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et démocratisation au Niger
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exhaustivement. On se contentera tis qui voulaient s’en assurer le con-
plus modestement, pour illustrer trôle à travers la désignation de
notre propos, de relever quelques leurs membres, afin d’en influencer
séquences, parmi les plus significa- les travaux. Une fois ces institutions
tives, mais toutes aussi déterminan- mises en place, au nombre des
tes les unes que les autres pour tâches qu’elles doivent exécuter,
montrer la vulnérabilité à laquelle figurent la popularisation du projet
le processus électoral a été conti- constitutionnel, le découpage électo-
nuellement soumis. ral, puis l’identification des élec-
A la première étape de ce pro- teurs. Cette dernière opération peut
cessus se trouve le choix du mode être décomposée en deux épisodes :
de scrutin. On sait que ce choix l’établissement des listes électorales
n’est jamais dépourvu d‘arrière- et la distribution des cartes d‘élec-
pensées politiques et le Niger n’a teur.
pas échappé à cette règle. A ce La campagne pour la populari-
niveau, les débats ont opposé les sation de la constitution en vue du
partisans de la représentation pro- référendum a occupé une place de
portionnelle qui voyaient par là un choix dans le déroulement du pro-
moyen d’assurer à leurs formations cessus. Ailleurs, il a suffi parfois
politiques une représentation mini- que les médias s’en chargent. Ici,
male à l’Assemblée nationale, et les en raison de certaines données
partisans du scrutin majoritaire qui sociologiques relatives à la culture
tablaient sur leur assise politique politique (non accès à la langue
locale pour conquérir le pouvoir française, caractère exogène du Ian-
$Etat. gage politique, rapport à la culture
En second lieu arrive la mise en démocratique), il a fallu que les
place des organes de gestion du hommes politiques descendent dans
processus électoral. Ici, les princi- l’arène pour expliquer le contenu de
pales institutions du régime de tran- la constitution et ses implications.
sition, à savoir le HCR (Haut con- Le point d’achoppement ne s’est
seil de la République) et le gouver- pas situé au niveau du débat sur les
nement, s’étaient respectivement institutions, leur équilibre, etc. Les
dotés d‘organes propres. Le HCR débats les plus houleux ont surtout
installa la COSUPE (Commission ét$ provoqués par la nature de
de Supervision et de contrôle des l’Etat, telle que la nouvelle consti-
élections) dont la mission fondamen- tution la proposait. Les associations
tale fùt le contrôle des élections. De islamigues se sont mobilisées con-
son côté, le gouvernement s’est vu tre 1’Etat laïc proposé par le pro-
confier la tâche d’assurer l’organi- jet, en menant une campagne qui a
sation matérielle des opérations élec- failli conduire à son rejet, sans le
torales à travers la CNE (Commis- compromis auquel elles sont parve-
sion nationale des élections). Là, les nues avec le pouvoir de transition,
enjeux se situent au niveau de la à savoir le remplacement du mot
délimitation du champ de leurs laïc par non confessionnel n.
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faut. Une autre étape réside dans la porte les observateurs internatio-
validation des résultats du scrutin. naux invités en grande pompe et
On a pu identifier deux types de présents massivement sur le terrain.
validation : une première institu- Loin d’être une simple mise en
tionnalisée à travers la COSUPEL scène, les opinions qu’ils émettent
et la Cour suprême. La COSUPEL sur les résultats en particulier et sur
proclame les résultats provisoires et le vote en général donnent un
la Cour suprême les entérine ou cachet de légitimation qui résorbe
non en leur donnant une valeur les possibilités de contestation en
juridique. Ici, le problème fut celui augmentant le capital de crédibilité
des délais légaux requis pour vali- des résultats.
der et proclamer le résultat des élec- On pourrait encore identifier
tions. L’exemple le plus édifiant d’autres séquences non moins
concerne l’élection présidentielle. La importantes. Mais l’objectif recher-
constitution prescrit des délais ché ici, au-delà de l’objectivation
stricts de 14 jours entre le premier des enjeux qui parsèment le proces-
et le second tour de ces élections. sus électoral, était aussi d‘attirer
Des confusions existent sur la déter- l’attention des chercheurs en science
mination du moment à partir politique sur des objets inhabituels.
duquel courent les 14 jours. Faut-il On sait que bien des recherches se
compter à partir de la date du pre- sont intéressées à la sociologie élec-
mier tour ou à partir de la date de torale (analyse des résultats électo-
publication des résultats officiels par raux et des modes de scrutin).
la Cour suprême? La réponse à Cependant, peu d’intérêt a été
cette question a donné lieu à de accordé à l’étude des processus élec-
véritables batailles juridico-politiques toraux qui impliquent non seule-
qui ont conduit la Cour suprême, ment une analyse des politiques
pour faire baisser la tension créée, publiques électorales dans leur
à accélérer l’examen des résultats dynamique agissante, mais aussi les
provisoires afin de hâter la procé- enjeux qui les sous-tendent et les
dure. luttes qu’elles génèrent.
Une seconde forme de valida-
tion doit être retenue du fait de son
caractère spécial aux pays du tiers- Ali Illiassou
monde. I1 s’agit de la caution qu’ap- Mahaman Tidjani Alou
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