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LA RELIGION DANS LES ÉLECTIONS DU 4 NOVEMBRE 2008 AUX ÉTATS-

UNIS : ANNONCE D'UNE NOUVELLE DONNE ?

Ariane Zambiras
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Belin | « Revue française d’études américaines »

2009/1 n° 119 | pages 34 à 45


ISSN 0397-7870
ISBN 2701153506
Article disponible en ligne à l'adresse :
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du 4 novembre 2008
aux États-Unis : annonce
d’une nouvelle donne ?
Ariane ZAMBIRAS

mots-clés/key-words
What was the role played by the religious vote in the
November 4th, 2008 presidential election ? After two rounds of
élection ; religion ; elections where the religious voice seemed firmly and almost
politique ; foi ; exclusively positioned with the Republican Party, this
John McCain ; campaign has brought change, and also possibilities for more
Barack Obama ; change in the future. The Democratic Party has opened up to
questions morales ; progressive religious voters and religious rhetoric, carried
clivage politique
forward by a leading candidate (Barack Obama) not afraid to
* talk personally about the role faith plays in his life and in his
election; religion; politics;
faith; John McCain; Barack
commitment to social justice. By contrast, the traditional
Obama; moral values;
alliance between conservative religious voters and Republicans
realignment seemed weakened, with McCain’s failure to talk convincingly
about the role faith plays in his life, coupled with the relative
silence around so-called “moral” values during the campaign.
The promotion of new issues at the top of the political agenda,
such as the devastating financial crisis, and the rising concerns
about energy supplies, are bringing with them new questions
about the political alignment of religious constituencies.

LL e paysage religieux dans lequel s’est déployée la campagne électorale de


2008 aux États-Unis fut pour le moins éclectique. On peut tout d’abord
noter l’intérêt populaire et médiatique suscité par la publication de
nombreux ouvrages rassemblés sous l’appellation de « nouvel athéisme »1,

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comme en témoigne leur présence sur la liste des best-sellers du New York
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Times pendant plusieurs mois. À l’autre extrémité de l’échiquier religieux,
cette campagne fut la première menée depuis vingt-cinq ans par la droite
chrétienne sans la présence de Jerry Falwell, décédé en mai 2007. Au centre
de la scène, deux candidats dont l’aptitude respective au parler religieux
bouleverse les habitudes : le candidat démocrate Barack Obama, membre
pendant plus de vingt ans d’une église protestante « mainstream »
historiquement progressiste, parle de sa foi comme du moteur de son
existence. Face à lui, John McCain, épiscopalien qui fréquente aujourd’hui
une méga-église évangélique, se détourne des questions les plus
personnelles sur sa relation à Dieu.
Tous les éléments sont réunis pour que se joue un épisode
particulièrement captivant des relations entre religion et politique aux États-
Unis, épisode où l’on voit se dessiner une nouvelle configuration de ces
rapports, implicite depuis la fin du second mandat de George W. Bush.
L’élection du quarante-quatrième président des États-Unis, de la campagne
des primaires jusqu’à l’investiture, révèle une ouverture du Parti démocrate
vers la frange la plus religieuse de l’électorat américain, celui-ci ayant été
délaissé au profit du GOP pendant de nombreuses années. Le deuxième
point remarquable de cette élection est le relatif silence des candidats et des
principaux médias à propos des questions dites « morales », comme
l’avortement ou le mariage homosexuel, silence que l’on peut mettre en
relation avec l’émergence d’une nouvelle génération d’évangéliques. Enfin,
le dernier moment de notre analyse revient sur le profil religieux des deux
protagonistes principaux de cette élection, les sénateurs McCain et Obama,
et tente de mettre en évidence la dynamique qui anime la relation entre
trajectoire spirituelle individuelle et carrière politique. La foi et la pratique
religieuse des candidats peuvent en effet aussi bien être utilisées à des fins
polémiques que renforcer un capital politique.

Le parti démocrate à la conquête du terrain religieux


L’un des faits les plus remarquables du déroulement de la campagne
des primaires du côté démocrate, en plus de la durée record du duel entre
les deux candidats, fut l’ouverture affirmée du parti vers l’électorat
pratiquant. Dans un pays où 86% de la population déclare croire en un
Dieu, et plus de 70 % croire à l’existence des anges et à celle du diable
(Gallup), cette ouverture est un enjeu non négligeable. Elle s’est traduite
par la mise en place d’importants investissements de forme par le parti,
aussi bien au regard des structures créées en interne que par la rhétorique
langagière et visuelle utilisée, notamment au moment de la convention
d’août 2008.

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ARIANE ZAMBIRAS

Pour le replacer dans une perspective historique plus longue, l’intérêt


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porté par les démocrates à l’électorat pratiquant peut être compris comme
une tentative de réponse tardive à la stratégie sudiste du Parti républicain,
menée avec succès au lendemain de la signature des lois sur les droits
civiques2. Le Civil Rights Act voté par les démocrates en 1964 en faveur de
la déségrégation a déclenché un réalignement politique des électeurs des
États du grand Sud, qui renoncèrent à leur affiliation politique traditionnelle
(démocrate) pour se tourner vers le GOP. La consolidation de l’alliance entre
le Parti républicain et les électeurs religieux conservateurs s’est poursuivie
dans les années 1980 et 1990 avec l’entrée en politique de groupes
évangéliques conservateurs3.
Ce n’est que récemment que les initiatives ont été multipliées chez les
démocrates pour modifier l’image d’un parti hostile à la religion. En 2005, le
comité national du parti a créé une structure destinée à développer la
communication avec les communautés religieuses (Faith in Action Initiative).
Toujours en 2005, Nancy Pelosi, députée démocrate de Californie et porte-
parole de la Chambre des représentants, a mis en place un groupe de travail
sur les questions religieuses (Faith Working Group)4. Les deux principaux
candidats démocrates à l’élection 2008 ont prolongé ces efforts en engageant
des « conseillés évangéliques » pour leur campagne. Le comité The Matthew
25 Network dirigé par Mara Vanderlsice a apporté son soutien à Barack
Obama en diffusant des messages publicitaires sur les chaînes de radio et de
télévision religieuses5. Le changement est aussi visible dans le style oratoire
de nombreux démocrates. La convention du parti en août 2008 à Denver,
dont l’organisation avait été confiée à Leah Daughtry, pasteur d’une
congrégation pentecôtiste à Washington, a été ouverte un dimanche avec une
célébration œcuménique, et chaque journée s’est terminée par une
bénédiction donnée par les représentants de plusieurs cultes. Certains ont
même observé, non sans ironie, que l’affichage si prononcé de la religion
parmi les démocrates faisait presque ressembler George Bush à un partisan
de l’ACLU6.
Ces initiatives, critiquées par les républicains comme des stratégies
politiciennes, ont porté leurs fruits. D’après un sondage réalisé par le Pew
Forum, Barack Obama a obtenu une part plus importante du vote des
principaux groupes religieux que John Kerry en 2004. Il a notamment reçu
54 % des votes catholiques, soit sept points de plus de John Kerry (lui-même
catholique). Les bons résultats d’Obama auprès des électeurs catholiques
sont en partie dus à son succès chez les catholiques latinos, puisque ceux-ci
déclaraient quelques semaines avant l’élection soutenir Obama par une
marge de 39 points, alors que les Latinos protestants, qui représentent un
tiers de tous les Latinos, déclaraient soutenir McCain (51 %), plutôt
qu’Obama (41 %) (Newport). Ces chiffres montrent que les Latinos ne sont

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LA RELIGION DANS LES ÉLECTIONS DU 4 NOVEMBRE 2008 AUX ÉTATS-UNIS

pas un bloc homogène, et que leur affiliation religieuse est politiquement


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significative. McCain a lui perdu des points par rapport à George W. Bush
en 2004 dans tous les groupes religieux sans exception (Pew Forum,
« Voting Religiously »).

Silence singulier sur les questions dites « morales »


Pendant la phase finale de la campagne présidentielle, qui a vu
s’opposer le ticket McCain-Palin et celui Obama-Biden, les clivages
partisans ne se sont pas cristallisés autour des valeurs dites « morales »
considérées pourtant comme incontournables lors des deux élections
présidentielles précédentes. Les questions du mariage homosexuel et de
l’avortement n’ont presque pas été abordées pendant la campagne, ce qui est
d’autant plus révélateur que les électeurs de trois États ont été invités à se
prononcer sur le mariage homosexuel le jour de l’élection générale7. Cette
discrétion des candidats et des principaux médias reflète l’état de l’opinion,
puisque, selon l’institut Gallup, à quelques semaines de l’élection, seulement
0,68 % des personnes interrogées citent l’avortement comme leur première
préoccupation, bien loin derrière l’économie (42 %), la couverture médicale
et l’énergie (13 %), et la situation en Irak (12,5 %)8.
Il y a bien sûr des moments de la campagne qui ont fait exception et qui
ont vu ressurgir les questions socio-politiques chères à la droite chrétienne.
Quelques semaines avant les conventions des deux principaux partis, McCain
et Obama étaient invités à Saddleback Church, méga-église où officie le
pasteur évangélique Rick Warren. Au cours du service qui rassemble chaque
dimanche plus de 22 000 fidèles, le célèbre pasteur a interrogé successivement
les deux candidats sur plusieurs sujets ayant trait à leur foi (Vartabedian et
Serrano). Les réponses apportées par McCain aux questions sur l’avortement
et sur le mariage homosexuel ont provoqué les applaudissements immédiats
du public. Mettant en avant sa position pro-life au Congrès depuis plus de
vingt-cinq ans, McCain a répondu sans hésitation qu’un fœtus a des droits dès
le moment de sa conception. De la même manière, il a sans hésiter répondu
que le mariage ne pouvait être qu’une union entre un homme et une femme.
Les réponses du candidat démocrate ont été moins directes. Interrogé sur le
moment à partir duquel un fœtus a des droits, Obama a expliqué qu’il était au-
dessus de ses compétences de donner une réponse spécifique d’un point de
vue théologique ou scientifique. Pour la question du mariage homosexuel, il a
répondu qu’en tant que chrétien, il considérait que les liens du mariage ne
pouvaient unir qu’un couple hétérosexuel, en concédant la nécessité d’unions
civiles pour les couples homosexuels.
Cet exercice, critiqué au nom de l’article VI de la Constitution qui
interdit qu’une profession de foi religieuse soit exigée comme condition

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d’aptitude aux fonctions ou charges publiques (Jacoby), a toutefois permis


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de révéler un peu plus la relation de chaque candidat à sa foi. McCain a
finalement peu parlé de sa relation personnelle à Dieu, alors que cette
dimension est essentielle pour les électeurs les plus religieux. Obama a pu
montrer encore une fois que contrairement aux démocrates qui l’ont précédé
dans la course à la Maison blanche, il a une relation à sa foi forte et sait en
parler de manière convaincante9.
Pourquoi les valeurs « morales » ont-elles été moins visibles pendant
cette élection que lors des campagnes précédentes ? La réponse est sûrement
à trouver dans une combinaison de facteurs conjoncturels (les personnalités
des candidats, la crise financière qui s’est lourdement aggravée huit
semaines avant l’élection), avec des facteurs plus structurels qui pointent
vers une transformation des attentes des électeurs évangéliques.

Vers un réalignement du vote des évangéliques ?


Les résultats des sondages de sortie des urnes indiquent un fort report
des voix évangéliques vers le candidat John McCain, qui aurait reçu 73 % du
vote des évangéliques, contre 26 % pour Obama. Ce très bon résultat n’a
cependant pas été suffisant pour lui assurer la victoire.
L’attention portée au vote des évangéliques se justifie de plusieurs
manières. La première est leur poids dans la composition totale de
l’électorat, puisque 23 % des Américains se déclarent évangéliques ou born
again10. Ils sont donc le deuxième groupe religieux derrière les catholiques,
qui représentent 27 % de l’électorat. Le second facteur qui contribue à en
faire un groupe très surveillé est leur comportement politique a priori
tranché, puisqu’ils soutiennent très majoritairement le Parti républicain
depuis les années 1960.
Comment expliquer que, malgré ce report massif des voix
évangéliques vers le candidat McCain, celui-ci ait été largement battu par
son opposant démocrate ? Il y a bien sûr des dynamiques propres à cette
élection qui dépassent la sphère religieuse : la cote de popularité très faible
du président Bush à la fin de son mandat, les fonds très importants récoltés
par Obama, l’importance de la crise économique, la capacité d’Obama à se
positionner comme le candidat imperturbable face à un McCain parfois
décrit comme fantasque.
Si l’on s’intéresse aux dynamiques proprement religieuses de cette
élection, on remarque les très bons résultats d’Obama dans les deux groupes
réputés les plus fidèles au Parti républicain : les évangéliques d’une part,
puisque Obama a recueilli 26 % de leur vote, soit 5 points de plus que Kerry
en 2004 ; les pratiquants très assidus d’autre part (Obama a augmenté son
score de huit points par rapport à John Kerry pour ce groupe)11. Cette très

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belle performance du candidat démocrate auprès de ces deux groupes est le


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résultat combiné de la capacité d’Obama à parler de l’influence de sa foi sur
sa vie, mais aussi d’une transformation interne qui commence à se dessiner
chez les évangéliques.
La première composante de cette transformation est un renouvellement
générationnel, qui fait émerger de nouveaux protagonistes, mais aussi de
nouveaux thèmes. Les piliers de la droite chrétienne commencent à céder la
place à une nouvelle génération, menée par le révérend Rick Warren
(désigné par U.S. News and World Report comme l’une des vingt-cinq
personnalités américaines les plus importantes), le révérend Bill Hybels, qui
est à la tête d’une église fréquentée par plus de 20 000 fidèles chaque
dimanche, et Richard Cizik, lobbyiste et porte-parole de l’Association
nationale des évangéliques12.
La montée en puissance de cette nouvelle génération se traduit moins
par un changement du positionnement à l’égard de l’avortement et du
mariage homosexuel, que par la relégation de ces thèmes à une position
secondaire et par l’apparition de nouvelles piorités telles que la protection de
l’environnement ou la lutte contre la pauvreté dans le monde. Une Initiative
évangélique pour le climat (Evangelical Climate Initiative) a été signée en
2006 par de nombreux responsables évangéliques, avant d’être critiquée par
les « vieux lions » de l’ancienne génération (Luo et Goodstein). La montée de
ce dernier thème est particulièrement intéressante à observer car elle risque
d’exacerber les tensions à l’intérieur du parti républicain à propos des
différentes façons d’obtenir l’indépendance énergétique. Le problème est
d’autant plus épineux que la question des ressources énergétiques est de plus
en plus pensée comme indissociable de celle de l’indépendance nationale et
de la stratégie à adopter au Moyen Orient13.
Une des leçons à tirer de l’analyse du vote religieux dans cette élection
est que le groupe des évangéliques, aussi important soit-il, ne peut pas à lui
seul garantir la victoire d’un candidat. Ils font partie d’une coalition plus
large, ce qu’avait bien saisi l’équipe d’Obama. La question qui se dessine
alors est la suivante : pourquoi Obama a-t-il été plus à même que son
adversaire d’entamer la reconquête de votes qui semblaient jusque-là
acquise au parti républicain ?

Le profil des candidats : des trajectoires religieuses


sources de controverses
Cette campagne électorale marque sans aucun doute un renouvellement
du paysage politico-religieux dans le sens où l’utilisation de références
chrétiennes s’est retrouvée avec force du côté démocrate plutôt que du côté
républicain. Dans un contexte déjà ancien de personnalisation de la

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présidence (Michelot), les biographies religieuses des candidats sont


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examinées de près. Tout comme George W. Bush, qui avait pu mettre en
avant une trajectoire biographique où la religion avait joué un rôle
important, Barack Obama a su tirer les ressources de son engagement
religieux, bien plus que son adversaire.
John McCain fut élevé dans la religion épiscopalienne. Depuis son
second mariage, avec Cindy Hensley en 1980, le couple fréquente une méga-
église en Arizona appartenant à la dénomination des baptistes. Plusieurs
controverses ont entouré la biographie religieuse du candidat républicain. La
première concerne le fait qu’il n’a jamais été baptisé. Interrogé sur ce point,
McCain a expliqué qu’il ne trouvait pas que le baptême soit un geste
nécessaire « pour ses besoins religieux ». Le deuxième élément difficile pour
McCain a trait à sa relation avec certains pasteurs évangéliques médiatiques,
particulièrement tendue depuis la campagne des primaires contre George W.
Bush en 2000 au cours de laquelle McCain a qualifié Pat Robertson et Jerry
Falwell « d’agents d’intolérance »14. Ces discordes se sont prolongées en
2008. John Hagee, pasteur d’une méga-église à San Antonio au Texas,
apporta publiquement son soutien à McCain en février 2008. McCain fut
cependant contraint de rejeter ce parrainage trois mois plus tard en raison de
plusieurs déclarations faites par Hagee, celui-ci affirmant entre autre que
l’Holocauste était un instrument du projet divin pour ramener les juifs en
Palestine (Rich). À la même période, McCain rejetait le soutien du
télévangéliste Rod Parsley à cause de propos insultants que celui-ci avait
prononcés à l’encontre du prophète Mahomet (Banjerjee et Luo).
Ces tensions ont peut-être été accentuées par le fait que McCain parle
difficilement de sa foi de manière personnelle. Presque systématiquement
quand il était interrogé sur ses convictions religieuses, McCain reprenait
l’histoire de sa rencontre avec son geôlier pendant sa captivité au Vietnam,
qui avait relâché les liens qui le maintenaient prisonnier, et qui quelques
mois après, au moment de Noël, avait tracé une croix sur le sol devant lui.
Pour beaucoup, cette histoire en dit plus sur la foi du geôlier que sur celle du
candidat.
La longue campagne de Barack Obama ne fut pas exempte, elle non
plus, de polémiques. La première fut liée au doute entourant sa religion. Son
second prénom (Hussein) avait nourri des rumeurs tenaces le présentant
comme musulman. Obama dut démentir efficacement ces rumeurs, sans le
faire avec trop de force afin de ne pas laisser penser que cela aurait pu être
une mauvaise chose qu’il soit pris pour musulman. Élevé sans tradition
religieuse particulière, c’est seulement à l’occasion de son engagement en
tant que travailleur social (community organizer) auprès de paroisses
catholiques à Chicago qu’Obama a décidé de se tourner vers la religion,
cheminement qu’il décrit dans son livre The Audacity of Hope comme « un

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LA RELIGION DANS LES ÉLECTIONS DU 4 NOVEMBRE 2008 AUX ÉTATS-UNIS

choix » plutôt qu’une « épiphanie ». Obama se fit baptiser dans l’église


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Trinity United Church of Christ en 1988, il est alors âgé de 27 ans.
Cette église du sud-est de Chicago, qu’Obama a fréquentée pendant
presque vingt ans, a été au centre d’une des attaques les plus importantes
portées contre le candidat démocrate. En mars 2008, des extraits de sermons
du pasteur de l’église, Jeremiah Wright, qui laissait entendre que les attaques
terroristes du 11 septembre 2001 étaient un juste retour du terrorisme sur lui-
même et qui critiquait violemment le gouvernement américain pour le
mauvais traitement réservé aux noirs, ont été diffusés dans les médias
nationaux. Obama s’est dans un premier temps détaché des paroles de son
pasteur. À l’occasion d’un discours important, le 18 mars 2008, intitulé « A
More Perfect Union » en référence aux mots introductifs de la Constitution
fédérale, il a condamné les propos du pasteur, tout en les replaçant dans la
pluralité de ses héritages personnels (Obama a ainsi évoqué les
commentaires parfois racistes faits par sa grand-mère blanche et ajouté qu’il
ne pouvait pas plus la renier que désavouer son pasteur). La polémique a
cependant continué, nourrie par des interventions du pasteur Wright dans les
médias réaffirmant ses propos. La famille Obama a alors pris la décision de
rompre leur appartenance à Trinity United Church of Christ.
Aussi virulente qu’elle ait été, cette controverse n’a pas entamé
l’image d’Obama comme véritable homme de foi. Sa maîtrise du langage
biblique est perceptible dans plusieurs de ses discours, comme dans le
discours de soutien à John Kerry en 2004, pendant lequel Obama a déclaré :
« We worship an awesome God in the blue states ! ». À la différence de
McCain, Obama a une véritable histoire de conversion, qu’il exprime dans
des termes qui résonnent dans l’esprit des croyants qui l’écoutent
(« Kneeling beneath that cross on the South Side in Chicago, I felt I heard
God’s spirit beckoning me. I submitted myself to His will, and dedicated
myself to discovering His truth ») 15. Cette capacité à faire écho à ses
convictions religieuses en public, et à les replacer dans le contexte de ses
années de travailleur social pour des populations défavorisées, a permis à
Obama de mettre en valeur une « foi active » et de conquérir ainsi le vote
religieux (Froidevaux-Metterie, 2009 102). Le candidat démocrate s’est
voulu en rupture avec ses prédécesseurs, jugés trop élitistes et coupés de la
base du parti, un candidat qui comprend que la religion fait partie de
l’identité de la base de l’électorat démocrate, et qui ne méprise pas cette
composante identitaire importante, notamment pour l’électorat ouvrier16.
Cette volonté d’affichage du religieux ne va cependant pas sans susciter des
critiques au sein même de son électorat, comme celles provoquées parmi les
tenants du mur de séparation entre l’Église et l’État par le prolongement des
Faith-Based Initiatives17 ou encore, de manière peut-être plus significative,
par la place accordée à Rick Warren lors de l’investiture du nouveau

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ARIANE ZAMBIRAS

président. La bénédiction offerte par le pasteur évangélique a été critiquée


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car, outre son opposition affichée au mariage homosexuel, Warren a enfreint
l’implicite des cérémonies officielles. Les références religieuses sont
tolérées tant qu’elles restent dans le cadre de la « religion civile » (Bellah) et
qu’elles ne font pas allusion à une dénomination particulière – ce à quoi
Warren, qui a mentionné le nom de Jésus et récité le Notre Père, ne s’est pas
tenu18.
Le succès de Barack Obama auprès des minorités ethniques est
incontestable. Il pourrait cependant se révéler à double tranchant, comme le
montre le résultat du vote contre le mariage homosexuel en Californie,
attribué par beaucoup au nombre plus élevé d’Afro-Américains qui sont
allés voter. Tout donne en effet à penser que certains groupes religieux ou
ethniques soutiendront des initiatives conservatrices sur le plan des
questions dites « morales » et des initiatives plus progressistes sur le plan
économique19. Ces facteurs structurels posent la question de la pérennité de
la coalition qui s’est rangée avec enthousiasme derrière le sénateur de
l’Illinois, et celle d’un possible renouveau « du travail politique de
l’identité » (Fassin) et de ses multiples composantes – sexuelle, ethnique et
religieuse.

ARIANE ZAMBIRAS est sociologue spécialiste des États-Unis. Elle rédige actuellement une thèse
intitulée « La politique inspirée, religion et imaginaire politique aux États-Unis », sous la direction
de Danièle Hervieu-Léger à l’EHESS. Elle est l’auteur de plusieurs articles sur la question des
relations entre religion et politique aux États-Unis, notamment de « La mort à tout prix : la peine
capitale et ses justifications chez les croyants américains », Critique Internationale, à paraître en
2009. Elle enseigne la sociologie politique à l’Institut d’Études Politiques de Toulouse.

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OUVRAGES CITÉS
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BAI, Matt. « Working for the Working- The New York Review of Books 54 : 7
class Vote », New York Times (2007).
Magazine, 19 octobre 2008, 38. FROIDEVAUX-METTERIE, Camille.
BANJERJEE, Neela et Michael LUO. Religion et politique aux États-Unis.
« McCain Cuts Ties to Pastors Paris : La Découverte, « Repères »,
Whose Talks Drew Fire », 2009.
New York Times, 23 mai 2008. —. « États-Unis : comprendre
BELLAH, Robert N. « Civil Religion l’énigme théocratico-laïque ».
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(1967) : 1-21. (2007) : 105-133.

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NOTES

1. Pour ne citer que les plus connus : The End of Faith (2004) de Sam Harris ; The God
Delusion (2006) de Richard Dawkins ; God is not Great (2006) de Christopher Hitchens. Pour
une analyse du « nouvel athéisme », voir Caron.
2. Pour l’analyse de ce moment crucial de l’histoire religieuse des États-Unis, on peut
se reporter à Lacorne 188-194.
3. Pour l’analyse de l’entrée en politique des évangéliques, et les tensions qui traver-
sent l’alliance entre les évangéliques et les républicains, voir Richet.
4. Ces diverses initiatives ne remettent pas en cause la séparation des Églises et de l’É-
tat établie de longue date et qui fait des États-Unis une république laïque. Sur ce point, voir
Froidevaux-Metterie (2007 et 2009).
5. Deux ouvrages publiés récemment font état de la réticence du parti démocrate à
mettre en échec l’alliance entre religion et parti républicain, voir Sullivan et Dione.
6. L’American Civil Liberties Union est une association de lobbying législatif pour la
défense des droits des personnes, souvent accusée d’être responsable de l’évidement de la pré-
sence religieuse dans la sphère publique. Voir Weeks.

44 N° 119 1er TRIMESTRE 2009


NOTES

7. Les initiatives référendaires visant à interdire le mariage homosexuel ont été accep-
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tées dans les États de Californie, Floride et Arizona. Le cas californien est particulièrement inté-
ressant, puisque les Californiens ont voté à plus de 60% pour Barack Obama, et 52% de l’élec-
torat a en même temps accepté un amendement à la constitution de l’État (Proposition 8) qui
définit le mariage comme une union entre un homme et une femme. Pour une analyse du
mariage homosexuel comme un enjeu religieux et juridique, voir Coulmont. Voir aussi Miller
dans ce même numéro de la RFEA.
8. Voir le sondage réalisé par USA Today et l’institut Gallup du 5 au 7 mai 2008.
9. Obama avait d’ailleurs fait preuve des mêmes qualités dans son discours d’ouverture
lors de la conférence organisée autour du magazine chrétien Sojourners, fondé par Jim Wallis,
un évangélique progressiste.
10. Les statistiques de ce paragraphe sont tirées de « How the Faithful Voted », étude
publiée par le Pew Forum on Religion and Public Life, 10 novembre 2008.
11. Ibid.
12. Voir FitzGerald.
13. Cette question est elle-même complexifiée par l’intérêt des évangéliques améri-
cains à l’égard d’Israël. Voir Fath.
14. « McCain Religious Biography », The Pew Forum on Religion and Public Life, page
consultée le 27 novembre 2008, disponible sur : http://pewforum.org/religion08/profile.php?
CandidateID=3.
15. Ce passage est extrait du discours prononcé lors de la conférence Call to Renewal
déjà mentionnée, organisée par le magazine Sojourners. Le texte entier de l’intervention
d’Obama est disponible sur le site du magazine : http://www.sojo.net.
16. Pour une très bonne synthèse sur l’efficacité de la campagne d’Obama sur l’électo-
rat ouvrier, voir Bai. Pour une perspective historique du décrochage entre l’électorat ouvrier et
le Parti démocrate, voir Vergniolle de Chantal.
17. Voir Jacoby 2009. Les Faith-Based Initiatives permettent l’allocation de fonds
publics à des organisations religieuses caritatives.
18. On peut noter que V. Gene Robinson, premier évêque ouvertement homosexuel
ordonné dans la religion épiscopalienne, a été choisi pour offrir la bénédiction d’ouverture du
dimanche précédant l’investiture, et que l’ancien leader pour les droits civils Joseph E. Lowery
a lui aussi participé à la cérémonie du 20 janvier 2009.
19. Pour une comparaison entre le correspondant électoral des Latinos et celui des
blancs, et les implications politiques à l’échelle de la Californie, voir Douzet. Pour une analyse
des implications pour le redécoupage électoral, voir Miller et Levitt.

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