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EPIGRAPHE
‹‹ les organes chargés de la gestion des élections émergent ainsi comme des acteurs
majeurs de la performance desquels dépendent l'étendue et la qualité de la
participation des citoyens aux affaires de leur pays ››.
Pascal KAMBALE
[ii
DÉDICACE
A ceux qui me sont liés d'une manière affective, voici les réalisations tangibles de ce
que vous avez ensemencé.
A vous mes estimés et mirifiques parents : YAV KAPEND Samy et KAJ A MBAY
Albertine, pour vos sacrifices consentis à un prix inestimable tant sur le plan
financier, spirituel que moral.
[iii
REMERCIEMENTS
Bâtir un édifice n'est jamais l'oeuvre d'une seule personne. Pour la simple raison
que nous ne sommes que les héritiers de ceux qui nous ont précédés et les
bénéficiaires de nos contemporains.
A vous mes soeurs et frères soucieux de mes études : Carine Yav, Arlette Yav,
Christelle Yav, Monsieur l'abbé Jean-Jacques Patron YAV, Michel Yav , Benny
Mayamba, ainsi qu'à Benny Musenga.
C'est l'occasion pour moi de leur exprimer ma profonde gratitude pour le concours
dont ils ont fait montre en ma personne, je pense, à titre illustratif, à mes compagnons
de lutte, Aristote BONKUNDO, Rebecca BAMBATA, Daniel MENA, Laetitia
GAKALY, David BONIANGA, Tyna KAPINGA ainsi qu'à Splendide MPOSO.
1. Al : alinéa
2. Art. : article
3. BD : Bureau de vote
4. BV : Bureau de dépouillement
5. BVD : Bureaux de vote et de dépouillement
6. CADEG : Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance
7. CAHP : Charte Africaine de droits de l'homme et des peuples
8. CENCO : Conférence Épiscopale Nationale du Congo
9. CEI : Commission Électorale Indépendante
10. CENI : Commission Électorale NationaIe Indépendante
11. Cfr : confer
12. CLCR : Centre local de compilation des résultats
13. CIRGL : Communauté Internationale de la Région de Grands Lacs
14. CNS : Conférence nationale souveraine
15. CSAC : Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication
16. DIC : Dialogue inter congolais
17. DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
18. Ed : édition
19. IDEA : Institution international pour la démocratie et l'assistance électorale
20. IFES : International Foundation for Electoral Systems
21. JO : Journal officiel
22. MONUSCO : Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo
23. NED : National Endowment for Democracy
24. NDI : National Democratic Institute
25. OGE : Organe de gestion des élections
26. Op.cit : Observation déjà citée
27. OSC : Organisations de la Société Civile
28. RDC : République démocratique du Congo
29. SADC: Communauté de développement de l'Afrique australe
30. SYMOCEL : Synergie des Missions d'observation Citoyenne des Élections
31. UA : Union africaine
32. UE : Union européenne
33. USAID : United states Agence for international development
[1]
INTRODUCTION
I. PROBLÉMATIQUE
Une rapide radioscopie dans le chef de la CENI peint un tableau lugubre tombé en
déliquescence, quoique jouissant théoriquement de son indépendance organique et
fonctionnelle sur le plan du droit, des textes juridiques qui l'organisent, mais dans la
pratique celle-ci dépend entièrement de l'exécutif, à tel point qu'elle n'arrive à décider
sans consulter ce dernier.
La raison principale est la promixité trop grande de cette centrale électorale avec le
pouvoir en place, d'où l'inféodation, laquelle constitue le germoir des facteurs érosifs
1
La constitution de la République Démocratique Du Congo du 18 février 2006, tels que modifiée et
complétée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certaines articles de la constitution
de la République Démocratique Du Congo et loi-organique n°13/ 012 du 19 Avril 2013
modifiant et complétant la loi-organique n°10/ du 28 juillet 2010 portant organisation
et fonctionnement de la Commission Électorale Nationale Indépendante
[2]
Prévues fin 2016, les élections générales sur l'ensemble du territoire national
congolais ont été repoussées plusieurs fois faute de financement, période au cours de
laquelle le pays fut plongé par des crises politiques, débouchant par des accords
politiques, et à quoi l'on joint également et logiquement aux aspects techniques ( la
mise à jour du fichier électoral, par ex.) liés à l'organisation des élections ne pouvant
permettre à la CENI de respecter son calendrier électoral.
Ne serait-ce t-il pas de l'adage populaire : "La main qui donne est toujours au dessus
de celle qui reçoit ? " et un autre qui le confirme: " on n'organise pas une élection pour
la perdre."4 Il est inéluctablement légitime de constater que cette institution ne peut
être maître de son chronogramme, et cet état des choses éffrittent l' indépendance de
l’organe chargé du processus électoral en RDC.
Étant donné que cette commission électorale est composée selon cette logique de
représentativité, où la majorité des membres désignés par les forces politiques de
l'Assemblée nationale, rêvent d'une CENI sous sa coupe comme garantie des victoires
répétées restant ainsi redevables vis-à-vis de leurs partis qui les ont hissés, ne pourra
bénéficier de la crédibilité de tous.
A l'en croire, comment la CENI, une institution d'appui à la démocratie, est politisée
et/ou taillée sur mesure au service du pouvoir en place, car cette institution électorale
compte, dans la pratique, parmi les outils les plus utilisés par les partis au pouvoir
pour assurer leur victoire répétée aux élections, créant ainsi d'innombrables
dysfonctionnements, source de toute crise de légitimité institutionnelle. Ainsi, au
cours du processus électoral de 2018, nous avons constaté, à titre exemplatif
l'ntroduction du système de seuil pour des élections législatives et provinciales7.
Parallèlement à cela, le partage organisé quant à l'usage des machines à voter, flou
sémantique entretenu sciemment entre le pouvoir et la CENI, qui d'ailleurs proscrit
l'article 237 ter de la loi électorale , n'a inspiré confiance des citoyens Congolais face
au processus électoral en cours.
Ce qui fut, par voie de conséquence, Ia contestation des résultats des élections
présidentielle, législatives nationales et provinciales du 30 décembre 2018 par les
forces politiques de l'opposition et une bonne partie de la population congolaise, y
compris la Conférence Épiscopale Nationale du Congo, CENCO, en sigle 8. Dès lors,
la perception des citoyens congolais, des observateurs nationaux et internationaux
reste ainsi marquée par l'idée que les résultats de ces élections, entachées des
vicissitudes, n'ont pas reflété fidèlement le choix du peuple ; l'indépendance,
l'impartialité et la neutralité de cette commission électorale sont (re-) mises en doute
dans l'imaginaire collectif.
C'est donc une CENI conflictuelle qui, placée dans le champ de rivalité des appétits
politiciens et de lutte d'antagonisme, est chargée d'organiser les élections, alors que
l'idéal serait qu'un organe essentiellement technique au professionnalisme et à la
neutralité irréprochable gère le processus électoral en RDC.
De tout ce qui précède, pour une meilleure appréhension de notre réflexion, des
questions sont soulevées concernant l'autonomie de la CENI au regard de l'attitude du
gouvernement et des autres parties prenantes au processus électoral, pouvant détailler
notre lanterne :
7
Article 118 de la loi électorale telle que modifiée à ce jour.
8
Lire également le rapport final d’observation des élections directes et indirectes de 2018 et 2019 par la
synergie des missions d’observation citoyenne des élections, SYMOCEL en sigle.
[4]
Telles sont entre autres des questions qui structurent cette réflexion voulue
praxeologique dans sa finalité.
Pour le professeur Jules DOBO, toute étude qui se veut scientifique, doit au préalable
répondre à cette exigence notamment la formulation des hypothèses, une phase très
délicate, exprimant ce à quoi s'étend à l'issue des recherches: ce que devraient
confirmer ou infirmer les résultats de recherche9.
Il sied de souligner que, malgré son statut de l'institution indépendante, la CENI
demeure à ce jour dépendante, inféodée aux politiques. De ce fait, elle est liée aux
obstacles qui découleraient de sa composition paritaire, de l'influence du climat
politique, du retard dans le financement tant au niveau national qu'international, des
problèmes logistiques et techniques, de violations des textes légaux régissant les
élections, parfois taillés au service du pouvoir en place, etc.
Pour surmonter ces obstacles, la CENI devrait, selon nous, mettre en application un
certain nombre de remèdes en vue de l'organisation rationnelle des élections. Ces
remèdes seront, dans ce travail, circonscrits en quatre points majeurs, notamment :
9
DOBO KUMA Jules, cours d’initiation à la recherche scientifique, UCC, faculté de droit, 2019-
2020, p. 30.
[5]
Le choix d'une telle étude demeure évident, car en RDC nous avons constaté que
l'organe chargé de la gestion des élections est actuellement indispensable pour un
déroulement harmonieux du processus électoral, gage de la paix sociale dans un État
démocratique.
L'intérêt de cette étude a pour vocation d'aiguiser la réflexion sur un sujet d'actualité,
où l' ambition est de démontrer l'importance et la contribution d'un tel organe
indépendant à la conduite et à la gestion du processus électoral en République
Démocratique du Congo, en vue de consolider la démocratie, de cet État en voie de
développement.
A cet égard, il est à noter qu'il s'agit de l'analyse d'une institution fondamentale pour
la démocratie, car ‹‹ nul gouvernement n'est légitime que si son autorité et ses
fonctions ne découlent pas du consentement des gouvernés ››10, raison pour laquelle
nous allons déceler les facettes qui entourent la crise électorale et post-électorale plus
précisément celle de l'inféodation et/ou la politisation de la CENI.
Nous viserons à cet effet à proposer les approches des solutions pour une amélioration
de la neutralité voire indépendance de la CENI qui reste congénitale à la démocratie
face aux restrictions qui lui sont formulées par ses détracteurs en vue d'aboutir à des
élections libres, démocratiques et transparentes.
Analysée sous cet angle, l'étude sur l'indépendance de la CENI par ce billet
constituerait une gageure considérée comme un outil susceptible déguiser non
seulement les appétits de chercheurs, mais aussi et surtout en matière électorale.
Il est important et nécessaire que tout travail scientifique ou toute recherche use d'un
cheminement logique, d'un processus, d'une méthode.
Ainsi, dans le cadre de cette étude, il est pour nous évident de recourir aux méthodes
rassemblées autour d'un chemin qui emprunte à la fois les aspects juridique et
sociologique:
V. DÉLIMITATION DU TRAVAIL
Le présent travail scientifique mérite d'être délimité dans le temps comme dans
l'espace, afin de bien le circonscrire.
CHAPITRE I:
Ce chapitre sera subdivisé en trois sections majeures: primo sera consacrée aux
définitions de concepts de base (section 1) , secundo se propose de donner une vision
panoramique de la CENI (section 2); par quelques points de repère essentiels, en
partant de ses origines les plus fondamentales et en abordant certains points qui lui
sont rattachés notamment sa nature juridique, sa composition et structures, mode de
désignation ainsi que le siège et coordonnées ; infine, se focalisera sur les missions et
attributions (section 3) qui ont été assignées à cet organe de gestion des élections
(OGE), en RDC.
Tout travail scientifique exige une définition claire de ses concepts de façon à
éviter les confusions sur la différente compréhension d'un même terme, question de
placer ce travail dans un contexte général qui lui donne une cohérence.
C'est dans cet ordre d'idées que tout au long de cette section, nous allons définir tour à
tour les notions telles que processus électoral, démocratie, élection et enfin
l'indépendance d'une commission électorale.
In aliis verbis, le ‹‹ processus électoral ›› entendu comme une démarche qui favorise
et promeut la mise en œuvre ou la jouissance des droits électoraux du souverain
primaire, c’est-à –dire le peuple. En effet bien que le processus électorale fait souvent
l’objet de critique dans nombreuse pays, mais il sied de noter qu’il constitue ne en
moins le thermomètre de la vitalité de toute démocratie dans un État.
Pour certains auteurs, dont H. KELSEN, la démocratie est simplement une forme, une
méthode de création de l'ordre social, impliquant donc la volonté politique de tous, sur
un pied d'égalité.15 Pour d'autres, notamment L. KARL et C. SCHMITTER, constatent
que la démocratie est un système de gouvernement dans lequel les citoyens agissent
13
Selon le sens de l’article 211 de la constitution du 18 février 2006. Lire également les principes et
lignes directrices régissant les élections démocratiques de la SADC, partie préliminaires
14
BERGHMANS M. et NSAYI N., les élections apportent-elles plus de démocratie au Congo ?
MO*papers, n°67,1060 Bruxelles, 2012, p.4.
15
MUKONDE MUSULAY P., Démocratie électorale en Afrique Subsaharienne : entre droit, pouvoir et
argent, Globethics.net african Law 4, Genève, 2016, p. 30.
[9]
Vue sous cet angle, la démocratie dans le monde actuel prend souvent la forme d'une
démocratie fondée sur le principe selon lequel la souveraineté appartient au peuple qui
l'exerce à travers ses représentants au terme des élections régulièrement et librement
organisées.
L'élection17 est, en effet, la désignation libre, par le vote d'électeurs, des dirigeants
destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom. Ainsi l'organisation
des élections libres, régulières et transparentes devient le critère d'évaluation d'un État
qui se veut démocratique. D'où, l'expression ‹‹ démocratie electorale ››.
Ainsi, il supposse qu'un régime politique puisse découler du pouvoir du peuple, c'est-
à-dire les gouvernants auxquels on a octroyé cette légitimité du pouvoir politique sont
appelés à travailler pour le peuple : connaître leurs exigences, leurs attentes ainsi que
leurs problèmes , afin de résoudre les difficultés auxquelles est confronté ce dernier.
Les élections sont à cet effet un élément central de démocratisation, car elles
permettent non seulement aux citoyens de jouir librement de leurs droits, électoraux,
consacrés par les différentes lois constitutionnelles de chaque État, ainsi que par la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) 19. Mais surtout, de faire
participer ces derniers dans la gestion de la res publica.
Pour garantir à cet effet, cette démocratie en matière électorale et sachant que le droit
de vote est une liberté fondamentale garantie par les constitutions des Etats, par la
déclaration universelle des droits de l'homme et par les différents pactes
internationaux, son organisation et sa tenue ne peuvent être que dans les mains d'une
institution (Commission électorale) partiellement ou totalement indépendante à
d'autres institutions.
En d'autres termes, une commission électorale prend ses décisions sans l'influence de
forces politiques, sociales et économiques extérieures à elle. Elle n'est soumise qu'à
l'objectif d'organiser des élections crédibles et transparentes.
Il sied cependant de préciser que cette indépendance n'est pas synonyme de son
autarcie, car pour pouvoir accomplir sa mission, une commission électorale doit
impérativement travailler avec le concours d'autres institutions de la République 21.
L'on note, par exemple, pour parvenir à l'établissement d'un fichier électoral fiable,
l'administration électorale comptera sur les éléments démografiques lui fournis par
l'administration publique.
Une commission électorale doit être impartiale, en ce sens qu'elle doit traiter tous les
participants aux élections de manière équilibrée, égale et sans parti pris conformément
à la loi. Ainsi, elle se traduit par l'idée de sa neutralité celle de ne pas donner ou ‹‹
paraître donner quelques avantages que ce soit à un parti politique ou à un
regroupement d'intérêts ››.22
électorales avec un sens aigu d'intégrité, d'honnêteté, de bonne conduite, etc. donnant
ainsi lieu à la crédibilité d'une commission électorale, tout en respectant la
constitution et les lois de la République.
2. La transparence et le professionnalisme
23
Idem. p .31
24
Ibidem. P.33
[12]
L'article 211 de la constitution du 18 février 2006 qui a institué la CENI l'a voulue
Indépendante. Dans le même sens , les articles 2, 6 et 8 de la loi-organique du 28
juillet 2010 telle que modifiée et complétée par la loi-organique du 19 Avril 2013, y
compris l'art. 2 de la loi électorale de 2006 disposent que la CENI est une institution
indépendante.
2.1.1. Historique
Le renouveau démocratique au cours des années 90, fondé sur les libertés
fondamentales figure parmi les éléments caractérisant les efforts les plus notables en
RDC. En vue de rompre avec un passé marqué par les guerres civiles et un régime
dictorial, des consultations populaires, quête pour une démocratie plus effective, ont
été déclenchées par le président Joseph Désiré Mobutu.
S'inspirant de l'Accord Global et Inclusif adopté à Sun City le 1er Avril 2003 ainsi
que de la constitution de transition du 04 Avril 2003, sur base desquels ont été mises
en place des institutions d'appui à la démocratie, parmi lesquelles la Commission
Électorale Indépendante, CEI en sigle, actuellement CENI, était chargée de
l'organisation du référendum et des élections à différents niveaux des structures
politiques de l'Etat, jusqu'en 2006
Il sied de noter qu'en raison du retard constaté dans l'adoption par le parlement de la
loi-organique portant organisation et fonctionnement de la CENI, étant entendu ce
n'est qu'une loi-organique qui puisse créer un organe et non une constitution, la CEI a
légalement organisé les scrutins, sur base de la constitution de transition du 04 Avril
200328. Mais Avec l'installation effective du parlement le 3 février 2007, la CEI n'était
plus une institution d'appui à la démocratie en vertu de l'article 222, al. 2 de la
constitution de 2006.
Cependant, il a fallu attendre sept mois pour pouvoir, les membres du bureau de la
CENI composés de quatre membres de la majorité et de trois membres de l'opposition
politique, être investis le 26 Février 2011 par l'ordonnance n°11/ 012 du 03 Février
2011 portant investiture des membres du bureau de la CENI. 29C'est seulement le 30
Mars 2011 qu'intervient la remise et reprise entre la CEI et la CENI, soit huit mois
avant la fin du mandat constitutionnel du président de la République.
C'est donc dans cette perspective que fut créée la commission électorale nationale
indépendante.
collaboration, si cela s'avère nécessaire 31. Et cela ne signifierait en aucun cas que la
CENI est rattachée à une quelconque institution. Ce rattachement n'est pas absolu, et
donc relatif, de peur à entacher son indépendance qui la caractérise.
2.1.3.1. Composition
confessions religieuses;
des organisations féminines de défense des droits de la femme;
et des organisations d’éducation civique et électorale.
2.1.3.2. Structures
l'Assemblée Plénière;
le Bureau.
1. Rôle
Ses séances, présidées par son président, se tiennent à huis clos et ses décisions se
prennent par consensus, à défaut, par vote à la majorité absolue de ses membres. Elle
se réunit en séance inaugurale dans les quinze jours qui suivent l'investiture des
membres de la CENI.33
2. Composition
B. Le bureau
31
Art. 7 de la loi organique.
32
Art. 12 de la loi organique.
33
Art.23 ter de la loi organique.
34
Art. 23 quater de la loi organique.
[15]
1. Rôle
2. Composition.
Sur pied de l'art 24 bis de la loi organique, le bureau est composé des six représentants
de différentes forces politiques au sein du parlement. Cette composition se présente
comme suit :
Après avoir bénéficié de cet entérinement, comme tout autre membre de la CENI, le
Président doit être investi par ordonnance du Président de la République 38 pour un
35
Art. 24 de la loi organique.
36
Art. 16 de la loi organique.
37
Art. 12 al.2 de la loi organique.
38
Art. 12 de la loi organique.
[16]
mandat de six ans non renouvelables. Mais avant la prise des fonctions par le nouveau
patron de la CENI, il lui est fait obligation de prêter serment devant la Cour
constitutionnelle. Une fois investi de pouvoir, le président a rang des ministres et les
autres membres de vice-ministres.
Notons enfin que, le mandat de membres de la CENI prend fin par expiration du
terme (six ans), exceptionnellement en cas de décès, démission,etc.( Cfr. L'art.14 de la
même loi).
3.1. Missions
En outre, loi électorale du 06 Mars 2006, telle que modifiée à ce jour portant
organisation des élections présidentielle, législatives, Provinciales, urbaines,
municipales et locales, la charge de l'organisation de desdites élections.39
En clair, sa mission primordiale est donc d'organiser sur base des principes
démocratiques et de liberté de l'individu, des élections crédibles en RD.Congo tout en
gardant une position neutre et impartiale par rapport aux autres institutions, aux
candidats et aux électeurs.
3.2. attributions
Conformément aux termes de l'art.9 al.2 de la loi organique, pour une bonne
organisation des élections s'ajoutent à la mission principale des attributions,
notamment :
39
la loi n°06/ 006 du 9 Mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives,
Provinciales, municipales, urbaines et locales telle que modifiée par la loi n°11/ 003 du 25 juin
2011, la loi n°15/ 001 du 12 février 2015 et la loi n° 17/ 013 du 24 décembre 2017.
[18]
Considérant dès lors la délicatesse que revêt l'organisation des élections par le biais
des missions et attributions dévolues à cette centrale électorale, le législateur n'est pas
resté en marge de cette considération. Pour ce faire, le législateur lève l'option celle
d'un encadrement juridique approprié, permettant une effeciente gestion du processus
électoral.
[19]
Cependant, l'ordonnancement juridique y est donc très complexe. Dès lors, il convient
de présenter cet encadrement juridique relatif aux élections en RDC, classées selon
qu'elles se rattachent :
- Aux instruments juridiques à caractère universel et régional relatifs à l'organisation
des élections, dont les plus importants sont :
la charte africaine des droits de l'homme et des peuples (DAHP) adoptée par
l'organisation de l'unité africaine le 27 juin 1981;
1. Le recensement
40
Art. 5 de la loi électorale.
[21]
Avant les élections, les individus qui remplissent les conditions d'éligibilité,
après s'être identifiés , conformément à l'art. 5 de la loi électorale, se voient être
inscrits sur les listes électorales dans les circonscriptions où ils sont appelés à voter. Il
faut cependant veiller à ce qu'ils ne se fassent pas enrôler sur plusieurs listes ni dans
plusieurs circonscriptions à la fois. D'ailleurs, c'est ce qui fut le cas lors des opérations
d'enrôlement en 2018, où une bonne frange d' électeurs se faisaient enrôler de suite.
L'une des grandes étapes du processus électoral est celle de l'inscription des
partis et regroupements politiques et candidats Indépendants. En effet, le protagoniste
désireux exercé un mandat électif, devra faire acte par un dépôt de candidature auprès
de la CENI. Cette étape est réglementée par la loi électorale ( donne la durée, la
qualification des candidats et des pièces à produire), décisive pour la tenue du scrutin
et permet la préparation des bulletins de vote43. Et qui s'en suivra de la campagne
électorale des candidats inscrits.
41
Par circonscriptions électorales, il faut attendre par districts, au sein desquels les centres de vote y
implantés, étant généralement des écoles, où les électeurs sont destinés à voter leurs candidats.
42
Lire les Articles.110, 115, 128, 138, 174, 120, 207 de la loi électorale.
43
Lire les articles 12, 15, 18, 20, 22, 23, 24, 25, 104 et 121 de la loi électorale.
[22]
5. La Campagne électorale
Selon Jean Louis Esambo, La campagne électorale est une action coordonnée et
systématisée à laquelle se livrent les candidats en vue d’amener les électeurs à adhérer
à leurs idées ou projets de société. Elle se décline en une doctrine politique professée
pour solliciter le vote des électeurs dans le cadre d’une compétition réglementée.44
44
ESAMBO KANGASHE, Droit électoral, L'Harmattan, p. 65.
[23]
Les personnes privées par décision judiciaire définitive de leurs droits civils et
politiques et celles frappées d'une incapacité mentale médicalement prouvée ;
Cependant, Il sied de noter que le législateur congolais organise le vote par bulletin
papier, cas de 2011, celui réalisé par procuration, dérogation et, exceptionnellement
celui électronique (lire les articles 47 al. 1 et 57 al. 6 de la loi électorale).
2. Le Dépouillement
Enfin, la dernière étape se réalise, après consolidation des résultats de tous les CLCR,
lesquels résultats sont, généralement suivies des signatures des personnes habilitées et
de tout document requis par les législations électorales, transmis aux organes et
institutions compétents.
Il ressort qu'après cette publication par la CENI que peuvent naître des conflits de
nature diverse et qui font intervenir généralement différents organes, selon les cas,
constituant ainsi le contentieux électoral.
45
Art. 70 de la loi électorale.
[25]
2. Le contentieux électoral
En principe, il est admis que tout citoyen candidat à l'élection, selon le cas,
peut la contester s'il estime qu'il y a eu des irrégularités (fraude, tricherie, etc.)
entachées à cette dernière. Pour ce faire, la saisine de la juridiction compétente, selon
les cas, par requête s'avère indispensable.
En effet, l'art. 33 de la loi organique dispose que : ‹‹ en cas de recours porté devant la
juridiction compétente pour connaître des contentieux électoraux, la CENI apporte au
juge tous les éléments d'information (...) relativement au fait évoqué dans le
recours...›› Notons enfin que, chacune des juridictions devant connaître du
contentieux des élections, après examen dudit recours, rendra officiellement public les
résultats définitifs.46
46
Il s’agit de la cour constitutionnelle pour les élections présidentielles et législatives ; la cour
administrative d’appel pour les élections provinciales et le tribunal administratif pour les élections
urbaines, municipale et locale. (Art. 74 de la loi électorale).
[26]
CHAPITRE 2 :
Ces obstacles peuvent être circonscrits selon quatres ordres: d'abord, les
obstacles d'ordre matériel ( technique et logistique) et financier, ensuite les obstacles
d'ordre politique et émanant de sa composition paritaire ; et enfin ceux d'ordre
juridique et judiciaire.
Cette double exigence à laquelle est confrontée la CENI est liée à l'immensité du
territoire national. Car, elle se voit obliger de déployer au cours de chaque processus
électoral les différents matériels électoraux ( bulletins de vote, urnes, Isoloirs, etc.) au
niveau de toutes les circonstances électorales, et ce, sur un espace territorial dont la
superficie est de 2.345.410 km². Elle ne dispose cependant de toute la logistique
nécessaire pour atteindre les coins et recoins de l'ensemble du territoire.
47
ESAMBO J.L., droit électoral, op.cit. p.116
48
Rapport final : élection présidentielle et législative du 28 février 2011 de la Mission d’Observation
Electorale de l’Union Européenne ( MOE EU) RDC, P.39.
49
La MOE EU a constaté que l’impression de bulletin de vote est faite en Afrique du sud qui s’est
déroulée jusqu’au jour même de scrutin. Son acheminement a été assuré par l’armée sud-africaine puis
[27]
par la MONUSCO vers les échelons inferieurs. Voir également Http :.// journal. Open Ed.
org/échogeo/1 /3/19 : les élections de 2011 en RDC entre cafouillage et tripatouillage. Consulté le 10
sept. 2020.
50
MOE EU, op.cit., p.39
51
Art.8 de la loi n°04 /028 du 24 déc. 2004 portant identification et enrôlement des électeurs en RDC
modifiée et complétée par la loi n°16/007 du 29 juin 2016 et la loi n°18/007 du 27 juin 2018. Lire
également the carter center : les élections présidentielle, parlementaires et provinciales harmonisées de
2018 en RDC, mission d’experts électoraux. P.37.
52
La MOE SYMOCEL, op.cit. p.100.
[28]
doit tout attendre de ces partenaires extérieurs, étant entendu qu'une bonne
planification matérielle rime avec son financement.
Le budget de la CENI, loin d'en être ignorant, est progressivement financé par le
gouvernement, dès lors ses actions sur le terrain ne peuvent que dépendre du rythme
de financement dont elle bénéficie de la part de celui-ci et éventuellement à travers
une sollicitation de la CENI au gouvernement d'un appui de ses partenaires extérieurs.
Et dans ces conditions comment éviter l'implication des forces extérieures dans le
choix des dirigeants congolais ?
Évoquant cette question du financement de la Ceni lors d’une rencontre avec les
médias en février 2017, Corneille Nangaa déclarait : ‹‹ Tout dépend de leur volonté
(volonté des politiques) à mettre en œuvre l’accord de la Saint-Sylvestre. ››55 pour
l'organisation des élections.
Ceci dit, si le gouvernement ne finance pas les élections, la CENI ne peut être en
mesure d'organiser les scrutins.
53
YANGOZELA D., note polycopiée, op.cit. Voir également la revue congolaise d’analyse politique et
pratique électorale : « alternative citoyenne pour la gouvernance démocratique », hors – sérié, 2017.
p.35 : le parlement s’est acquitté de son devoir en allouant à la CENI depuis 2012 250 millions USD
pour chaque exercice budgétaire. Ce qui totaliserait 1 milliards USD à la fin de l’année 2015. Mais le
gouvernement n’a su mobilisé cet argent pendant le 4 ans précédents. Ce qui semble inconcevable.
54
www.radiookapi.net/actualité/20/2/02/21/Lambert MENDE, organisation des élections provinciales
dépend de l’appui des partenaires extérieur. Consulté le 10 juillet 2020, 07 h34’.
55
https:// revue habari RDC net/CENI-une-institution-pas–totalement-indépendante. Consulté le 04 mai
2020, 15h46’.
[29]
L'Observatoire de la Depense Pubique (ODEP, en sigle), quant à lui, a fait falloir que
le gouvernement ne sera en mesure de financer seul les élections en 2018, pour des
éléments ci-après : faible paiement des dépenses des opérations électorales avec les
autres rubriques budgétaires de la CENI ; le décaissement des fonds alloués au
processus électoral dépend de l’éligibilité du candidat ; l’inadéquation entre les fonds
sollicités par la CENI et ceux reçus du Gouvernement.58 et donc elle doit recourir à
ces différents partenaires extérieurs notamment la MONUSCO, la SADC, l’union
européenne, l’USAUD, National Endowment For Democracy (NED), National
Democratic Institute (NDI), International Foundation For Eletoral Systems (IFES),
etc.
A cet égard, disons que dans les deux cas, le financement des élections en RDC fait
toujours intervenir, à différentes échelles, des partenaires extérieurs.
i limite certaines de ses attributions, résultant d'une certaine lenteur due au manque de
volonté politique dans le décaissement de fonds en vue d'une organisation efficiente
des élections libres, transparentes et inclusives telles que l'exigent les lois de la
république en vigueur.
56
https://www.euractiv.fr/section/aide au développement / news/UE condition le financement des
élections en RDC au respecter de liberté/.consulté le 04 juin 2020.
57
www.jeuneafrique.com/politique/exclusif/ les détails du budget électoral en RDC/2018. Consulté le
10 juillet 2020.
58
https://www.odepRDC.org/la RDC est - elle capable de financer seule le processus électoral 2018 ?
[30]
La CENI, en tant que pouvoir organisateur des élections, en RDC, doit logiquement
bénéficier d'un climat politique serein marqué par la volonté des acteurs politiques
d'aller aux urnes dans le respect des délais constitutionnels. Or, une observation même
lugubre de faits depuis la réélection du président Kabila, en 2011, au sommet de l'Etat
prouve à suffisance le contraire jusqu'à ce jour. Il s'est avéré qu'après cette réélection
du président Kabila, les principales préoccupations des congolais se concentrent
maintenant sur le prochain cycle électoral, prévu pour 2016.
Il semble plus que probable que ce cycle ne pourra être complété dans les délais
constitutionnels. Les multiples inquiétudes et tentions qu'entoure l'avènement du
processus rendent désormais cette issue irréalisable, devant conduire à l'organisation
d'ici fin 2016 des élections générales.59
De l'autre côté, il y a l'attitude de la CENI usant, tour à tour, des contraintes relatives
au fichier électoral, à l'insécurité à l'est du pays, et surtout au manque de moyens
budgétaires disponibles, ne pouvant lui permettre d'organiser en toute quiétude les
élections en 2016. Dès lors, la perception de la population du climat dans lequel
devrait normalement se dérouler le processus en cours a profondément altérée,
l'accusant de vouloir retarder, au profit du régime en place, la tenue des élections au
delà de 2016. Il en découle vraisemblablement à des crises généralisées dans le pays.
59
Elections en péril et crises politiques en RDC : l’union européenne à la hauteur des défis
démocratiques et sécuritaires ? EUAC, open society foundations 2016, p.5.
60
Lire CC, 11 mai 2016, R. const. 262-journal officiel de la RDC, 57eme années, numéro spécial du 15
juillet 2016.
61
Elections en péril et crises politiques en RDC , op.cit. , P.8.
[31]
C'est avec raison que nous relayons la pertinence idée de Jean-Louis Esambo lorsqu'il
reconnaît en substance ‹‹ le pouvoir politique a, en raison des avantages et privilèges
qu'il procure, été souvent l'objet dans son exercice des convoitises et de conflits. ››63
Au lendemain du report des élections prévues fin 2017, des hauts responsables
politiques, notamment Jean Pierre Bemba et Moïse katumbi , y compris Adolphe
Muzito, ont tenté de s'inscrire comme candidats à la présidence et ont été exclus de la
course, par la cour constitutionnelle, 64 ainsi que par la suite l'exclusion des électeurs
de Béni, Butembo et Yumbi par la CENI à participer à l'élection présidentielle, ont été
largement perçues comme une preuve de la promixité trop grande de la CENI avec le
pouvoir, d'empêcher non seulement ces électeurs, mais surtout des opposants
éminents de se présenter aux élections de 2018.
Au cours de la même période, l'introduction des machines à voter par la CENI, qui
d'ailleurs proscrit l'article 237 ter de la loi électorale , n'a inspiré confiance des
citoyens Congolais face au processus électoral en cours, et pourrait être même à
l'origine de la compromission de la crédibilité des résultats.
Dans leur intéressante étude déjà citée, P. Ngoma-Binda et S. Otemikongo ont décrit
cette politisation en des termes si appropriés : ‹‹ il apparaît ainsi clairement de la
composition que la CENI n'était pas à proprement parler Indépendante. Elle était
placée sous contrôle politique, même si ce contrôle était censé être équilibré. (...)Cette
nouvelle loi sur la CENI aggrave cette politisation et rompt radicalement avec le
compromis de l'AGI (...)››.65
Surencherit Jean Louis Esambo : ‹‹ Il est dès lors visiblement clair que la CENI, dans
la pratique, ne peut non seulement atteindre ses objectifs suite aux contraintes
produites par l'environnement socio-politiques, mais également en raison de
l'hétérogénéité des origines des membres qui la composent ››66.
65
P. Ngoma-Binda et S. Otemikongo, op.cit, p.4
66
Esambo J.L., note polycopiée. op.cit. p.250.
67
BUANALI ILUNGA D ; le rôle des institutions d’appui à la démocratie pendant la
période de transition en RDC : (mémoire), UNIKIN, dépt.spa, 2003-2004, p.61
68
KAMBALE P., « contribution des organes de gestion électorale à l’organisions des élections
crédibles en Afrique de l’ouest », cité par la revue d’analyse politique et pratique électorale, op.cit.,
p.54.
[33]
Cet arrêt fait donc clairement primer l'art 70 sur l'art. 75 de la constitution qui dispose
que le président du sénat assure l'intérim dans le cas où les élections ne seraient
organisées dans le temps. En effet, il sied de clarifier que la constitution congolaise
est , dans son ensemble, cohérente et sans équivoque au sujet de la durée et du nombre
de mandats présidentiels autorisés. Interpréter l'art 70 de manière isolée, comme l'a
fait la Cour, met en mal cette cohérence. Car, c'est une décision illégale, qui viole la
constitution.
Outre les différentes modifications ayant intervenu dans la loi électorale en 2017,
celles de l'introduction du seuil légal de représentativité ( cfr l'art. 118 de la loi
électorale), étant un pourcentage légal de voix à réaliser sur l'étendue du territoire
national, pour être considéré le ‹‹ mieux élu ›› et d'avoir d'office ‹‹ un siège ››, semble
être non démocratique, en ce sens qu'elle constitue cette mesure d'exclusion de
l'espace démocratique pour les candidats Indépendants de se présenter à une élection
Poursuivant la même logique, le recours à des machines à voter pour les élections de
2018, semble être juridiquement douteux. En effet, la CENI, autorité administrative
dotée d'un pouvoir réglementaire, en contredisant l'art. 237 ter de la loi électorale,
impose un procédé électronique de vote prohibé. Ce non-respect des domaines de la
loi et du règlement est donc une violation de la constitution (art. 62 Al. 2 et 122.2).
Bien que la loi électorale ait prescrit,70 la CENI en est passée outre à publier les
résultats des élections de 30 décembre 2018 sans détails de chaque BV, ce qui a
alimenté des spéculations selon lesquelles elle aurait modifié les totaux des votes, et
contribué ainsi au manque de légitimité et d'intégrité du processus électoral. Elle a
donc violé la loi électorale.
Sur le plan judiciaire, un cas peut être mis en exergue, celui de l'art 33 de la loi-
organique qui permet les rapports entre la CENI et la cour constitutionnelle, en
l'occurrence, devant connaître du contentieux des élections. Il s'est avéré que ce
rapport légalement étroit, dans l'histoire des élections en RDC, a sans nul doute
plongé le pays dans le chaos, résultante de toute crise de légitimité et légalité des
institutions du pays.
70
Les art. 67 et 68 de la loi electorale
[35]
A la lumière des obstacles auxquels la CENI fait face, dans la pratique, aux fins de
l'organisation des élections inclusives, nous relevons, pour ce faire, un certain
nombres de remèdes pouvant permettre à cet organe de gestion électorale de bien
mener ses activités, pour ainsi espérer consolider son indépendance.
Cela étant, ces remèdes seront circonscrits en fonction des obstacles sus-évoqués les
uns servant de support aux autres, et vice versa, à savoir :
Prévoir toute une infrastructure électorale dont le volume doit être de manière
précise et fiable mais également l'allocation dans les conditions les plus
optimales du point de vue temps, quantité et qualité ;
A la CENI de :
Créer un calendrier électoral plus détaillé et axé sur les éventualités, par le
renforcement d'un plan national d'information et de sensibilisation avec toutes
les parties prenantes du processus électoral ;
En effet, nous avons constaté que la CENI n'a pas la maîtrise de son budget. Nous
recommandons ainsi aux pouvoirs publics de mettre à sa disposition des moyens
financiers au moment opportun en vue de lui faciliter la tâche d'obtenir tout ce dont
elle a besoin pour mener à bien ses activités.71
Ceci dit, étant donné que le financement des élections en RDC est reconnu à l'État
congolais, tel que le prévoit la loi, et à la lumière des écueils survenus à chaque cycle
électoral dans ce sens, il est impérieux pour l'État de se servir du passé ainsi pour
prévenir et minimiser les risques à l'horizon 2023.
In aliis verbis, ne pas attendre l'année électorale pour financer : l'Etat doit mettre en
place un mécanisme d'autofinancement anticipatif de la CENI, lequel épargnerait cette
institution de dépendre des humeurs des politiciens et, éventuellement, des partenaires
extérieurs. Ceci suppose une bonne volonté politique dans le chef des autorités
exécutives.
Ceci étant, l'idéal serait de financer à l'interne pour éviter les ingérances à caractère
international qui limitent assez souvent la souveraineté de l'État congolais, et parfois
remet en cause la neutralité de l'organe chargé des élections, en RDC, étant donné la
main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit, confirme un adage
populaire.
71
NDJOLI ESENGEKELI J., les constitutionalisme africain en la gestion des héritages et l’invention
du futur exemple congolais, thème de doctorat en droit public, université de paris I, Sorbonne, 2003,
p.53 - 54
[37]
Par ailleurs, les partenaires extérieurs peuvent toujours continuer à apporter leurs
contributions financières, pour la consolidation de la démocratie. Mais, il sied de
préciser que pour cette option, l'État doit prouver la nécessité d'en bénéficier et/ou
mieux son incapacité d'organiser les élections en toute crédibilité. Le passé aidant,
cette option a fait preuve des épineux problèmes.
A cet effet, les comportements des animateurs des institutions politiques, telles que
président de la république, le gouvernement et le parlement, des partis et
regroupements politiques, de la société civile, des médias, la police et l'armée, la
communauté internationale, tout en œuvrant sur base des principes démocratiques et
de liberté de l'individu, pour cette fin, sont décisifs pour la paix, en RDC, afin d'éviter
les écueils qui débouchent sur des crises post-électorales, se scrutant souvent par le
sang.
Il s'est avéré que le mode actuel de désignation de la CENI n'a fait preuve
d'efficacité de cette institution. Cependant, tant que ce mode restera numeriquement et
éminemment politique, il sera difficile de garantir pleinement son indépendance. Car
clamer et réclamer l'indépendance de la CENI ne signifie pas nécessairement qu'elle
l'est en fait.
72
N'SAMBA KALAMBAY A., la ceni jouit-elle de son indépendance organique et
fonctionnelle ?, par la rédaction Africa news du 16 déc. 2016. Consulté le 20 janvier
2020.
[38]
Enfin, nous recommandons, en outre, à la CENI de former ses agents tant au niveau
local que provincial, pour ainsi garantir le professionnalisme de son système
d'organisation et fonctionnement tout en tenant compte dans le chef de ces agents d'
une expertise électorale avérée, et ce, justement sur base de critères de compétences,
d'intégrité physique et morale, etc.
Autant le climat politique est favorable pour l'organisation des élections libres,
autant un cadre juridique approprié est propice pour tous. Cependant, se référant aux
différentes contraintes d'ordre juridique qu'a subi la CENI, nous recommandons ce qui
suit :
Reviser la loi électorale dans le cadre d'un processus inclusif, afin d'assurer
que les seuils électoraux conformément à l'art. 118 de la loi électorale,
n'imposent pas des contraintes déraisonnables au droit de se porter candidat,
en particulier pour les candidats Indépendants ;
73
L’art.58 al. 1 de la L.E dispose que l’électeur qui se trouve dans l’impossibilité de voté seul a le droit
de se faire assister par une personne de son choix. Le second al. dispose que tout électeur ne peut
communiquer de celui-ci.
[39]
Ainsi, il est nécessaire que pour les forces vives de la société, pris dans son ensemble,
si ils veulent consolider les acquis démocratiques, en matière électorale, de mener un
combat démocratique pour une réforme efficace et durable du système judiciaire, qui
devrait être en mesure d'examiner de manière impartiale et objectif tous les
contentieux électoraux.
Notons enfin que le pouvoir judiciaire doit d'abord assurer sa propre indépendance
avant de garantir celle de la CENI. Ceci permettrait d'éviter des crises de légitimité et
de légalité, pour lesquelles les institutions politiques en souffrent, depuis la nuit de
temps.
[40]
Conclusion
Force nous est, somme toute, d'affirmer que ce travail consacré à ‹‹ la problématique
de l'indépendance de la CENI dans la gestion du processus électoral en RDC ››,
convient-il de préciser, est parti d'un simple constat que l'institution d'une commission
électorale indépendante, en RDC est actuellement indispensable pour un déroulement
harmonieux du processus électoral.
Cette situation, qui remonte aux années 90, crée une certaine effervescence
démocratique dont la finalité ultime demeure l'organisation des élections libres,
transparentes et inclusives. Toujours est-il que tous les évènements y compris les
guerres qu'à connues le pays ces dernières décennies, suivies d'ailleurs des
négociations entre acteurs politiques locaux, sur fond d'une forte implication de la
communauté internationale, ont pour justification principale aujourd'hui l'organisation
d'un scrutin démocratique, afin de légitimer le pouvoir, par le truchement d'une
institution électorale " indépendante ", une conquête passée dans la législation
congolaise.74
Considérant cette donnée majeure, nous nous sommes particulièrement intéressé aux
actions entreprises par la CENI au cours de la période électorale 2011-2018. Ainsi
donc, nous avons cherché à savoir non seulement l'origine et la mission de la CENI,
mais aussi et surtout à déterminer les obstacles auxquels cette institution fait face,
dans la pratique, aux fins de l'accomplissement de sa mission et de ses attributions,
qui entravent par conséquent la perception de son indépendance.
A cet égard, nous sommes parti de l'hypothèse selon laquelle la CENI, quoique
jouissant théoriquement de son indépendance organique et fonctionnelle sur le plan du
droit, des textes qui l'organise, elle demeure, dans la pratique, inféodée aux politiques,
résultant de sa promixité trop grande avec le pouvoir , source de tout facteur érosif de
son indépendance.
A la lumière de ces analyses , nous avons traité ce sujet en deux chapitres : le premier
s'est axé sur une vision panoramique de la CENI. Ce qui nous a permis de retenir
entre autres que la CENI est une institution d'appui à la démocratie, aux termes de
l'article 211 de la constitution du 18 février 2006.
Le second s'est érigé à démontrer les principaux obstacles ayant porté atteinte à
l'indépendance de la CENI, notamment de l'influence du climat socio-politique, de
l'hétérogénéité des origines de ses animateurs, du retard dans le financement, des
problèmes matériels, de violations des textes légaux en vigueur, ainsi que le
dysfonctionnement du pouvoir judiciaire...
A l'issue de nos investigations, il est clairement apparu que la CENI n'est proprement
à parler Indépendante, suite aux restrictions qui lui sont formulées par ses détracteurs,
qui rêvent d'une CENI comme garantie de victoires répétées aux élections.
Cependant, pour conserver les acquis en matière électorale passés dans la législation
congolaise, résultant de la rupture du tissu d'avec le régime dictatorial, convient-il de
74
Aux termes de l’art.211 de la constitution en vigueur institue la ceni
[41]
A l'en croire, l'indépendance de la CENI est une garantie de paix et de sécurité pour
tous. Car garantir l'indépendance de la CENI, par ricochet des élections inclusives,
partant consolider la paix dans un pays post-conflit comme la RDC, est a fortiori
bénéfique aux acteurs politiques, pour gouverner légitimement et légalement, afin
d'éviter les crises institutionnelles récurrentes post-électorales. Car , il ne sert à rien de
passer un mandat à revendiquer une légitimité contestée. A en croire, DJOLI
ESENGEKELI, les gouvernements sont légimes que si elles émanent de l’élection,
pourvu qu'elle soit crédible 75. En d'autres termes, nul gouvernement n'est légitime que
si ses fonctions ne découlent du consentement du peuple. Sinon on n'est pas plus
avancé qu'à l'époque des partis uniques et/ou régime dictatorial.
BIBLIOGRAPHIE
La charte africaine des droits de l'homme et des peuples (DAHP) adoptée par
l'organisation de l'unité africaine le 27 juin 1981.
1. Cadre constitutionnel
2. Cadre législatif
3. Cadre réglementaire
indépendante « CENI ».
· L'arrêt R. Const. 262 - journal officiel de la RDC, 57é année. Numéro spécial
du 5 juillet 2016.
C. DOCTRINE
1. Ouvrages
D. MÉMOIRES
E. NOTES DE COURS
G. WEBOGRAPHIES
Http : // www. ceni. rdc. org. Consulté le 11 juin 2020, à 16h 10'
Http//wwwCongo-Independent-com/affaire-Bemba-vs-ceni-la-cour-
constitutionnelle-a-assassiné-et-le-droit-pénal-et-la-justice-en-
RDC.Consultéle1 septembre 2020, à 15h 44'
https://www.radiookapi.net/actualite/2012/02/21/lambert-mende-
lorganisation-des-elections-provinciales-depend-de-lappui-financier-des-
partenaires-exterieurs. Consulté le 10 juillet 2020, 7h 34'
ttps://www.memoireonline.com/04/15/9109/Lapport-des-commissions-
[45]
electorales-au-renforcement-de-la-democratie-en-Afrique-contraintes-pr.html.
consulté le 30 Mai 2020, 15h.