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DECEMBRE 1967
U S
L C
L J
E E QUELQUES l'ROBLEMES METHODOLOGIQUES
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E H DIFFUSION INTÉRIEURE
U
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O. R.S.TO.M.
QUELQUES PROBLEMES METHODOLOGIQUES
PAGE
JULLIEN (Psychosociologue)....................................... 46
.CONGLUSION
ANNEXE
Elaboration. Titre complet, par Marie-Madeleine GOUELLAIN (Géographe.... 155
ERRATUM
1
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- 3 -
l N T R 0 DUC T ION
- 4 -
logie de l'ûRSTûM.
- enfin deux textes "isolés", dont un commentaire d'ouvrage.
Ces trois types de documents ont été réunis parce qu'ils conver-
geaient vers un objectif commun qui était de donner une image à la fois assez
générale et assez précise des problèmes rencontrés à une période donnée,
sinon par tous les chercheurs del'ORSTOM (1), du moins par un groupe assez
important et assez varié d'entre eux pour qu'il soit intéressant de rapprocher
et de confronter leurs expériences. Les chercheurs qui ont participé à ce
Cahier appartiennent en effet à la plupart des disciplines représentées à
l'ORSTOM : l'Economie, la Géographie., la Sociologie et la Psychosociologie.
Par un hasard regrettable, dû au fait qu'aucun chercheur en ces disciplines
ne siest trouvé à Paris à l'époque, les Ethnologues n'y figurent. pas. Mais
cette absence n'est en un sens qu'apparente car les conditions de travnil
des chercheurs de l'ORSTOM les oblige à posséder une culture ethnologique de
base et à tenir compte dans leurs recherches des travaux des ethnologues,
lors même qu'ils ne doivent pns - et c'est le cas le plus fréquent - entre-
prendre un long "défrichage"·· ethnologique de leur terrain dl enqu2te avant de
commencer leurs recherches spécifiques. On trouver~dans la plupart des arti-
cle~ des références à ces conditions de travail auxquelles nous serons amenés
à donner une importance toute particulière. Mais on peut d'ores et déjà
préciser que Ce sont elles qui donnent leur unité profonde aux recherches
dont i l sera question ici.
Ce Cahier ne constitue certes à aucun titre un traité sur los
méthodes d'enquêtes. D'une part, une formation de base.et la cpnnaissance
des principaux ouvrages sur les problèmes abordés y sont supposées acquises
d'autre part, les textes présentés ne constituent pas un exposé méthodique
et complet sur la recherche dans des civilisations différentes. Ils traitent
simplement des problèmes les plus saillants rencontrés par leurs auteurs au
cours de leurs séjours sur le terrain. On peut cependant concevoir que ces
textes peuvent s'intégrer dans les différents chapitres d'un ouvrage de métho-
. "
dologie. C'est leur mise en place dans ce cadre et la signification qu'ils y
prendraient que nous nous proposons maintenant d 'esquisser.
*
* *
ordre logique. Le lien de causalité entre les parties d'une recherche n'est
pas linéaire, mais multiple et, de surcroît, rétroactif. Plusieurs textes
reviendront d'aili~urs sur ce caractère solidaire et global d'une "opération
de recherche", dans'laquelle'les faits observés déterminent la théorie, tan-
'dis que la théorie conditionne à son tour les faits à observer et ainsi de
suite. Poussé par la nécessité de prendre le processus à l'un de' ses moments,
on a simplement choisi d'adopter, autant que fai re se pouvait, uri ordre de
complexité croissante respectant d'ailleurs dans l'ensemble 'la chronologie
des opérations de recherche. Les textes composant la première et la seconde
partie se limitent pour cette raison aux aspects extérieurs de la recherche,
extérieurs du moins à son objet intrins~que : problèmes pratiques dé collecte
des données ou techniques de dépouillement et d'analyse; ceUx réUnis dans
la trOisième partie font apparaître la relation entre le "fait" scientifique
d'obserVation et la théorie, quo ce soit pour discuter la nature de ce fait
ou pour proposer des 'méthodes d'enquête ; dans la quatrième section, on
rapproche et on compare, dans un effort d'appréhension théorique globale, des
procédures de recherche différentes ; dans la dernièro partie on se préoccupe
de l'intervention des sciences humaines dans les applications concernant le
développement et la planification. La conclusion s'efforce enfin de .definir
un cadre commun pour les préoccupations et les tendances exprimées· par les
divers chercheurs.
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SECTION A.
SECTION B.
Avec les deux textes qui suivent, on passe directement à une étape
bea~coup plus avan~ée de la recherche, celle du dépouillement des matériaux.
On insère cependant ces text~s ici parce que, comme les précédents, ils n'ont
que des relations générales et surtout extérieures avec les objets propres
des recherches.
P. LESSELINGUE' (texte 3) ne se réfère lES· à line expé rience' de ter--
rain, 1l1:'1.Îs fait un compte rendu - largement interprétatif ... d 'un cours spécia-
lisé sur l'analyse de contenu qu'il a suivi (1). L'analyse de contenu, em-
ployéé surtout en psychologie sociale es~ on le sait, l'application à un ou
plusieurs textes écrits ou c.mregistrés, de catégories objectiv'3s de découpage
et d'interprétation.
Le problème fondamental est donc celui de l'objectivité, qui serait
matérialisée par exemple par l'accord des codeurs dans l'interprétation d'un
texte. Or, les causes de distorsion sont multiples, les plus importantes, en
sociologie et.en psychosociologie, étant dues à l'interprétation du chercheur.
Elles se manifestent aussi bien au niveau de l'interview qu'à celui de l'in-
terprétation. L'analyse de contenu propose certes des procédures techniques
pour corriger ces distorsions : allA.lyse séparée des textes pour éviter les
effets de suggestion, détermination des variables d'analyse et des catégories
qui les composent, adaptation du schéma général d'a~~lyse et interprétation
théOrique des résultats apparus dans ce cadre; Mais, et c1estson originalité,
l'analyse de contenu représente l'interrogation de textes qui, parfois,
n'étaient pas destinés à cela et pour lesquels o~ ne dispose pas du pré-
découpage que propose le questionnaire·classique. L'analyste doit donc pro-
céder lui-même à ce travail et, même si la procédure est en principe définie
à l'avanc~son application laisse une large place à l'intervention de ses
choix inconscients.
(1) Cours professé par G. et J. Pill'IADE à 1·' Association pour la· Recherche et
l!Intervention Psycho-scciologique (L.R.I.P.).
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les proportions et même' des opérations plus complexes; telles que l'analyse
de variance.
SECTION C.
Avec les quatre textes réunis ici nous entrons dans le domaine
intrinsèque de la recherche, sur le. thème de la relation entre les faits
d'observation et l'appareil de concepts et de théories qui constituent le
corps d'une science. Sous de;3 angles divers, tOtlS ces textes traitent des
difficultésspulevée~ parla détermination du fait scientifique, de l'objet
d'une science déterminée - ici la géographie et l'économie - dans sa double
. nature9-ui le fait "appartenir" à un ensemble théorique particulier et rester
cependant engagé dans le réseau d'implications multiples d'un phénomène
social total.
A.M.COTTEN étudie (texte 5) la détermination théorique et pra-
tique du fait géographique en milieu africain. Pour elle, l'ambition du
géographe est d'expliquer le paysage. Cette explication se fait -com~e elle
le précisera plus loin - à diverses échelles depuis le village jusqu'au
pays tout entier,en passant par la région, impliquant à chacune. de ces
dimensions le recours à des technique s différentes. L' 0 bj et du g;éographe
~ soulignons cette précision - n'est pas différent par essence en Afrique
de ce qu'il est en Europe, mais sa compréhension peut être masquée ici par
, des difficultés d'approche particulières. Ainsi l'écologie montre l comment
l'homme a maîtrisé le mili~u bio-climatique: les données naturelles expli-
quent le paysage en tant qu'elles bloquent un aménagement de l'espace;
l'homme de son côté peu~, on non, les dominer par la possession des techniques
appro1Jriées. Les perspectives d'observation du géographe ne sont toutefois
st8ti~uès et limitées au paysage actuel, mais s'attachent à discerner le$
facteurs d'apparition d'un nouvel ~nénagement et les conditions de ~évelop
pement d'un nouvel équilibre. Cependant si les principes sont clairs, les
conditions particulières dûes au milieu africain rendent les observations
plus complexes~ C'est le cas de l'aspect déconcertant que présentent, pour
qui vient d,'Europe, les paysages africains : paysage de brousse où la
maîtrise de l'homme est relativement lâche, paysages forestiers où la domi-
nation de 1 'environnement végétal est plus grande encore, centres urbains
semblables à de gros villages. Ces caractères particuliers, n'entrant pas
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à sa source, dans les agents qui en sont les auteurs, la cause des change-
ments socio-culturels.
C'est par l'ensemble de ces aspects que l'emploi de la biographie
paraît fécond à COUTY pour l'observation viv&~te de ce secteur particulier
de l'univers socio-culturel que constituent les faits économiques. Certes,
il ne s'agit pas de renier l'aspect quantitatif et formalisé de l'Economie
qui en représente Sffi,S doute l'élément le plus spécifique et le plus effi-
cace. L'intention est d'adjoindre à cette connaissance structurale du comment,
la connaissance du pourquoi par une analyse des individus qui vivent cette
Acohomie et de leurs représentations mentales. Par le rapprochement des
comportements et des représentations Iton pourrait peser dans la séquence
vraie des choiX vécus, ·lapart du délibéré et de l'involontaire" et répon,;..
dre par ce moyen à la question posée par COUTY dans l'article qui précède
sur la double nature, à la fois formalisable et vécue, du fait économique.
Une" difficul té subsiste toutefois qui est de savoir si l'utilisa-
tion d'une méthode commune, recueillant des matériaux identiques, ne va pas
aboutir à une confusion· entre les disciplines. L'auteur, sans préciser les
raisons de sa conviction, ne le croit pas et estime, à juste titre,· que dans
le domaine des méthodes de travail l'unité des sciences humaines est réalisée,
voulant dire par là qu'aucune méthode nI est spécifique d'une science et ne
lui appartient en. propre. L'adoption de la méthode biographique représente
alors pour lui la volonté d'intégrer les variables psychologiques dans
l'étude des phénomènes économiques.
Cl •. ROBINEAU( texte 8) constate, de la même manière que COUTY, .
l'ltobsence d'une méthode propre au repérage des faits économiques sur le
terrain". L' économie politique actuelle; même si elle a renoncé à se can-
tonner dans les spéculations philosophiques du passé pour se tourner vers
l'observation des faits, n'a jamais réussi complètement cette conversion. En
outre, ses 'méthodes de travail, adaptées aux sociétés industrielles, sont
essentiellement statistiques, ce qui implique des faits mesurables ou, à
tout le moins, dénombrables, et un appareil d'enregistrement de ces faits.
Or ces deux conditions sont loin d'être réunies dans les sociétés non-indus-
trielles, et le dispositif d'enregistrement serait-il en place que cela ne
suffirait pas car les éléments dénombrables, et la notion même de fait éco-
nomique n'y existent pas de façon évidente. Les faits économiques y sont en
effet dans ln meilleure des hypothèses - celle·dans laquelle on :Peut définir
- 14 -
SECTION D.
SECTION E.
Avec cette dernière partie, apparaît une intention nouvelle qui est
l'utilisation de la recherche et son application à des problèmes de dévelop-
pement ou de planification, préoccupationCOInII:Qle .!; tous les programmes de
recherche de l' ORSTOf-I et également du BDPA comme l'on peut en juger par le
texte de M. TARA. La nature complexe et la diversité des formes que peut
revêtir ce développement ne seront pas évoquées ici, mais seulement les
conditions selon lesquelles on peut appliquer aux transformations économiques,
culturelles et sociales qu'il implique les observations faites par les
Sciences humaines •.
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V. TARA (texte 13)· présente son expérience du problème, Il rend compte d'Q~e
recherche pluridisciplinaire effectuée sur'une région sous-peuplée du Centre-
Ouest de ~~dagascar, voisine de.zones à fortes populations, dans laquelle
"les spécialistes des sciences humaines (sociologues, géographes et démo-
graphes) participent au programme de développement qui entraîne le peuplement
organisée de cette région". Il montre par cet exemple quels types d'informa-
tion ces études peuvent apporter à la réalisation d'un projet concret: il
s'agit ici de l'organisation d'un mouvement migratoire vers des terres neuves.
Une première expérience de peuplement, effectuée avec des Réunionais,
a permis de dégager certains des problèmes que posait l'organisation de ce
mouvement: utilité d'Une s~lection au départ, puis d'une formation in situ
avant l'implantation définitive; nécessité de laisser aux responsables lo-
caux des opérations la latitude nécessaire pour adapter les projets initiaux
- nécessairement théoriques.- aux réalités de la mise à exécution, etc .•• Par
la suite, les enquêtes ont montré la différenciation.qui s'opérait sur place
dans la capacité d'adaptation des immigrants,depuis la formation d'un noyau
d'élite jusqu'à ceux qui devaient renoncer à l'expérience.
L'expérience faite avec les Réunionais a servi d'expérience-pilote
pour organiser l'installation des Malgaches des Hauts-plateaux dans cette même
région. Les études humaines ont montré cette fois les précautions qu'il fallait
prendre pour effectuer cette extrapolation et les facteurs qui variaient d'une
population à l'autre. Les enquêtes ont ainsi prouvé leur utilisé en montrant
comment des connaissances précises et càntrôlées des phénomènes humains per-
mettaient dlorienter l'intervention des Pouvoirs publics. M. TARA souligne à
cet égard l'intérêt de. recherclles pluridisciplinaires pour l'étude des situations
globales et émet le voeu, auquel on ne peut que souscrire, que l'activité des
experts d'une part et des chercheurs des divers organismes d'autre part, soit
efficacement coordonnée, à la fois dans leur intérêt et dans celui de la zone
à développer.
Dans une perspective beaucoup plus générale et élargie aux dimensions
d'une nation, c'est un problème analogue que soulève H. LHUILLIER (texte 14)
qui prend pour point de départ de sa réflexion l'insuffisance des méthodes
employées jusque là en matière de planification appliquée au développement.
Cette inefficacité est particulièrement flagrante lorsqu'il s'agit des milieux
ruraux. Elle tient, selon l'auteur, au fait que les techniques macroscopiques
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employées demeurent trop éloignées des réalités et pèchent par une connais-
sance ilwuffisartte des milieux techniques et hunlains et, en particulier, de
leurs mécanismes économiques fondamentaux. La nécessité arparaîtalors de
restituer à l'espace au sens le ~ll~ concret - et à ses variétés régionales -
leur véritable importance. Sur le plan de la recherche d'application, cette
conception aboutit à considérer chaque région corrwe une entité propre et à
l'étudier cowne telle. Cette expérience a été faite notamment en Côte d'Ivoire
où six régions aussi homogènes que possible ont été confiées chacune à une
équipe pluridisciplinaire qui a intégré d~1S son étude à la fois des données
statistiques et les résultats de recherches monographiques. Les conclusions
ont été rédigées non pas dans les termes des disciplines représentées, éco-
nomique, géographique, etc .•. , mais en fonction des réalisations projetées.
Les propositions d'aménagement régional ainsi faites reposaient cette fois
sur une connaissance précise des conditions locales et des contraintes struc-
turelles.
Cependant, en dépit de leur valeur propre, l'utilisation de ces
résultats pour la formulation de propositions concrètes en termes de politique
d'aménagement n'a pas été sans difficultés. Certes, la potentialité réelle de
chaque région a pu être dégagée, des orientations générales ont été données et
certains arbitrages techniques ont pu être opérés. Mais l'insuffisance des
méthodes de projection, aussi bien que celle du cadre d'analyse régionale,
n'ont pas permis de définir autrement que d'une manière encore empirique la
localisation des actions et la prise en considération des contraintes locales.
Il s'est dégagé cependant de cette expérience lli~ certain nombre d'enseignements
que LHUILLIER s'efforce de tirer. Les méthodes habituelles de traitement des
chiffrées, valables pour des populations homogènes et stabilisées ne permettent
pas de percevoir les transformations internes. L'auteur propose alors quelques
catégories d'analyse et d'action destinées à nuancer, à régionaliser les don-
nées trop globales habituellement utilisées ; certaines de ces catégories sont
destinées à caractériser les différents milieux, d'autres à prendre en consi-
dération les catégories d'agents économiques associés à ces milieux, d'autres
enfin à proposer une hiérarchie des centres de décision et une méthode d'étude
des liaisons entre les catégories ainsi définies. Ces classifications peuvent
par~ître à un sociologue encore un peu fonmelles ; mais elles sont sans doute
adéquates pour rapprocher la réflexion économique à son niveau macroscopique
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R.D.
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S ~ C T ION A
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Agricole du. Congo , Le Bulletin de l' lNEAC, Bois.et Forêts des Tropiques.
Des articles géographiques paraissent dans les publications des
insti tu ts de recherche (ORSTŒII, IFAN) , dans les Cahiers d' Etudes Africaines
(IPHE )., dans Zaïre, dans les publications de l' 3r,stl tut Royan des Sciences·
d'Cutre-l'Ier (autrefois IRCB) (classe des Sciences humaines).
Les Services Economiques publiaient avant 1960 un Bulletin
d'Inforrrmtions Economiques et Sociales, ou un Bulletin Statistique (terri-
torial ou fédéral), parfois un Annuaire Statistique. Les Services de la·
Statistique ont pris la suite dans las divers Etats. On trouve encore des
données chiffrées ou de courtes études dans les Bulletins de la Caisse Centralb
ou ceux des Chambres de Commerce.
5, Revues et Journaux locaux.
Leur intérêt est très inégal. Ils sont cependant à consulter.
C - Les Archives.
pas faire bouillir toute l'eau qu'on boit, et ne pas désinfecter au perman-
ganate les légumes qu'on mange! Certaines craintes sont ridicules, mais
certaines fanfaronnades le sont aussi : les moustiques infectés, les amibes
et les glossines ne sont pas des inventions ; une élémentaire prudence veut
donc qu'on prem1e de la nivaquine avec régularité, et qu'on filtre l'eau
qu'on boit en brousse. Une mnibiase ou une filariose sont très longues à
guérir •••
Quel que soit le type d'EJnquête qui est mené, il existe un certain
nombre de règ~es à respecter, qui découlent des conditions psycho-sociologiques
où vit la société traditionnelle, et de l'évolution politique des dix der-
nières années.
Il est indispensable de respecter la hiérarchie politico-administra-
tive; avant toute enquête, des contacts doivent être pris avec les autorités
officielles à l'échelon le plus élevé; les autorisations obtenues, réper-
cutées à l'échelon local, faciliteront la besogne. Il est non moins indispen-
sable de respecter, autant que faire se peut, la hiérarchie coutumière, à
l'intérieur de laquelle les nuances sont nombreuses et parfois subtiles tel
chef doit être visité avant tel autre, sous peine de palabres interminables.
Le choix d'un informateur-interprète est primordial: soh appar-
tenance ethnique co~~ande les questions de langue, de familiarité avec les
individus, de connaissance préa12ble des probJèmes. Il est bon d'insister
aussi sur le but désintéressé d'une enquête, auprès de gens qui subodorent
aisément des motifs fiscaux sous le questionnaire le plus anodin.
Attitud~is:~:~is ~~~_~~E~pé~~~ ; ils sont souvent prêts à rendre service ou
à accueillir le chercheur, au nom d'une hospitalité qui se dément rarerrent.
Mais celle-ci n'est pas un devoir: il est bon de le garder présent à
l'esprit. Ceux qui habitent en brousse depuis longtemps ont souvent une
connaissance précieuse du milieu, qui peut éviter des erreurs et rendre de
grands services; ceci est particulièrement vrai pour les Missionnaires.
Il est maladroit d'exprimer en leur présence des jugements tran-
chants, et de contester leurs propres opinions, si péremptoires soient-elles
la science infuse n'est le privilège de personne •••
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Attitude vis-à-vis des Africains,'Il est bon de; garder présent à l'esprit
---_._-------~~-----~----------
-que leur méfiance est légitime,
. .
~qu'ils ont leurs problèmes et leurs occupations, et ne sont pas
à la disposition ducherçheur,
-:-:-:-:-:-:-
1. Villages et tribus:
chez les sédentaires la notion de village et éventuellement
celle de hameau sont subsidiaires. Mais le village (ou le hameau) est une
unité de base que l'on peut repérer sur une carte ou que l'on peut y inscrire
assez facilement; c'est l'une des unités relativement fixes, au moins pour
quelques cycles saisonniers, que le canton regroupe. Tous ces termes et ces
concepts sont voisins de ceux connus en Europe car, ici comme là, nous
sommes en présence de paysans •
• chez les nomades: on ne parle plus de villages, mais de tribus
ou de fractions de tribus. Lorsque l'on consulte les recensements, on
découvre des tribus de 100 cowne de 2 à 3 000 personnes. Certaines sont
subdivisées en une poussière de fractions portant le même nom générique et
différenciée chacune par un simple chiffre (ex. : chez les Peuls de Tahoua
Gojawa, l, II ••• X••• ). Seconde difficulté: une tribu, ou une fraction même
recensée en un seul bloc, nia jamais ~e résidence groupée: elle est
éparpillée, surtout en saison sèche, sur de très nombreux puits, en cam-
pements. Or, le campement est une unité essentiellement variable, qui se
- 30 - .
B- ~~~~~!~~~_~!ie~_~~~~~.·
1. LI enquête quali tative.
a) problèmes de localisation: lorsqu'on étudie une région, ou un
groupe nomade donné, la première difficu~té consiste à localiser les tribus,
Chacune·d'elle est disrersée en un nombre de campements variant selon les
saisons la dispersion est maximum lorsque les mares sont en eau et qu'il
n'y a pas de regroupements forcés autour des puits profonds. La difficulté
primaire est de retrouver sur le terrain un campement nomade : lm campement
Peul Bororo est quasiment invisible puisqu'une haie d'épineux seule le
matérialise,
- En plus, de nombreuses tribus nomadisent une partie de l'année
hors de la circonscription où elles sont recensées les Touaregs de Tahoua
sont dans le cercle d'Agadès pendant l'été.
- Les Peuls nomades, dont nous avons déjà dit la mobilité et le
peu d'attachement à la région, ont souvent quitté une circonscription pour
nomadiser sans retour plus au nord : les lenteurs admilristratives font qu'ils
sont toujours rec~nsés dans les cercles où ils ne vivent plus jamais.
- Si les hommes sont difficiles à localiser, les troupeaux ne le
sont pas moins: car les différentes variétés d'animaux, camelins, bovins,
ovins, caprins recherchent des pâturages différents qui imposent l'éclatement
des troupeaux,
b) Problèmes terminologiques (le cas des Touaregs) .
• problème des noms de tribus : les nomades rencontrés et inter-
rogés peuvent se définir de nombreuses manières : les noms de tribus sont
souvent précédés de kel, mot signifiant "ceux de", "les gens de". Il est
ainsi possible de composer n'importe quel nom avec un tel préfixe: des
nomades peuvent se dire kel Mold1ammed, des gens de Mokhammed, nom de leur
chef, ou encore kel Azawak, ceux de l'Azawak, qui désigne toute l'immense
région au nord de Tahoua, ou enfin kel Nan, nom véritable de tribu.
En second lieu, les nomades désignent souvent des tribus sous un
nom particulier, inventé par les intéressés eux-mêmes : les Touaregs de
l'Aïr, désignent ceux de Tahoua dans le nom de Tegarey-Garey , alors que
ceux-ci se disent Iull eme don , kel Dinnik.
- 33. -
semble une série de tribus dans un cadre 2~.')li tigue. Ces tri bus sont venues
se mettre sous la protection d'un Amenoka, d'un tambour de guerre (ettebel)
rien ne s'oppose àce que ces tribus soient arabes, comme celles du nord de
Tahoua (Daramshaka). Il peut s'agir aussi de tribus trouvées sur place par
une confédération touarègue conquérante. La première conséquence est qu'on
observe une très grande diversité de langag~~~: Prenons l'exemple de l'Azawak,
qui désigne la subdivision nomade de Tahoua.
,- 34 .-
S E C T ION B
3. LI ANALYSE DE CONTEl'JU
-:-:~:-:-:-:-:-
DEFINITION et TECHNIQUES
l - Définition.
L'analyse de contenu consiste en la transformation de données brutes
en données traitables scientifiquement.
Par données traitables scientifiquement, nous entendons des données
objectives, mesurables, intégrées dans un système relationnel applicable à
partir des limites dès éléments qui lui ont permis l'existence (ce qui signifie
un schéma explicatif ayant valeur de généralisation).
- 38 '-
THEORIES et CONCEPTS
Si l'on descend à un palier plus bas, il est nécessaire de déterminer
les opérations qui se déroulent dans le moi de l'analyste au cours de la
chronologie opératoire ci-dessous définie, d'où un premier point:
l - Description théorigue de l'analyse de contenu
l - 1 - Déterlnination des variables :
Les processus à envisager sont ceux de fermeture, de saturation
et d'interrogation faisant intervenir une certaine compréhension
ou interprétation du matériel.
l - 2 - Les processus :
l - 2 - l - F'ermeture : acte par lequel on décide à la lecture
de la donnée qu'il y a unité de sens.
l - 2 - 2 - Saturation : on procède à la fermeture quand le
sens est plein (unité de signification), ce qui
est lié au processus d'interrogation (comment
interroge-t-on le texte ? suivant quelles méthodes
ou quelles hypothèses préalables ?) Les processus
de saturation et de fermeture se produisent quand
on a suffisamment de réponse à l'interrogation,
l - 3 - Réalisation :
Empiriquement, on procède au découpage pièce à pièce
(quand on dispose d'un seul interview) comparatif (unités se
retrouvant dans plusieurs interviews) ou appliqué (catégorie3
fixées avant découpage).
La progression est alors la su5 ,'lllte
a) lecture générale sans catégorisation ou découpage,
b) découpage comparatif restreint,
c) catégorisation sur le découpage,
d) découpage par application plus étendue,
e) catégorisation,
f) découpage terminal.
Les processus de saturation, de fermeture,guidés par celui Qe
l'interrogation latente guident l'ensemble du travail.
- 42 -
II - 2 - Dimension sociologigue.
En analyse de contenu, il s'agit uniquement des thèses
fonctionnalistes (Merton). Tout phénomène social ayant une
. fonction (ou une dysfonction) il convient de chercher cette
fonction dans le matériel dont on dispose.
II - 3 - Perspective marxiste.
Elle est basée en analyse de contenu sur la Théorie du
conflit défini sur une structure. Le conflit étant struc-
turant car inégalement réparti sur tous les éléments de
l'ensemble, on recherche alors tout ce qui est exprimé
en terme de conflit social dans le matériel à analyser.
II - 4 - Perspective structuraliste.
Le discours mythique a besoin d'une matière qui lui
serve de support et il l'emprunte au milieu naturel et
humain où il se trouve. Il tend ainsi à résoudre, sur 10
plan symbolique, les antinomies vécues dans le monde réel.
Ainsi il met en oeuvre la logique sous-jacente à l'or-
ganisation sociale, anticipe sur les formes ultérieures du
comportement en signifiant.';les . tr:; .. tures permanentes de
l'esprit •
C'est une mise en rap~ort du plan symbolique avec la vie
pratique dans unepersp~9:iv~_p'ro~pective.
III - 1 - Attitude.
a) définition Organisation durable de processus
émotionnels, motivationnels, per-
ceptifs et cognitifs. Il y a un lien
~ntre le configurationnel (attitude
.au sens tri v.ial) et lepsychismo qui
définit l'aspect intégrateur de l'at-
titude. L'attitude reste spécifique
des structures latentes.
b) utilisation
- L'attitude est le point commun, le média entre
les conduites •..
- Pour l'analyste, l'attitude se situe entre
le verbal et l'actonal.
III - 2 - Motivation.
C'est un concept médiateur qui définit la voie par
où l'on peut saisir et appréhender les conduites. C'est
aussi un concept dYnamique qui Va vers les conduites,
mais qui ne les précède pas. La motivation, qui apparaît
à la fois actonale et verbale, caractérise l'émergence
de la conduite qui va vers le but où elle est dirigée.
III - 3 - Caractérlsation et conduite :
a) caractérisation: constitue le corps agencé de
l'information. Elle se situe
au coeur de l'Analyse de Contenu
car elle est toujours analyse du
langage et l'on passe du parlé
au comportement.
b) conduite : constitue la structure significative
des actions.
L'analyse de contenu consiste à établir un
rapport entre ces deux structures. Dans la pratique
c'est la totalité des connaissances sociologiques et
psychosociologiques de l'opérateur qui permet dans
une faible mesure d'appréhender la conduite et l'at-
titude au travers de la conduite exprimée.
- 45 -
Nous avons essayé par ces deux chapitres de montrer les limites de
l'analyse de contenu. En fait cette opération recrée la situation interviewer/
interviewé entre l'analyste et le matériel qu'il traite. C'est pourquoi toutes
les difficultés qui peuvent exister au niveau de la communication entre indi-
vidus se retrouvent ici. D'où la nécessité pour chaque chercheur de prendre
conscience de son coefficient personne1 1 de ses implications correspondant à
des attitudes implicites qui tendent à subjoctiver son travail d'analyste et
d'hypothèse. Bion sûr, l'idéal serait de subir la psychanalyse didactique que
M. BASTIDE recommande aux ethnologues. Mais dans le cadre de notre formation
relativement rapide de chercheur africaniste, il reste un autre moyen. Celui de
participer à un ou plusieurs groupes de sensibilisation tels que ceux organisés
par l'A.R.I.P., quoique cette association fasse un usage trop généralisé du
non-directivisme en portant l'accent sur les conflits de groupe d'une façon
systématique, sans traiter complètement les objectifs des stages organisés.
Il reste cependant que cette participation où l'on peut prendre
pleinement conscience de ses limites ou de ses possibilités dans la comnlU-
nication, si elle ne permet pas d'aboutir à l'objectivité scientifique dans
le travail de recherches 1 objectivité qui s'avère impossible, permet de s'en
rapprocher.
Ceci n'est réalisable que lorsque le chercheur a pris pleinement
conscience de sa subjectivité et de la façon dont elle s'exprime (différente
pour chacun) dans ce travail qui, situé entre la o~llecte des données et la
réalisation du schéma explicatif 1 constitue un secteur on ne peut plus propice
à la projection du moi.
- 46 -
-:-:-:-:-:-:-
1 0 ) Utilisation d'abaques.
A l'inverse des "tables", ils ont le mérite de permettre des f3sti-
mations rapides et d'indiquer si le calcul vaut d'être effectué en détail.
Par ailleurs ils peuvent être· confiés y après entraînement, à un personnel
subalterne d'un niveau B.E.P.C., ce qui permet d'envisager d'importantes
"campagnes de calcul".
A. Pour ma part je trouve très utile ceux qui se trouvent dans le "Morice
et Chartier- Méthodes statistiques Tome II - INSEE 1954" - On y trouve des
abaques sur :
10 ) Loi de Poisson (fluctuations d'échantillonnage de fréquences
fai bles).
20 ) Loi binomiale (Intervalle de confiance d'une fréquence).
Ces deux abaques éviteraient à bien des chercheurs de se lancer
dans de 'profonds raisonnem"mts - sur des différences entre "pourcentages -.
Ces raisonnements font un bel effet mais hélas il arrive que la différence
constatée n'ait aucune signification, i3U égard à l'échantillon utilisé.,
3 0 ) Test d'homogénéité de la variance (préalable à l'étude de la
différence entre moyennes).
40 ) Analyse de séquences (probabilité du nombre de séquences en
fonction des effectifs totaux et partiels).
50) Somme des carrés des différences successives (utile pour l'é-
tude de la variation ,d'une moyenne dans une population à
variance constante, sur ueti ts échantillons).
B. Par ailleurs j' avais signalé dans mon rapport annuel 1961, l'existence
d'abaques publiés par le Bulletin du CERP (tome X 1961 nO 1 - "De quelques
principes de nomographie").
Des abaques de grand modèle, plus pratiques, sont en vente au ~.
CERF, 13, rue Paul Chautard Paris XVe - D'upe précision suffisante pour
éviter la majorité des calculs, ils sont fondés sur l'épreuve du 1 . x:.
Ils indiquent
nO 1 et 2 : N (effectif de l'échantillon), au-dessus duquel la différence
entre deux distributions est significative ou non [tableau à (2 x2) cases].
nO 3 et 4 - Valeur numérique de x.tpour tableau à (2 x 2) cases - Valeur
absolue de Phi (un des coefficients de contingence).
nO 5 : comme 1, pour tableau à (2 x c) cases -
- 48 -
=
= Neg.
D
:!:
.
T . total sur totalisateur ordinaire (noir ou vert solon les diverses
Tetractys)
S total partiel du totalisateur ordinaire
1er programme - Calcul d'une moyenne ~ sur données groupées - par changement
d'origine et d'unité.
Xa = nouvelle origine
i = intervalle de classe
X' = !_=_!o (nouvelle variable)
i
N = effectif total de la distribution
Formule m = NXo + i (Z x,)
N
~~chine (sur N.A.)
C x' + ou -
C Xl 2 + ou -
Formule
if" = V--~~~ ;~~~-=~~~~_
. N - 1
Machine (sur N.A.)
C ~x' x
C
C
T
~x'
N
(sortie du reste - totalisateur purgé)
..·
=
C ,2
x 1 + Î les ~,~ sont en général
,2 facile à obtenir :
x 2 +
••••••
c
III ••••••••••••••••••••••••••••
. x'~
M
(pour k classes)
~ •
+ J (~ x') x'
m
lM
.2
C 1. =
C
o Lecture Variance
T (sortie du reste-purge)
P La lecture de (J peut se faire au .moyen de tables de carrés, ou par le
moyen de tables d'extraction par coefficient de division, en poursuivant
sans s' arrêter le calcul ainsi
C Nombre le plus proche de cr2 +
(lu sur la table)
M+ (rappel du dernier quotient)
C Coefficient correspondant
lu sur la table)
o Lecture
T (purge du dernier reste)
3e progrmnme - Calcul du t de student (homogénéité des variances admises)
Ce programme est conçu pour Tetractys (2 totalisateurs). Sur
machines plus simples i l y aurait lieu de "lire" quelques résultats pour
les réintroduire ultérieurement par clavier.
Formule: hl. = (MA - ~)
V02(~/NB )
Machine (~ur A)
- C 1 ••••••• D
- C
peut-être effectué plus
(totalisateur annexe)
rapidement au moyen de
- C 1 ••••••• D
tables des inverses (surtout
C NB
pour màchines plus simples)
M + (totalisateur annexe)
11\1 *
(Maohine sur N.A.) (attention !)
- C
(carré du dénominateur de la formule)
- 52 -
*
* *
J'ai mis au point d'autres programmes (limites de confiance de
fréquences, coefficients de contingence, analyse de variance) pour Tetractys.
Je crois inutile de les publier dans le détail avant de savoir si cela
intéresse quelqu'un, mais serais heureux de correspondre éventuellement avec
des collègues à ce sujet. Je me bornerai, en attendant, à en exposer les
principes:
10 ) sur le calcul des fréguences.
Rappelons simplement ici l'utilité de se servir de l'inverse de l'affectif
total comme multiplicateur constant de chacun des effectifs partiels. Dans
certaines machines (Tetractys en particulier), tout quotient reste en mémoire
et peut donc intervenir directement comme multiplicateur dans la suite des
autres opérations.
De plus il est intéressant de reporter dans le totalisateur annexe
toutes les fréquences calculées, ct contrôler ainsi immédiatement la suffisante
précision des calculs si le total s'écarte exagérément de 1 (ou de 100 si
l'on tient aux %), il y aura lieu de faire un calcul plus précis de l'inverse
(source majeure dola divergence).
- 53 -
30 ) Analyse de Variance.
Il Y aura évidemment rupture entre les calculs des "sommes de
carrés "et l'analyse elle-même. Les premières devront être prélevées au
cours du programme II calcul de l'Ecart-type" (après la huitième "palier",
non compris les itérations des x'~)'
~ on cherchera évidemment à obtemr le F de Snédécor aussi directeIœnt que
possible.
- on sera obligé (du moin~ sur une Tetractys) de noter à part le dénominateur
de F (apr~s calcul de la somme des sommes de carrés et division par ~-k)
(k = nombre de groupes).
- on calculera ensuite le numé rateur (variance des moyennes), (que l'on
mettra en mémoire ou sur. totalisateur annexe) selon 1:' ordre suivant: dif-
férences' pondérations, somme des différences, pondérés, quotient par (k-1).
- on "entrera" à nouveau le dénominateur pour obtenir F.
La principale difficulté est de conserver une attitude constante
en ce qui congernele nombre de décimales, lequel devra être impérativement
fixé àl' avance, et prévu de façon à palier le manque de souplesse de ces·
machines à ce sujet. Si ces précautions sont prises la lecture de F se·
fera directement.
Les coefficients de contingence sont trop nombreux pour être
abordés ici: j'ai fait un programme pour le coefficient de liaison Tetra-
chorique (Lt) et pour Phi (à partir du Khi.C~rr~) don.t le.s.~tilisationsne
sont pas universelles. Chaque type de problème demande donc à être étudié.
L'important, dans la réalisation d'unprogramme, est de bien
étudier les éventualités possibles (en particulier le signe de certains
résultats) et •.• de l'écrire. C'est àce stade cpe l'on s'aperçoit souvent
des contradictions ou que l'on découvre de nouveaux cheminements plus courts.
S E C T ION C
==
- 57 -
-:-:-:-:-:-:-
(1) Il n'est pas dans notre propos de discuter ici de la notion de région en
Afrique de l'Ouest. Nous cO!lf3idéronsque c'est Une unité de, base dans le,
cadre de laquelle travaille le géographe et qu'il arrive à définir seulement
au terme d' un travail. . . , . . . '
- 59 -
vent dans la taille des villages, les relations entre villages et donc la
cohésion ou l'émiettement d'une région.
Dans un autre domaine, la vie économique, que nous exprimons en
termes "occidentaux", reflète une imbrication étroite entre la circulation
monétaire de type moderne et les termes des échanges traditionnels représentés
par exemple par les funérailles ou la Qompensation matrimoniale. Des dépenses
et des habitudes de consommation se plaquent ainsi sur les comportements des
habitants. Aussi faut-il utiliser avec précaution les termes adoptés par les
économistes dans de nombreuses enquêtes.
*Choisir une unité de base pour une enquête villageoise 'ou urbaine
est difficile car la notion de "famille" a un sens fort différent en Afrique.
Une enquête devrait aboutir
,
à préciser le cadre dans lequel vit un individu
,,',
famille étendue matérialisée dans une unité spatiale, la "cour", qui existe
au village et survit dans les petits centres, ménage restreint 11abitant en
ville, forme de groupement intermédiaire. Selon les milieux, cette notion doit
être bien précise pour le géographe.
*Dans une ville, il est utile pour fixer les activités des habitants
et l'activité économique, de connaître la répartition professionnelle des
actifs. Nous utilisons des termes qui dans une ville européenne ont un sens
précis. Or, en Afrique, si l'on excepte les salariés de l'administration et
de quelques entreprises, la profession n'a pas une telle rigidité. On peut
être commerçant mais aussi planteur, colporteur, intermédiaire, simultanément
ou selon les activités dominantes de la saison. Le pourcentage d'agriculteur
fausse la définition que l'on peut donner d'une ville car il s'agit d'une
activité première ou seconde selon les périodes de l'année.
Une explication claire des concepts est donc nécessaire, si l'on
introduit cette dimension sociologique.
Une autre difficulté ffilrgit lors de l'analyse des faits géographiques.
Ce monde dont on cherche à comprendre l'organisation interne, on voudrait trou-
ver une méthode pour le "quantifier" et posséder des chiffres pour en estimer
· - 62 -
*
* *
- 63 -
~:-:-:-:-:-:-
(2) Cette qéfinition d'un économiste n'est pas contredite par les anthropo-
logues auteurs de "Notes &. Queries on Anthropology", 6e édition, Routledge 8c. '
Kegan Paul, Londres 195.1, p. 156.
*
* *
Cette thèse appelle plusieurs observations
1) Même dans les milieux les plus ethnographiques, il est souvent possible
de découv?ir un champ de relations à propos duquel deux sortes d'affirmations
sont possibles :
- jusqu'à preuve du contraire d'abord, on a fréquemment le droit de dire que
tout se passe comme si les gens effectuaient des CalCuls économiques rap-
pelant assez bien ceux qui ont cours - ou qui paraissent avoir cours - dans
les sociétés plus avancées; tel est en tout eas souvent le résultat d'une
analyse approfendie, qui justifie économiauement des comportements à première
vue déconcertants.
- en second lieu, tout semble indiquer que l'objectivati~n des rapports éco-
nomiques n'est, en fait, nullerœnt étrangère aux agents. Cèla est particur
lièrement vrai de tout un ensemble d'activités.qu'on retrouve en zone de
savane africaine (1). Ce "secteur intermédiaire" se différencie nettemènt
-_._---.-
(1) Pour un exposé plus détaillé, mais encore provisoire, voir Ph. COUTY :
Sur un secteur intermédiaire dans les économies de savane africaine : l'exem-
ple du natron, ORSTOM, Paris, 1966 (ronéo.). 'On trouvera dans J. MAQUET , . "
op. cit. p. 132-133, une hypothèse intéressante sur les conditions qui·ont·
permis l'apparition de la "civilisation de la lance" dans certaines régions·
d'Afrique. Le point de vue de cet auteur sur le rôle d'un surplus céréalier
semble également susceptible d'éclairer les 'raisons pour lesquelles le '.'
secteur intermédiaire apparaît en savan.e et non en forêt.
- 68 -
(1) M. RODINSON, op. cit. p. 25, et les textes de MARX cités à cet endroit
(MARX, Le Capital, t. VI, p. 335, dans la traduction des Ed. Sociales, 1957).
paraît sien trouver améliorée (1)? Assurément, les schémas construits par
cet obser.vateur ne seront valables qU'à l'intérieur de sa propre culture et
ne pourront recevoir par conséquent qU'~Ule audience limitée. Autant se rendre
compte, ~ependant, qu'une telle situation est inévitable. Il est impossible -
de sorti r de sa propre culture, et la folie menàce, nous dit T. E. tA~lRENCE,
(1) Il me semble que, dans un domaine différent mais voisin, les ethnologues
ne procèdent pas autrement, lorsqu'ils prétendent "organiser (leurs) données
par rapport aux conditions inconscientes de la vie sociale" (Cl. LEVI-STRAUSS,
op. cit. p. 25).
- 70 -
exclues.
4) L'économique ne se réduit pas toutefois à ce squelette "qui a permis à la
science de marcher ll , pour reprendre l'expression de GIDS et RIST. Et 1'1. FOUCAULT
lui-'.nême, qui ne range pas l'économique parmi les sciences humaines, reconnaît
. - - .
qu'une IIdéviatioll ll toujours po~sible par rapport ~ux plans rigoureux du trièdre
des savoirs, peut IIfaire tomber" la pensée dans le domaine investi par les
sciences hwnaines (1). De là ce qu'il appelle "le danger du sOciolOgisme, du
psychologisme. •• qui devient menaçant dès qu'on n'analyse pas comme il faut les
modes d'être de la vie, du travail et du langagell. Ce danger-là, les plus grands
économistes, }UŒX, VEBLEN, WEBER, l'ont délibérément accepté et recherché,
donnant pleinement raison à MARSHAL1 l ()rS qu , i l affirme : 111es éc.nomistes
traitent de l'homme tel qu'il est: non pas d'un homme abstrait ou d'un homo
oeconomicus, rrais d'un homme de chair et de sang••• " (1). De là, toutes les
difficultés, de là l'ambition toujours nouvelle et toujours déçue de parvenir à
une explication vraiment synthétique faisant place d'une part au donné physique
et technique dont doivent tenir compte les eomportement~ humains, et d'autre
part à nos représentations mentales ainsi qu'à celles des agents que nous
observons.
*
* *
Mais alors, on ne peut dire que la planète puisse être partagée en
deux zones, l'une où les concepts et les' schémas de la théorie économique ren-
draient compte de la réalité des faits de production, de wnsommation et d·'é...
Quand nous lisons que dans le Sénégal dl aujourd 'hui, "le village de Dangalma
est divisé en deux parties parla voie ferrée: d'un côté, c'est le village
des nobles, et d.€? l'autre, le village des griots lambay .•• Des deux côtés,
personne ne yeut aller faire le marché dans le village opposé" (1), nous ne
pouvons voir là ~tn phénomène fondamentalement différent de phénomènes compa-
rables (mutatis mutandis) constatés dans nos sociétés. Chez nous aussi, tou~
tes sortes d'institutions, de préjugés, de représentations, s'opposent
puissamment au jeu des lois économiques idéales, et compartimentent à plai-:- .
sir les marchés; et i l ri. 1 est pas d'économiste qui l'ignore.
Autrement dit, et pour reprendre une phrase.de HERSKOVITScitée
par Cl. MEILLASSOUX au début d'un article bien connu (2) on peut trouver
légi time, - étant. donné la conscience très aigiie qui il convient d' avo:i,.r
des possibilités limitées de la science - de concevoir "la totalité des
.sys.tèmes économi que s .co~e a ppartenant à une so rte de continuum", et cela
même si la prudence nouê.ohLige à voir dans ce continuum un spectre cons-
titué deplage~ d'intensité variable. De ?e continuum, la preuve n'est pas
encore faite qu'on ne peut s'approcher avec un ensemble unitaire de concepts
théoriqlles~. L,es formes. varié~~ que revêtira· 11 observation directe sont donc
dues à des particularités parfois ;}rè,s int.éressantes au point de vue tech-
nique et anecdotique, mais qui n'ont probablement pas beaucoup d'importance
théorique.
_ .. -------
(1) Ousmane SILLA, Persistance des castes dans la société Wolof contemporaine,
Bull. IFAN, t. XXVIII,' série B, nOs 3-4, 1966,p. 734.
-: .... :-:-:-:-:-
(1) The Life History in Anthropological Science, par L .1. LANGNE~S,. HOLT,
RlNEHART & WINSTON, New-Yord ~ :·'65.
" .. ;
Quant aux observations directes, le chercheur les vit elles aussi comme une
expérience personnelle. En un sens, par conséquent, et au moins virtuellement,
toute an,thropologie est biographique (p. 4). LAl'{GNESS ne s'intéresse toutefois
qu'aux biographies entendues au sens étroit du terme (ou histoires de vie),
c'est-à-dire aux compte-rendus détaillés de la vie d'lh~e personne, faits par
cette personne elle~nême, ou par une autre, ou provenant de ces deux sources
à la fois.
La suite du chapitre 1 examine les façons dont les ant~xopologues
ont utilisé jusqu'ici l'histoire de vie (1). Avant 1925, les biographies sont
généralement des documents non scientifiques, .dont le contenu n'offre que peu
d'intérêt au point de vue psychologique ou anthropologique. Avec "Crashing
Thunder", de Paul RADIN (1926) apparaît le premier travail rigoureux en ce
domaine, bien qu'à certains égards. la limite ainsi établie puisse être repoussée
à 1920 (parution de l'ouvrage de THOMAS et ZNANIECKI, "The Polish Peasant in
Europe and America").
A la différence dé RADIN, qui s'intéressait avant tout à la notion
de culture (et non au problème de la personnalité, ou de l'individu-dans-la-
culture), SAPIR s'employa à rapprocher psychologie et psychiâtrie d'une part,
anthropologie d'autre part; i l eut donc une grande influence sur l'école qui
a étudié les rapports entre culture et personnalité (Ruth BENEDICT). En 1935,
l'intérêt pour les histoires de vie augmenté (2) et culmina vers 1945, avec le
livre de KLUCKHOHN, déjà cité, pour retomber ensuite.
LANGNESS constate aux environs de 1945 une convergence entre les deux
tendances symbolisées par RADIN et- SAPIR. Cette convergence apparaît nettement
dans les ouvrages de Cora DUJ?OIS (The People of Alor, 1944) et deKARDI1'ER (The
Psychological fron:tiers of society,1945). Par la suite, "les chercheurs ne
paraissent pas .J'être concentrés sur les biographies autant qu'on aurait pu s'y
(2) Publication de "Criteria for the Life Hist~ry", de John DOLLARD, 1935.
_. 75 -
attendre ll (p. 12). Cette désaffection semble due aux délais exigés par cette
technique ainsi qu'à sa difficulté.
A quoi au juste cette technique a-t~elle serVi? D'abord à dépe~n
dre une cult. ure , ou u.h phénomène de cnangement culturel - mais parfois dans
des buts littéraires (1). Egalement à décrire certains aspects d'une cul-
ture habituellement négligés - c'est le cas des biographies féminines, dont
un bon exemple est fourni par le livre que F. SMITH (Baba of Karo, 1954) a
écrit sur une femme Haoussa. Enfin pour enregistrer des faits 'culturels dif-
. .
(1) LANGNESS rend à Oscar LEWIS' un hommage mé ri té, mais i l regrette que
cet auteur se soit peu préoccupé des. liaisons théoriques entre person-
nalité et structure sociale' etc :' ...
~c
- (0 -
4) Changement culturel: quel est le rôle des insatisfaits, des meneurs, des
déviants ? LANGNESS constate à ce sujet :
- que nos généralisations sur les modalités du changement sont encore très
grossières
- qu'elles sont souvent formulées en termes psychologiques (1) alors que les
états d'esprit n'ont p~ être étudiés psychologiquement dans la pluf,·l~t des tra-
vaux existants, lesquels sont de nature purement historique; aussi bien, les
renseignements sont obtenus auprès d'un grand nombre d'informateurs, sans souci
des nuances psychologiques. Quant aux tests, ils saisissent surtout des situa-
tions pathologiques (2). En fait, ces études ne permettent pas de raisonner
sérieusement sur les facteurs psychologiques du changenent - même si l'on
reconnaît 'que ce sont ces facteurs-là qui 'sont décisifs : '
11U:'ie théorie du changement plus significative et plus fine ne peut
'se construire que sur l'analyse intensive d'un nombre élevé de cas
individuels .. , L' histoire de vie cons titue la meilleure méthode pour'
obtenir les données requises ..• " b. 25).
5) Etude' de la personnalité. On a fai t de la culture ce qui explique la person-
nalité, alors que l'inverse est peut-être plus vrai. L'intérêt pour les cultures
a donc été très vif, tandis qu'on se contentai t d'explorer la personnalité
grâce à des tests qui sont loin de saisir toutes las variables (3) et qui, de
toute façon, ne visent qu'à connaître "peu de chose sur un grand nombre de
gens". Le danger est alors d'isoler de leur contexte biographique certaines
unités de comportement que l'on a arbitrairement déclarées comparables. Dans un
même échantillon de culture, on n'est pas assuré de rencontrer des personnali-
tés, des motivations, des significations semblables.
6) Etude des rôles joués par un même individu (le deuxièn:e stade de la recherche
étant constitué par la comparaison des rôles de plusieurs individus).
(1) Par exemple : "L 1 infériorité entraîne le changement". On pense aux hypo-
th~ses d'Everett HAGEN.
(2) Ils renforcent par là même l'hypothèse suivant laquelle les sentiments
dJinfériorité sont un important facteur de changement.
II
---------
(1) "Les économistes, les plus formalistes de tous les' travailleurs en Sciences
Humaines ... " (C .\'1. MILLS, l' In1a:gination Sociologique, Maspèro, Paris, 1967).
Voir aussi, p. 214, un passage qui a le mérite de bien marquer'les relations
entre recherche empirique et recherche théorique, et la hiérarchie qui unit
ces deUX genres d'activité. .
(2) Il Il n'y a rien où il faille plus de précautions qu'en tout ce qui regarde
le peuple, parce".qu.!..iLn~ a rien de plus déréglé ... " (Retz).
'\
- 79 -
*
* *
Et d'abord, quelle pourrait être, dans la Science Economique, la
place d'une recherche tournée vers l'étude ~~nutieuse de cas individuels?
Peut-être devrait-on rappeler, à ce propos, que notre science,
"ch~z ,les Anglo-Saxons, rejoint la lignée des penseurs qui ••• débouche sur
WITTGENSTEIN et la philosophie analytique. Cette philosophie se caractérise
par une répugnance à généraliser, par le souci de l'investigation localisée
et poussée le plus loin possible ••. par une méthode qui pourrait être qua-
lifiée', d.' absence de méthode, par une réflexion tâtonnante, tâtillonne,
scrupuleuse" qui s'est révélée dans notre science la plus féconde des dis- ,
ciplin.e~ •• ~" ,(1). On peut ajouter. qu'à côté des théoriciens purs, il.a
toujours existé et il existe encore des historiens de l'économie dont l'ac-
tivité a pu être mise en question, mais dont l'importance et même la néces-
sité sont généralement reconnues (2).
L'exemple des Anglo-Saxons, celui des historiens, - on pourrai t
ajouter celui des statisticiens et des économètres - permettent d'assurer
qu 1 une recherche à ras de terre, collant de très près aux faits; n'aurait
rien d'hérétique par rapport aux traditions de la Science Economique. Ne nous
y trompons~~as d'ailleurs: la vogue (justifiée) des recherches d'économie
globale ne doit pas faire perdre de vue le renouveau d'intérêt pour l'étude
des comportements individuels d'agents saisis dans leurs .rôles complexes (3).
(2) BarrY SUPPLE, Has the early history of develop3d countries any current
relevance ? American Economie Review, Papers & Proceedings, may ,1965,
pp. 99-103.
(3) "Après s'être confinée longtemps dans une micro-économie ••• la'Science
Economique, à la suite des intuitions de Quesnay et de Malthus, et surtout
des visions de Marx, s'est engagée dans une macro-économie dont la métho-
dologie difficile s'est précisée avec Keynes ••• Mais avec la recherche
opérationne:"J,e etl 'économétrie, un cOl1rant nouveaU a remis en valeur
l'approche micro-économique" (J. PIAGET, communication ~u Congrès d'Evian,
in "l'Homme et la Société", nO 2, oct. déc. 1966) ; à, la recherche opéra-
tionnelle et à l'économétrie, il faudrait sans doute ajouter la psychologie
économique.
- 80 _.
-*
* *
Ayant ainsi, je l'espère, dissipé les hésitations que pourraient
éprouver des économistes à l'idée de recueillir et à"analyser des histoires de
vie, je voudrais maintenant montrer ce que cette technique pourrait nous appor-
ter. A ce propos, j t ai déjà été tenté plusieurs fois, en résumant le livre de
LANGNESS, de transposer en termes économiques certaines de ses conclusions ; il
suffi t cependant d J indiquer la ligne générale de ces transpositions. Elle con-
si ste à remplacer le mot 11 cul ture" par le mot "éconorPie", ou à admettre expli-
citement, en tout cas, que les comportements économiques sont qilelque chose qui
fai t partie de la culturè. Les thèmes énumé rés par LANGNESS au chapitre 2 de
son liVre (Usages potentiels des Histoires de Vie) deviennent .alors :
- Description précise d'une économie concrète;
- Rôle des déviants (qui peuvent être des innovateurs)
- Découpage des faits politiques, économiques, religieux, tel que l'envisagent
illes agents intéressés
- Passage de l'économie de subsistance à l'économie monétaire; contact entre
économie pré-capitaliste et économie capitaliste, avec tout le cortège des
effets de choc (GENDARME), de percussion (WADE), de domination (PERROUX; etc ••
- Etude des 'rapportsentre économie et personnalité; lequel explique l'autre?
Les quatre dernières rubriques prévues p:tr LANGNESS n'ont même p:ts
besoin d'être transposées. Tout ce qu'il dit sur la nécessité de faire inter-
venir les variables psychologiques - saisies grâce aux histoires de vie - dans
l'étude de la relation entre personnalité et culture SI applique parfaitement à
celle des relations entre agent économique et économie globale (ou ~ectorielle).
On pourrait dire, pour être plus précis
Que les problèmes qui préoccupent les économistes (apparition de l'esprit
d'entreprise, apparition et propagation de l'ir~ovation, modalités vécues de
l'enrichissement, de l'épargne, de l'investissement, phénomènes d'êxploitation,
de frustration, d'angoisse économique, etc .•. ) ne s'éclairent pas nettement
si l'on n'a recours qu'aux sondages statistiques.
- Que 'les données: trop glQbales recueillies par sondages statistiques sont peu
utilisables. On nous a montré comment les pays concernés sont sous-développés,
on ne nous n pas expliqué pourquoi ils le sont ...
Grâce à l'.analyse de biographies économiques, on acquerrait d'abord
une bonne connai ssance des sur..:,or ts individ uels de l' éco nomie, ainsi que de
- 81 -
(1) "Le sujet économique est un être qui réfléchit ..• qui calcule, qui
projette, qui décide, selon le degré de .liberté que son statut social lui
assigne, mais toujours selon un certain degré de liberté, l'option minimale
qui lui est laissée étant celle que La Fontaine assigne au bûcheron : subsis-
ter.péniblement ou périr". P. DIETERLEN, op. cit. p. 45.
les chercheurs de terrain utilisent des techniques à peu près identiques. Les
économistes, par exemple, ont le choix entre deux grandes orientatiol~ : ou
bien, 'se fondant sur un postulat behavioriste, ils recueillent des données
chiffrées au moyen de relevés sélectifs portant sur ~ grand nombre d'individus
(les unités d'information ainsi recueillies étant supposées sommables et compa-
rables) ; ou bien, conscients que certaines variables psychologiques se mêlent
inextricablement à la réalité, ils se tournent vers des interviews peu direc-
tives qui; tôt ou tard, devraient déboucher sur la biographie détaillée. Dans
tout cela, rien de bien spécifique. Sur le terrain, l'unification des Sciences
Hun~ines est réalisée depuis longtemps.
III
(3) H. MYINT, Les Politiques de Développement, Paris, Ed. Ouvrières, 1966, p.14.
- 83 -
Bibliographie
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-:-:-:-:-
- 86 -
-:-:-: -:-:-
L'une des difficultés que les économistes plongés dans l'étude des
phénomènes des sociétés africaines ou asiatiques ont rencontré paraît tenir à
l'absence d'urie méthode propre au repérage des faits économiques sur le terrain.
A la différence des géographes et des ethnologues, dans une moindre mesure des
sociologues, les économistes sont littéralement désarmés devant la nécessité de
recueillir la matière première de leurs recherches, en ce sens que leur disci-
pline ne fournit qu'en de rares occasions une indication dans ce domaine.
Cela tient à mon sens à 2 causes: 1e •. l'Qrientation de.la disclpline
économiste dans le passé, 2e. les possibilités.. offertes sur le terraindanslè
cadre des sociétés industr:ielles.
Pour le premier point, il suffira de rappeler le développement de
l'économie politique, essentiellement théorique avec des essais d'ouverture vers
le concret qui ne réussissent pas (l'enlisement. de l'école h:i.stori que allemande
dans l'histoire, la dérivation du marginalisme selon l'école psychologique de
Vienne vers une systématique de type 1rJalrassien, le fiasco· de "l' insti tutio-
nalisee américain" (2). Notons aussi que ces essais s'ils tentaient de détourner
(2) J'ai oublié Le Play et ses monographies f<:tlIliliales : il courait tout droit
vers la sociologie. Polanyi et son équipe s'inscrivent dans le fond da~ le cou-
rant institutionaliste et l'appliquent aux sociétés historiques; ils analysent
les définitions de l'économique, apportent quelques concepts utilisables sur le
terrain: la réciprocité, la redistribution; ils ne donnent pas la clé qui ou-
vre aux économistes l'accès de l'économie de village.
- 87 -
(1) Fr. PERROUX a réservé illl sort plus fameux à l'idée de domination. La for-
mule de Polanyi paraît autrement plus parlante que celle de M. PIETTRE.
- 88-
et échange. Cela est très important à percevoir surtout pour nos collègues de
Sciences humaines. Je crois que cela est vrai aussi des phénomènes sociologiques
qui ne le sont pas, disons par nature, mais plutôt par rôle. Il y a une vision
sociologique des choses, lme vision économique, une vision géographique quine
s'excluent pas mais se complètent en se recoupant. Ceci est très important à
percevoir notamment dans les entreprises pluridisciplinaires.
Il y a évidemment des points qui· ne prêtent pas à con·COusion : les
prix, les relations commerciales sont terra incognita pour tous autres que le s
économistes (1). En revanche, pour les phénomènes de production les choses ne
sont pas si simples ou plutôt ces phénomènes sont apparemment ambivalents et ils
se laissent saisir relativement plus facilement au moins dans les sociétés
rurales: géographe, ethnologue, économiste, sociologue s'y intéressant. Que
dire alors de ce que les économistes appellent des faits d'environnement en ré-
ciprocité de perspectives avec des phénomènes plus économiques et qui par suite
de cette qualité sont indispensables à l'appréhension de l'économiste?
Il Y a des faits économigues directs et des faits économigues indirects.
(1) Des prix traduisent des rapports de production, des rapports marchands. Ils
constituent par conséquent un moyen de lire une certaine structure sociale, un
sociologue économiste ne peut les négliger.
- 89 -
tuer la croissance dans cette région avec les résultats que l'on a aujourd'hUi,
et ce n'est pas le moindre des paradoxes de recourir à l'histoire dans un
pays neuf, dirions-nous, puisque son passé culturel s'est si radicalement
anéanti à la fin du 18e siècle.
- 90 -•
. Le choix du terrain.
·Je ne peux d 'aprèsJJlés expériences person..Ylelles que parler des choix
nécessités par l'étude de la croissance dans des groupes limités:
Ile d'Anjouan· (Comores) 70:à80 000 habitants aujourd'hui,
- Nord-Congo (région: de Sbuanké) 15 000 personnes.
Ce type d'étude exige que l'on ne se spécialise pas trop. A Anjouan, j'ai choisi
d'orienter ma recherche sur le problème si crucial du rapport Homme-ressources
à traVers une étude des structures socio~économiques ; au Gongo, le thème à été
l'évolution économique depuis l'arrivée des Européens, ses effets et les pers-
pectives àètuelles.
Dans ce tyPe de recherche une appréhension totale de la situation· est
d'abord nécessaire (1). La tournée de villages permettant de recueillir une
vision de la diversité locale et de la variété des problèmes socio-économiques
est très féconde. Elle oriente la recherche: à Anjouan apparaissent nettement
trois ensembles différents : les villages sous domination féodale, les villages
prolétarisés des plantations d'une des deux ·grandes entreprises; ceux où féo-
dalité et prolétarisation dirigéspa,rla seconde entreprise prévalent. Dans une
première démarche,il apparaît intéressant de choisir un terrain approfondé dans
chacun des trois ensembles distingués mais ensuite il apparut que 10. probléma-
tique n'était pas la même dans chacun d'eux et ne nécessitait pas la mise en
train de trois études monographiques approfondies
- une seule suffisait, à réaliser dans le 3e ensemble, le plus riche
du point de vue sociologique.
- le premier ensemble requit une tournée plus approfondie des villages
avec enquête sur la situation agraire et les comportements des notables citadins
propriétaires fonciers (d'où une ethnographie de ce milieu en ville).
- le second (villages prolétaires) m'orienta vers une étude de l'em-
ploi, des salaires et des budgets de famille.
A Souanké (Nord-Congo), les premières tournées orientèrent les recher-
ches vers d'une part les problèmes de démographie (ressentis par les habitants)
d'autre part ceux inhérents à la structure sociale (problème de la compensation
matrimoniale). Une étude comparative des deux ethnies actuelles qui se partagent
(1) Je ne parlerai pas des contacts nécessaires d'emblée avec les responsables
locaux : Administration générale souvent chargée de mettre en oeuvre le dévelop-
pement rural; services d'Agriculture, notables .•• La collaboration avec les
services d'Agriculture est souvent extrêmement féconde.
- 91 -
la région était la plus propre à creuser chacun de ces thèmes et il fut choisi
unnOIIlbre égal de points d'impact dans chaque groupe mais les contraintes de
temps et de circulation modifièrent le schéma général. Ce problème des con-
traintes est capital. A priori, on choisit le terrain en fonction de ce que
l'on veut chercher mais· cette règle si naturelle se trouve en fait contrariée
dans son application :
1°) contraintes d'ordre matériel, la difficulté ou l'impossibilité
d'atteindre une région donnée peut obliger le chercheur à renoncer à certains
thèmes donc à peine d'incohérence à réviser l'orientation. de sa recherche.
2°) le terrain choisi peut se révéler décevant pour la poursuite de
l'étude. Il .faut donc substituer un autre impact géographique qui peut lui
aussi peser sur l'orientation générale de la recherche.
3°) un terrain donné peut ouvrir par ses richesses des perspectives
non aperçues de façon logique par le plan de recherche. Il y a ainsi entre
l'objectif de la recherche et le terrain une multiplicité de relations dans
les deux sens - une dialectique .. qui fait que les deux termes de ces rela-
tions se déterminent mutuellement. Cette dialectique ne se produit pas seule-
ment au début de la recherche mais souvent pour une recherche un peu longue
tout au long du temps de la recherchè. Le problème essentiel est alors la
cohérence qui doit apparaître à travers les modifications de l'objectif et
la succession des terrains différents.
- 92 -
SEC T ION D
-:-:-:-:-:-
lageois.
- 95--
renouer les fils. Après la répression qui a suivi la révolte écrasée de 1947,
cette poursui te de l' .Ancêtre partagé SI arrête rapidement, à la 5e génération ;
et nous avons une série de li.gnages de peu d'importance qui sont :i=>0sés les uns
à côté des autres, étrangers les uns d~: autres. Ces gro-~.pes de descendants
dépassent leur rupture. en ré[Ù.isant la condition partagée par tous, de subor-
donnés au pouvoir européen.
La réalisation de cette communauté n'est Qu'une plate-forme pour
atteindre le cadre do dépassemcmt véritable :la communauté où est jouée la
complémentarité sexueJle productrice dé:<ils le rapport avec les divinités fr;-
restières. Le passage de la cO~~lli~uté de descendants à ce cadre de commu-
nication s'effectue dans la continuité: est extraite de la condition d&
descendant ce qui en est la matrice (la dualité sexuelle), et c'est cette:·
origine, partagée par tous les descend2~ts, quels que soient leurs médiateurs
familiaux, qui est réali~ ge. Les médiateurs se créent en une sorte de pro-
cessus d' abstraction : les divinités forestières sont de lointains Ancêtres
qui habitaient la région à une période précédant celle où vivaient les an-
cêtres connus des villageois aciuels.
Nous atteigllons enfin la cowilllQauté universelle dans laquelle la
simple conciition d'exister curgit du rapport avec dieu (Zanahary). Appar-
tiennent à cette comm~TIlauté non seulement les hommes et les fermnes, séparés
au palier précédent, mais.aussi les animaux et les morts.
La continuité qui constitue la passage d'un niveau à un autre vient
de ce que le contenu du cadre de dép2.3seJJlent se crée dans un processus d' abs-
tractionayan-c pour objet J.68 Jlt;meùco..: constitü:,ifs de la communauté qui doit
être dépassée; comme nous le verrons, cette continuité explique 'lue les
Anciens servént d'inte~médiaires avec les médiateurs, donc possèdent l'auto-
rité (les médiateurs ét~~t la matrice de tout pouvoir) à tous les niveaux de
la communication.
l'~I:h9.çL~_n .
Depuis Î 960 les SOTIlITlllYl8.utés de él.épassement que nous venons de si-
gnaler sont violerrment contestées parles agents du Tromba. Ils cherchent (et
réussissent) à imposer, comme cadre de relations, aux groupes de descendants,
la communauté née de l'asservi m:ement aux .cspri ts ; le passage se crée al ors
dans la (~iscor.tinui -t;P.: r::o:mne n0US J.! a-vons vu, le tromba surgit de contradic-
tions à l'intérieur du rapport entre la populatioYi villageoise et le pouvoir
:" :
-:-:-:-:-:-
population, que d~~ le second qui est celui du dépouillement dont ce matériau
est l'objet, doit conserver en elle les différentes unités évènementielles qui
ne doivent être dissoutes ni par les techniques d'enquête, ni par le traitement
dont les résultats sont l'objet.
(-1) Ce mot désigne une équipe compos~e d'un 'européen et de un ou deux colla-
bo rateurs malgaches.
- 102 -
(1) C'est le propre d'un tel pouvoir, de par la confusion du contenu des lois
et des règlements, que de permettre une autonomie considérable à l'expression
des particularités personnelles de ses acteurs.
- 1.03 -
tratif, partant, la non nocivité de 'notre présence, est p8rçue comme une ruse
dont l'objectif est d laccroître la domination par la découverte des moyens uti-
lisas par les villageois pour se protéger contre elle. Les relations entre les
deux termes peuvent être, dans une région particulière, dans une telle situa-
tion de tension ·qu'il nous est inutile de continuer: de par le jeu de notre
liaison avec les agents du pouvoir, nous risquons de ne point réussir à nous
libérer de cette solidarité, et de la ruse qui Gn est l'effet. Notre appar-
tenance au pouvoir extérieur nous est indirectement dévoilée par les villa~
geois eux-mêmes, qui nous font le récit d'évènements dans lesquels sont mises
en scène leurs relations avec les agents administratifs, récits 'où sont il-,
lustrés, sans passion, les turpitudes et l'arbitraire des 'fonctionnaires et
assimilés.' Ces récits ;peuv'ent être objets de contresens: ÙS 'ne: 's'ont inûlleriùmt
des dénonciations des agents locaux ï ils sont la réponse à notre présentation,
à notre demande de dialogue ; ils sont la forme prise par un refus ; les vil-
lageois désignent par eux la rupture existant entre eux et nous, il nous est
dit que notre ruse est découverte, qu'il nous faut partir.
La permanence de notre présence provoque une transfo:rrration du mode
d'existence que nous prenons, dans notre rapport avec les villageois~ Au dé-
but de la période d'enquête, nous sommes des agents indifférenciés du poti-
, voir extérieur; puis, peu à, peu, nous devenons un groupe composé d'un E;u-
(2) Le processus peut être suivi, d'une ID8nière plus indirecte, par le s r8ci ts
qui nous sont faits. Alors que les premiers qui nous étaient présentés mettaient
en scène les agents actuels du pouvoir administratif, peu à peu ils prennent un
contenu ,historique, l'administration coloniale euro_~enne en devenant la \~QGtb.
Sont narrées avec détails les contraintes de l'exploitation coloniale, les hor-
reurs des répressions militaires. Des administrateurs européens, dont le nom
est précisé, deviennent les personnages terrifiants d'un passé d'asservissement
malheureux. Comme lors des premiers contacts, les récits. sont utilisés pour
dévoiler la situation : ils désignent la rupture entre nous, les étrangers, et
les villageois, et ils donnent à cette rupture son nouveau contenu.
(3) La légende de l'arracheur de COelIT (mpaka-fo) est une expression imaginaire
de la structure coloni.ale ; lentement, l' observateur •européen et se~ colla bo-
rateurs sont perçus corr~e les acteurs réels de la construction imaginaire, et
les terreurs qui accompagnent. cette nouvelle forme d'existence sont signes,
elles aussi, du travail qui fait de nous les personnages à travers lesquels
revit la situation coloniale.
Notre présence doit être placée dans la crise née de la décolonisation,
telle. qu'ell'3 a :été décri te, et qui a pour acteurs les villageois et les agents
du pouvoir extérieur. La conservation de la structure d'un pouvoir bâti sur la
présence de maîtres européens, et l'élimination.de ces étrangers au profit de
leurs subalternes malgaches a· provoqué une crise qui a été décelée dans deux
domaines:
- dans les relations entre les villageois et ·les fonctionnaires ,ces derniers
cherchent à recouvrer U!1e légi~i.l.,_i;é qui leur est délliée depuis l'exclusion des
Européens enmi~ant, avec frénésie, les anciens Dlaîtres, derranière à -être
reconnus comme leurs héritiers.
- dans le mode -de communication villageois, avec l 'appg.ri tion d'une -autori té -
interne imaginaire qui est inversion de la ~tructure coloniale au profit des
villageois, intermédiaires nécessaires auprès des maîtres auxquels, théorique-
ment, les fonctionnaires sont subordonnés,
La présence d'un groupe d'étrangers dans lequel il y a un Européen et
des collaborateurs malgaches est utilisée pour effacer la crise ouverte par la
disparition des Européens. Les dernières alTIlées sont gommées et la situation
coloniale perdue' se recrée. Cette .utilisation de notre présence se fait avec la
complicité des deux parties : les fonctionnaü'es, en exaltant devant tou::, leur
- 105 -
(1) Les collaborateurs réagissent souvent contre leur propre emprisonnement .dans
cette reconstruction artificielle (qui les place dans une situation ambigiie en-
tre : être des satellites liés à l'Européen, et être dans la communauté des
asservis à ce même Européen) en se présentant faussement èomme des envoyés de
l'autorité centrale. .
(2) L'observateur enrermé dans cette situation nia acoès qu'à des manifestations
de l'univers villageois qui lui apparaissent cha.otiques dans la mesure où, sans
le savoir, d'une. part il n'a eu accès qu'à des zones limitées, non autonomes,
dont la rai son se situe hors d' elle, dans les espaces interdits, d'autre part il
~ été l'acteur des manifestations qu lil a enregistrées, et le sens de ~ propre
présence ne lui est pas intelligible. Alors, devant ce qui est pour.lui un chaos,
il cède à la tentation de placer ces manifestations désordonnées dans un ordre
qui leur est étranger, qu'il produit lui-même en dehors de son rapport avec
l'uniVers villageois. Peu à peu les diverses manifestations sont émiettées,
fossilisées ; elles sont extraites - rendues faussement autonomes - de la pra-
tique d'enquête et d'interprétation qui les produit, et elles deviennent des
exemples illustrant un ordre qui leur e·st étranger.
- 107 -
_ Notre présence créant des évènements théâtraux dans lesquels est jouée une
dissolution de la' crise, celle-ci s'effacB systématiquèmentdevant nous, tant
dans ses effets directs (relations fonctionnair~s-villageois) què dans ses
effets induits (pouvoir villageois imaginaire). Si, par un hasard veriant de
notre cohabitation, nous surprenons quelques parcelles des manifestations'de
tels effets, nos demandes d'éclaircissement se heurtant à un mutisme que rien
ne peut briser; il nous est en particUlier impossible d'établir la corréla-
tion entre la crise'et ses effets internes, si ce n'est, paradoxalement, par
cette' s6riede cohé:ri:mce existant entre les exclusions, les silences, les
refus de répo!Jd~e~'Si, parexemplo, nous sormOOs rejetés des cérémomes de
possesslon,' c'est parce que 18, tromba est la traduction, dans le mode de
communicat:i.àü'villageo:Ls, de la crise Gluverte'dans la relation avec le pou-
voir extérieur i o~nbtréprésence ne pouvant eXister que dans une disso-
lutic'm 'théâtr8l'e dera' crise; eile es't lmpossible dans un évènement céré-
mOnial'qUi est T' actUalisatiort 'de 'cètte' même' crise ~
- End8h~rsdesév~nements théâtraux' dansfesqu~is sléffaée, au niveau dù
spectaole, la crise;' nous •avons "accès à UIl Uriique domaine du mode de commu-
nicationvillageois , celui' dans lequel' les' gens' dépassent leurs différences
en actualisant leur communauté d'~sservis aux étrangers; nous pouvons être
présents, parce que nous jouons le ~ôl~de médiateur étranger, mais nous
restons incapable de situer la place de cette communauté particulière. En
effet, nous sommes expulsés des autres moments, notre rôle terminé ; "or Hi""
lieu de l'analyse n'est pas le contenu de la communauté, mais son articula-
tion avec ce"dont elle est le, dépasseIœnt et le cadre dont elle est la voie,
d'acéès.'Noùs n'avons même pas la 'possibilité de soupçonner l'existence d'une
telle articulation.
- Les entretiens individuels et les réunions que nous organisons ont un con-
tenu verbal déterminé par ,la communauté des asservis que nos interlocuteurs
jouèntà notre égard. Si le thème que nous proposons ne se situe pas dans
.~'espace limité de signification constitué par l'expression de cette commu-
"-nauté, il est objet d'un'refus de parler qui nous reste incompréhensible.
Doit donc être brisé le développement spontané inscrit dans la
situation de départ dans laquelle nous sommes ,des agents du pouvoir exté-
rieur: de parla présenced 'un Européen dans l'équipe cette appartenance"
nous transforme en acteurs de la solution artificielle de la crise 'qui,
- 108 -
depuis 1960, met aux prises les villageois et le pouvoir administratif. Le coup
d'arrêt à cet inéluctable peut être donné dans deux domaines:
(1) Il nous faut brutalement rompre tout contact avec les fonctionnaires locaux,
les commerçants et les notables qui sont tous objectivement des membres du pou-
voir extérieur ; ne pas accepter de fs.nger 8t de loger dans leurs maisons, ne
point répondre à leur invitation de servir d'introducteurs, voire d'interprètes,
dans les villages. Cet évitement systématique est difficile à réaliser du fait
de la complicité existant à notre égard entre les agents du pouvoir et les vil-
lageois : les premiers cherchent à nous attirer pour nous exhiber, les seconds
nous présentent les fonctionnaires et les notables comme étant leurs seuls
représentants rappelons nos mésaventures du début de l'enquête, dans lesquel-
les les seuls interlocuteurs gue nous rencontrions étaient les concessionnaires
merina qui répondaient à nos discours, au milieu des villageois devenus specta-
teurs passifs et faussement indifférents.
(2) Le deUxième domaine est celui des relations qui, dans l'équipe d'étude, se
créent entre l'Européen et les collaborateurs malgaches. Les rapports entre les
deux termes ne doivent pas pouvoir être vus comme étant l'actualisation de la
structure coloniale de domination ; cette perception renforce, accélère, le
processus de recréation de la situation coloniale artificielle dont nous sommes
les acteurs inconscients. Le piège contenu dans les rapports internes au groupe
d'étude est difficile à éviter dans la mesure où les simples relations d'auto-
rité sur lesquelles est construite l'organisation du travail d'enquête sont
obligatoirement interprétées en termes de domination coloniale, c'est elle qui
donne son mode d'existence à une autorité qui n'apparaît que comme étant un de
ses effets. L'étude doit donc êt~ebâtiè s~la participation effective de tous
. '. . ' . .
ses membreS; c'est erisemble, en particulier, qu' ils doivent élucider le mode
d'existence que prend l'équipodans la population, et qu'ils doivent mettre au
point une stratégie destinée à éliminer les blocages contenus dans ce mode
d'existence particulier. . .
. .
Notre pratique pour casser le développement contenu dans notre situa-
tion de départ ri'a été jusqu'à présent que négative, elle n'a fait que créer
une situation ouverte rendant possible la poursuite de l'investigation. En ef-
. .
fet, si cette phase négative reste isolée, elle ne peut qu'être réinterprétée à
travers la structure de domination, elle devient rapidement pour les villageois
un simple prolongement, un raffinement tortueux, de la ruse 'qui est celle de
l'observateur quand, dans ses premiers discoUrs, il se présente en offrant le
dialogue.
- 109 -
-Notre présence est insérée dans la crise des relations entre les villageois
et les agents administratifs, mais i l s'agit d'un mode nouveaU d'insertion qui
n'est, en aucune façon, identique à celui qui était le nôtre lors de la recréa-
tion artificielle de la situation coloniale passée.
- Placés au coeur de l'univers villageois, notre position est déterminée par
les effets induits de la crise; en particulier elle se situe dans le processus
qui enlève une part de leur autorité aux Anciens, intermédiaires de la médiation
familiale, au profit des agents du tromba.'
(1) Généralement, en ac~eptant la domination du pouvoir villageois
imaginaire, nous nous plaçons da~sune situation de conflit avec les agents
administratifs du pouvoir et les notables qui leur sont liés. Notre refus de
devenir les acteurs involon.taires de la r' ,,:ollstruction de la sit~tioncoloniale
perdue' provoque une a:nertume chez les agents du pouvoir ; nous avons refusé de
nous prêter' à la création d'une légitimation artificielle de leur pouvoir, rôle
qu'ils croyaient pouvoir attehdre évidemment dé la part d'Un Européen et de '
collaborateurs malgaches qui lui sont attachés~ Surtout, accepter la domination
du pouvoir ima€;inaire concurrent, crest résoudre la crise au pro fi t des villa-
geois : les fonctionnaires sont, pour les villageois, assujettis aux nouveaux
maîtres qu'ils servent ; Ina:lS, pour les fonctionnaires~ ce sont les villageois
qui leur sont subordonnés, dans la mesure où ils sont les héritiers des Euro-
péens, et ils rejetant léur subordination thé6rique contenue dans le pouvoir
villageo·is. Nous qui, Objectivement, appàrtenons à ce pouvoir exté:r:ieur, noUS
réalisons concrètement ce qui est théoriquement contenu dans le pouvoir concur-
rent, nous donnons' une victoire d'un poids considérable aux vil1a~ois en
présentantcomnie possible ce 'qui n'était, jusqu'à notre'a:rrivée, qu'imaginaire
et, en même temps, nous enlevons toute valeur à l'entreprise des fonctionnaires
de puiser,'dans le mime des Européens, leur propre légitimation. Le petit monde
. ..'
des agents administratifs locaux voit rapidement 'en nous un objet de scandale,
des ennemis à abattre. Ce cOnflit est urie nécessité, il est la condition de la
possibilité de poursuivre notre investigation, mais il est dangereux dans la
mesure où il peut très facilement se traduire par notre expulsion de la région
d'étude.
(2) Les effets de l'émergence d'un pouvoir imaginaire concurrent de
l'autorité réelle ne se limitent nullement aux seules relations avec les fonc-
tionnaires et les 'notables ; dans l'univers villageois lui-même, la communauté
- 111 -
puisse s'effectuer sans qu'elle soit enjeu de ~onflits internes, il est néces-
saire que les agents du tromba aient remporté la victoire, que le mode de
communication villageois ait subi la mutation qui fait de la communauté
créée dans l'asservissement aux espri ts le seul cadre de dépassement des
lignages. Ainsi nous ne pouvons prendre place à l'intérieur de L'univers
villageois que par le possible ouvert par le tromba, cette opération ne peut
s'effectuer de manière favorable à notre objectif de connaissance que si la
nouvelle ~rganisation apportée par le tromba est largement mise en place.
Une fois situe dans l'univers villageois en tant qu'Etranger, nous
aVons l~bre accès à tous les évènements dans la mesure .où nous y avons tou-
jours un rôle à jouer; en effet, nous faisons partie de la communauté de
dépassement constituée par les rapports qui se créent dans le tromba, nous
nous reconstruisons à travers elle. L'évènement étant bâti sur le dépasse-
ment de l'appartenance familiale, nous devenons un acteur possible autour
duquel peut s'effectuer ce processus. Le seul àomaine où nous risquons de
rencontrer un certain rejet est celui des rapports familiaux i là, notre
présence est inutile dans la mesure où le dépasseœent se fait dans l'englo-
bement des acteurs dans la relation avec des médiateurs familiaux qui se
situent le long de l'échelle généalogique. Les cas de rejet seront peu nom-
breux il est rare que le dépassement par l'englobament des médiateurs fami-
liaux ne débouche pas sur le dépassement de la médiation familiale elle-même,
et alors les acteurs de l'évènement pénètrent dans le lieu où notre rôle
d'étrangers subordonnés aux esprits tr'Omba peut intervenir.
- 112 -
nages d'étrangers englobés dans les relations entre les villageois une pratique,
et cela en réalisant les potentialités contenues dans notre position de média-
teur telle qu'elle nous est donnée. Nous sorWJ~s, dans l'univers villageois, des
personnages extérieurs, en qui et par qui peuvent se dépasser les ruptures;
nous pouvons devenir l'acteur principal du processus constitutif du mode de
communication: la recréation continue de la communauté en per~anencebrisée,
-:-:-:-:-:-
L'étude dont il va être question ici n'est pas encore achevée: elle
est en cours d'analyse et d'interprétation. Pour cette raison, on ne donnera pas
de résultats, qui ne pourraient être que partiels ni de conclusions, mêml;:l provi-
soires. On se limitera à décrire les faits qui lui ont donné naissance, à défi-
nir le cadre théorique dans lequel on a choisi de les étudier et à indiquer les
méthodes suivies pour en faire une observation systématique. On s'attachera
surtout aux problèmes particuliers soulevés par une recherche de ce genre lors-
qu'elle est conduite en milieu "ethnographique".
1 • Définition et point de départ.
Cette étude a pour point de départ l'analyse dynamique -c'est~~dire
considérée dans leurs conditions d'apparition et de variation- de certaines
attitudes observées parmi des populations ayant subi la colonisation. 'Elle a
""":'~--'.~~
é,té suggérée par une série d'observations directes sur des comportements de
types très différents et apparaissant dans les circonstances les plus variées.
Ces comportements -individuels ou de groupes- avaient pour caractéristique
commune la réversibilité, l'instabilité des réactions affectives qui les accom-
pagnaient, leur extrême sensibilité aux évènements extérieurs ou à des circons-
tances délibérément provoquées et l'existence de contradictions entre ces com-
, ,
portements les uns avec les autres ou avec les opinions émises à leur propos,
etc ••• Ils donnaient l'impression que l'individu ne parvenait pas, à leur ni-
veau, à établir un "bilan" stable, et à y conformer ses actions.
Dans une première phase exploratoire, une observation plus attentive
des faits a permis de définir certaines "dimensions" importantes de ces phéno-
- 114 -
mènes. Il est apparu en premier lieu que les objets au sens large auxquels ils
s'attachaient n'étaient pas queiconques. Ils avaient toujours d'une manière
plus ou moins directe, plus ou moins durable, un.e relation avec l'un des deux
fonds socio-culturels en présence, coutumier ou "occidental". Le comportement
instable manifesté a leur endroit avait toujours pour arrière-plan une prise
de position définie a l'égard de l'un ou l'autre ;,qsi ces fonds ou, mieux encore,
l'expression d'un-choix entre les deux. La relation avec la situation colo-
niale antérieure paraissait évidente.
L'examen des circonstances qui le~ entouraient a montré de même
qu'ils étaient liés a des changements dans le contexte, dans la "situation"
dans laquelle intervenait l'objet qui provoquait ces réactions d'incertitude.
Là encore, on retrouvait, et de façon souvent très explicite, les deux fonds
culturels existant et, plus precisément encore, les divers épisodes histo-
riques, passés o~,actuels, ayant accompagné leur mise en présence.
Il est apparu enfin que ces attitudes ambivalentes se manifestaient
le plus 'fréquemment et le plus nettement parmi'les éléments les plus cultivés
, 1
------
- rendant caduques, vo.ire, 'ridicules les productions de :la cultuie traditionnelJe-
..•
s'opposait aux reactions d'hostilité provoquées par sa domination,affectant
ainsi d'une dOUble
, signification
.. les divers aspects de son apport et de sa pré-
sence et -du même coup- les éléments couturriiers qui leur correspondaient •
./
Chacun des deux systèmes culturels double (ou multiple) participait ainsi à un
système de valeurs 'de sens, contrair~s, de telle.sbrte que chaque prise de posi-
tion ou chaque choix en faveurd'lffi objet identifié ·dans l'une de ces cultures,
s'il était approuvé dans t'un des systèmes, se trouvait rejeté dans l'autre.
Ainsi se constituaient dans la vie quotidienne une multiplicité de situations
.. ~
1
y occupaient : milieu urbain ou rural, milieu familio-économique, milieu coutu-
mier, milieu scolaire Itcul turel", etc •.. ,
La troisième partie ne conéernait pas la collec~e des données mais
leur traitement et nous n'en par13rons pas ici.
·3.2. Le choix de la population et les conditions de la "p'assation.
Le problème était de choisir dans la population des éléments diver-
sement concernés par le problème afin de les comparer entre eux. Toutefois, pour
ne pas multiplier excessivement les causes de variation et aussi pour des rai-
sons d'économie pn s'est limité à la population scolarisée; au moment de lle.:1-
quête éliminant ainsi les adultes parmi lesquels les niveaux d'instruction élevés
étaient encore très peu répandus. Cette population - partagée ent!'e l'école et le
milieu familial et placée dans un état de déper.dance et dé soumission'à l'égard
de l'un comme de l'aut~e - pr~sentait l'intérêt de vivre, dans son existence
quotidienne, la situation. de bi-acculturation.' Elle' se trouvait, en. outre, placée
au sem'l de la vie, dans une situatîbnoù', en prin~ipe, tous les possibles lui
, étaient offerts. Elle devait donc ressentir, sous une forme particulièrement ai-
,gtie, les tensions ' nées de la concurrence. culturelle ·.:;..t de ses origines .cOloniales.
Le fait de se limiter àU11e population ainsi définie dans son volume,
son contenu et sa répartition offrait un certain nombre de possibilités q~e
l'on s'est efforcéd ' exploiter au mieux. En premier li.eu:, celle de Ittirer li
l'échantillon sur la totalité du p~~sé1fi:n, .de donner a1lXphénomènes de milieu
le maximum de variabilité. Outre le degré dl instruction (réparti en quah'ü ni-·
veaux: CM2, 5e, 3e, classes du baccalauréat) on a p" str~tifier certaines
variables importantes :seJte, t:,,":v' r'l 1 P'188ig::1err.8nt (0..:',:-:'cie1 ou pl'ivé), r,,;p:;;·... ·
t.ition par circonscription et par zones u~bair.es ou rurales. On a opéré pour'
cela un tirage à deux degrés: des établissements scolaires d'abord, ppis dàn8
ces établissements, de l'échantillon définitif; on a,vériïié ~ue les .~ariables
rogés et allonger la durée de la passation. L' j.nterrogation des élèves d1ll1..8 les
- 118 --
locaux scolaires présentait en outre l'avantage d ' unifier 1 par l'identité des
lieux, la situation d'enquête. Il restait toutefois à palier les difficultés
liées au caractère très stéréot~é dècette sitùation Qui demeurait cependant
moins artificielle ou insolite qu'une passation de. tests en laboratoire. On
verra plus loin de quelle manière le questionnaire l ' outil de l'interview, a
été établi en fonction de cette nécessi~é.
inadéquat pour tous les aspects de la vie cOlituw~ère, aussi bien d'ailleurs que
pour l'expression de la vie affective, pour laquelle la langue de l'enfance eût
été mieux addaptée.
Un autre problème, d'une importance également primordiale, était la
nécessité d'appuyer la recherche sur des données ethnographiques suffisamment
précises, et ce, dans une multiplicité de groupes ethniques. Effectuée de façon
complète cette seule recherche eût été très longue surtout multipliées par
autant de fois qu'il y aVRit d'ethnies ou de groupes différents. Or, l'objet
même de cette étude montr~it'qu'il y avait des problèmes importants et urgents,
en évolution rapide de surcroît, et dont l'approche nécessitait ùue certaine
connaissance des conditions de vie coutumière sans que l'on puisse pour autant,
passer par le détour d'une recherche ethnographique complété.
On a donc adopté un biais - qui a au moins le mérite de l'efficacité
et de la rapidité - et qui consistait à interroger les gens sur leurs opinions
vis-à-vis des aspects signifiqnts de layie coutumi~re sans en connaître le
détail et en sachant seulement - par l'enquête prépara~oirG- qu'ils existaient
et qu'ils étaient importants. Certes cette procédureel..î.lptique:':'si elle
permet:de trouver, grâce à la quantification, des corrélations entre les don-
nées ainsi recueillies - ne peut pas, dans la plupart dès cas, prétendre
atteindre à un niveau d'explication très compréhensif. Elle a cependant perrn±s
de définir des directions de rechérche que l'analyse quantitative s'efforça
ensuite de préciser, au moins sur le plan des relations formelles. Bâtie sur
une pré-enquête suffisamment élaborée, elle a montré en outre qU'lme telle
méthode pouvait fournir une base de départ pour des enquêtes ethnographiqu~s
futures.
La nécessité de passor par le médiat de la quantification conduisait
à utiliser le questionnaire, c'est-à-dire ~~ instrument déjà très élaboré dont
l'établissement supposait déjà une connaissance suffisante,sur le plan quali-
tati~ des problèmes étudiés. Ces diverses exigences ont conduit à une répar-
tition tout à fait significative des tâches pendant les deux années qu'a duré
l'enquête. Là première anné~ a été consacrée à l'approche ethnologique prépa-
natoire et à la construction du questionnaire. Le sondage, bien qu'il repré-
sente l'outil essentiel de la collect~~}ie remplissage de plus de 3 000 ques-
tionnairG~n'a duré que cinq seillaines. L'année qui a suivi a été consacrée à
l'interprétation qualitative des réponses, à une première analyse do contenu
.,. 120 ••
en ~epartant de l'idée, erprimée dans l'hypothèse, quo ces effets étaient liés
d'une part à la situation dans laquelle
,
étaient évoqués les divers objets de
pensée, d'autre part à l'existence de systèmes de valetœs contradictoires asso-
ciés à ces objets. Pour accroître 11 "effet de situation" on a groupé en batte-
ries toutes les questions relatives à un même domaine, par exemple les rela-
tions interethniques, la langue nationale, la ville et la brousse, etc •••
Le contenu des systèmes contradictoires de perceptions et de valeurs
associés à un même objet a été exploré, lorsque les thèmes s'y prêtaient,au
moyen de séries de questions réalisant une sorte de "discussion" de ces thèmes
proposé à l'examen des intorviE:n-rés. A propos du milieu de vie, IBr 8xemple, la
batterie de questions débutait par une question fermée d'opinion: "A votre
avis, où est-il le plus agréable de vi \ire : dans une ville de provincè .;. à··
Lomé - dans un village de brousse", suivi~ de quatre questions - ouvertes cette
fois - et constituant la discussion: "al Quels sont à votre avis les avantages
de la vie en ville ; bl les inconvénients , cl les avantages de la vie en
brousse; dl les inconvénients".
Il convient de faire une dernière remarque sur le questionnaire en
tant qu'instrument de stimulation spécifique. Los réàctions recherchées étant
relativement fines; il fallait donc tenir compte de l'effet particulier pro-
duit par la situation d'enquête entant que telle qui, n'étantpà$ naturelle,
risquait d'interférer avec celles provoquées expérimentalement par les ques-
tions. Pour uniformiser autant que possible cette situation on n'a pas hésité à
lui donner un aspect relativement contraignant en unifonrisant, pour l'ensemble
de l'échantillon, un certain nombre de dimensions importantos : conditions de
passation, langue, outil d' enquête. Ce dernier, le questionnaire, devait alors
constituer un instrument de stimulation suffisamment puissant pour provoquer
les effets recherchés compte ten11 de Ces contyaintes. Ce faisant, on spéculait
sur l'espoir que Ces aspects contraignants, s'ils atténuaient la richesse et la
spontanéité des 'réactions, n'altéraient ni leur nature ni loUrs réseaux d'in-
teraction. Des vérifications opérées sur des questionnaires remplis SOUE le
contrôle d'enquêt.eurs différents: hommes.. ot femmes, Africains et Européens,
ont montré qu'il n'y apparaissait aucuno distorsion significative.
- 122 -
;.. l'hypothèse
.
selon laquelle
.
les
.
variables de milieu
,
opèrent comme des facteurs
de conditionnement de ces attitudes, particulièrement dans leurs caractères
d'ambivalence. Etant donné le faible niveau de IGesure de-ces différents phéno-
mènes, consistant surtout en échelles nominales, ou ordonnées daqs les cas
les plus favorables, on appliquera surtout à cette étude de corrélation les
techniques non-paramétriqul::s adaptées aux ensembles "mathématiquement pauvres".
L'analyse -empirique des relations de causalité utilisera surtout l'analyse
multivariée avec une ou deux variables intermédiaires. Le rôle de certaines
variables importantes: sexe, niveau d'instruction, indices de participation
coutumière, d'intégration au modernisme, etc .•• , sera particulièrement mis en
lumière. A la fin de cette analyse, on devr2 âtre en mesura de donner une
répon.se.sur:lavalidité: des hypothèses de départ. On devra pouvoir. dire. si,
effectivement, les attitudes ambivalentes constituent une réalité et si, dans
ce cas, et ce dans quelle mesure et selon quelles modalités, certains as~ects
-:-:-:-:-:-:-
(1) Le texte qui suit a fait l'objet d'une discussion avec G. ALTHABE~ qui en
approuve les principes.
- 126 -
écarts pour produire des effets spécifiques et mettre à l'épreuve une hypothèse
interprétative.
L'intervention du temps dans l'un et l'autre cas est également dif-
férente. Limitée d~~s l'espace, la monographie dispose par contre d'une cer-
taine durée dans l'ordre temporel. Dans le cas d:01' enquête d,' ALTl!ABE, celle-ci
a été suffisante ,pour permettre à l'enquêteur d'y jouer de son double statut
d'étranger introduit dans une communauté relativement fermée et de chercheur
ayant'à instaurer un type déterminé de dialogue avec cette communauté. Il a eu,
au cours des semaines, le temps d'approfondir la nature de la perturbation
qu'il apportait et de la différence des statùts qui lui était attribuée à
l'arrivée et au départ. Il a pu construire une stratégie afin de transformer
son statut original et de le rapprocher de celui qui devait être le sien pour
créer un dialogue "authentique" - au sens qu'il donnait en tant qu'anthropo-
logue à ce mot (1) - -avec la population. Il a pu observer les modalités de cette
transformatiùn, et l'effort de reconstruction culturelle que la'société opérait
sur elle-même à partir·desa présence avant d'arriver à faire de lui ce qu'il a
appelé un "étraIlger' intériorisé" .
L'étude sur questionnaire conduisait au contraire à placer les indi-
hors .
vidus /du tempS ... comme elle les avait mis hors de l'espace - et sinon à sup'-
primer, du moins à rendre égale pour tous les interviewés - en en renforçant
certains aspects formels- la perturbation introduite dans leur système de pen-
sée parla'présence de l'enquêteur. Dans ces conditions, les références'àux'
changements temporels ne pouvaient là encore être faites que par allusion au
passé ou au futur. Dans le cadre d'li effets" élaborés à l'avance, le mécanisme
de l'interrogatoire a donc cherché à faire décrire des cornportements passé$, à
les rapprocher d'opinions rapportées au présent sur des faits identiques et à
faire exprimer des intentions. Les différences, les contradictions observées
pouvaient renseigner sur le contenu des attitudes- et c'était l'effet recher-
ché ~ mais ne p~ent pas de faire de comparaison entre ces expressions de
la persoru~alité des individus et leurs comportements réels.
L'enquête sur questionnaire disposait par contre '- du fait qu'elle
n'était pas assujettie au réel - d'une latitude beaucoup plus grande pour
'. provoquer, des réactions que seul le hasard aurait pu faire apparaître dans,
les situations concrètes. Là encore les deux types de recherches' se'complé-
. ~ont, le premier pour déceler les faits existants et importants, le second
pour en systématiser et en généraliser l'étude.
2. Le cadre et les conditions d'interprétation.
Aux caractères relativement superficiels qui viennent d'être décrits,
en correspondent d'autres qui sont plus profonds. Les conditions' de ·travail
,différentes imposent en effet non seulement des possibilités d'observation
différentes mais des cadres d'interprétation qui ne sont plus les mêmes et
qui conditionnent les catégories de phénomènes observés et l'interprétation
qui en est donnée~ Le cadre de la monographie est limité dans l'espace. Il
. porte sur ù..'1 Villi:J.ge, è' est-à-dire sur une population formant une unité struc-
turelle réelle, dont tous les membres se connaissent et qui se définit en tant
qu'unité par rapport à l'extérieur. Cet "extérieur" lui-même est le siège de
phénomènes originaux par rapport auquel on peut définir pour les communautés
des rapports d'en-groupe/hors-groupe. Ainsi dans l'étuded'ALTHABEl'hors-
groupe conditionne l'en-groupe alors que la réciproque n'est.pratiquementpas
'vraie: l'autorité extérieure agit sur le village alors que celui-ci a peu
d'action &Pr elle. Ce que l'on observe alors ce sont les modifications in~
que l'on peut la prendre pour une différençe q,e nature ce <lui est~l1Il droit mais
non une nécessité. Le fait qu'il s'agisse dans le premier cas d'une population
rurale presque totalement illettrée et saisie~ pour les nécessités de l'analyse,
dans le cadre significatif d'un village permet de parler à son propos - dans
ses rapports aux incitations externes associées à la modernité - d'une relation
d'intériorité-extériorité. Dans le cas par contre de la population scolarisée
définie de façon abstraite, ce cadre de référence devient non-pertinent surIe
plan des structures coutumières alors que l'importance de l'engagement à l'é-
gard de la modernité rend plus exact de parler d'une bipolarité de tendances.
Ceci dit, si l'on considérait à part~ et en tant que tels; les scolarisés du
,village étudié par ALTHABE~ le second cadre serait sans doute le plus adéquat
pour rendre compte de leur double relation, à la fois à l'univers villa-
geois de la communauté où ils vivent, et à ce mondé extérieur <lue la sub-cul- ,
ture propre du village ne permet de percevoir que comme une pure extériorité.
On saisit ici, sur un exemple concret; l'importance du cadre de réfé-
rence,et celle aussi du modèle analogique d'explication dans lequel on s'ef-
force'dele comprendre. Le même comportement, lemêmè trait culturel, rapporté
à un univers villageois fermé sur lui-même prend une certaine signification. Il
en prendrait une tout autre, interprété dans une dualité bi-polaire entre deux
tendances. Aucune des deux interprétations n'est, dans l'absolu, vraie ou
fausse : elle ne vaut que comme cadre de référence. Il est toutefois intéres-
sant de montrer, à propos de recherches effectivement· réalisées, le caractère
précaire et pour tout dire métaphorique de ces cadres logiques qui ne sont que
des médiateurs'·entre.hotre activité intellectuelle et notre perception-du réel.
Il ne découle toutefois pas de là que ces cadres d'observation - qui
deviennent ainsi des cadres d'interprétation- soient purement arbitraires. Ils
sont liés au contraire à la nature du problèineétudié et avec lui, dans une
situation d'ajustement réciproque. Les problèmes saisis et interprétés dans le
cà.dre de l'univers villageois, même si celui-ci ne se limite pas au village au
sens étroit, ne sont pas ceux que l'on peut appréhender dans une population
considérée en dehors de son milieu quotidien et prise à l'échelle du pays.
C'est précisément cette complémentarité des approches~ dont chacune est par-
tielle et imparfaite, qui permet de mieux saisir les niveaux et les composantes
d'une situation globale.
- 130 -
SEC T ION E
-:-:-:-:-:-:-
tallés dans la région de la Sakay à partir de 1951, et sur les migrants d'ori-
1
gine malgache ou sur les populations malgaches déjà sur place.
Les principaux enseignements de nature socio-économique tirés lors
des différentes recherches interprofessionnelles menées dans cette région sont
les.suivants
A - L'expérience réunionnaise.
- Toute opération de migration doit comporter une phase de sélection
dans le milieu de départ, une bonne connaissance de ce milieu et une phase de
formation et de stage avant l'implantation sur l'exploitation.
- Le modèle d'exploitation conçu au départ est presque toujours
modifié d'uno manière plus ou moins profonde à l'expérience des faits. Il,
convient donc de laisser une' marge importante de choix et de'décisionaux
responsables des opérations afin quiils puissent aliàpter' êhaque fois qu'il
en est besoin, les exploitations a~exigences et aux contextes nouveaux.
- Il faut prévoir qu'une fraction des cultivateurs considérés comme
valables après le stage initial, vont abandonner pour des raisons diverses:
psychologique, familiale, etc ••• Les autres fermiers se répartissent automa-
tiquement en plusieurs catégories : un groupe d' élites, un groupe "moyens" et
un autre "peu satisfaisant". A la Sakay, chacun de ces groupes constitue à
l'heure actuelle, approximati~ement environ 1/3 des effectifs: fermiers en
"compte courant", fermiers "sur convention programme" et fermier's à encadrement
serré. Il faut donc s'attendre dans d'autre cas d'émigration organisée (!NOSY,
ANDIRAMBE, etc ••• ) à la formation de ces différents groupes selon le critère
de la réussite et mettre au point à l'image de ce qui a été fait à la .SAKAY,
des structures de gestion adaptées à chaque groupe.
- Les spéculations animales de "transformation" (production lai-
tière) apparaissent.~e loin comme les plus difficiles. Elles exigent des
qualités particulières d'éleveur (douceur avec les bêtes, soins continus, etc.).
Sur les 200 fermiers réunionnais, 30 environ peuvent Gtre considérés comnle
ayant'vraiment r~ussi dans ce secteur.
B- L'expérience malgache.
L'évolution actuelle de cette région peut être considéréeplut6t
~omme un phénomène de géographie humaine que comme un fait, de développement,
économique dans le sens ,étroit du terme. En effet, cette région est devenue
l'exutoire démogr~phique des populations en surnombre des Hauts-Plateaux.
Cette poussée démographique vers le Moyen-Ouest a un caractère presque auto-
matique, obligatoire,car aucune autre possibilité valable ne s'offre actuel-
lement à l'excédent de la population de~,Hauts-Plateaux. En effet:
- le secteur secondaire et tertiaire est comme on 10 sait très peu
développé et dispose de peu d'emploi.
- 135 -
*
* *
Ces très brèves indications donnent un aperçu de l'importance du
travail q'équipe dans les projets de développement où les spécialistes de
sciences humaines doivent intégrer et coordonner leurs méthodesd'investiga-
tion avec celles des techniciens (agronomes, zootechniciens, etc ••• ) chargés
des réalisations éconorrdques et techniques concrètes 0
des autres chercheurs (ORSTOM - CNRS etc ••• ) apparaît hautement souhaitable
dans l'intérêt commun des chercheurs et également dans l'intérêt des pays en
voie de développement.
En effet, un certain gaspillage intellectuel se produit du fai t de
ce manque de coordination, et la multiplication des études paral1èles~monées
souvBnt dans la même région et sur les mêmes problèmes par dos organismes
différents, ne peut que nuire à l'effort commun, à l'efficacité et au prestige
de la coopération scientifique et technique.
- 137 -
-:-:-:-:-:-
1. L'exemple Ivoirien.
2. Difficultés techniques rencontrées en Côte d'Ivoire.
}. ~elquGS réflexions.
1. L'exemple Ivoirien.
a. Pourguoi des études régionales ? __
- de - -
Il Gst apparu en 1962 aux responsables des études7développement en
Côte d r Ivoire que les méthodes employées par eux jusqu'alors. étaient insuffi-
santes pour promouvoir un véritable développement économique intérieur et du-
rable.
Les travaux jusqu'à ce jour s'orientaient autour de deux axes prin-
cipaux _:
- études techniques et de marché pour de gros projots industriels ou
agro-industriels, souvent orientés vers l'extérieur.
- études de planification sectorielles nationales pour les secteurs
économiques très atomisés et projections sectorielles.
Les méthodes sectorielles et nationales n'avaient, directement ou
oC _
géographe et un sociologue •
Les méthodes d'étude employées relevaient de trois types:
",". '... ....., .. ' ." ,:",
- méthode statistique de recueil ,de l'~nformation : enquêtes par
sondage démographiques, ci; ~gricul ture (surface et ren~e~ntsY et de budgets
familiaux.
- méth~des monographiques de recueU( ~n p~ÏicuÙer sociologie et
géographie). Notons que le sociologue et le ~o~r:aphe on~. travaillé sur des
échantillons statis~iques."
ultérieur.
c •.1 r insuffisanC€ du cadre· dl analyse régionale ..
. En l'absence d'un autre outil d'analyse, et ceci malgré line bonne
connaissance des différents aspects de la vie. économique régionale, nous
.avons été amenés à transposer à l'échelon régional les méthodes nationales
g;lobales et sectorielles, avec quelques précautions et quelques simplifications.
J'ai déjà critiqué au paragraphe lib" les insuffisances de telles méthodes.
Leur validité repose sur deux sériesd'hypùthèses non réalisées dans les faits
- elles supposent l' é.conomie régionale ponctuelle. ( concentrée en un
point) (sauf l'introduction dU.facteur transport).
- elles supposent les effetsd'entraînemont (en néglige'ant le facteur
transformation à l' appareil.à.pr.o_d.llcJi_ol1).~q.lltomÇlt;Lqw~s:et.
instantanés.
Au contraire un schéma de représentation aussi fidèle que possible
du système économique régional, qui en particulier tiendralt compte·
'.o. .d?s contraintes imposées par l'organisation de l'espace.
-des contraintes techniques ou humaines (au niveau des agents éco-
nomiquesou de groupes d'agents)
devrait permettre une prévision séquentielle '~.8S effe.:tS d'urie action
ou d'un ensemble d'actions. Encore faudrait-il que CG schéma permette de hié-
rarchiser et d'ordonner dans le. temps les conséquences dèS actions imposées
au système. De là vient l'idée d'un réseau de relations .préférentielles orien-
tée,s,porteuses de transformations de diverses nations, entre agents ou groupe
d:'agents.
Dans les études régionales ivoiriennes un tel schéma aurait été
d 'll?e grande utilité ':nonseulement au niveau de l'analyse et de la préseIlt~tion
de:données, mais encore a'l,l stade· de recueil de l'information et de son trâi-
tement(meilleureefficaci
. . ," . '. _. ..
té, gain de temps, hiérarchisation et orienta:t~'6h
-
des études).
De ,·ces diversesc.ritiques ré~urtent quelques réflexions <qui parais-
sent fondamentales ,pour toute analyse oüforp1ulation relatives. au ·pr6blèÙJ.~~ue
pose ull vpritab~edéveloppementéconomique(~isuppose entre autre une trillls-
f~rmation profonde des techniques, de l'organisation éco:p.onlique, mais aussi de
li' organisationsocia];e). Elles intéressent au même titre l'économiste, 'le 'so-
Ciologue ou le géographe.
- 143 -
CONCLUSION.
Le type d'informations et les méthodes dont on dispose traditionnel-
lement sont conçus pour la gestion d'ensembles économiques relativement déve-
loppés. Un développement économique à base régionale suppose des méthodes de
recueil de l'information, d'étude et de formulation en rapport avec le problème
- 146 -
~:-:-:-:-:-
tels que dans nos sociétés. industr:j..elles ~ Pe.. même, 1,Ule recherche psycho-socio-
..... .... .." .. , ", :..... _... _.:_....:....-..,,--_.•.. ~.:. __ .::. , ..... :
logique valable nécessite une connaissance étendue à la fois de la société et
. Au :)..q.ngage IUoyen de cOJl1~unicqtion entre .1' enquêteur et l'enquêté, nécessaire
pour:distinguor
. . '." .... ..
;'
le m~festedusous-jacent,
: . .
' . , :'.
10 descriptif
,
du projectif. - :.'.
i l est du moins fondé à tout remettre en question - son extranéité par rap-
port à cet objet lui en, rend sensible à l'évidence la glo bali té et l'opacité.
- 149 --
inentariste de l'ordre entier des sCienC8$ hwnaines ne résout certes pas tous
les problèmes mais nous pormet de mieux comprendre, e.n leur donnant un cadre
théorique qui les justifie 0t les coordonne, un certain nombre de principes
exprimés dans les textes qui précèdent et quelques-uns de lours corrolaires
- le principe d'une approche multidisciplinaire, selon un ordre
chronologique détermin~, y trouve en particulier une telle justification.
Dans le même ordre d'idée une conception égalemênt relativiséo de l'objet
d'une science peut intégrer les différents points de vue exprimés à cet égard
dans les textes qui. précèdent. Au lieu que cet objet soit r~vendiquégans sa
totalité phénoménologique par une seule discipline, nous sommes amenés à nous
souvenir que celle-ci n'en retient que, certains aspects, conditionnés par sa
perspectiveparti~ulièreet pouvant varie~avec celle-ci. Il nous devient
. . .
peut et doit participer - lLOn seulement avec son appareil techniq,'I,le, màis avec
la problématique et la réflexion théorique qui lui sont attac4ées - à l'appré-
hension totale de l'objet de connaissance.
~ de même, on peut diro que certains probldDles·tels q1,l,e l'b.étérogé-
néitéradicale des sociétés, comme le pense volontiers l'ethnologie ou, au
contraire, leur comparabilité comme le postul2nt les disciplines plu§ forrna-
lisées, ne sont nullement liées à la nGture de ces sociétés. Elles résultent
d'un choix opéré par le chercheur selon qu'il s'attache à t~Q~er ce qyi les
'éJ-
di éiiiblée auéoeur de sa:r'~cherche, il ne' s ' agit pour IGS autres que ci' un
'. préalable à ieur travai], "spécifique .La seconde phase de cette première étape
est caraet~risée par une différenciation progressive entre les chercheurs,
par rapport à leur objet de recherche. Chacun, selon sa spéèiali té, Y définit
'. 'ses 'dbJectifs propres et les instruriJeIlts ..;. IndicateUrs , questionnaires, etc •••
aumoyendesqueis Îl ch,:,rchera à los att~ind~e. Alors que la première phase
était surtout qualitative sauf pour des phénomènes immédiatement dénombrables,
c'ést ici que pout intervenir une quantification systématique. On peut con-
. devoir'- dans une équipe bién: soudée - une façon particulièrement intéressante
de concevoir cette partie du travail. On. suppose que les chercheurs opèrent
èhacun sur un terrain différent, choisi selon un plan d'échantillonnage dé-
terminé. Chacun construit alors, l'instrument d'observation adapté à ses
objectifs particuliers de telle manière qu'il puisse être confié aux cher-
cheurs des autres disciplines, qui jouent ainsi pour lui le rôle d'enquêteur,
sur le terrain qui leur est dévolu. Si certaines observations particulièrement
complexes restei;rt" à effectuer pour chaque spéciaÙste celui~ci dlspose:
au moins d'urte masse d' observations plus étendue et pius large que s'il opé-
rait seul, eninême temps qu'lI 'gagne: une VUe plus complète: et piusdiver-
sifiée de son propre terrain d'enquête .
.. Làse;onde étape de cette recherche en équipe pluridisciplinaire
serait la phase de dépouillement et d'exploitation. Après avoir été dans la
, ,
:' .'
- 155 -
ANNEXE
, ; . ----:.---~~"":"-
(1)· On entend par "atlas nationaux" les atlas géographiques fondamentaux com-
plexés de pays distincts, contenant une récapitulation et une généràlisation des
connaissances scientifiques contemporaines dans le domaine de),B, ~C?gr13.phie
physique économique et politique du pays considéré (cf. K. SALICHTCHEV, Atlas
j
nationaux, 1960).
"'Ill r- C" "
- 1 JO -
Format (s)
li Dimension. H
Echelle (s) : L extérieures L
cartons
Mono ou polychromie: noir, noir et couleur (s), couleurs. Illustrations diagrammes
graphiques divers
photos
Langue (s)
LIEUX DE CONSULTATION :
cote
avec avec cote
Texte sans Notice: sans cote
cote
I ~
OBSERVATIONS DIVERSES :
1. !la] eur ct expression-da.....J1A1las,.
l - Inf'ormation.
1) Information qualitative, .... -.. ....
2) Information quantitative,
3) Appréciation générale.
2 - Présentation et expression.
1) Couleurs et dessin,
2) Facture,
3) Expression cartographique
3 - Niveau d'analyse.
1j Les échelles,
2 Les unités de base,
3 Cartes d'analyse et cartes de synthèse,
4) Cartes prévisionnelles.
PROCESSUS D'ELABORATION DE LA DOCUMENTATION
Document
CONSULTE (inscrit systématiquement sur fiches
Catalogues ----r~ëapitulatives, instruments de travail).
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IDENTIFIE --~ fiches d'identification CIl.s:l
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A
II. Structure de l'Atlas.
l - Milieu naturel.
1) Inventaire des thèmes,
2) Relief,
3) Sujets traités par thème.
2 - Les: ho~es et leurs a~tivités>
1). Inventaire des sujets selon les principaux thèmes histoire, popula,tion, faits sociaux et culturels, économie,
organisation administrative, villes. •
2) De l'observation des phénomènes à l'explication.
3) De la sireple investigation démographique aux:autres structures.
3 - Structure de l'Atlas.
1) Ordre de présentatio.n.
2) Des cartes les plus simples aux plus complexes.
3) Structure de l'atlas.
III. Conclusion sur la valeur descriQ!.:j,ye de ~~tlas.
Federation of Rhodesia and Nyassaland FICHE D'INVENTAIRE D'ATLAS Ge CC 42 40
Federal Atlas.
r
Titre des cartes
1 pr.1
ou Objet ,.. Echelle
--,
page
En couleurs.
Afrique : bistre
Réseau hydrographique et océan. (bleu),
L'Afrique du Sud. 2 Communications intérieures 1/p 000 000 chemin de fer et toponymie (noir),
Communications. 1961. et extérieures. routes terrestres et maritimes (rouge),
voies aériennes (violet) écritures en
bleu et noir.
En couleurs.
9 teintes hypsométriques (vert -->bistre
-->brun) .
En carton, croquis de la localisation de
la Fédération de Rhodésie et du Nyassa-
Fédération de Rhodésie 3 Oro-hydrographie 1 villes, 1/2 500 000 land en Afrique du Sud au 1/32 000 000 :
position relative de la Fédération. Même
fond mais sans voies aériennes.
En couleurs (6).
Gîtes minéraux: lettres rouges. Champs
aurifères : gris. Grands filons du Sud,
Carte minéralogique Identification des gîtes gisements de charbon et de cuivre :
provisoire de.Rhodésie minéraux et localisation Il
plages de couleurs.
et Nyassaland. 1960. des principaux gisements. Toponymie des gisements en n0ir diagram-
mes de même couleur retracent l'évo-
lution de la production de 1908 à 1958.
Fond identique gris, routes en rouge.
(1) Leur contenu varie selon l J intérêt de l'ouvrage. En principe un tel dossier
conprend -: :- une fiche d'identification, .
__ - un:ensemble de fiches d'inventaire - _
.--_.- --. - une ou plusieurs fiches d'étude de cart~s avec reproduction (s)
photographique (s) en noir et blanc: (tirage de la diapositive et des photos
annexés év~ntuelles) ; les diapositives faisant l'objet d'un classement séparé.
Il coinpqrteen outre accessoirement un certain nombre de fiches qui per-
mettent une' utilisation plus comrr~de de cette documentation.
Précisons que l'ensemble de ces docunlonts peut &tre conservé par les uti-
lisateurs éventuels ainsi que-lesreproduction-s'photograpl1iquèS en noir et
blanc: seules les diapositives sont prêtées pour la durée d'un mois.
~~B:~~=;Q~-~~J=~S
TITRE
Types ofa~··')omero.tions and
OBJET
Idem, Selon les actiyi tés de leur
, ORIGINE'
Titre dEil:Atlas du recueil des cartes:
l
rural districts. population.
~ .
Atlasover Sverige.
(Typesd'agglomératio~s et préparé" par :
districts ruraux 1950). Sveruka' Sallskapet for Antropologi och
,'Geographi .
(Printed in Sweden by AB Kart 0 grafiska
-'Institutet. Esselte AB stockholm. 1957).
'Editeur:
PAYS OU REGIONS INTERESSES- : Suède. Generalstabens Litografiska Anstalts
Forlag. Stockholm.'
Echelle : 1/2 000 000
Lieu d'édition et date:
Date de la carte: 1957. Stockholm. 1957.
Edition: Livraison :
Auteur (s) : Gerd ENEQUIST. l
PRESENTATION NATERIELLE DE LA CARTE
Langue (s) : Suédois ~~eeflée, reliée e~ non, en livret.
, Anglais : résumé et légendes.
Nombre de coupures et régions correspondantes :
Planche N° 59~60 Carte N°.: 59 - Nord du pays. " ,
60 - Sud du pays.
avec Notice •• sans
aVeS
Texte : saRS ~e~te-eR-±égeR~e Dimensions : H. 400 (x2) L. 420
a) Subdivision du groupe l :
- en fonction de l'étendue des terres tenues par les agricultéurs.
Exploitations classées en 3 catégories, d'après leur taille
(cf. Légende).
- en fonction du nombre de personnes employées aux forêts et
pêches comparé au total d'employés, et variant selon l'impor-
~~~··des,superficies des terres forestières.
D'où différents types de commune :
- majorité des exploitations agricoles > 'ta ha: commune agricole;
- majorité des exploitations comprises entre 5et 10 ha , commune
occupant. lme .. posi tion intermédiaire., di te commune de petites
exploi tations i . .:
- majorité des exploitations <5 ha : commune d'exploitations
, miniatures i majorité des habitants appartenant au groupe l ;
-majorité des exploitations <5 ha, au moins 30 %des employés
relevant du groupe r', forestiers,' (tenant ou non une exploitation
miniature) les fermes couvrant de larges étendues de forôt ••• :
communes forestières, les dernières n'ont été distinguées que
dans le Norrland, Dalarna et Varmland du Nord i les coramunes de
pêche ont été incluses dans les communes d' exploi tations
miniatures.
, .... / ...
Ge DD 4578 (59-60)
Ces d~ffére~t~ types couvrant de vastes étendues. Il n'a, pas t~~jours été
pJsaible en effet, de rendre compte du type géographique' de chaque commune, VU
la généralisation qu'une représentation cartog:raphül'ie requi",rt. '
Une confrontation avec la fig. t (carte '61-62) de la répartition de cultures,
permet d'établir une correspondance r~gion agriGole'~ tyPe' de districts !-.ral:x.
ex •.: plaine agricole, paroisse agricoïe....~_..' ,
. b) paroisses mixtes sontlocalisé~s dans les superficie~ à activités
rurales, où elles jouent un
rÔle économique' important, elles se
trouvent aussi à la périphérie des a:gglomé.r8~tions.
Classement adopte :
- èatégories sont les mêmes que dans' le reCensement de 1950 ; mais
zones suburbc;ünes incluses dans les vHli3setcentres <: 500
habitants: commUnes rurales.
- tableau 2 indique la répartition des agglomérations selon la
te.ille ; '., :.'
- Classement :, réf~J;'ence élU pourcentage dès gens employés dans les
différents secteurs dl activite ," màis à "la différence de celui
adopté pour les communes rurales". '
= les %sont calculés en se référant aux employés ayant des
salaires importants et sont classés en vue de faire des
comparaisons avec la distribution des autres agglomérations.
= le travail domestique et les activités non spécifiés ont été
répartis entre les différents groupes •
'"
CARTE VOLANTE (1)
La France laitière. Cheptel bovin laitier: densité, Auteur (s) : R. BROSSIER. Ingénieur Agronome.
Densité du cheptel bovin lai- répartition des races, leUlBapti-
tier et répartition des races. tudes. préparé par : -
Etablie par lilnstitut Géographique
National.
Editeur: idem.
PAYS OU REGIONS INTERESSES ': France. Lieu d'édition et date:
Paris. 1945.
,.
Echelle : 1/750 000.
Edition:
Date de la carte: 1945.'
münchens als Pendler Proportion des migrants vers Titre de la Revue ou de l'Ouvrage: .
ZentruriJ. 1950. münich en 9; de la population Berichte ZUT Deutschen Landeskunde.
münich, centre de migratiOI active de chaque commune.
pendulaire Auteur. :
Bundesanstalt für Landeskunde. Zentra-
larchiv für Landeskunde von Deutsch'.and.
Editeur:
PAYS Ou REGIONS INTERESSES: münich et sa banlieue. Selbstverlag der Bundesanstalt für
Landeskunde.
Echelle : 1/300 000
Lieu d'édition: Remagen.
Lieu d'édition.ct date de la carte: Remagen (s.d.)
N° de la Revue : Band· 19, Heft;2 Année : 1957.
Aute~r (s) : C. BORCHERDT, aus dem Geographischen Institut der
Technischen Hochschule, München.
PRESENTATION MATERIELLE DELA CARTE·
Langue c(s) : Allemand Page ou N° Hors-Texte : carte n02
Titre et auteur de l'article (pp.) : Die Wohn-und Ausflugsgebiete Nombre de coupures et régions correspondantes : 1
in der Umgebung Münchens.Eine sozialgeographische Skizze.
p. 173 à 187. C. BORCHERDT.
Dimensions : H. 345 L. 245
~~~~~~~~.
A titre d'$xemple, un extrait de la liste des fiches d'étude, classéos par thèmes principaux et par
suj et : Thème: Population, suj et migrdions.