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LE FICHIER ELECTORAL SENEGALAIS
Au cœur des contentieux électoraux au Sénégal, depuis 1976, se trouve la question du fichier électoral, qui, de
l’avis du politologue Abdou Aziz DIAGNE, a toujours constitué « la pomme de discorde entre le pouvoir et
l’opposition »1.
Malgré les alternances politiques intervenues en 2000 et en 2012, à la suite d’élections reconnues par tous les
observateurs comme sincères et transparentes, la question du fichier électoral n’est pas pour autant
définitivement réglée.
C’est ainsi que dès le lendemain des élections locales du 12 mai 2002, des acteurs politiques ont engagé une
discussion autour du fichier pour trouver un consensus sur le choix d’un noyau dur qui devait servir à une refonte
partielle ou totale du fichier, en perspective des législatives initialement prévues en mai 2006 et de la
présidentielle de 2007. Après moult péripéties et discussions au sein de la classe politique, un consensus n’a pu
Le 15 Juillet 2004, le président de la République a tranché le débat en optant pour une refonte totale du fichier
électoral pour dit-il, « mettre tout le monde sur la même ligne de départ, et doter notre pays d’un instrument qui
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Abdou Aziz DIAGNE : « Un régime parlementaire pour le Sénégal » , in, Walfadjri du jeudi 30 septembre et
vendredi 1er octobre 2004
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Assemblée nationale, Xème législature. Première session ordinaire de l’Année 2004. Rapport de la
Commission des Lois de la Décentralisation, du Travail et des Droits Humains, 10 Août 2004.
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Si l’intention du Chef de l’Etat est généreuse dans la formulation, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’une
décision fondamentalement politique, qui n’a pas été précédée d’une réflexion technique, sur la faisabilité de la
chose au regard des délais impartis pour la nécessité d’une telle opération.
C’est la raison pour laquelle de nombreux partis politiques, du reste de l’opposition comme de la majorité, ainsi
que de nombreux observateurs avertis de la chose électorale, avaient formulé des réserves et doutes sur les
Il convient de retenir qu’à cette période, il n’était pas encore question de report des législatives de 2006 et de leur
Au contraire, le Chef de l’Etat, le Président Abdoulaye Wade et le ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom, ne
cessaient de donner des assurances sur le respect du calendrier républicain des élections.
Les nombreuses et pertinentes interrogations des parlementaires sur tous les aspects liés à la refonte totale au
regard des délais impartis, constituaient une illustration significative de leur scepticisme, quant à la faisabilité
d’une procédure aussi inédite, à la fois au regard des délais impartis et à la riche expérience électorale du peuple
sénégalais. Ainsi, les recommandations qu’ils ont formulées au cours de la session parlementaire du 10 Août
Entre autres recommandations, on peut citer : « la transparence du processus à toutes les étapes qui conduiront
au fichier nouveau ; La concertation et le dialogue entre les acteurs qui accompagnent le processus ; La
recherche du consensus dans ce nécessaire dialogue et cette indispensable concertation ; L’obligation pour tous
de se départir de pratiques de politique politicienne sur une question aussi importante, qui engage l’avenir de
notre démocratie ; Le devoir, pour le Gouvernement, d’engager tous les moyens matériels, financiers et humains
Quelles que soient les raisons qui ont été à la base de la décision de refonte totale du fichier électoral, force est
de reconnaître que dès le début, il y a eu deux problèmes qui n’étaient pas du tout liés. L’un était d’ordre
politique, et l’autre d’ordre technique. Mais pour bien comprendre la nature profonde de ces deux problèmes,
nous allons examiner successivement, dans un premier temps, les considérations générales sur le fichier
électoral, et, dans un deuxième temps, la problématique qui sous-tend la décision de refonte totale du fichier.
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Le fichier électoral est né dans les mêmes conditions que le Code électoral de 1976. Avant « l’ouverture
démocratique » limité à quatre (4) courants sous le Président SENGHOR (Socialiste – Libéral – Marxiste et
Conservateur), les élections étaient régies pour l’essentiel, par la législation coloniale en vigueur. C’est suite à
encadré, que le législateur a vu la nécessité de disposer d’un instrument de régulation du jeu électoral.
C’est ainsi qu’un nouveau fichier électoral a été créé en 1977 sous l’empire de l’article L. n°76-96 du 21 août
1976 portant Code électoral (modifié par la loi n°77-57 du 26 mai 1977). Il a été informatisé en 1978 et géré par
la Direction de l’Automatisation des Fichiers (DAF). L’article L.46 de la loi n°97-15 du 08 Septembre 1997
stipule :
« Le Ministère de l’Intérieur est chargé de faire tenir le fichier général des électeurs en vue du contrôle
des inscriptions sur les listes électorales. La CENA ainsi que les partis politiques légalement constitués
Il convient de préciser qu’au moment de son informatisation, il a été procédé à une annulation par l’article 1 er de
la loi n°77 du 05 janvier 1977, de toutes les listes électorales. Le fichier est articulé en deux (2) volets sous
forme de répertoire national, d’une part, et d’autre part, de répertoire des Sénégalais de l’extérieur.
Une des caractéristiques essentielles de notre fichier, c’est qu’il renfermait au départ, un nombre considérable
d’électeurs n’ayant plus d’activité électorale effective, ce qui influait négativement sur sa fiabilité. Malgré les
nombreuses tentatives d’épuration du fichier, il subsistait encore un taux important de ce qu’on a appelé le
« stock mort ». Plusieurs facteurs ont été à la source de cette situation. Entre autres : « L’absence de connexion
des fichiers des pièces exigées avec le fichier de l’identification nationale et le fichier électoral devant permettre
à la Direction de l’Automatisation des fichiers de contrôler plus efficacement toutes les données par le
truchement par croisement des données des autres fichiers ; La tenue très approximative de l’Etat civil encore
embryonnaire dans notre pays ou ne sont pas enregistrés tous les décès, de même que le défaut de transmission
à la D.A.F des actes de décès ou des cas de perte de droit électoral ; Les cas d’inscriptions multiples non
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détectés résultant principalement du manque de rigueur des méthodes d’identification de l’électeur ; L’ampleur
de la mobilité sociale et l’émergence du secteur informel de plus en plus dynamique qui engendre une très
grande fluidité des activités professionnelles et de fréquents changements de résidence. Cela fait que les critères
Les nombreuses homonymies et les erreurs et variantes des transcriptions linguistiques avaient altéré fortement
la qualité du fichier. Ainsi, le fichier électoral, depuis sa confection initiale avait enregistré au fil du temps des
Par exemple, dans le fichier de 1977, les pièces exigées pour la justification de l’identité de l’électeur voulant
s’inscrire sur les listes électorales sont : - « Passeport ; - Carte Nationale d’Identité, - Livret militaire, - Permis
de conduire, - Extrait de naissance, - Livret de pension civil ou militaire, - Carte d’artisan, - Carte de
En dehors des communes, le citoyen qui ne dispose pas de toutes ces pièces pouvait justifier son identité par la
« preuve testimoniale », en présentant deux témoins plus âgés que lui et figurant sur les listes électorales,
conformément au décret 77-881 du 05 octobre 1977 portant partie réglementaire du Code électoral.
Par la suite, la loi 82-10 du 20 juin 1982 portant Code électoral a ajouté la Carte d’étudiant. Plus tard, la loi 89-
33 du 12 octobre 1989 a ajouté la Carte consulaire au nombre des pièces justificatives de l’électeur.
Ainsi, il paraît de toute évidence que le nombre indéterminé de toutes ces pièces ne présentaient pas toutes les
garanties d’authenticité et la pratique de la preuve testimoniale était susceptible d’ouvrir la porte à tous les abus.
Toutes ces lacunes dans notre arsenal juridique électoral sont aggravées et amplifiées par la culture de Parti-Etat
qui prévalait à l’époque et qui faisait que l’issue des scrutins étaient déterminées par les luttes de tendances
internes au parti unique ou dominant. C’étaient les responsables de l’UPS/PS qui faisaient inscrire sur les listes
électorales les populations de leur localité et qui retiraient les cartes sans leur présence physique dans les
C’est cela qui explique que pendant longtemps, l’électorat sénégalais était entre les mains des socialistes. Ce
n’est que vers le début des années 1980 qu’on a constaté un changement de tendance de l’électorat et son
déplacement vers les centres urbains devenus les principaux pôles électoraux qui déterminaient désormais l’issue
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C). Limitation du nombre de pièces pour voter par le « Code Kéba Mbaye » ou de l’Identification à
l’Authentification.
Ce n’est qu’en 1992 avec l’adoption du Code consensuel, que des pièces présentant plus de garanties ont été
exigées exclusivement pour la justification de l’identité de l’électeur, conformément à l’article L.36 de la loi 92-
15 du 07 février 1992. C’est ainsi qu’on est passé d’une situation où le nombre de pièces pour s’inscrire était
indéterminé, à une situation où le nombre de pièces exigées est limitativement énuméré par la loi :1) Passeport ;
2) Carte Nationale d’Identité ; 3) Livret militaire ;4) Permis de conduire ; 5) Livret de pension civil ou
Malgré le souci du législateur, d’amoindrir autant que possible le nombre de pièces d’identification de l’électeur,
on constate malgré tout que certaines pièces contiennent moins d’informations que d’autres, et dans certains cas,
ne pouvaient pas attester de la fiabilité de la qualité d’électeur. Par exemple : le permis de conduire ne comporte
ni la profession ni la filiation de l’intéressé et n’atteste pas de la nationalité. Il doit donc être accompagné d’un
certificat de nationalité pour être susceptible de servir non seulement comme élément d’identification, mais
Le passeport ordinaire quant à lui ne comporte pas la filiation et le passeport diplomatique n’établit pas la
Ainsi, l’option d’une inscription en perspective sur présentation d’une pièce d’identification unique, en
l’occurrence de la carte nationale d’identité sécurisée et infalsifiable grâce aux techniques de la biométrie,
pourrait apparaître comme une solution définitive pour fiabiliser les listes électorales et servir en même temps
Toutefois, la confection d’une carte nationale d’identité utilisant les techniques de la biométrie a des
implications sur d’autres secteurs de la vie (Etat civil, Code de la nationalité, passeport CEDEAO, identité
judiciaire). Il s’avère donc nécessaire de mener une réflexion globale pour tenir compte de la cohésion
d’ensemble du système.
Il convient de faire observer que les listes électorales ont fait l’objet à deux reprises d’une mise à jour. La
première mise à jour a été effectuée en 1999 à partir des électeurs qui avaient retiré leurs cartes aux élections
législatives de 1998.
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La liste de tous ces électeurs ainsi recensés, devait constituer le noyau dur du fichier, et une période de révision
exceptionnelle des listes électorales était ouverte dans la période du 02 mai 1999 au 30 septembre 1999 (soit une
durée de 05 mois), pour permettre aux électeurs qui ne se trouvaient dans le noyau dur, de pouvoir s’inscrire sur
A l’issue de la clôture des opérations de recensement, de contrôle et de validation : 1.781.761 (un million sept
cent quatre-vingt-un mille sept cent soixante et un) électeurs ont été pris en compte dans le cadre de cette mise à
jour, soit une réduction de 42% du fichier électoral des législatives de 1998, dont le nombre des inscrits s’était
élevé à 3.164.827 (trois millions cent soixante-quatre mille huit cent vingt-sept) électeurs. Il convient de faire
observer que ce corps électoral des législatives de 1998, a été le plus élevé dans l’histoire des élections au
Sénégal. Il n’a été supplanté que par le dernier fichier issu de la refonte totale et de la nouvelle procédure
Il convient de signaler que pour ce travail de première mise à jour du fichier électoral, vingt-sept (27) partis y ont
CDP/GG PS MPS
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Une deuxième mise à jour du fichier électoral a été effectuée du 18 septembre au 18 octobre 2000, sur la base du
noyau dur de l’élection présidentielle de l’an 2000. Comme le stipule le Rapport final de la Commission
nationale de recensement 3
instituée par la loi n° 2000-25 du 1er septembre 2000 portant mise à jour des listes
électorales et disparités constatées sur le fichier électoral afin de le rendre plus fiable, un travail extrêmement
important a été réalisé en expurgeant des listes les personnes décédées, les personnes déchues de leur droits
civiques, les inscriptions multiples, les personnes sur lesquelles il y avait des informations erronées sur l’Etat
civil, etc…
Grâce à cette seconde mise à jour, les listes électorales ont pu être considérablement épurées et fiabilisées. Cette
opération a permis de recenser sur la base des registres d’émargement, les électeurs ayant au moins voté à l’un
C’est précisément ce noyau dur issu de cette deuxième mise à jour qui a servi de base à la révision
exceptionnelle des listes électorales pour les scrutins postérieurs, à l’élection présidentielle de l’an 2000, à savoir
le Référendum du 07 janvier 2001, les législatives du 29 avril 2001 et les élections locales du 12 mai 2002. Il
convient de retenir que dans le cadre de cette deuxième mise à jour du fichier électoral, trente-deux (32) partis
ont pris part à ce travail. Seize Mille (16 000) registres ont été visités dont 8000 (huit milles) au premier tour et
8000 (huit milles) au second tour. A l’issue de ce travail, 1.926.241 (un million neuf cents vingt-six mille deux
cents quarante un) électeurs ont été validés et qui se répartissent ainsi : Femmes : 963 673 (soit 50,02%) ;
De l’avis de tous les participants à cette commission, les travaux se sont déroulés dans une excellente ambiance
et dans un climat de confiance mutuelle. La résolution qui a sanctionné la fin des travaux de cette commission et
qui a été adoptée à l’unanimité, est révélatrice à cet égard. : « La Commission nationale s’est déroulée dans une
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Rapport final de la Commission nationale de recensement, institué par la loi 2000- 25 du 1er septembre 2000
Octobre 2000.
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Déclaration des partis ayant siégé dans la Commission nationale de recensement, 18 octobre 2000.
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En plus de ces deux mises à jour du fichier, il y a lieu de rappeler l’initiative prise par le Front de la Société
Civile pour un audit du fichier électoral. En effet, suite à la Marche grandiose organisée par le FRTE (Front pour
la Régularisation et la Transparence des Elections) à quelques semaines de la présidentielle de l’an 2000 pour
exiger la transparence du scrutin, des organisations de la société civile ont proposé leur médiation aux différentes
parties concernées par ce scrutin présidentiel en vue de parvenir à des élections apaisées et régulières,
transparentes et démocratiques.
Cette initiative d’audit du fichier, a donné naissance à une commission ad hoc composée d’experts de la société
civile, du Parti Socialiste, de l’Observatoire National des Elections (ONEL) et du FRTE qui regroupait vingt et
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Pour une question de neutralité et de transparence, il a été décidé d’un commun accord, que les experts de la
société civile soient les têtes de files de la mission d’Audit, et que le ministère de l’Intérieur mette à la
disposition de la Commission un certain nombre d’outils internes et externes, devant servir de support à l’audit
du fichier. Entre autres outils : le matériel nécessaire sans limitation de capacité mémoire ou de traitement ; le
fichier électoral actuel ;le fichier des listes provisoires ; le fichier du noyau dur ; le fichier des radiés ; le fichier
Pour ce qui concerne les fichiers non gérés par le Ministère de l’Intérieur, ce dernier devait les chercher auprès
des institutions concernées. Il s’agit de : fichier des permis de conduire ; fichier des livrets militaires ; fichier des
Ainsi, les croisements des traitements sur les différents fichiers devraient permettre d’identifier les anomalies et
d’expurger des listes les scories qui en ont altéré la fiabilité. Après plusieurs séances de travail continu dans un
contexte très difficile, les experts ont tenu une conférence de presse le 09/02/2000, pour faire le point de la
situation relative aux difficultés qui se sont dressées sur leur chemin :
« Les problèmes des moyens techniques qui ont entraîné des retards très importants sur les traitements ;
l’indisponibilité de certains fichiers externes (Permis de conduire, Livret militaire, Livret de pension civil ou
militaire) ; l’indisponibilité des documents de transfert officiel et de table des différents codes. »
Aux termes de leurs investigations techniques, du reste, pointues, les experts sont parvenus à une conclusion
provisoire, à savoir qu’à cette étape précise de leur travail, des doutes existaient encore sur la fiabilité totale ou
pas du fichier, et qu’en dépit des efforts énormes fournis par les experts, au regard des délais relativement courts
d’ici le premier tour de l’élection présidentielle de l’an 2000, « la fiabilité du fichier » n’était pas techniquement
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Texte liminaire de la Conférence de presse du 19/02/2000
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Toutefois, il y a lieu de retenir que depuis les élections législatives de 1998 et la première mise à jour du fichier
Ce processus de fiabilisation s’est poursuivi avec la deuxième mise à jour intervenue du 18 septembre au 18
octobre 1999. Enfin, il s’est achevé sur la dernière initiative de la société civile, d’audit du fichier, à quelques
C’est certainement cette situation qui explique, pour une large part, que le scrutin présidentiel de l’an 2000, se
soit déroulé dans des conditions de transparence et de régularité unanimement reconnues par l’ensemble des
acteurs politiques. C’est la raison pour laquelle, au lendemain des élections locales du 12 mai 2002, les acteurs
politiques avaient estimé qu’il fallait mettre à profit la période des quatre années qui nous séparaient des
élections législatives de mai 2006, pour approfondir les discussions sur le processus de fiabilisation totale du
fichier électoral, conditions indispensables à l’organisation d’élections libres démocratiques, et, partant, à
Ainsi, au regard des considérations ci-dessus énumérées, il apparaît très nettement que le fichier électoral est à la
fois un problème politique et technique, il a toujours été problématique pour la classe politique en ce sens que sa
fiabilité a été douteuse depuis la phase initiale de sa constitution en 1977. Mais à cause des nombreux toilettages
qu’il a subis au fil du temps, le fossé entre les effectifs théoriques et les citoyens qui ont une activité électorale
effective s’est considérablement amoindri, ce qui a permis la première alternance politique intervenue en février-
mars 2000.
C’est dire que la perspective de la refonte totale et l’élaboration d’un nouveau fichier à partir d’une pièce
d’identité unique en vue de garantir les conditions d’organisation d’élections démocratiques et transparentes,
n’est pas en soi une mauvaise chose. Mais, une telle perspective, compte tenu de ces implications et enjeux,
devait être précédée d’une réflexion technique pointue, de la part de tous les acteurs du processus électoral, pour
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déterminer les modalités et conditions de sa faisabilité dans le temps et en fonction des échéances à venir. Pour
ce qui est de la refonte totale décidée par le Président de la République, il semble que la décision politique n’a
pas été précédée par une réflexion à caractère technique sur la faisabilité de l’opération dans les délais souhaité.
Bien plus, la décision de refonte totale est rendue plus complexe en ce sens qu’elle s’appuie sur l’introduction
des techniques de la biométrie dans la confection de la nouvelle carte nationale d’identité numérisée et sécurisée,
seule et unique pièce permettant de pouvoir s’inscrire sur les listes électorales.
Comme le stipule l’exposé des motifs de la loi n°22/2004 du ……. portant refonte totale du fichier électoral :
« Pour éviter tout écueil de départ dans cette matière sensible qu’est le processus électoral, un nouveau fichier
va être constitué sur la base uniquement des nouvelles inscriptions. Table rase sera ainsi faite du fichier
existant. Ce nouveau fichier va être constitué de la façon qui suit : une nouvelle carte nationale d’identité
numérisée est instituée. Cette nouvelle carte sert de base à l’inscription sur les nouvelles listes. C’est à
l’occasion du retrait de cette carte que l’électeur manifeste son désir de figurer sur les nouvelles listes. Un
Et le défi était d’autant plus redoutable que nous étions à moins d’une année des échéances électorales qui
devaient avoir lieu en 2006. Malgré les assurances données par les techniciens du ministère de l’Intérieur sur la
faisabilité de l’opération de refonte totale du fichier dans les délais impartis, les Sénégalais étaient devenus très
sceptiques, car plusieurs date de démarrage des inscriptions étaient annoncées, mais jamais respectées. De report
en report de la date de démarrage des opérations électorales, les populations avaient fini par se convaincre du fait
que le régime ne semblait pas être dans une logique d’organisation des élections à terme constitutionnel échu.
La CENA, elle-même, a constaté ce fait dans son Rapport sur l’élection présidentielle du 25 février :
« Les inscriptions ont été reportées à plusieurs reprises et ont été clôturées le 15 septembre 2006. De larges
couches de la population se sont demandé, par moments, si les élections auraient réellement lieu en raison des
Cette situation d’incertitude et de doutes qui avait fortement préoccupé les sénégalais, avait poussé le professeur
Me Ousmane NGOM, dans une correspondance n°00351 en date du 19 mai 2005, en ces termes :
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« Lors du séminaire du 26 janvier 2005 à Dakar organisé à l’intention des partis politiques sur la carte
électorale votre département avait fixé pour le mois d’avril 2005, le démarrage des inscriptions sur les
A la date d’aujourd’hui, 19 mai 2005, rien n’a démarré. On a appris par voie de presse, que les
inscriptions allaient commencer le 15 mai. Jusqu’à ce jour, notre parti n’a reçu aucune information
officielle, ni même aucune explication de votre part sur le retard du démarrage des inscriptions sur les
listes électorales. D’après les informations que nous ont transmises les responsables de notre parti dans
les différentes localités, certaines autorités administratives ont envoyé des correspondances leur
demandant de désigner les représentants des partis dans les commissions administratives de révision
des listes, le 18 mai 2005. Dans beaucoup d’autres localités, à ce jour, aucune correspondance ne leur
est encore adressée à ce sujet. Nous sommes quotidiennement interpellés par la base de notre parti,
mais malheureusement nous ne sommes pas en mesure de leur fournir aucune explication officielle sur
La direction de la LD/MPT est vivement préoccupée par cette situation lourde de conséquences sur la
transparence du processus électoral, dont la phase d’inscription sur les listes, comme chacun le sait, est
cruciale en ce qu’elle conditionne les autres étapes. A ces inquiétudes, il s’y ajoute que les membres de
la CENA ne sont pas encore choisis. Comme le stipulent les dispositions du Code électoral et de la loi
sur la CENA qui vient d’être adoptée récemment par l’Assemblée nationale, les délégués de cette
Pour toutes ces raisons, notre parti estime qu’il est de la plus haute importance et de l’impérieuse
nécessité, de convoquer les partis politiques dans les meilleurs délais afin de procéder à des échanges
de vues sur la situation pour que tous les acteurs du jeu politique soient au même niveau d’information
et à la source même.
Sinon, la confusion qui règne actuellement et le mystère qui entoure la date effective du démarrage des
électoral et la crédibilité des échéances électorales à venir, dont tout le monde s’accorde à penser
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n°000181/MINT/DG du 25 mai 2005, apporta des éclaircissements sur le démarrage des opérations d’inscription
sur les listes électorales, sur la mise en place de la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome), et sur
« Sur le premier point, il convient de préciser que c’est l’état des préparatifs qui a été toujours à la
base des déclarations sur les dates de démarrages. J’ai toujours été en phase avec les techniciens du
Ministère dans les différentes dates avancées. Cependant, quel que soit aujourd’hui, l’état des avancées
sur les préparatifs, il reste qu’il n’est pas souhaitable de démarrer les opérations avant l’installations
de la CENA qui a la vocation de contrôler tout le processus électoral pour la constitution du fichier
électoral initial.
Sur le second volet, je vous informe que la procédure de nomination des membres de la CENA est en
cours. La phase de consultation comme le prévoit la loi a pu être observée dans des délais
raisonnables. Des propositions sont faites sur la base des résultats des consultations. La nomination
Pour ce qui concerne la nécessité de convoquer une rencontre avec les partis politiques, je vous
réaffirme que le dialogue sur toutes les questions du processus électoral constitue un credo pour notre
gouvernement. Il s’agit ici juste d’une question d’opportunité. Incessamment, une rencontre sera
convoquée pour échange d’informations sur les questions ci-dessus soulevées et sur toutes autres
Une semaine après les échanges de correspondance entre le leader de la LD/MPT et le ministre de l’Intérieur, le
décret n°2005-517 du 1er juin 2005, rendu public le mardi 07 juin 2005, informait de la composition des
membres de la CENA. Et ce n’est que trois (03) mois plus tard, précisément le 05 septembre 2005, que les
inscriptions sur les listes ont commencé dans la région de Dakar. Dans les communes et communautés rurales,
elles ont commencé respectivement le 05 décembre 2005 et le 1 er février 2006. Quant aux circonscriptions
consulaires, elles ont démarré le 16 février 2006. C’est dire que nous avons assisté à une procédure d’inscription
sur les listes à plusieurs vitesses, ce qui n’a pas manqué de constituer une entorse au respect du principe d’équité
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Bien que trois (03) élections aient été organisées sous l’empire de l’actuel fichier issu de la refonte totale et de la
nouvelle procédure d’inscription sur les listes électorales, le contentieux autour du fichier ne s’est pas dissipé.
Au contraire, il s’est amplifié et s’est exacerbé, surtout à l’approche des prochaines élections locales prévues en
mars 2009. Mais pour bien comprendre la portée du contentieux entre le pouvoir et l’opposition sur le fichier, il
Deux (02) mois après les élections locales du 12 mars 2002, la question du fichier électoral a rebondi au niveau
des discussions entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques lors d’une rencontre qui s’est tenue le 29
juillet 2002. Celles-ci se sont poursuivies le 30 avril 2003 à l’Hôtel Indépendance et le 04 juillet 2003 à la « Salle
Toutes ces réunions sous l’égide du ministre de l’Intérieur, le général Mamadou NIANG, se déroulaient dans une
excellente atmosphère et dans un climat de confiance et de sérénité. Tous les acteurs du processus électoral
(partis politiques, ministère de l’Intérieur, ONEL) faisaient preuve de bonne volonté dans la recherche des
solutions à l’épineux problème du fichier électoral. La personnalité du Général NIANG qui fut le premier
président de l’ONEL, a sans doute beaucoup contribué à l’instauration d’un climat de sérénité lors des
différentes rencontres entre le ministère de l’Intérieur et les partis. Sa grande capacité d’écoute pour essayer de
comprendre les préoccupations des uns et des autres, contribuait fortement à faire avancer la réflexion.
Mais, dès l’avènement de monsieur Macky SALL, à la tête du ministère de l’Intérieur début novembre 2003, en
remplacement du Général NIANG, nommé ambassadeur, le climat politique des rencontres avec les partis a
beaucoup changé. En raison du caractère politiquement marqué du nouveau ministre, président de la C.I.S
(Cellule Initiative et Stratégie), la suspicion a commencé à s’installer. Lors du premier contact de Monsieur
SALL, avec les partis, le 18 novembre 2003, les discussions sur le fichier électoral ont connu des blocages. Les
partis membres du CPC (Cadre Permanent de Concertations) qui a été créé le 14 mai 2001, soit deux (02) mois
après la sortie de l’AFP (Alliance des Forces de Progrès) du premier gouvernement de l’alternance, ont exigé
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Suite à l’objection faite par les autres partis présents dans la salle de réunion et non membres du CPC, comme
quoi ils n’avaient reçu de mandats pour discuter de questions autres que celles inscrites à l’ordre du jour de la
convocation de la présente réunion, les partis membres du CPC décidèrent de quitter la salle.
Sur les 45 partis qui étaient présents lors de cette rencontre, 29 sont restés pour poursuivre la réunion. Les
discussions ont porté sur la nécessité d’un toilettage du code électoral, l’étude d’une carte d’électeur à usage
multiple, les audiences foraines, la carte d’identité numérisée et sécurisée pour combler les lacunes de l’Etat
civil, etc …
l’Intérieur, Macky SALL, demande aux partis politiques de bien vouloir lui transmettre avant la date du 31
janvier 2004 au plus tard, les points argumentés qu’ils souhaitent voir inscrits à l’ordre du jour des prochaines
concertations sur le processus électoral. Et, il est précisé dans cette correspondance que « tous les sujets seront
discutés, mais les préoccupations les plus partagées seront traités en priorité ».
L’exploitation des positions des partis par les techniciens du ministère de l’Intérieur, a fait ressortir que la
majorité des partis avaient opté pour une refonte partielle. C’est ainsi que le Ministère de l’Intérieur a élaboré le
projet de loi n°48/2003 relatifs à une refonte partielle du fichier électoral. Ce projet a été examiné par le Bureau
de l’Assemblé Nationale, mais ne sera pas finalement adopté par les parlementaires. Un consensus est intervenu
entre la majorité et l’opposition pour le retrait de ce projet de loi en attendant de plus amples concertations
autour de la question. Cette requête a été acceptée par le Ministre de l’Intérieur 6 ;
Dans une autre correspondance n°002899 MIN.CL/DGE/DFC en date du 05 mars 2004, Monsieur Macky SALL
rappelle que suite à sa lettre du 08/12/03 portant sur les points argumentés à soumettre au cadre de concertation
sur le processus électoral, son département, au regard des réponses émanant des partis, a fait un travail de
1) Le fichier électoral ;
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Compte rendu n°00020 MIN.CL/DGE/DFC du 05 Avril 2004 entre le Ministère de l’Intérieur et des
collectivités locales et les partis apolitiques portants sur le processus électoral.
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Le 16 mars 2004, une concertation entre le MINT et les partis a eu lieu au Ministère des Affaires Etrangères et
des Sénégalais de l’Extérieur autour de deux points à l’ordre du jour : 1). Discussion sur les grands thèmes du
processus électoral ; 2). Elaboration du calendrier des rencontres et des modalités de travail.
Constatant l’absence des partis du CPC à cette rencontre, le Secrétaire Général du PRC, Monsieur Samba
Diouldé THIAM, demanda le report de la réunion à une autre date, en fondant son argumentation sur le fait que
le CPC, en tant qu’acteur politique majeur, devait participer à des discussions qui engagent l’ensemble des
acteurs du processus électoral. La majorité des partis souscrivent à cette demande de report justifiée par la fait
qu’à leurs yeux, cela ne pourrait que contribuer à favoriser le climat de confiance mutuelle et donner une chance
supplémentaire pour créer les conditions propices à la poursuite du nécessaire dialogue politique permanent entre
Mais, suite à la persistance du boycott par le CPC des rencontres initiées par le Ministère de l’Intérieur qui
exigeaient, le fait d’être reçu par le Chef de l’Etat pour des accords de principe sur des points relatifs au
processus électoral, le Président de la République accéda à leur requête, le 10 mai 2004. C’est ainsi qu’un
accord de principe, semble-t-il, a été obtenu entre le Chef de l’Etat et le CPC sur la création d’une CENA ou
Entre temps, les concertations entre les partis et les techniciens du Ministère de l’Intérieur avaient démarré à
l’Ecole Nationale de Police depuis le 13 avril 2004 pour passer en revue le Code électoral, la gestion du fichier.
Mais, ces concertations furent interrompues brusquement suite à l’annonce par la RTS (Radiotélévision du
Sénégal) dans son Journal télévisé du soir du 10 mai 2004, des accords de principe sur le processus électoral,
entre le Président de la République et le CPC. C’est pourquoi, dès le lendemain, c’est-à-dire le 11mai 2004, les
partis qui avaient accepter de siéger dans les commissions techniques à l’Ecole Nationale de Police ont décidé de
suspendre les travaux techniques, en attendant d’être plus amplement édifiés sur le contenu des accords
Les dix-sept (17) partis signataires du Communiqué intitulé : « Déclaration du 11 mai 2004 », justifiaient leur
attitude par le fait que la poursuite des discussions techniques entamées à l’Ecole Nationale de Police depuis 13
avril n’avait plus de sens dès l’instant qu’était intervenu un accord politique entre le Chef de l’Etat et une partie
des acteurs politiques sur le processus électoral. Ce dernier rappelait- il, par définition, doit être inclusif dans la
mesure où il concerne l’ensemble des acteurs politiques, et non une partie de ces acteurs.
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Dans le même sillage, les partis membre de la CAP 21 (Convergences des Actions autour du Président pour le
IIIème millénaire) demandèrent de leur côté à rencontrer le Président de la République pour être eux aussi édifiés
sur le contenu des accords entre le Président WADE et le CPC. C’est ainsi que le Chef de l’Etat accorda à ses
alliés de la CAP 21, une audience au Palais de la République, le mardi 25 mai 2004.
Mais, à la même période, un coup de théâtre se produit avec le changement intervenu dans la composition du
Gouvernement, avec le départ de Macky SALL du ministère de l’Intérieur, pour occuper le poste de Premier
Ministre.
Ce qu’il convient de retenir des six (06) mois de passage de Macky SALL à la tête du ministère de l’Intérieur (de
novembre 2003 à Avril 2004), c’est que la tension a été particulièrement vive à l’occasion des rencontres entre le
En fin avril 2004, Monsieur Cheikh Saadibou FALL, succéda à Macky SALL, à la tête du département de
l’Intérieur. Bien que ce dernier soit également membre du PDS et ancien maire de la commune d’arrondissement
de Fann-Point E – Amitié de 1996 à 2001, il était moins marqué politiquement que son prédécesseur.
Il convient de retenir que l’avènement de Macky SALL aux fonctions de Premier Ministre a entraîné une légère
2004, le dialogue a repris entre le ministère de l’Intérieur et les partis. La relative rupture dans l’approche
pragmatique des problèmes, avec des échéances précises de réalisation et la tonalité d’apaisement et d’ouverture
du message du chef du gouvernement devant les députés, ont entraîné un processus de dégel de la tension
politique.
Le passage du ministre de l’Intérieur, Cheikh Saadibou FALL, devant la Commission des Lois de l’Assemblée
C’est ainsi, qu’à l’unanimité des commissaires de la majorité de l’opposition, la Commission des Lois, de la
Décentralisation, du Travail et des Droits Humains, présidée par monsieur Aly LO, a voté le projet de loi
n°22/2004 portant sur la refonte totale du fichier électoral. Quant à l’Assemblée nationale, elle a voté en plénière
le projet de loi.
Toujours dans la dynamique de décrispation politique, la rencontre entre le nouveau locataire de la place
Washington et les partis, s’est déroulée dans un climat d’apaisement et de détente. Toutes les rencontres ont été
organisées pendant cette période ont connu des records de participation parce que les partis du CPC qui avaient
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opté pour une politique de la chaise vide plusieurs mois durant, ont accepté de répondre aux invitations de
Des échanges importants ont pu avoir lieu sur la mise en œuvre du décret d’application de la loi portant refonte
Des idées, des suggestions, voire des propositions d’orientations ont été faites par les acteurs politiques pour
Retenons qu’au cours du magistère de Cheikh Saadibou FALL au ministère de l’Intérieur, des discussions ont été
engagées sur le choix du noyau dur pour la refonte du fichier. La rencontre du 05 juillet 2004 axée
essentiellement sur cette question, n’a pas pu déboucher sur un consensus entre les partis. Certains étaient pour le
fichier de l’an 2000 (taux de participation 61,71%), d’autres étaient pour le fichier des législatives du 29 avril
2001 (taux de participation 69,70%), d’autres pour le Référendum de 2001, (taux de participation 65,74%) ;
d’autres enfin, étaient pour le fichier des élections locales du 12 mai 2002 (taux de participation 53%). Il
convient de rappeler que cette réunion qui a duré près de 8 tours d’horloge (10h à 18h) fut une des concertations
Le ministre Cheikh Saadibou FALL, il faut le reconnaître, durant son passage au département de l’Intérieur, a
fait preuve de bonne volonté et d’esprit d’ouverture. Mais, au moment où personne ne s’y attendait, il a été
Le décret n°2004-1380 du 02 novembre 2004, porta monsieur Ousmane NGOM qui occupait le poste de ministre
du Commerce, à la tête du département de l’Intérieur. Ainsi, Cheikh Saadibou FALL, a fait huit (08) mois à la
La première rencontre entre le nouveau ministre de l’Intérieur, Me NGOM, avec les partis, le 18 novembre 2004
s’est déroulée dans une ambiance particulièrement tendue. La rencontre du 18 novembre 2004 avait comme
ordre du jour, deux (02) points. D’une part, une prise de contact entre Me NGOM et les partis politique, et,
d’autre part, l’installation officielle du professeur Babacar GUEYE dans ses fonctions de Président de la
Commission ad hoc, chargée de faire des propositions pour la mise en place d’une Commission Electorale
De nombreuses perturbations ont émaillé cette rencontre, qui a connu une longue suspension, puis un report pur
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La deuxième rencontre entre Me NGOM et les partis, a eu lieu le 25 janvier 2005, à l’hôtel Savana. Celle-ci a
porté essentiellement sur la Carte électorale. Au cours de cette rencontre qui a enregistré la participation de plus
de cinquante (50) partis politiques, les techniciens du ministère de l’Intérieur ont déroulé la feuille de route
relative à la refonte du fichier électoral. dans un document intitulé Présentation de la nouvelle procédure
d’inscription sur les listes électorales. Son contenu s’articule autour des sept (07) points suivants :
listes basées uniquement sur une carte nationale d’identité numérisée. L’objectif visé
est de permettre la mise en place d’un fichier électoral fiabilisé à 100% tout en
donnant aux acteurs les moyens d’en vérifier avec certitude la qualité tout au long du
2- « Extrait du Chronogramme
c) Solution informatique
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commissions d’inscription.
de cartes
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d’identité ou
de dépôt de CNI ;
récépissé d’inscription ;
remise de cartes.
éventuelles ;
c) Les fiches de demande de CNI ainsi que les fiches d’inscriptions sur les
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d) La DAF produit chaque jour les cartes d’identité nationale et les cartes
d’électeurs pour les faire acheminer vers les commissions émettrices sous
5- « Volumétrie
a) L’objectif visé pour le nouveau fichier électoral est de trois (03) millions
par heure pour une journée de 10 heures. C’est dire que le délai de six (06)
mois est largement suffisant pour inscrire trois (03) millions d’électeurs.
des parlementaires lors du vote de la loi). Elle est établie sur la base de la
c) L’arbitrage du Chef de l’Etat au sujet du choix du noyau dur pour la refonte du fichier électoral
Comme nous l’avons rappelé dans les pages précédentes, la décision de refonte totale du fichier électoral a été
A la suite du boycott des partis de l’opposition regroupés dans le CPC, des rencontres du ministère de l’Intérieur
avec les partis, pendant plusieurs mois durant, le Chef de l’Etat, accepta la requête du CPC, de la rencontrer pour
discuter avec lui des problèmes relatifs au processus électoral. C’est ainsi que, lors de la rencontre du 10 mai
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2004, un accord de principe était intervenu sur la création d’une CENA ou d’une CENI et sur la refonte partielle
Mais puisque cette décision a été prise au moment où des concertations entre les techniciens du ministère de
l’Intérieur et les partis se déroulaient à l’Ecole Nationale de Police sur la revue du Code électoral, ces partis
avaient suspendu ces concertations en attendant d’être édifiés sur les conclusions de la rencontre du 10 mai 2004.
C’est ainsi que les partis signataires de la Déclaration du 11 mai 2004, ont estimé que les discussions techniques
amorcées sur la revue du Code électoral, n’avaient plus d’objet dès l’instant ou un accord politique était
Dans le même sillage de cette position, les partis membres de la CAP 21, demandèrent de leur côté à rencontrer
le président de la République le mardi 25 mai 2004, Me WADE reçut ses alliés de la CAP 21.
Entre temps, l’Union pour le Renouveau Démocratique (URD) de Djibo Leïty KA avait rejoint le pôle
présidentiel, sans pour autant être membre de la CAP 21. Le Vendredi 09 juillet 2004, le Chef de l’Etat rencontra
à nouveau la CAP 21, élargie à l’URD. Les échanges ont porté sur la question du choix du noyau dur qui devait
Une autre rencontre élargie à tous les partis politiques, est convoquée par le Chef de l’Etat, le 15 juillet 2004 par
lettre n°0727/PR.SP.PR/ass en date du 09 juillet 2004, à l’effet de discuter du processus électoral. Mais les partis
du CPC et du G10, regroupés entre temps dans CLARTE/NA LEER (coordination de lutte et d’Actions pour la
Régularité et la Transparence des Elections), boycottèrent cette rencontre. Ils sont envoyé un Mémorandum au
Chef de l’Etat sur le processus électoral et ont organisé le même jour une conférence de presse à l’Hôtel
Indépendance.
C’est au cours de cette rencontre du 15 juillet 2004, que le Chef de l’Etat informa de sa décision de procéder à
une refonte totale du fichier, suite à l’absence de consensus sur le choix du noyau dur. En substance, il déclara :
« Je préfère remettre le compteur à zéro et renvoyer tout le monde dos à dos. Tous les partis vont s’aligner sur
Séance tenante, le président de la République informa qu’un projet de Loi sur la refonte totale du fichier électoral
va être soumis à l’Assemblée nationale. Rappelons qu’au cours de cette rencontre, trente trois (33) partis y ont
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Il convient de préciser que dans la perspective de cette rencontre entre le Chef de l’Etat et la classe politique, le
Ministère de l’Intérieur, par lettre non datée avait demandé aux partis de lui faire parvenir par écrit, leurs
positions argumentées sur le choix du noyau dur et sur le fichier avant la date du 13 juillet 2004.
Quelques jours après la rencontre du 15 juillet, la décision du Chef de l’Etat a été matérialisée par le dépôt au
niveau du Parlement d’un projet de loi portant annulation de toutes les listes électorales et de toutes les
inscriptions figurant dans le fichier général des électeurs et prescrivant l’établissement de nouvelle listes
électorales. Quelques heures plus tard, ce projet qui contenait de nombreuses failles et lacunes a été retiré et
remplacé le 29 juillet 2004 par un autre projet de loi, celui du n°22/2004 portant refonte totale du fichier
électoral. Mais, ce dernier a connu plusieurs versions avant son adoption définitive par l’Assemblée Nationale le
16 Août 2004. Promulguée par le Président de la République, la loi n°2004-32 du 25 Août 2004 portant
annulation de toutes les listes électorales et de toutes les inscriptions figurant dans le fichier général des électeurs
et prescrivant l’établissement de nouvelles listes électorales s’articule autour de sept (07) articles ainsi libellés :
Article premier : Par dérogation au x articles L34 à L49 et L262 du Code électoral, un
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Article 3 : L’inscription sur ce nouveau fichier est réalisée par des commissions
Article 4 : L’inscription s’effectue sur la base unique d’une nouvelle carte
Article 5 : Une fois les opérations d’inscription terminées, les informations ainsi
fichier.
Article 6 : Une période d’un mois, après la publication des listes provisoires, est
électorales définitives.
Article 7 : S’il survient des élections avant la constitution définitive du nouveau
Avant d’analyser dans les détails, la problématique de cette nouvelle procédure d’inscription sur les listes
électorales, suite à la refonte totale du fichier, nous allons examiner à présent la question de l’organisme de
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Sixième partie
Au cœur des contentieux électoraux au Sénégal, depuis 1976, se trouve la question du fichier électoral, qui, de
l’avis du politologue Abdou Aziz DIAGNE, a toujours constitué « la pomme de discorde entre le pouvoir et
l’opposition »7.
Malgré les alternances politiques intervenues en 2000 et en 2012, à la suite d’élections reconnues par tous les
observateurs comme sincères et transparentes, la question du fichier électoral n’est pas pour autant
définitivement réglée.
Le terme « fichier » est un concept informatique qui renvoie à l’informatisation des listes électorales en 1976, au
moment de « l’ouverture démocratique limitée » sous le magistère du président Léopold Sédar Senghor. Il a
C’est ainsi que dès le lendemain des élections locales du 12 mai 2002, des acteurs politiques ont engagé une
discussion autour du fichier pour trouver un consensus sur le choix d’un noyau dur qui devait servir à une refonte
partielle ou totale du fichier, en perspective des législatives initialement prévues en mai 2006 et de la
présidentielle de 2007. Après moult péripéties et discussions au sein de la classe politique, un consensus n’a pu
Le 15 Juillet 2004, le président de la République a tranché le débat en optant pour une refonte totale du fichier
électoral pour dit-il, « mettre tout le monde sur la même ligne de départ, et doter notre pays d’un instrument qui
7
Abdou Aziz DIAGNE : « Un régime parlementaire pour le Sénégal » , in, Walfadjri du jeudi 30 septembre et
vendredi 1er octobre 2004
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Assemblée nationale, Xème législature. Première session ordinaire de l’Année 2004. Rapport de la
Commission des Lois de la Décentralisation, du Travail et des Droits Humains, 10 Août 2004.
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27
Si l’intention du Chef de l’Etat est généreuse dans la formulation, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’une
décision fondamentalement politique, qui n’a pas été précédée d’une réflexion technique, sur la faisabilité de la
chose au regard des délais impartis pour la nécessité d’une telle opération.
C’est la raison pour laquelle de nombreux partis politiques, du reste de l’opposition comme de la majorité, ainsi
que de nombreux observateurs avertis de la chose électorale, avaient formulé des réserves et doutes sur les
Il convient de retenir qu’à cette période, il n’était pas encore question de report des législatives de 2006 et de leur
Au contraire, le Chef de l’Etat, le Président Abdoulaye Wade et le ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom, ne
cessaient de donner des assurances sur le respect du calendrier républicain des élections.
Les nombreuses et pertinentes interrogations des parlementaires sur tous les aspects liés à la refonte totale au
regard des délais impartis, constituaient une illustration significative de leur scepticisme, quant à la faisabilité
d’une procédure aussi inédite, à la fois au regard des délais impartis et à la riche expérience électorale du peuple
sénégalais. Ainsi, les recommandations qu’ils ont formulées au cours de la session parlementaire du 10 Août
Entre autres recommandations, on peut citer : « la transparence du processus à toutes les étapes qui conduiront
au fichier nouveau ; La concertation et le dialogue entre les acteurs qui accompagnent le processus ; La
recherche du consensus dans ce nécessaire dialogue et cette indispensable concertation ; L’obligation pour tous
de se départir de pratiques de politique politicienne sur une question aussi importante, qui engage l’avenir de
notre démocratie ; Le devoir, pour le Gouvernement, d’engager tous les moyens matériels, financiers et humains
Quelles que soient les raisons qui ont été à la base de la décision de refonte totale du fichier électoral, force est
de reconnaître que dès le début, il y a eu deux problèmes qui n’étaient pas du tout liés. L’un était d’ordre
politique, et l’autre d’ordre technique. Mais pour bien comprendre la nature profonde de ces deux problèmes,
nous allons examiner successivement, dans un premier temps, les considérations générales sur le fichier
électoral, et, dans un deuxième temps, la problématique qui sous-tend la décision de refonte totale du fichier.
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Au cœur des contentieux électoraux au Sénégal, depuis 1976, se trouve la question du fichier électoral, qui, de
l’avis du politologue Abdou Aziz DIAGNE, a toujours constitué « la pomme de discorde entre le pouvoir et
l’opposition »9.
Malgré les alternances politiques intervenues en 2000 et en 2012, à la suite d’élections reconnues par tous les
observateurs comme sincères et transparentes, la question du fichier électoral n’est pas pour autant
définitivement réglée.
C’est ainsi que dès le lendemain des élections locales du 12 mai 2002, des acteurs politiques ont engagé une
discussion autour du fichier pour trouver un consensus sur le choix d’un noyau dur qui devait servir à une refonte
partielle ou totale du fichier, en perspective des législatives initialement prévues en mai 2006 et de la
présidentielle de 2007. Après moult péripéties et discussions au sein de la classe politique, un consensus n’a pu
Le 15 Juillet 2004, le président de la République a tranché le débat en optant pour une refonte totale du fichier
électoral pour dit-il, « mettre tout le monde sur la même ligne de départ, et doter notre pays d’un instrument qui
Si l’intention du Chef de l’Etat est généreuse dans la formulation, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’une
décision fondamentalement politique, qui n’a pas été précédée d’une réflexion technique, sur la faisabilité de la
chose au regard des délais impartis pour la nécessité d’une telle opération.
C’est la raison pour laquelle de nombreux partis politiques, du reste de l’opposition comme de la majorité, ainsi
que de nombreux observateurs avertis de la chose électorale, avaient formulé des réserves et doutes sur les
Il convient de retenir qu’à cette période, il n’était pas encore question de report des législatives de 2006 et de leur
9
Abdou Aziz DIAGNE : « Un régime parlementaire pour le Sénégal » , in, Walfadjri du jeudi 30 septembre et
vendredi 1er octobre 2004
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Assemblée nationale, Xème législature. Première session ordinaire de l’Année 2004. Rapport de la
Commission des Lois de la Décentralisation, du Travail et des Droits Humains, 10 Août 2004.
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Au contraire, le Chef de l’Etat, le Président Abdoulaye Wade et le ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom, ne
cessaient de donner des assurances sur le respect du calendrier républicain des élections.
Les nombreuses et pertinentes interrogations des parlementaires sur tous les aspects liés à la refonte totale au
regard des délais impartis, constituaient une illustration significative de leur scepticisme, quant à la faisabilité
d’une procédure aussi inédite, à la fois au regard des délais impartis et à la riche expérience électorale du peuple
sénégalais. Ainsi, les recommandations qu’ils ont formulées au cours de la session parlementaire du 10 Août
Entre autres recommandations, on peut citer : « la transparence du processus à toutes les étapes qui conduiront
au fichier nouveau ; La concertation et le dialogue entre les acteurs qui accompagnent le processus ; La
recherche du consensus dans ce nécessaire dialogue et cette indispensable concertation ; L’obligation pour tous
de se départir de pratiques de politique politicienne sur une question aussi importante, qui engage l’avenir de
notre démocratie ; Le devoir, pour le Gouvernement, d’engager tous les moyens matériels, financiers et humains
Quelles que soient les raisons qui ont été à la base de la décision de refonte totale du fichier électoral, force est
de reconnaître que dès le début, il y a eu deux problèmes qui n’étaient pas du tout liés. L’un était d’ordre
politique, et l’autre d’ordre technique. Mais pour bien comprendre la nature profonde de ces deux problèmes,
nous allons examiner successivement, dans un premier temps, les considérations générales sur le fichier
électoral, et, dans un deuxième temps, la problématique qui sous-tend la décision de refonte totale du fichier.
Septième partie
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Ebauche Plan
PREFACE………………………………………………………
INTRODUCTION GENERALE
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme - stipule en son article 21, alinéa 2 : « la volonté du peuple
est le fondement de l’autorité des pouvoir publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui
doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure
équivalente assurant la liberté de vote ».11
Quant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966, il dispose en son article
25, « le droit de prendre part à la direction des affaires publiques, de voter, d’être élu et d’accéder, dans les
conditions générales d’égalité, aux fonctions publiques de son pays. Ce droit doit pouvoir s’exercer sans
discrimination et sans restrictions déraisonnables ».
En remettant entre les mains des citoyens la souveraineté qu’ils peuvent redistribuer au gré de leurs préférences,
les élections, en démocratie, constituent un mécanisme essentiel dans la régulation de la vie politique et sociale. 12
L’acceptabilité des résultats des confrontations électorales, contribue à l’instauration d’une démocratie apaisée
dans la mesure où l’exacerbation des tensions sociopolitiques est surmontée, ce qui dans une large mesure,
facilite des conditions de sincérité et de transparence qui ont présidé à leur organisation et à leur déroulement.
Aussi, un scrutin libre et démocratique, ne peut que contribuer puissamment à instaurer un climat durable de
11
Cité par « Afrique – Espoir », supplément, juin 1994.
12
Mamadou Kamara : LES ELECTIONS AU SENEGAL (Rôle, place et responsabilités des acteurs).
Démocratie et Etat de droit, 2007. « L’élection consiste à redonner au citoyen la place qui est la sienne dans une
démocratie, c’est-à-dire celle de l’électeur qui est en droit de savoir ce que les élus ont fait de son choix de
société et de l’argent de ses impôts. », p. 20
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31
confiance et de pacification de la sphère politique, en garantissant la légitimité des élus et du pouvoir qu’ils
incarnent.13
Le Sénégal, à la différence de beaucoup de pays africains venus fraîchement à la démocratie, à la faveur du vent
de démocratisation qui a soufflé sur le continent africain au début des années 1990, a une culture électorale très
ancienne, bien que celle-ci n’ait pas toujours rimée avec culture démocratique.
En effet, les premières élections organisées sur le territoire colonial au niveau des possessions françaises
d’Afrique Occidentale, remontent à 1848. Toutefois, celles-ci furent exclusivement l’affaire des Européens.
C’est à partir du 02 avril 1871, date des premières compétitions législatives, que les élections seront ouvertes aux
quatre communes (Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque), et ne connaîtront plus d’interruption jusqu’en 1960.
Il convient de préciser que jusqu’en 1914 qui marque l’élection de Blaise Diagne comme député, le corps
électoral n’était composé que des français de souche ou de mulâtres. Ceux-ci constituaient les seuls acteurs de
la vie politique.
C’est en 1945 que l’on assiste à un élargissement de l’électorat au Sénégal avec la loi du 05 Octobre 1945.
Toutefois, cette loi n’avait pas rendu le suffrage universel, car, seuls les citoyens de statut personnel soumis à
quelques conditions avaient qualité d’électeur (notables évolués, fonctionnaires titulaires de décoration,
commerçants, etc.). Cependant, les critères limitatifs et restrictifs n’en n’ont pas moins contribué à l’extension
des bénéficiaires du droit de vote.
Ce n’est qu’avec la loi Gaston Defferre du 23 Juin 1956, que l’on assistera à un véritable boom du corps
électoral Sénégalais, où tous les citoyens des deux sexes âgés de plus de vingt et un ans ont qualité d’électeur.
Durant la période de la colonisation, les élections au Sénégal étaient régies par les lois coloniales. Entre autres
textes régissant les élections on peut citer :
L’ordonnance du 7 Septembre 1840 érigeant Saint-Louis et Gorée en conseils élus par un collège de
notables eux-mêmes désignés par le gouverneur.
Le décret du 10 août 1872 crée à l’image de l’organisation métropolitaine, les communes de plein
exercice de Saint-Louis et Gorée.
La loi du 31 mars 1914 réprimant les actes de corruption dans les opérations électorales.
13
DANSOU A : « Vote et votants à l’élection présidentielle des 28 février et 19 mars 2000 : quel modèle pour le
Sénégal ? »
31
32
La loi n° 46-1889 du 20 août 1946 relative au contrôle des inscriptions sur les listes électorales et la
procédure des inscriptions d’urgence.
La loi du 28 aout 1946 ayant permis d’élaborer les listes électorales sur la base desquelles a été
organisé le référendum constitutionnel de 1970.
La loi de Lamine GUEYE dite loi citoyenneté du 5 octobre 1946, mais qui ne confère pas
automatiquement la qualité d’électeur aux ressortissants des territoires d’Outre-mer.
La loi du 27 août 1947 qui étend le droit d’élire et d’être élu à ceux qui savent lire le français et l’arabe.
La loi du 21 mai 1951 accordant le droit de vote aux pères de famille payant l’impôt.
Sans être exhaustive, cette liste de lois et décrets ainsi énumérés constitue des jalons importants de l’histoire
électorale du Sénégal, en ce qu’elle témoigne de l’extension progressive des conquêtes démocratiques et de la
nature du corps électoral. Comme on l’aura remarqué, tout au long de l’histoire politique de notre pays, la qualité
d’électeur a connu une évolution certaine. Apanage du petit nombre, la qualité d’électeur deviendra accessible au
plus grand nombre, suite au combat permanent pour l’extension du corps électoral, au bénéfice de
l’enracinement et de l’approfondissement du processus démocratique.
Avec l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale en 1960, cette tradition électorale qui s’est
poursuivie et consolidée a permis à notre pays de bénéficier d’une relative stabilité institutionnelle, marquée par
la tenue périodique d’élections à intervalles régulières, conformément au calendrier républicain.
De 1960 à nos jours, le tableau chronologique des textes à caractère législatif se présente ainsi :
La loi organique n° 60-17 du 3 septembre 1963 sur la Cour suprême qui était le seul organe de
centralisation et de proclamation des résultats des élections nationales.
L’ordonnance n° 63-02 du 6 juin 1963 relative à l’élection des députés à l’Assemblée nationale.
L’ordonnance n° 63-09 du 26 août 1963 portant loi organique relative à l’élection du président de la
République.
32
33
33
34
PREMIERE PARTIE
34
35
A partir du 02 avril 1871 le cycle des élections n’a pas connu d’interruption au Sénégal jusqu’en 1960 qui
marque la fin de la séquence coloniale. Il convient de faire observer que de 1871 à 1959, soit une période de
(quatre-vingt-huit ans) 88 ans, 17 (dix-sept) élections législatives ont été organisées, soit en moyenne une
élection tous les 5 (cinq ans), comme le montre le tableau chronologique suivant: Législatives de mars 1871 ;
Législatives de juin 1879 (1er tour) ; Législatives de septembre 1889 (1er tour) ; Législatives d’août 1893 ;
Législatives de mai 1898 ; Législatives d’avril 1902 ; Législatives de mai 1906 ; Législatives d’avril 1910 (1er
tour) ; Législatives d’avril 1914 (1er tour) ; Législatives de novembre 1919 ;
Législatives d’avril 1924 ; Législatives du 1er mai 1929 ; Législatives du 29 juillet 1934 ; Législatives du 26
avril 1936 ; Législatives du 17 juin 1951 ; Législatives du 02 janvier 1956 ; Législatives du 22 mars 1959.
A partir de la période des indépendances en 1960, ce processus de tenue régulière des élections à intervalles
régulières s’est poursuivi conformément au calendrier républicain. C’est ainsi que se présente le tableau des
différents scrutins :
Les Référendums (4 scrutins) : 03 janvier 1963 ; 26 février 1970 ; 07 vier 2001 ; 20 mars 2016.
Les Elections Sénatoriales (2 scrutins) : Janvier 1999 ; 19 août 2007.
Les Elections locales (9 scrutins) : 1960 (élection municipale à Saint-Louis) ; 25 Janvier 1968 (élection
municipale) ; 26 janvier 1978 (élection municipale) ; Novembre 1984 (élections municipales et rurales) ;
Novembre 1990 (élections municipales et rurales) ; 24-27 novembre 1996 (élections régionales, municipales et
rurales) ; 12 mai 2002 (élections régionales, municipales et rurales) ; 25 mars 2009 (régionales, municipales et
rurales) ; 29 juin 2014 (élections municipales et départementales).
Les Elections présidentielles (11 scrutins) : Élection présidentielle du 1er décembre 1963 ; Élection
présidentielle du 25 février 1968 ; Élection présidentielle du 28 janvier 1973 ; Élection présidentielle du 26
février 1978 ; Élection présidentielle du 27 février 1983 ; Élection présidentielle du 28 février 1988 ; Élection
présidentielle du 21 février 1993 ; Élection présidentielle du 20 février et 19 mars 2000 ; Élection présidentielle
du 25 février 2007 ; Élection présidentielle du 26 février et 25 mars 2012 ; Élection présidentielle du 25 février
2019 .
Les Élections législatives (12 scrutins) : Élections législatives du 1er décembre 1963 ; Élections législatives du
25 février 1968 ; Élections législatives du 28 janvier 1973 ; Élections législatives du 26 février 1978 ; Élections
législatives du 27 février 1983 ; Élections législatives du 28 février 1988 ; Élections législatives du 09 mai 1993 ;
Élections législatives du 24 mai 1998 ; Élections législatives anticipées du 29 avril 2001 ; Élections législatives
du 03 juin 2007 ; Élections législatives du 1er juillet 2012 ; Élections législatives du 30 juillet 2017.
Les Elections HCCT (Haut- Conseil des Collectivités Territoriales) : (un scrutin) : 4 septembre 2016.
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DEUXIEME PARTIE
On distingue deux grandes catégories d’acteurs impliqués dans le processus électoral : les acteurs institutionnels
et les acteurs non institutionnels.
Le Président de la République.
Il est le gardien de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant du fonctionnement régulier des
institutions, de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. Il signe les décrets portant révision des
listes électorales et convoque les électeurs aux différents scrutins.
L’Assemblée nationale.
L’article 67 de la Constitution précise que l’Assemblée nationale détient le pouvoir législatif. Elle vote seule la
loi qui fixe entre autres le régime électoral de l’Assemblée nationale et des Assemblées locales.
Le Ministère de l’Intérieur
Sur les directions que comporte le ministère, deux s’occupent des élections. Il s’agit de la Direction Générale
des Elections (D.G.E) et la Direction de l’Automatisation des Fichiers (D.A.F). Avant la création de la D.G.E.
attributive de l’essentiel des compétences électorales, les compétences du Ministère de l’Intérieur étaient
dispersées entre différentes structures de ce département : D.A.G.A.T (Direction des Affaires Générales et de
l’Administration Territoriale), devenue aujourd’hui (DGAT), D.A.F. (Direction de l’Automatisation des
Fichiers), D.C.L. (Direction des Collectivités Locales), D.A.G.E (Direction des Affaires Générales et de
l’Equipement). Le cabinet du ministre quant-lui, assurait la coordination de toutes ces structures en matière
électorale.
36
37
Elle était créée au lendemain des élections locales de 1996, considérées par les observateurs comme l’une des
élections les plus mal organisées que notre pays ait connues, du point de vue de son organisation comme de son
déroulement. Il s’y ajoute que le rythme très rapproché des élections au Sénégal (en moyenne une élection tous
les 18 mois) posait l’existence et la nécessité de disposer d’une structure permanente chargée spécifiquement des
élections.
Lors de sa création en 1997, la D.G.E. a été confiée à monsieur Cheikh GUEYE, Inspecteur Général d’Etat
(IGE) de formation. Le commissaire de police, monsieur Thiendella Fall lui succéda à ce poste du mois d’août
2011 à mars 2013. Depuis décembre 2016, ce dernier, de retour au pays après un séjour de trois ans à l’extérieur,
a été porté à nouveau à la tête de cette importante direction qu’il dirige avec compétence et efficacité.
Le décret n° 2003 – 292 du 08 mai 2003 portant organisation du ministère de l’Intérieur, stipule en son article
14, que la D.G.E est chargée de l’organisation des élections nationales, locales et référendaires. A ce titre, elle
assure :
« L’établissement des listes électorales, en liaison avec la Direction de l’Automatisation des Fichiers du
Ministère de l’Intérieur ; la tenue des fichiers électoraux ; la conception, la confection, l’installation et
la conservation des documents et archives électoraux ; l’organisation et le suivi de la distribution des
cartes d’électeurs ; le contrôle des conditions d’impression des bulletins de vote ;l’application et le
contrôle en liaison avec les autorités territoriales, des principes applicables en matière de propagande
électorale ; l’appui aux services de sécurité pour ce qui concerne le dispositif de sécurité applicable
lors des opérations de vote ; la formation afférente au processus électoral des responsables
administratifs, des autorités judiciaires et des élus ; les campagnes de sensibilisation et d’information
civique ; l’élaboration et la gestion de la carte électorale ; l’adaptation des outils informatique aux
besoins électoraux ; l’analyse des scrutins électoraux ; la diffusion de l’information technique relative
aux élections notamment celle qui concerne la mise en œuvre du processus électoral et des diverses
statistiques ; l’appui aux autorités judiciaires dans l’exercice de leurs missions relevant du code
électoral ; l’élaboration et l’exécution du budget de la révision des listes électorales et des élections en
relation avec les services compétents ; la gestion des crédits destinés à l’accomplissement des missions
de la Direction Générale des Elections ».
La D.G.E apparaît donc, comme l’épine dorsale du ministère en ce qui concerne l’organisation des élections.
L’arrêté qui détaille son fonctionnement mentionne, qu’outre les services rattachés, la D.G.E comprend deux
(02) directions : la Direction des Opérations Electorales (D.O.E) qui comprend trois (03) divisions (la Division
des Fichiers Electoraux ; la Division de la Logistique et la Division de la carte électorale et des études
techniques).
37
38
Quant à la Direction de la Formation et de la Communication (D.F.C), elle comporte trois (03) divisions. (La
division des relations publiques ; la division de la formation et la division des études, de la législation, de la
documentation et des archives).
La Direction de l’Automatisation des Fichiers (DAF) est chargée de la gestion et de la sécurité du centre de
traitement de l’information du Ministère, ainsi que de la formation et de la gestion de son personnel spécialisé.
Elle procède aux études et au développement des applications relatives à tous les fichiers relevant du ministère
de l’intérieur, en rapport avec les directions intéressées. Elle remplit les fonctions de coordination en matière
d’automatisation au sein du ministère.
Elle centralise et traite les informations relatives aux fichiers et diffuse les résultats nécessaires à la gestion et à
la prise de décision nonobstant les attributions conférées à la Direction Générale des Elections.
Le décret n° 2003—292 en date du 08 mai 2003 portant organisation du Ministère de l’Intérieur stipule en son
article 24 qu’à l’instar de la D.G.E, l’arrêté n° 00553 du 06 février 2004 portant organisation de la Direction de
l’Automatisation des Fichiers (D.A.F), énumère en son article 2 les cinq (05) divisions qui la composent :
« division des études et du développement des applications ; division de la formation et des nouvelles
technologies de l’information et de la communication ; division de l’administration générale ; division de
l’exploitation et division des archives et de la gestion électronique de document ».
La D.A.F a été créé en 1977 sous l’empire de l’article L.16 de la loi n°76-96 du 21 août 1976 portant Code
électoral (modifié par la loi n°77-57 du 26 mai 1977) à l’occasion de l’informatisation de la carte nationale
d’identité. La confection de celle-ci, auparavant, depuis 1962, se faisait de façon manuelle. La D.A.F. ne
s’occupe pas que du fichier électoral. Elle gère, entre autres fichiers, celui de la population, celui des étrangers,
des détenteurs d’armes et de minutions, celui des associations et des partis politiques, les débits de boissons ;
etc...
Le fichier électoral est un sous – ensemble du fichier national d’identification. C’est en raison de sa vocation
nationale, qu’il est plus sensible que les autres fichiers.
Les premiers directeurs qui accompagnaient la DAF au moment de son informatisation, furent des européens. Il
s’agit de Messieurs Tuffelli et Alain GIRE, membres de la Société Internationale d’Organisation (SINORG) qui
avait procédé à l’installation de l’informatique de l’Etat du Sénégal et dans d’autres pays africains. Ces
Européens assumaient par ailleurs des fonctions de conseillers techniques de Monsieur Jean COLLIN, à l’époque
ministre d’Etat chargé de l’Intérieur. Un commissaire de police du nom de M. Sadio KITANE a pris la relève de
ces européens. Ensuite M Cheikh Oumar SIGNATE lui a succédé à la tête de la DAF. Monsieur Habib FALL,
Ingénieur – Informaticien comme son prédécesseur, lui succéda à la tête de cette structure en 1999. Au départ de
ce dernier en ….., il fut remplacé par monsieur Ibrahima Diallo
38
39
A la veille de la présidentielle 2012, des modifications sont apportées dans la composition du Gouvernement
avec le décret n° 2011- 628 du 16 mai 2011 par la création d’un ministère chargé des élections, avec la
nomination de monsieur Cheikh Guèye qui était à la tête de la D.G.E. L’article premier du décret n° 2011- 634
du 17 mai 2011 est modifié en détachant du ministère de l’intérieur la DGE et la DAF pour les affecter au
ministère en charge des élections. Ainsi, le décret n° 2011- 1045 du 26 juillet 2011, modifiant le décret n° 2011-
634 du 17 mai 2011 portant répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des
sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre la Présidence de la République, la primature et
les ministères précise la composition de ce nouveau ministère :
1e Cabinet et services rattachés
-Inspection interne.
-Bureau de suivi.
2e Directions.
-Services rattachés
-Direction des opérations Electorales
- Direction de la Formation et de la communication
Ce ministère est chargé de l’organisation des élections en dehors du territoire national, de la gestion du processus
électoral à travers les chefs de représentation diplomatique ou consulaire, mais en étroite relation avec le
ministère de l’Intérieur.
A l’instar des autorités administratives à l’intérieur du pays, les chefs de représentation diplomatique ou
consulaire, ont les mêmes pouvoirs dans leur juridiction. Le Code électoral en son titre IX de la partie
réglementaire, mentionne les dispositions spéciales relatives au vote des Sénégalais de l’Extérieur à l’élection du
président de la République et aux élections législatives. Il y’a lieu de préciser que les Sénégalais de l’Extérieur
ne sont pas concernés par les élections locales.
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40
Les autorités administratives que sont les gouverneurs de régions, les préfets et les sous- préfets sont
chargées de veiller à la sécurité des opérations électorales dans leur territoire administratif. Elles
interviennent sur beaucoup d’opérations liées à la chaîne électorale, depuis la création des commissions
d’établissement, de révision des listes électorales et des distributions des cartes d’électeurs. Elles
interviennent également dans le ramassage des procès-verbaux de dépouillement des votes.
Quant aux élus locaux, les maires et les présidents de conseils départementaux, ils interviennent également
dans le processus électoral. Ils reçoivent les listes électorales dont ils dressent procès-verbal. La loi leur
fait obligation d’afficher ces documents sur les panneaux des annonces officielles des mairies et des sièges
des conseils départementaux afin que les populations puissent consulter les listes et éventuellement faire
les réclamations auprès des présidents des tribunaux départementaux. 14
Le magistrat Pape Assane Touré, Secrétaire général adjoint au Secrétariat Général du Gouvernement
(SGG) fait observer que « dès son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal a adopté un
système judiciaire simple à la mesure des contingences locales d’un jeune Etat aux ressources limitées
caractérisées, à l’époque, par une insuffisante formation de son personnel. »15
En effet, à une époque où notre pays disposait d’un effectif restreint de magistrats aptes à remplir les
hautes fonctions judiciaires, le Sénégal avait adopté le système d’unité de juridiction avec au sommet du
pyramide judiciaire la Cour suprême qui cumulait les attributions dévolues en France au Conseil
constitutionnel, au Conseil d’Etat, à la Cour de cassation et à la Cour des comptes. En vertu de
l’ordonnance n° 60-17 du 03 septembre 1960 portant loi organique sur la Cour suprême, cette haute
juridiction était chargée de veiller au respect de la Constitution d’une part, et, d’autre part, elle était juge de
l’excès de pouvoir des autorités exécutives et régulait l’activité des Cours et tribunaux.16
L’organisation judiciaire au Sénégal a connu plusieurs réformes dont les plus importantes sont celles du 02
février 1984 et celle de la révision constitutionnelle introduite par la loi n° 92-22 du 30 mai 1992 portant
révision de la Constitution. Celles-ci ont profondément modifié l’organisation judiciaire sénégalaise, avec,
d’une part la suppression de la Cour de sûreté de l’Etat en tant que juridiction d’exception, et d’autre part,
l’éclatement de la Cour suprême en trois hautes juridictions distinctes dotées d’une autonomie organique :
Conseil constitutionnel, Conseil d’Etat et Cour de cassation.
14
Djibril Diop : Guide pratique du Conseiller municipal au Sénégal, Edition Tirames Université Montréal,
Ad consultance, 2010, p. 137.
15
Papa Assane Touré : La réforme de l’organisation judiciaire du Sénégal, commentée et annotée, (Préface de
Mamadou Badio Camara, Premier Président de la Cour suprême), Dakar, l’Harmattan, 2016, 432 pages.
16
JORS, n° 3399 du lundi 12 septembre 1960, p. 926.f
40
41
a) LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Au Sénégal, il appartient au Conseil constitutionnel de statuer sur la régularité et sur les contentieux
relatifs aux élections présidentielles, législatives ou référendaires. 17 Il proclame les résultats de ces
scrutins. Le constituant sénégalais a voulu camper essentiellement le rôle du juge sur le contentieux
des élections que sont le vote et ses résultats, et non les opérations et les actes qui ont préparé
l’élection. Pour bien comprendre le changement opéré, il y a lieu de faire un examen de la situation
antérieure à 1992.
En effet, avant la réforme de 1992, une révision constitutionnelle du 31 mai 1981 avait élargi
considérablement les compétences de la Cour suprême dans le domaine des élections générales. C’est
ainsi que cette juridiction était investie de larges pouvoirs qui lui permettaient d’intervenir dans toutes
les étapes du processus électoral. Pendant la période préliminaire, elle recevait les candidatures et
supervisait la régularité juridique de celles-ci. Durant la campagne électorale, elle avait également
pour mission de veiller à l’égalité entre les candidats. Pendant le déroulement des opérations
électorales, elle était chargée de veiller à la régularité du scrutin. Après le vote, elle procédait au
recensement général des voix, proclamait les résultats et se prononçait sur le contentieux des élections.
En fait, ces multiples fonctions confiées à une seule juridiction ne lui permettaient nullement
d’assumer correctement son rôle de juge électoral et de garantir la sincérité du scrutin.18
C’est sur la base de cette expérience, que le constituant sénégalais, lors de la réforme de 1992, a jugé
nécessaire d’amoindrir les compétences électorales du Conseil constitutionnel, pour rendre plus
efficace le contrôle exercé par le juge sur les élections générales. C’est ainsi que cette institution ne
joue plus aucun rôle durant la campagne électorale et pendant le scrutin. Le contrôle du principe
d’égalité entre les candidats et celui du déroulement des opérations électorales relèvent désormais de
la compétence des cours et Tribunaux. L’égalité entre les candidats dans l’utilisation du temps
d’antenne est assurée par le CNRA (Commission Nationale de Régularisation de l’Audiovisuel).
Quant aux tâches de recensement des votes, elles sont confiées à une Commission nationale et à des
commissions départementales.
Le Conseil constitutionnel comprend cinq membres nommés par décret dont un président, un vice-président et
trois juges. La durée de leur mandat est de six ans, non renouvelables. Cette institution est renouvelée, tous les
deux ans à raison du président ou de deux autres membres autres que le président dans l’ordre qui résulte des
dates d’échéances de leur mandat.
Aux termes de l’article 29 de la Constitution, il reçoit les candidatures à la présidence de la République trente
jours au moins et soixante jours au plus avant le jour du scrutin. Il arrête et publie la liste des candidats après
vérification de la validité des candidatures, vingt-neuf jours avant le premier tour du scrutin.
17
DIAGNE (M) : Le Conseil constitutionnel sénégalais (L’institution et ses techniques), Les Editions TCM,
2012, p.57.
18
NZOUANKEU (J-M) : Les nouvelles attributions de la Cour suprême en matière de contrôle des élections
présidentielles et législatives, RIPAS, octobre- novembre, n°6-7.
41
42
Le droit de saisine du Conseil constitutionnel est personnel, et un parti ne saurait l’exercer à la place du candidat.
Le Conseil constitutionnel ne peut non plus s’autosaisir. Le délai pendant lequel le Conseil constitutionnel peut
être saisi d’une requête en annulation est relativement court. Il varie selon qu’il s’agit d’une élection
présidentielle ou des élections législatives.
S’il s’agit de l’élection présidentielle, le délai qui est de trois jours court à compter de la proclamation
provisoire des résultats qui interviennent au plus tard à minuit le vendredi qui suit le scrutin. La
requête est communiquée par le greffier en chef aux autres candidats intéressés qui disposent d’un
délai maximum de 48 heures pour un mémoire en réponse.
S’il s’agit d’élections législatives, le délai de recours qui est de cinq jours, commence à courir à
compter de la proclamation provisoire des résultats de la Commission nationale de recensement des
votes. Les parties adverses disposent d’un délai de trois jours pour répondre aux moyens développés
par la requête.
19
Cité. Par Abdoulaye DIEYE : « Rapport d’évaluation du système
42
43
Il convient de préciser que les décisions du Conseil constitutionnel ne sont pas rendues en séance
publique, et que la procédure d’instruction n’est pas contradictoire. Selon le jargon des juristes, elle
est inquisitoire, c'est-à-dire qu’elle permet au président du Conseil constitutionnel de désigner un
rapporteur parmi les membres du dudit conseil pour chaque contestation.
Les fonctions des membres du Conseil constitutionnel sont incompatibles avec l’exercice d’un mandat
électif, avec l’exercice de la profession d’avocat, d’officier ministériel, d’auxiliaire de la justice et de
toute activité professionnelle privée. L’exercice de toute autre activité publique doit être autorisé par
le Conseil constitutionnel. Le champ des compétences du Conseil constitutionnel porte sur la
constitutionnalité des lois, sur le caractère règlementaire des dispositions de forme législative, sur la
constitutionalité des lois organiques, sur la recevabilité des propositions de loi et d’amendement
d’origine parlementaire, sur la constitutionalité des engagements internationaux, sur les exceptions
d’inconstitutionnalité soulevé devant le Conseil d’Etat ou la Cour de cassation et plus généralement
sur tous les conflits de compétences entre le Conseil d’Etat et la Cour de cassation et entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir règlementaire. 20
b) LE CONSEIL D’ETAT
Deuxième pouvoir dans la hiérarchie judiciaire, Conseil d’Etat est créé par la loi n° 92-24 du 30 mai 1992,
abrogée et remplacée par la loi organique n° 96-30 du 21 octobre 1996, qui en fixe ses règles de fonctionnements
et ses compétences.
Les membres du Conseil d’Etat sont nommés par décret. Il est composé d’un président, de deux présidents de
sections, de quatre conseillers, des magistrats référendaires et des auditeurs.
En matière électorale, il statue sur les contentieux liés aux listes électorales et aux élections aux conseils
régionaux, municipaux, ruraux et les chambres de commerces et de métiers.
De même il connaît des décisions du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), en vertu des
articles LO 125, alinéa 4 du Code électoral et de l’article 26 de la loi n°2006-04 du 04 janvier 2006 sur le
CNRA.
La notification du pouvoir dirigé contre la proclamation de l’élu est effectuée par le greffe du Conseil d’Etat sous
forme de lettre recommandée avec avis de réception.21
Celle-ci est effectuée dans les deux jours qui suivent l’enregistrement de la requête. La production des moyens
de défense doit avoir lieu dans le délai de quinze jours à compter de la date de la notification du pouvoir. A la
différence du Conseil Constitutionnel, l’enquête doit être menée de façon contradictoire en séance publique et les
parties intéressées peuvent y être entendues en leurs observations orales.
Aucun délai n’est imparti au Conseil d’Etat pour se prononcer sur la régularité de l’élection contestée. La
décision rendue par cette instance en matière d’inscription sur les listes électorales s’impose à l’administration.
20
Voir : SYLLA (S) et DIOP (S) : Les compétences de la Cour suprême du Sénégal en matière constitutionnelle,
les Cours suprêmes en Afrique, Tome I, Paris, Economica, 1988.
21
KAMARA (M) : Les élections au Sénégal (rôle, place et responsabilités des différents acteurs), Démocratie et
Etat de droit, Edition 2007, p. 47.
43
44
Celle-ci est tenue, en cas d’annulation du jugement du tribunal, d’établir la carte d’électeur du citoyen indûment
radié, ou omis. Pour chaque affaire, le Conseil d’Etat peut rendre sa décision sur le siège ou la mettre en
délibéré. Celle-ci est notifiée par le greffe en chef dans le délai d’un mois par la lettre recommandée avec accusé
de réception à compter de leur prononcé.
c) LA COUR D’APPEL
Les attributs du premier président de la Cour d’appel sont régis respectivement par les articles LO.
134, L. 219 du Code électoral. La Cour d’appel est juge de second degré et statue en dernier ressort.
Elle exerce un triple contrôle : d’une part un contrôle juridictionnel limité à travers les attributions
conférées à la Commission nationale de recensement des votes, d’autre part, un contrôle à posteriori à
travers le contentieux né des élections locales ; et par ailleurs, un contrôle administratif sur le
déroulement des opérations électorales uniques, en se faisant assistée par les magistrats des tribunaux
régionaux et départementaux.
Les délégués de la Cour d’appel ont une mission de vérification de l’exactitude et de la véracité des
informations véhiculées par l’administration électorale.
En période de campagne électorale, la Cour d’appel veille à l’égalité stricte des candidats.
Conformément à l’article LO. 119, lorsqu’elle est saisie par l’ONEL ou par un candidat, elle intervient
immédiatement auprès des autorités compétentes pour faire prendre toutes les mesures nécessaires au
rétablissement de l’équité et de l’égalité entre les candidats en lice. Les décisions ne sont susceptibles
d’aucun recours en la matière.
Le jour du scrutin, les délégués de la Cour d’appel veillent à la surveillance du dispositif de contrôle
juridictionnel des élections. Nommés par ordonnance du premier Président de la Cour d’appel et
munis d’un ordre de mission (article LO.127), ils procèdent à des contrôles inopinés sur pièces et sur
place, et veillent à la régularité des opérations électorales, à la composition des bureaux de vote, au
dépouillement des suffrages, au ramassage et à la transmission des procès-verbaux, bref, au respect du
libre exercice des droits des électeurs et des candidats.
A l’issue du scrutin, les délégués de la Cour d’appel dressent un rapport circonstancié sur le
déroulement de toutes les opérations de vote, à l’intention du premier Président de la Cour d’appel, au
plus tard dans les 24 heures qui suivent la clôture du scrutin. C’est ce dernier qui nomme les membres
des commissions départementales de recensement des votes et préside lui-même la Commission
nationale de recensement des votes chargée de la proclamation provisoire des résultats du scrutin. 22
22
Ndongo Fall : Code électoral commenté. (De la nécessité d’un outil efficient de lecture des normes et
procédures électorales), l’Harmattan- Sénégal, 2017, 580 p. Voir : Notes sur le rôle des cours d’appel et des
autres juridictions, p .52.
44
45
La Cour d’appel a compétence pour statuer sur les contentieux des élections régionales (article L.22)
et sur celui des élections municipales et rurales (article L. 255). Ainsi, tout électeur ou tout candidat à
une élection locale peut réclamer l’annulation des opérations électorales par le dépôt d’une requête au
greffe de la Cour d’appel ou au niveau de l’autorité administrative compétente.
45
46
Elle est principalement chargée de contrôler et de superviser l’ensemble des opérations du processus, de
l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation provisoire des résultats, avec le pouvoir de
validation de la nomination des membres des commissions administratives et des bureaux de vote.
Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) institué par la loi n° 2006-04 du 04 janvier
2006, s’est substitué au Haut conseil de la Radio -Télévision (HCRT) crée en 1991 et le Haut-conseil de
l’Audiovisuel (HCA), institué en 1998.
Le CNRA est une autorité administrative indépendante qui comprend neuf membres nommés par décret
pour un mandat de six ans non renouvelable et non révocable. A la différence de ses prédécesseurs, le
CNRA dispose d’importants pouvoirs de sanction pouvant aller jusqu'à une suspension de programme
d’une durée d’un à trois ans.
Le CNRA a pour mission essentielle d’assurer le contrôle de l’application de la législation et de la
réglementation sur l’audiovisuel, d’une part, et d’autre part, de veiller au respect des dispositions des
cahiers de charge et des conventions régissant ce secteur.
Le CNRA est chargé de veiller au respect des règles d’éthique et de déontologie dans le traitement de
l’information et dans la programmation des différents médias audiovisuels notamment, en assurant le
respect des institutions de la République, de la vie privée, de l’honneur et de l’intégrité de la personne.
En outre, le CNRA a pour mission de veiller au respect de l’application des dispositions des cahiers de
charge relatives à la diffusion d’émission interactives, et au respect de l’unité nationale, de l’intégrité
territoriale et du caractère laïc de la République dans le contenu des moyens audiovisuels.
En vertu de l’article 16 de la loi n° 2006-04 du 04 janvier 2006, le CNRA est chargé de veiller au respect
des dispositions de la loi n° 92-57 du 03 septembre 1992 relative au pluralisme à la Radio -Télévision,
notamment des articles 17 à 18 sur la propagande des partis politiques, la retransmission des débats
parlementaires et le pluralisme de l’information.
Le CNRA a pour mission, en période électorale, de veiller à l’application stricte de la propagande déguisée
et de superviser la diffusion des émissions devant passer pendant le temps d’antenne réservé à chaque
candidat et d’assurer l’égalité des candidats dans l’utilisation du temps qui leur est imparti.
Le CNRA peut s’opposer à la diffusion d’une émission de campagne électorale en cas de violation des
règles posées par la Constitution. La décision doit être motivée et comporte l’ensemble des éléments de
fait et de droit qui la fonde et notifié immédiatement au candidat concerné. Cette décision, toutefois, peut
faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant le conseil d’Etat qui se prononce, en procédure
d’urgence, avant la fin de la campagne. Comme le stipule les dispositions de l’article LO 121 de la loi
organique n° 2000-21 du 07 février 2000 : « l’organe de régulation des médias assure l’égalité entre les
candidats dans l’utilisation du temps d’antenne. Il intervient, le cas échéant, auprès des autorités
compétentes pour que soient prises toutes mesures susceptibles d’assurer cette égalité. »
46
47
Les partis politiques ont la vocation constitutionnelle de participer à l’expression du suffrage. Ce sont eux
qui proposent généralement les candidats aux élections.
47
48
Au Sénégal, les partis politiques se forment et exercent librement leur activité. Ils doivent respecter les
principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. C’est dire que le rôle des partis en démocratie
est important. Selon la définition classique bien connue, la notion moderne de parti repose essentiellement
sur quatre éléments :
1) Le parti est porteur d’une idéologie ou du moins est le produit d’une culture politique ;
2) Le parti est une organisation à caractère plus ou moins durable et permanent ;
3) Le parti vise normalement, non pas nécessairement, à conquérir et exercer le pouvoir ou tout au
moins à participer à l’exercice du pouvoir ;
4) La participation à s’assurer du soutien populaire. Dans un régime démocratique, le parti est
nécessairement un groupement volontaire.
Le cadre légal d’existence et de fonctionnement des partis politiques du Sénégal, est régi la loi n°81-17 du
06 mai 1989. Les partis politiques, depuis l’adoption des lois n°92-15 et 92-16 du 07 février 1992,
interviennent sur tout le processus électoral. C’est dire que le rôle et la place des partis dans le jeu électoral
ont été conquis de haute lutte.
Pendant la période de révision ordinaire ou exceptionnelle des listes électorales, les partis exercent un
contrôle à travers leurs représentants qui siègent du début à la fin des opérations. Il en est de même dans
les commissions administratives de distributions des cartes d’électeurs.
Les partis ont également un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier général des électeurs que
gère le ministère de l’Intérieur.
Le jour du vote, chaque candidat ou chaque liste de candidats a le droit de contrôler l’ensemble des
opérations électorales, depuis l’ouverture du bureau de vote jusqu’à la proclamation et l’affichage des
résultats du scrutin, conformément à l’article (L65). Les mandataires désignés par les formations politiques
pour exercer ce contrôle, peuvent entrer librement dans les bureaux de vote pour pouvoir constater toutes
irrégularités et manquements.
Comme le stipule l’article R51 du Code électoral « le mandataire de chaque candidat ou liste de candidat
peut être habilité à exercer son contrôle sur plusieurs bureaux de vote. Il doit justifier, après la présentation
de sa carte d’électeur, qu’il est inscrit sur la liste électorale de la commune d’arrondissement ou de la
communauté rurale. »
Aux élections législatives, les candidats titulaires comme suppléants ont accès à l’ensemble des bureaux de
vote de la circonscription électorale dans laquelle ils se présentent. Pour l’élection présidentielle, les
candidats et leurs mandataires ont accès à l’ensemble des bureaux de vote du territoire national. Quant aux
candidats aux élections locales (régionales, municipales et rurales) qui proviennent exclusivement des
partis politiques, ils ont accès à tous les bureaux de vote de la région, de la communauté rurale dans
laquelle ils se présentent.
48
49
Les partis politiques assistent aux dépouillements après la clôture du scrutin, et à la fin de cette opération,
un procès-verbal est établi et signé par tous les autres membres du bureau de vote. Chacun d’eux doit
recevoir un exemplaire du procès-verbal. L’original ainsi que les pièces annexes sont transmis au président
de la Commission départementale de recensement des votes. Le plan de ramassage des documents
électoraux établi par l’autorité administrative et mis en œuvre sous le contrôle des délégués de la Cour
d’appel est porté à la connaissance des candidats ou liste de candidats qui peuvent exercer un suivi tout au
long du processus.
En outre, les partis siègent aussi au niveau des Commissions départementales de recensement des votes
ainsi qu’à celui de la Commission nationale. Les premières ont pour mandat d’effectuer simplement un
travail de comptabilisation avec possibilité de redresser et de rectifier les erreurs de calcul, tandis que la
deuxième est seule habilitée à procéder à l’annulation ou au redressement des procès-verbaux de bureaux
de vote. Il convient de faire observer que seuls les magistrats disposent d’une voix délibérative. Les autres
membres assistent à toutes les séances de la Commission nationale, à l’exception de la délibération finale.
Tous les documents leur sont accessibles et ils ont la faculté de porter leurs observations au procès - verbal
(Art. LO 133).
En définitive, il apparaît donc que les partis politiques sont des acteurs essentiels qui concourent à
l’expression des suffrages, et, par conséquent son présents à toutes les étapes du processus électoral.
Les Electeurs
Il s’agit des sénégalais des deux sexes âgés de 18 ans et plus et n’étant dans aucun cas d’incapacité prévu
par la loi ; c’est leur suffrage dont ont besoin les candidats.
La société civile
Elle participe à la sensibilisation et à la mobilisation des électeurs. Elle peut être amenée à jouer un rôle de
médiation entre les acteurs politiques. En outre, elle intervient dans l’observation électorale.
Les Observateurs
Ils sont nationaux ou internationaux. Leur rôle c’est de surveiller les opérations du processus électoral
pour témoigner de leur transparence et de leur sincérité en faisant des recommandations au besoin.
L’observation électorale joue un rôle majeur dans la crédibilité, la transparence et la paix du processus
électoral. Elle peut jouer un rôle important dans le renforcement de la confiance d’un peuple dans le
processus électoral.23
Au Sénégal, les élections nationales sont soumises à l’observation électorale nationale et internationale. La
finalité des missions d’observation électorale est de s’assurer de la conformité ou non des élections aux
normes nationales et internationales d’objectivité, de justesse et d’acceptation des résultats.
Voir à ce sujet : Manuel d’observation électorale de l’Union européenne, (Commission européenne), 2008.
23
232 pages
49
50
Les Journalistes
Ils ont un rôle extrêmement important à jouer dans la diffusion des informations relatives aux opérations
électorales et aux activités des candidats ainsi que des autres acteurs.
TROISIEME PARTIE
Comme l’avons monté dans les pages précédentes, le droit électoral était régi avant
l’accession à la souveraineté internationale par les textes législatifs coloniaux,
décrets, lois, ordonnances et arrêtés. Ils étaient, pour l’essentiel, calqués sur la
jurisprudence de la métropole, en matière électorale. (Voir Introduction).
Du début des indépendances aux élections législatives et présidentielles du 1er décembre 1963, c’est le
pluralisme politique qui avait cours dans le pays. Et lors de ces consultations électorales deux formations
50
51
politiques étaient en lice l’Union Progressiste Sénégalais (UPS) et Démocratie et Unité Sénégalaise (DUS). Mais
à partir de 1968 jusqu’en 1973, seule l’UPS a sollicité le suffrage des Sénégalaises et des Sénégalais. Cette
dernière formation politique s’est muée en parti unique de fait, pour avoir absorbé ou fusionné avec d’autres
partis : le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) et le PRA24. C’est une période de parti unique au vrai sens du
terme, tout au moins au plan juridique. Les résultats électoraux tournaient autour de 100% en faveur du candidat
ou de son parti l’UPS/PS au pouvoir.
C’est à partir de 1976, avec l’avènement des trois, puis quatre courants politiques suite à l’ouverture
démocratique « limitée » sous Senghor, que les contentieux électoraux sont apparus. Certes la vie politique
sénégalaise a toujours été émaillée d’affrontements physiques et parfois des actes de violence entre les différents
protagonistes de la scène politique25, avant comme après des élections, suite aux rivalités entre acteurs du même
camp ou de camps opposés, mais le contentieux électoral en tant que tel, n’est apparu qu’à partir de 1976. Il
convient de faire observer que la Constitution du Sénégal de 1960, reposait sur deux systèmes différents. Le
président de la République était élu par un collège restreint comprenant des députés et un représentant de chaque
conseil régional et conseil municipal. Quant à l’Assemblée nationale, elle était élue au suffrage universel direct.
Le régime parlementaire qui prévalait à cette époque, prit fin avec les événements du 17 décembre 1962 qui ont
vu l’éclatement de la fédération du Mali. Les événements ont mis à nu les divergences profondes entre les deux
grandes figures politiques de l’époque : Léopold Sédar Senghor, chef du gouvernement et Mamadou Dia
Président du Conseil. Comme le fait observer le Pr. Ismaila Madior Fall : « Le Gouvernement est composé du
Président du Conseil et des ministres. Pressenti et désigné par le Président de la République, le Président du
Conseil, après avoir défini sa politique est investi au scrutin public à la tribune, à la majorité absolue des
membres composant l’Assemblée nationale (…). Une prérogative essentielle est accordée au Président du
Conseil : il détermine et conduit la politique de la Nation et dirige l’action du Gouvernement. »26
Au lendemain des événements de 1962, qui ont eu pour conséquences immédiates l’éviction politique de
Mamadou DIA et de ses partisans, une consultation populaire sous forme de Référendum fut organisée le 03
mars 1963. L’objet de celui-ci fut d’instaurer un régime présidentiel fort pour mettre un terme au bicéphalisme,
cause principale de la dualité du pouvoir de cette époque.
Au cours de ce référendum, deux forces politiques étaient en présence. L’Union Progressiste Sénégalais
(UPS) au pouvoir, et le Bloc des Masses Sénégalais (BMS).
Il convient de noter qu’à cette époque, la population sénégalaise était estimée à 3.744.470 habitants et que
le poids démographique du monde rural était de loin plus important que celui du monde urbain. Dans la
même année, le 1er décembre 1963 des élections présidentielles et législatives sont organisées avec deux
partis en lice : l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) et Démocratie et Unité Sénégalaise (DUS). 27
24
Voir l’ouvrage de Abdoulaye LY : Les regroupements politiques au Sénégal (1956- 1970), Codesria, Editions
Karthala, 1992. Voir la 3ème partie intitulée : « La perversion de l’unification », p. 253- 332.
25
Papa Sarr : Mémoire de fin d’Etudes. « L’Union progressiste Sénégalaise (UPS) était le parti dominant ; un
parti qui exerçait à lui tout seul le pouvoir d’Etat et le monopole de l’activité politique. Pour la maintenir à cette
position, Léopold Sédar Senghor qui en était son leader développa une stratégie savamment bien orchestré :
absorption des petits partis, dissolution, débauchage ou répression des cadres des partis d’opposition, alliances
avec les notabilités religieuses pour élargir les bases de son parti. »,p. 68.
26
FALL (I. M.) : Evolution constitutionnelle du Sénégal :( De la veille de l’Indépendance aux élections de
2007), CREDILA- CREPOS , 2007, p. 32
27
LO (M) : L’heure du choix, l’Harmattan, 1986, p. 45
51
52
Inscrits : 1.339.979
Votants : 1.203.060 94,28 % des inscrits
Suffrages exprimés : 1.161.426 94,23 % des inscrits
Inscrits : 1.339.979
Votants : 1.203.782 90,53 % des inscrits
Suffrages exprimés : 1.202.294 90,41 % des inscrits
Ont obtenu
U.P.S : 1.132.518
D.U.S : 69.776
Inscrits : 1.339.679
Votants : 1.156.059
Suffrages exprimés : 1.149.935
A obtenu
L.S.S. : 1.149.935 100 %
Il convient de retenir que de 1968 à 1973, seule l’UPS a sollicité le suffrage des sénégalais. Le BMS qui
avait participé au Référendum constitutionnel de mars 1963, a rallié l’U.P. S lors du congrès de cette
dernière en 1963. Par la suite, le P.R.A a rejoint l’U.P.S à l’appel du Président Senghor.28
Voici les résultats des élections présidentielle et législatives du 25 février 1968 et du 28 janvier 1973.
Résultats des élections législatives du 25 février 1968
28
Ly (A) : Les regroupements politiques au Sénégal (1956- 1970), CODESRIA 1992, op.cit., p
52
53
Pourcentage
Inscrits : 1.306.791
Votants : 1.215.730
Suffrages exprimés : 1.209.984
A obtenu
U.P.S. : 1.209.984 100 %
Source : Cour suprême, Arrêté n° 4- 68 du 28/02/1968, J.O n° 3945 du 02 mars 1968
Pourcentage
Inscrits : 1.306.791
Votants : 1.237.431
Suffrages exprimés : 1.229.927
A obtenu
L.S.S. : 1.229.927 100 %
Pourcentage
Inscrits : 1.396.634
Votants : 1.356.099 97,36 %
Suffrages exprimés : 1.355.300
A obtenu
U.P.S. : 1.355.306 + 100 %
Source : Cour suprême, Arrêté n° 2-c-73 du 02/02/1973, (sections réunies) J.O n° 4280 du 03 mars 1973
53
54
Pourcentage
Inscrits : 1.396.634
Votants : 988.566
Suffrages exprimés : 1.346.019
A obtenu
L.S.S. : 1.346.019 100 %
Source : cour suprême, Arrêté n° 2-c-73 du 02/02/1973, (sections réunies) J.O n° 4280 du 03 mars 1973
Comme le montrent les différents tableaux, durant cette séquence temporelle qui coïncide avec l’ère du
parti unique ou réunifié il n’y avait pas de contentieux électoral. Il y’a lieu de préciser que c’est
l’administration qui avait en charge l’organisation et le contrôle de tout le processus électoral, à cette
époque. La Cour suprême, quant à elle, avait le contrôle juridictionnel et la proclamation définitive des
résultats des scrutins.
Si les élections présidentielles et législatives du 28 janvier 1973 marquent la fin du monopole électoral de
la vie politique par le régime socialiste, celles de 1978 constituent le dernier combat politique de Senghor
sous l’U.P. S / PS qui affrontait pour la première fois un candidat de l’opposition, Me Abdoulaye WADE.
En effet, malgré les scores électoraux de 100 % sous l’ère du parti unique, le régime du président Senghor
traversait une crise politique aiguë suite à l’action combinée de plusieurs facteurs : l’agitation persistante
des formations marxistes évoluant dans la clandestinité ; les grèves menées par les organisations syndicales
qui ont mis à rude épreuve la stabilité sociale ; les manifestations estudiantines chroniques de 1968 à
1973 ; l’agitation sociale continue ; la proclamation de l’Etat d’urgence le 11 juin 1968 ; la grave crise
économique mondiale des années 1970, accentuée par la grande sécheresse de 1973 : voilà autant
d’événements d’envergure qui ont terni l’image de l’Etat de la démocratie sénégalaise et qui ont sapé les
fondements même de l’Etat sénégalais.29
Il apparaît ainsi que jusqu'à la fin de l’année 1974-75, le système politique sénégalais semblait être
verrouillé par le monopartisme et le syndicalisme unifié sous les oripeaux de la participation responsable.
Derrière la vitrine électorale particulièrement reluisante avec des scores électoraux de 100%, les libertés
d’expression étaient étouffées et une crise sociale multiforme couvait à tous les niveaux.
29
Voir à ce sujet, l’éditorial au titre évocateur « Accumulation des périls », de l‘organe central de la LD/MPT,
FAGARU, n° spécial 33, juin 1990. « Le Sénégal est aujourd’hui exposé à tous les périls. A l’intérieur, la crise
révèle chaque jour une dimension nouvelle insoupçonnée. Une de violence s’est emparée de toute la
société en ville comme dans les campagnes. »
54
55
C’est dans ce contexte d’ébullition politique que diverses pressions à la fois internes et externes ont poussé
les autorités sénégalaises à procéder à un déverrouillage du système politique, par l’instauration d’un
multipartisme encadré.30 Ainsi, suite à l’exacerbation de la crise profonde affectant toutes les sphères de la
société sénégalaise, est intervenue l’ouverture démocratique « limité » en 1974, avec la reconnaissance,
dans un premier temps, à travers la révision constitutionnelle du 19 mars 1976, de trois partis représentant
des courants de pensée différents :1). Socialiste et démocratique (PS) ; 2). Libéral et démocratique,
(PDS) ; 3). Communiste ou marxiste- léniniste, (PAI).
Plus tard, deux ans après, une révision constitutionnelle intervint le 28 décembre 1978 avec la loi n° 78-60
du 28 décembre 1978 modifiant l’article 3 de la Constitution, pour porter le nombre des partis à quatre. Ce
quatrième parti est censé représenter le courant conservateur, fondé par Me Boubacar Guèye du MRS
(Mouvement Républicain Sénégalais)
L’ouverture démocratique se justifiait également par le fait que parmi les conditionnalités posées à l’U.P. S
qui voulait adhérer à l’Internationale socialiste, figurait la question des libertés et du pluralisme politique.
Aussi, l’U.P. S s’était-elle muée en P.S (Parti Socialiste), lors de son congrès extraordinaire de décembre
1976.31
Il convient de faire observer que le Code électoral dans sa forme actuelle, date de cette époque-là. En effet,
suite à l’émergence de plusieurs formations concurrentes sur la scène politique, le législateur a éprouvé la
nécessité de disposer d’un instrument de régulation du jeu électoral.
Le Code électoral créé en 1976, a été institué pour se substituer à la législation coloniale qui régissait
l’organisation des élections au Sénégal. Par la loi n°76-96 du 02 août 1976, le législateur a institué un
Code électoral en sa partie règlementaire, par le décret n°77-871 du 5 octobre 1977. Les dispositions de ce
Code qui devrait entrer en vigueur le 1er mars 1977 (article L. 162) ont été modifiées par la loi n°77-57 du
26 mai 1977 ; la loi n°77-83 du 21 juillet 1977 et la loi organique n° 77-95 du 17 octobre 1977. Ce code
renferme trois (3) dispositions essentielles à savoir :
- Scrutin proportionnel pour permettre à l’opposition naissante de pouvoir siéger à l’Assemblée nationale,
alors que le mode de scrutin qui avait cours jusque-là, était la liste nationale majoritaire à un tour.
- Présence d’un assesseur de l’opposition dans le bureau de vote, face à celui du parti au pouvoir.
- Possibilité pour l’opposition d’être présente dans les commissions de recensement, d’accéder aux
procès-verbaux des bureaux de vote pour en contrôler le contenu et leur fiabilité dans le travail de
décompte des voix au niveau de la Commission nationale de recensement des votes.
30
Sur le contexte qui a favorisé l’instauration du multipartisme encadré : Voir ma maîtrise de philosophie :
Ousmane Badiane : L’Islam au Sénégal : contribution à l’étude des rapports entre religion et politique, année
universitaire 1991- 1992, sous la direction du Pr. Boubacar LY. « L’ouverture démocratique est intervenue dans
un contexte marqué par une crise profonde affectant toutes les sphères de la société sénégalaise : crise
économique et politique, mais aussi crise d’identité ». p. 58.
31
Moustapha Tamba : Mutations politiques au Sénégal : bilan de cinquante ans d’indépendance (1960-2010).
Cet auteur est Maître de conférences de Sociologie FLSH, UCAD, Sénégal.
55
56
Ce Code de 1976 ne constituait pas à vrai dire une avancée significative dans l’approfondissent du processus
électoral, mais il avait le mérite de constituer une ouverture importante dans le processus de démocratisation de
notre pays, en ce sens qu’il permettait à un parti de l’opposition différent de celui qui est au pouvoir d’accéder à
l’Assemblée nationale.
C’est sous l’empire de ce Code que se sont tenues les élections générales présidentielles, législatives et locales
(conseillers municipaux et ruraux) du 26 janvier 1978 qui ont constitué les premières élections de l’ouverture
démocratique « limité » de 1976. Ce scrutin, à l’occasion duquel le président de la République, Léopold
Senghor, était candidat à sa propre succession, a été émaillé de contestations sérieuses de la part du Parti
Démocratique Sénégalais (PDS) naissant, qui venait de faire un score remarquable, au lendemain du règne sans
partage de l’UPS dirigée par Senghor, depuis plus d’une décennie.
C’est le décret n°77-97 du 04 novembre 1977 qui a convoqué le collège électoral pour l’élection du président de
la République et des députés à l’Assemblée nationale. Le scrutin organisé le 26 janvier 1978, a donné lieu aux
résultats suivants.
ELECTIONS LEGISLATIVES
Inscrits : 1.566.250
Votants : 974.826 62,63 % des inscrits
Suffrages exprimés : 967.481 62,16 % des inscrits
Ont obtenu
P.S : 790.799 81,74 % des inscrits
P.D.S : 172.948 17,88 % des inscrits
P.A.I : 3.734 0,38 % des inscrits
ELECTION PRESIDENTIELLE.
Inscrits : 1.566.250
Votants : 988.566
Bulletins nuls : 6.234
Suffrages exprimés : 982.332
Ont obtenu
Léopold. S. Senghor 807.515
Abdoulaye Wade : 174.817
Source : Cour suprême, Arrêté n°3-c-78 du 1er mars 1978, (JO n° 4619 du 1er mars 1978.)
56
57
Léopold Sédar Senghor ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour du scrutin,
représentant plus du tiers des électeurs inscrits, a été déclaré vainqueur. Le PDS qui participait pour la première
fois à des élections, remporta 18 sièges de députés sur les 110 sièges en compétition, face aux socialistes au
pouvoir. Il convient de noter que par rapport aux élections précédentes de 1973 où le taux de participation était
de 97,36 %, celui de 1978 est tombé à 62,63 %.
Les observateurs imputent cette situation au fait que le PDS, à ses débuts, était considéré comme un parti de
« contribution », qui utilisait et exploitait fort opportunément, à l’occasion, les mêmes réseaux clientélistes que
le Parti Socialiste. Certains responsable locaux de l’UPS / PS, lorsqu’ils étaient confrontés à des problèmes de
leaderships, trouvaient dans le PDS, un tremplin pour une meilleure réintégration à leur parti originel. 32
Le nouveau président de la République , Abdou Diouf, il faut le retenir, a hérité d’une situation de crise sociale
dans le pays, particulièrement aiguë. Ainsi, pour procéder à une meilleure ouverture de l’espace politique, il
initia une révision constitutionnelle relative à la suppression de la limitation du nombre de partis. La loi n° 81-16
du 6 mai 1981 modifiant l’article 3 de la Constitution, institua le multipartisme intégral avec la suppression de
l’obligation pour un parti politique, de se référer à un courant de pensée.
C’est ainsi qu’à la veille des élections présidentielle et législatives de 1983, quinze partis étaient reconnus. Suite
à ce contexte politique nouveau marqué par le multipartisme intégral ou l’ouverture démocratique « illimitée »,
le constituant sénégalais a jugé nécessaire de remanier en 1982 le Code électoral de 1976 pour l’adapter à cette
nouvelle situation.
C’est ainsi que ce Code électoral de 1976 a été abrogé et remplacé par la loi n°82-10 du 30 juin 1982 portant
Code électoral (partie législative) et le décret n°82- 478 du 7 juillet 1982 (partie réglementaire).
La partie législative dudit Code a été modifiée par :
- la loi organique n° 82-33 du 4 août 1982 ;
- la loi n° 82-35 du 21décembre 1982
- la loi organique n° 83-01 du 15 janvier 1983 ;
- la loi n° 83-48 du 12 février 1983 ;
- la loi organique n° 83-63 du 3 juin 1983 ;
- la loi n° 84-23 du 24 mars 1984 ;
- la loi n° 89-33 du 12 octobre 1989 ;
- la loi organique n° 89-38 du 27 octobre 1989.
32
DIOUF (A. Aziz) : Corps électoral : évolution et caractéristiques. (Séminaire national sur les élections
présidentielles 2000 au Sénégal), 19, 20 et 21 juillet 2000, Codesria-GNJ, juillet 2000, p.1.
57
58
La partie réglementaire, modifiée en janvier 1983, a été refondue dans une nouvelle rédaction par le décret n°
90-206 du 23 février 1990.
Ce Code de 1982, qui a été adopté dans la dynamique du processus d’approfondissement de la démocratie par
l’instauration du multipartisme intégral, a régi les élections présidentielles et législatives du 27 février 1983. A
ce scrutin, quatre candidats étaient en lice à la présidentielle, et aux législatives huit listes étaient en compétition.
Il convient de retenir que lors du scrutin présidentiel, le successeur du président Senghor, a comptabilisé à lui
seul 83,3 % des suffrages exprimés alors que sa formation politique, le Parti socialiste a eu 79,9 % à l’élection
parlementaire
Le quotient national étant de 17.987 voix, la répartition des sièges aux élections législatives s’est présentée
ainsi : P.S : 111 députés – P.D.S : 8 députés – R.N.D (Rassemblement National Démocratique) : 1 député
Elections Législatives
Inscrits : 1.928.257
Votants : 1.083.687
Bulletins nuls : 4.511
Suffrages exprimés : 1.079.170
Ont obtenu
P.S : 862.713 79,94 % des suffrages exprimés
P.D.S : 150.785 13,97 % des suffrages exprimés
P.A.I : 3.269 0,30 % des suffrages exprimés
R.N.D : 29.271 2,71 % des suffrages exprimés
M.D.P : 13.030 1,12 % des suffrages exprimés
L.D/M.P.T : 12.053 1,12 % des suffrages exprimés
P.I.T. : 5.910 0,55 % des suffrages exprimés
P.P.S : 2.139 0,20 % des suffrages exprimés
Source : Cour suprême, Arrêté n°3-c-83 du 05 mars 1983 (section réunies statuant en matière constitutionnel),
JO n°4138 du 31 mars 1983
Election Présidentielle
Inscrits : 1.928.257
Votants : 1.093.244
Bulletins nuls : 4.169
Suffrages exprimés : 1.089.075
58
59
Ont obtenu
Abdou DIO: 908.879 83,30 des suffrages exprimés
A. WADE : 161.050 14,79 des suffrages exprimés
Mamadou DIA : 15.150 1,39 des suffrages exprimés
Oumar WONE : 2.146 0,20 des suffrages exprimés
Majmouth DIOP : 1.833 0,17 des suffrages exprimés
Source : Cour suprême, Arrêté n°3-c-83 du 05 mars 1983 (section réunies statuant en matière constitutionnel),
JO n°4138 du 31 mars 1983
En perspective de l’élaboration du Code électoral de 1992, plus connu sous le nom de Code consensuel ou Code
Kéba Mbaye, l’opposition d’avant la première alternance 2000, avait dégagé un certain nombre de pistes de
réflexions sur le contenu à introduire dans le Code en gestation. Ces propositions sont contenues dans un
document du PDS, intitulé Note d’Information sur le processus électoral, publiée quelques jours avant le
démarrage des travaux de la commission en charge de l’élaboration du Code électoral :
« Les élections libres et démocratiques sont incontestablement l’un des critères essentiels pour
apprécier la valeur d’une démocratie libérale. C’est de ce point de vue que le Code électoral qui est
l’instrument d’organisation des élections a une importance capitale selon que ces dispositions
permettent ou non l’expression libre et sincère du suffrage. Mais il n’y a pas seulement le Code
électoral, il y’a aussi les pratiques électorales qui peuvent considérablement orienter et influencer
l’issue de scrutin. »33
C’est ainsi que sur la base de l’expérience des élections de février 1988 et des scrutins antérieurs, que le PDS et
ses alliés ont élaboré les propositions suivantes, comme des contributions au débat pour l’amélioration des
procédures électorales.
Les propositions faites par l’opposition de l’époque, pour l’amélioration des mécanismes électoraux pour mettre
fin aux conflits post scrutins ont porté, entre autres, sur les points suivants : « les listes électorales ; les cartes
d’électeurs ; la rétention des cartes de l’opposition ; la carte électorale ; la positions partisanes des autorités
administratives en faveur du pouvoir socialiste; la transmission détournée des procès- verbaux par les préfets et
33
Note d’information sur le système électoral sénégalais, 19 Septembre 1990, Secrétariat National du PDS.
59
60
sous- préfets : la Commission Nationale Electorale ; les détournements des deniers publics par les responsables
du parti au pouvoir pour gagner frauduleusement les élections …. »34
En somme, il faut le reconnaitre, toutes ces propositions, sinon l’essentiel, faites par l’opposition de l’époque,
ont été prises en compte dans le Code de 1992. C’est sans doute, la raison pour laquelle on l’appelle « Code
consensuel » ou « Code Kéba Mbaye », du nom du président de la commission qui l’a élaboré.
Les évènements de 1988 ont marqué d’une empreinte indélébile l’histoire politique du Sénégal. Ils ont mis en
exergue avec un relief saisissant, les limites du Code électoral de 1976 et celui de 1982 et la nécessité et
l’impérieuse urgence de disposer d’un Code électoral consensuel, conformément au souhait exprimé par
l’ensemble des acteurs politiques et sociaux du pays.
Il y’a lieu de préciser que c’est ce Code électoral qui a préconisé la séparation de l’élection présidentielle et des
élections législatives qui étaient couplées (1968, 1973,1978,1983 et 1988), et qui créaient beaucoup de
confusions et de fraudes massives qui permettaient au parti au pouvoir de les remporter. C’est pourquoi,
l’opposition d’avant alternance 2000 avait toujours dénoncé et combattu le couplage des élections présidentielles
et législatives. Depuis lors, l’adoption de ce Code en 1992 et le découplage des élections, ont beaucoup contribué
à amoindrir considérablement les contentieux électoraux au Sénégal.35
34
. Note d’information sur le système électoral sénégalais, doc. cité
35
Ndongo Fall : Le droit électoral sénégalais, Editions LPA, 2002, P.5.
60
61
Les élections présidentielles et législatives de 1993, puis les élections locales des 24 et 27 novembre 1996, ont
été organisées sous l’empire des dispositions du Code électoral de 1992, qui devait servir de test pour jauger sa
fiabilité.
En sommes, on peut considérer que le Code de 1992 est le fruit d’une longue marche politique. C’est le
produit des luttes démocratiques qui ont parfois culminé en des situations quasi insurrectionnelles qui ont failli
embraser la capitale Dakar et plonger le pays dans le chaos.
Déjà, le 29 février 1988, alors que la Cour suprême présidée à l’époque par le juge Ousmane Camara, n’avait
pas encore proclamé les résultats des élections générales, que la violence se répand dans tout le pays,
singulièrement dans la région de Dakar, avec les arrestations de Me Abdoulaye Wade, Ousmane Ngom et
Boubacar Sall du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), suivi le 1 er mars 1988, du Professeur Abdoulaye Bathily
(LD/MPT) et de Amath Dansokho (PIT), tous deux alliés du leader du PDS soutenant sa candidature. Cette
situation de violences exacerbées entraina la dissolution de la Cour suprême de l’époque dont les pouvoirs sont
répartis entre trois ordres de juridiction : la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat.
C’est dans ce contexte que Famara Ibrahima Sagna, nommé ministre de l’Intérieur le 27 mars 1990, avait été
chargé de trouver avec Me Wade avec qui il avait de bonnes relations, un compromis en vue de constituer un
« gouvernement d’union nationale ».36 Après plusieurs tractations et négociations dans l’ombre, un accord
politique a été trouvé en vue de régler prioritairement la question électorale qui était considérée comme la
source principale du contentieux entre le pouvoir et l’opposition.
36
A propos de ce « gouvernement d’union nationale », il y a plusieurs versions contradictoires. Une
d’elles, soutient que c’est Me Abdoulaye Wade, qui avait convoqué les journalistes pour les informer de
l’annulation du mot d’ordre de manifestation qu’il avait envisagé pour l’accueil du président Abdou Diouf
de retour d’un voyage de Tripoli en 1988. Le leader du PDS aurait donné l’information selon laquelle, il
avait reçu la veille du retour de Diouf, une visite de l’opposant Ahmeth Khalifa Niasse, qui lui aurait
transmis un message de la part du ministre d’Etat Jean Collin, selon lequel, le président de la République
Abdou Diouf était disposé dès son retour au Sénégal, à le recevoir pour discuter avec lui des possibilités,
modalités et conditions de mise en place d’un « gouvernement d’union nationale », dans lequel, lui, en
tant que chef de l’opposition, allait jouer un rôle de premier plan. Ce même gouvernement s’engagerait
sur un calendrier précis pour l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle, susceptible de
déboucher sur un gouvernement de transition. (Sénégal, l’histoire en marche, op. cité. p. 32)
61
62
C’est dans ce contexte de crise très profonde, que le Président Abdou Diouf, pour apaiser le climat de l’espace
politique traversé par des nombreuses zones de turbulence, fit appel au PDS et à ses alliés le 08 avril 1991, pour
former le « Gouvernement de Majorité Présidentielle Elargie » (G.M.P.E)37
Le PDS fit son entrée dans le gouvernement conduit par Habib Thiam nommé Premier ministre, avec les
nominations de Me Abdoulaye Wade, ministre d’Etat auprès du président de la République, sans portefeuille,
Aminata Tall, ministre déléguée auprès du ministre de l’éducation nationale, chargée de l’Alphabétisation,
Jean- Paul Diaz, ministre de l’Intégration Africaine, Ousmane Ngom , ministre de la Santé, Amath Dansokho,
ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme et Maguette Thiam, ministre.
Quant à la LD/MPT, c’est deux ans plus tard, en juin 1993, qu’elle fit son entrée dans ce gouvernement, suite à
un accord programmatique avec le Président DIOUF. Deux postes ministériels lui ont été accordés : Le
Secrétaire général du parti, professeur Abdoulaye Bathily nommé ministre de l’Environnement et de la
Protection de la nature et Mamadou Ndoye, ministre délégué chargé de l’Education de Base et de la Promotion
des Langues nationales.38 En 1998, la LD/MPT quittera le gouvernement, pour mieux se consacrer aux
préparatifs des législatives de 1998 et de la présidentielle 2000.
Le Code consensuel de 1992 a été élaboré par une commission dite « cellulaire » sous la présidence du juge
Kéba MBAYE qui a bénéficié de l’éclairage juridique et technique additionnel des juristes Abdel Kader Boye et
Malick Tafsir Ndiaye, du magistrat Youssoupha Ndiaye président de la Cour d’appel, de Me Alioune Badara
Séne, Bâtonnier de l’ordre des Avocats, et de l’apport des autres membres de la société civile choisi par leurs
expertises, et les représentants de quatorze (14) partis politiques sur les dix-sept (17) que comptait le Sénégal 39 .
Il y a lieu de préciser que les travaux de la Commission, objet de la loi n° 92-16 du 7 février 1992 (partie
législative) et du décret n° 92-267 du 15 février 1992 (partie réglementaire), a semblé avoir fait l’objet d’un large
consensus au sein de la classe politique.
Mais, très tôt des problèmes sérieux sont survenues au sein de la Commission nationale de recensement des
votes, qui a rencontré d’énormes difficultés pour procéder à la proclamation provisoire des résultats des élections
présidentielles et législatives de 1993. Les difficultés, semble-t-il, étaient liées à l’imprécision des textes ou leur
manque de clarté dans la rédaction organisant le mécanisme de la prise de décision au sein de la Commission.
Cette situation a eu pour conséquence, la démission du juge Kéba Mbaye de son poste de président du Conseil
constitutionnel. Les interprétations que les uns et les autres avaient des textes étaient très différentes, parfois
même opposées.
L’opposition avait considéré que la prise de décision dans la Commission de Recensement, concernant surtout
les mesures d’annulation ou de validation d’un procès-verbal, devait faire l’objet d’un vote majoritaire au sein de
la Commission. Tenant compte du fait que l’opposition avait présenté 07 (sept) candidats à la présidentielle
37
Voir J.O n° 5524 du samedi 12 mars 1988 et n° 5234 du vendredi 20 mai 1988.
38
Amadou Kah : DE LA LUTTE DES CLASSES A LA BATAILLE DES PLACES, L’harmattan, 2016, p 74.
« La LD/MPT accepta cette fois-ci l'offre de participation sans avoir au demeurant réglé la question des
préalables. Ainsi Abdoulaye Bathily, son secrétaire général, fut nommé ministre de l'Environnement et de la
Protection de la Nature. Mamadou N'doye, autre figure de la Ligue démocratique et du syndicalisme enseignant,
ministre délégué auprès du Ministre de l'Éducation nationale chargé de l'Alphabétisation et de la Promotion des
nationales. »
39
Idrissa Diop : « Une exigence », in FAGARU, organe central de la LD/MPT, n° 46, septembre 1991.
62
63
1993 (Me Wade, Landing Savané, Abdoulaye Bathily, Babacar Niang, Madior Diouf, Mamadou Lô, Iba Der
Thiam), face au candidat socialiste Abdou Diouf, l’on comprend le refus catégorique du représentant du PS,
Mamadou Diop ancien maire de Dakar, de souscrire à une prise décision par vote , compte tenu du fait qu’un tel
procédé , serait défavorable au candidat socialiste au pouvoir. Un vote mécanique était d’autant plus à craindre,
que tous les candidats de l’opposition en compétition, avaient promis de soutenir le candidat de l’opposition le
mieux placé, face à celui de la majorité. Il y a lieu de préciser que les trois juges qui accompagnaient la
présidente de la Cour d’appel, Mme Andrésia Vaz Mbodji s’étaient rangés du côté du représentant du PS. Face
au refus du camp du pouvoir socialiste de céder sur la question du processus décisionnel, l’opposition était
parvenue à faire bloquer les travaux de la Commission pendant plus de quatre jours. Devant la persistance du
blocage de la Commission, la présidente de la Cour d’appel prit la décision d’envoyer tout le dossier au Conseil
constitutionnel. Ce dernier le lui retourna immédiatement en lui demandant de s’acquitter d’abord de sa mission
de proclamation provisoire, avant que l’instance supérieure puisse s’atteler à la proclamation définitive. Le
Conseil constitutionnel fixa un ultimatum de 72 heures à la Cour d’appel pour procéder à la publication
provisoire, sinon il allait la dessaisir du dossier, et procéder lui-même à la publication définitive, en sautant
l’étape de la publication provisoire. Entre la reprise du dossier et la proclamation définitive des résultats, le juge
Kéba Mbaye démissionna du Conseil constitutionnel, et s’expliqua en ces termes : « J’ai été déçu par le
comportement des acteurs politiques qui n’ont pas été à la hauteur des espérances et des attentes du peuple. Je
m’en vais en regrettant profondément l’incapacité de ces acteurs à comprendre et à satisfaire les attentes de
notre peuple. » 40
Il faut reconnaître qu’un travail minutieux a été fait dans l’identification des imperfections et lacunes qui
entravaient le bon fonctionnement de notre système électoral. Cela a été salué dans l’euphorie par tous les
acteurs politiques, ceux du pouvoir comme ceux de l’opposition. 41
Le président Kéba Mbaye a lui-même dit que « ce Code auquel nous avons abouti fera se pâmer d’envie tous les
pays, même les plus industrialisés, et devrait nous valoir des élections dont les résultats ne pourront plus faire
l’objet de contestations. »
Le projet de loi portant Code électoral a été déposé et adopté le 23 juillet 1992 par les députés. Il semble que
beaucoup de pays de la sous-région considèrent ce Code comme un modèle dans l’organisation de la compétition
électorale, et n’hésitent pas à copier nombre de dispositions qu’il contient, pour l’adapter à leurs réalités. C’est
tout à l’honneur de la démocratie sénégalaise.
Me Abdoulaye WADE du temps où il était dans l’opposition, avait dit au sujet de ce Code : « toutes les
dispositions essentielles ont été formulées et acceptées…chaque chef de parti a fait une déclaration publique à la
presse pour dire qu’il est satisfait de ce code électoral et qu’il n’a rien à y ajouter… »42
Quant au Président Abdou DIOUF, après avoir reçu des mains du juge Kéba Mbaye, le projet proposé par la
Commission nationale de réforme du Code électoral, disait, devant la presse nationale et internationale : « Je
viens de recevoir de la Commission le projet de texte portant Code électoral, je le déposerai comme remis à
l’Assemblée nationale, je n’y changerai pas une virgule. »
40
Abdou Latif Coulibaly, op. cit. p. 58.
41
Abdou Aziz Diop : CONTRE- DISCOURS (Opuscule des républicains indécis), L’Harmattan- Sénégal, 2019,
P. 45. « Les sénégalais souhaitent toujours que ce débat ait lieu puisqu’en démocratie il est le plus puissant
facteur de paix »
42
Jeune Afrique Economique, n° 146, août 1991.
63
64
Dans un récent ouvrage bien documenté, sur l’histoire politique et électorale du Sénégal, l’expert électoral
Ababacar Fall, a listé les avancées majeures du Code consensuel de 1992 dans le processus d’amélioration des
43
procédures électorales au Sénégal :
« 1). L'identification obligatoire de l'électeur avec la carte nationale d'identité
2). L'abaissement de la majorité électorale de 21 à 18 ans 3). Le passage obligatoire à
l'isoloir
4) . L'utilisation de l'encre indélébile
5).- La limitation des mandats à deux
6). La présence des représentants de candidats dans les bureaux de vote
7). La représentation des partis dans les Commissions de distribution des cartes d'électeur
8). L'institution de commissions de recensement des votes au niveau départemental et national
avec la participation des représentants des candidats
9). Le découplage de l'élection présidentielle et des élections législatives
10). La fixation du cautionnement aux élections après concertation avec les partis
11). L’autorisation des candidatures indépendantes qui doivent être portées par 10.000
signatures de citoyens domiciliés dans six régions avec au moins 500 signatures par région.
12). La possibilité pour les partis de former des coalitions pour les législatives
13). L'élection du Président de la République avec un système à 2 tours si aucun candidat
n'atteint la majorité absolue de 50 % + un représentant le quart des électeurs inscrits (le quart
bloquant)
14). - L'égalité des candidats à l'accès aux médias du service public pour la présidentielle et
pour les législatives, temps d'antenne réparti en deux tranches dont l'une de manière égale et
l'autre en fonction de la représentation des partis au parlement.
15). L'interdiction de toute pré campagne ou campagne électorale déguisée. »
Mais, comme tout document daté, ce Code doit être considéré comme un organisme vivant qui a subi des
mutations et une évolution certaine. C’est ainsi que de nombreux réaménagements sont intervenus au niveau du
Code de 1992, dû principalement à deux facteurs : d’une part, l’exigence d’amélioration des procédures
électorales et d’autre part, la nécessaire adaptation aux choix et orientations politiques des gouvernants.
43
Ababacar Fall : Histoire politique et électorale du Sénégal, (l’éternel recommencement de 1960 à 2020), p.
170-171.
64
65
L’ONEL a été remplacé par la CENA (Commission électorale nationale autonome) avec
plus de pouvoirs, de prérogatives et de moyens dans l’accomplissement de ses
missions de contrôle et de supervision des élections (Code électoral, Art. L. 4 à L. 24,
édition 2018).
65
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66
67
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68
A cela, s’est greffée une autre incertitude liée à la décision de refonte totale
du fichier électoral avec la loi n° 2004-32 du 25 août 2004. Face aux difficultés
du pouvoir et de l'opposition à s'accorder sur une formule consensuelle, le
Président de la République a décidé procéder à une refonte totale du fichier
électoral. Initialement prévue pour six (6) mois, le processus a tiré en
longueur avec les opérations d’inscription sur les listes électorales qui ont
démarré
La date de clôture des inscriptions, plusieurs fois reportée, devait prendre fin
le 28 février 2006. Mais finalement, les opérations se sont terminées le 15
septembre 2006, après quatre (4) prorogations de suite par rapport au délai
initialement fixé.
68
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73
I). La relecture du Code électoral et l’adoption de la nouvelle version de 2017 a débouché sur
un réaménagement de l'ensemble du dispositif normatif électoral et a abouti à l'adoption de
la loi n° 2017-12 du 18 janvier 2017 portant Code électoral, qui comporte un certain nombre
d'innovations avec la prise en compte :
45
Voir le Rapport final mission audit du fichier électoral (2011), page 5- 155.
73
74
En conclusion.
46
Voir ma contribution intitulée : « A propos du fichier électoral », publiée dans le Soleil n° 14546 du vendredi
23 novembre 2018. « Incontestablement, le Code de 1992 constitue un exemple légistique d'un texte consensuel
et le substrat sur lequel se sont agrégées les couches des diverses réformes ultérieures du Droit électoral
sénégalais. Ce consensus fera dire au Président Abdou Diouf avec une certaine emphase que « c'est le meilleur
Code du monde >>
74
75
La loi du 11 mars 1999 et son décret d’application n 99-224 du même jour avait procédé à une
première mise à jour du fichier à partir des électeurs qui avaient retiré leurs cartes aux élections législatives
de 1998.
La liste de tous ces électeurs ainsi recensés, devait constituer le noyau dur du fichier, et une période de révision
exceptionnelle des listes électorales était ouverte dans la période du 02 mai 1999 au 30 septembre 1999 (soit une
durée de 05 mois), pour permettre aux électeurs qui ne se trouvaient pas dans le noyau dur, de pouvoir s’inscrire
Une commission nationale de contrôle et de validation et dix (10) commissions régionales de recensement ont
réalisé ce travail extrêmement important. A l’issue de la clôture des opérations de recensement, de contrôle et de
75
76
validation : un million sept cent quatre-vingt-un mille sept cent soixante et un (1.781.761) électeurs ont été pris
en compte dans le cadre de cette mise à jour, soit une réduction de 42% du fichier électoral des législatives de
1998, dont le nombre des inscrits s’était élevé à trois millions cent soixante-quatre mille huit cent vingt-sept
(3.164.827) électeurs. C’est dire que la loi n°99-75 du 11 mars 1999 et son décret d’application n° 99-224
portant mise à jour du fichier, a permis d’expurger des listes électorales les électeurs qui y figuraient sans que
cette présence ne corresponde à une activité électorale effective, que certains ont qualifié de « stock mort ».47 Il
convient de faire observer que ce corps électoral des législatives de 1998, a été l’un des plus élevés dans
Il convient de signaler que pour ce travail de première mise à jour du fichier électoral, vingt-sept (27) partis y ont
participé et ont pu traiter 7862 listes de distribution. Il s’agit de : AJ/PADS, PEP, RND, APJ/JEF JEL, PIT,
PLS, BCG, PUR, LD/MPT, FSD/BJ, PRS, MNSM, CDP/GG, PS, MPS, PAES, PNS, MSU, PAI, RDP, UDS/R,
Après la présidentielle de 2000, une deuxième mise à jour du fichier électoral a été effectuée du 18 septembre
au 18 octobre 2000, sur la base du noyau dur de l’élection présidentielle de l’an 2000. Comme le stipule le
Rapport final de la Commission nationale de recensement 48 instituée par la loi n° 2000-25 du 1 er septembre 2000
47
Certains experts électoraux ont qualifié ce phénomène de « stock dormnt », défini par Ndiaga Sylla comme
les « électeurs qui figurent légalement dans le fichier électoral et ne sont pas en situation d’accomplir leur vote.
On peut classer, dans cette catégorie, les personnes déplacées, les malades ou certains détenus, les électeurs
ayant perdus leurs cartes d’identité ou d’électeur. Ces derniers représentent ce que je qualifie de « stock
dormant ». Voir contribution Un fichier électoral entre stock mort et stock dormant : la pertinence d’une
refonte (par Ndiaga SYLLA)
Voir ma contribution intitulée : « A propos du stock mort : faibles taux de participation aux élections et
fiabilisation du fichier électoral sénégalais », in, LE QUOTIDIEN du 20 juin 2016 ; L’AS du 20 juin 2016.
Rapport final de la Commission nationale de recensement, institué par la loi 2000- 25 du 1er septembre 2000
48
Octobre 2000.
76
77
portant mise à jour des listes électorales et disparités constatées sur le fichier électoral afin de le rendre plus
fiable, un travail extrêmement important a été réalisé en expurgeant des listes les personnes décédées, les
personnes déchues de leur droits civiques, les inscriptions multiples, les personnes sur lesquelles il y avait des
Grâce à cette seconde mise à jour, les listes électorales ont pu être considérablement épurées et fiabilisées. Cette
opération a permis de recenser sur la base des registres d’émargement, les électeurs ayant au moins voté à l’un
C’est précisément ce noyau dur issu de cette deuxième mise à jour qui a servi de base à la révision
exceptionnelle des listes électorales pour les scrutins postérieurs, à l’élection présidentielle de l’an 2000, à savoir
le Référendum du 07 janvier 2001, les législatives du 29 avril 2001 et les élections locales du 12 mai 2002. Il
convient de retenir que dans le cadre de cette deuxième mise à jour du fichier électoral, trente-deux (32) partis
ont pris part à ce travail. Seize Mille (16 000) registres ont été visités dont 8000 (huit mille) au premier tour et
8000 (huit mille) au second tour. A l’issue de ce travail, un million neuf cents vingt-six mille deux cents quarante
un (1.926.241) électeurs ont été validés et qui se répartissent ainsi : Femmes : 963 673 (soit 50,02%) ; Hommes
De l’avis de tous les participants à cette commission, les travaux se sont déroulés dans une excellente ambiance
et dans un climat de confiance mutuelle. La résolution qui a sanctionné la fin des travaux de cette commission et
qui a été adoptée à l’unanimité, est révélatrice à cet égard. : « La Commission nationale s’est déroulée dans une
Les partis suivants ont siégé dans la commission : AJ/PADS ; PLS ; MDS/NJ ; PIT ; PAES ; BCG ; MRS ; APJ/JJ ;
PRS ; CDP/GG ; MSU ; RDP ; PT ; DC ; PAI ; PUR ; FAP ; PPC ; RES/LES VERTS ; FSR/LAABAL ; PAI/M ; PRD ; RND ;
En plus de ces deux mises à jour du fichier, il y a lieu de rappeler l’initiative prise par le Front de la Société
Civile pour un audit du fichier électoral. En effet, suite à la Marche grandiose organisée par le FRTE (Front pour
la Régularité et la Transparence des Elections) à quelques semaines de la présidentielle de l’an 2000 pour exiger
49
Déclaration des partis ayant siégé dans la Commission nationale de recensement, 18 octobre 2000.
77
78
la transparence du scrutin, des organisations de la société civile ont proposé leur médiation aux différentes
parties concernées par ce scrutin présidentiel, en vue de parvenir à des élections apaisées, régulières,
transparentes et démocratiques.
Cette initiative d’audit du fichier, a donné naissance à une Commission ad hoc composée d’experts de la société
civile, du Parti socialiste, de l’Observatoire National des Elections (ONEL) et du FRTE qui regroupait vingt et
un (21) partis de l’opposition : ADN ; LD/MPT ; RND ; AFP ; MSN ; RTA/S ; AJ/PADS ; PARENA ;
UDF/MB ; CDP/GG ; PDS ; URD ; FAR YOON WI ; PIT ; UPAS ; FRAP ; PNS ; FAP ; FSD/BJ ; PRS ; MPS.
Pour une question de neutralité et de transparence, il a été décidé d’un commun accord, que les experts de la
société civile soient les têtes de files de la mission d’Audit, et que le ministère de l’Intérieur mette à la
disposition de la Commission un certain nombre d’outils internes et externes, devant servir de support à l’audit
du fichier. Entre autres outils : le matériel nécessaire sans limitation de capacité mémoire ou de traitement ; le
fichier électoral actuel ; le fichier des listes provisoires ; le fichier du noyau dur ; le fichier des radiés ; le fichier
Pour ce qui concerne les fichiers non gérés par le Ministère de l’Intérieur, ce dernier devait les chercher auprès
des institutions concernées. Il s’agit de : fichier des permis de conduire ; fichier des livrets militaires ; fichier des
Ainsi, les croisements des traitements sur les différents fichiers devraient permettre d’identifier les anomalies et
d’expurger des listes les scories qui en ont altéré la fiabilité. Après plusieurs séances de travail continu dans un
contexte très difficile, les experts ont tenu une conférence de presse le 09/02/2000, pour faire le point de la
situation relative aux difficultés qui se sont dressées sur leur chemin :
« Les problèmes des moyens techniques qui ont entraîné des retards très importants sur les traitements ;
l’indisponibilité de certains fichiers externes (Permis de conduire, Livret militaire, Livret de pension civil ou
militaire) ; l’indisponibilité des documents de transfert officiel et de table des différents codes. »
Aux termes de leurs investigations techniques, du reste, pointues, les experts sont parvenus à une conclusion
provisoire, à savoir qu’à cette étape précise de leur travail, des doutes existaient encore sur la fiabilité totale ou
pas du fichier, et qu’en dépit des efforts énormes fournis par les experts, au regard des délais relativement courts
78
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d’ici le premier tour de l’élection présidentielle de l’an 2000, « la fiabilité du fichier » n’était pas techniquement
Quatrième partie
50
Texte liminaire de la Conférence de presse du 19/02/2000.
79
80
Cinquième partie
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81
L’observatoire National des Elections (ONEL) est né au lendemain des élections régionales, municipales et rurales
Tous les observateurs ont été unanimes à reconnaître les nombreux manquements et irrégularités qui ont émaillé le
déroulement de ce scrutin. Cette situation a poussé l’opposition de cette époque, regroupée dans le « Collectif des
19 » a préconisé le dessaisissement du ministère de l’Intérieur, de l’organisation matérielle des élections, au profit
d’un organe totalement indépendant de l’Administration dans la conduite, le contrôle et la surveillance du processus
Cette demande a été rejetée par le parti socialiste et le Gouvernement qui sont en faveur du statu quo, c’est-dire la
Le perfectionnement du cadre juridique et institutionnel des élections et une meilleure compréhension des normes et
pratiques électorales par les acteurs du jeu politique ont ainsi permis, avant la présidentielle de 2000, d'avoir pour la
première fois de l'histoire du Sénégal des élections sans contestations majeures. Les élections législatives de mai
1998, pour l'essentiel de la classe politique et pour de nombreux observateurs, se sont bien déroulées globalement,
Ces élections transparentes ont permis l'entrée de 11(onze) partis politiques à l'Assemblée nationale.
Cette situation a balisé le terrain de la présidentielle de 2000 qui s’est tenue donc dans un contexte marqué par la
stabilisation du cadre juridique et institutionnel des élections, la baisse drastique des scores électoraux du P.S.
Comme le fait observer le Rapport de Synthèse de la Commission Cellulaire pour la concertation des partis
politiques :
« Il a été généralement reconnu que les élections régionales, municipales et rurales des 24 et 27 novembre
1996 ont été faussées par des dysfonctionnements dûs à des insuffisances, lacunes, défaillances ou
51
Voir le rapport du ministère de l’Intérieur intitulé Mémoire critique sur le déroulement des élections des 24 et 27
novembre 1996, MINT, 1997
52
Evaluation critique du déroulement des élections des 24 et 27 novembre, Commission de Concertation entre les
partis politiques pour la Réforme du Système électoral, projet de synthèse, Mars 1997.
81
82
A la suite d’une correspondance en date du 16 janvier 1997 adressée par « le Collectif des 13 », devenu par la
suite « Collectif des 19 », au Chef de l’Etat sur les défaillances constatées lors des élections locales de 1996, le
président de la République, en réponse au « Collectif des 19 » dans une lettre n°000341/PR/SP du 07 février
1997, informe avoir dépêcher l’Inspection Générale d’Etat pour faire toute la lumière sur ce qui s’est
réellement passé. Et à la question Que faire maintenant ? en guise de conclusion à sa lettre, il répond :
« D’abord, il faut se parler entre partis politiques sans exclusion, donc recourir au dialogue et à la
concertation. Ensuite, il faut rechercher des solutions consensuelles comme nous l’avions fait pour le code
électoral.
C’est la raison pour laquelle, la démarche qui me paraît la meilleure est que tous les partis se retrouvent
autour du Ministre de l’Intérieur, fassent ensemble, dans la confiance mutuelle et de bonne foi, une
évaluation critique du déroulement des élections, situent les insuffisances ou manquements constatés et
proposent, en partant du code électoral et des autres textes pertinents, toutes les mesures nécessaires pour
Ainsi, à la lumière du déroulement des élections tout le processus électoral serait passé à la loupe ; de
l’inscription sur les listes électorales (fichier électoral) jusqu’à la proclamation des résultats définitifs,
avec, à chaque étape, s’il y a lieu, l’adoption des mesures de correction, de sauvegarde et de contrôle
Un tel travail, fait par l’ensemble des partis politiques, sanctionné par une décision consensuelle, me
semble être une bonne voie pour avoir des élections libres, justes, transparentes et démocratiques.
En procédant ainsi, vous agirez dans le cadre des institutions de la République dont je dois veiller au
respect et au bon fonctionnement, et vous aurez l’accord de tous les partis politiques qu’il faut rechercher
Une semaine plus tard, pour dissiper ces divergences, le Président de la République instaure par décret n° 97-146 du
13 février 1997, une Commission cellulaire chargée d’organiser une concertation entre les partis politiques
sénégalais pour évaluer les élections locales des 24 et 27 novembre 1996 et proposer au Président de la République
83
Du fait d'une part, des positions irréductibles du « Collectif des 19 » qui veut une C.E.N.I. devant organiser,
superviser, contrôler les élections et en particulier les résultats et, d'autre part, de celles du P.S. qui est en faveur du
maintien du statu quo, c'est-à-dire de la gestion des élections par l'Administration, le Chef de l'Etat, dans son rôle
d’arbitrage, propose l’institution d’ une Direction Générale des Elections (D.G.E.) au sein du Ministère de
l'Intérieur, la création d’ un Observatoire National des Elections (O.N.E.L.) mis en place en année électorale en
charge de la supervision et du contrôle des opérations électorales et référendaires et le Haut Conseil de l'Audiovisuel
(H.C.A.).
Le décret n° 99-382 du 29 avril 1999 portant nomination des membres de l’Observatoire national
2000, est composé ainsi qu'il suit : Le Général de Brigade Amadou Abdoulaye Dieng, président ;
du Comité sénégalais des Droits de l'Homme, membre : Abdourahmane Dia, Inspecteur général
d'Etat à la retraite, membre : Mamadou Amath, journaliste, membre : Madame Amsatou Sow
Sidibé, professeur à l'UCAD Présidente du Réseau africain des Femmes Travailleurs (RAFET)
membre ; Maitre Bernard Sambou, Huissier de Justice, membre ; Maitre Papa Sambaré Diop,
Notaire, membre : Maître Ousmane Séye, avocat, Vice-président de l'Organisation nationale des
Présidée par Monsieur Ibou DIAITE, vice-président du Conseil Constitutionnel, et comprenant, en outre les
professeurs d’Université, Moustapha SOURANG, El Hadj MBODJ, Babacar KANTE ainsi que Monsieur Magib
SECK, ancien Directeur des Collectivités Locales, la Commission Cellulaire, aux termes des dispositions de l’article
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« - procéder à l’évaluation objective du déroulement des élections du 24 novembre 1996, de l’inscription
-Proposer sur la base du Code électoral et de tout autre texte pertinent, dans le cadre des Institutions de la
Dénommée Commission d’Evaluation des Elections et de Réforme du Système Electoral, cette dernière avait
pour mission essentielle de situer la source des dysfonctionnements constatés afin de « corriger tout ce qui
C’est dire que la réponse institutionnelle aux défaillances dans l’organisation et le déroulement des élections
locales de 1996, fut la mise sur pied d’un organe original de contrôle et de supervision des élections (ONEL).
Avant d’aborder dans les détails le contenu de l’ONEL, il faut préciser que l’opposition regroupée dans le
« Collectif des 19 » et le Parti Socialiste au pouvoir se sont livrés à une bataille épique lors des concertations
Pour avoir eu le privilège de participer à cette concertation en tant que jeune plénipotentiaire de l’opposition
de l’époque, les échos de ces discussions à l’Assemblée nationale résonnent encore dans mes oreilles comme
si c’était hier, et je mesure à je mesure à quel point, les débats avaient beaucoup de hauteur, de profondeur, et
de perspicacité. Chaque camp défendait ses positions, certes avec passion, mais toujours dans le respect de
l’autre, selon les règles de convenance républicaines, en ne cherchant à faire triompher que la force des
Voici in extenso, la Déclaration liminaire du « Collectif des 19 », lue par son coordonnateur, le Pr Iba Der
« Si le collectif des 19 Partis politiques réunis pour obtenir la création, dans notre pays, d’une
Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI) a tenu à faire cette déclaration à l’ouverture de
nos travaux, c’est essentiellement pour marquer la claire conscience qu’il a des raisons pour lesquelles
Il s’agit, au lendemain de la mascarade électorale des 24, 25 et 27 novembre 1996, de donner désormais,
au peuple sénégalais, à l’issue de nos discussions, toutes les garanties d’une expression juste, sincère,
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transparente, libre et démocratique de sa volonté à l’occasion des consultations électorales futures qui
Si l’événement immédiat qui nous vaut d’être rassemblés en ce lieu aura marqué l’histoire électorale de
notre pays de façon particulièrement négative, c’est parce que, jamais, de mémoire de Sénégalais, on n’a
assisté à des consultations organisées avec autant de désordres, de sabotages, de fraudes perpétrés de
manière consciente et délibérée, dans le mépris le plus total des principes les plus élémentaires de la
démocratie.
Ce qui s’est passé a, au demeurant, été d’une gravité telle que le Président de la République, dans son
message de nouvel an à la nation, a cru devoir en faire état et conclure avec nous, mais aussi avec les
Nous le disons nettement. Sans la maturité et l’esprit de responsabilité de nos partis qui en ont été les
enfiévrées tant il est prouvé que les frustrations politiques trouvent presque toujours refuge dans la
violence.
Pourtant, le Sénégal a été, de toutes les ex-colonies françaises au Sud du Sahara, l’une de celles qui
peuvent se targuer d’avoir mis au point, dès l’époque précoloniale, des mécanismes de choix de ses
dirigeants qui sont la preuve – quelles que soient les limites que l’on peut invoquer – d’un humanisme élevé
et d’une sensibilité démocratique fortement enracinée dans les mœurs, les valeurs et les consciences.
Pendant la domination coloniale, notre pays a gardé pour l’essentiel ses traditions dans les espaces
limitées où pouvait s’exprimer sa participation à la gestion des affaires de la collectivité. C’est ainsi que de
1835 à 1960, à part les courts intermèdes de 1852 à 1870, de 1876 à 1879, du Gouvernement de Vichy, les
ressortissants des quatre (04) communes ont participé à des dizaines de consultations électorales au cours
desquelles, une culture démocratique, certes imparfaite mais réelle, a pu prendre souche, s’exprimer et se
Même si, pendant cette période, l’Administration n’a pas toujours été neutre, nombreux furent les cas où le
réflexe républicain de ceux qui en étaient les agents a pris le dessus sur les préférences partisanes.
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Quant à la Magistrature, quoiqu’ayant pour finalité ultime la préservation de l’ordre colonial, de ses
valeurs et de sa permanence, elle a eu, en de nombreuses circonstances, à refuser d’être au service exclusif
Partant de l’héritage que voilà, le Sénégal, Mesdames et Messieurs, avait tout pour représenter en Afrique
le modèle le plus avancé d’une démocratie pluraliste, laïque, républicaine, loyale et sereine, respectueuse
des droits de la personne humaine, une démocratie faisant de la transparence en matière électorale son
Or, depuis l’indépendance, le régime mis en place a systématiquement tourné le dos à ce capital
irremplaçable que nos ancêtres, au prix de sacrifices incalculables, ont constitué par sédimentations
successives, au cours d’une histoire à laquelle ils ont payé un tribut particulièrement lourd.
Nous le disons sans ambages ! Aucune élection, de 1960 à nos jours, ne s’est déroulée dans ce pays sans
que le Parti au pouvoir et l’Administration à sa dévotion, n’en aient faussé le sens. Pour ne citer que
quelques exemples : Samba DIOP, Cheikh Tidiane SY, Cheikh Anta DIOP, Abdoulaye WADE et plus
La conséquence la plus nette de cette situation choquante et révoltante à la fois est que tous nos frères et
sœurs africains qui vivaient, il y a à peine quelques années dans le corset étouffant des Partis uniques, se
gaussent aujourd’hui de notre pays devenu, par la faute de ceux qui nous gouvernent, le laboratoire le plus
performant en matière de fraudes électorales et de perversion des mœurs démocratiques. Dans notre
propre sous-région, le leader que nous fûmes hier est aujourd’hui devenu la lanterne rouge au hit-parade
Et, parce que précisément la mascarade électorale des 24, 25 et 27 novembre 1996 donne raison à ceux qui
voient dans le Sénégal un contre-modèle en matière de démocratie, nous proclamons solennellement, avec
toute la foi et la conviction dont nous sommes capables, notre ferme détermination à faire en sorte que
Car, qu’on le veuille ou non, si la justice a décidé de fermer le contentieux judiciaire, le contentieux
politique demeure. Au surplus, ce contentieux sera permanent aussi longtemps que les élections seront
placées sous l’autorité d’une Administration téléguidée par des intérêts partisans.
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Qu’on nous comprenne bien. Il ne s’agit pas de jeter l’anathème sur une structure ou un corps – qu’il
comme partout ailleurs, des fonctionnaires sérieux et patriotes ou d’une parfaite intégrité. Mais,
l’instrument ne valant que par l’habileté de la main qui le manie, il s’agit, bien au contraire, de les
soustraire à tous ceux qui veulent peser sur leur conscience et leur décision afin de les mettre au service
exclusif de leurs seules ambitions. Il s’agit de les protéger pour sauver la République et ses servants de la
dérive dangereuse qui menace leur existence, leur dignité et leur crédibilité.
C’est en partant de ces prémisses que nos 19 Partis ont décidé de lutter de toute leurs forces, sans accepter
le moindre compromis sur ce point, de la mise en place d’une structure indépendante de supervision, de
régularisation, d’organisation et de contrôle des élections, à l’image de ce qui se fait aussi bien dans les
pays de vieille démocratie comme les Etats-Unis, le Canada, l’Inde, le Pakistan, etc. qu’en Afrique. Faut-il
rappeler ici que ce sont les mêmes principes qui viennent d’être rappelés, non seulement par
l’Internationale Socialiste, mais aussi, par la réunion des cinquante (50) pays du Commonwealth qui vient
Notre conviction inébranlable est qu’il y a là le moyen le plus efficace d’éviter des contestations post-
électorales, d’asseoir la stabilité et la paix civile, d’écarter les troubles et la violence, de promouvoir le
travail et le développement.
On ne peut que s’étonner légitimement qu’une ambition aussi grande, aussi noble, aussi juste, aussi
généreuse pour notre pays puisse être sérieusement contestée par un seul esprit soucieux d’équité, de
Mesdames et Messieurs,
Dans trois (03) ans, notre pays va entrer dans le XXème siècle dont les conjoncturistes disent à l’unisson
qu’il sera celui des droits humains et de la marginalisation des pays et des peuples absents à ce rendez-
vous.
Notre passé politique qui a valu à certains de nos ancêtres la citoyenneté depuis le XIXème siècle nous fait
l’obligation impérieuse de récupérer et, pourquoi pas de dépasser le legs de notre prestigieuse histoire.
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Si nous faisons aujourd’hui de la Commission Electorale Nationale indépendante (CENI) une exigence
incontournable, et en tant que telle, non négociable, c’est parce que l’idée d’un arbitrage totalement
indépendant en matière électorale est arrivée à maturité. C’est ce message là que nos récentes tournées
chez les guides spirituels et dans les milieux populaires de notre pays ont révélé aux plus sceptiques.
Ici, une clarification s’impose ! Lorsque nous disons que la CENI n’est pas négociable, nous ne cherchons
nullement à faire preuve de rigidité cassante ou d’extrémisme belliqueux. Nous affirmons tout simplement
notre conviction profonde que la survie de la démocratie dans notre pays, celle de la promotion de la
stabilité et de la paix civile, sont inséparables d’une telle structure. Elle seule, alliée à la lutte quotidienne
de notre peuple, peut empêcher que ne s’instaure la dictature hideuse d’un régime absolu et éternel.
Comment peut-on écarter la construction d’un processus d’équité, sans reconnaître la part décisive qu’on
Comment enfin, peut-on, sans sombrer dans une incohérence insoutenable, se prévaloir d’une majorité
absolue et incontestable et refuser, dans le même mouvement, le seul moyen fiable, crédible et honnête,
La haute responsabilité que nous avons solidairement vis-à-vis de notre peuple dont nous sommes
Nous n’avons pas le droit de décevoir ses attentes sous peine d’être sévèrement jugés par l’Histoire.
Voilà pourquoi, nous ne pouvons pas ne pas aller jusqu’au bout de la mission sacrée qui nous est confiée :
Le Collectif des 19 Partis s’engage solennellement à tout faire dans les limites qu’il vient de tracer pour
faciliter le travail de la Commission Cellulaire. Nous proclamons hautement notre disponibilité et notre
esprit d’ouverture à l’endroit de tout ce qui nous permettra d’avancer dans cette direction.
Nous avons le droit et même le devoir d’être audacieux et exigeants tant notre ambition est grande pour
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Le décret qui nous vaut d’être ici ne nous fixe, Dieu merci, aucune limite dans ce domaine. Il ouvre le
champ de tous les possibles, tout autant que notre Constitution et nos règlements ne nous imposent, eux non
plus, aucune restriction. L’impératif démocratique mérite que soient explorés des itinéraires nouveaux.
C’est pourquoi, nous demandons aux représentants de tous les Partis de se comporter en partenaires
loyaux en prenant l’exacte mesure de cette exigence du peuple sénégalais ainsi que de notre détermination
Nous livrons in extenso, le contenu de la Déclaration liminaire présentée par Monsieur Mamadou DIOP et
Maître Mbaye Jacques DIOP, au nom du Parti socialiste, lors de la cérémonie officielle d’ouverture des
concertations :
« Permettez-moi, tout d’abord, de saluer l’événement qui nous réunit aujourd’hui, à l’initiative du
Président de la République et qui, à mes yeux, est une preuve encore une de la vitalité de notre système
démocratique commun. Nous sommes conviés, aux termes du décret présidentiel n°97-146 du 13 Février
1997, à nous concerter, entre partis politiques, et sous l’égide de votre honorable commission, Monsieur le
Président, sur le devenir de nos lois communes en matière électorale alors qu’ici et là, sur ce continent
d’Afrique meurtri, les hordes de réfugiés, l’insécurité, les guerres et la famine constituent l’image
quotidienne, en voie de banalisation que des observateurs venus d’ailleurs voudraient donner de nous – à
la face du monde.
Notre concertation n’aura de sens et de portée que si nous sommes capables de trouver en nous-mêmes, et
dans cette conjoncture, les forces nécessaires qui nous permettront de refuser cette image accablante que
l’on nous tend, comme miroir de notre réalité, que d’aucuns pensent définitive.
Si l’exception sénégalaise, dont parle si souvent le Président Abdou DIOUF, en mobilisant les énergies
nationales autour de ce qui nous distingue et fait notre spécificité, à bien un objet, il nous appartient de
tous, ici et maintenant, responsables de partis politiques, Parti Socialiste et Partis d’opposition confondus,
de le mettre en évidence, de lui donner corps et âme, comme nous avons pu le faire dans un passé récent à
Déclaration du Professeur Iba Der THIAM, au nom du Collectif des 19 Partis à la séance d’ouverture de la
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propos du Code électoral et comme nos illustres devanciers sur la scène politique n’ont jamais cessé d’en
administrer la preuve, tout au long de notre histoire. Bref, nous sommes sommés, par nos antécédents
historiques et par l’ambition que nous nourrissons, les uns et les autres, pour cette terre d’Afrique que nous
avons en commun, de réussir l’exercice auquel nous a conviés le Président Abdou DIOUF.
Les Sénégalais, nos compatriotes, nous regardent et attendent de leur classe politique une attitude digne
Monsieur le Président,
La Parti Socialiste a une trop haute conscience des missions que lui assigne l’histoire, pour aborder la
concertation à laquelle vous nous conviez, dans le cadre des institutions de la République et dans le respect
des lois et règlements en vigueur, autrement que dans l’estime de ses partenaires ici présents, et dans la
volonté d’aboutir, avec eux, à un consensus qui tranche l’éternelle pomme de discorde post-électorale
sénégalaise, que certains acteurs politiques s’ingénient à présenter, un peu rapidement, comme des
insuffisances de notre démocratie. S’il nous arrive, en cours de discussions, de faire preuve de fermeté dans
nos positions, nous le ferons avec la courtoisie qui sied à un moment aussi exceptionnel dans la vie de
notre nation et parce que, pour paraphraser un des illustres fondateurs de notre Parti, j’ai cité le Président
Lamine GUEYE, nous aimons la démocratie qui se confond avec les couleurs de notre pays, d’un amour
Notre passé démocratique plaide pour nous. Nous aurons, cependant, le souci en dignes héritiers, de nos
belles traditions en la matière de continuer et d’approfondir le sillon hors duquel l’esprit de liberté si cher
Nous serons donc attentifs aux idées émises et même aux impatiences exprimées, pour peu qu’elles
respectent l’ordonnancement juridique de notre pays, arraché de haute lutte mais toujours recommencé.
Notre conviction profonde est que nous sommes nombreux, aujourd’hui, autour de cette table, à accorder
foi aux vertus de la démocratie parlementaire et à l’Etat de droit. Si cela est nécessaire comme base de
départ de nos discussions, il est évident que nous ne pouvons-nous contenter de cette seule pétition de
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Fort heureusement, nous ne sommes pas à court de solution pour remédier aux maux que j’évoquais tantôt
et qui, s’ils n’entament ni notre volonté démocratique ni la vitalité du système mis en place, bien souvent au
détriment de nos propres intérêts de Parti, n’en jettent pas moins, dans certains secteurs de l’opinion, et
sur l’une et sur l’autre, une ombre de doute et de suspicion. Voilà pourquoi, Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs, nous aborderons cette concertation avec sérénité et dans un esprit d’ouverture et
En vérité, il nous est demandé selon les termes du 1er alinéa de l’article 3 du décret pertinent :
l’organisation du scrutin ;
Si nous avons une claire conscience du fait que plusieurs solutions peuvent surgir de cette problématique, il
reste, qu’entre toutes, celle qui se dessine dans le respect de la Constitution, des lois et règlements en
vigueur, des institutions de la République et des normes internationales en matière électorales, emporte
notre préférence. En effet, l’examen minutieux auquel nous avons soumis les solutions alternatives qui font
florès, en ce moment, ne laisse de nous inquiéter par rapport au respect inviolable des textes juridiques que
En vérité encore, ce qui fait problème, ce sont moins les textes et leur architecture, même si quelques
retouches semblent nécessaires, aux yeux de tous, à l’épreuve des faits et du temps, que la pratique qui en
est faite. S’il en est ainsi, je puis vous assurer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, que vous
nous trouverez dans les meilleures dispositions d’esprit, pour procéder à une discussion séquentielle et
exhaustive du code électoral et de tout autre texte pertinent, afin de trouver, avec vous, je le répète, « toutes
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Nous ne tenons aucune question pour « incontournable », nous ne considérons aucune proposition comme
« non négociable » : nous avons simplement l’ambition, avec tous, de « fonder l’avenir » en créant si
possible, les conditions d’une contestation -zéro- à l’issue des consultations futures.
A défaut, nous permettra-t-on, alors de rêver à la mise sur pied, avec tous, d’un système électoral
suffisamment fiable et transparent pour que nos lendemains électoraux renvoient de notre pays une image
plus belle à voir ? Acceptons-nous ensemble, au-delà de la faculté donnée par la loi, de faire en sorte que
le processus électoral soit plus accessible à tous les partis en lice, quels que soient leur taille et leurs
moyens, pour une expression toujours améliorée du suffrage de nos concitoyens ? Sommes-nous prêts, les
uns et les autres, à l’ère du village planétaire, d’ouvrir notre dossier électoral à nos amis communs, d’ici et
Si la République est le meilleur lien que l’on puisse imaginer entre nous, sommes-nous disposés à respecter
ses lois et ses traditions afin que la proposition finale à laquelle nous aboutirons, à l’issue de nos travaux,
soit respectueuse du génie de notre peuple et des capacités autonomes de réflexion de ses dirigeants
actuels ?
Il s’agit là, Monsieur le Président, de quelques pistes de réflexion, mais d’autres encore pourraient surgir
au cours des discussions, sur lesquelles nous aimerions rencontrer les autres représentants de Partis pour
cheminer ensemble vers des rivages électoraux et post-électoraux, plus calmes et plus sereins. La
dans un processus électoral sans contestations sérieuses, parce que fiable et transparent ».
Ainsi, comme on le constate, lors de cette concertation, deux positions tranchées, s’étaient dégagées très
nettement. Celle du « Collectif des 19 » qui exigeait « une CENI, rien que la CENI, toute la CENI » et celle du
Si nous avons livré in extenso, les Déclarations liminaires des deux délégations qui se faisaient face, c’est pour
montrer qu’entre l’opposition et le pouvoir à l’époque, les positions des uns et des autres, pouvaient être
serrées voire tendues, sans aucune compromission entre les deux parties, mais les acteurs se respectaient et
acceptaient de se parler, certes avec passion souvent, mais de façon argumentée et sincères dans leurs
convictions. Malheureusement aujourdhui, on constate très souvent du côté d’une certaine frange de
92
93
l’opposition un refus de dialoguer lorsqu’on les invite à la table de discussion, des invectives et des attitudes
de défiance, des menaces de boycott des discussions autour de la table des concertations, c’est-à-dire un refus
catégorique de dialogue et de politique de la chaise vide. Depuis l’accession du président Macky Sall à la
magistrature suprême en 2012, c’est cette attitude constante de négation dont l’opposition semble avoir fait
Certes, l’opposition ne forme pas un bloc homogène, par conséquent, on ne doit pas généraliser, mais très
souvent il y a la frange dite la « plus significative » de l’opposition qui adopte cette attitude. Plusieurs cas
Pour en revenir à notre propos, disons que c’est en l’absence d’un compromis entre des deux positions très
tranchées entre le pouvoir et l’opposition à l’époque, qu’un clash est intervenu et la concertation n’a pu
aboutir jusqu’à son terme. Les acteurs politiques se sont séparés sur une note de divergence.
Le Président de la République fut alors saisi pour arbitrage, suite aux désaccords entre le pouvoir et
l’opposition.
C’est ainsi que naquit l’ONEL, fruit d’un compromis entre deux positions très tranchées à l’époque : celle de
l’opposition regroupée dans le « collectif des 19 » et celle du Parti Socialiste au pouvoir.
C’est donc sur la base de ses prérogatives constitutionnelles que le Président Abdou DIOUF a tranché le débat
Comme le fait observer le Cadre Permanent de Concertation (CPC), « Le Chef de l’Etat, pris alors le relais
et, dans son rôle d’arbitre, mena de larges consultations avec les acteurs politiques. Les consultations
débouchèrent sur le compromis dynamique que fut la création de l’ONEL en lieu et place de la CENI
revendiquée par les uns ou du statut quo que préconisé par les autres 54».
Dans ce contexte de tension et de défiance entre l’opposition et le pouvoir, de doute sur la fiabilité du processus
électoral, d’appels répétés de Me Abdoulaye Wade à l’armée en cas de confiscation de sa victoire par le camp
présidentiel et d’appels à la paix et au calme par les autorités religieuses et coutumières, que le Président Abdou
Diouf fait une déclaration d'apaisement lors du Conseil des ministres du 19 octobre 1999 dont la teneur suit :
54
Note d’audience des leaders des partis du Cadre Permanent de Concertation de l’Opposition (CPC) avec Monsieur
le Président de la République, Dakar, Lundi 10 mai 2004.
93
94
« Comme chacun le sait, des élections présidentielles seront organisées dans notre pays au mois
pacifiques.
Pour ma part, je ne ménagerai aucun effort pour atteindre cet objectif. Je veillerai
personnellement à ce que toutes les conditions soient réunies pour que notre peuple puisse
exprimer son choix en toute liberté et en toute sérénité. Conformément aux devoirs de ma charge
l'État de droit.
Mais je voudrais également lancer un appel pour que tous les acteurs du processus électoral – les
médias – apportent leur contribution à la réussite de ces élections. Tous, à leur place
respective, ont un rôle à jouer. Chacun doit se poser en son for intérieur la question suivante :
Que puis-je faire, personnellement, pour que ces élections se déroulent dans la sérénité ?
Les partis politiques, d’abord, sont les premiers concernés puisque la Constitution leur donne
j’appelle de mes vœux, relève en grande partie de leur responsabilité. J’en appelle donc à leur
conscience et à leur civisme pour que, dans l’intérêt supérieur du pays, ils favorisent, lors de ces
Je demande également au gouvernement dans son ensemble de contribuer à cet objectif en faisant
preuve à tout moment d’esprit d’ouverture, de dialogue, de tolérance. Je souhaite que les
ministres, qui représentent l’Etat, évitent soigneusement toute polémique et tout excès de langage.
Le ministre de l'Intérieur doit, pour sa part, par le biais de la Direction générale des élections,
prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer une bonne organisation matérielle de ces
de neutralité qui fonde le service public. Je sais également que l’ONEL assumera sa noble tâche de
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95
contrôle et de supervision avec intégrité et droiture en se tenant à égale distance des partis. Je
souhaite que l’administration et le gouvernement mettent à sa disposition tous les moyens et les
légalité. Le Code électoral a prévu des procédures et des règles de droit sur lesquelles repose notre
démocratie. Le juge doit les faire respecter avec fermeté par tous les acteurs du processus
électoral.
Enfin, le rôle des médias est irremplaçable. Leur liberté et leur indépendance permettent de
participer à la transparence des élections. Par leur sens des responsabilités et de la mesure, ils
peuvent également contribuer à ce que celles-ci se déroulent dans le calme et la sérénité. Ainsi
grâce à la participation et à la bonne volonté de tous les acteurs, je suis convaincu que le Sénégal
saura organiser des élections transparentes, justes, loyales et pacifiques, tant il est vrai que, dans
La finalité de l’ONEL est de faire respecter la loi électorale afin d’assurer la sincérité, la régularité et la
transparence des élections en garantissant aux électeurs et aux candidats en lice le libre exercice de leurs
droits.
La mission essentielle de l’ONEL est de superviser et de contrôler le processus électoral. Cette mission de
contrôle est une donne transversale dont l’ONEL n’a pas la seule prérogative. Les partis et les instances
juridictionnelles partagent aussi avec elle, cette mission. La Cour d’appel chargée elle aussi de veiller à la
régularité et la sincérité du scrutin, exerce une mission de contrôle, de gestion des contentieux et de
proclamation définitive des résultats des scrutins. L’ONEL n’a ni le monopole, ni l’exclusivité du contrôle
55
Cité par M. S. Diop, Les élections Présidentielles de l'an 2000 au Sénégal/Carnet de bord (inédit), p. 35.
95
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qu’il effectue. Ses compétences ne sont pas des compétences de principes, mais plutôt des compétences
d’attribution. C’est dire que l’ONEL, n’a pas une compétence générale sur les actes et opérations relatives aux
élections. Il n’a pas de pouvoir d’organisation matérielle, il ne détermine pas les normes électorales et elle n’a
De par sa nature juridique l’ONEL est une structure indépendante composée de neuf (09) membres nommés
par décret sans consultations des partis. En revanche, des consultations sont menées auprès d’organismes et
institutions chargés de faire des propositions de membres pour l’équipe de l’ONEL. Les critères retenus pour
cela sont entre autres : l’honnêteté intellectuelle, la neutralité, l’impartialité et l’intégrité morale
L’ONEL, est garante de la légalité électorale mais elle est non permanente. En année électorale il doit être mis
en place dès le début du processus électoral, mais la durée de son mandat s’arrête dès que prend fin la
consultation électorale. Les membres de l’ONEL ont bénéficié d’un régime juridique qui garantit leur
indépendance. Ils ne peuvent être poursuivis, recherchés, arrêtés détenus ou jugés pour des opinions émises
L’Observatoire national des élections a un pouvoir de saisine très large. Il exerce ses fonctions soit sur sa
propre initiative, soit sur celles des partis en compétition, soit sur celles des candidats ou des électeurs. La loi,
cependant, lui confère le droit de veiller à ce que la loi électorale soit appliquée aussi bien par les partis, les
autorités administratives, les candidats et les électeurs. C’est dire que sa compétence de gardien de la légalité
électorale s’applique à tous les acteurs du jeu électoral. L’article 6 du Code électoral lui donne compétence de
saisir les autorités administratives ou judiciaires des remarques et récriminations formulées par les acteurs
politiques afin que les redressements nécessaires soient apportés à tout manquement à la loi électorale.
Parallèlement à ces compétences que l’on peut qualifier de préventives, l’ONEL a aussi l’obligation d’agir en
Il convient de retenir que l’ONEL avait aussi une mission d’information et d’accès à tous les médias publics,
et pouvait s’adresser à l’opinion publique par tout moyen pour l’informer sur ses activités et ses décisions,
conformément à l’article 17 de la loi n°97-15 du 08 février 1997. Toutefois, il communique avec l’opinion : il
97
Enfin, l’ONEL avait un pouvoir d’investigation. Il avait accès à toutes les sources d’information. Les autorités
exécutives locales, l’administration territoriale, les présidents des bureaux de vote étaient dans l’obligation de
lui fournir toutes les informations et de lui communiquer tous les documents qui étaient nécessaires à
l’accomplissement de sa mission. Les mêmes prérogatives sont reconnues à ses démembrements structures,
mais aussi aux délégués désignés par le président de l’ONEL, le jour du scrutin et qui pouvaient faire des
En conclusion, on peut affirmer que l’ONEL, s’est acquitté de la mission pour laquelle il a été institué. Il a
contribué à l’apaisement du climat politique, à la dissipation des suspicions sur le fichier électoral et à le
rendre relativement plus accessible. Il a pu obtenir l’installation d’un terminal informel permettant de le
consulter à temps réel à partir d’un siège. L’ONEL a pu codifier un certain nombre de manquements et de
dysfonctionnements qui portaient un lourd préjudice au bon fonctionnement du processus électoral. C’est ainsi
que le Conseil constitutionnel a reconnu, le 31 décembre 1998, qu’il a pu obtenir des procès-verbaux fiables
Toutefois, comme toute œuvre humaine, l’ONEL montre ses limites objectives liées à un certain nombre de
facteurs qui hypothéquaient l’accomplissement plein et entier de ses missions.56 D’où de volonté exprimée par
les acteurs du jeu politique de la nécessité de disposer d’un autre organisme qui tout en capitalisant les acquis
de l’ONEL, disposera de plus de pouvoir, de prérogatives et de moyens pour bien mener et conduire les
missions qui les sont assignées fin de rendre notre système électoral sans cesse plus performant. C’est ainsi
qu’au sein de la classe politique, un consensus s’est dégagé sur le profil d’une commission électorale
nationale autonome dont les caractéristiques feront d’elle un véritable « arbitre central » et non un « arbitre
de touche. »
56
Pour la présentation des grandes lignes de l’ONEL, voir l’étude intéressante du professeur Mouhamed FALL,
enseignant à l’UCAD et membre de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA).
97
98
A la veille des élections régionales, municipales et rurales de mai 2002, le Conseil des Ministres qui s’est tenu le 14
février 2002, a pris la décision à travers le projet de loi n°13/2002 modifiant le Code électoral, de remplacer l’ONEL
(Observatoire National des Elections) par un organe dénommé Commission Electorale Nationale Autonome
(CENA). Les contours de cette CENA tels qu’ils résultent du décret de présentation n°2002-217 du 04 mars 2002,
révèlent une version plus ou moins améliorée de l’ONEL, car, à l’instar de celle-ci, la CENA n’a pas pour mission
essentielle d’organiser les élections, comme ce fut le cas pour les Commissions Electorales Nationales
Indépendantes (CENI) expérimentées dans de nombreux pays africains dans les années 1990, à la faveur du vent de
Comme l’ONEL, dont la mission s’exerçait à côté de celle de la Cour d’Appel, la CENA est chargée de veiller à la
pluralité et la sincérité des scrutins. La CENA est un organe de contrôle et de supervision des élections.
Cette CENA devait être composée de neuf (09) membres dont le 1/3 serait nommé par le Président de la République.
Les six (06) autres membres restant étaient répartis entre le Président de l’Assemblée Nationale et le Premier
Mais ce projet a été vite abandonné à la suite d’une revendication d’une CENI par l’opposition regroupée au sein du
CPC créé en mai 2001, soit deux (02) mois après la sortie de l’AFP du gouvernement.
Il a fallu attendre le 10 mai 2004, pour voir ressurgir la question de la CENA. En effet, au cours de l’audience
que le chef de l’Etat a accordée aux leaders du CPC, deux décisions importantes étaient annoncées : d’une
part, un accord pour une refonte partielle du fichier à partir du noyau de l’an 2000, et, d’autre part, un accord
En juin 2004, fut signé le décret n°2004-673 du 02 juin 2004 portant création d’une commission chargée de
faire des propositions pour l’institution d’une CENA, selon les termes de ce décret, chaque parti devait être
Le 09 juin 2004, le ministre de l’intérieur par lettre n°007589 MINT/DFC, adressa aux partis une
président de la Commission chargée de faire des propositions pour l’institution d’une CENA, le professeur
Babacar GUEYE, a été décidée par le décret n°2004-1379 du 29 octobre 2004. Le lundi 22 novembre 2004, le
président de la Commission chargée de faire des propositions par l’institution d’une CENA, adressa une
98
99
correspondance invitant les partis à une rencontre sur l’organisation des modalités de travail de la Commission
dont il a la charge.
Une semaine plus tard, le 29 novembre 2004 précisément, démarrèrent à l’Ecole Nationale de Police, les
concertations entre l’équipe du professeur Babacar GUEYE et les partis. L’ordre du jour de cette rencontre
portait sur, d’une part, l’adoption d’une méthodologie et des procédures de travail, et d’autre part, sur
l’élaboration d’un calendrier de rencontres qui devaient s’étaler du 29/11/2004 au 27/01/2005. Cinquante-deux
Après deux (02) mois de travaux, la Commission chargée de faire des propositions pour l’institution d’une
CENA, déposa ses conclusions auprès du Président de la République, le mardi 08 février 2005, au cours d’une
cérémonie solennelle à laquelle ont pris part, outre des membres du gouvernement, les techniciens du
ministère de l’Intérieur, l’équipe du professeur Babacar GUEYE et les partis politiques. En réponse au
« Ce jour marquera d’une pierre blanche l’évolution politique et démocratique du Sénégal. La démocratie
est une construction continue. Je suis heureux de constater que le travail s’est bien déroulé, dans de bonnes
Le document a été remis sous forme de projet de loi organique. Je félicite tous les membres de la
Commission pour le travail qui a été bien fait et avec célérité. Le président de la Commission est un expert,
un juriste doublé d’un homme de compromis. Il a bien joué le rôle de facilitateur. Les élections sont
l’affaire des partis et non du gouvernement. La CENA est un organe autonome à l’égard du gouvernement,
des partis et par rapport aux groupes de pression quels qu’ils soient. Le gouvernement jouera pleinement
son rôle dans l’esprit du document. L’essentiel, c’est le consensus sur la signification de l’institution. Notre
1) Une Commission Electorale Nationale Autonome qui va contrôler les élections en mettant ses agents
d’un bout à l’autre du processus électoral. En Afrique, Il y a eu des CENI, mais qui n’étaient pas
réellement indépendantes ;
2) Un fichier électoral : il est remis à zéro avec la refonte totale du fichier. C’est la première fois que cela
arrive au monde. Malgré les purges et les mises à jour, le fichier n’a jamais été fiable. Cette fois-ci,
99
100
nous aurons un fichier fiable puisque ne se trouveront sur les listes que ceux qui accepteront d’aller
s’inscrire pour aller voter. Le Gouvernement donne la garantie que les inscriptions se feront dans la
3) L’introduction du numérique dans le système électoral au niveau du vote. Si le pari est réussi, nous
serons au même niveau que les Etats-Unis d’Amériques pour l’utilisation de cette technologie en
matière électorale. Je souhaite que l’esprit dans lequel la commission s’est bien acquittée de la mission
qui lui était confiée, se perpétue tout le long du processus électoral, et que le consensus soit recherché à
En conclusion
Les élections sont l’affaire des partis. Le gouvernement respectera ce principe. Je souhaite l‘organisation
d’élections démocratiques, libres et transparentes avec zéro contestation. Ainsi, dès le lendemain du
verdict, les perdants féliciteront les vainqueurs et que le pays se mettra au travail ».57
Le jeudi 17 mars 2005, le projet de loi sur la CENA, a été adopté par le Conseil des Ministres. Un mois plus
tard, le 15 Avril, il a été déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale, qui l’a voté à l’unanimité, le 11 mai
2005. Et c’est le mardi 07 juin 2005 qu’a été rendu public le décret n°2005-517 du 1er juin 2005 portant
57
Voir Le Soleil du mercredi 9 février 2005
100
101
Loi n° 2005-07 du 11 mai 2005 portant création de la Commission électorale nationale autonome (C.E.N.A.).
La démocratie, sous toutes les latitudes, est une conquête permanente, les acquis qui s’y rattachent étant
fragiles et précaires.
démocratie au Sénégal.
La création de l’Observatoire national des Élections (O.N.E.L.) par la loi n° 97-15 du 8 septembre 1997, a
constitué un premier jalon dans la résolution de la question électorale dans notre pays. Cette instance a, dans
les conditions de son époque, accompli un travail remarquable, qui sans avoir tari toutes les sources de
controverses, a tout de même fortement réduit le nombre et la virulence des tensions post-électorales.
Le temps est venu, pour notre pays et pour ses acteurs politiques, de passer à une nouvelle étape dans la
consolidation de la démocratie. L’. O.N.E. L, tous en conviennent, a souffert d’un certain nombre de
L’absence de personnalité juridique, de permanence et d’autonomie de cette instance, ainsi que son manque de
Le remaniement de nos textes et de nos structures en matière électorale s’imposait. C’est dans ces conditions
que le Président de la République a décidé, par décret n° 2004-673 en date du 2 juin 2004, la création d’une
commission chargée de faire des propositions pour l’institution d’une « Commission électorale nationale
Le présent texte est le fruit d’un consensus entre les partis politiques de la majorité et de l’opposition dont les
assises se sont tenues du 29 novembre 2004 au 27 janvier 2005. Il introduit des innovations majeures visant à
101
102
combler les lacunes déjà relevées, à travers la mise en place d’une Commission électorale nationale autonome,
structure permanente :
référendaires ;
Le Code électoral, en son Article L.11 fixe les attributions de la CENA comme suit : Les attributions de la
Superviser et contrôler tout le processus d’établissement et de gestion du fichier électoral, avec un droit
d’accès à la documentation relative aux analyses, à la configuration physique du matériel et des équipements
Superviser et contrôler l’établissement et la révision des listes électorales par la nomination d’un contrôleur
auprès de toute commission ou toute structure chargée de l’inscription sur les listes électorales, ainsi que leur
son visa sur le récépissé d’inscription remis à l’électeur et sur la souche qui sert à la saisie informatique ;
Superviser et contrôler l’impression, la distribution et la conservation des cartes d’électeur ; la C.E.N.A. est
informée de tout le processus d’appel à concurrence et de commande des cartes d’électeur ; un contrôleur,
103
dans toute commission ou structure chargée de fabriquer, de ventiler et de distribuer des cartes d’électeur ;
Superviser et contrôler le dépôt des dossiers de candidature aux élections législatives, départementales et
municipales en vue d’apposer son visa sur le récépissé pour attester du dépôt dans les formes et délais légaux.
Veiller à ce que la liste des électeurs par bureau de vote, soit remise quinze (15) jours au moins avant la date
du scrutin :
- Aux candidats et aux listes de candidats, sur support électronique et en version papier ;
- Et à la C.E.N.A dans les mêmes formes. superviser et contrôler la commande et l’impression des
bulletins de vote ; veiller à ce que la publication de la liste des bureaux de vote soit faite au plus tard
trente (30) jours avant le scrutin, ainsi que sa notification aux candidats et listes de candidats ;
Valider la nomination des membres des commissions d’inscription, des membres des commissions de
Superviser et contrôler avec les partis politiques, la mise en place du matériel et des documents électoraux.
Cette mise en place doit être effective la veille du jour du scrutin ; contrôler et superviser la publication des
listes électorales, et faire procéder aux rectifications nécessaires ; contrôler le décompte des cartes d’électeur
non retirées ; avant chaque reprise des opérations de distribution des cartes d’électeur non retirées, faire
Désigner ses contrôleurs dans tous les bureaux de vote ; participer au choix des observateurs nationaux et
internationaux ;
Cosigner les cartes des plénipotentiaires auprès des autorités administratives compétentes et des mandataires
dans les lieux de vote des candidats ou listes de candidats. Cette formalité est accomplie par les
démembrements de la C.E.N.A ;
Superviser le ramassage et la transmission des procès-verbaux des bureaux de vote aux lieux de
104
Participer aux travaux des commissions départementales et nationales de recensement des votes ; garder, par
LA FORCE DE LA REFORME
L’expérience avait fait apparaitre des lacunes dans les dispositions de L’Observatoire National des Élections,
lacunes qui furent corrigées dans la transition vers une Commission Électorale Nationale Autonome.
Dans ces réformes une approche éclairée a su anticiper sur l’importante place des NTIC dans le processus
à une révision du Code électoral, les attributions de la CENA se focalisèrent largement sur la supervision et le
contrôle informatiques. C’est ainsi que son alinéa 1, l’article L.11 atteste que la CENA doit « superviser et
d’établissement et de gestion du fichier électoral, avec un droit d’accès à la documentation relative aux
des données »
ENTORSE
Le fait de « superviser et contrôler tout le processus d’établissement et de gestion du fichier électoral, avec un
En effet, le rôle de la CENA sur la totale supervision relative au processus d’établissement et de gestion du
fichier électoral, avec un droit d’accès à la documentation relative aux analyses, à la configuration physique
du matériel et des équipements informatiques, à la programmation n’a jamais été réalisée. Cela est dû au fait
104
105
que le Ministère n’a pas son personnel propre et dépend d’une tierce compagnie qui, légalement, mettra
toujours au-devant de la scène les droits de la propriété pour ne pas ouvrir les ressources à de telles
procédures.
Par décret n°2004-673 du 02 juin 2004, le Chef de l’Etat a décidé de la création d’une Commission chargée de
faire des propositions de réforme du code électoral, en sa partie relative à l’Observatoire National des
Les travaux de cette commission auxquels l’ensemble des partis politiques a été associé, ont abouti à la
proposition de mise sur pied d’une commission Electorale Nationale, dite CENA.
C’est ainsi, qu’à cette fin, l’Assemblée Nationale à qui un projet de loi a été soumis, l’a voté à l’unanimité, le
11 mai 2005, non sans préciser dans l’exposé des motifs, qu’il s’agit d’un texte consensuel « fruit d’un
La loi n°2005-07 du 11 mai 2005, portant création de la CENA, en son article L. 4, indique de façon précise et
sans équivoque, les critères et conditions selon lesquels, il est procédé à la nomination des membres devant la
composer.
Dès la publication du décret ci-dessus évoqué, portant création de la CENA, quatorze (14) partis politiques,
ont saisi les instances juridictionnelles, pour violation des dispositions de la loi.
106
Travail ;
Les demandeurs estiment que le décret n°2005-517 du 1er juin 2005, n’a pas respecté la procédure prévue et
En effet, cet article, en son alinéa premier, dispose textuellement ce qui suit :
« La CENA comprend douze (12) membres nommés par décret. Ils sont choisis parmi les personnalités
indépendantes exclusivement de nationalité sénégalaise, connues pour leur intégrité, leur neutralité et leur
106
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impartialité, après consultation d’institutions, d’associations et d’organismes tels que ceux qui regroupent
autre structure ».
Ainsi, pour les demandeurs, le respect de cette disposition impose à Monsieur le Président de la République de
procéder à des consultations auprès d’institutions, d’associations et d’organismes tels que l’Ordre des Avocats,
l’Assemblée de l’Université, les Organisation de Défense des Droits de l’Homme, les Syndicats de
Journalistes, etc…
Or, non seulement une telle consultation n’a pas été faite, mais mieux encore, même pour ce qui est de la
Cette initiative d’audit du fichier, a donné naissance à une commission ad hoc composée d’experts de la société
civile, du Parti Socialiste, de l’Observatoire National des Elections (ONEL) et du FRTE qui regroupait vingt et un
Pour une question de neutralité et de transparence, il a été décidé d’un commun accord, que les experts de la société
civile soient les têtes de files de la mission d’Audit, et que le ministère de l’Intérieur mette à la disposition de la
Commission un certain nombre d’outils internes et externes, devant servir de support à l’audit du fichier. Entre
107
108
autres outils : le matériel nécessaire sans limitation de capacité mémoire ou de traitement ; le fichier électoral
actuel ; le fichier des listes provisoires ; le fichier du noyau dur ; le fichier des radiés ; le fichier des cartes
Pour ce qui concerne les fichiers non gérés par le Ministère de l’Intérieur, ce dernier devait les chercher auprès des
institutions concernées. Il s’agit de : fichier des permis de conduire ; fichier des livrets militaires ; fichier des livrets
Ainsi, les croisements des traitements sur les différents fichiers devraient permettre d’identifier les anomalies et
d’expurger des listes les scories qui en ont altéré la fiabilité. Après plusieurs séances de travail continu dans un
contexte très difficile, les experts ont tenu une conférence de presse le 09/02/2000, pour faire le point de la situation
« Les problèmes des moyens techniques qui ont entraîné des retards très importants sur les traitements ;
l’indisponibilité de certains fichiers externes (Permis de conduire, Livret militaire, Livret de pension civil ou
militaire) ; l’indisponibilité des documents de transfert officiel et de table des différents codes. »
Aux termes de leurs investigations techniques, du reste, pointues, portant, entre autres sur : le rétablissement dans
leurs droits, des électeurs lésés par la faute de l'Administration ; l’identification les inscriptions multiples ; la
vérification du traitement des électeurs rétablis dans leurs droits par décision de justice ; la vérification du noyau dur
Des informaticiens du FRTE de l'ONEL et du ministère de l'Intérieur ont procédé à ces vérifications du 11 au 26
A l'issue des travaux, les experts sont parvenus à une conclusion provisoire, à savoir qu’à cette étape précise de leur
travail, des doutes existaient encore sur la fiabilité totale ou pas du fichier, mais qu’en dépit des délais relativement
courts d’ici le premier tour de l’élection présidentielle de l’an 2000, le niveau de fiabilité du fichier permettait d’aller
aux élections58.
58
Texte liminaire de la Conférence de presse du 19/02/2000
108
109
En résumé, il y a lieu de retenir que depuis les élections législatives de 1998 et la première mise à jour du fichier
Ce processus de fiabilisation s’est poursuivi avec la deuxième mise à jour intervenue du 18 septembre au 18 octobre
1999. Enfin, il s’est achevé sur la dernière initiative de la société civile, d’audit du fichier, du 11 au 26 février 2000,
c’est-à-dire jusqu’à la veille du démarrage du premier tour de l’élection présidentielle du 27 février 2000.
C’est certainement cette situation qui explique, pour une large part, que le scrutin présidentiel de l’an 2000, se soit
déroulé dans des conditions de transparence et de régularité unanimement reconnues par l’ensemble des acteurs
politiques. C’est la raison pour laquelle, au lendemain des élections locales du 12 mai 2002, les acteurs politiques
avaient estimé qu’il fallait mettre à profit la période des quatre années qui nous séparaient des élections législatives
de mai 2006, pour approfondir les discussions sur le processus de fiabilisation totale du fichier électoral, conditions
indispensables à l’organisation d’élections libres démocratiques, et, partant, à l’instauration d’un climat
d’apaisement social.
Ainsi, au regard des considérations ci-dessus énumérées, il apparaît très nettement que le fichier électoral a toujours
été problématique pour la classe politique et que sa fiabilité a été douteuse depuis la phase initiale de sa constitution
en 1977. Mais, à cause des nombreux toilettages qu’il a subis au fil du temps, le fossé entre les effectifs théoriques et
les citoyens qui ont une activité électorale effective s’est considérablement amoindri. C’est cela, du reste, qui a
A la veille des élections locales du 12 mai 2002, au sortir du Conseil des ministres du 14 février 2002, fut annoncé
par le président de la République le remplacement de l’ONEL par une structure appelée Commission électorale
nationale autonome (CENA). Les contours de cette structure se situent dans le prolongement de celle qu’elle a
109
110
remplacée, c’est-à-dire un organe de contrôle et de supervision des élections tel qu’il résulte du décret de
présentation n° 2002- 217 du 4 mars 2002. C’est ainsi que les acteurs politiques sont invités à engager une
discussion autour du fichier pour trouver un consensus sur le choix d’un noyau dur qui devait servir à une refonte
partielle ou totale du fichier, en perspective des législatives initialement prévues en mai 2006 et devaient précéder la
présidentielle de 2007. Après moult péripéties et des longues discussions au sein de la classe politique, un consensus
Le 15 Juillet 2004, le président de la République a tranché le débat en optant pour une refonte totale du fichier
électoral pour dit-il, « mettre tout le monde sur la même ligne de départ, et doter notre pays d’un instrument qui
Si l’intention du Chef de l’Etat est généreuse dans la formulation, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’une
décision fondamentalement politique, qui n’a pas été précédée d’une réflexion technique, sur la faisabilité de la
chose au regard des délais impartis pour la nécessité d’une telle opération.
C’est la raison pour laquelle de nombreux partis politiques, du reste de l’opposition comme de la majorité, ainsi que
de nombreux observateurs avertis de la chose électorale, avaient formulé des réserves et doutes sur les possibilités
Il convient de retenir qu’à cette période, il n’était pas encore question de report des législatives de 2006 et de leur
Au contraire, le Chef de l’Etat, le Président Abdoulaye Wade et le ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom, ne
cessaient de donner des assurances sur le respect du calendrier républicain des élections.
Les nombreuses et pertinentes interrogations des parlementaires sur tous les aspects liés à la refonte totale au regard
des délais impartis, constituaient une illustration significative de leur scepticisme, quant à la faisabilité d’une
procédure aussi inédite, à la fois au regard des délais impartis et à la riche expérience électorale du peuple
sénégalais. Ainsi, les recommandations qu’ils ont formulées au cours de la session parlementaire du 10 Août 2004,
59
Assemblée nationale, Xème législature. Première session ordinaire de l’Année 2004. Rapport de la Commission
des Lois de la Décentralisation, du Travail et des Droits Humains, 10 Août 2004.
110
111
Entre autres recommandations, on peut citer : « la transparence du processus à toutes les étapes qui conduiront au
fichier nouveau ; La concertation et le dialogue entre les acteurs qui accompagnent le processus ; La recherche du
consensus dans ce nécessaire dialogue et cette indispensable concertation ; L’obligation pour tous de se départir de
pratiques de politique politicienne sur une question aussi importante, qui engage l’avenir de notre démocratie ; Le
devoir, pour le Gouvernement, d’engager tous les moyens matériels, financiers et humains nécessaires à
électoral républicain ».
Quelles que soient les raisons qui ont été à la base de la décision de refonte totale du fichier électoral, force est de
reconnaître que dès le début, il y a eu deux problèmes qui n’étaient pas du tout liés. L’un était d’ordre politique, et
l’autre d’ordre technique. Mais pour bien comprendre la nature profonde de ces deux problèmes, nous allons
examiner successivement, dans un premier temps, les considérations générales sur le fichier électoral, et, dans un
C’est dire que la perspective de la refonte totale et l’élaboration d’un nouveau fichier à partir d’une pièce d’identité
unique en vue de garantir les conditions d’organisation d’élections démocratiques et transparentes, n’est pas en soi
une mauvaise chose. Mais, une telle perspective, compte tenu de ces implications et enjeux, devait être précédée
d’une réflexion technique pointue, de la part de tous les acteurs du processus électoral, pour déterminer les modalités
et conditions de sa faisabilité dans le temps et en fonction des échéances à venir. Pour ce qui est de la refonte totale
décidée par le Président de la République, il semble que la décision politique n’a pas été précédée par une réflexion
à caractère technique sur la faisabilité de l’opération dans les délais souhaité. Bien plus, la décision de refonte totale
est rendue plus complexe en ce sens qu’elle s’appuie sur l’introduction des techniques de la biométrie dans la
confection de la nouvelle carte nationale d’identité numérisée et sécurisée, seule et unique pièce permettant de
Comme le stipule l’exposé des motifs de la loi n°22/2004 du ……. portant refonte totale du fichier électoral :
« Pour éviter tout écueil de départ dans cette matière sensible qu’est le processus électoral, un nouveau fichier va
être constitué sur la base uniquement des nouvelles inscriptions. Table rase sera ainsi faite du fichier existant. Ce
111
112
nouveau fichier va être constitué de la façon qui suit : une nouvelle carte nationale d’identité numérisée est
instituée. Cette nouvelle carte sert de base à l’inscription sur les nouvelles listes. C’est à l’occasion du retrait de
cette carte que l’électeur manifeste son désir de figurer sur les nouvelles listes. Un récépissé attestant cette volonté
Et le défi était d’autant plus redoutable que nous étions à moins d’une année des échéances électorales qui devaient
avoir lieu en 2006. Malgré les assurances données par les techniciens du ministère de l’Intérieur sur la faisabilité de
l’opération de refonte totale du fichier dans les délais impartis, les Sénégalais étaient devenus très sceptiques, car
plusieurs date de démarrage des inscriptions étaient annoncées, mais jamais respectées. De report en report de la
date de démarrage des opérations électorales, les populations avaient fini par se convaincre du fait que le régime ne
semblait pas être dans une logique d’organisation des élections à terme constitutionnel échu.
La CENA, elle-même, a constaté ce fait dans son Rapport sur l’élection présidentielle du 25 février :
« Les inscriptions ont été reportées à plusieurs reprises et ont été clôturées le 15 septembre 2006. De larges couches
de la population se sont demandé, par moments, si les élections auraient réellement lieu en raison des nombreux
changements de délais ».
Cette situation d’incertitude et de doutes qui avait fortement préoccupé les sénégalais, avait poussé le professeur
Ousmane NGOM, dans une correspondance n°00351 en date du 19 mai 2005, en ces termes :
« Lors du séminaire du 26 janvier 2005 à Dakar organisé à l’intention des partis politiques sur la carte
électorale votre département avait fixé pour le mois d’avril 2005, le démarrage des inscriptions sur les
A la date d’aujourd’hui, 19 mai 2005, rien n’a démarré. On a appris par voie de presse, que les
inscriptions allaient commencer le 15 mai. Jusqu’à ce jour, notre parti n’a reçu aucune information
officielle, ni même aucune explication de votre part sur le retard du démarrage des inscriptions sur les
listes électorales. D’après les informations que nous ont transmises les responsables de notre parti dans les
différentes localités, certaines autorités administratives ont envoyé des correspondances leur demandant de
désigner les représentants des partis dans les commissions administratives de révision des listes, le 18 mai
112
113
2005. Dans beaucoup d’autres localités, à ce jour, aucune correspondance ne leur est encore adressée à ce
sujet. Nous sommes quotidiennement interpellés par la base de notre parti, mais malheureusement nous ne
sommes pas en mesure de leur fournir aucune explication officielle sur le démarrage effectif et officiel des
La direction de la LD/MPT est vivement préoccupée par cette situation lourde de conséquences sur la
transparence du processus électoral, dont la phase d’inscription sur les listes, comme chacun le sait, est
cruciale en ce qu’elle conditionne les autres étapes. A ces inquiétudes, il s’y ajoute que les membres de la
CENA ne sont pas encore choisis. Comme le stipulent les dispositions du Code électoral et de la loi sur la
CENA qui vient d’être adoptée récemment par l’Assemblée nationale, les délégués de cette instance doivent
Pour toutes ces raisons, notre parti estime qu’il est de la plus haute importance et de l’impérieuse
nécessité, de convoquer les partis politiques dans les meilleurs délais afin de procéder à des échanges de
vues sur la situation pour que tous les acteurs du jeu politique soient au même niveau d’information et à la
source même.
Sinon, la confusion qui règne actuellement et le mystère qui entoure la date effective du démarrage des
électoral et la crédibilité des échéances électorales à venir, dont tout le monde s’accorde à penser qu’elles
n°000181/MINT/DG du 25 mai 2005, apporta des éclaircissements sur le démarrage des opérations d’inscription sur
les listes électorales, sur la mise en place de la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome), et sur le
« Sur le premier point, il convient de préciser que c’est l’état des préparatifs qui a été toujours à la base
des déclarations sur les dates de démarrages. J’ai toujours été en phase avec les techniciens du Ministère
dans les différentes dates avancées. Cependant, quel que soit aujourd’hui, l’état des avancées sur les
113
114
préparatifs, il reste qu’il n’est pas souhaitable de démarrer les opérations avant l’installations de la CENA
qui a la vocation de contrôler tout le processus électoral pour la constitution du fichier électoral initial.
Sur le second volet, je vous informe que la procédure de nomination des membres de la CENA est en cours.
La phase de consultation comme le prévoit la loi a pu être observée dans des délais raisonnables. Des
propositions sont faites sur la base des résultats des consultations. La nomination des membres de cet
Pour ce qui concerne la nécessité de convoquer une rencontre avec les partis politiques, je vous réaffirme
que le dialogue sur toutes les questions du processus électoral constitue un credo pour notre
gouvernement. Il s’agit ici juste d’une question d’opportunité. Incessamment, une rencontre sera
convoquée pour échange d’informations sur les questions ci-dessus soulevées et sur toutes autres questions
Une semaine après les échanges de correspondance entre le leader de la LD/MPT et le ministre de l’Intérieur, le
décret n°2005-517 du 1er juin 2005, rendu public le mardi 07 juin 2005, informait de la composition des membres de
la CENA. Et ce n’est que trois (03) mois plus tard, précisément le 05 septembre 2005, que les inscriptions sur les
listes ont commencé dans la région de Dakar. Dans les communes et communautés rurales, elles ont commencé
respectivement le 05 décembre 2005 et le 1 er février 2006. Quant aux circonscriptions consulaires, elles ont démarré
le 16 février 2006. C’est dire que nous avons assisté à une procédure d’inscription sur les listes à plusieurs vitesses,
ce qui n’a pas manqué de constituer une entorse au respect du principe d’équité et d’égalité de tous les citoyens
devant la loi.
Bien que trois (03) élections aient été organisées sous l’empire de l’actuel fichier issu de la refonte totale et de la
nouvelle procédure d’inscription sur les listes électorales, le contentieux autour du fichier ne s’est pas dissipé. Au
contraire, il s’est amplifié et s’est exacerbé, surtout à l’approche des prochaines élections locales prévues en mars
2009. Mais pour bien comprendre la portée du contentieux entre le pouvoir et l’opposition sur le fichier, il convient
115
Deux (02) mois après les élections locales du 12 mars 2002, la question du fichier électoral a rebondi au niveau des
discussions entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques lors d’une rencontre qui s’est tenue le 29 juillet
2002. Celles-ci se sont poursuivies le 30 avril 2003 à l’Hôtel Indépendance et le 04 juillet 2003 à la « Salle OBS »
du ministère de l’Intérieur.
Toutes ces réunions sous l’égide du ministre de l’Intérieur, le général Mamadou NIANG, se déroulaient dans une
excellente atmosphère et dans un climat de confiance et de sérénité. Tous les acteurs du processus électoral (partis
politiques, ministère de l’Intérieur, ONEL) faisaient preuve de bonne volonté dans la recherche des solutions à
l’épineux problème du fichier électoral. La personnalité du Général NIANG qui fut le premier président de l’ONEL,
a sans doute beaucoup contribué à l’instauration d’un climat de sérénité lors des différentes rencontres entre le
ministère de l’Intérieur et les partis. Sa grande capacité d’écoute pour essayer de comprendre les préoccupations des
Mais, dès l’avènement de monsieur Macky SALL, à la tête du ministère de l’Intérieur début novembre 2003, en
remplacement du Général NIANG, nommé ambassadeur, le climat politique des rencontres avec les partis a
beaucoup changé. En raison du caractère politiquement marqué du nouveau ministre, président de la C.I.S (Cellule
Initiative et Stratégie), la suspicion a commencé à s’installer. Lors du premier contact de Monsieur SALL, avec les
partis, le 18 novembre 2003, les discussions sur le fichier électoral ont connu des blocages. Les partis membres du
CPC (Cadre Permanent de Concertations) qui a été créé le 14 mai 2001, soit deux (02) mois après la sortie de l’AFP
(Alliance des Forces de Progrès) du premier gouvernement de l’alternance, ont exigé séance tenante une discussion
Suite à l’objection faite par les autres partis présents dans la salle de réunion et non membres du CPC, comme quoi
ils n’avaient pas reçu de mandats pour discuter de questions autres que celles inscrites à l’ordre du jour de la
convocation de la présente réunion, les partis membres du CPC décidèrent de quitter la salle.
Sur les 45 partis qui étaient présents lors de cette rencontre, 29 sont restés pour poursuivre la réunion. Les
discussions ont porté sur la nécessité d’un toilettage du Code électoral, l’étude d’une carte d’électeur à usage
multiple, les audiences foraines, la carte d’identité numérisée et sécurisée pour combler les lacunes de l’Etat civil,
etc …
115
116
Dans une correspondance n°014300 MINT/CL/DGF/DFC en date du 08 décembre 2003, le ministre de l’Intérieur,
Macky SALL, demande aux partis politiques de bien vouloir lui transmettre avant la date du 31 janvier 2004 au plus
tard, les points argumentés qu’ils souhaitent voir inscrits à l’ordre du jour des prochaines concertations sur le
processus électoral. Et, il est précisé dans cette correspondance que « tous les sujets seront discutés, mais les
L’exploitation des positions des partis par les techniciens du ministère de l’Intérieur, a fait ressortir que la majorité
des partis avaient opté pour une refonte partielle. C’est ainsi que le Ministère de l’Intérieur a élaboré le projet de loi
n°48/2003 relatifs à une refonte partielle du fichier électoral. Ce projet a été examiné par le Bureau de l’Assemblé
Nationale, mais ne sera pas finalement adopté par les parlementaires. Un consensus est intervenu entre la majorité et
l’opposition pour le retrait de ce projet de loi en attendant de plus amples concertations autour de la question. Cette
Dans une autre correspondance n°002899 MIN.CL/DGE/DFC en date du 05 mars 2004, Monsieur Macky SALL
rappelle que suite à sa lettre du 08/12/03 portant sur les points argumentés à soumettre au cadre de concertation sur
le processus électoral, son département, au regard des réponses émanant des partis, a fait un travail de synthèse qui
4) Le fichier électoral ;
Le 16 mars 2004, une concertation entre le MINT et les partis a eu lieu au Ministère des Affaires Etrangères et des
Sénégalais de l’Extérieur autour de deux points à l’ordre du jour : 1). Discussion sur les grands thèmes du processus
Constatant l’absence des partis du CPC à cette rencontre, le Secrétaire Général du PRC, Monsieur Samba Diouldé
THIAM, demanda le report de la réunion à une autre date, en fondant son argumentation sur le fait que le CPC, en
tant qu’acteur politique majeur, devait participer à des discussions qui engagent l’ensemble des acteurs du processus
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Compte rendu n°00020 MIN.CL/DGE/DFC du 05 Avril 2004 entre le Ministère de l’Intérieur et des collectivités
locales et les partis politiques portants sur le processus électoral.
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électoral. La majorité des partis souscrivent à cette demande de report justifiée par la fait qu’à leurs yeux, cela ne
pourrait que contribuer à favoriser le climat de confiance mutuelle et donner une chance supplémentaire pour créer
les conditions propices à la poursuite du nécessaire dialogue politique permanent entre les acteurs du jeu politique.
Mais, suite à la persistance du boycott par le CPC des rencontres initiées par le Ministère de l’Intérieur qui
exigeaient, le fait d’être reçu par le Chef de l’Etat pour des accords de principe sur des points relatifs au processus
électoral, le Président de la République accéda à leur requête, le 10 mai 2004. C’est ainsi qu’un accord de principe,
semble-t-il, a été obtenu entre le Chef de l’Etat et le CPC sur la création d’une CENA ou (CENI) et sur la refonte du
Entre temps, les concertations entre les partis et les techniciens du Ministère de l’Intérieur avaient démarré à l’Ecole
Nationale de Police depuis le 13 avril 2004 pour passer en revue le Code électoral, la gestion du fichier. Mais, ces
concertations furent interrompues brusquement suite à l’annonce par la RTS (Radiotélévision du Sénégal) dans son
Journal télévisé du soir du 10 mai 2004, des accords de principe sur le processus électoral, entre le Président de la
République et le CPC. C’est pourquoi, dès le lendemain, c’est-à-dire le 11mai 2004, les partis qui avaient accepté de
siéger dans les commissions techniques à l’Ecole Nationale de Police ont décidé de suspendre les travaux
techniques, en attendant d’être plus amplement édifiés sur le contenu des accords politiques annoncés la veille, entre
Les dix-sept (17) partis signataires du Communiqué intitulé : « Déclaration du 11 mai 2004 », justifiaient leur
attitude par le fait que la poursuite des discussions techniques entamées à l’Ecole Nationale de Police depuis 13 avril
2004, n’avait plus de sens dès l’instant qu’était intervenu un accord politique entre le Chef de l’Etat et une partie des
acteurs politiques sur le processus électoral. Ces partis, ne cessaient de rappeler qu’une concertation, par définition,
pour avoir un sens, devait être inclusive et participative, dans la mesure où elle concerne l’ensemble des acteurs
Dans le même sillage, les partis membre de la CAP 21 (Convergences des Actions autour du Président pour le
IIIème millénaire) , membres de la mouvance présidentielle, demandèrent de leur côté à rencontrer le Président de la
République pour être eux aussi édifiés sur le contenu des accords entre le Président WADE et le CPC. C’est ainsi
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que le Chef de l’Etat accorda à ses alliés de la CAP 21, une audience au Palais de la République, le mardi 25 mai
2004.
Mais, à la même période, un coup de théâtre se produit avec le changement intervenu dans la composition du
Gouvernement, avec le départ de Macky SALL du ministère de l’Intérieur, pour occuper le poste de Premier
Ministre.
Ce qu’il convient de retenir des six (06) mois de passage de Macky SALL à la tête du ministère de l’Intérieur (de
novembre 2003 à Avril 2004), c’est que la tension a été particulièrement vive à l’occasion des rencontres entre le
En fin avril 2004, Monsieur Cheikh Saadibou FALL, succéda à Macky SALL, à la tête du département de
l’Intérieur. Bien que ce dernier soit également membre du PDS et ancien maire de la commune d’arrondissement de
Fann-Point E – Amitié de 1996 à 2001, il était moins marqué politiquement que son prédécesseur.
Il convient de retenir que l’avènement de Macky SALL aux fonctions de Premier Ministre a entraîné une légère
2004, le dialogue a repris entre le ministère de l’Intérieur et les partis. La relative rupture dans l’approche
pragmatique des problèmes, avec des échéances précises de réalisation et la tonalité d’apaisement et d’ouverture du
message du chef du gouvernement devant les députés, ont entraîné un processus de dégel de la tension politique.
Le passage du ministre de l’Intérieur, Cheikh Saadibou FALL, devant la Commission des Lois de l’Assemblée
C’est ainsi, qu’à l’unanimité des commissaires de la majorité de l’opposition, la Commission des Lois, de la
Décentralisation, du Travail et des Droits Humains, présidée par monsieur Aly LO, a voté le projet de loi n°22/2004
portant sur la refonte totale du fichier électoral. Quant à l’Assemblée nationale, elle a voté en plénière le projet de
loi.
Toujours dans la dynamique de décrispation politique, la rencontre entre le nouveau locataire de la place
Washington et les partis, s’est déroulée dans un climat d’apaisement et de détente. Toutes les rencontres ont été
organisées pendant cette période ont connu des records de participation parce que les partis du CPC qui avaient opté
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pour une politique de la chaise vide plusieurs mois durant, ont accepté de répondre aux invitations de concertations
du ministère de l’Intérieur.
Des échanges importants ont pu avoir lieu sur la mise en œuvre du décret d’application de la loi n° 2004-32 du 25
août 2004 portant refonte totale du fichier électoral et annulation de toutes les listes électorales et de toutes les
inscriptions figurant dans le fichier général des électeurs et prescrivant l’établissement de nouvelles listes
électorales.
Des idées, des suggestions, voire des propositions d’orientations ont été faites par les acteurs politiques pour
Retenons qu’au cours du magistère de Cheikh Saadibou FALL au ministère de l’Intérieur, des discussions ont été
engagées sur le choix du noyau dur pour la refonte du fichier. La rencontre du 05 juillet 2004 axée essentiellement
sur cette question, n’a pas pu déboucher sur un consensus entre les partis. Certains étaient pour le fichier de l’an
2000 (taux de participation 61,71%), d’autres étaient pour le fichier des législatives du 29 avril 2001 (taux de
participation 69,70%), d’autres pour le Référendum de 2001, (taux de participation 65,74%) ; d’autres enfin, étaient
pour le fichier des élections locales du 12 mai 2002 (taux de participation 53%). Il convient de rappeler que cette
réunion qui a duré près de 8 tours d’horloge (10h à 18h) fut une des concertations les plus longues entre le ministère
Le ministre Cheikh Saadibou FALL, il faut le reconnaître, durant son passage au département de l’Intérieur, a fait
preuve de bonne volonté et d’esprit d’ouverture. Mais, au moment où personne ne s’y attendait, il a été relevé de ses
fonctions.
Le décret n°2004-1380 du 02 novembre 2004, porta monsieur Ousmane NGOM qui occupait le poste de ministre du
Commerce, à la tête du département de l’Intérieur. Ainsi, Cheikh Saadibou FALL, a fait huit (08) mois à la place
La première rencontre entre le nouveau ministre de l’Intérieur, Me NGOM, avec les partis, le 18 novembre 2004
s’est déroulée dans une ambiance particulièrement tendue. La rencontre du 18 novembre 2004 avait comme ordre du
jour, deux (02) points. D’une part, une prise de contact entre Me NGOM et les partis politique, et, d’autre part,
l’installation officielle du professeur Babacar GUEYE dans ses fonctions de Président de la Commission ad hoc,
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chargée de faire des propositions pour la mise en place d’une Commission Electorale Nationale Autonome (CENA),
De nombreuses perturbations ont émaillé cette rencontre, qui a connu une longue suspension, puis un report pur et
La deuxième rencontre entre Me NGOM et les partis, a eu lieu le 25 janvier 2005, à l’hôtel Savana. Celle-ci a porté
essentiellement sur la Carte électorale. Au cours de cette rencontre qui a enregistré la participation de plus de
cinquante (50) partis politiques, les techniciens du ministère de l’Intérieur ont déroulé la feuille de route relative à la
refonte du fichier électoral. dans un document intitulé Présentation de la nouvelle procédure d’inscription sur les
listes électorales. Son contenu s’articule autour des sept (07) points suivants :
Elle a annulé toutes les listes électorales et a prescrit l’établissement de nouvelles listes
basées uniquement sur une carte nationale d’identité numérisée. L’objectif visé est de
permettre la mise en place d’un fichier électoral fiabilisé à 100% tout en donnant aux
acteurs les moyens d’en vérifier avec certitude la qualité tout au long du processus et cela
2- « Extrait du Chronogramme
c) Solution informatique
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les partis politiques ainsi que l’organe de supervision retenu y sont représentés.
système électoral.
commissions d’inscription.
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récépissé d’inscription
un certificat de nationalité :
d’inscription ;
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b) Chaque soir, les données biométriques et d’images sont téléchargées vers le site
éventuelles ;
c) Les fiches de demande de CNI ainsi que les fiches d’inscriptions sur les listes
d) La DAF produit chaque jour les cartes d’identité nationale et les cartes
d’électeurs pour les faire acheminer vers les commissions émettrices sous plis
individuels cachetés.
5- « Volumétrie
a) L’objectif visé pour le nouveau fichier électoral est de trois (03) millions
délai de 180 jours (6 mois) d’obtenir (40x500x180 = 3 600 000 inscrits par les
heure pour une journée de 10 heures. C’est dire que le délai de six (06) mois est
c) Pour la nouvelle procédure, la carte électorale doit être établie à l’avance pour
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parlementaires lors du vote de la loi). Elle est établie sur la base de la dernière
K. L’arbitrage du Chef de l’Etat au sujet du choix du noyau dur pour la refonte du fichier électoral
Comme nous l’avons rappelé dans les pages précédentes, la décision de refonte totale du fichier électoral a été prise
A la suite du boycott des partis de l’opposition regroupés dans le CPC, des rencontres du ministère de l’Intérieur
avec les partis, pendant plusieurs mois durant, le Chef de l’Etat, accepta la requête du CPC, de la rencontrer pour
discuter avec lui des problèmes relatifs au processus électoral. C’est ainsi que, lors de la rencontre du 10 mai 2004,
un accord de principe était intervenu sur la création d’une CENA ou d’une CENI et sur la refonte partielle du fichier
Mais puisque cette décision a été prise au moment où des concertations entre les techniciens du ministère de
l’Intérieur et les partis se déroulaient à l’Ecole Nationale de Police sur la revue du Code électoral, ces partis avaient
suspendu ces concertations en attendant d’être édifiés sur les conclusions de la rencontre du 10 mai 2004.
C’est ainsi que les partis signataires de la Déclaration du 11 mai 2004, ont estimé que les discussions techniques
amorcées sur la revue du Code électoral, n’avaient plus d’objet dès l’instant ou un accord politique était intervenu
Dans le même sillage de cette position, les partis membres de la CAP 21, demandèrent de leur côté à rencontrer le
président de la République le mardi 25 mai 2004, Me WADE reçut ses alliés de la CAP 21.
Entre temps, l’Union pour le Renouveau Démocratique (URD) de Djibo Leïty KA avait rejoint le pôle présidentiel,
sans pour autant être membre de la CAP 21. Le Vendredi 09 juillet 2004, le Chef de l’Etat rencontra à nouveau la
CAP 21, élargie à l’URD. Les échanges ont porté sur la question du choix du noyau dur qui devait servir de base à la
refonte du fichier.
Une autre rencontre élargie à tous les partis politiques, est convoquée par le Chef de l’Etat, le 15 juillet 2004 par
lettre n°0727/PR.SP.PR/ass en date du 09 juillet 2004, à l’effet de discuter du processus électoral. Mais les partis du
CPC et du G10, regroupés entre temps dans CLARTE/NA LEER (coordination de lutte et d’Actions pour la
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Régularité et la Transparence des Elections), boycottèrent cette rencontre. Ils ont envoyé un Mémorandum au Chef
de l’Etat sur le processus électoral et ont organisé le même jour une conférence de presse à l’Hôtel Indépendance.
C’est au cours de cette rencontre du 15 juillet 2004, que le Chef de l’Etat informa de sa décision de procéder à une
refonte totale du fichier, suite à l’absence de consensus sur le choix du noyau dur. En substance, il déclara :
« Je préfère remettre le compteur à zéro et renvoyer tout le monde dos à dos. Tous les partis vont s’aligner sur la
Séance tenante, le président de la République informa qu’un projet de Loi sur la refonte totale du fichier électoral va
être soumis à l’Assemblée nationale. Rappelons qu’au cours de cette rencontre, trente trois (33) partis y ont
Il convient de préciser que dans la perspective de cette rencontre entre le Chef de l’Etat et la classe politique, le
Ministère de l’Intérieur, par lettre non datée avait demandé aux partis de lui faire parvenir par écrit, leurs positions
argumentées sur le choix du noyau dur et sur le fichier avant la date du 13 juillet 2004.
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Quelques jours après la rencontre du 15 juillet, la décision du Chef de l’Etat a été matérialisée par le dépôt au niveau
du Parlement d’un projet de loi portant annulation de toutes les listes électorales et de toutes les inscriptions figurant
dans le fichier général des électeurs et prescrivant l’établissement de nouvelles listes électorales. Quelques heures
plus tard, ce projet qui contenait de nombreuses failles et lacunes a été retiré et remplacé le 29 juillet 2004 par un
autre projet de loi, celui du n°22/2004 portant refonte totale du fichier électoral. Mais, ce dernier a connu plusieurs
versions avant son adoption définitive par l’Assemblée Nationale le 16 Août 2004. Promulguée par le Président de
la République, la loi n°2004-32 du 25 Août 2004 portant annulation de toutes les listes électorales et de toutes les
inscriptions figurant dans le fichier général des électeurs et prescrivant l’établissement de nouvelles listes électorales
« Article premier : Par dérogation au x articles L34 à L49 et L262 du Code électoral, un nouveau
Article 3 : L’inscription sur ce nouveau fichier est réalisée par des commissions
Article 4 : L’inscription s’effectue sur la base unique d’une nouvelle carte nationale
Article 5 : Une fois les opérations d’inscription terminées, les informations ainsi
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Article 6 : Une période d’un mois, après la publication des listes provisoires, est
électorales définitives.
Article 7 : S’il survient des élections avant la constitution définitive du nouveau
11. Refonte partielle du fichier électoral de 2017 instituant une nouvelle carte biométrique
CEDEAO pouvant contenir de données multiples (électorales, sécuritaires, sanitaires…)
12. Mission d’audit du fichier électoral 2010 (MAFE 2010)
13. Mission d’audit du fichier électoral 2018 (MAFE 2018)
14. Cadre de Concertation sur le Processus Electoral (CCPE 2018)
15. Audit du fichier électoral 2020
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