Une publication éditée dans le cadre du projet

d’Appui aux Médias Centrafricains (PAMCA)

avec le soutien de

Mardi 1er février 2011 Supplément gratuit : ne peut être vendu n° 10

LE JOURNAL DES ELECTIONS TIRE SA

REVERENCE
SCRUTIN DU 23 JANVIER:
Voici venu l’instant déchirant des adieux.
Avec ce numéro 10, qui rend compte du
déroulement du double scrutin du 23 janvier
LES PREMIERES LEÇONS
dernier, le Journal des élections parvient en
effet au terme de sa mission consistant à
proposer aux lecteurs, d’ici et d’ailleurs, une
information complète et objective sur les
différentes phase du processus électoral
censé doter la République Centrafricaine
d’un président de la République et d’une
Assemblée nationale légitimes.
Les 9 numéros qui ont jalonné son parcours
ont eu le mérite de constituer le reflet non
seulement de la presse écrite, mais aussi de
la République Centrafricaine elle-même,
avec ses atouts et ses faiblesses.
Pour son dernier numéro, le Journal des
élections a choisi de déployer quelques uns
de ses reporters dans l’arrière-pays pour
vivre parmi ceux de nos compatriotes ap-
partenant à des groupes qualifiés de minori-
taires ou vulnérables le déroulement des
opérations de vote.
A plus d’un titre, leurs témoignages permet-
tent de mesurer la largeur du fossé qui sé-
pare le pays profond du centre de l’Etat ou
des états-majors politiques où l’on se dispu-
te le pouvoir entre autres de gérer les res-
sources nationales ou de concevoir les bul-
letins de vote. Qu’il nous soit permis d’a-
dresser le témoignage de gratitude de toute
l’équipe du Journal des élections à tous ceux
qui ont eu le courage de braver le scepticis- Bureau de vote du 4eme arrondissement de Bangui (Notre Dame d'Afrique) et observateurs internationaux / Anselme
me ambiant pour rendre possible l’aventure Zoumbassa pour le Journal des Élections
du JDE, permettant ainsi de montrer qu’une
autre presse écrite est possible en Centrafri-
que.
Juste après le départ des délégations des missions
Simon-Pierre Ndouba d’observation électorales internationales, la Commission
NDLR : Les résultats et informations
électorale indépendante (CEI), par son président le
sur la fin du processus électoral (les révérend pasteur Joseph Binguimalé, a fait une adresse
résultats du 1er tour et du second au peuple centrafricain pour saluer sa maturité qui a
tour) seront disponibles sur le site in-
ternet du Journal des Elections: permis la « réussite » du vote. Mais le pasteur et son
www.journal-des-elections.net équipe ainsi que leurs mandants auront sans doute du
LES TITRES mal à faire l’économie d’un bilan sans complaisance de ce
 Les premières leçons du scrutin
que l’Observatoire national des élections (ONE) a qualifié
 Le vote des minorités dans les provinces: de « faiblesses criardes » observées dans l’organisation
les Peuhls
des opérations électorales.
 Le vote des minorités dans les provinces:
les Pygmées Aka Au cours de différents points de presse et l’Organisation internationale de la
 Chronique de la journée de vote à Bangui tenus dans la journée du mardi 25 janvier, Francophonie (OIF) ont tour à tour publié
 Le point sur la contestation du scrutin par l’Union africaine, l’Institut électoral pour les premiers résultats de leur observation,
l’opposition démocratique une démocratie durable en Afrique (EISA) saluant unanimement (suite page 2)
Semaine du 1er février 2011
Brèves
Tension latente à Boali au lendemain
des élections
Un calme précaire prévaut à Boali (95
km au nord de Bangui), où les parti-
sans du député sortant, Marius Boun-
guinza, contestent violemment les
résultats provisoires indiquant une
probable défaite de ce dernier.
Dans la journée du lundi 24 janvier, la
gendarmerie a dû intervenir pour réta-
blir le calme au siège du comité local
de la Commission électorale indépen-
dante (CEI) pour récupérer une urne
dérobée par un manifestant et assurer
la protection du pasteur Salomon
Mambissi, président du comité local
qui venait d’échapper à une agression
à l’arme blanche.
Député de Boali lors des 2 dernières
législatures, Marius Bounguinza affron-
te l’ancien ministre de la Jeunesse et
des Sports, Bertin Béa.
Simon-Pierre Ndouba
La rédaction du Journal des Elections
remercie l’Institut Panos Paris pour
son soutien dans le cadre du Projet
d’Appui aux Médias Centrafricains, mis
en oeuvre avec l’appui de l’Union
Européenne et de Cordaid.
La rédaction tient également à remer-
cier les journaux participants à la
Synergie, la Maison de la Presse et des
Journalistes, les journalistes des Ra-
dios membres de l’ARC-Centrafrique
et la direction de l’Association des
Radios Communautaires pour l’appui
apporté dans le cadre de ce projet.
Paroles de citoyens sur le jour du scrutin dans le 8ème arrondissement
de Bangui et à Bégoua
Stéphane NGAIMA, primo votant,
dénonce la mauvaise organisation du
scrutin. Résidant au quartier Ngongo-
non 2, c’est sa première fois de voter.
Mais bien que détenteur d’une carte
d’électeur en bonne et due forme, il
n’a pas pu voter car son nom ne figure
pas sur la liste électorale de son
bureau de vote. « J’ai fait recours à
mon chef de quartier pour pouvoir
voter mais en vain. La Commission
Electorale Indépendante n’a pas bien
fait son travail et je suis déçu », a-t-il
conclu.
Freddy, représentant du candidat
Ouandé dans le 8ème, estime que le
scrutin se déroule bien malgré le
retard accusé, dû à sa mauvaise
organisation par la Commission
Electorale Indépendante au centre de
vote de l’école Combattant. Il y a une
parfaite ambiance de travail entre les
(suite de la page 1)
les électeurs centrafricains pour avoir
accompli leur devoir dans l’ordre et la
discipline.
Mais il convient de relever que ces
organisations ont été tout aussi
unanimes à souligner que des difficultés
et dysfonctionnements de tous ordres
ont émaillé le processus électoral et fait
le lit des défaillances observées lors du
déroulement des scrutins.
Des problèmes d’organisation
Des défaillances, il y en a eu : un
candidat aux législatives n’a pas trouvé
son logo sur le bulletin unique.
Un journaliste en reportage s’est vu
appeler à la rescousse pour superviser
un bureau de vote. De nombreux
électeurs venus aux urnes n’ont pas pu
voter en raison de la disparition ou de la
dispersion des listes. Parmi eux, des
jeunes venant voter pour la première
fois et pour qui élections et démocratie
pourraient désormais rimer avec ‘piège à
cons’ ou anarchie.
Une forte proportion de bulletins
nuls
Par ailleurs, la forte proportion de
bulletins nuls relevée par la CEI dans les
premiers résultats provisoires s’explique
moins par une volonté de voter blanc
que par une mauvaise utilisation du
bulletin unique. Beaucoup d’électeurs,
parmi les minorités notamment, ont dû
se faire aider par les assesseurs pour le
remplir, enlevant du coup tout caractère
confidentiel à leur vote.
Tirant les leçons de ces carences, les
missions d’observation ont, unanime-
membres des bureaux de vote et
nous, les représentants des candidats.
Villemet Bandakpara 2ème assesseur
du bureau de vote n°4 à l’école st
Jean de Galabadja,déclare que le
comité local de la CEI du 8ème arron-
dissement n’a pas mis à temps à leur
disposition les matériels électoraux.
Et que la formation des membres de
bureau de vote n’a eu lieu que le sa-
medi 22 janvier 2011. C’est ce qui
est à l’origine du retard dans le
démarrage du scrutin.
Bodin Gbondo Tabissi, coordonnateur
du comité local de la CEI du 8ème
arrondissement, « le déploiement des
matériels électoraux a commencé à
partir de 6 heures pour les centres
plus proches et à 7 heures pour ceux
lointains. En tout, le 8ème arrondisse-
ment de Bangui a 10 centres et 73
Journal des Élections
ment une fois de plus, recommandé le
renforcement des capacités des acteurs
du processus et la pérennisation de la
commission électorale et, surtout, la
prise en compte de l’intégrité et du
professionnalisme dans le choix des per-
sonnes devant siéger à la CEI.
Un encouragement à faire mieux la
prochaine fois
Ces recommandations interpellent toutes
les forces représentées à la CEI, qui
devraient, à l’exemple du Sénégal, tenir
une revue du code électoral afin d’y
apporter toutes les corrections rendues
nécessaires par les lacunes constatées
du début à la fin du processus électoral.
Ce serait une manière de prendre au
mot le président Pierre Buyoya qui a
appelé « les acteurs politiques à intensi-
fier le dialogue nécessaire à l’ancrage
d’une vie politique apaisée durable ».
Simon-Pierre Ndouba
Retrouvez le Journal
des Élections sur Internet
www.journal-des-elections.net est le
site internet du Journal des Élections.
Retrouvez-y tous les articles, les pho-
tos, les reportages radios en prove-
nance de province grâce aux radios
membres de l’Association des Radios
Communautaires et des dossiers sur les
candidatures et d’autres informations
sur le processus électoral.
Bientôt l’ensemble des résultats des
présidentielles et des législatives.
bureaux de vote. Le cas du bureau de
vote de l’école Saint-jean de Gala-
badja est un faux problème. Il y a
panachage des listes électorales par
les présidents des bureaux de vote,
mais tout est rentré dans l’ordre. Le
vote est manuel car nous avons utilisé
des listes électorales manuelles. Le
constat est que certains électeurs
possédant des cartes d’électeur paral-
lèles sont interdits de vote et c’est
légal. Le scrutin s’est bien déroulé
dans l’ensemble, mais il est à déplo-
rer l’interférence et la pression que
subissent les membres du comité local
émanant d’un candidat aux législati-
ves que vous connaissez tous, depuis
les opérations de recensement jus-
qu’au jour du scrutin. Il a perturbé le
bon déroulement du scrutin dans le
8ème arrondissement ».
Propos recueillis
par Mermoz Kouzoukoua
2
Semaine du 1er février 2011 Journal des Élections

Brèves LE VOTE DES JEUNES DANS LES 4ème et 5ème

Fin imminente de la publication des
ARRONDISSEMENTS DE BANGUI
résultats provisoires des élections
Le scrutin du 23 janvier 2011 a été marquée par une forte
La publication des résultats provisoires mobilisation des jeunes primo votants pour les élections
des élections présidentielles et législa-
tives du 23 janvier par la Commission
électorale indépendante (CEI) se pour-
suivait dimanche et devrait s’achever
mardi ou mercredi si tout se passe
bien, a-t-on appris dimanche de
source proche de la coordination de la
CEI.Cette publication se fait en
l’absence de M. Gabriel Koyambounou,
premier vice-président de la CEI, qui a
choisi de démissionner pour protester
contre les nombreuses irrégularités
ayant entaché, selon lui, le déroule-
ment des opérations électorales.
Simon-Pierre Ndouba

Le vice président de la CEI, proche

de l’opposition se retire

« Les pouvoirs publics ont mis en place

une machine diabolique pour la fraude
et ont mis à contribution les autorités
locales et les forces de l’ordre. Le
code électoral interdit aux militaires
d’être aux abords immédiats des
bureaux de vote, ce qui n’a pas été le
cas le 23 janvier 2011, lors du double
scrutin, où ces derniers ont fait irrup-
tion dans les bureaux, ont terrorisé
les électeurs et emporté des urnes
pour les bourrer » a déclaré Gabriel
Koyambounou, vice président de la
Commission Électorale Indépendante
(CEI) pour justifier son retrait samedi
29 janvier.
L’ADP décide de revenir travailler au
sein de la CEI
L’Alliance pour la Démocratie et le
Progrès (ADP, opposition), a annoncé,
dimanche 30 janvier, son rejet de la
démission collective des représentants
de l’opposition à la Commission
électorale indépendante.
Cette décision de retrait intervient
trop tard, a expliqué à la radio privée
Ndèkè Luka, le député Antoine Kezza
Koyangbo, ajoutant qu’une crise post-
électorale pourrait conduire à une
nouvelle effusion de sang dans le pays.
Le Collectif des Forces du Changement
(CFC, plateforme de l’opposition),
avait annoncé, au cours d’ une confé-
rence de presse le 25 janvier dernier,
qu’il rejetait d’avance les résultats
des scrutins du 23 janvier en raison de
fraudes massives.
Fridolin Ngoulou
Listes électorales devant un bureau de vote (Bangui ) / Anselme Zoumbassa pour le Journal des Élections
La date du 23 janvier 2011 a été
marquée par une forte mobilisation des
jeunes primo votants pour les élections
groupées.
Dans chaque centre et bureau de vote,
on a constaté une présence massive des
jeunes primo votants qui se hâtaient
d’aller voter. C’est la première fois que
ces jeunes faisaient usage de leur droit
de vote. Ils ont procédé de la même
manière que les autres votants ; leur
carte d’électeur en main, ils ont égale-
ment fait la queue sous le soleil devant
les bureaux de vote pour aller exprimer
leur volonté aux urnes.
Comme ils votaient pour la première fois,
les membres des bureaux de vote étaient
obligés de leur indiquer comment
procéder.
Un grand enthousiasme des jeunes
« Je suis très content de venir voter
pour exprimer la démocratie à l’urne et
de participer au développement de mon
pays, la RCA que j’aime tant », nous a
déclaré l’un d’eux, à la sortie du bureau
de vote.
La participation au vote a rendu très
heureuse une fille qui, après avoir voté,
sautait de joie au vu et au su de tout le
monde en criant « j’ai voté !».
Un autre considère cette journée comme
inoubliable puisque coïncidant avec son
anniversaire.
Certains sont déçus de n’avoir pu
voter
Mais, à l’inverse de ceux qui rient, il y a
ceux qui sont mécontents de l’organisa-
tion de ce scrutin puisqu’ils n’ont pas pu
voter faute d’avoir leur nom sur les listes
électorales affichées dans les différents
centres de vote par la CEI. « c’est pas du
tout bon ce que la CEI nous a fait. elle a
mal préparé les listes électorales en
faisant l’omission de notre nom si bien
que nous ne pouvons plus voter », a dé-
ploré l’un d’eux.
Il convient enfin de signaler qu’à l’école
Ben-Zvi, dans le 5ème arrondissement, un
primo votant, qui a déchiré sa carte d’é-
lecteur après s’être aperçu d’une erreur
sur le candidat, a été immédiatement
embarqué par la gendarmerie.
Privat Gobolo

3
Semaine du 1er février 2011 Journal des Élections

Plus de 80% des peuhls ont voté dans la commune de Niem-Yéléwa

Plus de 80% des peulhs de la commune d’élevage de Niem-Yéléwa, dans la circonscription
électorale de Bouar 3 (préfecture de la Nana Mambéré), ont voté dimanche 23 janvier dans
le centre de Yéléwa (105 km de Bouar), dans un climat apaisé.
Avec 60% de participation pour les
femmes et 35% pour les jeunes votant
pour la première fois, il est difficile de
considérer les peuhls comme une minorité
ethnique à l'écart de la vie du pays
dans cette commune. Arrivées dès 5 heu-
res du matin devant les bureaux de vote
qui ouvraient à 6 heures, les femmes
peuhls ont montré leur enthousiasme
pour le scrutin du 23 janvier 2011.

« Nous sommes très motivées pour ce

vote. Hier, les femmes peuhls ne partici-
paient pas beaucoup aux votes. A travers
les actions de sensibilisation, nous avons
été incitées à voter massivement cette
année », a témoigné Aïchatou, une mère
âgée de 54 ans.
Pour les jeunes, c’est un vote historique.
« Je suis très fière de voter pour la
première fois. Cela veut dire que je suis
aussi reconnue comme fille du pays », a
Femmes peuhls attendant leur tour pour le vote du 23 janvier à Niem Yéléwa / Fridolin Ngoulou pour le Journal des Elections
déclaré Mlle Zaminatou, âgée de 19 ans.
Arum Gnanko nous a confié qu’il attendait 1132 votants. Cependant, le nombre des sion des élections dans la commune de
le jour du vote avec impatience, ajoutant inscrits est de 1428. Sur le plan techni- Niem-Yéléwa.
que ce jour n’est plus un rêve car il a que, la confection des bulletins de vote ne
apporté sa voix aux futurs dirigeants du répond pas au niveau de connaissance Un candidat peuhl s’est présenté comme
pays. dans nos villages. Il n’ y avait pas non candidat indépendant aux législatives
plus de sensibilisation pour indiquer dans la circonscription de Bouar 3. Il
Toutefois, pendant les opérations de dé- l’endroit du cachet sur le bulletin de vote. compte rompre avec l’isolement politique
pouillement, on a constaté qu’il y avait un Ce qui a provoqué le nombre élevé des des peuhls. Aujourd’hui, la commune de
nombre élevé de bulletins nuls, soit 350. bulletins nuls parmi la population moins Niem Yéléwa compte 16.316 habitants,
« A Yéléwa seulement, nous avons déplo- instruite », a souligné Amidou Gabirou, dont 70% de peuhls et 30% de Gbayas.
ré qu’il y ait 202 bulletins nuls sur les représentant des peuhls dans la supervi- Fridolin Ngoulou

Village Maloum (Commune Ouro-Djafoun) près de Bambari : Engouement des peuhls pour le vote
Situé à 58 km de Bambari, Maloum, chef-lieu de la commune
d’élevage de la Ouaka, abrite deux bureaux de vote sur les 35
que compte la commune. Le Bureau de vote de Maloum II est
distant d’environ 100 mètres. En dépit des difficultés de fonc-
tionnement, on a enregistré un engouement réel des peuhls de
Maloum et Tagbara pour le scrutin du 23 janvier 2011. Ouverts
respectivement à 8h05, 8h35 et 7h35, les bureaux de vote de
Maloum I, Maloum II et Tagbara ont fonctionné sans suspen-
sion jusqu’à 20h25, 19h30 et 17h35. Le dépouillement qui a
suivi le scrutin s’est achevé à 23h30 pour le bureau de vote de
Maloum I et à 21h35 pour Maloum II.
Dès les premières heures du matin, les électeurs ont pris
d’assaut leurs bureaux de vote pour remplir leur devoir civique.
Ce sont les hommes qui ont été les premiers à occuper les lieux
alors que les électrices se sont regroupées non loin de leurs
bureaux de vote respectifs. Le déroulement du scrutin est
marqué exceptionnellement par un vote séparé des hommes et
des femmes dans un même bureau de vote. Les électeurs ont
alors voté dès l’ouverture de leurs bureaux de vote respectifs
jusqu’à 9h30 pour laisser la place aux électrices qui se sont
succédé aux urnes jusqu’à 15h30.
Interrogé sur ce principe de vote séparé, Adamou Moussa
Maloum, chef du groupement Maloum, a déclaré qu’il s’agit là
du respect de la tradition peuhle. Les femmes ne sont pas
autorisées à disputer la place aux hommes. C’est pourquoi, en
accord avec le Maire, ils se sont entendus avec les dix chefs de
village de son groupement sur le principe du vote séparé pour
tout le monde, y compris les trois villages non peuhls. Selon lui,
ce principe favorise également les femmes qui viennent des
villages éloignés en vue de regagner leur domicile et préparer le
repas de la journée, a-t-il conclu. Ainsi, le respect de ce principe
a fait que les femmes ont pu voter jusqu’à 15h30. Compte tenu
de ce qu’elles ne savent pas lire, les explications leur étaient
données en langue fulbé par l’un des assesseurs.
Interrogée sur la participation massive des femmes peuhles à
ce scrutin, Mme Ramatou, du bureau de vote de Tagbara, a
déclaré qu’elles en ont reçu l’autorisation de leurs maris à l’issue
de la mission de sensibilisation d’Idriss Maloum, candidat du
Parti d’Action pour le Développement (PAD) aux législatives
dans la circonscription de Bambari3. C’est donc la première fois
qu’elle vote, mais elle ne sait pas ce qu’il faut faire dans le
bureau de vote parce qu’elle ne sait pas lire.
Pour Adamou Moussa, chef de groupe de Maloum, la participa-
tion massive des femmes au scrutin du 23 Janvier 2011
s’explique par le fait que les peuhls ont maintenant leur place
sur la scène politique nationale par la nomination d’un Peuhl au
gouvernement. De ce fait, les femmes, sans exception, doivent
se rendre aux urnes. La deuxième raison tient au fait que la
plupart des femmes sont en transhumance : c’est ce qui
explique le nombre important d’abstentions, a-t-il conclu.
Samuel Gopa

4
Semaine du 1er février 2011 Journal des Élections

Les pygmées Aka de Londo (Sangha Mbaéré) ont pris part au vote du 23 janvier
Le village de pygmées Aka semi-sédentarisés de Londo (Sangha Mbaéré) n’est pas facile-
ment accessible par la route. Cependant, les membres de cette minorité souvent margina-
lisée ont pu voter et remplir leur devoir de citoyen.
En raison des difficultés d’accès (routes
barrées par des troncs d’arbres, pistes
sableuses…) qui ont freiné la livraison du
matériel électoral, les opérations de vote
du dimanche 23 janvier ont démarré avec
4 heures de retard à Londo, village à ma-
jorité pygmée de 1076 habitants situé à
64 km de Bambio, dans la préfecture fo-
restière de la Sanga-Mbaéré.
Pour les 701 électeurs recensés, deux
bureaux de vote ont été ouverts dans les
locaux de l’école fondamentale 1
(primaire).
Devant un hangar au toit de paille
d’environ huit mètres sur cinq affluent des
électeurs qui s’impatientent depuis des
heures. Parmi eux, de nombreuses
femmes, dont la plupart, d’origine aka,
évitent le contact avec les autres
femmes.
L’installation des membres du bureau a
été suivie d’un petit briefing de la part du
commissaire de la CEI locale de Bambio.
La première information en direction de la Habitant pygmée du village de Londo (Sangha Mbaéré) lors du vote du 23 janvier / Elian Kpamanda pour le Journal
population concernait la réduction du
nombre d’électeurs par rapport au nom- des Forces armées centrafricaines. « Nous du matin, contraignant les agents électo-
bre enregistré et aux cartes d’électeurs votons pour la paix», a déclaré le premier raux à remettre au lendemain le remplis-
livrées lors des opérations de recense- électeur aka, qui a voté dans le bureau B. sage des procès-verbaux.
ment électoral. Pour 701 personnes re- Privés de vote du fait que leurs noms ne Pour Fidèle Mossebac, 20 ans, représen-
censées, seulement 582 cartes ont été figurent pas sur les listes malgré la déten- tant du Forum démocratique pour la
délivrées par la CEI locale de Bambio. tion d’une carte, de nombreux électeurs modernité (Fodem), ce scrutin, deuxième
Par ailleurs, certains détenteurs de cartes expriment leur déception en accusant la auquel participent les habitants de Londo,
d’électeur n’ont pas trouvé leurs noms sur CEI de Bambio de manœuvres frauduleu- est un coup de pouce qui pourrait aider la
la liste d’émargement envoyée par la CEI. ses. minorité Aka à s’émanciper.
Le vote a démarré vers dix heures dans Commencées à 19h 30mn, les opérations
un climat apaisé en présence d’éléments de dépouillement ont pris fin vers 1 heure Elian Kpamanda

Le scrutin chez les pygmées Aka de la commune de Zoumia (M’baiki 3 Lobaye)

Comme la majorité des Centrafricains, les Aka de la commune
de Zoumia, près de M’baïki, dans la Lobaye, se sont massive-
ment rendus aux urnes pour les élections couplées du 23 jan-
vier 2011.
En présence de deux observateurs internationaux de l’Union
Africaine et de l’Institut Electoral pour une démocratie Durable
en Africaine (EISA), le scrutin à Zoumia s’est déroulé dans le
calme. Mais, sur le plan technique, le vote a accusé un retard
considérable parce que les matériels électoraux ont été achemi-
nés le jour même du scrutin et la liste des électeurs n’était pas
affichée. Sur 3. 500 pygmées Aka recensés par la Commission
électorale indépendante (CEI), seuls 2500 ont pris part au
vote, une abstention qui peut se justifier par le manque de
sensibilisation, les Aka préférant d’abord leurs activités journa-
lières de subsistance.
« Je suis très heureux car c’est la première fois que je prends
part à un scrutin et ce que j’attends du nouveau président de la
République, c’est de développer notre village, par exemple en
nous construisant des écoles, des dispensaires et de mettre un
terme à l’injustice que nous subissons de la part de nos
compatriotes », nous a confié Takou, après avoir voté.
Dans la première circonscription de M’baïki, le comité local de la
CEI a organisé un briefing à l’intention des présidents des
bureaux de vote et des assesseurs à 24 heures du jour de
scrutin. Cependant, des failles ont subsisté dans l’organisation :
par exemple, au niveau du bureau de vote de l’école préfectora-
le de Mbaïki, la liste électorale n’était pas affichée et tout s’est
déroulé dans un parfait désordre. « Si vous avez constaté des
anomalies au niveau du 3ème arrondissement, c’est parce que la
CEI centrale ne nous a envoyé qu’un seul exemplaire de liste.
C’est pour cela qu’on ne pouvait pas l’afficher. Mais je dois
vous dire que dans l’ensemble, tout s’est déroulé dans de bon-
nes conditions », a expliqué M. Pierre Mbéli, président du comi-
té local.
Le ton était différent du côté des représentants de l’opposition
qui ont dénoncé des fraudes. « Je sors d’un bureau de vote, on
a constaté la présence massive des jeunes qui sont venus de
Bangui, plus particulièrement du quartier Ngou-ciment pour
voter pour la candidate indépendante Mme Rousseau, j’ai pris
leur carte et j’ai déchiré. Mme la sous préfet de la ville de Mbaï-
ki a saisi le procureur de la République et je les attends », a
lancé Jean-de-Dieu Momokama du Mouvement de libération du
peuple centrafricain (MLPC).
« Les femmes étaient les toute premières à voter ce matin », a
fait remarquer Mme Ngueto Nzas, satisfaite de constater que la
notion de genre a été prise en compte au niveau local, avec la
présence de deux femmes parmi les candidats aux législatives.
Jean Bruno Gambi

5
Semaine du 1er février 2011 Journal des Élections

Scrutin du 23 janvier: Une réussite dans les 1er et le 8ème arrondissements de Bangui
Hormis quelques couacs, le vote du 23 janvier s’est bien déroulé dans les 1e et 7e arrondissements
de Bangui. L’affluence, davantage les jeunes et les femmes, était manifeste malgré le soleil et les fi-
les d’attente. Voici les leçons du vote dans ces circonscriptions de la capitale.
A Sica I, 1e arrondissement, près le stade espérons que la coordination nous régu-
Bonga-Bonga, un bureau de vote (BV), sis larisera. Nous avons mis le patriotisme
à l’école primaire ‘Cité Christophe’, a ou- avant tout. Quant au déroulement du
vert avec un léger retard. Avant sept heu- scrutin, tout marche normalement,
res du matin, une file d’attente s’était comme vous pouvez le constater’». Les
formée. La liste électorale manuelle, les files d’attente aux 4 BV malgré le soleil
instructions de la Commission électorale de midi corroboraient cette assertion.
indépendante (CEI) sur les ‘étapes du Un poste de la Croix-rouge centrafricaine
vote’, étaient affichées dehors à la vue de (un infirmier, trois infirmières) était
tous, ainsi que nous l’avons constaté dans installé dehors sous le manguier.
d’autres BV. Rigobert Vondo, rapporteur Quelques votants avaient été pris de
général et porte-parole de la CEI, y por- malaise, céphalées et vomissement.
tait l’ordre d’inscription 274 et le numéro Après une bousculade, une fille enceinte
de récépissé 170042. Deux policiers muni- a été évacuée pour des soins en ville
cipaux se tenaient à l’écart. A 15h 45, un grâce au véhicule d’un député venu vo-
incident s’est produit. Un jeune homme, ter. Militaires votant à l’Hotel de Ville de Bangui, le 23 janvier
probablement dérangé mental, a été dernier / Anselme Zoumbassa pour le Journal des Elections
évacué manu militari. Il tenait à voter A l’Hôtel de Ville, près le palais de la
alors qu’il était inscrit ailleurs. Des Renaissance, des militaires en rang ont Par ailleurs, les observateurs internatio-
policiers d’unités différentes étaient voté tôt. Avant d’aller au 4e arrondisse- naux et nationaux (ONE –société civile)
arrivés sur place. Des intellectuels du ment pour le passage du président candi- semblent avoir œuvré en symbiose.
quartier ont pris cet après-midi leur mal dat Bozizé, le staff du département de Au plan pratique, un bémol. Un arrêté du
en patience. l’information du Bureau intégré des ministre de l’Administration du territoire
Au centre de vote de Ngaragba, près de Nations Unies en Centrafrique (BINUCA) interdisait trafic et commerces. Quelques
l’Église baptiste, les locaux d’une école était présent. Ils nous ont remis le bus et taxis ont circulé. Les gargotes,
ont accueilli quatre BV. A 12h 30, les message du Secrétaire général, Ban Ki- boutiques, débits de boissons et autres
jeunes filles et garçons, les femmes, moon, sur les élections en RCA. De nom- salons de coiffure avaient portes closes,
étaient bien mobilisés. Marc Tamara, breux médias, comme Télé Centrafrique, quoique pas tout. En temps de paix de ce
commissaire de la CEI au 7e, nous a dé- l’Agence Centrafrique Presse (ACAP), des dimanche ensoleillé, l’on pouvait dire :
claré que tous les arriérés d’indemnités télévisions étrangères, étaient visibles ‘Bangui, ville morte’ !
n’étaient pas encore payés : « Nous dans la cour de la mairie… Nicolas Ndagiyé

Scrutin du 23 janvier : Les incidents constatées le jour du scrutin dans le 8ème et à Bégoua
De nombreuses entorses au code électoral ont eu lieu
lors des opérations de vote du 23 janvier dernier. Cela
est particulièrement vrai pour le 8e arrondissement de
Bangui et Bégoua (circonscription de Bimbo 2), où nous
avons couvert le déroulement du scrutin.
Le démarrage du scrutin avec souvent une heure et demi de
retard dans les différents bureaux de vote, l’acheminement tar-
dif des matériels électoraux, l’affichage des listes électorales le
jour même du scrutin ainsi que le désordre dans leur élabora-
tion, constituent une violation des articles 70 alinéa 2, 32 et 94
du code électoral, relatifs à l’ouverture du scrutin (6 heures),
aux délais de consultation des listes électorales (1 mois) et du
contentieux d’inscription y relatif (10 jours) à compter de l’affi-
chage des listes électorales. Tout électeur omis peut saisir le
tribunal de grande instance de son ressort géographique.
Interrogé par nos soins, Lévy Doudoussou Ramba, qui vote
pour la 2e fois, estime qu’il y a désordre dans l’élaboration des
listes électorales, suppression de certains postes de recense-
ment et existence de certains bureaux de vote fictifs. C’est
l’exemple du bureau de vote unique de l’école Saint-Jean de
Galabadja, regroupant les postes de recensement 10, 11, 12,
13, 14 et 15. Malheureusement, la Commission électorale indé-
pendante (CEI) n’a retenu que les postes 12, 13, 14 et 15. Ce
qui a désorienté et démotivé les personnes du troisième âge et
les handicapés ainsi que les femmes enceintes pourtant moti-
vées mais contraintes de rentrer chez elles sans voter, le scrutin
ayant démarré à 14 heures.
Autre aspect, l’indisponibilité de cartes d’électeurs pour des
électeurs recensées et la non concordance des numéros sur les
cartes d’électeur et ceux des listes électorales, sont autant de
facteurs qui ont freiné l’élan des électeurs, pourtant fortement
mobilisés dès 5 heures devant les bureaux de vote. C’est le cas
de Benjamin Birongatoa, âgé de 21 ans, qui, bien que recensé,
n’a pu voter pour la première fois dans sa vie. Natacha Dama-
Rabiatou a eu plus de chance. Étant lettrée, elle a pu déceler
une erreur de numérotation sur le registre, ce qui lui a permis
de voter dans son bureau de vote à l’école Combattant.
Deux jeune gens âgés de 23 et 17 ans, Patrice Lognmi et Brice
Toumati, détenteurs de cartes d’électeur aux noms de tierces
personnes, ont été arrêtés et embarqués à l’école Combattant
par des éléments de la gendarmerie. Un homme d’une quaran-
taine d’années, porteur de cartes d’électeurs parallèles, s’est vu
interpeller par les policiers au lycée Saint Floris. Sans oublier
l’interférence et la pression qu’exercent les équipes mobiles de
certains candidats aux législatives dans le 8e arrondissement de
Bangui sur les membres des bureaux de vote et du comité local
de la CEI.
Il est également à noter que le dépouillement a souvent été
effectué dans la nuit à l’aide de bougies, avec pour résultat une
faible intensité de lumière dans les centres de dépouillement.
Mermoz Kouzoukoa

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Semaine du 1er février 2011
Scrutin du 23 Janvier : le travail des observateurs et des
missions d’observation électorale
En plus des cinq cents observateurs nationaux de l’ Observatoire national des élections
(ONE), des missions régionales et internationales ont déployé leurs observateurs le jour
du scrutin à Bangui et dans l’arrière-pays. Ils n’ont pas rencontré de difficultés. Voici ré-
sumé le fruit des premières analyses de quatre missions.
L’ONE, dirigé par Fulgence Zeneth, a
déployé 500 observateurs formés avec
l’appui du NDI (National Democratic Insti-
tute for Foreign Affairs). Ils ont couvert
Bangui et quatorze préfectures, exceptées
la Vakaga et le Haut-Mbomou. Le 24
janvier, l’ONE a noté que ‘de nombreuses
insuffisances, qui interpellent le sens
d’organisation des structures chargées de
la gestion des élections, ont émaillé le
déroulement des opérations de vote’. Il
‘rendra public son rapport consolidé préli-
minaire’ prochainement.
La mission de la Communauté économi-
que des Etats d’Afrique centrale (CEEAC)
était conduite par Céphas Germain
Ewangui. Elle a déployé 21 équipes. Dans
sa déclaration du 24 janvier, elle a donné
trois recommandations dont : « Les
opérations liées à l’élaboration du fichier
électoral et l’affichage des listes électora-
les doivent se faire conformément aux
procédures légales afin de permettre aux
électeurs de faire les recours prévus dans
les textes en vigueur en cas de nécessi-
té ».
Dr Samuel Azu’u Fonkam, président de
‘Elections Cameroun’ (ELECAM), a dirigé
la mission d’EISA (Institut Electoral pour
une Démocratie Durable en Afrique) de
Les candidats à la présidentielle ont voté dans la dignité
Les cinq candidats à la présidentielle ont
donné le bon exemple de citoyenneté en
se rendant le matin dans un bureau de
vote de Bangui pour voter le 23 janvier
dernier.
Ainsi, Jean-Jacques Demafouth a voté à la
Mairie de Bangui de 9h 47 à 9h 55 en
présence de quelques représentants du
Bureau intégré des Nations Unies en
centrafrique (BINUCA) et de la Force
multinationale FOMAC, d’observateurs
électoraux et de la presse à qui il a confié
être «très satisfait » et «confiant, bien
qu’il y ait des irrégularités constatées çà
et là».
Martin Ziguélé a voté à 10 h au Centre de
santé scolaire et universitaire. A la presse,
il a exprimé de vives inquiétudes quant
aux nombreuses irrégularités constatées
le jour du vote : ouverture très tardive
des bureaux de vote, absence de listes
électorales et insuffisance des bulletins de
vote dans plusieurs circonscriptions du
pays. Il a émis le vœu que la Commission
électorale indépendante (CEI) prenne ses
responsabilités pour permettre à tous les
Journal des Élections
vingt-six membres venant des Commis-
sions électorales et de la société civile
africaine. Certains resteront jusqu’au 10
février 2011. Ils ont couvert la capitale, la
Ouaka, la Lobaye, l’Ouham, la Kémo, la
Nana-Gribizi, la Mambéré-Kadeï et la
Sangha-Mbaéré. Sa déclaration préliminai-
re (quatorze pages) du 25 janvier fait six
recommandations, notamment « mettre
en place une structure permanente de
gestion des élections ou, à la limite, une
administration permanente pour servir de
mémoire de l’institution ». Tout en
Pierre Buyoya, ancien président du Burundi et chef de la
évoquant ‘la perspective d’un deuxième mission de l’OIF / Journal des Élections
tour’, la Mission ‘exhorte les uns et les
autres à considérer les recommandations des résultats’. L’OIF a invité les politiques
dans le sens d’améliorer ou de reformer ‘au strict respect du Code de bonne
les processus électoraux à venir’. conduite qu’ils ont acté en janvier 2011’.
Une mission de la Francophonie (OIF) Tous ont noté le calme et la discipline
était conduite par Pierre Buyoya, ancien dans les opérations. Ils ont félicité la
président burundais . Elle a déployé qua- population pour sa maturité, les autorités
torze équipes de seize Etats et Gouverne- pour l’accueil et le travail sans entrave, les
ments francophones. Après les constats partenaires au développement pour les
positifs, elle a relevé des insuffisances et efforts devant parachever le processus
irrégularités, dont ‘la maîtrise insuffisante électoral.
des règles et procédures par les membres
des bureaux de vote’. Elle a fait neuf re- Nicolas Ndagiyé
commandations, en demandant aux can-
didats de ‘recourir, en tant que de besoin,
aux voies légales en cas de contestation
électeurs de voter.
Emile Gros-Raymond Nakombo a voté à
11h 30 à l’école Koudoukou, dans le 3e
arrondissement. Il a ensuite dit sa joie
d’accomplir son devoir civique et a émis le
vœu que tous les électeurs votent sans
aucune entrave, et que les institutions en
charge des élections œuvrent pour des
élections aux résultats acceptés par tous.
Candidat aux législatives dans le 4è arron-
dissement de Bangui, François Bozizé
s’est rendu au Lycée de Gobongo pour Vote de François Bozizé le 23 janvier 2011 / Anselme
voter à 11h 57. Il a déclaré à la presse Zoumbassa pour le Journal des Elections
que ce jour de vote est «un pari gagné»
et que «le dernier mot reste toujours au
peuple».
Dernier à se rendre aux urnes, le candidat
Ange Félix Patassé a voté à la Mairie du 4e
arrondissement de Bangui vers 12 h 30. A
sa sortie du bureau de vote, il a félicité le
peuple centrafricain pour sa forte mobili-
sation pour le vote et a lancé un message
de paix, d’unité et de concorde nationale.
Vote de Martin Ziguélé le 23 janvier 2011 / Anselme
Cyrus-Emmanuel Sandy Zoumbassa pour le Journal des Elections
7
Semaine du 1er février 2011 Journal des Élections

SCRUTIN DU 23 JANVIER : LA CONTESTATION FAIT TACHE D’HUILE

Alors que les opérations de vote se poursuivaient le 23 janvier dans certains bureaux de
vote de Berberati, plaque tournante des activités minières à 600 km à l’ouest de Bangui, la
direction locale de campagne d’Émile Gros Raymond Nakombo, candidat aux législatives
dans cette circonscription, annonçait son intention de saisir la Cour constitutionnelle pour
demander l’annulation du scrutin. Prolongation illégale des opérations, fraudes massives
et intimidations imputables à des éléments de sécurité justifieraient une telle décision.
Le lendemain, 24 janvier, en mi-journée,
Mme Yvonne Wobendon Ndoyo, candidate
aux législatives pour la 3ème fois dans le
8ème arrondissement de Bangui, déposait
au greffe de la Cour constitutionnelle une
requête en annulation du scrutin dans
cette circonscription, où elle affrontait le
général Jules Bernard Ouandé, candidat
indépendant comme elle et ministre de la
Sécurité publique. La requête comporte
une liste de onze irrégularités allant de la
suppression de bureaux de vote à la
distribution d’argent aux électeurs, en
passant par la confiscation de listes
électorales par des notables locaux.
Les mêmes griefs étaient formulés, le 25
janvier au cours d’une conférence de
presse, par le Collectif des forces du
changement (CFC), qui produisait, à
l’appui de sa demande d’annulation du
scrutin, un recueil des irrégularités Martin Ziguélé lors de la conférence de presse du CFC, montrant ce qui serait un paquet de fausses cartes
d'électeurs / Journal des Élections
relevées sur tout le territoire.
les groupes rebelles auraient « des sa victoire. En 1993, ses partisans avaient
L’ancien Premier ministre Ziguélé, qui raisons suffisantes » de reprendre leurs contesté le scrutin qui qualifiait Abel
avait eu, en 2005, l’élégance de féliciter le activités si les résultats du scrutin Goumba et Ange Félix Patassé pour le
vainqueur de la présidentielle, figure devaient concorder avec les premières second tour de la présidentielle. Ce
aujourd’hui parmi les contestataires, tendances. dernier était renversé par une rébellion en
brandissant des piles de fausses cartes 2003 après avoir remporté au premier
d’électeur saisies sur des fraudeurs et Cette vague de protestations tour une présidentielle contestée en 1999.
menaçant de faire appel au peuple au cas post-électorales pourrait porter à croire Espérons que, cette fois, les contestatai-
où la Commission électorale indépendante que les élections générales réussies en res s’en tiendront aux voies légales,
(CEI) et la Cour constitutionnelle ne 2005 ne constituent qu’une parenthèse suivant ainsi la recommandation du
réserveraient pas une suite favorable à la dans l’histoire électorale de la RCA. En président Pierre Buyoya, chef de la
requête du CFC. 1981, la première élection présidentielle Mission d’observation de l’Organisation
Et le premier vice-président du Rassem- de l’après-Bokassa était violemment internationale de la francophonie (OIF).
blement démocratique centrafricain contestée dans la rue et le vainqueur, Simon-Pierre Ndouba
(RDC), Rainaldi Sioké, de souligner que David Dacko, démissionnait six mois après

Journaux participants: Le camp présidentiel rejette les accusations de fraude

L’Agora
Centrafrique Matin
émanant de l’opposition démocratique
Le Confident
Le Défi Le lieutenant-colonel Sylvain Ndoutingaï, Il a appelé les militants du parti travaillis-
Médias Plus ministre des Mines et directeur national te Kwa Na Kwa (au pouvoir) à redoubler
Rédaction: de campagne du président François de vigilance « afin de parer aux actions
Rédacteur en chef: Simon-Pierre N’Douba Bozizé, a rejeté, dans un communiqué multiformes et honteuses que les
Rédacteurs:
publié le 27 janvier, les accusations de fossoyeurs de la démocratie envisagent
Jean-Bruno Gambi (l’Agora)
fraudes massives formulées par déjà ouvertement d’entreprendre pour
Mermoz Kouzoukoa (Centrafrique Matin)
Nicolas N’dagiyé (Le Confident)
l’opposition. compromettre la progression éviden-
Fridolin Ngoulou (Le Défi) te du peuple centrafricain vers le bien
Cyrus Emmanuel Sandy (Médias Plus) Selon lui, Martin Ziguélé, Jean-Jacques être et le progrès ».
Ont également participé à la rédaction: Privat Gobolo, Demafouth et Emile Gros-Raymond Na-
Elian Kpamanda et Samuel Gopa kombo visent, par leurs accusations, à La rédaction
« discréditer le processus électoral en
Expert international: Karim Bénard-Dendé
cours et préparer l’opinion nationale et Retrouvez les résultats des
Ce journal a été réalisé avec la collaboration de la Maison de la internationale à accepter la contestation
Presse et des Journalistes (MPJ) et de l’Association des Radios législatives et les dépêches du
systématique des prochains résultats en
Journal des Elections sur
Communautaires (ARC).
projet ».
Retrouvez le Journal des Elections sur www. journal-des-elections.net www.journal-des-elections.net
Imprimerie: Imprimerie Saint Paul, Bangui (République Centrafricaine)