Vous êtes sur la page 1sur 12

DE LA SEXUALITÉ FÉMININE AU FÉMININ

Éliane Allouch

Érès | « Le Coq-héron »

2020/2 N° 241 | pages 62 à 72


ISSN 0335-7899
ISBN 9782749267258
DOI 10.3917/cohe.241.0062
Article disponible en ligne à l'adresse :
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2020-2-page-62.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Érès.


© Érès. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


L’énigme du féminin

Éliane Allouch

De la sexualité féminine au féminin


© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
La question de la sexualité féminine est à l’origine de nombreuses et fruc-
tueuses controverses par le passé, et correspond à des moments critiques dans
l’histoire de la psychanalyse. Aujourd’hui, cependant, la notion du féminin
semble plus d’actualité auprès de la nouvelle génération d’analystes, ils (elles)
évoquent même pour la plupart leur malaise par rapport à la référence à la
sexualité féminine, fantasmée ou réelle. Mais c’est l’embarras dans lequel je me
suis retrouvée il y a trois ans au séminaire que, avec Sylvie Sesé-Léger, j’anime
depuis une dizaine d’années au sein de la Société de psychanalyse freudienne
(spf), intitulé alors « La sexualité féminine de Freud à nos jours », lorsque des
participant(e)s firent remarquer que le titre du séminaire « datait » ! L’année
suivante, rapportant à S. Sesé-Léger cette remarque sans élucider alors mon
embarras, je lui proposai de reprendre le terme du féminin qu’elle avait proposé
en 1996 dès l’origine de ce séminaire, qu’elle avait initié sous la rubrique
« Le féminin en question ». Aussi bien, depuis trois ans, le titre de notre sémi-
naire est « Le féminin de Freud à nos jours ».
Peut-on intervertir, sans se poser plus de questions, ces deux notions : la
sexualité féminine et le féminin ? Quels rapports précis, métapsychologiques,
historiques, ou autres, y a-t-il entre elles, et pourquoi sommes-nous amenés à
poser un tel questionnement ?
Cet article sera l’occasion de problématiser ce passage de la sexualité fémi-
nine au féminin en établissant une sorte de canevas historique et métapsycho­­
logique le plus concis possible, à partir d’une mise en perspective des principaux
congrès internationaux de psychanalyse qui, de Freud à nos jours, ont ponctué les
recherches sur la sexualité féminine et le féminin. Puis j’en viendrai à quelques
ouvrages psychanalytiques post-1968. C’était d’ailleurs le projet implicite (et
non explicite) que nous avions proposé dans l’argument de notre séminaire :
« Dans la perspective des filiations analytiques et des dynamiques transféren-
tielles, nous poursuivrons l’étude des pionnier(e)s sur la sexualité féminine,
en regard des recherches contemporaines plutôt axées sur le féminin. »

62

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 62 25/05/2020 10:42


Bref rappel des théories de Freud et de Lou Andreas-Salomé Peut-on encore parler
de sexualité féminine ?
Après la découverte de la dynamique de l’inconscient à partir des rêves
et de l’écoute des femmes en cure analytique (Interprétation des rêves, Études
sur l’hystérie, Dora, Psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine), dès les
Trois essais sur la théorie sexuelle (1905)1*, Freud fait une proposition ferme
concernant l’existence d’une libido unique avec primat du phallus pour les deux
sexes, sans pour autant exclure celle de la bisexualité. Autrement dit, selon
lui, il n’y a pas d’individu détenteur d’une pure spécificité mâle ou femelle.
Les femmes, toutefois, « présenteraient une bisexualité plus accentuée2 ».
Le complexe d’Œdipe serait chez la fille une formation secondaire, chez le
garçon une formation primaire. Freud reconnaît ainsi tardivement – après sa
prise en compte des travaux des pionnières de la psychanalyse – que « la phase
pré-œdipienne [l’attachement à la mère] de la femme atteint […] une impor-
tance que nous n’avions jamais attribuée jusqu’ici3 » : le père est d’abord un
rival pour la fille ce qui, selon Freud, peut être le point de fixation de l’hystérie
et de la paranoïa féminine. Aussi bien, pour lui, la fille désire d’abord sa mère,
ensuite un pénis, puis un enfant du père, mais l’attachement au père n’est qu’une
conséquence de l’envie du pénis.
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
Dès 1914, Lou Andreas-Salomé (1861-1930), contemporaine et proche
de Freud, fait un pas de côté par rapport à la conception freudienne quant au
processus pubertaire pour la fille, en publiant un article intitulé « Du type
féminin4 ». Sans contrer Freud qui, à cette époque, caractérisait simplement
la puberté chez la jeune fille par une nouvelle vague de refoulement atteignant
particulièrement la sexualité clitoridienne, Lou a élevé le débat : en premier
lieu, comme Ferenczi dont elle appréciait les idées sur ce thème, elle s’exprime
non pas en termes de sexualité féminine mais en termes de principe féminin.
Pour elle, le féminin est ce qui a été renvoyé à soi-même par le processus de la
maturité pubertaire – perspective, en quelque sorte, d’une organisation concen-
trique de la sexualité féminine, que Michèle Montrelay5 affinera cinquante ans
plus tard.
« La jeune fille, du fait de cette régression (renvoyée à soi-même), est main-
tenue dans un rapport plus égal avec le point de départ commun. Ce n’est pas un
simple retour (retournement de la pulsion sexuelle sur soi), mais une restauration de
l’ancien à un niveau supérieur comme une manière constitutive d’avancer en soi […]
à l’intérieur d’elle-même6. »
Notons in fine que lors de son texte de 1937 « Analyse avec fin et analyse
sans fin7 », Freud n’emploie pas le substantif « féminin » mais celui de « fémi-
nité8 » (die Weiblichkeit), et plus précisément celui du « refus de la féminité9 »,
pour les personnes des deux sexes qui échouent à entreprendre ou à terminer
leur analyse. Et Freud précise sans hésitation que « le refus de la féminité ne
peut évidemment rien être d’autre qu’un fait biologique10 ».

Les recherches des pionnier(e)s : congrès internationaux de psychanalyse


sur la sexualité féminine (1922 et 1927)

1. Le premier grand débat sur la sexualité féminine a lieu lors du


VIIe Congrès international de psychanalyse de 1922, à Berlin, à l’initiative * Les notes figurent en fin
d’Ernest Jones (1879-1958). Karen Horney (1885-1952) (deuxième génération d'article, p. 70.

63

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 63 25/05/2020 10:42


Le Coq-Héron 241 d’analystes), analysante de Karl Abraham (1877-1925) et membre de la Société
psychanalytique allemande depuis deux ans, y présente une réponse critique à
l’article de 1921 de Karl Abraham, « Manifestation du complexe de castration
chez la femme11 », dans lequel il reprend les thèses freudiennes de « l’infério-
rité des organes génitaux externes » et de l’envie du pénis chez les femmes.
La critique de Karen Horney, « La genèse du complexe de castration chez la
femme12 », remet vigoureusement en question l’idée de Freud selon laquelle
seule l’envie du pénis est responsable des fantasmes de castration chez la
femme13. D’autre part, installée depuis un an à Berlin pour cause d’antisémitisme
à Budapest, Melanie Klein, ex-analysante de Ferenczi, y prend connaissance
de la contestation de Karen Horney par rapport aux théories de Freud sur la
sexualité féminine.
Cinq ans plus tard, en 1927, au Xe Congrès international de psychanalyse à
Innsbruck, éclate la prise de position d’Ernest Jones et de toute l’école anglaise
(M. Klein, K. Horney, J. Muller, entre autres) contre l’école viennoise, pour
affirmer et argumenter la spécificité de la libido féminine. D’emblée, la fille
privilégierait l’intérieur du corps et le vagin ; d’où les expériences archaïques de
la féminité qui laissent une trace indélébile. Contre l’avis de Freud, K. Horney
affirme que c’est l’envie du pénis (la masculinité) qui est secondaire et défen-
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
sive, et non l’inverse. Dans le sillage de Ferenczi, d’Abraham, de Horney, et
(fortement encouragée par Ernest Jones) à la suite de son expérience psychana-
lytique avec les enfants, M. Klein présente, elle, une communication sur « les
stades précoces du conflit œdipien14 ». Elle expose explicitement dans ce texte
ses désaccords avec les conceptions de Freud sur le développement sexuel de
la fille (début de la guerre ouverte avec Anna Freud), notamment sur la datation
du complexe d’Œdipe, beaucoup plus précoce, sur ses éléments constitutifs
et sur le développement différencié des garçons et des filles :
« […] l’envie du pénis (chez la fille) succède au désir d’avoir un enfant, qui
remplace de nouveau l’envie du pénis plus tard. Je considère la privation du sein
comme la cause la plus fondamentale de la conversion vers le père15. »
Ce Xe Congrès international de psychanalyse marque un grand tournant
dans l’abord de la sexualité féminine après l’intervention de M. Klein. Plus
qu’en termes de localisations corporelles comme avec K. Horney, son article sur
« les stades précoces du conflit œdipien » en réfère essentiellement aux modes
relationnels ou identificatoires de la fille avec sa mère depuis la prime enfance.
Elle a particulièrement insisté sur la haine primitive (l’envie), apportant ainsi
une élucidation de la relation archaïque à la mère laquelle, selon son importance,
conditionnera après coup la relation au père. Par ailleurs, l’école kleinienne, qui
a pris une ampleur internationale, a d’une part insisté sur le fait que le phallus,
loin de signifier une réalité anatomique, désigne les idéaux et les valeurs que
représente l’organe pénien. D’autre part, elle a développé un maniement du
transfert tendant à exclure de la situation psychanalytique toute forme de réalité
matérielle au profit d’une pure réalité psychique, qui est cependant articulée à
l’ancien socle biologique et darwinien freudien.

Les débats de 1932 sur la sexualité féminine en Hongrie autour de Ferenczi16

Trois femmes, politisées, libres penseuses, juives, sur une vingtaine


d’autres (la plupart médecins) qui entourent Ferenczi, soutiennent « de vifs

64

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 64 25/05/2020 10:42


débats sur le complexe féminin de castration et d’envie du pénis », écrit Ferenczi Peut-on encore parler
à Freud, le 22 mai 1932. Il s’agit de Lilian Rotter, d’Alice Balint et de Fanny de sexualité féminine ?
Hann-Kende.
Dans son article du 22 avril 1932, « Contribution à la psychologie de la
sexualité féminine », L. Rotter relève et développe trois points : 1. la différence
de comportement de la mère vis-à-vis de sa fille et de son garçon à propos
d’un maternage plus strict pour celle-ci, fondement de la révolte ou de la haine
de la fille pour sa mère ; 2. en relation avec l’absence de pénis, les patientes
féminines se trouvent laides, petites et faibles, et ne pensent qu’à partir de leur
corps, de sa séduction par rapport à l’autre de l’autre sexe, le père, le frère, les
compagnons ; 3. comme toute pulsion, la libido féminine reste définitivement
active, elle exerce une force d’attraction, une force de succion sur le pénis, pour
l’attirer à l’intérieur du corps féminin et pour accomplir ce désir imaginaire :
le pénis fait partie du corps féminin.
Le 6 mai, A. Balint présente un compte-rendu des travaux du Dr K. Horney,
qui défend la spécificité d’une libido féminine et une connaissance précoce
de son vagin par la petite fille.
Le 20 mai, F. Hann-Kende prononce une conférence : « Données sur la
genèse de la sexualité féminine ». Patricia Rossi a trouvé et fait traduire de
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
l’allemand un long texte contestataire de cet auteur, « De la masturbation du
clitoris et de l’envie du pénis ». En s’appuyant sur des cures de femmes,
F. Hann-Kende y démontre que le clitoris n’est pas l’équivalent du pénis, et
qu’en fin de compte, chez la petite fille, il n’est pas question d’une envie de
pénis mais d’un désir d’enfant. In fine, ce sont les hommes qui n’acceptent
pas le manque de pénis chez la femme.
C’est à la fin de cette année de 1932, comme le précise P. Rossi, que
paraissent les Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse,
ouvrage dans lequel Freud consacre un chapitre à la théorie de « la féminité »
en « élevant à un statut métapsychologique ce que, en 1926, il avait nommé
“Dark continent” ». Cependant, la pensée de Freud, insiste à juste titre P. Rossi,
demeure entravée par la matérialité anatomique du sexe féminin, qui lui fait
maintenir l’envie du pénis comme butée indépassable.

Apport de la troisième génération d’analystes :


le congrès d’Amsterdam sur la sexualité féminine

Il se déroule du 5 au 9 septembre 1960 à l’université d’Amsterdam, sous


l’égide de la Société française de psychanalyse (sfp, 1953-1963), laquelle est
issue de la première scission d’avec la spp et l’ipa, en 1953, à l’initiative de
Daniel Lagache, à propos du refus par la première de l’analyse profane (exercée
par des non-médecins) et du projet de la création d’un nouvel institut17. Le livre
La sexualité féminine. Recherches psychanalytiques nouvelles18, sous la direction
de Chasseguet-Smirgel, publié en 1964, ne fait aucune référence aux textes de
ce congrès d’Amsterdam, omission regrettable car c’est lors de ce congrès que
s’amorce un tournant décisif pour saisir le passage de la sexualité féminine au
féminin.
Parmi les communications à ce congrès, qui avait été initialement conçu et
présenté comme un manifeste de la sfp, trois interventions ont été particulière-
ment remarquées, selon Pierre Kaufmann19 :

65

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 65 25/05/2020 10:42


Le Coq-Héron 241 – En premier lieu, « Propos directifs pour un congrès sur la sexualité fémi-
nine20 », de Jacques Lacan, texte écrit deux ans auparavant et qui a constitué
l’avant-propos du congrès. Par un retour à Freud au plus vif de la découverte
de l’inconscient, il donne le ton et le sens des questions à débattre21. Certes, il
reconnaît d’emblée une promotion conceptuelle de la sexualité féminine liée
aux défauts réels du maternage, ainsi que les implications jamais révoquées
d’une bisexualité psychique, rapportée cependant aux duplications de l’anatomie.
Et, immédiatement après, il se livre à une véritable déflagration critique contre le
prosaïsme de l’approche de la sexualité féminine et, surtout, contre la notion de
développement, au détriment de celle de structure psychique inconsciente tribu-
taire du primat du phallus, dont Jones et Melanie Klein, en particulier, n’ont pas
(selon lui) le souci en incluant « les fantasmes œdipiens les plus originels dans le
corps de la mère22 ». Pour Lacan, les théories de M. Klein relèvent pour l’essen-
tiel de l’imaginaire, c’est-à-dire d’un modèle de relation duel (mère-nourrisson).
Déjà en 1960, il propose la notion de structure subjective répondant à
l’intrication de trois registres, ceux du Symbolique, de l’Imaginaire, du Réel
sir23 – qui deviendra (rsi) en fonction de l’importance qu’il attribuera plus tard
au Réel. Pour lui, « la castration ne saurait être déduite du seul développe-
ment, puisqu’elle suppose la subjectivité de l’Autre en tant que lieu de sa loi24 ».
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
La question de structure qu’a introduite l’approche de Freud depuis les Trois
essais sur la théorie sexuelle (1905), en mettant l’accent pour les deux sexes
sur le phallus, repose, pour Lacan, sur « le rapport de privation ou de manque à
être que symbolise le phallus [et] s’établit en dérivation sur le manque à avoir
qu’engendre toute frustration particulière ou globale de la demande25 ». Il en
résulte que toute manifestation et tout symptôme (la frigidité, l’homosexualité
féminine, en l’occurrence) doivent être pris en compte et traités, grâce au trans-
fert, non pas à partir de la fonction du développement mais en tenant compte
des trois registres de la structure psychique du sujet. Il souligne, entre autres,
comment Jones et son expérience exceptionnelle de l’homosexualité féminine26
a tourné court sur l’appui trop commode de l’identification, sans prendre en
compte que l’homosexuelle n’accepte pas que l’objet incestueux (le père) assume
son sexe au seul prix de la castration. Mais il reconnaît que « Jones a ici fort bien
détecté le lien du fantasme de l’homme invisible témoin (le père) avec le soin
porté par le sujet à la jouissance de sa partenaire27 ». Lacan en déduit que « la
sexualité féminine apparaît comme l’effort d’une jouissance enveloppée dans sa
propre contiguïté […] pour se réaliser à l’envi du désir que la castration libère
chez le mâle en lui donnant son signifiant dans le phallus28 ». Lacan souligne
ainsi l’importance pour le partenaire d’assumer son complexe de castration pour
accéder à la jouissance féminine. Sur ce point, Françoise Dolto illustrera ce
vigoureux retour de Lacan au complexe de castration en cernant au plus près le
phénomène de l’orgasme chez la femme et chez l’homme.
– Deuxième communication d’importance à ce congrès, la conférence de
Françoise Dolto (1908-1988), « La libido génitale et son destin féminin29 ».
Jeune psychiatre-psychanalyste en 1960, mariée à Boris Dolto30, elle décrit, sans
vergogne, de manière physiologique, la volupté éprouvée dans les différents
orgasmes (ou excitations) féminins, clitoridien, clitorido-vulvaire, vaginal et
utéro-annexiel.
« C’est à propos de ce travail-là, raconte F. Dolto, que Lacan a dit en sortant :
“Eh bien, tu es culottée ! Pour être culottée, tu es culottée !” Je lui ai dit : tu n’es

66

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 66 25/05/2020 10:42


pas d’accord avec ce que je dis ? – “C’est pas ça que je dis, je dis que tu es culottée Peut-on encore parler
de dire tout ça. » Et ensuite il est allé voir Boris et il lui a dit : “Eh bien, ta femme de sexualité féminine ?
est culottée !” Alors Boris lui a répondu : “Elle est courageuse, et je sais qu’elle a
beaucoup travaillé.” Voilà tout ce qu’il [Lacan] a répondu31. »
Certes, Françoise Dolto est enthousiaste en parlant de l’orgasme féminin ;
Lacan a-t-il été surpris par cette parole de femme, s’exprimant au-delà de sa
formation de médecin et de psychanalyste ? D’emblée, elle distingue l’orgasme
provoqué sur un versant masturbatoire et fétichiste, d’ordre kinesthésique
(c’est-à-dire narcissique), de celui « d’une entente entre deux partenaires, dont
le rythme s’accorde. Les mouvements orbiculaires ondulatoires vaginaux se
propagent de façon inconsciente sur l’ensemble des parois du vagin, qui captent
le pénis et entraînent une turgescence sécrétoire du col utérin qui, s’il est atteint
par les chocs ou le contact du pénis, provoque au point maximum de l’excitation
vaginale des spasmes vaginaux dont l’effet sur l’appareil sexuel masculin est
l’éjaculation spermatique au point maximum de la jouissance de la femme32 ».
Un peu plus loin, après avoir critiqué les recherches de Reich (1897-1957) quant
à une technique psychothérapique pour « entraîner » le sujet à l’orgasme33, elle
en vient à « la valeur de l’orgasme survenant dans l’union de deux personnes
liées l’une à l’autre par le lien de l’amour34. Les coïts sont alors symboliques
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
du don réciproque de leur présence attentive l’un à l’autre, et de leur existence
sensée l’un par l’autre, dans la réalité. L’éphémère pouvoir imaginaire qu’ils se
promettent et se donnent réciproquement, dans la réalité de leur corps, d’accéder
au phallus, focalise le sens de leur désir, c’est-à-dire de leur être tout entier35 ».
Elle va jusqu’à soutenir que le partenaire sexuel masculin, qui assume bien la
castration, donc sa virilité, à l’acmé de l’orgasme est susceptible d’éprouver la
jouissance féminine. Mais elle ne manque pas de noter le risque narcissique pour
la femme de se sentir « devenir rien » lorsque le partenaire aimé manifeste des
comportements sadiques verbaux, mimiques, ou corporels. Elle ne manque pas
non plus de mentionner l’importance, pour une femme, du désir d’enfanter et
des fantasmes qui s’y rapportent, en fonction ou non de sa résolution œdipienne,
dont l’existence psychique de l’enfant dépendra.
Françoise Dolto est en effet courageuse, comme le souligne son époux.
À première vue, on pourrait lui reprocher d’en rester essentiellement aux mani-
festations cliniques conscientes ou préconscientes de la sexualité féminine.
Mais une lecture attentive permet de saisir qu’elle n’est pas dupe : toute mani-
festation clinique de la femme comme de l’homme est tributaire de l’organisation
psychique inconsciente des individus, notamment du degré de leur résolution
œdipienne, surdéterminé par les discours parentaux qui les ont marqués libidina-
lement. Il est à remarquer qu’à cette période (1960), un déplacement s’est opéré,
à propos de la sexualité féminine (et masculine), des localisations anatomiques
sexuelles à l’éprouvé orgastique, au profit de la rencontre amoureuse entre les
deux partenaires. Wladimir Granoff et François Perrier vont faire un pas de plus.
– En effet, lors de ce congrès d’Amsterdam, Granoff (1924-2000) et
Perrier (1922-1990) envisagent également la sexualité féminine « en fonc-
tion de ce vers quoi la sexualité tend et mène : l’orgasme ». Mais, convaincus
que c’est à partir de la conception freudienne du phallus (c’est-à-dire de la
castration) que toute élaboration se construit, c’est en termes de désir qu’ils
proposent de comprendre la sexualité féminine. Partant de l’oscillation, chez
les homosexuel(les), entre deux positions, ils repèrent que l’une, la masculine,

67

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 67 25/05/2020 10:42


Le Coq-Héron 241 brandit l’idéal de l’amour profond, l’autre, pour les hommes comme pour les
femmes, réduit son témoignage à la quête et à l’intensité d’une jouissance dont
la description évoque surtout une attitude féminine. Ils n’en restent pas là.
Dans un premier temps, ils reconnaissent que le désir chez l’homme semble
in­­séparable de la satisfaction et que la capture imaginaire de l’objet de son désir
apparaît comme la prime gagnée pour avoir soutenu son désir en fonction de
la manifestation du plaisir de la femme. Toutefois, selon Granoff et Perrier, la
femme ne paraît pas avoir de goût pour le désir comme tel. Le désir sexuel serait
accepté par la femme, pour autant que celui-ci promet autre chose. Mais cet
« autre chose » recouvre-t-il la notion d’orgasme ?, interrogent nos deux auteurs.
Ils soutiennent dès lors que l’orgasme de l’ « organe en creux » ne s’arrête pas
au viscère utérin, mais diffuse dans le reste du corps, ce dont les femmes font
état. Ils en déduisent que cette diffusion oblige d’abandonner toute corrélation
physiologique (d’où l’insondable mystère féminin) au profit d’une géographie
imaginaire telle celle de l’hypocondriaque36.
Remarquant que la jouissance de l’homme dans l’acte sexuel est bien
moindre que celle de la masturbation chez de nombreux névrosés, sous le poids
de leur angoisse de castration, Granoff et Perrier soutiennent que l’orgasme
masculin d’ordre phallique, vécu à l’envi du plaisir de la femme, sacrifie le
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
phallus sur la crête du plaisir, versant descendant, au profit de sa diffusion dans
la saisie du corps orgasmique de la femme. C’est ce que le désinvestissement du
pénis rendrait possible. Il se produit ainsi chez l’homme, qui assume la castra-
tion, un envahissement dénarcississant. Dans cette ligne d’hypothèses, ils en
concluent que l’orgasme masculin (à l’envi du plaisir de la femme) est mode
et traduction phallique d’un fondamental orgasme en creux, qui n’est peut-être
ni féminin ni masculin en tant qu’aptitude somatique naturelle. Ce phénomène
naturel ressortirait au vide, à partir du défaut de signifiant, dans un au-delà de
l’objet que Lacan a désigné comme la « Chose », ou le Réel.
Ces trois conférences du congrès d’Amsterdam ouvrent sur la conception
qu’un sujet, homme ou femme, marqué du sceau de la castration, est susceptible,
au sein d’une rencontre avec un autre de l’autre sexe, de transporter la sexualité
masculine au lieu de l’au-delà du simple plaisir éjaculatoire, vers une jouissance
au-delà du phallus, celle éprouvée dans tout son corps par une femme qui accepte
de se donner à son partenaire. Un pas est franchi en direction d’une géographie
imaginaire du corps à l’origine de la jouissance au-delà du phallus.
En 1964, paraît La sexualité féminine. Recherches psychanalytiques
nouvelles, ouvrage collectif sous la direction de Janine Chasseguet-Smirgel,
dédié par ses auteurs à la mémoire d’Ernest Jones37. Les six textes de ce livre
sont fort intéressants, car ils sont produits par d’excellents cliniciens, mais
ils n’ouvrent pas sur des propositions différentes de celles du conflit amorcé
par Jones et Karen Horney à l’égard des théories freudiennes sur la sexualité
féminine.
En 1972, dans le Séminaire Encore 38, Lacan articulera et définira la notion
de la jouissance39 au-delà du phallus comme étant la jouissance spécifique-
ment féminine, qu’il a nommée la « jouissance supplémentaire ». Cela ne veut
pas dire que la femme se situerait hors de la fonction phallique ; au contraire,
précise Lacan, « elle y est à plein. Mais il y a quelque chose en plus40 », qui se
repère également chez les mystiques, telle Hadewijch d’Anvers, une béguine,
mais aussi chez des hommes « doués », comme saint Jean de la Croix41 ou

68

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 68 25/05/2020 10:42


les poètes. Qu’est-ce à dire ? que les hommes pourraient être constitués d’une Peut-on encore parler
part féminine ? Ainsi la bisexualité réapparaît, non pas la primitive mais cette de sexualité féminine ?
fois élaborée en fonction du complexe de castration42. Toujours est-il, reconnaît
Lacan, que « la part dite homme ou bien femme d’un sujet pour ce qui se trouve
être dans la position d’habiter le langage » se définit par rapport au phallus
(grand phi), le signifiant qui n’a pas de signifié et qui désigne le grand autre
(Autre). L’Autre, à savoir la face de Dieu (la capacité de transcendance ou de
sublimation propre à l’espèce humaine) ? L’être féminin (homme ou femme)
« est ce qui a rapport à cet Autre43 ». Les « formules de la sexuation44 » de Lacan
ne décrivent pas des hommes et des femmes mais deux positions psychiques
par rapport à la fonction phallique. Il ne s’agit en rien d’un repérage anatomique
mais de deux façons de faire avec la jouissance et, donc, avec ce qui l’orga-
nise, la castration : du côté homme, la dépendance au signifiant et la jouissance
phallique à laquelle il accède par le fantasme ; du côté femme, la position dite
« féminine », pas toute soumise au signifiant, et la jouissance Autre.
En 1977, Michèle Montrelay45 renchérira sur la conception lacanienne de
la jouissance féminine (ou jouissance amoureuse). Elle compare cette dernière
avec celle que provoque le mot d’esprit, qui confirme ainsi l’accès de la femme
au symbolique sur fond de vide ou de rien, et qui fait trait de vérité46.
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
Au cours des années 1980 à 2000, le substantif « le féminin » (plutôt que
les notions de sexualité féminine et de féminité) commence à être employé par
plusieurs psychanalystes ; ainsi, en 1976, par Wladimir Granoff 47. Pour ma part,
en juillet 2003, je propose la notion du féminin élémentaire comme processus
antagoniste de l’autisme au colloque de Cerisy48. Le féminin élémentaire ressort
au bon fonctionnement du renversement du but actif de la pulsion en un but
passif 49, opération qui appelle un état de passivité active, rendant le sujet particu-
lièrement réceptif à la libido de l’Autre et aux origines du processus de sublima-
tion. Aussi ai-je désigné « le féminin comme centre germinatif (point d’ancrage,
de relance et de diffusion) des processus de symbolisation primaire, qui sous-
tendent la dynamique subjectivante et/ou sublimatoire, voire, ultérieurement,
qui confèrent densité, profondeur et ouverture à la féminité et à la masculinité
pour les deux sexes50 ».
En 2004, je prends connaissance de l’ouvrage collectif Invention du
féminin51, coordonné par Liliane Gherchanoc, Dominique Guyomard et Sylvie
Sesé-Léger, avec lesquelles je prends contact. En 2008, S. Sesé-Léger publie
L’Autre féminin52. Pour elle, le « féminin est à la féminité ce que le sens latent
du rêve est à son sens manifeste » et ne peut être confondu avec le maternel ou
la féminité ; « le féminin, pour l’homme comme pour la femme, est la rencontre
avec l’altérité53 ».

En guise de conclusion

D’après cette mise en perspective des recherches sur la sexualité fémi-


nine depuis Freud jusqu’à nos jours, il est clair qu’il n’est plus possible d’assi-
miler celle-ci au substantif « le féminin ». La première désigne une des mani-
festations des conduites humaines au même titre que les symptômes, le mot
d’esprit, le rêve…, alors que le féminin vient expliciter en partie ce que Freud
laissait entendre à partir de la notion d’un « continent noir » chez la femme.
Le mystère n’est pas entièrement levé, étant donné qu’après l’insistance sur

69

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 69 25/05/2020 10:42


Le Coq-Héron 241 la reconnaissance des organes génitaux féminins des années 1922-1927, nous
sommes amenés à faire appel à propos de la jouissance féminine, avec Granoff
et Perrier, à une géographie imaginaire du corps, laquelle élimine toute référence
à la biologie ; avec Lacan, à deux positions par rapport à la fonction phallique, à
savoir les notions de jouissance Autre, côté féminin, et de jouissance phallique,
côté masculin ; et, in fine, à ma référence, pour situer métapsychologiquement
le féminin, à l’un des deux processus primaires du refoulement : le renversement
de la pulsion en son contraire (de son but actif en but passif réceptif), lorsque le
contact libidinal54 avec l’Autre primordial, les autres et l’environnement, peut
s’établir pour les deux sexes.

Résumé
À partir de la mise en perspective, de Freud à nos jours, des principaux congrès sur la
sexualité féminine et de certaines recherches post-1968 sur ce thème, l’auteur présente
les différentes notions étudiées, qui ont précédé et introduit celle du féminin. L’enjeu de
cet article vise à bien différencier la sexualité féminine du féminin, lequel vient expli-
citer quelque peu l’énigme du « continent noir » freudien.

Mots-clés
Sexualité féminine, le féminin, géographie imaginaire du corps, jouissance Autre et
jouissance phallique, renversement de la pulsion en son contraire, contact libidinal.
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
Notes
1. S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, OCF.P, VI, Paris, Puf, 2006.
2. S. Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), dans La vie sexuelle, Paris, Puf, 1969, p. 141.
3. Ibid., p. 140. « Dans plusieurs cas, précise-t-il, [l’attachement à la mère] s’étendait jusque dans la qua-
trième année et occupait ainsi une partie beaucoup plus longue de la floraison sexuelle précoce. »
4. L. Andreas-Salomé, « Du type féminin », dans L’amour du narcissisme, Paris, Gallimard, 1980.
5. M. Montrelay, L’ombre et le nom, sur la féminité, Paris, Les Éditions de Minuit, 1977.
6. Ibid., p. 77.
7. S. Freud, « Analyse avec fin et analyse sans fin », dans Résultats, idées, problèmes, II, Paris, Puf, 1985.
8. À propos de la distinction des termes femme, féminité et féminin, cf. É. Allouch, « L’impossible Œdipe
féminin ? », L’Œdipe de la psychanalyse, mythe ou complexe ?, Lettres de la SPF, 2016, p. 103-110.
9. S. Freud, « Analyse avec fin et analyse sans fin », op. cit., p. 266-267. Ce refus de la féminité, précise
Freud, correspond chez la femme à l’envie du pénis, chez l’homme, au refus de la position passive vis-à-vis
d’un autre homme.
10. Ibid., p. 268.
11. K. Abraham, « Manifestation du complexe d’Œdipe chez la femme » (1921), dans Œuvres complètes, II,
trad. I. Barande avec la collaboration de E. Grin, Paris, Payot, 1965.
12. K. Horney, « Genèse du complexe de castration chez la femme », trad. G. Rintzler, Paris, Payot, 1969.
13. Sous l’influence de la deuxième génération d’analystes – durant l’entre-deux-guerres, un mouvement
d’émancipation commença à libérer les femmes de l’aliénation religieuse, sociale et sexuelle qui pesait sur
elles –, les femmes sont de plus en plus nombreuses, avec souvent une formation de médecins, de psycha-
nalystes et, surtout, de psychanalystes d’enfants. Pour une idée plus complète de l’évolution des théories
freudiennes sur la sexualité féminine et des textes des pionnières de cette époque, je renvoie le lecteur à
l’excellente recension de Janine Chasseguet-Smirgel dans son livre La sexualité féminine. Recherches psy-
chanalytiques nouvelles (avec la participation de C. David, B. Grunberger, C.-J. Luquet-Parat, J. McDougall
et M. Torok), Paris, Payot, 1964. À noter que Freud, in fine, maintient la référence au « roc d’origine » d’ordre
biologique du féminin et du masculin dans son article de 1937, « Analyse avec fin et analyse sans fin »
(op. cit., p. 268).
14. M. Klein, « Les stades précoces du conflit œdipien » (1928), dans Essais de psychanalyse, trad. M. Derrida,
Paris, Payot, 1972.
15. Ibid., p.241.
16. Les informations sur ce débat de 1932 à Budapest ont été présentées à notre séminaire, « Le féminin
de Freud à nos jours », sous l’intitulé : « Débats de 1932 sur la sexualité féminine, enjeux de la cure.
L’exemple hongrois » (février 2018).
17. Au sein de la sfp fondée par D. Lagache en 1953, se retrouvent tous les libéraux de la spp affiliée à l’ipa
(International Psychoanalytical Association). Parmi ces libéraux : Jacques Lacan, Françoise Dolto, Juliette
Favez-Boutonnier, Didier Anzieu, Jean Laplanche, Jean-Bertrand Pontalis, Serge Leclaire, François Perrier,
Daniel Widlöcher, Jenny Aubry, Octave et Maud Mannoni, Moustapha Safouan.

70

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 70 25/05/2020 10:42


18. J. Chasseguet-Smirgel (sous la direction de), op. cit. Peut-on encore parler
19. P. Kaufmann (1916-1975), philosophe, a participé à la fondation du journal Combat avec Pascal Pia et de sexualité féminine ?
Albert Camus. Un tournant décisif de sa pensée s’effectua au contact de Jacques Lacan. Dans Combat, le
jeudi 22 septembre 1960, il publie un article « Au congrès psychanalytique d’Amsterdam : sexualité fémi-
nine et vérité ». Enthousiaste, il y rend compte de passages des membres de la sfp, et principalement de
l’intervention de F. Dolto et de celle de W. Granoff et F. Perrier : « Les idéaux féminins et la question des
perversions chez la femme ».
20. J. Lacan, « Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine » dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966,
p. 725-736.
21. Pour Lacan, toutefois, la représentation inconsciente est pur investissement de la parole en tant que
telle et exclut totalement le « roc d’origine biologique » freudien de la réalité psychique.
22. J. Lacan, « Propos directifs… », op. cit., p. 729.
23. J. Lacan, « Le symbolique, l’imaginaire et le réel » (1953), Bulletin de l’Association freudienne, n° 1,
novembre 1982.
24. J. Lacan, « Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine », op. cit., p. 732.
25. Ibid., p. 730.
26. Présentation de six cas.
27. Ibid., p. 735.
28. Ibid.
29. F. Dolto, Sexualité féminine. Libido, érotisme, frigidité, Paris, éd. Scarabée & Co/Métailié, 1982,
p. 159-171. Publiée comme les autres textes du congrès dans la revue de la sfp La psychanalyse (n° 7, 1964,
très vite épuisé), la conférence a été rééditée en 1982 sous l’intitulé « Les sensations érogènes chez la femme.
L’orgasme ». Il n’est pas indifférent de remarquer qu’à cette période précédant mai 1968, l’accent est mis
sur l’orgasme par les psychanalystes. Dans le champ public, les femmes s’interrogeaient sur leur capacité à
l’orgasme : certaines se sentaient coupables, d’autres revendiquaient…
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
30. Boris Dolto était un médecin russe qui n’a pas pu exercer en France. Il a fondé à Paris une école de
kinésithérapeutes, très réputée.
31. F. Dolto, Le féminin. Articles et conférences, V, Paris, Gallimard, 1998, p. 288-289.
32. F. Dolto, Sexualité féminine, op. cit., p. 163.
33. W. Reich, La fonction de l’orgasme (1942), Paris, L’Arche, 1952.
34. F. Dolto, Sexualité féminine, op. cit., p. 163.
35. Ibid., p. 165.
36. En 1959, des travaux de François Perrier sur l’hypocondriaque ont montré la géographie imaginaire
par laquelle il tente inconsciemment de redessiner, dans son corps malade, l’incernable et le non-symbolisable
d’une féminité rejetée. Il part d’une expérience non phallique de l’orgasme, et ne vit que pour s’en défendre,
dans l’incorporation d’un objet imaginaire qui sera, en fin de compte, lui-même, en tant que phallus de sa
mère. Cf. F. Perrier, « La psychanalyse et l’hypocondriaque » (1959), L’évolution psychiatrique, n° 3, repris
dans La Chaussée d’Antin. Œuvre psychanalytique, II, Paris, Albin Michel, 2008, p. 281-299.
37. J. Chasseguet-Smirgel (sous la direction de), op. cit.
38. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XX (1972-1973), Encore, Paris, Le Seuil, 1975.
39. Ibid., p. 68. Lacan distingue la jouissance du plaisir. Elle implique dans la perversion une transgression
de la loi. Pour un sujet inscrit dans la castration, elle désigne un état aussi bien corporel que psychique
au-delà du langage ou de la chaîne signifiante commune, qui donne accès à la part féminine d’un sujet,
dans la rencontre amoureuse ou dans la création.
40. Ibid., p. 69.
41. Ibid., p. 70.
42. Sans inclure le complexe de castration, l’idée de la bisexualité a fait florès, reprise par la sociologie, la
philosophie et les médias avec la question du genre (gender), jusqu’à soutenir qu’il n’y a pas seulement
deux sexes…
43. J. Lacan, Encore, op. cit., p. 75.
44. Ibid., p. 73.
45. M. Montrelay, op. cit.
46. E. Allouch, « L’impossible Œdipe féminin ? », op. cit., p. 106.
47. W. Granoff, La pensée et le féminin, Paris, Les Éditions de Minuit, 1976.
48. E. Allouch, « Le féminin élémentaire et ses destins », dans Transhumances V, actes du colloque de
Cerisy. Résistances au sujet – Résistances du sujet, Presses universitaires de Namur (Belgique), 2004,
p. 351-364. Sous l’intitulé « Le féminin, l’antagonisme de l’autisme », ce texte de 2002 est repris et augmenté
dans E. Allouch, Corps et psyché en psychanalyse, L’apport de l’autisme et des psychoses infantiles, Paris,
Campagne Première, 2015, p. 205-224.
49. S. Freud, « Pulsions et destins des pulsions », OCF.P, XIII, Paris, Puf, 1988, p. 172.
50. E. Allouch, Corps et psyché en psychanalyse, op. cit., p. 223.
51. L. Gherchanoc, D. Guyomard, S. Sesé-Léger (sous la direction de), Invention du féminin, Paris,
Campagne Première, 2002.
52. S. Sesé-Léger, L’Autre féminin, Paris, Campagne Première, 2008.

71

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 71 25/05/2020 10:42


Le Coq-Héron 241 53. Ibid., quatrième de couverture. Sylvie Sesé-Léger développe sa conception du féminin dans un article
publié dans ce même numéro du Coq-Héron.
54. S. Ferenczi, « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort » (1929), dans Psychanalyse 4, Paris, Payot,
1982 ; E. Allouch, « Du lien corps/psyché au féminin », dans Corps et psyché en psychanalyse, op. cit.,
p. 275-294.

Schibboleth – Actualité de Freud –


COLLOQUE INTERNATIONAL
© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)

© Érès | Téléchargé le 29/01/2022 sur www.cairn.info via Bibliothèque nationale de France (BnF) (IP: 194.199.3.13)
FIGURES DU MAL
les 27-28-29-30 Octobre 2020
(dates sous réserve de l’évolution de la situation)
Association des Kibbutzim
rehov Léonard de Vinci, Tel Aviv, Israël

Sous la direction de
Michel Gad Wolkowicz
Prof. ass. de Psychopathologie, psychanalyste,
président de l’Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth
– Actualité de Freud –
&
The Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud –

www.schibboleth.fr

72

GNI_int._Coq-Héron n°241_3ème épreuve.indd 72 25/05/2020 10:42

Vous aimerez peut-être aussi