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Conférence de presse du Vice-Président de

« ENSEMBLE pour le changement » du 04 juin 2018

Mesdames et Messieurs les journalistes,

La RDC, notre pays, va mal, très mal. Et les évènements récents ne sont pas de
nature à rassurer notre peuple. L’environnement politique continue encore et
toujours à être volontairement crispé.
Ni le Président de la République, ni le Gouvernement, ni aucune institution de l’Etat
n’ont daigné relever les erreurs graves et volontaires enregistrées sur le fichier
électoral, le Président et le Gouvernement continuent à fermer les yeux sur
l’entêtement qu’affiche la CENI à imposer la machine à voter, les harcèlements de
l’opposition pour l’empêcher de tenir des Meetings dans les espaces publiques ou
privées s’accentuent.
Ajouter à cela les nombreuses déclarations sur l’éventualité d’une troisième
candidature du Président Kabila, et nous comprendrons que nous cheminons
sûrement vers un désordre absolu très probablement planifié par la Majorité.
« ENSEMBLE pour le changement » est très préoccupé par cette situation et vient
vous donner ici sa position :

1. Concernant la décrispation politique

A ce jour, malgré les recommandations de l’Accord de la Saint Sylvestre, aucune


mesure de décrispation politique sérieuse n’a été véritablement d'application.
En effet, à moins de deux mois de l’ouverture des Bureaux de réception et
traitement des candidatures pour l’inscription des candidatures présidentielles et
des députés nationaux, aucun opposant politique emblématique n’a été libéré ;
aucun exilé politique n’a pu retourner au pays ; le contentieux du dédoublement
des partis politiques n’a pas été vidé ; les espaces démocratiques et médiatiques
n’ont pas été libéralisés ; les poursuites judiciaires contre les opposants n’ont pas
été abandonnés ; les mesures d’interdiction des manifestations pacifiques n’ont
pas été levées ; la liste des partis politiques autorisés à participer au processus
électoral a été publiée avec des irrégularités intentionnelles graves.
En plus de cela, nous assistons à un harcèlement politique, judiciaire, policier et
violent des membres de l’opposition, en particulier ceux de notre plate-forme
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« ENSEMBLE pour le changement », et même du Clergé. A titre d’exemple, nous


citons :

1. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, des militaires ont attaqué le siège du PND à
Lubumbashi. Après avoir tiré à balles réelles, paniquant le quartier, les assaillants
ont concentré le feu sur le mur qui portait l’effigie du Président KATUMBI où ils ont
mis le feu, se faisant auteurs d’une attaque armée, d’une tentative de meurtre des
occupants des lieux et d’une destruction méchante ;

2. Dans la nuit du 02 au 03 mai 2018, aux environs de KYAVINYONGE en territoire


de BENI, les grands parents de l’Honorable NZANGI MUHINDO BUTUNDO ont été
massacrés par un groupe de personnes habillées en tenues FARDC ;

3. Le 09 mai 2018 à Kisangani, l’Honorable Dieudonné BOLENGETENGE,


Coordonnateur Régional de « ENSEMBLE pour la Tshopo et le Bas Uélé » a été
l’objet de menaces et de provocations des forces qui ont tenté
d’empêcher l’installation de nos structures de base ;

4. Le 20 mai 2018 à BUKAVU, l’honorable Jean-Claude KIBALA, coordonnateur


Régional de « Ensemble pour le Sud Kivu », a échappé de justesse à une tentative
d’enlèvement par des militaires qui se sont ensuite réfugiés dans l’enceinte de
l’Etat-Major des FARDC ;

5. Le 24 mai 2018, à Bunia, certains responsables de « ENSEMBLE », parmi lesquels


l’honorable Norbert EZADRI, ont été séquestrés quand ils ont voulu procéder à
l’installation locale de la plateforme ;

6. Le samedi 02 juin 2018, le Centre Interdiocésain de Kinshasa a fait l’objet d’une


violation de domicile manifeste, avec menace de mort, de la part du Bourgmestre
de la Commune de la Gombe qui a fait arracher deux banderoles sur lesquelles
étaient rappelés deux des principes fondamentaux de l’Accord de la Saint Sylvestre
à savoir : « pas de 3è mandat présidentiel. » et « pas de révision constitutionnelle ».

Pendant ce temps, la MP bat campagne, en toute violation de la loi, pour le candidat


KABILA à travers la tournée du PPRD et les grandes artères des villes du pays sont
parsemées de matériel de propagande allant dans ce sens.

Nous exigeons qu’une enquête sérieuse contre ces exactions soient menée et que
les coupables soient traduits en justice.
Comble de ces harcèlements, l’acharnement s’accroit sur Moïse KATUMBI. Procès
après procès, le pouvoir ne cesse d’inventer grossièrement des affaires à sa charge
afin d’obtenir sa condamnation et ainsi son élimination de la course à la
présidentielle. De l’affaire farfelue de recrutement des mercenaires aux
accusations graves et ridicules de préparation d’une rébellion à partir du territoire
d’Aru en Ituri, en passant par celles de prétendues escroquerie immobilière et de
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détention d’une nationalité étrangère, le pouvoir en place a opté pour la


diabolisation de Moïse KATUMBI, allant jusqu’à l’accuser ou le soupçonner des faits
sans aucun fondement. Il est victime de l’arbitraire et du harcèlement judiciaire par
le pouvoir. Celui-ci continue à s’acharner sur Moïse en dépit de son innocence
prouvée par la commission de décrispation politique de la Conférence Episcopale
Nationale du Congo (CENCO).
Nous exigeons que ces poursuites fantaisistes contre Moïse KATUMBi soient
purement et simplement abandonnées, qu’on le laisse rentrer librement au pays
pour qu’il puisse être le Candidat de « ENSEMBLE pour le changement » à
l’élection du 23 décembre 2018. Seul l’avenir des congolaises et des congolais le
préoccupe.
Ce climat de terreur et de violence croissante constitue une lourde menace non
seulement pour l’organisation des élections libres, crédibles, transparentes et
apaisées, mais aussi pour la paix dans notre pays et dans la Région. Nous exigeons
que tous les prisonniers politiques soient libérés et que cessent le harcèlement des
forces politiques de l’opposition.
2. Concernant l’audit du fichier électoral

Nous ne reviendrons pas sur toutes les erreurs graves qui ont été relevées par la
mission d’audit conduite par l’O.I.F d’autant plus que les forces politiques de
l’opposition les avaient déjà dénoncées bien avant.
Pour cela, nous exigeons que ces erreurs soient corrigées, que les responsabilités
soient dégagées et les coupables volontaires ou non, soient sanctionnés.
Raison pour laquelle, nous en appelons à la responsabilité du Président KABILA,
de considérer qu’il est de son devoir, en tant que garant du bon fonctionnement
des institutions d’interpeller la CENI pour incompétence et négligence graves.
Nous l’interpellons également sur la responsabilité du Gouvernement et de la CENI
dans les troubles qui peuvent subvenir suite aux erreurs planifiées, volontaires et
bien organisées pendant l’enrôlement pour corrompre le fichier électoral.

3. Concernant la machine à voter

L’entêtement à vouloir imposer la « machine à voter » qui n’est rien d’autre qu’un
« vote électronique, une technologie décriée par tous les partenaires y compris son
pays de fabrication, la République de Corée du Sud, cache à peine les mauvaises
intentions du pouvoir en place, pour qui, le détournement des votes deviendrait
désormais aisé. Cette technologie n’a d’ailleurs plus de raison d’être d’autant plus
que le principe du seuil et du paiement de la caution lors du dépôt des candidatures
retenu dans la loi électorale, a résolu le problème de bulletins kilométriques et
volumineux par le regroupement des partis politiques tout en impactant
positivement sur le budget des élections.
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4. Concernant l’éventuel 3ème mandat du Président Kabila

Toutes les rumeurs et déclarations sur l’éventuelle candidature du Président


Kabila aux prochaines élections ne font qu’aggraver un environnement politique
déjà insoutenable. Le président de la République ne peut pas continuer à feindre
d’ignorer une situation qui ne fait que se détériorer chaque jour d’avantage. Il est
de son devoir, en tant que garant de l’ordre public, d’y mettre un terme en
déclarant solennellement, comme plusieurs organisations nationales et
internationales n’ont cessé de lui demander, qu’il ne se représentera pas pour une
3ème fois.
Ainsi, nous lançons un appel solennel à la conscience et à la responsabilité
personnelle du Président de la République, qui, par action ou par omission, se
trouve être au centre de la crise actuelle.
Nous attirons sa particulière attention sur sa responsabilité première dans la
situation que traverse notre pays. Il ne gagne rien en gardant le silence face à la
crise qui s’accentue chaque jour davantage.

5. Concernant la Cour Constitutionnelle

Cette Cour est prévue par la Constitution comme l’organe compétent pour la
gestion du contentieux des candidatures et du résultat de vote pour les élections
présidentielle et législatives nationales. A cet effet, elle peut, en dernier ressort,
invalider des candidatures et rectifier les résultats de vote.
Malheureusement, en référence à certaines décisions iniques intervenues dans le
cadre du processus électoral, cette haute Cour a administré la preuve de son
instrumentalisation par le régime Kabila, comme le témoignent ses arrêts
autorisant respectivement la nomination des Gouverneurs de province
(Commissaires Spéciaux) (septembre 2015) et la prorogation de fait du mandat du
Président de la République (octobre 2016), rendus en violation flagrante de la
Constitution, de sa loi organique et son règlement intérieur.

6. Concernant la crise sociale (Etudiants, Enseignants, fonctionnaires,


chauffeurs, médecins)

La banalisation de la détresse du Peuple congolais, l’irresponsabilité,


l’inconscience et le cynisme criminels des autorités congolaises qui, pour des
raisons fallacieuses, ont même refusé de participer à la Conférence des donateurs
humanitaires à Genève, nous interpelle tous.
La situation sociale se détériore au jour le jour notamment avec le blocage du SMIG,
des grèves à répétition des médecins, des chauffeurs de taxis et de taxis-bus, des
anomalies dans la paie des fonctionnaires, des frais exorbitants imposés par le
ministère de l’éducation et les provinces pour la participation aux examens d’état
et au TENAFEP, qui violent le principe de la gratuité de l’enseignement primaire.
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Cette situation sociale plonge une majeure partie de la population dans la précarité
la plus abjecte.

7. Concernant le calendrier électoral

Pour notre plate-forme « Ensemble pour le Changement » cette situation exige que
l’on aille le plus rapidement possible aux élections afin de doter le pays des
institutions légitimes stables pour que le peuple congolais se mette enfin au travail
afin de produire les richesses et combattre la pauvreté.

C’est ainsi que nous invitons nos amis de la Majorité à la lucidité, à la retenue, à la
sagesse et au bon sens car les problèmes de ce pays ne vont pas se résoudre par la
violence ni par la haine. Ils ne se résoudront pas, non plus, par l’exclusion de
certains de ces enfants a participé aux prochaines élections sur base des prétextes
fallacieux fabriqués dans des officines politiques obscures.

Nonobstant tout ce qui a été planifié par la Majorité au pouvoir pour biaiser le
processus électoral, le peuple congolais ne tolérera plus aucun report ; le 23
décembre 2018 prévue pour des élections combinées (présidentielle, législatives
et provinciales) est une date ultime pour tous et ne doit plus être dépassée quelles
qu’en soient les circonstances.

Je vous remercie
Kinshasa, le 04 juin 2018
Pierre LUMBI OKONGO

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