accord avec notre client. Ces signes corporels lui transmettent que
nous sommes en train de faire attention à lui, que nous sommes à son écoute.

La gestion de l'espace proxémique : c’est un autre aspect dans la gestion de la communication non
verbale dynamique.
C'est la distance avec l'autre et cet aspect change beaucoup selon les différentes de cultures. Teri SOO
(cours de 2ème année au Lact)
Bien évidemment la proximité change en fonction de ce que nous sommes en train de faire.
Idée développée par E.Bardot

On parle de communication para-verbale. C'est l'intonation, le ton et le volume de la voix. Tous ces
aspects proches du langage ne sont pas à strictement parler du langage. Ils accompagnent les contenus
de nos messages. La ponctuation de notre langage et les pauses dans notre manière de parler sont très
importantes.

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Les mots et les paroles sont importants ; Wittgenstein disait «Les mots sont comme des balles de
fusil», il est important de choisir les mots.
Les mots ne sont pas l'essentiel, il y a une chose qui est encore plus importante pour obtenir ce
changement de perception : c’est notre modalité de communication.
Erickson disait “Pour qu'une thérapie soit efficace il faut que le thérapeute soit en mesure de
reproduire et utiliser le langage de son interlocuteur”
Il y a des cas où pour avoir une profonde syntonie avec notre interlocuteur il est nécessaire d’utiliser
un langage différent. Comme expliqué ci-dessous.

L’ART DE LA PERSUASION

La persuasion est un art, comme nous l’indique Nardone.G dans son livre de 2015 «l’art de la
persuasion» : une capacité qui nous permet d'obtenir le changement : sans persuasion, il n'y a pas de
changement.
Le professeur Nardone dit que l'art de la persuasion est l'une des caractéristiques les plus évoluées de
l'être humain et favorise le développement social, la réduction des conflits et la capacité de
coopération. Selon la définition de Nardone, la persuasion n'est pas une action qui vise à exercer une
influence négative sur les autres : c'est un acte une action, une habileté qui permet d'améliorer sa
propre vie et la qualité de la relation avec les autres.
C'est la raison pour laquelle Nardone fait une distinction entre trois modalités de communication :
persuader, convaincre et manipuler.
L’objectif est de faire venir l'autre doucement d'une manière paisible aimable envers nous.
Afin de persuader votre interlocuteur, il est important de savoir utiliser un langage analogique qui
touche les émotions, qui fait vivre des sensations plutôt qu'un langage explicatif de type rationnel.
Persuader, touche au langage analogique qui touche les émotions et les sensations. Tandis que
convaincre utilise un langage complètement différent : basé sur un langage rationnel, le langage des
explications, le langage logique des démonstrations et des arguments démontrés.
La persuasion se met en place par un échange de communication que l'on appelle dialogue : C’est par
le biais de ce dialogue, de cette rencontre que l’on arrive à faire changer le point de vue de notre
interlocuteur.
Les composantes du dialogue stratégique sont des éléments qui arrivent à faire en sorte que
l'interlocuteur partage votre point de vue comme si c'était lui-même qui l'avait découvert.

Il existe également en dehors du dialogue stratégique d’autres techniques :

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Éviter d'utiliser des formes négatives
Utilisation de formules négatives devient très souvent une prophétie qui s'auto réalise.
C'est un peu ce qui se passe avec un patient : Si vous lui dites « Votre point de vue n'est pas bon, votre
point de vue n'est pas juste ». Vous risquez de renforcer sa rigidité par rapport à ces modes de
fonctionnement.

Le recadrage est une des techniques essentielles de la communication qui a pour but la persuasion de
l'interlocuteur. Elle a été formulée pour la première fois par Paul Watzlawick en 1974.
Recadrer signifie changer l'arrière-plan émotionnel ou le cadre émotionnel à travers lequel on perçoit
une certaine situation ; le changement de contexte émotionnel change le sens de la situation.
On peut dire qu'il y a deux réalités qui existent :
Une réalité de premier ordre les choses telles qu'elles sont
Une réalité de deuxième ordre qui est notre manière d'interpréter de voir les choses, notre opinion
sur les choses.
A travers le recadrage, nous allons agir sur une réalité de deuxième ordre : le changement d'opinion et
la manière de voir par l'interprétation que la personne donne d’une certaine situation.
Epictète disait “ Ce ne sont pas les choses en elle-même qui nous font peur ; ce sont les opinions que
nous avons sur ces choses que nous redoutons le plus »
Nous n'avons pas le pouvoir de changer l'expérience en elle-même mais, nous avons le pouvoir de
changer la manière de vivre cette expérience de la part du patient client.
Nous devons faire sentir à notre client que la manière d'interpréter cette expérience n’est pas la plus
fonctionnelle, nous devons lui faire ressentir qu'il y a d'autres perspectives et d'autres manières de
vivre cette expérience.
Le patient ne voit pas toutes les dysfonctionnalités de ses tentatives de solutions. Il s’agit de lui faire
ressentir que ses tentatives de solutions sont des pièges, des tromperies qui ne font qu'aggraver sa
situation et grandir sa peur.
Le recadrage peut se produire de différentes manières : suite à une question ; suite à un aphorisme ;
suite à la mise en place d’une prescription ; grâce à une paraphrase

L'illusion des alternatives est une stratégie que nous utilisons lorsque nous craignons qu'une
personne ne réalise pas les prescriptions. On lui propose deux alternatives. Ces deux alternatives vont
dans le sens de ce que le patient doit réaliser.
L'idée de l'alternative est qu'il n'y a pas de 3ème choix possible.

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Anticiper les réactions de l’interlocuteur : avant de communiquer votre message avant de délivrer
notre prescription, nous anticipons ses possibles réactions
C'est une technique de persuasion qui fonctionne très bien parce que le fait d'anticiper les réactions de
l'interlocuteur par rapport à ce que nous allons dire rend le contenu de votre message beaucoup plus
acceptable pour lui.

Enfin l'utilisation d'aphorismes, d’anecdotes, d'histoires et de métaphores. Nous utilisons les


images, les histoires, tout ce qui touche au langage émotionnel pour persuader l'interlocuteur et lui
faire ressentir certaines choses. Il y a un ouvrage célèbre de Giorgio Nardone qui n'a pas été traduit en
français qui s'appelle “Changer les yeux, toucher le cœur”.

Chaque typologie de résistance au changement à sa communication spécifique et ses techniques visant


à contourner la résistance au changement du patient client.

LES RÉSISTANCES AUX CHANGEMENTS

Le patient coopératif : Ces patients ont les ressources mentales et émotionnelles nécessaires pour
collaborer vers le changement. C'est un faible pourcentage de patients qui à ce type de résistance.
On peut utiliser un langage injonctif direct rationnel et logique parce que le patient est dans la
collaboration.
C’est un très faible pourcentage.

Le patient qui veut collaborer mais ne peut pas : Ce type de patient aimerait pouvoir suivre la
thérapie mais le problème est tellement puissant qu'il n'y arrive pas.
C'est un patient qui est très motivé par rapport au fait de changer mais qui n'a pas suffisamment de
ressources pour mettre en œuvre ce changement. On dit aussi « empêché ». Ce type de patient n’a pas
accès à ses émotions.
Par exemple, un patient atteint de douleurs chroniques, qui veut changer mais qui est bloqué par la
situation qui l’effraye, le paralyse.
Avec ce type de patient, il ne faut surtout pas utiliser un langage injonctif et rationnel ; il s’agit plutôt
d’utiliser un langage analogique qui vise les émotions.
Avec ses patients , on utilise des manœuvres indirectes qui reposent toutes sur cette stratégie qui est de
“Sillonner la mer à l'insu du ciel” c'est par exemple le cas du recadrage de la peur de la demande
d'aide : on ne dit pas directement à la personne qu'elle doit arrêter de demander de l'aide mais on lui

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fait ressentir à travers le questionnement et la prescription que sa demande d'aide ne fait qu'aggraver la
situation et qu'augmenter sa peur.

Le patient opposé : Ce sont des patients qui sont dans l'opposition, qui ne veulent pas suivre de
thérapie et qui arrivent parfois en thérapie sous contrainte.
Ce sont aussi des patients qui sont parfois persuadés d'avance que le parcours thérapeutique qu’ils
vont démarrer ne sert à rien.

Le patient qui ne peut ni collaborer ni s’opposer. Ce sont des patients qui ont souvent une vision de
la réalité très rigide avec une vision du monde idéologique et parfois avec des patients ayant des
délires de persécution.
La seule possibilité est de rentrer dans leur vision du monde et de commencer à ajouter de petits
nouveaux éléments.
Sur ce type de patients, la meilleure communication est la communication paradoxale en particulier
une communication qui arrive à s'appuyer sur la résistance présentée par le patient.
Il n'y a aucune possibilité de tenter de contredire leur vision du monde : cela n’aboutirait à rien.

Je m'appuie sur le livre de Nardone et Salvini qui s'appelle « le dialogue stratégique »


C'est à partir de 1995 qu’ils ont constaté que Giorgio Nardone avait changé sa manière de gérer la
première séance avec une grande partie de ses patients ; les étudiants de Nardone ont remarqué qu'il
avait modifié le type de questions. Il utilisait des questions ouvertes. A partir de 1995 il a posé des
questions qui nécessitent deux types de réponse.

DIALOGUE STRATÉGIQUE

Le dialogue stratégique nous aide dans le parcours de connaissance du patient. Chez le patient qui a
déjà un objectif thérapeutique, on vise à travers ce dialogue stratégique à produire un changement et à
faire en sorte que ce changement soit découvert par le patient lui-même.
A Arezzo, les chercheurs ont visionné leurs séances sur la façon de conduire et de les gérer. Ils ont
constaté des éléments récurrents. Et des redondances dans la manière de gérer les séances : certains
éléments ont été systématisés et nommés dialogue stratégique.

L'établissement d’un dialogue stratégique efficace renforce la coopération et l’alliance avec le patient.

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Il est techniquement divisé en cinq phases :

1.QUESTIONS STRATÉGIQUES : DISCRIMINANTES, ORIENTANTES ET AVEC


ILLUSION D’ALTERNATIVE

Les questions discriminantes nous permettent de mieux cibler les problèmes du patient client ; Elle
nous donne la possibilité de mieux comprendre certains aspects (qui est impliqué? quand le problème
s’exprime? Où le problème s’exprime ? Comment il se manifeste ? Quel est le problème ?)

Les questions orientantes nous servent pour la connaissance. Elles nous servent pour orienter la
perception de notre patient dans une direction spécifique pour lui faire ressentir certaines choses.
Jusqu'au moment de la question, le patient n'avait jamais réalisé complètement que sa tentative de
solution c'est-à-dire l'évitement ou la demande d'aide ne faisait qu'aggraver la situation. Grâce à cette
question, il commence à y avoir un changement de perception, une façon différente de ressentir le
problème.

Les questions avec illusion d'alternative ne sont pas seulement des outils de connaissance mais de
véritables techniques d'intervention en direction du changement.
Elles peuvent provoquer chez la personne, de nouvelles façons de ressentir et de réagir à sa réalité
dysfonctionnelle ; techniquement ce sont des questions fermées qui sont structurées avec seulement
deux possibilités de réponse ou la personne est amenée à choisir une seule des deux options.
On peut utiliser deux ou trois questions et à travers ces dernières. Pour délimiter et définir le
problème. Ainsi, avoir une idée très claire du focus problématique sur lequel le thérapeute va devoir
travailler.
Ce sont des questions spécifiques qui poussent d'une manière inéluctable le patient client vers une
direction souhaitée par le thérapeute. Il n'y a pas moyen de choisir d'autres possibilités.
A la première séance, on travaille thérapeutiquement à travers le dialogue stratégique.
L'objectif est vraiment de faire vivre au patient une expérience émotionnelle correctrice qui consiste
pour lui à ressentir, voir, percevoir différemment son problème.
Quand nous posons des questions par rapport au ressenti du client et par rapport à ses tentatives de
solutions, nous obtenons des réponses. Puis nous reformulons par une paraphrase recadrante.

2. PARAPHRASE ET / OU PARAPHRASE RESTRUCTURANT

18
Dans les paraphrases recadrantes on choisit en tant que thérapeute laquelle parmi les réponses du
patient laquelle est la plus importante. Ce qu'il y a déjà un pouvoir de recadrage.

Les paraphrases sont très importantes car ce sont pour nous des moyens de bien vérifier que l'on a
compris ce que le patient nous a dit. Et surtout créer un accord avec notre patient.
Nous utilisons des formules spécifiques en disant par exemple :

● Corrigez-moi si je me trompe….

● Si j'ai bien compris, vous êtes en train de me dire que….

À travers ces formules nous prenons une position “one down” c'est-à-dire qu'on enlève nos habits
d'expert et on reconnaît au patient toute son importance en lui demandant si nous avons bien compris.
Nous vérifions notre connaissance. À travers cette technique, on reconnaît toute son importance au
patient ; de cette manière on lui fait sentir qu'il est reconnu et compris de notre part : on réduit sa
résistance au changement et on augmente sa collaboration.
La paraphrase a trois objectifs, vérifier la justesse de l’enquête, recadrer la perception du client et
valoriser le rôle du patient en le mettant en position haute.

3.ÉVOQUER DES SENSATIONS

La troisième phase du dialogue stratégique revient à utiliser un langage avec un pouvoir évocateur qui
s’appuie sur des images, des métaphores et des analogies qui soient en relation avec la situation du
patient. Ainsi, lui faire ressentir ce que le patient doit changer par rapport à sa réalité.
Le but est d’obtenir un changement de sensation, d'émotion et de ressenti par rapport à une situation.
Le processus de changement commence par la perception.
Pour évoquer des sentiments, il est nécessaire d'utiliser un langage évocateur :
En évoquant des sensations on peut obtenir 2 effets :

● Créer de l’enthousiasme vers ce que vous voulez que la personne fasse

● Créer un avertissement sur ce que vous voulez que la personne cesse de faire

L’analogie est une image est parfaitement adaptée, comme un miroir la situation de la personne.
La métaphore est différente de l’analogie. Elle présente la situation du client comme si elle était dans
un autre contexte comme s’il s’inscrit dans une narration différente.

19
En thérapie brève stratégique, on utilise très souvent des aphorismes : C'est l'outil préféré pour faire
sentir le patient différemment.
L'aphorisme doit être fait sur-mesure pour la personne et la situation qui est présentée par la personne
mais le grand pouvoir est qu’il ne demande pas de compréhension intellectuelle. On peut aller droit au
cœur des émotions et des sensations.

4.RÉSUMÉ POUR REDÉFINIR

Nous entrons dans la quatrième phase du dialogue stratégique, l’hyper paraphrase.


Il est important de faire une dernière paraphrase qui consiste à reprendre toutes les réponses du
patient. On les remet ensemble pour lui restituer la situation telle que nous l'avons comprise : C'est
une hyper paraphrase. Elle nous oblige à avoir une bonne mémoire et nous permet d'obtenir le grand
accord final d'accord en résumant toutes les réponses et en restituant les situations.
Nous résumons toutes les réponses que le patient nous a faites.
Quand nous avons obtenu l'accord de notre patient et à partir de ce moment la prescription est plus
facile à présenter.
L’hyper paraphrase a ce pouvoir d'introduction des prescriptions ; soit directes ; soit indirectes ; soit
paradoxales.
Il est très important de travailler au mieux les quatre parties du dialogue stratégique ainsi il sera facile
pour le patient client d'accepter la prescription que nous lui présenterons à la fin de la séance.

5.PRESCRIRE COMME UNE DÉCOUVERTE CONJOINTE

C'est le moment où le dialogue stratégique culmine et où tout ce qui a été découvert se transforme en
actions opérationnelles, le moment de la prescription.
La prescription découle de manière automatique à la suite de tout le travail qui a été fait
préalablement. La prescription ne sera pas vécue ainsi comme quelque chose de bizarre, mais sera
vécue comme quelque chose qui est absolument inévitable car on a parfaitement compris le
fonctionnement du problème du patient client.
C'est pourquoi on parle de découverte partagée, de découverte conjointe.
Le patient client doit avoir l'impression que la prescription n’arrive pas par hasard mais qu’elle vient
naturellement en continuité de la découverte, des questions-réponses faites avec le thérapeute.
Ils existent différents types de prescriptions pour ajuster notre stratégie.

L'objectif des prescriptions directes est expliqué au patient et produit un changement.


20
On lui exprime de manière directe et explicite un comportement à mettre en œuvre.
Pour les patients dans la collaboration avec les ressources cognitives, les ressources mentales et
émotionnelles pour collaborer on utilise généralement des prescriptions directes.
C'est le stratagème “du pied-dans-la-porte” on met le pied dans la porte pour faire rentrer tout le corps.
Ce sont généralement des prescriptions orientées solutions.

Les prescriptions indirectes, visent le changement thérapeutique mais le patient n'en n’a pas
conscience.
Ce sont des prescriptions qui cachent l'objectif thérapeutique
Avec les patients présentant le deuxième type de résistance : ils veulent collaborer mais ils ne peuvent
pas. On pousse le client dans la direction du changement sans prise de conscience de ce fait de la part
du patient client; Il n'a pas conscience qu'il est en train d'aller vers le changement.
Avec ce type de patient, on peut aussi utiliser les prescriptions paradoxales

Les prescriptions paradoxales s'appuient sur la logique du paradoxe.


Les auteurs de l'école de Palo Alto ont appelé cette prescription les « prescriptions qui prescrivent le
symptôme » ou le comportement que l'on souhaite éliminer.
Ces différents types de prescription sont adaptés aux différents types de résistance présentés par les
patients. Ces étapes sont essentielles dans la coopération et la création du lien thérapeutique.

Nous pouvons résumer cette théorie de G.Bateson à G.Nardone par le modèle avancé de ce dernier.

MÉTHODOLOGIE : LES QUATRE PHASES SELON NARDONE

Dans la pratique, avec nos patients, le modèle se décline en quatre parties : Nardone et Portelli
(2012).La connaissance par le changement
- Étape 1 : Début du jeu
- Étape 2: Déblocage de la pathologie
- Étape 3: Consolidation et réorganisation des règles du jeu
- Étape 4: Fin du jeu
Détail en Annexe 1

21
HYPNOSE ERICKSONIENNE

Le sujet est très vaste. La première chose à laquelle on va penser est l’hypnose de spectacle. Dans une
salle un hypnotiseur, tout-puissant qui contrôle le mental d'une autre personne ou un groupe de
personnes endormies, obéissant irrésistiblement parce qu'elles n'ont plus ni conscience ni d’activité
cérébrale.
L’hypnose dont je vais vous parler à comme utilité principale de Ré associer une personne. Son corps
avec son cerveau.
Cette discipline étudie le comportement instinctif chez l'homme et complète le point de vue de
l'anthropologie sociale elle nous aide à découvrir l'Être que nous sommes dans sa totalité (partie
mauvaise et bonne comme une rose et ses épines) en retrouvant l'importance de notre corps et de nos
mécanismes de survie et d'adaptation, ce que la civilisation nous a appris et réprimer à oublier ou
même à exécrer. C'est de cette discipline qu’est né le concept de résilience (Dan Short) La résilience
est la tendance qu'ont les êtres vivants à revenir à leur état naturel une fois que cesse les pressions qui
les empêchaient d'y être.
Si les êtres humains ont une tendance naturelle à continuer à se développer au bien-être, la
psychothérapie Ericksonienne se contenterait de se focaliser sur l'élimination de ce qui empêche le
patient d'aller à nouveau naturellement bien.
Pour cela, expliquons brièvement son histoire.

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Sur le plan historique, nous pouvons relier l’hypnose moderne à l’école de Nancy qui a vu le jour au
début du XXème siècle.

Franz Anton Mesmer, médecin allemand, fut, en 1773, le premier à tenter d’expliquer le phénomène
hypnotique. Sa théorie du "magnétisme animal”, encore appelée "mesmérisme" est considérée comme
le précurseur de l'hypnose moderne. Il y décrivait l'existence d'un fluide magnétique universel dont
on pouvait faire une utilisation thérapeutique. Il pensait que la guérison consistait à canaliser le
magnétisme, à le retirer d'une zone du corps et à l'amener dans une autre et cela par la volonté et la
concentration mentale et avec l'aide de certains instruments. Toutefois, l'Académie des sciences de
Paris refuse d’accréditer le magnétisme animal et condamne sa pratique en 1784. De même, le comité
scientifique nommé par le roi Louis XVI réfute cette théorie et attribue les traitements réussis de
Mesmer à des mécanismes psychologiques.

Il faudra attendre 1891 pour que l’hypnose revienne sur le devant de la scène. Cette année-là, la
British Medical Association charge un groupe de médecins d'enquêter sur l'hypnotisme. Après une
évaluation approfondie, le comité d'experts conclut qu’il se révèle efficace dans le traitement de la
douleur, des troubles du sommeil et des symptômes fonctionnels. En 1892, l’association recommande
même à l'unanimité son application thérapeutique.
Une vision moderne de l’hypnose a été apportée par le psychiatre américain Milton Erickson (1901-
1980), qui a consacré de nombreux travaux à l'hypnose thérapeutique.
Son approche innovante repose sur sa conviction que le patient possède en lui-même les ressources
pour répondre de manière appropriée aux situations rencontrées : il s'agit par conséquent de l’inciter à
utiliser ses compétences et ses possibilités d'adaptation personnelles. L’utilisation de suggestions
permet ainsi de sortir des approches autoritaires encore utilisées parfois dans l’hypnose de spectacle.
Atteint de poliomyélite à l'âge de dix-sept ans, Milton Erickson a été une figure emblématique du «
guérisseur blessé », expérimentant sur lui-même, lors de sa réadaptation, certains phénomènes qu'il
met ensuite en application auprès de ses patients.
Milton Erickson est considéré comme le père de l'hypnose moderne.
Le cadre de l'approche théorique systémique est que les individus se confrontent à la réalité par leurs
croyances, leurs opinions, leurs représentations. Comme l'explique Paul Watzlawick : « De toutes les
illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité. En fait ce qui existe,
ce ne sont que différentes versions de celles-ci, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui
toutes sont les effets de la communication, non le reflet de vérités objectives et éternelles »
P.Watzlawick, (1978)

23
ANALOGIE ERICKSON/MARIE-AUDE

Le parcours du « blessé-guérisseur » de M.H Erickson fut un élément décisif dans mon choix et ma
compréhension de l’approche systémique. Tout dans ses écrits et observations m’inspirait.
L’approche innovante d’Erickson en psychothérapie qui repose sur la conviction que le patient
possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu'il rencontre,
résonnait en moi. Ce savoir était similaire à certaines de mes expériences de vie.
Alitée lors des séjours à l’hôpital, je meublais mon ennui par l’observation et l’autohypnose.

Désignée “Patiente experte” je souhaitais professionnaliser mon parcours. J’avais intégré les
différentes étapes nécessaires à la “reprise en main de mon quotidien”. Participer à mon tour au bien
être des personnes souffrantes de pathologies longues m’intéressait. En commençant par être
davantage « à leur écoute ».
Bien souvent, les patients ont eu un parcours de soins difficiles, douloureux, longs, pas toujours
compréhensibles pour eux et leur entourage, où la personne se sent victime de la vie.
Pourquoi cela me tombe-t-il dessus ? Pourquoi je suis malade ? Pourquoi je suis fatiguée ? Pourquoi
j’ai autant de douleurs ? Pourquoi MOI ?

24
Ces questions sont légitimes pour tout être humain qui se voit dégradé physiquement, et cela se reflète
dans ses émotions et son comportement relationnel lui-même, les autres et le monde.
Accueillir cette étrangeté n’est pas chose aisée . Faire le deuil en quelque sorte de ce que l’on était
capable de faire. Accepter la collaboration avec cette partie de nous que nous pensons étrangère à
nous.

Et se demander ensuite « COMMENT » vais-je vivre avec ces douleurs, ces pathologies ?
Qu’est-ce que je peux mettre en place aujourd’hui pour faciliter mon réapprentissage.
D’ailleurs, accepter que l’on doive reprendre de manière différente ce que l’on pensait avoir acquis
pour la vie.
En étudiant l’approche, j’ai pris conscience qu’avec la systémique dans mes bagages j’aurais mieux
vécu la maladie, appréhendé plus rapidement son impact sur le système familial, et/ou déjoué les
fameuses TDS dont un patient apprend progressivement à se défaire.

Malgré toute mon adversité, il m’a fallu de longues années pour accepter, comprendre et dompter mon
corps.

Je suis restée alitée deux ans à la suite de mes différentes opérations, l’hypnose m’a transporté. Après
quelques mois, tous les matins avant de me lever, les yeux fermés je visualisais, mon corps se déplacer
là où j’en avais besoin. Et je me suis rendu compte que je réussissais cet exercice avec brio.
La visualisation et même la proprioception fonctionnait à merveille.

L’approche innovante d’Erickson en psychothérapie qui repose sur la conviction que le patient
possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu'il rencontre : il
s'agit par conséquent d'utiliser ses compétences et ses possibilités d'adaptation personnelles ; cela, sans
le savoir est similaires à certaines de mes expériences de vie.

Une révélation le « comment » au lieu de ce fameux « pourquoi » on peut se le dire de mille manière
le pourquoi
Aphorisme de la vie ? La maladie est injuste !
La découverte de tentative de solution dysfonctionnelle, qui me maintenait dans un état
problématique.

25
Je n’arrivais pas à percevoir la première marche, celle qui allait me faire vivre puis revivre. C'est-à-
dire, faire autre chose qu’attendre que la douleur passe. La vie, celle qui vous fait entendre votre
respiration

Grâce à la systémique j’ai mesuré l’ampleur des interactions, et la pertinence de se positionner de


manière circulaire. Le principal est-il de connaître la vérité pour avancer ? J’ai compris que les
recherches quant à l’origine des symptômes, n’apportent pas de solution

L’évolution de Mon lien de moi à moi, de moi aux autres et de moi au monde m’a permis interagir,
d’être actrice de ma vie et de devenir thérapeute.

Sénèque
"La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie. »

DESCRIPTIF DES DOULEURS CHRONIQUES

Il existe trois types de douleurs chroniques selon les mécanismes qui les causent
Psychomédia Publié le 17 décembre 2016
Ces trois types de douleurs chroniques, selon les mécanismes qui les causent, sont identifiés dans la
recherche contemporaine :

● Les douleurs nociceptives,

● Les douleurs neuropathiques

● Et les douleurs centralisées (ou nociplastiques).

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Voici les descriptions qu'en fait Daniel J. Clauw, de l'Université du Michigan, dans la revue Mayo
Clinic Proceedings.

Douleur nociceptive ou périphérique


La douleur nociceptive (déclenchée par l'activation des nocicepteurs qui sont des récepteurs à
l'extrémité des fibres nerveuses), aussi appelée douleur périphérique, est causée par l'inflammation ou
des dommages mécaniques aux tissus.
Traitements : Ces douleurs répondent aux anti-inflammatoires non stéroïdiens et aux opioïdes ainsi
qu'à des procédures.
Exemples classiques :

● Douleur aiguë due à une blessure ;

● Arthrose (dernières actualités) ;

● Polyarthrite rhumatoïde (dernières actualités) ;

● Douleur cancéreuse.

Douleur neuropathique
La douleur neuropathique est causée par des lésions ou le coincement de nerfs périphériques.
Traitements : ces douleurs peuvent répondre aux traitements pour les douleurs périphériques et à ceux
pour les douleurs centralisées. Le coincement peut répondre à la chirurgie ou à des injections.
Exemples classiques :

● Douleur neuropathique diabétique ;

● Névralgie postherpétique (douleur qui perdure après le zona).

Douleur centralisée ou nociplastique :


La douleur centralisée est caractérisée par une perturbation du traitement de la douleur par le système
nerveux central qui produit notamment une hyperalgésie (douleur amplifiée) et une allodynie (douleur
ressentie en réponse à des stimuli normalement non douloureux) diffuses.
Traitements : ces douleurs peuvent répondre aux médicaments agissant sur des neurotransmetteurs.
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Une appellation alternative récemment proposée par l'International Association for the Study of Pain
(IASP) est celle de douleur nociplastique.
Exemples classiques :

● Fibromyalgie (dernières actualités) ;

● Syndrome du côlon irritable (dernières actualités) ;

● Trouble de l'articulation temporomandibulaire ;

● Maux de tête de tension.

(TEST : dépistage des syndromes de sensibilité cérébrale - fibromyalgie, fatigue chronique, côlon
irritable…)
Chez toute personne qui souffre de douleurs chroniques, les trois types peuvent être présents, souligne
le chercheur. Les maladies mentionnées pour chacun des types sont des exemples classiques, dit-il,
mais « “nous réalisons maintenant que tous les états de douleur chronique sont des états de douleur
mixtes (...). Il est particulièrement fréquent de voir une douleur centralisée en même temps qu'une
douleur nociceptive ou neuropathique »
Daniel J. Clauw et ses collègues (Clinical Journal of Pain, 2016) ont présenté le schéma suivant,
situant divers syndromes de douleur chronique sur un continuum allant d'une douleur purement
nociceptive à une douleur centralisée

CAS PRATIQUE

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CADRE DE LA THÉRAPIE
Dans le cadre de mon association, je reçois les patients en présentiel et en Visio par zoom.
« Acteurs des 2 MAINS » (association à but non lucratif : Sortir de l’isolement en participant au
monde dès demain. L’association propose des sorties, de l’art thérapie, de la méditation mais aussi un
accompagnement psychologique et l’outil de l’hypnose pour les douleurs chroniques).

LES CONSULTATIONS DE PIERRE


Pierre m’est orienté par une kinésithérapeute. Cette dernière lui a parlé de mon association
Pierre est âgé de 56 ans, il est divorcé avec 3 enfants. Il est en couple depuis 8 ans.
En arrêt maladie depuis 7 ans. Depuis qu’il est malade, il ne sort plus de chez lui.
Il souffre d’un syndrome pyramidal, maladie neurologique.
Maladie qui atteint la personne au niveau des membres inférieurs. (Sensation de décharge électrique,
de lourdeur, d’étau).

DÉBUT DU JEU

A cette première séance je fais particulièrement attention aux signes de première bonne impression.
Je me suis habillée élégamment mais pas trop
Le premier élément avec lequel nous rentrons en rapport avec l'autre est le regard.
Le regard est, parmi les éléments de la communication non verbale, le plus important par rapport au
fait de réussir à établir une communication, une relation empathique avec l’autre.
Pierre semble introverti, timide et peu sûr de lui. Mon idée est d'utiliser ce qu'on appelle en thérapie
stratégique le regard oscillant et fluctuant. Je regarde une partie du visage puis je regarde la personne
dans les yeux puis je regarde ailleurs….
J’ai un sourire authentique. C’est toujours le fruit d’une alliance avec l’autre.
A chaque début de séance, je propose à Pierre de remplir la grille ORS (en prenant le temps de lui
expliquer chaque item de la grille.) En supposant une échelle de 0 à 10, il évalue son bien être à 4.
Je présente le cadre d’intervention à mon client
Le patient, accompagné de sa canne, arrive difficilement à mon cabinet.
Je donne le choix entre 2 places (l’illusion d’alternative commence…) l’une en face de mon bureau,
un fauteuil confortable et l’autre en diagonale de mon bureau, un canapé. Il choisit le fauteuil. Les
deux emplacements sont à un espace adapté pour que le patient se sente dans un espace dit
« sécurisant ».

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Le patient commence par me dire qu’il a mal aux jambes, qu’il a beaucoup de difficultés à marcher. Il
a eu des difficultés à venir jusqu’ici, mais se sent soulagé de sa réussite.
Pierre m’explique : “je suis un cas désespéré ». « ce n’est pas une vie, “Je suis isolé”. « ne servir plus
à rien ». Il n’est plus apte à son travail et il est mis en préretraite. Physiquement, Pierre est très altéré
par les douleurs dues à sa pathologie neurologique.
Il va très mal. Il ne sort plus depuis 7 ans.
Il est isolé depuis sa maladie, il n’arrive plus à sortir dehors, il n’a plus de contacts sociaux.
Je m’intéresse à poser différents types de questions (orientantes, discriminantes et aussi à illusion
d’alternative)
Il ne voit plus ses 3 enfants, ni personne de sa famille depuis sa maladie.
Pierre soupire : « Ma compagne en a marre de me voir dans cet état, je n’arrive plus à rien faire »
(…)
Th : « pouvez-vous me donnez un exemple de “quand votre femme se plaint ? »
P : « elle veut que tout soit rangé mais je le ferai plus tard ! »
Th : « Si je comprends bien, votre femme est en colère quand elle rentre tard du travail,et elle voit les
papiers de pansements sur la table du salon, votre petit déjeuner et déjeuner dans l’évier et les
poubelles ne sont pas sorties? »
P « oui »
Th : « Pensez-vous qu’il est plus simple de jeter le papier du pansement tout de suite, de ranger votre
bol et de laver votre assiette après avoir mangé (il y en aurai pour deux mns) ou tout faire le soir,
cela vous prendrai 30 minutes minimum; sachant que vous aurez des douleurs et de la fatigue? »

Je reformule pour être sûre d’avoir bien compris ce que le patient me dit, par une paraphrase je fais un
petit recadrage qui agit sur la réalité de deuxième ordre de Pierre, sa manière d’interpréter les choses,
son opinion sur les choses. J’essaye de faire changer la manière dont Pierre (et sa compagne par effet
de rebond) vit cette expérience.

Après avoir reformulé chacune de ses phrases, j’analyse quel est son problème et en quoi c’est un
problème
Pierre souffre et a une perte de ses sens, il est en dépression depuis la perte de son autonomie. Il fait
des insomnies chaque nuit. « Mes douleurs des jambes me réveillent, le matin je me réveille à 6h, je
prends mes traitements et je me rendors »
« Je n’ai plus de répit mes douleurs ont pris ma vie, c’est vraiment injuste «
« Quand on devient comme moi, incapable, nous ne servons plus à rien dans la vie »

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D’après les réponses de Pierre, la sensation dominante est la peur externe.
Par moment il trouve la vie injuste et il ressent beaucoup colère et d’amertume
Pierre est désespéré. Il n’arrive plus à être en mouvement.
Il n’est plus capable de voir ce dont il est capable.
Il est dans un état de victimisation très important.

Je rassure le patient. Il est important que le patient se sente écouté et compris


Bien souvent dans des cas de dépression dans les longues maladies, les patients ont déjà tenté des
thérapies et se retrouvent parfois dans de longues périodes d’errance médicale.
Bien qu’une maladie soit étiquetée, le patient n’a plus de repère et à l’impression d’exister qu’à
travers cette pathologie. De ce fait, il a l’impression de plus être légitime à être un être parmi les
autres.
Ils sont bloqués par leurs propres émotions.

DÉFINITION DU PROBLÈME

Le premier levier après avoir identifié le problème du patient est d’établir une alliance
thérapeutique.
Il y a un blocage émotionnel très puissant qui l’empêche de changer ; avec ce type de patient
« Il s’agit de créer avec la personne qui vient nous consulter, les conditions favorables pour qu’elle
s’engage et reste active dans le processus de changement. Ceci nous amène, selon les cas, à créer, un
doute thérapeutique, lorsque la personne nous consulte en espérant que nous réglions son problème
comme par magie ou lorsqu’elle nous met au défi de l’aider, ou bien un espoir thérapeutique,
lorsqu’elle arrive si désespéré, et le plus souvent sous contrainte, qu’elle ne croit plus du tout qu’une
solution existe et qu’elle puisse changer quoi que ce soit à sa situation »
Claude de Scorraille et Brosseau et Vitry (2017) Quand le travail fait mal, p.163

LES TENTATIVES DE SOLUTIONS DYSFONCTIONNELLES

J’oriente mon intervention afin de neutraliser les principales tentatives de solution dysfonctionnelle
qui émergent du récit de Pierre :

● La première est qu’il est dans la plainte, victime de sa pathologie, ce qui l’amène à s’isoler et
demande de l’aide en permanence à sa compagne

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● La deuxième est qu’il tait ses émotions. Inconsciemment ou pas le patient ne se confronte
pas à ses émotions (peur colère douleur tristesse) et à l’impact de ses dernières sur son corps.

Le système de perception réaction du patient est l’évitement phobique.


Il est en incapacité de contrôler ses actions, pensées ou émotions.
Il évite d’être au contact de la situation car il n’a pas de contrôle dessus.
Il a des troubles de l’évitement à la recherche d’aide et a besoin de parler du problème.
Sa peur est externe. Peur de mourir, peur d’être seul, peur d’avoir mal (même s’il a déjà mal).
Pierre est dans une tentative d’évitement de soi, de l’autre et du monde.

Idée de Bardot dans son livre qui vient de paraitre (E. Bardot, V. Bardot, S.Roy 2022 p38-39):
Dans la relation au monde, et l'environnement dans lequel évolue le patient est un monde vivant.
L’Humain a comme nécessité de se sentir debout, dans le monde physique autant que dans le monde
relationnel par extension la relation au monde c'est aussi la relation que Pierre entretient avec les
éléments de la nature mais aussi avec les animaux et les autres, de manière différenciée et non
spécifique. Dans certains cas ce lien au monde peut être altéré l'individu se trouve alors confronté au
vécu d’effondrement.
Je suis en position basse, surtout au début de la séance, dans la syntonie, dans l’écoute, la sympathie,
l’empathie, l’effet miroir avec le patient, j’ai un ton doux avec ce dernier pour renforcer l’alliance
thérapeutique.
Je rassure le patient en espérant qu’il fasse mieux face à son problème
Pour mieux comprendre la douleur du patient et lui montrer de la sympathie, je l'interroge sur
l’intensité de sa douleur

Th « Je comprends bien votre problème Pierre, pour que je comprenne encore mieux, pourriez-vous
m’indiquer sur une échelle de 1 à 10 ou 10 est le pire, a combien situez-vous votre douleur ? »
P « pfff à 8 »
Après avoir compris la position de Pierre. Il souhaiterait visiblement changer mais ne peut pas, on
peut aussi dire qu’il est empêché, il n’a plus accès à ses émotions
Raison pour laquelle avec ce type de patient il faut utiliser une communication qui s'appuie sur
beaucoup de manœuvres indirectes : pouvoir de persuasion et de sujétion ; pour produire un
changement de manière indirecte donc on va utiliser des manœuvres indirectes paradoxales.
Nous essayons de définir ensemble un objectif minimal

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Le patient ne s’autorise pas à s’imaginer une chose positive qu’il aimerait changer. : « j’aimerais
n’avoir jamais été malade et ne plus l’être »

« L’humain se développe et se structure à travers son rapport au monde qui l'entoure et dans la
singularité des expériences de rencontre. En effet chaque individu évolue en résonance mimétique
avec un environnement qui agit sur lui et sur lequel il agit […]» Bardot (2022). De l’HTSMA à la
thérapie du lien et des mondes relationnels, p.28.

Pour aider Pierre à préciser son objectif et à le rendre SMART je lui pose la question miracle.
C’est un outil fréquemment utilisé dans la thérapie brève orientée solutions, thérapie fondée par, Steve
de Shazer et Insoo Kim Berg.

« Après avoir parlé ensemble, vous retournez à votre maison, avec votre compagne, et vous ferez tout
ce que vous avez besoin de faire pour le reste de votre journée, comme prendre soin de vous, préparer
le dîner, regarder la télévision, vous lavez et ainsi de suite. Il sera temps d’aller vous coucher. Tout le
monde dans votre maison est calme, et vous dormez en paix. Au milieu de la nuit, un miracle se
produit, et le problème qui vous a incité à me parler aujourd’hui est résolu ! Mais comme cela arrive
pendant que vous dormez, vous n’avez aucun moyen de savoir que, du jour au lendemain, un miracle
a résolu le problème. [Pause]
« Donc, quand vous vous réveillerez demain matin, quel pourrait être le petit changement qui vous
fera vous dire : “Waouh ! quelque chose a dû se passer »
Le problème est parti ? »

L’Objectif est de Défocaliser l'attention du patient de son problème pour mettre en forme un objectif
ou rechercher une exception
Spontanément le patient répond « Ne plus avoir mal en permanence et revoir mes enfants »
Nous nous accordons dans un premier temps :

● De retrouver un début d’activité (physique et sociale pas après pas) de manière réaliste et en
fonction des paliers atteints. En co-construction nous pourrons préciser l’objectif, le
diminuer ou l’augmenter

● Puis de se familiariser avec des outils stratégiques pour gérer au mieux sa douleur

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Pierre évite les situations qu'il pense ne pas pouvoir surmonter ou demande de l'aide principalement à
sa femme. Dans ce cas le patient dépend surtout de sa femme l'objectif primordial du traitement et de
l'aider à se libérer de ses dépendances et à découvrir ses propres ressources.
Je m'applique à paraphraser de manière détaillée la situation décrite par le patient,
« Ce dernier se sent compris et fais confiance au thérapeute et à la thérapie, ce qui contribue au succès
de celle-ci » Frank, (1973) ; Hubble, Duncan et MILLER, (1999)
Et je pose des questions orientées vers le changement au patient pour qu'il en revienne à ressentir que
ce qu'il considérait comme utile avant, est en réalité une source de frustration puisque cela confirme
son incapacité à surmonter sa peur Nardone et Salvini (2004)
Il ne peut rien faire par lui-même.
Ensuite j'essaye d'introduire un autre changement en posant des questions qui donne l'illusion
d'alternative, en recadrant et paraphrasant.
J'ai amené le patient non seulement à comprendre mais aussi à sentir en plus du fait de comprendre
que sa demande d'aide empire sa situation.
Ce qui déclenche le processus de changement est notre ressenti, notre perception, tout le reste vient
ensuite. Idée de Nardone et Portelli (2012).la connaissance par le changement

Et j'essaye une métaphore de ces douleurs : « tout cela me rappelle les mots de Fernando Pessoa, un
poète célèbre, qui disait « j'endure les plaies de toutes les batailles que je n'ai pas livré » ».
Le patient répond en me disant « exactement ». Et je termine notre échange en lui parlant brièvement
de mon expérience sur la douleur.
Je questionne le patient sur d'éventuelles exceptions. Désespéré le patient me dit « non, jamais, je suis
tout le temps mal »

PRESCRIPTION DE TACHE

La première prescription donnée au patient est donc « d'éviter d’éviter ».


Je lui demande de réfléchir pendant les deux semaines à venir à ce qu’il perçoit à chaque fois qu’il
demande de l’aide. Cela le soulage sur le moment et ensuite empire sa situation en le confortant dans
ce qu’il pense de lui : « Qu’il est devenu incapable ».
Je termine la séance en faisant une induction au patient. J’utilise l’induction “ la bulle protectrice”.
Le but étant de Ré associer corps et esprit grâce à nos cinq sens. En étant dans un environnement
fermé, Pierre est hermétique à toutes sensations. Notre esprit n’ayant plus accès à des émotions et
sensations se coupe de notre corps douloureux.

34
L’imagination est à la fois dans l'Intra personnel et dans l'interpersonnelle […] Nous utilisons l'espace
virtuel entre le patient et le thérapeute comme surface de projection appelée imaginaire partagé.
L'imagination va permettre d'utiliser de techniques fondamentales : l'externalisation et la
triangularisation, en plus du patient et du thérapeute ce point virtuel va avoir une réalité à l'instant
De longue date, les chercheurs ont décrit deux types d'imagination :
« L’imagination reproductrice : lorsque je vois une bouteille posée sur une table je suis capable de
l'imaginer dans ma tête ou bien de la visualiser dans un espace si tu es à l'extérieur à moi. Dans un cas
comme dans l'autre, la forme de la bouteille n'a pas changé. C'est une pure reproduction à partir de
l'imagination.
L'imagination créatrice. Même si l'imagination reproductrice peut être une étape préalable à
l'imagination créatrice et ne se situe pas au même niveau. L'imagination créatrice révèle notre capacité
à transformer mentalement les objets que nous percevons. Si nous reprenons l'exemple de la bouteille
d’eau, je peux facilement imaginer celle-ci se transformer en toute autre chose comme un lac ou un
océan par exemple »
Bardot (2022). De l’HTSMA à la thérapie du lien et des mondes relationnels, p.45-47.

Je vais travailler avec Pierre, l’imagination créatrice, à partir de son imagination reproductrice.
Le patient se sent « soulagé et léger » en sortant de cette induction.

Je lui prescris d’écrire 3 petits objectifs chaque jour et d’essayer de faire le plus petit.
J’aime particulièrement bien prescrire cette tâche à des patients confrontés à la dépression pour les
remettre en mouvement facilement, pas à pas avec plaisir. En ayant l’impression de ne pas avoir de
contrainte. D’avoir choisi de le faire et d’être satisfait d’avoir réussi.
Cette tâche va permettre à Pierre de comprendre, quand il arrive à faire des choses seul, il se sent
moins incapable.
Aussi, cela va lui permettre de s’apercevoir de ses ressources et d’apprendre à les utiliser pour se
soulager.
(Fin de la première séance)

Je souhaiterais persuader le patient par différent type de communication selon sa résistance et ce qu’il
amène à la séance, obtenir un changement de réalité de la part de Pierre.
Qu’il passe d’une réalité dysfonctionnelle à une réalité fonctionnelle.

35
Je dois être en mesure de reproduire et utiliser le langage de Pierre. Pour une profonde syntonie avec
mon patient, je dois adapter mes modalités de communication selon qu’il soit en état de dépression ou
selon qu’il soit dans le changement de type 1 ou 2 C’est par le biais de cet échange, du dialogue
stratégique de cette rencontre ; qu’on arrive à faire changer le point de vue de notre interlocuteur.

Réalisons un point sur le type de résistance de Pierre ; Nous avons vu qu’il souhaite collaborer mais
ne peut pas car il est empêché.
Avec Pierre j’utilise un langage analogique qui vise à toucher les émotions.
J’utilise des manœuvres indirectes qui reposent toutes sur cette stratégie qui est de “Sillonner la mer à
l'insu du ciel”. C’est par le recadrage de sa peur et de sa demande d’aide qu’il changera de réalité.

« Cette technique est indirecte. L’art consiste à distraire son attention de ce qui est réellement
important ou de faire quelque chose d’inoffensif en apparence, mais qui, cependant, produit de grands
effets. »
Nardone, Chevaucher son tigre, p.43

Pierre vient de faire un « cadeau » exceptionnel à sa thérapeute (cf Ritterman.M)

Pour finir je lui soumets la grille SRS en appuyant fortement sur le fait que ses réponses pourront
m’aider à améliorer la conduite de notre prochain entretien. Pierre évalue la séance à 8. Car « Nous ne
nous connaissons pas encore très bien »
Nous prenons le prochain rdv deux semaines plus tard.

Je conclu que l’alliance thérapeutique a fonctionné et doit continuer d’être renforcée afin d’avoir un
levier (de recadrage) suffisant quand j’en aurais besoin.
A la fin de cette première séance qui fut dense (1h30), grâce aux questionnement stratégique, j’ai pu
remplir le schéma interactif du patient (ANNEXE 2).

DÉBLOCAGE DE LA PATHOLOGIE : PRESCRIPTION DU SYMPTÔME


Séance 2
Pierre arrive en séance essoufflé, se plaignant de ses douleurs. Il s’assoit à la place choisie la fois
précédente
Je commence la séance en lui présentant la grille ORS, Il évalue son bien-être à 5.
Je poursuis en revenant sur la prescription que je lui ai faite.

36
Il me dit qu’il a respecté la prescription sur les objectifs et qu’il a même fait les 3 objectifs du matin
sans contrariété et avec enthousiasme. Il ajoute avoir téléphoné à ses enfants.

Je lui demande au passage si sa compagne en a toujours marre de ramasser derrière lui, il me répond
que cela est fini.
La prescription semble avoir porté ses fruits, Pierre apparaît agissant face à ses évitements.
Il a vaincu une expérience émotionnelle correctrice (Alexender, French, 1980 P.66)

Par la suite, je vais essayer de renforcer cette nouvelle manière de réagir face à son problème.
Pierre se plaignant de ses douleurs et étant angoissé par son état, je lui propose de faire ce que Régis
DUMAS appelle le HMA (hypnose, mouvement alternative minute)
Cette méthode est très efficace pour le post trauma mais aussi pour dé potentialiser la souffrance du
patient.

Processus :
Th : “Qu’est-ce que vous ressentez ?
P : “j’ai mal” Tapping (le patient tapote sur ses bras croisés sur les épaules ou parallèles sur les
jambes)
Qu'est-ce que vous aimeriez ressentir à la place ? “de l’apaisement” Tapping - très bien, très très
bien
Maintenant qu’est-ce que vous ressentez ? »
P : “je me sens très bien”
Th : « Ok très bien, restez avec ça » + tapping
Vérification de la douleur : Th : ” à l’endroit où vous aviez cette sensation dans les jambes, que
ressentez-vous ?” - “rien” - très bien, c’est parfait, restez avec ce calme, cet apaisement. Après avoir
pris trois grandes inspirations différentes des précédentes, vous pouvez commencer à étirer vos
mains, votre nuque et à réouvrir vos yeux tranquillement à votre rythme.”
À présent, Pierre n'est plus douloureux et moins angoissé, nous pouvons poursuivre la séance
tranquillement. Nous voyons ici que Pierre a les ressources nécessaires pour être attentif à ses
sensations et émotions positives. Celles qu'il cherche à vivre plus souvent ce qui serait l'indice de la
résolution de son problème, je prends soin de lui faire souligner ce point.

37
Je redéfinis avec Pierre les premiers changements. J’encourage Pierre à la poursuite d’un changement
progressif.
Pour cela, je lui propose en séance la tâche suivante :
« Si vous deviez évaluer aujourd’hui votre situation sur une échelle de 0 à 10, où 0 correspond à la
situation telle qu’elle était pour vous lors de notre premier rendez- vous, et où 10 correspond à la
réussite de la thérapie pour vous, quelle note donneriez-vous à votre situation telle qu’elle est pour
vous aujourd’hui ? » Shazer et Berg, (1992).
Le patient réfléchi et me dit qu’il ne sait pas ».
Moi : « Je comprends la question n’est pas évidente. Si vous deviez la nommer cette échelle, vous lui
donneriez quel nom ? Par exemple, l’échelle de l’espoir, l’échelle de la vie, l’échelle de l’effort… un
mot qui correspond à ce que vous voudriez qui change ? »
Ici j'introduis de l’espoir thérapeutique au patient
Le patient répond rapidement avec assurance « l’échelle de la vie, je souhaite reprendre ma vie.
« Sur cette échelle de la vie, avez-vous fait des choses depuis notre première rencontre ?
P : « Oui »
Moi : « d’accord vous estimez avoir gravi combien de marches ? » Le patient me répond une.

Je lui demande alors quel serait le prochain petit objectif pour gravir la prochaine marche et arriver à
deux ?
Je me servirai de cette échelle comme prescription entre les deux séances. « D’ici à la prochaine fois
que nous nous verrons, je voudrais que tous les jours, pendant la journée, vous observez ce qui arrive,
à la recherche de n’importe quel indicateur qui pourrait vous faire dire que les choses sont passées
spontanément de 2 à 3 « sur notre échelle de la vie ».

Et chaque soir, vers 17 h, faire l’auto-évaluation suivante : si quelque chose est arrivé spontanément
qui puisse vous amener à dire que vous avez franchi une étape, alors vous n’aurez rien à faire et
pourrez reporter la question au lendemain.

Mais si, à 17h00, rien ne s’est passé spontanément dans la journée pour passer de 2 à 3, alors vous
devrez, au cours du reste de la soirée, faire/ identifier volontairement quelque chose qui vous fera
passer de 2 à 3, mais pas au-delà de 3 »

38
Cette technique permet au patient de réaliser un petit pas après un autre petit pas. Chaque petit pas ou
quand l’échelle augmente de « 1 », est un objectif SMART (Spécifique Mesurable Ambitieux Réaliste
et Temporel) pour le patient.
Effectivement nous verrons par la suite tous les petits objectifs réalisés par Pierre.
En effet « un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » (citation du philosophe
chinois Lao Tseu (604-531 avt J.C) extraite. Du Tao Te King (« le livre de la voie et de la vertu »)
Peut-être que le patient trouvera des solutions à son problème. Même si Pierre est résistant aux
changements
Pour cela Pierre doit commencer par le pas le plus simple (les 3 petits objectifs à noter en début de
journée, prescrit à la première séance, afin de faire le plus petit ; indirectement cette tâche l’aide à
appliquer au mieux notre “échelle de la vie”).

« La Thérapie du Possible’’ : Les Hypothèses de Bill O’Hanlon


Les clients ont des ressources et des points forts pour résoudre les problèmes
Souvent les clients, submergés par les difficultés de leur vie, perdent de vue leurs capacités à résoudre
les problèmes. Ils peuvent simplement avoir besoin qu’on leur remette en mémoire des outils qu’ils
possèdent déjà pour développer des solutions durables et satisfaisantes
Je propose à Pierre de me décrire ce qu’il n’est plus capable de faire. Il s’accable, parle beaucoup.
Je l’écoute attentivement et le rejoint sur sa position par « je comprends, il est légitime de ressentir
cela, vous avez quand même perdu l’usage normal de vos jambes. En plus avec ses douleurs, vous
perdez l’usage de votre vie »
Quand il a fini son récit, je reformule par une paraphrase et utilise un recadrage instillant le doute en
terminant par : « Comment allez-vous faire pour supporter de ne plus avoir la vie que vous aviez
avant?
Pierre est désemparé. J'emploie cette technique pour lui faire changer de perception
Th : « Que sentez-vous Pierre dans votre corps ? »
P : « Je ne sais pas j'ai très mal aux jambes, comme des décharges électriques. »
Si la stratégie de Pierre pour calmer ses douleurs incessantes et de la rejeter toute la journée malgré
ses efforts, ces dernières réapparaissent le soir encore plus fortes, comme un boomerang.

Il est nécessaire de tenter l’inverse, « convoquer la douleur ».


J'imagine une prescription paradoxale. Le virage à 180° : mon idée est de prescrire à Pierre sa douleur.

39
L’invité à se rendre à lui quand Pierre lui demande. C'est-à-dire deux fois par jour pendant 15 minutes.
Il demande à sa douleur de venir à lui comme un « hasard planifié » nommé par Watzlawick en 1981.

La logique de l'école de Palo alto est irréfutable : lorsque le patient adopte une TDS dysfonctionnelle,
en l'occurrence pour Pierre tenter de ne plus avoir mal en refusant la douleur, cela ne fonctionne pas.
Il est rigoureusement nécessaire d’opter pour le contraire et d’adopter une nouvelle stratégie, je pense
donc au virage à 180°.
La séance se poursuit en adoptant cette stratégie. « Pierre, je sais que vous allez trouver ma position
absurde, mais je pense qu'il faut qu'on essaye de faire l'inverse de ce que vous faites…
Th : “C’est sûrement un peu fou comme proposition, mais vous êtes d’accord qu’on n’a rien à perdre,
Non ? Qu’en pensez-vous ?"
P : « Je trouve ça, étrange, et je ne comprends pas comment faire, j’ai tout le temps mal »
Th : « Oui, je sais, ça vous parait étrange. Mais peut être qu’ensemble, vous et moi pouvons
considérer votre douleur comme une information.
Peut-être que votre douleur à des choses à vous dire ? Et si c’était le cas et que ne nous l’écoutions
pas, peut-être qu’elle se bat pour vous transmettre un message.
Et peut-être inversement, en essayant de l’écouter régulièrement, elle surviendra moins fort la nuit. »

Il m’autorise à lui raconter ce que j’ai ressenti la première fois que j’ai dû convoquer ma douleur. Je
lui ai parlé, j’ai essayé de l’apprivoiser comme le petit prince avec la rose. Tout en laissant le suspens
de la fin. Je ne sais pas si votre douleur est la même, peut être que ça ne fonctionnera pas, je ne sais
pas, vous savez comme moi, que chaque cas est différent.

Il y a deux leviers thérapeutiques majeurs à cette tâche. Le premier, consiste à ne pas lutter contre la
douleur mais au contraire à l’accepter et même à l’accueillir. Et ceci à des moments programmés,
comme on peut le faire pour des pensées intrusives.
Le deuxième levier est de donner du sens à chaque manifestation d’une sensation douloureuse. Ce qui
peut faciliter l’appréhension à appeler sa douleur mais peut aussi donner une fonction concrète à
l’action.
Je termine la séance par une induction hypnotique.
Pour avoir toutes les informations nécessaires à la séance du patient, je le questionne sur un moment
où il s’est senti sans ses problèmes de douleurs ou problèmes liés à la maladie.
Pierre réfléchit, comme à la dernière séance. Il me dit avec soulagement et fierté : « quand j’ai pris
mon téléphone pour prendre rdv avec vous et que j’ai réussi à venir, je me suis senti vivant »

40
On comprend par-là que le patient est en changement de type 2. Il est content d’avoir pris l’initiative
de venir en thérapie et aussi de vivre les premiers changements.
Je lui fais des suggestions de lieu comme dans son enfance, un moment dans la nature, un moment
accompagné de personnes aimantes et non jugeantes.
Je fais intervenir cette fois un tiers secure.

Dans ce temps, pendant la transe du patient, nous l’invitons à prendre contact avec chacun de ses sens.
Pas seulement ce qu’il voit mais regarde, ce qu’il ressent mais sent, (…)
Après cette induction, le patient se sent systématiquement léger.

Cette séance d’hypnose a pour but de remettre le patient en relation avec un tiers sécure. Un tiers
rassurant, de confiance, dans le non-jugement. Ce moment de bienveillance et de compassion qu’à le
patient pour lui-même va à l’inverse de l’appréhension de son quotidien. Le but est que le patient se
réapproprie ses ressources et les utilisent lors des soins (structure et/ou avec un personnel qui n’est pas
dans le relationnel mais que dans la partie médicale du soin (technicien en IRM non rassurant, piqûres
douloureuses, injection, rapport à la maladie difficile, enfermement dans une structure….
« La prescription du symptôme doit beaucoup […] aussi aux études de double contrainte de
Bateson.G, Bateson et coll., (1956) et à la diffusion successive qui a eu lieu grâce à l'école Palo Alto,
Watzlawick et coll.,(1974). Cette action communicative est en effet un cas de double contrainte et,
dans ce cas spécifique, de double contraint thérapeutique ; à bien distinguer de la double contrainte
pathologique. Si dans la double contrainte pathologique, on aboutit à l'échec, dans celle thérapeutique
on a une solution valide. » Vitry.G (2019). Stratégie de changement, p.126.
Je l’aide dans sa pathologie, grâce à la double contrainte thérapeutique. Car les événements sont
planifiés et dirigés par les questions ciblées, qui semblent tout à fait fortuites aux patients.
A la fin de cette deuxième séance, je fais le point avec Pierre sur les prescriptions de tâches
comportementales : direct : les 3 petits objectifs, « éviter d’éviter » permettront de réaliser au mieux la
tâche de l’échelle ; et de la tâche paradoxale : convoquer la douleur.
Nous convenons d'un troisième rendez-vous dans 15 jours.
Puis d’un quatrième de nouveau dans 15 jours.

CONSOLIDATION ET RÉORGANISATIONS DES RÈGLES DU JEU

3ème et 4ème séance


Le patient arrive en séance avec le sourire, la seule plainte émise est celle du trajet

41
J’ai mis en place une relation de bienveillance avec le patient où je le laisse se plaindre, de ce fait il
sent qu'il est autorisé à se plaindre. (Idée du professeur Wampold)
Il est content et en remplissant le questionnaire ORS, à chaque item, il me dit qu’il se sent mieux dans
sa vie.

D’un point de vue « personnel » le patient se sent bien, il s’évalue à 7 et est heureusement surpris de
ses progrès.
Sa relation de couple s'améliorant par effet de rebond, il arrive désormais à se prendre en main pour ce
qui lui est possible de faire.
Il a évité d’éviter et diminué sa demande d’aide envers sa compagne
Il me précise avoir vu ses 3 enfants et les contacte régulièrement.
Socialement, il est très fier de son inscription à mon association. Il y est venu à plusieurs reprises pour
partager un repas, participer à un groupe de parole et à un atelier d'art thérapie.
Administrativement, Pierre a réussi à remplir et à envoyer son dossier médical.
Il arrive à sortir et marcher en béquille. Il va à la Kiné deux fois par semaine.
De plus, il a pris contact avec une cousine victime d’un AVC, qui a des difficultés avec ses douleurs
chroniques. Il fait du vélo d’appartement trois fois par semaine en Visio avec sa cousine
Globalement le patient se sent mieux, avec moins de douleurs physiques. Il est très motivé par le
changement visible.
Quand je fais un point avec le patient concernant le rdv avec sa douleur, les premières fois cela lui a
semblé « un peu bizarre » de convoquer sa douleur.
Au gré des jours, le patient, petit à petit, est très surpris de la réaction de son corps.
Car celui-ci ne répond pas systématiquement à l'appel de la douleur.
« Le traitement fonctionne car il ne fonctionne pas » Nardone et Salvini, (2013)

Je constate avec satisfaction que Pierre accepte sa maladie ou les douleurs.


Le traitement par le symptôme est particulièrement efficace pour le traitement thérapeutique.
Ensuite je fais un point avec Pierre concernant son « échelle de la vie » en lui demandant à quelle
marche il était depuis la dernière fois ? Pierre me dit à 7.
L’échelle donne la perspective du changement au patient de son problème. Le patient voit sa
progression et se motive par cette idée réelle du bon fonctionnement de la thérapie.
Les prescriptions précédentes ont porté leurs fruits. Le patient est dans le changement thérapeutique.
Pierre est très heureux de ces changements. « Je me sens vivant ». Je demande à Pierre quelle est sa
sensation quand il prononce cette phrase il me répond de la fierté. Je lui fais remarquer que c'est

42
encore probablement très fragile mais qu'il semble vivre une réelle transformation. J'ajoute que s'il y a
des rechutes et qu'il y en aura sûrement, maintenant il sait qu’il a les ressources nécessaires et
comment les utiliser.

Je prépare Pierre aux prochains moments difficiles qu’il ne manquera pas de rencontrer. L’idée est
d’amorcer la phase de la consolidation comme indiqué dans l’étape 3 du modèle avancé des thérapies
brèves Nardone, Portelli, (2012), p 36-37.
La récapitulation et le rappel de la prescription visent à nouveau à mettre en œuvre l’effet de récence,
toujours avec l’idée que ça colore ses pensées dans les heures et jours qui suivent la séance

5ème séance
Il sort d’une hospitalisation de deux semaines où il a subi une opération en raison d’une infection.
Durant son hospitalisation, mon client m’a averti et m’a demandé des conseils.
En effet, cette rechute le ramène à sa réalité de premier ordre : les soins en urgence et la fatigue qui
l’accompagnent.

Pierre m’a demandé une séance en Visio de l'hôpital que j’ai bien évidemment accepté.
Je donne de l’écoute et de l’importance à l’évènement.
Je réinstalle le lien sécure. Je réconforte le patient sur son état et sur le moment dur qu’il va passer et
qu’il aura encore à passer.
A son retour au domicile, trois semaines après, nous avons eu une courte séance en Visio.
Le patient est désespéré, “j’ai tout perdu”, “je n’y arrive plus, c’est trop difficile, les douleurs sont
trop présentes”
Durant cette séance, je reformule ce que me dit le patient et je mets l’accent sur une difficulté plus
grande qui l’attend s’il continue dans cette réalité.

Je fais “imaginez le pire” au patient.


Et je recadre : « Je comprends, ce que vous traversez est très difficile. C’est normal vous avez subi
une opération, l’infection fatigue le corps car il se bat contre elle. Donc si je comprends bien vous
allez vous retrouvez alité ? et ensuite ? Une personne va devoir vous changer les couches, c’est bien
cela ? » (Pause) -
Le patient pleure. « je sais Pierre, la réalité de la maladie est difficile. Qu’allez- vous faire ? »
Nous terminons la séance sur cette question.
Une heure plus tard, le patient m’envoie un message : « Merci Marie-Aude pour le recadrage ».

43
FIN DE LA THÉRAPIE “FIN DE PARTIE”

6éme séance
A la séance suivante, le patient arrive boosté malgré les douleurs qui l’accompagnent.
Nous faisons un point sur les stratégies de changement qui ont déjà fonctionné auparavant.
- “éviter d’éviter” (ce qui implique de ne pas demander d’aide à sa femme)
- Les 3 petits objectifs. Et nous faisons un point sur l'échelle et sur les acquis de changements
(changement de type 2) du patient.
- Convoquer la douleur deux fois par jour 15 minutes et nous convenons de la convoquer
avant chaque sortie.

Pierre a réussi à trouver une homéostasie dans ses douleurs chroniques et sa vie.

Deux questions me viennent, celle du cadre d’intervention dans les longues pathologies.
La prise en charge du patient en thérapie dite brève.
Avec ce type de personnes avec des pathologies lourdes, n’est-il pas envisageable d’accompagner le
patient de manière ponctuelle, en restant à l’écoute de ses besoins ?
Il est encore dans la victimisation quand ça ne va pas. Pour en sortir, je pense qu’il est important qu’il
puisse décharger par écrit tout ce qu’il ne peut plus faire, « la contemplation du désastre. ». Qu’il
puisse exprimer sa tristesse, sa colère, sa peur.
Qu’il observe ses émotions, où sont-elles dans son corps, comment peut-il y faire face et les accueillir.
La thérapie se consolide. Je lui propose de l'accompagner de manière ponctuelle tous les 2 à 3 mois
selon ses besoins. Nous vérifierons sa qualité de vie.

44
SYNTHÈSE & CONCLUSION

Au cours des séances de mon patient Pierre, comme avec les autres patients de mon association, j’ai
appliqué la méthode de la thérapie systémique stratégique apprise au LACT ces trois dernières années
ainsi que l'hypnose Ericksonienne.
Dans le suivi de patients, la constitution d’une relation thérapeutique sécure facilite le changement du
système. La thérapie systémique stratégique s’efforce de se servir de la réalité du patient pour l’aider à
surmonter ses problèmes. Grâce au dialogue stratégique, nous utilisons la résistance du patient pour
cesser ses habitudes d'évitement et de contrôle souvent dû à leur système de croyance. Ainsi nous
obtenons des changements de réalité de deuxième ordre du patient.
Les patients atteints de douleurs chroniques de type neuropathique ont souvent de lourds traitements
associés. Les thérapies brèves sont une méthode qui accompagne le patient au changement de manière
durable et permanente. A travers cette approche, les patients trouvent des outils sur mesure à leur
problématique. Ces changements contribuent à la baisse des traitements de la douleur (de type opiacé,
morphinique ou kétamine) et des traitements psychopathologiques (de type antidépresseur).

Les deux premières séances sont souvent les plus longues. Afin de favoriser l’alliance et de consolider
la relation thérapeutique, il est préférable, en début de thérapie, de définir une stratégie de « petits
pas ». Cette relation thérapeutique va permettre au patient d’assurer la première marche de son
changement et d’insuffler les marches suivantes.
« L’objectif de cette phase de la thérapie est d’introduire le premier changement important dans la
situation symptomatique vécue par le patient.
En d’autres termes, faire en sorte que le sujet vive pour la première fois une expérience concrète
différente par rapport à sa pathologie.
Cette expérience émotionnelle correctrice le conduira à avoir une perception différente de la réalité,
jusqu’alors vécue comme incontrôlable et ingérable, à présent expérimentée comme contrôlable et
gérable.
Il est clair que ce ne sera pas encore la guérison complète mais l’ouverture d’une fenêtre sur une
nouvelle réalité à construire sans la pathologie ».
Nardone G., Watzlawick R, Stratégie de la thérapie brève, Paris, éd. du Seuil, 2000, p. 246.

Les patients atteints de douleurs chroniques doivent d’abord passer par le deuil de leur vie d’avant,
sans cela le patient est dans la plainte qui le ronge et donc dans la victimisation.
Ensuite, le patient peut se poser la question : “comment accueillir la douleur”.

45
Dans un parcours de longue maladie accompagnée de douleurs chroniques, la prise en charge est
pluridisciplinaire. Le système se compose de différents acteurs médicaux (neurologue, médecine
interne, dermatologue, algologue, psychologue, kiné, infirmière, ambulancier…).
Comment peut-on intégrer une relation thérapeutique sécurisante dans le système interactionnel de
soignants autour du patient ?
Dans l’objectif d’une meilleure prise en charge globale du patient, quelle serait la place de
l’apprentissage de la systémique chez tous les acteurs du système médical ?

46
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE

 Bardot, E., Bardot, V., Roy, S. (2022). De l’HTSMA à la Thérapie du lien et des Mondes
Relationnels, Satas
 Goujon, N. (2022) Chères douleurs, Solar
 Claude de Scoraille. Brosseau, O. Vitry, G. (2017). Quand le travail fait mal, InterEditions

 Fisch, R., Weakland, JH., Segal, L. (1986), Tactiques du changement Seuil


 Nardone, G. (1999). Psychosolutions, Enrick.
 Nardone,G., Portelli, C., (2012). La connaissance par le changement, Satas.
 Nardone, G. (2008). Chevaucher son tigre, Seuil.
 Virot, Revue Hypnose & Thérapies Brèves, 2009
 Vitry, G., Garcia-Rivera, T., de Scoraille, C., Paoli, B. Brosseau, O. (2019). Stratégie de
changement, 16 prestations thérapeutiques, Érès.
 Watzlawick, P., Helmick, Beavin, Jackson, (1972) Une logique de la communication.
 Watzlawick, P., Nardone, G. (2000). Stratégie de la thérapie brève, Seuil.
 Watzlawick, P., Weakland, J., Fisch, R. (1975). Changement, Seuil.
 Watzlawick, P. (1980). Le Langage du changement, Seuil.

 Wittezaele, JJ., Nadorne, G. (2016). Une logique des troubles mentaux.


 Wittezaele, JJ., Garcia-Riviera, T. (1992). A la recherche de l’école de Palo Alto, Points.

47
ANNEXE 1 SCHÉMA SÉQUENTIEL DES QUATRE ÉTAPES

Nardone G, Portelli C, (2012), p.35-37.

- Première étape : début du jeu


Objectifs :
1. Définition du problème
2. Identification de la forme spécifique de résistance, captage suggestif de l’attention du patient,
établissement d’une relation thérapeutique basée sur la confiance et le désir de collaboration
3. Examen des « tentatives de résolution (solutions) de problèmes » ratées et déconstruction du
système rigide de perception-réaction du patient
4. Accord sur les objectifs
5. Première manœuvres thérapeutiques (questionnement à finalité́ discriminatoire, paraphrase,
recadrage et prescriptions)

Stratégies :
1. Dialogue stratégique (questions ciblées et sélectives et paraphrase sur le mode interrogatif).
2. Recadrage de la persistance du problème
3. Recadrage orienté vers le changement du système de perception-réaction et des tentatives de
résolution ratées
4. Prescriptions

Communication :
Langage à fort pouvoir suggestif et hypnotique (sans transe) ; langage injonctif-performatif ; question
suggérant l’illusion de choix. Technique de synchronisation (utilisation de la logique du patient)

Deuxième étape : déblocage de la pathologie


Objectifs :
1. Redéfinition des premiers changements
2. Encouragement à la poursuite d’un changement progressif
3. En l’absence de changement, utilisation de stratégies finement ajustées dans le but de mettre
fin aux tentatives ratées de résolutions de problèmes et d’amorcer le changement de
perception-réaction rigide du patient
Stratégies :
1. Recadrage (cognitif, paradoxal, provocateur, instillant le doute).
2. Prescriptions comportementales (directes, indirectes, paradoxales).
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3. Utilisation des métaphores, anecdotes, histoires, aphorismes, redéfinitions explicatives.
4. Redéfinition des changements obtenus.

Communication :
Langage à fort pouvoir suggestif et hypnotique (sans transe) ; langage injonctif-performatif.

Troisième étape : consolidation et réorganisation des règles du jeu


Objectifs :
1. Mesurer les effets, consolider les résultats ou éventuellement modifier la stratégie.
2. Nouveaux changements progressifs à poursuivre jusqu’à ce que les objectifs soient atteints.
3. Système de perception et réaction de la réalité́ du patient moins rigide.

Stratégies :
1. Redéfinition des changements obtenus et nouveaux encouragements dans le sens de
l’autonomie personnelle.
2. Perceptions comportementales directes ou indirectes (sur un mode d’expression de moins en
moins injonctif).
3. Recadrage.

Communication :
Le mode de communication devient graduellement moins hypnotique et moins injonctif pour favoriser
de manière indirecte le développement de l’autonomie personnelle.

Étape 4 : fin de partie


Objectifs :
1. Le patient doit assumer pleinement son autonomie personnelle.
2. Accent mis sur les ressources et la responsabilité́ personnelle du patient pour surmonter et
résoudre le problème.
3. Fin de l’intervention qui comprend trois séances de suivi après respectivement trois mois, six
mois et un an.
Stratégies :
1. Explication détaillée du travail exécuté et explicitation du processus de changement qui a eu
lieu

Communication :

49
Fonction déclarative, descriptive de la langue et ton familier.

ANNEXE 2 : SCHEMA INTERACTIONNEL DE PIERRE

50
RESUME

L’importance du lien thérapeutique dans l’approche systémique et stratégique : Favoriser le


changement avec un patient atteint de douleurs chroniques.

Résumé :

J’ai décidé de baser mon mémoire sur l’importance du lien thérapeutique, sur la qualité essentielle de
celui-ci nécessaire à la réussite de la thérapie.
En mettant en exergue l’importance de la communication stratégique et la qualité de son dialogue
associé.
Je m’attache par conséquent aux résistances du patient pour adapter ma communication et renforcer
notre relation.
Grâce à ces outils nous pouvons garantir une alliance efficace.
J’ai suivi Pierre pour ses douleurs chroniques par l’approche systémique et l’outil de l’Hypnose. Pour
l’accompagner dans le traitement de la douleur chronique.
Je me suis particulièrement attachée à la relation thérapeutique sécure, facteur fondamental d’une
thérapie brève fonctionnelle.
La théorie seule ne permet pas d’établir un lien thérapeutique durable.

Importance of the therapeutic link in the systemic and strategic approach.


Promote change in a patient with chronic pain.

Summary:

I decided to focus my dissertation on the importance of the therapeutic link. Its quality is essential to
the success of the therapy.
By highlighting the importance of strategic communication and relevance of the associated dialogue.
I therefore focus on the patient's resistance to adapt my communication and strengthen our
relationship.
Through dedicated tools, we can guarantee an effective alliance.
I followed Pierre for his chronic pain, through the systemic approach and Hypnosis.
51
I accompanied him in the treatment of his pains.
I was particularly attached to secure therapeutic relationship, a key factor of a functional brief therapy.
Theory alone does not establish a permanent therapeutic link.

MOTS CLEFS

1/ RELATION THÉRAPEUTIQUE SECURE :


Le développement d’une relation thérapeutique sûre, sécurisante, dans laquelle il existe une confiance
et un rapport entre le patient et le thérapeute est important dans toutes les thérapies.

2/ TIERS SECURE :
C’est un lien relationnel sur lequel le patient peut prendre un appui
Cela intègre le tiers secure qui soutient.

3/ TRANSE :
État de dissociation hypnotique. Elle permet au patient d'être à la fois acteur du problème et
observateur de son vécu expérientiel.

4 / HOMÉOSTASIE :
État d'équilibre dynamique, où “fixité du milieu intérieur” selon l’expression du physiologue C.
Bernard. L’homéostasie est une des propriétés des systèmes : un système a tendance à maintenir
autour d’un niveau préfixé la valeur de certains paramètres intérieurs, qui sont continuellement
perturbés par des facteurs internes et externes. Le fonctionnement global du système a donc tendance
à se maintenir en équilibre, autour d’une norme de fonctionnement.
“Le même état peut être atteint à partir des états initiaux différents, par des itinéraires différents.”
Bertalanffy

6/SYNTONIE
Technique d'hypnose sans transe, introduite par Nardone dans le cadre du modèle de
thérapie systémique stratégique. Elle consiste à adopter la position relationnelle et communicative la
plus efficace afin d'amener l'interlocuteur à modifier sa position perceptive émotionnelle, en réduisant
l’angle du patient/client et sa logique, de manière à créer une impression de similitude.
La technique de l'accord, en revanche, suggère comment, pour approcher efficacement l'autre
personne ("créer l'harmonie"), il est souvent nécessaire de prendre des positions différentes et

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d'utiliser des modes linguistiques différents, complémentaires à ceux de l'interlocuteur. De ce point de
vue, le thérapeute devra utiliser un langage et des attitudes similaires à ceux du patient, plutôt
qu'identiques ou similaires, en adoptant une position complémentaire au changement qu'il veut
introduire. Face à un patient très verbeux, par exemple, le thérapeute choisira des énoncés courts mais
percutants, plutôt que longs et verbeux, afin d'éviter l'établissement d'une symétrie
relationnelle inutile. De même, face à un patient dépressif, le thérapeute devra éviter de suivre
complètement la position du patient, en introduisant plutôt une forme de communication, par
exemple de type évocateur, capable de restructurer (--> restructuration stratégique, technique de)
la perception de la réalité de la personne dès la première séance.
- BIBLIOGRAPHIE. Nardone G., Loriedo C., Zeigj K., Watzlawick P., Hypnosis and hypnotic
therapies, 2006

7/ ALLIANCE THÉRAPEUTIQUE :
Elle désigne le processus interactionnel qui lie patient et thérapeute autour de la finalité et du
déroulement de la thérapie.

8/ PERSUASION :
Faire adhérer quelqu'un à un certain point de vue en utilisant des techniques linguistiques qui
travaillent sur son inspiration, son sentiment et son plaisir (langage analogique). La personne arrive à
penser que le nouveau point de vue qu’on lui a proposé est fantastique, beau et agréable.
La persuasion est surtout un travail sur la perception et les sensations.

9/ PERCEPTION :
Processus psychologique qui permet l'intégration et la synthèse de données sensorielles sous des
formes émergentes signifiantes. Alors que la sensation peut être essentiellement limitée à la sphère
psychophysique, étant principalement liée à l'activation des récepteurs sensoriels en fonction d'une
stimulation périphérique, la perception constitue une première incursion au sein d'un niveau
éminemment psychologique, transformant les signaux élémentaires et les organisant en une
expérience significative pour l'individu. Plusieurs théories ont contribué à l'étude scientifique de la
perception ; parmi celles-ci, certaines ont proposé une conception associative de l'acte de perception,
selon laquelle l'objet reconnu est défini par induction (élaboration ascendante, bottom-up) et
correspond à la somme des stimuli les plus élémentaires.
Pour reprendre la métaphore « orchestrale » de la communication) est largement déterminée par celle
de nos partenaires, la famille (Bateson), notre culture (Goffman, Hall), et les aspects verbaux de la
communication sont largement conditionnés par les informations non verbales que nous recevons en
permanence de notre milieu (Birdwhistell).

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KEY WORDS

1/ SECURE THERAPEUTIC RELATIONSHIP:


The development of a safe, secure therapeutic relationship in which there is trust and rapport between
patient and therapist is important in all therapies.communication : Les spécialistes de la
communication rattachent l’école de Palo Alto au Collège invisible (selon l’expression créée par Yves
Winkin dans son ouvrage La nouvelle communication) c’est-à-dire aux chercheurs (Bateson,
Goffman, Birdwhistell, Hall,...) qui, à partir des années 1950, s’appuyant sur les concepts issus de
la cybernétique et de la Théorie générale des systèmes, vont proposer et développer une vision des
phénomènes de communication en rupture avec le traditionnel modèle « télégraphique » : un émetteur
adresse un message à un récepteur qui le décode. A la suite de Norbert Wiener, le père de
la cybernétique qui voyait l’univers comme « une myriade de messages à qui cela peut intéresser »,
ces chercheurs vont faire de la communication la matrice même du comportement : nous baignons
dans un flux d’informations qui nous modèlent, qui tissent un réseau dynamique et évolutif qui nous
détermine... Notre « partition personnelle »

2/ THIRD-PARTY SECURE:
It is a relational link on which the patient can take support
This integrates the secure third party that supports.

3/ TRANCE:
State of hypnotic dissociation. It allows the patient to be both an actor in the problem and an observer
of his experiential experience.

4/ HOMEOSTASIS:
State of dynamic equilibrium, or "fixity of the internal environment" according to the expression of
the physiologist C. Bernard. Homeostasis is one of the properties of systems: a system tends to
maintain around a prefixed level the value of certain internal parameters, which are continuously
disturbed by internal and external factors. The overall functioning of the system therefore tends to
remain in balance, around a standard of functioning.

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“The same state can be reached from different initial states, by different routes.” Bertalanffy

5/ SYNTONY:
Technique of hypnosis without trance, introduced by Nardone within the framework of the model of
strategic systemic therapy. It consists of adopting the most effective relational and communicative
position in order to bring the interlocutor to modify his emotional perceptual position, by reducing the
patient's/client's language and his logic, so as to create an impression of similarity.

The technique of agreement, on the other hand, suggests how, in order to effectively approach the
other person ("creating harmony"), it is often necessary to take different positions and to use different
linguistic modes, complementary to those of the interlocutor. From this point of view, the therapist
will have to use a language and attitudes similar to those of the patient, rather than identical or similar,
by adopting a position complementary to the change which he wants to introduce. Faced with a very
verbose patient, for example, the therapist will choose short but powerful statements, rather than long
and verbose, in order to avoid the establishment of an unnecessary relational symmetry. Likewise,
faced with a depressed patient, the therapist should avoid following the patient's position completely,
introducing instead a form of communication, for example of an evocative type, capable of
restructuring (--> strategic restructuring, technique of) the perception of the person's reality from the
first session.
- BIBLIOGRAPHY. Nardone G., Loriedo C., Zeigj.K., Watzlawick P., Hypnosis and hypnotic
therapies, 2006

7/ THERAPEUTIC ALLIANCE:
It designates the interactional process that binds patient and

8/ PERSUASION:
Make someone adhere to a certain point of view using linguistic techniques that work on their
inspiration, their feeling and their pleasure (analog language). The person comes to think that the new
point of view that has been offered to him is fantastic, beautiful, and pleasant.
Persuasion is above all a work on perception and sensations.
therapist around the purpose and course of therapy.

9/ PERCEPTION:
Psychological process that allows the integration and synthesis of sensory data in meaningful
emergent forms. While the sensation can be essentially limited to the psychophysical sphere, being
mainly linked to the activation of the sensory receptors according to a peripheral stimulation, the
perception constitutes a first incursion within an eminently psychological level, transforming the
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elementary signals and organizing them into a meaningful experience for the individual. Several
theories have contributed to the scientific study of perception; among these, some have proposed an
associative conception of the act of perception, according to which the recognized object is defined by
induction (ascending elaboration, bottom-up) and corresponds to the sum of the most elementary
stimuli.
To use the "orchestral" metaphor of communication) is largely determined by that of our partners, the
family (Bateson), our culture (Goffman, Hall), and the verbal aspects of communication are largely
conditioned by the non-verbal information that we constantly receive from our environment
(Birdwhistell)

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