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Travail de Bachelor pour l'obtention du diplôme

Bachelor of Sciences HES-SO en soins infirmiers


HES-SO // Valais Wallis Domaine Santé & Travail social

Les influences du travail de nuit


sur la qualité de vie des
infirmières

Réalisé par : Délèze Céline


En collaboration avec : Trummer Tania
Promotion : Bachelor 06
Sous la direction de : Mr. Dubuis Michel

Savièse, janvier 2010


Délèze Céline Travail de Bachelor Janvier 2010

Résumé

Réalisé par deux étudiantes, Trummer Tania et Délèze Céline, ce travail de


Bachelor s'inscrit dans le cadre de l'obtention de notre diplôme d'infirmière. Le
thème choisi est celui du travail de nuit des infirmières.

Cette recherche qualitative de nature exploratoire vise à identifier quelles sont


les influences du travail de nuit sur la qualité de vie socio-familiale des
infirmières travaillant uniquement de nuit. Elle a également comme but de
comparer1 si le pourcentage de travail, influence la qualité de vie socio-familiale
de ces infirmières veilleuses2.

Cette enquête a été menée au sein de quelques EMS3 et cliniques du Valais


romand, auprès d'infirmières travaillant uniquement de nuit à pourcentages
différents. Après avoir effectué et analysé huit entretiens, et après avoir
comparé mes résultats avec ceux de ma collègue Tania, j’ai pu répondre à ma
question centrale de recherche, et vérifier la validité de mon hypothèse de
départ.

Voici quelques brefs résultats de ma recherche:

le pourcentage de travail n’influence pas la qualité de vie socio-familiale des


infirmières de nuit.

les influences du travail de nuit sur la qualité de vie socio-familiale des


infirmières, sont souvent relatives à la durée et à la qualité du sommeil de
ces dernières.

Mots- clés

Infirmières veilleuses - travail de nuit - qualité de vie - sommeil - famille - fatigue

1
Cette recherche a pour but de comparer des résultats, mais pas au sens méthodologique du terme.
Mon but est de faire ressortir certaines tendances, un certain profil.
2
Par infirmières veilleuses, j’entends les infirmières qui travaillent uniquement en horaires de nuit.
3
EMS : établissements médicaux sociaux

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Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes sans qui ce travail n’aurait pas pu être
élaboré :

 Monsieur Dubuis Michel, mon directeur de mémoire.

 Madame Schoepf Chris, responsable de la méthodologie, qui s'est entièrement


investie dans notre travail et qui nous a donné de précieux conseils.

 A ma collègue de travail et amie Trummer Tania pour sa patience et sa


motivation tout au long de l’élaboration de ce travail de recherche.

 A toutes les infirmières qui ont pris du temps pour participer à ma recherche.

 Aux responsables des institutions qui m'ont permis d’interroger les infirmières,
en me donnant leurs coordonnées et leurs disponibilités.

 A Marie-Noëlle qui m’a donné de précieux conseils. Un grand merci aussi pour
tous ces messages d’encouragement tout au long de mon travail.

 A Maryse qui a eu la gentillesse et la patience de lire plusieurs fois mon travail


afin de corriger les fautes de syntaxe et d’orthographe.

 A mon ami Gilles, qui m’a encouragé tout au long de l’élaboration de ce travail.

 A mes parents, qui ont financés mes études, sans qui je ne serais pas là
aujourd’hui.

 A tous mes amis qui m’ont soutenue durant ces deux dernières années.

MERCI !

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Informations destinées aux lecteurs

Trummer Tania et moi-même avons effectué ce travail en binôme. De ce fait,


plusieurs parties sont communes au deux travaux. Afin que vous vous
retrouviez, nous avons indiqué dans la table des matières, par des couleurs
différentes les chapitres individuelles. Les chapitres personnels sont en
orange et les parties communes sont en noir.

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Table des matières


1. INTRODUCTION ............................................................................... 1
1.1 CONTEXTE ......................................................................................... 2
1.2 QUESTION DE DEPART .......................................................................... 3
1.3 MOTIVATIONS .................................................................................... 3
1.3.1 Motivations personnelles ......................................................... 3
1.3.2 Motivations socioprofessionnelles, économiques et politiques . 4
1.4 COMPETENCES ARGUMENTEES EN REGARD DE MON OBJET D’ETUDE ............... 6
1.4.1 Compétence 5 : « Contribuer à la recherche en soins et en
santé ». ............................................................................................. 7
1.4.2 Compétence 9 : « Exercer sa profession de manière
responsable et autonome. » .............................................................. 8
1.5 OBJECTIFS PERSONNELS D’APPRENTISSAGE ................................................ 9
2. PROBLEMATIQUE ...........................................................................10
2.1 LEGISLATION DU TRAVAIL DE NUIT ........................................................ 10
2.2 TRAVAIL DE NUIT ET REPERCUSSIONS SUR LA SANTE ................................... 12
2.3 TRAVAIL DE NUIT ET REPERCUSSIONS FAMILIALES ...................................... 12
2.4 TRAVAIL DE NUIT ET REPERCUSSIONS SOCIALES ......................................... 14
2.5 ASPECTS POSITIFS DU TRAVAIL DE NUIT ................................................... 15
2.6 QUESTION CENTRALE DE RECHERCHE ..................................................... 16
2.7 HYPOTHESES .................................................................................... 16
2.8 OBJECTIFS SPECIFIQUES DE LA RECHERCHE............................................... 17
3. CADRE THEORIQUE ........................................................................18
3.1 CONCEPT DE LA QUALITE DE VIE ............................................................ 18
3.1.1 Mesure de la qualité de vie ..................................................... 20
3.1.2 Les quatre dimensions et ses indicateurs ............................... 21
3.1.3 Instrument de mesures de la qualité de vie : .......................... 22
3.2 CONCEPT DU SOMMEIL ....................................................................... 23
3.2.1 Définition du sommeil............................................................. 23
3.2.2 Les cycles du sommeil ............................................................. 24
3.2.3 Les fonctions du sommeil........................................................ 26
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3.2.4 L’horloge biologique ............................................................... 27


3.2.5 Les synchronisateurs du sommeil ........................................... 29
3.2.6 Les conséquences du dérèglement de l’horloge biologique .... 31
3.3 CONCEPT DE LA FATIGUE ..................................................................... 32
3.3.1 Définition de la fatigue ........................................................... 32
3.3.2 Les causes de la fatigue .......................................................... 33
3.3.3 Les conséquences de la fatigue ............................................... 35
3.3.4 La névrose du travailleur de nuit ............................................ 36
3.4 CONCEPT DE LA FAMILLE ..................................................................... 37
3.4.1 Définitions de la famille .......................................................... 37
3.4.2 Les différents types de famille ................................................ 39
3.4.3 La structure de la famille ........................................................ 40
3.4.4 Les facteurs influençant la famille .......................................... 41
3.4.5 Concilier vie de famille et vie professionnelle ......................... 41
3.4.6 Le rôle des parents ................................................................. 42
3.4.7 La femme d’aujourd’hui ......................................................... 42
4. METHODOLOGIE ............................................................................45
4.1 TYPE DE RECHERCHE........................................................................... 45
4.2 METHODE D’INVESTIGATION ................................................................ 45
4.3 ÉCHANTILLONNAGE ........................................................................... 46
4.4 CONSTRUCTION DE L’OUTIL ................................................................. 46
4.5 DEROULEMENT DES ENTRETIENS ........................................................... 47
4.6 PRINCIPES ETHIQUES ET PROTECTION DES DONNEES .................................. 48
5. ANALYSE ........................................................................................49
5.1 PERSONNES INTERROGEES : ................................................................. 49
5.2 VOICI UNE BREVE DESCRIPTION DES HUIT INFIRMIERES INTERROGEES :........... 50
5.3 ANALYSE DES DONNEES ...................................................................... 51
5.3.1 Première dimension : la santé physique globale ..................... 53
5.3.1.1 La santé physique globale................................................. 53
5.3.1.2 LE SOMMEIL ........................................................................ 56
5.3.1.3 La fatigue .......................................................................... 61
5.3.2 La santé psychologique .......................................................... 64
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5.3.3 Les relations sociales .............................................................. 67


5.3.4 L’environnement..................................................................... 72
6. SYNTHESE DES RESULTATS .............................................................76
6.1 SYNTHESE DES RESULTATS DE MA RECHERCHE .......................................... 76
6.1.1 La santé physique ................................................................... 76
6.1.1.1 Comparaison de mes résultats de recherche avec ceux de
Tania ............................................................................................ 77
6.1.2 La santé psychologique .......................................................... 78
6.1.2.1 Comparaison de mes résultats de recherche avec ceux de
Tania ............................................................................................ 78
6.1.3 Les relations sociales .............................................................. 78
6.1.3.1 Comparaison de mes résultats de recherche avec ceux de
Tania ............................................................................................ 79
6.1.4 L’environnement..................................................................... 79
6.1.4.1 Comparaison de mes résultats de recherche avec ceux de
Tania ............................................................................................ 79
6.1.5 Synthèse ................................................................................. 80
6.2 VERIFICATION DES HYPOTHESES ............................................................ 80
6.3 RETOUR SUR LA QUESTION CENTRALE DE RECHERCHE................................. 81
6.4 ATTEINTE DES OBJECTIFS SPECIFIQUES DE LA RECHERCHE ............................ 82
7. DISCUSSION ...................................................................................84
7.1 VALIDITE INTERNE DE LA RECHERCHE...................................................... 84
7.1.1 Choix du thème et des cadres de référence ............................ 84
7.1.2 Méthode d’investigation ........................................................ 85
7.1.3 Echantillonnage ...................................................................... 85
7.1.4 Analyse ................................................................................... 86
7.2 VALIDITE EXTERNE DE LA RECHERCHE ..................................................... 87
7.3 REFLEXIONS ET INTERROGATIONS .......................................................... 87
8. CONCLUSION ..................................................................................89
8.1 OBJECTIFS PERSONNELS D'APPRENTISSAGE .............................................. 89
8.2 FACILITES ET DIFFICULTES .................................................................... 90
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8.2.1 Facilités .................................................................................. 90


8.2.2 Difficultés ............................................................................... 91
8.3 Apports personnels et professionnels de la recherche ............... 92
8.4 Recherches futures .................................................................... 92
9. BIBLIOGRAPHIE ..............................................................................93
9.1 LITTERATURE .................................................................................... 93
9.2 ETUDES ........................................................................................... 97
9.3 ARTICLES, REVUES, BROCHURES ........................................................... 98
9.4 DOCUMENTS DE COURS ...................................................................... 99
10. CYBEROGRAPHIE ........................................................................100
11. ANNEXES ........................................................................................ I
11.1 ANNEXE 1 : REFERENTIEL DE COMPETENCES DE LA FILIERE EN SOINS
INFIRMIERS ............................................................................................... I
11.2 ANNEXE 2 LES REPERCUSSIONS BIOLOGIQUES DU TRAVAIL DE NUIT ............ VI
11.2.1 Aspect biologique ................................................................. VI
11.2.2 Aspect psychologique ............................................................ IX
11.2.3 Autres troubles .......................................................................X
11.3 ANNEXE 3 ECHELLE DE LA QUALITE DE VIE « WHOQOL-BREF » ............ XII
11.4 ANNEXE 4 GRILLE D’ENTRETIEN....................................................... XIV
11.5 ANNEXE 5 LETTRE DE CONSENTEMENT ECLAIRE .................................. XVII
11.6 ANNEXE 6 MOYENS D’EVITER LA FATIGUE POUR LE TRAVAILLEUR DE NUITXVIII
11.7 ANNEXE 7 PYRAMIDE DE MASLOW ....................................................XX

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1. Introduction

Je suis étudiante en soins infirmiers en 3ème année bachelor, à la HES-SO-Valais,


de Sion. Cette formation requiert, comme travail de fin d’études, la rédaction d’un
mémoire dont la problématique relève d’un questionnement né de notre
expérience sur le terrain4. En discutant avec ma collègue Tania Trummer, nous
nous sommes aperçues que nos idées et nos intérêts étaient semblables. Nous
avons donc choisi d’élaborer ce travail en binôme. Celui-ci est supervisé par
Monsieur Dubuis Michel, directeur de notre mémoire.

Nous nous sommes rapidement intéressées au sujet des horaires infirmiers et


plus particulièrement aux horaires de nuit. Le travail de nuit sera omniprésent
dans notre profession, et malgré cela ce sujet a été peu abordé durant nos quatre
ans de formation. Avec Tania, ce qui nous intéressait, c’était de faire un travail
comparatif entre les infirmières travaillant uniquement de nuit à un pourcentage de
60% et plus, que Tania a interrogées, et les infirmières veilleuses travaillant à 60%
et moins, dont je me suis occupées.

Notre recherche initiale est de nature qualitatif5 et exploratoire6. Notre objectif


principal est d’identifier comment les infirmières gèrent leur quotidien, et surtout
quelle sont les influences relatives au travail de nuit sur leur qualité de vie, leur
famille et leur vie sociale.

Les personnes interrogées pour notre recherche sont des infirmières veilleuses
travaillant dans les EMS et dans les cliniques du Valais romand, qui sont en
couple et qui ont au minimum un enfant.

4
Par « terrain », j’entends mes lieux de stages pratiques.
5
" La recherche qualitative est l’analyse d’un phénomène, d’ordinaire de façon complète et approfondie,
grâce à la collecte de données narratives étoffées dans le cadre d’un devis de recherche souple ".
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI. 2007. P. 17
6
" La recherche exploratoire permet au chercheur de se familiariser avec le sujet à étudier et avec les
situations dans lesquelles tel ou tel phénomène se produit. Elle permet de révéler la complexité du sujet
abordé dès lors de faire l’inventaire des variables pouvant avoir une incidence sur le processus entrepris ".
SPHOEPF, Chris. Section méthodologie et Recherches en soins infirmiers. Module 2808 Mai
2008.
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1.1 Contexte
Depuis le début de la révolution industrielle, le monde du travail vit une véritable
transformation. L’industrie, et conjointement l’homme, se doivent d’être plus actifs
et plus productifs. C’est donc au cours de la deuxième période de
l’industrialisation que le travail de nuit se développa.7 Selon l’office fédéral de la
statistique, en 2008, 220’000 personnes travaillaient à temps complet de nuit, dont
86'000 femmes.8

Dans le secteur des soins, l’activité de nuit était déjà présente avant la révolution
industrielle. Au début du siècle, la surveillance de nuit était effectuée par des
gardes malades. Ces derniers n’avaient pas de qualifications professionnelles et
devaient veiller sur le sommeil des patients, d’où l’appellation « veilleurs de nuit ».
Au fur et à mesure de l’avancée de la médecine et du développement des soins
techniques, les veilleurs ont gagné en qualifications et sont aujourd’hui des
professionnels diplômés.9

Bien que la loi définisse clairement que le travail de nuit est interdit, il ne l’est pas
dans certaines professions sociaux-médicales, dans la restauration, dans le
domaine de la sécurité, dans certaines usines et dans les boulangeries, où il est
indispensable. Malgré cela, il faut reconnaître que le travail de nuit est nocif pour
la santé et la vie sociale, comme l’attestent Carpentier et Cazamian dans leur
ouvrage.10 L’organisme n’est pas fait pour travailler de nuit et ne s’adapte que très
difficilement à ce genre d’horaires atypiques. De plus, en travaillant de cette
manière, l’infirmière vit en décalage avec sa famille, ses amis et la société en
générale. La principale question à laquelle ce travail aimerait répondre est celle de
l’influence du travail de nuit sur la qualité de vie des infirmières travaillant de cette
manière.

7
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève 1977. 90p. P.5
8
Office fédérale de la statistique. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index.html
9
BETOUT C., CARDI C., MORVANT E., PANNISSIER S.. Le travail de nuit des infirmiers : Effets sur les
conditions de vie, les pratiques professionnelles et la qualité des soins. Synthèse réalisée dans le cadre de la
préparation au Diplôme de chef de projet en ingénierie documentaire. Mai 2007
10
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p
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Par la suite, je vais vous exposer mes motivations personnelles,


socioprofessionnelles, économiques et politiques. Plus loin, vous trouverez ma
problématique et les objectifs spécifiques de ma recherche.

1.2 Question de départ


Quelles sont les répercussions au niveau familial et social sur les infirmières qui
travaillent uniquement de nuit ?

1.3 Motivations
1.3.1 Motivations personnelles

Le travail de nuit m’intéresse car dans peu de temps, je serai confrontée à ce


genre d’horaires. Ma plus grande motivation face à ce travail est de répondre en
partie à mes questions, pour pouvoir envisager ma future profession dans les
meilleures conditions possibles. Dans certaines de mes lectures,11 les auteurs
nommaient quelques répercussions générales du travail de nuit telles que
l’insomnie, la dépression, la fatigue, l’irritabilité, la baisse de moral, les troubles
digestifs, le stress, la baisse d’activités et la diminution de la vie sociale. Les
infirmières qui travaillent de nuit sont-elles conscientes de ces effets néfastes ? Y
a-t-il des moyens pour les éviter ? Si oui, lesquels ? Y a-t-il un âge où il devient
dangereux de travailler de nuit ? Comme je l’ai cité plus haut, une des
répercussions est la dépression, et nous savons que la dépression peut avoir des
conséquences dangereuses comme l’isolement social, le burnout, et même le
tentamem12. J’aimerais vraiment répondre à toutes ces questions car j’ai un intérêt
particulier pour le travail de nuit.

Il y a une autre question qui m’interpelle vraiment : quels sont les aspects positifs
du travail nocturne ? Dans notre profession d’infirmière, nous sommes souvent

11
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p
12
Tentamen : Tentative de suicide
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

confrontées au travail de nuit, c’est pourquoi il est important d’en faire ressortir
également les aspects positifs.13

Lorsque notre cycle du sommeil est inversé pendant des années notre corps en
subit-il les conséquences ? J’aimerais savoir comment une infirmière veilleuse
gère son quotidien, sa famille et sa vie sociale. Les réponses aux questions que je
me pose suscitent en moi un intérêt particulier. J’aurais aimé avoir des statistiques
pour pouvoir répondre à quelques questions (par exemples : combien d’infirmières
travaillent uniquement de nuit dans le RSV14, à quel pourcentage, depuis combien
de temps) Mais après un entretien téléphonique avec une personne travaillant aux
ressources humaines du RSV, je me suis rendue compte qu’aucune statistique ne
pouvait nous être transmise.15

Choisissons-nous notre profession en fonction des horaires ou de nos envies ?


Pour ma part, j’ai choisi le métier d’infirmière par envie, sans jamais me soucier
des horaires qui pourraient influencer fortement ma future vie socio-familiale.
Cependant, arrivant au terme de ma formation, je me projette d’avantage
qu’auparavant dans ma vie future, entre autre dans ma vie familiale.

1.3.2 Motivations socioprofessionnelles, économiques et


politiques

Durant mes stages, j’ai côtoyé plusieurs infirmières qui travaillaient de nuit. Une
d’entre elle avait choisi de travailler de cette manière, et avait un taux d’activité de
60%. Elle était très contente car c’était plus facile pour ses enfants, pour qui elle
n’avait pas besoin de baby-sitter. De plus, l’avantage financier n’était pas
négligeable.

J’ai également collaboré avec une autre infirmière qui faisait uniquement des
nuits, depuis trois ans, à 60%. Pour elle, ce n’était pas un choix mais une
obligation financière. En effet, elle était divorcée avec deux enfants. Cette

13
Une infirmière rencontrée en stage faisait des nuits par plaisir, elle aimait ça. Selon elle, cette manière de
travailler facilitait la vie de famille. Elle trouvait plus facile de ne pas avoir besoin de trouver une garderie
pour sa fille qui ouvrait avant 7h00, d’être présente la journée pour lui faire les repas, etc.
14
RSV : Réseau Santé Valais
15
Entretien téléphonique de 20 min. Notre demande d’accès au dossier concernant les statistiques des
horaires du personnel nous a été refusée.
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

infirmière voyait apparaître de la fatigue, des insomnies, une certaine irritabilité


certainement due à l’accumulation de fatigue et une diminution de la vie sociale
comme le fait de moins sortir et de moins fréquenter ses amis qui ont un rythme
de travail qui est différent. Elle disait même avoir perdu quelques amis depuis
qu’elle faisait des nuits. Le travail nocturne est récompensé financièrement, mais à
quel prix pour la santé, la vie sociale et familiale?16

Pour certaines personnes, le travail de nuit est un choix. Elles trouvent l’ambiance
plus conviviale car il y a moins de personnel, elles ont plus d’autonomie dans
l’organisation du travail et elles ont une relation différente avec le patient.17 Les
motivations des infirmières à travailler de nuit sont diverses. Elles peuvent être
personnelles, familiales et/ou financières. Les mères de famille diminuent les frais
pour leur(s) enfant(s), car elles n’ont pas besoin de les faire garder la journée.
Elles ont également plus de temps pour elles la journée, pour s’occuper des
tâches ménagères ou autres. De plus, comme cité auparavant, elles ont un salaire
plus élevé18 qu’une infirmière de jour.19 Cependant, les infirmières veilleuses n’ont
pas toujours choisi cette méthode de travail, car ce sont parfois des conditions
d’institutions en début de carrière professionnelle.20

Certaines infirmières apprécient particulièrement le travail de nuit, car elles aiment


le travail autonome, la prise de décisions, les responsabilités, ainsi que
l’atténuation des liens hiérarchiques.21 22
Certaines veilleuses disent également
apprécier le côté relationnel avec les patients, qui est différent la nuit de la
journée. En effet, des relations plus intimes se font sentir car le temps d’échange
est plus présent la nuit.23 Elles apprécient également l’ambiance, qui est plus

16
Ces témoignages ressortent de ma curiosité en stage et ne sont pas des entretiens exploratoires.
17
PERRAUT SOLIVERES A. L’infirmière et la nuit. Sciences humaines Juin 2003. N° 139. 4p
18
Les infirmières veilleuses ont une majoration salariale de 6.- par heure, de 23h à 6h.
19
CHARLES E. Dossier Infirmières de nuit : la face cachée des hôpitaux. Revue de l’infirmière Juin 2000.
Supplément au n° 61. P. 5-9
20
MATTOUT G. Les 35 heures de nuit : serpent de mer réalité virtuelle ? Gestions hospitalières. Janvier
1996. N° 252. 6p
21
LUTUMBA NTETU A, OUELLET J, TREMBLAY M-J. Au secours des infirmières de nuit. L’infirmière
canadienne. Septembre 1994. p.40-43
22
DIEBE M. Travailler de nuit. L’infirmière magazine. Juillet-août 2006. N° 218. P. 52-53
23
PERRAUT SOLIVERES A. L’infirmière et la nuit. Sciences humaines. Juin 2003. N° 139. 4p
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

calme et propice aux échanges pendant les horaires de nuit que de jour, ainsi que
la solidarité entre infirmières.24 25

Il y a donc de nombreuses raisons pour lesquelles les infirmières travaillent la nuit.


Je trouve intéressant de pouvoir récolter différents témoignages d’infirmières qui
permettront, dans un premier temps, de lister tous les aspects positifs et négatifs
du travail de nuit. Dans un second temps, j’essaierai de dégager ceux qui sont les
plus importants pour les infirmières aujourd’hui. Est-ce l’aspect économique qui
prime dans cette période de crise ? Est-ce le fait que le travail de nuit permet aux
infirmières de travailler moins pour le même salaire? Je peux déjà constater une
différence ressortant de mes deux « témoignages » dans le cadre de mes
formations pratiques. L’infirmière qui travaille de nuit par obligation a un point de
vue plus négatif que celle qui travaille de nuit par choix. Les raisons pour
lesquelles les infirmières travaillent de nuit auraient-elle un impact sur certaines
répercussions biologiques, psychologiques ou sociales ?

Une question qui m’intéresse également est celle du pourcentage. Dans les
lectures que j’ai faites, les auteurs parlent d’une multitude de répercussions
engendrées par le travail de nuit, mais ils ne stipulent pas à partir de quel
pourcentage de travail surviennent ces effets négatifs. Y aurait-il un pourcentage
au-delà duquel les effets néfastes seraient plus présents, plus importants ou
même dangereux ? Cette question deviendra par la suite l’une de nos hypothèses.

1.4 Compétences argumentées en regard de


mon objet d’étude
Mes compétences en regard de mon travail ont été créées à l’aide du référentiel
de compétences.26 Mon travail de recherche me permettra d’en développer
plusieurs, principalement les compétences 5 et 9.

24
Ibidem
25
COMMARE V, SIGNORINI F. Mieux vivre la nuit à l’hôpital. Mémoire pour l’obtention du diplôme de
l’Institut de Formation des Cadres de Santé. Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. 1999. 58p
26
Référentiel de compétences Bachelor HES-SO. Annexe 1
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 6
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

1.4.1 Compétence 5 : « Contribuer à la recherche en soins


et en santé ».

« En utilisant et en partageant des résultats de recherches dans ma pratique ».

Mon travail de Bachelor est un travail de recherche qui s’inspire d’une


problématique réelle de terrain. Le travail de nuit est nocif et pourtant il est
indispensable dans notre profession. A la fin de mon travail de recherche, j’espère
vraiment pouvoir partager mes résultats avec les professionnels de la nuit,
alimenter la réflexion et les sensibiliser à cette problématique afin qu’ils puissent
améliorer la qualité de leur travail.

« En participant à des projets de recherche et en respectant les principes


éthiques ».

Pour faire ma recherche, je me suis basée sur les réglementations


gouvernementales destinées à protéger les personnes qui participent à la
recherche.27 Avant de pratiquer mes entretiens auprès des infirmières, elles ont
clairement été informées des conditions de ma recherche : elles n’ont aucune
obligation d’y participer, elles peuvent quitter la recherche à tout moment et, tout
au long de ma recherche, l’anonymat de chacune et la confidentialité des données
sont garantis.

« En s’initiant à la démarche de recherche en lien avec une problématique de


terrain, et en participant au développement de pratiques infirmières relevant de
savoirs fondés scientifiquement».

Elaborant ma première recherche, je m’appuie tout au long de mon travail sur les
principes méthodologiques et sur les conseils reçus pendant les cours de Madame
Chris Schoepf, ainsi que sur le l’ouvrage Méthode de recherche en sciences
infirmières.28 Le travail Bachelor me permet de développer la pratique infirmière
en permettant de mieux la comprendre. Lors de nos cours théoriques nous
n’avons jamais abordé le sujet du travail de nuit, alors que chacune d’entre nous y

27
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI, 2007. P.93
28
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI, 2007.

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sera certainement confrontée par la suite. C’est pourquoi ce travail va me


permettre de comprendre un phénomène que je ne connais pas encore. Le travail
de nuit est une problématique réelle sur le terrain, et beaucoup de littératures le
relèvent. Celles-ci citent énormément d’effets néfastes pour la santé, la vie sociale
et familiale du travailleur de nuit.

1.4.2 Compétence 9 : « Exercer sa profession de manière


responsable et autonome. »

« En intégrant régulièrement les nouvelles connaissances et technologies dans sa


pratique ».

Dans le milieu médical tout évolue très vite et il est indispensable, pour faire ce
métier, de connaître les nouvelles technologies et d’intégrer les nouvelles
connaissances. Pour pouvoir exercer ma profession de manière autonome, je me
dois d’être réflexive, donc de me poser la question suivante: quelle est la meilleure
manière pour moi de travailler ? Quand j’aurai la réponse à cette question, je
pourrai envisager au mieux ma future vie professionnelle et travailler de manière
efficace et autonome. En faisant mon travail Bachelor, je vais accroître mes
connaissances du travail de nuit et être ainsi en mesure d’éviter certaines
répercussions néfastes.

«En contribuant à la défense des conditions de travail favorables à un exercice


professionnel de qualité et au développement de la santé en général ».

Il est indispensable, dans la profession d’infirmière, d’être bien avec soi même
pour pouvoir soigner les autres de manière optimale. Il est important que nous
conservions notre santé afin d’être des professionnels efficaces. Cette
compétence va être acquise dans mon travail de Bachelor afin en comprenant et
en proposant des solutions aux nuisances que pourrait engendrer le travail de
nuit.

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

1.5 Objectifs personnels d’apprentissage


Pour présenter mes objectifs personnels d’apprentissage, je vais recourir à la
taxonomie de Benjamin Bloom.29

A la fin de mon travail de recherche, j’aurai atteint les objectifs suivants :

Développer mes connaissances au niveau du sommeil, de ses troubles et de


ses répercussions.

Transférer les connaissances méthodologiques théoriques et les appliquer.

Pratiquer un pré test et huit entretiens semi directifs auprès d’infirmières


veilleuses, afin d’identifier et de nommer les influences du travail de nuit sur la
qualité de vie socio-familiale des infirmières exerçant avec un pourcentage de
60% et moins.

Analyser mes huit entretiens, en parallèle avec ceux de Tania et comparer les
répercussions sur les infirmières qui travaillent de nuit à 60% et plus avec celles
qui travaillent à un plus faible pourcentage, soit en dessous de 60%. En faire
ressortir les différences et les similitudes. Cette analyse va nous permettre de
définir le pourcentage à partir duquel des répercussions apparaissent.

Synthétiser ma recherche et mettre en lien les résultats escomptés avec le


cadre théorique, puis conclure mon travail en faisant ressortir les points clés.

Evaluer mon travail de recherche et m’auto-évaluer, en ayant un regard critique


sur celui-ci.

29
Objectifs spécifiques de la recherche élaborés à l’aide de la taxonomie de Benjamin Bloom.
http://www.erudium.polymtl.ca/html-fra/education/education4d.php
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2. Problématique
2.1 Législation du travail de nuit
La loi stipule que : « L’employé-e occupé-e à un service du soir, de nuit, du
dimanche ou de jours fériés perçoit une indemnité (art.23a.1). Les jeunes en
dessous de 18 ans révolus ne peuvent être occupés au service ou au piquet de
nuit, ainsi que, à leur demande, les personnes de plus de 55 ans (art. 23a.2)».30
« Durant les huit semaines qui précèdent l’accouchement, il y a interdiction
d’occuper une femme enceinte entre 20h00 et 06h00».31 « Est réputé travail du
soir, le travail effectué entre 20h00 et 23h00 et travail de nuit celui effectué entre
23h00 et 06h00 (art. 23a.3). L’indemnité pour le travail de nuit s’élève à Fr. 6.00
heure32 et est non cumulable avec les indemnités de dimanche, jours fériés et
piquet et vise versa (art.23a.4-art.23a.5)».33

La loi stipule également que le travailleur de nuit, qui est occupé pendant plus de
25 nuits par an, a droit à un examen médical préventif qui vise à évaluer les
principaux problèmes de santé liés à son travail et à y trouver des solutions.34 « Le
travailleur de moins de 45 ans peut faire valoir ce droit tous les deux ans et
chaque année à partir de 45 ans».35

Selon la loi, le travail de nuit est interdit, mais des dérogations ont été accordées,
entre autre, dans le milieu de la santé. Le RSV a également obtenu des
dérogations temporaires permettant de travailler en douze heures, de nuit.36

30
SCIV, SSP/VPOD, SYNA. Convention collective de travail, Réseau Santé Valais, 2007-2009, [en ligne].
Adresse URL :
http://www.rsv-gnw.ch/fr/portrait/emploi/social/Documents/cct2007_2009.pdf
31
Ibidem
32 er
A partir du 1 juillet 2009, auparavant cette rémunération s’élevait à 5.50.- par heure.
33
SCIV, SSP/VPOD, SYNA. Convention collective de travail, Réseau Santé Valais, 2007-2009, [en ligne].
Adresse URL :
http://www.rsv-gnw.ch/fr/portrait/emploi/social/Documents/cct2007_2009.pdf
34
Propos de Monsieur Glassey Stéphane, adjoint administratif au service de la protection des travailleurs.
Entretien de 50 minutes le 9.10.2009.
35
SCIV, SSP/VPOD, SYNA. Convention collective de travail, Réseau Santé Valais, 2007-2009, [en ligne].
Adresse URL :
http://www.rsv-gnw.ch/fr/portrait/emploi/social/Documents/cct2007_2009.pdf
36
Propos de Monsieur Zufferey Bertrand, secrétaire général aux syndicats chrétiens à Sion. Entretien de 45
minutes, mars 2009.
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Supprimer le travail de nuit dans les hôpitaux est inconcevable. Les patients
demandent des soins 24h sur 24. Selon nos observations, certaines institutions,
principalement les EMS, travaillent essentiellement avec des infirmières
veilleuses. Les hôpitaux du RSV, eux, au contraire, travaillent essentiellement
avec des équipes qui travaillent en rotations nuits-jours.37 Ces observations ont
été confirmées par M. Glassey38.

Le travail dans les établissements hospitaliers est exigeant et demande la


présence de personnel les jours fériés, les dimanches et les nuits. Ces éléments
sont stipulés dans le contrat de travail, mais à certaines conditions.

Nous avons interrogé M. Glassey sur son rôle en tant qu’adjoint administratif au
service de la protection des travailleurs. Le rôle de l’office fédéral de la protection
des travailleurs est de faire respecter la loi sur le travail, dans le but de limiter le
travail permanent de nuit et de favoriser le travail alternant jours/nuits. L’office
fédéral s’assure également que les veilleuses de moins de 45 ans, bénéficient
d’un contrôle médical (obligatoire) une fois chaque deux ans, et annuel pour celles
de 45 ans et plus. Lors des inspections dans les différents établissements de
soins, M. Glassey contrôle que les infirmières de nuit aient un endroit calme pour
se reposer, avec des fauteuils, car, comme la loi l’indique, elles devraient se
reposer 4 heures par nuit. Elles devraient également avoir un endroit pour
manger, où elles peuvent faire chauffer leur repas, s’asseoir, etc.

En résumé, les trois éléments importants que l’office fédéral contrôle dans les
établissements sont :

l’alternance de travail entre le jour et la nuit

les examens médicaux d’aptitudes à travailler de nuit

les locaux adaptés (repos, alimentation)

37
Etant donné que nous n’avons pas pu obtenir de statistiques précises, ce sont les résultats de nos
observations lors de nos stages dans le RSV et les dires des praticiennes que nous connaissons qui exercent
dans les EMS.
38
Adjoint administratif au service de la protection des travailleurs.

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Dans notre profession, le travail de nuit est impératif, même si notre organisme
n’est pas conçu pour le travail nocturne. Le corps ne s’habitue pas au changement
de rythme, car il n’est pas fait pour inverser le fonctionnement du rythme
biologique. Les effets biologiques causés par le travail de nuit engendrent une
cascade de perturbations, comme des répercussions psychologiques et sociales.
« Il n’y aurait pas d’adaptation ou d’accoutumance mais une intolérance
progressive au travail de nuit ».39

2.2 Travail de nuit et répercussions sur la santé


Certains auteurs tels que Carpentier et Cazamian,40 ainsi que le bureau
international du travail,41 décrivent les nombreux problèmes qu’engendre le travail
de nuit. Selon leur ouvrage,42 les principaux effets néfastes sur la santé sont : le
manque de sommeil, la fatigue, les troubles de l’alimentation, les troubles gastro-
intestinaux, les ulcères, le stress, une baisse de vigilance, les accidents de la
route, etc. Nous expliquerons une partie de ces troubles dans le « cadre
théorique » et une autre partie en annexe.43

2.3 Travail de nuit et répercussions familiales


Nous venons de le voir, le travail de nuit peut affecter notre santé. Mais il peut
également influer négativement sur la vie familiale. « Le travail de nuit,
contrairement à tous les autres horaires, est celui qui a le plus de répercussions
négatives sur la famille, ainsi que sur l’aptitude des travailleurs à remplir leur rôle
dans la famille. (Stein, 1963 ; Mott et coll., 1965 ; Tasto et coll., 1978 ; Gadbois,

39
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.36
40
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p
41
BUREAU INTERNATIONNAL DU TRAVAIL, Genève. Encyclopédie de la sécurité et de la santé au travail.
Volume II. Les risques professionnels. Etablie sous la direction de Jeanne Mager Stellman. Chapitre 43. P.
34.20
42
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p
43
Les troubles qui seront développés dans le cadre théorique sont : le sommeil et ses troubles, et la fatigue.
Les troubles qui seront développé en annexe seront en autre les troubles biologiques que nous avons choisi
de ne pas développé dans notre travail. Il nous était impossible, par manque de temps, de tous les
présentés dans notre recherche et de tous les explorer à travers notre échantillon d’infirmières.
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1981) ».44 En effet, en travaillant de nuit, des effets négatifs sont souvent
observés, au niveau de la vie familiale. « Ces effets négatifs dépendraient de
plusieurs critères tels que le sexe, l’âge, la situation matrimoniale et la composition
de la famille, etc ».45

Le travail de nuit engendre des répercussions sur tous les membres de la famille :
le travailleur lui-même, le conjoint et les enfants. Ce genre d’horaires influence
autant le côté familial pur, c’est-à-dire les relations avec le conjoint et les enfants,
que le côté organisationnel, c’est-à-dire la répartition des rôles de chacun et la
répartition des tâches de la vie quotidienne. La vie de famille est réglée par
rapport au travailleur de nuit et à ses habitudes. Le travailleur de nuit peut vivre de
plusieurs manières au sein de sa famille :

Le travailleur de nuit s’adapte entièrement à sa famille, et se lève au moment


du repas pour le prendre avec ses enfants et son conjoint.

La famille s’adapte aux habitudes du membre de la famille qui travaille de nuit.

Le travailleur de nuit suit son rythme indépendamment de sa famille. 46

La principale difficulté, dans ces trois cas, est le sommeil du travailleur. En effet, la
dynamique familiale (les activités du reste de la famille, les repas, les tâches
domestiques, le rythme de vie, etc.) évoluent autour de la période de repos. Cette
période est souvent le centre d’un conflit familial ou de tensions. A cause de la
fatigue, la communication conjugale peut se faire rare et difficile.

De plus, la journée, le sommeil est de moins bonne qualité que la nuit. Les bruits,
les travaux, la circulation, les enfants qui rentrent dîner, sont autant de stimuli
extérieurs qui souvent interrompent le sommeil. Toute la famille doit alors
s’adapter aux horaires de nuit du travailleur. Par exemple, les enfants ne doivent
pas faire de bruits lorsque la maman dort la journée et le conjoint ne peut pas
effectuer de tâches ménagères bruyantes. Ces éléments peuvent être une source

44
Stein, 1963 ; Mott et coll. 1965 ; Tasto et coll. 1978 ; Gadbois. 1981. In BUREAU INTERNATIONNAL DU
TRAVAIL, Genève. Encyclopédie de la sécurité et de la santé au travail. Volume II. Les risques professionnels.
Etablie sous la direction de Jeanne Mager Stellman. Chapitre 43. P.34.20
45
Ibidem
46
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 46-47
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supplémentaire de conflits au sein du couple.47 L’éducation des enfants peut


également devenir problématique. Selon l’étude de Maasen, (1981) ; Diekmann,
Ernst et Nachreiner, (1981), « lorsque le travail de nuit est exercé par les deux
parents, la réussite scolaire des enfants peut être compromise ».48 De plus, selon
Carpentier et Cazamian, la difficulté de repos du travailleur de nuit serait
proportionnelle au nombre d’enfants.49 Le repos est un aspect important, car le
manque de sommeil engendre la fatigue et celle-ci engendre elle-même une
cascade de perturbations qui peut causer des problèmes sociaux et familiaux, tels
que les troubles de l’humeur, l’irritabilité, l’agressivité et le stress.50

Lorsque l’infirmière termine sa série de nuits, il lui faut parfois quelques jours de
récupération pendant lesquels elle se repose et n’est donc pas forcément apte à
pratiquer une activité de loisir avec sa famille. Le travail de nuit peut aussi avoir
des répercussions sur la vie sociale du travailleur. C’est le point que nous allons
aborder dans le chapitre suivant.

2.4 Travail de nuit et répercussions sociales


Le personnel infirmier qui travaille de nuit vit à l’inverse de toutes les personnes
qui les entourent, qui elles travaillent en général la journée. Les loisirs deviennent
plus rares à cause du manque de temps et de la fatigue. Toutes les activités
comme le cinéma, le théâtre, les repas au restaurant, etc. se font en général le
soir. Or, c’est à ce moment-là que le travailleur de nuit commence son travail. En
revanche, le travailleur nocturne est libre la journée pour aller faire ses courses et
remplir ses besoins administratifs (banque, poste, commune) car la plupart des
individus sont au travail. Ces endroits sont alors peu fréquentés.51

47
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.47-48
48
MAASEN, 1981 ; DIEKMANN, Ernst et NACHREINER, 1981. In BUREAU INTERNATIONNAL DU TRAVAIL,
Genève. Encyclopédie de la sécurité et de la santé au travail. Volume II. Les risques professionnels. Etablie
sous la direction de Jeanne Mager Stellman. Chapitre 43. P.34.20
49
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 47
50
BUREAU INTERNATIONNAL DU TRAVAIL, Genève. Encyclopédie de la sécurité et de la santé au travail.
Volume II. Les risques professionnels. Etablie sous la direction de Jeanne Mager Stellman. Chapitre 43.
ème
P.34.20 2 source.
51
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 52-53
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Le fait de travailler de nuit peut engendrer un isolement social car ces personnes
prennent l’habitude d’être seules et autonomes, et s’éloignent de plus en plus de
leurs amis et de leur famille. Elles supportent alors de moins en moins la présence
d’autrui et s’isolent. Dans l’ouvrage de Carpentier et Cazamian on parle même de
« mort sociale ».52

En effectuant de tels horaires, il est aussi difficile de pratiquer une activité


collective qui permet des échanges avec les autres. Les travailleurs nocturnes
vont plutôt choisir un sport individuel ou une activité qui ne dépend d’aucun
horaire.53

Malgré tout cela, le travail de nuit comprend heureusement des aspects positifs.

2.5 Aspects positifs du travail de nuit


A côté des aspects négatifs évoqués précédemment, le travail de nuit comporte
également une série d’avantages.54 55

L’infirmière de nuit se sentirait plus indépendante et autonome durant la nuit.

La solidarité serait plus présente avec les infirmières des services voisins, que
pendant la journée.

Les infirmières prendraient souvent leurs repas ensemble, des liens se


formeraient.

La nuit, il y aurait moins de conflits entre collègues que la journée, et un plus


grand esprit d’équipe.

L’avantage financier n’est pas négligeable.

« Il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre d’infirmières travaillant en


permanence la nuit ont choisi délibérément leur horaire pour des raisons
familiales ». (Barton et coll., 1993).56

52
Ibidem p. 50
53
Ibidem p. 53
54
Propos de Madame Mathier Irma, professeure et infirmière à la HES-SO Valais, domaine Santé/Social et
ancienne infirmière de nuit.
55
Médecine du Travail du Personnel Hospitalier, Travail de nuit, [en ligne]. Adresse URL :
http://www.mtph.org/index.php?page=travail-de-nuit
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2.6 Question centrale de recherche


Quelles sont les influences57 du travail de nuit sur la qualité de vie58 socio-
familiale59 des infirmières, étant en couple, ayant au minimum un enfant et
travaillant uniquement de nuit avec un pourcentage de 60% et moins ?

Nous venons de voir une multitude de répercussions négatives entraînées par le


travail de nuit, tant sur le plan familial que social. Cela nous pousse à nous
questionner sur la qualité de vie des infirmières de nuit.

La qualité de vie est propre à chacun, et chaque individu ressent des besoins
différents. La qualité de vie est subjective et chaque personne a ses critères
personnels pour en juger. Toutefois, toutes les répercussions que nous venons de
voir peuvent influencer, à différents niveaux, la qualité de vie des infirmières. Cette
problématique se trouve au centre de ce travail de recherche.

2.7 Hypothèses
Afin de répondre à notre question de manière provisoire, nous avons posé
l’hypothèse suivante :

Les influences du travail de nuit sur la qualité de vie socio-familiale, sont


proportionnelles au pourcentage de travail des infirmières de nuit.

Nous supposons qu’en diminuant son taux de travail, une infirmière veilleuse
augmenterait son niveau de qualité de vie socio-familiale. Par contre, en
augmentant son pourcentage de travail, elle diminuerait ainsi son niveau de
qualité de vie socio-familiale. Nous voulons donc analyser si le pourcentage de
travail influence la qualité de vie des infirmières.

56
Barton et coll., 1993. In BUREAU INTERNATIONNAL DU TRAVAIL, Genève. Encyclopédie de la sécurité et de
la santé au travail. Volume II. Les risques professionnels. Etablie sous la direction de Jeanne Mager Stellman.
Chapitre 43. P.34.20
57
Par influences nous entendons, toutes les actions, les activités, les ressources qui peuvent modifiés la
qualité de vie.
58
Qualité de vie : Perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et
du système de valeurs dans lequel il vit et en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses
inquiétudes. WHO, 1993. Traduction libre de l’anglais en français. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.who.int/mental_health/media/68.pdf
59
Nous entendons par équilibre socio-familial la gestion de l’organisation familiale, des enfants, des repas,
des hobbys de chaque membre de la famille, la participation du conjoint, les activités sportives entre amis
et en famille, les sortie, etc. En somme, tout ce qui se rapporte à la société en général et à la famille.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 16
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Pour pouvoir répondre à la question centrale de ma recherche et ainsi infirmier ou


confirmer mon hypothèse, Tania interrogera huit infirmières qui travaillent à plus
de 60% et moi huit infirmières qui travaillent à 60% et moins, le but étant de
comparer nos résultats et de vérifier la validité de notre hypothèse.

2.8 Objectifs spécifiques de la recherche


Suite à la description de la problématique de mon sujet d’étude, voici les trois
objectifs spécifiques de cette recherche :

Développer mes connaissances au sujet du travail de nuit, de la qualité de vie,


de la famille, de la fatigue et du sommeil.

Nommer et identifier les facteurs influençant la qualité de vie socio-familiale des


infirmières qui travaillent uniquement de nuit.

Proposer une réflexion sur les facteurs influençant la qualité de vie socio-
familiale des travailleurs de nuit, afin de sensibiliser les infirmières veilleuses.

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 17


Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

3. Cadre théorique

Dans ce chapitre, nous allons développer quatre concepts qui nous permettront
d’appuyer notre analyse. Les quatre concepts développés seront la qualité de vie,
la famille, le sommeil et la fatigue. Tania et moi développerons les mêmes
concepts, afin de pouvoir comparer deux analyses réalisées sur une base
commune.

3.1 Concept de la qualité de vie


Le concept de qualité de vie s’est développé dans les années 60.60 Il fait référence
à la notion de bien être et dépend des perceptions et des préférences de chacun.

Pour notre travail, nous avons associé la qualité de vie à la vie socio-familiale et
au travail de nuit. Chaque travailleur à temps complet passe environ 42 heures par
semaine sur son lieu de travail, c’est pourquoi ces différentes notions peuvent
facilement se lier.

L’activité professionnelle influence également la construction de notre identité


personnelle. En effet, le travail représente une source de satisfaction, de
reconnaissance sociale et de sentiment de réalisation de soi. Si le travail est bien
vécu et qu’il représente une source d’accomplissement personnel, nous pouvons
en déduire qu’il modifiera positivement la perception de la qualité de vie.

Les médias s’expriment souvent sur le concept de qualité de vie, et y font


référence dans les domaines de l’économie, du travail et de la santé. Le concept
de qualité de vie est devenu un outil qui permet de mesurer la satisfaction des
individus en prenant en compte différentes dimensions qui varient en fonction de
ce que l’on souhaite obtenir comme résultats. La qualité de vie est propre à
chacun. Nous avons tous des exigences différentes concernant notre santé, notre
confort matériel, notre milieu social, notre vie familiale, etc. La qualité de vie est
« une notion individuelle, subjective et relative dans le temps car elle évolue selon

60
BLEY D. Cadre de vie et travail, les dimensions d’une qualité de vie au quotidien. Ecologie humaine. Edisud,
Aix en Provence. 2005. 279p. P. 17
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 18
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le contexte, la culture, les périodes, les individus, etc. ».61 Elle contient des
éléments tels que le bien-être et le bonheur, qui sont des aspects subjectifs et
personnels.

Dans le cadre des soins infirmiers, ce concept est essentiellement utilisé dans les
services de soins palliatifs et d’oncologie où le confort du patient est la priorité des
soins. En effet, sous forme d’échelle d’évaluation, ce concept contribue à évaluer
la qualité de vie des patients, et les indicateurs permettant de la mesurer font
appel à des domaines vastes et complexes tels que « les symptômes, le statut
fonctionnel, les activités liées au rôle social, le fonctionnement social, la cognition,
le sommeil et le repos, l’énergie et l’activité, l’état ou le statut émotionnel, la
perception de la santé et enfin la satisfaction générale à l’égard de la vie ».62

L’OMS donne une définition précise de la qualité de vie, dans le contexte de la


santé : « La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le
contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit et en relation
avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes ».63 (WHO, 1993).

« La qualité de vie est donc un système complexe où les réalités spatiales,


sociales, économiques, culturelles se greffent aux éléments de représentation,
d’appropriation et de valorisation de l’espace ».64

Le travail influence également la santé. En effet, la fatigue psychique et physique


qu’il peut engendrer, peuvent avoir des répercussions directes sur la qualité de vie
d’un individu.

« Le travail occupe une place centrale à la fois dans l’organisation de la société (il
en est le structurant principal), et dans la construction de l’identité et de la santé.
C’est un des facteurs primordiaux de la qualité de vie ».65

61
Ibidem p. 55
62
Ibidem p. 19
63
World Health Organization, 1993. Traduction libre de l’anglais en français. *En ligne+. Adresse URL :
http://www.who.int/mental_health/media/68.pdf
64
BLEY D. Cadre de vie et travail, les dimensions d’une qualité de vie au quotidien. Ecologie humaine. Edisud,
Aix en Provence. 2005. 279p. P. 51
65
Ibidem p. 22
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 19
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3.1.1 Mesure de la qualité de vie

Le concept de qualité de vie est le plus souvent envisagé selon les quatre
dimensions suivantes :66

 La santé physique

 La santé psychologique

 Les relations sociales

 L’environnement

Ces quatre dimensions réunissent chacune différents domaines illustrés dans le


tableau qui suit, et qui a pour objectif d’en améliorer la compréhension.

66
WHOQOL-BREF Introduction, administration, scoring, and generic version of the assessment. Programme
on mental health world health organization. Geneva. December. 1996. [En ligne]. Adresse URL:
www.who.int/mental_health/media/en/76.pdf
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 20
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3.1.2 Les quatre dimensions et ses indicateurs 67

Dimensions Indicateurs

La santé physique - activités quotidiennes


- dépendance de substances médicales ou aide médicale
- énergie et fatigue
- mobilité
- douleurs et inconfort
- sommeil et repos
- capacité à travailler
La santé psychologique

- image corporelle et apparence


- sentiments négatifs
- sentiments positifs
- estime de soi
- spiritualité, religion, croyances personnelles
- réflexion, apprentissage, mémoire, concentration
Les relations
sociales

- relations personnelles
- soutien social
- activité sexuelle

- ressources financières
- liberté, sécurité
L’environnement

- accessibilité et qualité des soins de santé et de l’aide


sociale
- environnement accueillant
- opportunité d’acquérir de nouvelles informations et
qualifications
- participation et possibilités d'activités récréatives et de
loisirs
- environnement (pollution, bruit, trafic, climat)
- accès au transport

67
WHOQOL-BREF Introduction, administration, scoring, and generic version of the assessment. Programme
on mental health world health organization. Geneva. December. 1996. [En ligne]. Adresse URL:
www.who.int/mental_health/media/en/76.pdf

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

La qualité de vie est comme nous l’avons vu précédemment, subjective et


personnelle, mais il existe cependant des instruments qui permettent de la
mesurer. Ces outils étant très complexes à utiliser, nous allons uniquement nous
arrêter sur les quatre composantes de l’outil de mesure de la qualité de vie.

3.1.3 Instrument de mesures de la qualité de vie :

Les quatre composantes de l’outil de mesure sont :

 le descripteur, ou plus simplement, les questions.

 les pondérations, ou valeurs subjectives, qui correspondent au choix de


réponse (satisfaite, insatisfaite, etc.)

 l’algorithme, qui va donner une valeur quantitative aux réponses.

 la littérature de référence ou le cadre conceptuelle sur lequel appuyer les


réponses.

Aujourd’hui, il existe plusieurs types d’instruments de mesure de la qualité de vie.


Nous allons utiliser celui qui nous paraît être le plus pertinent pour notre travail, à
savoir, la World Health Organization Quality Of Life (WHOQOL_BREF ou
WHOQOL-26).68

Cette échelle de type Likert69 permet d’évaluer 4 domaines, qui sont la santé
physique, la santé psychologique, les relations sociales et l’environnement. Il
s’agit d’un questionnaire rempli par le sujet et qui mesure son ressenti sur les
quatre dernières semaines. Cette échelle fut créée par un groupe de travail de
l’organisation mondial de la santé (OMS) en collaboration avec 15 pays.

68
OMS, WHOQOL-BREF. 1993. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.performance-sante.fr/upload/Questionnaire/WHOQOL-BREF.pdf
69
Echelle Likert : « mesure qui requiert traditionnellement que la personne indique sur une échelle de 1 à 5
si elle est fortement en désaccord (1) ou fortement d’accord (5) avec un énoncé ».
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI. 2007. 591p. P. 302
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 22
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

A la suite de nos entretiens, nous avons demandé à chaque infirmière interrogée


si elle acceptait de remplir ce questionnaire. L’intérêt de la démarche n’est pas
d’évaluer les scores obtenus mais de mettre en lien certains items avec leurs
propos durant les entretiens semi-directifs, cela dans le but de compléter nos
entretiens et de distinguer s’il y a une corrélation entre les dires, durant l’entretien,
et les réponses du questionnaire.

Cette échelle peut être remplie par les patients mais également par la population
en générale. Nous avons choisi cette échelle car c’est l’une des seules qui explore
le domaine matériel. Dans la problématique, nous faisons référence à l’indemnité
salariale perçue par les infirmières qui travaillent de nuit. L’aspect matériel peut
influencer la qualité de vie, c’est pourquoi nous avons accordé de l’importance à la
présence de la dimension environnement qui n’était pas présente dans les autres
échelles.

3.2 Concept du sommeil


Pour composer notre cadre théorique, il nous est indispensable de développer le
concept du sommeil.

Dans le langage populaire, bien dormir est un indicateur de bonne santé. Un


manque de repos engendre de la fatigue et cela influence les activités de la vie
quotidienne. Le manque de sommeil influence la qualité de vie et se répercute sur
différents éléments de cette dernière. C’est pourquoi les concepts du sommeil, de
la fatigue et de la qualité de vie peuvent facilement se lier.

3.2.1 Définition du sommeil

Le sommeil est « un état physiologique périodique et quotidien caractérisé par la


suspension réversible des fonctions de la vie ».70

« Un état physiologique temporaire, immédiatement réversible, reconnaissable par


la suppression de la vigilance et le ralentissement du métabolisme. (Source
Larousse® Médical) ». 71

70 ème
DELAMARE G. Dictionnaire illustré des termes de médecine. 29 édition. Ed. Maloine. Paris. 2006.
1048p. P. 804
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Le sommeil est définit comme « une inconscience partielle à laquelle on peut


mettre fin par une stimulation ».72 Il occupe un tiers de notre vie. En effet, à l’âge
de 20ans, nous avons déjà dormi pendant 7ans, et rêvé durant plus d’un an et
demi.73

Le mystère du sommeil a été élucidé en 1928 par Hans Berger, le psychiatre


allemand qui a inventé l’électroencéphalogramme. Grâce à cet appareil, nous
pouvons aujourd’hui enregistrer en continu l’activité électrique du cerveau.
L’électroencéphalogramme est devenu un outil indispensable à l’étude du
sommeil.

Le sommeil se fractionne en plusieurs stades : le sommeil lent, le sommeil


paradoxal et le sommeil intermédiaire. Les types de sommeil sont déterminés par
les ondes enregistrées sur l’électroencéphalogramme.74 Les cycles du sommeil
seront décrits plus précisément dans le chapitre suivant.

3.2.2 Les cycles du sommeil

75
Figure 1. Les cycles du sommeil.
Lorsque nous dormons, 4 à 5 cycles s’enchaînent les uns avec les autres, et
chacun d’eux comprend plusieurs phases, que nous pouvons voir sur la figure ci-
dessus.

71
GRUFFAT X. Pharmacien diplômé EPFZ. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.creapharma.ch/sommeil-definition.htm
72 ème
MARIEB Elaine N. Anatomie et physiologie humaines. Adaptation de la 6 édition américaine. Québec.
2005. 1288p.
73
Université de Genève, Antenne Santé, [en ligne]. Adresse URL :
http://www.unige.ch/dase/sante/etreenforme/sommeil.html
74
Science & vie, Hors série, Le sommeil mécanismes du sommeil, N°220 septembre 2002, p.24
75
Elvea Pharma, [en ligne]. Adresse URL: http://elveapharma.com/sommeil.php
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Le sommeil lent, qui dure ente 60 et 70 minutes, a un rôle anabolisant76. Ce


sommeil lent se divise en quatre stades :77

o L’endormissement (stade 1) : Il comprend la somnolence, puis


l’assoupissement ; durant ce stade, nous entendons encore tout ce
qui se passe autour de nous, et nous sommes encore facilement
réveillable.

o Le sommeil léger (stade 2) : Durant ce stade, les bâillements se font


fréquents, le pouls et la respiration ralentissent. La température du
corps diminue, ainsi que la vigilance. Pendant ce stade, un faible
stimulus peut alors nous réveiller. Et des spasmes peuvent survenir
durant cette période.

o Le sommeil profond (stade 3) : Au cours de ce stade, il est difficile de


nous réveiller. Nos muscles sont relâchés et la respiration est lente.

o Le sommeil très profond (stade 4) : Durant ce stade, le dormeur est


très difficile à réveiller.

C’est durant les différents stades du sommeil lent que la récupération physique se
fait, mais il permet également « la croissance chez les enfants, la cicatrisation et le
renouvellement cellulaire chez l’adulte ».78

Le sommeil paradoxal dure entre 15 et 20 minutes et survient toutes les 90


minutes. Ce sommeil, contrairement au sommeil lent, a un rôle catabolisant 79.
Pendant ce stade de sommeil très profond, « le corps est presque totalement

76
Anabolisant : « qui favorise l’anabolisme ».
Anabolisme : « transformation des matériaux nutritifs en tissu vivant. C’est la première phase du
métabolisme ».
ème
GARNIER D. dictionnaire illustré des termes de médecine. 29 édition. Ed. Maloine. Paris. 2006. 925p. P. 36
77
Elvea Pharma. [En ligne]. Adresse URL: http://elveapharma.com/sommeil.php
78
Ibidem
79
Catabolisme : « transformation en énergie des matériaux assimilés par les tissus. C’est une des phases du
métabolisme ».
ème
GARNIER D. dictionnaire illustré des termes de médecine. 29 édition. Ed. Maloine. Paris. 2006. 925p. P.
144
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paralysé »80 et des mouvements oculaires rapides sont visibles. « C’est le


moment des rêves ».81

Le sommeil intermédiaire, est une phase qui est rapide et qui s’accompagne
parfois de micro-réveils. Lorsque ce dernier stade est terminé, un nouveau
cycle peut alors reprendre son cours.

Le temps de sommeil paradoxal s’allonge au court de la nuit. Pendant la première


partie de la nuit, la phase de sommeil lent et profond est plus longue, tandis que
lors de la deuxième partie de la nuit, le sommeil paradoxal s’allonge, au détriment
du sommeil lent et profond. C’est donc pendant la première partie de la nuit qu’a
lieu la récupération physique, alors que la récupération psychique et nerveuse se
fait pendant la seconde partie.82

3.2.3 Les fonctions du sommeil

Le sommeil joue un rôle primordial dans notre vie. En effet, sans sommeil, nous
mourons. Pour illustrer l’importance du sommeil, nous reprenons l’exemple de
l’ouvrage de Carpentier et Cazamian : « On survit moins longtemps à l’absence de
sommeil qu’à la privation de nourriture. »83 Le sommeil a des fonctions très
importantes, telles que « permettre à l’organisme de récupérer et au cerveau
d’acquérir de nouvelles informations, de les traiter et de consolider des
expériences vécues ».84 Selon Abraham Maslow85, dormir fait partie des besoins
physiologiques qui se trouvent à la base de la pyramide.86

« Le sommeil permet à l’organisme de se régénérer et il aide également l’esprit à


assimiler et à classifier tous les acquis de la journée. Le manque de sommeil
laisse des traces tant sur le plan psychique que physique. Le manque de sommeil
ou la diminution de la qualité de celui-ci amène des conséquences sur le plan

80
Ibidem
81
Ibidem
82
Elvea Pharma. [En ligne]. Adresse URL: http://elveapharma.com/sommeil.php
83
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.18
84
Université de Genève. Antenne Santé. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.unige.ch/dase/sante/etreenforme/sommeil.html
85
Abraham Maslow est un célèbre psychologue, connu pour son explication de la hiérarchie des besoins de
l’être humain (pyramide de Maslow).
86
Vous trouverez la pyramide d’Abraham Maslow en annexe n° 7.
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psychologique tels que : la fatigue, l’irritabilité, les erreurs d’inattention, les


difficultés de concentration, le temps de réaction ralenti, le stress accru, etc. »87
Les conséquences d’un manque de sommeil peut engendrer l’épuisement
professionnel. L’irritabilité et la diminution de la patience lorsque nous travaillons
dans un milieu de soins est un réel handicap. La diminution de la vigilance due au
manque de sommeil produit également une augmentation des erreurs et des
accidents. « La chute du niveau de vigilance qui se produit généralement au cours
de la nuit entraîne de fortes envies de dormir ou au minimum une réduction du
niveau d’activité. Ces effets vont de pair avec une réduction des capacités
d’attention qui peuvent conduire à l’erreur. La sensation de fatigue et le besoin de
sommeil sont accentués par le fait que le travailleur de nuit est en état de
réduction chronique de sommeil, car le sommeil pris au cours de la journée est
toujours de durée inférieure au sommeil nocturne».88

Le sommeil diurne89 de l’infirmière veilleuse, riche en sommeil lent (donc pauvre


en sommeil paradoxal), anabolisant, permet les réserves énergétiques et restaure
la fatigue physique. Par contre, il n’est pas capable de réparer la fatigue mentale,
car il est pauvre en sommeil paradoxal, catabolisant. Il est également important de
savoir qu’avec l’âge, le sommeil réparateur est de moins bonne qualité. De plus,
les troubles du sommeil s’accentuent avec l’âge.90 Au fil des ans, « il n’y a non pas
accoutumance, mais intolérance progressive au travail de nuit ».91 C’est pourquoi
les personnes de 55 ans et plus ne sont, selon la loi suisse, plus obligées de
pratiquer des horaires de nuit.

3.2.4 L’horloge biologique

87
Santé Ontario. Com. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.santeontario.com/featuredetails.aspx?feature_id=4005
88
Sommeil et santé. [En ligne]. Adresse URL:
http://www.sommeilsante.asso.fr/inform_vigilance_travail.html
89
Le sommeil diurne : C’est le sommeil de jour. L’infirmière de nuit aura un sommeil diurne, car elle dort
pendant la journée.
Le sommeil nocturne : C’est le sommeil de nuit.
90
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 35-36
91
Ibidem p. 36
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Notre organisme est fait pour dormir la nuit et être réveillé la journée. Ce rythme
veille/sommeil est régulé par notre horloge biologique interne.92 «Certains de nos
rythmes biologiques régissent nos processus comportementaux et physiologiques
pour qu’ils soient plus actifs le jour et moins actifs la nuit. On les appelle «rythmes
circadiens» parce qu’ils sont synchronisés avec la période de révolution de la
Terre sur elle-même »93, soit 24 heures.

Notre horloge biologique commande la digestion, le rythme cardiaque, la


température corporelle, le pouls, le rythme respiratoire, les hormones, etc.94
L’horloge biologique interne se situe dans le cerveau, et permet de réguler les
éléments qui doivent être actifs le jour et moins actifs la nuit, grâce au rythme
lumière/obscurité. Elle est régulée par la lumière et l’obscurité mais aussi par la
température, et notre société qui, en générale est active le jour et inactive la nuit.95
Dans une situation normale, dans laquelle l’individu dort la nuit et est éveillé le
jour, toutes ces variables (ex : la température) sont à leur maximum la journée et à
leur minimum la nuit. Le travailleur de nuit sera donc obligé de travailler en période
de « désactivation », ce qui va donc lui demander un effort supplémentaire. De
plus, il devra dormir en période « d’activation », ce qui va accentuer un sommeil
difficile et peu réparateur.96

Le corps ne s’habitue pas au travail de nuit, car il n’y a jamais inversion des
rythmes. Carpentier et Cazamian, on observé des ouvriers travaillant de nuit ; ces
derniers ont étés observés pendant treize semaines. Au moment de leur jour de
repos, ces derniers reprenaient un rythme diurne. Ils en ont tiré la conclusion
suivante : aucune inversion des rythmes n’a été observée car le maximum des
fonctions (température, fréquence cardiaque,…) demeure diurne et non nocturne.
Grâce aux synchroniseurs de leur horloge biologique (que nous verrons plus tard),
le rythme se rétablit, en une journée, pendant leur jour de repos hebdomadaire. Le

92
L’horloge biologique est située dans le cerveau, au niveau de l’hypothalamus.
93
Transport Canada. Le portefeuille des transports, de l’infrastructure et des collectivités. *En ligne+.
Adresse URL : http://www.tc.gc.ca/innovation/cdt/publication/tp13959f/13959f.htm
94
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.14
95
CSS Assurance. Le travail de nuit. Conseils pour le sommeil, l’alimentation et les loisirs. [En ligne]. Adresse
URL : www.cssversicherung.ch/it/f_flyer_nachtarbeit.pdf
96
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 22
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 28
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

rythme biologique ne s’inverse jamais totalement, car le travail de nuit s’interrompt


toujours par des jours de congé hebdomadaires où l’infirmière reprend, en
général, le rythme de la société et de son entourage. Ainsi le rythme interne des
travailleurs de nuit est déséquilibré en permanence. Le seul moyen pour que le
corps s’adapte au travail nocturne serait de garder le même rythme les jours de
repos, ce qui amènerait à un isolement social presque certain.97

Le rythme biologique n’est pas identique chez toutes les personnes, il peut varier
de 2 heures environs d’un individu à l’autre. On parle alors des personnes plutôt
« du matin » ou au contraire plutôt « du soir ». Le travailleur de nuit doit s’adapter
à différents rythmes d’activités : son rythme personnel, le rythme familial dans
lequel il vit, le rythme social et professionnel. « L’homme est de plus en plus
sensible à la rupture qui résulte pour lui du fait qu’il est soumis à des horaires
différents de ceux de son environnement physique et social».98 Les effets de cette
rupture se ressentent sur les plans psychologique, sociologique et physiologique.

Dans le chapitre qui suit nous allons voir quels sont les synchronisateurs sociaux,
c’est-à-dire les éléments qui régulent l’horloge biologique et donc le sommeil.

3.2.5 Les synchronisateurs du sommeil

Le cycle lumière/obscurité est l’élément prioritaire qui permet de synchroniser


notre horloge biologique. En effet, l’obscurité lui indique que nous devons dormir
et le phénomène inverse à lieu le matin lorsque le soleil se lève. Il existe d’autres
synchroniseurs de notre horloge biologique, telles que la température corporelle et
différentes hormones.99 Il y a également les synchroniseurs externes de l’horloge
biologique tels que les contraintes socioprofessionnelles et les trois repas
quotidiens, qui nous obligent à tenir un certain rythme de vie. 100 Le tableau ci-
dessous illustre quelques exemples de rythmes biologiques qui régulent l’horloge.

97
BUREAU INTERNATIONNAL DU TRAVAIL, Encyclopédie de la sécurité et de la santé au travail. Volume II.
Les risques professionnels. Etablie sous la direction de Jeanne Mager Stellman. Genève. Chapitre 43.
98
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.7
99
Transport Canada. Le portefeuille des transports, de l’infrastructure et des collectivités. [En ligne].
Adresse URL : http://www.tc.gc.ca/innovation/cdt/publication/tp13959f/13959f.htm
100
Elvea Pharma. [En ligne]. Adresse URL: http://elveapharma.com/sommeil.php
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 29
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Tiré de Shifting to Wellness, Keyano College, 1995.


101
Figure 3. Exemple de rythmes biologiques

En travaillant de nuit, nous allons à l’encontre de tous les synchroniseurs de notre


horloge biologique. Celle-ci est donc facilement contrariée par des horaires de
sommeil irréguliers et donc par le travail de nuit. De plus, le sommeil diurne après
une nuit de travail est souvent plus court (environ 5 heures) et de moins bonne
qualité que le sommeil nocturne. Cependant, selon la société canadienne du
sommeil, « Les travailleurs de nuit, ont, en général, un moins grand besoin de
sommeil (6heures environ)». 102

Le dérèglement de l’horloge biologique engendre toute une série de


conséquences.

101
Transport Canada. Le portefeuille des transports, de l’infrastructure et des collectivités. *En ligne+.
Adresse URL : http://www.tc.gc.ca/innovation/cdt/publication/tp13959f/13959f.htm
102
La société canadienne du sommeil. Stratégies pour travailleurs de nuit. 2003. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.css.to/css/sleep/trav_nuit.pdf
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 30
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

3.2.6 Les conséquences du dérèglement de l’horloge


biologique

Le dérèglement de cette horloge biologique engendre une cascade d’autres


perturbations telles que des répercussions psychologiques et sociales. Le corps
ne s’habitue pas, contrairement à ce que l’on a cru pendant longtemps, au
changement de rythme, mais il en subit les conséquences. La conséquence la
plus fréquente est la fatigue. En effet, la journée, le sommeil est de moins bonne
qualité, plus court et souvent interrompu. Les effets de la fatigue seraient
équivalent à un taux d’alcoolémie de 0,48‰.103 Nous pouvons aisément imaginer
la baisse de performance d’une infirmière qui viendrait travailler avec un taux
d’alcoolémie tel que celui-ci ! On peut en déduire que la fatigue des professionnels
de la santé représente un réel danger pour les patients. De plus, dans notre
profession, la fatigue physique s’accompagne parfois d’une fatigue psychique. En
effet, la souffrance des patients et des familles n’est pas anodine, et peut peser
sur le moral du personnel soignant.

Selon la société canadienne du sommeil, «certaines personnes (10%) n’éprouvent


pas de difficulté à travailler de nuit. Ce sont généralement des personnes
naturellement robustes, en santé et très rarement malades. Chez certains,
l’horloge biologique s’adapte à l’horaire de travail, en envoyant un signal d’éveil
durant le travail de nuit. Toutefois, pour des raisons encore incomprises, chez
d’autres travailleurs bien adaptés, l’horloge conserve un horaire de vigilance
diurne mais semble envoyer un signal plus discret ne perturbant pas le sommeil
de jour ».104

Le sommeil fait partie intégrante de la qualité de vie. Comme expliqué auparavant,


le sommeil et le repos font partie de la dimension « santé physique » qui est une
des quatre dimensions de la qualité de vie. Le sommeil est un élément très
important, dont le manque ou les troubles peuvent engendrer de lourdes

103
Transport Canada. Le portefeuille des transports, de l’infrastructure et des collectivités. *En ligne+.
Adresse URL : http://www.tc.gc.ca/innovation/cdt/publication/tp13959f/13959f.htm
104
La société canadienne du sommeil. Stratégies pour travailleurs de nuit. 2003. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.css.to/css/sleep/trav_nuit.pdf
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 31
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

conséquences qui peuvent nuire à la qualité de vie des infirmières et des


travailleurs de nuit.

La fatigue est la première répercussion du travail de nuit et elle est la


conséquence d’un manque ou d’un trouble du sommeil. Celle-ci peut engendrer
une cascade de répercussions.

3.3 Concept de la fatigue


Ce concept est étroitement lié avec celui du sommeil. En effet, la fatigue est la
première conséquence engendrée par un sommeil inadéquat, un cycle du
sommeil interrompu ou un dérèglement de l’horloge biologique. Mais elle est aussi
l’une des répercussions la plus fréquente chez les travailleurs de nuit.

3.3.1 Définition de la fatigue

On distingue plusieurs fatigues. La fatigue, la fatigue physique, la fatigue


psychique et la fatigue chronique que l’on peut définir comme suit :

La fatigue se définit comme « un état résultant de l’activité prolongée d’un organe


ou d’un appareil doués de sensibilités, se traduisant par une diminution du
fonctionnement et une sensation particulière (sentiment de fatigue) propre à
chaque organe ».105

La fatigue physique se définit par « une sensation d’affaiblissement et un


manque d’énergie. Elle survient après un effort intense ou de longue durée ».106
« Elle sera mesurée à l’aide de plusieurs indices : consommation d’oxygène,
fréquence cardiaque, etc. Ce sont des outils de mesure permettant d’obtenir un
résultat objectif de la fatigue ».107

105 ème
DELAMARE G. Dictionnaire illustré des termes de médecine. 29 édition. Ed. Maloine. Paris. 2006.
1048p. P. 317
106
Wikipedia, l’encyclopédie libre. *En ligne+. Adresse URL :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fatigue_(physiologie)
107
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.20
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 32
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

La fatigue psychique est le résultat d’une importante tension psychologique ou


d’une lourde charge de travail mental.108 Elle se caractérise par « de la difficulté à
demeurer attentif lorsqu’on essaie de se concentrer sur des tâches. À mesure que
la fatigue augmente, notre mémoire à court terme devient moins efficace et nous
risquons d’oublier de l’information vitale. Notre créativité et notre capacité de
prendre des décisions déclinent et nous avons du mal à nous adapter à des
situations nouvelles. Elle menace les personnes qui travaillent la nuit et qui ont
accumulé un déficit de sommeil. On peut même connaître des épisodes de
«micro-sommeil», si on n’a pas suffisamment dormi et que l’on exerce une activité
automatique, routinière ou ennuyeuse. Pendant un micro-sommeil, on n’a aucune
conscience de ce que l’on fait ».109

La fatigue chronique est « un syndrome décrit aux USA, associant la survenue


d’une asthénie importante inexpliquée et persistant au moins 6 mois, à des signes
mineurs».110

Dans notre cas, l’infirmière de nuit peut souffrir des trois sortes de fatigue que
nous venons de développer, dont nous allons maintenant étudier les causes.

3.3.2 Les causes de la fatigue

La fatigue du travailleur de nuit a deux causes principales : la première est le fait


de travailler de nuit, lorsque l’organisme est en « désactivation ». Ce travail est
plus fatiguant car il demande un effort supplémentaire.111 La deuxième est le fait
de devoir dormir la journée, lorsque l’organisme est en « activation ». Ce sommeil
est moins réparateur que le sommeil nocturne, de moins bonne qualité, et plus
court (de une à deux heures), que le sommeil nocturne. A charge égale, le travail
de nuit est alors plus fatiguant pour notre organisme que le travail de jour, car il
doit lutter contre des éléments qui ne s’accoutument pas au travail nocturne.112

108
Transport Canada. Le portefeuille des transports, de l’infrastructure et des collectivités. [En ligne].
Adresse URL : http://www.tc.gc.ca/innovation/cdt/publication/tp13959f/13959f.htm
109
Ibidem
110 ème
DELAMARE G. Dictionnaire illustré des termes de médecine. 29 édition. Ed. Maloine. Paris. 2006.
1048p. P. 317
111
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 31
112
Ibidem p. 24
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Le cycle du sommeil diurne du travailleur de nuit est souvent interrompu, comme


expliqué auparavant, par le bruit des enfants, de la circulation, des travaux, du
téléphone, par la lumière, etc. Ces éléments sont les principaux facteurs
perturbateurs du sommeil et engendrent de la fatigue. Une fois réveillé, le
travailleur de nuit a des difficultés à se rendormir. De plus, la sensation de faim
surgit vers midi, ce qui peut réveiller le dormeur diurne et interrompre un cycle de
sommeil. « Dans un tiers des cas environ, le sommeil est interrompu à midi pour
une prise d’aliments, pour reprendre parfois sous forme de sieste. »113

Un élément qui engendre également de la fatigue chez l’infirmière de nuit, est le


travail effectué la nuit précédente. Le métier en lui-même, en fonction de la charge
de travail, est fatiguant physiquement et psychologiquement. Le fait de voir souffrir
et mourir des gens n’est pas un élément à sous-estimer. Certaines situations
vécues la nuit précédente peuvent perturber le sommeil de l’infirmière.

Selon Carpentier et Cazamian, tous les organes sont fatigables. Une période
d’inactivité est temporairement obligatoire à tous les organes pour qu’ils
récupèrent en énergie. Alfredsson et coll. (1991), ont observé « que les
travailleurs de nuit étaient d’avantage touchés par la fatigue et les troubles du
sommeil que le reste de la population active ».114

Cette fatigue n’est pas anodine car elle peut avoir de graves conséquences.

113
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail, Genève, 1977, 90p. P.24
114
BUREAU INTERNATIONNAL DU TRAVAIL, Genève. Encyclopédie de la sécurité et de la santé au travail.
Volume II. Les risques professionnels. Etablie sous la direction de Jeanne Mager Stellman. Chapitre 43.
P.34.20 IN Alfredsson et coll. 1991.
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3.3.3 Les conséquences de la fatigue

Les conséquences de cette fatigue peuvent être multiples :

Accidents de la route en rentrant au domicile le matin, après une nuit de


travail,115 ainsi que des accidents de travail,116 entraînés par la somnolence.

Erreurs professionnelles, telles que : des erreurs dans la préparation ou


l’administration de médicaments, des erreurs de dosage, etc.

Diminution de la performance, de l’efficacité et du rendement professionnel.117

Une baisse de la vigilance, se manifestant par des courbatures, de la lassitude,


de la nervosité, de l’irritabilité, et par une diminution de la motivation et des
réflexes.118

Conflits au niveau familial à cause de l’irritabilité, de la fatigue et du manque de


patience.

Manque de motivation, à pratiquer des activités culturelles, sportives, familiales


ou sociales, ce qui peut engendrer des conflits familiaux, conjugaux et un
isolement social.

Plusieurs grandes catastrophes ont eu lieu la nuit, par une erreur causée par
l’homme, certainement due à la fatigue. En voici quelques exemples: collision
frontale de trains à Hinton, fusion et incendie du cœur du réacteur à Tchernobyl,
catastrophe du Challenger, échouement du vraquier Raven Arrow,119 et bien
d’autres. Tous ces exemples illustrent l’importance de la fatigue quelle qu’elle soit.
Celle-ci ne devrait en aucun cas être banalisée.

Si cette fatigue n’est pas écoutée, elle peut avoir de graves conséquences comme
la névrose du travailleur de nuit.

115
Revue médicale suisse. Médecine de premier secours. N° 181. 26 novembre 2008.
116
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 43
117
Ibidem p. 43
118
Dr. Mullens, Sommeil, Vigilance, Somnolence. [En ligne]. Adresse URL : www.svs81.org
119
Revue médicale suisse. Médecine de premier secours. N° 181. 26 novembre 2008.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 35
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

3.3.4 La névrose du travailleur de nuit

Selon Carpentier et Cazamian, la fatigue provoque une sensation qui interpelle le


travailleur sur l’importance et les limites à donner à son effort. C’est une sorte
d’avertissement ou de signal d’alarme qui a pour but de sensibiliser l’individu au
fait qu’il doit se reposer ou diminuer son rythme de travail. Si le travailleur passe
outre cet avertissement, la fatigue devient chronique. Cette fatigue chronique peut
aboutir au surmenage, voire à l’épuisement professionnel. Si cette fatigue est
banalisée, elle peut se transformer en surfatigue, ce qui peut augmenter
considérablement le taux d’erreurs professionnelles. Selon ces mêmes auteurs, la
surfatigue peut même mener à « la névrose du travailleur de nuit », qui est causée
principalement par les deux facteurs déjà cités, soit un travail nocturne effectué
lorsque l’organisme est en période de « désactivation » et un sommeil diurne
effectué lorsque l’organisme est en période d’ « activation ».120 Cette névrose se
manifeste par « une perturbation du sommeil, une dépression, une asthénie
surtout matinale, des insomnies et des troubles de caractère de type agressif ou
dépressif ».121 Cette névrose peut se manifester aussi bien les premiers mois de
travail en horaires nocturnes que tardivement, après une dizaine d’années par
exemple. Le travailleur de nuit atteint de cette névrose devra forcément changer
ses horaires de nuit en horaires de jour.122 Le travail de nuit peut donc nuire
gravement à la santé des individus qui le pratique.

Nous pouvons facilement lier le sommeil, la fatigue et la famille avec notre concept
clé qui est celui de la qualité de vie. En effet, si l’on dort peu, une fatigue plus ou
moins importante va survenir et cette fatigue va engendrer de l’irritabilité, une
diminution de la patience, etc. Ces troubles de l’humeur peuvent influencer la
qualité de vie socio-familiale de l’individu, car s’il est fatigué, il fera moins
d’activités avec ses amis, il aura tendance à moins vouloir sortir, etc. Cela va
aussi influencer sa vie familiale, car le manque de patience et l’irritabilité peuvent
être difficile à vivre pour les membres de la famille. Nous pouvons constater que la

120
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.31
121
Ibidem, p. 32
122
Ibidem, p. 33
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qualité de vie peut être influencée par le sommeil et la fatigue et qu’elle peut
influencer la vie sociale et la vie de la famille.

3.4 Concept de la famille


Les liens sociaux font également partie intégrante de la qualité de vie. Comme
nous l’avons déjà souligné, les relations sociales sont une dimension de la qualité
de vie importante, puisque l’isolement social peut engendrer des désordres
psychoaffectifs. On sait aujourd’hui que certaines tortures de guerre consistaient à
laisser un individu seul dans un local sans contact avec autrui. La famille et les
relations sociale peuvent combler le besoin de reconnaissance et d’appartenance
sociale.123

3.4.1 Définitions de la famille

Selon Wright, Watson et Bell (1996) la famille est « un groupe de personnes qui
sont unies par des liens affectifs solides qui leur confèrent un sentiment
d’appartenance et qui les poussent à s’engager dans la vie les uns des autres».124

Murdock définit la famille comme un : « Groupe social caractérisé par la


cohabitation et la coopération d'adultes des deux sexes, dont deux au moins
entretiennent des relations sexuelles socialement approuvées et qui élèvent
ensemble les enfants nés de cette union ou adoptés ».125 Cette définition n’est
aujourd’hui plus d’actualité, car les familles monoparentales, recomposées ou
encore les couples sans enfants sont devenus courants.126

La famille compte trois liens caractéristiques de la parenté :127

Le lien d'alliance (entre conjoints)

Le lien de filiation (entre parents et enfants)

Le lien de germanité (entre frères et sœurs).

123
Pyramide de Maslow. [En ligne]. Adresse URL : http://home.nordnet.fr/~sdelbecque/cour/maslow.htm
124
Wright, Watson et Bell, 1996. In WRIGHT M. Lorraine, LEAHEY Maureen. L’infirmière et la famille Guide
ème
d’évaluation et d’intervention. 3 Edition. Canada. 2007. 428p. p.63.
125
Social info. [En ligne]. Adresse URL : http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=336
Dictionnaire Suisse de Politique sociale.
126
Ibidem
127
ibidem
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On peut aussi définir la famille comme « un groupe de personnes unies par un


lien d'alliance (officiel ou officieux), de filiation ou de germanité et coopérant à leur
développement ou leur épanouissement mutuels ».128

Selon Stuart (1991),129 la famille comprend cinq caractéristiques essentielles :

Elle forme un système ou une unité.

Ses membres n’ont pas nécessairement de liens de parenté entre eux et ne


vivent pas toujours ensemble.

L’unité familiale peut comprendre ou non des enfants.

Les membres de la famille sont liés par un engagement et un attachement qui


impliquent des responsabilités réciproques.

Le rôle de la famille en tant qu’unité est de protéger, de nourrir et de socialiser


ses membres.

Les liens ente les membres de la famille sont caractérisés par l’affection, la
solidarité et un sentiment d’appartenance.130

Le modèle de Calgary définit la famille comme un système, dont l’ensemble des


éléments sont en interaction et en interdépendance les uns avec les autres.
« Chaque membre de la famille constitue un sous système et est un système en
lui-même. En effet, comme la famille, le système individuel représente à la fois
une partie et un tout ».131

128
ibidem
129
Stuart, 1991. In WRIGHT M. Lorraine, LEAHEY Maureen. L’infirmière et la famille. Guide d’évaluation et
ème
d’intervention. 3 Edition. Canada. 2007. 428p. p.63
130
Ibidem p.63
131 ème
WRIGHT M. Lorraine, LEAHEY M. L’infirmière et la famille. Guide d’évaluation et d’intervention. 3
Edition. Canada. 2007. 428p. P.29
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3.4.2 Les différents types de famille

Le concept de la famille a beaucoup évolué au siècle dernier et peut être


aujourd’hui nucléaire, monoparentale, biparentale, recomposée, homosexuelle,
etc.132

La famille dite « nucléaire » était le modèle le plus courant dans les années 60.
Cependant, au fil des années, la famille « monoparentale » prend de l’ampleur
avec un nombre croissant de divorces. « Les spécialistes évoquent de
nombreuses causes à ces bouleversements des modèles familiaux : le travail des
femmes, et les mouvements féministes, l’augmentation du niveau de vie, les
allocations familiales et le versement de rentes alimentaires favorisant la désunion
(autrefois, le divorce était un luxe pour une élite aisée) ».133

Il existe trois différents modèles familiaux :134

La famille nucléaire : « unité familiale comprenant un couple (marié ou non) et


un ou plusieurs enfant(s). On distingue la famille nucléaire de la famille élargie
(grands-parents, oncles, tantes). Contrairement à de nombreuses cultures
extra-européennes, le modèle familial de l’Europe centrale se caractérise par
l’accent mis sur la famille nucléaire face aux autres relations avec la
parenté».135

La famille recomposée : le terme désigne « communément une famille


comprenant un couple et un ou plusieurs enfant(s) dont l’un au moins est
l’enfant biologique d’un seul des deux conjoints ».136

La famille monoparentale : ce terme désigne « les noyaux familiaux


composés d’un ou de plusieurs enfants avec un seul parent, définition qui
comprend des situations très diversifiées ».137 L’enfant « n'a pas
nécessairement été conçu au sein d'un mariage. Le parent monoparental peut

132
ATTIAS-DONFUT C., LAPIERRE N., SEGALEN M. Le nouvel esprit de famille. Ed. Odile Jacob. Paris. 2002
133
SCHNIDRIG P., CRETTAZ C. Quels sont les éléments facilitateurs d’une garde alternée chez les parents
séparés ou divorcés ? Travail de diplôme. Juin 2005. 104p. P.7
134
Social info. [En ligne]. Adresse URL : http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=336
Dictionnaire Suisse de Politique sociale.
135
Ibidem
136
Ibidem
137
Ibidem
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être veuf, séparé, divorcé ou célibataire ».138 Celui-ci est le plus souvent une
femme.

3.4.3 La structure de la famille

Selon le modèle d’analyse familiale de Calgary,139 la structure familiale peut être


interne, externe et contextuelle.

La structure interne analyse la composition familiale (les membres de la


famille), les sous-systèmes familiaux (sous groupes qui se forment en fonction
des centres d’intérêts communs ou d’affinités, de l’âge et du sexe).140 Comme
le voisinage ou une association.

La structure externe « comprend la famille étendue et les supra systèmes,


c'est-à-dire les systèmes qui sont en relation avec le système familial, tel que le
système des soins et de la santé, le système scolaire ou la communauté
culturelle»,141 mais aussi les garderies, les centres de loisirs, etc.142

La structure contextuelle, compte plusieurs sous-catégories : « l’ethnie, la


race, la classe sociale, la religion et l’environnement.»143

« Le fonctionnement de la famille correspond à la façon dont les membres de


la famille interagissent. Il comprend entre autre, le fonctionnement sur le plan
des activités quotidiennes qui regroupe les activités physiques, telles que les
tâches domestiques, la préparation des repas, le transport et la routine
quotidienne.»144

138
Ibidem
139
DUHAMEL F., La santé et la famille, une approche systémique en soins infirmiers, Editeur : Gaëtan Morin,
Paris, 1995. 259p
140
Ibidem P.42
141
Ibidem p.42
142 ème
WRIGHT M. Lorraine, LEAHEY M., L’infirmière et la famille, Guide d’évaluation et d’intervention. 3
Edition. Canada. 2007. 428p P.30
143
DUHAMEL Fabie, La santé et la famille, une approche systémique en soins infirmiers, Editeur : Gaëtan
Morin, Paris, 1995. 259p. P.42
144
Ibidem p. 43-44
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3.4.4 Les facteurs influençant la famille

Plusieurs facteurs agissent sur la vie familiale et son développement, tels que :
« le divorce, une maladie chronique, le développement personnel au travail et
dans d’autres occupations à l’extérieur de la famille, des mutations, des
déménagements, l’adoption d’un enfant, l’infertilité, un décès accidentel, etc.»145

Dans le modèle de Calgary, on démontre que « tout changement qui se produit


chez l’un des membres de la famille touche tous les autres membres », 146 mais à
des degrés différents. Nous pouvons en déduire que lorsque l’infirmière de nuit se
sent fatiguée, de mauvaise humeur et irritable par manque de sommeil réparateur,
chaque membre de sa famille en ressent les conséquences. L’organisation et le
fonctionnement habituel de la famille sont ainsi perturbés. « Lorsque survient un
changement, la famille finit par trouver un nouvel équilibre, qui est toutefois
différent de celui qui existait auparavant ».147 Comme les relations familiales et
sociales sont une des dimensions de la qualité de vie, nous pouvons en déduire
que les facteurs influençant la famille influencent également la qualité de vie.

3.4.5 Concilier vie de famille et vie professionnelle

Pour pouvoir concilier une activité professionnelle avec la vie familiale, le couple
se doit de se partager les tâches et les responsabilités de la vie de famille. Les
différents types d’horaires, l’instauration des horaires libres, le travail de nuit, le
travail à temps partiel et les lieux d’accueil pour les enfants (garderies-crèches)
favorisent et facilitent l’organisation familiale.148

« Le couple doit évaluer, sur les plans financier et affectif, le coût des diverses
solutions permettant d’assurer l’éducation des enfants. La mère et le père, chacun
à sa manière, contribuent au développement de l’enfant.»149 D’après Schnittger et
Bird (1990),150 « les hommes et les femmes font appel à des stratégies

145
Ibidem p.43
146 ème
WRIGHT M. Lorraine, LEAHEY M. L’infirmière et la famille. Guide d’évaluation et d’intervention. 3
Edition. Canada. 2007. 428p. P.33
147
Ibidem p. 33
148
Ibidem
149
Ibidem p. 113
150
Ibidem p. 112
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d’adaptation différentes pour s’acquitter de toutes leurs responsabilités. Plus que


les hommes, les femmes optent pour la délégation des tâches, la restriction des
loisirs et l’utilisation des ressources de la collectivité. Selon ces chercheurs, au fur
et à mesure que les enfants grandissent, les hommes et les femmes modifient
leurs stratégies d’adaptation ».151

3.4.6 Le rôle des parents

Les trois rôles principaux des parents dans le modèle de Calgary 152 sont les
suivants :

La recherche de ressources financières

L’entretien de la maison

Le partage des tâches relatives à l’éducation des enfants.

La plus lourde responsabilité pour les parents est d’élever les enfants et de
répondre à leurs besoins tout en maintenant une activité professionnelle. La plus
grande difficulté étant de trouver les ressources financières satisfaisantes.153

Pour pouvoir concilier la vie professionnelle avec la vie familiale, lorsque les deux
parents travaillent, il est important que le partage des tâches domestiques et les
soins des enfants soient équitables pour les deux conjoints.

3.4.7 La femme d’aujourd’hui

Au cours du siècle dernier, le rôle de la femme a énormément changé et évolué. Il


y a quelques décennies, elle restait à la maison pour garder les enfants et
s’occuper des tâches domestiques, tandis que l’homme, lui, travaillait pour
ramener de l’argent au foyer et nourrir sa famille nombreuse.

Aujourd’hui, la femme, travaille elle aussi, car « le travail permet l’épanouissement


personnel, confère un statut social et procure des ressources monétaires

151
Ibidem p. 112
152
Ibidem p. 113
153
Ibidem p. 113
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 42
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autonomes. »154 Depuis que la femme travaille, le partage des tâches


domestiques est devenu plus équilibré entre l’homme et la femme. Le travail et la
vie de famille sont complémentaires. Le travail apporte des éléments que la famille
ne pourra jamais apporter, et vis versa. L’important est de trouver un bon équilibre
entre les deux. Mais le travail peut parfois s’opposer à la vie de famille, car ils
demandent tous les deux du temps, et parfois au même moment. « L’élévation du
niveau de formation, le besoin d’autonomie et l’évolution de la société ont entraîné
une augmentation du nombre de femmes exerçant une activité rémunérée. »155

Le travail de la femme permet d’améliorer la situation économique de la famille, le


niveau de vie et l’épanouissement personnel. La vie de famille, quant à elle,
favorise les échanges affectifs. L’un et l’autre sont importants et il faut apprendre à
les concilier. Dans notre société actuelle, en général, le père travaille à temps
complet et la femme à mi-temps lorsqu’il y a des enfants en bas âge. Pour les
couples qui ne veulent ou qui ne peuvent pas diminuer leur pourcentage lors de la
naissance d’un ou de plusieurs enfant(s), ils seront soumis à des contraintes de
temps et de fatigue qui vont diminuer la qualité de vie socio-familiale et
personnelle. Ils auront moins de temps à consacrer aux enfants et à la vie de
couple.156 Certaines femmes choisissent de mettre leur vie professionnelle entre
parenthèses lors de la naissance de leur(s) enfant(s). Dans ce cas, la réinsertion
professionnelle sera difficile ultérieurement.

Les femmes d’aujourd’hui sont plus actives et autonomes économiquement.157


« La présence d’enfants en bas âge continue de constituer un obstacle à l’activité
professionnelle féminine, une cause directe de cessation, temporaire ou définitive,
d’activité. Au sein de chaque pays, l’activité féminine varie aussi suivant l’âge des
enfants et le nombre de ceux-ci ».158 Différentes méthodes permettent aux
femmes de concilier vie de famille et vie professionnelle, tels que le travail à

154
DOCUMENTS AFFAIRES SOCIALES. Vie professionnelle et vie familiale, de nouveaux équilibres à
construire. Ministère des affaires sociales et de l’emploi. Haut conseil de la population et de la famille. Paris.
1987. P. 9
155
Ibidem P. 9
156
Ibidem P. 13
157
Ibidem p. 28
158
Ibidem p. 28
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 43
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

domicile, le travail à temps partiel ou le travail temporaire ou par intérim.159 Le


travail de nuit n’apparaît pas dans cette liste de méthodes, mais il est également
souvent choisi par les infirmières pour faciliter la garde des enfants la journée,
donc faciliter la vie familiale.160

Certaines mères de famille se trouvent dans l’obligation, aujourd’hui, de trouver


des personnes pour faire garder leur(s) enfant(s), autres que les crèches et les
garderies, qui sont chères et saturées. Elles font par exemple appel à des
membres de la famille, (souvent se sont les grands-parents), à des amis, à des
mamans de jour, etc.161

159
JENSON J, SINEAU M. Qui doit garder le jeune enfant ? Modes d’accueil et travail des mères dans l’Europe
en crise. Droit et société. Paris. 1998. 303p. P.33
160
L’infirmière qui a participé à mon pré-test travaille de nuit, car selon ses propos, cette méthode
faciliterait la vie familiale (elle n’a pas besoin de faire garder son fils la journée).
161
JENSON J, SINEAU M. Qui doit garder le jeune enfant ? Modes d’accueil et travail des mères dans l’Europe
en crise. Droit et société. Paris. 1998. 303p. P.70
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4. Méthodologie
Ce chapitre, décrit chaque étape du processus méthodologique utilisé tout au long
de mon travail de mémoire. La succession de chacune de ces étapes, m’a permis
de garder un fil rouge tout au long de mon travail de recherche.

4.1 Type de recherche


Ma recherche initiale s’inscrit dans une démarche de nature qualitative et de
nature exploratoire, puisque le but de celle-ci n’est pas d’interroger toutes les
infirmières travaillant de nuit mais d’en prendre qu’un échantillon pour en faire
ressortir certaines tendances, similitudes et divergences. Suite à de nombreuses
lectures sur le travail de nuit et ses répercussions, j’ai pu élaborer ma
problématique, mon cadre théorique ainsi que ma question centrale de recherche.

4.2 Méthode d’investigation


Quelles sont les influences du travail de nuit sur la qualité de vie socio-
familiale des infirmières, étant en couple, ayant au minimum un enfant et
travaillant de nuit avec un pourcentage de 60% et moins ?

Pour répondre à cette question centrale, j’ai choisi d’utiliser comme outil
d’investigation les entretiens semi-directifs,162 163
auprès d’infirmières de plusieurs
EMS et cliniques du Valais. J’ai réalisé un pré-test et huit entretiens auprès
d’infirmières correspondant à mon public cible. Ma grille d’entretien contenait cinq
questions ouvertes permettant aux infirmières de répondre librement, ainsi que
plusieurs relances afin de ne pas s’éloigner du sujet.

L’entretien semi-directif m’a permis de garder un fil rouge tout au long de


l’entretien et de poser des questions sur un thème bien précis tout en laissant les
interlocutrices répondre ouvertement aux questions. Les relances m’ont permis
d’approfondir et de demander des précisions sur certains sujets.

162
Entretien semi-directif : « entrevue dans laquelle le chercheur s’est muni d’une liste de sujets à aborder
plutôt que de questions précises à poser ».
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI, 2007.591p. P. 297
163
Vous trouverez la grille d’entretien en annexe n°4.
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

4.3 Échantillonnage
Dans le but de construire mon échantillonnage typique raisonné164, j’ai contacté
par téléphone 25 infirmiers chefs165 d’EMS et de cliniques romandes. Ces
infirmiers chefs ont immédiatement pu me dire si leur établissement fonctionnait
avec du personnel travaillant uniquement de nuit. Un tiers d’entre eux travaillaient
avec des veilleuses mais seule une partie correspondait à mon public cible. Après
avoir pris contact par e-mail ou par téléphone avec les huit infirmières
correspondant aux critères de mon public cible, je leur ai fait parvenir un courrier
présentant les points clés de ma recherche.

Mes critères d’exclusions étaient : les hommes, les infirmières n’ayant pas
d’enfants et celles n’étant pas en couple. Je n’ai pas pris en considération ni leur
âge, ni leurs années d’expérience, car mon public cible était déjà très restreint.
Une recherche encore plus limitée dans les critères d’inclusions, ne m’aurait
certainement pas permis d’avoir le quotta minimum d’entretiens pour que la
recherche apporte des données suffisantes pour élaborer mon analyse.

4.4 Construction de l’outil


Comme outil, j’ai élaboré une grille d’entretien sur la base de ma question centrale
de recherche et de mon hypothèse. Elle comprend également l’objectif de la
recherche ainsi que plusieurs questions et relances. Après l’avoir élaborée, j’ai
vérifié sa pertinence et sa validité à l’aide d’un pré-test. Celui qui m’a permis de
compléter ma grille d’entretien et de corriger certains points qui demandaient
quelques précisions ou modifications. Cette grille d’entretien a été construite en
collaboration avec Sophie-Maria Praz-Christinaz166, médecin du travail, qui m’a
donné quelques conseils pour son élaboration. A travers mes différentes
questions, j’ai cherché à déterminer l’impact du travail de nuit sur la vie familiale et

164
Echantillonnage typique raisonné : « méthode d’échantillonnage non probabiliste dans laquelle le
chercheur sélectionne les participants d’après le jugement qu’il se fait des personnes les plus
représentatives ou les plus en mesure de livrer une grande quantité d’information ».
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI, 2007. 591p. P. 269
165
Nous parlons d’infirmiers chefs au masculin, car la majorité de ceux contactés était des hommes, mais il
y avait cependant quelques infirmières cheffes.
166
Je la nomme dans mon travail avec son accord.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 46
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sociale des infirmières veilleuses et la façon dont elles gèrent leur quotidien en
travaillant de nuit. Je leur ai aussi demandé quels sont leurs critères personnels
pour avoir une bonne qualité de vie.

4.5 Déroulement des entretiens


Avant mes entretiens, j’ai réalisé un pré-test167 auprès d’une infirmière
correspondant à mes critères du public cible. Grace à ce pré test, j’ai remarqué
que plusieurs relances semblaient nécessaires d’être rajoutées à ma grille
d’entretiens.168 Mes entretiens ont été réalisés en l’espace d’une semaine et
demie, dans un endroit calme. (Quatre entretiens ont eu lieu dans une pièce de
l’établissement où travaillent ces infirmières, un à mon domicile et trois au domicile
des infirmières). Il aurait été préférable que les huit entretiens aient lieu dans le
même environnement mais cela n’a pas été possible pour des questions
organisationnelles des infirmières.169 Deux d’entre eux ont été interrompus, l’un
par les pleurs d’un enfant et l’autre par l’arrivée du mari de l’infirmière interrogée.
Ces deux entretiens ont rapidement repris leur cours. Les entretiens ont durés
environ 30 minutes. Chaque infirmière a lu et signé la lettre de consentement
éclairé170 avant que l’entretien ne débute. A la fin de celui-ci, sept infirmières171 ont
répondu à l’échelle de la qualité de vie de « WHOQOL-BREF » qui comprend les
quatre dimensions de cette dernière, afin d’amener un éclairage différent et plus
global sur leur qualité de vie. Ce questionnaire nous a permis de compléter et
d’affiner mon analyse.

167
SCHOEPF Chris, Pré-test des outils, fiabilité et validité et Recherches en soins infirmiers. Module 2808,
mai 2008.
168
Les relances qui ont été rajoutées ou précisées suite au pré-test sont les suivantes : « Comment vous-y
prenez-vous avec vos enfants ? » Cette relance a été nécessaire car à travers la question « Quelles
ressources mettez-vous en place pour faire cohabiter votre vie professionnelle et votre vie sociale et
familiale ? » l’infirmière participant au pré-test n’a relaté aucun élément concernant son enfant.
De plus, la question suivante a été rajoutée après le pré-test : « Quels changements avez-vous observé sur
votre sommeil, depuis que vous travaillez de nuit ? » Cette question a été nécessaire car la question
« Comment dormez-vous après une nuit de travail ? » ne suffisait pas pour que l’infirmière relate
suffisamment d’éléments concernant son sommeil.
169
J’ai conscience que le lieu et le contexte des entretiens influencent les contenus de ces derniers.
Effectivement, les infirmières qui m’ont accueillies chez elles, se sont peut être senties plus à l’aise dans la
production de leur discours que les autres. Je suis consciente que le contexte peut créer des biais
méthodologiques, cependant je n’ai pas pu faire mes huit entretiens dans un contexte semblable.
170
La lettre de consentement éclairé se trouve en annexe n°5.
171
La huitième infirmière devait m’envoyer par courrier cette échelle remplie. Je n’ai pas reçu ce courrier.
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4.6 Principes éthiques et protection des données


Toutes les personnes qui ont participé à ce mémoire sont protégées par des
règles ainsi que des principes éthiques qui visent à les prémunir d’éventuels
dommages qui pourraient être occasionnés, tel que le non-respect de l’anonymat.
Les participantes ont participé à la recherche de leur plein gré et ont été informées
qu’elles pouvaient se retirer à tout moment de celle-ci.

Chaque infirmière a pris connaissance et signé la lettre de consentement éclairé


avant l’entretien.

Les participantes de ma recherche ont été informées que les données transmises
lors des entretiens sont confidentielles et que les informations enregistrées seront
détruites, au plus tard, six mois après la soutenance orale, soit au plus tard en
août 2010.

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5. Analyse

Dans ce chapitre, j’interprète les réponses recueillies durant les huit entretiens et
je les mets en relation avec le cadre théorique. Pour ce faire, je vais réaliser une
analyse thématique, qui a pour but, dans un premier temps, de répondre à la
question centrale de recherche. Dans un deuxième temps, cette analyse sera
comparée avec celle de ma collègue Tania, afin d’infirmer ou de confirmer la
validité de notre hypothèse de recherche.

Notre grille d’entretien à été élaborée avec comme objectif d’identifier si les
influences du travail de nuit sur la qualité de vie des infirmières interrogées sont
en relation avec le pourcentage de travail de celles-ci.

Afin de procéder à mon analyse j’ai choisi de mettre en évidence les différents
thèmes afin de pouvoir catégoriser les différentes réponses collectées lors des
entretiens. Cette démarche a pour but de classer et structurer les données et d’en
extraire un sens.172

5.1 Personnes interrogées :


Pour effectuer mes entretiens, j’ai interrogé huit infirmières ayant toutes plusieurs
points communs : elles sont en couple, ont au minimum un enfant et travaillent
uniquement de nuit à 60% et moins.173

172
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. Québec : ERPI, 2007. 591p.P. 400
173
Leur pourcentage de travail est de 60% maximum, ce qui représente 5 à 7 nuits de travail par mois, ce
nombre varie en fonction du nombre d’heures effectuées par nuit, et de l’établissement où elles exercent.
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5.2 Voici une brève description des huit


infirmières interrogées :174
Depuis
quand
Pourcentage État Nombre L’âge des
Infirmière Age font-elles
de travail civil d’enfant(s) enfants
des
nuit ?
3 enfants, 5ans,
N° 1 31ans 30% mariée attend son 4ans et 3ans
4ème 2ans
18ans et
N° 2 52ans 60% mariée 2 filles 19ans
15ans
8 ans et 6
N° 3 39ans 60% mariée 2 enfants 9ans
ans

N° 4 36ans 60% mariée 1 fille 4ans 2ans

2ans et 1an et
N° 5 42ans 40% mariée 2 enfants
6mois demi

14ans,
N° 6 40ans 50% mariée 3 enfants 10ans et 7ans
5ans
19ans
N° 7 60ans 30% divorcée 2 fils 15ans
(jumeaux)
12ans et
N° 8 43ans 50% mariée 2 filles 7ans
14ans

Je suis consciente que l’âge des infirmières, l’âge de leurs enfants ainsi que le lieu
où elles exercent peuvent influencer certaine réponse. De même, le pourcentage
peut lui aussi influencer les réponses. Je suis consciente qu’une infirmière qui a

174
Je tiens à soulever que les infirmières 2 et 7 m’ont témoignés des éléments du passé. L’infirmière 1 m’a
répondu au passé lorsque ses deux filles étaient petites car elle faisait déjà des nuits, et l’infirmières 7 m’a
relaté des éléments du passé également lorsqu’elle était mariée avec ses deux fils en bas âge car elle
travaillait déjà de nuit.
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trois enfants en bas âge et qui travaille à 30% dans un EMS ne relatera pas les
mêmes propos qu’une infirmière qui travaille à 60% dans un service aigu avec des
enfants adolescents. Cependant, par manque de temps, je n’ai pas pu trouver
suffisamment d’infirmières veilleuses correspondant exactement aux mêmes
critères.

5.3 Analyse des données


Après plusieurs lectures des réponses obtenues durant les entretiens, j’ai décidé
de classer les réponses obtenues par thème. Les thèmes choisis correspondent
aux quatre dimensions qui composent le concept de qualité de vie présentée dans
mon « cadre de référence » (cf. p. 18).

Après mes entretiens, j’ai demandé aux infirmières de répondre au questionnaire


de la qualité de vie qui se nomme l’échelle « WHOQOL-BREF ».175 Cette échelle
a pour but d’évaluer la qualité de vie globale d’un individu. Les infirmières ont
répond aux 26 questions qui abordent quatre thèmes, à savoir : la santé physique,
la santé psychologique, les relations sociales et l’environnement. Ces quatre
thèmes sont présentés dans mon cadre théorique, et chaque dimension peut être
mise en lien avec un ou plusieurs concepts, le schéma suivant l’illustre.

175
WHOQOL-BREF. Echelle de la qualité de vie. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.performance-sante.fr/upload/Questionnaire/WHOQOL-BREF.pdf
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Thèmes abordés dans :

La santé physique : les AVQ176, la dépendance aux substances médicales,


l’énergie et la fatigue, la mobilité, la douleur et l’inconfort, le sommeil et le repos
et la capacité à travailler.

La santé psychologique : l’image corporelle et l’appartenance, les sentiments


négatifs et positifs, l’estime de soi, la spiritualité, la religion, les croyances, la
réflexion, l’apprentissage, la mémoire et la concentration.

Les relations sociales : les relations personnelles, le soutien social, l’activité


sexuelle.

L’environnement : les ressources financières, la liberté et la sécurité,


l’accessibilité et la qualité des soins et de l’aide sociale, l’environnement
sécurisant, l’opportunité d’acquérir de nouvelles informations et des
qualifications, la participation et les possibilités d’activités récréatives et de
loisirs et l’accès au transport.177

176
AVQ : activités de la vie quotidienne.
177
WHOQOL-BREF Introduction, administration, scoring, and generic version of the assessment. Programme
on mental health world health organization. Geneva. December. 1996. [En ligne]. Adresse URL:
www.who.int/mental_health/media/en/76.pdf
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Je m’oriente d’avantage sur les thèmes suivants.178 Dans la dimension « santé


physique », je développerai la santé physique globale, le sommeil et la fatigue.
Dans la dimension « psychologique » j’aborderai les sentiments positifs et
négatifs. Dans la dimension « relations sociales » j’explorerai les aspects familiaux
de l’infirmière veilleuse et enfin, dans la dimension « environnement » je parlerai
des activités sportives ou de loisirs de ces infirmières.

La section qui suit, traitera des aspects concernant la santé physique globale, le
sommeil et la fatigue.

5.3.1 Première dimension : la santé physique globale

J’illustre ci-dessous les réponses aux questions posées lors des entretiens
relatives à la santé physique globale. Durant les entretiens, j’ai posé la question
suivante : « Votre santé physique s’est-elle modifiée depuis que vous travaillez de
nuit ? » Je classe les réponses des infirmières dans les trois tableaux suivants. Le
premier tableau (1) concerne la santé globale des infirmières, le second (2)
concerne le sommeil et le dernier (3), la fatigue.

5.3.1.1 La santé physique globale

Tableau 1

Infirmières Réponses relatives à la santé physique globale


N° 2 A affronté un cancer du sein depuis qu’elle fait des nuits.

N°4 A des problèmes intestinaux depuis qu’elle travaille de nuit.


N° 1, 3, 5, 6, 7
N’ont relaté aucun problème de santé physique.
et 8

Je remarque qu’une infirmière a affronté un cancer du sein depuis qu’elle fait des
nuits.

178
Je reprends uniquement les thèmes qui sont directement en lien avec mes questions d’entretiens et
donc avec mon cadre de référence.
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« Je me suis quand même fait un cancer du sein. Mais est-ce que ça vient de ça ou pas, je n’en sais
rien. Alors j’en ai fais un, mais je ne pense pas que ce soit à cause de la nuit. A mon avis, c’est
parce que c’était comme ça.»

Selon elle, son cancer n’a aucun lien avec le travail de nuit. Des études relèvent
cependant qu’il y aurait « une augmentation d’incidence du cancer du sein chez
les infirmières travaillant la nuit comparées à celles qui n’avaient jamais travaillé
de nuit».179 « Le CICR vient, d’ailleurs de classer le travail de nuit cancérigène
probable pour l’homme».180

Une autre infirmière souffre de problèmes intestinaux depuis qu’elle fait des nuits.
Elle explique :

« Alors j’ai plus de problèmes intestinaux depuis que je travaille la nuit, c’est vrai qu’au début
quand je recommence les nuits, j’ai passablement mal au ventre enfin des choses comme ça. »

Effectivement en faisant des nuits, des troubles intestinaux peuvent survenir. Que
nous dormons ou travaillons, la motilité gastro-intestinale ainsi que les sécrétions
(suc gastrique, bile, etc.) sont fortement diminuées ou même interrompues
pendant la nuit. Le bol alimentaire reste donc bloqué où il se trouve et n’est pas ou
peu réabsorbé.181 Le transit est donc arrêté ce qui provoque la constipation. C’est
seulement vers les 5 heures du matin que tous ces éléments reprennent leur
rythme, et que les sécrétions sont à nouveau libérées. Selon le bureau
international du travail, les horaires de nuit, provoquent des irrégularités dans les
horaires de repas. Ces irrégularités peuvent amener à des troubles gastro-
intestinaux.182

La santé physique est l’une des quatre dimensions qui englobent le concept de la
qualité de vie. Avoir une bonne santé contribue donc à avoir une bonne qualité de
vie. Cependant, cette dernière reste très subjective et personnelle. De plus, elle
englobe d’autres dimensions pour former un tout. Je ne peux donc pas déduire
que ces deux infirmières soient atteintes dans leur qualité de vie car elles souffrent

179
Revue médicale suisse. Médecine de premier secours. N° 181. 26 novembre 2008.
180
Ibidem
181
Dr. Mullens, Sommeil, Vigilance, Somnolence. [En ligne]. Adresse URL : www.svs81.org
182
BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de sécurité et de santé au travail, volume II,
Les risques professionnels. Edition originale anglaise établie sous la direction de Jeaunne Mager Stellman.
Chapitre 43.
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

des problèmes intestinaux ou parce qu’elles ont surmonté un cancer du sein. Je


peux dire, tout de même, que la santé physique est une dimension importante de
la qualité de vie. Etre en bonne santé contribue donc à avoir une bonne qualité de
vie.

Synthèse des résultats par rapport à la santé physique globale

Suite à mon analyse, je conclus que la majorité des infirmières sont en bonne
santé depuis qu’elles travaillent de nuit et que seules deux d’entre elles ont vu des
changements sur leur état de santé depuis qu’elles pratiquent des horaires
nocturnes. De plus, selon l’échelle « WHOQOL-BREF » toutes les infirmières se
disent « satisfaite » ou très satisfaite » de leur santé.

Nous allons maintenant voir les aspects concernant le sommeil des infirmières
veilleuses. Les questions relatées lors de mes entretiens au sujet du sommeil
étaient les suivantes : « Comment dormez-vous après une nuit de travail ?
Combien de temps ? Quels changements avez-vous observés sur votre sommeil,
depuis que vous travaillez de nuit ? Et enfin, vous arrive-t-il d’utiliser une aide
pharmaceutique pour dormir après une nuit de travail ? » Le tableau qui suit
relatent les réponses des infirmières au sujet de leur sommeil.183

183
A savoir que les adjectifs utilisés comme items dans ce tableau, sont tous les adjectifs utilisés par les
infirmières lors des entretiens pour définir leur sommeil diurne.
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5.3.1.2 LE SOMMEIL

Tableau 2

Propos des infirmières au sujet de leur sommeil diurne en


comparaison avec leur sommeil nocturne. 184
Se
Interrompu réveille
Peine à
par des souvent
Moins Plus Plus s’endormir
Infirmières bruits ou vers
réparateur court léger en rentrant
des stimuli l’heure
le matin
extérieurs de midi

N°1 X X X X X X

N°2 X X X X

N°3 X X X X

N°4
X X X

N°5 X X X X X

N°6 X X X

N°7 X X

N°8 N’a aucun problème de sommeil.

Une infirmière relate :

« C’est sûr que le sommeil de jour est plus court que le sommeil de nuit, il est moins réparateur ».
« Je dors beaucoup moins longtemps, et mon sommeil est plus léger, je me réveille souvent, etc. »

J’observe dans ces tableaux, que sur la totalité des infirmières interrogées, une
seule d’entre elles, a un sommeil optimal. Leur sommeil diurne est, si je reprends
les adjectifs les plus utilisés par les infirmières pour le décrire, court, peu
réparateur, léger, interrompu par des bruits, entrecoupé, etc. Cependant, dans le
questionnaire de la qualité de vie « WHOQOL-BREF », j’observe que trois d’entre

184
Pour visualiser plus facilement les propos des infirmières par rapport à leur sommeil, j’illustre par des
croix lorsque l’infirmière est concernée par l’adjectif défini.
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elles répondent par « satisfaite » à la question suivante : « êtes-vous satisfaite de


votre sommeil ? »185 Je remarque donc une contradiction entre les propos relatés
par certaines infirmières lors de l’entretien et les réponses au questionnaire de la
qualité de vie qu’elles ont rempli.186

Je ne peux pas faire de liens avec le fait que les infirmières sont souvent
réveillées par des bruits extérieurs et l’âge de leurs enfants. Effectivement, le fait
d’avoir des enfants en bas âge, pourrait perturber le sommeil diurne des
infirmières car il est difficile de faire comprendre aux enfants en pleins
développement, qu’il ne faut pas faire de bruit lorsque « maman » dort. Mais si
j’observe mon échantillonnage, je n’observe aucune corrélation entre le sommeil
interrompu et l’âge des enfants de chaque infirmière.

Plusieurs infirmières confirment que leur sommeil diurne est plus court que le
sommeil nocturne.

« Avec l’âge, la qualité du sommeil est très mauvaise. Moi j’ai tendance à dormir 3 heures, même
la nuit, je dois me lever aller me promener, faire quelque chose avant de me recoucher parce que
je n’ai pas une longue période de sommeil. »

Ceci correspond à la théorie de Carpentier et Cazamian qui décrivent que l’être


humain, grâce au rythme circadien, est programmé pour être actif le jour et dormir
la nuit. Le sommeil diurne est pour cette raison de moins bonne qualité et plus
court de une à deux heures. 187 Cependant, selon Carpentier et Cazamian, « on ne
peut pas assimiler le sommeil de jour à une privation totale de sommeil : « le
sommeil obligatoire » est assuré, mais non « le sommeil facultatif » qui améliore la
qualité de la récupération».188

Toutes les infirmières définissent leur sommeil diurne comme étant moins
réparateur que le sommeil nocturne. En effet, le sommeil diurne est moins

185
A savoir que les infirmières avaient cinq choix de réponses ; Très insatisfaite ; insatisfaite ; ni satisfaite, ni
insatisfaite ; satisfaite ; très satisfaite.
186
J’émets l’hypothèse que cette contradiction est due au fait que l’infirmière répond de manière globale
au questionnaire de la qualité de vie. Elles jugent donc leur sommeil de manière générale, et pas
uniquement le sommeil diurne. Dans ce cas elles peuvent être satisfaites.
187
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail, Genève, 1977, 90p. P.24
188
Ibidem p. 24
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réparateur car la qualité du sommeil profond est altérée et le sommeil paradoxal


est plus court.189 190

Tous ces troubles du sommeil seraient normaux si on en croit les propos des
auteurs de « travail de nuit et santé »191 qui stipulent que les troubles du sommeil
sont la première répercussion du travail de nuit. Conne-Perréard et Parrat Jean192
disent également que les individus ne sont pas faits pour travailler la nuit et dormir
le jour. Le sommeil de jour est souvent interrompu par des éléments perturbateurs
extérieurs. Les infirmières sont donc souvent réveillées la journée par des
synchronisateurs sociaux comme le bruit des enfants, de la circulation, des
travaux, etc. J’observe effectivement que pour plus de la moitié des infirmières, le
sommeil diurne est plus léger et qu’elles sont pour cette raison plus sensibles aux
bruits qui les entourent.

Selon Conne-Perréard et Parrat,193 « la tentation est grande de résoudre les


problèmes de sommeil par la prise de somnifères ». Quelques infirmières
interrogées déclarent avoir déjà utilisé une aide pharmaceutique pour dormir après
une nuit de travail. L’une d’entre elle dit :

« J’ai eu pris occasionnellement quelque chose mais pas dernièrement. Plus maintenant. Ça
m’arrive si je dois faire le changement de sens, si j’ai vraiment quelque chose d’important le jour
suivant, ça m’arrive de prendre un petit quelque chose de léger juste pour m’endormir. Parce que
je dois dormir, si j’ai un rendez-vous le lendemain matin, sinon je traîne je suis encore à
l’ordinateur à 1h du matin. »

Les deux autres utilisent des médicaments homéopathiques et naturels


uniquement.

« J’utilise parfois des médicaments. Mais moi j’utilise l’homéopathie. Je ne suis pas quelqu’un qui
prend facilement des médicaments. Après c’est infernal si on commence avec ça ».

189
Ibidem p. 24
190
La durée du sommeil est subjective. Une personne peut avoir l’habitude de dormir 4 heures maximum et
se sentir très bien, tandis que d’autres personnes doivent avoir au minimum 8 heures de sommeil pour se
sentir bien.
191
CONNE-PERREARD E., PARRAT J. Travail de nuit et santé. Conférence romande et tessinoise des offices
cantonaux de protection des travailleurs. Genève. 2004. 47p. P.22
192
Ibidem p. 22
193
Ibidem P. 28
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Ces propos montrent que cette infirmière est consciente, que la prise régulière de
médicaments peut avoir des conséquences néfastes. Effectivement, la prise
régulière de certaines substances, peut rapidement s’accompagner d’un
phénomène d’accoutumance. Pour pouvoir dormir la journée, les infirmières se
voient donc dans l’obligation d’augmenter la prise de médicaments pour obtenir
l’effet désiré.194 Par rapport à mon échantillon, j’observe qu’aucune infirmière ne
prend régulièrement des substances médicamenteuses pour pouvoir dormir.

Je remarque également qu’une infirmière n’a aucun problème de sommeil, elle


affirme bien dormir et ne pas être pas fatiguée.

« Je dors très bien ! Oui, en principe je dors bien. »

Selon la société canadienne du sommeil,195 il est vrai que 10% des gens,
n’éprouveraient pas de difficultés à travailler de nuit. Cette infirmière pourrait en
faire partie. Mis à part ces 10%, les autres ne s’adapteraient pas au travail de nuit
mais en subiraient les conséquences. La preuve est que la majorité des
infirmières interrogées m’ont évoqué une multitude de changements observés sur
leur sommeil depuis qu’elles travaillent de nuit.

Pour Abraham Maslow, dormir et se reposer font partie des besoins de survie d’un
individu, au même titre que boire et manger, qui se trouvent à la base de la
pyramide.196 Pour la moitié des infirmières également, dormir et se reposer sont
des éléments nécessaires pour avoir une bonne qualité de vie. De plus, le
sommeil fait partie intégrante de la dimension « santé physique ». Avoir un bon
sommeil contribuerait donc à optimiser sa qualité de vie.

Synthèse des résultats par rapport au sommeil et à ses troubles

Suite à mon analyse, je conclus que le sommeil diurne de la majorité des


infirmières interrogées, est altéré en travaillant de nuit. Je relève également que
l’âge des infirmières, le nombre et l’âge des enfants, n’a que peu d’influence sur

194
CONNE-PERREARD E., PARRAT J. Travail de nuit et santé. Conférence romande et tessinoise des offices
cantonaux de protection des travailleurs. Genève. 2004. 47p. P.28
195
La société canadienne du sommeil. Stratégies pour travailleurs de nuit. 2003. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.css.to/css/sleep/trav_nuit.pdf
196
Vous trouverez cette pyramide en annexe N° 7.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 59
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l’importance de ces troubles du sommeil. Le nombre d’année d’expérience


professionnelle en horaire de nuit n’a pas d’influence non plus.

L’altération du sommeil des huit infirmières n’accentue pas la prise régulière de


substances médicamenteuses favorisant le sommeil.

Nous allons maintenant aborder le sujet de la fatigue et de ses répercussions. Le


tableau qui suit relate les réponses des infirmières au sujet de la fatigue. Lors des
entretiens, j’ai posé les questions suivantes: « Ressentez-vous de la fatigue et est-
ce que cette fatigue vous freine dans vos activités sociales et familiales ? » A
travers la deuxième question, je cherche, à découvrir par exemple si la fatigue
induite en travaillant de nuit, a une influence sur la fréquence des sorties entre
amis ou sur la motivation à passer du temps en famille.

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5.3.1.3 La fatigue

Tableau 3

Infirmières Propos des infirmières concernant la fatigue

Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit mais ne sait pas si


N° 1 elle est causée par le travail ou par les enfants.
Cette fatigue ne la freine pas dans ses activités sociales et familiales.

Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit.


N° 2 Cette fatigue la freine un peu dans ses activités, elle fait moins de
choses.
Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit.
N° 3 Parfois elle laisse tomber le ménage ou le sport parce qu’elle est trop
fatiguée.

Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit.


N° 4
Cette fatigue ne la freine pas dans ses activités sociales et familiales.

Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit mais ne sait pas si


N° 5 elle est causée par le travail ou par les enfants.
Cette fatigue la freine parfois dans ses activités de loisirs.

Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit.


N° 6
Il y a des jours où elle fait peu de choses à cause de la fatigue.

Ressent de la fatigue depuis qu’elle travaille de nuit.


N° 7 Ça lui arrive de se priver de certaines choses à cause de la fatigue
ressentie.

N° 8 Ne se sent pas plus fatiguée qu’avant, en pratiquant des nuits.

Ce tableau montre que la majorité des infirmières ressent de la fatigue depuis


qu’elles travaillent de nuit, mais elles ne précisent pas la cause de cette fatigue.
Une minorité d’infirmières se demande si cette fatigue est due au travail de nuit ou
au fait d’avoir des enfants.

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 61


Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

« Alors là je mettrais un point d’interrogation, dans le sens où je sais pas si c’est les nuits ou si c’est
les enfants. On en a eu deux d’un coup assez rapprochés alors euh… Je sais pas si c’est l’un ou
l’autre ».

Effectivement, le fait d’avoir des enfants en bas âge est certainement source de
fatigue. La prise en charge d’enfants demande du temps et de l’investissement
pour leur éducation et leur développement. J’émets donc l’hypothèse que cette
fatigue peut effectivement être due au fait qu’elles aient des enfants et pas
uniquement au fait qu’elles travaillent de nuit. J’observe tout de même, à travers
mon échantillon, que le fait d’avoir des enfants en bas âge ou des enfants
adolescents n’influence pas l’importance de cette fatigue. De plus, aucune relation
peut-être faite entre le pourcentage de travail et la fatigue ressentie.
Effectivement, les infirmières ressentent toutes de la fatigue, qu’elles travaillent à
30% ou à 60%.

Selon Carpentier et Cazamian, la fatigue du travailleur de nuit peut avoir deux


causes principales : la première est le fait de travailler de nuit, lorsque l’organisme
est en « désactivation ». Ce travail est plus fatiguant car il demande un effort
supplémentaire.197 La deuxième est le fait de devoir dormir la journée, lorsque
l’organisme est en « activation » car le sommeil diurne est moins réparateur que le
sommeil nocturne, de moins bonne qualité, et plus court de une à deux heures,
que le sommeil nocturne. C’est pourquoi il engendre de la fatigue. De plus, le
manque de sommeil, les synchronisateurs sociaux, le sommeil diurne et l’âge sont
autant de facteurs qui modifient le sommeil et sont donc source de fatigue.

De plus, le sommeil diurne du travailleur de nuit est souvent interrompu, comme


évoqué auparavant, par des synchronisateurs sociaux qui sont les principaux
facteurs perturbateurs du sommeil. Les bruits extérieurs, les travaux, la circulation
et les cris des enfants sont effectivement des éléments perturbateurs du sommeil
diurne.

J’observe que cette fatigue ressentie par la majorité des infirmières n’est pas
anodine pour leur vie sociale et familiale. Effectivement, cinq infirmières affirment
que cette fatigue les freine occasionnellement dans leurs activités sociales et

197
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.31
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familiales. Elles ont ainsi un manque de motivation pour faire certaines choses et
laissent parfois tomber leurs activités sportives ou de loisirs à cause de cette
fatigue ressentie. Cependant, je ne peux pas dire que la fatigue est proportionnelle
aux nombres d’enfants ou au pourcentage de travail car la majorité des infirmières
se sentent fatiguées, qu’elles travaillent à 30% ou à 60%, qu’elles aient des
enfants en bas âge ou non.

Nous l’avions vu, la fatigue fait partie intégrante de la dimension de la qualité de


vie « santé physique ». Les propos de certaines infirmières prouvent que la fatigue
peut avoir des conséquences sur la vie familiale et sociale.

« Oui je pense que la fatigue me freine quand même. En tout cas moi je pense que je suis moins
habilitée à aller vite faire des achats, ou sortir avec mes filles faire les magasins la journée après la
dernière nuit que je veille, c'est-à-dire que lorsque je me réveille vers midi, je ne pars pas
volontiers à 16h. Je ne vais pas aller à la foire du Valais ou aller regarder le rallye. On se freine un
petit peu. Ce n’est pas rare, ce n’est pas exceptionnel, c’est comme ça des fois oui bien sûr. »

Je constate que la fatigue peut effectivement nuire à la vie familiale et sociale des
infirmières de nuit et donc à leur qualité de vie. Les relations sociales font partie
intégrante des quatre dimensions de la qualité de vie, et nous voyons dans le
témoignage de cette infirmière que la fatigue a influencé ses relations sociales.

Synthèse par rapport à la fatigue et à ses influences

Suite à mon analyse, je conclus que le travail de nuit effectué avec un


pourcentage inférieur ou égal à 60% est source de fatigue. De plus, cette fatigue
peut induire un manque de motivation pour accomplir certaines activités
domestiques, mais elle est aussi un frein pour pratiquer une activité sportive ou de
loisir ou encore pour passer du temps en famille.

La deuxième dimension de la qualité de vie que je vais analyser est « la santé


psychologique », où les sentiments positifs198 et négatifs199 des infirmières sont
relatés et analysés. Ces éléments sont issus du concept de la qualité de vie (cf. p.
18). A travers mes entretiens je n’ai pas posé de questions directement en lien

198
Par sentiments positifs j’entends l’épanouissement personnel, le sentiment d’appartenance, le
sentiment d’accomplissement personnel, le sentiment de se sentir utile, etc.
199
Par sentiments négatifs j’entends le manque de patience, la mauvaise humeur, l’irritabilité, l’agressivité,
le manque de motivation, etc.
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avec la santé psychologique, car mon but était d’explorer le sommeil et ses
troubles, la famille et la vie sociale. Cependant, quelques infirmières m’ont relatés
des éléments de leur santé psychologique à travers les questions suivantes :
« Quel impact a le travail de nuit sur votre qualité de vie ? » et « Est-ce que cette
fatigue vous freine-t-elle dans vos activités sociales et familiales ? »

5.3.2 La santé psychologique

J’illustre tout d’abord dans un tableau les propos des infirmières sur leur santé
psychologique.200

Infirmières Propos des infirmières concernant la santé psychologique

Témoigne avoir occasionnellement moins de patience avec


N° 1 ses enfants si elle travaille deux nuits de suite, mais c’est rare,
car en général elle ne travaille qu’une nuit à la fois.

N° 2 Oui cette fatigue a des répercussions sur son humeur.

A cause du travail de nuit, elle est irritable et de très mauvaise


N° 5
humeur.

Au fil des années, l’humeur change, elle a moins de patience


N° 6 avec ses enfants.
Le fait de travailler lui permet de s’épanouir personnellement.

Elle est irritable et fatiguée après ses nuits


Le travail est très important, surtout quand on approche de la
N° 7
retraite. Ça permet d’être dans la société, d’avoir des contacts,
de se sentir utile.

Ne ressentent pas d’effets de la fatigue et le travail de nuit n’a


N° 3, 4 et 8
pas d’influence sur leur santé psychologique

200
Toutes les infirmières n’ont pas relatés de propos sur cette dimension, car aucune question ne leur avait
été posée sur ce sujet lors des entretiens. Cependant, quelques infirmières m’ont témoigné certains
éléments de leur santé psychologique lorsque je leur ai posé les questions suivantes : « Cette fatigue vous
freine-t-elle dans vos activités sociales et familiales ? Pour vous quel, impact a le travail de nuit sur votre
qualité de vie ? »
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Comme expliqué précédemment, le manque de sommeil et la fatigue sont source


d’irritabilité, de nervosité, d’anxiété, de troubles de l’humeur et d’agressivité.201 202

Les propos de cinq infirmières le prouvent.

Une infirmière témoigne avoir des troubles de l’humeur et être irritable à cause de
cette fatigue.

« Oh, je suis de très mauvaise humeur !!! »

« Je suis irritable et fatiguée après la nuit !!! »

Une autre exprime avoir occasionnellement moins de patience avec ses enfants.

« Là, oui j’avais un peu moins de patience avec les enfants. La fatigue agit un peu là-dessus. Mais
bon c’est vraiment occasionnel ».

Je constate que pour ces deux infirmières, il n’est pas rare d’enchaîner la journée
qui suit une nuit de travail sans dormir, mais en se reposant uniquement quelques
heures dans l’après-midi, si elles en on le temps.

« Si je peux dormir deux heures de temps ça va, mais c’est assez rare, sinon je me repose, etc. »

« Ça dépend ; s’il y a quelqu’un qui est là pour me les garder, je vais me coucher. Autrement, on
continue ! Sans dormir ! »

Le cadre théorique montrait que le sommeil est primordial car il permet à


l’organisme de se régénérer et il aide également l’esprit à assimiler et à classer
tous les acquis de la journée.203 204
« Le manque de sommeil ou la diminution de
sa qualité entraîne des conséquences sur le plan psychologique tels que : la
fatigue, l’irritabilité, les erreurs d’inattention, les difficultés de concentration, un
temps de réaction ralenti, du stress accru, etc. »205 Les propos de certaines
infirmières confirment ces éléments. Carpentier et Cazamian relatent également
un aspect important qui concerne les deux infirmières pour qui il n’est pas rare de

201
Dr. Mullens, Sommeil, Vigilance, Somnolence. [En ligne]. Adresse URL : www.svs81.org
202
CONNE-PERREARD E., PARRAT J., Travail de nuit et santé. Conférence romande et tessinoise des offices
cantonaux de protection des travailleurs. Genève. 2004. 47p. P.26
203
Université de Genève. Antenne Santé. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.unige.ch/dase/sante/etreenforme/sommeil.html
204
Santé Ontario. Com. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.santeontario.com/featuredetails.aspx?feature_id=4005
205
Ibidem
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 65
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

ne pas dormir la journée après une nuit de travail. Ces deux infirmières courent
selon eux un risque, car « la suppression d’une seule nuit de sommeil entraîne, le
lendemain, une détérioration prononcée de la performance à diverses tâches
expérimentales. Un véritable état de stress se constitue lorsque la privation de
sommeil se prolonge, avec des troubles métaboliques profonds. »206 Nous
pouvons donc faire le lien entre le manque de sommeil et la fatigue avec le
manque de patience, l’irritabilité et les troubles de l’humeur, car le sommeil induit
la fatigue et celle-ci, engendre des sentiments négatifs comme l’irritabilité et
l’impatience et dans les réponses (dans le tableau « santé psychologique ») cinq
infirmières le soulignent.

Dans la dimension « santé psychologique », on parle de sentiments négatifs.


L’irritabilité, les troubles de l’humeur et le manque de patience en font partie. Ces
éléments peuvent donc influencer la qualité de vie des infirmières. De plus, ceux-
ci, peuvent influencer d’autres dimensions, comme la dimension « relations
sociales ». En effet, l’irritabilité peut être problématique au sein d’un couple ou au
sein d’un groupe d’amis. On voit ici qu’une cascade de perturbations peuvent
survenir à partir d’un seul élément. On voit bien que les quatre dimensions de la
qualité de vie sont interdépendantes, et que si l’une est touchée, les autres le
seront également.

Quelques infirmières soulèvent toutefois que le travail de nuit leur apporte un


sentiment positif, à savoir, l’épanouissement personnel pour l’une et le fait de se
sentir utile dans la société pour l’autre. Nous avions vu, dans la dimension « santé
psychologique » que les sentiments positifs sont des indicateurs qui influencent
positivement la qualité de vie d’un individu. De plus, dans la pyramide d’Abraham
Maslow, j’observe que ces sentiments positifs se situent dans trois besoins
fondamentaux ; le besoin d’appartenance, celui de reconnaissance et enfin celui
de réalisation de soi. Nous voyons donc l’importance de la présence de
sentiments positifs chez un individu.

206
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P.19
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Synthèse de la santé psychologique

Suite à mon analyse, je conclus que plus de la moitié des infirmières ressentent
des sentiments négatifs depuis qu’elles travaillent de nuit. Effectivement, les
horaires de nuit pourraient, selon mon échantillon, engendrer de l’irritabilité, des
troubles de l’humeur, un manque de patience, mais il pourrait également, selon
deux infirmières, être source de sentiments positifs tels qu’un sentiment
d’appartenance et d’épanouissement personnel.

La troisième dimension de la qualité de vie que j’ai analysé, sont les « relations
sociales ». Cette dimension concerne les éléments qui se rapportent à la vie
sociale et familiale des infirmières veilleuses. A travers nos entretiens, ce qui nous
intéressait de savoir, c’est comment une infirmière gère sa vie familiale et
sociale en travaillant de nuit?

5.3.3 Les relations sociales

Lors des entretiens, j’ai posé les questions et les relances suivantes concernant la
famille et la vie sociale: « Quelles ressources mettez-vous en place pour faire
cohabiter votre vie professionnelle avec votre vie sociale et familiale ? »
« Comment vous-y prenez-vous avec vos enfants ? » « Dans quelle mesure votre
conjoint participe-t-il à la vie familiale ? » « Quel impact a le travail de nuit sur
votre vie sociale ? » et enfin, « A quelle fréquence voyez-vous vos amis et est-ce
que cette fréquence vous convient-elle ? »

J’illustre dans le tableau qui suit, les réponses des infirmières aux questions ci-
dessus.

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Infirmières Propos des infirmières concernant leur vie sociale et familiale

Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale et grâce au


travail de nuit, elle est plus présente la journée pour garder ses enfants.
Elle utilise quelquefois sa maman comme ressource pour garder ses
N° 1
enfants la journée. Et son mari s’occupe des enfants le soir quand il
rentre du travail. Pour elle, le travail de nuit n’a pas de répercussions sur
sa vie sociale et familiale. Elle voit régulièrement ses amis.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale car elle est
présente la journée pour ses filles. Elle utilise quelquefois sa mère
comme ressource pour garder ses filles. Son mari est souvent absent la
semaine, il s’occupe donc des filles le week-end. Selon elle, le travail de
N° 2
nuit n’a pas de répercussions sur sa vie sociale et familiale. Elle voit
régulièrement ses amis. Elle dit aussi avoir du temps pour elle car les
horaires sont condensés. Elle travaille plus d’heure pour faire moins de
jours.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale. Ses enfants
vont à la crèche la journée et son mari s’occupe d’aller les rechercher le
soir. Elle a beaucoup de temps pour elle en faisant des nuits car elle a
N° 3 plus de congé. Elle voit peu ses amis mais ce n’est pas à cause du travail
de nuit, mais parce qu’elle habite loin d’eux. Pour elle, ce n’est pas le fait
de travailler de nuit qui est pénible pour la vie sociale, c’est le fait de
devoir travailler le soir.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale. Son mari
travaille comme infirmier à 100% de nuit et s’ils travaillent les deux, c’est
N° 4
sa maman ou sa sœur qui garde leur fille. En travaillant de nuit, elle dit
avoir plus de temps libre pour elle. Elle voit régulièrement ses amis.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale. Elle s’occupe
même de ses deux fils car elle est présente la journée en travaillant de
N° 5 nuit. Son mari prend la relève le soir et le week-end. Selon elle, le travail
de nuit n’a pas d’impact sur sa qualité de vie sociale et familiale. Elle voit
régulièrement ses amis.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale. Son mari est
infirmier de jour, et a des horaires irréguliers. Le travail de nuit n’a pas
d’impact sur sa famille et sur sa vie sociale mais ce sont les horaires de
N° 6
son mari qui l’empêchent de faire certaines choses. S’ils travaillent les
deux, c’est leur voisine qui vient garder les enfants. Elle ne sort pas
beaucoup à cause des horaires de son mari.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale. Son mari
N° 7 s’occupait des enfants le soir et le week-end. Elle voit régulièrement ses
amis.
Pour elle, le travail de nuit facilite l’organisation familiale. Son mari est
souvent absent la semaine, c’est donc une jeune fille qui vient surveiller
N° 8
les enfants quand elle travaille. Elle voit souvent ses amis et le travail de
nuit ne l’empêche pas de faire ses activités.

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Dans la littérature, Carpentier et Cazamian207 mettent en évidence une multitude


de répercussions sur la vie sociale du travailleur de nuit. Ils vont même jusqu’à
parler de « mort sociale ». Selon eux, les horaires nocturnes pourraient avoir une
influence néfaste sur tous les membres de la famille, sur les relations de couple,
sur la répartition des rôles de chacun, sur toute la dynamique familiale, etc.
L’organisation de la garde des enfants serait difficile, l’organisation de la vie
familiale également.

La relation entre les propos des auteurs de la littérature et les propos des
infirmières interrogées laissent apparaître des divergences. En effet, j’observe que
pour toutes les infirmières, le fait de travailler de nuit est un avantage et non un
inconvénient pour l’organisation familiale. Pour la majorité d’entre elles, le premier
avantage de ces horaires est le fait d’être présente la journée, pour les enfants.

« Pour mes filles, maman était toujours là et s’il y avait quelque chose la journée, on ose me
réveiller, on ose venir me demander, où est mon pantalon ? »

« C’était uniquement pour pouvoir recommencer à travailler et puis être présente, et continuer à
avoir une vie familiale, sans devoir priver les enfants d’autres choses et puis en même temps, moi
j’avais besoin de me réaliser et de retrouver une activité professionnelle. »

Je constate que toutes les infirmières interrogées ont commencé à travailler de


nuit par choix, pour faciliter la garde des enfants. En effet, en travaillant la nuit,
elles sont présentes la journée pour s’occuper d’eux, les emmener à l’école, leur
préparer les repas, etc. La plupart d’entre elles expriment clairement que ce sont
les horaires de jour des infirmières qui sont incompatibles avec la vie de famille.
208
L’une d’entre elle dit même que « les horaires d’infirmière, c’est anti famille ! »
209
Toutes les infirmières interrogées travaillent de nuit par choix, pour être
présentes la journée ou pour faciliter l’organisation familiale. On pourrait donc

207
CARPENTIER J, CAZAMIAN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p
208
Cette infirmière travaillait de jour dans un service de soins aigus à l’hôpital, avant de travailler dans un
EMS. Effectivement, j’émets l’hypothèse que l’organisation familiale, est plus difficile à gérer en travaillant
dans un service aigu avec des horaires irrégulier, qu’en travaillant de nuit dans un EMS comme elle fait
maintenant. De plus, ses filles étaient plus petites, donc demandaient plus de présence pour leurs besoins.
209
En plus de cela, j’émets l’hypothèse, que la fatigue ressentie, qu’elle soit physique ou psychologique, est
d’autant plus grande lorsqu’on travaille dans un service aigu que dans un EMS.
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

supposer qu’elles veulent privilégier leur rôle de mère plutôt que leur rôle de
femme active professionnellement. Rappelons que le rôle des parents est «
d’évaluer, sur les plans financier et affectif, le coût des diverses solutions
permettant d’assurer l’éducation des enfants. La mère et le père, chacun à sa
manière, contribuent au développement de l’enfant.»210 Mes entretiens montrent
que l’une des solutions utilisées par les infirmières interrogées pour contribuer au
développement de leurs enfants, est de justement travailler de nuit pour remplir
leur rôle au sein de la famille.

J’observe à travers mes entretiens que les conjoints des infirmières sont souvent
cités comme ressource pour participer à l’éducation des enfants. La deuxième
ressource (après le conjoint) citée le plus souvent par les infirmières pour la garde
des enfants est leur propre mère.

Je remarque que les perturbations de la vie familiale soulevées dans la littérature


n’ont pas été évoquées lors de mes entretiens. La plupart des infirmières
interrogées sont satisfaites de leur qualité de vie familiale et le travail de nuit ne
serait pas un frein mais, au contraire, un avantage pour l’organisation familiale.
Pour la majorité des infirmières, la famille est un critère de bonne qualité de vie,
que ce soit passer du temps en famille ou participer aux activités des enfants. Je
constate que pour ces infirmières, la conciliation entre la vie professionnelle et la
vie familiale ne pose pas de problème.

Les différents types d’horaires, l’instauration des horaires libres et le travail à


temps partiel favoriseraient et faciliteraient l’organisation familiale.211 Peut-on dire
aujourd’hui que le travail de nuit, lui aussi, favorise l’organisation familiale ? Selon
mon échantillon d’infirmières, je pense que oui, si celui-ci est effectué avec un
pourcentage de travail de 60% et moins.

En pratiquant ces horaires, l’infirmière serait en décalage perpétuel avec la


société, ses amis et sa famille. Selon Carpentier et Cazamian, les personnes
travaillant de nuit prennent l’habitude d’être seule et autonome, et s’éloignent de

210 ème
WRIGHT M. Lorraine, LEAHEY M., L’infirmière et la famille. Guide d’évaluation et d’intervention. 3
Edition. Canada. 2007. 428p P.113
211
Social info. [En ligne]. Adresse URL : http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=336
Dictionnaire Suisse de Politique sociale.
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plus en plus de leurs amis et de leur famille. Ils supportent alors de moins en
moins la présence d’autrui et s’isolent. De plus, en travaillant de nuit, une forme
d’exclusion de la vie sociale aurait lieu, à cause des horaires.212 Selon, Rachel
Luciani213, la personne travaillant de nuit, se retrouve seule, avec un réseau social
restreint qui se résume uniquement à sa famille. Le travail de nuit influencerait
donc fortement la vie sociale du travailleur nocturne, du fait de « l’irrégularité des
horaires et des plages de repos ». Je remarque à nouveau une contradiction entre
la théorie et les propos des infirmières. En effet, la majorité d’entre elles disent
être satisfaites de leur vie sociale, ainsi que de la fréquence à laquelle elles voient
leurs amis.

« Mes amis je les vois quand je veux ou quand eux me demande. Mais ils me manquent pas je
pense que je les vois suffisamment. J’ai pas une sensation de perte ou de manque ».

Quelques infirmières expriment que leur vie sociale s’est modifiée, mais non pas
parce qu’elles travaillent de nuit, mais plutôt depuis qu’elles ont des enfants.

« C’est surtout depuis que j’ai les enfants que j’ai dû modifier certaines choses plutôt. »

Seule une infirmière souhaiterait voir plus souvent ses amis, car elle ne les voit
que quatre fois par an. Cette fréquence n’est, à nouveau, pas influencée par le
travail de nuit mais par la distance qui les séparent.

« Mes vrais amis, j’en ai deux. On se voit quatre fois par année. Bien sûr que j’aimerais les voir
plus. Mais après y a la distance aussi ce n’est pas lié au travail de nuit. Je suis à 100 km d’eux. »

De plus, je soulève que pour quelques infirmières, la vie sociale (les amis, les
sorties, etc.) sont des critères de la qualité de vie.

212
CONNE-PERREARD E., PARRAT J. Travail de nuit et santé, Conférence romande et tessinoise des offices
cantonaux de protection des travailleurs. Genève. 2004. 47p. P. 29
213
LUCIANI R., Le travail de nuit : Analyse des stratégies utilisées par les ouvriers travaillant la nuit pour
concilier vie professionnelle et vie familiale. Mémoire de licence présenté à la Faculté des Lettres de
l’Université de Fribourg. Niederhasli. 2003. p. 47
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Synthèse des relations sociales

Suite à mon analyse, je conclus que le travail de nuit faciliterait l’organisation


familiale car les infirmières de nuit sont présentes la journée pour la prise en
charge des enfants. Le travail de nuit serait donc, pour les huit infirmières, un
avantage et non un inconvénient pour l’organisation familiale. Plusieurs
infirmières, se sont cependant, vue modifier leur vie sociale mais non pas depuis
qu’elles travaillent de nuit, mais plutôt depuis qu’elles ont des enfants.

Le travail de nuit effectué avec un pourcentage de 60% et moins, n’influencerait


pas négativement la qualité de vie socio-familiale des infirmières.

La dernière dimension que je vais analyser est « l’environnement ».

5.3.4 L’environnement

Cette dimension concerne la participation aux activités récréatives et de loisirs.


Lors des entretiens j’ai posé la question suivante : « Participez-vous à des
activités individuelles ou collectives de loisirs ? » J’illustre dans le tableau ci-
dessous, les réponses à cette question, pour chacune des infirmières.

Propos des infirmières concernant les activités sportives et de


Infirmières
loisirs214
N° 1 -Elle pratique des activités sportives collectives.
N° 2 -Elle pratique du sport individuel.
-Elle pratique des activités sportives individuelles et elle est aussi
N° 3
monitrice de gym parents/enfant.
N° 4 -Elle pratique du sport individuel.
-Elle pratique une activité collective et elle est monitrice de gym
N° 5
parents/enfant.
N° 6 -Elle pratique des activités sportives individuelles et collectives.
N° 7 -Elle pratique des sports individuels.
N° 8 -Elle pratique du sport individuel et familial.

214
Je soulève tout de même, que d’autres facteurs peuvent influencer cette dimension et non pas
seulement les horaires nocturnes. En effet, l’aspect financier à son rôle à jouer dans cette dimension. Tout
le monde n’a pas les moyens de pratiquer une activité sportive ou de loisirs.
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Comme les infirmières veilleuses sont libres la journée, elles peuvent pratiquer
leurs activités de loisirs lorsque les autres personnes travaillent. Durant ces plages
horaires, les espaces publics (les clubs par exemple) sont alors moins fréquentés.
Cependant, peu de cours de sport, par exemple, ont lieu la journée. Celles-ci sont
donc forcées de pratiquer plutôt des loisirs et des activités individuelles que
collectives.215 De plus, elles ont des horaires irréguliers, et ne travaillent pas
toutes les semaines les mêmes nuits. Une activité fixe qui dépend d’horaires n’est
donc que peu accessible pour elles. Néanmoins, le fait de travailler de nuit à 60%
et moins ne semble pas être un frein pour pratiquer une activité sportive ou de
loisir. En effet, les infirmières interrogées pratiquent toutes une activité.
Cependant, je constate que dans la moitié des cas, ce sont des plaisirs plutôt
individuels que collectifs. Une infirmière exprime :

« Participer à une activité fixe collective, c’est difficile. Surtout en ayant des jours de travail fixes
c’est dur. C’était plus facile quand je travaillais la journée. Alors faire partie d’une société, je
trouve que c’est difficile, non moi je n’arrive pas ».

Carpentier et Cazamin stipulent très bien dans leur ouvrage qu’en travaillant de
nuit, il est difficile de pratiquer une activité collective où l’on voit du monde. Les
travailleurs nocturnes vont plutôt choisir un sport individuel ou une activité qui ne
dépend d’aucun horaire. J’observe toutefois que certaines infirmières pratiquent
une activité collective.

Pour une majorité d’infirmières, avoir une activité sportive ou de loisirs est un
critère d’une bonne qualité de vie. En effet, dans la dimension « environnement »
qui est l’une des quatre dimensions de la qualité de vie, les activités récréatives,
sportives ou de loisirs ont leur importance, car celles-ci sont des indicateurs de la
qualité de vie. Pratiquer un sport ou une activité contribuerait donc à avoir une
bonne qualité de vie. De plus, comme ces activités sont souvent pratiquées en
famille ou entre amis, elles peuvent contribuer à augmenter ou optimiser les
sentiments positifs, le bien être et les relations sociales d’un individu et donc sa
qualité de vie.

215
CONNE-PERREARD E., PARRAT J., Travail de nuit et santé. Conférence romande et tessinoise des offices
cantonaux de protection des travailleurs. Genève. 2004. 47p. P. 29
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Synthèse de la dimension « environnement »

Suite à mon analyse, je conclus que le travail de nuit n’est pas un frein pour
pratiquer une activité sportive ou de loisirs qu’elle soit individuelle, collective ou
encore familiale.

Chaque infirmière a une vision différente et des critères personnels de la qualité


de vie. Les critères nécessaires pour avoir une bonne qualité de vie pour les huit
infirmières interrogées sont illustrés dans le tableau ci-après.

Infirmière Critères nécessaires pour avoir une bonne qualité de vie


-Garder du temps pour soi
N° 1
-Se reposer
-Se reposer, dormir
N° 2 -Faire des activités, du sport
-Passer du temps en famille et entre amis

-Un travail où on se sent bien


-Etre bien payée si possible
-Avoir une bonne répartition du pourcentage pour que ce soit
N° 3
supportable pour tout le monde.
-Faire des activités
-Participer aux activités des enfants

-Prendre soin de soi


-Avoir du temps pour ses amis
-Se reposer, dormir et bien récupérer
N° 4 -Faire du sport, temps de loisirs
-La famille
-Que le travail n’empiète pas sur la vie de tous les jours
-Que le travail s’adapte à sa famille et pas l’inverse

-Faire des activités


N° 5 -Les amis
-La famille

-Dormir
-La famille
N° 6 -Avoir un travail qu’on aime
-Faire du sport
-Avoir du temps pour soi

-Avoir une vie équilibrée et saine


N° 7 -Les amis
-Travailler

-Avoir un travail qu’on aime


N° 8
-Avoir du temps pour soi

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Ce tableau prouve que chaque infirmière a ses propres critères de qualité de vie.
Effectivement, j’observe que pour une seule infirmière, avoir un bon salaire est un
critère de bonne qualité de vie. Ce critère peut être important pour elle et non pour
les autres, tandis que les autres ont des critères qui ne seront pas importants pour
elle. Je remarque donc que la qualité de vie de chaque individu est très subjective
et personnelle. Cependant, quelques critères sont significatifs pour plusieurs
infirmières comme passer du temps en famille et entre amis, dormir et se reposer,
garder du temps pour soi et faire des activités. Je soulève également le fait que
pour la moitié des infirmières, le fait de bien dormir est un critère de bonne qualité
de vie, toutefois celles-ci expriment que leur sommeil est altéré depuis qu’elles
travaillent de nuit.

Je soulève également que mes questions d’entretiens ont probablement influencé


les réponses de certaines infirmières car plusieurs m’ont relatés des critères de la
qualité de vie, exploré antérieurement dans une question.216

216
Je suis consciente que le fait d’influencer les réponses peut créer des biais méthodologiques.
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6. Synthèse des résultats

Après avoir mené une réflexion sur les influences du travail de nuit sur la qualité
de vie socio-familiale auprès des infirmières veilleuses, je vais pouvoir, dans ce
chapitre, répondre à ma question centrale de recherche. Par la suite, je vais
pouvoir infirmier ou confirmer l’hypothèse posée au début de mon travail. Pour ce
faire, je vais comparer les résultats de mon analyse avec les résultats de celle de
Tania, pour voir si la qualité de vie des infirmières travaillant à plus de 60% est
moins bonne que celle des infirmières qui travaillent à 60% et moins. Et enfin, je
vais revenir sur les objectifs spécifiques de ma recherche pour voir si je les ai
atteints.

6.1 Synthèse des résultats de ma recherche


Pour cette synthèse, je vais faire ressortir les points clés de mon analyse. Je
procède à une synthèse thématique, en reprenant, les quatre dimensions de la
qualité de vie, soit la santé physique, la santé psychologie, les relations sociales et
l’environnement.

6.1.1 La santé physique

Mes entretiens permettent de constater que la majorité des infirmières interrogées


souffrent d’altération du sommeil depuis qu’elles travaillent de nuit. Effectivement,
elles expriment que leur sommeil diurne est plus court en durée que le sommeil
nocturne, qu’il est moins réparateur, plus léger, et qu’il est souvent interrompu ou
entrecoupé par des synchronisateurs sociaux, tels que les bruits, la lumière, la
circulation, etc. De plus, la majorité d’entre elles relatent qu’elles ressentent de la
fatigue depuis qu’elles font des nuits. En outre, pour certaines d’entre elles, cette
fatigue les freine dans certaines activités sociales et familiales, telles que les
sorties en famille ou entre amis et les activités sportives ou de loisirs. La littérature
relate que la fatigue peut être source d’isolement social, de conflits au sein du
couple mais aussi d’irritabilité, d’agressivité et d’un manque de patience.
Cependant, à travers mes entretiens, j’observe que les infirmières de nuit sont en
général satisfaites de leur santé physique. En effet, l’échelle de la qualité de vie
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« WHOQOL-BREF », montre que la majorité des infirmières semblent satisfaites


de leur santé en général. Je remarque donc une contradiction entre les propos de
mon échantillon d’infirmières et les réponses de l’échelle de la qualité de vie
qu’elles ont remplies.217

6.1.1.1 Comparaison de mes résultats de recherche


avec ceux de Tania

En comparant nos synthèses de recherche avec Tania, nous observons les


résultats suivants :

Dans les deux groupes de population cible, les témoignages reflètent qu’avec un
pourcentage inférieur ou supérieur à 60%, le temps de sommeil diurne est
moindre. Les infirmières relatent qu’elles dorment moins en travaillant de nuit,
quelque que soit leur taux de travail.

Les infirmières travaillant à plus de 60% auraient moins de troubles du sommeil


que les infirmières travaillant avec un pourcentage inférieur à ce taux. Il est
possible que l’organisme supporte moins bien les changements fréquents
d’activité diurne/nocturne, c’est pourquoi les infirmières travaillant avec un faible
pourcentage perçoivent d’avantage de perturbations de leur sommeil. Les
infirmières travaillant avec un pourcentage plus élevé expriment avoir une bonne
qualité de sommeil (profond, récupérateur, non interrompu). Tandis que le
sommeil des infirmières travaillant à plus faible pourcentage, a les caractéristiques
suivantes : plus court, moins réparateur, plus léger, interrompu par des bruits
extérieur.

Quel que soit le pourcentage de travail, la fatigue est présente chez la majorité
des infirmières. Cependant, les infirmières travaillant à moins de 60% témoignent
être d’avantage freinées par cette fatigue, pour leurs activités sociales ou
familiales.

217
J’émets l’hypothèse, que cette contradiction est due au fait que les infirmières ne font pas le lien entre
sommeil et santé. En répondant à la question de l’échelle « WHOQOL-BREF » « Etes-vous satisfaite de votre
santé » les infirmières pensent certainement « Est-ce que je suis malade ? Est-ce que j’ai une maladie ? » et
non pas « Est-ce que je dors bien ? »
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Les infirmières travaillant avec un pourcentage plus élevé semblent plus sujettes à
la prise de poids que les infirmières travaillant avec un pourcentage plus faible.
Aucune infirmière travaillant à moins de 60% n’a relatés cet élément.

6.1.2 La santé psychologique

Mes entretiens permettent de constater que la fatigue ressentie par la majorité des
infirmières engendre chez certaines de l’irritabilité, un manque de patience et de la
mauvaise humeur. Effectivement, comme relaté dans la littérature, le manque de
sommeil est source de sentiments négatifs. Toutefois, cette fatigue ne semble pas
influencer leur qualité de vie, car la majorité d’entre elles se disent satisfaite de
leur qualité de vie dans le questionnaire « WHOQOL-BREF ». De plus, la plupart
d’entre elles relatent, lors des entretiens, que le travail de nuit n’a pas d’impact sur
leur qualité de vie. Notons donc la présence d’un décalage entre le questionnaire
et les réponses des infirmières lors des entretiens qu’on trouve à la page 62.218

6.1.2.1 Comparaison de mes résultats de recherche


avec ceux de Tania

Nous remarquons qu’une des grandes influences des horaires de nuit est la
qualité et le temps de sommeil. La majorité des infirmières interrogées, qu’elles
travaillent avec un haut ou un bas pourcentage, disent ressentir de la fatigue. Pour
certaines d’entre elles, quel que soit le pourcentage, cette fatigue peut engendrer
des sentiments négatifs tels que de l’irritabilité, de la mauvaise humeur ou un
manque de patience.

6.1.3 Les relations sociales

A travers mes entretiens, j’ai également remarqué que la totalité des infirmières
ont fait le choix de travailler de nuit pour des raisons d’organisation familiale. Le
travail de nuit facilite pour elles la prise en charge des enfants. Je remarque que
les perturbations au niveau familiales soulevées dans la littérature ne se sont pas
le reflet des propos des infirmières, lors des entretiens. Effectivement, selon la

218
J’émets l’hypothèse que cette contradiction prend sa source à travers les questions des entretiens qui
n’était, peut-être pas suffisamment précises. Cela pourrait donc créé des biais lors de l’élaboration de cette
recherche.
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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

majorité des infirmières interrogées, le travail de nuit, n’influence que peu la


qualité de vie sociale et familiale. De plus, le travail de nuit, ne semble pas être
une source d’isolement social, contrairement à ce qu’affirme la littérature.
Effectivement, la majorité des infirmières semblent satisfaites de la fréquence à
laquelle elles voient leurs amis.

6.1.3.1 Comparaison de mes résultats de recherche


avec ceux de Tania

Dans cette dimension, le pourcentage influence les relations sociales. Les


infirmières travaillant à plus de 60% semblent avoir plus de difficultés pour
organiser des activités ou partager du temps avec leurs amis. Quelque soit le
pourcentage de travail, les relations familiales ne semblent pas être affectées en
travaillant de nuit. Pour la majorité d’entre elles, le travail de nuit faciliterait
l’organisation familiale.

6.1.4 L’environnement

Le travail de nuit effectué à un pourcentage de 60% et moins ne serait pas un


frein, comme le relate la littérature à la pratique d’activités sportives ou de loisirs.
La preuve est que la totalité des infirmières pratiquent une activité. Toutefois, les
activités collectives ne semblent pas envisageables pour la moitié d’entre elles,
qui pratiquent donc une activité individuelle.

6.1.4.1 Comparaison de mes résultats de recherche


avec ceux de Tania

A travers nos observations, nous pouvons mettre en avant que les infirmières qui
travaillent à plus faible pourcentage, ont plus de facilité à participer à des activités
collectives qui imposent des horaires réguliers. Toutefois, le travail de nuit ne
semble pas être un frein pour pratiquer des activités sportives ou de loisirs car la
totalité des infirmières pratiquent une activité.

Nous soulignons également que l’aspect financier du travail de nuit est un élément
non négligeable pour les infirmières qui travaillent avec un pourcentage de 60% et
plus. A contrario, les infirmières travaillant avec un pourcentage inférieur, n’ont-
elles pas relevé cet élément.

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 79


Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

6.1.5 Synthèse

Nous constatons que les infirmières travaillant à moins de 60%, souffrent d’une
modification de leur sommeil, d’irritabilité, de fatigue qui les freine dans certaines
activités, d’un manque de patience envers leurs enfants et de mauvaise humeur.
Toutes ces répercussions sont dues, à la base, au sommeil et à ses troubles.
Chaque dimension de la qualité de vie peut être perturbée par cette fatigue. Et
toutes ces dimensions sont interdépendantes. En effet, le manque de sommeil et
la diminution de sa qualité peut engendrer de la fatigue. Cette fatigue peut elle,
être source d’irritabilité, d’agressivité et encore d’un manque de patience. Ces
sentiments négatifs ressentis peuvent influencer la vie sociale et familiale de
l’infirmière. Des conflits au sein du couple et de l’entourage social peuvent
survenir à cause du manque de patience et de l’irritabilité. Je conclus que
beaucoup d’éléments sont influencés par le sommeil et donc par la santé physique
globale qui est la dimension de la qualité de vie qui englobe le sommeil et la
fatigue.

La majorité des infirmières interrogées ne semblent pas affectées dans leur qualité
de vie sociale et familiale, malgré leurs troubles du sommeil et la fatigue ressentie.
D’après l’échelle WHOQOL-BREF, les infirmières évaluent par « bonne » ou par
« très bonne » leur qualité de vie.219

6.2 Vérification des hypothèses


Mon hypothèse était la suivante :

Les influences du travail de nuit sur la qualité de vie socio-familiale,


sont proportionnelles au pourcentage de travail des infirmières de
nuit.

L’analyse des données obtenues lors de mes entretiens, mise en lien et comparée
avec celle de Tania, me permet maintenant, de vérifier la validité de mon
hypothèse.

219
A savoir qu’une infirmière devait me faire parvenir cette échelle remplie par courrier. Malheureusement,
je n’ai pas reçu ce courrier.
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Le constat actuel est le suivant : les répercussions au niveau de la qualité de vie


socio-familiale ne sont pas proportionnelles au pourcentage de travail des
infirmières de nuit. Effectivement, les résultats obtenus sur un échantillon de seize
infirmières, huit travaillant à plus de 60% et huit travaillant à moins de 60%, ne
nous permettent pas, de confirmer notre hypothèse, mais plutôt de l’infirmer.
Effectivement, les infirmières travaillant avec un pourcentage plus élevé semble
s’adapter plus facilement aux horaires nocturnes et souffrent moins de troubles du
sommeil que celles travaillant à moins de 60%. Leur sommeil semble de meilleure
qualité. De plus, elles témoignent que le travail de nuit influence peut leur vie
sociale et familiale, en s’organisant différemment. Cependant, elles seraient plus
sujettes à la prise de poids que celles travaillant à moins de 60%.

6.3 Retour sur la question centrale de recherche


Suite à l’analyse développée en fonction de mes huit entretiens et en lien avec
mon hypothèse, je suis maintenant capable de répondre à ma question centrale
de recherche qui était :

Quelles sont les influences du travail de nuit sur la qualité de vie220 socio-
familiale221 des infirmières, étant en couple, ayant au minimum un enfant et
travaillant uniquement de nuit avec un pourcentage de 60% et moins ?

Avant de répondre à ma question centrale de recherche je souhaite revenir sur la


définition de certains termes qui compose ma question.

Par influences, nous sous entendons toutes les actions, les activités, les
ressources qui peuvent modifier la perception de la qualité de vie.

Par qualité de vie, nous avons proposé le modèle utilisé par l’OMS qui est
composé de quatre dimensions qui sont : la santé physique, la santé
psychologique, les relations sociales et l’environnement.

Par socio-familial, nous sous entendons, les relations d’amitié et les


relations familiales.

220
Le terme de qualité de vie est repris et argumenté dans le cadre de référence dans le chapitre 3.
221
Nous entendons par équilibre socio-familial : la gestion de l’organisation familiale, des enfants, des
repas, des hobbys de chaque membre de la famille, la participation du conjoint, les amis, les activités
sportives entre amis et en famille, les sorties,… En somme, tout ce qui se rapporte à la société en général et
à la famille.
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La majorité des infirmières disent ressentir de la fatigue et des troubles du


sommeil. Ces derniers auraient une incidence, pour une partie des infirmières, sur
leur vie sociale et familiale. La fatigue engendrée serait source d’irritabilité et de
manque de patience au sein de la famille et serait, pour certaines, un frein pour
pratiquer certaines activités sociales ou familiales, telles que les sorties entre amis
ou en famille et les activités sportives ou de loisirs. Cependant, suite à mes
entretiens et à l’échelle « WHOQOL-BREF » qu’elles ont remplie, je peux mettre
en évidence que les infirmières sont, d’une manière générale, satisfaite de leur
qualité de vie sociale et familiale et que le travail de nuit pratiqué avec un
pourcentage de 60% et moins n’influencerait que peu la qualité de vie sociale et
familiale de celles-ci.

Pour faire face aux horaires de nuit, j’ai pu remarquer que les infirmières de nuit
n’avaient pas vraiment de ressources spécifiques, mais qu’elles le faisaient tout
naturellement. Selon Monsieur Glassey222, il existe une sélection naturelle des
personnes employées de nuit, c’est-à-dire qu’il existerait des individus qui
supporteraient très bien les horaires du travail de nuit alors que d’autres pas du
tout. Ces derniers se voient donc contraints d’arrêter la pratique de ces horaires.

6.4 Atteinte des objectifs spécifiques de la


recherche
Arrivant au terme de ma recherche, je peux maintenant évaluer l’atteinte de mes
objectifs spécifiques de recherche.

Développer mes connaissances au sujet du travail de nuit, de la qualité de vie,


de la famille, de la fatigue et du sommeil.

Je peux dire aujourd’hui, que cet objectif a été atteint. Au travers de nombreuses
lectures faites afin d’élaborer notre cadre théorique, j’ai appris et éclaircis
beaucoup d’éléments sur le sommeil, ses troubles et ses répercussions, mais
aussi sur la qualité de vie, la fatigue et la famille. De plus, ce travail m’a apporté
beaucoup de ressources et d’éléments nécessaires pour ma future vie

222
Adjoint administratif au service de la protection des travailleurs.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 82
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professionnelle, car durant mes trois ans de formation, le thème du travail de nuit
n’a été que peu abordé.

Nommer et identifier les facteurs influençant la qualité de vie socio-familiale


des infirmières qui travaillent uniquement de nuit.

Je peux dire aujourd’hui, que je suis capable de nommer les influences du travail
de nuit sur la qualité de vie socio-familiale des infirmières veilleuses, travaillant
uniquement de nuit à 60% et moins. Grace aux huit entretiens, j’ai pu identifier les
différentes influences des horaires nocturnes sur la qualité de vie et j’ai ainsi pu
répondre à ma question centrale de recherche.

Proposer une réflexion sur les facteurs influençant la qualité de vie socio-
familiale des travailleurs de nuit, afin de sensibiliser les infirmières veilleuses.

Cet objectif est difficilement vérifiable, mais j’espère qu’à travers mes entretiens,
j’ai poussé les infirmières à la réflexion sur les influences du travail de nuit sur la
qualité de vie, tels que les troubles du sommeil et la fatigue.

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

7. Discussion

Dans ce chapitre, je vais porter un regard critique sur mon travail de recherche.
Cela va permettre de vérifier la crédibilité de la recherche et la validité interne et
externe de celle-ci. Je vais également, vous faire part de plusieurs de mes
interrogations qui me sont apparues lors de l’élaboration de mon travail.

7.1 Validité interne de la recherche


La validité interne de la recherche est « un indice qui permet au chercheur
d’apprécier la valeur de sa recherche, et donc d’évaluer la fiabilité ou la certitude
de ses conclusions internes. »223

7.1.1 Choix du thème et des cadres de référence

Mon sujet me semble pertinent pour toutes les infirmières, qu’elles soient novices
ou non. Il est vrai que durant notre formation, aucun renseignement ne nous a
vraiment été apporté au sujet du travail de nuit, alors que dans notre carrière
d’infirmière, nous seront pratiquement toutes, une fois ou l’autre, confrontées au
horaires de nuit. Je pense que mon travail peut servir à sensibiliser les infirmières
aux effets du travail nocturne sur la qualité de vie. Je pense que notre cadre de
référence est adapté à notre travail et prend en compte les principaux éléments du
travail de nuit. Cependant, je pense que le concept de la famille tel que nous
l’avons présenté, a apporté peu de choses à mon analyse.224 Cependant, je pense
que le concept de la qualité de vie et le concept du sommeil ont été les deux
concepts les plus travaillés lors de leur élaboration et ce sont eux qui nous ont
permis de faire le plus de liens lors de l’analyse. J’ai pu établir des liens

223
« Les conclusions internes d’une recherche sont les conclusions que le chercheur tire de l’analyse de ses
données. Le mot « interne » renvoie ici aux résultats de la recherche et non à l’ensemble de la population à
l’étude ».
GOULET, C. Planète Psy. [En ligne]. mai 2009. Adresse URL :
http://www.collegeahuntsic.qc.ca/pagesdept/Sc_Sociales/psy/methosite/consignes/validite.htm#interne
224
Car j’ai eu peut d’éléments à mettre en lien avec le concept de la famille, construit comme il l’a été.
Beaucoup d’éléments développés dans ce concept sont très intéressants (différents types de famille,
caractéristiques de la famille, différentes structures de la famille). Tous ces éléments n’ont pas eu leur place
lors de mon analyse.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 84
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intéressants entre mon cadre théorique et les propos des infirmières, même si
certains éléments relatés dans mes entretiens ne correspondaient pas à la
littérature.

7.1.2 Méthode d’investigation

Comme méthode d’investigation, nous avions choisi les entretiens semi-directifs.


Après avoir réalisé nos entretiens, nous nous sommes rendu compte que notre
choix était judicieux. C’est grâce à cette méthode que nous avons pu aborder le
sujet du travail de nuit tout en laissant une libre expression aux interlocutrices. Les
questions et les relances, préalablement élaborées, nous ont permises de garder
un fil rouge tout au long de nos entretiens, et nous ont permis également
d’approfondir certains propos relatés par les infirmières, tels que le sommeil et leur
santé.

Nous avions décidé de faire remplir aux infirmières, en fin d’entretiens, un


questionnaire qui évalue la qualité de vie de celles-ci. Notre but n’était pas
d’évaluer ce questionnaire dans son intégralité, mais de reprendre uniquement les
questions qui nous paraissaient pertinentes pour notre analyse, afin de répondre à
notre question centrale de recherche. Cette méthode d’investigation nous a
effectivement permis d’affiner notre analyse. Il était donc judicieux de proposer ce
complément à notre recherche. Il m’a été tout de même difficile, lors de
l’élaboration de mon analyse, d’accorder de l’importance aux questions de cette
échelle.

7.1.3 Echantillonnage

Mon échantillon a été élaboré en fonction de mon public cible. Il comprend huit
infirmières, travaillant toutes uniquement de nuit avec un pourcentage de 60% et
moins. Elles sont en couple225 et ont au minimum un enfant. Je voulais interroger
huit infirmières travaillant dans le même milieu. Cependant, après avoir pris
contact avec près de 25 EMS, je me suis rendu compte qu’un nombre insuffisant

225
Une seule infirmière interrogée n’était pas en couple. Elle m’a alors relaté des éléments du passé,
lorsqu’elle était mariée.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 85
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d’infirmières correspondaient à mes critères d’inclusions. C’est pourquoi j’ai dû


élargir mon échantillonnage auprès d’infirmières qui exercent en clinique.226

Il faut également mentionner que mon échantillon comprend uniquement huit


infirmières, et que je ne peux, de ce fait, prétendre à la généralisation des
résultats de ma recherche mais uniquement faire émerger certaines tendances.

7.1.4 Analyse

L’analyse des données recueillies a été pour moi une tâche difficile. Je les ai
élaborées de manière thématique. Les questions d’entretiens auraient dû être
d’avantage en lien avec mon cadre théorique, car à travers mes questions, je
pense avoir quelquefois influencé les propos des infirmières dans leurs
réponses.227 D’autres part, certaines questions et relances manquaient peut-être
de précision car les infirmières ne répondaient pas toujours à mes questions. C’est
parfois seulement après plusieurs relances que certaines infirmières répondaient à
la question posée.

De plus, tous les entretiens n’ont pas été élaborés dans le même contexte.
Plusieurs d’entre eux ont été réalisés au domicile des infirmières, et quelques-uns
ont été interrompus par l’arrivée du conjoint ou les pleurs des enfants. Après ces
interruptions, les entretiens ont repris leur cours sans aucun problème.

De plus, je ne pense pas avoir atteint le seuil de saturation des données après
mes huit entretiens. L’une des questions posées était : « quels sont les éléments
nécessaires pour avoir une bonne qualité de vie ? » A travers cette question,
chaque infirmière m’a relaté des différents éléments. C’est d’ailleurs grâce à cette
question que nous voyons la subjectivité de la qualité de vie. J’émets l’hypothèse
que le seuil de saturation sera difficilement atteint lorsque l’on aborde le sujet de la
qualité de vie des individus. La qualité de vie est tellement personnelle et
subjective, que de nouveaux éléments pourront toujours survenir, même en

226
Cependant, je suis consciente que des biais méthodologiques sont présents car le milieu de travail peut
influencer les réponses des infirmières. En effet, la charge psychologique d’une infirmière qui travaille aux
soins intensifs ne sera pas identique qu’une infirmière qui travaille en EMS.
227
En effet, le fait d’expliquer préalablement aux infirmières le thème et le but de notre travail, aura
certainement influencé leur propos. De plus à travers les questions, elles ont peut-être voulu répondre
« juste » en disant « oui » j’ai une bonne qualité de vie.
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 86
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élaborant plus d’entretiens. Nous ne pouvons donc que difficilement objectiver des
faits qui sont subjectifs telle que la qualité de vie.

7.2 Validité externe de la recherche


« La validité externe a trait à la possibilité de généraliser les résultats de
recherche et d’appliquer ces résultats à d’autres contextes ou échantillons. »228

Je ne peux pas prétendre que les résultats de ma recherche puissent être étendus
à un autre public cible. En effet, les résultats obtenus sont significatifs uniquement
pour les infirmières de nuit et non pas pour d’autres travailleurs postés. De plus,
cette recherche de type initiale comporte inévitablement des biais car les outils
méthodologiques sont également utilisés pour la première fois.

7.3 Réflexions et interrogations


Les horaires de nuit sont omniprésents dans notre profession d’infirmière. Grâce à
mon travail de recherche, j’ai acquis, aujourd’hui, les connaissances nécessaires
pour pouvoir affronter, dans les meilleures conditions possibles, ma future
profession et les horaires de nuit qu’elle suppose. Lors de notre formation, nous
n’avions pas abordé le sujet du travail de nuit. Cependant, à travers mes
nombreuses lectures effectuées ces deux dernières années à ce sujet, j’ai pu
constater que ces horaires pouvaient être dangereux pour la santé et la vie sociale
des gens qui les pratiquaient et donc pouvaient influencer leur qualité de vie. A ce
stade, je peux exprimer que ce sujet n’est pas anodin et qu’il devrait donc être
abordé, durant notre formation pour pouvoir sensibiliser les futures infirmières au
danger de notre travail et permettre d’y faire face de la manière la plus optimale
possible.

Après avoir élaboré mes entretiens, je peux dire que les infirmières, travaillant de
nuit à 60% et moins, étant en couple et ayant au minimum un enfant, sont en
général satisfaites de leur qualité de vie. Cependant, la plupart d’entre elles
ressentent certains effets négatifs du travail de nuit et de ses horaires.
Effectivement, le sommeil est troublé, une fatigue se fait ressentir, des troubles de

228
LOISELLE, Carmen G., PROFETTO-McGRATH, Joanne. Méthodes de recherche en sciences infirmières,
Approches quantitatives et qualitatives. P.17 Québec : ERPI, 2007, p. 206
HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 87
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

l’humeur surviennent chez certaines, un manque de patience chez d’autres, des


troubles intestinaux sont également ressentis, etc. Je tiens également à soulever
que durant nos stages, aucun horaire de nuit n’est imposé. Les jeunes infirmières
sont donc confrontées à des horaires qui peuvent nuire à leur santé sans même le
savoir.

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 88


Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

8. Conclusion

Notre grande et persistante motivation pour ce travail nous amène aujourd’hui à


sa conclusion. Le fait de l’avoir élaboré en binôme nous a permis, tout au long de
cette recherche, de nous motiver mutuellement pour parvenir à son
aboutissement.

Dans ce chapitre, je vais revenir sur mes objectifs personnels d’apprentissage


élaborés au début de la recherche. Dans un deuxième temps, j’aborderai les
difficultés et les facilités rencontrées dans les différentes étapes de ma recherche
et je terminerai part des apports personnels et professionnels de cette recherche.

8.1 Objectifs personnels d'apprentissage


Développer mes connaissances au niveau du sommeil, de ses troubles et de
ses répercussions.

J’ai pu atteindre cet objectif en élaborant mon cadre théorique. A travers cette
étape charnue de la recherche, j’ai développé mes connaissances sur le sommeil,
la fatigue, la famille et la qualité de vie.

Transférer les connaissances méthodologiques théoriques et les appliquer.

Cet objectif a pu être atteint, effectivement, tout au long de l’élaboration de ma


recherche, je me suis basée sur les principes méthodologiques étudiés et les aient
appliqués pour chacune des étapes.

Pratiquer un pré test et huit entretiens semi directifs auprès d’infirmières


veilleuses, afin d’identifier et de nommer les influences du travail de nuit sur la
qualité de vie socio-familiale des infirmières exerçant avec un pourcentage de
60% et moins.

Analyser mes huit entretiens, en parallèle avec ceux de Tania et comparer les
répercussions sur les infirmières qui travaillent de nuit à 60% et plus avec celles
qui travaillent à un plus faible pourcentage, soit en dessous de 60%. En faire

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

ressortir les différences et les similitudes. Cette analyse va nous permettre de


définir le pourcentage à partir duquel des répercussions apparaissent.229

Ces deux objectifs ont également été atteints. Grâce à l’analyse de mes huit
entretiens j’ai effectivement pu répondre à la question centrale de cette recherche
ainsi que vérifier la validité de mon hypothèse. J’ai également pu comparer mes
résultats de recherche avec ceux de ma collègue Tania, afin de faire ressortir
certaines différences et similitudes.

Synthétiser ma recherche et mettre en lien les résultats escomptés avec le


cadre théorique, puis conclure mon travail en faisant ressortir les points clé.

Evaluer mon travail de recherche et m’auto-évaluer, en ayant un regard critique


sur celui-ci.

Ces deux objectifs ont été atteints, j’ai pu synthétiser ma recherche en faisant
ressortir les points clé de celle-ci. J’ai également pu, grâce à ma synthèse,
facilement comparer mes résultats de recherche avec ceux de Tania. J’ai
également évalué mon travail dans la section discussion et je vais dans le chapitre
suivant, m’auto-évaluer en faisant ressortir mes facilités et mes difficultés
rencontrées tout au long de l’élaboration de ce travail Bachelor.

8.2 Facilités et difficultés


Dans ce chapitre, j’aborde les facilités et les difficultés que j’ai rencontrées durant
l’élaboration de mon travail.

8.2.1 Facilités

Ma collaboration avec Tania, tout au long de ce travail de recherche, a été pour


moi très enrichissante et une importante ressource dans mes moments de doute
et de découragement. De plus, cette collaboration m’a permis de développer
d’avantage une compétence nécessaire dans notre profession, qui est la
collaboration et le travail en équipe. Ce travail réalisé en binôme nous a

229
Notre recherche n’est pas une recherche comparative pure, mais notre but est d’en faire ressortir
certaines tendances.
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également permis de se complémenter. En effet, Tania a eu plus de facilité pour


l’analyse et la lecture et moi, j’ai eu plus de facilité dans l’écriture.

Ce qui a été également une facilité dans ma recherche a été la première étape,
celle de la revue de la littérature. J’ai ressenti un grand intérêt à découvrir ce sujet
à travers de multiples et enrichissantes lectures. La facilité pour la lecture, m’a
également permis de faciliter l’élaboration de mon cadre théorique, qui a été
l’étape la plus intéressante pour moi.

8.2.2 Difficultés

La plus grande difficulté pour moi a été l’élaboration de mon analyse. Cette étape,
bien que la plus importante du travail, a été la plus difficile à réaliser. Ma difficulté
résidait dans le fait de ne pas prendre en considération tous les propos des
infirmières mais uniquement les éléments clés des entretiens. Ce qui a été difficile
pour moi également, a été de garder un fil rouge tout au long de la recherche et de
parler le plus objectivement possible d’un sujet qui est très subjectif. Durant mes
lectures, je trouvais à tout moment de nouvelles idées et je voulais exploiter un
sujet trop vaste, (le travail de nuit dans tous ses aspects). Il m’a été difficile de
cibler le sujet et de ne pas me disperser.

La familiarisation avec les principes méthodologiques ne m’a pas été facile. Cette
recherche est en effet une première pour moi et je n’avais aucune notion de
méthodologie avant de commencer ce travail.

Une autre difficulté que j’ai rencontrée est le respect des échéances. En effet,
Tania et moi-même avons dû demander un délai supplémentaire à la direction
pour pouvoir mener à bien notre recherche. Nos obligations professionnelles en
parallèle avec le programme de dernière année scolaire qui était chargé, nous ont
freinées dans l’élaboration de notre mémoire. Mais notre travail acharné durant les
six mois de prolongation a porté ses fruits.

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8.3 Apports personnels et professionnels de la recherche

Ce travail de recherche a été pour moi un réel défi. Arrivant au terme, je ressens
une certaine satisfaction.

J’espère, à travers ma recherche, pouvoir sensibiliser les infirmières qui travaillent


de nuit aux conséquences du travail nocturne. De plus, j’aimerais rappeler que le
travail de nuit et ses conséquences est un sujet qui devrait être abordé durant
notre formation.

8.4 Recherches futures

Il serait intéressant, pour une recherche future d’explorer un autre aspect du


travail de nuit. La qualité de vie des infirmières qui travaillent en alternance
jours/nuits serait un thème intéressant à explorer. Ces infirmières, travaillant de
cette manière, doivent avoir une capacité d’adaptation et d’organisation importante
pour faire face aux différents horaires qu’impose la profession infirmière. Je me
pose la question suivante : Comment une infirmière travaillant avec des horaires
irréguliers, avec un pourcentage élevé, fait-elle pour gérer sa vie familiale et
sociale, quelle qualité de vie a-t-elle ?

A travers ma recherche, j’ai pu constater que la famille des infirmières veilleuses


pouvait être touchée elle aussi par les horaires de nuit. Il serait également
intéressant d’interroger les proches de ces infirmières pour récolter leurs
ressentis. Selon, Luciani Rachel, le travailleur de nuit exerce ces horaires
nocturnes tandis que la famille en subirait les conséquences.230

230
LUCIANI R, Travail de nuit, analyse des stratégies utilisées par les ouvriers travaillants la nuit pour
concilier vie professionnelle et vie familiale, mémoire de licence présenté à la Faculté des lettres de
l’Université de Fribourg (Suisse), Niederhasli (ZH), 2003.

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Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

9. Bibliographie
9.1 Littérature
- ATTIAS-DONFUT C., LAPIERRE N., SEGALEN M. Le nouvel esprit de
famille. Ed. Odile Jacob. Paris. 2002

- BEAUD Paul, BRULHARDT Marie-Claude, GOTTRAUX Philippe, LEVY René,


MESSANT-LAURENT Françoise. Travail de nuit et autres formes d’horaires
atypiques : conséquences sur la santé, la vie privée et les relations sociales.
Faculté des sciences sociales et politiques. Lausanne. 1990. 173

- BETOUT C., CARDI C., MORVANT E., PANNISSIER S. Le travail de nuit des
infirmiers : effets sur les conditions de vie, les pratiques professionnelles et la
qualité des soins. Synthèse réalisée dans le cadre de la préparation au
Diplôme de chef de projet en ingénierie documentaire. Mai 2007

- BLEY Daniel, Cadre de vie et travail, les dimensions d’une qualité de vie au
quotidien, Ecologie humaine/Edisud. Aix en Provence. 2005. 279p

- BOIVIN B., Diane O., JAMES F. Prévention par la photothérapie des troubles
d’adaptation au travail de nuit. Rapport de recherche. Institut de recherche
Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. Bibliothèque nationale du
Québec. 2002. 111p

- BUE Jennifer, ROUX-ROSSI Dominique, le travail de nuit des femmes dans


l’industrie. Paris. 1993. 211p

- BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de


sécurité et de santé au travail, Volume I, Le corps, les soins de santé, gestion

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 93


Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

et politique, Instrument et approches. Edition originale anglaise établie sous la


direction de Jeaunne Mager Stellman.

- BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de


sécurité et de santé au travail, volume II, Les risques professionnels. Edition
originale anglaise établie sous la direction de Jeaunne Mager Stellman.

- BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de


sécurité et de santé au travail, volume III, Les branches d’activité et les
professions. Edition originale anglaise établie sous la direction de Jeaunne
Mager Stellman.

- CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie


sociale du travailleur. Bureau international du travail. Genève. 1977. 90p

- COMMARE V, SIGNORINI F. Mieux vivre la nuit à l’hôpital. Mémoire pour


l’obtention du diplôme de l’Institut de Formation des Cadres de Santé.
Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. 1999. 58p

- CONNE-PERREARD Elisabeth, PERRAT Jean, Travail de nuit et santé.


Conférence romande et tessinoise des offices cantonaux de protection des
travailleurs. Genève. 2004. 47p

- CONSEIL Isabelle, La personnalité de l’infirmière et son incidence sur ce choix


professionnel. Ed. Lamarre-Poinat, Paris. 1990. 158p

- DELAMARE G. Dictionnaire illustré des termes de médecine. 29ème édition.


Ed. Maloine. Paris. 2006. 1048p. P. 804

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- DEMOTES-MAINARD Jaques, A quoi bon dormir. Ed. Frison-Roche / Ed.


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9.2 Etudes
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Cadres de Santé, Cote APHP : 289 ECH. Assistance Publique-Hôpitaux de


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- LUCIANI Rachel, Travail de nuit, Analyse des stratégies utilisées par les
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Fribourg (suisse), Niederhasli (ZH). 2003.

- NORRE CHRISTINE, PLANCHET DENIS, L’équipe de nuit : un potentiel


inexploité. Mémoire pour l’obtention du diplôme de l’Institut de Formation des
Cadres de Santé. Cote : APHP : 810 ECH. Assistance Publique-Hôpitaux de
Paris. 2005. 93p

- PERRIGUEY Sylvain, COQUERAU Justine, Quel management pour un


meilleur vécu de la nuit à l’hôpital ? Mémoire pour l’obtention du diplôme de
l’Institut de Formation des Cadres de Santé. Cote : APHP : 825 ECH.
Assistance Publique. Hôpitaux de Paris. 2005. 74p

- VILLARD Philippe, FRASSEREN Muriel, JOLLIET Sylvie, Sommeil et


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post diplôme en soins intensifs, EVSI Sion. 1995-1997.

9.3 Articles, Revues, Brochures


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Revue de l’infirmière. juin 2000. Supplément au n° 61. p.5-9

- DIEBE M. Travailler de nuit. L’infirmière magazine. Juillet-août 2006. N° 218.


P. 52-53

- MATTOUT Georges, Les 35 heures de nuit : serpent de mer réalité virtuelle ?


Gestions hospitalières. janvier 1996. N° 252 6p
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- NIEDHAMMER I., LERT F. MARNE M.J. Travail de nuit et alimentation dans


une cohorte d’infirmières de 1980 à 1990. Paris. 1996

- NTAWURUHUNGA E., CHOUANIERE D., DANUSER B., PRAZ-CHRISTINAZ


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novembre 2008. P. 2581-2585

- OFFICE FEDERALE DE LA STATISTIQUE, Horaire de travail atypique selon


le sexe. Enquête suisse sur la population active. 2e trimestre population
suisse résidante permanant. Neuchâtel. 2007

- PERRAUT SOLIVERES A. L’infirmière et la nuit. Sciences humaines Juin


2003. N° 139. 4p

- Science & vie, Hors série. Le sommeil mécanismes du sommeil. N°220


septembre 2002.

9.4 Documents de cours


- SCHOEPF, Chris. Pré-test des outils, fiabilité et validité et Recherches en
soins infirmiers. Module 2808, 2008.

- SPHOEPF, Chris. Section méthodologie et Recherches en soins infirmiers.


Module 2808, 2008.

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10. Cyberographie
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sommeil et ses implications en médecine générale. [En ligne]. 2009. Adresse
URL : http://www.sommeil-mg.net (consulté le 10.09.09)

- SOMMEIL ET SANTE. 2008. [En ligne]. Adresse URL:


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10.03.2009)

- TRANSPORT CANADA. Guide de gestion de la fatigue pour les pilotes


maritimes canadiens (TP 13959F). [En ligne]. Adresse URL :
http://www.tc.gc.ca/innovation/cdt/publication/tp13959f/13959f.htm (consulté le
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- WHOQOL-BREF. Echelle de la qualité de vie. [En format pdf]. Adresse URL :


http://www.performance-sante.fr/upload/Questionnaire/WHOQOL-BREF.pdf
(consulté le 25.10.09)

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the assessment. Programme on mental health world health organization.
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Fatigue_(physiologie) (consulté le 13.03.2009)

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers 104
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

11. Annexes
11.1 Annexe 1 : Référentiel de compétences de
la filière en soins infirmiers
La progression des neuf compétences pour atteindre le niveau expertise, décliné
ci-dessous, s'effectue durant les trois années Bachelor.

1. Concevoir une offre en soins en partenariat avec la clientèle, inscrite


dans une démarche de soins.

L’étudiant-e :

- appréhende la complexité de l’intégration de l’histoire et du contexte de vie de


la clientèle (inclut le client et son entourage) dans l’analyse de la situation et la
détermination du projet de soins

- se réfère explicitement à des nouvelles connaissances et modèles


d’interventions adaptés aux soins infirmiers dans son activité professionnelle

- recourt au jugement professionnel pour analyser la situation et argumenter ses


décisions professionnelles

- maitrise des stratégies d’interventions différenciées et créatives : (éducatives,


de promotion de la santé, préventives, diagnostiques et thérapeutiques, de
réhabilitation, de suppléance…etc.) dans la gestion des situations rencontrées

- crée des conditions de prise en soins qui garantissent le respect des


dimensions légales, déontologiques et éthiques.

2. Réaliser l’offre en soins dans la perspective de projets de soins


interdisciplinaires.

L’étudiant-e :

Conduit une relation professionnelle appropriée à chaque situation de


soins :

- intègre dans chaque situation relationnelle les caractéristiques propres à la


clientèle concernée (âge, état de santé, situation sociale, culture, etc.)

- s’implique personnellement dans le respect de l’altérité du client

I
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

- utilise le geste et le soin au corps dans la relation

- met en place et maintient le(s) cadre(s) nécessaire(s) au travail relationnel


(relation d’aide, relation thérapeutique, etc.)

- accompagne le client dans la construction du sens de l’expérience vécue

Réalise les soins requis :

- détermine les ressources les plus pertinentes dans la situation

- discute les moyens pertinents mis en place en tenant compte du contexte

- argumente ses interventions en regard des critères de qualité des soins.

Organise son travail en tenant compte du contexte :

- argumente les priorités et les opérationnalise

- critique les réajustements opérés dans son activité face à des imprévus

- mobilise les ressources et compétences nécessaires

- délègue, supervise et évalue le travail confié

- garantit l’établissement du dossier de soins et de la qualité des transmissions


orales et écrites.

3. Promouvoir la santé et accompagner la clientèle dans son processus de


gestion de la santé.

L’étudiant-e :

- se réfère aux déterminants de la santé pour évaluer les besoins de santé

- accompagne la clientèle dans la clarification de ses demandes et dans la


recherche de solutions, respecte ses choix

- choisit et développe des stratégies et des méthodes appropriées à la clientèle


et aux situations de promotion et d’éducation

- conduit des actions éducatives

- propose et participe à des projets de santé communautaire


II
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

- oriente la clientèle dans ses démarches et dans son utilisation du système de


santé.

4. Evaluer ses prestations professionnelles

L’étudiant-e :

- justifie son auto-évaluation sur la base de connaissances actualisées et à de


critères de qualité explicites

- recourt systématiquement à la réflexion dans et sur l’action et conceptualise ses


interventions

- démontre, dans sa pratique, la prise en compte de l’évaluation de ses pairs et


celle de la clientèle.

5. Contribuer à la recherche en soins et en santé

L’étudiant-e :

- utilise et partage des résultats de recherches dans sa pratique

- participe à des projets de recherche en respectant les principes éthiques

- s’initie à la démarche de recherche en lien avec une problématique de terrain


(travail de Bachelor)

- participe au développement de pratiques infirmières relevant de savoirs fondés


scientifiquement.

6. Contribuer à l’encadrement et à la formation des professionnels de santé

L’étudiant-e :

- mène des actions d’information et de formation

- participe en tant que pair à l’encadrement d’étudiants dans la réalisation de


leurs prestations

- participe à l’intégration de nouveaux collaborateurs

- s’implique dans des processus de changement en cours dans les dispositifs de


formation et d’encadrement.

7. Coopérer et coordonner son activité avec les acteurs du système socio-


sanitaire

III
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

L’étudiant-e :

- intègre son activité dans le contexte sociopolitique et économique

- s’engage dans un travail d’équipe et dans des activités en équipe


interdisciplinaire et dans les processus décisionnels

- mobilise les ressources du réseau, coordonne et développe des projets


communs

- affirme ses valeurs professionnelles pour défendre les droits et intérêts de la


clientèle.

8. Participer aux démarches qualité

L’étudiant-e :

- évalue la qualité des soins et mesure la satisfaction de la clientèle

- utilise des outils et procédures d’évaluation da la qualité et fait des propositions


d’amélioration

- fait preuve d’esprit critique dans l’utilisation des outils et des résultats.

9. Exercer sa profession de manière responsable et autonome

L’étudiant-e :

- suit l’évolution des politiques socio-sanitaires et en discerne les enjeux pour sa


profession

- intègre régulièrement les nouvelles connaissances et technologies dans sa


pratique

- prend des initiatives et assume les décisions relatives à sa pratique


professionnelle

- s’engage à contribuer au développement et à la visibilité de la profession


infirmière

- contribue à la défense des conditions de travail favorables à un exercice


professionnel de qualité et au maintien et au développement de la santé en
général

- préserver quotidiennement sa santé dans son travail

IV
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

- intègre son auto-évaluation et l’évaluation de l’équipe soignante dans une


approche critique de son propre positionnement professionnel ainsi que face
au développement de la profession.

V
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

11.2 Annexe 2 Les répercussions biologiques


du travail de nuit
11.2.1 Aspect biologique231

En travaillant de nuit, plusieurs systèmes peuvent être touchés à court, moyen ou


long terme, selon chaque individu. Nous avons développé certains troubles, qui
nous semblaient les principaux.

Troubles gastro-intestinaux : Durant la nuit, que nous dormons ou travaillons,


la motilité gastro-intestinale ainsi que les sécrétions (suc gastrique, bile, etc.)
sont fortement diminuées ou même interrompues. Il n’est donc pas
recommandé de manger après 22 heures car c’est à ce moment là que la
digestion et le péristaltisme intestinal s’interrompent. Le bol alimentaire reste
donc bloqué où il se trouve et n’est pas ou peu réabsorbé durant la nuit.232 Le
transit est donc arrêté ce qui provoque la constipation. C’est seulement vers les
5 heures du matin que tous ces éléments reprennent leur rythme, les sécrétions
sont à nouveau libérées. La sensation de faim est absente le matin, car le bol
alimentaire de la veille continue sa route et est réabsorbé. Le travail de nuit
provoque des irrégularités dans les horaires de repas. Cette irrégularité peut
amener à des troubles gastro-intestinaux.233 Cependant, l’infirmière de nuit ne
peut pas toujours, en fonction de la charge de travail, manger avant 22 heures.

Les troubles digestifs : La sensation de satiété est présente la nuit car le bol
alimentaire est arrêté, et que la motilité intestinale est interrompue. De plus, les
travailleurs de nuit, n’ont souvent pas de rythme alimentaire et ils ne mangent
pas à heures régulières. Le travailleur de nuit prend, en général, un repas
durant son travail, lors de la période de « désactivation » digestive, et deux

231
Toutes les répercussions biologiques ont été développées en collaboration avec Madame Irma Mathier-
Favre, infirmière-enseignante à la HES-SO de Sion, domaine santé social, qui a également travaillé plusieurs
années de nuit. Elle nous a conseillé de faire ressortir ces répercussions, qui lui semblait les principales. Ces
dernières ont été cependant complétées par d’autres sources.
232
Dr. MULLENS Eric. Sommeil, vigilance, somnolence. [En ligne]. Septembre 1998. Adresse URL :
www.svs81.org
233
BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de sécurité et de santé au travail, volume
II, Les risques professionnels. Edition originale anglaise établie sous la direction de Jeaunne Mager Stellman.
Chapitre 43.

VI
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

repas diurnes ; le dîner interrompant souvent le sommeil, pour qu’il soit pris en
famille. Durant la nuit, pour vaincre la fatigue, l’infirmière à tendance à manger
plus sucré, ce qui peut entraîner chez 20% des veilleuses, un surpoids. Ce qui
peut également amener à ce surpoids, c’est l’irrégularité des horaires de repas
ainsi que la prise de repas lourds et peu équilibrés à des heures ou le corps est
en « désactivation ».234 Les troubles digestifs seraient présents chez 20 à 70%
des travailleurs de nuit. Les plaintes principales sont les troubles du transit et
les douleurs abdominales.235

Les ulcères gastroduodénaux: L’infirmière de nuit travaille souvent dans


l’obscurité. Durant les périodes plus calmes (entre 2h et 4h) elle aura le temps
de penser à des choses stressantes, (par exemple : une mère qui travaille la
nuit, pensera à ce qu’elle n’a pas eu le temps de faire ou de finir à son
domicile). Un stress apparaît et s’il persiste il peut causer à moyen ou long
terme des ulcères gastroduodénaux. Le sentiment de solitude, d’insécurité et
les situations de soins difficiles et problématiques survenant pendant le travail
de nuit, augmentent le risque d’ulcères gastriques. En effet, pendant le travail
de nuit, l’infirmière peut être seule ou avec une aide soignante, il y a beaucoup
moins de bruits, de personnes avec qui parler que la journée. L’infirmière peut
se sentir seule, et pas en sécurité. Un patient en fin de vie ou qui décompense
dans le service, peut vite angoisser l’infirmière. De plus qu’elle se retrouve la
plupart du temps l’unique diplômée. Elle se trouve alors dans une situation
angoissante, face à ses responsabilités. Une étude a démontré que les ulcères
gastroduodénaux sont deux fois plus fréquents chez les travailleurs nocturnes
que chez les travailleurs diurnes (Thiis-Evenson, 1958). L’étude démontre
également que ces troubles gastro-intestinaux diminuent fortement après
l’abandon du travail de nuit.236

234
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p.
235
NTAWURUHUNGA E., CHOUANIERE D., DANUSER B., PRAZ-CHRISTINAZ S.-M. Effets du travail de nuit sur
la santé. Revue médicale suisse n° 181. 26 novembre 2008. P. 2581-2585. 2ème source
236
THIIS.EVENSON (1958) in BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de sécurité et de
santé au travail, volume II, Les risques professionnels. Edition originale anglaise établie sous la direction de
Jeaunne Mager Stellman. Chapitre 43.
VII
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Les troubles de la température : Durant la nuit, la régulation thermique ne se


fait plus correctement. En temps normal, la température est plus élevée le jour
que la nuit. Mais en travaillant de nuit, nous travaillons lorsque la température
de notre corps est abaissée. Les hormones y jouent un rôle, il y a également la
baisse de sécrétion du cortisol qui engendre une baisse de la température. Le
cortisol est produit le matin et son rôle est de nous réveiller. La mélatonine,
aussi appelée hormone du sommeil, est sécrétée environ vers les 22heures, et
la lumière inhibe sa production.237 Elle a le rôle inverse du cortisol, durant la
nuit.238 Ces deux hormones vont à l’encontre du travailleur de nuit. En effet, la
sécrétion du cortisol la journée, va empêcher l’infirmière d’avoir un sommeil
diurne, à l’inverse la mélatonine va favoriser le sommeil lors de sa production
vers 22heures, alors que l’infirmière ne pourra pas dormir à ce moment là.

Les troubles cardiovasculaires : Un travailleur de nuit serait plus susceptible


d’avoir des pathologies cardiovasculaires comme l’hypertension, qu’un
travailleur de jour. Ils seraient 40% plus à risque qu’un travailleur diurne de
développer une maladie cardiaque. Les facteurs de risque des maladies
cardiovasculaires seraient d’avantage présent chez le travailleur de nuit que
chez le travailleur de jour. En effet, « la prévalence du tabagisme est plus
importante chez le travailleur de nuit par rapport au travailleur de jour ».239

Au niveau génital : Chez la femme, peuvent survenir, des troubles menstruels


(irrégularité du cycle), dus au changement hormonal (lui-même causé par le
dérèglement de l’horloge biologique), ainsi que des interruptions de grossesse
et des accouchements prématurés.240 Chez le travailleur de nuit, la qualité de
sperme diminue. Il est fortement déconseillé à la femme enceinte de travailler
de nuit, et il lui est interdit de pratiquer ce type d’horaire à partir de 7 mois de
grossesse.241 La loi fédérale sur le travail stipule que l’employeur, dans la

237
Dr. HEBERT Marc ET SASSEVILLE Alexandre. L’effet biologique de la lumière : Implications pour les
travailleurs de nuit. Université Laval-Centre de recherche, Université Laval Robert-Giffard.
238
Ibidem
239
NTAWURUHUNGA E., CHOUANIERE D., DANUSER B., PRAZ-CHRISTINAZ S.-M. Effets du travail de nuit sur
la santé. Revue médicale suisse n° 181. 26 novembre 2008. P. 2581-2585. 2ème source
240
NTAWURUHUNGA E., CHOUANIERE D., DANUSER B., PRAZ-CHRISTINAZ S.-M. Effets du travail de nuit sur
la santé. Revue médicale suisse n° 181. 26 novembre 2008. P. 2581-2585. 2ème source
241
Glassey stéphane, adjoint administratif au service de la protection des travailleurs.
VIII
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

mesure du possible, doit proposer, à la femme enceinte qui travaille de nuit, un


travail équivalent entre 6h00 et 20h00.242

Les accidents de la route : Ces accidents surviennent, la plupart du temps,


non pas à 7h lorsque la nuit est finie, mais plutôt entre 10h et 14h à cause du
manque de sommeil et une diminution de la vigilance. Lorsque le travailleur de
nuit termine son travail, il n’a souvent plus sommeil pour aller se coucher
directement, il va souvent boire un café ou faire les courses avant de rentrer, et
c’est à ce moment là que les accidents surviennent le plus souvent. Le manque
de vigilance augmente considérablement le risque d’accident de la route.243

11.2.2 Aspect psychologique244

Le stress : Le travail de nuit est peut stressant, sauf en situation de crise (client
en fin de vie, décès, transfert des urgences). Durant la période creuse, de 2h à 4h,
le stress est au plus bas, la tournée de 2h est terminée et on attend celle de 4h.
Durant cette période, un petit agent stressant peut prendre de l’ampleur la nuit et
provoquer un immense stress, par exemple un patient ou un téléphone qui sonne.
L’adrénaline monte brusquement sur un terrain calme. Ce stress peut augmenter
le risque d’erreur. De plus, la nuit, les infirmières sont souvent seules pour gérer le
service, ce qui peut être une source d’angoisse supplémentaire. Nous pouvons
également faire le lien entre le stress et les ulcères gastriques, cité à la page
précédente.

L’isolement professionnel : L’isolement professionnel étonnement peut survenir


chez les infirmières travaillant de nuit, car elles auraient peut de contact avec les
infirmières de jour, si ce n’est durant le rapport du matin et du soir. L’infirmière de
nuit, serait peut informée de la vie de la journée, des colloques et autres
changements.

242
Ibidem
243
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90 p. P.56
244
Toutes les répercutions psychologiques ont été développées en collaboration avec Madame Irma
Mathier-Favre, infirmière-enseignante à la HES-SO de Sion, domaine santé social, qui a également travaillé
plusieurs années de nuit, elle nous a conseillé de faire ressortir ces répercutions, qui lui semblait les
principales. Celles-ci ont été cependant complétées par d’autres sources.
IX
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

Les troubles neurologiques : Selon l’étude de Waterhouse, Folkard et Minors


(1992),245 les travailleurs de nuit, sont plus susceptibles de développer des
troubles neurologiques que les travailleurs de jour, tels que l’anxiété et le stress.

11.2.3 Autres troubles

- Certains travailleurs de nuit viendraient à consommer de l’alcool, du tabac, des


stimulants au moment de travailler ou au contraire, des somnifères ou des
relaxants au moment de dormir.246 Ces éléments sont également des facteurs
pouvant engendrer des ulcères, du stress, de la dépendance, et d’autres
conséquences telles que le cancer et des problèmes respiratoires dus au tabac.

- La prise de poids est un aspect à ne pas négliger non plus, en effet, toute
l’alimentation est perturbée et les horaires des repas également. L’infirmière de
nuit ne prend souvent aucun petit déjeuner en rentrant,247 et dîne lorsqu’elle se
lève et non pas en même temps que sa famille à midi, pour ne pas couper son
sommeil. Les travailleurs de nuit, mangeraient trop gras et trop sucré, et
grignoteraient beaucoup entre les repas. Et ne mangeraient pas assez de fruits
et de légumes.248 Nous trouvons quelques conseils alimentaires sur un site qui
s’intitule « ma vie d’infirmière ».249 Sur le site de CSS Assurances250 nous
trouvons aussi des conseils alimentaires pour les travailleurs de nuit. Les
principaux conseils de ces deux sites sont ; d’essayer de prendre les repas en
famille, afin de favoriser les relations familiales, mais aussi de favoriser les
repas équilibrés et diversifiés, pas trop lourds avant d’aller dormir, de manger
avant d’aller travailler, de manger pendant au minimum 30 minutes, etc.

245
BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, GENEVE, Encyclopédie de sécurité et de santé au travail, volume
II, Les risques professionnels. Edition originale anglaise établie sous la direction de Jeaunne Mager Stellman.
ème
Chapitre 43. 2 source.
246
CARPENTIER J, CAZAMIN P, Le travail de nuit ; effets sur la santé et la vie sociale du travailleur. Bureau
international du travail. Genève. 1977. 90p. P. 33
247
Dr. MULLENS Eric. Sommeil, vigilance, somnolence. [En ligne]. Septembre 1998. Adresse URL :
www.svs81.org
248
Ma vie d’infirmières. [En ligne]. Adresse URL : http://melenig.kazeo.com/Travail-de-nuit,r121243.html
249
Ma vie d’infirmières. [En ligne]. Adresse URL : http://melenig.kazeo.com/Travail-de-nuit,r121243.html
250
CSS Assurance. Le travail de nuit. Conseils pour le sommeil, l’alimentation et les loisirs. [En format pdf].
Adresse URL : www.cssversicherung.ch/it/f_flyer_nachtarbeit.pdf

X
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

- Tous ces effets néfastes du travail de nuit ne sont pas à prendre au pied de la
lettre, se sont des effets qui peuvent survenir selon les personnes. Chaque
individu est différent et chacun à une adaptation différente au travail de nuit.
Ces effets peuvent survenir à court, moyen et long terme en fonction de
l’adaptation au travail de nuit. Cette adaptation dépend de l’âge des personnes,
du pourcentage, des co-morbidités, de la charge de travail à domicile, de la vie
de couple, des enfants, etc.251 Chaque travailleur met ou non, à sa disposition
des moyens de prévention et des ressources personnelles pour faire face à
certaines de ces conséquences.

- Une autre répercussion qui est à l’origine de multiples études à l’heure actuelle,
est celle du cancer du sein chez la femme qui travaille de nuit. Il y aurait « une
augmentation l’incidence du cancer du sein chez les infirmières travaillant la
nuit comparées à celles qui n’avaient jamais travaillé de nuit».252 « Le CICR
vient, d’ailleurs de classer le travail de nuit cancérigène probable pour
l’homme».253

251
Dr. MULLENS Eric. Sommeil, vigilance, somnolence. [En ligne]. Septembre 1998. Adresse URL :
www.svs81.org
252
NTAWURUHUNGA E., CHOUANIERE D., DANUSER B., PRAZ-CHRISTINAZ S.-M. Effets du travail de nuit sur
la santé, Revue médicale suisse n° 181. 26 novembre 2008. P. 2581-2585.
253
Ibidem
XI
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

11.3 Annexe 3 Echelle de la qualité de vie


« WHOQOL-BREF »

XII
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

XIII
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

11.4 Annexe 4 Grille d’entretien


Hypothèse 1 Objectifs Questions Relances Cadre théorique

Les influences du travail Identifier si le Comment se déroule Quelles ressources Sommeil


de nuit sur la qualité de pourcentage de travail une journée type, après mettez-vous en place Fatigue
vie socio-familiale sont de l’infirmière de nuit, une nuit de travail. pour faire cohabiter Qualité de vie
proportionnelles au influence sa qualité de Comment ça se passe ? votre vie professionnelle Famille
pourcentage de travail vie au niveau social et avec votre vie sociale et
des infirmières de nuit. familial. familiale ?

Comment vous-y
prenez- vous avec vos
enfants ?

Dans quelle mesure


votre conjoint participe-
t-il à la vie familiale ?

Sous quelle forme


d’horaire votre conjoint
travaille-t-il ?

Pour vous, quel impact Depuis que vous


a le travail de nuit sur travaillez de nuit, quels
votre qualité de vie ? aspects de votre vie
quotidienne ont-ils été

XIV
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

modifiés ?

Quel impact a le travail A quelle fréquence


de nuit sur votre vie voyez-vous vos amis ?
sociale ?
Est-ce que cette
fréquence vous
convient ?

Vos amis travaillent-ils


avec des horaires
atypiques ?

Participez-vous à des
activités individuelles ou
collectives de loisirs ?
(hobbys)

Comment dormez-vous Combien de temps ?


après une nuit de
travail ?

Depuis que vous Ressentez-vous de la


travaillez de nuit, quel fatigue ?
changement avez-vous
observé sur votre La fatigue vous freine-t-
sommeil ? (comparer à elle dans vos activités
avant) familiales et sociales ?

Votre santé physique en


général, s’est elle

XV
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

modifiée depuis que


vous travaillez de nuit ?

Utilisez-vous une aide


pharmaceutique pour
dormir après une nuit de
travail ?

Pour vous, quelles sont Quelles sont les plus


les éléments prioritaires significatives au
nécessaires pour avoir quotidien ?
une bonne qualité de
vie depuis que vous
travaillez de nuit?
Pour vous, quels sont
les aspects positifs du
travail de nuit ?

Pour quelles raisons Quels sont vos projets


avez-vous fais le choix relatifs au travail
de travailler de nuit ? nocturne ?
Age :
Pourcentage :
Mariée :
Nombre d’enfants :
Leur âge :
Depuis quand faites-vous des nuits ?

XVI
Délèze Céline Travail de Bachelor janvier 2010

11.5 Annexe 5 Lettre de consentement éclairé


Lettre de consentement éclairé
Travail Bachelor au sujet du travail de nuit des infirmières
Elaboré par Délèze Céline et Trummer Tania étudiantes à la HES-SO//Valais Wallis, et
supervisée par notre directeur de mémoire monsieur Dubuis Michel.
Formulaire de consentement éclairé pour les infirmières participantes au mémoire de fin d’étude

La soussignée :
Certifie être informée sur le déroulement et les objectifs du mémoire de fin d’étude ci-dessus.
Affirme avoir lu attentivement et compris les informations concernant la recherche.
Atteste qu’un temps de réflexion suffisant lui a été accordé.
Est informée du fait qu’elle peut interrompre sa participation à la recherche à tout moment,
sans aucune conséquence négative pour elle.
Accepte que les entretiens soient enregistrés, puis retranscrits anonymement.
Est informée que les enregistrements seront détruits dès la fin du mémoire, à savoir au plus
tard fin juillet 2010.
Consent à ce que les données recueillies pendant le mémoire soient publiées dans des revues
professionnelles, l’anonymat de ces données étant garanti.
Tout préjudice qui pourrait vous être causé dans le cadre de ce mémoire de fin d’étude sera
couvert en conformité des dispositions légales en vigueur.

La soussignée accepte donc de participer au mémoire de fin d’étude mentionné dans l’en-tête.

Date :…………………………………. Signature :…………………………………..

Contacts :
Délèze Céline, étudiante HES-SO//Valais Walis. Tel : 078.805.28.58
Trummer Tania, étudiante HES-SO//Valais Walis. Tel : 079.630.79.02

HES-SO Valais, domaine Santé & Social - Filière Soins Infirmiers XVII
Marie-Noëlle Baudin Annexe juillet 2009

11.6 Annexe 6 Moyens d’éviter la fatigue pour


le travailleur de nuit
Plusieurs ouvrages, comme celui de Carpentier et Kazamian, décrivent quelques
moyens pour éviter la fatigue et favoriser un bon sommeil réparateur. L’endroit où
le travailleur de nuit dort pendant la journée, doit être dans l’obscurité la plus
totale, car rappelons-le, l’obscurité est un synchroniseur de notre horloge
biologique, donc du sommeil. La température du lieu où il dort, ne doit pas être
trop chaude, soit maximum 21 degré, ni trop froide. Il ne doit pas y avoir de bruit,
donc les bouchons d’oreilles sont une bonne solution. Eteindre le téléphone
portable et désactiver la sonnette de la porte d’entrée sont aussi des éléments
importants pour ne pas être déranger, pendant les cycles du sommeil. Et en
dernier, éviter les stimulants avant de dormir mais également les somnifères sans
avis médical. Les stimulants tels que le café, l’alcool et le tabac, ne devraient plus
être consommés 4 à 5 heures avant d’aller se coucher.254 D’autres moyens, telles
que la relaxation ou de la musique douce peuvent aussi aider à trouver le
sommeil. Chaque personne doit trouver ses propres ressources qui l’aideront à
trouver rapidement le sommeil. L’exercice physique est aussi un élément
important pour avoir un bon sommeil réparateur.255

Avant d’aller travailler le soir, il est important de se reposer ou de faire une sieste,
surtout lors de la première nuit de la série, car cette nuit est souvent précédée
d’une journée sans repos.256

Pendant le travail de nuit, il est conseillé de ne pas consommé de café après 23h
ou minuit, pour ne pas corrompre la qualité du sommeil diurne. Et il est également
important de ne pas grignoter sans cesse durant la nuit, pour lutter contre le
sommeil.257

Après la nuit de travail, si le sommeil apparaît, il est important de ne pas prendre


le volant.258

254
Dr. MULLENS Eric. Sommeil, vigilance, somnolence. [En ligne]. Septembre 1998. Adresse URL :
www.svs81.org
255
Ibidem
256
Ibidem
257
Ibidem
258
Ibidem
XVIII
Marie-Noëlle Baudin Annexe juillet 2009

Pour ne pas lutter contre la fatigue et le sommeil, il est impératif, d’aller se coucher
dès l’arrivée à domicile, après avoir pris son petit déjeuner. Il faut également éviter
les éléments qui favorisent l’éveil ou qui perturbent le sommeil, tels que le bruit et
la lumière du jour. Pour lutter contre ces deux perturbateurs du sommeil il faut :
rendre la pièce où l’on dort la plus obscure possible, éviter les bruits en fermant
les fenêtres, en avertissant les proches que nous dormons, en éteignant le
téléphone portable, en mettant un écriteau sur la porte « ne pas déranger »,…259
D’autres éléments peuvent aussi perturber le sommeil ou l’endormissement, tels
que la prise de stimulants (café, nicotine) avant d’aller dormir, une mauvaise nuit à
l’hôpital, le stress, l’anxiété, les problèmes familiaux, les soucis, la faim, les
douleurs, la chaleur, le froid, les problèmes digestifs liés à l’irrégularités des repas
ou à la malnutrition,…260

Un autre élément important pour éviter la fatigue est de bien dormir les jours de
congé, afin de ne pas accumuler un manque de sommeil. Il est conseillé de ne
pas se coucher trop tard et de bien dormir le matin. Les siestes, l’après-midi, sont
les bienvenues également. En effet, les jours de congés sont utiles pour récupérer
la dette de fatigue et de sommeil accumulé les jours de travail. 261 Ses éléments
sont importants à respecter mais ne favorisent pas la vie sociale et familiale.

259
Ibidem
260
Ibidem
261
Ibidem
XIX
Marie-Noëlle Baudin Annexe juillet 2009

11.7 Annexe 7 Pyramide de Maslow 262

262
http://www.quandladrogue.com/ch-flp/pic1/maslow1.gif

XX

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