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 Sommaire
Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

INTRODUCTION ...................................................................................................................... 6

Thème 1 C
 omprendre un régime politique : la démocratie .......................................... 10

– Introduction La démocratie, les démocraties :

Quelles caractéristiques aujourd’hui ? ....................................................................... 12
– Axe 1 Penser la démocratie : démocratie directe
et démocratie représentative ....................................................................................... 22
– Méthodes ...................................................................................................................... 28
– Axe 2 Avancées et reculs des démocraties ................................................................. 30
– Méthodes ...................................................................................................................... 38
– Objet de travail conclusif L’Union européenne et la démocratie ............................... 41
– Préparer le bac .............................................................................................................. 52

Thème 2 Analyser les dynamiques des puissances internationales .......................... 55

– Introduction Les puissances dans le monde aujourd’hui ........................................... 58

– Axe 1 Essor et déclin des puissances : un regard historique ..................................... 65
– Méthodes ...................................................................................................................... 72
– Axe 2 Formes indirectes de la puissance : une approche géopolitique .................... 73
– Méthodes ...................................................................................................................... 80
– Objet de travail conclusif La puissance des États-Unis aujourd’hui ......................... 81
– Préparer le bac .............................................................................................................. 91

Thème 3 É
 tudier les divisions politiques du monde : les frontières ............................. 93

– Introduction Les frontières dans le monde d’aujourd’hui ......................................... 95

– Axe 1 Tracer les frontières, approche géopolitique .................................................... 105
– Méthodes ...................................................................................................................... 115
– Axe 2 Les frontières en débat .................................................................................... 116
– Méthodes ...................................................................................................................... 123
–O  bjet de travail conclusif Les frontières internes et externes
de l’Union européenne ............................................................................................... 125
–P  réparer le bac .............................................................................................................. 135

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 Thème 4 S
 ’informer : un regard critique sur les sources
et modes de communication ............................................................................ 137

– Introduction Comment s’informe-t-on aujourd’hui ?.................................................. 139

– Axe 1 Les grandes révolutions techniques de l’information ....................................... 145
– Méthodes ...................................................................................................................... 151
– Axe 2 Liberté ou contrôle de l’information : un débat politique fondamental ............ 152
– Méthodes ...................................................................................................................... 161
– Objet de travail conclusif L’information à l’heure d’Internet ........................................ 162
– Préparer le bac .............................................................................................................. 169

Thème 5 Analyser les relations entre États et religions ................................................... 173

– Introduction États et religions aujourd’hui ................................................................ 174

– Axe 1 Pouvoir et religion : des liens historiques traditionnels .................................. 184
– Méthodes ...................................................................................................................... 189
– Axe 2 États et religions : une inégale sécularisation ................................................. 191
– Méthodes ...................................................................................................................... 197
– Objet de travail conclusif État et religions en Inde .................................................... 197
–P réparer le bac ............................................................................................................. 206

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

INTRODUCTION 
 Manuel p. 10-17

Programme
« – L’histoire : la trace ; l’archive ; le témoignage ; le récit.
– La géographie : espace et territoire ; analyse multiscalaire ; représentation cartographique.
– La science politique : qu’est-ce que le politique ?
– La géopolitique : enjeux de pouvoir, coopérations et rivalités sur et entre les territoires ;
poids de l’histoire »

L’histoire
Manuel p. 10-11

Entretien avec Sylvain Venayre, historien, spécialiste d’histoire culturelle et directeur de la collection
de bandes dessinées « L’histoire dessinée de la France » (La Revue dessinée/La Découverte).
https://editionsladecouverte.fr/Histoiredessineedelafrance#

Corrigé des questions

1. L’historien produit un discours sur le passé dont il tente de reconstituer la compréhension. Il

s’appuie pour cela sur une méthode scientifique définie au XIXe siècle.
2. La trace peut se définir comme une sorte d’indice à partir duquel l’historien peut tenter de recons-
tituer un événement. Elle ne prend pas nécessairement la forme d’une source écrite. La préhistoire
n’a laissé aucune source écrite mais de nombreuses traces.
3. L’historien travaille sur le passé à partir d’archives, mais les sources écrites ne sont pas suffi-
santes dans la mesure où elles sont incomplètes, lacunaires ou tronquées, voire inexistantes pour
certains domaines d’étude.
4. L’historien peut travailler à partir de témoignages : récits d’acteurs d’un événement, images, etc.

La géographie
Manuel p. 12-13

Entretien avec Marie-Françoise Durand, créatrice de l’Atelier de cartographie de Sciences Po et

coordinatrice de Espace mondial. L’Atlas 2018 (Presses de Sciences Po).
Une version numérique de cet ouvrage est disponible en open edition, avec des contenus scientifiques
multimédia à destination d’un public large, adaptée aux nouveaux modes de lecture et accessible à
ceux qui ne disposent ni de livres ni de bibliothèques : https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/.
Représenter l’espace, les territoires et les réseaux au lycée
Production traditionnelle des géographes, la représentation en deux dimensions des fonctionne-
ments des sociétés dans l’espace nécessite savoirs et savoir-faire et connaît des changements
rapides et profonds.

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 Introduction

Ces représentations permettent de repérer et qualifier des lieux, de donner une réponse visuelle à
la question « où ? », mais aussi de synthétiser des visions du monde. C’est le cas des « cadastres »
égyptiens (impôt)1, des images de la terre des géographes-mathématiciens-cartographes (Eratos-
thène2 et Ptolémée3), des réseaux de routes de l’empire romain (tables de Peutinger4), des images
religieuses médiévales des moines5 ou savants et voyageurs arabes6 (disques plats), de la cartographie
des voies maritimes et terrestre7 des réseaux de marchands8, des outils indispensables de pouvoir
dans les négociations de constructions impériales9 (présences ponctuelles puis frontières précises) ou
de leur déconstruction (Balkans10, Moyen-Orient11), dans la gestion des territoires12 et des populations
ou bien la formation des citoyens (cartographie scolaire de l’école républicaine13 en France).
Durant les quarante dernières années, l’accélération des échanges matériels et immatériels, la
densification des réseaux, l’accès facilité à des données quantitatives considérables, le développe-
ment d’outils de traitement et de représentation des données, les images satellitaires et les sys-
tèmes d’information géographiques (SIG) ont changé la nature et les auteurs des cartes dont les
géographes ont perdu le monopole et généré une inflation d’images de recherche, de communica-
tion et d’illustration.
Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’images – à voir et pas lire – qui produisent du sens et doivent
donc être efficaces. Les travaux de Jacques Bertin14 sur la sémiologie graphique15 à partir des années
1950 ont théorisé le langage cartographique, les notions de variables visuelles (points lignes sur-
faces, couleurs, trames, etc.) et leurs propriétés. Aussi, ces règles de base simples (ordre/désordre/
proportionnalité, voir document page suivante), l’accès en ligne et gratuit aux données ou indica-
teurs synthétiques (IDH16, démocratie17, liberté de la presse18) produits pas différents types d’ac-
teurs (États, Union européenne19, organisations internationales20, ONG, laboratoires de recherche),
les tableurs pour des traitements basiques (valeur absolue ou %), la mise à disposition de fonds
de cartes variés21 (échelle, projection, centrage, cadrage) permettent-ils aujourd’hui de réaliser
facilement une grande variété de cartes à la main ou à l’ordinateur (logiciel de cartographie Khar-
tis22 de l’Atelier de cartographie de Sciences Po).
C’est donc l’occasion pour l’élève d’approfondir ses techniques de recherche documentaire auto-
nomes, de développer ses capacités de questionnement sur la production de l’espace par les socié-
tés, d’aiguiser son sens critique, ses capacités préprofessionnelles et citoyennes en sachant repérer
et éviter l’absurdité cartographique (erreurs sémiologiques, confusion co-présence/corrélation/cau-
salité, comparaison de l’incomparable), le dessin purement idéologique (vison culturaliste de type

1. http://museum.agropolis.fr/pages/expos/egypte/fr/paysan_pharaon/verification.htm
2. http://expositions.bnf.fr/cartes/grand/103.htm
3. http://expositions.bnf.fr/cartes/grand/120.htm
4. http://expositions.bnf.fr/cartes/grand/201.htm
5. http://expositions.bnf.fr/cartes/grand/303.htm
6. http://expositions.bnf.fr/monde-en-spheres/grand/mes_158.php
7. http://expositions.bnf.fr/cartes/grand/t2-02.htm
8. http://expositions.bnf.fr/marine/albums/miller/index.htm
9. https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Berlin#/media/File:Afrikakonferenz.jpg
10. http://cartotheque.sciences-po.fr/media/Empire_et_Etats_des_Balkans_1878-2008/136/
11. https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_Sykes-Picot#/media/File:MPK1-426_Sykes_Picot_Agreement_Map_sig-
ned_8_May_1916.jpg
12. http://www.cartocassini.org/cartocassini/cartecassini/france_NB.htm
13. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Vidal-Lablache_n%C2%B09_-_Provinces_en_1789.jpg
14. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article630
15. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/semiologie-graphique
16. http://hdr.undp.org/en/2018-update
17. https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/rubrique-contrastes-et-inegalites/article-1A03-FR-democratie.html
18. https://rsf.org/fr/classement
19. https://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database
20. http://data.un.org/
21. http://cartotheque.sciences-po.fr/login
22. https://www.sciencespo.fr/cartographie/khartis/

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

choc des civilisations d’Huntington), la saturation visuelle (légendes interminables, superposition de

trop d’informations) et l’illusion qu’on peut tout cartographier (données lacunaires, difficultés avec
les flux transnationaux aux mains d’acteurs privés et dont les données sont interétatiques).

Visualiser la proportionnalité, l’ordre et la différence

PROPORTIONNALITÉ ORDRE – HIÉRARCHIE DIFFÉRENCE –

RESSEMBLANCE

Déplacés internes, en millions Résultats au référendum L’Europe après les traités de Westphalie, 1648
britannique pour la sortie
7,2 3 0,5
ou non de l’UE
Vote pour rester
dans l’UE
Roy.
60 d’Écosse Roy.
55 Roy. du de Suède
Irlande Danemark
50
Roy. Duché
55 d’Angleterre de Prusse
60 Provinces-
Unies Brandebourg

Vote pour quitter l’UE Roy. de

Saxe
Pologne

Roy. de France
Bavière
Autriche
Commerce de pétrole brut, en millions de tonnes Période d’établissement Suisse
177 de liens diplomatiques avec la Chine Savoie
Venise Empire
60 Roy. de ottoman
20 1956-1979 Portugal Gênes
États
1980-1999 de l’Église
Roy. d’Espagne
2000-2018
Aucun lien

Surpoids et sous-poids

Part d’adultes Région des pays (bulles) :

en surpoids Afr. subsaharienne
Population exposée aux catastrophes naturelles, Part du revenu des 10 % les plus aisés,
© FNSP - Sciences Po, Atelier de cartographie, 2018

(en %)
en millions dans le revenu national des pays du G20, en % 70 Am. du Nord
7 400 Am. latine et Caraïbes
30 40 50 60
Population Asie de l’Est et Pacifique
mondiale 2 700 Afrique du S. 60 Asie du Sud
Brésil Europe et Asie centrale
Inde
400 Arabie S. Moy.-Orient
50
Turquie et Afr. du Nord
États-Unis
40 Russie
Corée du Sud 40
Séisme 0 4 8 12 16 20 24
Japon
Chine Part d’adultes
Cyclone Canada 30 en sous-poids
tropical Inondation Volcan Roy.-Uni (en %)
Allemagne
Italie 20
France
Australie

Sources : IDMC ; BP ; Commission européenne ; The Electoral Commission et https://data.gov.uk ; AidData, Hanban et Ministère des Affaires étrangères
chinois ; Banque mondiale et World Inequality Database ; compilation de divers atlas allemands et d’après G. Duby, Grand Atlas historique,
Paris, Larousse, 1997 ; OMS et division Population des Nations unies.

Vous pouvez retrouver et télécharger ce document en couleur sur le site de l’Atlas de l’espace mon-
dial (rubrique « Introduction », « Représenter l’espace mondial ») : https://espace-mondial-atlas.
sciencespo.fr/fr/rubrique-introduction/carte-0C03-visualiser-la-proportionnalite-l-ordre-et-la-
difference.html.

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 Introduction

Corrigé des questions

2. Le géographe étudie la façon dont les hommes occupent et aménagent l’espace alors que le car-
tographe fabrique les images permettant de représenter l’espace.
3. La représentation cartographique implique des choix : une carte ne peut pas tout dire ou, du moins,
elle ne peut pas prétendre représenter un phénomène dans toute sa complexité. Elle implique des
simplifications.

La science politique
Manuel p. 14-15

Entretien avec Hélène Combes, chercheure en science politique, chargée de recherche au CNRS
(CERI-Sciences Po) et rédactrice en chef de la revue Critique internationale.

Corrigé des questions

2. La science politique s’intéresse aux phénomènes politiques au sens large, c’est-à-dire à la vie
politique (institutions, partis, suffrage) mais aussi aux formes de participation politique et aux mou-
vements sociaux.
3. Hélène Combes étudie les mouvements sociaux à Mexico.
4. Ses méthodes de travail : questionnaires, entretiens individuels, suivis des enquêtés sur le long terme.

La géopolitique
Manuel p. 16-17

Entretien avec Manuel Bufala, diplomate, chargée de politique européenne.

Corrigé des questions

1. Le diplomate appuie sa compréhension des territoires et des sociétés sur lesquels il travaille par
une connaissance du cadre géographique et du contexte historique.
2. La géopolitique étudie l’influence des facteurs géographiques, économiques et culturels sur
la politique des États et sur les relations internationales.
3. Les missions du diplomate peuvent se résumer en quatre mots-clés : négocier, anticiper, com-
muniquer, expliquer.
4. La diplomatie requiert un intérêt pour l’actualité, une culture historique et géographique, des
qualités d’empathie et de créativité.

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Thème 1 Comprendre un régime politique : la démocratie

 Manuel p. 18-75

Programme
« Ce thème a un double objectif : analyser le régime politique dans lequel les élèves vivent ;
développer leurs connaissances sur la diversité des démocraties dans le monde et sur leurs
évolutions.
Les deux axes visent à leur faire saisir :
– les différences entre démocratie directe et démocratie représentative ;
– les forces et les fragilités de la démocratie au travers de ses avancées et de ses reculs dans
l’histoire. »


Présentation du thème

Comment définir la démocratie ? Quelles sont ses caractéristiques ?

Si l’on accepte l’idée que pour toute décision politique, une voix égale une autre voix, on pose le
principe de la démocratie où le pouvoir n’appartient pas à un seul mais au « démos », le peuple.
Le peuple se compose de l’ensemble des citoyens, ceux qui vivent dans la cité et qui participent
aux décisions communes. La loi fixe ensuite l’âge de la majorité qui permet à chaque citoyen de
disposer du droit de vote. Dans l’esprit des élèves, le vote est souvent synonyme de démocratie. Mais
le principe du vote ne suffit pas, il faut aussi :
– des élections libres, régulières et ouvertes, reposant sur un choix entre plusieurs partis (multipar-
tisme) et sur le suffrage universel ;
– le respect de la liberté d’expression sous toutes ses formes : médias pluralistes, droit de pétitions,
manifestations dans la rue, droit d’association ;
– la séparation entre les trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ;
– un État de droit : la loi est la même pour tous et la puissance publique est soumise au droit ;
– le respect des droits de l’homme.

Comment le peuple gouverne-t-il ?

Lorsque le peuple est appelé à prendre des décisions lui-même, on parle de démocratie directe,
à l’image des votations d’initiative populaire, comme en Suisse, ou des référendums.
Lorsque les citoyens délèguent leur pouvoir de décision, on parle de démocratie représentative avec
comme principe l’élection de représentants pour un mandat limité et la désignation d’une majorité
de gouvernement à la suite des élections.
La démocratie directe peut aussi se vivre à l’échelle locale : ce sont, par exemple, les comités de
quartier associés à la décision politique – on parle alors de démocratie participative ; ce sont aussi
les coordinations liées à des mouvements sociaux qui enjambent les organisations syndicales. Ainsi,
des décisions collectives peuvent être en dehors des lieux de gouvernement.
On peut aussi définir la démocratie en regardant comment, à l’opposé, fonctionnent les régimes
autoritaires.
Les régimes autoritaires, ou dictatures, se caractérisent par :
– la présence au pouvoir d’un seul homme et de son entourage, légitimés par des élections sous
contrôle ;

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 Thème 1 - Présentation

– une justice arbitraire, aux ordres, validant des arrestations arbitraires ;

– un pouvoir soutenu par l’armée ;
– l’absence de libertés publiques à l’exemple des médias sous surveillance ou interdits et une répres-
sion de tous les opposants déclarés.

Penser la démocratie dans l’histoire : démocratie directe et démocratie représentative

Athènes au Ve siècle est toujours donnée comme le lieu de naissance de la démocratie directe pour
deux raisons essentielles :
– une délibération et une prise de décision collective au sein de l’Ecclesia avec droit de proposition
de la part des citoyens ;
– une participation des citoyens au pouvoir pour certaines fonctions à la suite d’un tirage au sort.
Mais c’est oublier que dans cette cité-État fondée sur l’esclavagisme, seuls les hommes siégeaient
et élisaient aussi des magistrats pour occuper les fonctions les plus importantes, notamment mili-
taires, et qu’enfin la capacité de rétribuer chaque citoyen pour sa présence à l‘assemblée reposait
sur la domination exercée sur d’autres cités. L’expérience démocratique fut de courte durée et tou-
jours contestée en son sein.
Benjamin Constant, témoin de la Révolution française, en refuse les excès comme la Terreur et
l’affirmation d’un pouvoir fort. Il pose comme principe que l’État doit respecter les libertés indivi-
duelles garanties par une Constitution. À l’engagement politique des « Anciens » libérés de toute
tâche par l’esclavage, Benjamin Constant oppose l’engagement économique des « Modernes »
qui bénéficient de la liberté d’entreprendre. Benjamin Constant défend le système représentatif
qui permet de se décharger du « travail » politique professionnel. « Le système représentatif est
une procuration donnée à un certain nombre d’hommes par la masse du peuple, qui veut que ses
intérêts soient défendus, et qui néanmoins n’a pas le temps de les défendre toujours lui-même »
écrit-il. En contrepartie chaque citoyen doit être vigilant pour que l’exercice de ses droits soit garanti.

Avancées et reculs des démocraties

Alexis de Tocqueville, d’origine aristocratique, n’est pas au départ un partisan de la démocratie.
Il croyait plus en une société dirigée par des gens éclairés. Il considère que l’élection au suffrage uni-
versel, c’est la tyrannie de la majorité. Son observation de la société américaine consignée dans son
livre De la démocratie en Amérique lui fait comprendre que l’État de droit et les libertés individuelles
vont de pair avec le progrès économique et social. Il met en avant l’importance du multipartisme
et de l’engagement à l’échelle locale. Il est parmi les premiers penseurs à souligner le rôle des par-
tis et des « corps intermédiaires » dans le fonctionnement de la démocratie à toutes les échelles.
Pourtant, il craint une atomisation de la société – chaque individu suivant ses propres intérêts –
et la mainmise du pouvoir par un despote.
L’expérience démocratique du gouvernement de Salvador Allende représente l’échec de l’arrivée
de la gauche au pouvoir qui fait face à une double contestation : d’un côté un mouvement révolu-
tionnaire appelant à une transformation radicale, prenant appui sur le mouvement ouvrier et les
quartiers populaires, occupant les usines, et de l’autre les partis conservateurs soutenus par les
États-Unis. Le choix d’Allende est de respecter les droits de l’opposition conservatrice et de gar-
der sa confiance envers les chefs d’état-major. Après chaque épisode de radicalisation de la classe
ouvrière, dans une situation de crise économique, Allende décide de faire entrer au gouvernement
un officier supérieur de l’armée, considérant celle-ci comme la seule garante de l’unité nationale.
Mais l’armée se prépare en fait à renverser le gouvernement. Un premier coup d’État militaire est
manqué le 29 juin 1973, un second, le 11 septembre 1973, réussit.
Les exemples du Portugal et de l’Espagne sont ceux d’une transition démocratique pacifique dans
des contextes différents : sortie lente de la dictature de Salazar et enlisement dans les guerres

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

coloniales pour le Portugal ; mort de Franco qui avait eu le temps de désigner son successeur en la
personne du roi Juan Carlos Ier en Espagne.
Au Portugal, la révolution des Œillets du 25 avril 1974 est un coup d’État militaire mais porteur d’un
projet démocratique, massivement soutenu par le peuple portugais. Il s’ensuit une période de dix-
neuf mois, marquée par l’affirmation d’une démocratie directe à travers les comités d’entreprise
ou de soldats au côté d’une série de gouvernements provisoires jusqu’à l’échec d’un nouveau coup
d’État par des militaires de gauche en novembre 1975. L’adoption de la Constitution le 2 avril 1976
marque la fin de la période de transition et le début d’un régime pluraliste parlementaire de type
occidental. Son caractère socialiste est progressivement atténué jusqu’à l’adhésion du Portugal à la
CEE, en 1986.
En Espagne, l’opposition de gauche – de nouveau légalisée – choisit de dialoguer avec la nouvelle
génération franquiste qui se distingue des nostalgiques du franquisme par une volonté de moderni-
ser le pays et d’accepter le rôle du roi et de la monarchie. Le prix à payer est l’oubli et le silence sur
la violence politique du franquisme, objet aujourd’hui de mémoires plurielles.
L’Union européenne et la démocratie
Quelle est l’originalité de l’Union européenne ? C’est une association d’États qui se dotent d’institu-
tions où se mêlent démocratie représentative (vote au suffrage universel : élections en mai 2019),
démocratie déléguée (Commission européenne issue des gouvernements) et démocratie participa-
tive (initiative citoyenne prévue par le traité de Lisbonne).
Quelles sont les faiblesses du projet européen ? C’est le sentiment d’éloignement entre l’Union
européenne et les citoyens, par exemple dans l’Europe du Sud où des politiques d’austérité ont été
imposées. La question migratoire a aussi démontré depuis 2015 l’absence de solidarité entre États
et la montée d’un repli nationaliste, le Brexit (Britain exit, sortie de la Grande-Bretagne de l’UE)
symbolise le rejet culminant de l’Union européenne.

Introduction. La démocratie, les démocraties : quelles caractéristiques aujourd’hui ?

Manuel p. 20-29

Le thème de la démocratie est l’occasion d’étudier les caractéristiques et l’affirmation de ce régime

politique à travers sa pratique, ses forces et ses fragilités, replacées sur le temps long. Il permet
d’interroger les modes de fonctionnement des démocraties actuelles, ainsi que la place et le rôle
des citoyens.
L’introduction de ce thème commence par définir les caractéristiques politiques d’une démocratie
en prenant des exemples au sein des pays occidentaux qui ont adopté ce régime (focus 1).
Si la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » (Abraham Lincoln,
1863), se pose la question de savoir comment le peuple prend-il des décisions : décide-t-il lui-même
ou délègue-t-il ce pouvoir ? (focus 2). La démocratie peut également être définie par opposition aux
régimes autoritaires ou aux dictatures où le pouvoir est confisqué par un homme, un groupe ou un
parti, l’opposition muselée et l’opinion publique étroitement surveillée (focus 3).

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 Thème 1 - Introduction

BIBLIOGRAPHIE/filmographie/sitographie
◗◗ Livres
-- X. Crettiez, J. de Maillard, P. Hassenteufel, Introduction à la science politique,
© Armand Colin, 2018.
-- A. Goujon, Les Démocraties : institutions, fonctionnement et défis, © Armand Colin, 2015.
-- M. Milet, La Démocratie en Europe. Trajectoires et enjeux, © Editions Ellipses, 2017.
-- D. Reynié (dir.), Où va la démocratie ? Une enquête internationale de la Fondation
pour l’innovation politique, © Plon, 2017.
-- B. Badie et D. Vidal (dir.), Le Retour des populismes, l’état du monde 2019,
© La Découverte, 2018.
-- C. Withtol de Wenden (dir.), Atlas des droits de l’homme, © Autrement, 2018.
-- B. Cautrès, A. Muxel, Histoire d’une révolution électorale, © Classiques Garnier, 2019.
-- J. Morillot et D. Malovic, La Corée du Nord en 100 questions, © Tallandier, 2017.
-- O. Nay, Lexique de science politique, © Dalloz, 2017.
-- « Les démocratures », Pouvoirs, n° 169, 2019.

◗◗ Bandes dessinées
-- M. Sztanke, La faute : une vie en Corée du Nord, © Delcourt, 2014.
-- G. Delisle, Pyongyang, © L'Association, 2009.
◗◗ Documentaires
-- F. Ruffin, G. Perret, J’veux du soleil, 2019, 1h16.
-- H. Poulain, S. Goetz, Démocratie(s) ? , 2018, 1h30, www.youtube.com/watch?v=RAvW7LIML60
-- M.Toesca, Démocratie zéro6, 2014, 1h15.
-- M. Otero, L’Assemblée, 2017, 1h39.

◗◗ Films
-- N. Moretti, Le Caïman, 2006, 1h52.
-- G. Clooney, Les Marches du pouvoir, 2011, 1h41.
-- C. Chaplin, Le dictateur, 1940, 2h05.

◗◗ Sites internet
-- Qu’est-ce que la démocratie ? Une vidéo du site France.tv education
https://education.francetv.fr
-- Podcasts France Culture, émission Le Journal des idées, « Le peuple et la démocratie », 2018 :
www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-idees/le-journal-desidees-du-lundi-05-novembre-2018

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
DOUBLE-PAGE D’OUVERTURE 
La démocratie désigne autant des principes
politiques qu’un projet de société. De ce fait, en
cours, elle peut être définie de manière laco-
nique – le peuple (le démos) au pouvoir (krátos) –
ou faire l’objet d’un développement beaucoup
plus exhaustif et complexe abordant ces nom-
breuses variables. C’est d’abord la définition du
peuple entendue le plus souvent comme un corps
électoral ; c’est ensuite les formes de gouverne-
ment, la garantie de l’ensemble des libertés indi-
viduelles et collectives dans un État de droit.
Le planisphère proposé reprend les travaux
menés par le consortium de médias The Eco-
nomist Group qui publie chaque année dans The
Economist un rapport intitulé « The Democracy
Index » (www.eiu.com/topic/democracy-index).
Chaque pays est classé selon soixante critères
regroupés en cinq catégories : le mode d’élec-
tion et le pluralisme des partis, les libertés indi-
viduelles et collectives, le fonctionnement du
gouvernement, la participation politique et l’ac-
ceptation des règles démocratiques.
L’ensemble permet d’étalonner cent soixante-
sept États selon un indice de démocratie qui va
de 0 à 10 (de la Corée du Nord à la Norvège) et
d’identifier quatre groupes :
– les démocraties, qui ont un indice supérieur à 8 ;
– les démocraties imparfaites, qui ont un indice
compris entre 6 et 8 ;
– les régimes hybrides, qui ont un indice compris
entre 4 et 6 ;
– les régimes autoritaires, qui ont un indice infé-
rieur à 4.
Les États désignés comme démocratique non
seulement respectent l’ensemble des libertés,
mais sont portés par une culture politique favo-
risant l’expression de tous. Le fonctionnement
des gouvernements est jugé satisfaisant et les
contre-pouvoirs jouent pleinement leurs rôles
(indépendance des médias et de la justice). Dans
les démocraties imparfaites se tiennent des
élections libres et régulières, et bien que les
médias puissent être entravés, les principales
libertés sont respectées. En revanche, elles
sont marquées par une plus faible participation
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à la vie politique et des problèmes de gouver-
p. 20-21
nance. L’expression « régime hybride » renvoie
à diverses situations : des élections marquées
par des fraudes et des pressions sur les candi-
dats de l’opposition, des médias et une justice
sous contrôle, une corruption généralisée et une
culture politique peu enracinée dans une société
civile désorganisée. Enfin, les régimes autori-
taires se caractérisent par l’absence de toute
forme de pluralisme (élections sous contrôle,
médias officiels ou soutenant le régime en place,
censure et répression des opposants) même si
les marques formelles de démocratie existent.
La justice est au service du pouvoir.
Au final, cette carte est une photographie à un
temps T de la diversité des régimes politiques
à l’échelle de la planète. Elle permet aussi de
montrer que la démocratie est une construction
dans le temps, le classement pouvant évoluer
chaque année même si les « vieilles » démo-
craties occidentales cumulent toujours le plus
d’indicateurs positifs.
Pour en savoir plus : https://major-prepa.com/
geopolitique/classement-pays-indice-de-demo-
cratie-2019/
FOCUS 1 – La démocratie, un ensemble
de principes, un projet politique p. 22-23
À quoi reconnaît-on que l’on vit en démocratie ?
Plusieurs éléments, qui fonctionnent en inte-
raction, doivent être réunis. Le signe le plus évi-
dent est la tenue d’élections libres, régulières et
ouvertes, reposant sur un choix entre plusieurs
partis, auquel s’ajoute le respect des libertés
individuelles et collectives dont la liberté d’ex-
pression (médias pluralistes, pétitions, manifes-
tations dans la rue, sondages…) garanties par
un État de droit. En termes politiques, cela se
traduit par l’alternance au pouvoir, la sépara-
tion des pouvoirs, contrepoids à l’autonomie des
élus, et le respect des droits de l’homme (adhé-
sion à la Déclaration universelle de 1948).
Document 1
Cette photographie illustre non seulement les
élections et leur organisation, mais aussi le mul-
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tipartisme comme caractéristique du régime
démocratique. La légende précise déjà le contexte
(les élections législatives de septembre 2017 en
Allemagne) et identifie les partis en compétition :
Die Linke, le SPD (le Parti social-démocrate),
l’Alliance 90/les Verts (Die Grünen) et la CDU
(Union chrétienne-démocrate). Ensuite, il est
nécessaire de compléter leur « fiche d’identité »
si l’on veut insister sur la notion de choix possible
lors d’une élection. Die Linke (La Gauche) est né
de la fusion du Parti du socialisme démocratique
(ex-Parti socialiste unifié d’Allemagne), qui fut le
parti officiel de la République démocratique alle-
mande, et de l’Alternative électorale travail et jus-
tice sociale. Il se situe donc à l’extrême gauche
de l’échiquier politique tandis que le SPD, né au
XIXe siècle incarne la gauche libérale. L’Alliance
90/les Verts se place également au centre gauche
et porte les idées écologistes. La CDU est un parti
libéral-conservateur fondé en 1945 qui a long-
temps partagé le pouvoir avec le SPD par un jeu
d’alternance. N’apparaissent pas l’Alternative
pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite, et
le Parti libéral-démocrate (FPD).
Cette photographie permet également d’évo-
quer un des outils des campagnes électorales
(l’affichage public, règlementé) et de souligner
la personnalisation de la vie politique dans les
démocraties occidentales, à la fois par les por-
traits de grande taille des candidats associés à
un slogan court, facile à mémoriser, et par la
mise en avant de la chancelière Angela Merkel
(CDU) au pouvoir depuis 2005. On peut aussi
observer que la tendance au bipartisme né de
l’après-guerre tend à s’effacer avec une offre
politique plus diversifiée – au point que faute de
majorité absolue à l’issue d’un scrutin propor-
tionnel, la CDU (associée à l’Union chrétienne
sociale en Bavière) et le SPD ont dû s’associer
pour constituer un gouvernement dirigé par la
chancelière Angela Merkel.
Le document permet donc d’illustrer la tenue
d’élections et le principe d’un choix entre des
programmes et des partis différents. Cela sous-
entend une reconnaissance du droit d’associa-
tion et de la liberté d’expression, un accès aux
médias pour toute structure politique et l’accep-
tation d’un débat dans les limites fixées par la
loi. La discussion peut porter sur le financement
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Thème 1 - Introduction
d’une campagne électorale (possibilités de rem-
boursement des frais par l’État en France, appel
aux particuliers, institutions et entreprises aux
États-Unis). Enfin il faut rappeler que les élec-
tions se déroulent aujourd’hui au suffrage uni-
versel établi en Allemagne à partir de 1871 pour
les hommes et 1919 pour les femmes.
Document 2
L’étude de la Constitution de la république de
Lituanie, État issu de la disparition de l’URSS,
permet d’identifier une des formes de régimes
démocratiques, la république, et ses principes
fondateurs : un peuple souverain « directement
ou par l’intermédiaire de ses représentants », la
séparation des pouvoirs, le respect des libertés
individuelles et collectives et l’État de droit.
À noter la coexistence d’une démocratie repré-
sentative (élection du Parlement et du président
de la République) et d’une démocratie directe
(droit d’initiative partagé avec le Parlement pour
un projet de loi ou un référendum).
Document 3
La tenue régulière d’élections libres et transpa-
rentes permet l’alternance au pouvoir de partis
politiques différents. Cette frise chronologique
illustre la bipolarisation de la vie politique aux
États-Unis – l’alternance entre les deux partis
politiques dominants que sont les démocrates
et les républicains depuis le début du XXe siècle,
au détriment du pluralisme – et le principe de
la limitation dans le temps des mandats élec-
tifs des présidents depuis 1945 (un maximum de
deux fois quatre ans).
Document 4
Les libertés d’opinion et d’expression font par-
tie des libertés fondamentales garanties par une
démocratie, et les seules limitent qu’elles ren-
contrent sont prévues par la loi. Ainsi, aux États-
Unis, la liberté d’expression est protégée par le
premier amendement de la Constitution mais
de nombreux interdits sont posés : propos obs-
cènes, diffamatoires, harcèlement, divulgation de
documents militaires classés ou de secrets com-
merciaux, incitation à l’émeute. Le principe d’in-
dépendance de la presse peut être aussi battu en
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
brèche par le contrôle exercé sur des entreprises
par des groupes d’intérêts économiques ou par
des pressions exercées sur les journalistes.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Trump
a multiplié les déclarations inquiétantes envers la
presse. En août 2018, plus de deux cents groupes
de presse américains ont publié des éditoriaux
pour défendre la liberté de la presse après ses
multiples attaques contre les médias du président,
qui qualifie à l’envi de « fake news » tout organe de
presse publiant des informations qui lui déplaisent.
Document 5
La liberté d’expression entraîne dans une démo-
cratie le droit de rassemblement et de manifes-
tation. La manifestation ordonnée ou spontanée
est même l’une des formes d’expression rituelles
d’une opposition à un gouvernement. On peut
parler de contre-pouvoir capable de peser sur
une décision politique ou de renverser un gou-
vernement en place. En Irlande, la légalisation
de l’avortement s’est faite par étapes et a donné
lieu à de nombreuses manifestations entre oppo-
sants et partisans. En 1992, la Cour suprême
irlandaise avait jugé qu’une femme n’avait le
droit d’avorter que si sa vie était en danger, mais
il avait fallu attendre juillet 2013 pour que le Par-
lement vote une loi entérinant cette décision. Un
projet de loi visant à légaliser l’avortement sans
conditions avait été rejeté en juillet 2016. En mai
2018, 66 % des votants ont accepté par référen-
dum la légalisation de l’interruption volontaire de
grossesse (IVG), légalisation reconnue par la loi
en décembre 2018 : l’IVG est libre jusqu’à douze
semaines de grossesse et reste autorisée au-delà
de ce délai en cas de risques pour la santé. Cette
décision a mis un terme à une loi restrictive « vio-
lant les droits des femmes et des filles à la vie, à
la santé, à la vie privée, à la non-discrimination
et le droit de ne pas être soumis à la torture et à
d’autres formes de mauvais traitements », pour
reprendre les propos d’Amnesty International.
Corrigé des questions
1. Les citoyens exerçant leur devoir électoral dé-
signent leurs représentants (députés, sénateurs)
par le suffrage universel direct (Allemagne,
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Lituanie) ou indirect (États-Unis). Aux États-
Unis, c’est un collège de grands électeurs élus
au suffrage universel dans chaque État qui
désigne le président. Dans tous les États (sauf
deux, le Maine et le Nebraska) s’applique le prin-
cipe du « tout-au-vainqueur » : toutes les voix
de l’État vont au candidat arrivé le premier.
2. Les citoyens sont appelés à voter aux élec-
tions législatives, présidentielles, mais aussi à
un referendum à l’initiative du gouvernement ou
du peuple.
Au démocrate Barack Obama succède le répu-
blicain Donald Trump.
3. Les libertés d’expression et d’association
sont garanties par la loi, ce qui entraîne le droit
d’exprimer son opinion au sein d’un média et de
manifester.
4. Les libertés sont garanties par la loi : la
Constitution (référence suprême), les normes
internationales ou européennes, les lois votées
par le Parlement, mais aussi les décisions de
justice qui font jurisprudence.
Vers le bac
5. Aucun principe ne l’emporte sur un autre. Ils
demandent à être associés pour que l’on puisse
parler d’État démocratique. Le respect des liber-
tés fondamentales et l’égalité devant la loi garan-
tissent la souveraineté du peuple par l’expression
de chacun et la possibilité de désigner des repré-
sentants dans des élections libres et régulières.
L’on peut prendre comme exemple la confiscation
du pouvoir en Algérie où un clan était désireux de
légitimer par le vote un cinquième mandat pour
un président devenu incapable de gérer le pays.
FOCUS 2 – L’exercice du pouvoir dans
une démocratie p. 24-25
Comment le peuple gouverne-t-il ? Si l’on consi-
dère que c’est au peuple de s’exprimer directe-
ment, on parlera de « souveraineté populaire »
garantie par le suffrage universel et de démocra-
tie directe. Les exemples les plus courants sont
les votations d’initiative populaire en Suisse et les
référendums. Une assemblée peut éventuelle-
ment être désignée avec pour tâche de respecter
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 Thème 1 - Introduction

la volonté des électeurs et de mettre en œuvre ses –

initiative populaire : pétition signée par au
directives. Les décisions sont alors irrévocables moins 100 000 citoyens en âge de voter pour
puisqu’elles représentent directement la volonté faire adopter un nouveau texte, après avis du
du peuple. Si l’on considère que l’ensemble des Parlement (qui peut formuler une contre-pro-
citoyens forme une nation, cette entité abstraite position). Il est rare qu’une initiative populaire
désignant une communauté humaine installée aboutisse mais elle suscite a minima des dis-
sur un même territoire avec une identité com- cussions qui nourrissent le débat.
mune, supérieure à l’ensemble des individus qui
L’affiche présentée ici évoque une initiative
la composent, on parlera de « souveraineté natio-
populaire qui visait l’ajout d’un article à la
nale ». Cette entité abstraite ne peut gouverner
Constitution fédérale précisant que « la Confé-
directement et doit être représentée. On parle
dération veille à l’instauration d’un revenu de
alors de démocratie représentative où le pouvoir
base inconditionnel », revenu qui doit « per-
est détenu par les élus de la nation issus du suf-
mettre à l’ensemble de la population de mener
frage universel. C’est le régime politique le plus
une existence digne et de participer à la vie
répandu et aujourd’hui le plus critiqué. Comme
publique ». Ce principe de revenu universel a
disait le constitutionnaliste Georges Vedel : « ce
été rejeté en juin 2016 par près de 77 % des suf-
que l’on reproche volontiers à la démocratie repré-
frages exprimés lors de la votation.
sentative est d’être insuffisamment démocratique
et insuffisamment représentative ». Les signes de Aux États-Unis, vingt-six des cinquante États
la crise de la démocratie représentative sont la fédérés ont adopté ce système. L’initiative la plus
montée de l’abstentionnisme, l’instabilité crois- célèbre a eu lieu en Californie où une baisse des
sante de l’électorat devant un personnel politique impôts fonciers a été votée en 1978.
considéré comme corrompu ou éloigné de la réa-
Cette demande de démocratie directe est l’une
lité, et la poussée des partis populistes protesta-
des constantes du mouvement des Gilets jaunes
taires. Devant cette incapacité de la représentation
appelant en France à l’instauration d’un référen-
nationale à refléter l’ensemble des enjeux de la
dum d’initiative citoyenne (RIC). S’interroger sur
vie quotidienne, certains mettent en place des
ce mouvement est une façon d’entrer par l’ac-
mécanismes de démocratie locale ou participative
tualité avec comme problématique : vit-on en
(depuis les comités de quartiers jusqu’aux coordi-
démocratie en France ?
nations liées à des mouvements sociaux pour éla-
borer des décisions collectives en dehors des lieux Document 2
où se prennent les décisions politiques).
Dans le cadre d’une démocratie représentative,
Document 1 les citoyens se dessaisissent de leur pouvoir
de décision qu’ils confient à des représentants
La démocratie directe sous sa forme pure
élus. Ceux-ci représentent la volonté générale,
n’existe qu’en Suisse, dans quelques cantons
votent la loi et contrôlent éventuellement le
ruraux comme celui d’Appenzell et dans de nom-
gouvernement. Cela sous-entend des élections
breuses communes. Une assemblée des citoyens
libres et régulières permettant de départager
vote les lois, nomme et renverse les membres du
plusieurs programmes politiques. Le mandat
gouvernement. Dans la plupart des cas, il est plus
des représentants comme des gouvernants est
exact de parler de démocratie semi-directe, où le
limité dans le temps. L’opposition occupe une
peuple a un pouvoir de veto et d’initiative sur les
place à part entière. Ainsi en France, tous les
textes de lois selon trois modalités :
cinq ans (sauf élections anticipées), les citoyens
– approbation par le peuple et par les cantons
de ce pays âgés de plus de 18 ans sont appelés à
(double majorité) d’un projet du gouvernement
désigner le président de la République selon un
déjà approuvé par le Parlement ;
scrutin uninominal à deux tours.
– référendum facultatif sur une loi votée par le
Parlement, à condition d’avoir réuni cinquante Au-delà de ces principes, certaines limites de la
mille signatures de citoyens ; démocratie représentative doivent être soulignées :

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
– écart socio-professionnel entre le(s) repré-
sentant(s) élu(s) et le corps électoral ;
– accès quasi-impossible aux responsabilités
politiques sans être membre d’un parti orga-
nisé et soutenu financièrement, avec une ten-
dance à la concentration des forces politiques
et souvent au bipartisme ;
– risque de concentration des pouvoirs et de cor-
ruption au sein d’une minorité.
Document 3
Impliquer davantage les citoyens dans la vie
politique et leur donner un rôle plus important
dans les prises de décision, tel est l’objectif de
la démocratie participative. Cela passe par des
formes de concertation via l’établissement de
comités ou de conseils de quartiers, afin de faire
émerger des idées nouvelles et de permettre des
prises de décision collective, comme le montre
l’exemple de la commune de Saillans (http://
www.mairiedesaillans26.fr/gouvernance-colle-
giale-et-participative/).
Une des limites de ces instances est le possible
défaut de représentativité des citoyens partici-
pants aux débats et le risque que ces derniers
agissent par intérêt personnel.
Document 4
Les partis populistes considèrent que le pouvoir est
confisqué par une élite corrompue et éloignée des
réalités quotidiennes. Une fois élus, ils entendent
rendre ce pouvoir au peuple, notamment en géné-
ralisant le principe du référendum. Le peuple est
alors identifié en fonction de l’Autre vu comme une
menace au nom de traditions et de valeurs qui
seraient en péril. Cette menace peut permettre de
justifier la suspension de principes démocratiques
au nom de la volonté populaire, comme c’est le cas
en Turquie ou en Hongrie aujourd’hui.
Les partis populistes ne doivent pas être assimilés
à l’extrême droite ; il existe des partis populistes
de droite et de gauche. Ils prolifèrent en Europe
notamment depuis quelques années : Rassemble-
ment national en France, Alternative pour l’Alle-
magne (AfD), Parti de la liberté (FPÖ) en Autriche,
Parti pour la liberté (PVV) aux Pays-Bas ou encore
Parti du peuple danois (DF) au Danemark.
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Corrigé des questions
1. Dans toute la Suisse, dans les communes et les
cantons, les décisions les plus importantes sont
prises par l’ensemble de la population locale au
sein d’assemblée d’habitants ou par référen-
dum. Ainsi les citoyens suisses disposent du
droit de référendum (actant un projet de loi), du
droit d’initiative (droit d’un ou plusieurs citoyens
de proposer l’adoption d’un acte particulier sous
réserve en principe d’un vote populaire), mais
aussi le droit d’émettre un contre-projet (contre-
proposition) toujours soumis au vote populaire à
l’échelle nationale, cantonale ou locale.
2. Une démocratie représentative est basée sur la
volonté des citoyens de mandater des élus pour
les représenter, chargés d’établir les lois (pouvoir
législatif) et de les faire appliquer (pouvoir exécu-
tif), pendant un temps déterminé. Ici le président
de la République élu pour cinq ans, incarne l’État
et la volonté générale du peuple souverain
3. La commune de Saillans a mis en œuvre la
démocratie participative. Afin que les décisions
soient partagées par le maximum d’habitants,
l’équipe municipale a misé à la fois sur le par-
tage des compétences entre tous les élus et
sur la mise en place d’instances de discussion
et de décision : sept commissions participa-
tives thématiques, coordonnées par un binôme
d’élus référents et des groupes de travail pour
préparer, suivre et mettre en œuvre une action
concrète définie en commission. Ces derniers
regroupent, sur une période déterminée, un
nombre plus limité d’habitants (six minimum)
ainsi qu’un élu référent au moins.
La décision d’engager une action et de la finan-
cer est validée par les élus en comité de pilotage.
4. Pour les dirigeants populistes, le peuple
représente une entité homogène qui s’en remet
à un leader désigné par l’élection. Cela signifie
qu’une fois élu, ce dirigeant, souvent charisma-
tique, tente d’établir un lien direct avec le peuple
en ignorant les corps intermédiaires ou en para-
lysant toute forme de contre-pouvoirs qui sont
au fondement de la démocratie représentative.
Le principe de l’élection est maintenu mais les
libertés fondamentales sont restreintes. On
parle alors de « démocratie illibérale ».
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Vers le bac
5. De nombreux reproches sont faits à la démo-
cratie représentative. Les deux principaux sont
l’éloignement de ses représentants, leur décon-
nexion de la réalité du quotidien des citoyens, et
leur apparente incapacité à régler les problèmes
économiques et sociaux malgré les promesses
électorales. Cette défiance se traduit par une
forte abstention et par une moindre adhésion
des citoyens aux partis politiques traditionnels.
Les exemples récents ne manquent pas dans la
vie politique française : rejet rapide du président
de la République élu (Nicolas Sarkozy, François
Hollande et aujourd’hui Emmanuel Macron), où
les électeurs passent du désenchantement à
l’irrespect puis à la révolte. Les partis de gou-
vernement (Les Républicains, le Parti socialiste)
perdent leur audience électorale au profit de
ceux qui proposent une offre qui se veut nou-
velle et réformatrice (La République en marche)
ou protectrice (Rassemblement national).
Focus 3 – À l’opposé des démocraties,
les régimes autoritaires p. 26-27
Comme l’illustrent les documents sélectionnés
pour cette double-page, les régimes autoritaires
se caractérisent par :
– la présence au pouvoir d’un seul homme et
de son entourage avec des élections sous
contrôle (exemples des élections successives
de Poutine ou de la succession au pouvoir de la
même famille en Corée du Nord) et une justice
aux ordres ;
– l’absence de libertés publiques, la surveillance
des personnes, les arrestations arbitraires :
purge en Turquie ou répression de la dissi-
dence et de la société civile en Arabie saoudite,
en Égypte ou encore en Iran en 2018 (voir les
rapports d’Amnesty International).
Les régimes autoritaires se différencient des
régimes totalitaires par le maintien d’un plura-
lisme limité et l’absence d’une idéologie justifi-
catrice du pouvoir en place.
Document 1
Kim Jong-un au pouvoir depuis décembre 2011
tire sa légitimité comme descendant du fondateur
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Thème 1 - Introduction
de la république populaire de Corée et sa force de
l’armée, l’un des piliers du régime. L’armée sym-
bolise la capacité de la Corée du Nord à résister
à toute invasion, aucun traité de paix n’ayant été
signé entre les deux Corées depuis l’affrontement
de 1950-1953 (voir le jalon 3 de l’axe 1 du thème 3 :
« Le 38e parallèle, une frontière entre deux
Corées », p. 158-161 du manuel). La puissance
de l’armée nord-coréenne est symbolisée par
la détention de missiles balistiques capables en
théorie de porter le feu nucléaire sur l’ensemble
des capitales du monde. Pour Kim Jong-un, s’af-
ficher avec l’armée et des officiers d’état-major
qu’il a lui-même désignés ou fait désigner, c’est
rappeler tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur
qu’il est le garant de la nation nord-coréenne
soudée derrière lui et son armée.
L’attention portée à l’armée et à la fidélité des
hauts gradés militaires est une constante des
régimes autoritaires. C’est à la fois assurer la
sécurité du pays aux frontières comme à l’inté-
rieur en cas de troubles et affirmer la toute-
puissance du régime face à ses opposants. On
peut illustrer cet élément par le soutien apporté
par l’armée à Nicolas Maduro, président du
Venezuela, malgré les appels à la sécession de
la part de Juan Guaidó, président autoproclamé
soutenu par les États-Unis.
Document 2
Journaliste, spécialiste des relations internatio-
nales, Tim Marshall insiste sur les contraintes
spatiales propres à chaque puissance et les
réponses géostratégiques que chacune apporte
pour protéger son territoire à toutes les échelles.
Dans le chapitre consacré au Japon et à la pénin-
sule coréenne, il rappelle les caractéristiques du
régime nord-coréen. La Corée du Nord est plus
qu’un État autoritaire marqué par un pouvoir
personnel, une forte répression et une main-
mise sur les ressources du pays. C’est un État
totalitaire dans la mesure où le contrôle par un
parti unique de tous les aspects de la vie éco-
nomique, politique, sociale et culturelle est jus-
tifié par une idéologie dominante, le « Juche »
(autosuffisance), qui mêle confucianisme, natio-
nalisme et communisme. Cette affirmation
d’un modèle unique se traduit par une défiance
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
envers l’étranger et une rhétorique guerrière
s’appuyant sur la maîtrise de l’arme nucléaire.
Document 3
La liberté de la presse, un des piliers de l’exer-
cice de la démocratie, est un bon indicateur du
respect des libertés fondamentales, à tel point
que l’on peut superposer la carte de l’état de la
démocratie dans le monde avec celle de la liberté
de la presse. Dans les États hostiles à la liberté
d’expression et d’opinion, les journalistes sont
régulièrement victimes d’intimidations, d’agres-
sions ou d’arrestations ou se voient empêcher
de travailler normalement (accès interdit à des
régions entières ou des zones de conflits). Cela
passe aussi par le blocage des moyens de diffu-
sion soit de la presse écrite soit des sites internet.
Dotée d’un statut consultatif auprès de l’ONU, de
l’Unesco, du Conseil de l’Europe et de l’Organi-
sation internationale de la Francophonie (OIF),
Reporters sans frontières est une organisation
non gouvernementale internationale reconnue
d’utilité publique en France et se donne pour
objectif la défense de la liberté de la presse et la
protection des sources des journalistes. Elle éta-
blit son classement au moyen d’un questionnaire
soumis à des experts et des journalistes, centré
sur les thématiques suivantes : le pluralisme,
l’indépendance des médias, l’environnement et
l’autocensure, le cadre légal, la transparence et
la qualité des infrastructures soutenant la pro-
duction de l’information.
Document 4
Non seulement le gouvernement chinois sur-
veille et bloque si besoin internet, mais il use
aussi des nouvelles technologies pour surveil-
ler sa population : vidéosurveillance et recon-
naissance faciale. Cette politique s’applique
tout particulièrement à l'encontre des minorités
musulmanes et notamment la communauté tur-
cophone des Ouïghours. Cette dernière consti-
tue le principal groupe ethnique du Xinjiang au
nord-ouest de la Chine (douze millions de per-
sonnes), une région frontalière stratégique avec
le Kazakhstan et l’Afghanistan. La Chine crai-
gnant toute expression de séparatisme et se
déclarant de ce fait inquiète de toute forme de
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« terrorisme islamiste », les Ouïghours font l’ob-
jet d’une très haute surveillance policière. Plu-
sieurs centaines de milliers d’entre eux seraient
emprisonnés dans des camps de rééducation,
lieux qualifiés par le gouvernement chinois de
« centres de formation professionnelle ».
À ce sujet, voir également le document 3 de
l’introduction du thème 5 (« La répression des
Ouïghours en Chine »).
Document 5
Le président turkmène, Gourbangouli Berdi-
moukhamedov est au pouvoir de 2006, à la tête
d’un des pays considérés les plus répressifs au
monde. Les opposants politiques sont systéma-
tiquement emprisonnés et les élections sous
contrôle. Ainsi en février 2017, il a été réélu
pour un troisième mandat avec 98 % des voix.
Gourbangouli Berdimoukhamedov a développé
un véritable culte de la personnalité, comme
en témoigne cette statue de 21 mètres de haut
recouverte de feuilles d’or de 24 carats inaugu-
rée en 2015, sur laquelle il chevauche un cheval.
Ce monument en fait l’égal du tsar de Russie
Pierre le Grand dont la statue de 98 mètres a été
érigée en 1997 à Moscou. Celle de son prédé-
cesseur, tout aussi imposante, a été auparavant
déboulonnée. Les écrits du président (vingt-
neuf livres en douze ans, dont une encyclopédie
en sept volumes sur les plantes médicinales du
Turkménistan) sont diffusés dans tout le pays
et étudiés à l’école. Il s’est octroyé le titre de
« Protecteur » et son portrait s’affiche dans
tout le pays. Selon un ouvrage officiel publié fin
2009, il « tire sa popularité ainsi que son autorité
considérable de Dieu ».
Corrigé des questions
1. Kim Jong-un incarne un pouvoir personnel
s’appuyant sur un parti unique omniprésent, le
culte de la personnalité, une population contrôlée
et fanatisée, une armée pléthorique, la détention
de l’arme nucléaire et une politique de répression
avec des arrestations arbitraires et des empri-
sonnements dans des camps de travail. Il joue à
la fois sur la peur de la déstabilisation du régime
par des régimes étrangers et sur celle d’une
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frappe nucléaire dirigée sur ses voisins ennemis.
Pour élargir l’analyse dans le temps et dans l’es-
pace, se reporter au jalon 1 de l’axe 1 du thème 3
(« Le 38e parallèle, une frontière ente les deux
Corées »), p. 158-161 du manuel.
2. Dans les sociétés démocratiques, la liberté
de la presse est un droit fondamental qui va
de pair avec la liberté d’expression. Mais la
loi rappelle que l’on ne peut pas publier tout
ce que l’on pense au risque de porter atteinte
aux autres. On n’a pas le droit, par exemple
de calomnier, d’injurier ou d’inciter à la haine
raciale ou religieuse, de tenir des propos anti-
sémites, racistes ou homophobes, d’appeler
à la violence physique contre les individus,
de faire l’apologie des crimes de guerre, des
crimes contre l’humanité. De plus, selon le
régime politique, les médias peuvent se voir
interdire certaines pratiques. En France, il est
interdit par exemple, à la différence des États-
Unis, de montrer des personnes présumées
innocentes menottées ou entravées.
Limiter la liberté de la presse permet, en théo-
rie, de contrôler la circulation de l’information et
l’opinion publique si elle n’a accès qu’aux infor-
mations triées par le régime en place. On peut
distinguer plusieurs formes de censure et forme
de coercition : publications soumises à autorisa-
tion gouvernementale, poursuite judiciaire pour
publication de « fausses » informations, ferme-
ture autoritaire de médias, assassinat de journa-
listes. Mais il existe également d’autres formes
de contrôle : corruption de journalistes, monopole
d’État ou de grands groupes proches du pouvoir,
coupure des lignes d’électricité et de téléphone,
blocage de Twitter, Facebook ou YouTube…
Les élèves peuvent être invités à aller sur le site
de RSF pour étudier dans le détail le cas d’un
ou plusieurs pays (par exemple, une démocratie
occidentale et un régime autoritaire), et relever
les différents types d’atteintes à la liberté de
la presse. Il peut être intéressant de s’interro-
ger sur les raisons pour lesquelles une vieille
démocratie comme les États-Unis figure parmi
les pays où la situation en la matière est problé-
matique, et pourquoi la situation en France est
« plutôt bonne » et non « bonne ».
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Thème 1 - Introduction
3. Les autorités chinoises collectent des infor-
mations biométriques sur toutes les personnes
âgées de 12 à 65 ans par un système de vidéo-
surveillance et de reconnaissance faciale. Les
échanges sur le principal réseau social Wechat
sont surveillés tout comme les appels à l’étranger.
Consulter des sites internet étrangers, passer
des appels téléphoniques à ses parents vivants
à l’étranger ou suivre les rites musulmans peut
entraîner la détention arbitraire, qui est un autre
moyen de surveillance plus direct. On estime que
près d’un million de musulmans ont été placés
dans des centres de « transformation par l’édu-
cation » au Xinjiang. Les libertés d’expression, de
croyance et de circulation sont ainsi niées au pré-
texte de la lutte contre le terrorisme.
4. Gourbangouli Berdimoukhamedov affirme
sa toute puissance, son autorité (qui n’est pas
fondée en droit mais sur la personnalité), se
montrant ainsi l’égal du tsar Pierre le Grand,
fondateur de la Russie moderne. Le culte de la
personnalité est un des piliers du pouvoir turk-
mène, basé sur un régime de parti unique.
Vers le bac
5. Les documents présentés permettent de
mettre en avant les caractéristiques d’un État
autoritaire, caractéristiques d’intensité variable :
– Un pouvoir personnel qui, poussé à son
paroxysme, se traduit par le culte de la person-
nalité comme au Turkménistan ou en Corée du
Nord, et l’affirmation de sa force militaire (cas
extrême de la Corée du Nord détentrice de
l’arme nucléaire). Le pouvoir n’appartient donc
pas au peuple et il n’y a pas d’État de droit.
– Le contrôle de la société par une propagande
omniprésente, la surveillance des médias et
même des déplacements des individus (Chine).
Les libertés fondamentales ne sont donc pas
respectées.
– Un appareil répressif et des arrestations arbi-
traires. Pas d’égalité devant la loi.
– Des simulacres d’élections libres (pas d’alter-
nance) et une justice liée au pouvoir (absence
de contre-pouvoir et de principe de légalité).
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Axe 1. Penser la démocratie : démocratie directe et démocratie représentative

Manuel p. 30-39

Ce premier axe du thème I permet aux élèves d’analyser le régime politique dans lequel ils vivent
tout comme de développer leurs connaissances sur la diversité des démocraties dans le monde et
sur leurs évolutions, en leur faisant notamment saisir les différences entre démocratie directe et
démocratie représentative.
Il se décline en deux thématiques d’étude introduites par une double-page posant les problé-
matiques principales. Le jalon 1, intitulé « Une démocratie directe mais limitée : être citoyen à
Athènes au Ve siècle avant J.-C. », est abordé au travers de deux doubles-pages d’étude permettant
de faire le point sur la place du citoyen dans la démocratie athénienne et de relever les menaces
qui pèsent sur le régime. Le jalon 2, « Participé ou être représenté : Benjamin Constant, “Liberté
des Anciens, liberté des Modernes” », est traité dans une double-page consacrée à la pensée de
Benjamin Constant et au régime politique qu’il défend.

BIBLIOGRAPHIE/filmographie/sitographie
◗◗ Livres et revues
-- V. Azoulay, « Athènes. Citoyenneté et démocratie au Ve siècle avant J.-C. », © La documentation
photographique, n° 8111, 2016.
-- C. Mossé, Le Citoyen dans la Grèce antique, © Nathan, 1993.
-- B. Constant, Écrits politiques, © Livre de poche, 1980.
-- M. Gauchet, « Benjamin Constant : l’illusion lucide du libéralisme », préface à Benjamin
Constant, Écrits politiques, © Livre de poche, 1980.
-- N. Tenzer, Histoire des doctrines politiques en France, © PUF, 1996.
-- T. Todorov, Benjamin Constant. La passion démocratique, © Livre de poche, 1997.

◗◗ Bandes dessinées
-- A. Papadatos, A. Di Donna et A. Kawa, Démocratie, © Vuibert, 2015.
-- K. Bazot, Tocqueville, vers un nouveau monde, © Casterman, 2016.
◗◗ Film
-- R. Rossellini, Socrate, 1970, 2h.

◗◗ Sites internet
-- Site de l’université de Fribourg sur la démocratie athénienne à destination des étudiants :
elearning.unifr.ch/antiquitas/fr/modules/3
-- Institut Benjamin Constant : www.unil.ch/ibc/fr/home.html

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DOUBLE-PAGE D’OUVERTURE  p. 30-31
Cette double-page met en regard les deux
conceptions du régime démocratique à l’étude
dans l’axe 1 : la démocratie directe athénienne
d’époque classique et le système représentatif
des régimes contemporains. La scène représen-
tée sur le dinos du VIe siècle symbolise la partici-
pation directe des Athéniens au fonctionnement
de leur démocratie : à l’Ecclesia, ils se réu-
nissent pour débattre de la politique à mener et
élire à main levée leurs stratèges. Réservée aux
hommes de plus de 20 ans, la participation aux
séances de l’Assemblée est, selon les sources
littéraires athéniennes (Thucydide, Aristophane),
souvent agitée par l’actualité politique mais aussi
par les débats sur le fonctionnement de la démo-
cratie et la composition de son corps civique.
Le tableau d’A. Vinchon illustre l’entrée des
régimes contemporains dans l’ère de la repré-
sentation politique. Réalisé à l’époque où Benja-
min Constant milite pour la mise en place d’un
système représentatif, il met en scène la séance
d’ouverture des chambres de la Restauration,
monarchie constitutionnelle entre les mains des
Bourbons (Louis XVIII puis Charles X) rétablie
après l’abdication en deux temps de l’empe-
reur Napoléon Ier (1814 puis 1815). Héritier de
la Révolution française, le régime monarchique,
limité par la Charte de 1814, expérimente le
parlementarisme tout en laissant l’essentiel des
pouvoirs au souverain.
JALON 1 – Être citoyen à Athènes
au Ve siècle avant J.-C. p. 32-33
Longtemps pensée selon une définition théo-
rique proposée par Aristote, la citoyenneté
athénienne gagne en complexité quand elle est
replacée dans l’histoire politique et religieuse de
la cité. Être citoyen dans l’Athènes classique ne
consiste pas seulement à participer aux institu-
tions d’une démocratie pensée hors du temps. La
remarque est d’importance car elle contrarie les
représentations simplistes d’un régime athénien
longtemps tenu comme modèle de la démocra-
tie directe en Occident. Le choix des documents
invite les élèves à réfléchir aux différents critères
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Thème 1 - Axe 1
pour définir la citoyenneté athénienne. Conçue
dans une optique aristotélicienne, la citoyenneté
athénienne revient d’abord aux hommes de plus
de 20 ans chargés de défendre la cité. Selon les
spécialistes contemporains de la Grèce ancienne
(Vincent Azoulay, Violaine Sebillotte Cuchet), elle
fait aussi place aux femmes et aux métèques car
ils participent aux cultes de la cité.
Document 1
La représentation du citoyen par Aristote réduit
la citoyenneté à la seule participation aux insti-
tutions qui est prise alors comme unique critère.
Document longtemps tenu comme une pièce
maîtresse dans l’étude de la citoyenneté et de la
démocratie athéniennes, il propose une concep-
tion restrictive du citoyen qui se distingue par sa
participation aux assemblées, aux magistratures
et aux tribunaux populaires. Cette approche est
aujourd’hui remise en question.
Document 2
La représentation graphique illustre la concep-
tion aristotélicienne retenue traditionnellement
pour définir le citoyen athénien. La communauté
civique athénienne se divise ainsi en deux caté-
gories. La citoyenneté athénienne revient à une
petite élite d’hommes libres qui se distinguent
par leurs droits (participer au fonctionnement
des institutions) et leurs devoirs (défendre la cité
en tant qu’hoplite, cavalier ou rameur [thète]).
Les non-citoyens se subdivisent en deux caté-
gories : les libres (femmes, enfants, étrangers
grecs [métèques]) et les esclaves. Aucune des
deux catégories ne joue un rôle actif dans le
fonctionnement politique de la cité.
Document 3
La fête des Panathénées permet d’élargir la
conception de la communauté civique. Contre
l’approche philosophique et abstraite aristo-
télicienne, la carte et le texte des historiennes
Louise Bruit Zaidman et Pauline Schmitt Pantel
soutiennent une conception anthropologique de
la citoyenneté athénienne. À la fête des Pana-
thénées participent ainsi tous les habitants
d’Athènes, libres et non libres, de tous les quar-
tiers de la ville (asty). Chacun, au niveau qui lui
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
est propre, œuvre pour la cité athénienne en
participant aux cultes, notamment à ceux consa-
crés à la déesse poliade (Athéna), protectrice
d’Athènes.
Document 4
La frise chronologique permet de réinscrire le
régime athénien dans l’histoire de son siècle et
ainsi de ne pas le considérer comme un régime
théorique atemporel. Il est l’enfant d’une histoire
agitée qui voit la démocratie athénienne se ren-
forcer tout au long du Ve siècle, puis s’écrouler
avec la défaite de la guerre du Péloponnèse. Son
corps civique s’élargit ou se restreint en fonc-
tion des politiques menées et des coups d’État
oligarchiques qui se multiplient dans le dernier
tiers du siècle.
Document 5
Le texte de l’historien Xénophon consacré à Thé-
ramène permet de mettre en lumière les diffé-
rentes conceptions de la citoyenneté en fonction
des tendances oligarchiques ou démocratiques
qui se sont succédé au Ve siècle. En démocra-
tie, la citoyenneté politique est réservée aux
hommes capables de défendre la cité en tant
qu’hoplite, cavalier ou rameur (thète). En oli-
garchie, la citoyenneté est réservée aux plus
riches selon des quotas variant en fonction de la
dimension tyrannique du régime (le coup d’État
oligarchique de 411 avant J.-C. envisage ainsi
de donner la citoyenneté à cinq mille personnes
puis de la réserver à quatre cents).
Document 6
Document original et rarement utilisé pour défi-
nir la citoyenneté athénienne, le bas-relief de
la stèle permet de comprendre que la notion de
citoyenneté est soumise aux aléas politiques qui
frappent la cité, notamment quand elle est épui-
sée par la guerre du Péloponnèse. Les Athé-
niens choisissent effectivement de récompenser
leurs derniers alliés en leur offrant la citoyen-
neté athénienne, c’est-à-dire en la donnant à
des Grecs qui ne sont pas Athéniens mais sujets
de leur empire maritime établi au lendemain
des Guerres médiques (la Ligue de Délos).
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Corrigé des questions
1. Le corps civique athénien est, selon Pierre
Vidal-Naquet, un « club d’hommes » privilégiés.
La citoyenneté est réservée aux hommes de plus
de 20 ans (40 000 personnes). Ils doivent défendre
la cité en tant qu’hoplites, cavaliers et rameurs
(thètes). Ils participent aux institutions : Ecclesia,
Héliée et magistratures (archontes, stratèges).
Les métèques, les femmes, les enfants et les
esclaves sont considérés, dans cette conception
aristotélicienne, comme des non-citoyens.
2. La définition aristotélicienne est théorique et
sert une réflexion philosophique. Elle ne tient pas
compte de la dimension cultuelle de la citoyen-
neté athénienne. Les enfants, les femmes, les
métèques et les esclaves appartiennent eux aussi
à la communauté civique et se chargent de la pro-
téger en rendant un culte aux dieux, en participant
à sa vitalité et à sa reproduction.
3. Les limites du corps civique fluctuent au gré des
débats et des soubresauts de l’histoire. Il s’ouvre
aux métèques et aux esclaves quand il faut conso-
lider le régime démocratique (à sa création en 508-
507, lors de la guerre du Péloponnèse). Il se ferme
à l’arrivée au pouvoir d’oligarques qui préfèrent
restreindre la participation politique du peuple.
Vers le bac
4. Loin d’être strictement politique, la citoyen-
neté athénienne se distingue par son caractère
composite. Elle s’apparente à un faisceau de
droits, de devoirs et de privilèges, dont seuls les
hommes possèdent la plénitude. Les femmes,
les enfants, les métèques et les esclaves com-
posent également le corps civique en participant
aux cultes de la cité. Le corps civique est encore
à géométrie variable : il s’ouvre et se ferme en
fonction des changements de régime et des
nécessités du moment.
JALON 1 – Démocratie directe et dérives
politiques  p. 34-35
Loin de son idéalisation abstraite, le régime poli-
tique athénien est régulièrement, au Ve siècle
avant J.-C., menacé par des dérives tyranniques
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de tous genres. Son fonctionnement, les passions
du peuple comme les ambitions des tyrans en
herbe ou des démagogues exposent la cité à de
lourdes menaces. Les documents de cette double-
page s’attachent tout d’abord à décrire ses vertus,
son fonctionnement institutionnel, puis mettent
en exergue ses possibles dérives politiques, dont
certaines seront fatales au régime.
Document 1
Document classique pour l’étude de l’Athènes
classique, l’éloge de la démocratie par Euripide
(accompagnée d’une amphore représentant
Thésée et Pirithoos enlevant l’amazone Antiope)
met en lumière le fonctionnement du régime
tout en soutenant la propagande athénienne lors
de la guerre du Péloponnèse. À la différence de
la tyrannie qui place la cité entre les mains d’un
seul homme, la démocratie athénienne repose
sur l’égalité de tous devant la loi (isonomie),
la liberté d’expression, la participation de tous
à l’élaboration de la vie politique comme aux
magistratures. Souvent mis en perspective avec
l’Oraison funèbre de Périclès dans l’œuvre de
Thucydide, il est un des piliers de l’idéalisation
du régime démocratique athénien.
Document 2
Le texte de Plutarque reprend en partie les
informations de Thucydide sur la démocratie
péricléenne. Plutôt qu’une véritable démocratie,
il faudrait voir en elle un principat entre les mains
d’un homme fort, charismatique et éloquent.
Incarnation vivante de la Grèce des Lumières
par son intelligence, Périclès domine la vie poli-
tique athénienne pendant plus de quarante ans
(du début des années 460 à sa mort en 429 avant
J.-C.). Pilier indispensable au fonctionnement
du régime qu’il a contribué à créer, son autorité
limite tout autant sa dimension démocratique en
retirant au peuple la direction véritable de la cité.
Document 3
Document habituellement utilisé pour l’étude
du fonctionnement politique de la cité athé-
nienne d’époque classique, l’organigramme des
institutions insiste sur la place décisive occu-
pée par les citoyens actifs. À la différence des
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Thème 1 - Axe 1
non-citoyens (femmes, métèques, esclaves), les
hommes de plus de 20 ans participent à la prise
de décision politique à l’Ecclesia, à l’élaboration
des lois (boulè), aux magistratures (stratèges
élus à main levée, archontes tirés au sort) et à
la justice dans le tribunal populaire de l’Héliée.
Document 4
Document faisant écho aux critiques des dérives
du régime pendant la guerre du Péloponnèse,
le texte d’Aristophane souligne l’importance
croissante des démagogues (tels Cléon) lors du
conflit et la dangerosité des passions qui guident
un peuple vivant du misthos. Ces dérives sont à
l’origine de la radicalisation du régime qui, année
après année lors de la guerre du Péloponnèse,
se transforme en un gouvernement tyrannique
de la foule (ochlocratie) critiqué par les sources
littéraires de l’époque (Thucydide, Platon,
Euripide, Aristophane, le Pseudo-Xénophon).
Document 5
Document couramment utilisé dans l’étude de
la démocratie athénienne classique, le texte de
Plutarque (accompagné d’un tesson de pote-
rie) montre le fonctionnement d’un garde-fou
décisif du régime. Contre les représentations
simplistes de la procédure, l’historienne améri-
caine Sarah Forsdyke montre que l’ostracisme
athénien est un procédé « doux » qui faisait la
gloire de la démocratie athénienne par opposi-
tion aux régimes tyranniques ou oligarchiques
qui tuaient ou exilaient leurs opposants non pas
pour dix ans, mais de façon définitive.
Corrigé des questions
1. La démocratie athénienne repose sur la parti-
cipation directe des citoyens aux institutions. Ils
participent aux débats de l’Ecclesia quatre fois
par mois pour voter les lois, élaborer les lois au
conseil des 500 (boulè), juger à l’Héliée (tribunal
populaire) et occuper eux-mêmes les magis-
tratures. La participation directe des citoyens
repose sur leur disponibilité, garantie par le sys-
tème esclavagiste et le misthos qui indemnise
les journées de travail perdues.
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
2. La démocratie athénienne a été longtemps
tenue comme un modèle par les régimes
contemporains en raison de la place qu’elle
accorde aux citoyens dans la prise de décision
politique. À la différence des régimes représen-
tatifs, ce sont les citoyens eux-mêmes qui votent
à l’assemblée où la liberté de parole est garan-
tie. On retient souvent encore comme socle de
l’idéalisation du régime l’égalité de tous devant
la loi, la légalité et la participation du peuple
aux décisions de justice.
3. La démocratie athénienne se protège des
dérives tyranniques par plusieurs procédés. Le
régime compte sur la reconnaissance du rôle
positif du peuple, sur la légalité de son sys-
tème mais aussi sur l’élection à main levée des
aristocrates les mieux à même de réfréner les
passions populaires (à l’image de Périclès).
L’ostracisme (doc. 5) doit encore être considéré
comme une protection contre la tyrannie.
4. Les historiens n’ont retrouvé aucune source lit-
téraire célébrant explicitement le régime démo-
cratique athénien dans son expression populaire.
Rédigés par des intellectuels nés dans les plus
grandes familles, les textes d’époque classique
expriment souvent un point de vue politique
modéré qui se méfie des passions du peuple (l’avi-
dité mais aussi la colère, la bêtise, l’ambition…).
5. L’arrivée des démagogues et la transformation
du régime en un gouvernement tyrannique de la
foule conduisent à durcir sa politique extérieure
et à radicaliser sa vie politique. La politique des
démagogues alimente l’opposition oligarchique
qui souhaite retirer le pouvoir au peuple consi-
déré comme passionné et irrationnel. Les coups
d’État oligarchiques de 411 et de 404 affaiblissent
la cité athénienne qui doit alors subir la tyrannie
de la majorité ou celle des oligarques : la défaite
de 404 renverse, provisoirement, la démocratie.
Vers le bac
6. L’histoire de la démocratie athénienne est
prise dans des dynamiques contradictoires. Deux
conceptions de la démocratie s’opposent tout au
long du siècle. Les oligarques cherchent à res-
treindre le corps civique. Tel est le cas lors des
coups d’État oligarchiques en 411 (cinq mille puis
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quatre cents citoyens) et 404 (trois mille citoyens) :
il faut limiter la citoyenneté aux plus vertueux,
c’est-à-dire aux nobles et aux plus riches, et
exclure le peuple déconsidéré pour ses tares
morales. À l’inverse, les démocrates cherchent à
ouvrir le régime en permettant aux plus pauvres
de participer réellement aux institutions grâce
au misthos ainsi qu’en offrant la citoyenneté aux
esclaves et aux métèques lors de la fondation de
la démocratie et de la guerre du Péloponnèse.
JALON 2 – Participer ou être représenté
 p. 36-37
Observateur critique de la Révolution et de l’Em-
pire, Benjamin Constant est élu député sous
la Restauration (1815-1830). Il consacre sa vie
à la défense des valeurs de 1789 et à la lutte
contre les dérives despotiques du processus
révolutionnaire. Ses analyses fondent les bases
théoriques de la démocratie libérale représen-
tative. La double-page entend montrer combien
les textes théoriques de Benjamin Constant
prennent tout leur sens lorsqu’ils sont replacés
dans leur contexte historique (chronologie poli-
tique, organigramme des institutions de la Res-
tauration, carte des régimes politiques en 1815).
Document 1
Texte abrégé, cet extrait du discours De la liberté
des Anciens comparée à celle des Modernes
constitue le cœur de l’étude. Il expose effective-
ment la pensée de Benjamin Constant pour qui
il est impossible, au XIXe siècle, de reproduire la
démocratie directe athénienne. Il explique qu’il
faut désormais recourir au système représenta-
tif de façon à permettre à chacun de jouir de ses
libertés individuelles, tout en mettant en garde
ses contemporains contre les dangers du désin-
vestissement politique.
Document 2
La carte des régimes politiques européens en
1815 illustre la théorie de Benjamin Constant.
L’avènement des nations contemporaines
empêche, du fait de leur taille gigantesque
(surtout quand elle est comparée à la taille
réduite des cités antiques) comme du dévelop-
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pement d’une économie marchande capitaliste,
de reconduire directement l’expérience de la
démocratie athénienne. En Europe s’opposent
deux types de régimes : les régimes représen-
tatifs (France, Grande-Bretagne, royaumes des
Pays-Bas et de Norvège) défendus par Constant
et les monarchies absolues qui lui font horreur.
Document 3
La frise chronologie permet de cerner le
contexte politique dans lequel la pensée de
Benjamin Constant s’épanouit. Partisan de la
Révolution française qui garantit la liberté
politique et les droits de l’Homme, Benjamin
Constant s’oppose aux dérives politiques qui
plongent la France dans la violence et l’arbitraire
(Robespierre, Empire).
Document 4
Le discours de Robespierre constitue un exemple
des dérives politiques contre lesquelles Benjamin
Constant s’est constamment battu. Contre la vio-
lence révolutionnaire qui légitime une démocra-
tie arbitraire entre les mains d’un seul homme
et la mise en place d’un régime autoritaire enva-
hissant et brutal, Benjamin Constant prône un
régime libéral qui défend les droits de l’individu.
Document 5
L’organigramme des institutions de la monarchie
constitutionnelle de la Restauration permet de
montrer à la fois le fonctionnement d’un régime
dans lequel Constant a été élu député et l’im-
portance de la représentation du pouvoir qu’il
défend (élections à la chambre des députés).
On note toutefois que la mainmise du roi sur le
pouvoir cadre mal avec la conception libérale de
Benjamin Constant.
Corrigé des questions
1. La liberté des Anciens est fonction des condi-
tions politiques de la cité antique (cité de taille
réduite, peu peuplée, esclavagiste, tournée
vers la guerre menée par des citoyens-sol-
dats). La liberté des Modernes s’explique par
les mutations historiques subies par les nations
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Thème 1 - Axe 1
contemporaines. Plus grandes et plus peu-
plées, marchandes et industrialisées, elles ont
besoin d’un régime représentatif qui laisse aux
citoyens la possibilité de se livrer à leurs activi-
tés personnelles et qui garantit la jouissance de
leurs libertés. Exemple incarnant la liberté des
Anciens, la démocratie athénienne repose sur la
participation directe des citoyens au fonctionne-
ment de ses institutions. Condition nécessaire
à leur liberté individuelle, les contemporains
délèguent leurs pouvoirs à des représentants
dans le cadre de régimes parlementaires
(monarchie parlementaire anglaise ; monarchie
constitutionnelle de 1789 ; monarchie de la
Restauration). Le suffrage est censitaire.
2. Défenseur des acquis de la Révolution
française de 1789, Benjamin Constant est
farouchement opposé à la radicalisation du
processus révolutionnaire qui conduit à la révo-
lution de 1793 et à ses dérives robespierristes
tout comme au Consulat et à l’Empire. Ces deux
derniers régimes vident de son sens le terme de
république pour concentrer le pouvoir entre les
mains d’un homme autoritaire.
3. Le libéralisme de Benjamin Constant se
dresse contre tous les abus de pouvoir exercés
au nom de la collectivité comme lors de la
Terreur qui utilise la légitimité démocratique
pour justifier une répression brutale contraire à
la liberté des individus.
4. La Restauration est un régime représenta-
tif qui expérimente le parlementarisme grâce
aux élections de la Chambre des députés. La
monarchie constitutionnelle limitée par la
Charte de 1814 n’est cependant pas une démo-
cratie car elle concentre les pouvoirs entre les
mains du monarque qui nomme la Chambre des
pairs et limite le pouvoir réel des députés.
Vers le bac
5. Benjamin Constant défend les acquis de
la Révolution française de 1789. Il soutient la
liberté individuelle garantie par le respect des
droits de l’Homme et le régime représentatif mis
en pratique à l’occasion de la monarchie consti-
tutionnelle de 1789-1792, de la République, du
Directoire puis de la Restauration (1815-1830).
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Méthode : Réaliser une frise chronologique

Manuel p. 41

Entraînement R
 éalisez une frise chronologique montrant les grandes étapes de l’installation de
la démocratie représentative en France. Vous montrerez la succession des régimes
politiques depuis la Révolution.

Étape 1 : Préparer la frise chronologique

Dans un premier temps, vous devez faire l’inventaire des dates et/ou des périodes que vous devrez
mémoriser à l’aide du manuel page 37.
Quels régimes politiques se sont succédé en France depuis la Révolution ?
1789 : Monarchie constitutionnelle sous Louis XVI
1792-1804 : Première République
1804-1815 : Premier Empire
1815 : Monarchie constitutionnelle sous Louis XVIII
Quelles sont les grandes étapes de l’installation de la démocratie représentative en France ?
1789 : Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : liberté d’expression et liberté religieuse
des citoyens
1791 : Loi Le Chapelier/décret d’Allarde : liberté de commerce et d’industrie
1793-1794 : La Terreur
1795-1799 : République conservatrice
1804-1815 : Concentration des pouvoirs entre les mains de Napoléon Ier
1815 : Suffrage censitaire

Étape 2 : Réaliser la frise chronologique

Après avoir pris votre cahier en format « paysage », tracez une bande de 26 cm de long sur 15 cm
de haut.
Placez des intervalles tous les centimètres sur l’axe horizontal ; commencez à inscrire les dates en
commençant par 1789 pour terminer à 1815. Vous aurez donc une échelle équivalente à « 1 cm = 1 an ».
Divisez ensuite verticalement votre bande chronologique en trois étages d’inégale importance.
La première bande, qui sera la plus petite (3 cm), servira de contexte : vous y noterez « Époque
contemporaine ». La seconde bande (6 cm) vous permettra d’indiquer les différents régimes
politiques qui se sont succédé en France depuis 1789. Enfin, dans la dernière bande (6 cm égale-
ment), vous inscrirez les grandes étapes de l’installation de la démocratie représentative.
Conseil : utilisez différents coloris pour faire ressortir visuellement les différentes périodes et les
évènements historiques associés.

Étape 3 : Finaliser la frise chronologique

Donnez un titre à la frise.
Vous pouvez également imprimer puis coller des portraits de personnage (Napoléon Ier, Louis XVIII…) ou
des images d’évènement (prise de la Bastille, représentation de la Déclaration des droits de l’Homme
et du citoyen…) aux endroits correspondants. Cela vous aidera à mieux mémoriser votre frise.

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 Thème 1 - Méthodes

Méthode bac : Analyser un organigramme politique

Manuel p. 43

Entraînement A
 nalysez l’organigramme des institutions à Athènes au Ve siècle avant J.-C.,
document 3 p. 35.

Étape 1 : comprendre la structure de l’organigramme

L’organigramme représente les institutions de la démocratie athénienne. Pour chaque institution est
indiquée le nombre de membres qui la composent et son rôle. Les différentes couleurs mettent en relief
les prérogatives de chacun au sein de la démocratie. À la base de l’organigramme, la société athénienne
est répartie entre citoyens et non-citoyens. Par conséquent, il se lit de bas en haut. Les flèches per-
mettent d’étudier la nature des relations entre les institutions elles-mêmes et avec les citoyens.

Étape 2 : mobiliser ses connaissances pour expliquer l’organigramme

On distingue plusieurs institutions : la Boulè (rôle législatif, se charge des lois et conseils), l’Héliée
(rôle judiciaire, tribunal), l’Ecclésia (rôle exécutif et législatif, assemblée de tous les citoyens). À cela
s’ajoutent les magistrats de chaque institution (héliastes, bouleutes) mais aussi les stratèges qui ont
un rôle politique et militaire affirmé. Cet équilibre atteste bien de l’existence d’une démocratie : les
pouvoirs sont séparés et les attributions relèvent de l’exécutif, du législatif et du judiciaire.
La base de la démocratie athénienne est formée par les citoyens dont les critères d’appartenance
sont précisés. Ainsi, seuls les citoyens peuvent participer aux institutions de cette démocratie directe.
Pour être citoyen, il faut remplir trois critères : être nés de parents athéniens (droit du sang), être né
à Athènes (droit du sol) et avoir fait son service militaire.

Étapes 3 et 4 : Analyser l’organigramme et rédiger la réponse au sujet

Cet organigramme permet de mettre en relief deux grandes particularités de la démocratie athé-
nienne : une démocratie directe… mais une citoyenneté restrictive.
La démocratie athénienne repose sur la participation de tous les citoyens à l’exercice du pouvoir, c’est
l’isonomie. Ainsi, l’Ecclésia regroupe les quarante mille citoyens qui ont des droits et des devoirs poli-
tiques. D’abord, siéger quatre fois par mois à l’Ecclésia, participer au tirage au sort des principaux
magistrats : bouleutes, héliastes et stratèges. Ensuite, voter les lois, la guerre ou la paix, participer
aux débats publics sur la Pnyx. Pour toutes ces fonctions, les citoyens disposent d’une indemnité com-
pensatoire (le misthos) et d’un même temps de parole (l’iségorie). La parole est autant un atout qu’un
inconvénient car certains citoyens peuvent être frappés d’ostracisme (exil) s’ils sont considérés dange-
reux ou contraires aux principes de la démocratie. Être citoyen à Athènes est donc un métier.
S’ils sont tirés au sort, les citoyens peuvent aussi être élus : à la Boulè, auquel cas ils se voient
confier la charge de préparer les lois ; à l’Héliée, où ils sont chargés pour un an de rendre la justice ;
ou enfin magistrats, auquel cas ils endossent la charge de diriger la cité et l’armée, et de veiller à
l’application des lois. Il s’agit donc d’une démocratie directe puisqu’il n’y a pas de représentants
élus. Cette démocratie directe a toutefois des limites. La base de la démocratie, le démos, est consti-
tuée de citoyens et de non-citoyens. Mais seuls les premiers participent au fonctionnement de la
démocratie. Ainsi, ni les femmes, ni les étrangers (métèques, ceux qui n’ont pas de sang athénien),
ni les esclaves n’interfèrent dans le processus démocratique. Pourtant, ils participent au bon dérou-
lement de la démocratie. Ainsi, les esclaves, par leur travail, libèrent les citoyens de leurs tâches
afin qu’ils puissent se rendre aux assemblées. Les femmes transmettent la citoyenneté et se char-
gent de transmettre aux enfants, aux jeunes éphèbes, les principes démocratiques. Elles participent
aussi aux fêtes religieuses qui recouvrent un aspect politique comme les Panathénées.

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Axe 2. Avancées et reculs des démocraties

Manuel p. 44-55

Cet axe permet aux élèves d’analyser le régime politique dans lequel ils vivent tout comme de déve-
lopper leurs connaissances sur la diversité des démocraties dans le monde et sur leurs évolutions,
en leur faisant notamment comprendre combien les démocraties contemporaines sont prises dans
des dynamiques historiques qui les renforcent ou les affaiblissent.
L’axe se décline en trois thématiques d’étude. Le jalon 1, intitulé « Tocqueville et la démocratie amé-
ricaine », est abordé au travers de documents qui permettent de saisir comment Tocqueville a com-
pris l’essence de la démocratie contemporaine et a su anticiper les menaces qui pesaient sur elle.
Le jalon 2, « Le Chili de 1970 à 1973 : crises et fin de la démocratie », est traité dans une double-
page qui montre la fragilisation croissante du régime de Salvador Allende de 1970 à 1973. Le jalon 3,
« D’un régime autoritaire à la démocratie : le Portugal et l’Espagne de 1974 à 1982 », retrace le pro-
cessus inverse. Deux doubles-pages mettent ainsi en lumière les logiques et les étapes des transi-
tions démocratiques dans la péninsule ibérique dans la seconde moitié des années 1970.

BIBLIOGRAPHIE/FILMOGRAPHIE/SITOGRAPHIE
◗◗ Livres
-- A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, tomes I et II, © Flammarion, 1981.
-- C. Dubois, Alexis de Tocqueville. Vie, œuvres, concepts, © Ellipses, 2004.
-- N. Tenzer, Histoire des doctrines politiques en France, © PUF, 1996.
-- P. Manent, Tocqueville et la nature de la démocratie, © Gallimard, 1982.
-- B. Krulic, Tocqueville, © Gallimard, 2016.
-- F. Gaudichaud, Chili 1970-1973. Mille jours qui ébranlèrent le monde, © Presses universitaires de
Rennes, 2013.
-- Y. Léonard, La Révolution des Œillets, © Chandeigne, 2003.
-- L. Jorge, Les Mémorables, © Métailié, 2015.
-- F. Campuzano, La Transition espagnole : entre réforme et rupture (1975-1986), © PUF, 2011.

◗◗ Bandes-dessinées
-- D. et A. Frappier, Là où se termine la terre, © Steinkis, 2017.
-- J. González et O.Bras, Maudit Allende !, © Futuropolis, 2015.

◗◗ Films
-- D. D’Souza, America : Imagine the World without Her, 2015, 1h45.
-- P. Guzman, Salvador Allende, 2004, 1h40.
-- M. de Medeiros, Capitaines d’avril, 2001, 2h04.
-- P. Almodovar, Talons aiguilles, 1992, 1h53.
-- L. Baier, Les Grandes ondes (A l’Ouest), 2014, 1h25.
-- A. Carracedo, R. Bahar, Le Silence des autres, 2019

◗◗ Émission de radio
-- France Culture, émission Les chemins de la philosophie, « Les États-Unis vus par les philosophes
(1/4). Tocqueville à la découverte de la démocratie », 52 min.

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DOUBLE-PAGE D’OUVERTURE p. 44-45
Cette double-page met en regard Alexis de
Tocqueville et les acteurs des périodes au pro-
gramme pour symboliser combien le philosophe
français a su anticiper, dès le XIXe siècle, les
mutations nées des passions égalitaristes et les
dérives des démocraties de la fin du XXe siècle. De
la démocratie en Amérique s’attache notamment
à comprendre comment il est possible de proté-
ger la liberté dans une démocratie individualiste
et égalitariste. La première photographie repré-
sente Salvador Allende au lendemain de sa victoire
électorale au Chili en 1970 et les débuts promet-
teurs de son gouvernement d’Unité populaire. La
seconde symbolise la passation de pouvoir entre
le dictateur Franco et le futur roi d’Espagne Juan
Carlos qui sera la cheville ouvrière de la transition
démocratique espagnole. Le programme propose
de comparer ce processus pacifique avec celui qui
conduit le Portugal à tourner le dos à la dictature
de Salazar pour fonder une véritable démocratie
libérale à la fin des années 1970.
JALON 1 – Tocqueville et la démocratie
américaine  p. 46-47
Lors d’un voyage aux États-Unis, Tocqueville
comprend comment la démocratie garantit la
liberté et l’égalité tout en instaurant une nou-
velle forme de société. Fondateur du libéra-
lisme politique, il utilise l’exemple américain
pour analyser la démocratie contemporaine :
« Dans l’Amérique, j’ai vu plus que l’Amérique,
j’y ai cherché une image de la démocratie elle-
même ». À la suite de B. Constant, le philo-
sophe français cherche à défendre les libertés
de l’individu face à l’emprise étouffante d’un
État autoritaire et contre les dérives propres au
régime représentatif qui conduit les individus à
se désintéresser de la vie politique. La double-
page est conçue pour comprendre les idées clés
de Tocqueville et voir combien elles ont su trou-
ver leurs application dans les régimes de son
temps (la démocratie américaine, la Seconde
République française) comme dans ceux d’au-
jourd’hui (démagogie populiste de Trump aux
États-Unis, Bolsonaro au Brésil…).
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Thème 1 - Axe 2
Document 1
Extrait de De la démocratie en Amérique, le texte
aborde une idée maîtresse de Tocqueville :
l’histoire conduit l’homme à la démocratie. Les
mouvements populaires, les révolutions et les
changements de régime sont mus par le désir
égalitariste du peuple. La mise en place d’un
régime représentatif laisse cependant planer
la lourde menace du désintérêt croissant des
individus pour la vie politique et ouvre ainsi la
porte à la tyrannie de l’État ou d’un ambitieux qui
pourrait s’emparer seul du pouvoir.
Document 2
Le deuxième extrait de De la démocratie en Amé-
rique porte sur les garde-fous des régimes repré-
sentatifs. En plus de la séparation des pouvoirs,
des élections de représentants et du respect des
lois, il faut encore lutter contre le désinvestis-
sement de l’individu dans la sphère publique
par l’instauration d’une véritable démocratie
de proximité. La participation du peuple aux
affaires locales permet d’entretenir son intérêt
pour la vie de sa communauté et l’empêche de
se consacrer à ses seuls intérêts privés.
Document 3
L’organigramme permet de faire comprendre
aux élèves le fonctionnement du régime politique
qui a servi de laboratoire de pensée à Alexis de
Tocqueville. On y voit la séparation des pouvoirs,
l’élection des représentants (Sénat, Chambre des
représentants mais aussi, au suffrage universel
indirect, président de la République) ainsi que
les modalités du suffrage universel (qui exclut
à l’époque les minorités telles que les femmes,
les Noirs, les Amérindiens et les pauvres).
Document 4
Ce double document illustre les craintes de
Tocqueville. Quelques années après la rédac-
tion de De la démocratie en Amérique, la Seconde
République est incapable de faire barrage aux
ambitions du futur Napoléon III, en partie en rai-
son de l’absence de culture politique du peuple
français qui est encore séduit par la légende
dorée napoléonienne.
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
Document 5
Ce document illustre lui aussi la grande lucidité
des analyses de Tocqueville qui, il y a un siècle
et demi, a compris à quel point les démocraties
représentatives contemporaines pouvaient être
la proie de démagogues qui, habiles et manipula-
teurs, savent profiter de l’ignorance ou du défaut
d’implication politique de leurs contemporains.
Corrigé des questions
1. Héritière de Montesquieu, la démocratie amé-
ricaine repose sur la séparation des pouvoirs et
leurs contrepoids pour éviter l’instauration de la
tyrannie. Les citoyens actifs élisent au suffrage
universel direct leurs représentants au Sénat et
à la Chambre des représentants (pouvoir légis-
latif). Pour éviter le pouvoir personnel, ils élisent
au suffrage universel indirect leur président par
le biais de grands électeurs. Le suffrage univer-
sel reste, dans les États-Unis du XIXe siècle, rela-
tivement limité puisqu’il exclut les plus pauvres,
les femmes et les minorités ethniques.
2. Tocqueville est convaincu que l’histoire
conduit l’homme à la démocratie. La révolu-
tion démocratique plonge ainsi ses racines loin
dans le temps. D’un siècle à l’autre, les hommes
recherchent toujours plus d’égalité : le clergé
ouvre ses rangs à tous, pauvres ou riches ; les
nobles se ruinent dans des guerres privées,
alors que les roturiers s’enrichissent par le
commerce ; les rois rabaissent la noblesse et
font participer au gouvernement les ordres infé-
rieurs de l’État (même des inventions comme
les armes à feu égalisent le vilain et le noble sur
le champ de bataille). Cette marche providen-
tielle vers la démocratie se réalise en plusieurs
étapes : recherche de l’égalité => égalisation des
conditions => recherche de la liberté => instau-
ration d’une démocratie individualiste.
3. La société et les institutions américaines
illustrent la conception de la démocratie
moderne chez Tocqueville par leur souci d’as-
surer le libéralisme politique (l’égalité des
droits politiques, la souveraineté populaire et
la méfiance à l’égard du pouvoir personnel ou
du césarisme par le recours à de grands élec-
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teurs). Leur souci de préserver la liberté passe
également par l’avènement d’un libéralisme
économique qui doit garantir la réussite et l’en-
richissement des individus. On relève cependant
des limites : un suffrage censitaire réservant le
droit de vote aux propriétaires blancs et la cen-
tralisation du pouvoir à l’échelon fédéral qui est
source de despotisme selon Tocqueville.
4. La pensée de Tocqueville s’inscrit dans les
représentations communes des libéraux du
XIXe siècle. Comme Benjamin Constant, il voit
dans l’individualisme excessif, c’est-à-dire le
retrait de l’individu de la sphère publique et la
délégation aveugle du pouvoir à des représen-
tants, les sources de la tyrannie. Tocqueville
innove cependant en mettant en lumière le
concept de tyrannie de la majorité ou de l’opinion.
5. Tocqueville anticipe le mal futur des démocra-
ties contemporaines car, le premier, il a su com-
prendre combien le désinvestissement politique
et le repli individualiste alimentent les ambitions
des tyrans en herbe et ouvre la voie à la déma-
gogie qui se repaît de l’ignorance ou du règne
débilitant de l’opinion majoritaire peu informée.
Vers le bac
6. Pour contrer les tendances individualistes
de la démocratie moderne, Tocqueville pro-
pose d’intéresser le peuple à la gestion du bien
public. Cela passe d’abord par la mise en place
d’une démocratie participative à l’échelle locale,
puis par le rapprochement du pouvoir et des
citoyens grâce à la décentralisation, et enfin
par le contrôle de l’État fédéral par le biais, par
exemple, d’associations politiques, des contre-
pouvoirs (presse ou contrôle mutuel des pou-
voirs : procédure d’empêchement, nomination
des juges de la Cour suprême par le président). Il
s’agit aussi d’informer les citoyens pour contrer
la tyrannie de l’opinion majoritaire qui se nourrit
des idées les plus simples.
JALON 2 – Le Chili de 1970 à 1973 :
crises et fin de la démocratie  p. 48-49
Élu président de la République en 1970, Salvador
Allende instaure un gouvernement d’Unité
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populaire pour conduire le Chili sur la voie d’un
socialisme réformiste. Les difficultés écono-
miques, les pressions américaines comme les
rivalités politiques d’un pays hésitant entre révo-
lution communiste et dictature conservatrice
mènent cependant la démocratie chilienne au
chaos. La double-page tente de montrer pour-
quoi les tentatives de conciliation avec l’oppo-
sition politique ne réussissent pas à maintenir
S. Allende au pouvoir. Il s’agit ainsi de présenter
le programme socialiste réformiste du gouver-
nement d’Unité populaire, de l’inscrire dans son
temps grâce à une chronologie et de montrer
comment Allende échoue à trouver une voie de
gouvernement capable de satisfaire les attentes
des différentes forces politiques de son pays.
Document 1
La chronologie permet de retracer l’histoire
du gouvernement d’Unité populaire, de mon-
trer les obstacles croissants qui se dressent
sur la route d’Allende (opposition américaine,
manifestations populaires, contestations de la
droite comme de la gauche révolutionnaire) et
de périodiser le processus qui conduit ainsi la
démocratie chilienne à sombrer dans le chaos
et à devenir la proie du coup d’État de Pinochet.
Document 2
La photographie de Salvador Allende le montre à
la tribune en train de défendre son programme
socialiste réformiste (« voie chilienne vers le socia-
lisme ») qu’il entend mettre en œuvre avec son
gouvernement d’Unité populaire, coalition de six
partis de centre gauche et de la gauche chilienne.
Document 3
Le document donne un aperçu du socialisme
réformiste de Salvador Allende. À la différence de
l’extrême gauche qui entend prendre le pouvoir
par la révolution et conduire la société sur la voie
du communisme hors du cadre légal de la démo-
cratie libérale, Allende cherche à transformer la
société sans faire violence à l’État, en votant des
lois réformistes pour redistribuer les richesses.
Cela consiste notamment à créer une « Aire de
propriété sociale » qui vise à nationaliser les prin-
cipaux secteurs de l’économie chilienne.
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Thème 1 - Axe 2
Document 4
La caricature permet de comprendre la fragi-
lité et la faible marge de manœuvre politique de
l’Unité populaire. Salvador Allende est en effet
obligé de composer avec les forces hétéroclites
qui forment son gouvernement et qui ont cha-
cune leur propre idée et leurs priorités pour
conduire le Chili sur la voie de la stabilité poli-
tique et économique.
Document 5
Cet extrait de la lettre de la coordination des
Cordons industriels de Santiago à Salvador
Allende montre comment ce dernier s’est coupé
de ses soutiens politiques initiaux. D’abord favo-
rable au gouvernement d’Unité populaire, l’ex-
trême gauche se sent trahie par le réformisme
d’Allende qui, en négociation avec la droite, ne
conduit pas assez vite le pays sur la voie du
socialisme. Dans une rhétorique habituelle à
l’extrême gauche, cette lettre dénonce la traî-
trise d’Allende et accuse son gouvernement de
conduire le pays au fascisme capitaliste.
Document 6
La photographie symbolise la fin tragique du
gouvernement Allende, victime d’un coup d’État
fomenté par le général Pinochet, alors com-
mandant en chef de l’armée chilienne, qui pliera
le Chili à la tyrannie d’une dictature brutale
jusqu’en 1990. On y voit l’armée procéder à des
arrestations de personnes qui seront, avec des
milliers d’autres durant la dictature, détenues,
torturées, tuées ou disparues.
Corrigé des questions
1. L’échiquier politique chilien est profondément
divisé dans les années 1970. La droite et l’ex-
trême droite soutenues par les riches proprié-
taires et les patrons des entreprises refusent
la redistribution des richesses, comptent sur
le soutien des États-Unis comme de l’armée
pour éviter l’instauration d’un régime socialiste
ou communiste. L’extrême gauche entend faire
la révolution pour mener rapidement le pays
sur la voie du communisme qui permettra de
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
redistribuer les richesses, de déposséder les
plus grandes fortunes et d’assurer ainsi, dans
le cadre d’une dictature du prolétariat, l’instau-
ration d’une démocratie populaire garantissant
l’égalité sociale. Salvador Allende et ses alliés
politiques entendent mettre en œuvre un pro-
gramme socialiste réformiste qui doit conduire,
par la réforme et dans un cadre légal, le pays sur
la voie d’une plus grande justice sociale.
2. En s’engageant ainsi dans une voie réformiste,
Allende doit ménager les différentes forces poli-
tiques du pays. Il doit satisfaire un mouvement
populaire mené par des organismes révolution-
naires (cordons industriels, Mouvement de la
gauche révolutionnaire [MIR]) sans effrayer les
partis conservateurs. Le caractère hétéroclite de
son gouvernement d’Unité populaire lui impose
également de longues et difficiles négociations
à mener avec une grande diversité de courants
politiques.
3. Tout au long de sa présidence, Allende est
confronté à de nombreuses critiques venues des
États-Unis qui entendent exclure de leur chasse-
gardée sud-américaine toute forme de gouver-
nement socialiste ou communiste, mais aussi de
tous les courants politiques chiliens : même la
gauche le condamne pour ne pas conduire assez
rapidement une véritable révolution sociale. Si
les forces politiques chiliennes contestent son
gouvernement au sein de l’Assemblée, elles se
font entendre également dans la rue. Chaque
force politique organise effectivement de vio-
lentes grèves ou manifestations pour bloquer le
pays et forcer Allende à changer de cap politique.
4. De 1970 à la fin de l’année 1971, le gouver-
nement Allende suscite l’espoir d’une grande
partie des classes populaires. De décembre
1971 jusqu’à l’été 1973, l’Unité populaire est
violemment contestée par la droite comme par
1970-déc. 1971 :
le temps de l’euphorie
politique
Le gouvernement Allende
soutenu par la majeure par-
tie du peuple chilien.
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l’extrême gauche qui multiplie les grèves et les
manifestations. Du mois de juin 1973 jusqu’au
11 septembre 1973, le gouvernement Allende est
la proie de critiques très virulentes à l’Assem-
blée (la droite déclare le gouvernement illégal)
et de tentatives de coup d’État qui finiront par
avoir raison de lui.
Vers le bac
5. Dans un Chili miné par la crise économique
et sous pression américaine, la révolution légale
d’Allende tente, sans y parvenir, de concilier les
différentes forces politiques afin de conduire le
Chili sur la voie du réformisme socialiste. Les
négociations, l’entrée au gouvernement de ses
ennemis de droite, les tractations avec l’extrême
gauche se soldent par un discrédit croissant de
l’Unité populaire. Le gouvernement se coupe
alors du peuple comme des milieux conserva-
teurs. Sans soutien politique, Allende perd sa
légitimité et ne réussit pas à contrer le spectre
de la dictature conservatrice du général Pinochet.
JALON 3 – Le Portugal de 1974 à 1982 :
d’un régime autoritaire à la démocratie
p. 50-51
Le Portugal rompt avec le régime fascisant de
Salazar au terme de la journée révolutionnaire
du 25 avril 1974. Conditionné par le règlement
de la question coloniale et la mort du dictateur
(1970), le retour à la démocratie ne s’effectue
pas sans heurts ni rivalités. Pour s’enraciner
solidement, la démocratie parlementaire doit
traverser deux années agitées par les difficul-
tés économiques et la concurrence des modèles
politiques. La double-page vise à montrer les
dynamiques et les principales étapes de la tran-
sition démocratique au Portugal. Après avoir
Déc. 1971-été 1973 : Juin 1973-11 sept. 1973 :
le temps de la contestation le temps du déclin
politique Le gouvernement Allende
Le gouvernement Allende succombe sous les coups
est violemment critiqué par violents de l’opposition
la droite comme par l’ex-
trême gauche
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rappelé les principaux événements de la révolu-
tion des Œillets dans la chronologie, le dossier
évoque la conception de la transition démocra-
tique selon Soares, donne la parole à l’un de ses
principaux opposants communistes et montre
combien la réussite de Soares dépend de sa
capacité à remporter les élections législatives.
Document 1
La chronologie met en lumière la dimension paci-
fique de la révolution des Œillets et montre quels
adversaires M. Soares doit affronter pour assurer
la transition démocratique du Portugal. En dépit
des grèves, des tentatives de coup d’État et des
oppositions politiques brutales, le PSP réussit
à imposer la démocratie en faisant adopter une
Constitution en 1976, en remportant les élections
législatives et en assurant l’intégration du Portugal
dans la Communauté économique européenne.
Document 2
La photographie représente la cheville ouvrière
de la transition démocratique portugaise lors de
la révolution des Œillets : Mário Soares, chef du
Parti socialiste portugais. Il tient à la main un
œillet rouge, signe que les conjurés portaient à
leur boutonnière. Fervent défenseur de la démo-
cratie et farouche opposant au régime dictato-
rial de Salazar, il a participé au Mouvement pour
l’unité nationale contre le fascisme et au Mouve-
ment pour l’unité démocratique. Il a été déporté
dans l’île de São Tomé en 1968 puis s’est exilé en
France jusqu’à la révolution des Œillets.
Document 3
Dans cet extrait de ses mémoires, Mário Soares
retrace les différentes étapes de la transition
démocratique portugaise. Après une révolution
pacifique menée par l’armée, le parti socialiste
portugais réussit à démocratiser le pays en s’op-
posant à la stratégie révolutionnaire proposée
par le Parti communiste qui refusait d’organiser
des élections libres pluripartites.
Document 4
Le document exprime les revendications révolu-
tionnaires d’un opposant politique au parti socia-
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Thème 1 - Axe 2
liste : le COPCON (Commandement opérationnel
du continent, commandement militaire créé par
le MFA dans la période suivant la révolution et
dissous après le coup d’État du 25 novembre
1975). Dans une rhétorique familière à l’extrême
gauche révolutionnaire, le COPCON milite pour
une révolution communiste qui contrarie la
stratégie réformiste de Soares en refusant la
social-démocratie, l’entrée du Portugal dans
la Communauté économique européenne et la
légitimation du capitalisme.
Document 5
Document couramment utilisé dans l’étude de la
transition démocratique portugaise, la photogra-
phie exprime la dimension pacifique de la révo-
lution des Œillets. Principal artisan de la journée
révolutionnaire, un soldat surplombe la foule, un
œillet au bout de son fusil pour exprimer son ral-
liement aux révolutionnaires. Le peuple réuni sur
la place semble calme et ordonné.
Document 6
Le tableau des résultats aux élections législa-
tives de 1975 et de 1976 donne un aperçu des
différentes forces politiques portugaises (Parti
socialiste, forces de droite et courants d’extrême
gauche) et montre la victoire des socialistes qui
garantit l’achèvement du processus de transi-
tion démocratique.
Corrigé des questions
1. La révolution des Œillets a longtemps fait
figure de révolution modèle auprès des gauches
européennes car elle fut menée rapidement,
sans violence ni interférence étrangère. C’est
dans l’euphorie que l’armée a reçu le soutien
populaire pour célébrer la fin du régime fasci-
sant de Salazar.
2. L’extrême gauche (PCP, COPCON, MFA)
cherche à conduire le Portugal sur la voie de
la révolution voire de la démocratie populaire.
Le PSP et le PPD veulent quant à eux mettre
en place une démocratie libérale pluraliste sur
le modèle occidental et intégrer la CEE pour-
voyeuse d’emplois et de fonds.
35
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
3. La transition démocratique commence au
Portugal en 1976 avec l’adoption d’une Consti-
tution, instaurant un président de la République
élu au suffrage universel mais disposant de pou-
voirs limités, et s’achève en 1982 avec la révision
constitutionnelle qui acte le retrait de l’armée de
la vie politique. Soares réussit ainsi à instaurer
une démocratie parlementaire vivant au rythme
d’élections pluripartites où l’alternance au pou-
voir des partis de gouvernement (PSP, Alliance
démocratique) est rendue possible. Les partis
favorables à la voie révolutionnaire voient leurs
scores électoraux s’effriter.
Vers le bac
4. La transition démocratique portugaise a
longtemps été conflictuelle en raison des ten-
sions politiques, des manifestations violentes
et de l’agitation sociale. Une double incerti-
tude a pesé sur l’avenir politique du pays. Les
Portugais ont eu à choisir entre l’instauration
d’une démocratie libérale sur le modèle occi-
dental souhaitée par le parti socialiste réfor-
miste de Soares et une démocratie populaire
que l’extrême gauche révolutionnaire appelait
de ses vœux. La question de la mise en place
d’un régime autoritaire entre les mains des
militaires ou d’un régime dirigé par des partis
politiques a également longtemps clivé la vie
politique portugaise.
JALON 3 – L’Espagne de 1974 à 1982 :
d’un régime autoritaire à la démocratie
p. 52-53
Après la mort de Franco, la transition démocra-
tique voulue par Juan Carlos Ier apparaît comme
un modèle. Le spectre des violences de la guerre
civile (1936-1939) et de ses intransigeances
idéologiques incite les Espagnols à suivre la voie
ouverte par le jeune roi et ainsi à tourner, paci-
fiquement, la page de la dictature franquiste. La
double-page vise à montrer les dynamiques et
les principales étapes de la transition démocra-
tique espagnole. Après avoir rappelé les prin-
cipaux événements politiques de la période,
les documents se focalisent sur les principaux
acteurs de la transition démocratique, mettent
36
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en lumière leur action politique (la loi de réforme
politique) et leurs victoires électorales (tableau
des résultats aux élections législatives de 1977,
1979 et 1982). Ils évoquent également les obs-
tacles et les ennemis de la transition démocra-
tique (coup d’État de Tejero, terrorisme de l’ETA).
Document 1
La chronologie évoque les principales étapes de
la transition démocratique qui conduit pacifi-
quement l’Espagne de la dictature de Franco à la
démocratie libérale parlementaire. Elle insiste
notamment sur le rôle de ses principaux acteurs
(Juan Carlos Ier, Suárez), sur la légalisation des
partis politiques, l’adoption de la Constitution et
d’élections pluripartites tout en faisant la part
aux adversaires du processus (l’armée avec
Tejero et le terrorisme basque).
Document 2
La photographie représente les deux principaux
acteurs de la transition démocratique : le jeune
roi Juan Carlos et A. Suárez, qui ont tous deux
débuté leur carrière politique sous Franco.
Document 3
L’historien Guy Hermet distingue deux principaux
types d’acteurs de la transition démocratique :
les héritiers du franquisme (Juan Carlos Ier et
A. Suárez) et l’opposition politique de gauche
et d’extrême gauche. Leur habileté politique
consiste à tourner le dos aux violences idéolo-
giques de la guerre civile espagnole (1936-1939)
et à intégrer dans la vie politique tous les cou-
rants afin de placer l’Espagne sur la voie d’une
démocratisation modérée et consensuelle.
Document 4
La loi de réforme politique est le socle de la
transition démocratique puisqu’elle donne au
nouveau régime ses bases idéologiques (texte
constitutionnel, légalité, souveraineté populaire,
élections, droits fondamentaux de la personne,
régime parlementaire…). Son adoption par les
Cortes franquistes qui s’auto-dissolvent revêt
elle aussi une dimension symbolique majeure.
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Document 5
L’échec du coup d’État de Tejero est une étape
cruciale dans l’enracinement de la démocra-
tie en Espagne. Grâce à l’action du jeune roi
qui s’assure de la fidélité des hauts gradés de
l’armée, le pays tourne définitivement le dos à
la violence politique et à la possibilité du retour
d’un régime autoritaire dirigé par l’armée. (Pour
une analyse plus détaillée de cette photogra-
phie, voir le corrigé de la Méthode « Analyser
une photographie » ci-dessous, p. 40-41)
Document 6
Le tableau des résultats aux élections légis-
latives illustre la réussite de la transition
démocratique espagnole. Les partis politiques
favorables à l’instauration d’une démocratie
parlementaire libérale l’emportent sur les cou-
rants favorables à la voie révolutionnaire (PCE).
Tous les courants politiques participent au jeu
électoral comme le montre la présence du PCE
et du PNV. En 1982, l’Espagne connaît sa pre-
mière alternance au pouvoir.
Corrigé des questions
1. Le dossier met en lumière l’action décisive
des hommes venus du régime franquiste pré-
cédent (Juan Carlos et A. Suárez). Ils se dis-
tinguent par leur modération politique, leurs
talents de négociateur et leur art du compromis
avec l’opposition politique. Suárez dirige égale-
ment le parti UCD qui, en remportant les élec-
tions législatives de 1977, contribue à réaliser la
transition démocratique. Les Cortes franquistes
ont aussi joué un rôle dans la transition démo-
cratique puisqu’ils ont accepté leur dissolution
en adoptant la loi de réforme politique.
2. Plusieurs forces politiques dominent l’échiquier
politique espagnol dans la seconde moitié des
années 1970. Le parti du centre d’A. Suárez (UCD)
est créé pour assurer la transition démocratique ;
il perd le pouvoir en 1982. Après son tournant
réformiste de 1979, le PSOE de González réussit
à s’emparer du gouvernement. Le PCE souhaite
une révolution communiste mais finit par accep-
ter le jeu de la transition légale. Le parti de droite
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Thème 1 - Axe 2
dirigé par d’anciens franquistes (AP) est lui aussi
favorables au rétablissement de la démocratie.
3. Les courants extrémistes ont tenté d’enrayer
le processus de transition démocratique en
plongeant le pays dans le chaos. Tel est le cas de
l’extrême droite qui tente avec Tejero et une par-
tie de l’armée de s’emparer du pouvoir en 1982.
Tel est encore le cas de l’extrême gauche régio-
naliste basque qui essaie de déstabiliser le pays
par l’action terroriste.
4. La transition démocratique est un processus
pacifique car elle s’est réalisée dans une voie
consensuelle qui refusait de renouer avec la vio-
lence idéologique de la guerre civile de 1936-1939.
Grâce aux compromis politiques envisagés par
Juan Carlos Ier et A. Suárez, le pays opte légalement
pour la démocratie. La loi de réforme politique est
adoptée aux Cortes, les régions espagnoles sont
reconnues (généralité de Catalogne). Une Consti-
tution est rédigée. La vie politique se bipolarise
autour de deux forces gouvernementales (UCD et
PSOE dans un premier temps puis AP et PSOE).
On assiste également au recul des partis révolu-
tionnaires et à la résistance des acteurs politiques
devant le terrorisme basque comme la violence
armée de l’extrême droite.
Vers le bac
5. Les élèves pourront consulter par exemple
l’ouvrage de Francisco Campuzano, La transition
espagnole : entre réforme et rupture (1975-1986),
PUF, 2011, pour tirer les principales informations
concernant les étapes de la transition démocra-
tique espagnole. Leur exposé devra mettre en
évidence le rôle clé des héritiers du franquisme,
Juan Carlos Ier et A. Suàrez. Il faudra encore expli-
quer le processus légal de la transition (loi de
réforme politique adopté aux Cortes, constitution,
mise en place d’une démocratie parlementaire
fonctionnant grâce à l’instauration d’élections
pluripartites étendues à l’ensemble des forces
politiques…). Une dernière partie pourra être
consacrée à la capacité de la jeune démocratie
espagnole à surmonter les obstacles tendus par
les extrêmes politiques (ETA, Tejero).
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Méthode : Construire une fiche de révision

Manuel p. 56-57

Entraînement Utilisez cette méthode pour l’introduction et l’axe 1 du thème I.

Problématiques
> Quels sont les principes de la démocratie ?
> Qu’est-ce que la démocratie directe, la démocratie représentative et la démocratie participative ?
> Qu’est-ce qui distingue les démocraties des régimes autoritaires ?
> Pourquoi le fonctionnement de la démocratie directe fait-il débat dans l’Athènes
du Ve siècle avant J.-C.? Qui doit être citoyen ?
> Pour quelles raisons les nations contemporaines recourent-elles au système représentatif ?

CadRe spatial et chronologique

• 508 av. J.-C. : instauration de la démocratie à Athènes
• 322 av. J.-C. : fin de la démocratie athénienne
• 1789 : Révolution française (monarchie constitutionnelle)
• 1804 : premier Empire
• 1848 : élection du premier président de la République (L.-N. Bonaparte)

Connaissances
I) Les caractéristiques de la démocratie
1. Les caractères communs aux démocraties
•D  émocratie = 4 grands principes : élections libres et régulières (+ pluralisme) ; respect libertés
fondamentales ; égalité devant la loi (État de droit) ; séparation des pouvoirs (cf. Montesquieu).
• Régimes variés (république/monarchie) avec démocratie directe + représentative.
• Apparition nouvelles formes expression politique : regroupements hors partis, démocratie
participative, « assemblées citoyennes ».
2. Comparer démocraties et régimes autoritaires
• Populistes = condamnation des élites au nom du peuple ; restreignent État de droit + libertés
civiles (cf. V. Orbán, « État illibéral »).
• Régimes autoritaires (Chine, pétromonarchies du Moyen-Orient) = condamnation modèle
démocratique occidental, confiscation pouvoir (homme, groupe, parti), non-respect DH,
violence institutionnalisée.
>Cf. Corée du Nord (État totalitaire) : nationalisme + communisme, parti unique, propagande
d’État, monopole héréditaire du pouvoir avec Kim Jong-un (armée + parti + gouvernement) ;
pas de contre-pouvoir.
II) Démocratie directe et démocratie représentative
1. Une démocratie directe mais limitée : être citoyen à Athènes au Ve siècle
•M  odèle démocratique athénien = première participation citoyens à vie politique (lois, décision,
contrôle).
•A  ristote : démocratie réservée à minorité (pas esclaves, métèques et femmes) ;
mais importance sociale des cérémonies religieuses (Panathénées).
•C  itoyenneté athénienne = complexe : inégalité droits/devoirs (hommes/femmes) ;
ouverture/fermeture (508/451).

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 Thème 1 - Méthodes

• Participation directe des citoyens = dérives : Ligue de Délos, partisans tyrannie, démagogie
(= coups d’État oligarchiques en 411 et 404).
2. Participer ou être représenté : réflexions de Benjamin Constant (XIXe siècle)
• B. Constant : nécessité protéger société d’un État puissant ; opposition historique liberté
politique (Athènes, Rome) / liberté individuelle (XIXe) où préférence vie privée = délégation du
pouvoir par citoyens.
> Démocratie directe laisse place à régime représentatif ; séparation sphères publique/privée,
limitation intervention État libéral (ordre public).
• Constant = défend libéralisme Révolution (représentativité, libertés) et condamne dérives
tyranniques (Terreur, Empire) ; met en garde contre désintérêt des citoyens de l’action politique.

Notions principales
Démocratie directe : régime reposant sur une participation directe des citoyens aux institutions.
Démocratie représentative : régime dans lequel les citoyens confient le pouvoir à des représen-
tants qui l’exercent en leur nom selon un mandat limité dans le temps.
État de droit : système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit.
Il est fondé sur le principe essentiel du respect des normes juridiques.
Tyrannie : gouvernement arbitraire d’un seul homme.

Références
• Fabraham Kawa et Alecos Papadatos, Démocratie (2015)
> Raconte la vie du jeune athénien Léandre, témoin de l’exécution de son père lors de la chute
du tyran Hipparque, qui rencontre ensuite Clisthène, l’un des pères de la future démocratie.
•A ristophane, Les guêpes, (v. 422 av. JC)
> Dans un style au comique singulier, Aristophane élabore une satire de la démocratie
athénienne et de ses travers (démagogie, cupidité, incompétence, tyrannie de la majorité).
> « Qu’y a-t-il de plus heureux qu’un juge […] ? Je prends place au tribunal et je ne fais rien
de tout ce que j’ai promis. […] Et tout cela, sans avoir de compte à rendre. […] N’est-ce pas une
souveraineté égale à celle de Zeus ? »

Références historiographiques
• Vincent Azoulay, « Athènes, citoyenneté et démocratie au Ve siècle av. J.-C. »
(La Documentation française, 2016)
> Dresse un portrait de la démocratie athénienne à l’aune des recherches récentes,
en insistant notamment sur le contrôle des élites par le peuple.
> Questionne par exemple la figure de Périclès en tant que « monarque déguisé » ;
montre que les élites sont « sous contrôle jusque dans la tombe ».
• Tim Marshall, Prisonniers de la géographie (J.-C. Lattès, 2018)
> Convoque la géographie (relief, mers, situation…) pour expliquer la géopolitique actuelle, en se
focalisant notamment sur les grandes puissances anciennes ou émergentes (États-Unis, Chine,
Russie) au sein d’un ordre mondial en recomposition ; éclaire les caractéristiques des principaux
régimes antidémocratiques actuels.
> « La Corée du Nord se fait appeler la république populaire de Corée. Sa philosophie politique,
appelée Juche, est unique : elle mêle nationalisme forcené, communisme et autosuffisance. C’est
en vérité l’État le moins démocratique du monde. »

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Méthode : Analyser une photographie

Manuel p. 58-59

Entraînement A
 nalysez le document 5 page 53. Pourquoi cette photographie est-elle révélatrice des
difficultés du processus de transition démocratique en Espagne entre 1975 et 1982 ?

Étape 1 : Présenter et décrire la photographie

La photographie a été prise le 23 février 1981, peu avant 18h30, aux Cortes (Assemblée espagnole)
par Manuel Pérez Barriopedro de l’agence Efe, qui se trouvait à l’intérieur de l’assemblée. Elle est
publiée dans El Pais le soir même. On y distingue le lieutenant-colonel Tejero, monté à la tribune
des orateurs, un pistolet à la main, qui demande aux députés de se mettre au sol et de se taire.
Il leur indique ainsi sa tentative de coup d’État, ayant au préalable tiré des coups de feu en l’air.
Autour de lui, on distingue d’autres soldats, armés eux aussi, menaçant les députés retranchés dans
l’hémicycle.
Étape 2 : Analyser et interpréter la photographie
Le lieutenant-colonel Tejero appartient à la Guarda Civil (force de police à statut militaire), comme
l’indique son tricorne. Il a décidé au préalable avec une partie de l’armée, de se soulever contre
la démocratie naissante en Espagne. Cet homme, issu du milieu franquiste, décide alors d’atta-
quer le symbole de la monarchie parlementaire depuis la ratification de la Constitution en 1978.
Cet acte fait écho au déclenchement de la guerre civile en juillet 1936 à la suite du coup d’État pro-
noncé par Franco depuis le Maroc contre le gouvernement populaire. La date du 23 février n’a pas
été choisie au hasard. Ce jour-là devait être élu le nouveau président du gouvernement puisque le
« père de la transition » Adolfo Suárez avait démissionné. Antidémocrate, Tejero y voit l’opportunité
de renouer avec l’autoritarisme militaire dont il est nostalgique. Tous les députés sont alors pris
en otage dans l’hémicycle. Autour des Cortes, des militaires stationnent, attendant comme ceux à
l’intérieur « qu’une autorité militaire compétente » leur donne des ordres. Ils s’en remettent donc à
Juan Carlos Ier, le chef de l’armée, sans le nommer. Franco l’ayant désigné de son vivant comme son
successeur, Juan Carlos Ier apparaît aux yeux d’une partie de l’armée comme la seule autorité légale
pouvant (comme Franco auparavant) légitimer ce coup d’État.
Étape 3 : Évaluer la portée du document
Pourquoi est-elle révélatrice des difficultés de la transition démocratique en Espagne ?
La transition démocratique espagnole fait suite à presque quarante ans de franquisme. Passer
d’une dictature à une démocratie est un processus lent et difficile. La photographie montre bien les
hésitations entre retour du franquisme ou avancées démocratiques. D’ailleurs, l’ensemble de l’armée
est divisé sur le sujet. Pour éviter une « contagion putschiste », Juan Carlos Ier et ses conseillers vont,
dans les heures qui suivent la tentative, s’assurer de la loyauté des états-majors des différents corps
d’armée. Dans la nuit, le roi apparaît à la télévision pour une allocution. Il a revêtu son costume mili-
taire, rappelant ainsi qu’il est « l’autorité militaire compétente », il condamne sans ménagement la
tentative de coup d’État et rassure les Espagnols sur le fait que personne ne viendra « interrompre le
processus démocratique ». Son discours, dans lequel il rappelle que la Constitution a été votée par le
peuple espagnol, sonne véritablement le glas de la tentative putschiste. Il obtient ainsi une forme de
légitimité aux yeux des citoyens, apparaissant non plus comme l’héritier de Franco mais comme le
défenseur de la démocratie dont il est le garant. Le lendemain vers midi, Tejero se rend. L’armée ne l’a
pas suivi. Les députés recouvrent leur liberté et une trentaine de militaires sont jugés. Toutefois, cette
photographie rappelle toute la violence politique qui entoure la transition démocratique en Espagne.
Avant le 23 février, les attentats terroristes perpétrés tant par l’extrême gauche (GRAPO) que par les
nationalistes basque (ETA) empoisonnent et mettent en péril cette transition démocratique.

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 Thème 1 - OTC

De plus, cette tentative de coup d’État n’est pas comprise des Espagnols. La plupart sont stupé-
fiés par cette photographie de Terejo arme à la main. Manuel Pérez Barriopedro, le photographe, a
réussi à sortir de l’hémicycle en ayant caché la pellicule qu’il venait de réaliser. Sa diffusion montre
aussi à quel point la majorité des Espagnols refusent le retour en arrière franquiste. Cette photogra-
phie est reprise par de nombreux quotidiens nationaux et internationaux qui vont jusqu’à tourner en
ridicule Tejero, dont la tentative de coup d’État a duré à peine 24h. La démocratie en sort consolidée.

Objet de travail conclusif. L’Union européenne et la démocratie

Manuel p. 60-71

L’objet de travail conclusif du thème 1 invite à s’interroger sur la démocratie à l’échelle d’un terri-
toire original puisque supranational : l’Union européenne (UE). Berceau de la démocratie, l’Europe
a construit un projet original dont les motivations n’étaient pas de créer un modèle démocratique
mais d’assurer la paix et la liberté sur son territoire. Progressivement, l’UE a développé un système
démocratique qui ne se réduit pas à la somme des démocraties qui la composent. C’est donc bien
l’expérience démocratique supranationale la plus aboutie, qui alterne représentation des citoyens et
délégation d’une partie des pouvoirs des États qui la composent. C’est aussi une machine lourde qui
a intégré de nouveaux membres à un rythme rapide, avec ses dysfonctionnements. L’UE est le récep-
tacle des critiques et des attaques portées à la démocratie dans le monde. Elle cherche à réinventer
une démocratie plus accessible.
Cette partie s’ouvre sur deux photographies d’une démocratie en mouvement accompagnées d’un
tableau des grandes institutions de l’UE et de leur fonctionnement. La première double-page enjeux
sur l’expérience démocratique part du fonctionnement actuel de la démocratie européenne puis
interroge ses racines historiques. La chronologie de cette double-page s’arrête avec le traité de
Maastricht et intègre des éléments de géopolitique. Les documents du premier jalon couvrent toutes
les périodes depuis 1979, et des territoires différents à échelles variables, y compris l’échelon régio-
nal. La crise de la démocratie fait l’objet de la seconde double-page enjeux, avec les épreuves que
traverse l’UE depuis les années 1990, accentuées par des dérèglements internationaux depuis 2010.
Deux jalons sont articulés à cette problématique. Le jalon 1 laisse apparaître des intérêts divergents
entre pays membres dans un contexte de retour en force de l’État-nation, du populisme et des rela-
tions bilatérales. Le jalon 2 orienté sur l’opinion publique permet d’envisager à la fois les soubasse-
ments de la crise politique et les leviers possibles du redressement.

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

BIBLIOGRAPHIE/FILMOGRAPHIE/SITOGRAPHIE
◗◗ Livres et revues
-- M. Foucher, E. François, B. Gresillon, T. Serrier, Regards sur l’Europe,
© La Documentation française, 2019.
-- R. Dehousse (dir.), L’Union européenne, 4e édition, © La Documentation française, 2014
(et notamment la contribution de L. Boussaguet, « L’Union européenne et la question
de la démocratie »).
-- S. Kahn, J. Lévy, Le Pays des Européens, © Odile Jacob, 2019.
-- R. Frank, R. Greenstein, Gouvernance et identités en Europe, © Bruylant, 2004.
-- L. Lamant, Bruxelles chantiers. Une critique architecturale de l’Europe, © Lux Editeur, 2019.
-- « Union européenne : du projet à la crise », © Carto, n° 51, janvier-février 2019.
-- « L’Europe, entre crises et rebond », © Questions internationales, n° 88, novembre-décembre 2017.

◗◗ Expositions
-- « Elire l’Europe », BNU, Strasbourg (avec un kit pédagogique pour lycéens) :
http://bnu.fr/action-culturel/agenda/elire-europe
-- Expositions de la Commission européenne et des Centres d’information Europe direct (CIED),
parmi lesquelles les plus récentes : « Citoyenneté européenne : Les droits des citoyens
européens » et « L’Union européenne, pourquoi ? Comment ? »,
https://ec.europa.eu/france/node/417_fr#LESDROITSCITOYENS

◗◗ Films et documentaires
-- N. Percy, T. Rakhmanova et T. Stirzaker, Europe, dans les coulisses d’une décennie de crise,
France TV, avril 2019, 145 min.
-- M. Gogos, I. Turczyn, La Démocratie sous pression. L’Europe à l’heure du choix, Arte,
mai 2019, 91 min.
-- C. Klapisch, L’Auberge espagnole, 122 min.

◗◗ Sites internet
- Entretien avec Jean-Louis Bourlanges, « L’Europe : entre désir et nécessité », La documentation
française, novembre-décembre 2017 :
www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/libris/0900016008802/0900016008802_EX.pdf
- De nombreuses revues de presse, infographies et cartes sur le site : www.touteleurope.eu
- Fiches thématiques sur l’UE (Parlement) : www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/home
- Le système de vote en Europe (Conseil) :
www.consilium.europa.eu/fr/council-eu/voting-system/qualified-majority/
- « L’Europe est-elle démocratique ? », La Documentation française, mise à jour en juillet 2015 :
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000555-l-europe-est-elle-democratique
- « L’Europe politique est-elle indispensable ? », L’invité des matins, France Culture, 9 mai 2019 :
www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/leurope-politique-est-elle-indispensable
- « L’UE souffre-t-elle d’un déficit démocratique ? », Dossier en ligne de la BNF, mis à jour 25 avril 2019 :
https://bnf.libguides.com/europe/debat-union_europeenne_deficit_democratique

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DOUBLE-PAGE D’OUVERTURE
Premier État indépendant à quitter, avec la
Slovénie, la fédération yougoslave dès juin 1991,
déjà à la suite d’un référendum, la Croatie est le
vingt-huitième et dernier État à entrer dans l’UE
en 2013. La photographie prise en contre-plon-
gée renforce l’aspect solennel de la cérémo-
nie. Le Parlement de Strasbourg, au centre, est
encadré de part et d’autre par l’affiche célébrant
l’entrée de la Croatie dans l’UE, et par les dra-
peaux des États membres (le drapeau croate est
hissé à côté des autres). On perçoit également
la sculpture de bronze de Ludmila Tcherina,
« L’Europe à cœur ».
La deuxième photographie présente des simi-
litudes mais dans une situation totalement
opposée, à peine trois ans plus tard. Aux len-
demains du référendum sur l’appartenance du
Royaume-Uni à l’UE, les partisans du « British
exit » (ou « Brexit ») savourent leur victoire.
Cette sortie programmée du Royaume-Uni
marque un arrêt historique de l’élargissement
de l’UE, alors que Martin Schulz, président du
Parlement, déclarait au moment de l’entrée de
la Croatie : « L’unification de l’Europe n’est pas
encore terminée ».
Pour confronter les deux images, on peut souli-
gner que c’est par référendum que l’UE affirme
sa démocratie en rayonnant sur de nouvelles
nations européennes, mais que ce même pro-
cessus conduit certains citoyens à exprimer
leur volonté de la quitter. Sans gommer les
singularités de la vie politique croate et bri-
tannique, notons toutefois que le référendum
d’adhésion enregistre un taux de participation
de 43 % seulement, tandis que celui qui mène
au Brexit recueille une participation de 72 %.
Le tableau de l’organisation de l’UE sert de
repère à mobiliser tout au long de la leçon,
notamment pour distinguer les formes de
démocratie qui s’expriment. De manière géné-
rale, l’objectif est de ne pas centrer le temps
de classe sur le catalogue des institutions et de
leur fonctionnement mais bien sur le réinves-
tissement des éléments du thème pour réflé-
chir à la démocratie dans l’UE.
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Thème 1 - OTC
p. 60-61 ENJEUX – L’Union européenne,
une expérience démocratique  p. 62-63
La démocratie comme principe et les valeurs
qu’elle porte sont à la base du projet euro-
péen. La Convention européenne des droits de
l’Homme, dont un extrait figure p. 63, représente
le socle de ces valeurs communes. Le traité de
Lisbonne donne à la Charte des droits fondamen-
taux sur l’UE une valeur juridiquement contrai-
gnante. Si la Pologne, la République tchèque et
le Royaume-Uni ont bien ratifié la Convention de
1950, ils ont obtenu une dérogation à l’applica-
tion de cette Charte (clause d’« opt out »). Si ce
type de dérogation peut donner l’image d’une
« Europe à la carte », elle permet d’empêcher
un blocage général lorsqu’un pays ne souhaite
pas se rallier aux autres États membres dans un
domaine particulier de la coopération commu-
nautaire. Pour l’obtenir, chaque État doit argu-
menter pour expliquer que le texte en question
aurait une influence néfaste dans son ordre
juridique. Pour le Royaume-Uni, ce sont les
droits sociaux qui étaient en cause, tandis que
la Pologne a fait valoir le respect de la vie privée
et familiale ainsi que la protection du mariage.
La localisation des capitales européennes, au-
delà du traditionnel triptyque Luxembourg-
Bruxelles-Strasbourg, donne aussi un rôle
aux pays d’Europe centrale et orientale (PECO).
Ces institutions n’en sont pas moins influentes
et particulièrement sensibles compte tenu des
débats qui traversent l’UE : immigration, transi-
tion énergétique, avenir de la monnaie unique…
À noter qu’aucun pays d’Europe méditerra-
néenne ne bénéficie de la présence d’une
institution européenne de poids. On y trouve sim-
plement quelques agences à l’image du Centre
satellitaire de l’UE localisé à Madrid.
L’homogénéité politique autour des valeurs por-
tées par la démocratie ne signifie pas que les
États membres ont tous la même conception
de la représentativité. La devise « Unis dans
la diversité » se manifeste également par la
variété des systèmes démocratiques. La France,
chantre de la république, considère son chef
d’État, élu au suffrage universel direct, comme
le premier représentant du peuple. La démo-
43
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
cratie européenne peut également se concevoir
à travers des monarchies parlementaires. Mais
c’est bien le système républicain parlementaire
qui domine avec un chef d’État élu par un parle-
ment, instance représentative du peuple.
ENJEUX – Une démocratie en crise
face à ses États membres et aux opinons
publiques p. 64-65
L’intégration est une stratégie qui a permis
d’élargir et d’approfondir l’UE, plus particulière-
ment au moment de l’entrée massive des PECO.
L’UE n’a cependant pas imposé les différents
traités à l’ensemble de ses membres, laissant
se développer des niveaux d’intégration plus ou
moins avancés, parfois en fonction de la volonté
des ressortissants d’un État membre, parfois en
fonction de la situation interne qui ne permet pas
d’aller plus loin dans l’intégration (comme c’est
le cas pour l’élargissement de la zone euro). Il
faut remarquer que la signature et même la rati-
fication des grands textes emportent un certain
consensus (carte de la double-page précédente).
En revanche, au moment de mettre en applica-
tion ces textes dans des domaines plus précis,
les exécutifs nationaux sont bien plus prudents.
Il en résulte un « noyau historique » qui se situe
tout en haut du « gradient d’européanité » (Jacques
Lévy). Si la Communauté économique européenne
(CEE) avait déjà connu des projets concurrents par
le passé, tel que l’Association européenne de libre-
échange (AELE), des contre-projets portés par
des leaders politiques très médiatiques se déve-
loppent. C’est le cas du Groupe de Visegrad qui
avait d’abord pour ambition de faciliter l’intégra-
tion des PECO, mais qui prend depuis une décen-
nie des positions très souverainistes, n’hésitant
pas à bloquer les décisions de l’exécutif européen
notamment sur les questions migratoires.
Il faut donc articuler ce phénomène avec la deu-
xième partie de la légende de la carte qui réperto-
rie les mouvements populistes particulièrement
actifs dans l’espace de l’UE. Le président polo-
nais Aleksander Kaczynski, Viktor Orbán en
Hongrie ou encore la coalition anti-système au
pouvoir en Italie, caractérisent bien cette dyna-
mique qui n’épargne aucune région d’Europe.
44
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Les pays nordiques sont également concernés :
si ces mouvements n’y ont pas encore accédé
au pouvoir ni même participé à des coalitions
gouvernementales, ils y enregistrent des scores
électoraux élevés.
JALON 1 – Le fonctionnement
de l’Union européenne p. 66-67
De la Communauté économique du charbon et de
l’acier (CECA) à l’UE en passant par la CEE, le projet
démocratique européen n’a cessé d’évoluer vers
une plus grande intégration. Si la CEE caractérise
en 1957 le besoin de contractualiser un espace de
libre-échange entre six États, en s’appuyant sur
des institutions communes au service de cette
stratégie commerciale, l’année 1992 marque l’avè-
nement d’une citoyenneté européenne et d’un
véritable « espace commun de démocratie ». Les
institutions se complexifient et l’entrée dans l’UE
de dix États membres en mai 2004, puis de trois
autres de 2007 à 2013 fait augmenter la superficie
de l’UE de 25 %, sa population de 20 %, mais sa
richesse d’environ 5 % seulement.
L’enjeu de la politique d’intégration est donc
considérable et oblige l’historien à revenir sur le
projet originel des pères de l’Europe, et à l’inter-
roger au regard de ces nouveaux défis.
Document 1
Ce texte a été réalisé à partir des informations
qui figurent sur les sites du Parlement (www.
europarl.europa.eu), de la Commission (europa.
eu) ou du Conseil (www.consilium.europa.eu).
La procédure de co-décision est devenue la pro-
cédure ordinaire depuis le traité de Lisbonne. Si la
Commission est la seule qui ait l’initiative d’actes
juridiques, le Conseil et le Parlement adoptent
ensemble ces propositions législatives. Sans com-
promis, la proposition ne peut pas être adoptée.
Un quart des États membres peuvent également
lancer une initiative sur les questions de coopé-
ration judiciaire ou policière, mais seule l’unani-
mité peut amener une décision sur la politique
étrangère et de sécurité commune (PESC). La
BCE peut proposer des initiatives sur les ques-
tions liées au système européen des banques, et
05/07/2019 17:29

la Cour de justice sur les questions qui relèvent
des juridictions spécialisées.
Les textes adoptés au Journal officiel sont plus ou
moins contraignants en fonction de leur nature :
les règlements sont des actes législatifs contrai-
gnants qui doivent être mis en œuvre dans toute
l’UE ; les décisions sont contraignantes pour les
destinataires auxquels elles s’adressent (un pays
ou une entreprise par exemple) ; les directives
fixent des objectifs, mais chaque pays est libre
d’élaborer ses propres mesures pour les atteindre.
Document 2
L’Assemblée commune de la CECA devient l’As-
semblée parlementaire des Communautés euro-
péennes en 1957 avec le traité de Rome. Elle
s’auto-désigne Parlement en 1962. Mais c’est
véritablement en 1979 que le Parlement gagne
en légitimité avec la première élection des dépu-
tés des neuf États membres au suffrage univer-
sel direct. À partir de cette date, le Parlement
ne cesse de gagner du pouvoir, en devenant co-
législateur à égalité avec le Conseil. Cette ten-
dance est conforme à ce que vivent les citoyens
dans la majorité des États membres, où les par-
lements nationaux ont des pouvoirs très étendus.
L’affiche allemande de 1979 montre combien la
campagne électorale est marquée par les enjeux
nationaux. Dans une Allemagne coupée en deux
par la bipolarisation du monde, l’Union chré-
tienne-démocrate (CDU), plutôt conservatrice,
cherche à décrédibiliser le Parti social-démo-
crate (SPD), son adversaire politique, en l’asso-
ciant à un socialisme liberticide, à l’image de ce
que vivent les citoyens de la République démo-
cratique allemande (RDA) voisine. La vie politique
de l’UE est donc fortement imprégnée des enjeux
géopolitiques du moment. La CDU et son allié de
la CSU remportent ces élections avec 49 % des
voix. Le parti communiste d’Allemagne participe
à l’élection mais ne recueille que 0,4 % des voix.
Document 3
Dès le traité de Rome, les États membres ont
pour objectif de « renforcer l’unité de leurs
économies et d’en assurer le développement
harmonieux en réduisant l’écart entre les diffé-
9782210112278_INT_01_209_LDPHist_Geo_GeoPol_1re.indd 45
Thème 1 - OTC
rentes régions et le retard des moins favorisés ».
Mais les divergences économiques entre les six
pays fondateurs sont faibles. Le Fonds social
européen est déclenché mais il concerne sur-
tout l’emploi dans des secteurs en reconversion.
Le premier élargissement de 1973 et le nou-
veau contexte de crise accroissent les inégalités
régionales. Le Fonds européen de développement
économique régional (Feder) a pour mission de
redistribuer une partie du budget aux régions les
moins riches. Mais c’est l’Acte unique européen
en 1986 qui fait de la cohésion économique et
sociale une nouvelle compétence de la CEE. En
1992, le traité de Maastricht introduit d’impor-
tantes modifications dans le domaine de la poli-
tique régionale. Le Fonds de cohésion est mis en
place pour financer les infrastructures de trans-
ports dans les quatre pays alors les plus pauvres
de l’UE (Espagne, Portugal, Irlande et Grèce). Le
texte permet de mesurer l’enjeu que représente
cette politique d’intégration pour les PECO et d’en
percevoir ses effets en matière d’infrastructures
pour ces pays, domaine dans lequel l’UE est par-
venue à des résultats incontestables.
Document 4
L’initiative citoyenne européenne (ICE) a été intro-
duite par l’article 11 du traité de Lisbonne. Elle
prévoit qu’un million de citoyens ressortissants
d’au moins un quart des pays membres peuvent
contraindre la Commission à analyser une propo-
sition pour la faire passer éventuellement devant
le Parlement et le Conseil. Le nombre minimal
de signataires dépend du poids démographique
de chaque pays (72 000 en Allemagne, mais 4 500
à Malte). Il s’agit donc d’une procédure qui relève
de la démocratie participative. Quatre ICE ont à
ce jour été acceptées par la Commission : « L’eau
droit humain », « Stop vivisection », « La dignité et
l’intégrité de l’embryon humain » et « Stop glypho-
sate ». Mais seule la première s’est à ce jour tra-
duite par une nouvelle directive sur l’eau potable,
adoptée en février 2018. La liste des ICE non
retenues par la Commission est beaucoup plus
longue, souvent parce que la proposition est en
dehors des attributions de la Commission (« Ma
voix contre le nucléaire » ou « L’arrêt de la coloni-
sation des territoires occupés en Palestine »).
45
05/07/2019 17:29
 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
Il semble donc y avoir une demande forte de par-
ticipation des citoyens, mais l’ICE ne répond que
très partiellement à cette aspiration, car la pro-
cédure demeure assez lourde.
Document 5
L’organigramme des entités qui composent la
Grande Région rappelle que la démocratie euro-
péenne se joue également à des échelles inter-
médiaires. Les Groupements européens de
coopération territoriale (GECT) permettent à des
partenaires de concevoir des projets transfron-
taliers et d’améliorer la coordination en matière
d’aménagement du territoire. Ils peuvent ainsi
être un moyen de déployer des projets financés
par le Feder, le Fonds social européen ou le Fonds
de cohésion. Il existe actuellement vingt-neuf
GECT, le plus ancien étant l’Eurométropole Lille-
Kortrijk-Tournai. Dans la majeure partie des cas,
ils réunissent des collectivités de deux voire trois
États membres. La singularité du GECT Grande
Région est qu’il coordonne l’action de collectivi-
tés issues de quatre États, stimulée par les flux
des travailleurs transfrontaliers. Ce sujet est éga-
lement traité dans l’objet de travail conclusif du
thème 3 « Les frontières internes et externes de
l’Union européenne » (p. 185 et 190 du manuel).
Cette démocratie en exercice s’avère complexe
compte tenu de la diversité des territoires et
de leurs prérogatives dans quatre États qui
n’ont pas la même logique institutionnelle. Il
en résulte des difficultés de fonctionnement.
Dans sa résolution du 11 septembre 2018, le
Parlement déplore que le potentiel du GECT ne
soit pas pleinement exploité. Il l’explique par
les réserves des collectivités et la crainte d’un
transfert de compétences.
Éléments pour traiter la consigne
La capacité engagée par cette consigne est
d’analyser et d’adopter une démarche réflexive.
Les élèves confrontent des points de vue et (se)
posent des questions.
Il s’agit donc d’expliciter la démarche qui per-
met de répondre à la consigne : certains pour-
ront surligner directement dans le document
46
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numérisé, d’autres pourront réaliser un tableau
de classement des idées pour chaque docu-
ment. L’essentiel étant de mettre en évidence
des documents dans lesquels figurent les deux
voire les trois types de démocratie recherchés.
Une étape intermédiaire peut s’avérer utile pour
accompagner ce travail : une recherche sur la
question complexe de la souveraineté et sur
la nomination des commissaires européens,
puisque le Parlement n’a pas le pouvoir de nomi-
nation (voir www.touteleurope.eu/actualite/
les-commissaires-europeens-nomination-et-
attributions.html).
Sur la question de la souveraineté en Europe,
voir Éva Dékány-Szénási, « La question de la
souveraineté et la construction européenne »,
Le Portique [En ligne], mis en ligne le 7 décembre
2007, http://journals.openedition.org/leporti-
que/1385 (voir Préparer le bac, « Analyser un
texte » p. 74-75 du manuel).
JALON 2/1 – L’Union européenne
face aux citoyens et aux États p. 68-69
Du traité de Maastricht (1992) au Brexit (2016),
la relation entre l’UE et ses États membres s’est
complexifiée et dégradée. En devenant Union
européenne, le projet ne se limite plus à un espace
de libre-échange mais à une véritable aire de puis-
sance. Paradoxalement, alors que la place des
États européens se réduit relativement à d’autres
puissances dans un monde en recomposition,
certains gouvernements ne conçoivent pas l’UE
comme une chance, mais plutôt comme une tech-
nostructure qui vient limiter leurs prérogatives.
Dans un monde où la CEE représentait un
modèle économique et social, la logique multi-
polaire post-guerre froide semble moins favo-
rable à la dynamique européenne.
Surtout, les crises récentes n’ont pas permis à
la démocratie européenne de s’affirmer comme
une solution face à l’intérêt particulier de chaque
État membre.
Cette première double-page du jalon 2 invite donc
à procéder à l’analyse de cette relation particu-
lière entre l’échelon national et le supranational.
05/07/2019 17:29

Document 1
L’enjeu du document n’est pas de connaître le
traité de Maastricht dans son intégralité. Des
textes assez synthétiques permettent de le faire
(www.touteleurope.eu/actualite/le-traite-de-
maastricht-1992.html). On y trouve notamment
les critères de convergence sur lesquels on peut
s’appuyer pour étudier la crise de la dette à par-
tir de 2010. L’objectif est plutôt de comprendre
le traité de Maastricht à travers le regard d’un
témoin privilégié de l’époque. Jacques Attali livre
quelques confidences sur l’état d’esprit des diri-
geants européens au moment de signer le traité.
Le document offre une entrée géopolitique forte
et permet d’échapper à la caricature qui consiste-
rait à entrevoir 1992 comme l’apogée de l’Europe,
lune de miel entre ses dirigeants. En réalité, les
tensions sont palpables dans les négociations. Et
même au sein du couple franco-allemand, on a
le sentiment d’un jeu de poker menteur. On sait
la crainte de François Mitterrand, aux lendemains
de la réunification de l’Allemagne, de voir renaître
une Grande Allemagne. Les états d’âme d’un chef
d’État déjà très malade, qui espère organiser sa
sortie politique, semble confirmer que l’Europe
est un levier de la politique intérieure (le choix du
référendum).
Voir l’analyse détaillée de ce texte p. 53-54 (cor-
rigé de l'Entraînement de la p. 75 du manuel).
Document 2
Cette image a été prise lors du traditionnel mee-
ting du 1er mai du Front national, place de l’Opéra
à Paris. Mais pour cette édition 2014, l’actualité
amène le parti de Marine Le Pen à orienter le
débat sur les élections européennes qui doivent se
dérouler trois semaines plus tard. L’affiche plante
le décor du meeting : Jeanne d’Arc est convo-
quée en tant que figure historique de la nation
française qui souffle sur les étoiles européennes,
comme pour les chasser, laissant la place au dra-
peau tricolore. Le texte accompagne ce message
hostile à Bruxelles. Dans ses discours prononcés
durant cette campagne des européennes, la chef
de file du parti, Marine Le Pen, répète qu’il faut
« enrayer le train fou de l’Union ». Cette dialec-
tique anti-Bruxelles était déjà présente en 2009,
avec des affiches n’hésitant pas à faire référence
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Thème 1 - OTC
aux violences conjugales dans ce que serait le
ménage tourmenté de la France avec l’UE.
Cependant les partis anti-européens comme le
FN, s’ils dénoncent l’Union, participent pleine-
ment aux élections européennes. Le FN compte
d’ailleurs vingt-quatre députés élus au Parle-
ment durant la législature 2014-2019, la plu-
part du temps réunis dans le groupe Europe des
nations et des libertés (ENL).
Document 3
Débutée en 2008, la crise de la dette publique
grecque a marqué un moment de tension
majeure entre les États membres. Les acteurs
de cette crise sont le Fonds monétaire interna-
tional (FMI), la Commission et le Conseil, mais
également les chefs d’État et de gouvernement
de l’Allemagne et de la France.
La dette représente 312 milliards d’euros, soit
175 % du PIB grec. Le principal créancier est le
Fonds européen de stabilité financière (FESF),
mais ce sont en réalité les pays de la zone euro
qui, à travers le FESF, ont apporté ces garanties
proportionnellement au poids de leur économie
(soit l’Allemagne d’abord, suivie de la France et
de l’Italie). Cinquante-trois milliards d’euros ont
ainsi été prêtés sous forme de prêts bilatéraux
lors du premier plan d’aide au pays en 2010.
Le poids du FMI et même de la BCE est finale-
ment assez modeste aussi bien dans les plans
de sauvetage de la Grèce que dans la dette du
pays. C’est pourquoi la Grèce identifie d’abord
l’Allemagne comme responsable de cette situa-
tion, et c’est bien le Conseil de l’UE, réunissant
les ministres des Finances de la zone euro, qui
tient dans ses mains l’avenir de la Grèce.
En septembre 2017, la Grèce est sortie de la pro-
cédure pour déficit excessif. Elle peut à nouveau
se refinancer sur les marchés. Si le PIB est reparti
à la hausse en 2018 au-delà des prévisions, sa
dette représente à présent 180 % du PIB.
Document 4
La question des migrants, et plus particuliè-
rement des réfugiés, entraîne des tensions
entre les États membres depuis 2015. Elles
sont exacerbées entre la France et l’Italie, déjà
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
bien avant l’installation du gouvernement anti-
système de Giuseppe Conte en juin 2018. L’UE
est mise à l’épreuve au regard des textes fonda-
teurs : l’article 18 de la Charte des droits fonda-
mentaux consacre le droit d’asile et se réfère à
la Convention de Genève. Mais pour trouver de
véritables dispositions opérationnelles au sujet
des réfugiés, il faut s’appuyer sur des directives
et surtout un règlement de juin 2013 : Dublin III.
Il s’appuie sur un principe : le pays dans lequel
a été formulée la demande d’asile est celui qui
est chargé de son instruction et de la décision
finale. Mais ce principe simple s’avère trop lourd
à gérer dans la pratique pour la Grèce et l’Ita-
lie, qui réclament donc un effort de solidarité qui
dérogerait au règlement.
Le débat se déplace alors sur la question des
« relocalisations » dans les cas où le nombre de
demandeurs dépasse la capacité d’absorption
d’un pays. Mais le plan de relocalisation de 20161
soulève de vives contestations notamment dans
les PECO.
Cette question de l’accueil et de la répartition
des réfugiés peut être appréhendée aussi bien au
regard de la problématique du fonctionnement
de la démocratie dans l’UE (rôles de la Commis-
sion et du Conseil notamment) que de celle des
relations entre l’UE et ses États (tensions sur la
question de la relocalisation) et entre l’UE et les
citoyens (positions plus hostiles des gouverne-
ments dits « populistes »).
Document 5
Ce dessin de presse permet de saisir les ten-
sions entre États membres dans une perspec-
tive internationale. La zone euro est fragilisée
avant tout par la situation de ses États les plus
endettés : Portugal, Italie, Grèce, Espagne. La
présence de la Chine et des États-Unis, très
présents sur les marchés financiers, semble
remettre en cause le projet d’une Europe puis-
sance, qui reposait sur une monnaie forte.
Dans un article en anglais intitulé « Ideas:
Explaining the eurozone crisis to children »,
Giovanni Majnoni, journaliste italien de Il Sole 24
1. Voir www.touteleurope.eu/actualite/relocalisation-des-
demandeurs-d-asile-des-objectifs-non-tenus.html.
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Ore, propose une lecture de la crise au regard
du conte des Trois petits cochons. L’acronyme
P.I.G.S. correspond à chacun des quatre pays les
plus concernés. Le loup est associé à la spécu-
lation. Et l’eau bouillante, qui représente la ruse,
signifierait que l’engagement des plus forts ne
peut se limiter au devoir d’assistance (dispo-
nible à l’adresse suivante : https://voxeurop.eu/
fr/content/article/1313701-la-crise-expliquee-
aux-enfants).
Éléments pour traiter la consigne
Si le professeur souhaite guider le travail, il peut
demander d’abord une synthèse qui confronte
les documents 3 et 5 pour mettre en évidence que
la crise de l’euro est intimement liée à la crise de
la dette publique de certains pays membres.
Une nouvelle confrontation avec le document 1
permettrait de mettre en évidence l’euro comme
outil de la puissance et symbole de la citoyen-
neté européenne dès 1992, vers une monnaie
qui traverse sa première crise à partir de 2008.
Les conséquences politiques sont une montée des
forces hostiles à l’UE. Les documents ne font pas
référence au paysage politique dans les pays qui
sont le plus exposés à la fois à la crise de la dette
publique et à l’arrivée de réfugiés. Une recherche
complémentaire et un renvoi à la carte page 64
peuvent donc permettre d’émettre des hypothèses
sur le lien entre la situation des États et le rapport
de force des différents partis politiques.
JALON 2/2 – L’Union européenne
face aux citoyens et aux États p. 70-71
Ce jalon place la problématique sur le plan des
opinions publiques, au-delà des intérêts de
chaque État. Une citoyenneté européenne est
reconnue depuis le traité de Maastricht. Elle
se manifeste concrètement par des mobilités
libres ou encore sur les visas. L’UE a développé
des institutions particulièrement sophistiquées
pour éviter la paralysie d’une Union à 28. Pour-
tant, comme le constate Laurie Boussaguet,
« plus les États membres consentent à mettre
en place des procédures ou des institutions
démocratiques au niveau communautaire, plus
05/07/2019 17:29

le débat sur le déficit démocratique européen
prend de l’ampleur » (voir bibliographie). Et si
les peuples ne réclamaient pas plus de démo-
cratie représentative, mais d’autres formes de
démocratie ? La Commission s’attaque à cette
question du déficit démocratique en multipliant
les campagnes qui visent à séduire la jeunesse
et à relancer le projet européen.
Document 1
Le CETA est le premier accord commercial bila-
téral de l’UE avec une grande puissance écono-
mique. La photographie témoigne de l’opposition
d’une partie de l’opinion à la signature de ce
traité qui prévoit une baisse des barrières doua-
nières, une ouverture des marchés publics aux
entreprises canadiennes et européennes, et un
cadre stabilisé d’investissements. La Commis-
sion fait le pari que les accords entraîneront une
forte croissance des échanges commerciaux avec
le Canada et une augmentation du PIB de l’UE.
Mais les syndicats sont hostiles à cet accord et
notamment à la question de l’accès des entre-
prises canadiennes aux marchés publics euro-
péens, d’où le symbole du cheval de Troie. La
question a beaucoup mobilisé la Confédération
européenne des syndicats (CES), mais il faut rap-
peler que le taux de syndicalisation varie forte-
ment entre les États membres (moins de 15 % des
salariés en France ou dans les pays baltes, mais
jusqu’à 50 % en Belgique et même plus de 60 %
au Danemark ou en Finlande).
Document 2
Expert de l’histoire et de la diplomatie du conti-
nent, Elie Barnavi offre le regard de l’observateur
extérieur. Son ouvrage a été écrit en 2008, dans
un contexte de crise de confiance après l’échec du
projet de Constitution européenne, mais avant la
crise financière. C’est aussi un appel aux respon-
sables européens afin qu’ils se montrent à la hau-
teur de leurs responsabilités. L’extrait mentionne
la liberté de la presse ou le suffrage universel
comme des marqueurs forts de cette démocratie.
Mais il sonne aussi comme un avertissement face
à un système et une « bureaucratie » trop éloi-
gnée des citoyens. Cet essai semble donc aussi
annoncer rétrospectivement l’émergence des
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Thème 1 - OTC
populismes, phénomène qui a pris de l’ampleur
dans les années 2010.
Document 3
Les dialogues citoyens sur l’avenir de l’Europe
sont une volonté de la Commission Juncker pour
accompagner le travail sur le Livre blanc sur l’ave-
nir de l’Europe, avant les élections de mai 20192.
Cent vingt-neuf dialogues dans plus de quatre-
vingt villes ont été organisés, avec la participation
de commissaires européens. C’est un exercice
de démocratie participative que la Commission
cherche à développer. Ces dialogues sont prépa-
rés en amont avec les citoyens pour déterminer
collectivement les thèmes du débat. La pro-
messe de transparence affichée dans les traités
est mise en œuvre avec une retransmission en
direct sur les réseaux sociaux.
C’est un exercice qui vise à rapprocher les
citoyens des élites politiques en s’appuyant sur
le concours des européens pour tracer les pers-
pectives d’avenir, en complémentarité avec le
travail des élus et des commissaires. Mais le pari
de la Commission ne sera véritablement réussi
que si elle parvient à ramener vers l’Europe des
citoyens qui s’en étaient détournés, les dialogues
citoyens étant souvent investis par des gens qui
sont déjà des europhiles convaincus. L’exercice a
fortement inspiré les États membres de l’UE qui
doivent également faire face à ce problème de
défiance de l’opinion publique.
Document 4
Les Eurobaromètres standards ont démarré en
1973. Une Commissaire européenne les consi-
dérait comme « les oreilles » des institutions de
l’Union. Ils permettent en effet d’avoir une idée
précise de l’état de l’opinion publique. Sur la
question de la confiance dans l’UE, l’Europe du
Sud semble plus eurosceptique. On peut y voir
un effet des plans d’austérité, comme semblent
l’indiquer les résultats de la Grèce et de l’Italie,
qui comptent respectivement 26 % et 36 % de
2. Voir sur le site de la Commission européenne :
« Des citoyens qui choisissent l’avenir de l’Europe ? Cinq
scenarios possibles dans le Livre blanc sur l’avenir de l’Europe »
(https://ec.europa.eu/commission/sites/beta-political/files/
livre_blanc_sur_lavenir_de_leurope_fr.pdf).
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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re
confiance. Le Portugal constitue une exception
notable puisque l’indice de confiance y est com-
parable à celui des pays d’Europe du Nord. Le cas
des pays ayant intégré l’Union plus tardivement
présente une grande diversité de situations,
interdisant toute simplification géographique. De
la Lituanie à la République tchèque, on passe de
65 % à 32 % de confiance. En moyenne, ce sont
58 % des Européens qui n’ont pas confiance ou
qui « ne savent pas », ce qui n’est pas un gage
d’intérêt envers l’Europe. Mais on atteint quasi-
ment 50 % lorsque la question est : « Pensez-
vous que votre voix compte dans l’Union ? »,
question sans doute encore davantage liée à la
vitalité d’une démocratie.
Cette prétendue défiance de l’opinion publique
mérite donc d’être relativisée au regard d’une
crise de confiance qui affecte la démocratie
dans le monde entier. D’ailleurs, les opinions
publiques demeurent toujours plus favorables
aux institutions européennes qu’à leurs propres
institutions nationales. Et si la participation aux
élections européennes est passée de 60 % en
1979 à 42 % en 2014, l’augmentation de l’absten-
tion demeure proportionnellement moins forte
que pour les élections nationales sur la même
période (sans compter le rebond assez specta-
culaire de mai 2019, avec un taux de participa-
tion de 51 %). Le paradoxe est que c’est en partie
dans les États qui ont le plus fortement bénéfi-
cié des fonds structurels de l’UE (doc. 3 p. 67)
que la défiance à l’égard de Bruxelles est la plus
importante aujourd’hui, animée par les popu-
lismes au pouvoir.
Document 5
Sur le seul continent qui devrait perdre de
la population dans les prochaines décennies
d’après les projections des démographes, les
jeunes sont une cible importante pour main-
tenir une démocratie vigoureuse dans l’UE. Un
sondage Eurobaromètres indiquait en 2007 que
pour les jeunes Européens, la citoyenneté euro-
péenne signifiait avant tout la liberté d’étudier
(94 % des interrogés) et de travailler (88 %) dans
tous les pays européens.
Le dispositif « Discover EU » permet à près de
trente mille jeunes de voyager en 2018 dans plu-
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sieurs pays de l’UE durant un à trente jours. Une
autre période de candidature a lieu en mai 2019,
ouverte aux jeunes nés entre juillet 2000 et 2001
ayant la nationalité d’un pays membre.
La Commission voit également à la hausse
le budget des projets de mobilité Erasmus et
l’association European Youth Parliament s’ap-
puie sur un réseau de jeunes qui participent et
deviennent eux-mêmes organisateurs de ses-
sions du Parlement européen des jeunes (www.
pejfrance.org/).
Démocratie numérique et opérations de com-
munication visant la jeunesse sont les nouveaux
leviers de l’UE pour combattre l’euroscepticisme.
Éléments pour traiter la consigne
La proposition d’un travail de groupe amène les
élèves à planifier une stratégie pour effectuer
cette recherche, sur la base des documents pro-
posés.
Un travail à quatre peut permettre de constituer
deux binômes : un premier binôme qui travaille
sur la première partie de la consigne (la défiance)
et un second binôme qui travaille sur la seconde
(les leviers pour réconcilier les citoyens avec
l’UE). Chaque binôme peut se répartir les tâches
en travaillant pour l’un sur les ressources dispo-
nibles dans les documents, pour l’autre sur des
idées qui pourraient se situer dans un ou deux
autres documents (recherche ciblée).
Ce travail de groupe peut également aboutir à
un débat après avoir demandé à chaque groupe
de se positionner sur le scenario d’avenir qui lui
semble le plus souhaitable à partir du Livre blanc
sur l’avenir de l’Europe.
La défiance s’explique essentiellement par le
rejet d’un modèle économique auquel l’UE est
liée depuis ses origines. Libre-échange et capi-
talisme semblent ne plus correspondre aux
attentes de certains citoyens. Mais l’UE se voit
également reprochée une organisation com-
plexe et dont le processus de décision manque
de transparence pour les citoyens. Ce sujet
mobilise d’ailleurs de nombreuses ONG, mul-
tinationales, cabinets d’avocats ou think tanks,
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 Thème 1 - OTC

qui agissent en coulisses pour conseiller ou faire

pression sur les décisions des responsables
politiques européens.
L’UE doit mieux s’appuyer sur les leviers tra-
ditionnels de la démocratie : les syndicats se
reconnaissent davantage dans leur action natio-
nale qu’à l’échelon européen.
La nécessaire transparence figure également
dans les derniers traités européens comme
un levier du rapprochement de l’UE avec ses
citoyens. Les débats citoyens et la contribution
de chacun via le numérique peuvent répondre à
cette exigence.
On peut enfin s’interroger sur les échelons
régionaux et locaux qui sont en relations perma-
nentes avec l’UE, ne serait-ce qu’en raison des
fonds dont ils bénéficient.
Il y a là sans doute un effort de communication
à produire.
En définitive, il existe peut-être un hiatus entre
l’UE qui souhaite améliorer son modèle de
démocratie et une partie des opinions publiques
qui attend de l’Europe un autre modèle que
celui-là même qui existe dans le cadre national.

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

Préparer le bac/Composition : Rédiger l’introduction et la première partie

Manuel p. 72-73

Entraînement Sur le modèle de la partie I, rédigez les parties II et III de la composition.

II. Une progression qui n’a pas empêché des remises en cause et des dérives
La « démocrature », une remise en cause de la démocratie ?
La Russie, les monarchies du golfe Persique et plus récemment le Venezuela, pour ne citer qu’eux,
sont aujourd’hui qualifiés de « démocratures », sorte de « zone grise » entre la démocratie et l’auto-
ritarisme. En effet, au niveau du fonctionnement, ces États ont les traits de régimes autoritaires :
élimination des opposants politiques, fraude électorale, longévité du dirigeant en place, répression
des manifestations, liberté de la presse menacée… Pourtant, ces régimes organisent des élections
et sont reconnus par leurs citoyens ; une faible opposition permet de conserver une façade démocra-
tique. Leur dirigeant, élu « démocratiquement », est considéré comme un « homme fort », celui qui va
enfin permettre à la démocratie d’installer un réel égalitarisme. Or, dans la pratique, tout est contrôlé
par l’État : les élections pour lesquelles on achète les voix, le dépouillement qui est contrôlé par les
hommes du parti et même la Constitution modifiée à l’envi pour s’assurer un nouveau mandat dans la
continuité (ex : Vladimir Poutine en Russie, Evo Morales en Bolivie ou Nicolás Maduro au Venezuela).
Le populisme, une dérive de la démocratie ?
Dans d’autres cas, la démocratie s’est établie en ayant respecté les règles du suffrage universel et de la
souveraineté nationale, mais dans son fonctionnement, on constate un certain reflux des libertés et par
conséquent une « régression démocratique ». En effet, en Europe, et plus particulièrement en Hongrie ou
en Pologne, s’établissent des démocraties qui restreignent les libertés. À leurs têtes, un personnel poli-
tique conservateur, issu de partis populistes. Ainsi, Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, a lui-même
déclaré avoir mis en place un régime démocratique « illibéral » dans lequel la liberté de la presse est res-
treinte, le droit de réunion suspendu et les SDF exclus des villes. C’est aussi le cas en Pologne où le droit
à l’avortement a été fortement restreint. Au lieu d’avancées démocratiques, ces pays connaissent un
recul démocratique. Et pourtant, la démocratie au sens électoral du terme existe toujours. Ce modèle de
démocratie ultra-conservatrice, chrétienne et xénophobe se retrouve aussi en Italie avec le parti de Matteo
Salvini, en Turquie avec Recep Tayyip Erdogan et de l’autre côté de l’Atlantique avec Jair Bolsonaro,
au Brésil, dont l’arrivée à la présidence s’est soldée par la suppression du ministère de la Culture, l’auto-
risation du port d’armes ou encore le plan pour « nettoyer » le pays des opposants et des minorités.
Dans ces conditions, nul doute que la démocratie est en crise et qu’il devient urgent de la réinventer.

III. La nécessité de repenser le modèle démocratique

Un constat : le recul de la démocratie
Depuis une dizaine d’année, la démocratie, qui avait globalement progressé dans le monde, recule.
Seule 40 % de la population mondiale vit désormais dans une démocratie. Ce qui frappe le plus,
c’est le recul de la liberté d’expression et la faiblesse de l’État de droit. Autre fait marquant, l’arrivée
au pouvoir de leader qualifié de « charismatique » faisant campagne sur le nécessaire changement
politique pour restaurer le pouvoir d’achat, canaliser les migrations, retrouver la prospérité écono-
mique, maintenir le niveau de vie de ceux qui travaillent et faire respecter la sécurité. Le meilleur
exemple reste l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. À cela s’ajoutent les mou-
vements citoyens qui ont agité l’Europe, l’Amérique du Nord et même l’Asie entre 2011 et 2017. Par
exemple, les Indignés en Espagne, le mouvement Occupy à Manhattan ou encore « la révolution des
parapluies » à Hong Kong. Tous réclamaient plus de participation citoyenne.

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 Thème 1 - Préparer le bac

Vers une démocratie plus participative ?

Le recul de la participation aux élections trouve souvent son explication dans la défiance des citoyens
à l’égard des politiques qu’ils jugent trop éloignés de leurs réalités et par conséquent de leurs reven-
dications. De même, un sondage récent montre que pour plus de la moitié des Français, la démo-
cratie fonctionne mal. Ainsi, de plus en plus de citoyens réclament une démocratie plus juste et
plus participative. Ce principe comprend, outre la participation de tous les citoyens aux élections,
l’existence de dispositifs de démocratie directe avec une représentativité plus équitable pour les
pouvoirs locaux et régionaux. Longtemps, on a pensé qu’une démocratie plus participative était uto-
pique. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui avancent le numérique comme un moyen d’élargisse-
ment participatif démocratique. En effet, les forums, les plateformes collaboratives se multiplient
pour redonner le goût de s’engager et réinventer une démocratie. D’autres cherchent à s’inspirer du
modèle suisse de référendum d’initiative populaire.

Préparer le bac/Analyse de document(s) : Analyser un texte

Manuel p. 74-75

Entraînement Étudiez le texte 1 p. 68 : le tournant de Maastricht (1992) analysé par un témoin.

Étape 1 : Présenter le document

- Nature : récit témoignage, livre de réflexions
- Auteur : Jacques Attali, socialiste et ancien conseiller spécial du président français François Mitterrand
- Source : C’était François Mitterrand, © Pluriel, 2005.
- Contexte historique : Début des années 1990, effondrement de l’URSS (1991) consécutif à la chute
du mur de Berlin (1991) et point d’orgue d’une recomposition géopolitique majeure à l’échelle
mondiale (États-Unis comme seule superpuissance au sein d’un monde libéré des logiques
de guerre froide) et européenne (chute du Rideau de fer et accès à l’indépendance des peuples
d’Europe centrale et orientale libérés du joug soviétique).
- Idée générale : Jacques Attali présente le contexte, la genèse et les impedimenta d’une étape inédite
dans le processus de construction européen : celui d’un rapprochement politique beaucoup plus étroit
que l’union majoritairement économique qui avait prévalue, conclu par le traité de Maastricht en 1992.
Problématique : Comment Jacques Attali présente-t-il le rapprochement politique inédit qui
survient dans une Europe bouleversée par la fin de la guerre froide ?

Étapes 2 et 3 : Mobiliser ses connaissances et élaborer le plan de la réponse

I) Une recomposition propice de l’ordre mondial et européen
A) La fin d’un monde bipolaire
Effondrement de l’URSS (1991) et victoire symbolique du modèle démocratique et libéral occidental ;
domination géopolitique des États-Unis et de leurs alliés (guerre du Golfe, 1991).
B) Une Europe bouleversée par la chute du Rideau de fer
Réunification des Allemagne (1990), indépendances successives et relativement pacifiques
des anciens peuples et États sous le joug de l’URSS (1990-1991) ; triomphe du modèle libéral et
économiquement unifié des douze membres de la CEE (1957).

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 Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques 1re

II) Un projet de rapprochement d’une ambition inédite

A) La relance du processus d’intégration économique
Ancienneté du rapprochement économique (CECA en 1951, traité de Rome en 1957, union doua-
nière en 1968, Acte unique en 1985) ; désormais, important pilier économique et monétaire de
la nouvelle Union (signée en février 1992, avec projet d’union économique et monétaire avec vote
au plus tard au 1er janvier 1999).
B) L’ouverture d’un volet politique sans précédent
Coopération en termes de politique intérieure et de justice, avec encouragement de l’intergouverne-
mentalité concernant des questions communes essentielles (circulation et séjour des ressortissants
de pays tiers, lutte contre l’immigration irrégulière, coopération judiciaire et douanière) ; tentative
d’unification de la voix diplomatique, géopolitique et militaire de l’UE avec la PESC (coopération
étroite et théoriquement univoque face aux questions de sécurité, de politique étrangère) ; création
d’une véritable union dotée d’institutions rénovées (Conseil européen notamment).

III) En creux, les premières limites et difficultés de la nouvelle union

A) Les réticences et insatisfactions de partenaires essentiels
Insatisfaction de l’Allemagne, qui réclamait davantage de parlementaires et s’estime moteur
de cette nouvelle union ; réticences de la Grande-Bretagne, qui refuse d’aliéner une partie de sa
souveraineté monétaire (rejet de l’euro au profit de la puissante livre sterling) et de ses valeurs
sociétales (rejet de la charte sociale).
B) Un premier déficit démocratique
Ambivalence du nouveau projet européen, avec soutien mitigé des peuples (cf. 51,05 % des voix
en France) ; détonne avec l’enthousiasme et la quasi-univocité des chefs d’État, soucieux de faire
l’Europe mais pour certains pessimistes quant au soutien populaire (cf. Mitterrand fin mai 1992).

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